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L’accompagnement du changement dans les organisations publiques
Hervé Chomienne, maître de conférences en Sciences de Gestion Laboratoire de recherche en management LAREQUOI
Vice-président Pilotage et Qualité de l’UVSQ / [email protected]
Introduction : origines publiques du management
1) Des organisations publiques en mutations 2) Quels impacts sur le rôle des cadres publics ? 3) L’accompagnement du changement : quelques
repères conceptuels
Conclusion : une mise sous tension au dosage délicat
ESEN - 19 janvier 2011
1
Management
Art
Idéologies
Techniques
Théories
Le management : comment conduire et organiser une action collective efficace ?
Historiquement, les États sont les premières grandes organisations concernées par
cette question : modes de gouvernement, élaboration de stratégies, collecte et allocation de
ressources, contrôles juridiques et financiers…
Le management relève d’une combinaison de plusieurs logiques :
Introduction : origines publiques du management
2
« Le management n’est pas une technique
neutre mais une activité indissolublement liée
avec la politique et les politiques publiques, le
droit et les enjeux de la société civile. Il est
toujours sous-tendu par des valeurs et/ou des
idéologies. »
Pollitt, C., Bouckaert, G. (2000), Public Management Reform – A
Comparative Analysis, Oxford University Press, NY, p. 14.
Introduction : origines publiques du management
3
Réformes publiques depuis les années 80 :
résoudre des problèmes comparables
au niveau macro-économique : réduire les dépenses publiques et les
déficits budgétaires liés à la forte extension des interventions publiques
depuis la fin de la seconde guerre mondiale et aux crises économiques à
répétition depuis les années 1970
au niveau organisationnel : redéfinir les responsabilités des acteurs en
développant les mécanismes d’imputabilité (rendre des comptes) et améliorer
les performances des politiques publiques et des organisations publiques
au niveau politique : rétablir la perte de confiance dans les institutions
publiques qui voient leur légitimité contestée par la multiplication des
niveaux d’intervention (Europe, régions, …), par l’émergence de
nouveaux acteurs (ONG, associations) et de nouvelles aspirations
(participation, flexibilité, innovation)
1) Des organisations publiques en mutations
4
On peut identifier 4 types de stratégies de réformes
développées alternativement ou simultanément dans la
plupart des pays (Pollitt C. et Bouckaert G., 2000).
1) Des organisations publiques en mutations
5
Maîtriser :
renforcement des contrôles/dépenses
réduction des effectifs
lutte contre gaspillage et fraudes sans transformer les
mécanismes de pilotage et d’évaluation existant mais en les
ajustant
1) Des organisations publiques en mutations
6
Moderniser, c’est-à-dire assouplir les modes de
fonctionnement des organisations publiques (OP) en
s’inspirant des techniques managériales développées
dans les entreprises :
approche « usager-client » : chartes qualités, participation des
citoyens
clarifications des missions, réflexions stratégiques, évolution
des processus de management (objectifs, organisation,
animation, contrôle)
décentralisation de la gestion de certaines ressources
évaluation de l’efficience et de l’efficacité des OP et des
Politiques Publiques
1) Des organisations publiques en mutations
7
Mettre sur le marché, c’est-à-dire mettre en place des
«mécanismes type marché» voire mettre en concurrence
des OP / des entreprises mais aussi entre elles sur la base
d’appels d’offre :
benchmarking par rapport aux grandes entreprises ou OP
étrangères / organisation et performances,
développement des relations contractuelles à tous les niveaux
(partenariats publics privés, contrats d’objectifs inter-
organisationnels, recrutement d’agents contractuels)
1) Des organisations publiques en mutations
8
Minimiser le secteur public : transférer autant de tâches
que possible au marché à travers des privatisations ou la
sous-traitance des activités à des entreprises privées
1) Des organisations publiques en mutations
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Contrôle et/ou interactions avec la sphère politique
Contrôle et/ou interactions avec des juridictions spécifiques
Valeurs et finalités : missions de puissance et de service public au nom de l’IG
Autonomie accrue (en théorie) + responsabilité / résultats Part croissante du budget / projets et performances
Exigences accrues / fonctions supports
Changements déstabilisants voire conflictuels Mise sous tension permanente de l’organisation
Régularité + efficience + efficacité & impact
Les changements dans les organisations publiques :
quels impacts sur leur management ?
Toujours très denses + exigence formalisée de performance
Toujours très denses + contrôles de performance
Évolutions porteuses d’ambiguïtés et d’incertitudes
2) Quels impacts sur le rôle des cadres publics ?
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Objet du rôle Rôles traditionnels des cadres dans
le modèle bureaucratique
Rôles (théoriquement) induits par la
« nouvelle gestion publique »
Consignes Rôle de transmission
Mise en œuvre des consignes, contrôle de
leur réalisation et retour au niveau
supérieur. Expertise de mise en œuvre et
d’information.
Rôle de traduction
Pilotage des commandes politiques avec prise
en compte des attentes des usagers et des
collaborateur. Expertise décisionnelle et de
conduite du changement.
Externalités Surveillance
Performance = respect des procédures
Garantie du respect de la réglementation
et des procédures de la part des
subordonnés.
Maîtrise des externalités
Performance = efficacité & efficience
Attention au respect des objectifs, à l’utilisation
des ressources, à la qualité perçue du service /
usagers, aux effets produits
Relations
humaines
Supervision hiérarchique
Pilotage des collaborateurs par des
consignes. Coupure hiérarchique et entre
les services.
Pilotage relationnel
Pilotage par l’écoute, l’information, l’esprit
d’équipe. Accompagnement vers l’autonomie
et la responsabilisation.
Ressources Exécution des moyens
Mise en œuvre des ressources allouées,
contrôles de régularité / à leur emploi.
Adaptation des moyens
Négociation contractuelle / objectifs de
performance dont l’atteinte est évaluée.
Évolution du rôle des cadres publics : une hybridation plus qu’une révolution
Adapté de Desmarais C., « Autonomie et responsabilité des cadres dans le contexte des collectivités territoriales », in Chomienne H. Pupion P. C., Autonomie et responsabilité des cadres publics, CNDP, 2009.
2) Quels impacts sur le rôle des cadres publics ?
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Une grille d’analyse contextualiste du changement
Changement organisationnel
BROUWERS et al., Management humain et contexte de changement, De Boeck Université, 1997
3) L’accompagnement du changement : quelques repères conceptuels
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BROUWERS et al., Management humain et contexte de changement, De Boeck Université, 1997
Une grille d’analyse « contextualiste » des types de changements
3) L’accompagnement du changement : quelques repères conceptuels
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La résistance au changement provient de l’attachement des individus aux normes du
groupe : normes formelles, normes implicites (sociales, culturelles…)
Il est nécessaire d’agir sur les normes du groupe pour permettre le changement : les
processus de changement les plus efficaces sont ceux portés par le groupe
Il est plus efficace de réduire les forces négatives du changement (résistances) que
d’augmenter les forces positives (arguments en faveur d’un nouveau comportement)
Le modèle de changement de Kurt Lewin
3) L’accompagnement du changement : quelques repères conceptuels
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regel
Soutenir les individus
dans leurs nouveaux rôles
Encourager la réflexion
sur l’apprentissage /
changement
Célébrer les succès et
asseoir les nouveaux
comportements
dégel
Aider les acteurs à
comprendre le
changement et ses causes :
limiter le choc
Informer sur les objectifs
et les enjeux du
changement
S’attendre à une résistance
transition
Aider les acteurs à
changer : écouter,
comprendre, soutenir,
encourager,
accompagner, débattre,
répondre
Mettre en place les
moyens de formation
nécessaires
Le modèle de changement de Kurt Lewin Le processus de changement suit un cheminement en trois étapes, plus ou moins longues,
complexes et conflictuelles, selon la nature du changement et des caractéristiques de l’organisation :
3) L’accompagnement du changement : quelques repères conceptuels
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Les facteurs de résistance au changement
Facteurs psychologiques (individuels) :
Peur de l’inconnu et de l’incertitude
Préférence pour la stabilité
Crainte de perdre l’avantage de ses acquis
Crainte d’une remise en cause de ses compétences
3) L’accompagnement du changement : quelques repères conceptuels
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Facteurs sociologiques (collectifs)
Remise en cause des « règles du jeu » de l’organisation en tant que système : statut,
pouvoir, capacité d’influence
Remise en cause de l’autonomie des acteurs : marges de manœuvre au sein de
l’organisation, zones d’incertitudes
Poids des habitudes et des routines, conflits entre les projets de changement et les
valeurs et les croyances individuelles/collectives
Perception du changement : défaut de compréhension des enjeux ou des objectifs
du changement ; impression de répétition générant des frustrations ; impression de
manipulation
Les facteurs de résistance au changement
3) L’accompagnement du changement : quelques repères conceptuels
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Les leviers du pilotage des processus de changement
Les acteurs :
formation : favoriser l’évolution individuelle
responsabilisation : informer, associer, impliquer
récompenses : associer changement et bénéfices collectifs (salaires, cadre de travail,
récompenses symboliques)
recrutement : favoriser le renouvellement
Le rythme du changement : créer l’urgence vs temporiser, fixer
des échéances à C, M et LT
La démarche : prescrite vs construite, ancrée sur le contenu ou
sur les relations, imposée vs participative
3) L’accompagnement du changement : quelques repères conceptuels
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Impossible d’isoler un « bon modèle » de modernisation car
contingences locales et de nombreux effets induits (syndrome boite
de Pandore) :
– Ingérences politiques / gestion opérationnelle
– Objectifs instables et difficilement mesurables
– Dictature du CT et des variables économiques au détriment d’une qualité de service peu évaluée
– Évaluation formelle des politiques publiques peu développée
– Pb de coordination avec (et entre) les nouvelles organisations créées (agences, autorités indépendantes, pôles, sous-tratants…)
– Néobureaucratie managériale : formalisations excessives
– Évolutions statutaires mais pratiques de GRH peu changées
– Problèmes éthiques croissants : développement de comportements opportunistes
Conclusion - Une mise sous tension au dosage délicat
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Conclusion - Une mise sous tension au dosage délicat
Des tensions et des contradictions facteurs de nouvelles
sources de difficultés pour les cadres publics :
Réaliser des gains de productivité tout en améliorant la qualité
du service rendu
Innover tout en respectant les règlements et en ne commettant
pas d’erreur
Appliquer de règles universelles tout en personnalisant le
service rendu au public
Assumer de nouvelles responsabilités en matière de
performance sans maîtriser ses principaux facteurs
Mesurer la performance, quantifier les objectifs coûte que
coûte, au risque d’oublier leur finalité en termes d’effets
Individualiser les sanctions-récompenses quand la contribution
au « service public » est aussi un travail collectif 20
AUTISSIER D., MOUTOT J.-M., Pratiques de la conduite du changement, Dunod, 2003. AUTISSIER D., VANDANGEON-DERUMEZ I., Les managers de première ligne et le changement, Revue française de gestion, n° 174, 2007/5, p. 115-130.
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BROUWERS et al., Management humain et contexte de changement, De Boeck Université, 1997
CHOMIENNE H., P.-C. PUPION (coord.), Autonomie et responsabilité des cadres publics : une mutation managériale, Collection profession cadre - service public, CNDP, 2009. DESMARAIS C., ABORD DE CHATILLON E., Le rôle de traduction du manager : entre allégeance et résistance, Revue Française de Gestion, n°205, 2010/6, p.71-88.
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Bibliographie
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