Moyen Age FI Final

  • Upload
    athking

  • View
    30

  • Download
    0

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Syllabus

Citation preview

  • 1

    2012-2013

    Fondements Historiques de la

    Civilisation occidentale I

    Pr. J.-M. Yante, F. Van Haeperen, P. Servais, et E. Debruyne

    Amandine WILLAME

  • 2

    Introduction gnrale au cours de Fondements historiques de la civilisation occidentale I : Objectifs : - Matrise des cadres chronologiques et conceptuels de lhistoire occidentale, de lAntiquit nos jours. - Dcouvrir les principaux fondements historiques de la civilisation occidentale. - Approcher le mtier dhistorien - Sinitier au mtier dtudiant et duniversitaire. Structure : - Antiquit (Pr. F. Van Haeperen) - Moyen Age (Pr. J.-M. Yante) - Thmatique inter priode Antiquit et Moyen Age : La ville . - Temps modernes (Pr. P. Servais) - Epoque contemporaine (Pr. E. Debruyne) - Thmatique inter priode Temps Modernes et Epoque contemporaine : La famille . Les lieux cits au cours doivent pouvoir tre situs sur une carte le jour de lexamen. Le Syllabus est disponible la DUC, ou sur I-Campus.

  • 3

    Moyen Age

    Introduction : A. Formation et volution dune notion historiographique

    Cest dans la seconde moiti du XVe sicle que des intellectuels (les humanistes) commencent employer les deux expressions : Media aetas, media tempora. Des temps intermdiaire . Il sagit dune vision ngative de cette priode qui se termine, car ces gens du XVe sicle ont encore en mmoire les pidmies qui provoqurent dimportantes chutes dmographiques au XIV sicle, et ils donnent la mme coloration toute la priode stendant du VIII au XVe sicle. Ces hommes du XVe sicle se rclament politiquement de la Rome antique (un ge dor), ventuellement de la cit grecque ; et sur le plan culturel, ils imaginent que les sicles qui les prcdent nont rien apport de fort positif, et nont que mpris pour ce Moyen Age. Ceci explique pourquoi nous avons hrit de ces expressions. Les humanistes ne sont pas les seuls avoir une image ngative de cette priode, puisquau XVIIIe sicle, sicle des Lumires, les philosophes nont pas une vision beaucoup plus positive. Si lon se reporte ce quAdam Smith pense de cette poque : cest une priode danarchie et de stagnation. Limage est assez semblable chez Rousseau, qui voit dans la fodalit un temps darbitraire, une priode de Tyrannie. On attribue au moyen Age les pratiques en contradiction avec les idaux qui seront promus par la rvolution franaise. Au XIXe sicle, on voit un changement radical. Le sicle de la Restauration, lpoque du Romantisme, lpoque de la dcouverte des identits nationales, voit natre une rhabilitation du Moyen Age. Un got prononc pour lhritage mdival est li au mouvement romantique. Il inspire la littrature, des uvres architecturales, des uvres dart, avec le style gothique, le style troubadour, Le XIXe sicle est aussi le moment o lAllemagne est la recherche de son identit. Au Moyen Age, on parle des Allemagnes, une mosaque denviron 300 tats de diffrents statuts et tailles. Mais au XIXe sicle, elle cherche son identit, une unit politique, et le peuple allemand promeut des tudes dhistoire mdivale. Dans le domaine de la recherche historique, les Allemands sont la pointe, mais nous sommes lpoque des positivistes : on nadmet pas les faits sans quils soient clairement tablis, ce qui amne corriger les tendances romantiques, et fait obstacle une reconstitution fantaisiste du Moyen Age. Mais lapproche du Moyen Age nest malgr tout pas une approche neutre, il est peru chez les Allemands comme le temps de corruption de gnie originel du peuple allemand, en contact avec les peuples mditerranen. Ce sicle sintresse aussi au Moyen Age pour trouver lorigine de toute une srie de phnomnes, tels que le capitalisme, la bourgeoisie, ltat moderne, certaines formes dassociations, Pour toutes ces raisons, on se tourne vers les sicles prcdents, notamment le Moyen Age, dans cette qute didentit nationale, rgionale ou locale. Avec le XXe sicle, la vision du Moyen Age volue encore. Laccent est mis sur la rencontre latino germanique, et sur ce que cette rencontre a produit doriginal. La convergence de deux civilisations en une synthse qui na pas son quivalent dans lhistoire mondiale. La notion de Moyen Age a donc beaucoup volu, a perdu et gagn en prestige selon les moments.

  • 4

    B. Limites chronologiques et gographiques Il sagit dune vaste priode, denviron un millnaire, mais on ne sait pas en donner prcisment le dbut et la fin. Bien sr, il y a une priodisation, et le cours est bti autour de cette priodisation en quatre priodes, mais il sagit dune opration intellectuelle, afin de rendre comprhensible le pass, de mettre de lordre, de crer des blocs suffisamment homognes. Les limites traditionnelles du Moyen Age sont du Ve au XVe sicle. Le choix de la premire date est li une vision ngative du Moyen Age. Il est normal que cette priode sombre commence avec une crise : la chute de lEmpire Romain, au Ve sicle. Il est par contre plus dlicat de marquer la fin du Moyen Age. Diffrentes dates sont proposes : 1453, 1492, 1517. Lerreur fondamentale serait de ne prendre en considration quun aspect dtermin, pour dcider de la fin du Moyen Age. 1453 se rapproche de laspect culturel, 1492 de laspect conomique, et 1517 de laspect religieux. Une date particulire apparat comme illusoire, et lon pourrait dire que, comme toutes les priodes, le Moyen Age nen finit pas de mourir, et des lments vivaces sobservent au cours de lpoque dite moderne (fodalit en Russie,) La priode mdivale stend donc sur un millnaire qui peut tre considr comme un tout, mais lusage y distingue trois moments : Haut Moyen Age, Moyen Age Classique, Bas Moyen Age. Le Haut Moyen Age dure jusquaux alentours de 950 et est marqu par lunification progressive des royaumes germaniques, par Charlemagne. Cest lpoque dlaboration dune nouvelle culture empreinte de christianisme. Le Moyen Age Classique stend jusquen 1250, et est une poque dor. Cest le moment o lOccident enregistre lun des essors les plus marquants de son histoire. Aprs 1250 et jusquau milieu du XVe sicle, le Bas Moyen Age est un temps de crise dans tout lOccident, dont on ne sortira progressivement qu partir du milieu du XVe sicle. Cette priodisation varie selon les historiographies ; dans les pays anglo-saxons, on parle de Haut Moyen Age pour dsigner lapoge des XIIe, XIIIe sicle. Les historiens allemands parlent dun Frhmittelalter (Ve-VIIIe), et dun Sptmittelalter (jusque XIIe). Concernant les limites gographiques, lAntiquit avait pour centre la Mditerrane, politiquement unifie dans lEmpire Romain. Le Moyen Age fait place trois mondes : lOccident, lOrient et lIslam. Cest en occident que la civilisation classique se poursuit, et se transforme au contact du monde germanique. Bien videmment, lOccident maintient des relations avec Byzance et lIslam. C. Sources de lhistoire mdivale Il est vident que la connaissance de toute priode historique est largement dpendante des sources que lon conserve. Des sources crites, littraire ou de la pratique (chartes,) et matrielles (fortifications, squelettes, objets usuels,) Certaines sources sont spcifiques au Moyen Age, dautres non. Concernant les sources crites, elles se rpartissent de faon ingale dans le temps, et leur volume va en croissant au fur et mesure que lon progresse dans les sicles mdivaux, spcialement partir du XIIIe sicle, avec le dveloppement des tats nationaux qui produisent des documents crits, et le fait que lon utilise de plus en plus lcrit dans la vie sociale. Lcriture est utilise par une minorit. Au dpart, cest essentiellement le milieu des hommes dEglise, des gens cultivs. Le fait de la nature de cette minorit fait quon utilise cette criture pour des textes caractre religieux, mais aussi pour des sources de la mmoire, des sources historiques, ainsi que pour quelques actes officiels de trs grande importance.

  • 5

    Mais lusage de lcrit va se dvelopper, dabord dans les pays du midi, bien avant lan mil, plus tard au nord. Et petit petit, lcrit va lemporter sur loralit ; on va avoir besoin de preuves crites, les droits et obligations dune communaut feront lobjet dun acte crit, Ce passage progressif de loralit lcriture, et partir du XIIe sicle la diffusion du papier qui va progressivement remplacer le parchemin (qui ralentit le recours lcrit par son prix) vont permettre aux sources crites de se multiplier. Une autre volution noter est le remplacement progressif de la langue latine par les langues vernaculaires dans les crits. Tout a va contribuer laccroissement des sources crites au fil des sicles. On peut rpartir ces sources crites en deux grandes catgories ; sources littraires et sources de la pratique. Sources littraires ; elles peuvent tre des uvres de fiction, une pope, des uvres didactiques (notamment des traits politiques), des travaux historiques (chroniques, o lon voque le pass dun pays, dune nation, dune ville,), des annales, des crits hagiographiques (qui ont pour but ddifier tout en distrayant). Sources de la pratique ; archives du pouvoir, des ordonnances, des diplmes, des documents conomiques, des registres de compte, des actes notariaux, des reconnaissances de dette, Les sources matrielles, sont particulirement utiles aux historiens lorsquil ny a pas de tmoignage crit. Pour certaines poques, il sagit de lessentiel de la documentation. Larchologie mdivale apparat bien avant la seconde guerre mondiale, en Allemagne, centre de lEurope, mais pntre beaucoup plus tardivement chez nous, et a aujourdhui sa place mme si elle nest pas aussi dveloppe que larchologie de lAntiquit. Ces recherches utilisent des techniques spcifiques (laboratoires, photographies ariennes, fouilles). Les textes expliquent trs rarement la vie quotidienne de la population, comme le travail de la terre, mais les objets usuels permettent de travailler ces sujets. Il y a aussi les ncropoles, les spultures, qui permettent de dcouvrir lvolution des rites funraires, lvolution de la religion chrtienne dans certaines rgions. Ces spultures ne permettent pas uniquement dtudier les rites, mais aussi dtudier les causes du dcs, les maladies,elle fournit des donnes anthropologiques et dmographiques, on peut aujourdhui dterminer lge approximatif des personnes inhumes. Il ne faut pas oublier non plus tous les btiments toujours levs, mme sil faut tre conscient quils ont souvent t modifis au fil du temps. Des fresques, des tableaux, Lhistoire mdivale est une histoire qui ne se base pas exclusivement sur les textes, mais fait de plus en plus appel aux ressources de larchologie, qui diversifie ses mthodes de recherche.

  • 6

    Chapitre I. Cadres politiques, institutionnels et sociaux.

    A. La dislocation du monde antique Le premier aspect pour bien comprendre le Moyen Age est la dislocation du monde antique. La crise de lempire Romain tait une crise invitable. On peut constater que sous la rpublique, Rome a tendu son autorit tout le monde mditerranen. A un certain moment, cette expansion, cette conqute cote plus cher quelle ne rapporte, il faut garder la main sur ces territoires, et pour cela transformer le pouvoir. Lempire est autre chose, et les romains sen sont rendu compte, quune cit indfiniment largie. Lune des grandes erreurs de Rome a t de ne pas associer pendant trs longtemps les provinces au pouvoir. Rome sest heurte pendant longtemps des oppositions, mais elle a compt sur la force de son arme face aux ennemis de lextrieur, et a tent par des largesses de se concilier les ennemis de lintrieur. Mais une telle politique ne peut pas se maintenir durablement, car avec le temps, lItalie et les provinces deviennent dangereuses. Rome va devoir ouvrir aux Italiens et aux provinciaux les portes du Snat, puis de ladministration, et enfin leur rendre accessible le pouvoir imprial lui-mme. Cest donc la premire erreur de Rome : longtemps tenir lItalie et les provinces lcart, mais aussi les couches infrieures de la socit, apprivoises avec les jeux, les distributions organises de bl, les spectacles, mais tout a cote cher. Puis, pour assurer sa grandeur, Rome sest largement servi des ressources de lItalie et des provinces, et elle ne sest pas proccupe de renouveler, de restaurer par le travail les richesses desdites provinces. LItalie a fini par adopter le mme type dconomie que Rome, en vivant sur les provinces, raison pour laquelle on ne trouve plus la fin de lAntiquit en Italie quune agriculture dgrade et une technologie qui na pas t dveloppe. Au III-IVe sicle, les empereurs vont tenter de redresser la situation, en enrlant les citoyens dans une vaste machine bureaucratique. Ca a un aspect positif, celui dempcher la dislocation de lempire. Mais cette machine est lourde, cote cher, et aggrave la paralysie. Le IIIe sicle est la lutte dun empire qui ne veut pas mourir. La dynastie des Svres fait rgner un rgime de terreur, dans le premier tiers du sicle. Lempereur Caracalla accorde la citoyennet romaine a tous les hommes libres de lempire, cest une ouverture, bien sr, mais ceux qui en bnficient doivent vivre dans des cits organises ; dautre part cet acte est marqu dune volont fiscale (impt de succession). A cette poque, le caractre militaire du pouvoir est renforc, on tablit des soldats-laboureurs aux frontires, et le rle de ladministration est tendu. LEtat intervient de plus en plus, dans une multitude daspects de la vie, dans la production notamment, mais cela entrane un alourdissement des dpenses de lEtat. Arrive ensuite la grande crise (235-268) Le pouvoir repose essentiellement sur larme, et est instable. Des empereurs se succdent grande vitesse, cest lanarchie, et ds lors des barbares franchissent le lims, attirs par lclat de lempire. Nous sommes en priode dinscurit, de marasme conomique, mais avec les empereurs illyriens, une ide assez gniale se concrtise. Aurlien reconquiert les territoires, et puis Diocltien se rend compte que ces territoires trs vastes ne peuvent tre dirigs partir de Rome, il rorganise lempire, et cre quatre capitales et les ttrarques. Ce systme fort complexe ne peut malheureusement se maintenir aprs Diocltien.

  • 7

    Au IVe sicle, on peut parler dune orientalisation de lEmpire, avec Constantin, qui se convertit la religion chrtienne, probablement davantage par superstition que par conviction religieuse, et qui sen prend mme au paganisme (attention, contradiction avec Van Haeperen). Avec lEdit de Milan, en 313, il instaure la libert de culte. Autre lment retenir ; il a transfr sa capitale Byzance, dsormais Constantinople, capitale dun empire runifi, et qui traduit la supriorit crasante de lorient. Lempereur va se prsenter de plus en plus comme de droit divin, et on va tendre ladministration. Au dcs de Thodose, lempire va tre partag entre lempire dorient et lEmpire doccident. Donc, il y a un passage du centre de gravit lorient, une conomie en crise, les petites exploitations sont abandonnes, la main duvre servile fait dfaut (lune des consquences du christianisme), et les grands domaines se divisent, en une partie que le propritaire met en valeur pour lui-mme (rserve), et dautre part les tenures, mises en location. Une conomie qui se transforme donc, les villes ne sont plus gure que des marchs rgionaux, le commerce et lartisanat sont en dclin. Par contre, face ce dclin de la puissance romaine, lattrait du Moyen Orient devient irrsistible. Rome rpand la culture orientale dans le monde grec. Lorganisation de lempire sinspire des pratiques orientales. Des religions mystres sont introduites, et en transfrant la capitale Byzance, lempereur Constantin a sauv la culture grecque de sa destruction par les barbares. Puis arrive la mort silencieuse de lempire, le Ve sicle. Il faut bien dire quil ne faut pas attendre 476. Ds le dbut du Ve sicle, le pouvoir effectif nappartient plus lempereur, mais des chefs barbares (francs, burgondes, vandales, huns) qui se fixent dans lempire, Rome est prise trois fois, et puis en 476, Odoacre dpose Romulus Augustule, et la pourpre impriale est renvoye Constantinople, en signe dune sujtion purement thorique. Les invasions germaniques Quentend-on par Germain ? Ou plus exactement, quentendaient les Romains par Germains ? Pour eux, il sagissait des peuples vivant dans limmense zone hors de lempire. Ils les qualifient de barbares, c'est--dire dtrangers lempire et sa civilisation. Il conviendrait de parler de mouvements migratoires. Ces dplacements ne sont pas suggrs par lhostilit. Ils sinscrivent dans un vaste ensemble de mouvements de population, qui touchent toute lEurope, et mme jusquen Asie et Afrique du Nord. Ces mouvements se poursuivront dailleurs jusquau XVe sicle. Quelles sont les causes de ces mouvements ? Ds avant notre re, les Germains sont tablis dans les plaines europennes, aux frontires, et sont attirs par lclat, la richesse de lEmpire Romain. Sous la pousse des Huns, des nomades disperss dans les steppes du centre de lEurasie, ils vont pntrer dans cet empire. Dans un premier temps, il y a une rue, vers 370 PCN, les Huns bousculent les peuples tablis au Sud de la Russie. Il y a ensuite chez les Huns une priode dunification, dinstallation, ils constituent un vaste empire, qui stend de lElbe au Caucase. Puis sous lautorit dAttila, ce mouvement va se transformer, ils vont reprendre loffensive (447-453). Attila sen prend dabord lorient, o il est arrt par la diplomatie, puis se tourne vers la partie occidentale, mais est dfait en Champagne, par une coalition Romains-Wisigoths. Dtourns de la Gaule, les Huns sorientent vers lItalie, mais sont atteints par la peste et contraints de demander la paix, ils se retirent en Hongrie. Attila meurt, et avec lui lempire des Huns. Cest tout un jeu de dominos. Toute une srie de dplacements de populations, qui en entranent dautres. Les Wisigoths envahissent lItalie, semparent de Rome, et puis linvitation de lempereur, sinstallent en Aquitaine, mais vont perdre ce territoire au profit des Francs, expulser les Vandales et rester en Espagne jusqu la conqute arabe. Les Vandales repousss par les Wisigoths rappliquent vers le sud de lEspagne, dans lAndalousie. Puis les Vandales vont franchir la mditerrane,

  • 8

    Par la suite, ils vont se diriger vers des les de la mditerrane (Balares, Sicile, Corse, Sardaigne,) Les destins urbains du Bas-Empire lan mil. Premier lment ; si la ville est en crise, ce nest pas quelque chose de neuf, mais quelque chose qui tait dj bien visible, bien marqu la fin de lempire romain. La ville perdait de son rle, ce rle conomique, rle de centre artisanal, les commerces, les changes, lindustrie, Les Romains avaient nglig ces aspects, force de vivre sur les ressources des provinces. La ville perd sa raison dtre. On la quitte, partiellement en tout cas, et lon parle dune usure de la cit antique. Puis arrivent les invasions, avec certaines phases de violence (grandes invasions). Que deviennent les villes ? Elles se dpeuplent largement, et certaines villes ne se maintiennent que grce lvque et quelques ecclsiastiques, car la gographie religieuse sest calque sur la vie administrative. Les vques se sont tablis dans les cits, et ils restent avec leur entourage de clercs. La population sest rfugie dans des lieux offrant une certaine scurit face aux envahisseurs. Des endroits qui ne sont pas dans des lieux de passages, des endroits naturellement dfendus/difficiles prendre. Les barbares sinstallent, mais o ? Ils se mfient des localits qui avaient un rle important au sicle prcdent, parce quils craignent dtre en conflit avec les anciennes classes dirigeantes qui rsidaient dans les villes. Certains crent de nouvelles villes, mais il y a aussi un attrait des chefs barbares pour les domaines ruraux. Ils vont crer de grands domaines, se btir des palais, de grandes rsidences o ils vont largement vivre, en dehors des milieux urbains traditionnels. La ville, qui a petit petit perdu le rle qui tait le sien, va le rcuprer lorsque lconomie va se ranimer. Elle va tre ranime galement par des abbayes, des organismes caritatifs (hpitaux). Des marchs et foires vont se dvelopper et une population va peu peu se fixer demeure. La survie de lempire dorient En orient, lempereur est toujours en place, et lempire survit car lorient est parvenu repousser les envahisseurs huns et germains, par le biais des armes et de la diplomatie des basileis. Lempire survit, mais se transforme, du fait notamment des influences orientales, avec les religions orientales, mystre comme le culte de Mithra ou bien le christianisme. Influences orientales aussi dans la conception du rle de lempereur, qui devient une sorte de despote oriental. Ces influences sont devenues prpondrantes ds le dbut de lre chrtienne, et accentuent leur importance aprs le transfert du sige de lempire Constantinople, en 330, et le partage de lempire. Un moment important dans lhistoire de cet empire est la Restauration de lEmpire sous Justinien (527-565). Justinien tait un paysan de Macdoine, au milieu du VIe sicle. Il devient empereur, et est anim par deux grandes ides : lide impriale, et lide chrtienne. Il a pour ambition de restaurer lempire comme il tait au temps de Constantin, et a la chance de pouvoir compter sur des gnraux habiles, des ministres comptents, et la personnalit de son pouse, Thodora, dote dune grande nergie et dun esprit politique particulirement clair et avis. Il reconquiert une srie de territoires tout autour de la Mditerrane ; lAfrique du nord, lItalie, le sud-est de lEspagne. Ce nest pas lancien empire romain, mais on retrouve malgr tout un pouvoir politique autour de la Mditerrane. Concernant lide chrtienne, le VIe sicle connat un schisme (quand une partie de la chrtient ne reconnat pas le pape de Rome), et Justinien se chargera de rtablir lunit religieuse, en combattant les hrsies. Il parvient donc raliser les deux grandes ides qui laniment.

  • 9

    Justinien est aussi lorigine dune civilisation brillante, et de lclosion de la civilisation byzantine qui va se rvler luvre la plus durable de Justinien. Toujours dans son optique de restauration de lempire romain, il en restaure ladministration et les cadres. Dautre part, il ralise une importante uvre administrative en mettant de lordre dans le vaste ensemble des lois romaines, qui se montraient parfois en contradiction les unes avec les autres. Justinien les rassemblera en un code, qui servira de base pour la formation des lgistes au Moyen Age et aux Temps Modernes. Au point de vue artistique, Justinien fait construire de nombreuses glises, plan central, couvertes de coupoles, selon des mthodes de construction empruntes aux Perses. Les murs sont dcors de mosaques et de fresques (Sainte-Sophie Constantinople). Il cre galement des difices dans la capitale de Ravenne, galement sur un plan oriental (Saint Vital, Ravenne). Un dernier lment concernant cette brillante civilisation : les discussions thologiques. Elles passionnent les individus, jusqu la masse. Cest un tat desprit, tout un engouement pour les questions thologiques. On parle de querelles byzantines.

    B. Le projet carolingien Vers lunit politique : Le projet carolingien aura des consquences dpassant le monde franc, et durables dans le temps. Les Pippinides, ou Carolingiens taient des aristocrates de nos rgions (du ct de la Meuse et de la Moselle). Grands propritaires terriens, ils possdaient de grands domaines ainsi que des abbayes (Nivelles). Il sagit aussi dune dynastie de hauts fonctionnaires, de responsables du pouvoir : Les maires du palais. En effet, les Mrovingiens nexeraient plus rellement le pouvoir, et le confiaient ces aristocrates, qui soccupaient des finances, de larme,ils taient les vritables rois de fait en Austrasie. Face ces rois fainants, les autres aristocrates soutenaient les Carolingiens dans leur progression. Ils remportrent de prestigieuses victoires militaires, ce qui accrt leur autorit et leur prestige, avec la Neustrie ainsi quen 732 Poitiers. Il y a donc toute une srie dlments jouant en faveur de cette famille, et en faisant de vritables rois de fait. Ils ne sont cependant pas encore des rois de droit, car il y a toujours un mrovingien en place. En 751, Ppin le Bref, maire du palais, dpose le dernier roi fainant, et le place dans un monastre. Il obtient ainsi le pouvoir par un coup dtat. Mais la civilisation de lpoque est trs croyante, et il manque au pouvoir de Ppin le Bref quelque chose dessentiel : la reconnaissance religieuse. Il parvient se faire sacrer roi par Saint-Boniface. Ppin le Bref est donc roi, et reconnu comme tel par lautorit Ppin le Bref, roi, reconnu comme tel par lautorit ecclsiastique, et son fils et successeur, Charlemagne, conquirent toute une srie de territoires, et tendent leur influence vers le nord (Frise) vers lest (Saxe, Bavire, Carinthie). Ppin le bref est lorigine des tats pontificaux ; la papaut est menace, et Ppin leur fournit des territoires, et annexe le nord de lItalie. Laction de Ppin et de Charlemagne soriente galement vers lEspagne. Toute une srie de territoires importants, donc. La restauration de lEmpire lpoque de Charlemagne.

  • 10

    On ne peut pas parler de Charlemagne sans voquer Alcuin, directeur de lcole palatine dAix la Chapelle, une cole accueillant les fils de hauts dignitaires, et les formant leurs futures fonctions. Il va accrditer lide que Charlemagne doit devenir empereur. Il faut bien dire quil ny a plus dempereur en Occident, et que dautre part, un vnement assez tonnant se passe en orient, o Irne dtrne son fis et sadjuge le pouvoir de basileus. Situation impensable, quune femme soit la tte de lempire, ds lors, la place est considre comme vide. Un autre vnement se passe du ct de Rome, o la fonction de pape est importante pour les familles romaines. Mais Lon III nest pas issu de ce milieu, il a fait sa carrire dans la chancellerie pontificale, il est trs mal vu et senfuit, il va chercher laide de Charlemagne, qui le rtablit sur le trne pontifical Rome. Il y a donc deux lments qui faciliteront laccession de Charlemagne la fonction impriale : un trne vide en Orient, et les difficults du pape Rome. Fin de lanne 800, Charlemagne se rend Rome, o un concile stait runi et avait absout le pape de toute une srie daccusation. Ce concile dvques a estim que Charlemagne devait rcuprer la dignit impriale. Charlemagne reoit tous les honneurs rservs lempereur. La crmonie doit se drouler la nuit de Nol. Charlemagne sest laiss convaincre par son entourage, et avant le couronnement imprial, il va sincliner devant le tombeau de Saint Pierre. Lon III le couronne alors, avant quil ait t acclam par les seigneurs. Il montre de cette manire que cest lui, le pape, qui choisit lempereur. Charlemagne est furieux, et couronnera lui-mme son fils par la suite. Que le pape choisisse lui-mme lempereur et le dsigne peut avoir dnormes consquences. Charlemagne ne peut laccepter, il aurait prfr tre lu par acclamation, Lon III a vraiment court-circuit la crmonie. Charlemagne est donc empereur, mais de quoi ? Thoriquement, cest un empire universel, mais le caractre et le but son essentiellement religieux, il est suppos tre la tte de la chrtient, comme le pape. Ds lors, qui est suprieur lautre ? Le pape ou lempereur ? Cette question amnera toute une srie de conflits. Le dmantlement de lEmpire la mort de Louis le Pieux Lempire manque dunit, de plus le successeur de Charlemagne, Louis le Pieux, est un personnage qui na pas lenvergure de son pre. Il est faible, indcis, influenable, et va plusieurs reprises modifier ses dispositions successorales, ce qui suscitera des conflits entre ses fils, et un mcontentement gnral. En 841, les deux fils cadets de Louis le Pieux, Louis le Germanique et Charles le Chauve vont sunir, par les serments de Strasbourg, contre Lothaire. Ces actes sont dune grande importance, tant en histoire politique que pour lhistoire des langues, car il sagit dactes rdigs en franais et en allemand, les plus anciens documents conservs dans ces deux langues. Le problme de succession tient donc la personnalit de Louis, aux rivalits entre ses fils, et la nature mme de lempire, qui est constitu de vastes rgions loignes les unes des autres, de divers peuples, et qui ne sont pas unis par un commerce susceptible de les rapprocher. En 843, cest le trait de Verdun, instaurant un partage de lempire entre les trois fils. Lothaire va hriter du titre imprial, et recevra la partie centrale de lempire, un vaste territoire qui va de la mer du nord et de la Frise jusqu lAdriatique. Cest la Francia media ou Francie mdiane. Charles le Chauve hrite de la Francia occidentalis, ou Francie occidentale, qui deviendra la France par la suite. Louis le Germanique reoit les territoires orientaux de lempire, la Francia orientalis, ou Francie orientale. La part de Lothaire est un territoire tir en longueur, difficilement gouvernable et manquant dunit. A son dcs, en 855, cette Francie mdiane va se diviser en Lotharingie (du nom de Lothaire II), en Bourgogne et en Italie. Il y a donc un clatement de la partie centrale, mais avec le temps, elle

  • 11

    sera absorbe par la Francia orientalis, soit les territoires qui avaient t donns Louis le Germanique. Le titre imprial passera galement aux hritiers de Louis le Germanique. Il y aura une brve runion de tous ces territoires sous Charles le Gros, mais lclatement dfinitif des possessions de Charlemagne est un fait acquis en 888 C. Le morcellement de loccident Dautres vnements vont bouleverser la carte politique : de nouvelles invasions Normandes et Hongroises. Ce sont deux vagues indpendantes : les invasions scandinaves/normandes, et les invasions hongroises/magyares. Les invasions normandes. Au nord de lEurope, il y avait trois nouveaux royaumes : Sude, Norvge et Danemark. Au neuvime sicle, les Scandinaves/Normands entrent en contact avec loccident. Ce sont dexcellents marins, quips de navires faible tirant deau (drakkars), qui permettent de remonter le cours des rivires. Dans quelle direction partent-ils ? Lorientation des Sudois, Norvgiens et Danois rpond lorientation gographique de ces trois royaumes. Les Sudois/Vargues, ont une faade sur la mer baltique, et partir de l vont se diriger vers la futur Russie, jusqu la mer noire, et vont crer des postes commerciaux, des comptoirs dfendus par des postes militaires (Norgoroth, Smolensk, Kiev,). A partir de ces comptoirs, ils creront des principauts, comme Kiev, noyau de la futur Russie Les Norvgiens sont sur lAtlantique, et vont se diriger vers lIrlande, lIslande, le Groenland, Labrador, Terre-Neuve, Massachussetts, et vont mme rester en relation commerciale avec ces territoires amricains. Les Danois tablissent des camps lembouchure des fleuves, et quips de leurs drakkars remontent ces fleuves, et pillent ce quils rencontrent : des agglomrations et des abbayes. Ils sattaquent lempire carolingien, mais vont tre arrts devant des chteaux, devant des villes (Paris), ou bien dfaits en pleine campagne (Louvain), et seront finalement installs dans la Normandie, louest de Paris, dans la valle de la Basse-Seine. Ces Danois se sont attaqus lempire carolingien ainsi qu lAngleterre, et la fin du dixime sicle, ils reviennent en force. Knut le Grand, leur chef, va runir en un vaste empire maritime les territoires classs sous son autorit (Danemark, Norvge, terres dIrlande, Angleterre), mais cet empire ne lui survivra pas. En 1066, la couronne dAngleterre est vacante, et Guillaume le Conqurant, duc de Normandie, va la revendiquer et conqurir lAngleterre (Bataille dHastings). Voil pour ces peuples scandinaves. Il y a, environ la mme poque, une autre vague dinvasions, celle des Magyars/hongrois. Ce sont des populations nomades de lAsie centrale, qui au dixime sicle pntrent dans la plaine dEurope centrale et se lancent sur lAllemagne, la France, lItalie, mais en 955, Othon le Grand, roi de Germanie, les dfait au Lechfeld, au sud dAugsbourg. Quelles sont les consquences de ces invasions ? Si lon veut rsumer par une phrase : Loccident a t agrandi, et il a t morcel. Il a t agrandit, parce quon a vanglis le monde scandinave. Ca avait dj commenc sous les carolingiens, mais les progrs dcisifs datent de cette poque. Gagns la foi chrtienne, ces pays sintgrent loccident. Les Hongrois sont vaincus, et vont se sdentariser, se convertissent, et vont constituer au cur de lEurope, un tat indpendant politiquement, religieusement, de lAllemagne. Plus tard, cette Hongrie va constituer un bouclier contre les Turcs.

  • 12

    Il y a donc un agrandissement vers le centre du continent. Mais il y a aussi un morcellement, car face aux raids, les souverains ont t incapables de tenir tte dans la plupart des cas, et les habitants de ces territoires se sont tourns vers ceux qui taient capables de les dfendre : les grands, les puissants. Cela favorise la mise en place du rgime fodal. Situation dans lempire : Quelle est la situation dans lempire ? On a des souverains incapables de faire face aux raids Hongrois, et des duchs nationaux se constituent donc, des regroupements sur une base ethnique, tels que la Souabe, Bavire, Saxe, Franconie. Des Duchs nationaux dont les chefs sarrogent les prrogatives des rois. Mais il va y avoir une restauration avec Otton Ier. En 918, le roi meurt. Cest le plus puissant des ducs qui va lui succder : Henri de Saxe, surnomm Henri Ier lOiseleur. Il va asseoir la grandeur de sa maison en annexant la Lotharingie, et en vainquant les Hongrois. Son fils, Otton Ier va renforcer lautorit lintrieur des territoires, et ouvrir la voie la restauration de lempire. Il va confier des ecclsiastiques, des prlats qui lui sont fidles, le gouvernement temporel de vastes territoires. Cest lorigine des principauts ecclsiastiques, de lEglise impriale. Ces ecclsiastiques sont choisis parmi les fidles, et nont pas de successeurs, ce qui permet de retransmettre les principauts dautres fidles. Il va associer son fils au pouvoir, le rendant hrditaire. Otton poursuit lexpansion territoriale, avec succs. Il cre un territoire tampon, une marche militaire pour protger contre un ventuel retour des hongrois : la marche de lEst, LOstermark. Il va inaugurer une expansion politique, religieuse et conomique vers lEst. Quel est le bilan ? De quoi sont-ils matres ? On se rend compte quils sont matres des trois fragments de la Francie mdiane. Otton est donc matre du territoire qui tait lhritage de Lothaire, c'est--dire de lempereur. Il estime donc avoir droit au titre imprial, dautant plus quil est le dfenseur de la papaut, et dfendre la papaut est le rle, la mission spcifique de lempereur. Il est couronn empereur en 962. On a donc restaur lempire. Mais cest une restauration temporaire, car on va sacheminer vers la faillite, le dclin de lempire. Les rois de Germanie vont devoir mener de front deux politiques : une politique en Allemagne, et une politique impriale. Rester matre chez soi et mener une politique au niveau de loccident est difficile, et il va y avoir des problmes : La Querelle des investitures : (1075-1122) Le choix des vques de ces territoires nest pas dtermin par les qualits chrtiennes du futur prlat, mais par sa fidlit lempereur. Cest une des raisons pour lesquelles en 1075 Grgoire VII interdit tout lac de confrer une dignit ecclsiastique, de donner linvestiture un vque. Naturellement, cela narrange pas lempereur, puisque cette dcision ruine le systme de lEglise impriale. Henry IV, nacceptant pas cette dcision pontificale, fait donc dposer le pape par des prlats allemands. Grgoire VII use alors dune arme terrible pour lpoque : il excommunie lempereur, le mettant au ban de la chrtient. Du coup, les vques hsitent, limitent leur fidlit, et Henry IV est forc de demander la relve de cette excommunication. Le pape est alors en Italie, Canossa. Lempereur vient faire amende honorable, et demande tre relev de lexcommunication. Cest, pour un empereur, une dmarche terriblement humiliante, mais seul moyen de conserver ses appuis. Mais la querelle des Investitures nest pas finie pour autant. Il faudra attendre 1122 pour que les adversaires en arrivent un compromis, avec le concordat de Worms (ville de la valle du Rhin). Dornavant, quand un vque meurt dans lempire, le successeur est dsign par le clerg et le peuple chrtien. Bien videmment, ce nest pas tout le peuple qui dcide, mais les chanoines,

  • 13

    lentourage de lancien vque. Le futur vque doit ensuite tre investi de son pouvoir spirituel par le metropolita, larchevque, qui lui donne les signes de sa fonction (crosse et anneau). Le choix et lintronisation de lvque relvent de lautorit ecclsiastique, ensuite seulement, lempereur peut lui confier un pouvoir temporel et le mettre la tte de la principaut territoriale, lui remettant le sceptre, symbole du pouvoir temporel. Cest une grave et longue crise qui secoue lempire, mais ce nest pas fini. Au treizime sicle, la crise dfinitive clate. Lempereur Frdric II a comme ambition de dominer la Sicile et lItalie. Il se heurte diffrentes personnes, et notamment au pape, chef temporel depuis lpoque de Ppin le Bref. La papaut est persuade quelle doit rester matresse de lItalie, que cest la condition pour conserver sa libert. Elle affirme mme dtenir un pouvoir suprieure, tre une thocratie. Frdric II concentre ses efforts vers la pninsule italienne, et doit concder toute une srie de privilges aux princes allemands, pour viter de mauvaises blagues en son absence. Cela a comme consquence un certain dmembrement des territoires. Les princes territoriaux acquirent des parts importantes de pouvoir. Frdric II meurt en 1250, excommuni, dpos et vaincu. C'est--dire, hors de lEglise, chass du sige imprial, et vaincu. Comment devient-on empereur ? Cette question fait lobjet de ngociations, marchandages,et finalement, une bulle dor, en 1356 dtermine que sept princes devront choisir le futur empereur : 3 ecclsiastiques (les archevques de Cologne, Mayence et Trves), et 4 lacs (comte palatin, duc de Saxe, margrave de Brandebourg, roi de Bohme). Cela va rgler llection impriale, mais ne rglera pas tous les problmes. Lempire a largement perdu son caractre universel, et se confine trs largement lAllemagne. On va dailleurs voir simposer lappellation : Saint Empire Romain de la Nation Germanique LAllemagne elle-mme est miette en quelques 300 petits tats, tout comme lItalie est divise en tats pontificaux et tats urbains (villes du nord) Au sortir de ces vnements, qui a gagn ? Face lempereur, cest le pape qui a gagn, mais la papaut est largement affaiblie et a perdu de son crdit. D. Le monde fodal Le mot fodalit : deux acceptions Confronts des souverains carolingiens incapables de faire face aux invasions, les habitants se sont tourns vers de puissants personnages, des chefs de duchs nationaux, capables de les protger. On en arrive ainsi la mise en place de la fodalit. A la Rvolution Franaise, ce mot a une connotation tout fait ngative. Ce mot, fodalit , revt plusieurs acceptions : La premire dsigne un type de socit caractris par le dveloppement de liens de dpendance dhomme homme. Cest une socit o domine la classe des guerriers, qui occupe les jalons les plus levs dans la hirarchie sociale. Cest enfin une socit o il y a un morcellement des terres, des proprits. Cest ce type de socit qu connu lEurope occidentale, dans des tats issus de lempire carolingien, mais que lon observe aussi dautres poques dans des pays prsentant de trs fortes analogies avec cette socit mdivale, comme lEgypte ancienne, la Russie, lInde, le Japon, Ceci est une premire acception du mot fodalit. et qui prsentent de trs fortes analogies avec cette socit mdivale, comme lEgypte ancienne, Russie, Inde, Japon, Ceci est une premire acception du mot fodalit La seconde acception est plus technique, juridique.

  • 14

    La fodalit est prsente comme un ensemble dinstitutions crant et rgissant des obligations dobissance, de services, et de protection, dentretien. Ces liens se crent entre hommes libres, et celui occupant la position dominante a galement des obligations vis--vis de son vassal. On trouve ces ralits dans les diffrents tats issus de lempire carolingiens, mais cest loin dtre unique. Le mot fodalit est donc un mot assez complexe. La seigneurie : En France, et un peu plus tard en Germanie, les souverains ne pouvaient plus faire face aux envahisseurs, et nexeraient pas une autorit relle sur la population, car cette autorit tait exerce par des fonctionnaires, des abbs, des grands propritaires fonciers, Avec le temps, ces grands propritaires vont profiter de la faiblesse du pouvoir royal et de ses dlgus, pour se muer en seigneurs. Le propritaire foncier exerce son autorit sur les habitants de son domaine et de sa priphrie. La population laccepte, car les grands propritaires la protgent. Ces propritaires exercent la justice en lieu et place du souverain et de ses officiers, car la justice est quelque chose de rentable (amendes). Puis ces propritaires profitent de la faiblesse de lautorit royale pour sapproprier une srie de taxes, de redevances sur le commerce, le trafic (ponts, tonlieux, pages). Non seulement ces propritaires confisquent des droits qui appartenaient au souverain, mais en crent eux-mmes de nouveaux : la taille, les banalits (lobligation dutiliser le four, le moulin du seigneur,), taxes de morte-main, formariage,Ces grands propritaires se muent en seigneurs. Suzerains et vassaux : Au cur de la fodalit, il y a la notion de suzerain et de vassal. Ce nest pas quelque chose de radicalement nouveau. Dans lAntiquit germanique, les chefs avaient lhabitude de sentourer de gens auxquels ils offraient le gite et le couvert en contrepartie dun service darmes. Dans le monde romain, les potentes avaient une clientle. Puis ces pratiques se dveloppent la fin de lpoque franque : les carolingiens veulent renforcer la fidlit des grands personnages, et ils se les lient par un serment. Ils invitent ces grands personnages se faire eux-mmes des vassaux. Un systme qui se met donc progressivement en place, ce qui est fait au dbut du XI

    e sicle. Il

    y a des rites, des modalits, qui nvolueront plus beaucoup. Quest ce que la vassalit ? Un contrat conclut entre un homme libre et un autre homme libre. Un esclave ne peut engager sa propre personne, car il ne sappartient pas. Ces deux personnes sont lies au cours dune crmonie : lhommage. Le suzerain est assis, et celui qui deviendra son vassal se tient devant lui, debout, parfois genoux. Le vassal nest pas arm, il place ses mains dans celles de celui qui deviendra son suzerain, qui les referme, en signe de protection. Le vassal prte alors un serment de fidlit, il sengage tre au service de son suzerain. Le contrat cre des droits et des obligations pour les deux parties : Le vassal doit le conseil et laide son suzerain. Le conseil implique le service de cour : venir assister des grandes assembles avec tous les gens sous la dpendance de son suzerain, pour entourer le suzerain, rehausser son prestige. Il doit aussi le service de plaid, qui consiste aider son matre dans lexercice de la justice, lui donner des avis, participer ventuellement une dcision dans un tribunal. Laide, auxilium : il doit aider financirement son suzerain dans certaines conditions, car il a fallu limiter les cas, pour des suzerains dispendieux. Il y a quatre cas o le vassal doit aider financirement son suzerain : quand son fils an va tre adoub chevalier, lors du premier mariage de la fille ane, lorsque le suzerain part en croisade (il doit squiper, acheter des montures, de larmement, a cote trs cher et il a besoin daide), et contribuer payer la ranon pour le suzerain qui devrait racheter sa libert.

  • 15

    Cest une aide matrielle, financire dans quatre cas, mais il doit surtout une aide militaire. Le vassal doit servir en armes son suzerain, pour assurer la fidlit du territoire, ventuellement pour des oprations offensives (courte dure), la dfense du chteau, tenir garnison au chteau, ou ouvrir son chteau au suzerain qui aurait perdu le sien. En contrepartie, le suzerain doit bonne-justice son vassal, et protection, mais aussi lui fournir des moyens matriels dexistence, laider financirement. Le plus souvent, il lui concde un fief. Le fief Quest ce quun fief ? Un moyen de subsistance, qui va amender des revenus. Il peut revtir plusieurs formes : cela peut tre une principaut, une seigneurie, quelques terres, a peut aussi tre un pouvoir de commandement (dans une forteresse, il est log nourri et rmunr), des fonctions civiles ou ecclsiastiques. Le plus souvent, cest une terre. Distribuer des terres doit appauvrir le suzerain, mais il y a une subtilit : le fief de reprise. Supposons un personnage ambitieux nomm Geoffroy, et un petit seigneur nomm Arthur. Pour viter de voir un jour sa terre absorbe par la force, Arthur se met sous la protection de Geoffroy, et lui transfre sa terre. Geoffroy la lui restitue ensuite comme fief, une terre dpendant de lui : cest un fief de reprise. Arthur sest mis sous la suzerainet de Geoffroy, qui en contrepartie lui a rendu sa terre en qualit de fief. Cette technique a des inconvnients, car si Arthur ntait pas entr dans la suzerainet de Geoffroy, son fils aurait hrit de la terre. Or, un contrat vassalique lie deux hommes entre eux, et au dcs dArthur, Geoffrey na aucune obligation de concder ces terres son fils. Avec le temps, les vassaux vont obtenir lhrdit. Il y a un phnomne de patrimonialisation. Mais le passage ne se fait pas automatiquement, il faudra que le fils dArthur le sollicite, et quil y ait une investiture, la deuxime phase de lhommage, le fait pour un suzerain de mettre un vassal en possession dun bien. Il remet des lacs ou des ecclsiastiques, un symbole (tendard pour commandement militaire, motte de terre, pis de crales,). Le fils dArthur est rinvesti, mais a ne se fait pas tout fait gratuitement. On exige que celui qui reprend un fief, relve un fief, paie un droit de relief. Le vassal meurt, son fils hrite, et il doit payer une certaine somme, correspondant normalement au revenu dune anne, qui est un droit de relief. Il peut se faire que le vassal trouve un personnage (Enguerrand) plus puissant que Geoffroy, et prfre entrer dans sa vassalit. Il va donc y avoir une rupture dengagement. Il est clair que si Geoffroy a donn un fief, il doit tre rendu. Quand le vassal refuse de rendre le fief, a aboutit souvent des oprations militaires. Des sanctions sont aussi prvues quand le vassal ne respecte pas ses obligations. Il est flon, (flonie), et le suzerain va confisquer dfinitivement ou temporairement le fief. Avec le temps, cette fodalit se complique. Ce qui va primer avec le temps est laspect matriel. Cest intressant dtre vassal, ds lors Arthur va essayer de devenir vassal de plusieurs seigneurs, et davoir ainsi plusieurs fiefs. Evidemment, en contrepartie, il doit laide ces suzerains. Et si deux de ses suzerains sont en conflit lun avec lautre ? Comment Arthur doit-il ragir ? Il peut faire des suppositions, rester fidle au plus puissant en esprant une part dans le butin, mais cest risqu. Un autre systme est de rester fidle au plus ancien suzerain. Puis vient la solution, avec la notion de ligesse : un fief-lige. Un fief possd avec comme obligation de servir prioritairement ce suzerain. La fodalit et la royaut : Le roi a des vassaux, qui ont des vassaux, qui ont des vassaux, et ainsi de suite. Le vassal du dessous est spar du roi par toute une srie dintermdiaires. Il y a un cran qui se cre entre la

  • 16

    masse des arrires vassaux, et le suzerain. Cest est un lment ngatif, mais dautre part, ce systme permet de garder des liens entre le souverain et les arrires vassaux ; un lien personnel indirect, affaibli. Donc, il y a un cran mais aussi le maintient dune dpendance. On nest pas totalement indpendant, et laide financire, militaire des grands sommets de la pyramide reste acquise au roi. Ce sont des rapports assez complexes, qui vont en se compliquant au fil des sicles. E. Laffirmation des monarchies nationales De grands tats vont petit petit se constituer, des monarchies nationales vont saffirmer : la France et lAngleterre. La France des Captiens : Comment, de cet miettement, est-on parvenu reconstituer un tat franais ? Les invasions normandes ont t particulirement graves en France. Les rois ne parviennent pas les arrter, et lorsque Charles le Gros meurt en 888, son hritier a huit ans. Pour faire face au danger, les grands personnages mettent sur le trne un personnage qui a du poids : Eudes de Paris, lanctre de Hugues Capet. Eudes est le fils de Robert le Fort. Pendant environ un sicle, les Carolingiens et les Robertiens vont se disputer la couronne, jusqu llection en 987 de Hugues Capet, (Robertien). Il y a donc une famille qui arrive au pouvoir, et nest pas descendante des Carolingiens. Avec toutes les difficults que connaissait la France (invasions, faiblesse du pouvoir royal,) Il y avait assez bien de violences, et lEglise a imagin quelque chose pour mettre fin ce dsordre : la paix/trve de Dieu (vers lan mil) : certains jours de lanne, on ne fera dopration militaire ; ni contre les civils/non-belligrants, ni certaines dates. Lglise veut faire des seigneurs des chevaliers, des gens qui vont combattre cheval et tre les dfenseurs de la foi et des faibles. Mais si lon veut quune dcision sassortisse de rsultats concrets, il faut un systme de rpression : lexcommunication. LEglise nobtient cependant que des rsultats partiels. Il y a aussi une volution qui sobserve partir du XIIIe sicle. De puissants personnages parviennent rcuprer des territoires de plus en plus vastes constituer de vritables principauts territoriales, avec notamment des droits rgaliens (justice, cours,). Ces grands personnages qui mergent constituent un handicap, une nouvelle difficult pour la monarchie. Mais la monarchie, la royaut conserve certains atouts : Le roi de France est sacr Reims, ce qui lui donne un prestige particulier, il a mme le privilge de gurir les crouelles (maladies de la glande lymphatiques). Le roi est le chef de la fodalit, si un vassal meurt sans hritier, cest le roi qui rcupre le fief. Les premiers Captiens vont associer leur fils au pouvoir royal, et assurer lhrdit de la fonction. Certains Captiens ont aussi compris que pour tre fort, il faut possder un vaste domaine et bien le grer, pour quil rapporte des revenus et des troupes. Ils vont essayer daccrotre leurs domaines. Au dpart, le domaine des rois de France est un domaine excessivement rduit par rapport ce qutait la Francie occientale. Le domaine royal correspond la rgion autour de Paris, et quelques vchs, abbayes o le roi peut dsigner des responsables. Certains Captiens sont convaincus de la ncessit dune bonne gestion. Louis VI et Louis VII vont faire rgner la paix, la justice dans les territoires sous leur autorit, et ainsi gagner les faveurs de lEglise, des paysans, et des bourgeois des villes. En instaurant la paix, en grant correctement leur domaine, ils obtiennent les faveurs dune part importante de la population.

  • 17

    Philippe Auguste (1180-1223), et Louis VIII vont utiliser les biens fodaux pour accrotre le domaine. Philippe Auguste a comme vassal le roi dAngleterre : Jean Sans-Terre. En France, Jean Sans Terre a des vassaux. Un jour, un de ses arrire-vassaux appelle la justice de son suzerain, et demande quil le rtablisse dans ses droits, mais Jean Sans-Terre ne sen inquite pas. Le roi de France, suzerain de Jean Sans-Terre le convoque donc sa cour. Jean Sans-Terre ne se prsente pas, et le roi de France le dclare flon, et prononce la confiscation dune partie de ses fiefs. Prononcer une sanction, cest bien, mais il faut aussi excuter cette sanction. Il va assiger la forteresse de Chteau-Gaillard. Les troupes du roi de France gagnent, il annexe la Normandie, le Maine, LAnjou et le Poitou. Le roi dAngleterre va mobiliser des allis, mais ces allis vont tre dfaits par le roi Philippe Auguste la bataille de Bouvines, en 1214. Le roi de France conserve les fiefs quil a confisqus, et augmente son territoire. Une autre circonstance ayant permis laccroissement des terres : lhrsie des albigeois. Cest une croisade qui amnera le roi de France intervenir et confisquer les biens du comte de Toulouse. Saint Louis, Louis IX (1226-1270) va dvelopper une administration dans un tat qui stend. Il cre des administrations rgionales pour bien tenir en main les diffrentes parties de son territoire, et sintresse particulirement la justice, dont il amliore le fonctionnement. Il introduit la possibilit de faire appel dune sentence au parlement. Il amliore un systme de preuves, denqute plus labor que lordalie. Des commissaires recueillent des plaintes contre les officiers royaux. Sa rputation dpasse les frontires du royaume de France, et on fait souvent appel lui ltranger comme arbitre. Une monarchie est donc peu peu reconstitue, on se rapproche doucement dun tat moderne. LAngleterre : LAngleterre est un cas radicalement diffrent de la France. En Angleterre, au dcs dEdouard le Confesseur, se pose un problme de succession. Le duc de Normandie, Guillaume le Conqurant, se porte candidat la couronne. Il nest pas le seul, mais est le souverain de Normandie, il dbarque en Angleterre et bat son rival en 1066 Hastings. Ceci a des consquences normes, sur la manire dont lautorit royale va sexercer en Angleterre, car Guillaume est roi par conqute (quand en France, cest une srie de succession). Ici, il sagit dun pouvoir fort. Il va combiner les institutions qui existaient dj, anglo-saxonnes, et les institutions de sa Normandie natale. Le roi impose tout dabord tous ses sujets un serment de fidlit. Il possde tous les territoires du royaume, et en fait dresser un inventaire : le Domesday Book. Une sorte de cadastre. Il garde une partie de ce territoire, et distribue le reste ses vassaux, avec une aide financire en contrepartie. Il a donc damples revenus. Par ailleurs, il maintient un impt qui avait t tabli jadis pour lutter contre les Vikings. Il a aussi des forces militaires importantes. Le service militaire est obligatoire pour tous, en cas dinvasion trangre. Dans le cadre de la fodalit, les prestations de ses vassaux. Le pays est divis en circonscriptions : shire, avec les sheriffs, qui cumulent une srie de fonctions (rendent la justice, peroivent les impts,). Les sheriffs sont nomms et rmunrs par le roi. Cest nettement plus intressant que confier ces fonctions un vassal. Souverain par conqute, pouvoir fort, cela ne fait videmment pas laffaire des nobles, qui vont sunir pour rduire, contenir ce pouvoir fort. Les nobles ont toute une srie doccasions de se plaindre de ce pouvoir, car il y a des luttes successorales, et quand il faut trancher, arbitrer ces questions, ce sont les nobles qui interviennent. Il y a aussi des guerres incessantes (contre les Galois, les Ecossais, et pour dfendre les terres en France). Ce qui amne de grandes dpenses.

  • 18

    Mais lhistoire dAngleterre est une alternance de pouvoir fort, avec contestation, et puis dun pouvoir royal qui rcupre des prrogatives. Henri II Plantagent restaure lautorit royale, compromise par des querelles dynastiques. Il peut le faire car il possde dimportants territoires, par hritage et par son mariage avec Alinor dAquitaine, et des territoires conquis. Il a donc dimportants revenus et territoires. Il supprime les privilges des ecclsiastiques, provoquant lopposition de larchevque de Canterbury, que des nobles assassineront, mais le roi se verra du coup forc de restaurer ces privilges. Il perfectionne ladministration, la cour qui lentoure est rorganise en services spcialiss. L Il y a le conseil priv, o lon traite des questions de politique, lEchiquier pour les finances, et les Bancs pour la justice. Il a deux fils : Richard Cur de Lion et Jean sans Terre. Richard succde son pre, la fin du XII

    e sicle, mais il est fort impliqu dans la croisade, a

    des dmls avec Philippe Auguste, est quasi toujours absent du royaume, ce qui dforce lautorit royale. En 1199, Jean Sans Terre lui succde. Il porte ce nom, car dans la succession, ctait son frre qui avait obtenu les territoires. Il se rvle tyrannique, a de constants besoins dargent, et sera vaincu sur le continent. Il est fortement affaibli, et toute lAngleterre va se dresser contre lui. La consquence en est que Jean Sans Terre va devoir concder la Magna Carta en 1215, lui imposant de gouverner en respectant les lois et les coutumes. La Magna Carta interdit les arrestations sans jugement, et instaure les modalits pour la perception de laide, des impts (Il faut obtenir laccord du Commun Conseil pour lever une aide (nobles et prlats).) Elle assure aussi un conseil de barons, qui veille au respect des lois par le souverain. De la combinaison de ce Commun Conseil et du Conseil Royal va natre le Parlement. Le rgne dEdouard Ier, dans le dernier quart du XIIIe sicle est une poque de lutte incessante contre le pays de Galle et de lEcosse, ce qui loblige a demander des aides et convoquer rgulirement le Parlement. En multipliant les sessions, on offre au Parlement la possibilit de sorganiser, et de nouveaux membres vont lintgrer. Il runit des membres de la petite noblesse, des chevaliers, des bourgeois des villes, Ce Parlement va voir son rle se prciser : voter laide, les impts et approuver les lois. Au terme de cette volution, quel est le bilan ? Par ce rle dsormais dvolu au Parlement, le pouvoir du souverain est limit, mais ce pouvoir prend dsormais appui sur la nation (sil mne une opration militaire, cest parce quil en a les moyens, cest parce que le Parlement les lui a donn).

  • 19

    Chapitre II. LEglise et la socit chrtienne :

    A. La christianisation de loccident La mise en place de lEglise : LEdit de Milan, en 313, par Constantin, confre aux chrtiens la libert de culte. Jusqualors, les chrtiens faisaient figure dopposants lempire, mais avec cet dit, la situation se retourne compltement, et le christianisme va devenir un appui solide de lEmpire. Il va offrir lEmpire ce quil a perdu : un universalisme. A lpoque de Thodose, le christianisme devient la seule religion autorise, et on commence perscuter les paens. Or le paganisme tait encore bien implant au sein de laristocratie, et de la classe snatoriale. LEglise est sortie de la clandestinit, et va calquer son organisation sur celle de la socit, de lorganisation civile. Le territoire dun vch correspond au territoire dune cit, et un archevch correspond une province. Les vques sont dsigns par lensemble de la communaut chrtienne, mais cela se rvle peu peu difficilement ralisable, et lvque est en fin de compte dsign par des membres du clerg, entourant la fonction piscopale, lEglise cathdrale. Mais cela pose des problmes, car laristocratie locale veut avoir son mot dire, et des compromis se mettent en place, variables selon les lieux. Concernant les paroisses, lorigine, le mot Paroikia dsigne lvch, mais pour que les fidles, dans les campagnes, ne doivent pas trop se dplacer pour rejoindre le lieu de culte, des glises sont bties. Il y a des glises publiques, dont le clerg est dsign par lvque. Ces glises sont installes un peu au hasard. Il y aussi de simples oratoires, qui ont t crs par les populations rurales, de grands propritaires, mais le problme se pose de savoir qui administrera les sacrements. Le clerg rural manque de formation et est peu nombreux, or les paysans nont pas le temps de se dplacer en ville pour les sacrements, et ont de plus en plus recours ces oratoires. Conversion des royaumes barbares : Il y a aussi la conversion des royaumes barbares, quil faut diviser en deux phases : lvanglisation et la christianisation Evangliser est luvre des missionnaires, qui peuvent tre des vques parcourant les campagnes de leur diocse, ou bien des moines. Ces missionnaires prchent, annoncent lvangile et btissent. Il faut tre conscient quils sadressent des gens simples, et rduisent donc le dogme lessentiel. La meilleure faon de faire des conversions est de donner lexemple dune vie vertueuse. Ils parcourent de vastes territoires, ne peuvent pas rester, mais reviennent de temps en temps, pour encourager les convertis persvrer, et viter que les nouveaux chrtiens ne reviennent danciennes pratiques paennes. Laction rcurrente des vanglisateurs est indispensable. Elle atteint surtout les populations rurales, qui sont longtemps rests ignorantes du christianisme. Concrtement, il faut distinguer les barbares du nord de lEmpire et ceux du sud. Les barbares au Nord, les Francs sont des paens, mais les rois soutiennent laction des missionnaires. Chez les Francs, le baptme de Clovis va constituer ltape dcisive dans la conversion du royaume, et ouvrira aux missionnaires des territoires rcemment entrs dans le patrimoine des Francs. En Angleterre, le pape a envoy un moine romain : Augustin, le futur archevque de Canterbury, qui implante solidement le christianisme dans le sud du pays.

  • 20

    Au sud de lEmpire, chez les Wisigoths, Ostrogoths, Lombards, Burgondes,la situation est diffrente. Ce ne sont pas des paens, mais des chrtiens hrtiques : ariens. Ils mettent en doute la divinit de la personne du Christ. Dans le sud, les barbares constituent seulement une minorit, mais ces adversaires de lEglise romaine sont soutenus par les rois, les missionnaires vont donc essayer de convertir ceux-ci. La christianisation est une action en profondeur, de longue dure, pour transformer ces nouveaux chrtiens en de vritables chrtiens, imprgns des prceptes de la foi, vivant conformment ces prceptes. Et cela doit tre fait par les moines des abbayes et les prtres diocsains, dans les paroisses. Il y a donc deux groupes de personnes qui interviennent : Le monachisme est originaire dorient et a gagn loccident ds avant la fin de lAntiquit. A cette poque, le monachisme revt deux formes : Il y a le monachisme irlandais, avec Saint Patrick, qui demande une ascse rigoureuse, qui prconise lexil au milieu des populations paennes, pour que la foi du moine soit constamment prouve. Ce monachisme a largement contribu lvanglisation et la christianisation de loccident. Mais a ct de ce monachisme irlandais, il y a le monachisme romain, plus quilibr et modr, marqu par diffrentes personnalits : Saint Benot de Nursie, qui rdige la rgle des moines selon laquelle le service de Dieu doit consister en prire et travail. Une autre personnalit, Cassiodore, prconise que le moine sadonne au travail intellectuel, que lon retrouvera par la suite. Il y a ensuite une troisime tendance avec Grgoire le Grand, qui dit que le moine doit prier, mais il doit galement sadonner au travail apostolique. Loccident se couvre peu peu de monastres, qui sont la fois des ppinires de missionnaires qui sillonnent la rgion, des foyers de mysticisme, des centres de civilisation matrielle et de civilisation intellectuelle. Il y a galement le clerg paroissial, qui intervient au cours de cette seconde phase. Les paroisses se multiplient assez tt, au V-VIe sicle. Dans nos rgions, elles apparaissent au VIII. Elles assurent lencadrement suivi de la population. B. La renaissance religieuse lpoque carolingienne Leur uvre religieuse est beaucoup plus durable que leur uvre politique. On observe une expansion de la foi et de lide religieuse. Chez les Carolingiens, le souci religieux et les considrations politiques sont intimement mles. Ils soutiennent laction des missionnaires, conscients quune mme foi favorisera lunion. Laide politique des Carolingiens est utile aux vanglisateurs, et de leur ct les Carolingiens sappuient sur lEglise pour affermir leur pouvoir. Le christianisme gagne des rgions du centre de lAllemagne (Boniface), comme la Frise (Willibrord). Toute une srie de rgions qui navaient, jusque l, t que partiellement touches font lobjet de nouvelles campagnes. Ppin le Bref et Charlemagne veulent une unit dans la foi, et imposent les mmes coutumes dans lEglise de Rome. Ils essaient aussi, sans succs, dunifier le droit canon. Mais cette glise carolingienne prsente de srieuses faiblesses : la conversion force, sans profondeur et sans lendemain ; ou bien la coutume de confier des charges politiques, des fonctions administratives aux vques, abbs des grands monastres. Lautorit civile va donc choisir les vques, abbs, parmi les gens de haute naissance, les gens srs, habiles, et ce nest pas la pit qui sera dterminante. Ces personnages ne seront pas rellement motivs, et mme sil sagit de bons prlats, leurs tches temporelles rduisent le temps quils peuvent consacrer leurs tches pastorales. Conception carolingienne de lempire : pour les penseurs carolingiens, lempereur est le chef dsign par Dieu du nouveau peuple lu. Il doit guider la communaut chrtienne tout entire, la dfendre contre les ennemis de lextrieur, comme de lintrieur. Mais le pape reoit aussi un pouvoir universel sur la chrtient, et les deux hommes vont sopposer.

  • 21

    C. La crise de lEglise la fin du IXe sicle A la fin du IXe sicle, aprs le dmembrement de lEmpire, lEglise est en crise. La premire cause en est son manque de libert. Les grandes familles romaines se disputent la fonction de pape, et lEglise est souvent domine par les empereurs. Ce sont les souverains et seigneurs qui dsignent les vques parmi leurs fidles, et les tches administratives occupent le temps de ces prlats. Le clerg des paroisses manque de vocation, de formation, et est absorb par ses obligations temporelles. Au niveau du bas clerg, il est ignorant, manque de murs et vit dexpdients, ayant trs peu de revenus. Les vicaires, qui aident les curs, reoivent la portion congrue . Il y a donc ncessit de rforme. D. Rforme monastique Il y a deux manires de quitter le monde : on peut faire une fuite solitaire, par lrmitisme. Ou bien se retirer du monde en groupe, dans une fuite communautaire : monachisme, ou cnobitisme. Les monastres sont touchs par la crise, et diffrentes rnovations vont tre menes. Le renouveau clunisien (fondation en 910): Cluny, en Bourgogne, a t fonde en 910, et est lorigine dun important renouveau monastique. Quelles en sont les caractristiques ? Il y a tout dabord la tche spcifique du moine, de se consacrer la louange de Dieu, lopus dei, et de ne plus travailler de ses mains. Il doit vivre du labeur des autres. Labbaye doit donc tre riche pour pouvoir fournir aux moines les moyens dexistence ncessaires pour se consacrer la louange de Dieu. Les fondateurs de Cluny ont donn labbaye la papaut, et ne dpendent donc pas, dune faon ou dune autre, des autorits politiques et rgionales de Bourgogne, mais uniquement du Saint-Sige. Cluny sassure ainsi une indpendance, et est mise lcart de toute intervention laque et autorit spirituelle autre que le Saint Sige. Les Maisons qui vont tre fondes ou refondes par Cluny vont tre places sous lautorit de labb de Cluny, et vont former un ordre religieux. Cest le premier ordre religieux de lhistoire. Les coutumes clunisiennes, c'est--dire la rgle bndictine rforme par Cluny, vont tre adoptes par de nombreux monastres. A la fin du XIe sicle, ces coutumes sappliquent prs de 1450 tablissements. Il sagit de donner une certaine cohsion lordre de Cluny, on instaure donc, au dbut du 12

    e sicle, un chapitre gnral responsable, une runion plus ou moins rgulire.

    Cluny va avoir une influence considrable sur la socit de son temps, appuyer le mouvement de trve de Dieu, et va de la sorte promouvoir un certain adoucissement des murs des lacs. Elle va aussi collaborer avec la papaut pour loigner les lacs des biens temporels ecclsiastiques et favoriser lessor de lart roman. Au XIIe sicle, lexprience sessouffle. Les abbs de Cluny interviennent de plus en plus dans les affaires de la chrtient. Ils sont souvent absents de leur abbaye, et perdent de vue leur idal monastique. De nouvelles expriences, recherches spirituelles, se dveloppent hors de la congrgation, promouvant un retour aux origines du monachisme, aux XIe et XIIe sicles, et puis de lEglise aux XIIe et XIIIe sicles. Le retour aux origines : Labbaye de Cteaux : Les cisterciens reviennent la rgle de Saint Benot, restaurent lquilibre entre la prire et le travail. Ils renoncent la richesse et au luxe, et leurs glises sont fort dpouilles. Lordre qui, au

  • 22

    dpart, ne dcollait pas, voit arriver Bernard de Fontaine, qui va lui faire connatre une grande expansion. Bernard de Fontaine interviendra dans toutes les affaires importantes de lEglise de son temps. Il est le prdicateur enthousiaste de la deuxime croisade, et son exemple sera suivi par ses successeurs, qui sortiront de leur retraite et renonceront la contemplation. Ds la fin du XIIe sicle, lexprience de Cteaux perd de son dynamisme, comme Cluny. Les chartreux, fonds par Saint Bruno, archevque de Cologne, vont se retirer du monde. Ils reviennent lrmitisme des pres du dsert. Ces ermites vivent en communauts, mais sils participent quelques exercices conventuels, leur vie se droule dans la solitude dun ermitage. Il y a une glise, un clotre, et alentour de petits ermitages composs dun atelier, dun lieu de logement et dun jardin. Cest l que, dans la solitude, se passe lessentiel de la vie du moine. Cest un ordre qui na pas eu un grand recrutement, mais na pas connu de grandes crises. Le retour aux origines de lEglise, lvangile, sobserve avec dautres fondations. Saint Norbert veut renouer avec lexistence des aptres et fondera lordre des prmontrs. Ce sont des chanoines rguliers, mais acceptant de desservir une paroisse. On voit aussi lapparition dordres mendiants, qui prennent le Christ comme modle. Ces ordres vont opter pour une vie de pauvret. Il y a deux types de pauvret : la pauvret individuelle (un moine clunisien ne possde rien, mais labbaye est trs riche), et la pauvret collective. Ces idaux vont voluer, puisquau dpart, ces ordres refuseront davoir leur propre monastre, mais finiront par laccepter. Ils vont galement sadonner lapostolat. Dans ces ordres mendiants, il y a deux grandes familles : les dominicains (Saint Dominique) et les franciscains (Saint Franois dAssise). Les dominicains sinstallrent Toulouse en 1215. Ce sont des frres prcheurs, qui consacrent leur existence la prdication contre les hrtiques (albigeois : condamnaient systmatiquement les rapports sexuels, et prconisaient pour les cathares une abstinence du mariage. Ils avaient une vision manichiste du mal) Pour prcher contre ces albigeois, les dominicains ont besoin dune solide formation individuelle, car ces hrtiques ont une bonne formation. Les dominicains vont donc sillustrer dans le domaine intellectuel, comme Thomas dAquin. Ce sont de grands intellectuels, et quand des universits vont se crer au XIIIe sicle, on fera appel eux. Les franciscains, des frres mineurs ns au dbut du XIIIe sicle, en Italie, prnent lattachement au Christ, le dtachement du monde, de soi, et un amour franciscain pour la nature. Cest un mouvement o lon va rapidement voir se multiplier les maisons. A la fin du 13

    e sicle, plus de 1500 maisons relvent de cet ordre.

    Les ordres mendiants, dominicains et franciscains ont une influence considrable au XIIIe sicle. Ils supplent la paroisse, dans la prdication et lenseignement. Il existe aussi des tiers ordres, soit des lacs qui optent pour lun des deux ordres, sans quitter le monde. Cest un nouvel encadrement. Ils interviennent dans les universits, notamment la facult de Thologie. Les Franciscains estimaient au dpart que le savoir tait une forme de richesse, mais ils ont fini par accepter ces charges. Le clerg diocsain, quant lui, estimait que ces ordres religieux navaient pas intervenir, ce qui a pu crer des tensions. E. rforme grgorienne. Les objectifs : Grgoire VII veut relever le niveau moral du clerg et rorganiser le monde chrtien selon ce quil conoit comme le plan voulu par Dieu.

  • 23

    Querelle des Investitures : Grgoire VII a interdit aux lacs de nommer des vques, ce qui a caus de vives tensions entre lempereur et la papaut. Cette querelle sest clture avec le concordat de Worms. Vers la thocratie : Le pape lance galement un mouvement de centralisation du gouvernement de lEglise. Il saffirme comme vque universel et prtend la supriorit du pouvoir religieux sur le pouvoir civil. Il peut galement intervenir dans les affaires laques si cest ncessaire. Il peut mme dposer des princes qui agiraient au dtriment de lEglise ou des chrtiens. Cela va voluer vers la thocratie, avec le pape Innocent III, au dbut du XIIIe sicle qui affirme la supriorit du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel. Il y aura des conflits avec lempereur Frdric II, qui considre lEglise incluse dans lEmpire. Cette position amne Innocent IV reprendre les thories dInnocent III pour justifier la souverainet absolue du pape. Il y aura encore par la suite des durcissements de la position du souverain pontife, avec notamment Boniface VIII. Il y a donc deux ensembles de rformes. F. Les croisades Lide de croisade : Il sagit avant tout de bien cerner lide de croisade. De nos jours, une nuance pjorative est souvent associe au terme de croisade. Elle est associe lintolrance, un manque douverture, un dsir de conqute, et lesprit de puissance de lEglise. Cette vision rsulte dune mconnaissance du contexte de cette institution ne de la volont du Saint Sige, pour rpondre des ncessits du moment. Les pres de lEglise, les thologiens du Moyen Age, avaient dgag la notion de guerre juste, qui mobilise la population pour dfendre la patrie contre lagresseur. Au moment o la foi chrtienne court un danger suite la conqute arabe, la chrtient va tre assimile la patrie. Grgoire VII a proclam en 1074 son intention de secourir les chrtiens dorient, mais ce nest que vingt ans plus tard, au concile de Clermont, que le pape Urbain II invite les orientaux se mobiliser contre les turcs. Pour inciter les chrtiens se lancer dans cette expdition, il promet une indulgence plnire. Le symbole de lunit chrtienne : Lide des croisades est accueillie avec enthousiasme. Cela sexplique par la puissance du sentiment religieux, labsolution, la perspective dexploits militaires et lattrait de lorient. Tout cela va pousser des milliers dhommes sengager. Les croisades sont organises par la papaut et vont symboliser lunit de lEglise. On a dit parfois quil y avait dautres causes, matrielles. Si le dveloppement commercial des villes italiennes va pousser les marchands mettre la main sur les ports du proche orient, les hommes daffaire ont plutt craint que les croisades ne perturbent les associations commerciales. Ils se rallieront au mouvement quand ils se rendront compte quelles sont bnfiques llargissement de leurs relations. A lpoque des croisades, la population est en augmentation. Certains ont dit quun trop plein dmographique aurait pouss vers lorient des chevaliers sans terre, ou bien des paysans dracins. Cette explication ne tient pas rellement. Il y a une croissance au XIe sicle, mais elle nest pas excessive et nexplique pas le dpart vers Jrusalem. Heurts et malheurs : Lappel de Clermont, en 1095, a un retentissement considrable. Les prdicateurs populaires diffusent le message, et prs de 150 000 hommes et femmes y rpondent ; jeunes et vieux, pauvres et puissants. Ils sont indisciplins, enthousiastes, mais rapidement dcourags.

  • 24

    En 1096, quatre armes partent oprent leur jonction Constantinople. Ils rejoignent en Asie mineure les dbris de la croisade populaire. Cette premire croisade sera couronne de succs grce aux divisions de lempire turc, et lnergie du lgat du pape. Le 15 janvier 1099, Jrusalem tombe. Les Francs organisent leur conqute, crent des principauts (Godefroid de Bouillon), et construisent une srie de forteresses. Cest le succs de la croisade, et les divisions terme de lempire turc. Mais lunit musulmane va se reconstituer, des dissensions vont avoir leur dans les Etats francs, et il y aura de nouvelles croisades, de moins en moins efficaces. La quatrime croisade aboutit la fondation de lempire latin de Constantinople, et celles de Saint Louis seront plus fidles lide religieuse. Elargissement des horizons : Les consquences de ces croisades sont un largissement des horizons. Elles donnent une grande impulsion aux changes entre lorient et loccident. Les croisades facilitent linstallation de comptoirs commerciaux dans tout lorient, et ouvrent la route du Levant. Les produits occidentaux sont exports, et on importe une srie de produits. Les contacts se multiplient avec lAsie intrieure, jusquen Chine. Les croisades contribuent aussi louverture, llargissement des horizons intellectuels. Elles permettent demprunter davantage la science, la littrature, lart des arabes. Cest par lintermdiaire des arabes que les occidentaux vont assimiler les hritages grecs, persans et indous. G. Un art au service de la foi LEglise est un rassemblement de croyants, qui ncessitent des lieux de runion : les glises. La civilisation ottonienne : Evoquer la civilisation lpoque dOtton Ier amne voquer une fois encore les Carolingiens. On a voqu leur action politique, qui ne sest pas rvle durable, leur action religieuse, et la renaissance carolingienne dans le domaine de lart. Cette manifestation ne sarrte pas lorsque luvre politique des Carolingiens clate en morceaux. La Renaissance va se prolonger en Germanie, et sous Otton Ier, il y aura un renforcement de linfluence de lAntiquit. Mais il ne sagit pas de relles innovations. Il faut insister sur une spcialit (notamment de nos rgions et du pays rhnan) : le travail des maux. Ce nest pas une innovation, mais il y a dans nos rgions des uvres matresses, telles que les fonts baptismaux de Saint Barthlmy, Lige. Il y a aussi les miniatures, c'est--dire des reproductions duvres dart en deux dimensions. Ces miniatures servent dcorer des manuscrits et sont ralises dans certaines abbayes de nos rgions, qui se dotent datelier dcritures spcialiss. Ces scriptoria ont une trs grande rputation, notamment labbaye dEchternach, au Grand Duch du Luxembourg. Egalement dans une rgion un peu plus lointaine, Reichenau. Ce nest pas une poque novatrice en soi, mais de maintien des ralisations carolingiennes et de spcialisation dans lart des mtaux. Lart roman (XIe XIIe sicles) Un lment important de lart roman, au niveau de la structure du btiment, est la substitution progressive des votes aux plafonds. Il existe diffrents types de votes (en Berceau, qui exercent une pousse considrable sur les murs, forant la limitation de la hauteur et la rduction du nombre douvertures). Petit petit, on va voir comment rendre cette architecture plus solide, en essayant de soutenir les votes, avec un systme de doubleaux, intervalles rguliers. Ces arcs doubleaux sont repris par des pilastres.

  • 25

    Une autre technique : le systme des votes dartes, faites de votes en berceaux, qui vont se couper angle droit, et sappuyer ainsi lune sur lautre. La pousse des votes va tre ainsi ramasse, au point de retomber des artes. Ces points plus sensibles seront donc quips, renforcs de contreforts. Le plan de lglise, qui demeure carolingien, avec un dambulatoire, des chapelles, un chur entre labside et la nef, et un transept bien marqu. La dcoration des glises romanes fait largement appel la fresque, dont on va couvrir les murs et les votes. La sculpture orne les chapiteaux. Les dessins sont souvent gomtriques, reprsentants des fleurs stylises, et naturellement des scnes de lcriture. On retrouve aussi ces sculptures sur les portails des faades, avec les statues et les bas-reliefs. Dans lart roman, la peinture et la sculpture sont entirement soumis larchitecture ; il y a un principe dunit fondamentale. Larchitecte sefforce davoir des formes harmonieuses, et vont dformer les figures pour sadapter. Cest du symbolisme. Lart gothique (XIIe-XIIIe sicles) Lart gothique est intimement li la valeur mystique que les clercs du XIIe sicle attachent la Lumire, qui sera une notion centrale pour eux. On va faire en sorte que les glises soient le plus possible inondes de Lumire, ce que lart roman ne permettait pas. On va faire de trs grandes ouvertures au niveau des fentres. Llment tout fait essentiel pour cela, une trouvaille technique, est la vote dogive. Elle a t invente vers 1100, en Angleterre. Avec ce nouveau systme, on va pouvoir construire une ossature darcs qui se rencontrent et spaulent la croise dogive. Elles retombent aux quatre coins des traves. Il suffira de remplir cet espace par une mince paroi, ce qui donnera un effet de lgret. Cette technique permet dviter les murs, de faire des grandes ouvertures, mais aussi de construire beaucoup plus haut, ce qui amnera une sorte de concurrence entre les villes. Avec louverture de larges baies, cest le vitrail qui va remplacer la fresque, cet art maintenant va pourvoir se dvelopper. La sculpture va aussi gagner tout ldifice, et devenir beaucoup plus raliste. Elle va reproduire les hommes et les choses, mais il faut reconnatre quon sculpte davantage des types que des individualits. La cathdrale de Tournai est un mlange dart roman et gothique. Le chur est gothique, tandis que tout le reste de la construction est roman, ce qui explique la diffrence de hauteur entre les deux parties de ldifice. A partir de 1140, dans les cathdrales dle de France, les choses se sont fortement dveloppes, Saint Denis notamment, Chartes, Sens et Paris, galement. Cet art gothique va simposer toute la chrtient et contribuer lunit artistique de loccident. H. Une culture chrtienne La culture classique et les valeurs chrtiennes : Il y a tout un hritage carolingien constituant le point de dpart, et vont sajouter cet hritage des donnes qui rsultent de contacts plus troits avec lAntiquit et le monde arabe, et de lobservation de la nature et de lhomme. De quoi sagit-il ? Il y a des uvres profanes, telles que la chanson des Goliards (clercs itinrants, qui sont issus principalement des universits. Ces gens protestaient contre des contradictions de lglise, notamment au sujet de lchec des croisades, mais aussi contre les carts de la royaut et de la noblesse). Dautres uvre portent la marque dun fond paen, dans les rgions germaniques, comme la chanson des Nibelungen, qui fut compose vers 1200 et raconte les exploits de Siegfried, sur fond des massacre des Burgondes. On remarque que le contenu est transmis par des sources scandinaves. Malgr lesprit parfois profane et le fond paen de toute une srie de ces uvres, la majorit dentre elles atteste dun esprit chrtien.

  • 26

    Littrature latine et essor des littratures nationales : La littrature latine reste brillante, elle produit des uvres historiques, toute une srie de biographiques, des chroniques, des posies profanes, religieuses (pomes dAdam de Saint Victor, premire moiti du XII

    e sicle).

    Au treizime sicle, le latin ne sera plus que la langue des sciences et de lEglise. Les littratures nationales prennent de plus en plus dimportance. Elles dbutent avec les popes du XI

    e sicle (Chanson de Roland), et senrichit par la posie courtoise, qui culminera avec la

    divine comdie. Comme genre littraire, il y a aussi le roman, cr par Chrtien de Troyes Au XIII

    e sicle, vont encore sajouter tous ces genres, lhistoire, la satire (roman de Renard),

    les fabliaux, le thtre (mystres) et les traits didactiques. Le mouvement scientifique et les universits : Les sciences spculatives accusent de notables progrs, dans diffrents modles et milieux, notamment ceux du droit romain, du droit canon ou de la thologie. Le droit romain renat, surtout Bologne, et appuie les vises absolutistes des princes. Le droit canon, qui tait assez dsordonn, est remis en ordre Bologne, vers 1150, par Gratien (dcret de Gratien) Pour comprendre et expliquer la cration, la thologie sappuie sur lautorit des pres de lEglise, puis elle recourt la raison, avec Anselme de Canterbury (XIe sicle), et Ablard (XIIe sicle), et avec la philosophie antique, qui a une influence malgr tout sur cette thologie mdivale. Ce quon voit, cet quil y a une conciliation de la pense paenne et du dogme chrtien (Somme thologique, de Thomas dAquin). A ct de tout cela, il y a une grande volution galement au niveau des mathmatiques, qui se dveloppent grce au contact avec la science arabe. On va utiliser labaque, le zro, les chiffres arabes, et lalgbre. Grce galement aux arabes dEspagne et de Sicile, ce sont les sciences naturelles qui vont avoir de sensibles avances, avec Roger Bacon (Oxford), Albert le Grand (Paris), deux figures professant que la science ne peut slaborer que par lobservation et lexprimentation, et que les constatations doivent tre traduites sous forme mathmatique. En dautres termes, ils dfinissent une mthode, ils annoncent vraiment lesprit scientifique qui se dveloppera au XVIe sicle. La plupart des savants se contentent toutefois de raisonner sur les anciens, et nenregistrent que de maigres progrs. Nanmoins, avec les avances scientifiques, les matires denseignement se multiplient et amnent les coles se subdiviser en facults. Les tudiants passaient doffice par la facult des arts, ils pouvaient ensuite continuer en thologie, droit ou mdecine. Ce quil faut constater encore, cest que matres et lves y sont organiss sur le modle des corporations de mtier. Au point de vue des universits, les principales sont Paris, Bologne, Toulouse, Montpellier, Oxford, Cambridge, Salamanque et Padoue. Toutes ces grandes universits vont entretenir dtroites relations, et on voit se manifester un caractre international de la science. I. Les difficults de la papaut Les papes dAvignon (1309-1378) Comment expliquer ce dmnagement ? Au quatorzime sicle, le pape Clment V est dorigine franaise, et le climat nest plus trs bon Rome, du fait de problmes avec laristocratie romaine et le peuple romain. Ce nest pas facile pour le pape de lutter contre tous ces soucis, et Clment V dcide de se fixer dans une possession de la papaut Avignon. La situation rencontre Rome nest pas isole en Italie, et le pape doit envoyer des troupes militaires pour assurer son autorit, ce qui cote une fortune.

  • 27

    A ct de cela, il y a toute une srie de missions en Asie, qui cotent elles-aussi trs cher. En mme temps, ladministration du Saint Sige se dveloppe, progresse, et cette progression lamne dvelopper une lourde politique fiscale. Tous ces lments font en sorte que la papaut prend lallure dune puissance dargent. Dautre part, ces papes dAvignon vont confier de manire priorit toutes les plus belles charges des compatriotes. A un moment, 113 cardinaux sur 134 seront franais. Le Grand Schisme dOccident (1378-1417) : Au dcs de Grgoire XI, en 1378, les cardinaux, majoritairement franais, choisissent un pontife italien : Urbain VI. Mais par la suite, ils annulent cette lection, et dsignent un Franais : Clment VII, qui sinstalle en Avignon, alors que Grgoire XI tait rentr Rome. Donc, chronologiquement : 1. Retour de Grgoire XI Rome. 2. Mort de Grgoire XI en 1378, 3. Choix par les cardinaux dUrbain VI, 4. Choix par les cardinaux de Clment VII, 5. Retour de Clment VII Avignon. Durant la priode qui suit (presque 50 ans) la chrtient se divise en deux obdiences ; il y aura un pape Rome, et un Avignon. Sensuivent dnormes discussions pour rcrer une unit. Finalement, toutes les personnalits de lEglise sont runies lors dun concile, Pise en 1409, et la dcision est prise de dposer les deux papes et den lire un nouveau. Mais les deux autres refusent de quitter leurs fonctions, et lon se retrouve ds lors avec trois papes ! Ce nest quen 1417, lors du concile de Constance, que ces diffrents partis parviennent se mettre daccord, et choisissent Martin V comme nouveau pape, reconnu par toute la chrtient. J. Le danger des hrsies : des Vaudois Jean Huss Il y a toujours eu des hrsies, mais au cours des deux derniers sicles du Moyen Age, elles deviennent beaucoup plus redoutables. Lhrsie vaudoise, du nom de Vauds, un marchand de Lyon au XIIe sicle et partisan dun biblicisme intgral. Cet homme prchera une pauvret absolue. A ct de cette hrsie vaudoise, on parle beaucoup des albigeois et cathares, dans le midi de la France, au XIIe sicle. Leur doctrine prsente un systme dualiste de type manichen. La seule rponse qui pu tre de trouve de manire efficace cette hrsie est la croisade entre 1208 et 1229. Il faut constater que ces nouvelles hrsies mettent laccent sur la pit personnelle. Une autre de leurs forces est dtre formules par des intellectuels de talent. Lun dentre eux est John Wyclif, professeur de thologie Oxford. Ce personnage va slever contre la richesse du clerg, contre la fiscalit pontificale, et naccepte comme rgle de foi que lcriture sainte et linterprtation quil en donne. Il va nier la primaut romaine, la primaut du pape, et condamner le culte des saints, et mme rejeter certains sacrements. Ces thses sont annonciatrices du protestantisme. Mais Wyclif est un homme sr