Histoire de la Chimie by M. DelacreReview by: L. GuinetIsis, Vol. 4, No. 1 (May, 1921), p. 84Published by: The University of Chicago Press on behalf of The History of Science SocietyStable URL: http://www.jstor.org/stable/224106 .

Accessed: 14/06/2014 10:34

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ISIS. IV. 1921

M. Delacre. - Histoire de la Chimie, xvi + 632 p. (140 X 225), Paris, GAUTHIER-VILLARS & Cie, 1920.

[Sans indication de prix.]

Cet ouvrage est ( un livre de combat ), nous dit l'auteur dans sa

preface. Comme tel, et malgre sa documentation, il ne peut pretendre etre une histoire de la chimie. Et en fait, il constitue surtout une

charge a fond contre les hypotheses, les idees theoriques que l'auteur

etait tenu d'enseigner dans sa chaire de l'Universit6 de Gand, et pour lesquelles cet enseignement lui a donne, dit-il, (( une irremediable aversion )).

Niera-t-on cependant, pour ne prendre qu'un exemple, que la relation

reciproque des notions d'oxydation et de reduction ait ete pour la

premiere fois 6claircie par la theorie du phlogistique, que des experi- mentateurs aussi habiles que PRIESTLEY et SCHEELE ont acceptee

pendant toute leur vie?

Certes, la science n'est pas l'etude des hypotheses, elle doit etre l'etude de la realite, des sensations, mais, comme l'a fortement marque JEAN PERRIN, ( a condition d'adjoindre aux sensations actuelles toutes

les sensations possibles )). M. DELACRE est trop foncierement (( chimiste ) pour etre historien.

II considere la chimie comme une entite, pourrait-on dire, et nulle

part ne s'inquiete du mouvement des idees dans les autres sciences, ni dans la philosophie. II eut cependant ete partieulierement important de le faire pour ceux qu'il appelle avec mepris les Professeurs de 1860.

Nous avons ici une histoire des faits bruts, appuyee sur des textes, mais non l'histoire de leur genese.

Et meme, avons-nous vraiment l'histoire des faits bruts? L'attitude combative de ]'auteur permet d'affirmer le contraire. La phrase suivante, par laquelle sont jugees les syntheses de carbures d'hydro- gene, de BERTHELOT, est assez representative: (( Que valent pour l'epo- que ces syntheses de carbures? Ce sont trop souvent des reactions

brutales, i rendements infimes, et qui ont perdu aujourd'hui tout interet. ) (non souligne dans le texte, p. 569.)

Enfin, cette citation de la derniere phrase du dernier chapitre en dit

long sur un certain etat d'esprit dont n'a pas pu se defaire l'auteur. (( Mais il nous parait certain qu'on jugera que tous les FISCHER du monde ne viennent pas, tous ensemble, a la cheville d'un PASTEUR OU d'un DEVILLE. )) C'est a du nationalisme, et non de l'histoire de la chimie.

L. GUINET.

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