98
LA LITTERATURE AU MOYEN AGE La formation de la langue française Jusqu’au V ème s. le latin est la seule langue “littéraire” en France. C’est la langue des hommes de l’Eglise, des hommes cultivés, des “clercs”. Dés le Vè siècle, à partir du latin reproduit et déformé par les Gaulois, enrichi des apports germaniques, naît un langage mixte, appelé le “roman”, qui deviendra l’ancien français du XI ème au XIV ème s., puis le moyen français aux XIV ème et XV ème siècles. En 813, au Concile de Tours, les évêques recommandent aux clercs de ne plus prêcher en latin, mais en langue romane pour mieux se faire comprendre de leurs fidèles. En 842, le 1 er témoignage en roman (donc encore proche du latin) est un document officiel “les serments de Strasbourg” relatif à l’alliance des deux petits-fils de Charlemagne, Charles le Chauve et Louis le Germanique, contre leur frère Lothaire. En 881, apparaît le 1 er texte littéraire “la Séquence de Sainte Eulalie”, un poème à la gloire de la sainte martyre. La langue du Moyen Age n’a pas d’unité : les dialectes se multiplient. On distingue - Les parlers du Nord --> langue d’ Oïl - Les parlers du Sud --> langue d’Oc. A partir du XIII ème s. le dialecte de l’Ile de France, le francien, s’impose par son prestige et par son génie propre : il donnera naissance au français !

Histoire de la littérature au Moyen Age en France

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Histoire de la littérature au Moyen Age en France

Citation preview

Page 1: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

LA LITTERATURE AU MOYEN AGE

La formation de la langue française

Jusqu’au Vème s. le latin est la seule langue “littéraire” en France. C’est la langue des hommes de l’Eglise, des hommes cultivés, des “clercs”.

Dés le Vè siècle, à partir du latin reproduit et déformé par les Gaulois, enrichi des apports germaniques, naît un langage mixte, appelé le “roman”, qui deviendra l’ancien français du XIème au XIVème s., puis le moyen français aux XIVème et XVème

siècles.

En 813, au Concile de Tours, les évêques recommandent aux clercs de ne plus prêcher en latin, mais en langue romane pour mieux se faire comprendre de leurs fidèles.

En 842, le 1er témoignage en roman (donc encore proche du latin) est un document officiel “les serments de Strasbourg” relatif à l’alliance des deux petits-fils de Charlemagne, Charles le Chauve et Louis le Germanique, contre leur frère Lothaire.

En 881, apparaît le 1er texte littéraire “la Séquence de Sainte Eulalie”, un poème à la gloire de la sainte martyre.

La langue du Moyen Age n’a pas d’unité : les dialectes se multiplient. On distingue

- Les parlers du Nord --> langue d’ Oïl- Les parlers du Sud --> langue d’Oc.

A partir du XIIIème s. le dialecte de l’Ile de France, le francien, s’impose par son prestige et par son génie propre : il donnera naissance au français !

Page 2: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

Qui sont les auteurs au Moyen Age ?

Le Moyen Age est une longue période qui dure presque 10 siècles (5è au 15è) soit 1000 ans. Ce n’est qu’au début du XIème siècle que la littérature de langue française commence à exister réellement à côté d’oeuvres latines. Mais on peut parler d’une littérature médiévale qui serait unique et aurait les mêmes caractéristiques. Entre l’an 1000 et la fin du Moyen Age, soit 500 ans plus tard, la société, les mentalités, les productions littéraires vont beaucoup évoluer.

Au Moyen Age, une oeuvre n’est pas le fait du travail d’un auteur unique. Des remaniements successifs, dûs autant aux jongleurs qu’aux copistes ou aux clercs. Ce sont des oeuvres “anonymes” :

LE JONGLEURDans toutes les occasions de fêtes (mariages, banquets, cérémonies) le jongleur est un élément essentiel, car non seulement c’est un homme de spectacle (danse, musique, acrobate, tours de magie) mais aussi il récite des poèmes qu’il a appris par coeur. Il compose aussi lui-même des vers qu’il ajoute aux précédents récités ; d’où des versions différentes qui font sans cesse évoluer le texte initial. C’est lui qui transmet oralement les oeuvres littéraires où la mémoire joue un rôle important. Les jongleurs vont de château en château ou de foire en foire : montreurs d’animaux, acrobates, récitants professionnels, ils diffusent les oeuvres littéraires qu’ils remanient à volonté.

LE COPISTELui aussi fait évoluer le texte initial en copiant le manuscrit. Dans ce travail, le copiste intervient avec sa personnalité : il lui arrive de rajouter, de retrancher une partie d’un texte, d’en moderniser la langue. De plus, il travaille parfois de mémoire, parfois sous la dictée d’un jongleur. Si sa mémoire lui fait défaut, il “inventera”.

A partir du XIIIème s., le public souhaite des cycles : le copiste va rassembler dans un même manuscrit des épisodes pris ça et là d’une histoire et les recopie dans un ordre plus ou moins cohérent. Tous ces remaniements s’expliquent par le désir d’adapter au goût du public, qui change sur 3 siècles, une oeuvre donnée.

LE CLERCC’est un homme cultivé, passé par l’université, appartenant à l’Eglise : ils sont généralement pauvres et mettent leur culture au service d’un seigneur. Avec sa culture classique, il remanie des oeuvres existantes qui servent de canevas, et souvent, il crée lui-même une oeuvre originale qui n’a rien à voir avec l’inspiration populaire.

Moyen Age 2/66

Page 3: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

Quels thèmes ont influencé la littérature du Moyen Age?

La littérature du Moyen Age a été influencée par les évolutions de la société au cours de cette période (du XIème au XVème siècle), des mentalités et des évènements de son histoire.

Deux évènements ont un retentissement particulier sur la mentalité et la littérature de cette époque :

Les Croisades La guerre de Cent ans.

1. Les Croisades

Il y a eu huit Croisades, qui se sont déroulées entre 1095 et 1291. Ce sont des expéditions militaires pour délivrer la Terre sainte des Infidèles (les musulmans). L’Eglise appelle les chevaliers des royaumes catholiques à libérer le tombeau du Christ. Des milliers de pèlerins les accompagnent. Ils installent en Orient le royaume de Jérusalem. Les troupes de l’Islam les menacent et les Croisades se succèdent mais s’achèvent par la perte de Jérusalem en 1291.

La Croisade c’est :

Un voeu religieux par lequel on rachète ses fautes Une extraordinaire aventure : on voyage dans des contrées inconnues,

perspectives de combats glorieux, butins précieux…

La littérature de l’époque traitant des croisades est essentiellement représentée par :

Geoffroy de Villehardouin (1150-1213) a écrit l' “Histoire de la Conquête de Constantinople” relatant les évènements de la IVème Croisade qui devait être une croisade de conquête et aboutit à la prise de Constantinople en 1204.

Jean Joinville (1224-1317) a écrit : “Le livre des saintes paroles et des bons faits de notre saint roi Louis”. Il accompagne Saint Louis à la croisade d’Egypte en 1248.

Moyen Age 3/66

Page 4: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

2. La Guerre de Cent ans

Elle débute 46 ans après la dernière croisade, soit en 1337. Les origines de ce conflit entre la France et l’Angleterre sont anciennes et complexes.

En 1152, la Normandie, le Maine, l’Anjou, l’Aunis, la Saintonge et la Guyenne appartiennent à la couronne d’Angleterre qui possède ainsi plus de territoires en France que le roi de France lui-même. De plus, s’y ajoutent des conflits de succession : en 1328, le roi de France, Charles IV meurt sans laisser de fils. Edouard III d’Angleterre réclame la couronne en tant que petit-fils de Philippe le Bel (1285-1314) par sa mère. En réponse, Philippe VI de France confisque quelques années plus tard la Guyenne, possession anglaise en Aquitaine.

C’est ainsi que le conflit se déclenche --> affrontement dans l’ouest où les deux camps veulent assurer leurs positions en Bretagne : les anglais pour maintenir toutes leurs routes commerciales, les français pour maintenir la suzeraineté du roi de France. D’où une guerre continuelle pendant près d’un siècle !

En 1422, le nouveau roi de France, Charles VII, accède au trône et règne sur un royaume quasi inexistant : Les Anglais ont la Normandie, la Bretagne, les Pays de Loire, la Guyenne,

l’Aquitaine Le duché de Bourgogne, hostile à la couronne de France, possédent les

territoires : du Nord de la France, avec la Belgique et les Pays-Bas, jusqu’à la Bourgogne.

C’est alors que Jeanne d’Arc se met à la tête des armées françaises et délivre Orléans tenue par les Anglais, puis fait sacrer le roi Charles VII à Reims en 1429. Elle fut brûlée vive par les Anglais en 1431 à Rouen. Puis en 1435, la Bourgogne signe une alliance avec Charles VII dont la puissance s’affirmait de plus en plus. Entre 1445 et 1450, il libère peu à peu l’ensemble du royaume de la présence des anglais. Tant de guerres et de pillages ont laissé la France dans un état lamentable. Le nouveau roi Louis XI aura pour tâche de restaurer la puissance du royaume.

La littérature du XVème traitant de la Guerre de Cent ans est essentiellement représentée par :- Jean Froissart (1337 - 1400) a écrit les "Chroniques" décrivant la Bataille de

Crécy, le siège de Calais et les Bourgeois de Calais... Charles d’Orléans (1394-1465). Ses thèmes : les évènements de sa vie

personnelle, ses mariages, son long exil en Angleterre... Philippe de Commynes (1447-1511), a écrit une oeuvre consacrée au règne de

Louis XI, et une autre consacrée aux ambassades d’Italie pour le nouveau roi Charles VIII, et ses Mémoires (1498).

Moyen Age 4/66

Page 5: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

Les grands genres littéraires du XI éme au XIII ème siècle

L’écrivain du Moyen Age est intimement lié à la société dans laquelle il vit : c’est elle qui le fait vivre : pour un poème récité, une composition, le jongleur, le clerc reçoit du seigneur ou des notables quelques pièces d’argent, un repas, des vêtements,... Il ne peut pas exister sans elle, ni contre elle ! L’écrivain partage donc les valeurs, les croyances, les goûts de la communauté : cette minorité qui détient le pouvoir !A partir du XIIIème siècle avec l’apparition des bourgs et de la bourgeoisie, se développe une littérature plus populaire, dîte bourgeoise, d’inspiration comique et satirique.

Ses oeuvres reflètent les idéaux de cette communauté :

1. les chansons de geste, qui glorifie la chevalerie2. la littérature courtoise, qui relate les relations de la société seigneuriale3. la littérature satirique, qui dénonce les abus.

1. Les chansons de geste

Les poèmes et chansons de geste (vient de l’italien “gesta” qui signifie “acte, fait accompli”) racontent les aventures d’un chevalier, des évènements historiques passés, démontrant bien l’idéal de la société féodale : respect absolu des engagements féodaux entre suzerain et vassal, morale chevaleresque, qualité guerrière au service de la foi. Le chevalier obéit à un code d’honneur très exigeant : mépris de la fatigue, de la peur, du danger, et est irrémédiablement fidèle à son seigneur. Le chevalier vit pour la guerre ; il est fier de ses exploits guerriers !

L’Eglise essaie de détourner vers la Croisade l’énergie violente de ces hommes passionnés de combats. Les chansons de geste évoquent des guerres “saintes” contre les Infidèles (= les musulmans). Toute une communauté se reconnaît dans ces oeuvres qui exaltent les valeurs chevaleresques.

Exemples :

- la Chanson de Roland (1070) : grand poème racontant les exploits de Roland, neveu de Charlemagne, notamment la bataille de Roncevaux contre les Sarrasins, dans un dialecte anglo-normand. La plus ancienne et la plus célèbre de nos chansons de geste. Charlemagne y incarne l’autorité ferme quand il parle à Roland, l’humanité et la sensibilité lorsqu’il pleure, le courage militaire et le sens de la justice quand il venge Roland.

- La Charroi de Nîmes (1250) de Garin de Monglave. Le héros est Guillaume d’Orange, cousin de Charlemagne, qui devint moine à la fin de sa vie. Guillaume combat contre les Sarrasins et s’empare de Nîmes en y introduisant un “charroi” de tonneaux dans lesquels sont cachés des chevaliers.

Moyen Age 5/66

Page 6: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

- Renaut de Montauban” (début XIIIème s.) de Doon de Mayence. Il s’agit d’une lutte menée par Charlemagne contre ses barons révoltés. Renaut et ses frères sont entrés en lutte contre Charlemagne. Renaut fini par se soumettre et meurt saintement.

Chrétien de Troyes (1135-1190), clerc lettré, fondateur du genre romanesque, né à Troyes, vivait à la cour de Marie de Champagne, fille d’Aliénor d’Aquitaine :

- Perceval ou le Roman du Graal (1180) : Perceval part à la quête du Graal, vase sacré où l’on aurait recueilli le sang du Christ sur la Croix. Sa démarche symbolise l’itinéraire spirituel à la recherche de Dieu.

- Lancelot ou le Chevalier à la Charrette (1177) : Lancelot pour plaire à la reine Guenièvre, épouse du roi Arthur, ne cesse de mettre sa vie en péril. Il consent même au risque de se déshonorer à monter sur la charrette infamante des prisonniers.

- Yvain ou le chevalier au Lion (1177) : Yvain, chevalier d’Arthur, tenté par l’aventure chevaleresque a délaissé son épouse Landrine. Pour regagner son coeur, il doit accomplir une série d’épreuves. Un lion qui l’a sauvé l’accompagne dans les dangers.

- Erec, Cliges,

2. La littérature courtoise

La société féodale apporte une nouvelle valeur à l’idéal chevaleresque : le service de l’amour, qui met les préoccupations amoureuses au centre de la vie. Le chevalier courtois ne combat plus pour Dieu, la France ou son seigneur (comme dans les chansons de geste), mais pour sa dame, à qui il doit le “service d’amour”. Les romans courtois sont écrits pour un public de cour ; il conte des aventures amoureuses assorties d’exploits héroïques et enrichit de fines analyses de sentiments.Apparaissent alors les premiers romans “bretons” empruntés aux vieilles légendes celtiques et dominés par la figure d’Arthur, roi glorieux de “Bretagne” et entourés de vaillants chevaliers qui siègent autour d’une table Ronde. Les romans ont pour cadre la “Bretagne” (Cornouailles, Pays de Galles, Irlande ainsi que l’Armorique en France).Dans les romans de la Table Ronde la cour imaginaire du roi Arthur devient le modèle idéal des cours réelles : non seulement le chevalier est brave, mais il a en plus le désir de plaire (importance de la beauté physique, des toilettes, des parures). Parceque les femmes sont présentes, le chevalier doit avoir des attitudes élégantes, des propos délicats. A côté des tournois et des banquets, il prend plaisir aux jeux (échecs), à la musique, à la poésie... Pour plaire à sa dame, il doit maîtriser ses désirs, mériter à travers une dure discipline, l’amour de sa Dame, amour qui cultive le désir et qui fait du plaisir charnel la récompense suprême après une longue attente. Cet idéal est celui des gens de “cour” (d’où le mot “courtoisie”) relaté par toute une littérature en tant que modèle à imiter.

Moyen Age 6/66

Page 7: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

Si les romans courtois montrent aussi des chevaliers traîtres, c’est pour mieux mettre en lumière l’image idéale du chevalier courtois, qui peu à peu influencera réellement les moeurs.

L’inspiration de ces oeuvres a été également d’ordre folklorique. Le folklore est en quelque sorte un fond commun de tous les trouveurs (la bergère auprès de la fontaine). Le folklore est un des éléments fondateurs de la matière de Bretagne (=Angleterre). Elle est apparue avec Geoffroy de Monmouth qui a écrit Historia Regnum Britanniae et Wace qui a écrit le Roman de Brut. Ces deux oeuvres racontent la fondation légendaire de la Grande-Bretagne ainsi que les aventures du roi Arthur et de la Table Ronde. Le fait que les trouveurs (troubadours et trouvères) reconnaissent l’origine de leur inspiration montre qu’ils considèrent leurs oeuvres comme opposées à la matière antique, et devient ainsi une véritable littérature indépendante du latin, à rôle social.Les troubadours (en langue d’Oc) et trouvères (en langue d’Oïl) sont des poètes musiciens auteurs de chansons d’amour qu’ils chantent en s’accompagnant à la vielle.

Exemples :

Tristan & Iseut, (fin XIIème s.) grand poème racontant la légende de deux amants vivant un amour interdit et affirmant leur droit à la passion contre les lois sociales et religieuses. Cette légende est née en France, mais les anglais (Tristan & Yseut), les allemands (Tristan & Isolde), les italiens et les danois ont chacun leur version, imitée ou traduite du français. Initialement de Thomas et Béroul, deux poètes anglo-normands.

Le Lai du Chèvrefeuille, le Lai du Laostic (1160-1170) : de Marie de France, la 1ère

femme de lettres – XIIème siècle. Elle vécut à la cour du roi d’Angleterre Henri II Plantagenêt et son épouse Aliénor d’Aquitaine (mère de Richard Coeur de Lion), devenue reine d’Angleterre en 1154 après avoir été reine de France en 1137. Dans de courts récits en vers appelés “lais”, elle conte des aventures d’amour chevaleresque, inspirées des légendes bretonnes.

Le Roman de la Rose : 1ère partie de Guillaume de Lorris écrite de 1225 à 1230, puis 2ème partie de Jean de Maeung, écrite vers 1270.

3. La littérature satirique

Textes critiques et moqueurs s’adressant toujours à la classe dominante pour rappeler une exigence morale ou religieuse, comme l’exige la tradition.

Exemples : Le Roman de Renart, suite de poèmes indépendants les uns des autres. Récit de

la lutte de Renart le goupil contre Ysengrin le loup : satire légère et amusée de la société féodale sur la justice et la religion. Renart est la parodie du vassal qui ne respecte pas l’idéal féodal ou incarne un certain discours critique sur la société féodale, mais en aucun cas émane d’une critique “populaire” contre la noblesse : c’est le divorce entre un idéal et une réalité misérable. C’est pessimiste mais ne propose aucune solution de changement.

Le Roman d’Alexandre de Pierre de Saint Cloud Fabliaux de Jean Bodel

Moyen Age 7/66

Page 8: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

Nouveau statut littéraire au XIV ème – XV ème siècle

Un travail d’écriture de plus en plus raffiné dans la création littéraire, le développement des villes et l’essor de la bourgeoisie, les valeurs féodales s’essoufflant, amènent des changements profonds dans le statut littéraire à partir du XIVème siècle : la prose va trouver ses lettres de noblesse !

1. la poésie lyrique2. la prose3. le théâtre

1. La poésie lyrique

Elle innove : nouveaux genres lyriques apparaissent (rondeaux, ballades).

Exemples :

Ruteboeuf (1230-1285), d’origine champenoise, il vit à Paris et fréquente l’université. Contemporain de Saint Louis, il écrit à Paris pour le public bourgeois. Il a une vie de misère, vivant péniblement de sa plume. Poète aux prises avec la réalité quotidienne, il exprime les tourments de l’âme, présente une peinture réaliste de la vie quotidienne : “Vie de Sainte Helysabel”, Miracle de Théophile”, Complainte des IX joies de Notre Dame”, “Discorde de l’université et des Jacobins”, “Nouvelle complainte d’Outremer”, la Pauvreté de Ruteboeuf”, la Griesche d’hiver”, la Complainte de Ruteboeuf”.

Jean Froissart (1337-1410) : surtout connu pour ses “Chroniques” a également été un poète courtois : le Paradis d'Amour, la Prison Amoureuse, Méliador...

Charles d’Orléans (1394-1465). Son père : Louis d’Orléans, frère du roi Charles VI, célèbre pour sa culture ses goûts artistiques. Sa mère : Valentine de Milan, qui contribue à introduire en France la Renaissance italienne. Il a un destin chaotique. Il est blessé et fait prisonnier à Azincourt (1415). 25 ans en captivité en Angleterre et finit ses jours à la cour de Blois. Sa poésie chante l’amour, la mélancolie de l’exil, célèbre la beauté de la nature. Ses oeuvres poétiques sont des ballades et des rondeaux. Le plus connu :

“Le temps a laissé son manteau,De vent, de froidure et de pluieEt s’est vêtu de broderie,De soleil luisant clair et beau...”

François Villon (1431-1463), né à Paris, d’origine humble, est reçu maître ès arts à la Sorbonne, condamné à la potence pour meurtre puis gracié, puis inculpations et emprisonnements se succèdent. C’est le poète le plus connu du Moyen Age :

Moyen Age 8/66

Page 9: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

“la Ballade des Pendus” 1463 – “la Ballade des Dames du temps jadis”, “ le Lais ou le Petit Testament” 1456 – “le Testament ou le Grand Testament” 1461.

“Dites-moi où, n’en quel paysEst Flora la belle romaineArchipiades, ni ThaïsQui fut sa cousine germaineMais où sont les neiges d’antan ?”

2. La prose

Jugée moins artificielle que la poésie, elle la remplace ! L’Historien nouveau arrive : écrivain au service d’un roi ou d’un grand seigneur. Il défend une politique, l’explique, raconte des évènements. Les chroniqueurs du Moyen Age, Villehardouin, Joinville, Froissart, Commynes, ont été les premiers à plier peu à peu la langue française à la prose, plus facile à exprimer la vérité historique que les vers.

Exemples :

Geoffroy de Villehardouin (1150-1213) : issu d’une famille de Champagne, il devient l’un des chefs de la IVème Croisade.“Histoire de la conquête de Constantinople” (prise en 1204).“Histoire de Saint Louis”, est son oeuvre. Il décrit les vertus de Saint Louis – les chevaliers de Saint Louis avec la 7ème Croisade à laquelle Joinville a participé).

Jean Joinville (1224-1317), gentilhomme champenois, devient l’ami et confident de Saint Louis qu’il accompagne à la Croisade d’Egypte en 1248.“Livre des saintes paroles et des bons faits de notre roi Saint Louis” : une vie de Saint Louis achevée en 1309, dédiée à Louis le Hutin, futur Louis X.

Jean Froissart (1337-1410) grand voyageur, fréquente les cours, les princes et amasse des documents, il écrit des “Chroniques” relatant l’histoire de la guerre de Cent Ans.

Philippe de Commynes (1447 – 1511) : attaché à Charles Téméraire, duc de Bourgogne, puis conseiller intime de Louis XI dont il devient le confident. Il nous fait découvrir le roi Louis XI en même temps qu’un grand moment de l’histoire, la Guerre de Cent ans, Charles VIII. Commynes, seul, est considéré comme historien (les autres sont des historiographes) cherchant à pénétrer les causes des évènements et porter des jugements instructifs de ce monde dans une langue française riche.Ses “Mémoires”, rédigées de 1489 à 1498 consacrées aux règnes de Louis XI et de Charles VIII : études psychologiques nuancées, une réflexion politique profonde qui fait de lui notre premier historien.

Moyen Age 9/66

Page 10: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

3. Le théâtre

a- Théâtre religieux :

Exemples : “le Mystère de la Passion” (1450) de Arnoul Gréban “le Miracle de Théophile” (XIII ème s.) de Ruteboeuf “le Jeu d’Adam” (XII ème s.) anonyme.

Le théâtre religieux sort de l’enceinte de l’église pour donner un véritable spectacle aux représentants de toutes les classes sociales.Les premières pièces de théâtre sont liées aux cérémonies du culte où l’on joue :

à Noël : les différents épisodes racontés par les évangiles, l’annonce faite aux bergers, la naissance du Christ dans l’étable...

à Pâques : le procès du Christ, sa montée au calvaire, sa mort.

Le spectacle se déroule dans l’église et en latin, et est représenté par les moines et les prêtres. Peu à peu, les conditions de représentation changent : on invente des décors multiples, la mise en scène est de plus en plus importante. On sort de l’église et on joue sur le parvis. Les acteurs sont désormais des clercs, organisés en troupe, et à partir du XIIIème siècle, le français remplace le latin. Le texte lui-même évolue : de plus en plus, on mêle des épisodes drôles ou grotesques tirés des Ecritures saintes.

b- Théâtre comique :

Ecrit pour faire franchement rire un public urbain mettant en scène marchands rusés, maris trompés, bourgeois naïfs, femmes légères, mégères... Genre très vivant, très apprécié du public, qui répond au goût du vrai spectacle, au plaisir de l’émotion et du rire de tout amateur de théâtre.

Exemples :

“La Farce de Maître Pathelin” (1460) de Guillaume Alexis, clerc normand très érudit. Pathelin avocat dupe le drapier Guillaume mais est lui-même dupé par le berger Agnelet.

De Adam de la Halle (1235-1285), dit Adam le Bossu, trouvère né à Arras.“Le jeu de la Feuillée” (1275), histoire d’un moine berné.“Le jeu de Robin et de Marion” (1285), la bergère Marion échappe au chevalier qui l’a enlevé et retrouve Robin qu’elle aime.

Moyen Age 10/66

Page 11: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

LA MUSIQUE AU MOYEN AGE

Comme la peinture, la sculpture ou l’architecture, la musique reçoit des influences de l’histoire de la vie sociale, des thèmes privilégiés de chaque époque.

L’installation des Papes à Rome dés le 1er siècle et la célébration du culte chrétien étant officiellement autorisé en 313 par l’édit de Milan, l’Eglise va affirmer son pouvoir culturel. Héritière des synagogues, l’Eglise des premiers temps mêle les traditions païennes, gréco-romaines et celles du culte judaïque. C’est l’influence juive qui domine sur les premiers temps de la musique chrétienne. On discerne aujourd’hui encore la parenté entre les chants des liturgies hébraïques et catholiques qui nous rappelle que le christianisme est né au sein du judaïsme, que durant la période apostolique, il se répand d’abord parmi les juifs de la diaspora et que Jérusalem demeure alors sa capitale. Les offices chrétiens se modèle sur le culte hébraïque : ils ont le même fond, les textes et les psaumes de l’Ancien testament. D’ailleurs on a toujours du vocabulaire hébraïque qui n’a jamais été traduit : Alleluia, Amen, Hosannah...Lors des cérémonies au Temple de Jérusalem, on joue de la trompette, de la harpe, de la flutte ; mais lorsque les synagogues sont créées après l’exil à Babylone, il n’y a plus d’instrument (sauf le shofar, = corne de bélier qui n’émet que 2 ou 3 notes). En s’éloignant de son berceau juif, le christianisme épouse certaines traditions musicales des pays qu’il évangélise.A l’origine, c’est le prêtre à l’église qui chante en lisant des textes de l’Ancien et Nouveau testament, ou chante en prononçant des paroles sacrées dans le but de les graver dans les mémoires des fidèles. La beauté de la voix est indifférente. On s’en moque. On chante pour prier et d’abord avec son coeur !Cependant le peuple a besoin de chanter sa foi en dehors de la liturgie. Il y a alors des hymnes, des compositions ecclésiastiques composées par les prêtres pour l’enseignement des fidèles.

Ex. Hymnes syriaques de Saint Ephrem d’Edesse (360-378)Hymnes grecques de Saint Grégoire de NazianzeHymnes latines de Saint Hilaire de Poitiers

Saint Césaire recommande de faire chanter les hymnes pour occuper les fidèles durant les longs offices auxquels ils ne comprennent pas grand chose !

Il faut savoir que la musique uniquement instrumentale n’existait pas encore ! Elle n’apparaîtra qu’au 16è siècle ! Au Moyen Age, les instruments sont là pour soutenir les voix ! C’est donc le chant qui est l’élément essentiel, accompagné ou non d’instrument(s) de musique !

Moyen Age 11/66

Page 12: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

1. MUSIQUE RELIGIEUSE

Entre le VIème et XVème siècle, la structure des églises se modifie, la vie collective religieuse demandent des édifices plus vastes. L’art roman (XIème et mi-XIIème s.) crée des espaces intérieurs réduits, aux murs massifs, percés de petites ouvertures supportant des voûtes basses. A partir du milieu XIIème siècle grâce à des innovations techniques, l’architecture gothique permet de construire des voûtes de plus en plus hautes. Le coeur et la nef, très éclairés, privilégient la dimension verticale, symbole de l’élévation spirituelle !

A la monodie (= 1 voix), forme primitive de l’écriture musicale, succède la polyphonie (plusieurs voix) qui correspond à l’élévation des voûtes gothiques (Beauvais 48 m de haut : 1242-1322).

La monodie

A la messe, on alterne chants et lectures psalmodiées. Un répertoire liturgique englobe des psaumes dont les textes sont fournis par la Bible. Des hymnes, des cantiques spirituels à caractère populaire, sont parfois accompagnés de flûte, voire même de danses.Le pape Grégoire 1er le Grand oblige les pontifes à une réforme codifiant les chants dans le but d’unifier les oeuvres diverses émanant des Eglises grecque, romaine, carolingienne, hispanique, etc... Ce qui se réalisera au cours des VIIIème et IXème

siècles. Un grand pas vers l’unité est accompli par Pépin le Bref et son fils Charlemagne, tous les deux admirateurs du chant romain, qu’ils introduisent dans les églises gallo-franques. Ils apportent certaines modifications qui sont bien accueillies à Rome. Ce chant romano-gallican serait la base du chant grégorien proprement dit.

Le chant Grégorien, réservé aux voix d’hommes exclusivement homophone (= à l’unisson), a un rôle de prière collective. Les chants grégoriens des messes sont les plus simples pour être compris par le peuple et par le clergé inférieur à qui ils sont destinés.Le plain-chant (“cantus planus”) ou grégorien sont de paisibles mélodies contrastant avec les chants naïfs et grossiers des chorales villageoises. C’est un chant simple, aux voix égales, d’un mouvement uniforme. Le cantus planus trouve son idéal dans un unisson. Aucune considération artistique ou esthétique dans cette recherche de l'unisson. Il favorise le recueillement, en commun, à l’unisson, coupant court aux tentations de lyrisme personnel, d’abandon au plaisir purement vocal, à la virtuosité de l’exécutant. C’est vers le XVIème s. qu’apparaîtra un système de notation alphabétique (A= la, B= si bémol, C= ut, etc...). Dès le XIème siècle, la portée de 4 lignes se répand dans toute l’Italie, le pays le plus avancé dans ce domaine, puis passe en France. La portée de 5 lignes apparaîtra en Espagne au XIIIème siècle. D’abord il y a 6 notes (ut, ré, mi, fa, sol, la). Le “si” n’apparaîtra qu’au XVIème siècle. La notation permet d’innombrables promesses : c’est une phase aussi importante que passer du parlé à l’écriture ! C’est la phase annonciatrice de la Renaissance !Avec l’avènement de la polyphonie, c’est l’arrêt de mort du plain-chant grégorien !

Moyen Age 12/66

Page 13: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

La polyphonie

Dans la fin du IXème siècle, on superpose des parties vocales ou instrumentales formant des quartés ou des quintes parallèles. Au XIIème s. apparaît le “déchant”, mouvement contraire des voix. Le chant à la voix organale prend sa place de dessus, accompagnée d’un chant dont la voix passe à une voix inférieure, ce qui donne plus de libertés, comme le double mouvement (quand une voix monte l’autre descend, et réciproquement). Cette découverte va permettre toutes les combinaisons du contrepoint. C’est Paris qui vit les premiers fruits de ces nouveautés et fait au XIIèmesiècle son entrée dans l’histoire musicale. L’école Notre-Dame est devenue rapidement un des principaux foyers musicaux de l’époque : apparition de l’ organum (ou contrepoint) fleuri. Là, le “déchanteur” de la voix organale brode des vocalises de plus en plus libres sur la mélodie de la voix inférieure chargée de soutenir les déchants, “discantum tenere” d’où le terme de “teneur”, puis un peu plus tard de “ténor”.

Ensuite, on place des paroles sur les vocalises de l’organum, nommé “petit texte”, en latin “motetus”, donc “motet”. Cela permet une grande liberté de style avec une grande indépendance des voix : parfois chacune d’elle chante des textes différents. Le motet devient de plus en plus un exercice de pure technique où le compositeur s’évertue à bien séparer les voix.

Plusieurs musiciens franco-flamands ont poussé à l’extrême le développement de la polyphonie et l’épanouissement du “contrepoint” (=l’art de faire chanter simultanément deux ou plusieurs mélodies différentes) avec parfois quelques excès dans l’emploi du “canon”.

Ce sont des moines qui d’abord enseignent la musique ; puis apparaissent des compositeurs, qu’on appelle “Maître de Chapelle”.

En même temps, apparaît un théâtre lyrique religieux issu de la messe, le “drame liturgique”, qui se joue sur le parvis de l’église avec alternance du chant et de la parole.

Ex. Ruteboeuf (“le miracle de théophile”), Guillaume de Machaut : Le jeu de Daniel, le jeu d’Adam et Eve,

le roman de FauvelMaîtres de chapelle de Paris les plus connus : Léonin – Pérotin le Grand.

Moyen Age 13/66

Page 14: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

2. MUSIQUE PROFANE

Durant toute l’époque médiévale, à côté d’une inspiration purement religieuse, subsiste une représentation de thèmes et personnages profanes qui devient de plus en plus réaliste avec le développement de la bourgeoisie et l’affaiblissement progressif des valeurs féodales.A la fin du Moyen Age, à travers l’Europe, se crée en peinture et en sculpture, un courant raffiné, plus humain, essentiellement en France avec l’Art Flamboyant, et en Italie avec la peinture de Sienne. Musicalement, les oeuvres sont des compositions lyriques épiques, des chants célébrant l’amour, l’histoire, les métiers, et colportés par des chanteurs ambulants, accompagnés parfois de jongleurs dont les troupes reçoivent bon accueil jusque dans les monastères. C’est en pays d’Oc, au XIème s., qu’apparaissent les premières poésies lyriques en style simple mais raffiné, et que se développe l’art nouveau des troubadours (sud France) et trouvères (nord France). Ils chantent des chansons d’amour, courtoises, pieuses, satiriques, à personnages ( pastourelles, odes...).

Les troubadours sont les premiers poètes-musiciens qui abandonnent le latin pour la langue commune, notamment la langue d’Oc. Il ne faut pas oublier que seuls les gens d’Eglise sont capables d’enseigner la musique. Et toute musique distinguée prend modèle dans les chants ecclésiastiques. Les troubadours sont des gentilshommes qui cessent d’être uniquement des guerriers comme leurs ancêtres, reçoivent une culture dans les abbayes et font pour leurs pairs la musique savante de l’époque. Le caractère de passe-temps aristocratique n’empêche pas les premières chansons des troubadours d’être passablement grivoises (celles de Guillaume d’Aquitaine, preux, croisé 1071-1127). Il y avait des chansons courtoises, des chansons de geste qui sont de longs poèmes avec ritournelle permettant au chanteur de reprendre haleine.

Les trouvères les plus connus sont : Chrétien de Troyes (Lancelot, Perceval), Guillaume de Poitiers, petit-fils de Richard Coeur de Lion.Les chansons des trouvères descendent du château vers le peuple qui les a adopté et simplifié.

Les ménestrels sont des roturiers attachés à une grande maison (non ambulants comme les jongleurs). Ils font des compositions gaillardes sur les bergères, leurs héroïnes habituelles. Ces gaillardises prennent le pas sur les subtilités de l’amour courtois et sont perpétuées à travers les chansons de route de l’infanterie française. L’art des troubadours est mort à force d’ésotérisme. Celui des trouvères sombre à la même époque (fin XIIème) dans une médiocrité triviale.

Ex. Thibaut de Champagne - Adam de la Halle (pastorale “le jeu de Robin et Marion”) - Guillaume de Poitiers, duc d’Aquitaine.

Moyen Age 14/66

Page 15: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

3. LE XV ème SIECLE

L’école franco-flamande

L’affaiblissement qui ressemble presque à une agonie du royaume de France, coïncide avec la fortune de la Maison de Bourgogne qui outre ses terres bourguignonnes possède l’Artois, le Luxembourg, la Flandre, le Hainaut, les Pays-Bas hollandais. C’est un des Etats les plus riches et les plus peuplés de l’Europe qui s’était constitué sous des princes ambitieux, intelligents et très cultivés.Le faste des ducs de Bourgogne s’accorde à merveille avec l’opulence des villes du Nord passées sous leur souveraineté. Leur règne ouvre à d’innombrables échanges commerciaux, spirituels, artistiques, des provinces de bonne race, en plein essor.

Dans une période aussi vivante, les vocations ne peuvent manquer d’y naître, favorisées encore pour la musique étroitement liée à l’aristocratie par les goûts et les besoins de la plus brillante des cours. L’épanouissement va être rapide et superbe. La peinture est l’expression admirable et complète de la Flandre, dont le centre magnifique est Bruges qui attire des artistes français, allemands, hollandais de l’époque qui se sont tous naturalisés peintres flamands !Pour la musique ce rôle est joué par Cambrai, puis plus tard Dijon où réside la cour des ducs de Bourgogne qui devient un centre encore plus actif. Aucune autre ville ne représente un pôle d’attraction et d’enseignement qui permet de parler d’une école musicale flamande que Cambrai.

D’autre part, quelle que soit l’origine de ces musiciens, leur langue à tous est le français, dans la vie et dans leurs oeuvres. Ils composent très rarement sur des textes flamands. Ils ne cessent de perfectionner, de ciseler la chanson française qu’ils répandent aux quatre coins de l’Europe, car ils sont cosmopolites dans l’âme. De plus, ils envahissent et colonisent l’Italie, y occupent les plus hauts rangs, y exercent une longue influence. Et les Flamands, les Hollandais de naissance sont les plus empressés à s’expatrier ainsi.

Enfin, une fois la paix rétablie, la cour du roi de France regroupe de nombreux musiciens.

Renaissance italienne

Au XVème siècle en Italie, l’art ne se limite pas à une fonction uniquement religieuse. A travers le culte de l’Antiquité, l’artiste redécouvre le monde qui l’entoure et recherche les règles du « Beau ». L’homme placé au centre de la création devient la source principale d’inspiration.

Moyen Age 15/66

Page 16: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

L’Italie, à la pointe des arts plastiques, n’occupe qu’une place insignifiante dans la créativité musicale au XVème s. dominée totalement par les franco-flamands.

C’est seulement au passage au XVIème siècle qu’un renouveau se dessine à Mantoue à la cour d’Isabelle d’ESTE, qui reçoit les plus grands artistes du temps : Léonard de Vinci, Le Titien, L’Arioste...

Les Instruments

Au Moyen Age, les instruments ne sont là que pour soutenir les voix :

la harpe (troubadours et trouvères), le luth (d’origine arabe – mentionné dans le Roman de la Rose au XIIIème s.), la vielle, très répandue sous Charlemagne. Se modifie et prend le nom de viole

au XVème s. (troubadours et trouvères) le cor, appelé aussi l’olifant (mentionné dans la Chanson de Roland, lorsque

Roland se trouve en difficulté, il sonne le cor à Roncevaux dans les Pyrénées). l’orgue : instrument roi du Moyen Age dans les églises et les cathédrales. les tambours, cymbales, timbales, clochettes, marquent le rythme.

Moyen Age 16/66

Page 17: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

L’ ART PICTURAL AU MOYEN AGE

Jusqu’au XIIème siècle l’art roman est exclusivement religieux et se traduit par des peintures murales dans les églises et les chapelles.

Pourquoi des chapelles peintes ?

Elles sont construites sur les routes médiévales ou muletières, qui suivent la ligne des crêtes (pour passer d'une vallée à l'autre) et être visibles de loin. C'est un repère dans le paysage, une halte pour se recueillir, un abri pour la nuit. De même, elles sont construites à l'entrée du village à l'écart de l'agglomération. Ainsi la communauté est protégée des fléaux que pourraient véhiculer les voyageurs.Destinées à être vues de loin puis longées de près, les chapelles étaient souvent peintes à l'extérieur. Sans entrer dans l'édifice sans même s'arrêter, le passant peut adresser un signe de croix ou une courte prière aux personnages peints sur les façades. Ceux-ci sont souvent des "saints protecteurs ou guérisseurs". Les peintures murales sont un moyen d'évangélisation. Le faible coût de la peinture murale la rend accessible à tous. Formés en Piémont (Italie) les peintres vont et viennent sur les territoires de la Maison de Savoie ou bien émigrent en Provence.

Deux groupes de peinture se distinguent :- en Bourgogne et une partie de l’Auvergne = peintures “brillantes” à fond sombre- de la Loire au Languedoc : peintures blondes à dominante ocre jaune, ocre

rouge, le noir et le blanc, du cinabre pour les chairs. Les verts sont plus rares. Le bleu est généralement réservé pour les vêtements du Christ.

A la seconde moitié du XIIIème siècle et pendant le XIVème siècle, l’art religieux ne dispose plus d’amples espaces sur les murs des églises, remplacés par des percées : vitraux, roses, triptyques exécutés à la détrempe, statues, etc... qui décorent les murs.

Mais ce que perd l’église est acquis à l’art profane, dans les châteaux, palais fortifiés, hautes salles des donjons, dans les demeures seigneuriales des petites villes… ---> ce n’est pas de la grande peinture mais du grand décor !

Oeuvres d’artisans réduites à quelques thèmes conventionnels : combat du Centaure et de la Sirène, un tournoi, deux chevaliers luttant dans une forêt, paysage de chasse, etc...

Puis ce sera les “chambres peintes”, en grande vogue chez les Valois :

- Fin XIIème, la reine de Brabant a son portrait peint sur les murs du château d’Etampes dans une scène de chasse,

- Mahaut d’Artois fait exécuter en 1330 par Girard d’Orléans “l’Imagier de la Vierge de Langres” ainsi que d’autres peintures dans les châteaux du roi.

- Jean II le Bon commande à Jean Coste en 1349 pour Vaudreuil “Une vie de César”.

Moyen Age 17/66

Page 18: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

- Au Louvre, existe un “profil” de Jean le Bon exécuté sur un mur par son peintre Girard d’Orléans.

La miniature française a reçu diverses influences : de Sienne, d’Angleterre, des Pays Bas... Le cadre est parfois réalisé comme une architecture, avec des colonnettes et des arcatures qui l’encadrent, dans un style monumental gothique.

L’art de l’enluminure se pratique à partir du XIIIème siècle dans des ateliers laïques comme l’orfèvrerie émaillée. Les manuscrits sont réalisés souvent avec des marges ouvragées d’une floraison ornementale très riche : bordure de jardinet, figurine de caprice, etc...

Cette invasion des marges fait penser à l’illustration romantique :

- “Psautier du duc de Berry” de André Beauneveu,

- “les Petites Heures de Notre-Dame” de Jean Pucelle, enluminé de Noir et Blanc,

- les illustrations de Guillaume de Machaut de la Morgan Library avec un rose léger et un vert pâle, colorent des figures rêveuses dans de discrets paysages. Très raffiné !

- Les “Grandes Heures” et les “Belles Heures” du duc de Berry, exécutées par Jacquemart de Hesdin.

- Les “Très Riches Heures” du duc de Berry (avant 1416) exécutées par les frères Limbourg qui construisent un univers complet où le songe de la vie se mêle étroitement à la vie même, châteaux étudiés avec une précision d’orfèvre, paysages romanesques des chasses et promenades en forêt, paysages avec paysans exécutant de grands travaux de la terre, paysages visionnaires surplombés de blocs erratiques, déchirés de gouffres.

- La “Bible de Jean de Vaudetar” peint par Jean de Bandol dit Jean de Bruges.

- Les “Heures de Boucicaut” réalisées par Jacques Coene de Bruges. Il y insère la figure de l’univers, et les 4 éléments (terre, eau, air, feu). Nombreuses figures et épisodes animés.

- Les “Antiquités judaïques”, oeuvre de Jean Fouquet. Il y dépeint une poésie matinale et paisible de la Loire mêlés de ses souvenirs d’Italie où il a fait le portrait du pape Eugène IV qui lui vaut une grande renommée. Peintre officiel de Charles VII et de Louis XI, il réalise aussi les “Heures d’Etienne le Chevalier”.

Les peintres connus de cette époque sont : Van Eycke, les Limbourg, les Malouel, les Broederlam, Van der Weyden, Lochner (allemand), Conrad Wytz, Pacher (autrichien, maître en 1467-mort en 1498).

Moyen Age 18/66

Page 19: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

Au XV ème siècle, deux directions de la peinture néerlandaise :

- Van Eyck- Van der Weyden, Dirk Bouts, Haarlem (1420-1475), Hugo van der Goes (franc-

maître à Gand en 1467-mort en 1482), Gérard David (mort 1523), Memlinc (mort 1494) rhénan, élève de Van der Weyden.

La peinture se substitue à la sculpture comme moyen d’expression et surtout comme procédé de connaissance de l’univers. On voit se développer le goût de l’infiniment petit, une certaine philosophie du microcosme, une passion du détail minutieusement exécuté.

Les peintres et les hauts-lissiers (tapissiers) collaborent. L’art de la haute-lisse est pour l’Occident ce que la fresque est pour l’Italie. Au XIVème siècle, la tenture satisfait ce goût de la chose rare, précieuse, lentement travaillée, qui est au coeur de cette civilisation.Avec le vitrail, c’est peut-être l’expression la plus originale de son génie. Par ces vastes tentures, se maintenait la grandeur antique du style.

Par la suite, la peinture évoluera vers un style tout à fait différent : le monde paisible aux figures immobiles dans la paix des objets, des êtres et pensées va exploser !L’inanimé prend vie, l’objet devient homme, des insectes, des démons velus armés de pinces se répandent dans un crépuscule qu’éclairent des feux de forge et des brasiers d’incendie, des machines volantes dans les cieux, etc... Telles sont les visions de Jérôme Bosch (1460-1516), puis plus tard Breugel l’Ancien ranimera les petites créatures extraordinairement vivantes du psautier d’Utrecht...

Le XIVème siècle respectera ce caractère fonctionnel et le XVème siècle de la fin du Moyen Age verra le développement du génie classique qui règnera pendant deux siècles...

Ce n’est plus l’architecture qui prévaudra, mais la peinture !

Moyen Age 19/66

Page 20: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

L’ARCHITECTURE AU MOYEN AGE

Par les Croisades, à Byzance même et en Asie, l’expansion expose l’Occident à des contacts, à des pénétrations.L’homme, à partir du XIème s. est défini par un système social et par une activité intellectuelle.

L’architecte, l’imagier et le peintre sont unis au philosophe et au poète, et tous concourent à élever une sorte de cité de l’esprit.Ex. “Divine Comédie” de Dante, théâtre religieux, décoration peinte ou sculptée ont échangé leurs ressources. Cette puissance de cohésion entre les divers ordres de la recherche et de l’invention est le trait de grandes époques.

Sans doute les grecs et les romains ont réalisé des constructions énormes, des monuments colossaux, tentant de nous montrer que c’est l’oeuvre d’une race plus grande et plus forte que la nôtre ! Mais cette tendance au colossal est un signe de dérèglement et de déclin.Par la suite, au Moyen Age, les églises et les châteaux respectent l’échelle humaine, combinent savamment les volumes spacieux et hauts.En architecture, la pierre est la matière du Moyen Age. Elle est la bâtisse et le décor incorporé dans la structure. Les cadres des miniatures du XIIIème s. sont un cadre architectural, le meuble est un monument d’architecture. L’art du Moyen Age est dominé par l’architecture : logique constructive, raisonnement sur les rapports de force et des formes. L’architecture médiévale et les arts qui en dérivent sont la langue commune à toute la chrétienté d’Occident, traduisant les mêmes connaissances , le même ordre intellectuel, dans un idiome intelligible à tous.

La propagation européenne du style gothique, élaboré en 3 générations par les constructeurs de l’Ile de France, s’est faîte grâce à ses qualités : la variété des modèles et la liberté du choix, dans la différence des matières, et le travail local crée des effets nouveaux. L’art s’accorde avec le milieu où il s’implante. L’activité du Moyen Age est double. Il est à la fois sédentaire et nomade, local et européen. Elle est d’une grande richesse car mêlée des restes de la civilisation antique, des vestiges des cultures barbares et des apports d’Orient. Les caravanes et les croisades ont apporté leurs lots de connaissances d’Asie et d’Afrique.

Le développement de l’Institut monastique a répandu au loin (par les missionnaires) nos vieilles civilisations mêlées des savoirs des moines d’Egypte et ceux des Celtes. Cette fusion, cet universalisme de l’Art Médiéval a préparé un changement, un enrichissement de la “teneur humaine” de l’européen, favorisé par des échanges incessants et a ainsi trouvé son expression la plus haute et la plus intelligible dans l’invention de l’architecture et la combinaison des images.

Tout étant en Dieu, il ne se refuse à rien. Il prend le tout de l’homme depuis le bas jusqu’à ses extases, ses visions. Au XIIème s., on dirait que la percée chrétienne éprouve le besoin de posséder l’univers et de se posséder. Mais c’est le XIIIème s. qui impose l’ordre des hiérarchies et qui distribue l’ordonnance des cathédrales.

La métamorphose de l’Occident est due à divers évènements essentiels :

Moyen Age 20/66

Page 21: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

- La stabilisation des Barbares, leur admission dans la communauté chrétienne,- La cession de la Normandie aux Scandinaves ( en 911), Rollon le Viking, qui

désormais attaché à notre sol continue leurs conquêtes vers la Bretagne (=Angleterre) et la Sicile. Mais pour ce qui nous concerne, cette fois-ci ce n’est plus de l’extérieur comme une brusque irruption du monde barbare, mais de l’intérieur vers l’extérieur. Après une période d’hésitation, ils ont accepté les règles de la société féodale et sont passés à cette époque de pirates à marchands.

- Les Hongrois (turco-mongols) convertis, retournés contre les envahisseurs venus des steppes.

- Les Arabes commencent à reculer. La reconquête de l’Hispanie (= Espagne) devient une des croisades de l’Occident, pour y chasser les musulmans. Avec l’aide de Cluny, reconstruction chrétienne de l’Espagne qui se rattache à l’Occident, avec la prise de Tolède, ancienne capitale des Goths en 1085.

- Les Sarrasins sont battus dans le détroit de Messine en 1005 et perdent définitivement la Sardaigne en 1022.

- A l’autre extrémité du bassin de la Méditerranée, les princes Bagratides libèrent la Transcaucasie et ainsi affirment leurs victoires sur l’Islam, en construisant des monuments considérables sur toute la voie.

Tous ces faits sont d’une importance capitale. La Méditerranée redevient le chemin naturel de la navigation et des échanges. Occident et Orient cessent d’être séparés. Le commerce de Byzance, de Venise, de Gênes, de Pise, noue des réseaux plus serrés.Au nord, dés la fin du Xème siècle, la Baltique joue un rôle analogue et s’ouvre au négoce des Flamands.

C’est à cette même époque que se constituent en Occident deux formations politiques : Le Saint-Empire romain germanique La monarchie capétienne.

Le Saxon OTTON, roi de Germanie, est sacré empereur à Rome en 962. Hugues Capet est élu roi de France en 987. Bien que son domaine personnel se limite à l’Ile de France, le territoire de la Francie Occidentale va de la Flandre au comté de Barcelone. Mais il est le roi, et ses descendants travailleront sans relâche à accroître la terre du roi.

A l’intérieur d’une civilisation féodale et monastique, se met à grandir une civilisation urbaine et marchande qui quitte la campagne pour la ville ! Une nouvelle classe naît.

Le pouvoir des rois est lié à la possession du domaine, qui est étroit et entrecoupé. La monarchie y ajoute un patrimoine de souvenirs. Le prestige de ses fondateurs et l’autorité d’une magistrature morale, héritée de l’Empire Romain. Ce qui fait que, peu à peu, elle acquiert l’instinct d’une politique dynastique, attentive aux alliances et aux héritages agrandissant le domaine (Ile-de-France) aux proportions du pays, tout en faisant l’unité profonde d’un peuple (malgré des mésaventures comme la répudiation d’Eléanor d’Aquitaine, qui en se mariant à Henri II Plantagénêt, roi d’Angleterre, livre toute la France occidentale à l’Angleterre et ce pour 100 ans !).

Moyen Age 21/66

Page 22: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

Nous avons vu la Normandie naître de la dernière invasion des Barbares en Gaule (les Vikings). Fixés sur le sol, ils bâtissent dans leur vaste duché, des châteaux et des églises, au style rigoureusement défini, jusqu’en Angleterre qu’ils ont également conquis, et succèdent ainsi à l’art des constructeurs saxons. Les rois de la mer devenus seigneurs terriens continuent leurs aventures en chassant les grecs du Sud de l’Italie et les Sarrasins de la Sicile. Ils y mettent en place des rois qui seront séduits par les raffinements de Byzance et de l’Islam (tableaux de mosaïque, portes de bronze..). Le génie normand se voit encore dans les basiliques des Pouilles. On a beaucoup bâti également en Espagne pour sa reconquête chrétienne. Du type orientalisant de Oviedo (Asturies) on est passé à des formes importées par la collaboration des ordres monastiques français qui y ont envoyé des moines bâtisseurs.Par contre, la Germanie Ottonienne reprend les thèmes de la grandeur carolingienne avec plus de puissance et de richesses sévères.

Au XIIème s., on voit grandir 2 systèmes : au Nord de la Loire: l’art roman (XIème et XIIème) au Sud de la Loire : l’art gothique (XIIème au XVème).

L’Art Roman

L’Art Roman persiste en Allemagne jusqu’au XIIIème siècle et plus tard encore en Italie et en Espagne.

L’Art Roman avait un réseau d’ornement sous des apparences monstrueuses : chimères, bêtes, homme dans la bête... aux chapiteaux : série de captures chimériques, aux tympans des églises : sceau de l’Apocalypse, les gargouilles.

Moyen Age 22/66

Page 23: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

L’Art Roman est caractérisé par un décor extérieur. Les solutions constructives proviennent de l’architecture carolingienne (couverture en charpente + tours de part et d’autre du chevet). Cet Art Roman du XIème s. se prolonge au-delà du XIIème s. selon les régions. C’est plutôt un art de certaines régions que d’une certaine époque. On rencontre cet art roman en Italie du Nord et Centrale, en Catalogne, dans le Bas-Languedoc, en Provence, puis il remonte la vallée du Rhône et de la Saône, les pays du Rhin et dans l’Europe Centrale. L’Art Roman est riche de ressources et de solutions variées. Sa technique adopte de plus en plus la pierre pour toutes les parties de l’édifice (excepté à l’Est et au Nord qui conservent longtemps la couverture en charpente) ce qui lui confère par sa puissance et son unité, une imposante grandeur.

Cependant, l’art roman en pays méditerranéen d’origine orientale n’est pas la formule universelle de l’Occident. Dans cet autre climat moral, l’art carolingien subsiste avec beaucoup de vigueur.Sous l’invasion normande, l’architecture anglo-saxonne connaît une ère de grandeur analogue à celle des pays du Rhin ! C’est en Germanie que se déploie la tradition architecturale de l’Empire avec une politique ottonienne énergique. C’est là que la construction, parfois sur des programmes considérables, apparaît le mieux comme le signe de l’autorité et de la grandeur.

S’y développe aussi l’art des stuqueurs, des bronziers, des orfèvres et surtout de la décoration des manuscrits (les enluminures).

De grands travaux sont nécessaires suite à l’infiltration des eaux du Rhin (--> renforcer les piliers, surélever les murs...), plus l’incendie de 1159. Ces expériences ont conduit au développement d’une architecture renouvelée. Dés le XIIème s. commence à se voir en France la diversité de ses groupes régionaux, ainsi que la famille des églises de pèlerinage. Apparaît, à la 1ère moitié du XIIème siècle un élément nouveau, qui va transformer radicalement le système de construction et qui va évoluer très rapidement en France : l’ogive, l’arc de renfort bandé diagonalement sous les voûtes pour les soulager (=arc boutant).L’arc-boutant, l’ogive, puis l’arc-brisé constituent essentiellement l’art gothique.

L’Homme roman prend conscience de lui-même dans l’art roman. Maturité historique qui favorise l’audace des programmes, la richesse des ressources, la puissance morale des institutions urbaine et monastique. Les villes, centres d’un territoire, pôles d’attraction naturels pour un pays, en drainent les forces et en concentrent les traditions et les expériences. Elles sont liées les unes aux autres par le commerce, par la communauté des statuts, née de l’imitation des chartes. L’institution monastique se propage au loin par les filiations ; elles ont l’ampleur de formation urbaine avec leurs écoles, leurs ateliers d’art et d’industrie, leurs forgerons, leurs orfèvres, leurs maçons... Elles agissent sur le monde ! Elles ont une force d’organisation des foyers d’action.

Alors que les grecs n’ont considéré leur architecture que verticalement, les maîtres du Moyen Age ont eu à résoudre le problème des composants obliques, du contre-butement, etc... et par un raisonnement admirable, ils se sont progressivement appliqués à spécialiser chaque membre selon sa fonction. C’est par là que leur architecture est proprement un art de penser ! Les grecs ayant adopté une fois pour

Moyen Age 23/66

Page 24: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

toutes la solution simple des piédroits et des plates-bandes en variant les mesures harmonieusement.

L’église monastique est à la fois l’église des moines et l’église des pèlerins. Elle abrite des corps saints et attire la dévotion des fidèles. Dans le chevet se trouvent les chapelles abritant les reliques des saints en plus de celles qui peuvent être dans la crypte. La basilique romane est une sorte de reliquaire immense ouvert à tous.

L’Art Gothique

Si le XIème siècle a été celui des grandes expériences romanes, le XIIème siècle est la grande époque des expériences gothiques : un art roman par les masses et par l’équilibre, mais gothique par la structure.

C’est en terre normande qu’il faut chercher les premières ogives et c’est dans la région parisienne que les exemples sont le plus nombreux. C’est en Ile-de-France que se sont créés les déambulatoires tournants.L’Art Gothique s’exprime avant tout dans les cathédrales.

La cathédrale naît avec les communes, grandit et se couvre de statues et de verrières. Là où naît la grande commune, la grande cathédrale apparaît d’autant plus vaste et plus hardie que la commune est mieux armée et mieux assise, l’esprit communal plus vivant.L’église des clercs est trop étroite et trop sombre. Ce n’est plus la voûte écrasée sous laquelle les pauvres gens qui vivent à l’ombre des monastères viennent craintivement à l’heure des offices entendre la voix de l’Eglise dans l’obscurité, mais c’est désormais une maison commune sonore et lumineuse, que le flot des hommes peut envahir à toute heure, capable de contenir toute la ville, pleine de tumulte les jours de marché, de chants les jours de culte, le tocsin les jours de révolte, la voix du peuple tous les jours : la cathédrale, beauté mystique, d’une grande idée qui contient le secret d’un monde !

Le Maître d’Oeuvre à qui s’adressent la commune et l’évêque ne sait à peu près rien d’autre que son métier. Derrière lui la tradition romane-byzantine, confuse, qu’il possède mal, devant lui, un problème à résoudre : bâtir un édifice assez vaste pour contenir les habitants d’une cité. Il connaît bien sa matière, la pierre de France, friable, facile à travailler. Il a son compas, son niveau d’eau, son fil à plomb, son équerre. Autour de lui de bons ouvriers de même esprit, croyants, sans aucun doute social, sans aucun doute religieux. Il possède un bon sens clair, une bonne logique libre et droite. Une nouvelle fonction apparaît, très complexe, qui va absorber la vie du siècle :le Maître d’Oeuvre ! Le Maître d’Oeuvre est un homme de son temps. Il conçoit un “squelette” où toutes les pressions sont équilibrées et transmises (par la fameuse croisée d’ogives). Entre l’arc-boutant et la voûte, l’édifice est comme une carcasse de cétacé géant suspendue dans l’espace, que la lumière du ciel traverse dans tous les sens. Il parait flotter dans les airs. Exemples : Durham GB 1104, Morienval 1115, Paris, Bourges, Chartres, Beauvais 1247, Saint Denis, Reims, Laon, Sens...

Moyen Age 24/66

Page 25: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

L’architecture de l’Art Gothique ne veut pas d’obscurité. Elle aime la lumière. Le vitrail glorifie la lumière. On en met aussi dans les pièces des châteaux et des maisons bourgeoises.

La cathédrale vit de la vie de ses bâtisseurs : une génération élève un étage en plein cintre, une autre abandonne un bras de transept à moitié construit, ajoute une couronne de chapelles, change le profil des tours, les multiplie ou les laisse inachevées, fait flamboyer une rose (gothique) au front d’une nef romane débarrassée de son berceau... la cathédrale monte, s’abaisse, s’étend avec nos sentiments et nos désirs.Là où les guerriers circulaient, ce sont maintenant les artistes et les marchands qui circulent, diffusant “l’idée française”. Des Maîtres d’Oeuvre français sont appelés de partout : Philippe Chinard chez Frédéric II, Pierre d’Angicourt chez Charles d’Anjou en Sicile, Eudes de Montereau a accompagné Saint Louis en Palestine pour fortifier Jaffa, Guillaume de Sens (le meilleur) à Canterbury en GB pour faire la nef, Martin Ragevy et Villard de Honnecourt en Hongrie, Mathieu d'Arras qui venait d’Avignon est appelé pour faire les plans de la cathédrale et le pont de Prague, et bien d'autres architectes sont appelés en Pologne, Finlande, Espagne, etc... Quelques architectes célèbres : Jean d’Orbais a bâti Reims, Robert de Luzarches Amiens, Pierre de Montereau la Sainte Chapelle...

Les Bénédictins, les Dominicains, les Cisterciens surtout fondent des Maisons et des Ordres qui répandent sur l’Europe l’esprit vivant (Ordre des Templiers, Ordre de Calatrava, Ordre Teutonique…) portent d’un bout à l’autre de la terre chrétienne, une continuité d’action, une grande unité morale du catholicisme.Les Maîtres d’Oeuvre arrivent avec un plan basique inspiré de cathédrale d’Amiens, Reims Chartres ou Notre-Dame. Puis, le choix fait dans les grandes lignes, la construction va pouvoir commencer après avoir rencontré tous les corps de métier (les corporations). La construction d’une cathédrale dure 2 à 3 siècles. Les architectes locaux succèdent aux Maîtres français, les maçons et les imagiers se recrutent de plus en plus au sein des corporations locales et selon les saisons, la nature des travaux, les négociations, les guerres, la paix, le financement disponible, en final, les réalisations sont différentes de ce qui avait initialement été prévu !

Dans le premier art gothique, on trouve la tribune et les 4 étages (voire 5 : Bourges --> baies + galeries) d’absides aux fenêtres étagées.

L’Art Gothique nous fait connaître l’humanisme, sa conception de l’homme et ses rapports avec l’Univers. Il le montre avec ses exigences, ses misères et les grandeurs de son destin.Il le prend à tout âge, toute condition, maniant l’outil, subissant des maux. La partie haute de Reims proclame la gloire de la justice de Dieu et la gloire de la patience humaine ! Cet humanisme représenté et figuré, a de plus une sympathie pour tout ce qui vit, respire, une compassion, une cordialité, une douceur des Evangiles, une bonhomie formidables.Il embrasse le tout et met l’homme au centre. Cette image de Dieu est toute l’humanité.

Moyen Age 25/66

Page 26: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

En comparaison, la statuaire grecque est incomplète : c’est une affirmation catégorique de l’homme qui est voué à une solitude ! Le Moyen Age baigne l’homme de toutes parts dans le courant des êtres et des choses. Cet art est esprit ! Il honore les travaux de l’intelligence : l’ordre des symétries et des correspondances, la loi des nombres.

Le Gothique Rayonnant

La 2ème moitié du XIIIème s. innove dans les formes, en poussant un raffinement extrême, dangereux même. Plus d’étage, mais une élévation verticale infinie aux fenêtres hautes qui éclairent les nefs avec des baies immenses qui prennent la lumière en plein ciel (la 1ère cathédrale est celle de Chartres), le triforium est vitré et tend à se confondre avec les fenêtres hautes, développement considérable des nefs latérales.

Moyen Age 26/66

Page 27: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

L’ Art Gothique ce sont les vastes fenêtres supérieures, les arcades et son triforium ajouré, et bien sûr, les roses colossales (vitraux).

Beaucoup de lumière pour satisfaire la vue et l’esprit :

- Lumière du triforium percé vers l’extérieur,- Lumière des grandes fenêtres descendues plus bas,- Lumières des rosaces,- Éclairage intérieur par l’évidement : annulation des masses inutiles en faveur du

développement des piliers (piles) dans l’espace.

Le Gothique Flamboyant

Il tient son nom de l’effet de flamme onduleuse que donne le réseau de nervures qui se dresse infiniment. Issu du style curvilinéaire anglais importé lors de la guerre de Cent Ans. Jamais l’architecture d’occident n’a été plus voisine de luxe ornemental dans sa profusion sans but ni rapport avec la construction. Grand art pittoresque, aux formes onduleuses, aux flammes de pierre, qui procède par touches et fait vibrer les effets. Exemple de gothique flamboyant dans l’architecture civile : le Palais de Justice de Rouen.

la cathédrale de Beauvais : travaux commencés en 1247. Coeur terminé en 1272. Les voûtes portées par des piles (=piliers) trop grêles et arcs-boutants aux culées de section trop minces s’écroulent en 1284. On rajoute des piles intermédiaires sous les grandes arcades et aux voûtes des arcs supplémentaires. Le transept est achevé début XVIème siècle. Une flèche de 153m est ajoutée. Elle s’écroule en 1573.

La cathédrale de Cologne : commencée en 1248. Coeur terminé en 1320. Consacrée en 1322. La nef n’est entreprise qu’en 1350 malgré l’achèvement du transept. Les travaux, extrêmement lents, s’interrompent en 1559 pour ne reprendre qu’en 1824.

L’Art Gothique français classique importé en Angleterre y évolue rapidement vers le décor baroque, dont les éléments nous reviennent à leur tour pour s’implanter et devenir la forme suprême de l’art médiéval : le style flamboyant !Il semble que l’art flamboyant soit la conséquence naturelle et nécessaire du principe gothique, mais il en est la déviation : le rôle de l’architecture comme tonique de la civilisation est terminé en Occident, du moins pour cette époque.

La peinture gothique resserrée sur d’étroits espaces dans les cathédrales du Nord vont trouver sur les murs d’Italie, un vaste champ de recherches et de combinaisons nouvelles. Les ateliers toscans propagent au loin leurs précieuses icônes.

C’est le début d’un autre âge : l’âge moderne !

Moyen Age 27/66

Page 28: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

LA TAPISSERIE AU MOYEN AGE

Depuis le Moyen Age, “Tapisserie” signifie plusieurs genres d’ouvrages, différents par leur technique, leur aspect ou leur utilisation. Il s’agit de travaux de laine et de soie, relevés parfois de fils d’or ou d’argent, dont les fils de chaîne et les fils de trame, entre-croisés à la main, sur un métier, permettent la création d’un tissu présentant des personnages, des paysages ou des motifs décoratifs.

Il ne peut s’agir d’oeuvres brodées, exécutées à l’aiguille, comme celle très connue de la “Tapisserie de Bayeux” (70m de long sur 0,50 m de haut) dîte la “Tapisserie de la reine Mathilde” qui est une broderie représentant Guillaume le Conquérant vainqueur à la bataille de Hastings contre le saxon Harold. Il deviendra roi d’Angleterre.

Il existe deux sortes de tapisserie, variations d’une même technique : haute-lice et basse-lice. Le résultat final est identique. La disposition de leurs chaînes au moment du tissage est différente :

- En haute-lice, le métier se tient verticalement et la chaîne est tendue à la verticale,

- En basse-lice, le métier se tient horizontalement et la chaîne est tendue à l’horizontale. Des pédales permettent de mouvoir les fils de chaînes tendus.

Au Moyen Age, la chaîne des tapisseries est grosse et compte seulement 4 ou 5 fils au centimètre. La construction des métiers ne permet pas de tendre complètement les tissus : ce manque de rigidité provoque, après achèvement de l’ouvrage, un déplacement des fils, variable selon les parties travaillées. Ces défauts se transformeront en qualités, car il accentuera le côté expressif du travail.

Les liciers teintent eux-mêmes les matières premières qu’ils utilisent. Au Moyen Age, il n’y a que très peu de couleurs franches. Traitées au tartre, les laines acquièrent une solidité de tons qui ont traversé les siècles. Les couleurs sont d’origine végétale et animale (insectes).

Dans les demeures royales et princières du Moyen age, les tapisseries constituent un moyen efficace de lutter contre le froid. Aux tapisseries murales, sont assorties les garnitures des lits, des sièges, des tapis de pied. De cette uniformité est venue l’habitude des suites, des tentures aux différentes pièces, relatant les épisodes successifs d’un cycle, d’une histoire. Elle reste en honneur jusqu’au XIXème siècle. Les tapisseries marquent l’importance et la fortune de leurs possesseurs. Les “chambres à tapisserie” ne sont pas un décor fixe : on les change par vanité, par plaisir ou par habitude, à chaque saison.

Moyen Age 28/66

Page 29: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

LES ORIGINES DE LA TAPISSERIE

Les Tapisseries chinoisesLes plus anciennes oeuvres encore existantes sont les restes de tissus de soie, les “kosseus”, confectionnés en Chine, sous la dynastie Tchou (722-206 av.JC). Les oeuvres réalisées sous la dynastie Tang (518-906 ap JC) sont d’une rare perfection.

Les Tapisseries coptesEn 640, les Arabes envahissent l’Egypte. La tapisserie, plusieurs fois centenaires, s’adapte lentement au goût des vainqueurs, les ornements de soie multicolore se substituent à la laine.Au XIIème siècle, les décors continus reproduits pour les califes dans tous les territoires soumis à la domination musulmane, les Croisades, mettent un terme à cette efflorescence qui ne va pas sans susciter l’admiration des seigneurs francs, qui s’émerveillent des productions textiles des infidèles et souhaitent posséder les soies, les tissus brochés ou brodés de l’Islam.Mais des ateliers de tapisserie auraient existés en France 50 ou 60 ans après l’invasion musulmane, refoulée à Poitiers en 732.

LES ATELIERS DE PARIS

L’absence de texte, la pénurie des vestiges, nous laissent dans l’ignorance quant aux ateliers parisiens de haute lice jusqu’à la fin du XIVème siècle. Par contre, ce que l’on sait, c’est que le roi Jean le Bon, dans un inventaire de 1350, possédait 237 “tapis” (avec fleurs de lys et armoiries) destinés à ses appartements, et à ceux de ses fils. Ces tapis étaient livrés par des artisans ou marchands parisiens : Clément le Maçon, Jehan du Tremblay, Philippe Doger ou Dogier...

Jusque vers 1360, les dessins sont géométriques, à compas (lignes arrondies au moyen de compas) et des armoiries. Ensuite, oiseaux, petits animaux, “bestelettes”, commencent à apparaître. En quelques années, vers 1370, une véritable révolution s’opère dans l’ornementation des tissus : figuration de scènes religieuses et laïques, compositions diverses à personnages, représentations de paysages et même de scènes contemporaines.Au XIIIème siècle, Paris a la réputation d’être la capitale intellectuelle de l’Occident. Au XIVème siècle, son rayonnement va à l’Europe entière. Le roi Charles V et ses frères, les ducs d’Anjou, de Berry et de Bourgogne, sont des mécènes avisés. Une véritable Cour commence à se former dans l’entourage du souverain. La richesse et le luxe se manifestent dans la plupart des domaines des Beaux-Arts. Une telle ambiance favorise le développement de la tapisserie, qui, sans oublier son caractère utilitaire (lutter contre le froid) commence à devenir une technique recherchée. Charles V et ses frères multiplient les commandes aux hautes-liciers. Les initiatives de ces mécènes avisés et promoteurs de travaux incomparables stimulent efficacement les efforts des tapissiers contemporains (citons Stendhal : les Grands, en donnant les moyens matériels de réaliser des chefs d’oeuvre, ont permis à certains artistes de se révéler dans toute l’ampleur de leur génie), dont Nicolas Bataille, fournisseur attitré de la Maison Royale, qui livra entre 1387 et 1400, 250 tapisseries et tapis.

Moyen Age 29/66

Page 30: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

Nicolas Bataille

L’oeuvre la plus connue de Nicolas Bataille est la tenture de l “Apocalypse” d’Angers. Les dessins et les patrons sont réalisés par le fameux artiste flamand Jean de Bondolf, dit Jean ou Hennequin de Bruges, qui en 1371 reçoit le titre de Peintre du Roi. Cette tenture était commandée par le fastueux duc Louis d’Anjou, au service duquel Nicolas Bataille fut rattaché. La tenture de l’Apocalypse est constituée en 7 pièces de 24 m X 7 m. A la mort du duc Louis d’Anjou (1387), Nicolas Bataille réalisera des travaux de moindre envergure (s’il n’y a plus de Grands pour demander de grandes réalisations pour eux-mêmes, les artistes de génie ne pourront plus se révéler complètement et ne réaliseront que des travaux plus petits…)

- 1389, pour le duc de Touraine : “l’Histoire de Theseus et l’Aigle d’Or”- 1390, pour le duc d’Orléans, trois tentures remarquables : l’histoire de

Pentéasillée, reine des Amazones – l’histoire de Beuve de Hanstonne – les aventures des enfants de Renaud de Montauban.

- 1395, pour le duc de Bourgogne, plusieurs tapisseries dont “les chevaliers avec des dames” - “le château de Franchise” – “l’histoire de Godefroy de Bouillon” – “l’hisoire de Bertrand Du Guesclin” – deux sujets de “Bergers et bergères”...

- 1397, terminée en 1400, exécutée avec Jacques Dourdin : la tenture de “Joutes de saint Denis” faîtes “toute d’imagerie d’or et de fin fils d’Arras” commémorant la réception du duc d’Orléans, frère de Charles VI, et de son cousin le duc Louis II d’Anjou, dans l’ordre de chevalerie, évènement de mai 1389 suivi de fêtes mémorables.

Jacques Dourdin

En 1376, il vend deux chambres complètes de tapisseries au duc de Savoie, Amédée VI, dit le comte Verd. Entre 1386 et 1397, il exécute 17 tentures pour le duc de Bourgogne. La reine Ysabeau de Bavière et le duc d’Orléans lui passent aussi des commandes. En 1400, Nicolas Bataille meurt. Sa veuve continue durant un temps à diriger l’atelier. Jacques Dourdin qui s’était associé à Nicolas Bataille pour réaliser les “Joutes Saint-Denis” reprend le flambeau.

Après l’”Apocalypse”, deux autres ouvrages importants sont sortis des ateliers parisiens : - “Les neufs Preux” (le roi Arthur trônant sous de larges architectures), 3 grandes

pièces, tenture destinée au duc de Berry. Un pendant féminin “les Preuses” a été réalisé, surmonté des armes du Berry, qui a appartenu au roi Charles VI, neveu du duc de Berry.

- La “Présentation au Temple” (musée du Centenaire à Bruxelles) 1 pièce - aspect simple et sculptural des draperies, expression sereine et calme des personnages. Rapprochement et ressemblance entre les personnages féminins et la Vierge des “Heures” du duc de Berry.

Les ateliers de Paris disparaîtront suite aux misères et malheurs engendrés par la Guerre de Cent Ans, la bataille d’Azincourt en 1415, au profit des ateliers d’Arras.

Moyen Age 30/66

Page 31: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

LES ATELIERS D’ARRAS ET DE TOURNAI

Ils ont probablement été créés fin XIIIème siècle, comme ceux de Paris. Mais alors que les liciers parisiens allaient être dispersés ou ruinés par l’occupation anglaise (1418-1436), la prospérité des métiers d’Arras sera hors d’atteinte. Leur renommée deviendra internationale, au même titre que les Gobelins plus tard !

En 1369, le mariage de Marguerite de Flandre, fille de Louis de Mâle, avec Philippe le Hardi, annonce un rattachement d’Arras au duché de Bourgogne, devenu effectif en 1384. L’alliance du duc Philippe le Bel avec le roi d’Angleterre (1419) permet aux ateliers d’Arras de continuer à s’approvisionner en laine issue des contrées d’Angleterre. Ils conservent ainsi la possibilité de vendre librement leurs productions et surtout de réaliser les commandes des ducs de Bourgogne, protecteurs avisés des arts et des lettres, de Philippe le Hardi (1341-1404) fils du roi Jean le Bon et frère de Charles V, de Jean sans Peur (1371-1419), de Philippe le Bon (1396-1467). C’est là que les ateliers d’Arras sont leurs plus éclatants succès : ils portent très loin le nom d’une cité florissante à la tête d’une province frontière ouverte à toutes les activités de l’art français, sans rejeter les influences flamandes. Suivent les villes comme Lille, Tournai, Cambrai, Valenciennes. Arras et Tournai bénéficient du vaste mouvement artistique et intellectuel provoqué par les fastes des “Grands ducs d’Occident”.

La fameuse “Bataille de Roosebecke” qui relate l’histoire de la bataille de Charles V et de Louis de Male, beau-père de Philippe le Hardi, contre les Flamands en révolte. Mise sur les métiers en 1387, soit 5 ans après l’évènement, la tapisserie est réalisée avec des laines relevées de soie et de fils de Chypre, fait environ 295 m2. Peu maniable, trop lourde, elle a été coupée en trois gros morceaux en 1406, puis à nouveau chacun d’eux en deux. En 1536, l’inventaire de Charles Quint précise qu’elle est “fort vieille et fort usée”.Les ateliers d’Arras du temps de Philippe le Hardi (75 tapisseries exécutées pour lui) réalisent également des tapisseries religieuses, comme par exemple : “L’Histoire de saint Piat et de saint Eleuthère” en 1402. Les récits accompagnés de commentaires explicatifs devaient occuper initialement deux pièces de tapisserie, divisée en 18 scènes, destinées à orner les dossiers des stalles les jours de fête. Il n’en reste que 14, 6 consacrées à saint Piat et 8 à saint Eleuthère. L’ensemble mesure 22 m de long sur 2,25 m de haut.

Dans les tapisseries d’Arras du XVème siècle, les principales oeuvres sont les cinq pièces à sujets courtois, relevés de fils d’or :- “L’offrande du coeur” (musée du Moyen Age), influencé par l’art des frères

Limbourg qui ont réalisé les célèbres enluminures des “Très riches Heures” du duc de Berry.

- “La résurrection” (au Louvre), longue et étroite : 2,40 X 0,77, relevée de fils d’argent doré.

- “Le Roman de Jourdain de Blaye” (musée municipal de Padoue)- “Les Chasses” de Chatsworth House (Victoria & Albert Museum de Londres)

inspirées des enluminures du Livre de la Chasse de Gaston de Foix, dit Gaston Phébus, 1370 - 4 pièces.

- “La Passion du Christ” de La Seo de Saragosse – 2 pièces.

Moyen Age 31/66

Page 32: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

Autres tapisseries connues en provenance des ateliers d’Arras :

- “L’histoire de Clovis” 1440 – 6 pièces. Offertes pour le mariage de Charles le Téméraire et de Marguerite d’York en 1468. Puis elles passent à la maison d’Autriche lors de l’union de Marie de Bourgogne (fille de Charles le Téméraire) et de Maximilien 1er. Elles échoient ensuite chez François de Guise, puis chez son frère Charles de Guise qui les offre à la cathédrale de Reims en 1573.

- “La Prise de Jérusalem par Titus” – 4 pièces. Signalées dans les inventaires de Jacqueline de Bavière, veuve du 2e fils de Charles VI en 1419, dans ceux du Pape Paul II en 1457 et dans ceux d’Anne de Bretagne en 1514. Ces pièces appartenaient au cycle antique, avec “l’Histoire de Tarquin” – celle de Herkenbald, de Trajan et celle de Jules César.

- Le cycle de la Guerre de Troie, exécuté sur une période de 50 ans. On peut voir au Victoria & Albert Museum de Londres la tapisserie qui relate “Entrevue de Penthésitée et de Priam”, “le combat de Penthésilée aux côtés des Troyens”, “l’Armement de Pyrrhus” ; au MET de New York : “Andromaque et Hector” et “Hector et Priam”.

LES ATELIERS DE TOURNAI

- La tenture de “Gédéon” – 8 pièces – commencée en 1449, achevée en 1453. Commandée par le duc de Bourgogne Philippe le Bon, destinée à orner la salle de l’Ordre de la Toison d’Or, fondé en 1429 par lui.

- La tenture de “L’Histoire de saint Pierre” – 10 pièces (6 à Beauvais, 1 au musée du Moyen Age, 1 au musée de Boston), destinée à commémorer la fin de la Guerre de Cent Ans : le mot “paix” inscrit partout !.

- Les “Sept Sacrements” (baptême-mariage-extrême-onction- ordre-confirmation-communion).

Pasquier Grenier

Fabricant de tapisserie “à la marche” ou en basse lice, il est “marcheteur” en 1449. Il reçoit des commandes des ducs de Bourgogne, grâce à la perfection de ses travaux très attrayants :- 1459, à Philippe le Bon : une “Histoire d’Alexandre”, rehaussée de soie et de fil

de Chypre – 7 pièces.- 1461, au prince Philippe le Bon : une “Passion de notre Seigneur” et une

chambre de tapisserie avec des “Paysans” et des “Bûcherons”.- 1462, il vend “L’histoire d’Esther et d’Assuérus” - 6 pièces - et “L’histoire du

Chevalier au cygne”.- 1466, ce sont “Les chambres d’orangers” et de “Bûcherons” destinés à la

duchesse de Bourbon et la duchesse de Gueldre.- 1472, Charles le Téméraire (fils et successeur de Philippe le Bon) reçoit une

pièce de “la Guerre de Troyes”.

Moyen Age 32/66

Page 33: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

Le domaine des ducs de Bourgogne intégrant le royaume de France en 1477 (sous Louis XI), les métiers à tisser ont été remontés en terre bourguignonne, dans le centre du royaume de France, Bourges, Tours, Angers, Blois, où des ouvrages textiles libérés d’influences étrangères pourront être achevés. Les industries somptuaires ne peuvent prospérer que dans le voisinage de la Cour, par conséquent les liciers parisiens se réfugient et reprennent l’exercice de leur profession dans la région de la Loire, dénommé “ateliers de la Loire”, fin XVème début XVIème siècle. Il y a à cette époque aussi, des liciers nomades, fuyants leurs villes natales en guerre, errant de cité en cité, de château en abbaye, prêts à s’arrêter selon les hasards des commandes. Ainsi ils réalisent de nombreuses tapisseries religieuses exécutées pour des églises ou des monastères dispersés dans le royaume. C’est l’ultime legs des traditions du Moyen Age. Exécution certes lente, mais favorisant les novateurs, effaçant progressivement une civilisation et ses conceptions artistiques qui fera place aux apports progressifs de la Renaissance...

De cette fin XVème siècle, citons les tapisseries les plus connues : les « mille fleurs » ! Tapisserie aux fonds entièrement semés de fleurettes, tissées aux alentours de 1500. Existe en nombre considérable, formant un groupe, celui des mille-fleurs. Réalisme attrayant, admirable harmonie, excellente association de leur coloris, ce qui les place parmi les réussites les plus accomplies du goût français ! A fond bleu ou à fond rose, les mille-fleurs ont leurs variantes et leurs répétitions. Ces tapisseries auraient été réalisées par des liciers nomades.

Les plus connues :

- “La vie seigneuriale”, 6 pièces à fond bleu (Promenade – Départ pour la chasse – Lecture – Broderie – Bain – Scènes galantes). On pense qu’elles ont été tissées dans les ateliers des bords de “la Loire”.

- “La Noble Pastorale” – 3 pièces - les plus parfaites mille-fleurs (au Louvre) : danse-Cueillette des fruits – Jeu de la marelle – Tonte des moutons – Travail de la laine). Elles sont tissées pour Chenonceaux.

- “La Dame à la Licorne” – fin XVème siècle – 6 pièces – réputation internationale. Sur chaque pièce une ou deux figures féminines entre un lion, symbole de la noblesse d’épée (chevalerie) & une licorne, symbole de l’incorruptibilité de la noblesse de robe. Ils tiennent des bannières armoriées. Elles évoquent les 5 sens. La 6ème tapisserie avec la devise “mon seul désir” avec les lettres A et P demeurent inexpliquées. Elles sont mises sur le métier vers 1480.

Moyen Age 33/66

Page 34: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

LE MOBILIER AU MOYEN AGE

Au Moyen Age, rares sont les meubles dans les châteaux, plus rares encore dans les demeures citadines et presque inexistants dans les maisons paysannes.Pour construire des meubles solides et résistants, le chêne est le bois le plus employé en France jusqu'au XVIème siècle (1650 pour l'Angleterre), puis vient le noyer auquel succèdera l'acajou.La Bourgogne, le Languedoc, la Provence ainsi que l'Italie et l'Espagne préfèrent le noyer. Dans presque toutes les provinces, les bois fruitiers sont utilisés en fonction des besoins (poirier, pommier, merisier). Les résineux sont employés en charpenterie et en huisserie.A partir du XVIIIème siècle, les meubles se multiplient et se diversifient. La demande de bois est forte, et les menuisiers font appel à des essences très variées qui ont chacune leur propriété.

Les corporations s'organisent :A l'époque carolingienne (VIIIème au Xème siècle) les « huchiers » (=charpentiers) commencent à s'organiser en corporations laïques même si leurs ateliers sont installés dans les communautés religieuses. De génération en génération, la transmission des secrets du métier, l'initiation et le recrutement de nouveaux compagnons se font par l'apprentissage. A la suite d'une division du travail, certains artisans délaissent le gros oeuvre ( la charpenterie) pour réaliser des coffres, bans, sièges à "menus bois", d'où le nom de "menuisier", chargé d'exécuter les parties mobiles de la maison, d'où le nom "mobilier".

LES STYLES DU MOYEN AGE

Il n'y a pas un style médiéval unique, mais une série de styles qui évoluent en s'inspirant des éléments décoratifs de l'architecture.

L'époque romane (XI-XIIème siècles)Armoires, tables, bancs, coffres ou bahuts, servent à "transbahuter" les tapisseries, les vêtements ou l'argenterie, d'un château à l'autre, dans les temps où il faut fuir brusquement soldats et pilleurs. Cette nécessité de déplacements rapides et fréquents explique le petit nombre de meubles alors en usage.

Les premiers décors Ils sont empruntés aux motifs sculptés dans la pierre, tels que dés, cubes en léger relief ou encore des dents de loup. Les entrelacs et paluettes se retrouvent parfois dans les pentures en fer forgé des façades des coffres : l'évolution des techniques de construction des meubles permet progressivement de renforcer les assemblages et de renoncer aux lourdes peintures de fer forgé.A partir du XVème siècle, les panneaux sont sculptés de motifs géométriques puisés dans le répertoire architectural : croix, rosaces, étoiles, cercles, torsades, damiers, animaux, végétaux stylisés.

Moyen Age 34/66

Page 35: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

Les premiers meubles- le coffre : essentiellement pour contenir le linge et les objets familiers allant de la

vaisselle aux bijoux.- Les tables : planches épaisses et à peine dégrossies posées sur des tréteaux

mobiles.- Les armoires- Les lits (ou châlits) : planches assemblées, enrobées de courtines ou tentures

surmontées d'un pavillon (garde la chaleur l'hiver)- Les premiers sièges : deux types : les chaises et les faudesteuils- Les chayères, ou chaires : sorte de trônes- Les faudesteuils : sièges d'honneur réservés aux nobles et aux évêques. Ces

sièges d'apparat, d'assise assez haute, sont souvent complétés par un tabouret d'appui pour les pieds.

- Le banc roman : à 2 ou places, comporte également des dossiers, accotoires. Le siège est recouvert d'étoffe et de coussins.

- La selle : tabouret rond à 3 pieds divergents.

L'époque gothique ( XIII au XVème siècles)

3 styles gothiques successifs : les gothiques lancéolé, rayonnant, flamboyant.

Les décors et les motifs Le gothique lancéolé mi XIIè à mi XIIIèmeDes arcatures se rejoignent en forme de pointe de lance, ou de lancette, croisée d'ogives qui les enserrent. Cette période où les formes élancées sont sobres et géométriques s'appelle parfois le gothique primitif.Le gothique rayonnant mi XIIIè à fin XIVèmeEgalement formes ogivales mais surchargées d'ornements naturalistes (feuillages fleuris, boutons, rosaces...).Le gothique flamboyant XVème siècleEntrelacs nerveux et feuillages déchiquetés, surmontés de pignons, de bourgeons et clochetons fleuris.

Les meublesDans les nouveautés par rapport au roman, certains coffres comportent à la base un tiroir destiné au rangement des tentures et tapisseries.A la fin XVème et tout le XVIème siècle, apparaît le motif "à plis de serviette", encore appelé "en parchemin".- Le dressoir : coffre à porte surélevé, parfois muni de deux tiroirs de rangement,

destiné à présenter l'orfèvrerie. Ce meuble d'apparat prendra le nom de buffet.- Les armoires : grandes et profondes- Les lits : surmontés d'un pavillon suspendu. Aux quatre angles des colonnettes

supportant des panneaux.- Les tables : toujours des planches et tréteaux, en attendant les tables à l'italienne

de la Renaissance.

Moyen Age 35/66

Page 36: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

ANNEXES

Moyen Age 36/66

Page 37: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

L’AVENTURE DES CROISADES

1095 – 1270

Deux siècles d’épopées et d’affrontements Chrétienté contre Islam.

Rappel des faits :L’empereur Constantin le Grand (270-337) qui a fait du christianisme la religion officielle de l’empire romain, a fait édifier sur l’emplacement du tombeau du Christ, « l’Eglise de la Résurrection ». Les visiteurs affluent de toute part, et les Arabes ne s’en offusquent pas encore, car ils font d’appréciables bénéfices sur diverses taxes de ces pèlerinages.A partir de 622, Mahomet entame ses conquêtes mais l’invasion musulmane n’interrompt pas la venue des pèlerins. Par la suite, cette affluence de pèlerins finit pas susciter des craintes, les autochtones craignent qu’elle ne dégénère en invasion, et jugent bon d’en freiner le cours. Chrétiens d’Orient et d’Occident vont subir progressivement toutes sortes d’offenses, de vexations, de violences, et le prix pour entrer à Jérusalem devient exorbitant !

Puis, en 1076, les turcs ont :- enlevé Jérusalem aux tribus fatimides d’Egypte,- enlevé la puissante cité Antioche à l’empereur grec de Constantinople, Alexis

Comnène,- annexé la Haute-Syrie, - envahi la quasi totalité de l’Asie mineure.

Depuis cette domination turque, la situation ne s’est pas améliorée, et la chrétienté tout entière est indignée. Les pèlerins rapportent de leur épopée qu’aucune protection ne garantit leur bourse ni leur vie, que le Saint Sépulcre lui-même est devenu l’objet d’outrages révoltants. La délivrance et la garde des Lieux Saints deviennent alors une priorité dans toute l’Europe.

Menacé jusque dans sa capitale, Alexis Comnène, qui règne sur des débris de ce que fut l’Empire romain d’Orient, se tourne alors vers ses frères Chrétiens d’Occident pour implorer leur assistance.

Désormais, pendant deux siècles, les soldats du Christ et de Mahomet vont s’affronter sur fond de politique, d’intérêts particuliers, de vengeance et de dévotion. La présence européenne finira par s’incliner militairement devant un ennemi toujours supérieur en nombre.

Parmi les pèlerins, les plus éclairés ont rapporté des éléments fondamentaux de connaissances jusqu’alors inconnues chez les européens. Ils transmettent ainsi les lumières d’une science traditionnelle qui va vivifier l’Occident pendant tout le Moyen Age.

Moyen Age 37/66

Page 38: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

LA 1ère CROISADE1096 - 1099

C’est au concile de Clermont (27.11.1095), sous le pape Urbain II, que la décision de s’armer contre l’Orient est ratifiée. Les outrages au Saint Tombeau, les appels d’Alexis Comnène, la supplique des pèlerins, la menace des conquêtes turques, y ont contribué.

Ils seront un million à attacher sur leur poitrine la croix de drap rouge, signe de leur engagement. Certes, la tradition chrétienne primitive interdit les recours aux armes en quelque situation que ce soit. C’est sous Saint Augustin qu’apparaît l’idée de guerre contre les hérétiques que les armes spirituelles ne peuvent pas convaincre. Elle va s’appliquer indistinctement à tous les ennemis de la foi.

A tous ceux qui prendront la croix :- tous les pêchés seront absous,- leurs familles et leurs biens bénéficieront de la protection de l’Eglise, - ils seront exempts d’impôts, - ils seront à l’abri de toute poursuite pendant leur absence.

Toutefois, un clerc ne peut partir sans l’approbation de son supérieur, une fidèle sans le conseil d’un prêtre, un jeune marié sans le consentement de son épouse. Une fois prononcé, le voeu est irrémissible !

Le désir de libérer la Terre Sainte devient une passion universelle. Tous les peuples reçoivent la même impulsion : le sauvage Ecossais aux jambes nues, Comtes, chevaliers... Ceux qui prennent la Croix se hâtent de vendre leurs biens à bas prix comme s’il s’agissait de racheter leur liberté ou leur vie...

Dés le début, il y a deux mouvements bien distincts :

- les nobles, animés d’une soif ardente de gloire, de combats et d’aventures lointaines,

- les manants, qui ne peuvent qu’espérer une existence différente en quittant leur condition misérable dans la société féodale.

En revanche, tous nourrissent une grande dévotion pour la terre qu’à foulée le Christ et souhaitent évincer les infidèles (=les musulmans). Les nobles (princes, chevaliers, capitaines) vendant ou engageant leurs fiefs pour mettre leurs armées sur pied, préparent sans hâte leur itinéraire, agissant avec prudence, en hommes de métier.Les manants, s’attroupent sans ordre dans les campagnes, peu armés, sans formation militaire, mal encadrés, mais impatients de marcher contre les infidèles.

LA CROISADE POPULAIRE

Moyen Age 38/66

Page 39: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

Des bandes populaires, sans aucune structure, sont les premières à s’ébranler. Des familles entières se mettent en route derrière Pierre L’Ermite qui se charge du commandement. Comme ces armées risquent par leur nombre d’affamer les pays qu’elles doivent traverser, il a été décidé qu’elles ne partiront pas en même temps, et suivront des routes différentes pour se rejoindre à Constantinople. De là, elles passeront le Bosphore, et descendront la Syrie jusqu’à Jérusalem.

Sous prétexte de venger le meurtre de Jésus, dont ils vont reconquérir le tombeau, ils massacrent les juifs partout où ils les rencontrent. La violence amène la violence: avec les juifs on tue aussi des chrétiens, on pille pour se procurer des vivres. En Hongrie et en Bulgarie les désordres sont tels que la population s’arme et rejette les Croisés sur la Thrace, après en avoir tué beaucoup. De 100.000 au départ, il ne reste que 30.000 pèlerins devant Constantinople, après 4 mois de marche et de misères. Leur route, depuis le Rhin, est parsemée de cadavres.A Constantinople l’empereur Alexis Comnène, peu rassuré par ce secours qui lui arrive dans sa lutte contre les musulmans, s’empresse d’en faciliter l’écoulement vers l’Asie. Pour franchir le détroit du Bosphore, il met à la disposition de ces premiers Croisés tous les vaisseaux de sa flotte afin qu’ils attendent de l’autre côté les corps d’armée des nobles. Impatients de combattre et de piller, les croisés décident cependant d’attaquer sans délai la ville de Nicée (= Iznick)) située à 2 ou 3 jours de marche.Malheureusement, les turcs avertis de leurs intentions, se précipitent à leur rencontre et c’est un grand carnage. 20.000 trouvent la mort. Pierre L’Ermite regagne rapidement Constantinople et y attend l’armée régulière. On est en 1096, fin de cette croisade populaire...

LA CROISADE DES NOBLES

100.000 chevaliers et 600.000 fantassins. Chaque chevalier emmène avec lui entre 5 et 10 servants, choisis parmi l’élite. Il y a aussi des lanciers, des archers, des albalètriers, plus ceux qui manipulent les machines de guerre avec leurs auxiliaires. Tous sans exception sont hommes de guerre et prennent différentes routes sous différents chefs.Les Français du nord et les Lorrains passent par l’Allemagne et la Hongrie, avec à leur tête Godefroy, duc de Bouillon et de Basse Lorraine, descendant de Charlemagne par les femmes, né en 1058 dans le Brabant. Il a engagé et vendu la plupart de ses terres, sa principauté de Stenay et son duché de Bouillon afin de couvrir les frais d’expédition. Ses frères l’accompagnent, ses cousins et beaucoup d’autres comme le comte Hugues de Vermandois, frère du roi de France Philippe 1er, Robert Courte-Heuse, duc de Normandie, fils aîné de Guillaume le Conquérant...Les Français du midi suivent Raymond IV de Saint Gilles, comte de Toulouse, accompagné de son épouse Elvire de Castille. Il laisse l’administration de ses Etats à son fils Bertrand pour prendre le commandement d’une armée d’aquitains et de provençaux. Après avoir franchi l’Adriatique, la Grèce et la Macédoine, cinq armées se retrouvent devant Constantinople. Elles regroupent des Lorrains, des Flamands, des Provençaux, des Français et des Normands.

Moyen Age 39/66

Page 40: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

Ils veulent venger le désastre des bandes de Pierre l’Ermite à Nicée et décident de faire le siège de Nicée. Il durera un mois et demi. En vain, car les grecs reprennent leur ancienne possession. Ils quittent alors Nicée en 1097 pour se rendre à Jérusalem. Ils se séparent en deux corps : un par l’intérieur des terres, l’autre longe les côtes.

Pour traverser l’Asie mineure, les deux armées traversent des lieux solitaires et arides. Les Croisés souffrent. Des petits escadrons turcs tournent sans cesse autour d’eux, enlèvent les retardataires et les malades, empêchant qu’on s’écarte pour aller chercher des vivres, du fourrage ou de l’eau. La deuxième armée, après trois jours de marche, rencontre à Dorylée une troupe de cavaliers turcs, menée par le sultan Qilidj-Arslâm. Un messager est envoyé à Godefroy de Bouillon qui arrive quand déjà un grand nombre de têtes sont coupées par les turcs et l’armée sur le point d’être écrasée. Qilidj-Arslâm et sa troupe s’enfuient en voyant Godefroy et abandonne sur place le trésor royal qu’il ne quittait jamais. Si Godefroy, chevalier de la foi, est irréprochable, les autres princes et barons, eux, montrent à chaque instant leur faiblesse d’homme et leur soif de conquête.Après la bataille de Dorylée, la marche reprend vers la puissante cité fortifiée d’Antioche, clef de la Syrie, passage obligé vers la Palestine. Les Croisés ne sont plus que 300.000 lorsqu’ils arrivent devant les murs d’enceinte (10 km) d’Antioche. Là, les pèlerins devront faire face à 8 mois de siège, aux froidures de l’hiver, aux fièvres, à la peste, à la famine. Las de nombreuses privations endurées depuis leur départ, les pèlerins ont la foi qui chancelle et se livrent à la débauche. Raymond d’Aiguilhers ou d’Agiles, chapelain du comte de Toulouse et chroniqueur de la croisade, relate le siège d’Antioche, la campagne de Judée et la prise de Jérusalem. Beaucoup de Croisés désespérant de ne jamais arriver à Jérusalem ont quitté l’armée pour retourner en Europe. Le 13 janvier 1099, les Croisés (50.000 hommes) repartent ne laissant qu’une faible garnison dans la cité d’Antioche. Ils longent la Méditerranée afin de rester en communication avec les Gênois et les Pisans qui leur fournissent des vivres. On approche du but !

LA BATAILLE DE JERUSALEM

Les navires pisans et génois amènent sur les rivages syriens, outre les vivres, des hommes d’armes et des machines de guerre. Le 7 juin 1099, du mont Carmel, les Croisés aperçoivent Jérusalem. Ils tombent à genoux, embrassent la Terre Sainte et crient “Jérusalem ! Dieu le veut !” La ferveur et la joie emplissent les coeurs.Le 15 juillet 1099, les Croisés investissent la ville de Jérusalem et c’est une véritable boucherie : pendant deux jours, les rues se transforment en abattoir. Vieillards, femmes, enfants, religieux sont massacrés. Massacres également dans la mosquée (70.000 hommes). Les juifs sont rassemblés dans leur synagogue puis brûlés vifs. Les monuments des saints et le tombeau d’Abraham sont détruits. Pendant une semaine les musulmans sont massacrés. Le combat terminé, les Croisés déposent leurs armes, changent de vêtements, purifient leurs mains sanglantes, et pieds nus, chantent des hymnes et des cantiques sacrés, vont visiter les Lieux saints avec une dévotion ardente. Godefroy de Bouillon est nommé souverain de Jérusalem (il meurt en 1100). Pierre l’Ermite retourne en France et se retire dans le monastère qu’il a fondé. Il ne restera que 300 chevaliers auprès de Godefroy.

Moyen Age 40/66

Page 41: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

Mais l’Europe est refroidie quand elle voit revenir si peu de monde d’une expédition aussi gigantesque et 50 ans s’écouleront avant qu’une autre croisade soit entreprise pour soutenir les chrétiens de Palestine. (Le Tasse relate l’épopée de Godefroy de Bouillon dont il est le héros dans sa “Jérusalem délivrée”).

La croisade a permis la délivrance des Lieux Saints, mais aussi de mettre un terme au fléau des guerres privées. L’Occident débarrassé, le temps d’une croisade, de ses féodaux va-t-en-guerre, va voir monter deux puissances nouvelles : la royauté et les communes. Les routes du commerce vers l’Orient s’ouvrent, l’industrie se réveille pour fournir des armes, harnais, vêtements... les artisans comme les marchands vont se multiplier et devenir ces bourgeois qui s’opposeront aux nobles le moment venu...

LA 2ème CROISADE1147 – 1149

Comme son père Louis VI avait affermi son pouvoir sur les seigneurs partis en première croisade et qui se sont ruinés pour aller à Jérusalem et souvent n’en sont pas revenus, on déconseille à Louis VII, pieux, de prendre la Croix. Aucun roi n’a pris part à la 1ère croisade. Cette fois, Conrad III, empereur d’Allemagne, veut partir, Louis VII s’engage aussi.Bernard de Clairvaux, fondateur de l’abbaye de Clairvaux (ordre cistercien) conseiller du pape Eugène III, est chargé par ce dernier de prêcher un nouveau départ en Palestine. Il obtient l’adhésion massive des barons et celle de Louis de France avec son épouse Aliénor d’Aquitaine. Suger, l’abbé de Saint-Denis et administrateur du royaume, tente de s’y opposer en vain.L’armée allemande arrive la première à Constantinople. Les grecs les attendent : ils égorgent les retardataires, mettent de la chaux à la farine vendue, Manuel Comnène (petit-fils d’Alexis) crée une fausse monnaie qu’on donne aux pèlerins quand ils ont quelque chose à vendre, et qu’on leur refuse quand ils ont quelque chose à acheter. Ils doivent faire face à la famine, aux attaques surprises des turcs, la soif et la fatigue : c’est un désastre général. Un petit nombre de rescapés se replie sur Nicée et rejoint l’armée française qui s’avance en bon ordre vers Antioche où est installé Raymond de Poitiers, oncle de la reine Aliénor. Arrivés à Satalie (= Antalya) impossible d’aller plus loin. Les chrétiens campent sous les murs de la ville, exposés aux intempéries et aux attaques des musulmans. Le roi Louis VII et ses barons montent sur des vaisseaux prêtés par le gouverneur grec en abandonnant les pèlerins à qui le gouverneur a promis de les faire conduire par voie de terre. Promesse non tenue : ils meurent de faim ou sous les flèches des turcs. Certains accusant le Christ de les avoir trompés, se convertissent à l’Islam.

Lorsque Louis VII arrive à Antioche, il est somptueusement reçu par l’oncle d’Aliénor qui séduit la reine pour qu’elle intervienne auprès du roi en sa faveur : il revendique les droits de Constantinople sur Antioche et veut reconquérir certaines provinces qu’il a perdues le long de l’Oronte. Le roi devient jaloux, d’autant plus que la reine fait de somptueux cadeaux à un jeune turc. La reine dit son intention de se séparer du roi. Ce dernier la fait enlever de force et ils quittent secrètement la ville de nuit suivis des barons et de l’armée en direction de Jérusalem.

Quelques années plus tard, en 1152, le divorce va être prononcé. Aliénor se remariera avec Henri Plantagenêt futur roi d’Angleterre, et fera de l’Aquitaine une

Moyen Age 41/66

Page 42: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

province anglaise, et du même coup, sera la base d’interminables rivalités de la guerre de Cent Ans.

Arrivés à Damas, on décide de prendre la ville, perle de l’Orient, ville sainte de l’Islam. Mais les princes chrétiens se disputent la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Le choix du comte de Flandre comme prince de Damas est contesté par les autres barons. Comme la cause d’un seul homme est moins motivante, on se bat avec beaucoup moins de zèle, ce qui laisse le temps aux musulmans d’arriver et aux barons de Jérusalem, accusés de trahison par les barons croisés, de négocier avec les assiégés. Devant le danger que représentent les fils de Zengui dont le redoutable Nur al-Dîn, il faut lever le siège (4 jours, du 24 au 28 juillet 1148) et rentrer à Jérusalem.Le roi Louis de France et l’empereur Conrad d’Allemagne regagnent l’Europe, indignés et déçus. Ils se sont ridiculisés aux yeux des musulmans qui les ont vus rebrousser chemin sans livrer bataille. Ils repartent plein de ressentiment, laissant derrière eux l’espoir déçu des uns, la méfiance des autres et une noire amertume dans le coeur de leurs propres troupes.

La 1ère croisade a au moins atteint son but : délivrer Jérusalem ! La 2ème croisade, simple pèlerinage princier, sans aucun résultat positif, a inutilement répandu le sang chrétien. La Palestine se trouve affaiblie, le prestige des guerriers diminué, l’Islam renforcé et les Croisés ne rapportent que la honte ou comme Louis VII qui ne voyage pas dans le même bateau que sa femme Aliénor, le déshonneur.Après leur départ, Salah al-Dîn, Saladin pour les Occidentaux, sultan de Damas et du Caire, reprend 50 villes ou places fortes, dont Jérusalem.

LA 3ème CROISADE1189 – 1191

A la nouvelle perte de Jérusalem, la consternation est vive en Occident. En 1188, le roi d’Angleterre Henri II (qui mourra en 1189) et le roi de France Philippe Auguste décident de se croiser, ainsi que Richard Coeur de Lion, fils d’Henri II, le comte de Flandres, les ducs de Bourgogne, de Blois, et bien d’autres barons, chevaliers, évêques de France et d’Angleterre. Un impôt est créé pour couvrir les frais de l’expédition, la dîme saladine (=dixième partie de leur mobilier et de leurs revenus). Elle est due par ceux qui renoncent à partir. Seuls sont exemptés les couvents de Cîteaux, des Chartreux et de Fontevrault. Les autres religieux ne peuvent y échapper, mais sont récalcitrants et invoquent “ceux qui vont combattre pour l’Eglise ne doivent pas commencer par la piller !”.

Jusque là, les premiers capétiens vivaient en bons propriétaires du revenu de leurs domaines. Lorsqu’ils partaient, leurs vassaux venaient auprès d’eux faire le service de leur fief, conformément à leur serment. Sous Philippe Auguste, cela revient cher de mettre une armée sur pied parceque les vassaux n’accordent plus leurs services aussi facilement. Il faut alors louer des mercenaires qui vendent fort cher leur courage. Les bandes armées ou “compagnies” qui en temps de paix désolent le territoire vont constituer un fléau qui ne disparaîtra qu’à la fin de la guerre de Cent Ans.

Moyen Age 42/66

Page 43: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

En 1190, le roi Philippe II Auguste fait son testament et confie le gouvernement du royaume à sa mère et ses oncles de Champagne, en fixant soigneusement les limites de leurs pouvoirs et en organisant l’administration afin qu’elle puisse fonctionner en son absence.Les rois de France et d’Angleterre, Richard Coeur de Lion, veillent à la bonne conduite de leurs armées, ordonnant une stricte discipline afin d’éviter les débordements des expéditions précédentes. Il n’y aura plus de non-combattants qui gênaient l’avance des soldats. Ces princes partent en 1191 pour la Palestine. L’un embarque à Marseille, l’autre à Gênes. L’empereur germanique Frédéric de Hohenstaufen, dit “Barberousse”, prend aussi la Croix. Il avait participé à la 2ème

croisade aux côtés de Conrad III, et il impose également un règlement sévère pour éviter les désordres des foules en marche. Il part avec ses plus illustres lieutenants, dont Frédéric de Souabe, en 1189.Ils arrivent devant Constantinople, et la guerre éclate. Les allemands sont vainqueurs. Barberousse s’avance en Asie mineure. Devant Iconium, ils livrent bataille. Barberousse est à nouveau vainqueur. Il continue sa route et à cause de la chaleur se baigne dans une rivière et meurt d’hydrocution le 10 juin 1990 à 70 ans. C’est un vrai désastre dans les armées allemandes. Frédéric de Souabe ne parvient pas à maintenir l’ordre et les armées se fractionnent : une partie retourne en Europe, l’autre est capturée par Saladin. Les 1000 à 2000 hommes restant se rallient à Frédéric de Souabe près de Saint Jean d’Acre.

Des barons français arrivent avec Philippe Auguste près de Saint Jean d’Acre, auprès de Guy de Lusignan, avec des génois, des pisans, des danois et des norvégiens. Les Croisés veulent reprendre Saint Jean d’Acre. Richard Coeur de Lion épouse Bérangère de Navarre dans sa terre nouvellement conquise, Chypre.Le 12 juillet 1191, après un siège de 3 ans, la ville tombe aux mains des Croisés qui recherche un port pour débarquer en Terre Sainte puisque les armées maintenant arrivent par mer et donc contourne Constantinople. 102.000 chrétiens vont périr dans le siège de St Jean d’Acre qui va se révéler inutile. Richard Coeur de Lion, orgueilleux, blesse ses alliés et se conduit alors en Maître de la croisade. Philippe Auguste, excédé, malade, décide de quitter la Palestine. De retour en son royaume, il intrigue avec Jean sans Terre, le frère cadet de Richard, dont il exploite l’irréflexion et la jalousie, et s’empare des possessions françaises des Plantagenêts, et envahit la Normandie en 1193.En décembre 1191 puis en juin 1192, ils approchent des lieux saints que Saladin a rendu déserts pour éviter toute tentative d’assaut ou de siège. Richard et Saladin négocient des accords : une trêve de 3 ans, 3 mois et 3 jours, Jérusalem sera ouverte aux pèlerins.. Le duc de Bourgogne considère ces accords comme une désertion et une trahison. Lui aussi en a assez des combats. Il mourra quelques jours plus tard.

Richard embarque le 9 oct 1192 à Saint Jean d’Acre et fait naufrage près des côtes d’Italie. Il veut éviter de traverser la France : Philippe Auguste se serait emparé de lui ! Il emprunte donc les routes d’Allemagne, dissimulé sous les vêtements d’un simple pèlerin. Mais il est reconnu par les soldats du duc Léopold d’Autriche, arrêté et jeté en prison.

Moyen Age 43/66

Page 44: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

Il le garde un an avant de le livrer à l’empereur d’Allemagne, Henri VI, qui le garde en prison (avec un apport financier de Philippe Auguste) et le libère en 1194 après paiement d’une forte rançon rassemblée par sa mère Aliénor d’Aquitaine, qui a mis à contribution le peuple anglais, les riches comme les pauvres ! Il entre en guerre avec Philippe II Auguste pour tenter de reprendre ses terres. Il meurt en 1199 d’une flèche alors qu’il assiégeait le château de Chalus dans le Limousin. Son frère Jean sans Terre lui succède.

La 3ème croisade a ruiné l’Angleterre, sans parler de l’immense rançon exigée par Henri VI d’Allemagne pour libérer leur souverain qui laisse dans leur mémoire le souvenir de ses exploits. Quant à Philippe Auguste, elle a permis d’affaiblir ses grands vassaux et de rattacher la Normandie à la France.Saladin meurt en 1193 et son vaste empire est laissé à ses 17 enfants qui s’en disputent les territoires. Mais le frère du sultan, Malik al-Adil, bon administrateur, tolérant, complaisant envers les Occidentaux, adopte une politique de coexistence pacifique. Avec lui, le monde arabe va connaître enfin une ère de paix et de prospérité : il établit avec les Croisés des échanges commerciaux, et permet l’installation en Egypte de marchands italiens.

LA 4ème CROISADE1202 – 1204 La prise de Constantinople.

Cette croisade a été relatée par Geoffroy de Villehardouin, sénéchal de Champagne, sur la demande de Jeanne de Navarre.Ils embarquent en 1203 et traversent la Méditerranée grâce à la puissante marine de Venise. Arrivée à Constantinople début 1204. Après d’innombrables conflits et querelles, ils investissent Constantinople. L’assaut se fait par la mer le 12 avril 1204. Les vainqueurs reçoivent l’ordre d’épargner la vie des habitants mais le pillage ne peut être évité. Geoffroy de Villehardouin écrit :”il y fut si grand gain que nul ne saurait dire le nombre d’or, d’argent, de vaisselle, de pierres précieuses, de draps de soie, d’hermines...Et bien que le monde fut racheté, jamais il n’y eut en une cité autant de gagné”. Pendant une semaine, Constantinople est une orgie monstrueuse. Le comte Baudoin de Flandre reçoit le gouvernement de Constantinople et ses territoires. Cependant en 1205, une révolte générale grecque se prépare et Baudoin est capturé le 14 avril 1205 puis décapité.Rien n’a été tenté lors de cette croisade pour délivrer Jérusalem. Seule Venise a su tirer parti de l’expédition en accroissant son commerce avec l’Orient et établir ses comptoirs dans de nombreuses îles grecques. Les français finiront par abandonner leur conquête.

LA 5ème CROISADE1219

L’Eglise aux prises avec l’hérésie cathare a déclenché la croisade contre les albigeois ! D’autre part, une bonne partie de la chevalerie chrétienne a été envoyée outre-Pyrénées pour lutter contre les maures (les sarrasins d’Espagne). A cette époque surgit la “Croisade des Enfants”, en 1212. C’est une migration rassemblant 90.000 enfants venus d’Allemagne et de France. Beaucoup périssent de faim et de fatigue. Quelques milliers arrivent à Marseille où ils sont entassés sur des navires.

Moyen Age 44/66

Page 45: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

Certains feront naufrage, les autres seront conduits chez les musulmans et vendus comme esclaves.

Philippe Auguste donne à Jean de Brienne le titre de roi de Jérusalem, et il part en 1210 avec quelques centaines de chevaliers et arrive à Saint Jean d’Acre. Son faible royaume est attaqué de toutes parts. En 1218, débute une campagne d’Egypte menée par Pelage avec des Croisés venant de Frise et du Rhin dans le but de prendre la ville de Damiette. La ville est conquise et n’est plus qu’un vaste cimetière : de 70.000 habitants, il n’en reste que 3.000. Les Croisés y restent 3 mois, puis en juillet 1221 marchent sur le Caire, sur ordre de Pelage. Mais avant d’arriver à Damiette, les musulmans détruisent les digues du Nil, les eaux du fleuve se répandent partout et la flotte de Pelage est enlisée dans un océan de boue. Les envahisseurs battent en retraite. Fin de la 5ème croisade.

LA 6ème CROISADE1229

L’empereur d’Allemagne Frédéric II (1194-1250) épouse Yolande, fille et héritière de Jean de Brienne, roi de Jérusalem en 1225. La France est en guerre contre les Albigeois contre lesquels elle a organisé une croisade, et Louis VIII est en prise avec le roi Henri III d’Angleterre.Frédéric II a hérité de la Sicile par sa mère et est élu roi des romains. Il tergiverse pour partir car il craint pour ses titres, les italiens supportant mal d’être sous la tutelle de l’empereur d’Allemagne et redoute les intrigues en son absence. Il ne partira pas cette fois-ci et sera excommunié par le pape. Il faut savoir que Frédéric II admire la civilisation musulmane, parle leur langue, connaît les mathématiques, l’astronomie, les sciences naturelles... Il se montre très tolérant en matière de culte et spécialement l’Islam dont il a adopté les moeurs : il a un harem ! Des liens amicaux se créent avec le sultan du Caire, Al-Kamel.

Frédéric II marche à la tête de mercenaires arabes sur Rome d’où il chasse le pape en 1227. L’année suivante, il réorganise son départ et fait voile vers l’Orient avec 3000 hommes. C’est un politique et non un guerrier qui part. Devant Jérusalem, Al-Kamel et Frédéric II conviennent d’un faux siège pour trouver un accord et signe le traité de Jaffa le 13 février 1229. Frédéric restera 2 jours dans les lieux saints. Il s’y couronne lui-même sans cérémonie religieuse, assisté de ses troupes et des chevaliers de l’Ordre Teutonique dont il va faire sa garde personnelle. Les latins d’Orient ne reconnaîtront pas le roi de Jérusalem. Il regagne rapidement l’Europe après avoir renforcé l’ordre des Chevaliers Teutoniques qu’il va enrichir et auxquels lui et ses successeurs vont offrir la Prusse à conquérir sous prétexte d’évangélisation. Frédéric II est excommunié à nouveau par le pape et le combattra, lui et ses successeurs. Il exile le pape Innocent IV en France. Il mourra en 1250 (empoisonné par son fils naturel). Ses 2 fils légitimes, Conrad et Manfred continueront sa lutte contre le pouvoir de la papauté, fidèles à son exemple.

LA 7ème CROISADE

Moyen Age 45/66

Page 46: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

1248 – 1250

Les Francs sont chassés de Jérusalem en 1244 par les hordes de Gengis Kahn, chef des mongols. Baudoin II en informe le saint siège. Le pape Célestin IV convoque un concile oecuménique à Lyon en juin 1245. La croisade y est prêchée. Louis IX (Saint Louis) décide de prendre la tête de la 7ème croisade pour la reconquête de la ville sainte. Sa mère et ses conseillers essaient de l’en dissuader, mais Louis IX s’obstine. Le roi, son épouse la reine Marguerite, ses trois frères, Robert d’Artois et les ducs d’Anjou et de Poitiers, ainsi que des chevaliers et leurs épouses, avec le sire de Joinville, futur chroniqueur et ami de Louis, qui vend tous ses biens pour l’accompagner.Le 28 août 1248, la flotte royale embarque au port d’Aigues-Mortes qu’il vient d’acheter. Ils arrivent un mois plus tard à Chypre. Là, il reçoit la visite des envoyés du Khan des Mongols, ennemis des musulmans, qui lui offre son aide. Ils ne se comprennent pas.En 1249, 1.800 vaisseaux chrétiens font voile vers l’Egypte. En juin, ils débarquent à Damiette et prennent la ville. Saint Louis retourne à Saint Jean d’Acre et en fait sa demeure. Il restera trois ans en Palestine, répare et fortifie les places maritimes toujours tenues par les Croisés. Pendant son absence, la reine Blanche meurt en décembre 1252. Il pense alors à son retour et n’embarque qu’au printemps 1254. Après le départ de Louis IX, il n’y a plus de Francs que dans quelques villes. En 1260, les peuples musulmans entreprennent la reconquête sur les chrétiens et sur les Mongols. Ils égorgent, tuent, pillent les villes des chrétiens, exécutent les Templiers. De toutes parts, l’empire chrétien s’effondre et le grec Michel III vient de reprendre Constantinople aux barons latins. En 1268 : chute d’Antioche.

LA 8ème CROISADE1270 L’aventure de Tunis.

Peu après la chute d’Antioche, Louis IX veut à nouveau se croiser. Ses barons, ses fils, par affection pour le roi et par respect pour ses volontés le suivent. Le fidèle de Joinville refuse cette fois de partir. Les seigneurs qui l’accompagnent n’ont pas assez d’enthousiasme pour vendre leurs terres et se ruiner. Louis IX leur promet de pourvoir aux dépenses du voyage et leur assure une solde. Le 1er juillet 1270, Saint Louis embarque d’Aigues-Mortes, non pas pour la Palestine mais pour Tunis, comme lui a conseillé son frère, car Tunis serait le réservoir de la cavalerie égyptienne ! Ils accostent à Carthage à la mi-juillet et doivent affronter la canicule, une épidémie de peste. L’armée est rapidement décimée et le roi lui-même succombe le 25 août 1270. Son fils Philippe III le Hardi lui succède et rentre en France avec les Croisés. Louis IX sera canonisé en 1297 sous le règne de son petit-fils Philippe Le Bel.Les turcs reprennent Constantinople en 1453.

Fin des croisades, fin du Moyen-Age !

Moyen Age 46/66

Page 47: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

Voici un extrait de l’épilogue du livre de Amin MAALOUF intitulé « Les croisades vues par les Arabes  - La barbarie franque en Terre sainte ». Ed. J’AI LU.

« … pour l’Europe occidentale l’époque des croisades état l’amorce d’une véritable révolution, à la fois économique et culturelle. En Orient, ces guerres saintes allaient déboucher sur de longs siècles de décadence et d’obscurantisme. Le progrès c’est désormais l’autre, le modernisme c’est l’autre. Fallait-il s’engager résolument sur la voie de la modernisation en prenant le risque de perdre son identité ? Ni l’Iran, ni la Turquie, ni le monde arabe n’ont réussi à résoudre ce dilemme ; et c’est pourquoi aujourd’hui encore on continue d’assister à une alternance souvent brutale entre des phases d’occidentalisation forcée et des phases d’intégrisme outrancier, fortement xénophobe.

Le monde arabe a connu les croisés barbares qu’il a vaincus mais qui, depuis, ont réussi à dominer la Terre. Le monde arabe ne peut se résoudre à considérer les croisades comme un simple épisode d’un passé révolu. On est souvent surpris de découvrir à quel point l’attitude des Arabes, et des musulmans en général, à l’égard de l’Occident, reste influencée, aujourd’hui encore, par des évènements qui sont censés avoir trouvé leur terme il y a sept siècles.

Dans un monde musulman perpétuellement agressé, on ne peut empêché l’émergence d’un sentiment de persécution. Il est clair que l’Orient arabe voit toujours dans l’Occident un ennemi naturel. Contre lui, tout acte hostile, qu’il soit politique, militaire ou pétrolier, n’est que revanche légitime. Et l’on ne peut douter que la cassure entre ces deux mondes date des croisades, ressenties par les Arabes, aujourd’hui encore comme un viol !

Moyen Age 47/66

Page 48: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

LA GUERRE DE CENT ANS1337 - 1475

D’abord quelques mots sur la formation du peuple anglais qui nous amènera naturellement à la Guerre de Cent ans…

Formation du peuple anglais

Dés le IVème siècle, une peuplade venue de Saxe, en Germanie, les Saxons, envahissent la « Britannia » ainsi appelé par les Romains. Puis au VIIIème siècle, ce sont les Angles venus du Nord ! Depuis, on l’appelle « Angleterre » (= la terre des Angles, le pays des Angles). Si l’élément anglo-saxon est prédominant dans le peuple anglais, il n’est pas la plus ancienne, car depuis la préhistoire, des vagues d'envahisseurs se succèdent les unes après les autres et c'est un vaste brassage ethnique.Sous le règne du romain Claude (41-54) la conquête de l'île se fait rapidement, les roitelets celtes conservant dans les négociations leurs titres et une apparence de pouvoir, et l’île fut baptisée "Britannia".En 122, l'empereur Adrien fait construire le gigantesque mur de 120 km (à l’emplacement de la frontière écossaise actuelle), version britannique du "Limes". La romanisation se fait comme toujours par l'incorporation de la Bretagne dans les institutions politiques et administratives de l'Empire, par la mise en place d'un double réseau routier et urbain, et par l'intégration de l'île dans les circuits commerciaux du monde romain. Au IVème siècle c’est le christianisme qui constitue un autre facteur de romanisation.Le milieu du IVème siècle voit le début des incursions saxonnes, avec en même temps les Scots d'Hibernie (Irlande) et les Pictes (de Calédonie) qui franchissent le mur d'Adrien en 367 puis en 383. Divisée en 5 provinces, la Bretagne craque de toute part et en 410 les derniers légionnaires romains quittent le sol breton (=anglais).Les Angles et les Saxons s'installent et ravagent le pays. Les Bretons appellent des mercenaires pour les aider à lutter contre les Scotts et les Pictes. Ensuite, il a fallut leur résister : grande victoire au Mont Badon. La légende veut que le roi Arthur, champion de la lutte contre les Saxons, gagne cette bataille. Mais toute la Bretagne passe sous la domination des envahisseurs, sauf le pays de Galles qui a préservé la culture gaélique. Ils divisent la Bretagne en 7 royaumes (Kent, Wessex, Essex, Sussex, Mercie, East Anglie et Northumbrie). Vers 596-597, les Anglo-Saxons se convertissent au christianisme. Puis, les invasions danoises commencent vers la fin du VIIIème siècle et dureront jusqu'à la mi XIème siècle.Ensuite, la menace des Vikings devenant constante, il faut unifier les différents royaumes Saxons et instaurer des divisions administratives plus faciles à contrôler, et à partir du Xème siècle, on parle de "roi de toute l'Angleterre".

La crainte des Danois et des Vikings ont poussé les souverains à multiplier les fondations pour constituer un réseau de places fortifiées (tous les 30 km). La fin des incursions Vikings se situe en 1066 à la bataille d'Hastings. Le roi d'Angleterre Edouard (1042-1066) est mort sans héritier, la couronne est revendiquée par le

Moyen Age 48/66

Page 49: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

norvégien Harold Hardraada, le comte Saxon Harold de Wessex et le duc de Normandie Guillaume le conquérant, ascendant Viking et cousin au 2ème degré du roi Edouard. Les Norvégiens sont battus par les Saxons. Puis le duc de Normandie Guillaume le Conquérant affronte le roi saxe Harold à Hastings et le tue d'une flèche dans l'oeil : cette victoire des normands est brodée sur la fameuse tapisserie de Bayeux brodée par la reine Mathilde, épouse de Guillaume. Guillaume est couronné roi d'Angleterre dans l' Abbaye de Westminster le jour de Noël : c'est la fin de l'Angleterre saxonne !

LA DYNASTIE ANGLO-NORMANDE (1066 - 1154)

Les nobles Saxons sont expropriés et leurs terres données aux chevaliers normands qui ont accompagné Guillaume. Ils constituent la nouvelle aristocratie ! Eglises et cathédrales romanes remplacent les édifices saxons, les sièges épiscopaux et les bénéfices religieux sont données aux Normands, méprisant la population autochtone, ses croyances et ses saints. L'Angleterre devient un pays où cohabitent, plus que ne se mêlent, deux populations distinctes et sourdement hostiles : la masse des Saxons (1,5 à 2 Millions) et les Normands, à peine 10.000.Guillaume le Conquérant meurt en 1087. Ses successeurs Guillaume II le Rouge (1087-1100), Henri 1er (1100-1135) ont du mal à préserver l'union de la Normandie et de l'Angleterre. A la mort d'Henri 1er en 1135, sa fille Mathilde (veuve de l'empereur allemand Henri V) doit disputer la couronne à Etienne de Blois, neveu du roi défunt. S'ensuit une guerre civile jusqu'en 1152 à la faveur d'un compromis, la couronne reviendrait au fils de Mathilde et de son second mari, le comte d'Anjou Geoffroy Plantagénêt. Deux ans plus tard, Henri Plantagénêt devient roi sous le nom de Henri II Plantagénêt, avec qui débutera la dynastie anglo-angevine.

Moyen Age 49/66

Page 50: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

LA DYNASTIE ANGLO-ANGEVINE (1154 - 1399)

En moins de dix ans, Henri II Plantagénêt (1154-1189) devient l'homme le plus puissant de la chrétienté. Fils de Geoffroy Comte d'Anjou et de l'Impératrice Mathilde, son père lui cède en 1149 le duché de Normandie. A sa mort l'année suivante, il hérite du Maine, de la Touraine et de l'Anjou. En 1152, il épouse Aliénor d'Aquitaine, divorcée du roi de France Louis VII, et apporte ses principautés du quart Ouest de la France : Poitou, Aquitaine, Gascogne, Auvergne. De plus, son accession au trône d'Angleterre étend ses possessions outre-Manche. Il a reçu l'Angleterre par sa mère, mais était avant tout un prince français né dans le royaume de France, parlant le français et consacrant beaucoup de son temps à ses provinces françaises (21 ans sur 34 de règne).C'est au XII - XIII siècle qu'un droit unique et centralisé s'affirme définitivement sur les coutumes locales : c'est la "Loi Commune" (the Common Law).

Lors de la dynastie des Plantagénêts, le roi de France Louis VII et Philippe Auguste décident de ramener à l'obéissance leurs vassaux récalcitrants. Charles IV de France meurt sans héritier : deux prétendants se font face : Philippe Valois, cousin germain du roi défunt, Edouard III (1327-1377) tout juste monté sur le trône d'Angleterre, neveu de Charles IV par sa mère Isabelle de France, fille de Philippe Le Bel.La noblesse française réunie a préféré le Valois à l'anglais, invoquant la "Loi Salique" (qui remonte aux Francs Saliens -au nord des Pays-Bas- Clovis, excluant les femmes dans l'accession au trône).

Edouard III souhaite obtenir la possession en pleine souveraineté de l'Aquitaine. Philippe VI de Valois ne peut l'accepter. Edouard III est donc poussé à entrer en guerre pour protéger les villes drapières flamandes sur lesquelles les français ont des visées : ces villes constituent le débouché principal des exportations de laine anglaise et les négociants londoniens ont tout intérêt à ce que ces villes restent indépendantes.

Et c'est le début de la guerre de Cent Ans !

Les guerres entre Plantagénêt et Capétiens n'ont fait que renforcer le caractère "anglais" de la monarchie anglo-angevine.

La Guerre de Cent Ans

Evincé de la succession à la couronne de France, Edouard III déclenche la guerre de Cent Ans. En 1347, il prend Calais (épisode des Bourgeois de Calais). Son fils aîné, le prince de Galles et d'Aquitaine, dénommé le "Prince Noir" (en raison de la couleur du vêtement qui recouvre son armure) est de son vivant un véritable héros de légende, le meilleur chef de guerre de son temps et un seigneur fastueux. Il tient à Bordeaux une cour brillante où sont cultivées toutes les vertus de la Chevalerie.

Moyen Age 50/66

Page 51: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

Il part de Bordeaux à l'automne 1355 et ravage tout le midi de la France jusqu'à Carcassonne et Narbonne. Il pille de nombreuses villes et en ramène de précieux butins. L'année suivante, il dévaste avec le même acharnement le Limousin, l'Auvergne, le Berry et le Poitou.

Le roi de France Jean II le Bon avec une armée considérable de 40.000 hommes va à sa rencontre. Les deux armées s'affrontent au sud de Poitiers. C’est la défaite ! Le "Prince Noir" bat et fait prisonnier le roi de France Jean II le Bon qui s'engage à payer une rançon de 3 millions d'écus d'or à l'Angleterre et lui abandonne Calais et tout le Sud-Ouest de la France.

Pendant ce temps, la France sombre dans la misère, l'anarchie et la guerre civile. Jean le Bon n'ayant pu s'acquitter de sa rançon, meurt en Angleterre (en prison 3 ans) et c'est le dauphin Charles V qui prend la couronne. Avec l'aide du connétable Bertrand du Guesclin, un seigneur breton, il rétablit l'ordre intérieur royal. En effet, depuis la défaite de Poitiers et la paix de Brétigny, la plupart des mercenaires loués par les Anglais et les Français pour faire la guerre ont cessé d'être payés. Au lieu de quitter le royaume et d'aller ailleurs proposer leurs services, ils s'organisent en bandes armées, « les Grandes Companies », et profitent de leur nombre et de leur force pour mettre le pays à feu et à sang. Commandés par des aventuriers de toutes origines, ils s'établissent dans quelque lieu sûr d'où ils rayonnent dans les contrées d'alentour, et y entassent les produits de leurs pillages. Pour leur échapper, les villes n'ont d'autres solutions que de leur verser de grosses sommes d'argent. Les campagnes sont à leur merci. La France n'arrive pas à bout de ces routiers pilleurs et rançonneurs. Ce banditisme sévit partout en Europe. Le gouvernement semble n'avoir aucun moyen de les mettre hors d'état de nuire.Charles V pense alors que le seul moyen de s'en débarrasser est de s'arranger avec eux pour les entraîner vers une expédition à butins riches. Charles V charge du Guesclin de négocier avec leurs différents chefs. Le prétexte est la lutte contre les Sarrasins (=musulmans), une guerre civile en Espagne. C’est une guerre violente et meurtrière où les Grandes Compagnies sont majoritairement décimées !

Puis, à la reprise de la guerre contre l'Angleterre, du Guesclin adopte une tactique de guérillas évitant les grandes batailles. Il reprend en moins de 10 ans la presque totalité des possessions anglaises.

A la mort de Charles V en 1390, son fils Charles VI lui succède. Il devient fou (1392). Sa folie exacerbe la lutte entre les partis Armagnacs (partisans du duc d'Orléans, son frère) et Bourguignons (partisans du duc de Bourgogne, Jean sans Peur, son cousin) qui veulent prendre le pouvoir. Jean sans Peur fait assassiner en 1407 Louis d'Orléans, le frère du roi, et s'empare du pouvoir. Le pays est ensanglanté par une véritable guerre entre les deux partis.

La France divisée, subit en outre une défaite contre les Anglais à la bataille d’ Azincourt (25/10/1415). Toute la haute noblesse combattante est massacrée : on y a perdu les 3/4 au moins de lignées nobles du royaume de France, et donc sans descendance du côté mâle.

Moyen Age 51/66

Page 52: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

Les Bourguignons promettent des réformes à la bourgeoisie parisienne et deviennent maîtres de Paris (1418). En décembre 1418, le dauphin Charles (futur VII) devient Chef des Armagnacs, se proclame Régent du Royaume. Les Armagnacs assassinent Jean sans Peur (1419), les Bourguignons passent une alliance avec Henri V de Lancastre, nouveau roi d'Angleterre. Mais Henri V et Charles VI meurent deux ans plus tard. Henri VI devient roi de France et d'Angleterre !

C'est alors que Jeanne d'Arc éveille le sentiment national en faveur du dauphin Charles VII et prend la tête de son armée pour reconquérir le sol français. Elle délivre Orléans (1429) des anglais, fait sacrer Charles VII à Reims en 1429, mais échoue devant Paris où elle est blessée et capturée par les Bourguignons qui la livre aux anglais ! Elle est jugée comme "hérétique" et brûlée à Rouen en 1431. Charles VII et le duc de Bourgogne finissent par s'allier en 1435 ce qui permet au roi de reprendre Paris et reconquérir la Normandie (1450) et la Guyenne (1453). La capitulation de Bordeaux (1453) met fin à la guerre. Les Anglais n'ont plus que Calais !

La fin de la guerre de Cent Ans est suivie d'une véritable renaissance économique et a consolidé le pouvoir royal. Charles VII et son fils Louis XI doivent cependant affronter et réduire les ultimes résistances des princes. Malgré la dévastation et le dépeuplement des campagnes, la production agricole reprend peu à peu. Les paysans s'affranchissent de la tutelle seigneuriale. L'essor du commerce et de l'artisanat est encouragé par le roi. La bourgeoisie des villes accumule des fortunes considérables, tel le négociant Jacques Coeur (de Bourges) qui devient "Argentier" du roi.

Au sortir de la Guerre de Cent Ans, le royaume est exsangue. En un siècle de guerres, de destructions, de famines et d'épidémies, la France a perdu près de 40 % de sa population. L'instabilité monétaire a ruiné les nobles. Les désordres et la crise font que l'agriculture est particulièrement touchée et de nombreuses terres ont été reconquises par les forêts ou les marais. Le redressement des campagnes est plus lent que celui des villes.

Moyen Age 52/66

Page 53: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

LE MOYEN-AGE ORIENTAL : BYZANCE ! L'AUTRE ROME...

Le vaste empire romain va être disloqué. Entre le IVème et le Vième siècle, de grands chefs barbares, Alaric, Attila, Clovis, Théodoric, déferlent sur l'Italie et les autres parties de l'Empire en Occident. Les anciennes classes dirigeantes romaines sont détruites et l'Occident sombre dans le chaos d'une époque qui est celle du haut Moyen Age.La phase suivante, c'est la Renaissance avec le renouveau de l'étude et de la culture qui se développe en Italie à partir de 1400 et ailleurs à partir de 1500.La redécouverte de la littérature et de l'art de l'Antiquité gréco-romaine restés enfouis pendant tant de siècles dans l'ignorance et l'analphabétisme, marque la fin du Moyen Age et ouvre la voie aux conquêtes du monde occidental moderne. Entre le vieil Empire de Rome et la Renaissance, s'intercale la grande aventure de BYZANCE, qui dure 11 siècles et est un trait d'union d'une importance capitale entre l'Antiquité et le monde moderne.

Aux éléments qui avaient fait l'unité de l'Empire romain :- Le droit romain et l'organisation de l'Etat- L'héritage des traditions de la culture hellénique

S'ajoute un troisième facteur d'organisation, plus puissant que les autres :- Le christianisme !

Il faut rappeler que le monde des Balkans et de la Russie occidentale ont la source de leur culture à Byzance, qui leur a transmis un héritage riche de traditions et de découvertes. Ex. le christianisme orthodoxe, l'alphabet cyrillique et le genre de vie de ces peuples...

Le renouveau de la pensée grecque à la Renaissance n'aurait pas été possible si les érudits byzantins n'avaient pas étudié et transmis la littérature antique.

La civilisation byzantine repose sur 2 grandes forces principales :- L'évolution de l'Empire Romain- La naissance du Christianisme

Vers le IIIème siècle, l'empire romain écrasé sous le poids de l'Administration Centrale et de la lenteur de la lointaine bureaucratie, l'Empereur Dioclétien divise l'administration entre 2 empereurs :

- Un empereur pour l'Occident,- Un empereur pour l'Orient.

Dioclétien se réserve l'Empire d'Orient. Les mesures qu'il prend pour enrayer la désagrégation de l'empire romain prépare indirectement l'empire byzantin, en insufflant des forces et accordant une importance nouvelle aux possessions d'Orient. Les fondements nouveaux et robustes introduits pour soutenir l'Etat romain allaient constituer l'Empire de Byzance !

Moyen Age 53/66

Page 54: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

A l'époque de Dioclétien, le Christianisme qui allait jouer un si grand rôle dans la civilisation byzantine, se répand dans toute l'Europe malgré les obstacles innombrables qu'on lui opposent :

- Les persécutions cruelles des Chrétiens, car leur idéal spirituel et moral les met en conflit avec la loi romaine.

- La multitude des religions et des doctrines, philosophes qui luttaient pour gagner des peuples de l'Empire romain. Les plus rudes concurrents étaient les doctrines philosophiques païennes : le stoïcisme et le néo-platonisme.

LE STOICISME réduisait la mentalité romaine avec son idéal d'ordre social et sa morale strictement positive. Deux siècles après Jésus Christ, l'empereur Marc-Aurèle en a fait son maître à penser et fut alors à l'apogée de sa gloire.

LE NEO-PLATONISME, doctrine trop abstraite et trop intellectuelle, n'avait pas une large audience populaire. Elle se réclame des vues les plus élevées de Platon, elle ne faisait pas seulement appel à la raison, mais dépassait les limites de la pensée rationnelle, et faisait place au désir d'une expérience mystique absolue. Elle s'adresse à l'élite, aux esprits capables de dominer la complexité métaphysique.

Mais, ni le stoïcisme, ni le néo-platonisme ne se penchaient sur les humbles sans instruction, les esclaves du dernier échelon des sociétés grecques et romaines, ou celui des travailleurs écrasés sous leur tâche ...

Ce sont les religions à mystères qui apportent quelques consolations à la vie rude et aux privations de la grande masse du peuple. Au début, les romains ne voient pas dans le Christianisme autre chose qu'une nouvelle religion à mystères, une variante locale du Judaïsme, et ainsi il fut toléré.

Le Christianisme commence à se répandre dans l'empire romain, et sa structure permet une diffusion rapide :

- Le grec et le latin couramment parlés dans tout le pays, sont aussi les langues du Christianisme,

- Le réseau des villes et des voies romaines favorise l'élargissement des frontières du monde chrétien. A la différence des Juifs qui détestent les Gentils (=les étrangers) et se tiennent à l'écart de leur monde, ils empruntent à l'Etat romain ses caractéristiques administratives et se donnent une organisation religieuse particulière.

Lentement, la nouvelle Eglise chrétienne développe son rituel et sa doctrine propres, où elle assimile bien des points pris aux religions et aux philosophes des différents peuples de l'Empire, dont les Juifs, mais aussi païennes, comme certaines de leurs dates ; Noël le 25 décembre pour concurrencer une fête de Mithra sans que la date exacte de la naissance du Christ soit connue (elle ne l'est toujours pas d'ailleurs). Le Christianisme ajoute donc une autre force : celle de son attrait universel !

Moyen Age 54/66

Page 55: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

En 303, Dioclétien demande aux chrétiens de reconnaître la nature divine de l'empereur et de lui rendre un culte : ils refusent. Dioclétien réagit en ordonnant les grandes persécutions et la démolition de leurs églises, brûlent leur livres sacrés,... ces mesures sévères produisent l'effet inverse, car certaines victimes sont devenus des martyrs, et nombre de païens romains sont impressionnés par l'ardeur et le courage des chrétiens.

En 305, Constantin succède à Dioclétien et donne au Christianisme un statut légal dans l'empire. Il trouve que Rome la capitale est très éloignée de l'Empire de l'Est. C'est en Orient que l'Empire affronte des ennemis tels que les tribus germaniques massées le long du Danube et les perses d'Anatolie. C'est vers l'Orient que convergent les principales routes de commerce et c'est là que le Christianisme a ses centres principaux, dont Jérusalem, lieu de la mort et de la résurrection du Christ, dans laquelle Constantin autorise la construction de plusieurs églises.

Constantin choisit Byzance (grec) qu'il nomme Constantinople (="ville de Constantin" - actuellement Istanbul) installée sur un site stratégique magnifique, promontoire de la mer de Marmara. La cour impériale discute de philosophie grecque et récite Homère, mais envoie aussi des missionnaires dans le Proche-Orient, et fait convertir la Russie.

C'est à Byzance qu'est mis au net tout le droit romain (code civil et code pénal). En effet, le grand Empereur du VIème siècle, Justinien, lègue à Byzance tout un ensemble confus du raisonnement juridique romain, suranné ou contradictoire, afin de le rendre cohérent. En 528, il désigne une commission de 10 membres pour classer toutes les constitutions publiées par les empereurs romains en un code unique. Une autre commission établit 50 volumes des décisions les plus importantes rendues par les juristes. Le code est si clair et si cohérent que par la suite il sert de modèle pour les lois de la plupart des nations européennes.

Dans le domaine de l'art, Byzance est à la fois conservatrice et innovatrice. Les byzantins sauvegardent bien des chefs-d'oeuvre de la sculpture grecque ou romaine, et apportent un style qui influence toutes les nations en contact avec elle.Ils construisent des églises à Rome, Milan, Naples et bâtissent pratiquement toute une cité byzantine à Venise. En Russie, de nombreuses villes sont édifiées sur le modèle de Constantinople.Constantinople est rempli de reliques sacrées de saints de la Passion ; elle est consacrée à la Vierge que le peuple vénère comme la protectrice spirituelle de la cité contre tous ses ennemis.

Le mysticisme chrétien et les ordres monastiques sont florissants à Byzance. Le premier ermite du IVème siècle est Antoine-le-Grand d'Egypte (qui fait partie de l'Empire jusqu'en 650). L'austérité de son exemple attire d'autres ermites qui ne tardent pas à se grouper autour de lui pour former la première communauté monacale. Rapidement le monachisme se répand dans toute l'Asie Mineure et dans toute la Grèce, et au VIème siècle, il est en route vers l'Europe Occidentale où il va prendre racine. La vie des moines illustres inspire la littérature la plus lue à Byzance.Au milieu du VI ème siècle, Constantinople compte 85 monastères !

Moyen Age 55/66

Page 56: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

Pour beaucoup d'historiens, le principal mérite de Byzance est l'influence civilisatrice qu'elle exerce sur les peuples avec lesquels elle entre en contact. Byzance, désormais appelée Constantinople, domine les routes maritimes et terrestres :

De la Russie méridionale et du Danube : les bateaux chargés de fourrures, blé, sel, caviar, miel, or, cire, esclaves (essentiellement des slaves d’où leur nom) ...

Des riches jardins d'Anatolie et des greniers d'Egypte : blé, céréales, fruits...

D'Asie, Chine, Inde, Ceylan : ivoire, ambre, porcelaine, pierres précieuses, cannelle, sucre, musc, gingembre, et beaucoup d'autres épices et médicaments ...

D'Occident : raisin, céréales... De plus, les eaux du Bosphore et de la mer Marmara regorge de

poissons...

On appelait cet endroit la "Corne d'Or" !

Constantin fait de Constantinople une nouvelle Rome (avec 7 collines), fait venir des membres des familles nobles de Rome afin de constituer une nouvelle classe sénatoriale et les installe dans de somptueuses demeures. Elle allait être une cité chrétienne. Il fait construire Sainte-Sophie (l'église de la Sagesse Sacrée) et embellir d'autres églises, comme celles des Saints Apôtres, où parmi les 12 tombeaux qui symbolisent les sépultures des apôtres, il en fait élever un 13ème pour lui, car il se considère comme l'égal d'un apôtre, ce que feront d'autres empereurs par la suite.

En 330, inauguration de Constantinople par Constantin.

En 537, Justinien inaugure la grande église Sainte-Sophie. Elle est le fleuron de la cité, de la capitale, du coeur du monde byzantin. Byzance est un mélange en constante évolution de la Grèce, de l'Europe et de l'Asie, une métropole de commerce et de civilisation. Elle attire à elle les juifs, les musulmans, les russes, les italiens, les espagnols, les égyptiens.

Pendant 11 siècles, Byzance (de 330 à 1454) modèle d'urbanisme romain et de piété chrétienne. D'innombrables statues antiques ornent les édifices publics ! Byzance disposent d'hôpitaux gratuits, d'un échange urbain, d'une organisation de lutte contre l'incendie. Comme à Rome, des aqueducs acheminent l'eau pure pour la population, les fontaines et des égouts souterrains évacuent les déchets de la cité.

Constantinople, construite pour tenir tête aux hordes barbares et aux armées musulmanes, est le plus solide avant-poste du Christianisme en Orient : 21 km de triple remparts et 50 portes fortifiées.

Le Christianisme étant devenu la religion obligatoire de l'Empire, l'Etat a le plus grand intérêt à définir et à préserver le dogme de l'Eglise. Il a fallu trouver des réponses à une foule de problèmes nouveaux qui allaient de la discussion la plus subtile d'un point doctrine jusqu'au détail pratique le plus commun.

Moyen Age 56/66

Page 57: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

Cette exigence d'une élaboration toujours plus poussée provoque une série de réunions, connues sous le nom de "concile oecuménique" auxquelles participent l'empereur et les évêques afin de discuter des questions en litige et de définir la conduite qu'il fallait suivre (conciles de Nicée en 325, Constantinople en 381, Chalcédoine en 451, Ephèse en 481 et le 7ème à Nicée en 787).

Tous ces conciles se réunissent pour débattre des problèmes théologiques mettant en cause des dogmes fondamentaux comme celui de la Trinité ou la double nature du Christ, ou bien encore, les rôle et fonction des icônes dans le culte chrétien. La lutte contre les icônes dure 1/2 siècle. Le conflit entre les principes de l'Etat et de l'Eglise s'atténue du fait que l'Eglise accepte la notion d'une société chrétienne constituée.

Dés 1054, les turcs migrent à l'ouest et prennent Bagdad en 1055. En 1071, l'armée byzantine et l'armée turque s'affrontent : les byzantins sont défaits et l'empereur fait prisonnier. Les turcs prennent possession des terres réduisant considérablement l'Empire byzantin. Quand les turcs victorieux entreprennent d'enlever la Terre Sainte aux Arabes, l'inquiétude des occidentaux devient très vive d'où l'idée d'une Croisade pour libérer les Lieux Saints de Palestine. En 1095, sous la conduite de Pierre L'Ermite la première Croisade arrive et se fait massacrée par les turcs. Il y a eu au total 8 croisades. En 1453, les turcs reprennent définitivement Constantinople !

Avec la chute de sa capitale, Constantinople, l'empire byzantin cesse d'exister. Trait d'union entre le monde antique (Empire Romain) et le monde moderne (la Renaissance), Byzance a rempli jusqu'au bout sa mission historique !

Moyen Age 57/66

Page 58: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

Et pour les gastronomes, voici une excellente recette du Moyen Age, le plat préféré de Hugues Capet, que nous avons préparé et apprécié, et que nous vous recommandons  !

Moyen Age 58/66

Page 59: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

LA FIN DU MOYEN AGE

La fin du Moyen Age est signalée par les évènements suivants :

Migrations en masse, Fin de la civilisation byzantine, par la prise de Constantinople par les turcs en

1453, Fin de la civilisation arabe, retranchée au Maroc et à l’Afrique du Nord : Sélim 1er

(1517), turc, envahi l’Egypte et en chasse la dynastie des Mamlouks et la culture ottomane (=turque) se substitue à la culture arabe !

La France est épuisée par la guerre anglaise de Cent Ans. La vieille technique militaire va être détruite et remplacée par des inventions qui supprimeront les armures.La Bourgeoisie, constante collaboratrice du roi capétien, va tenir un rôle très actif. Pas de cohésion sociale qui aurait pu permettre de grandes entreprises. En même temps, la monarchie est menacée par la brusque expansion de la maison de Bourgogne, héritière des Flandres. Il y a Paris d’une part, et Dijon-Bruges-Gand d’autre part. C’est dans ces grandes villes ducales et en Italie que se font des expériences innovatrices.

Dans la première moitié du XVème siècle, le cadre de l’existence, la vie morale et un certain ordre des pensées appartiennent encore au Moyen Age, mais l’Homme et l’espace se construisent sur des données toutes différentes. Elle trahit le besoin de reconstruire et colorer l’existence :

- Traiter une oeuvre d’art comme une féerie (tapisserie, peinture...)

- Lors des fêtes raffinées, les costumes étaient étranges (sous Charles VI notamment) et magnifiques (duc de Berry).

- La foi : plus de pratiques dévotes, mais l’”Imitation” : le plus délicat, le plus profond, le plus efficace roman de la vie chrétienne : plus d’aventure compliquée, mais du rêve, des visions les plus éblouissantes, en communion avec Dieu !

- L’obsession de la mort, les danses macabres, la sorcellerie...

- L’astrologie : la science est la destinée ! Les Arabes nous ont fait connaître l’ancienne technique mésopotamienne de la divinisation par les astres et appris à tracer le réseau étoilé. La représentation des constellations change. L’astrologie place l’Homme au centre d’une composition de forces lointaines.

- Au moment ou meurt la chevalerie, elle se ressaisit par la fiction des chansons de geste, les romans de la Table Ronde. Y a t’il une pensée politique dans la Toison d’Or fondée par les ducs de Bourgogne ? ou l’Etoile, fondée par Jean le Bon ? Rien de semblable au vigoureux génie qui animait les moines militaires de Terre

Moyen Age 59/66

Page 60: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

Sainte, mais plutôt une rêverie brillante, sans relation avec la vie concrète du siècle.

- Le décor des palais s’enrichit des figures préférées de leurs songes (histoire de Troie, de Médée et de Jason, vie de César :commandée par Jean le Bon à son peintre Girard d’Orléans pour son château de Vaudreuil), images de preux et preuses, etc... à voir la très célèbre tapisserie de Bayeux relatant la bataille de Hasting dont Guillaume le Conquérant est sorti vainqueur puis devenu roi d’Angleterre, lire les Très Riches Heures du Duc de Berry, voir la tenture des “12 Travaux d’Hercule”, ancêtre mytique des ducs de Bourgogne ; lire le roman de Thèbes, le Chevalier au Cygne, le Roman d’Arthur, etc...

Pour le Roi de France, la Grèce et Rome sont des “miroirs” de chevalerie et d’héroïsme qui ajoutent de grands noms et de belles histoires aux tapisseries.

A cette époque de fin de Moyen Age se développe le goût du rare et du singulier. Jean de France, duc de Berry, 3ème fils de Jean le Bon, frère du roi Charles V et Philippe le Hardi, a durant sa longue vie (1340-1416) été sensibilisé à la chose très rare et très belle. Dans tous ses palais de Bourges et Poitiers, à l’hôtel de Nesle, face au Louvre de son frère le roi, dans ses châteaux d’Etampes et de Melun-sur-Yèvre, il fait exécuter de vastes travaux et y réunit des trésors de curiosité, en médailles antiques, en camées, en ivoire, en meubles de marqueterie, en bijoux, en livres.

Orient byzantin et Orient arabe sont remis au goût du jour un instant suite aux voyages en France des empereurs Andromic & Manuel, et par la croisade de Nicopoli, un désastre, d’où le comte de Nevers rapportait des étoffes précieuses à son oncle le duc de Berry (voir “les Très Riches Heures” du duc de Berry et les miniatures des “Antiquités judaïques” où figurent des costumes orientaux).

C’est tardivement que l’Italie s’est éveillée à la passion encyclopédique, alors qu’en France dés le XIIIème siècle, un humanisme est déjà fortement défini : on s’intéresse à toutes les puissances et à tous les visages de la vie, aux hommes, aux bêtes, aux plantes...

Au XVème siècle, l’Italie entre dans un autre âge, un monde nouveau : c’est la Renaissance italienne !

Dés lors est mis en lumière un trait éternel de la vie italienne :

- son aspect méditerranéen,- son aptitude au bonheur qui est une force qui emplit d’un sentiment

nouveau, d’une allégresse, d’une heureuse acceptation du destin que le Moyen Age n’a pas connu.

Moyen Age 60/66

Page 61: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

CONCLUSION

Les influences orientales et les influences barbares inaugurent le Moyen Age, et les influences méditerranéennes accompagnent et précipitent son déclin.

Une civilisation originale, un art de penser ont vu le jour en Occident de l’Europe. Au moment où débute l’art roman, les circonstances historiques sont favorables aux échanges. Le prestige du vieil Orient, de l’Orient byzantin, de l’Islam s’exerce sur la chrétienté avec largeur. L’Occident est submergé par la richesse et la diversité des apports lointains qui lui viennent de civilisations éclatantes.

Rien de ce qu’il reçoit n’est absorbé par lui avec passivité, il multiplie les expériences constructives à l’intérieur des données qu’il accepte et y fait paraître un esprit nouveau. Un art n’est pas seulement fait de traditions internes et d’influences extérieures, mais aussi de recherches qui lui donnent sa règle propre, son originalité. Les divers facteurs et les relations qui les unissent changent selon les temps et les lieux, et c’est de ces inégalités qu’est faîte l’histoire !

1000 ans se sont écoulés entre la Chute de l’Empire Romain d’Occident et le début de la Renaissance.

Des empires se sont faits et défaits, des petits Etats se sont formés, embryons des nations d’aujourd’hui. Invasions et conflits se sont succédés, Chrétiens et Musulmans ont affermi leur influence, les sociétés se sont organisées en fonction de nouvelles réglementations, de nouvelles lois, de nouveaux codes, brouillons des législations futures... Le monde moderne s’est mis en place lentement et difficilement pendant ces dix siècles !

Moyen Age 61/66

Page 62: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

SOURCES

- “Chronologie du Moyen-Age” de Yves D. Papin – Ed. Gisserot- “Histoire de la France” de D Rivière – Ed. Hachette- “Mémento de la Littérature fançaise” de Hélène Potelet – Ed. Hatier- “Histoire de la musique” de Paule Druilhe et JF Favre – Ed. Hachette- “ Une histoire de la musique” de L Rebatet – Ed. Robert Laffont Bouquins- “Moyen Age Roman et Gothique” de H. Focillon – Ed. Livre Poche - “Histoire des institutions de l’époque franque à la Révolution” de

Harouel+Barbey+Bournazel+Thibaut-Payen – Ed. PUF- “La Tapisserie et le Tapis” de Roger-Armand Weigert – Ed PUF- “L’Aventure des Croisades” de Pierre Ripert – Ed. Destins de l’Histoire de France- "Mahomet et Charlemagne" de Henri Pirenne - Ed. Quadrige PUF- « Byzance » Ed. Time-Life – Les Grandes Epoques de l’Homme

POUR EN SAVOIR PLUS

“Charles le Grand – Charlemagne” de Jean Favier – Ed. Fayard “Jean de Berry” de Françoise Autrand – Ed. Fayard “Louis XI” de Jean Favier – Ed. Fayard “Aliénor d’Aquitaine” de Régine Pernoud – Ed. Livre de Poche "Anne de Bretagne" de Georges Minois - Ed Fayard “Jeanne d’Arc” par Anatole France – Ed. Alive “Bérengère et Richard Coeur de Lion” de Cloulas et Denieul – Ed. Hachette Lit. « Marco Polo  - Le Livre des Merveilles » Ed. Poche Découverte “Le livre du Graal” - Ed. Gallimard – La Pléiade “Les Chroniqueurs et Historiens du Moyen Age” – La Pléïade “Chroniques” de Jean Froissart – Ed. Livre de Poche Lettres Gothiques “Mémoires” de Philippe de Commynes – Ed. Livre de Poche Lettres Gothiques “Chronique des abbés de Fontenelle “ (Saint Vandrille) par le frère Pascal Prédié

Ed. Les Belles Lettres. “le Mesnagier de Paris” par Odile Redon – Ed. Livre Poche Lettres Gothiques "La Cour Anjou-Provence, la vie artistique sous le règne du Roi René" de Robin -

Paris 1985 "le Roi René, prince, mécène, écrivain, mythe" de Coulet, Planche et Robin - Aix

en Provence - 1985 les livres de Jeanne Bourin « la Révolution Industrielle du Moyen Age » de Jean Gimpel – Ed. Seuil Histoire « The Pillars of the Earth » de Ken Follett – Ed. PAN « les Croisades vues par les Arabes » de Amin Maalouf – Ed. J’ai Lu « La ville en France au Moyen Age » de Chédeville/LeGoff/Rossiand – Ed. Seuil

Histoire. « le Moyen Age en Lumière » Manuscrits Enluminures des Bibliothèques de

France. De Jacques Dalarun – Ed. Fayard.

Musée du Moyen Age : Boulevard Saint Germain - Paris 6ème

Moyen Age 62/66

Page 63: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

LEXIQUE

Anthropologie"Science et description de l'homme". Ensemble des sciences qui étudient l'homme. Anthropologie sociale, culturelle = branches de l'anthropologie qui étudient les institutions et les techniques dans les diverses sociétés. Anthropologue : savant qui s'occupe d'anthropologie.Arianisme Hérésie des ariens qui niait la consubstantialité du Fils avec le Père et fut condamné au concile de Nicée (en 325). Arien : partisan de l'arianisme.AscètePersonne qui mène un vie austère. Personne qui s'impose des privations.Canon Loi ecclésiastique, règle, décret des conciles en matière de foi et discipline. Le droit canon: droit ecclésiastique fondé sur les canons de l'Eglise. Age canonique : 40 ans --> âge minimum pour être servante chez un ecclésiastique. Être d'un âge canonique = respectable. Canoniser : mettre au nombre des saints suivants les règles et avec les cérémonies prescrites par l'Eglise.CapitoulsNom des anciens magistrats municipaux de Toulouse. Les "Capitouls" ou "Consuls".Cathare (du grec Katharos = "pur"). Les cathares sont une secte manichéenne du moyen-âge (XI-XIII s.)répandue surtout dans le midi et préconisant une absolue pureté de moeurs. Ex. l'Hérésie cathare, les châteaux cathares...CathédraleFaîte pour la circulation de foules immenses.Chanoine Dignitaire ecclésiastique, membre du chapitre d'une église, cathédrale, collégiale ou de certaines basiliques.EpiscopatDignité, fonction d'évêque. Temps d'occupation d'un siège par un évêque. Corps des évêques. Ex. épiscopat français. Episcopal : qui appartient à l'évêque : palais épiscopal, ornements épiscopaux. Les épiscopaux = les membres de l'Eglise épiscopale (opposé à presbytériens).Erratique lat. "erraticus" = errant.Etats GénérauxRéunion des 3 états : le clergé, la noblesse et la bourgeoisie.Qui n'est pas fixe, qui n'est pas régulier, qui change de place, situé à un endroit inhabituel. FranciscainReligieux de l'ordre fondé, au début du XIIIè s. par St François d'Assise.Hérésie Doctrine, opinion émise au sein de l'Eglise catholique et condamnée par elle comme corrompant les dogmes. Théologien coupable d'hérésie. Principales hérésies : adanisme, arianisme, calvinisme, protestantisme, quiétisme, socinianisme, jansénisme, luthéranisme, manichéisme, montanisme...HérétiqueLat. ecclésiastique dans la religion catholique, ceux qui ont abandonné la foi catholique, celui qui a été baptisé et qui combat les dogmes de la foi. HermesNom d'une divinité grecque correspondant à Mercure.InquisitionProcédure particulière de recherche et de combat de l'hérésie de la part des évêques, légats et à partir de 1198 des Cisterciens. Enquête, recherche. Juridiction ecclésiastique d'exception instituée par le pape Grégoire IX pour la répression dans toute la chrétienté, des

Moyen Age 63/66

Page 64: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

crimes d'hérésie, des faits de sorcellerie et de magie. Inquisiteur : personnage officiel chargé de procéder à des enquêtes.Lai12è s. du celtique irlandais "laid" --> poème narratif ou lyrique au Moyen Age (Marie de France a écrit le Lai du Chèvrefeuille").Laïc, laïqueQui ne fait pas partie du clergé, qui n'a pas reçu les ordres de Cléricature, en parlant d'un chrétien baptisé (ex. tribunal laïc , juridiction laïque), qui est indépendant de toute confession religieuse. Ex : Etat laïque, l'enseignement laïque (opposé à confessionnel).Loi Salique(en opposition à la Loi Romaine) Parmi les nombreuses lois barbares du Ve au IXe siècle, la plus importante est la Loi Salique. C'est la mise par écrit en latin (sous réserve de quelques gloses en tudesques) des règles coutumières élaborées par les Francs au cours de leur passé. Ce texte a connu plusieurs versions : la plus ancienne est peut-être antérieure au baptême de Clovis et une révision a encore été effectuée à l'époque de Charlemagne. La grande majorité des articles concerne le droit pénal et tarifie minutieusement l'extinction du droit à la vengeance (la précision de ces tarifs éliminait les discussions stériles qui pouvaient s'envenimer dangereusement). Un tiers de la composition pécuniaire est versé au roi, c'est le "Fredum" ou argent de la paix. Les indemnités varient avec la qualité de la victime et la gravité des corps et blessures. Le rachat du vol, surtout de bétail, occupe une place primordiale montrant que les usages se sont formés dans le cadre d'une société foncièrement rurale. On trouve aussi dans la loi salique quelques titres concernant la procédure et quelques dispositions relatives au droit privé, notamment aux successions (exclusion des filles de la terre des ancêtres alleux) --> d'où l'on a tiré à tort au moment de la guerre de Cent Ans l'exclusion des femmes de la succession à la couronne de France. Plus tardive, mais proche de la loi salique, la loi ripuaire a été rédigée sur ordre de Dagobert au VIIè s. pour l'Austrasie.Les barbares implantés en Gaule sont proportionnellement peu nombreux, cependant le mélange des populations de races différentes pose de délicats problèmes juridiques. Les gallo-romains avaient leur "Droit Romain" et les francs la "Loi Salique". Au tribunal, on respectait la personnalité des Lois dans le "Regnum Francorum". Chacun suit la "loi" de ses origines. La question posée au plaideur était : "sous quelle loi vis-tu ?". la réponse était : romaine ou salique.Légat Ambassadeur du Saint Siège.La "Marche"Vers 795, Charlemagne crée la "Marche" de Catalogne avec à sa tête un "marquis".MédiévalRelatif au Moyen-Age. Médiéviste : spécialiste de l'histoire du Moyen Age. Médiévisme : étude ou connaissance et goût du Moyen-Age.Monachisme Vie de moine, état de moine, institution monastique. Monacal : relatif aux moines à leur vie, leur état : mener une vie monacale.Oecuménique Religion à caractère universel. Oecuménisme : mouvement favorable à la réunion de toutes les églises chrétiennes en une seule.OrthodoxeConforme à un dogme religieux ou à une doctrine : théologie orthodoxe. Qui concerne les Eglises chrétiennes d’Orient, séparées de Rome depuis 1054. Congrès réunissant des catholiques romains, des orthodoxes et des protestants. Orthodoxie : Ensemble des Eglises chrétiennes d’Orient. Avoir toujours une opinion orthodoxe – syn. Conformiste.OTTON, empereurs germaniques (4). OTTON 1ER le Grand (912-973) : souverain habile et sage. Il s'appuie sur l'Eglise pour soumettre ses vassaux, se fait proclamer roi d'Italie en 951. Il arrête l'invasion hongroise et slave en 955. Couronné empereur du Saint Empire Romain par le pape Jean XII en 962.

Moyen Age 64/66

Page 65: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

OTTON II (955/973-983) : son fils. Couronné roi de Germanie en 961 puis empereur du Saint Empire en 967, du vivant de son père. Il maîtrise les révoltes de Souabes et de Bavière et l'invasion danoise, mais ne parvint pas à maintenir l'autorité allemande en Italie.OTTON III (980/983-1002) : son fils. Couronné roi de Germanie en 983. Sous son règne, l'Eglise s'empare du pouvoir politique par l'entremise de l'archevêque de Mayence. Sacré empereur en 996, il se fixe à Rome et se fait remarquer pour son érudition et ses qualités politiques. Il fait pape Sylvestre II son maître français Gerbert d'Aurillac, et tente de ressusciter un empire romain chrétien. La Germanie tombe dans l'anarchie. Rome se soulève contre lui et l'oblige à fuir à Ravenne en 1001.OTTON IV de Brunswick (1175 ou 1182-1218) neveu de Richard Coeur de Lion qui lui donne le duché d'Aquitaine. Elut roi des romains en 1198, il doit affronter Philippe de Souabe qui est assassiné. Il devient empereur germanique en 1208. Il envahit la Sicile en 1210 et est excommunié. Les anciens partisans de Philippe de Souabe en profite pour élire un autre empereur : Frédéric II. Le roi de France, Philippe Auguste soutient Frédéric II ( ils ont fait une

croisade ensemble !). OTTON s'allie alors au roi d'Angleterre et au comte de Flandre contre la France, mais est battu à Bouvines (1214) et Frédéric est vainqueur.PaganismeNom donné par les chrétiens de la fin de l'empire romain aux cultes polythéistes. Ex. le paganisme hellénique.Prélat Haut dignitaire ecclésiastique (cardinal, archevêque...) ayant reçu la prélature à titre personnel. Prélat = "porté en avant, préféré". Prélats domestiques : certains clercs de la maison du pape.Profane Etranger à la religion.RégalienDroits régaliens du roi de percevoir les revenus des évêchés vacants, de pourvoir aux bénéfices pendant le temps de la vacance. Régale : droit royal, droit considéré comme inhérent à la monarchie.Le Roi RenéNé à Angers en 1409- mort à Aix-en-Provence en 1480). Deuxième fils de Louis II d'Anjou et de Yolande d'Aragon, il reçut de nombreux fiefs : les duchés de Bar, de Lorraine et d'Anjou, le comté de Provence, ainsi que la royauté théorique sur Naples et la Sicile et Jérusalem. Marié à Isabelle de Lorraine.Hostile au duc de Bourgogne, Philippe le Bon, qui le vainquit et le fait prisonnier à Bulguéville en 1431, il est libéré en 1436 et parvient à occuper Naples et à y régner (1438-1442). Il ne peut empêcher les Aragonais de reconquérir sa capitale. Il regagne alors la Provence et la France où il soutient Charles VII. Plus heureux dans sa vie privée que dans ses actions publiques, il est un mécène protecteur des Arts et des Lettres malgré ses besoins d'argent. Erudit et collectionneur, ce souverain s'entoure d'artistes et de savants et tient à Aix-en-Provence une des cours les plus policées et les plus fastueuses de son siècle.SchismeSéparation d'un groupe de croyants rejetant l'autorité gouvernant leur Eglise. Le schisme est une contestation de la discipline ecclésiastique et non, comme l'hérésie, une corruption des dogmes. Le Grand Schisme d'Occident (1378-1417) : un schisme de 39 ans écartèle l'Eglise qui vient à peine de retrouver son équilibre après le long "exil" d'Avignon.Sémite Se dit des différents peuples appartenant à un groupe ethnique originaire d'Asie occidentale et parlant des langues apparentées (sémitiques). Celui qui appartient à un groupe de langues d'Asie occidentale et d'Afrique, présentant des caractères communs. Ex : les Arabes, les juifs sont des sémites. Avoir un type sémite : israélite. Antisémitisme : racisme dirigé contre les juifs.Souverain Roi au-dessus de ses sujets dans le royaume.Suzerain Roi au-dessus des seigneurs et de ses vassaux.

Moyen Age 65/66

Page 66: Histoire de la littérature au Moyen Age en France

TriforiumRang de baies ou de galeries de moindres importances pratiqué dans les murs latéraux au-dessus des bas-côtés dans une cathédrale.Vase de SoissonsClovis promet à un évêque de lui restituer un vase sacré faisant partie du butin. Un guerrier s'y étant opposé, Clovis s'incline. Mais l'année suivante lors d'une inspection militaire, il lui reproche l'état déplorable de ses armes, et l'exécute par surprise.

Moyen Age 66/66