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Artothèque de Caen - Hôtel d’Escoville - Place Saint-Pierre - 14000 Caen Tel : 02 31 85 69 73 - [email protected] http://www.artotheque-caen.net Il était une fois... Œuvres de la collection de Artothèque de Caen PRÉSENTATION Exposition proposée dans le cadre du Réseau d’Espace Art-Actuel Astrid Kruse Jensen Hotel room, photographie 2006

Il était une fois - L'ARTOTHEQUE, ESPACES D'ART CONTEMPORAIN · 2017. 9. 29. · Dossier pédagogique - Exposition Il était une fois... Il était une fois... Des fresques de Lascaux

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Page 1: Il était une fois - L'ARTOTHEQUE, ESPACES D'ART CONTEMPORAIN · 2017. 9. 29. · Dossier pédagogique - Exposition Il était une fois... Il était une fois... Des fresques de Lascaux

Artothèque de Caen - Hôtel d’Escoville - Place Saint-Pierre - 14000 Caen Tel : 02 31 85 69 73 - [email protected]://www.artotheque-caen.net

Il était une fois...Œuvres de la collection de

Artothèque de Caen

PRÉSENTATION

Exposition proposée dans le cadre du Réseau d’Espace Art-Actuel

Astrid Kruse JensenHotel room, photographie 2006

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Dossier pédagogique - Exposition Il était une fois...

I l é t a i t une f o i s . . .

Des fresques de Lascaux aux grandes œuvres classiques, l’histoire de l’art témoigne de l’importance de la fiction et de la narration. Histoire religieuse, récits de grandes batailles, mythes et légendes constituent une source d’inspiration incontournable pour les artistes offrant aux spectateurs des liens entre peinture, littérature et Histoire.

L’apparition de la photographie et de la bande dessinée dans le champ artistique ne vient que renforcer un lien déjà étroit entre voir et raconter. De même que la peinture fixe une scène, la photographie, lorsqu’elle fige un instant de la vie, implique un «avant» et un «après» que le regardeur est alors invité à imaginer. La bande dessinée, quant à elle, a ceci de spécifique qu’elle ne cristallise pas un moment mais utilise des images dont la succession, pensée par l’auteur, construit un récit.

L’image ne relève pas seulement de la description mais offre parfois une dimension narrative qui ne se révèle pas au premier regard et exige une participation active de la part du spectateur.

Une œuvre narrative est chargée d’un statut singulier car elle s’appuie sur quelque chose en dehors d’elle-même et construit son sens sur ce qu’elle montre et ne montre pas : l’histoire (ou l’Histoire) à qui elle emprunte son sujet ou qu’elle suggère.

La dimension narrative d’une image implique donc, pour le regardeur, une multiplicité de démarches et de compétences. Il ne s’agit pas seulement d’observer, de voir, mais aussi d’imaginer l’avant et l’après suggérés par la scène représentée. Voir, imaginer... mais aussi savoir, analyser et comparer. En effet, une œuvre met en jeu une narration lui préexistant qui repose sur un socle commun de références culturelles que le spectateur doit identifier pour apprécier pleinement la démarche de l’artiste. Par la diversité des démarches et des médiums, ce corpus d’œuvres permet d’aborder les différents registres de la narration : le merveilleux, le fantastique, le réalisme, l’humour, etc.

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L e s œuvres de L’ expos i t ion

Martine Aballéa • Alice Anderson • Glen Baxter • Paul Cox • Hippolyte Hentgen •Astrid Kruse Jensen • Jean Le Gac • Guillaume Molina • Jacques Monory • Olivier O. Olivier • Roland Topor

• Martine AballéaLe méchant architecte, phototypie 199680 x 60 cmValeur d’assurance : 850 €

Mangez des fruits nocturnes, sérigraphie 200880 x 60 cmValeur d’assurance : 350 €

•Alice AndersonRapunzel, sérigraphie 200880 x 60 cmValeur d’assurance : 350 €

• Glen BaxterOn safari to Lille, sérigraphie 200150 x 35 cmValeur d’assurance : 350 €

• paul CoxNature morte au camembert, linogravure 198930 x 36 cmValeur d’assurance : 350 €

Dix linos, linogravure 198765 x 45 cmValeur d’assurance : 550 €

•HippoLYte HentGenGisant II, acrylique et encre 200972 x 133 cmValeur d’assurance : 2400 €

• Astrid Kruse JensenHotel Room, photographie 200865 x 80 cmValeur d’assurance : 2350 €

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L e s œuvres de L’ expos i t ion

Martine Aballéa • Alice Anderson • Glen Baxter • Paul Cox • Hippolyte Hentgen • Astrid Kruse Jensen • Jean Le Gac • Guillaume Molina • Jacques Monory • Olivier O. Olivier • Roland Topor

• Astrid Kruse JensenRêverie, photographie 200865 x 80 cmValeur d’assurance : 2350 €

• Jean Le GacLe paysagiste, Lithographie/collage photo 199080 x 60 cmValeur d’assurance : 350 €

• Guillaume MolinaSans titre, photographie 200760 x 50 cmValeur d’assurance : 400 €

•Jacques MonoryAntoine n°6, sérigraphie 197474 x 54 cmValeur d’assurance : 750 €

• olivier o. olivierRomance muette (Chanson bègue), lithographie 197680 x 60 cmValeur d’assurance : 500 €

Romance muette (Lady Wind’s fans), lithographie 197680 x 60 cmValeur d’assurance : 500 €

• roland toporCiel ouvert, lithographie 197680 x 60 cmValeur d’assurance : 500 €

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L e s œuvres de L’ expos i t ion

Astrid Kruse Jensen Rêverie, photographie 2008

Guillaume MolinaSans titre, photographie, 2007

Martine AballéaLe méchant architecte, phototypie 1996

Jacques Monory Antoine n°6, sérigraphie1974

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L e s œuvres de L’ expos i t ion

Roland ToporCiel ouvert, lithographie1976

Olivier O. OlivierRomance muette (Un concert dans les oreilles), sérigraphie1974

Glen BaxterFrançois Discovers an outbreak of Modernism, eau-forte 1992

Paul CoxNature morte au camembert, linogravure1989

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pour prepArer L A v i s i t e . . .

> Le fonctionnement narratif de l’image

La diversité des œuvres du corpus permet d’aborder la question du fonctionnement narratif de l’image. Comment se construit-elle ? Repose-t-elle seulement sur la rencontre entre un sujet choisi énigmatique et l’imaginaire du spectateur ? La narration repose-t-elle sur l’implicite ou est-elle mise en scène dans l’œuvre par l’artiste ?

En offrant des scènes énigmatiques, les photographies d’Astrid Kruse Jensen interrogent le réel et témoignent de la capacité de ce médium à produire de la narration en déréalisant paradoxalement la scène photographiée. Rêvrerie met en scène un personnage énigmatique dont la veste rouge contraste avec un fond dominé par des bleus et noirs profonds. Mais que fait-il dans cet espace désertique ?

La cohérence entre Rêverie et Hotel room invite à lire ce travail sur le mode de la narration comme si chaque prise de vue fixait une étape d’une histoire livrée en fragments au spectateur à qui il incombe alors de renouer les fils : trouver un ordonnancement à ces prises de vue, combler les ellipses offertes à l’imaginaire, cerner les raisons de la présence d’une si étonnante figure féminine dans ces paysages nocturnes et désertiques. Le travail d’ A. Kruse Jensen souligne également l’importance de la lumière et des contrastes mais aussi celle du point de vue obtenu par le cadrage et l’angle de vue qui confèrent à l’image une dimension énigmatique et par là même narrative. Dans Hotel room comme dans Le méchant architecte de Martine Aballéa, le spectateur est mis en position de voyeur, projeté dans un intérieur qui contient des zones d’ombres de sorte que l’espace se dérobe au regard. De plus, l’effet de mise en abyme obtenu par le cadrage de la fenêtre oriente le regard vers l’extérieur plus lumineux. G. Molina et M. Abaléa interrogent le statut du spectateur : est-il en dehors de l’œuvre ou intégré à elle ?

Si Kruse Jensen met en scène un personnage, G. Molina et M. Abaléa usent de cadrages subjectifs qui font du spectateur un des personnages potentiels d’une histoire en cours.

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pour prepArer L A v i s i t e . . .

Si l’écrivain peut jouer sur les différents modes de narration, le point de vue, l’ellipse pour développer des stratégies de rétention d’informations nécessaires à l’intrigue, l’artiste, quant à lui, dispose du cadrage, des contrastes, de l’angle de vue pour orienter le point de vue du spectateur. La sérigraphie de J. Monory, Antoine n°6 renoue par le jeu des plans avec une tradition classique de la peinture narrative. Ici, le personnage apparait à trois reprises marquant ainsi trois temporalités différentes. La juxtaposition des plans oblige alors à s’interroger sur la succession des actions dont on ne perçoit que l’issue.

Les œuvres de Françoise Petrovitch et de Roland Topor illustrent de quelle manière la manière la narration peut être induite, tout d’abord en tant que système de référence ou de citation puis comme un effet de réception, en stimulant l’imagination de celui qui regarde.

Françoise PétrovitchRévérence, sérigraphie 2008

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> La mobilisation d’univers de références et le jeu sur les registres

La narration est importante dans ce corpus également en tant que système de référence. Les artistes puisent dans une mémoire collective des références plus ou moins explicites à des textes préexistants. Aux légendes mythologiques et aux scènes historiques et bibliques des œuvres classiques se substitue ici une culture plus populaire qui va du conte au polar en passant par la fable et le récit d’aventures.

> Les registres de l’humour, de l’ironie

L’œuvre de G. Baxter nous plonge dans un univers d’aventures chargé d’humour et nous rattache ainsi à une tradition de la BD et de l’illustration. L’humour, chez G. Baxter, nait de la juxtaposition des légendes et des illustrations qui déclenchent tout un jeu d’antithèses, de décalages ou d’inversions. Humour et mise à distance de la tradition sont aussi dans les intentions de P. Cox quand il propose cette Nature morte au camembert qui s’amuse d’un héritage à la fois pictural et littéraire. Clin d’œil à La Fontaine quand Paul Cox fait le choix de la transformation du corbeau en figure de l’artiste. Clin d’œil parodique à cette tradition de la nature morte que Cox convoque ici en jouant sur la mise en abyme des références.

> univers noirs : polars et registres réalistes

Le choix de couleurs froides et sombres rehaussées par de forts contrastes nous renvoient à des univers variés, proches du genre policier.La sérigraphie de Monory propose un univers dramatique et réaliste évoquant le fait divers. Martine Aballéa joue également sur les codes du polar en même temps que sur ceux de l’édition : les couleurs, la composition ou la typographie employées dans Le méchant architecte ou Mangez des fruits nocturnes évoquent les premières de couverture d’une collection de série noire.

Par le caractère énigmatique des prises de vue et par les choix des couleurs dominantes, A. Kruse Jensen nous plonge également dans un univers d’intrigues. Avec ce mystérieux personnage féminin à la veste rouge, ellle y juxtapose celui du conte.

pour prepArer L A v i s i t e . . .

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Dossier pédagogique - Exposition Il était une fois...

> univers du conte et de la fable

D’autres œuvres abordent les registres du merveilleux et du fantastique propres aux contes et aux fables. Petit Chaperon Rouge chez Petrovitch dont les longues oreilles rappellent le lapin d’Alice de Lewis Caroll. Chevelure déroulée chez Olivier O Olivier qui constitue une reprise étonnante du Rapunzel des frères Grimm. Topor quant à lui confronte les univers de références : un homme tire derrière lui une foule de sujets. La scène joue sur le registre fantastique et son caractère irrationnel ouvre sur de nombreuses questions. Le personnage du Traîne Misère dessiné par Topor ne veut-il pas en réalité se débarasser d’un lot de références qui pèse sur lui ? Cette volonté de rupture s’inscrit dans la continuité des idées du mouvement Panique auquel Topor a appartenu et proposer une réflexion sur le processus de création.

Les œuvres narratives sollicitent le spectateur de multiples manières : elles l’obligent à puiser dans sa mémoire ou dans une culture collective ou encore, elles lui demandent de construire une histoire non écrite mais suggérée. Que s’est-il passé avant ? Et après ? Les registres fantastiques et merveilleux témoignent de l’importance de l’imaginaire et du rêve, à la fois dans le processus créatif et dans le travail interprétatif laissé au regardeur.

pour prepArer L A v i s i t e . . .

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niveaux conseillés : tous niveaux

Au collège : la narration6ème : le conte et la fable5ème - 4ème - 3ème : le récit policier, la nouvelle réaliste1ère L : réécriture autour du conte et de la fable

pistes pédagogiques

- la narration et ses outils (narrateur, personnage, point de vue...)- réalisme / fiction- aborder le Nouveau Réalisme à travers une œuvre de J. Monory- découvrir deux artistes du groupe «Panique» : R. Topor / O.Olivier- registres : merveilleux, fantastique, réaliste- réécriture, citation, allusion, détournement- humour, ironie et goût de l’absurde- rêve, imaginaire- place du spectateur

Compétences

- analyser une image- faire des hypothèses de lecture - identifier des références culturelles- maîtriser les procédés du détournement- reconnaître des registres - comparer les procédés de la narration et leurs équivalents visuels- écrire un récit (à partir d’une œuvre)

p i s t e s pedAGoGiQues

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> repérer des références culturelles autour de l’univers du conte, du merveilleux et des textes fondateurs.

Recherchez les œuvres qui jouent sur une référence propre aux contex ou aux textes fondateurs et préciser en quoi la démarche de l’artiste est originale, quels changements fait-il subir à une ou plusieurs figures célèbres des contes ou des textes fondateurs.

nom de l’artiste /Titre de l’œuvre

technique Références littéraires utilisées

À quoi reconnait-on cette référence ?

En quoi le traitement est-il original ?

Kruse JensenHotel room

pétrovitchRévérence

paul CoxNature morte au camembert

toporTraîne Misère

A. AndersonRapunzel

olivier olivierRomance muetteLady’s fans

olivier olivierRomance Muetteun concert dans les oreilles

p i s t e s pedAGoGiQues

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> imaginer une histoire à partir d’une œuvre

« Il était une fois un mari et sa femme qui avaient depuis longtemps désiré avoir un enfant, quand enfin la femme fut dans l’espérance et pensa que le Bon Dieu avait bien voulu accomplir son vœu le plus cher. Sur le derrière de leur maison, ils avaient une petite fenêtre qui donnait sur un magnifique jardin où poussaient les plantes et les fleurs les plus belles ; mais il était entouré d’un haut mur, et nul n’osait s’aventurer à l’intérieur parce qu’il appartenait à une sorcière douée d’un grand pouvoir et que tout le monde craignait. Un jour donc que la femme se tenait à cette fenêtre et admirait le jardin en dessous, elle vit un parterre planté de superbes raiponces avec des rosettes de feuilles si vertes et si luisantes, si fraîches et si appétissantes, que l’eau lui en vint à la bouche et qu’elle rêva d’en manger une bonne salade.

Cette envie qu’elle en avait ne faisait que croître et grandir de jour en jour ; mais comme elle savait aussi qu’elle ne pourrait pas en avoir, elle tomba en mélancolie et commença à dépérir, maigrissant et pâlissant toujours plus. En la voyant si bas, son mari s’inquiéta et lui demanda : « Mais que t’arrive-t-il donc, ma chère femme ?- Ah ! lui répondit-elle, je vais mourir si je ne peux pas manger des raiponces du jardin de derrière chez nous ! »Le mari aimait fort sa femme et pensa : « plutôt que de la laisser mourir, je lui apporterai de ces raiponces, quoi qu’il puisse m’en coûter ! » Le jour même, après le crépuscule, il escalada le mur du jardin de la sorcière, y prit en toute hâte une, pleine main de raiponces qu’il rapporta à son épouse. La femme s’en prépara immédiatement une salade, qu’elle mangea avec une grande avidité. Mais c’était si bon et cela lui avait tellement plu que le lendemain, au lieu que son envie fût satisfaite, elle avait triplé.Et pour la calmer, il fallut absolument que son mari retournât encore une fois dans le jardin. Au crépuscule, donc, il fit comme la veille, mais quand il sauta du mur dans le jardin, il se figea d’effroi car la sorcière était devant lui !- Quelle audace de t’introduire dans mon jardin comme un voleur, lui dit-elle avec un regard furibond, et de venir me voler mes raiponces ! Tu vas voir ce qu’il va t’en coûter !»

1. La princesse raiponce (rapunzel)

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- Oh ! supplia-t-il, ne voulez-vous pas user de clémence et préférer miséricorde à justice ? Si Je l’ai fait, si je me suis décidé à le faire, c’est que j’étais forcé : ma femme a vu vos raiponces par notre petite fenêtre, et elle a été prise d’une telle envie d’en manger qu’elle serait morte si elle n’en avait pas eu.La sorcière fit taire sa fureur et lui dit : « Si c’est comme tu le prétends, je veux bien te permettre d’emporter autant de raiponces que tu voudras, mais à une condition : c’est que tu me donnes l’enfant que ta femme va mettre au monde. Tout ira bien pour lui et j’en prendrai soin comme une mère. »Le mari, dans sa terreur, accepta tout sans discuter. Et quelques semaines plus tard, quand sa femme accoucha, la sorcière arriva aussitôt, donna à l’enfant le nom de Raiponce et l’emporta avec elle.

Extrait de Rapunzel, les frères Grimm

> Activité d’écriture

En vous appuyant sur l’œuvre d’Alice Anderson, rédigez une nouvelle faisant suite au conte Raiponce des frères Grimm.Vous vous appuierez sur l’œuvre pour décrire l’histoire de cette princesse et ce que la sorcière lui fait endurer.

2. imaginer une histoire policière

Support :Martine Aballéa, Le méchant architecte

> amener les élèves à interroger l’œuvre et à proposer des hypothèses de lecture.

> Traiter la question du point de vue. Comment l’artiste fait-elle pour mettre le spectateur en position de personnage/voyeur ?

> Rédiger une situation initiale + élément perturbateur ou l’histoire complète.

> Référence cinématographique : Fenêtre sur cour - Alfred Hitchcock

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> Astrid Kruse Jensen

> piste 1imaginer une intrigue policière

Etape 1Identifier les codes du genre policier : les codes couleurs et leurs connotations, le travail sur la lumière et les contrastes, les stratégies de rétentions de l’information qui créent le suspense.

Etape 2 Quelles questions sont appellées par chaque œuvre ?

Etape 3Le schéma narratif : demander aux élèves à quelles étapes du schéma narratif corresponde chacune de ces prises de vue en justifiant leur réponse.

Etape 4Construire un récit en s’appuyant sur les indices laissés par l’image et sur son imagination pour combler les ellipses.

> piste 2 ecrire une version contemporaine du petit chaperon rouge

Etape 1 : Quels sont les éléments qui nous rattachent à ce conte ?À quelles étapes de l’histoire pourraient correspondre les photographies ?

Etape 2 : Analyse détaillée de la photographie Hotel roomMontrer aux élèves l’ambiguïté du personnage féminin : mains dissimulées ou gantées, visage invisible. S’agit-il encore de la petite fille du conte ? À quel autre personnage peut-on penser ?

Etape 3 : Rédaction d’une autre version du conte

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p i s t e s pedAGoGiQues

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> Quels sont les équivalents visuels des procédés propres à la narration ? Autour du policier

Proposer aux élèves la lecture d’une ou de plusieurs nouvelles policières et comparer les procédés observés à ceux employés par M. Aballéa, J. Monory, G. Molina et A. Kruse Jensen afin qu’ils établissent des équivalences de fonctionnement.

Corpus d’œuvresJ. Monory, Antoine n° 6M. Aballéa, Le méchant architecte / Mangez des fruits nocturnesG. Molina, Sans titre (abri-bus)A. Kruse Jensen, Rêverie / Hotel room

1. Pourquoi peut-on dire que les œuvres du corpus relèvent du genre policier ? Cette première question fera émerger des invariants simples : les couleurs, le type de personnage, le choix d’espaces déserts, d’ambiances nocturnes...

2. Comment les artistes, par le travail de composition, mettent-ils en place une atmosphère de suspense ou d’inquiétude ?Dans un deuxième temps, on pourra attirer l’attention des élèves sur des procédés plus techniques, propres à la composition, qui installent l’inquiétude et le suspense représentatifs du genre policier.

procédés littéraires procédés propres à l’image œuvres concernées

ellipse juxtaposition des plans Monoryellipse le hors champs A. Kruse Jensen / Molinaprolepse et analepse jeu sur les plans Monorypoint de vue et focalisation cadrage ou champ

angle de vueMolina

mode de narration : narrateur extérieur ou intérieur à la narration

cadrage et position du spectateur

Aballéa / Molina / A.Kruse Jensen

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> découvrir à travers les œuvres de topor, o.olivier et J. Monory deux mouvements des années 60 : panique / La Figuration narrative

Jacques Monory et la Figuration Narrative

Apparue au début des années 1960 et caractérisée par un retour à la figuration, la tendance de la Figuration Narrative n’est pas représentée par un groupe organisé mais par un certain nombre d’artistes, appartenant pour la plupart, à une même génération, et qui exprimèrent une sensibilité commune en se démarquant de l’abstraction et du nouveau réalisme.

En juin 1964, le critique d’art Gérard Gassiot-Talabot réunit trente-quatre jeunes artistes dans l’exposition Mythologies quotidiennes au musée d’Art Moderne de la ville de Paris. Il regroupe leurs œuvres autour de la définition suivante : « Est narrative, toute œuvre plastique qui se réfère à une présentation figurée dans la durée par son écriture et sa composition sans jamais qu’il y ait toujours à proprement parler récit. »Ce courant s’intéresse aux scènes de la vie quotidienne et aux mythologies (politiques, sociales, morales) de l’époque. On trouve parmi ces artistes, des peintres tels que : Valerio Adami, Eduardo Arroyo, Erró, Peter Klasen, Jacques Monory, Hervé Télémaque... Leurs sources sont la bande dessinée, le cinéma, la photographie, les images de tous les jours.

Voir également le dossier pédagogique réalisé par le Centre Pompidou sur la figuration narrative : http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ens-figuration-narrative/ens-figuration-narrative2.html

Antoine n°6 apparaît comme un arrêt sur image. L’œuvre, tout en jouant par sa composition sur plusieurs temporalités, témoigne également du goût prononcé de l’artiste pour le genre policier (Voir la série «Meutres» sur le site de l’artiste) et pour le cinéma. Clin d’œil peut-être à «La jetée» de Chris Marker (1962) qui se proposait de construire une fiction à partir d’images fixes tout comme le fait souvent Monory dans son travail. On pourra également s’appuyer sur la série «Roman photos» toujours sur le site de l’artiste.

Dossier pédagogique - Exposition Il était une fois...

Jacques Monory, Antoine n°6

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> roland topor et olivier olivier et le mouvement panique

Mouvement non structuré rassemblant à partir de 1962 quelques personnalités peu soucieuses de fonder un groupe ou une nouvelle tendance, mais animées par le désir de partager certains goûts (ou dégoûts) et une conception de l’existence ouverte aux contradictions :«le héros panique, c’est le déserteur».

Le quatuor initial, composé de l’écrivain espagnol F. Arrabal, du metteur en scène chilien A. Jorodowsky et des dessinateurs R. Topor et Olivier Olivier s’adjoignent de rares complices, parmi lesquels les peintres-dessinateurs C. Zeirmt (1934, Paris), Szafran, le graphiste R. Cieslewicz (1930, Lvov, Pologne) et le sculpteur Abel Ogier (1931, Grenoble).Ce qui les unit, par-delà un usage respectueux des techniques traditionnelles et de la figuration, c’est l’alliance d’un humour volontiers macabre et d’un mauvais goût considéré comme une forme marginale du raffinement.Indépendamment de leur participation collective à quelques manifestations, ces artistes ont ensuite développé dans leurs nombreuses expositions personnelles des aversions individualisées de l’esprit panique, pratiquant l’irrationnel et le fantastique le plus noir.

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> variations et réécritures autour d’une fable de Jean de La Fontaine, « Le corbeau et le renard »

Paul Cox, Nature morte au camembert

Maître Corbeau, sur un arbre perché,Tenait en son bec un fromage.Maître Renard, par l’odeur alléché,Lui tint à peu près ce langage :« Et bonjour, Monsieur du Corbeau.Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !Sans mentir, si votre ramageSe rapporte à votre plumage,Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois »A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie :Et pour montrer sa belle voix,Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.Le Renard s’en saisit, et dit : « Mon bon Monsieur,Apprenez que tout flatteurVit aux dépens de celui qui l’écoute.Cette leçon vaut bien un fromage sans doute. »Le Corbeau honteux et confusJura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.

Jean de La Fontaine

Dossier pédagogique - Exposition Il était une fois...

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Maître Corbeau voyant Maître RenardQui portait un morceau de lard, lui dit : « Que tiens-tu là, compère ?À mon avis c’est un très mauvais plat.Je te croyais d’un goût plus délicat.Quand tu peux faire bonne chère,T’en tenir à du lard ! Tu n’es qu’un pauvre hère.Regarde près d’ici ces poules, ces canards.Voilà le vrai gibier de Messieurs les Renards.As-tu donc oublié ton antique prouesse ? Je t’ai vu cependant jadis un maître escroc.Crois-moi, laisse ton lard : ces poules te font hocSi tu veux employer le quart de ton adresse.»Maître Renard ainsi flatté, Comme un autre animal sensible à la louange, Met bas sa proie et prend le change :Mais sa finesse et son agilitéNe servirent de rien : car la gent volatileGagna le poulailler, son ordinaire asile.Notre Renard retourne à son premier morceau.Mais il fut bien honteux de voir Maître Corbeau, Qui le mangeait, perché sur le branchageD’un arbre sec, et qui lui dit : «Ami, À trompeur, trompeur et demi.Te souvient-il de ce fromageQue tu m’escroquas l’autre jour ?Je fus un sot alors ; et tu l’es à ton tour.»

Henri Richer, Fables nouvelles mises en vers, 1729

Gravure de Gustave Doré pour le Corbeau et le Renard, XIXème siècle.

Gravure de Chauveau pour une édition des fables de La Fontaines de 1668

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Maître Corbeau sur un chêne mastardTenait un from’ton dans le clapoir.Maître Renard reniflant qu’au balconQuelque sombre zonard débouchait les flaconsLui dit : « Salut Corbac,c’est vous que je cherchais.A côté du costardque vous portez, mon cher,La robe du soir du Paonest une serpillière.De plus, quand vous chantez,il paraîtrait sans charreQue les merles du coinen ont tous des cauchemars. »A ces mots le Corbeauplus fier que sa crémière,Ouvrit grand comme un fourson piège à ver de terre.Et entonnant «Rigoletto»il laissa choir son calendo.

Le Renard le lui pique et dit :« Apprends mon garsQue si tu ne veux pointtomber dans la panadeN’esgourde point celuiqui te passe la pommade... »Moralité : MORALITE :On doit reconnaître en tout casQue grâce à Monsieur La FontaineTrès peu de chanteurs d’opéraChantent aujourd’hui la bouche pleine.

P. Perret Pastiche en argot

«Raoul attendait un client à l’aéroport et il mourait de soif. Mais le temps d’arriver à la buvette, avec tous ces sens interdits, uniques, obligatoires et giratoires, il avait peur de rater son client. Tout à coup, il entendit un bruit de moteur au-dessus de lui. C’était un petit avion qui faisait des loopings. Hop ! Je monte, je tourne, je vire, je pique et je recommence. Et l’avion tenait dans son bec un joli petit bidon d’essence. « Zut alors, se dit Raoul, si seulement il pouvait le laisser tomber ! » Ce qui lui donna une idée... « Bonjour l’avion, cria-t-il, tu es drôlement courageux ! » Et le petit avion ravi lui fit son looping numéro 6, celui qui donne un peu mal au coeur mais pas trop. Raoul klaxonna trois fois en signe d’admiration, et le petit avion, tout bouffi de fierté, lui servit son looping numéro 12 — le plus dur, celui qu’il faisait le dimanche pour épater la Jeep du cours de pilotage. Raoul cria : « Bravo, l’avion, tu es vraiment le roi du looping. Mais comment t’appelles-tu ? Si je savais ton nom, je pourrais dire au monde entier qui est le roi du looping ! » À ces mots, ne se tenant plus d’orgueil, le petit avion ouvrit grand son bec, cria : « Corbo 007, le roi du looping ! » et laissa tomber son bidon sous le nez de Raoul. MORALITÉ Si on te dit que tu es le plus beau, le plus malin ou le plus rigolo, méfie-toi. C’est louche.»

Marie-Ange Guillaume, François Roca. Sacré Raoul. Éditions du Seuil, 2002.

« Maître Cerveau sur un homme perchéTenait dans ses plis son mystère…J’ai oublié la suite. »

Paul Valéry

> Variations autour du corbeau et du renard

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I l é t a i t une f o i s . . .Œuvres de la collection de l’Artothèque de Caen

Cette exposition est proposée dans le cadre du Réseau d’Espaces Art-Actuel

Composition de l’exposition

L’exposition est composée d’un ensemble de 17 œuvres extraites de la collection de l’Artothèque de Caen.Chaque œuvre est accompagnée d’un cartel explicatif.

ContaCts

Artothèque de Caenvanessa rattez, enseignante en Lettres détachée de l’Éducation Nationale (permanences à l’Artothèque les vendredis matin).patrick roussel, responsable du service des publics et chargé de médiation.Alexandra spahn, documentaliste et chargée de médiation.

Artothèque de Caen Hôtel d’Escoville Place Saint-Pierre 14000 CaenTel : 02 31 85 69 73 [email protected] http://www.artotheque-caen.net

L’Artothèque de Caen est financée par la Ville de Caen, avec la participation du Ministère de la Culture et de la Communication, Drac de Basse-Normandie, du Conseil général du Calvados et du Conseil régional de Basse-Normandie.

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renseignements pratiques