IDATE DigiWorld Yearbook 2009 Fr[1]

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Que retenir de 2008 pour parler du futur ?Cette fois-ci, la crise n'est pas lie une "exubrance excessive" dans les secteurs de l'Internet ou du mobile. Les marchs du DigiWorld sont affects par la crise financire et conomique, mme si tous ne sont pas galement touchs. Les marchs d'applications et de services bass sur des revenus rcurrents semblent mieux rsister que ceux du hardware ou des services directement dpendants des investissements publicitaires, mme si la dynamique de l'Internet prserve les grands acteurs de ce secteur. La crise peut aussi se combiner avec des effets de cycle comme dans les services de tlcommunications en Europe qui, tout en conservant des marges solides, sont la recherche de nouveaux moteurs de croissance. Le DigiWorld sortira considrablement transform de la crise que nous traversons. Si les oprations de fusions sont aujourd'hui en grande partie geles par les marchs, l'innovation technique, le dveloppement de nouveaux services, la recherche de nouveaux modles conomiques, la transformation en profondeur des pratiques des usagers ne semblent pas devoir tre remis en cause. Voil qui devrait militer pour ne pas oublier les industries numriques dans les plans de relance Cette neuvime dition du DigiWorld rassemble des donnes sur les diffrents marchs du monde numrique, rarement mises en perspective dans un mme volume, la lumire des analyses des experts de l'IDATE et du rappel des grands vnements de l'anne coule.

DigiWorld Yearbook 2009Les enjeux du monde numrique

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Depuis 1977, l'IDATE s'est impos comme lun des premiers centres dtudes et de conseil en Europe, dont la mission est daccompagner les dcisions stratgiques de ses clients sur les secteurs Tlcoms, Internet, Mdias. Le DigiWorld Programme de l'IDATE a t mis en place depuis plusieurs annes, pour soutenir les initiatives de lInstitut visant donner forme la dimension originale de forum europen. L'IDATE est ce titre un acteur incontournable dans l'animation d'un dbat international entre les acteurs cls du domaine travers les activits du DigiWorld Programme supportes par ses membres reprsentants les plus grands groupes de ce secteur : DigiWorld Network : un ensemble de runions mensuelles dans les capitales europennes et des missions d'tudes internationales DigiWorld Events : la confrence DigiWorld Summit et un ensemble de sminaires associs sur les thmes cls de l'anne DigiWorld Publishing : le DigiWorld Yearbook et la revue d'conomie Communications & Strategies (DigiWorld economic journal)

IDATE BP 4167 F 34092 Montpellier Cedex 5 France Tel. +33 (0) 467 144 444 Fax +33 (0) 467 144 400 email: [email protected] www.idate.org

Selon la formule consacre, les donnes fournies dans le rapport DigiWorld, aussi bien que les analyses et opinions quil contient, nengagent en aucune manire les entreprises membres de la Fondation. Tous droits rservs Toute reproduction, stockage ou diffusion, mme partiel et par tous moyens, y compris lectroniques, ne peut tre effectu sans accord crit pralable de lIDATE. Ce livre a t dit sous la responsabilit de Hlne Ollivier et Didier Pouillot. Cration graphique et production : Louma productions www.louma.fr Couverture : Choosit www.choosit.com

IDATE 2009 ISBN : 978-2-84822-143-4

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Francis Lorentz, Prsident, IDATE

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oute crise constitue, la fois, une menace et une opportunit. La menace est, cette fois, lune des plus proccupantes que nous ayons connue depuis la guerre. Mais elle ouvre la voie une redistribution des cartes et linvention de nouveaux modles de croissance.

Le monde numrique parat plutt bien prpar affronter cette situation, mme sil nchappe pas certaines des consquences dune situation qui pse tant sur le pouvoir dachat des consommateurs que sur le financement et la croissance des entreprises. Depuis quelques mois, les signaux ngatifs se sont mme multiplis dans lespace numrique : le march mondial des tlphones mobiles, lun des plus dynamiques jusqu maintenant, est entr dans une phase de contraction ; les modles fonds sur la publicit sont menacs par la rduction des budgets des annonceurs ; les investisseurs se dtournent des start-up pour se concentrer sur les entreprises dj rentables Cette crise, probablement longue, conduira des rajustements, voire des bouleversements qui, au-del dun meilleur contrle des acteurs du monde financier, pourraient favoriser le rquilibrage entre court-termisme financier et investissements long terme, entre libert et rgulation, entre individualisme et solidarits. Les technologies, les services et les entreprises du monde numris devraient compter parmi les premiers bnficiaires de cette nouvelle donne et de la reprise qui sen suivra, en agissant comme des facilitateurs du changement. Le dynamisme du Web 2.0 tmoigne de cette capacit des technologies favoriser les transformations conomiques et sociales. Les rseaux sociaux, lindividualisation de masse, lexpression personnelle et interactive de la blogosphre, la cration collective, influencent ds prsent les comportements, les habitudes de consommation, les

En parallle, le cloud computing, concrtement mis en uvre par Google, Amazon ou dautres, permet de fdrer lchelle plantaire la puissance de traitement et de stockage dinnombrables ordinateurs et de leurs priphriques. Combin avec le dveloppement des outils de recherche et celui des applications en ligne, cest une extrme concentration des moyens de stockage, dexploitation des informations et des connaissances qui se met en place et nous fait entrer dans lge du Petabyte. Comme le prfigure le projet lanc par la NSF en fdrant 16 000 ordinateurs pour simuler le fonctionnement du cerveau humain, cela conduit une efficacit formidablement accrue de lexploitation du capital informationnel mondial et au dveloppement doutils et de mthodes

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modes de travail ou les modles conomiques. La place de lInternet dans la campagne lectorale amricaine et dans le succs de Barack Obama a illustr avec clat quelques-unes des mutations en cours. Ces transformations vont encore samplifier avec le franchissement dune tape technologique majeure, qui succde celles des grands ordinateurs, des mini-ordinateurs, des PC et des PC connects lInternet. Ce nouveau cycle, qui touche lensemble de lespace numrique, combine laccs mobile lInternet avec la dmultiplication de la puissance et de lefficacit des outils informatiques au travers du cloud computing. LInternet mobile, grce aux performances de la 3G, de la 3.5G et demain de la 4G, ouvre un champ illimit de nouveaux usages intgrant limage, la localisation, les rseaux sociaux. Le tlphone mobile devient un terminal multimdia moins coteux que le micro-ordinateur, plus rapide, plus convivial et utilisable tout moment. Il offre des milliards dusagers travers le monde laccs interactif une richesse inoue dinformations, de services et dchanges.

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radicalement nouveaux pour matriser la complexit. Et le dveloppement de lInternet des objets le M2M , mme sil est frein par les problmes de normalisation ou les rticences des consommateurs, contribuera accrotre lampleur du phnomne. Ce nouveau cycle se distingue des prcdents en ce quil est tir par les consommateurs : le trafic des particuliers sur Internet a, en 2008, dpass celui des entreprises, et lon prvoit quen 2010, les utilisateurs individuels creront 70 % de lunivers numrique. Cette dpendance accrue lgard des consommateurs constitue un lment de vulnrabilit. Mais cest galement un atout majeur pour trois raisons au moins. Dabord parce que le march mondial du premier quipement est loin dtre satur et que les pays mergents constituent des rservoirs de croissance encore trs importants. Ensuite, parce que, dans les pays les plus avancs, laccs aux communications et aux services offerts par lInternet est peru comme un besoin prioritaire. En tmoigne le peu dlasticit par rapport aux revenus : en France, les dpenses lies aux produits et services numriques reprsentent en moyenne 8 % des revenus, mais 17 % pour les revenus infrieurs 15 000 EUR. Enfin et surtout, parce que les consommateurs du monde numrique deviennent, en nombre croissant, des producteurs qui contribuent activement et indpendamment des fluctuations conjoncturelles, la dynamique de la Toile et au dveloppement des flux dchanges. Cest particulirement vrai pour les natifs de lInternet, ces gnrations pour lesquelles lInternet est la voie naturelle daccs la connaissance, un moyen privilgi de socialisation et un espace ludique sans quivalent. Ils mettent limage au cur de leurs usages grce lamlioration de la dfinition de celle-ci et la possibilit dy avoir accs partir de tous les types de terminaux, quils soient mobiles ou non. Ces consommateursproducteurs sont la fois trs exigeants et

cratifs ; ils ne cessent dinventer de nouveaux usages et contribuent lmergence constamment renouvele dun flux dides, de services, de modles conomiques nouveaux. Cette dynamique, mme si elle ne se rvle que partiellement montisable, nen contribue pas moins une croissance lordre de 60 % par an du trafic sur les rseaux. Le nouveau cycle des technologies et services de linformation et de la communication reprsente lvidence un immense gisement de cration de valeur et de croissance. Encore faut-il que sa valorisation ne soit pas freine par les consquences de lasschement du crdit, de la paralysie des marchs boursiers et de la prfrence pour la liquidit. Ces risques lis au financement concernent tout particulirement les infrastructures et linnovation. Les capacits des rseaux de communication doivent suivre le dveloppement exponentiel des usages et du trafic. La gnralisation de limage haute dfinition, demain de limage 3D, rendent ncessaire laccs au trs haut dbit, c'est--dire la connexion par la fibre optique, ce qui reprsente des investissements qui pourraient atteindre 300 milliards EUR lchelle europenne. Or la rentabilit de tels investissements peut, dans le contexte actuel, paratre insuffisante, trop lointaine ou hasardeuse pour des entreprises ou des investisseurs confronts la difficult de lever des capitaux. Et il nest pas assur que la concurrence, qui a constitu un aiguillon extrmement efficace pour mettre notre pays dans le peloton de tte des utilisateurs de lADSL, suffise crer la dynamique ncessaire. Les responsabilits des rgulateurs, des autorits publiques, europennes, nationales ou locales, sen trouvent singulirement accrues. Pour ce qui est de la France, les orientations de lARCEP, les mesures arrtes dans le cadre de la loi LME, vont dans le bon sens. Mais cela suffira-t-il ? La mise en uvre respectera-t-elle les contraintes de

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temps et de concentration des ressources quimpose la situation ? Les rseaux de communications ne devraient-ils pas bnficier, au moins au mme titre que les infrastructures traditionnelles, dun traitement privilgi dans le cadre des mesures de relance ? Le gel des marchs financiers, les moindres ressources des investisseurs ou leur frilosit, menacent galement limmense rservoir dinnovations que recle lespace numrique. Ces innovations sont souvent de nature technologique, mais peuvent aussi concerner le marketing, les modes de distribution ou les modles conomiques. Elles ne connaissent pas de frontires et les meilleures peuvent immdiatement trouver un march ou susciter de nouveaux usages lchelle mondiale. Leurs promoteurs tmoignent de crativit et de la volont dentreprendre si prcieux dans un monde qui doute. Ils se sont multiplis, souvent mris par les leons de lclatement de la bulle Internet et encourags par les mesures prises en France et en Europe, depuis dix ou quinze ans, pour faciliter leur financement et leur accompagnement. Or ces acteurs-cls de la dynamique numrique, ces crateurs de richesse collective, pourraient figurer parmi les victimes dune crise qui dcourage la prise de risques. eux bien sr de rpondre des exigences accrues mais lgitimes de retour sur investissement ou de satisfaction des consommateurs. Mais cest aux pouvoirs publics quil revient

dajuster lenvironnement lgislatif, fiscal et financier aux besoins de ceux qui ont le courage dinnover et dentreprendre. *** LInternet et lespace numris quil structure sont au cur du monde qui se construit. Il permet une croissance exponentielle de linformation accessible tous, en tout lieu, tout moment. Lenjeu, plus que jamais, est de transformer cette croissance informationnelle en croissance conomique et en mieux vivre. Le cycle technologique dans lequel nous sommes entrs, Internet mobile + cloud computing, nous en offre lopportunit. La crise, paradoxalement, peut acclrer les mutations, favoriser le recours de nouvelles gnrations doutils et dapplications, stimuler lmergence de nouveaux usages et de nouveaux modles conomiques. Facebook, Meetic, Deezer, Ventesprives.com, Wikipedia apportent des lments de rponse des attentes individuelles ou collectives exacerbes par les difficults conomiques et la crainte du lendemain. Ce que lon a appel lconomie numrique ne se substituera pas pour autant lconomie traditionnelle, pas plus que le monde virtuel au monde rel. Mais elle bouleverse les quilibres en place, ouvre de nouvelles frontires, suscite les initiatives. La crise ne peut que nous inciter acclrer la conqute et lexploitation de ces nouveaux espaces.

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Partie 1 : Atlas DigiWorldIntroduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .10 Chapitre 1 : Le DigiWorld dans l'conomie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .20 1. Le poids du DigiWorld dans l'conomie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .24 2. Les investissements en TIC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26 3. La production des TIC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .28 4. Les valeurs des TIC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30 Chapitre 2 : Marchs et acteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .32 1. Les marchs du DigiWorld par secteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .38 2. Services tlcoms . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .40 3. Equipements tlcoms . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .42 4. Services informatiques et logiciels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .44 5. Equipements informatiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .46 6. Services de tlvision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .48 7. Electronique grand public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .50 8. Les gants de l'Internet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .52 Chapitre 3 : Le DigiWorld par rgion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .54 1. Les marchs du DigiWorld par rgion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .60 2. Les marchs du DigiWorld en Amrique du Nord . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .62 3. Les marchs du DigiWorld en Europe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .64 4. Les marchs du DigiWorld en Asie/Pacifique (1/2) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .66 5. Les marchs du DigiWorld en Asie/Pacifique (2/2) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .68 6. Les marchs du DigiWorld en Amrique latine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .70 7. Les marchs du DigiWorld en Afrique et au Moyen-Orient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .72

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Chapitre 4 : Accs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .74 1. Tlphonie fixe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .80 2. Tlphonie mobile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .82 3. Haut dbit fixe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .84 4. Mouvements de consolidation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .86 5. Dploiements FTTx . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .88 6. Le haut dbit mobile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .90 7. Les nouveaux marchs du satellite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .92 8. Des difficults de la convergence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .94 Chapitre 5 : Services et contenus grand public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .96 1. Vido sur Internet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .102 2. Les nouveaux mtiers de la musique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .104 3. La presse et Internet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .106 4. Jeux vido . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .108 5. Services de l'Internet mobile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .110 6. Web 2.0 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .112 7. Les promesses du goweb . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .114 8. EGP+ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .116 9. Smart machines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .118

Partie 2 : Chronique DigiWorldJanvier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .122 TV mobile : les lancements se multiplient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .123 Fvrier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .124 Le futur des communications mobiles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .125 Mars . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .126 CBS Radio lance un nouveau player . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .127 Avril . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .128 Green Telecom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .129 Mai . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .130 L'entre dans la vie active modifie la communication de la gnration Internet . . . . . . . . . .131 Juin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .132 Quel potentiel pour la tlvision par satellite en Afrique du Nord ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . .133 Juillet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .134 Sony lance son livre lectronique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .135 Aot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .136 Les dfis des NGA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .137 Septembre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .138 E-commerce : opportunits et dfis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .139 Octobre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .140 Le FTTH/B gagne du terrain en Europe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .141 Novembre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .142 Bataille pour les services manags . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .143

Donnes paysAllemagne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .148 Espagne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .149 France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .150 Italie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .151 Royaume-Uni . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .152 Russie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .153 Brsil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .154 Etats-Unis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .155 Chine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .156 Core du Sud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .157 Inde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .158 Japon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .159

AnnexesGlossaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .160 Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .161

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Sommaire

Dcembre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .144 La TNT introduit des services interactifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .145

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Introduction

D

ans la prparation de cette introduction, il faut souvent un certain temps pour dfinir les points marquants de l'anne coule. Cette anne, il n'y a pas vraiment d'hsitation. La crise, que nous avions mentionne l'anne dernire au titre des phnomnes suivre, constitue depuis le dbut du quatrime trimestre 2008 le principal sujet d'interrogation pour les secteurs de l'conomie numrique comme pour les autres secteurs. Avant d'en discuter les impacts constats ou supputs, il serait injuste de ne pas voquer certains grands sujets d'actualit qui ont marqu l'anne 2008. On retiendra ce titre l'chec d'une offre d'acquisition longtemps attendue, la confirmation d'un succs. Enfin, nous terminerons en soulignant l'intrt croissant, particulirement dans une perspective de sortie de crise, dune meilleure comprhension des phnomnes dinnovation.

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chec d'une offre d'acquisition Nous avions soulign l'anne passe que, derrire les succs d'audience des rseaux sociaux ou des sites de User Generated Content qui engagent une transformation durable des pratiques des consommateurs, ou derrire les modles d'affaires solides qui accompagnent des leaders tels que Google ou Amazon, l'organisation industrielle du secteur du Web restait fragile. C'est en partie d aux difficults rencontres par Microsoft pour s'imposer dans ce secteur malgr l'ambition affiche il y a plusieurs annes par Bill Gates. L'offensive de Microsoft pour acqurir Yahoo! dclenche en 2008 n'aura donc pas t une surprise. L'opposition acharne du fondateur du portail historique du Web a fait chouer les ngociations et lui aura cot son poste. Les 47 milliards USD proposs par Microsoft paraissent aujourd'hui inesprs quand on constate l'volution des cours mais aussi les carts de performance entre Yahoo!

Introduction

Yves GASSOT, Directeur Gnral, IDATEet Google sur l'anne 2008. Ce sont cependant plus les incertitudes sur les orientations stratgiques qui inquitent que la performance financire en tant que telle. Aprs tout, Facebook n'aura pas encore cette anne trouv le moyen de prsenter des comptes quilibrs malgr la croissance encore spectaculaire du nombre d'internautes inscrits. Pas plus que Twitter, le service de microblogging qui aura acquis plus de 4 millions de membres en 2008, et qui a su convaincre le capital-risque en pleine rcession d'investir tout rcemment 35 millions USD. En repoussant Microsoft, Yahoo! comptait sur le bnfice de l'accord ngoci avec Google pour relancer les revenus de son moteur de recherche. Cette piste aussi a d tre abandonne : trop de problmes de concurrence et de mise en uvre lui taient opposs. Si l'chec de l'opration reste un vnement, c'est aussi qu'elle laisse la porte ouverte de nouvelles initiatives de Microsoft. La firme de Redmond a finalement dans des registres peut-tre plus stratgiques d'autres vecteurs de prsence sur le Web et des occasions d'acclrer certains mouvements. Par exemple, sa stratgie, jusqu'alors assez prudente, d'accs en ligne ses suites logicielles pourrait devenir plus audacieuse dans les prochains mois. Microsoft ne peut plus ngliger les perspectives des modles Software as a Service (SaaS) ou des architectures "Cloud computing" face la croissance continue de Salesforce.com et aux ambitions de Google Apps. L'autre option stratgique rside dans le mobile. Il devrait tre dans quelques annes le vecteur privilgi d'accs Internet pour une bonne part de l'humanit. Cela exige de faire progresser Windows Mobile, qui aura connu un dploiement moins rapide que ses concurrents directs en 2008. Il s'agit aussi et surtout de s'inspirer d'Apple pour susciter auprs des dveloppeurs un large choix de services pour valoriser les smartphones utilisant la technologie Microsoft. Confirmation d'un succs : aprs l'iPhone, l'AppStore Car si Microsoft n'a pas pu branler le leadership de Google dans le domaine des moteurs de recherche et plus gnralement de la publicit sur Internet, son attention a d s'tendre, une fois de plus, aux dveloppements d'Apple. Mme si la sortie de l'iPhone avait constitu l'vnement de l'anne 2007, Apple a confirm en 2008 son entre convaincante sur le march des mobiles en lanant une version 3G au dbut de l't. Apple aura coul en six mois 13,7 millions d'iPhones. Un chiffre qui fait exploser l'objectif initial des 10 millions et qui n'est plus trs loign des 22,7 millions de baladeurs iPod vendus en 2008. Mais l'innovation ne se rsume pas au design, aux qualits des interfaces tactiles et au niveau d'intgration hardware-software de l'iPhone. Elle apparat aujourd'hui du ct du modle que la firme est en train de transformer en succs avec l'AppStore. Lanc au milieu de l'anne, cet espace, qui bnficie de la plateforme de transaction de l'iTunes, a su rassembler 15 000 applications et gnrer 500 millions de tlchargements en six mois. Le succs de l'iPhone a largi la cible privilgie du Blackberry et donn un poids croissant aux smartphones. Ce faisant, il a contribu donner une crdibilit certaine aux perspectives que nous avions voques l'anne dernire en matire d'Internet mobile. Ainsi AT&T considre que les 4,3 millions d'abonns qui ont opt au second semestre 2008 pour l'iPhone ont une consommation qui reprsente 1,6 fois l'ARPU de ses autres clients. L'oprateur a pu galement faire part d'une croissance de 51,2 % de ses revenus donnes, qui reprsentent aujourd'hui 26,6 %

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Introduction

de ses revenus mobiles. Naturellement cette performance s'est faite aussi grce l'exclusivit ngocie par AT&T avec Apple, qui lui a permis de gagner des consommateurs affichant dj un ARPU lev et abonns jusqu'alors chez d'autres oprateurs. Les smartphones, qui psent pour 15 % des ventes en volume mais naturellement beaucoup plus en valeur, sont en mesure de modifier sensiblement les positions des principaux fournisseurs de terminaux mobiles. Ils concentrent de nombreux enjeux, commencer par l'organisation de la chane de valeur, qui dpend pour une large part du degr d'ouverture que les leaders du march sont prts accorder leur OS ou leur espace de tlchargement d'applications. Principale alternative, avant Windows Mobile, aux OS rservs aux terminaux de leurs concepteurs (RIM, Apple), Symbian a vu ses parts de march s'effriter et ses partenaires se dsengager. Face ce dlitement, Nokia a pris totalement le contrle de l'OS en 2008 en lui associant un statut de fondation. En adoptant le modle open source, Nokia cherche contrer la plateforme Android de Google. Annonce en 2007, Android aura effective-

ment t lanc l'automne dernier par T-Mobile USA avec un terminal (HTC). Le succs parat plutt modr au regard de l'engouement pour l'iPhone. Mais dautres terminaux Android annoncs par de nouveaux fabricants de terminaux devraient tre mis sur le march cette anne. De leur ct, les oprateurs continuent de s'intresser aux caractristiques d'une plateforme indpendante et ouverte base sur Linux (LiMo). Lintrt suscit par l'AppStore d'Apple montre par ailleurs qu'un modle ferm d'OS pouvait s'accompagner d'une pratique d'ouverture en aval, certes trs contrle, en mobilisant les dveloppeurs dans le cadre plus contraint d'un espace de tlchargement d'applications. Il reste voir qui, audel d'Apple, de Google et de Nokia, a le pouvoir d'attraction pour mobiliser les dveloppeurs et leur offrir un plan daffaires tenable. Ces dveloppements concurrents sont naturellement suivis avec attention par les oprateurs. Ces derniers ne peuvent faire l'impasse sur la capacit qu'ont des produits comme l'iPhone conqurir de nouveaux clients et gnrer du trafic permettant de maintenir l'ARPU face l'effritement des res-

Introduction

Livraisons de smartphones dans le monde

12DigiWorld 2009million units 350 300 250 200 150 100 50 0 2006 2007 2008 2009 2010

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sources de la voix et du SMS. Ils n'ont toutefois pas abandonn toute perspective d'intressement direct aux services de l'Internet mobile, voire d'organisation de l'cosystme pour leurs abonns et pour les dveloppeurs. Accuss les annes passes de vouloir enfermer leurs abonns dans des walled gardens, ils se sentent aujourd'hui lgitimes, en jouant de la puissance conjointe qu'ils reprsentent pour proposer des services avancs interoprables, en complment des approches propres aux plateformes que constituent les AppStores ou des applications de communications qui se dveloppent sur les rseaux sociaux. Associe au succs de l'iPhone et des smartphones, l'anne 2008 a vu aussi l'mergence des netbooks. Eux aussi pourraient avoir un impact sur les OS en augmentant la part de Linux dans les PC grand public. Ils paraissent aussi bien partis pour modifier de faon assez significative le march du PC, voire tablir un recouvrement en termes de produits et d'acteurs avec le march des smartphones. En attendant, ils ont contribu soutenir le trafic de donnes sur les rseaux cellulaires et enrichir les offres 3G+ des oprateurs. La norme LTE parat s'imposer pour dominer l'Internet mobile Toujours dans le contexte de l'mergence progressive de l'Internet mobile, on mentionnera les 19,6 milliards USD gnrs par les enchres aux tats-Unis pour l'attribution des frquences libres dans la bande des 700 MHz par le passage en numrique de la tlvision hertzienne. Pour tre le principal bnficiaire de ces enchres, Verizon Wireless a d accepter de respecter le principe de l'open spectrum, en s'engageant sur l'ouverture des terminaux (conformment ce que l'on connat en Europe) et en acceptant, selon des modalits qui ne sont pas encore clairement dfinies, l'hbergement d'oprateurs virtuels. Aprs l'acquisition d'Alltel, Verizon Wireless, avec plus de

80 millions de clients mobiles, a repris la premire place AT&T (75 millions de clients). eux deux, et profitant des dboires de Sprint emptr dans l'intgration de Nextel et le lancement du WiMax, ils reprsentent plus de 60 % des abonns mobiles du pays. Au-del de la taille atteinte par les leaders nord-amricains, il faut souligner la nouvelle configuration qui va prsider au dploiement de la 4e gnration de rseaux mobiles. Contrairement aux gnrations prcdentes, l'anne 2008 a confirm que les principaux oprateurs devraient se retrouver sur un standard commun, le LTE (Long Term Evolution), qui sera la premire gnration cellulaire IP. Il est probable que le WiMax mobile, dont les caractristiques techniques sont au demeurant assez proches du LTE, sera cantonn un rle de challenger. Mais, un peu paradoxalement, c'est le leader du CDMA EV-DO, Verizon, qui va dployer ds 2010, avec le concours d'Ericsson et d'Alcatel Lucent, son rseau LTE sur au moins 25 tats, tandis que les oprateurs europens devraient poursuivre dans l'amlioration de leurs rseaux 3G-HSDPA (HSPA+). Les Europens pourront se rassurer en rappelant que les premires chances annonces par les fournisseurs dans le dploiement d'une nouvelle gnration sont souvent optimistes et ngligent de prendre en compte la disponibilit d'une gamme de terminaux adapts, abordables et attractifs. Cet argument ne doit pas tre utilis par les pays europens pour rester dans une position aussi fragmente dans la gestion du spectre. Le manque d'harmonisation fait perdre des capacits, renchrit les rseaux et complique les terminaux. Il est en particulier devenu prioritaire de voir les pays europens confirmer l'affectation de la sous-bande UHF de 72 MHz du dividende numrique au mobile haut dbit. Pour finir cette rapide chronique sur les mobiles, on rappellera que les enjeux ne se limitent pas aux confrontations transatlantiques. Ainsi, la Chine a enfin mis en uvre

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Introduction

la rorganisation de son secteur. China Mobile (qui est le premier oprateur mobile mondial en nombre d'usagers et en termes de capitalisation) va devoir affronter deux autres oprateurs fixe-mobile, China Telecom et China Unicom. De plus, peu avant la fin de l'anne, le gouvernement chinois a aussi dfini les conditions de lancement de la 3G en rservant chaque groupe un standard. China Mobile, qui regroupe 75 % des usagers, va devoir lancer la norme domestique, le TD-SCDMA. Celle-ci n'offre ni le recul en terme de dploiement ni la gamme de terminaux des standards occidentaux (W-CDMA et CDMA-EVDO) que pourront mettre en uvre ses deux concurrents. Il est possible que cette situation aboutisse acclrer le passage au LTE tout en prservant un profil de norme qui soit sous contrle chinois. Par ailleurs, la rorganisation chinoise (comme en Core du Sud le rapprochement annonc entre KTF et KT) a confirm si cela tait encore ncessaire qu'il n'y aurait pas dans le futur de grands oprateurs qui ne soient fournisseurs d'accs fixes et mobiles. L'attribution des frquences et les oprations de consolidation dans les prochaines annes souligneront cette tendance lourde du secteur. C'est naturellement une faon de rpondre aux attentes des clients, mais c'est aussi la consquence d'une imbrication de plus en plus forte des infrastructures fixes et mobiles et des applications et services supports. Et la crise ? Contrairement la crise du dbut de la dcennie, ne de l'clatement de la bulle des valeurs Internet et tlcoms, les secteurs du DigiWorld ne sont pas au point de dpart de la situation difficile dans laquelle nous sommes entrs au dernier trimestre 2008. Ou alors, il faudrait tablir un lien entre le fonctionnement de la sphre financire et les moyens techniques que lui offrent les TIC. Quoiqu'il en soit, personne ne semble devoir tre immunis. Le premier indicateur de dtrioration de la conjoncture s'est allum sur le

front des investissements publicitaires, en nette contraction. Les chanes de tlvision, qui connaissaient une croissance modeste des recettes publicitaires, ont t les plus brutalement touches, d'autant plus qu'elles ont pu sur certains marchs tre concurrences par de nouvelles chanes issues de la tlvision numrique hertzienne. Pour les services du Web, le phnomne s'est traduit jusqu'alors par un ralentissement de la croissance des revenus publicitaires ; C'est vrai aussi pour Google, mais un moindre degr. Celuici continue de jouir d'un modle conomique beaucoup plus robuste que les autres leaders du Web grce la part qu'il occupe sur le march des liens sponsoriss des moteurs de recherche. La question pour Google serait plutt de savoir ce qu'il va faire de la trsorerie qui va continuer s'accumuler, ou plus prcisment comment faire pour ne plus dpendre essentiellement des recettes des liens sponsoriss ? Les sites de commerce lectronique sont pour leur part dans une situation ambivalente. D'un ct, ils sont touchs par le ralentissement de la consommation, en particulier quand ils sont spcialiss sur le tourisme et les produits d'lectronique. Dans le mme temps, ils peuvent esprer un accroissement de leur part de march sous l'effet de la recherche accrue de prix attractifs par le consommateur. Globalement et malgr l'affaissement des cours, la situation des valeurs de l'Internet est toutefois trs diffrente de celle que l'on a pu connatre lors de l'clatement de la bulle Internet. L'impact pour les principales socits en place semble pouvoir tre support, sauf si la crise perdure au-del de 2009. Les start-up du 2.0 devraient en revanche souffrir. On mentionnera dans les phnomnes suivre la sensibilit croissante d'une partie des internautes aux atteintes relles ou potentielles au caractre priv des donnes personnelles, comme on a eu l'occasion de le voir trs rcemment quand Facebook a voulu modifier certaines de ses rgles.

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Introduction

On soulignera aussi la situation trs difficile dans laquelle se trouve la presse qui voit chuter ses recettes publicitaires sans que ses sites Web, malgr leur relatif succs, permettent de combler le dficit de l'dition papier. Il est probable que l'on assiste dans les mois qui viennent une succession d'abandons de titres. Dans l'lectronique, on observe ds le dernier trimestre 2008 un flchissement sensible de la dynamique d'quipement des mnages en tlviseurs cran plat, malgr l'essor de la TVHD et alors qu'ils avaient permis au march grand public de renouer ces dernires annes avec une forte croissance. Le march des PC est aussi maintenant touch par la conjoncture, mme si les portables et les netbooks peuvent partiellement masquer la chute du march en volume. Ces reculs s'accompagnent d'une crise aigu en amont, sur le march des composants et en particulier des mmoires. L'indicateur du changement de climat le plus net dans le secteur des TIC a t pour beaucoup d'observateurs la rupture enregistre sur les ventes de terminaux mobiles au quatrime trimestre 2008. Dans les pays occidentaux, la maturit relative du march mobile donne un rle important au taux de renouvellement des terminaux. Celui-ci tait dynamis par le march des smartphones, dont la croissance des ventes a sensiblement chut au dernier trimestre. Aux contraintes des consommateurs pourraient s'ajouter la prudence des oprateurs cherchant limiter les lourdes charges de subventionnement. Dans les conomies mergentes qui ont assur l'essentiel de la croissance du parc ces dernires annes, le rythme devrait aussi ralentir. Dans ces conditions, le march des terminaux devrait baisser en 2009 pour la premire fois depuis 2001, et probablement plus brutalement. Du ct des services de tlcommunications, l'atmosphre est un peu plus sereine. Les marchs financiers n'ont pas hsit voir dans la plupart des grands oprateurs des valeurs dfensives. Leurs cours, bien qu'en

baisse, ont nanmoins fait beaucoup mieux depuis la faillite de Lehman Brothers que les indices de rfrence. Les grands oprateurs sortis avec des survaleurs dans leurs bilans et un endettement parfois trs inquitant de la bulle Internet et mobile de 2001-2002 n'ont cess, trois ou quatre exceptions notables, d'amliorer leur situation financire au cours des derniers exercices. Ils ont ainsi gnralement termin l'anne 2008 en conformit avec leurs promesses. Les analystes considrent que leurs revenus bass pour l'essentiel sur des abonnements sont beaucoup moins menacs par la conjoncture que d'autres secteurs de la consommation, et offrent une meilleure visibilit pour 2009. Ils rappellent aussi les conditions dans lesquelles NTT DoCoMo a su ragir la crise de la dcennie passe, ou comment Telecom Argentina a pu surmonter la brutale dvaluation qu'a connue l'Argentine en 2001-2002. On observe bien dans les rsultats des oprateurs au dernier trimestre 2008 certaines inflexions du march : une acclration de la diminution de lignes tlphoniques lie l'accroissement continu des foyers qui ne disposent que d'un quipement mobile et au ralentissement de l'immobilier et des investissements des entreprises ; une propension choisir des forfaits tlphoniques bloqus ou une remonte des cartes prpayes au dtriment des abonnements. Ces tendances peuvent tre plus marques sur les marchs les plus brutalement touchs tels que l'Espagne ou le Royaume-Uni. Mais elles ne semblent pas devoir bouleverser cette anne les rsultats des grands oprateurs. Il est probable que les effets ngatifs de la conjoncture sur la marge des groupes seront corrigs par les anticipations prudentes qui auront t faites en faisant baisser les charges d'exploitation et les investissements. Dans ces conditions, il est craindre que les investissements des oprateurs partout dans le monde naillent stagner voire dans certains cas baisser, y compris travers une recherche plus systmatique de ce qui peut tre mutualis entre

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Introduction

oprateurs concurrents (stations radio, gnie civil et fibres optiques). Ce nouveau coup de frein sur le march des quipements va avoir un impact douloureux sur l'industrie des rseaux dont les difficults de certains leaders ont t illustres en ce dbut d'anne 2009 par la mise sous protection du rgime des faillites de Nortel. Seuls les fabricants dquipements chinois ont sembl jusquici mme de poursuivre leur croissance. Pour les oprateurs, le recul de l'investissement ou le fait de diffrer un effort supplmentaire sur un exercice n'a probablement pas de consquences dcisives sur l'exploitation. Il pourrait cependant freiner les dploiements engags ou attendus des rseaux trs haut dbit fixes et mobiles. Si l'on devait assister une contraction de l'effort d'investissement au-del de 2009, les consquences pourraient devenir plus sensibles sur les conditions d'coulement du trafic et finalement sur la capacit du secteur retrouver des relais de croissance dans les marchs dvelopps, mme si l'innovation ne se rduit pas aux points de capex.

ger des marges leves si le secteur des services de tlcommunications n'est pas capable de retrouver le chemin de la croissance ? En Europe de l'Ouest, les services de tlcommunications auront gnr en 2008 un chiffre d'affaires tout juste stable par rapport 2007, avec mme des reculs sensibles dans certains pays comme l'Allemagne ou les Pays-Bas. Ce n'est pas li la crise que nous connaissons mais plutt un phnomne de cycle, avec la maturit relative du mobile et un certain tassement de l'quipement en haut dbit. Aux tats-Unis, la part du chiffre d'affaires investi dans les rseaux aura t ces dernires annes plus importante, dans un environnement o la croissance du secteur restait encore sensible sous l'effet des revenus des mobiles en forte progression. Mais sous l'effet du taux de pntration atteint, celle-ci a commenc son tour flchir aux tats-Unis, et il est probable que les oprateurs freinent leurs investissements. Vers un retour de l'tat dans les tlcoms ? Il reste voir les effets des quelque 7 milliards dvolus aux rseaux dans le plan de relance annonc rcemment par l'adminis-

Introduction

Car la question sur ces marchs est la suivante : peut-on continuer longtemps dga-

Evolution des cours d'action par secteur dans le monde en 2008Telecommunications Services

16DigiWorld 2009Health Care Consumer Staples Utilities

Consumer Discretionary

S&P 1200 Global

Information Technology

Industrials

0% -10% -20% -30% -40% -50% -60%

-23.18% -23.97% -32.28% -35.27%

-38.46%

-41.61% -41.91% -43.42% -44.51% -50.56% -56.27%

Base : index S&P 1200 - between dec. 31th 2007 & dec. 31th 2008

Source S&P 1200

Financials

Materials

Energy

tration Obama. Il est possible que d'autres pays incluent aussi un soutien au dploiement des infrastructures haut dbit sur leur territoire. Cela nous semble vrai dire au moins aussi lgitime pour prparer l'avenir que les budgets allous aux travaux d'infrastructures routires. Il faut nanmoins dfinir des mcanismes qui vitent les simples effets d'aubaine ou qui ne reviennent pas sur le rle dominant donn l'initiative prive. On peut imaginer des dispositions qui acclrent le dploiement des infrastructures haut dbit dans les territoires mal desservis ou qui favorisent la prise de risque dans le dploiement d'infrastructures innovantes. L'injection d'argent public dans les rseaux peut galement faire rebondir dans les mois qui viennent le dbat sur la structuration du secteur moyen et long terme. Aux tatsUnis, il sera intressant de voir quelles seront les conditions dopen access qui s'appliqueront aux infrastructures haut dbit fixes et mobiles qui auront bnfici de subventions fdrales. Il n'est toutefois pas sr que, parvenus au pouvoir, les dmocrates s'engagent faire passer la lgislation trs contraignante sur la Net neutrality qu'ils rclamaient ces dernires annes. Aprs tout, mme Google, qui avait pris la tte de cette croisade, s'est fait remarquer au cours de l'anne passe en dployant ses serveurs auprs des fournisseurs d'accs pour amliorer la qualit d'accs ses services. C'est l toute l'ambigut de la notion de non-discrimination d'accs l'Internet. En aot 2008, au terme d'une longue enqute, la FCC a considr que Comcast, premier cblo-oprateur du pays, navait pas le droit de freiner l'usage du logiciel P2P BitTorrent en laissant entendre que d'autres dispositions devaient tre trouves par les oprateurs pour limiter les congestions de trafic. On verra au cours de cette anne si Comcast, qui s'est pourvu en appel, peut faire infirmer ce jugement. En Europe, la tendance est plutt marque par l'initiative des collectivits locales qui souhaiteraient disposer sans attendre des

rseaux d'accs optiques. On attend aussi de savoir si la rvision du cadre rglementaire, qui semblait acquise sur la base d'un compromis entrin par les gouvernements sous la prsidence franaise de l'Union, sera effectivement ratifie aprs son passage devant le Parlement. L aussi, il nous parat probable que les visions les plus extrmes, bases sur une sorte de gnralisation du remde de sparation structurelle entre rseau et services, ne trouveront pas l'occasion de s'imposer. La vaste majorit des oprateurs n'en veut pas, et leur situation conomique, comme on l'a vu, ne s'apparente pas celle des banques que les tats s'apprtent sauver par la nationalisation. Tout le talent des rgulateurs dans la priode va devoir s'appliquer trouver le bon rglage entre la dfense des intrts des consommateurs au jour le jour et le soutien l'innovation et l'investissement. L'Europe aurait enfin tort de ne voir dans le plan de l'administration Obama que les 7,2 milliards USD de subventions alloues au Dpartement du Commerce et au Dpartement de l'Agriculture. moyen terme, un effet de levier trs important pour la recherche et l'innovation dans les TIC est attendu d'une fraction significative des 35 milliards USD attribus la sant et des 100 milliards USD qui vont venir renforcer les crdits de l'ducation. C'est naturellement aussi dans cet esprit qu'il faut s'intresser l'effet de levier que les TIC peuvent avoir sur le dveloppement durable. Comme pour tous les secteurs, la crise financire et conomique va agir comme un facteur de diffrenciation entre les oprateurs. La performance des oprateurs en terme de gnration de cash et en terme d'endettement n'est pas la mme. La situation des conomies nationales dans lesquelles ils interviennent, les taux de change qu'ils supportent et l'intensit concurrentielle de leurs marchs, sont aussi des paramtres prendre en compte. La stagnation ou la bais-

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Introduction

se des investissements peut se traduire pour un petit nombre d'oprateurs par le maintien d'un haut niveau d'investissement pour merger avec un nouvel avantage concurrentiel au sortir de la crise. Toutefois, il ne faut pas s'attendre durant la crise voir de nombreuses oprations de rachats. Les marchs financiers ne sont pas prts aujourd'hui soutenir les oprateurs qui prendraient des risques. On avait dj pu le remarquer lorsque France Tlcom avait tent au cours du premier semestre 2008 de prendre le contrle de TeliaSonera, alors mme que la crise financire n'avait pas rellement clat. On a pu voir plus rcemment la sanction des marchs aprs que Telenor a rendu public sa prise de contrle d'Unitech Wireless, dtenteur de licences mobiles en Inde et sur d'autres marchs mergents. La consolidation du secteur devrait nanmoins se poursuivre, au niveau mineur partir des actifs nationaux d'oprateurs alternatifs europens qui n'ont pas pu obtenir les parts de march au cours de ces dernires annes leur permettant d'avoir une exploitation quilibre. Puis se reposera, dans un paysage sans doute modifi par la crise, la question d'une consolidation paneuropenne compte tenu de l'cart croissant entre le niveau de concentration observable sur le march des tats-Unis et les quelque 100 oprateurs intervenant au sein de l'Union europenne. Certes, l'Europe est loin de correspondre l'conomie intgre des tats-Unis. Mais l'ampleur des investissements engager dans la convergence trs haut dbit fixe et mobile, et le poids ncessaire pour discuter avec les leaders universels de l'Internet tels que Google, rendent, moyen terme, lgitime cette perspective. D'autant que si les grands oprateurs en cours de constitution en Chine, en Inde ou au MoyenOrient, doivent connatre un ralentissement en 2009, la reprise de leur croissance sera forte. Leurs ambitions internationales, soutenues par un faible ratio d'endettement, sont appeles devenir plus vives au sortir de la crise.

Open Innovation et sortie de crise Personne ne sait quand se terminera la crise. Il est en revanche certain que le DigiWorld en sortira profondment transform. Cela se manifestera par de nouveaux acteurs et par de nouvelles pratiques de consommation associes des produits et plans d'affaire peine entrevus. travers cette rapide et bien incomplte chronique de l'industrie, on aura voqu plusieurs reprises le rle central de l'innovation dans les secteurs des TIC et la dialectique d'ouverture/fermeture qu'ont grer les acteurs du nouvel cosystme numrique. Henry Chesbrough a t un des premiers noncer travers la notion dopen innovation, les caractristiques nouvelles des modles d'innovation. Sommairement prsentes, elles se dmarquent des modles traditionnels domins par une recherche et des dveloppements internes. Aujourd'hui, la fragmentation des comptences ncessaires pour mettre sur le march avec succs un produit numrique, justifie une grande porosit entre la firme et son environnement. tous les niveaux de la chane de valeur se pose, pour le promoteur d'une plateforme, la question de l'arbitrage entre les gains directs qu'il pourrait tirer d'une exploitation rserve ses propres dveloppements et le bnfice de l'ouverture plus ou moins partielle des dveloppeurs extrieurs, des fournisseurs de services complmentaires ou des usagers, mme de renforcer la valeur de son actif par les effets de rseau. C'est vrai, comme nous l'avons vu pour les promoteurs d'un OS mobile ou d'un AppStore, pour les rseaux sociaux comme pour les services d'accs d'un oprateur de tlcommunications ou d'un distributeur de services vido. Il est important de souligner que cette tendance correspond bien une nouvelle faon de crer de la valeur comme on a pu le voir pour des firmes pratiquant l'open source telles que Red Hat ou IBM. L'ouverture ne signifie pas la fin des droits de proprit

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Introduction

Open Innovation et marchs bifacesTwo-sided market

Users : Demand side Consumers

Users : Supplyside 1. Content providers 2. Services developers / Appstore 3. Games developers 4. Advertisers + developers 5. Advertisers

Indirect network effects

1. Broadband access 2. Mobile handset 3.Play Station 4. Social Network 5. TV station

Platform provider-Platform sponsors

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intellectuelle (IPR). Simplement les brevets ne sont plus grs comme des barrires face la concurrence mais comme un actif qu'il faut savoir gnrer sur un march de plus en plus ouvert. L'ouverture ne garantit pas non plus qu'on s'achemine vers un march dot d'une concurrence pure et parfaite. De nouveaux problmes de concurrence vont merger sous l'effet de la dominance que certaines plateformes vont acqurir. Leur analyse devra s'appuyer sur la reconnaissance de ce que les conomistes appellent des marchs bifaces (two-sided markets). Pour apprcier les tarifs, tudier le poids d'une plateforme d'applications et considrer les ventuels remdes aux effets nfastes d'une position trop dominante, il faut non seulement mesurer sa part de march auprs du consommateur final et les switching costs mais il faut aussi prendre en compte son pouvoir de diffrenciation et d'attraction auprs des dveloppeurs travers ses caractristiques techniques et les contrats qui leur sont proposs.

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Cf. notamment : "Open Innovation: a new paradigm for understanding industrial innovation", Henry Chesbrough; Open Innovation: Researching a new paradigm, Henry Chesbrough , Wim Vanhaverbeke and Joe West, eds., Oxford University Press (2006).

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En attendant, bonne lecture et n'hsitez pas nous faire part de vos remarques sur le travail de nos quipes de consultants et nous faire connatre vos attentes pour faire voluer ce rapport annuel.

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Introduction

C'est parce que les travaux mens par les conomistes sur lopen innovation nous paraissent s'appliquer aux principaux enjeux des acteurs de l'industrie numrique pour une sortie de crise, que l'IDATE a engag cette anne un policy program sur ce sujet avec ses membres. C'est aussi sous ce titre que se tiendra en novembre la prochaine dition du DigiWorld Summit. Voil des occasions de revenir au cours de cette anne 2009 sur les analyses contenues dans ce DigiWorld Yearbook.

20Le DigiWorld dans lconomie

DigiWorld 2009

I

Le DigiWorld dans lconomie

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Le DigiWorld dans lconomieEn 2008, les marchs du DigiWorld ont atteint 2 740 milliards EUR, en progression de 4,8 % par rapport 2007. Aprs plusieurs annes de croissance 6 % ou plus, ce ralentissement marqu correspond un phnomne structurel aggrav par la dgradation de la conjoncture conomique. Phnomne structurel d'abord, li la maturit du march des nouvelles technologies dans les pays avancs, mais aussi dclin conjoncturel, sous l'effet des difficults conomiques particulires auxquelles font face aussi bien les entreprises que les particuliers. Cependant, les marchs des TIC montrent en priode de crise aigu, une certaine rsilience, du fait prcisment du statut acquis par ces technologies dans notre fonctionnement quotidien. Ds lors, la question pose aux acteurs de ces secteurs est de savoir dans quelle mesure ils ont la capacit de participer la relance, pas seulement par leurs performances propres, mais surtout par leurs efforts pour proposer des outils et des solutions spcifiquement adapts. On retrouve l les notions d'innovation qui ont fait le succs de nombre d'entrepreneurs au cours des trente dernires annes, dans le domaine informatique, dans celui de l'Internet plus rcemment ou, plus largement, dans ceux des rseaux et des contenus. On retrouve galement les notions de montisation pour des services ou des applications dont la rmunration ne cesse de baisser mesure des dveloppements raliss. Rapparaissent encore les notions de mondialisation, avec des marchs de plus en plus vastes mais de plus en plus concurrentiels. Ces dfis ne sont pas nouveaux. Il s'agit juste de transformer (pour un temps ?) des opportunits en obligations. En de de la croissance conomique Au cours des dernires annes, la croissance des marchs du DigiWorld a t rgulirement infrieure ou, au mieux, du mme niveau que celle du PIB mondial. En 2008, l'cart se serait mme creus, avec une progression en valeur courante de 4,8 % pour les premiers et d'environ 7 % pour le second. Il faut remonter la seconde moiti des annes quatre-vingt-dix avec des taux de croissance des marchs du DigiWorld qui oscillaient entre 10 et 15 % par an pour observer une surperformance de ces derniers au regard de l'conomie gnrale. L'clatement de la bulle technologique au tournant du sicle a brusquement stopp cet lan. Bien sr, comme nous l'voquons rgulirement depuis, le ralentissement de croissance des secteurs des TIC ne signifie pas qu'ils ont cess d'tre porteurs. Ils le sont, et sans doute de plus en plus, pour le reste de l'conomie, qui ils offrent des outils logistiques et de gestion toujours plus efficaces. Ils le sont aussi pour les particuliers, remplissant une vidente fonction sociale. Si la dpense a t freine, lquipement et l'usage ont continu de progresser trs fortement, voire de sacclrer. Le nombre de nouveaux clients mobiles a t de 500 millions en 2006, 600 millions en 2007 et, selon nos estimations, encore de prs de 550 millions en 2008 (avec entre 1 et 1,2 milliard de terminaux vendus au cours de chacune de ces trois annes). Dans le mme temps, les quipements montent en gamme : fin 2008, 1 utilisateur sur 5 en moyenne dans les cinq principaux pays europens tait quip d'un terminal 3G (au Japon et en Core du Sud, pionniers en la matire, l'quipement 3G couvre aujourd'hui plus de 4 utilisateurs sur 5 !). Le nombre de

22DigiWorld 2009

Le DigiWorld dans lconomie

connexions haut dbit dans le monde a doubl en trois ans, passant de 216 millions fin 2005 415 millions fin 2008. Paralllement, l'quipement en micro-ordinateurs progresse significativement : dans l'Union europenne ( 27), 57 % des foyers taient quips d'au moins un ordinateur fin 2007, avec des taux de lordre de 90 % dans certains pays (Pays-Bas, Danemark). Des niveaux de production qui plafonnent Pour la deuxime moiti de 2008, on a toutefois enregistr un repli de la production des matriels des TIC en volume : plafonnement ou premiers signes de retournement dans des pays o la production continuait d'tre dynamique (tats-Unis notamment) et chute acclre dans les pays dj en recul (RoyaumeUni). Emblmes de la croissance, les tlphones mobiles sont pris dans le mouvement : les commandes ont commenc refluer au quatrime trimestre 2008 alors que les oprateurs et les revendeurs commenaient dstocker (le repli pourrait atteindre 10 % en 2009). Dans l'informatique, le climat des affaires contraint galement les commandes : seule la Chine continuait sur la priode rcente augmenter sa production d'ordinateurs ; le contexte de pression renforce sur les prix pourrait d'ailleurs tourner encore plus son avantage. Les valeurs boursires des acteurs du DigiWorld ont immdiatement traduit ces turbulences, mme si elles n'ont pas forcment t, dans la priode, les plus chahutes. On note surtout que certains segments rputs protgs ont cette fois t entrans. C'est le cas par exemple des spcialistes des logiciels professionnels (SAP notamment) ou

des rseaux (Cisco). Les stars de l'Internet, qui avaient vu leurs valeurs monter en flche et atteindre pour certaines des sommets (la valorisation de Google est suprieure celle d'un Verizon), n'ont pas t pargnes non plus. Certaines valeurs ont depuis repris des couleurs. D'autres, dans l'attente, se maintiennent bas niveau. Quant aux groupes les plus fragiles, la crise financire les rend encore plus vulnrables. Une de ses consquences pourrait bien tre galement de prcipiter la chute de certains acteurs et de favoriser certaines oprations de consolidation. Un dfi historique L'an dernier, dans ces colonnes, nous nous interrogions sur les chances d'un raffermissement durable du DigiWorld, prcisant prudemment que "les risques de dgradation de la conjoncture conomique mondiale ne devraient pas rester sans effet sur ces secteurs". Bien sr, nous ne mesurions pas alors l'ampleur de la crise. Nous ne la mesurons toujours pas exactement aujourd'hui, mais nous savons d'ores et dj que les secteurs des TIC ne restent effectivement pas l'cart, avec des signes de malaise apparus ds la fin 2008. L'anne 2009 sonne donc comme un dfi historique pour des secteurs qui devront montrer, outre leur capacit de rsistance, leur facult de participer plus largement l'effort de redressement conomique. *** Comme dans les ditions prcdentes, ce premier chapitre nest pas sectorialis. Il propose une approche transversale du DigiWorld et de sa position par rapport lconomie gnrale. > Contact : [email protected]

23www.idate.org

Introduction

1.16,5 % du PIB mondial

Le poids du DigiWorld dans lconomieQuest-ce que le DigiWorld ?On dfinit ici le DigiWorld comme recouvrant tous les secteurs qui sont dj bass ou en voie de ltre sur les technologies numriques : services de tlcommunications : tlphonie fixe et mobile, transmission de donnes et dimages ; quipements de tlcommunications : quipements de rseaux publics, systmes privs, terminaux, logiciels et services associs ; logiciels et services informatiques : traitement de linformation ; matriel informatique : mainframes, PC et priphriques, quipements de transmission de donnes ; services de tlvision ; lectronique grand public : quipements audio et vido. dynamique en valeur des marchs du DigiWorld n'a plus dpass celle des PIB.

Des secteurs qui portent l'conomieCela ne signifie pas, bien au contraire, que ces secteurs ont cess d'tre porteurs ; ils le sont dsormais davantage : travers un effet volume que l'on retrouve amoindri en valeur du fait d'une pression forte sur les prix : on n'a jamais livr autant de micro-ordinateurs, de tlphones mobiles, de connexions haut dbit qu'au cours des dernires annes ; travers un niveau d'quipement dsormais trs lev (en particulier dans les marchs dvelopps) grce auquel les utilisateurs peuvent accder des services de plus en plus nombreux et volus, d'autant plus attractifs qu'ils sont souvent proposs en forfaits packags ; plus largement, travers un effet de diffusion des produits et services des TIC qui contribuent au fonctionnement des entreprises et servent de support de plus en plus manifeste leur croissance, ou du moins, en des priodes o la croissance manque, leur productivit. Pour autant, la question de la montisation de l'activit des acteurs du DigiWorld reste bien au cur de leurs proccupations. La tendance moyenne pour le DigiWorld masque des ralits diffrentes selon les segments. Les marchs tlcoms, ports notamment par le phnomne mobile, ont continu de crotre fortement au cours de la premire moiti des annes 2000, tandis que l'informatique, plus sensible au climat des affaires, connaissait un fort ralentissement. Les volutions se sont ensuite inverses avec la reprise des marchs informatiques et, au contraire, une dclration sur les marchs tlcoms. La crise conomique apparue l'automne 2008 pourrait tre l'occasion d'un nouveau revirement, les tlcoms semblant bnficier d'une plus forte rsilience.

Moins de 5 % de croissance en 2008Estims en 2008 2 739 milliards EUR, les marchs du DigiWorld reprsentent 6,5 % du PIB mondial. La croissance, tombe moins de 5 % en valeur courante, est dsormais de deux points infrieure la progression de l'conomie mondiale. Dans les principaux pays de la zone euro, l'volution moyenne des marchs des TIC n'a t que de 1,6 %, comparer une progression du PIB de plus de 4 %, inflation comprise. Aux tats-Unis, la croissance des marchs des TIC ne dpasse pas 3 % contre plus de 5 % pour l'conomie gnrale. On observe des carts aussi importants, sinon plus, dans les pays mergents. En Chine par exemple, l'conomie a continu de progresser en 2008 un rythme de plus de 16 % en valeur courante tandis que les marchs des TIC dpassaient tout juste 11,5 %. Le phnomne n'est pas nouveau et il faut remonter avant l'clatement de la bulle Internet en 2001 pour voir les marchs des TIC progresser (et mme significativement) plus vite que l'conomie gnrale. Depuis, l'cart a t plus ou moins important selon les annes mais la

24DigiWorld 2009

Le DigiWorld dans lconomie

Les contributions du Digiword au PIB mondialDigiWorld markets (billion EUR) yoy growth World GDP (billion EUR) yoy growth DigiWorld as a % of GDP 2005 2 307 34 185 6.7% 2006 2 455 6.4% 36 850 7.8% 6.7% 2007 2 614 6.5% 39 500 7.2% 6.6% 2008 2 739 4.8% 42 310 7.1% 6.5%

Source IDATE

Les marchs du DigiWorld particulirement sous pression en Europe...volution compare du PIB et des marchs du DigiWorld au sein de l'EU-5

1.12006 2007

6% 5% 4% 3% 2% 1% 0% 2005 2008 GDP DigiWorld markets

Source IDATE

et aux tats-Unisvolution compare du PIB et des marchs du DigiWorld en Amrique du Nord

257% 6% 5% 4% 3% 2% 1% 0% 2005 2006 2007 2008 GDP DigiWorld markets

Source IDATE

www.idate.org

Le poids du DigiWorld dans lconomie

1.2Le calme avant la tempte ?

Les investissements en TICLes dpenses en TIC ont augment d'environ 7 % par an en moyenne depuis 2003 dans les pays de l'OCDE, en retrait de plus de 2 points par rapport la moyenne mondiale. Les pays mergents ont bien videmment connu une dynamique beaucoup plus forte : plus de 17 % par an au cours de la mme priode. l'intrieur, quatre principaux marchs (que l'on regroupe sous la dnomination abrge de BRIC, pour Brsil, Russie, Inde, Chine) ont connu une croissance annuelle moyenne de plus de 20 % et concentrent aujourd'hui 60 % des dpenses en TIC des marchs hors OCDE et 13 % au niveau mondial. Parmi les pays dans lesquels ces dpenses ont le plus augment au cours des dernires annes figurent un grand nombre de pays mergents d'Amrique latine (Venezuela, Colombie), d'Afrique et du Moyen-Orient (Sngal, gypte), d'Asie (Iran, Pakistan, Indonsie) ainsi que d'Europe de l'Est (Ukraine, Turquie). fortement depuis dbut 2006 : dans le mme temps, l'investissement a continu de crotre un rythme annuel de 8 10 %.

menace par un environnement de plus en plus dgradAinsi, malgr un environnement de plus en plus dfavorable, le march des TIC a plutt bien rsist jusqu prsent. Aux tats-Unis par exemple, si linvestissement productif (hors TIC) en volume avait recul de prs de 20 % sur un an au troisime trimestre 2008, les dpenses dquipement en ordinateurs et logiciels sinscrivaient toujours sur une pente haussire (+7 % sur un an). Plus prcisment, les ventes de logiciels se maintenaient au troisime trimestre 2008 tandis que celles d'ordinateurs se repliaient brutalement. De mme, les ventes mondiales de semi-conducteurs taient encore en augmentation de 1,6 % sur un an en septembre, tires par le march asiatique (+9,2 %). Mais de nombreux signes de faiblesse peuvent tre dcels, et le march des TIC ne saurait rester l'cart d'une conjoncture conomique de plus en plus difficile. Aprs les conomies avances entres en rcession, les pays mergents, qui avaient fait preuve dune remarquable rsilience jusqualors, commencent aussi subir les contrecoups de la crise : ils ptissent de la contraction de leurs principaux marchs lexportation, et le rapatriement des fonds par les investisseurs internationaux exerce une pression baissire sur leur monnaie. On devrait donc assister un ralentissement sensible de la croissance des dpenses dans presque toutes les rgions du monde.

La bonne tenue des dpenses en TIC

26DigiWorld 2009

Le DigiWorld dans lconomie

Dans les conomies dveloppes, aprs la chute qui avait immdiatement suivi l'clatement de la bulle TMT, l'investissement des entreprises dans les TIC a remont progressivement. On observe toutefois un effet de palier depuis prs de deux ans en Europe, tandis qu'aux tatsUnis, la monte quasi ininterrompue depuis 2003 a brusquement stopp en 2008. Dans un cas comme dans l'autre, la crise reporte les perspectives de reprise vers une chance indtermine. On note malgr tout, aux tats-Unis en particulier, que l'investissement en TIC se maintient mieux que les autres composantes de l'investissement productif. L'investissement hors TIC ralentit rgulirement et assez

Les dpenses en TIC dans les grands pays/zones(billion USD in current prices) 2003 USA 829 EU-15 671 Japan 278 Total OECD countries 2 025 China Mainland 121 India 23 2004 884 765 305 2 235 150 32 2005 937 801 310 2 361 172 42 2006 989 851 30 2 495 206 47 2007 1 032 943 314 2 681 254 66 2008 1 061 1 020 351 2 873 327 85

Source OCDE

L'investissement en TIC aux tats-Unis reprend le dessusTaux d'investissement productif priv en valeur aux tats-Unis(as a % of GDP)

7

6

5

4

3 Total excl. ICT ICT

2

1 1970 1980 1990 2000 2008

Source Coe-Rexecode

Les logiciels rsistentInvestissement informatique des entreprises aux tats-Unis

Software (billion USD) 280 250 220 190

IT equipment (billion USD) 130 120 110 100

27www.idate.org95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08

160 90 130 80 100 70

70 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08

60

Source Coe-Rexecode

Les investissements en TIC

1.3Prlude la chute ?

La production des TICEn 2008, dans tous les pays avancs, la production dans les secteurs TIC a connu, au mieux un plafonnement, mais le plus souvent un recul prononc. Dans les pays o la dynamique tait reste forte au cours des annes prcdentes (tats-Unis et Allemagne notamment), 2008 marque un palier : sur le march nord-amricain, le troisime trimestre a traduit l'amorce d'un recul qui s'est vraisemblablement confirm depuis et gnralis aux quelques autres marchs qui rsistaient encore. La Core du Sud et la Sude ont commenc voir leur production dcliner sur la mme priode. Au Japon, l'inversion de tendance remonte au dbut de l'anne 2008. On retrouve ces grandes tendances, quelques variantes prs, dans les diffrents segments manufacturiers. Dans les matriels de tlcommunications, la nuance (mais elle est d'importance) vient de l'Allemagne dont le niveau de production est en chute libre depuis le dbut de l'anne 2008 : d'un niveau proche de 130 fin 2007, celui-ci tait tomb 80 l'automne 2008 ! Le Japon apparat aussi particulirement en recul dans ce segment, avec un niveau qui passe d'un peu plus de 60 moins de 40 en neuf mois. La production rsistait bien a contrario aux tats-Unis, en Core du Sud et en Sude.

Plafonnement ou recul de la production dans les pays avancsEn France, le glissement entam depuis mi-2006 s'est poursuivi avec toujours quelques effets erratiques, d'amplitude de plus en plus faible toutefois. Quant au Royaume-Uni, le recul quasi ininterrompu de son niveau de production en TIC depuis 2000 s'est encore acclr partir de la mi-2007 : la production a chut de 50 % en un peu plus de huit ans (dont 10% au cours de la dernire anne). Consquence de ces reculs : les taux d'utilisation des capacits de production baissent galement. Aux tatsUnis, le taux moyen tait tomb 75 % l'automne 2008, avec un niveau plus lev dans les matriels de communication (80 %) et plus faible dans les semiconducteurs (72 %). Si l'on est loin des 90 % d'utilisation enregistrs en 2000 au pic de la bulle Internet, le niveau reste trs suprieur au point bas de 2002 o le taux d'utilisation tait tomb environ 60 % en moyenne.

La Chine contre-courantPour les ordinateurs, les courbes de production ont bascul au troisime trimestre, partout o l'on observait une croissance au cours des priodes prcdentes (Allemagne, tats-Unis, Core du Sud) mais de manire encore assez limite, sans doute avant un recul plus accentu. Aux tats-Unis, les ventes en volume plafonnent depuis mi-2008 tandis que les prix de vente moyens continuent de diminuer. L'un des rares pays avoir conserv une tendance haussire est la Chine, malgr une volution erratique : depuis 2007, plus de 50 % de la production dordinateurs personnels dans le monde est ralise sur le territoire chinois, avec une part plus importante encore pour les portables. L'industrie des semi-conducteurs a mieux rsist, avec une production mondiale qui plafonne mais n'a pas enregistr de recul notable : la baisse du march en Amrique du Nord depuis l'automne 2007, et beaucoup plus rcemment en Europe, a t (temporairement ?) compense par une remonte en Asie.

28DigiWorld 2009

Le DigiWorld dans lconomie

Balance commerciale en matriels des TIC des principaux pays producteurs(billion USD) China mainland South Korea Japan Taiwan Singapore Hong Kong EU 15 United States Exports 356 97 112 85 108 148 176 165 Imports 255 54 76 50 81 154 263 273 ICT trade surplus/deficit 100 43 36 36 28 -6 -87 -109

Source OCDE

La production a commenc dcliner dans tous les pays avancsProduction industrielle des TIC% (one-year slide mm3) % (one-year slide mm3)

30

30

20

20

10

10

0

0

-10

-10 USA Japan South Korea Germany Sweden United Kingdom France

-20

-20

-30

-30

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

Source Coe-Rexecode

entranant une baisse du taux d'utilisation de la capacit industriellevolution du taux d'utilisation de l'industrie manufacturire des TIC aux Etats-Unis%

100 90

29www.idate.org2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

80

70

60

Computers and electronic products IT equipment Communication equipment

50

Semiconductors and electronic components

40 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000

Source Coe-Rexecode

La production des TIC

1.4Turbulences gnrales

Les valeurs des TICLes valeurs technologiques, qui avaient progressivement repris des couleurs aprs l'effondrement brutal lors de l'clatement de la bulle Internet, reculent nouveau depuis la fin du troisime trimestre 2007, avec une nette acclration aprs l't 2008.

Les valeurs de la nouvelle conomie galement secouesCe qui apparat nouveau, c'est que les valeurs vedettes, notamment celles des gants de l'Internet qui avaient connu une ascension prodigieuse au cours des dernires annes, se sont trouves entranes avec les valeurs plus traditionnelles, perdant parfois plus que ces dernires. Des valeurs comme Yahoo! en particulier ou encore Amazon ou Google ont connu des avertissements svres. Avec deux nuances cependant : d'une part, le recul, qui s'est acclr l'automne 2008, tait engag pour la plupart d'entre elles ds le printemps 2008, et n'est pas li uniquement la crise conomique ; d'autre part, certaines d'entre elles, et non des moindres, ont pu remonter sensiblement dbut 2009. Du ct des valeurs plus traditionnelles, les ractions des marchs ont pu varier selon les positions industrielles des acteurs. Aux tats-Unis, Sprint Nextel, qui avait dj perdu plus de la moiti de sa valeur entre mai 2007 et mai 2008, a vu son action chuter nouveau de 80 % l'automne pour ne remonter ensuite qu' un tiers du niveau prcdent. Dans les quipements informatiques, Dell a galement t affect davantage que ses concurrents, avec une perte de 60 70 % de sa valeur entre fin aot et fin novembre 2008, et continuant ensuite de cder du terrain aprs une timide reprise. Dans les matriels de tlcommunications, Motorola affiche un profil assez proche. En Europe, Alcatel Lucent a t plus affect qu'Ericsson ou encore que Nokia qui ptit toutefois d'un environnement de march difficile dans les terminaux mobiles. Pour les grands telcos, les ajustements ont commenc ds fin 2007/dbut 2008, amortissant les secousses au passage de l'automne 2008.

Niveau le plus bas historique pour les indices technologiquesAux tats-Unis, les valeurs tlcoms du NASDAQ sont mme tombes un niveau le plus bas historique. Dans la zone euro fin 2008, l'indice des valeurs TMT avait perdu environ 50 % par rapport son point haut de mi2007. Alors mme que, sur la priode la plus rcente, les valeurs technologiques ont t en moyenne plutt moins maltraites que celles des autres secteurs, on observe que, sur une longue priode, les performances finissent par se rejoindre : d'un indice 100 au 1er janvier 1998, l'indice gnral et l'indice TMT taient tous deux retombs aux environs de 80 en novembre 2008 en Europe, tandis qu'aux tats-Unis, l'indice SP500 et l'indice NASDAQ repassaient, au terme de la mme priode, juste au-dessous de leur niveau d'origine. Aprs le plongeon de l'automne 2008, on observe toutefois un effet de palier. Le NASDAQ, qui avait perdu prs de la moiti de sa valeur en trois mois et touch en novembre 2008 son niveau le plus bas depuis le printemps 2003 (en dessous de 1 400 points), remontait ensuite lgrement et se stabilisait dans une fourchette de 10-15 % autour d'une valeur moyenne de 1 500 points. Pour l'Euro Stoxx TMI, dont la chute a t presque aussi spectaculaire (d'un indice de plus de 290 dbut septembre 2008 180 fin septembre), on assiste depuis une alternance de timides reprises et de rechutes.

30DigiWorld 2009

Le DigiWorld dans lconomie

volution des cours d'actions de plusieurs socits des secteurs des TICMicrosoft SAP IBM Dell Google Verizon Vodafone Alcatel Lucent Cisco Sept. 30 2008 (100 index) 100 100 100 100 100 100 100 100 100 Nov. 20-21 2008 66 63 61 56 65 83 92 55 64 Jan. 30 2009 64 74 78 58 85 93 106 57 66

Source IDATE

Les valeurs des TIC dans la tourmente boursire aux Etats-Unisvolution des indices boursiers des TIC (NASDAQ) et gnraux (SP500) aux tats-UnisJanuary 1998 = 100

300

200 150

100

70 NASDAQ Composite SP 500

50

30 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

Source Coe-Rexecode

et en Europevolution des indices boursiers des TIC et gnraux en Europe (Euro Stoxx)January 1998 = 100

400 300

31www.idate.orgTMT Sectors General Index 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

200 150

100

70 50

30

Source Coe-Rexecode

Les valeurs des TIC

32Marchs et acteurs

DigiWorld 2009

II

Marchs et acteurs

33www.idate.org

34Marchs et acteurs

DigiWorld 2009

2

Changement de cap

A

u-del du constat sur le ralentissement sensible des marchs du DigiWorld au cours de l'anne coule, c'est la conjonction, indite sur ces marchs, de phnomnes de plus ou moins grande ampleur mais tous orients la baisse, qui leur donne un relief particulier. Et qui laisse augurer des difficults plus importantes encore pour l'anne en cours. Tous les segments du DigiWorld participent ce mouvement baissier. Les effets de compensation que l'on avait pu observer au cours des priodes passes ne jouent plus ou sont trs estomps ; quipements et services, marchs grand public et marchs entreprises, tous sont affects. Tout au plus, les activits mdias (services de tlvision et lctronique grand public) ont-elles un peu mieux rsist ! lintrieur de chaque segment, les rserves de dynamique dans certaines poches qui contrebalanaient les pertes de vitesse enregistres ailleurs se rarfient et perdent de leur effet : dans les tlcoms en particulier, la croissance des mobiles, qui tire le secteur tout entier (services et quipements) depuis le dbut de la dcennie, a connu une forte inflexion l'an pass.

Des ajustements structurels qui psent sur les marchs tlcoms Aprs une priode de trois quatre ans au cours de laquelle les marchs tlcoms avaient repris des couleurs, l'anne 2008 marque un net flchissement : 2 points de croissance en moins dans les services, 3 points dans les quipements. La croissance deux chiffres qu'affichaient les services mobiles au niveau mondial au cours des dernires annes a chut en 2008 : si le parc mobile a continu d'augmenter significativement en volume (prs de 550 millions de nouveaux clients entre le dbut et la fin de l'anne 2008, et mme 570 millions en considrant l'accroissement des parcs moyens des annes 2007 et 2008, soit le niveau le plus important enregistr ce jour !), la progression relative diminue mcaniquement au fur et mesure que le point d'origine, en l'occurrence le niveau du parc en dbut de priode, augmente. En parallle, le niveau d'ARPU continue de baisser lgrement et c'est finalement d'un peu plus de 4 points que la croissance des marchs des services mobiles a recul l'anne dernire. Dans les services fixes, alors que l'on pensait que la destruction de valeur dans la tlphonie, lie aux effets de substitution la fois vers le mobile et vers l'IP, perdrait progressivement de son ampleur, force est de constater que l'on assiste plutt une acclration. Dans les pays avancs, le dveloppement d'offres d'abondance dans les mobiles et l'explosion de la voix sur IP loignent de plus en plus les consommateurs de la tlphonie traditionnelle. Les revenus de l'abonnement, qui ont pu un temps tre sauvegards, parfois par le biais d'augmentations ngocies avec le rgulateur pour les oprateurs historiques, sont de plus en plus menacs. D'une part, l'augmentation de l'abonnement RTC (quand elle existe) a du mal compenser la chute du nombre de clients ; de fait, ce sont surtout les revenus du dgroupage qui servent de compensation pour les oprateurs

Certains contrastes persistent. Sur un plan structurel, les enjeux peuvent tre diffrents d'un segment l'autre, avec des chanes de valeur plus ou moins stables. Sur un plan conjoncturel, la fin de l'anne 2008 a rvl dans plusieurs segments des signes de faiblesse parfois profonds, tandis que d'autres faisaient preuve d'une certaine rsilience. Revue de dtail.

www.idate.org

Au plan gographique galement, marchs avancs et marchs mergents sont touchs : certes pas de la mme faon, et les seconds continuent de progresser plus rapidement. Mais aucune rgion ne semble l'cart du ralentissement, si ce n'est les plus dshrites (Afrique subsaharienne notamment) o les besoins restent entiers. Le chapitre suivant est consacr ces visions rgionales.

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Introduction

2historiques. D'autre part, sur le march du haut dbit qui s'y substitue, la pression concurrentielle contraint les marges des oprateurs sur le prix de l'accs. Paralllement, du ct des quipements, le dveloppement des mobiles s'est traduit par une trs forte augmentation des ventes de terminaux (836 millions d'units vendues dans le monde en 2005, 987 millions en 2006 puis 1 136 millions en 2007), soit 150 millions de tlphones supplmentaires vendus chaque anne. Mais en 2008, avec 1,2 milliard de terminaux vendus, l'accroissement en volume est rduit de plus de moiti par rapport aux annes passes ; un recul est mme attendu pour cette anne. Le march voit donc son principal vecteur de dynamique perdre de la vitesse. Du ct des infrastructures de rseau, la croissance, certes plus modre, a pu se maintenir. court terme, des ajustements sensibles dans ce segment sont attendus sur le march des entreprises ; pour les oprateurs, les plans d'investissement pourraient n'tre touchs que plus marginalement, tout en reconnaissant qu'en cas d'aggravation de leur situation, c'est l'un des premiers leviers qu'ils pourraient actionner pour faire des conomies ! Les marchs informatiques plus sensibles au climat conomique Lors des prcdentes crises, et en particulier l'clatement de la bulle Internet, les marchs informatiques ont montr qu'ils taient plus sensibles au contexte conomique que les autres segments TIC. Les matriels informatiques notamment sont une variable d'ajustement de l'investissement des entreprises, avec des priodes de renouvellement qui, de trois quatre ans en priode normale, peuvent passer assez facilement quatre cinq ans en cas de ncessit. Au sein du DigiWorld, ce march a t nouveau l'un des premiers touchs par la crise actuelle, ds l'automne 2008 : les ventes d'ordinateurs personnels ont stagn aux tats-Unis au quatrime trimestre ; elles auraient mme commenc flchir en Asie, hors Japon. Les ventes de serveurs ont recul ds le troisime trimestre. Ce sont donc les bonnes performances de dbut d'anne qui ont permis au march de maintenir une croissance modre pour l'ensemble de l'anne, mais le brusque renversement courant 2008 laisse augurer d'un recul svre pour l'anne en cours. Du ct des logiciels et services, les volutions sont assez diffrentes avec, jusqu' fin 2008 du moins, le maintien d'une bonne dynamique, tout particulirement dans les grands pays mergents. Les applications informatiques sont au cur des systmes de gestion et finalement de l'conomie en gnral, et l'on comprend que ce sont d'abord elles que l'on s'attache mettre niveau, dans des priodes o l'efficacit n'est plus simplement un gage de comptitivit mais de survie. L'aspect hardware devient une priorit de second rang. Priorit malgr tout, car l'on sait bien aussi que les applications sont de plus en plus gourmandes en capacits et qu' terme, l'volution des premires ne saurait se poursuivre sans, en parallle, une augmentation des secondes. Les marchs des mdias accrochs Chahuts eux aussi, les marchs des mdias ont encore bien rsist durant l'anne 2008. Les revenus des services de tlvision sont notamment tirs par les abonnements la tlvision payante, alors que l'on observe des signes de tension sur les revenus publicitaires. La concurrence de l'Internet sur ce crneau, qui avait d'abord touch la presse papier, commence affecter les autres supports mdias. Si jusqu'en 2008, l'impact est rest limit pour la tlvision, il devrait, conjugu la crise conomique, tre sensiblement plus marqu en 2009. La tlvision payante, dont la dynamique a t pour partie alimente au cours des annes passes par le dveloppement du satellite, est plus large-

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Marchs et acteurs

ment tire dsormais par le cble, converti au numrique, et de manire plus confidentielle par l'IP. Enfin, les revenus de la redevance se rduisent lentement mais rgulirement. Pour l'lectronique grand public, 2008 a t une anne plus trouble. Si, jusqu' l't, les excellentes ventes permettaient d'anticiper une bonne anne, la suite a montr d'inquitantes faiblesses. Les ventes d'crans plats notamment, qui constituent le socle de la croissance du segment depuis plusieurs annes, auraient recul au cours du quatrime trimestre. Ce phnomne ressemble, pour le grand public, celui que l'on observe dans l'informatique pour les entreprises : la demande pour le service (ici, la tlvision payante ; pour l'informatique, le programme ou l'application) continue de progresser, mais le matriel (tlviseur d'un ct, ordinateur ou serveur de l'autre) n'est pas renouvel.

On l'aura compris, 2008 a marqu la fin d'un cycle, ouvert quelques annes auparavant avec la reprise des marchs des TIC. D'une part, les ajustements structurels de segments arrivs maturit ont t prcipits en quelques mois par la dgradation du contexte conomique, avec des effets ambigus sur les acteurs : la fois, une