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Vendredi 16 novembre 2012 > N o 125 JAA CH–1006 Lausanne PP/Journal IMMOBILIER ROMAND LES LOCATAIRES SONT MIS EN PIÈCES PHARMACIE Toubib or not toubib Page 3 « MISE AU POINT » Faut le boire pour le croire Page 4 VAUD L’UNIL fait la force Page 5 RTS Votre redevance à Los Angeles Page 14 FéDéRALISME Apprenez le suisse allemand Page 17 www.vigousse.ch CHF 3.– / Abonnement annuel CHF 140.– L’amour platonique est à l’amour charnel ce que l’armée de réserve est à l’armée d’active. Pierre Dac

ImmobIlIer romand les locataIres sont mIs en pIèces · ou en quechua. a la réflexion, le choix de ... Vigousse vendredi 1 novembre 1 Vigousse vendredi 1 novembre 1 Faits divers

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Vendredi 16 novembre 2012 > No 125

JAA CH–1006 Lausanne PP/Journal

ImmobIlIer romand les locataIres sont mIs en pIèces

PharmacieToubib or not toubib Page 3

« mise au Point »Faut le boire pour le croire Page 4

VaudL’UNIL fait la force Page 5

rtsVotre redevance à Los Angeles Page 14

FédéralismeApprenez le suisse allemand Page 17

www.vigousse.ch CHF 3.– / Abonnement annuel CHF 140.–

L’amour platonique est à l’amour charnel

ce que l’armée de réserve est à l’armée

d’active.Pierre Dac

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Vigousse vendredi 16 novembre 2012 Vigousse vendredi 16 novembre 2012

2 RubriqueC’est pas pour dire ! 3Christian Varone n’ira pas en Turquie. Il reste en Valais, c’est encore plus dangereux.

le Vaterland bat la mère patrieLaurent Flutsch

Sur les seize officiers frais émoulus de l’académie militaire suisse à Zurich, on compte zéro romand, en tout et pour rien. constat douloureux, dérive alarmante, perspectives effrayantes.

l’allemand est devenu langue de commandement officielle de l’armée suisse, les galonnés sont bientôt tous alémaniques, le chef suprême ueli maurer parle français comme une vache schaffhousoise et les pauvres Welsches n’ont même plus la garantie de pouvoir défendre la mère patrie dans leur langue maternelle.c’est là une atteinte intolérable à l’esprit confédéral, pleurnichent d’inquiets commentateurs. l’armée n’est plus comme autrefois le lieu idéal où faire connaissance entre concitoyens de tous les coins. si les minorités latines en sont évincées, elle cesse d’être le ciment de la nation. Fini le pluriel en gris-vert : l’uniforme devient uniforme.sans être infondé, ce concert de lamentations couvre pourtant la vraie question. l’armée n’a pas pour rôle premier d’entretenir le lien confédéral entre mâles de tous cantons. si c’est le cas, ça ne vaut pas cinq milliards par an. la question fondamentale, c’est toujours la même : « En cas de conflit, vu l’armement moderne, l’armée suisse pourrait-elle vraiment défendre seule le pays ? » et la réponse est toujours la même : néant. Pas d’arguments sérieux, précis et étayés. Ça ne vaut pas cinq milliards non plus.si la vocation de l’armée suisse n’est que folklorique, voire symbolique, on peut bien donner les ordres en allemand, en mandchou ou en quechua. a la réflexion, le choix de l’allemand est très judicieux : l’allemagne ayant déclaré la guerre à uBs et donc à la patrie, il sera tactiquement précieux, en cas d’affrontement avec la Wehrmacht, de comprendre ce que dit l’ennemi. nos stratèges ont donc pensé à tout.

handicap [ãdikap] n. m. Infirmité, déficience physique ou mentale. Par extension, désavantage imposé à certains concurrents d'une compétition afin de la rééquilibrer. Pour diriger un pays, il ne faut pas souffrir d’un handicap mental (Montes-quieu). Mais si on en a un, ce n’est pas un handicap (U. Maurer). ♦ syn. Acrobatie.

le petit Vigousse de la langue française

Décalage honoraire A Berne, le sénateur Jean-René Fournier vote contre ceux qu’il défend en Valais.

Tagada soins soins Certains médecins jouent les pharmaciens ; ils y gagnent beaucoup, les malades pas du tout.

Image numéro 1 : le 2 novembre 2012 dans Le Nouvelliste, le conseiller aux Etats Jean-René

Fournier (PDC/VS) s’affiche avec l’association CEREBRAL, qui réunit des parents de handicapés physiques et qui entre dans sa cin-quantième année. D’où jubilé, cé-lébration et comité d’organisation, présidé par qui ? Par Fournier bien sûr. Sensible à la cause, l’homme s’investit aussi dans Valais de Cœur, autre association gérant des foyers et ateliers pour invalides. Une belle photo, un noble combat.Image numéro 2 : le 19 décembre 2011 sous la Coupole fédérale, le Conseil des Etats débattait de la 6e révision de l’AI, d’aucuns vou-lant rogner dans certaines pres-

Zur Rose : ce joli nom germa-nique désigne une société suisse qui vend des pro-

duits pharmaceutiques. Chiffre d’affaires : près de 600 millions de francs. Pas mal. Et si cette boîte est encore méconnue en Suisse romande, elle ne va pas tarder à y prendre son essor, comme c’est déjà le cas en Valais.Si elle n’a rien d’illégal, l’entreprise a ceci de particulier que ses créa-teurs et ses actionnaires sont des médecins, d’où un mélange un rien douteux entre intérêt financier et éthique professionnelle. Petit exemple au hasard : en Valais, un médecin généraliste qui compte dans sa clientèle un home pour personnes âgées prescrit force mé-dicaments à ses patients et les pousse systémati-quement à les comman-der où donc ? A Zur Rose. A chaque fois, il touche une sympathique ristourne de la boîte dont il est actionnaire et dont il encaisse les dividendes : d’une pierre deux coups. En passant, il omet de rappeler à ses clients que le choix de leur pharmacien leur appartient et qu’ils sont libres d’al-ler où bon leur semble chercher leurs précieux remèdes.

Concurrence déloyale pour les pharmaciens traditionnels ? Sans doute. Le ministre de la Santé Alain Berset, qui la semaine passée annonçait des mesures favorables

tations afin d’économiser 360 millions. Des mesures que les as-sociations en faveur des personnes handicapées jugent pour le moins discutables : les rentes de per-sonnes lourdement handicapées diminueraient de 30% (pour un bénéficiaire de l’AI à 70% une dé-gringolade de 1560 à 1136 francs). Par surcroît, les frais de transports ou la rente enfants pour parents à l’AI passeraient à l’as. Ce 19 dé-cembre-là, Jean-René Fournier tenta certes un compromis sur les rentes enfants. Mais il ne s’opposa ni à la révision ni aux coupes.Manifestement, en politique, la contradiction n’est pas un gros handicap.

Pierre-Pascal Chanel

aux pharmaciens et aux droguistes, s’est bien gardé

d’entrer dans le débat. « La vente directe de médicaments par les mé-decins est un sujet brûlant », s’est-il borné à faire savoir sans craindre d’enfoncer les portes ouvertes (24 heures, 08.11.12.)

le sujet est d’ailleurs si brûlant que la Société valaisanne de phar-macie a rappelé cette semaine à la population, par tout-ménage, que « le médecin n’a pas à commander vos médicaments dans une pharma-

cie de vente par correspondance ».C’est que Zur Rose, bien sûr, fonc-tionne aussi en ligne et envoie les médocs par la poste. Il n’y a pas de petits profits. Les médecins action-naires de cette échoppe virtuelle prennent ainsi le risque de laisser les malades ingurgiter des subs-tances dommageables à leur santé. Ce n’est pas vraiment conforme aux nobles principes de la méde-cine, mais il faut bien soigner les profits aussi. Les pharmaciens valaisans le rappellent dans leur document : « Votre pharmacien de proximité a

une vision globale sur vos médica-ments et trouve des solutions afin d’améliorer les difficultés liées à la prise de médicaments, aux effets secondaires, aux doses, etc. »

la médecine suisse, jadis réputée pour son sérieux, est décidément mal en point. Si même les toubibs perdent tout sens du devoir pour s’en mettre plein les fouilles au détriment de la santé, la gangrène n’est pas loin.

Patrick Nordmann

Jean-rené Fournier contre Jean-rené Fournier

Zur rose, un cas épineux

Y a-t-il un pharmacien dans la salle ?

Vigousse Sàrl, rue du Simplon 34, CP 1499, CH-1001 Lausanne > www.vigousse.ch > [email protected], Tél. +41 21 612 02 50 > Directeur rédacteur en chef : Barrigue > Rédacteurs en chef adjoints : Laurent Flutsch & Patrick Nordmann > Chef d’édition : Roger Jaunin > Journaliste : Alinda Dufey > Abonnements : [email protected] > Tél. +41 21 612 02 56 > Publicité : REGIPUB SA, av. de Longemalle 9, CP 137, 1020 Renens 1, Tél. 021 317 51 51, [email protected] – MEDIALIVE SA, 101 Ruchligweg, CP 52 4125, Riehen-Bâle, Tél. 061 561 52 80, [email protected] > Layout et production : www.unigraf.com > Impression : CIR, Sion > Tirage : 13 000 ex.

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Faits divers et variés

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Vigousse vendredi 16 novembre 2012 Vigousse vendredi 16 novembre 2012

Genève. Swiss a un Cointrin de retard sur Eeasyjet. Menaces de mort dans les élections jurassiennes. La balle est dans le camp du PDC.Faits divers et variés

Ce n’est pas la première fois que la cheffe du Départe-ment vaudois de la forma-

tion, de la jeunesse et des affaires culturelles (DFJC) se fait choper avec une feuille de triche. En son temps, Vigousse (17.06.11) avait révélé que ses services « interpré-taient » les résultats de certains examens pour mieux démontrer la nécessité d’instaurer une filière unique, ô combien égalitaire, à l’école primaire obligatoire. De fait, la loi sur l’enseignement obligatoire (LEO), défendue toutes griffes dehors par Madame Lyon, fut adoptée de peu par le peuple vaudois. Lequel ignore encore ce qui l’attend dès la rentrée prochaine.Loin de restreindre ses talents réformateurs à l’école obligatoire, la ministre s’implique aussi au sein de l’Université de Lausanne (UNIL). Surtout quand il s’agit de mettre des bâtons dans les roues de ceux qui sont chargés de surveil-ler les dérives de cette institution. Il existe en effet une commission de recours surnommée CRUL, dont la mission est de garantir l’harmo-nie des relations entre étudiants et rectorat. Comme le stipule l’article 84 de la nouvelle loi sur l’université vaudoise, cette instance de six membres est « in-dépendante de l’université et dési-gnée par le Conseil d’Etat ».

or pas plus tard que cet été la pré-sidente de ladite commission, ju-riste renommée, a été convoquée

pour « un petit café » par Chantal Ostorero, directrice générale de l’enseignement supérieur, et Jean-Paul Jubin, secrétaire général du DFJC. Au cours de cette aimable conversation, ils ont fait com-prendre à la présidente que certains

jugements de sa juridiction « dé-plaisaient forte-ment à l’UNiL et donc au départe-ment de Madame Lyon ». Bigre ! Et

quel était le motif de cette gra-vissime bisbille ? Voici : selon le rectorat, la présidente de la CRUL prétendait que si l’UNIL voulait contester l’un de ses arrêts, elle pouvait toujours faire recours ; or les voies de recours judiciaires of-fertes à l’Etat sont assez limitées ; du coup, l’autorité académique aurait préféré que la CRUL se

Punitions Maîtresse des écoles vaudoises, la conseillère d’Etat socialiste fait la leçon à tout le monde, de façon sévère mais injuste.

montre plus coulante avec elle. Un conflit d’une portée considérable, comme voit. Las ! En juriste compétente et honnête, la présidente de la CRUL considéra qu’une commission dite « indépendante » a le droit de manifester une certaine indépen-dance, et que dès lors, même si ses jugements avaient le grand tort de déplaire « au département de Madame Lyon », il n’y avait aucune raison valable de changer sa ma-nière de faire. Une forte tête, quoi.

Un peu plus tard, lors du renou-vellement de leur mandat, tous les membres de la CRUL ont été reconduits par le Conseil d’Etat vaudois, sur la proposition de Madame Lyon ; tous sauf la prési-dente. Etonnant, non ?Contactée par nos soins, Anne-Catherine Lyon assure qu’elle ne

anne-catherine lyon, reine de la jungle

Il était une fois une gentille mar-raine qui voulait offrir à son filleul, pour ses 4 ans, une ini-

tiation au cheval. Sur un site web, elle découvrit un manège gene-vois fort sympathique, appelé Equiranch.Rendez-vous fut pris pour une première balade d’une heure. Ayant erré longtemps dans la campagne pour trou-ver le centre équestre, la dame et le petit garçon furent accueillis de façon un peu « ca-valière » (selon son propre mot), dans une sorte de terrain vague.

la propriétaire des lieux leur pré-senta un poney et leur dit à peu près par où aller faire leur balade. Puis ils furent lâchés dans la na-ture : tenant d’une main le gamin peu rassuré et de l’autre le licol du poney très mal embou-ché, ils cheminèrent 20 minutes sur la route avant de trouver le chemin de la forêt, puis les 20 suivantes à tenter de convaincre le poney de bien vouloir les suivre. Peu au fait de la psychologie équine, notre dame tira de toutes

ses forces ; l’animal hennit, se cabra, mordit à plusieurs reprises et lui écrasa les pieds. Bref : têtu comme une mule, le poney finit

par gagner.S’ensuivit un retour pi-teux : le gamin tremblait et pleurait, le bourrin continuait son cirque. Un vrai triomphe.Moralité : on peut s’éton-

ner qu’un cavalier formé n’ait pas accompagné les deux novices ; mais si Equiranch aime les chevaux et la

nature, c’est aussi une petite entre-prise familiale qui survit difficile-ment dans un secteur difficile. La preuve : notre marraine, qui n’est pas rancunière et qui a déjà payé une deuxième heure de poney, tente depuis des mois d’organiser un second rendez-vous chez Equi-ranch, qui a toujours un site. Mais qui n’a plus d’adresse. La vie est rude dans l’Ouest sauvage.

Vigousse

Infos lecteurs

randonnée abandonnéein vino vinasse

Dans son reportage « In vino omerta » (« Mise au point », RTS, 11.11.12), Raphaël

Guillet relaie les accusations du vigneron Antonio Pinho : il vend sa vendange à des encaveurs qui, ensuite, trichent sur les appella-tions d’origine afin d’augmenter les prix de vente. Malgré l’opiniâtreté du journaliste, les magouilleurs en cause se murent. Du coup, l’émis-sion ne dévoile pas leur identité : les frères Diego et Yvo, du puissant clan Mathier.Rappelons qu’Antonio Pinho, ancien employé des Mathier, est en guerre contre eux depuis quatre ans : ses ex-patrons, bien que systématiquement désavoués par la justice, s’acharnent à lui pourrir la vie ; et lui, pour se défendre, dé-nonce publiquement leurs bidouil-lages (Vigousse, 14.09.12). Preuve à l’appui, Pinho montre que lorsqu’il vend aux Mathier du pinot noir de Chermignon, celui-ci se trans-forme miraculeusement en pinot noir de Salquenen, nettement plus prestigieux. Idem, le johannisberg récolté à Venthône devient du jo-hannisberg de Chamoson.

si diego mathier a envoyé « Mise au point » sur les roses, son frère Yvo a fini par accepter de le ren-contrer, dans sa cave de Château-neuf, avec le responsable de sa fiduciaire, mais en refusant d’être filmé : exquise pudeur. Quant au Contrôle suisse du commerce des vins à Rüschlikon, dûment saisi par Antonio Pinho il y a trois ans, il semble avoir « égaré » le dossier…Pour la bonne bouche, ajoutons un élément que l’émission ne men-tionne pas : bien qu’informée elle aussi par Antonio Pinho, l’associa-tion VINEA a proclamé Diego Ma-thier « vigneron de l’année » en 2007 et 2011. Félicitations.

Joël Cerutti

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L’éclat du foie grasSerge Jaunin Lutry

Les amis des bêtes comme les mémères à chien, en bons Suisses qu’ils sont, ont ten-

dance à conclure des assurances pour protéger leur animal préféré. L’assurance animalia à Berne vous offre donc ce genre de prestations avec franchise ou pas, comme dans toute assurance maladie et accident, d’autant que c'est une succursale de nos amis d’Assura* ! Mais que cela soit pour les bestioles, comme pour

les humains, on a intérêt à lire les petites notes au bas du contrat. (Et dans ce cas-là, il faut presque un chien d’aveugle !)Car sous la rubrique « Information No 1001, article 5.1.1. », on peut lire ceci : « Aucune prestation n’est due pour les sinistres qui n’ont pas été déclarés dans les 3 jours. » Autre-ment dit, si votre matou ou votre toutou tombe malade dans la nuit de vendredi, même si vous êtes zélé

et que vous avertissiez animalia le lundi des malheurs de votre animal de compagnie : bernique ! Ils ne sont plus obligés de payer les frais vétérinaires et les médicaments.Parfois on se dit que si l’homme est un loup pour l’homme, l’assureur est une véritable hyène !

Vigousse* nom connu de la rédaction

« déclarez tou-tou de suite ! »

des coco et des gogos

l'UnIl ne l'a pas dans le crUl !

connaît pas personnellement la désormais ex-présidente. Et que son éviction n’est fondée que sur « l’angoisse de l’université face à la tendance de la CRUL à systémati-quement présupposer que l’UNiL avait toujours un droit de recours ».Pour une souplesse accrue, le nouveau président de la commis-sion n’est autre que le très radical et très en vue Marc-Olivier Buffat. Gageons qu’il n’ira pas déranger les autorités universitaires « et donc le département de Madame Lyon » avec des arrêts qui pour-raient leur poser problème. C’est tout le charme de notre pays : on crée des commissions de surveil-lance indépendantes, mais qui dé-pendent beaucoup du pouvoir.

Patrick Nordmann

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Vigousse vendredi 16 novembre 2012 Vigousse vendredi 16 novembre 2012

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L’ours « M13 » a treize envie qu’on lui foute la paix. L’homme le plus rapide du monde ouvre un restaurant à Londres. Pour servir des Bolt de soupe ?

plus vrai que vécu, épilogueJugé début novembre pour actes d’ordre sexuel avec des enfants, Monsieur Duan (Vigousse, 09.11.12) a été condamné à une peine privative de liberté de 24 mois dont 18 mois de sursis sur un délai d’épreuve de 3 ans. De plus, tous les frais de l’audience sont à sa charge.

tata yoyoteLes tribunaux ont fermement interdit à Geneviève de Fontenay d’organiser, le 10 décembre prochain, son concours Miss Prestige national, dissident du Miss France. Cette nouvelle défaite contre Endemol, qui produit le concours de beauté officiel, n’a pourtant pas ébranlé la dame au chapeau, laquelle a déclaré qu’il en faudra bien davantage pour la faire fléchir. « Il faudra qu’on me passe sur le corps ! » a-t-elle précisé. A ce jour, Endemol n’a encore trouvé aucun volontaire.

piqûres à la pelleDepuis 2005, la culture de l’opium a doublé en Asie. De nombreux paysans du Laos et de Birmanie se sont mis à planter du pavot. Cet essor est dû à l’augmentation de la demande en Chine, qui compte actuellement, selon les estimations, plus d’un million d’héroïnomanes. Emoi, émoi, émoi !

Les rèves

Les pages internet les plus consultées, les vidéos les plus vues et les profils de réseaux

sociaux les plus « aimés » sont mis en avant sur le web, ce qui les rend plus visibles et augmente leur popularité. Dans ce cercle vicieux donc, le meilleur moyen d’avoir du succès, c’est précisément d’en avoir. Le phénomène a engendré un nouvel artifice : faire croire qu’on est connu et apprécié. Ce n’est pas totalement nouveau, mais jusqu’alors un chanteur ringard avait du mal à prétendre qu’il avait des milliers de fans ou un cuisinier raté que les gourmets accouraient en foule chez lui.

désormais, c’est réglé : il suffit de faire appel à des entreprises spé-cialisées dans la « simulation de réussite » ou « l’encouragement de buzz ». Exemple : un internaute lambda enregistre un clip vidéo misérable en chantant faux. Il le poste sur Youtube dans l’espoir de

s’ouvrir une grande carrière internationale. Faute d’inté-resser qui que ce soit par son talent, il peut se rendre sur ytnuke.com ou authen-ticviews.com. Là, il peut s’acheter des centaines de milliers de « vues », géné-rées par des ordinateurs. Très vite, ces statistiques très impressionnantes lui vaudront d’être mis en

avant sur les plateformes vidéo et lors des recherches sur Google. Il passera du rang de tocard nul-lissime à celui, plus enviable, de « phénomène internet ». Il pourra se faire repérer par des médias qui diffuseront servilement le « buzz », voire par une boîte de production qui infligera sa daube sonore au

monde entier.

de même, un mauvais restaura-teur peut se payer des fans Face-book sur get-likes.com, histoire de faire passer sa gargote et son rata pour incontournables. Face à cette arme de popularisa-

des clics pour du fricMoutons 2.0 Sur la Toile, même le succès populaire peut être virtuel.

tion massive, une seule parade : se méfier du succès sur le web et se fier plutôt à ses cinq sens et à sa jugeote pour évaluer le talent.

Jonas Schneiter

« Je donne ma vie pour lui ! »Audience en correctionnelle dans un tribunal d’arrondissement. Noms fictifs mais personnages réels et dialogues authentiques.

Messieurs Adzovic, Popovic et Asllani sont accu-sés de lésions corporelles simples qualifiées. Adzovic et Popovic ne sont pas présents à l’au-dience ; un mandat d’amener à leur encontre a été lancé.– Si je comprends bien, entame la juge, Monsieur Asllani est à la fois prévenu et partie plaignante.– En effet, répond son avocat, mon client a été agressé par un groupe d’hommes, dont seuls Adzovic et Popovic ont pu être identifiés. En se défendant, mon client a frappé l’un d’eux, d’où le fait qu’il est également accusé. Mais cette plainte n’a aucun sens.– Il me semble aussi. Reprenons les faits : une violente bagarre entre ouvriers éclate sur un chantier et vous vous retrouvez à l’hôpital. Comment ça a commencé ?– Avec mon équipe, explique l’accusé, on devait changer des vitres. L’un de mes hommes a em-prunté un escabeau que personne n’utilisait. Un homme s’est mis à l’insulter parce qu’il l’avait

pris, alors mon gars s’est excusé et le lui a rendu. Dix minutes plus tard, toute une bande est arri-vée, très excitée. L’un d’eux hurlait : « Vous avez provoqué mon frère, mais moi, je donne ma vie pour lui ! » Et ils se sont mis à nous cogner.– Ils étaient beaucoup contre vous deux ?– Une dizaine. On a pris beaucoup de coups. J’ai même reçu plusieurs coups de pied dans la tête et ils portaient des chaussures de chantier…– Mais pourquoi s’en sont-ils pris à vous ?– Je ne sais pas, peut-être parce qu’il y a eu la guerre. Ils sont serbes, on est albanais.– Et donc vous les avez frappés avec votre per-ceuse ?– Un peu… J’avais ma visseuse dans la main quand ils nous ont attaqués. Alors j’ai essayé de me défendre, j’en ai peut-être touché un ou deux, mais ça ne les a pas arrêtés.– Et vous avez des séquelles ?– Oui, répond l’homme, gêné.– Mon client a eu des côtes cassées, un poignet

gravement amoché, le dos a aussi été touché, sans compter les plaies et ecchymoses. Depuis l’agression, il est en incapacité de travail. De plus, il souffre d’un grave syndrome post-trau-matique : il est suivi par son médecin, plus un psychiatre et une chiropraticienne. Voici leurs rapports.– Bon, eh bien, je crois que j’ai ce qu’il me faut, résume la magistrate. Et sinon, vous avez eu des nouvelles des autres accusés ?– La police pense qu’ils ont quitté le pays, de toute façon ils étaient en situation illégale, ré-pond l’avocat.– C’est faux ! s’énerve Monsieur Asllani. Ils sont toujours là et ils travaillent pour la même entre-prise, comme si de rien n’était. Il y a des gens qui les protègent.Monsieur Asllani est libéré de toutes les charges contre lui. Messieurs Adzovic et Popovic sont condamnés par défaut.

Lily

Faits divers et variés

Les publicitaires ne cessent de se triturer les méninges pour appâter le chaland. Après la

poésie (Air France: faire du ciel le plus bel endroit de la Terre), l’air qui trotte dans la tête (Optic 2000), l’argument massue (L’Oréal, parce que je le vaux bien) ou le truisme (Si vous n’avez pas d’iPhone, eh bien vous n’avez pas d’iPhone), voici qu’ils testent un nouveau filon : le slogan bas de gamme. On voit ainsi sur les murs, depuis quelque temps, des phrases très très nulles, voire carrément incompréhen-sibles. Exemple : le der-nier concours Rexona permet de « gagner le jour le plus rapide de sa vie ». Traduction maladroite de l’allemand ? Envie d’une phrase choc, sans idée pour la concrétiser ? Toujours est-il que le lecteur est plongé dans des abîmes de perplexité, du moins s’il est assez naïf pour ne pas s’en ficher totalement.

mais il y a pire : les phrases équi-voques comme celle qui, dans une pub pour voiture, conseille de « rallumer la flamme en l’arrosant d’essence ». A vouloir faire des jeux de mots à tout prix, on obtient une

réclame explosive…Enfin, étron sur le gâteau, il y a le slo-

gan vulgaire. Ainsi la pub pour l’aftershave Nivea montre-t-elle un footballeur torse nu, qui indique « après le match, c’est l’avant-match » avec une blonde en petite culotte à l’arrière-plan. Sub-til et délicat. Idem pour la dernière campagne, pourtant très sérieuse, de l’OFSP. Mise sur pied en colla-boration avec l’Aide suisse contre le sida et Santé Sexuelle Suisse, elle porte sur la difficulté à parler

Mauvais clichés Nouvelle méthode ultrasophistiquée pour harponner le client : la bêtise crasse.

des maladies vénériennes. Avec le conseil « peu importe comment, mais parles-en », les trois dignes instances de santé proposent des exemples pachydermiques : « J’ai un feu de brousse » ou « J’ai la tuyauterie qui fuit ». On doute qu’un tel aveu, dans l’intimité à deux, suscite la consi-dération du ou de la partenaire… Et on se dit que si la réclame est le reflet de la société, il y a du souci à se faire.

Alyssia Minne

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Vigousse vendredi 16 novembre 2012

98 Payez-vous un dessinateur : [email protected] percutants Des Tibétains continuent à s’immoler par le feu. Au nom du dalaï-lamèche ?

Vigousse vendredi 16 novembre 2012

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Vigousse vendredi 16 novembre 2012 Vigousse vendredi 16 novembre 2012

Syrie : les rebelles unifiés, poil au nez ! Propriété intellectuelle. Les CFF se font de la iTune avec Apple.Bien profond dans l’actu !

Un supermarché français a commencé à poser des anti-vols sur les barquettes de

ses meilleurs morceaux de viande. Jusque-là, cette mesure était réser-vée aux articles technologiques aux prix élevés. Mais avec la crise, même la nourriture devient la cible des gens malhonnêtes.

ce procédé, que nous appellerons « protection du capital comes-tible », étend la surveillance en vigueur pour les biens durables aux denrées périssables. Car avec la surpopulation mondiale et les disparités de plus en plus criantes entre classes sociales, la nourri-ture acquiert une valeur toujours plus grande. Ce phénomène ne touche pas que les commerces. Les simples particuliers devraient eux aussi en-visager d’y recourir, car une fois qu’ils ont acheté leur viande, ce sont eux qui risquent de se la faire dérober.Dans notre monde moderne, nous sommes définis par ce qui nous appartient. Ainsi, lorsqu’un ma-landrin nous subtilise un objet, il nous déleste également d’une part

de notre personna-lité. C’est pourquoi les gens prévoyants ne se contentent plus

de mettre seulement leur mai-son ou leur voiture sous alarme : ils posent aussi des antivols sur leurs meubles, leurs clubs de golf, leurs enfants et leur femme. Mais

Les théories du professeur Junge Cette semaine : comment préserver son standing face aux attaques des miséreux grâce à la « protection du capital comestible ».

pourquoi s’arrêter en si bon che-min ? Nous possédons aussi de plein droit les aliments que nous ingurgitons, qui font donc par-tie intégrante de notre moi. Par conséquent, lorsqu’on nous vole de la nourriture avant que nous ayons eu le temps de la consom-mer, nous somme victimes d’un

la richesse des intestins

Pitch

Le 8e conseiller fédéralDepuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.

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C’est une vraie passoire, votre service de renseignement, Ueli !

On a dit qu’on s’est fait voler des trucs importants parce que c’est

moins humiliant de subir une brèche de sécurité que d’admettre qu’on n’a

pas de secrets du tout…N’importe qui peut nous piquer des données sensibles !

Ne vous inquiétez pas. Il n’y avait rien d’important sur le

serveur piraté.

Ainsi que les rapports de nos espions !

La presse affirme pourtant que tous nos secrets défense ont été volés !

Vous rigolez ?

Quels secrets

défense ?

Quels espions ?

Ben si, quand même. Laissez-moi deviner : aller se planquer dans

nos montagnes, comme des cons ?

C’est pas un bon plan ?

C’est le même qu’en 39-45,

si jamais.

Il y a mon plan secret en cas d’invasion…

Personne ne pensera qu'on est assez débiles pour faire deux fois la même chose.

Justement.

Astucieux, non ?

Vincent

Courrierdu

chieur

Chère Madame,Gosse, je rêvais d’être facteur. Pas pompier, pas gendarme, encore moins vété-rinaire, mais facteur, ça oui ! Si le destin en a décidé autrement, je me console au-jourd’hui en me disant que je suis devenu – bien modeste-ment – homme de lettres. Mon métier est de ceux qui nour-rissent le flux du courrier et qui, dès lors, justifient votre existence. Enfin, disons plu-tôt « justifiaient ». Parce que non contente d’avoir trans-formé vos offices en bazars, d’y vendre tout et surtout n’importe quoi et de transfor-mer l’approche de vos guichets en parcours du combattant, vous vous êtes mis en tête de « déclarer la guerre » à l’en-semble de vos collaborateurs. C’est du moins ainsi que le syndicat Syndicom qualifie les mesures que vous voulez leur imposer : baisse des salaires, suppression de la semaine de vacances dite compensatoire à l’allongement du temps de tra-vail, et j’en passe.On rirait de ce géant jaune occupé à presser le citron s’il ne s’agissait là « que » de se comporter comme n’im-porte quel requin de l’éco-nomie dite libérale. Sauf que, voyez-vous, un facteur, un guichetier ne sont pas des employés comme les autres. On n’attend pas le facteur comme on attend le livreur de piz-zas, on ne va pas à la poste comme on va au supermarché. On y va pour un « service public » (vous souvenez-vous vaguement de cette notion ?), pour un sourire peut-être. Certains de nos aînés y vont même « pour échanger deux mots avec la gentille dame qui prend tou-jours de mes nouvelles ». Doit-on vous écrire ceci par courrier recommandé ?

Roger Jaunin

a mme la Poste

Le Matin Dimanche, 11.11.12

Même s’il était un Béotien, Plutarque était loin d’être un imbécile. Simplement,

46 ans après que le bœuf et l’âne eurent été dérangés par des squat-teurs, il avait vu le jour au cœur de la Béotie. Ce n’était pas sa faute. A cette lointaine époque, les intellos snobs de la ville considéraient déjà la Béotie, située au beau milieu de la Grèce, comme un trou perdu peuplé de bouseux incultes qui baragouinaient à peine le grec, qui plus est avec un accent ridicule. C’est peut-être pour leur montrer, à tous ces cons, qu’un Béotien peut parfaitement devenir un grand penseur que Plutarque devint un grand penseur.

Quoi qu’il en soit, il consacra vingt ans de son existence à comparer deux par deux, dans les 46 tomes de sa série Vies parallèles, les bio-graphies d’illustres personnages antiques. Comme si ce genre de choses n’était pas suffisamment touffu comme ça, il rédigea aussi de doctes ouvrages sur la morale, la métaphysique, l’épistémologie et autres sujets tout aussi lanci-nants. Et il écrivit tout ça en grec, carrément, alors même qu’on était en plein dans l’Empire romain. Plutarque donna d’ailleurs des cours à Rome, non sans fonder une école et enseigner aussi dans sa Béotie natale. De plus, histoire sans doute d’ajouter encore une ligne à son CV, il s’arrangea pour être catalogué comme un digne représentant du courant de pensée

médio-platoniste, ce qui en jette.Bref : lorsqu’à l’âge res-pectable de 79 ans il poussa son dernier soupir, Plutarque avait amplement prouvé à ces vaniteux d’Athéniens hautains que les Béo-tiens ne sont pas tous des béotiens. Dans un ouvrage parti-culièrement émouvant, torride et palpitant intitu-lé Préceptes d’administra-tion publique, Plutarque dispensait des conseils avisés à ceux qui am-bitionnent d’exercer de hautes fonctions. Il leur recommandait, entre autres, de faire très attention à leur conduite et à leur image : « il ne faut rien négliger, même les plus petites choses. il faut régler ses mœurs pour qu’elles soient à l’abri de tout reproche. C’est qu’un admi-nistrateur ne rend pas seulement des comptes sur ce qu’il dit et fait publiquement ; on porte aussi un œil curieux jusque sur sa table, sur ses meubles, sur la manière dont il vit avec sa femme, sur ses occupations sérieuses et sur ses amusements. »

bien évidemment, Plutarque n’était pas ingénu au point de pen-ser sérieusement que tout haut responsable doit être réellement irréprochable dans sa vie privée. Il ne s’est d’ailleurs pas gêné de citer toute une flopée de grands hommes aux mœurs douteuses à légères : débauchés illustres,

ivrognes de haut rang et obsédés de la fesse au faîte du pouvoir. Mais il relevait avec pertinence qu’une fois connus de la population, le moindre petit vice, le plus anodin des écarts pouvaient oc-culter les plus brillantes compétences et ruiner définitivement toute une carrière.

cela dit, tout vision-naire, intelligent et

médio-platoniste qu’il fût, Plu-tarque n’aurait certainement pas pu imaginer qu’un jour, deux mil-lénaires plus tard, dans un monde prétendument bien plus évolué que l’Antiquité, un homme, ayant atteint le sommet des honneurs en exploitant la désinformation, le mensonge et la manigance, en manipulant l’opinion, en fomen-tant des assassinats clandestins, en fabriquant de fausses preuves, en justifiant le bombardement et l’invasion d’un pays, en faisant massacrer des civils, en bafouant sans scrupules le droit interna-tional, en violant sans ambages les Conventions de Genève, en commanditant des enlèvements, en instaurant des prisons secrètes, en validant la torture systématique des captifs, puisse être destitué pour avoir trompé sa femme.

Laurent Flutsch

mœurs violentes

LE FIN MOT DE

L’HISTOIRE

Fig. 1 : Léger écart de conduite.

larcin de notre personnalité par anticipation ! Car nous ne saurons jamais toutes les possibilités que recelait l’entrecôte ou le filet que nous nous apprêtions à incorporer à notre propre chair.

Je pense même qu’il faut aller encore plus loin en pratiquant la « protection du capital digéré ». Car enfin, nos déjections nous appartiennent aussi. Nous avons payé pour ça ! Chimiquement, la composition luxueuse d’un étron de riche n’a absolument rien à voir avec celle, misérable, d’un excrément de pauvre ! Il faut donc poser des antivols sur nos cacas ! Car sinon, qu’est-ce qui empêchera les pauvres de nous chouraver nos bons cacas pour se pavaner avec dans la rue comme si c’était les leurs ? De nos jours, où les chômeurs et les SDF assiègent les WC des nantis pour grappiller quelques miettes de leur réussite, il est plus que jamais indispen-sable de préserver son caca pour maintenir son standing !

Professeur Junge, phare de la pensée contemporaine

l'antibol alimentaire

12 13Rubrique Citation - citation - citation - citation.

Vigousse vendredi 16 novembre 2012 Vigousse vendredi 16 novembre 2012

12 Federer. Il lui restera toujours le titre de Master Proper.Culture et déconfiture A la RTS, malgré les pleurs des enfants, on massacre toujours « Les Zèbres ».

Placez une brochette de super pros (Thierry Meury, Jean-Luc Nord-mann, Brigitte Gicot, Nathalie Rudaz, Jean-Ph. Decrème, Renato Deinon, Michel Sapin et Martino Toscanelli) dans le cabaret le plus chouette de Suisse romande (Le Bilboquet à Fribourg) et vous obtenez une revue aussi grinçante que jubilatoire.Du vrai cabaret comme on l’aime avec quelques costumes et acces-soires, un musico sur scène, des sketches courts et frappants, des chansons vaches, quelques choré-graphies marrantes et un entrain, une bonne humeur et des comé-diens qui savent tout faire.C’est ce qu’on appelle une critique positive. Et comble du bonheur, il n’y a pas besoin d’être dzodzet pour tout comprendre.

Vigousse

Fribug, du mardi au samedi à 20 h 30 et dimanche à 17 h jusqu’au 9 décembre. Réservations à l’office du tourisme et sur www.fribug.ch

Votre patron vous exploite et, en sus, se tape votre femme, votre gosse rackette ses

petits camarades et se rêve en Pablo Escobar du quartier ? Allez voir Rebelle, vos tra-casseries se transformeront comme par magie en brou-tilles. Pour 90 minutes au moins. Plus sûrement durant plusieurs heures suivant la pro-jection. La sorcière de guerre – la War Witch du titre original – a ce pouvoir. Cette enfant-soldat enrôlée dans la guerre absurde des adultes se prénomme Ko-mona. Elle a 14 ans. En voix off, à coups de flash-back, elle raconte au bébé qu’elle porte, mais qu’elle n’est pas certaine de pouvoir aimer, ainsi qu’à nous, spectateurs, les deux dernières années de sa vie. Huit saisons en enfer. L’abomina-tion pour tout apprentissage et, comme souvenirs, les pires atro-cités.Si le fond de ce film-choc est insoutenable, la forme a la grâce : photographie su-perbe, travail judicieux sur le hors-champ, qui, en ne les montrant pas fron-

Les pleurs du Mal Loin d’être un dessin animé pour les petits, Rebelle nous plonge dans la vie d’une enfant-soldat en République démocratique du Congo. Un choc. Absolu.

talement, multiplie l’impact des horreurs subies, sur le son des Kalachnikov crachant la mort, envolées poétiques (Komona et son cortège de fantômes)... Il y a là une puissance, une force qui caractérisent également le jeu de

Rachel Mwanza, époustouflante de résilience, justement distin-

guée au Festival de Berlin. Et la lueur de l’espoir. De la guérilla, elle guérira.Le plus ahurissant reste que Kim Nguyen, réali-

sateur canadien, a réussi à aller tourner ce film marquant en République démocratique du Congo avec le soutien officiel des autorités du pays. Pourtant,

on voit mal Rebelle servir d’outil promotionnel

pour l’Office du tou-risme de la RDC...

Bertrand Lesarmes

Rebelle (War Witch), de Kim Nguyen, avec Rachel Mwanza. Durée : 1 h 30.

Sortie le 21 novembre.

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Gare aux grilles par égéHORIZONTAL 1 C’est maintenant pour l’éminent Coppola 2 Lang en long métrage 3 Ses toiles enflamment le Flamand – Locdus tondus de la Marine 4 Luisait à Gizeh – Entretenue 5 Hères de misère – Son temps est présent 6 Produit qui conduit Tartempion à croire qu’il sera champion – Elément du flamant 7 Voiture de pointure – Né en Méditerranée – Mot pénible pour l’incorruptible Blocher face à l’UE 8 A l’envers pour une pyramide en verre – Entre en tous genres 9 Abîment les cimes – En voyage de noces avec Ouranos 10 Moukères sans manières.

VERTICAL 1 Ne mangeait guère de hamburger 2 Sifflera à l’ Arena 3 Corps brûlant en Vercors – Quand Gilmour fait un accord – Cul vécu 4 Acerbes envers les Serbes – Ce que mérite un émérite 5 Donne un coup de sang – La mer y gagne la Bretagne 6 Cours élémentaire pour prolétaire – Goûtait les câlins du maître du Kremlin 7 Vite lévite – Lôzane bouge grâce à eux 8 Veste de leste épéiste 9 Hôtes de la haute – Le MCG y traque l’étranger 10 Bourgade assez grosse de Vaud.

Solution pour les nuls dans le prochain numé[email protected]

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Vendredi 16 novembre (20 h 30)Samedi 17 novembre (20 h 30)Dimanche 18 novembre (17 h)

paul-andrée cassidy« la » voix du Québec

Vendredi 16 novembre – 1re partie

claude cavallichansons noires

et tendres

L’Esprit frappeur Villa Mégroz – 1095 Lutry (VD)www.livestream.com/espritfrappeur

SOURIRE En quelques lignes, elle fait naître une attitude, une expression ou un regard qui expriment toute une histoire. Des dessins sobres et figurés. Dessins et autres fantaisies d’Alessandra, Théâtre du Pommier, Neuchâtel, jusqu’au 21.12.

ADMIRER 33 artistes réunis pour un dernier clin d’œil à Bernadette Pilloud. Des adieux mouvants. Passages, Galerie de l’Hôtel de Ville, Yverdon-les-Bains, jusqu’au 23.12.

ÉPROUVER Une mise en lumière artistique de lieux géographiques aux conditions politiques épiques. Des douleurs sourdent criantes. Etat des lieux, de Cédric Hoareau, Elisa Larvego, Uriel Orlow et Simon Senn, Villa Bernasconi, Grand- Lancy, jusqu’au 12.12.

EXAMINER Une soixantaine d’arbres aux formes diverses et recherchées qui sortent de l’ordinaire. La nature détonne. Arbres singuliers : exposition de photographies de Jacques Bélat, Musée jurassien des sciences naturelles, Porrentruy, jusqu’au 30.12.

RÉALISER Le processus de production d’une œuvre picturale réalisé en quelques traits. Une exposition sur les finitions. Pour une grammaire du hasard, de Jason Gubbiotti, Alex Hubbard, Erik Lindman, Edit Oderbolz et Analia Saban, Fri Art, Fribourg, jusqu’au 13.01.13.

Brouillon de culture Un film

Jeux de gamins, enjeux de vilains

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Des védés

Folle mamanIl est rare de voir des films dont le côté autobiographique est aussi criant que ceux de Jonathan Caouette. Après Tarnation, qui raconte sa vie au sein d’une famille profondément dysfonctionnelle, il enchaîne huit ans plus tard avec ce nouveau brûlot plus vrai que nature. Cette fois-ci, il aborde uniquement sa relation avec sa mère, Renée, qui souffre de troubles psychologiques graves et qui est le personnage central de son existence. Par le biais d’un road-movie relatant un voyage avec elle, il la filme dans toute sa tragique importance. On est ému aux larmes, on vibre avec ces deux êtres humains, car aucune fiction ne pourra jamais égaler la force brute de leur relation. Néanmoins, et c’est ce qui rend l’œuvre de Caouette intéressante au-delà de sa souffrance personnelle, son aptitude à transcrire son vécu en langage cinématographique sans complaisance est incroyable. Walk away, ça marche.

Michael Frei Karloff, films cultes,

rares et classiques, Lausanne

Walk away Renée, Jonathan Caouette, 2011, Zylo, VF et VOST, DVD, 95 min.

Une mère folle qui ne sort jamais de chez elle, un oncle aux rela-tions tentaculaires, un beau-père haut gradé dans l’armée, un vrai père inconnu au bataillon. Et un troupeau de chèvres. Voilà qui résume la jeunesse d’un narrateur sans nom à Theresienstadt, buco-lique petite ville tchèque. Mais une guerre mondiale et quelques an-nées plus tard, les souvenirs d’en-fance ne sont plus qu’un champ de ruines. Aidé par une commu-nauté hippie plus accro au pognon qu’à la fumette, l’homme recons-truit sa vie en faisant du camp de concentration de Terezin un lieu touristique haut en couleur et en

Des bouquins

souvenirs dépassés

Une revue satire dans tous les coins !

Tiens, Fournier s’énerve ! Contre rien et surtout contre toutes ces petites agaceries qui nous, vous, lui pourrissent la vie. « il y aura, dit-il, toujours une mite dans ma commode, un moustique dans ma chambre, un désespéré pour se jeter sous mon TGV, un humoriste qui ne me fait pas rire. » Lui, Jean-Louis Fournier, c’est pas pareil. On s’était déjà tordu les côtes en lisant sa Grammaire française et imperti-nente ou encore Mouchons nos mor-veux, avec Ça m’agace on manque de s’étrangler à chaque page. Il y a, c’est sûr, du Bobby Lapointe ou

laideur. Des tou-ristes à t-shirts et casquettes-souvenirs vont piétiner ces lieux sordides en s’empiffrant de chips et en tétant des canettes de coca. Ce nouveau roman du Tchèque Topol, considéré comme le maître du grotesque, interroge à travers une histoire naïve et co-casse le rôle du business dans la mémoire collective. Un récit fictif d’un réalisme diabolique.

Alinda Dufey

L’atelier du diable, de Jachym Topol, traduit du tchèque par Marianne Canavaggio, Les Editions Noir sur Blanc, 176 pages.

nous aussi !plus près de nous du Bel Hubert dans cette… belle écriture joliment saccadée, fine et précise. Essayez donc

de nos jour d’ouvrir une boîte de sardines, de doubler un 40 tonnes conduit par un routier frustré ou encore d’acheter un vrai journal quand le dernier exemplaire du Nouvel Obs’ (ou de Vigousse) a été vendu, vous verrez comme tout cela est agaçant !

Roger Jaunin

Ça m’agace, de Jean-Louis Fournier. Editions Anne Carrière. 190 pages.

14

Vigousse vendredi 16 novembre 2012 Vigousse vendredi 16 novembre 2012

Rebuts de presse

Sur Google, si on tape « Darius Rochebin » suivi d’un espace, on tombe sur « Darius Roche-

bin salaire », « Darius Rochebin maigrit », « Darius Rochebin ré-gime » ou encore « Darius Roche-bin veut savoir si son invité a eu des rapports homosexuels ».En revanche, pas de « Darius Ro-chebin informe » ni de « Darius Ro-chebin ne fait pas regretter de payer la redevance télé ». C’est étrange.La RTS a dépêché sa vedette de l’info à Los Angeles pour couvrir les derniers jours des élections américaines ; c’est ainsi que, dans le 19:30 du 6 novembre 2012, il a pu aborder les questions de fond avec deux doctes invités, émigrés suisses en Californie. Il a d’abord interrogé le physicien et écono-miste Christian Simm, qui a dit que les 23 millions de sans-abri

américains « font partie du système, malheureusement, peut-être ». Fine analyse.Ensuite et surtout, Darius Roche-bin a consulté une experte recon-nue : l’ex-Miss et pas encore tout à fait actrice Lauriane Gilliéron, qui a notamment joué le rôle d’un cadavre fugace dans un épisode de la série « Les Experts : Las Vegas » (20 minutes, 20.03.12). Pour éclai-rer les enjeux des élections, elle a indiqué qu’aux Etats-Unis, par rapport à la Suisse, « tout est plus grand ». Elle a ensuite précisé qu’à Los Angeles les gens ne se moquent pas d’elle.

Voilà. L’interview a duré trois mi-nutes. Rappel : il s’agissait de faire la lumière sur la politique américaine.Si les Californiens ne se moquent par de Lauriane, on ne peut en

dire autant de la RTS à notre en-droit. Selon un savant calcul, tout télé spectateur a payé, en part de redevance annuelle, 0,0016 cen-time pour ces trois minutes. Ça peut paraître infime. Mais mul-tiplié par 2 millions de ménages astreints à ladite redevance, l’ana-lyse de Lauriane Gilliéron aura coûté 3200 francs à la collectivité (1066 francs la minute). Un tarif quasiment hollywoodien.Dommage que Rochebin n’ait pas demandé à son invitée d’expliquer le système américain, assez com-plexe, des « grands électeurs » ; on aurait pu apprendre que là-bas même les électeurs sont plus grands qu’ici.

Stéphane Bovon

Zoom à vent sur l’info

les faits d’une blonde

Mass merdia

Quand Federer fait débatRassurons-nous, il n’est pas près de tomber. Tout juste glisse-t-il, inexorablement, vers la fin de sa carrière. Jusqu’au public de Londres qui l’a compris et qui, sans doute par peur que cela puisse être la dernière fois, l’a donné vainqueur à l’applaudimètre à chacune de ses apparitions. Dans l’esprit de ses fans comme dans celui des esthètes Roger Federer reste le Maître. Peu importe désormais qu’il gagne ou qu’il perde puisqu’il est le meilleur, sorte de Dieu redescendu sur terre pour prêcher le beau jeu et l’élégance sous toutes ses formes dans un monde de brutes survitaminées.Depuis quelques semaines pourtant – sacrilège ! – quelques-uns s’emploient à écorner l’image de l’icône. A Bâle, Roger Brennwald, le boss des Swiss Indoors, leur a donné du grain à moudre en révélant que ledit Federer aurait conditionné sa prochaine participation à la signature d’un chèque de quelque 800 000 francs. Trop cher pour lui ! A Bercy, on a peu goûté le forfait de dernière minute du numéro deux mondial… alors même qu’il avait cautionné le calendrier 2012, lequel imposait trois tournois (Bâle-Bercy-Masters) en l’espace de trois semaines. Quand à Stan Wawrinka, il a laissé entendre que les « je joue-je joue pas la Coupe Davis» du même Federer commençaient sérieusement à l’irriter. Enfin, il y a ce très lucratif Gillette Federer Tour programmé en décembre en Amérique du Sud et qui peut faire tache dans le calendrier d’un joueur qui, il y a peu, s’est dit trop fatigué pour se rendre à Paris…Désormais seul maître de ses choix puisque libéré de son contrat avec IMG, Roger Federer a parfaitement le droit de choisir où et quand il joue. Voire de vendre son image au plus offrant. Cela vaut-il la peine de risquer de la ternir, c’est toute la question.Et ce sera tout pour cette semaine.

Roger Jaunin

Le cahier des sports

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Pédophiles à la patteQuels sont les points communs entre la BBC et la SSR ? D’abord il s’agit de deux services publics de radio et de télévision, respectés et représentant la voix du pays. Ensuite, mais moins glorieusement, ces deux institutions sont quelque peu secouées par des affaires de mœurs pour le moins glauques.On a suivi le scandale qui a succédé aux révélations concernant Jimmy Savile, star de la chaîne, décédé à ce jour, mais convaincu d’avoir usé de sa notoriété pour détourner petits garçons et filles.Juste de quoi rappeler que Vigousse (14.01.12) avait publié un article qui démontrait que la hiérarchie de la SSR s’était montrée quasiment aveugle sur les agissements du même genre de certains de ses employés. Dont Patrick Allenbach, dont le procès se déroule le 21 novembre à Bourg-en-Bresse (F).Notons qu’en ce qui concerne la BBC son directeur général George Entwistle et la directrice de l’information de la chaîne publique britannique Helen Boaden ont démissionné, honteux de leur incurie face à ces cas de pédophilie alors que, dans la direction de la SSR et notamment de la RTS de Gilles Marchand, personne ne bouge un œil. Mais n’est pas britannique qui veut.

elle dit ouïe à la vieUn bel hommage rendu dans Le Quotidien jurassien à la doyenne de la résidence Les Cerisiers de Charmoille. La vénérable dame fête ses 99 ans et le journal retrace sa vie : « Née le 1er novembre 1913, elle perd sa capacité d’audition suite à une méningite, à l’âge de 3 ans. Ce handicap ne l’empêchera cependant jamais d’accomplir sa vie comme elle l’entend. »Bien entendu !

Il ne reste que

35 jours aux quotidiens orange,

offert et demi-format pour nous annoncer que selon le calen-

drier maya la fin du monde est programmée au 21 décembre

prochain. Brrrrrr…

CONTE à REBOURS

16

Vigousse vendredi 16 novembre 2012

CIA. Il Petraeus plus haut que son culte.La suite au prochain numéro

accord maladerubik : berne l’a dans le cube

Jeux demainGrisons : on veut coire au père noël

régime sans sahelmali : sahara mieux demain

Yasser à rienexhumation : arafat toujours mort

C’est arrivé la semaine prochaine(ou du moins ça se pourrait bien)

Le soir, dans son chalet de montagne, après la fondue, le citoyen suisse se retire au coin

du feu, enfile ses pantoufles, al-lume sa pipe et, passant lentement la main dans sa barbe, il contemple avec satisfaction les tableaux de ses ancêtres ornant le salon familial depuis quinze générations. Et il se dit, le citoyen suisse, qu’il est bien tranquille depuis qu’André Blatt-mann veille sur sa sécurité.

commandant de corps et chef de l’armée depuis 2008, quand il a remplacé au pied levé Roland Nef, destitué suite à une malencon-treuse affaire de pure malveillance féminine, André Blattmann a le profil idéal pour le poste. Nais-sance à Richterswil, écoles pri-maire et secondaire à Wetzikon, apprentissage de commerce à Wetzikon, Ecole supérieure d’économie à Zurich, acadé-mie militaire à l’EPF de Zu-rich, commandant des cours à Payerne, commandant de l’Ecole centrale de l’armée à Lucerne, puis un MBA tardif à l’Université de Zurich ; et bien sûr, pour la détente, un hobby : l’économie. Un esprit

remarquablement curieux et ouvert sur le monde, donc.Sa tâche est des plus sérieuses. Pen-ché sur son jeu de Risk, Blattmann n’a pas tardé à pointer son doigt accusateur : la Grèce, l’Espagne, l’Italie, la France et le Portugal, voilà l’ennemi. Ce complot euro-péen une fois déjoué, il s’est tour-né vers Elbonia et Danubia. Deux pays imaginaires, certes, mais rien

que pour le nom ça valait le coup de conduire l’opération « Stabilo Due ». Encore un succès. Puis il a évoqué des « séismes », les « consé-quences du Printemps arabe », « la crise de la dette », les « cyberat-taques » et des « menaces terro-ristes ». Une argumentation serrée prouvant sans l’ombre d’un doute que l’armée pourrait effectivement, un jour, éventuellement servir à quelque chose.C’est d’ailleurs son job, d’imagi-

ner à quoi l’armée pour-rait bien servir un jour. Et il veille, notre Rambo national : « Posté en bout de piste d’un aéroport, un

terroriste pourrait abattre un avion. J’ai moi-même tiré avec une telle arme, c’est très efficace. » Ce qui sou-

lève une question lancinante : pendant que Blattmann s’invente des méchants dans sa Blattcave et gaspille de précieuses muni-tions, qui exactement protège le bon Suisse dans son chalet des paranoïaques dispendieux et incompétents qui le gou-

vernent ?

Sebastian Dieguez

Blatte-mann fout le cafard

PLONK & REPLONK