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Décembre 2017
GORÉE,
PATRIMOINE DURABLE État des lieux et perspectives d’avenir
GORÉE, PATRIMOINE DURABLE
1
INTRODUCTION
La dégradation provoquée par les forces de la nature telles que les courants marins, la montée du
niveau de la mer et les fortes pluies lors de l’hivernage ont un impact visible et inquiétant sur les
bâtiments de l’île de Gorée. Inscrit sur la Liste du patrimoine mondial depuis bientôt quatre
décennies, le site fait face à une situation critique, du fait du délabrement de certains bâtiments
historiques et de la destruction au fil des années des murs qui protègent l’île. D’autres
infrastructures telles que les quais, le fort et les batteries souffrent aussi des effets de l’eau salée et
de la présence humaine.
Plusieurs campagnes institutionnelles, actions de la société civile et rigoureuses études techniques et
académiques ont été menées à cet égard1. En 2006, des spécialistes de l’UNESCO et des experts de
la Fondation du Qatar ont effectué une mission au Sénégal pour développer un projet de lutte
contre l’érosion du littoral, estimé à plus de 4 millions de dollars. Entre 2012 et 2014, l’entreprise
Seamar Engineering a développé une étude technique pour la protection du littoral de l’île,
proposant plusieurs options de financement, allant des 17,7 à 23,3 milliards de FCFA. Mais malgré
les efforts entrepris par l’État du Sénégal, la Mairie de Gorée et l’UNESCO afin de mobiliser des
fonds, jusqu’à présent seules quelques interventions ont pu être effectuées, à savoir : un muret de
protection au niveau de la Maison des esclaves; un mur de granit pour protéger la mosquée ; le
comblement de brèches et la réhabilitation d’un ponton à proximité du fort d’Estrées dans le cadre
d’un projet de mesures d’urgence financé par le Japon en 2016-2017. Ainsi, une intervention
réfléchie, globale et durable est nécessaire.
© UNESCO/Alexandra Gil. Façade maritime de la Maison des Esclaves, Gorée, Juillet 2017
1 Parmi les plus récents, voir:
“Campagne Internationale de Sauvegarde de l’Île de Gorée: Plan d’action et actions prioritaires pour la restauration, la conservation et la mise en valeur du patrimoine”, UNESCO, février 2000.
“Analyse environnementale de la commune d’arrondissement de Gorée”, fait par la Mairie de Gorée en décembre 2006.
“Vulnerabilité de l’Île de Gorée à l’élevation du niveau de la mer”, Mémoire de Master II présentée par Papa Waly
Bakhoum, UCAD, 2013.
“Travaux de protection du littoral de l’île de Gorée”, conçus par Seamar Engineering entre 2012 et 2014.
“Rapport de mission - Initiative Îles Durables: Diagnostic préliminaire de l’Île de Gorée”, fait par le Conservatoire du
Littoral en juin 2016.
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La dégradation des édifices le long du littoral est certes impressionnante, mais l’impact de la mer ne se limite
pas uniquement à ceux-ci. Actuellement, un nombre important de bâtiments sont fortement dégradés par le
courant marin, notamment la célèbre école Mariama Ba. Les structures de plusieurs blocs de cet établissement,
sont fortement endommagées par l’action du courant marin.
Rapport Mission Suivi Réactif, UNESCO, 2011
DÉFIS ET SITUATION ACTUELLE
La menace des érosions côtière, hydrique et éolienne
Avec plus de 700 km de côtes, le Sénégal est classé 8ème pays le plus vulnérable à l’élévation du
niveau de la mer, à l’échelle mondiale, du fait de la morphologie de ses côtes et du manque d’une
stratégie efficace de lutte contre l’érosion côtière. Au Sénégal, selon une étude récente de
l’UCAD, le niveau de la mer augmente en moyenne de 2,32 mm/an, et les localités situées sur la
façade maritime, mais aussi les îles comme Gorée, sont les plus exposées2. La mer, élément qui a
protégé Gorée des invasions et des risques liés à une forte urbanisation, devient aujourd’hui une
menace qui ne cesse de croître.
La disparition totale du mur du rivage est de l’île et de certaines de ses extensions sur les côtes
menace des bâtiments anciens proches de la mer. Tel est le cas de l’école Mariama Ba qui a perdu la
plupart du mur de clôture de la façade maritime provoquant des dégâts directs sur les blocs qui
composent l’édifice.
© UNESCO/Alexandra Gil. Façade maritime de l’école Mariama Ba, Gorée, Juillet 2017
2 “L’île mémoire sous la menace de la mer”, Le Soleil du 01/08/2017, page 11.
GORÉE, PATRIMOINE DURABLE
3
Sur le rivage nord-ouest, plus exposé aux phénomènes de houle, la situation est particulièrement
critique, notamment au niveau de la batterie ouest qui est aujourd’hui en grande partie détruite.
L’état de délabrement des murs permet l’infiltration des eaux marines dans l’enceinte de l’édifice, et
même au-delà lorsqu’il y a des orages.
© UNESCO/Alexandra Gil. Batterie Ouest, Gorée, Juillet 2017
Le phénomène d’érosion est tel que les constructions placées sur la côte sont directement en
contact avec l’eau de mer qui, au fil du temps, détruit leurs fondations ainsi que les maçonneries des
façades. A cet égard, certains bâtiments sont sévèrement menacés : les murs de la mosquée et du
Fort d’Estrées, par exemple, peuvent être touchés directement par la mer lorsque son niveau
monte, en particulier pendant la saison des pluies (hivernage). Sur l’Esplanade de la Mosquée, même
si un mur de granit vient d’être construit avec l’appui de toutes les composantes de la population
goréenne, le bâtiment risque de disparaitre si le phénomène persiste sans qu’aucune solution durable
soit envisagée. La Place de l’Europe a subi des affaissements de terrain, tout comme les digues de
protection d’édifices tels que le presbytère et la maison des esclaves, qui ouvrent la voie aux vagues
de l’océan3.
Un recul constant du trait de côte sur l’ensemble de l’île a également été constaté, en particulier
au niveau de la Maison des esclaves et des maisons voisines. De ce fait, les enrochements des
fondations se désolidarisent, compromettant à terme la stabilité des bâtiments. Même si des efforts
pour limiter l’érosion ont été entrepris par le passé (avec la construction d’un muret en béton armé,
par exemple), ils sont toutefois insuffisants et peu compatibles avec l’architecture vernaculaire et les
matériaux traditionnels utilisés sur l’île.
Une étude menée par Pape Waly Bakhoum, chercheur à l’Institut des sciences de l’environnement
de l’UCAD, sur la vulnérabilité de l’île face à l’élévation du niveau de la mer, révèle un niveau de
vulnérabilité physique modéré de la ville insulaire avec une vitesse d’évolution du trait de côte de
0,17 mètres par an4. De ce fait, la partie la plus basse de l’île, qui correspond à la pointe Nord, et
une partie de la rade sont les plus vulnérables à la montée du niveau de la mer, phénomène qui
« prend des proportions inquiétantes »5 et qui pourrait même faire disparaitre ces zones à long
3 “Gorée, Rufisque et Bargny enregistrent plusieurs dégâts”, Le Soleil, 02/06/2014, page 18. 4 « Vulnérabilité de l’île de Gorée à l’élévation du niveau de la mer », Mémoire de Master II présenté par Papa Waly
Bakhoum ISE/FST/UCAD 2013. 5 “L’île mémoire sous la menace de la mer”, Le Soleil du 01/08/2017, page 11.
GORÉE, PATRIMOINE DURABLE
4
terme. Une levée du niveau des murs installés
autour de cette zone serait souhaitable pour les
protéger de cette menace.
En outre, le phénomène d’érosion hydrique est
principalement provoqué par la force avec laquelle
l’eau de pluie ruisselle à partir de la zone du Castel
durant la période d’hivernage. Le relief du monticule
du Castel intensifie la force des eaux qui, en
circulant, déplacent une partie du sable de la zone
haute vers le bas. Pour cette raison, les fondations
des bâtiments qui se situent sur le passage de l’eau
sont visiblement affectées au niveau de ce que l’on
appelle la « zone tampon », à la hauteur des rues
Castel et Bambaras, où la structure du sol
commence à être impactée.
Dynamique du trait de côte de l’île de Gorée entre 1942 et 2011
réalise par Papa Waly Bakhoum.
Enfin, il ne faut pas négliger le phénomène de l’érosion éolienne : en effet, le vent effrite
certaines parties des matériaux qui servent d’enrochement, en provoquant des infiltrations d’eau. Ce
phénomène est aussi visible au niveau de la batterie ouest ainsi que sur quelques murs à l’intérieur
de l’île, tels que celui situé au Sud de la Rue des Batteries.
© UNESCO/Alexandra Gil. Mur affecté par érosion éolienne, Gorée, Juillet 2017
GORÉE, PATRIMOINE DURABLE
5
Faisant face aux phénomènes susmentionnés, qui ont fait de gros dégâts après de très forts orages
en 2014, les Goréens ont eu recours au gabionnage, une technique consistant à construire des
gabions : ensembles de branchages tressés remplis de terre pour abriter ou renforcer une digue6. Ce
fut une « première solution », mais cette situation est récurrente et nécessite aujourd’hui une
stratégie à long terme pour assurer la protection durable des bâtiments et murs de l’île.
L’habitat à Gorée et le besoin urgent de réhabiliter des bâtiments uniques
Construits pour la plupart à l’époque coloniale, la majorité des bâtiments de l’île ont plus d’un siècle
d’existence. Pourtant, ces bâtiments d’une immense valeur historique tels que le Palais du
Gouverneur ou l’école William Ponty, n’ont jamais été réhabilités dans leur totalité. D’autres sont
même menacés de s’écrouler du fait de l’avancée progressive de la mer et de l’érosion marine. Des
effets collatéraux déjà mentionnés sont également dommageables pour les constructions de Gorée :
les inondations pendant la saison de pluies sont de plus en plus habituelles à cause de l’érosion des
plages7 et du manque d’un sédiment fort à hauteur du Castel.
Bien évidemment, les causes des désordres ne sont pas seulement liées à l’action de la houle, mais
aussi aux interventions humaines (dans l’usage et le prélèvement de matériaux sur le littoral, par
exemple), ainsi qu’au vieillissement naturel des ouvrages8.
© UNESCO/Alexandra Gil. Plage publique collée au Fort d’Estrées, Gorée, Juillet 2017
6 “Des mesures d’urgence annoncées en faveur des sites menacés, selon Mor Ngom”, Libération, 05/06/2014, page 3. 7 Rapport Gorée 2000 8 MEMO “Travaux de protection du littoral de l’île de Gorée”, Seamar Engineering, juin 2014.
GORÉE, PATRIMOINE DURABLE
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Ainsi, la forte demande sociale en termes d’habitat, d’emploi des jeunes et d’amélioration des
conditions de vie constitue une menace face à l’impératif de préservation des valeurs du site9. Il ne
faut pas oublier que plusieurs bâtiments publics sont occupés par des familles entières, parfois depuis
trois générations, dans des conditions très précaires. Cette problématique s’aggrave avec le temps,
du fait de la détérioration des édifices et l’accroissement du nombre d’habitants illégaux sur le site.
Une réhabilitation complète de certains espaces tels que l’École William Ponty, l’ancien l’Hôpital ou
l’ancienne Université des Mutants (entre autres), devrait impliquer une relocation des familles vivant
à l’intérieur depuis des décennies, dans le cadre de ce que l’on appelle des « opérations tiroir ».
A cet égard, le mouvement citoyen « Sauvons Gorée » lançait déjà en 2013 « un appel national et
international pour la sauvegarde de l’île » dans le but « urgent d’agir pour sauver le patrimoine
architectural de l’île » et « offrir à sa population des conditions de vie décentes »10.
© UNESCO/Alexandra Gil. Ancienne École William Ponty, Gorée, Juillet 2017
9 Plan de Gestion de l’île de Gorée 2016 – 2021, page 36. 10 Le texte de l’appel au complet peut être consulté sur le site: https://www.change.org/p/sauvons-gorée-gorée-a-peur-
gorée-se-meurt
GORÉE, PATRIMOINE DURABLE
7
Il faut souligner que le manque de
ressources humaines qualifiées pour la
gestion technique du bien est tout
aussi préjudiciable sur les
composantes de l’île de Gorée, que
l’action de la houle et du courant
marin.
Rapport Mission Suivi Réactif, UNESCO,
2011
Système de gestion
Malgré les risques liés au changement climatique
et au passage du temps, tels que présentés
auparavant, Gorée ne dispose pas de personnel
dédié à la récolte de données liées à ces
facteurs, qui pourraient pourtant être utiles, en
particulier, pour la prévention de risques
majeurs. De même, la commune n’as pas de
financement propre lui permettant de lancer des
travaux de réhabilitation de l’habitat.
En avril 2017, le Comité de Gestion et de
Sauvegarde de l’île de Gorée a été installé, au
terme d’un travail de la mairie de Gorée qui a
mené, de concert avec la Direction du Patrimoine Culturel et les habitants de l’île, toute une
enquête sur les nécessités et objectifs en termes de gestion de l’île. Ce système de consultations a
abouti dans la rédaction d’un plan de gestion 2016 – 2021 « qui constitue un instrument de
coordination, de planification et de pilotage de l’ensemble des actions visant la sauvegarde et la
promotion des valeurs pour lesquelles l’île de Gorée a été inscrite sur la Liste du patrimoine
mondial »11. De même, la commune définit ses actions à partir du Plan d’Investissement Communal,
couvrant la période allant de 2014 à 201912.
Dans la perspective de répondre au plus vite aux défis environnementaux mentionnés, la municipalité
de Gorée s’est engagée dans une politique de management pour lutter contre les multiples
agressions, à savoir les écoulements des eaux usées, la déperdition du tissu sablonneux, la décharge
des ordures ménagères, l’érosion marine etc. La mise en place par la commune d’un Système de
Management Environnemental (SME) a permis d’organiser au niveau de l’île des forums de
sensibilisation sur l’éducation environnementale et des séminaires de formation des acteurs du
secteur. De plus, la commune travaille depuis une dizaine d’années pour obtenir la certification ISO
14001: une démarche environnementale qui vise à améliorer de façon continue et durable la qualité
du cadre de vie sur l’île, concernant plusieurs volets, tels que la gestion des déchets, celle des
espaces verts ou l’aspect écologique dans les manifestations menées à Gorée13. Dans cette
perspective, la mairie se prépare à passer un audit au mois de janvier 2018, afin d’obtenir cette
certification qui assure l’existence d’un système prenant en compte les enjeux de développement
durable dans la gestion de l’île.
11 Plan de Gestion de l’île de Gorée 2016 – 2021, peut être consulté sur le site: http://whc.unesco.org/document/156384 12 Plan d’Investissement Communal 2014-2019 “Ensemble transformons Gorée en une île plus vivante et prospère”. 13 Politique environnementale, communiqué du Maire de Gorée, 31 mars 2015.
GORÉE, PATRIMOINE DURABLE
8
INTERVENTIONS COURANTES ET AVENIR DE L’ILE
La Commune n’ayant pas de budget spécifique pour la réhabilitation du patrimoine bâti, certains
espaces présentant un danger pour les visiteurs ferment leurs portes petit à petit. Mais si ces
problèmes importants auxquels l’île fait face ne sont pas résolus à court ou moyen termes, ils
pourraient entrainer la mise en péril immédiate du bien, impliquant son inscription sur la Liste du
patrimoine mondial en péril14.
Entre autres, l’UNESCO exécute en ce moment un projet financé par la coopération japonaise, de
réhabilitation et de protection du mur nord-ouest, s sévèrement endommagé par l’érosion côtière
et la modification des courants marins qui ont affecté les berges de l’île. En travaillant avec des
maçons locaux, l’initiative vise non seulement à réparer ce mur mais également à assurer un transfert
de connaissances d’un métier plus que nécessaire sur l’île en vue de garantir la maintenance des
ouvrages de protection.
Le défi est central et des solutions structurales sont nécessaires. La protection du littoral de Gorée a
été inscrite parmi les 5 projets prioritaires du Ministère en charge de la Culture retenus par la
Direction de la Planification du Ministère de l’Économie, des Finances et du Plan. Un cabinet a été
mis en place pour finaliser les études en vue d’une inscription sur le budget – programme pluriannuel
2017 – 201815. Les dernières estimations chiffraient à 11 milliards de FCFA les travaux de mise en
place d’un dispositif d’endiguement autour de l’île, mais « cette somme pourrait être insignifiante
dans les années à venir surtout si le réchauffement global dépasse la barre de 2 degrés Celsius »16.
La commune fait aussi partie de l’Initiative Petites Îles Durables, au sein de laquelle elle travaille dans
un projet intégré de gestion des écosystèmes qui pourrait permettre à Gorée d’obtenir le label
« Small Islands Organisation » (SMILO), promouvant les bonnes pratiques dans les milieux insulaires.
Ce projet, encore en phase de pré-diagnostique, cherche à protéger et conserver les écosystèmes,
en facilitant en même temps la mise en place d’activités économiques et sociales durables, pour
permettre l’équilibre nécessaire entre la régénération des ressources et le développement de la
communauté. À cet égard, la commission environnement de la Commune va bientôt constituer des
comités de représentants locaux qui définiront, avec une approche participative, les priorités du
projet autour de 7 sujets : la gestion intégrée des effluents, l’optimisation de l’efficacité énergétique,
l’amélioration de la gestion et traitement des déchets, le tourisme durable, l’aménagement du
territoire, l’importance de la biodiversité terrestre et marine, et la pêche.
De même, dans le cadre de la démarche pour obtenir la certification ISO 14001, la commune de
Gorée a mené un travail de recherche et de diagnostic environnemental très vaste et
critique, qui inclut toutes les variables affectant le bien à ce jour. Les résultats de l’étude sont
résumés dans la table ci-dessous, étant la base sur laquelle la commune a désigné neuf projets
articulés de développement.
14 Rapport mission suivi réactif 2011, UNESCO. 15 Plan de Gestion de l’île de Gorée 2016 – 2021, page 32. 16 « 11 milliards de FCFA nécessaires pour protéger l’île de Gorée », Le Soleil, 05/06/2017, page 7.
GORÉE, PATRIMOINE DURABLE
9
ÉTAT ACTUEL DE LA GESTION À GORÉE
Bilan de l’eau · Le réseau d’eau potable permet le raccordement de toute la
population mais actuellement seules 55,3 % de la population
sont branchés.
· Aucune politique d’économie d’eau, de recueil des eaux de
pluies…
· Le réseau d’eau usée fait d’amiante ciment est vieillissant et
ne couvre pas toute l’ile. La gestion du réseau se heurte à de
sérieux problèmes : les eaux usées sont rejetées sans
traitement en mer et les égouts débordent souvent. Gestion des déchets · La collecte, le transport et le traitement des ordures se font
sans aucune prise en compte des impacts environnementaux,
ni des règles d’hygiène. Energie · L’alimentation est assurée par la SENELEC. Le réseau est
enterré. Sa vétusté constitue un danger pour la population.
· Le réseau de l’éclairage public est défectueux.
Air / Odeur / Bruit · Peu de foyers. Surtout des nuisances olfactives dues à une
mauvaise gestion des ordures et du réseau d’assainissement. Les systèmes naturels · Grande richesse de la faune et de la flore terrestre et
maritime.
· 2 grandes menaces : érosion du Castel et des côtes, pêche
clandestine. Transport · Difficultés de déplacement.
· Absence de circuit de visite.
Entretien du patrimoine · Rénovation des bâtiments coûte très cher. L’entretien est
assuré par les agents de la municipalité.
Activités économiques · Essentiellement la restauration, l’hôtellerie, l’artisanat.
· Rejets. Source : Présentation PPT Sensibilisation sur la démarche de Certification Iso 14001 de la commune d’arrondissement de Gorée - Prise en compte
du développement durable dans la gestion de l’île
C’est donc sur la base de ce diagnostic que la commune de Gorée a récemment conçu une
série de neuf projets articulés, qui sont transversalement liés aux défis mentionnés tout
au long de ce dossier. Cette liste commence par un projet d’enterrement et de réutilisation des
eaux usées, considéré comme prioritaire puisque l’existence de ces eaux a côté des baies de Gorée
pourrait même empêcher la mairie d’avoir la certification ISO 14001. Jusqu’à présent, les eaux usées
sont jetées dans la mer, sans traitement préalable, devenant même une menace pour la santé
publique. L’exécution d’un projet comme celui-ci (détaillé ci-dessous) permettrait non seulement
d’améliorer la qualité des eaux de baignade mais aussi de récupérer les eaux traitées pour nettoyer
des tuiles, des bâtiments, les pavés ou même pour l’irrigation d’espaces verts (voir aussi projet
d’embellissement de l’île) et de contribuer ainsi à diminuer nettement la consommation en eau
potable des établissements publics gérés par la Mairie.
Les autres projets proposés visent à améliorer la gestion de la zone côtière et récupérer
l’écosystème marin de Gorée, réhabiliter les édifices occupés et relocaliser ses habitants, améliorer
le système de gestion des ordures ménagères et du traitement des déchets, créer des espaces verts,
soutenir le Système de Management environnemental et, finalement, lutter contre l’érosion hydrique
au Castel.
GORÉE, PATRIMOINE DURABLE
10
TITRE PROJET THEME OBJECTIFS / ENJEUX SOLUTIONS COUT
ESTIMÉ
(1) GESTION INTÉGRÉE DES
EFFLUENTS EAUX
1. Réduire l’impact des rejets des eaux
usées sur l’environnement.
2. Réduire les problèmes de santé
publique.
3. Contribution à la gestion optimale
de l’eau potable par une nette
diminution de la consommation de
la Commune.
1. Réhabilitation des 2000 ml du réseau
d’assainissement existant et son
extension (945 ml) dans la partie haute de
l’île (le Castel).
2. Traitement tertiaire de 300 m3 d’eaux
usées.
3. Aménagement d’un réseau pour la
réutilisation de l’eau traitée pour
l’arrosage des espaces verts.
4. Réhabilitation de cinq (5) édicules publics
fonctionnels et accessibles à tous.
5. Branchement à 100% des ménages à l’eau
de robinet et au réseau des eaux usées.
368.850 €
(2) GESTION INTÉGRÉE DE LA
ZONE CÔTIÈRE ET DE
L’ÉCOSYSTÈME MARIN DE
GORÉE
AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
(01)
1. S’adapter à l’érosion côtière.
2. Récupération et stabilisation du
littoral rocheux.
3. Régénération de la faune, la flore et
le biotope marin.
4. Valorisation des ressources de
l’environnement marin de Gorée.
1. Mettre en place des fonds pour les
travaux de stabilisation et de protection
des zones menacées.
2. Faire un état des lieux de l’aire marine
protégée et du milieu marin (flore et
faune).
3. Rétablir une délimitation spatiale par
balisage de l’aire marine protégée.
4. Traiter et réutiliser les eaux usées
rejetées en mer.
5. Réglementation et surveillance des
activités de pêches.
6. Promotion d’un éco-tourisme fondé sur
le respect de la nature, comprenant la
visite du milieu marin.
1.295.387 €
(3) SAUVEGARDE DU PATRIMOINE
BÂTI DE L’ÎLE AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE (02)
1. Préserver le patrimoine bâti et
l’identité de l’île en facilitant l’accès
à un habitat décent à tous.
2. Sauvegarder le patrimoine bâti de
l’île.
3. Améliorer et augmenter la capacité
d’hébergement.
1. Mise en œuvre du plan de gestion de
l’UNESCO.
2. Faire l’inventaire des bâtiments
disponibles appartenant à des institutions
publiques, évaluer leurs potentialités et
leurs coûts de restauration.
3. Etablir un programme d’investissement et
d’aménagement.
4. Réfectionner l’ensemble des bâtiments.
5. Reloger la population.
GORÉE, PATRIMOINE DURABLE
11
(4) GESTION INTEGREE ORDURES
MENAGERES
GESTION ET TRAITEMENT DES DECHETS DES ORDURES
MENAGERES
1. Amélioration du cadre de vie des
populations et des conditions de
séjour des visiteurs.
2. Réduction de l’impact du rejet des
ordures sur l’environnement.
3. Réduction des problèmes de santé
publique.
1. Mise à niveau du centre de stockage des
ordures.
2. Mise à niveau de l’unité de compostage.
3. Dotation de poubelles de tri sélectif.
4. Mise en place d’un processus d’acquisition
de matériels de nettoiement.
5. Mise sur pied d’un système efficace et
performant de traitement (récupération -
recyclage – réutilisation -
transformation) des déchets.
6. Nettoyage général des dépôts d’ordures
sur le littoral.
7. Organisation périodique de campagnes de
désinfection de toute l’île.
98.599 €
(5) TRAITEMENT DES DECHETS TRAITEMENT DES DECHETS
1. Amélioration du cadre de vie.
2. Réduction des impacts négatifs sur
l’environnement.
3. Réduction des problèmes de santé
publique.
1. Mise à niveau du centre de stockage des
ordures.
2. Mise à niveau de l’unité de compostage.
3. Mise en place d’un processus de
récupération et recyclage des déchets.
78.599 €
(6) CREATION ET
REHABILITATION ESPACES
VERTS
CREATION ET REHABILITATION
D’ESPACES VERTS
1. Embellissement de l’île.
2. Amélioration du cadre de vie.
3. Sauvegarde de la flore.
1. Création et réhabilitation de sept (07)
jardins publics.
2. Construction de 70 bancs publics intégrés
au paysage et à l’architecture de Gorée.
3. Construction de muret et acquisition et
pose de dalles et de bordures droites
dans les espaces publics.
161.197 €
(7) GESTION DE
L’ENVIRONNEMENT MARIN
PROTECTION DE L'ECOSYSTEME
MARIN
1. Protéger la faune et flore maritime.
2. Renforcer les moyens
d’intervention de la brigade de
surveillance maritime.
3. Régénérer la faune et la flore
maritime.
4. Relancer l’activité de la pêche.
1. Faire un état des lieux de la faune et flore
maritime.
2. Baliser l’ensemble de la réserve.
3. Équiper la vedette de surveillance.
145.910 €
GORÉE, PATRIMOINE DURABLE
12
(8) LUTTE CONTRE L’EROSION
HYDRIQUE AU CASTEL
LUTTE CONTRE L'EROSION AU
CASTEL
1. Freiner l’érosion hydrique du
Castel (partie haute de Gorée).
2. Stopper l’ensablement de la partie
basse de l’île.
3. Lutter contre l’absence de couvert
végétal au Castel.
1. Aménager le sol (détermination de
niveau, amendement organique et minéral
sur 3000ml).
2. Recrutement d’un GIE (Groupement
d’Intérêt Économique) spécialisé sur la
Technologie du Vétiver (plante herbacée).
3. Formation de 15 relais sur la technologie
du vétiver en Défense et Restauration
des Sols.
90.358 €
(9) APPUI AU SYSTEME DE
MANAGEMENT
ENVIRONNEMENTAL
PROJET D'APPUI AU SYSTEME DE
MANAGEMENT ENVIRONNEMENTAL (SME)
1. Mettre les moyens (humains,
matériels et financiers) nécessaires
pour la bonne mise en œuvre du
Système de Management
Environnemental.
2. Asseoir une bonne communication
à l’endroit des populations et des
visiteurs.
1. Recrutement d’un (01) responsable
qualité environnement et de quatre (04)
personnes chargées du pilotage des
projets.
2. Formation et renforcement de capacité
du personnel local lié au projet.
3. Acquisition de matériel informatique.
134.069 €
GORÉE, PATRIMOINE DURABLE
13
Ce dossier a été conçu par l’UNESCO dans le cadre de la célébration des 40 ans
d’inscription de Gorée sur la liste du Patrimoine Mondial et grâce au financement du
fonds-en-dépôt Japonais. L’auteur, Alexandra Gil, remercie la Direction du
Patrimoine Culturel au Sénégal, sous les figures de M. Abdoul Aziz Guissé et M.
Seydou Kane; Mme. Annie Jouga et M. Abdoul Wahab Sow de la Mairie de Gorée,
ainsi que M. Xavier Ricou. Ce travail n’aurait jamais été possible sans l'aide
précieuse de Mme. Guiomar Alonso et son équipe culture au bureau régional de
l’UNESCO à Dakar.