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GUIDE SECRET DE LA VENDÉE PAR RENÉE GRIMAUD PREMIÈRE ÉDITION RENNES ÉDITIONS OUEST-FRANCE RUE DU BREIL, 13 2016

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G U I D E S E C R E TDE LA

VENDÉE

PAR RENÉE GRIMAUD

PREMIÈRE ÉDITION

R E N N E SÉDITIONS OUEST-FRANCE

RUE DU BREIL, 13

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G U I D E S E C R E T D E L A V E N D É E

Le tombeaude saint Philibert

à NoirmoutierLa toponymie en dit long sur l’histoire des lieux.

L’île doit en effet son nom à saint Philibert,qui vers 674 établit ici le monastère d’Her, devenu

Hermoutier, puis Nermoutier, et enfi n Noirmoutier, évoquant la couleur des bures portées par les moines.

La crypte de l’église Saint-Philibert est le seul vestige du monastère fondé par ce saint origi-naire d’Eauze, au pied des Pyrénées, et qui mourut sur l’île en 684.

La crypte de l’église Saint-Philibert est le seul vestige du monastère fondé par ce saint origi-naire d’Eauze, au pied des Pyrénées, et qui mourut sur l’île en 684.

L’église Saint-Philibertà Noirmoutier-en-l’Île.

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S A I N T S E T G U É R I S S E U R S

Les moines bénédictins qui vivaient à Noirmoutier se consacraient à l’exploitation des marais salants, aux travaux agricoles et au commerce portuaire. En 836, chassés par les Normands, ils quittèrent l’île avec les reliques de Philibert pour un long périple qui les conduisit d’abord à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, puis à Cunault (Maine-et-Loire), à Saint-Pourçain-sur-Sioule (Allier) et fi na-lement à Tournus, en Bourgogne. En 875, ils y fondèrent l’abbaye Saint-Philibert, où l’on vénère sa dépouille.Au centre de la crypte de l’église de Noirmoutier, un impressionnant cénotaphe est consacré au saint.

La tradition veut que soient guéris ceux qui se couchaient dessus pen-dant quelques minutes…L’église fut reconstruite à la fi n du XIe siècle sur les ruines du monastère. Son état actuel remonte au XVe siècle. Dans la nef, les vitraux racontent la vie de Philibert. On y contemple l’ancienne abbaye, les armes de cet édifi ce, et quelques-unes des étapes de l’histoire du saint  : l’abbaye de Jumièges, en Normandie, dont il fut le fondateur avec d’autres moines, Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, qui accueillit un temps sa dépouille, Cunault et Tournus.À Noirmoutier, la procession qui avait lieu le 20 août en l’honneur de Philibert était une manifestation très courue. Porter les reliques du saint était considéré comme un grand honneur.Au bois de la Chaize, une cavité natu-relle, protégée par une grille, porte le nom de grotte de Saint-Philibert, car on racontait que le saint aimait venir y prier. Tout près, une pierre en équilibre sur des blocs entassés se nomme la Roche qui sonne, à cause du son argentin quand on la frappe avec un caillou.

La crypte de l’église de Noirmoutier,seul vestige du monastère fondé

par Philibert, abrite un cénotaphe consacré au saint.

À droite, on aperçoit sa statue.

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G U I D E S E C R E T D E L A V E N D É E

Les Lucs-sur-Boulogne, capitale du martyre

vendéenAu début de l’année 1794, les colonnes infernales

du général Turreau, commandant en chef de l’arméede l’Ouest, déferlent sur la Vendée. La jeune République

est résolue à anéantir l’insurrection à tout prix.Aux Lucs-sur-Boulogne, 564 habitants sans défense

sont massacrés.

Le 6  février  1794, le Comité de salut public donne carte blanche à Turreau. Parmi les colonnes lancées aux trousses des Vendéens, fi gure celle du général Cordellier. Partie de Brissac, en Anjou, elle est chargée d’exterminer les combattants, de massacrer les femmes, « sillons re-producteurs » et les enfants, « futurs brigands », de détruire l’habitat et de tuer le bétail.

Le 28 février, depuis Mormaison au nord du département, les hommes de Cordellier, dont la colonne a été scindée en deux, remontent les rives de la Boulogne et attaquent les pa-roisses du Petit-Luc et du Grand-Luc, où le général pense trouver Charette et ses troupes. Mais tous les hommes sont au combat. Dans les villages ne restent que les femmes, les enfants et les vieillards.

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D R A M E S , C R I M E S E T C H Â T I M E N T S

Au Petit-Luc, au Grand-Luc, dans les landes de la Vivantière, de Launay, de Bois-Jarry et de la Moricière, les Bleus s’acharnent sur eux, provoquant un massacre impitoyable, Cordellier se vantant « d’avoir fait passer de l’autre côté de la haie » des « parti-culiers des deux sexes ».« Les yeux, témoigne Beaudesson, un agent des subsistances mili-taires, ne se portaient partout que sur des images san-glantes ; partout les champs voisins étaient couverts de victimes égorgées.

Voulant connaître et m’assurer par moi-même s’il restait encore des subsistances à enlever des maisons éparses çà et là à moitié brûlées, je me transportais dans quelques-

unes. Mais qu’y trouvai-je  ? Des pères, des mères, des enfants de tout âge et de tout sexe, baignés dans leur sang, nus et dans des postures que l’âme la plus féroce

ne pourrait envisager sans fré-missement. L’esprit se trouble même en y pensant. » (Cité par Alain Gérard dans La Guerre

de Vendée, 2006.)

Chapelle néogothique

de Notre-Dame-des-Lucs aux

Lucs-sur-Boulogne.

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les gardes signalent une embarca-tion à trois milles de la côte. Il s’agit d’une baleinière norvégienne, l’Ymer, qui a été coulée par un sous-marin allemand et qui dérive ainsi depuis Rochefort. Dans l’épave, il y a sept survivants. Mais en raison de la basse mer, les habitants de l’île ne peuvent sortir le canot de sauvetage, le Paul-Tourrel, qu’à 13 heures 30, au moment où la marée commence à remonter. Le patron fait mettre les voiles pour aider les rameurs, mais les fl ots se déchaînent peu à peu, la bruine tombe en verglas et le froid est de plus en plus mordant. Il de-vient alors impossible aux sauveteurs de rejoindre le port avec les rescapés.

Alors que le canot se met à dériver sur plusieurs centaines de milles, un long calvaire commence pour ses oc-cupants. Remontant vers le nord, il ne touchera terre que le 28 janvier, sur l’îlot de Raguenès, dans le Finistère. À son bord, cinq Norvégiens sur les sept recueillis sont morts de froid, sans oublier six des sauveteurs de l’île d’Yeu. En Bretagne, on enterre les morts au bourg de Nevez, mais sans prévenir les autorités locales. Ce n’est qu’en mars que les dépouilles seront rapatriées.Le 19 juillet 1922, un monument en hommage aux héros du bateau de sauvetage Paul-Tourrel, réalisé par le sculpteur scandinave Stephan Sinding, est inauguré en présence de nombreuses personnalités, dont le commandant Fridtjof Nansen, découvreur du pôle Nord. Il se dresse sur la place de Norvège, à Port-Joinville.

Les sauveteurs de l’île d’Yeu tentantde rejoindre la baleinière norvégienne, qu’on aperçoit à l’arrière-plan.

Le monument commémoratif de Port-Joinville à l’île d’Yeu, élevé en mémoire

des marins du canot Paul-Tourrel et des naufragés du cargo norvégien l’Ymer,

morts en janvier 1917.

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G U I D E S E C R E T D E L A V E N D É E

Le château d’Apremont, élevé àla Renaissance par Philippe Chabot

de Brion, se dresse fi èrementsur la colline, fl anqué

de tours rondes.

C’est à un vrai livre d’histoire que nous conviela Vendée, dont on tourne les pages

avec délectation pour en apprécier toutela richesse et découvrir, au fi l du temps,

des personnages attachants et un patrimoine varié.

Il faut parcourir la Vendée pour se rendre compte de la richesse de ses monuments mégalithiques, dolmens et menhirs, dont la pré-sence atteste d’une présence de l’homme très ancienne. Au Moyen Âge, la région se couvre de châteaux et d’abbayes, de Maillezais à Saint-Michel-en-l’Herm en passant par Noirmoutier. Les châteaux

médiévaux ont laissé leurs traces dans la toponymie qui se découvre au fi l des itinéraires. La Renaissance fut ici une période historique d’une très grande fécondité. La région compta sur son sol des humanistes comme Rabelais, qui s’en inspira pour servir de cadre à certains de ses personnages.

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Elle vit naître également des mathématiciens hors pair, tel François Viète. Il avait été le précepteur de Catherine de Parthenay, qui fi t de son château du parc Soubise un centre intellectuel où les idées développées par la nouvelle religion huguenote circulaient largement. Le protestantisme se développa en eff et rapidement en Vendée, inspirant des vocations que même le fer et le feu eurent du mal à briser, et donnant lieu à des sièges célèbres. D’autres genres de vocations naquirent également chez des personnages comme Philippe Guillery et ses frères, bandits de grand chemin. Sur ordre du roi, ils furent impitoyable-ment pourchassés et brisés. Terre insoumise, la Vendée le fut aussi de la part des anticoncordataires, qui créèrent la Petite Église, ou des antirévolutionnaires qui, à Chambretaud, refusèrent de tenir la date du 14 juillet comme fête de la Fédération, une opposition qui perdura presque jusqu’à la fi n du XXe siècle ! Terre de scientifi ques, d’artistes et d’écrivains, la Vendée est la région natale d’un physicien de génie, Henri Archereau, et d’un dessinateur remarquable, Benjamin Rabier. Elle servit de cadre à plusieurs romans de Georges Simenon, qui s’y était réfugié durant la Seconde Guerre mondiale. Une guerre qui s’accompagna de tragédies, telle celle du maquis de Mervent, mais aussi d’actes héroïques visant à sauver des enfants juifs de la barbarie nazie.

Le château de Terre-Neuve à Fontenay-le-Comte, transformé au XIXe parOctave de Rochebrune, aquafortiste réputé. Pendant la Seconde Guerre mondiale,

Georges Simenon y vécut.

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G U I D E S E C R E T D E L A V E N D É E

Les Cosaquesdu Landreau

À Saint-Paul-en-Pareds, un homme défrayala chronique en 1815. Recruté pour ses talentsde cavalier, Eugène Jousbert passa de l’armée

napoléonienne, où il reçut la Légion d’honneur,à l’armée royaliste, recrutant des soldats passés à

la postérité sous le nom de « Cosaques du Landreau ».

La Première Restauration, avec la montée sur le trône de Louis XVIII, redonne des espoirs aux mouve-ments royalistes dans l’ouest de la France. Mais le 1er  mars  1815, Napoléon Ier débarque à Golfe-Juan,

en provenance de l’île d’Elbe… Un homme, Marie Eugène Jousbert, né le 5  novembre  1787 au château du Landreau, au pied du mont des Alouettes, résume bien la confusion qui régnait durant ces années-là.

Le château du Landreau aux Herbiers, ancienne propriété familiale qu’Eugène

de Jousbert avait rachetée en 1850.

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C U R I O S I T É S D E L ’ H I S T O I R E

À l’âge de cinq ans, le petit Eugène est séparé de ses pa-rents, et confi é à un fermier des Herbiers, car son père a émigré –  il mourra en 1796. Sa mère, Antoinette d’Escou-bleau de Sourdis, succombera d’épuisement en 1801. Après la vente du Landreau, le domaine familial qui a été incendié par les colonnes infernales puis cédé comme bien national, Eugène de Jousbert vient s’éta-blir aux Noyers, à Saint-Paul-en-Pareds.Il développe une passion pour les che-vaux, ce qui fera de lui un cavalier hors pair. C’est pour ces qualités qu’en 1813, il est enrôlé dans l’un des quatre régi-ments d’honneur de Napoléon. Après avoir combattu à Leipzig en octobre, il regagne la Vendée, où il se place sous les ordres du général en chef Charles Sapinaud, qui a repris du service du-rant les Cent-Jours à la tête du 2e corps d’armée royaliste. Là, Eugène de Jousbert recrute à ses frais, parmi les gens du pays, un groupe de cavaliers, dits les « cosaques du Landreau », en souvenir de la Russie, et qui seront surnommés « la Terreur des Bleus ».

Escarmouches, coups de main, em-buscades, les cosaques du Landreau vont semer la panique en mai-juin  1815 dans les rangs bonapar-tistes, commandés par le général Lamarque.Après avoir eff ectué un court séjour en Espagne en 1824, Jousbert revient aux Noyers. Il devient conseiller mu-nicipal à partir de 1840, puis est élu maire du village à quatre reprises. Après avoir racheté le domaine du Landreau en 1850, il mourra trois ans plus tard, le 16  mai  1853. Aux Herbiers, la cour du Chevalier évoque le souvenir d’Eugène de Jousbert, passé à la postérité sous le nom de chevalier du Landreau.

Un cosaque à cheval, comme Eugène de Jousbert et les soldats

qu’il avait formés.

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G U I D E S E C R E T D E L A V E N D É E

! !! !! ! ! !! !!

ta b l e d e s m at i è r e s

Introduction ! page 4

Chapitre premier

Saints et guérisseurspage 8

La Dormeuse de Chaix ! page 12

Le père Montfort ! page 14

Pient, saint patron de Maillé ! page 18

Le tombeau de saint Philibert à Noirmoutier ! page 20

Sainte Radegonde à La Génétouze ! page 22

Le chêne de la Rabatelière et Notre-Dame-de-la-Salette ! page 26

Les reliques de Vairé ! page 30

Le Pas de Saint-Roch à Menomblet ! page 32

Chapitre deux

Drames, crimes et châtimentspage 34

Gilles de Rais, seigneur de Tiff auges ! page 38

Dragonnades à Pouzauges ! page 44

Une mort violente dans un fauteuil ! page 48

Les Lucs-sur-Boulogne, capitale du martyre vendéen ! page 50

Le refuge de Grasla, au cœur de la forêt ! page 54

Le château de Noirmoutier, devenu prison ! page 58

Le naufrage de l’Ymer au large de l’île d’Yeu ! page 62

La malle sanglante du Puits d’enfer ! page 64

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T A B L E D E S M A T I È R E S

Chapitre trois

Curiosités de l’Histoirepage 66

Vendée, terre de mégalithes ! page 70

La féodalité dans la toponymie ! page 74

Rabelais, un humaniste en Vendée ! page 76

La rampe cavalière du château d’Apremont ! page 78

Catherine de Parthenay, protestante et femme d’action ! page 80

Le siège de Fontenay en 1587 ! page 82

Philippe Guillery, bandit de grand chemin ! page 86

Chambretaud et la fête du 14 juillet ! page 90

Les membres de la Petite Église ! page 94

Les Cosaques du Landreau ! page 96

Quand la physique s’invite en Vendée ! page 98

La Vendée de Georges Simenon ! page 100

Les Justes de Chavagnes-en-Paillers ! page 104

Le maquis de Mervent, 17 août 1944 ! page 106

Benjamin Rabier et la Vache qui rit ! page 108

Chapitre quatre

Lieux légendaires et bêtes fantastiquespage 110

Les fées de Curzon ! page 114

Le dolmen des Pierres Folles ! page 116

La Germanette de Mouilleron ! page 118

La cité mythique de Bélesbat ! page 120

La Malebête qui mangeait la beauté des fi lles ! page 122

La fée Mélusine ! page 124

Geoff roy de Lusignan, dit Geoff roy la Grand’Dent ! page 128

La légende de la Génovette à Mallièvre ! page 130

Le pont d’Yeu, dit le pont du Diable ! page 132

La fontaine miraculeuse de Réaumur ! page 134

Le pouvoir de l’eau à l’abbaye des Fontenelles ! page 138

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