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    chelm

    SYNOPSISDerrire la faade dune vieille maison dUsher Island, en

    1904, une rception donne pour le nouvel an par tanteKate et tante Julia. Potins, danses, chansons, motionslors des discours et nostalgie pour Gretta qui, de retourdans sa chambre, en compagnie de son mari, pense la

    mort

    CRITIQUE

    Une mditation douce-amre sur la vie, la mort, le vieillis-sement

    Aprs Melville, Hemingway, Kipling, John Huston sattaque

    Joyce. Et il choisit lune de ses uvres les plus fameu-ses, The Dead, cest--dire la nouvelle qui ferme le recueilDubliners. Aprs loutrance assez artificielle de ses deuxderniers films, Au-dessous du volcan et Lhonneur desPrizzi,il fait une uvre dun intimisme presque serein.The Deadcest une mditation douce-amre sur la vie, la

    FICHE TECHNIQUE

    USA - 1987 - 1h25

    Ralisateur :John Huston

    Scnario :Tony Hustondaprs James Joyce

    Musique :Alex North

    Interprtes :Anjelica Huston(Gretta)Donald McCann(Gabriel)

    Helena Carroll(tante Kate)Cathleen Delany(tante Julia)Dan OHerlihy(Mr Browne)Ingrid Craigie(Mary Jane)Rachael Dowling

    (Lily)

    GENS DE DUBLINThe dead

    DEJOHNHUSTON

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    mort, le vieillissement. Le pigedes vies ordonnes une fois pourtoutes. Joyce a voulu y mettre laconscience de lapproche de lamort. On a dit que ctait le filmtestament de John Huston. On peuty constater surtout la matriseparfaite de ce moraliste dsabus

    qui sait nous suggrer, avec unegrande sobrit, tout un mondede sentiments en demi-teintes.Aprs le dner, dans la chambredhtel o ils passent la nuit,Gabriel et Gretta bavardent. Ellelui confie les souvenirs qui ontressurgi pendant quelle enten-dait chanter sa tante et lui rvleune brve passion quelle a ins-pire dans sa jeunesse et qui a

    t brutalement interrompue parla mort du jeune homme, dontelle se sent un peu coupable. Enentendant ce rcit, Gabriel prendconscience de labme qui le spa-re de sa femme et nose mmeplus lui manifester le dsir subitquil a prouv en lcoutant.Faisant suite au dcor unique dela salle manger, le huis-clos decette chambre accentue encorela sensation de claustration queHuston, aprs Joyce, a voulu noustransmettre. Enferms dans cesdcors comme dans leurs existen-ces mmes, les personnages don-nent limpression de se dbattrecontre lenlisement fatal de la viequotidienne. ()

    Anne-Marie BaronCinma 88 n424 Jan. 88

    Linfluence de James Joyce

    On sait que John Huston vouaitla plus grande admiration James Joyce, dont il disait, entreautres : Joyce a t et demeurelcrivain qui ma le plus influen-c. Pourtant, il nenvisagea

    pas de transposer lcran sesuvres les plus clbres commeUlysse ou Finnegans Wake, lais-sant relever, plus ou moins bien,ce dfi par dautres que lui. Leseul pari quil ait donc tenu estcette adaptation de The Dead(Les morts), dernire nouvelle durecueil Dubliners, publi en 1914,et seule uvre quil tenait pourmallable sur pellicule : The Dead

    concerne certains vnementsimportants de la vie - lamour, lemariage, la passion, la mort - etoblige sy confronter. Rares sontles histoires qui ont ce pouvoirmiraculeux. The Dead est toutsimplement lune des plus gran-des histoires jamais crites enanglais, dit-il encore proposde son film - le dernier.Est-ce la proximit de sa propremort (on la assez soulign), ouladhrence absolue une uvrequi lui tait si proche? En toutcas, The Dead apparat commele vritable chant du cygnedun cinaste gant, qui na cer-tes pas ralis que des chefs-duvre, mais qui sest investiprofondment dans la plupartde ceux-ci. The Dead nest cer-

    tes pas que la relation soigneu-se dun dner en ville Dublinpar un soir de janvier 1904 o laneige recouvre lIrlande, chez lesvieilles demoiselles Kate et Julia

    Morkan et leur nice Mary Jane.Ne serait-ce dailleurs que cela,le film apparatrait dj dunebelle matrise pour un mourantet dune observation chaleureu-se dans cette socit dublinoiseo loie et le pudding confrentune matrialit culinaire des

    discussions sur lopra, ou destours de chants et de posie quine sont pas que mondanits vai-nes. Tous les acteurs, irlandaiset surtout de thtre, au nom-bre desquels on apprciera enparticulier Helena Carroll (tanteKate), Dan OHerlihy (Mr. Brown),Donal Donnelly (Freddy, livrogne)et Marie Kean (sa mre), sont diri-gs avec un sens extrme de la

    justesse et crent eux seuls uneatmosphre que rien dautre nevient troubler comme si tout taitmis en sourdine par la neige.Mais, au-del de ce conversa-tion piece dun Visconti irlan-dais, toute lhistoire, et donc lefilm, prend sa rsonance aprs larception ds que Gretta Conroy(merveilleuse Anjelica Huston,comme toujours) entend, off enhaut de lescalier, lair The Lassof Aughrim, et en a lair boulever-se en rentrant avec son mari,avant de lui parler de MichaelFurey, le jeune homme qui laimajadis et finit par en mourir. Toutecette scne, traite sotto voce,et les derniers plans, sublimes,des paysages irlandais mourantsous la neige (films par un op-

    rateur spcial, Michael Coulter),ont une beaut interne qui nestautre que lcho visuel du textede James Joyce (certains disentvidemment que cest une erreur,

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    en oubliant quon est au cinma),dit par le remarquable DonalMcCann : (...) la neige tombaitaussi en chaque point du cimeti-re solitaire, perch sur la collineo Michael Furey tait enterr.Et elle samoncelait drue sur lescroix et les pierres tombales tout

    de travers, sur les fers de lancedu petit portail, sur les pinesdpouilles. Son me se pmaitlentement, tandis quil entendaitla neige tomber, vanescente, travers tout lunivers, et, tellela descente de leur fin dernire,tomber, vanescente, sur tous lesvivants et les morts.Jamais John Huston navait expri-m les sentiments damour et de

    mort aussi profondment quedepuis, justement, Promenadeavec lamour et la mort (1969),o Anjelica faisait ses dbuts aucinma. Comme Joyce, il dcritadmirablement la surface deschoses et des actes, mais sa des-cription des aspects extrieursexprime mieux les mouvementsinternes des personnages, et leurlaisse une plus grande libert quetoute explication psychologiquepntrante. The Deadest critcomme un morceau de musique,avec des thmes qui apparaissentet disparaissent plusieurs repri-ses, dit Tony Huston (le fils), sc-nariste du filrn, et qui en a ache-v la finition. Car The Dead estaussi un beau portrait de famille.Et cest cette musique qui nous

    touche au plus profond du cur,comme un requiem une voix.Oui, John Huston, IIrlandais, arussi sa dernire soire, avec cethommage sa propre mort, et

    James Joyce. ()Max Tessier

    La Revue du Cinma n434 Jan. 88

    BIOGRAPHIEUne uvre qui mle force ethumour. Comment sen tonner ?Fils du comdien Walter Huston,John Huston a fait un peu tousles mtiers dont ceux de boxeuret de cavalier : on ne peut donclui donner de leons pour tout cequi touche aux bagarres et auxchevauches. Il est aussi dans sa

    jeunesse crivain et mme acteurdans de petits films de WilliamWyler entre 1928 et 1930. Il voyagebeaucoup. En 1938, il revient Hollywood et entame une carrirede scnariste : Jezebel(Wyler), TheAmazing Dr. Clitterhouse (Litvak),Juarez (Dieterle), High Sierra(Walsh), Sergeant York (Hawks).Avec Le faucon maltais, troisi-me version du clbre roman de

    Hammett, il fait ses dbuts deralisateur. Courte interruptionpendant la guerre. Mais Hustonne perd pas la main : il tournetrois documentaires o il insistesur les tragdies humaines pro-voques par les oprations mili-taires. Let There Be Lightne serajamais montr en raison de laduret de ses images.Avec Le trsor de la Sierra Madresuperbe western o il dirigeson pre et, nouveau, Bogart,Huston reprend sa saga fondesur la thmatique de lchec. Le

    faucon maltais pour lequel sen-tretuaient Mary Astor, SydneyGreenstreet et Peter Lorre, navaitaucune valeur ; Ior du trsor deBogart est emport par le vent ;les cambrioleurs dAsphalt Jungle(Louis Calhern, Sterling Hayden,Sam Jaffe...) chouent; de mme

    Les insurgs Cuba ne russis-sent pas lattentat dans les con-ditions quils avaient prvues. Lehros hustonien, malgr lnergiequil dploie, natteint pas sonbut, sauf si le hasard vient lyaider. Ne faisons pas toutefoisde Huston un moraliste dsabus.Ses personnages aiment au fondlaction pour elle-mme : quim-porte le rsultat. Ce qui compte

    cest davoir agi.A cette suite de chefs-duvreque nous propose Huston et dontBogart est la figure centrale suc-cdent plusieurs superproduc-tions o Huston semble moins laise lexception deMoby Dick,la meilleure des adaptations duclbre roman de Melville. Cestlpoque oLes Cahiers du Cinmalexcluent du Panthon des grandsralisateurs. Cest un fumiste,crit Truffaut. Des uvres commeLe barbare et la geishaou La Biblene contribuent pas rehausserson prestige. Lre des grandsfilms semble dfinitivement rvo-lue. Et puis John Huston ressus-cite. Lpoque des grosses machi-nes prtentieuses (Freud dontSartre devait faire initialement

    le scnario, The Misfits crit parArthur Miller, Les racines du ciel)et des films alimentaires (Thelist of Adrian Messengeravec, audemeurant une stupfiante dis-

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    Le centre de Documentation du Cinma[s] Le France,

    qui produit cette che, est ouvert au public

    du lundi au jeudi de 9h 12h et de 14h30 17h30

    et le vendredi de 9h 11h45

    et accessible en ligne sur www.abc-lefrance.com

    Contact : Gilbert Castellino, Tl : 04 77 32 61 26

    [email protected]

    tribution) prend fin son tour.Taisons-nous sur lacteur pas tou-jours inspir, mais il fallait payerplusieurs pensions alimentaires la suite de nombreux divorces.Une troisime priode souvredans la carrire de John Huston :il devient le cinaste des per-

    dants (losers) : Fat City, voca-tion des boxeurs dchus, retrouvelinspiration des nouvelles dHe-mingway et lon noubliera pasce pugiliste urinant du sang auxtoilettes. Lhomme qui voulait treroi est une splendide adaptationde Kipling ; enfin Wise Bloodoffreun tmoignage hallucinant sur lepullulement des sectes et des fauxprophtes aux Etats-Unis : ici un

    prdicateur veut fonder IEglisedu Christ sans Christ, danslaquelle les aveugles ne voientpas, les paralytiques ne marchentpas et les morts ne ressuscitentpas. Le boxeur Huston a retrouvson punch. Cest le moment quilchoisit pour publier son auto-biographie : An open Book. NiPhbia, ni Annie ne mritent lescritiques dont ils furent lobjet. Etqui pouvait mieux porter lcranle gnie verbal de Malcolm Lowry,que John Huston dans Under theVolcano o la scne du bordelrenoue avec les fastes du Trsorde la Sierra Madre. Son uvresachve avec Gens de Dublin,admirable mditation sur la mort,son film le plus mouvant, le plusnostalgique. ()

    Robert BenayounJohn Huston (Seghers, 1966)

    FILMOGRAPHIE

    Court mtrage :The Battle of San Pietro 1944

    Longs mtrages :The Maltese Falcon 1941Le faucon maltaisAcross the Pacific 1942Griffes jaunesIn this Our lifeReport from the Aleutians 1943court-mtrageLet There Be Light 1945The Treasure of Sierra Madre1948Le trsor de la Sierra MadreKey LargoWe Were Strangers 1949Les insurgs

    The Asphalt Jungle 1950Quand la ville dortThe Red Badge of Courage 1951La charge victorieuseThe African QueenLa reine africaineMoulin Rouge 1952Beat the Devil 1954Plus fort que le diableMoby Dick 1956Heaven Knows, Mr. Allison 1957

    Dieu seul le saitThe Barbarian and the Geisha 1958Le barbare et la geishaThe Roots of HeavenLes racines du cielThe Unforgiven 1960Le vent de la plaineThe Misfits 1961Les dsaxsFreud 1962

    Freud, passions secrtesThe List of Adrian Messenger1963Le dernier de la listeThe Night of the Iguana 1964La nuit de l'iguane

    The Bible 1966La BibleCasino Royale 1967SketchReflections in a Golden EyeReflets dans un oeil dorSinful Davey 1969Davey des grands chemins

    A Walk with Love and DeathPromenade avec lamour et lamortThe Kremlin Letter 1970La lettre du KremlinFat City 1972La dernire chanceThe life and times of Judge RoyBean 1973Juge et hors-la-loiThe Mackintosh Man

    Le pigeThe Man who would be King 1975Lhomme qui voulait tre roiWise blood 1979Le malinPhbia 1980Escape to VictoryA nous la victoireAnnie 1981Under the Volcano 1984Au-dessous du volcanPrizzis Honor 1985Lhonneur des PrizziThe Dead 1987Gens de Dublin

    Documents disponibles au France

    Revue de presse importantePositif n323, 334, 544Cahiers du cinma n403

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