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RECHERCHE INFORMER . . . . HUMANISER . . . . RÉCONFORTER.... OU COMMENT REDUIRE L’APPREHENSION DE LA PERSONNE SOIGNEE EN PERIODE PRE-OPERATOIRE Patricia MARTINET

INFORMER . . . .HUMANISER . . . . RÉCONFORTER 6- Concept de l’humanisation III - CADRE DE LA RECHERCHE 1- Le service choisi 2- La méthode suivie 3: La population test 4- Exécution

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RECHERCHE

INFORMER . . . . HUMANISER . . . .RÉCONFORTER....

OU COMMENT REDUIRE L’APPREHENSION DE LA PERSONNE SOIGNEEEN PERIODE PRE-OPERATOIRE

Patricia MARTINET

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Patricia MARTINET

- Infirmière / panseuse, est actuellement

surveillante dans un bloc opératoire

au CHR de ROUEN.

- A effectué cette recherche lors de sa formation

à l’école de cadres de ROUEN (année 1983-84).

NDLR - Nous avons relevé un manque de précision dans les données

bibliographiques. Nous nous engageons à rétablir ces insuffisances dans

le prochain numéro. Notons par ailleurs quelques confusions

de l’auteur quant à l’utilisation des textes oficiels

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SOMMAIRE

INTRODUCTION 3 0

1 - PROBLEMATIQUE 3 1

l- Les données actuelles de la situation

2- Propositions de changement

3- Effets attendus des mesures préconisées

4- Hypothèse

II- CADRE CONCEPTUEL

l- Concept de l’homme

2- Concept santé-maladie

3- Concept soins

4- Concept formation infirmière-panseuse

5- Concept anxiété

6- Concept de l’humanisation

III - CADRE DE LA RECHERCHE

1- Le service choisi

2- La méthode suivie

3: La population test

4- Exécution de la recherche

6 Les aléas de la recherche

IV - RESULTATS DE LA RECHERCHE

l- L’analyse objective des résultats

2- L’analyse comparative des résultats et interprétation personnelle

3- Conclusions sur la validité de l’hypothèse

V - P R O P O S I T I O N S

VI - CONCLUSION

ANNEXES

BIBLIOGRAPHIE

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5 5

6 3

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1 0 3

Recherches en Soins Infirmiers N” 213 Novembre 85

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INTRODUCTION

Infirmière en bloc opératoire depuis huit ans dont sept en chirurgie générale com-plétées par une expérience de six mois en ophtalmologie et un passage de quelques se-maines dans un service d’0.R.L. pédiatrie, nous avons dans l’exercice de nos fonctionsressenti une insatisfaction dont nous nous sommes proposé d’analyser les causes. Cetteréflexion nous a permis d’entrevoir une grande absente dans ce métier pas “tout à faitcomme les autres” : la dimension relationnelle avec la personne soignée. Que connaît eneffet la.panseuse du futur opéré ? Rien en dehors des renseignements purement techni-ques recueillis dans le dossier médical ou auprès des chirurgiens. De l’individu lui-même,de ses appréhensions, de ses désirs, de ses besoins, il n’en guère question pour elle. Toutau plus consentant à un léger effort pourra-t-elle percevoir avant qu’il ne soit endormil’angoisse du malade manifestée par une attitude crispée ou exprimée par ces quelquesmots “J’ai peur” “Que va-t-on me faire ?” “ Combien de temps cela va-t-il durer ?” “J’aienvie de pleurer”. Doit-on en déduire que dans l’organisation hospitalière actuelle, lemalade continue d’être assimilé à ce que dans une entreprise industrielle ou commercialeon appelle un produit ? Et pourtant ici ce produit traité par “l’usine à soins” ne prend-ilpas un visage humain ? Chacun sait que l’hospitalisation constitue un moment drama-tique dans la vie de l’homme, drame qui se joue sur plusieurs tableaux notamment surles plans familial, amical, professionnel et qui se résume à une solitude inquiétante. C’està cet instant que le milieu hospitalier peut être déprimant et décourageant. Si l’huma-nisation de l’hôpital ne peut se concevoir bien sûr sans un environnement matériel cor-rect, il faut cependant que tous les agents de cette institution soient bien conscients qu’ilsne travaillent pas sur de la matière mais sur des individus responsables. Un cadre maté-riel brillant ne doit pas cacher une pauvreté spirituelle dans l’accueil et le traitement dela personne humaine qu’est le malade non seulement constitué d’un corps mais aussi d’unesprit.

Partageant cette conviction que l’hôpital a pour vocation d’aider l’individu à recou-vrer au plus vite sa santé et par là même son indépendance et non de le considérer uni-quement comme un cas, un simple support physique contraint de s’incliner devant latechnique, nous nous sommes interrogées dans cette perspective plus humaniste sur lesmesures à adopter pour mieux aider le futur opéré diminué par la maladie ou l’accidentqui l’a frappé à se préparer psychologiquement à vivre les heures d’attente précédant sonintervention en particulier la période juxta-opératoire.

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1 - PROBLEMATIQUE

Face aux données de cette situation :

- l’anxiété’ manifeste du malade dans les périodes pré et juxta-opératoires, et sa soli-tude en arrivant au bloc (faits révélés par notre pratique et confirmés par nos lectures)

- notre interrogation et notre insatisfaction sur la manière d’exercer actuellement laprofession d’infirmière panseuse.

Nous avons été amenées à nous poser ces questions :

- Y a-t-il opposition entre la technicité de l’infirmière spécialisée de bloc opératoireet l’approche relationnelle avec la personne soignée ?

- Pourquoi est-il nécessaire d’être infirmière avant que d’être panseuse ?

- Que devrait retirer la personne soignée de cette formation d’infirmière centrée surl’homme ?

Notre admission à 1’Ecole des Cadres nous a fourni l’occasion de par les travaux quisont demandés aux élèves, de concrétiser cette réflexion personnelle par l’amorce d’unerecherche sur ce thème.

Avant de bâtir notre hypothèse il nous faut d’abord présenter, d’une part les donnéesactuelles et d’autre part, les principes qui orienteront notre démarche.

1 - Les données actuelIes de la situation

Si l’anxiété pré-opératoire est une réaction normale : “elle permet l’adaptation àl’intervention et mobilise les défenses du sujet” 1, on remarque néanmoins :

a) Qu’au niveau du malade, ce dernier ne connaît que très peu de choses et de gensavant de monter au bloc opératoire ; d’où une inquiétude évidente de sa part à son ar-rivée qui se manifestera soit par des paroles, soit par des comportements (mains crispées,jambes croisées...)

Anxiété certes majeure face à son intervention et plus encore à son anesthésie, dontil ne sait jamais qu’elles en seront les suites, voire même s’il se réveillera !

1 E. GUILLIBERT, “Angoisse et chirurqïc”, Rcvuc Soins

Informer . . . . Humaniser . . . . Réconforter . . . . 31

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Ces quelques questions “Est-ce que je vais me réveiller ?” “Je ne vais rien sentir ?”traduisent bien cette peur de mourir et de souffrir qui l’étreint au moment mime où ilva étrr endormi.... Mais appréhension aussi de se trouver confronté tout d’abord à unpersonnel le plus souvent inconnu (hormis l’infirmière et le médecin anesthésistes)anonyme (tant par sa tenue : masque, bonnet, blouse, que par l’absence de tout effortde présentation), pressé et indifférent ; inquiétude ensuite vis-à-vis des locaux templede l’inconnu et du mystère dont il ne voit bien souvent que le panneau “Interdictiond’entrer” ; salles déhumanisées où abondent matériels impressionnants (respirateur,cardioscope...), lumières éblouissantes et où la table d’opération trônant au centre de lapièce n’invite guère à entrer...

Même malaise lors du transfert de chariot, souvent dégradant, car le malade n’estalors que partiellement vêtu, l’absence d’accueil renforcera son sentiment de solitude ;en effet l’infirmière panseuse toujours pressée, s’occupant surtout de préparer sa salle oud’habiller le chirurgien, le “futur opéré” est réceptionné par l’infirmière anesthésiste quitoute absorbée par son travail ne firononce bien souvent que des paroles banales et deroutine plutôt que de tenter par une attitude plus chaleureuse de le mettre en confiance.Le chirurgien lui-même pense rarement à venir encourager son malade avant de com-mencer l’intervention ; quant au médecin anesthésiste il se soucie plus des résultatsd’examens que de la personne qui les a subis.

Anxiété accrue par l'attente bien trop fréquente dans les couloirs du bloc sans per-sonne à qui parler, par l’insuffisance aussi d’informations, voire même leur absence totale,qui ne fait qu’accentuer cet état de stress, l’inconnu laissant libre cours à l’imagination,à la perturbation et l’amplification des phénomènes futurs : “Llinc~~~u est beaucoup plweffrayant que le connu”. Si on ne prend pas cette précaution d’expliquer ce qui ne va pas et ce qu’onva faire, le patient se Laissera aller au deuxième système d’information base sur l’inconscient et écha-

faudera des spkulations fantaisistes bilties sur des connaissances incompl2tes et fausses. 2

Il est à souligner que dans les services & chirurgie, la rotation rapide des malades et leur entréede plus en pius tardive (la veille de Yinteruention bien souvent pour celles qui sont programmées), ne

facilite pas la préparation psychologique de la @sonne d son opkration...

b) Au niveau de l’kfïrmière panseuse, celle-ci réfugiée dans technicité a oubliéeen partie l’importance de la relation humaine avec la personne soignée. Enfermée dansla routine de ses tâches, toujours accaparée, le rythme des interventions ne cessant d’ac-célérer en vue d’une meilleure rentabilité, fatiguée par les nombreuses heures de veille,l’infirmière.%panseuse n’a “pas le temps” ou n’a “plus envie” d’en faire plus ; car faireplus c’est rompre avec les habitudes, renouer avec le malade, se remettre en question,arracher un peu de cette carapace qui isole et protège si bien l’esprit ! Cette rencontreentre l’infirmière et le malade permet en quelque sorte le renvoi à sa propre image, à sonpropre corps ; c’est inévitablement être confrontée avec sa propre mort, sa peur de nepouvoir guérir l’autre, de ne pas savoir répondre à ses questions.

Et puis cette technicité sert d’appui, croit-elle, à sa revalorisation, à sa meilleureconsidération de la part de l’équipe médicale et pour elle-même à la reconnaissance desa propre reconnaissance de sa propre estime et donc à sa réalisation professionnelle. 3

2 P.B. SCHNEIDER, “Paychologic médicale”. Payot.

3 kins de MASLOW. M. F. COLLIERE, ‘Promouvoir la vie”.

32I

Rtchtrcht -1

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2 - Propositions de changement

Mm de modifier la situation actuelle nous proposerons :

- d’effectuer un entretien au cours de la période pré-opératoire entre la personne soi-gnée et l’infirmière panseuse. C’est en s’appuyant sur l’aspect éducatif et relationnel desa fonction, clairement défini par le décret du 12 Mai 1981 et mis en évidence dès 1979dans le programme de formation de la future infirmière, que cette dernière entreprendracette relation d’aide et d’écoute sans aucun support de ‘soins techniques.

Tout l’entretien restera centré sur les réponses à apporter au malade en fonction desbesoins exprimés. Il faudra tenir compte de ce que sait la personne de sa maladie, de cequ’elle attend de son intervention, de ses inquiétudes et de ses interrogations concernantson opération, tant pour la période de préparation que pour celle du per-opératoire oudes suites post-opératoires.

C’est au-cours de cet échange que l’infirmière panseuse, après s’être présentée et avoirdéfini quelles seront les grandes lignes de son activité au cours de l’intervention, pourradémystifier le cadre du bloc et de son personnel, “humaniser” en un mot le passage dumalade dans ce lieu, diminuant ainsi en partie son anxiété dans les périodes précitées.

“Humaniser veut dire dédramatiser les premières heures et mettre le malade à l’aise dans sonnouveau domaine”. 4

Certaines informations de caractère purement technique telles que la préparationpré-opératoire du malade, les suites post-opératoires immédiates, la nature même de sonintervention pourront faire l’objet d’un mini-récapitulatif distribué aux infirmièrespanseuses pour qu’elles puissent clairement renseigner la personne ; quelques photos dubloc opératoire pourront servir à cette dernière à visualiser le cadre de ces lieux jus-qu’alors inconnus et donc à mieux se resituer le moment venu.

- d’organiser l’accueil au bloc opératoire du futur opéré par l’infirmière panseuse quilui aura rendu visite la veille, ceci afin de lui donner par sa présence comme un pointde repère,.réconfortant, un sourire, une poignée de main, un rappel de la visite de laveille ; quelques paroles d’encouragement redonneront alors confiance.

3 - Mets attendus des mesures préconisées

Pour le malade, l’anxiété due à l’anesthésie et à l’intervention étant difficilementréductible, les actions possibles porteront sur une amélioration des conditions de passageau bloc opératoire par un accueil et une relation plus personnalisée infirmièrepanseuse-malade, ce qui suppose également que les informations fournies à ce derniertiendront réellement compte des demandes qu’il aura formulées et mettront ainsi fin àcet énoncé uniforme et standardisé jusqu’alors pratiqué.

Les locaux ainsi démystifiés, le matériel présenté et expliqué, les tenues de bloc vi-sualisées perdront de leur étrange symbolisme et de leur anonymat.

4 J. TRESCHER, “Quelques réflexions à propos de I’humankation des hôpitaux”.

Informer . . . . Humaniser . . . . Réconforter . . . . 3 3 Q

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Lors du transfert, la prise en considération du malade non plus comme un cas chi-rurgical, mais comme “un Ztre complet maître de sa destinée” 5 obligera le personnel à plusde délicatesse, en particulier par le respect de la pudeur du malade et par l’apport desmots de réconfort nécessaires.

Quant à l’attente, même si elle existe encore, elle sera mieux supportée si quelqu’unreste aux côtés de la personne pour lui parler ou tout simplement l’écouter. L’accueil,même s’il demeure rapide, assuré alors par l’infirmière panseuse sera plus cordial, plushumain, source de confiance... De ce fait, le malade, considéré comme un acteur de szimaladie, ayant suffkamment de points de référence auxquels se rapporter sera en mesured’aborder plus sereinement cette épreuve.

Au niveau de l’infkmïére de bloc, faire connaissance avec la personne en pré-opératoire lui facilitera le contact en phase juxta-opératoire ; même si elle doit toujoursse hâter, une simple pression de doigts, une poignée de main, un “bonjour” bienveillant,rétablira le contact, maintiendra la confiance, en un mot rassurera.

Le troisième point, véritable objet de cette recherche, nous permettra de vérifierl’utilité de ces mesures de changement pour la satisfaction et le bien-être de la personnesoignée. Avant de commencer ce travail, nous émettons en conséquence.

4 - L’hypothèse suivante :

- Un entretien pr&opératoire entre la personne soignée et l’infirmière panseuse, cwtrésur l’écoute et l’information individualisée, permet d’humaniser le passage du malade aubloc opératoire et diminue en partie l’anxiété de ce dernier,

5 J. TKESCHER, “Qurlques rtflcxions 3 propos de l’humanisation des h0pitaux”.

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II - CADRE CONCEPTUEL

En nous appuyant sur l’acquis de nos lectures, appliquons-nous maintenant à définiret commenter chacun des concepts contenus dans notre hypothèse.

1 - Concept de l’homme

“L’homme est un tout bio-psycho-social”.

“L’homme est un organisme, un tout intégré avec un corps et un esprit inter-agissant Yun surl’autre. La distinction entre l’homme et les autres &res vivants se fait par sa capacité de ré$ëchir, desymboliser ses expériences et d’utiliser des possibilités à une fin personnelle ou sociale.

C’est donc une entité fonctionnant biologiquement, symboliquement et socialement”. 6

L’homme à l’état de nature constitue une espèce animale aux caractéris’tiques biolo-giques particulières avec des besoins physiologiques et psychologiques précis. Mais mêmes’il dépend de cette “nature”, il doit vivre à l’état de culture s’il veut survivre (car il n’apratiquement pas d’instincts). De plus cet état culturel lui permet de se différencier dansson appartenance à un groupe donné (avec ses particularités, ses normes, et son éduca-tion).

L’homme est donc un être social et culturel qui, pour appartenir à un groupe ou unesociété donnée, doit en adopter la culture, les règles, les comportements.

“L’homme possède une personnalité qui lui est propre, qui est tout ce qu’il est et ce qui lui ap-partient, c’est-&-dire qu’un malade privé de ses objets familiers et de ses habitudes est atteint damsa personnalité” . 7

Les besoins de l’homme : selon la théorie de MASLOW il existe 5 niveaux de besoinschez l’homme :

- besoins physiologiques ou besoins de base : se nourrir, boire, respirer, éliminer, hy-giène.

- besoins de sécurité : absence de danger, absence de peur, .besoin de savoir, deconnaître.Dans le cas contraire il éprouve des sentiments de peur ou d’angoisse.

6 C. ROY, Soins T 25, ngvcmbre 80.

7 0. CUTINAGD, “Elémenw de psychologie pour l’intïrmi~re”.

Informer . . . . Humamiser.... Réconforter . . . .

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- besoins d’être objet d’amour, de tendresse, d’affection, besoin de donner de l’amour,de la tendresse, de l’affection, besoin d’exprimer ses sentiments et ses réactions, be-soin d’établir des relations, besoin d’appartenir à un groupe social, à une religion.La solitude, l’isolement, l’aliénation en traduisent l’insatisfaction.

- besoin de respect et d’estime de soi et d’autrui, la situation inverse créant un senti-ment de dévalorisation.

- se réaliser : besoin de développer ses talents et ses capacités, besoin de se sentir utile,besoin de trouver un sens à la vie.A l’opposé, il en résulte un mépris de soi, un manque de confiance en soi.

A noter que “KALISH” définit quant à lui 6 niveaux de besoins fondamentaux,dissociant en effet le besoin d’être renseigné qu’il place en deuxième position avant lebesoin de sécurité, les autres besoins étant classé dans le même ordre.

Notre point de vue :L’homme appartient ‘à un groupe dont il partage la culture. Inséré dans une sociétél’homme dépend de son environnement, du contexte social, économique, culturel, poli-tique et écologique.Il est obligé de s’adapter à un milieu sans cesse en évolution, dont il est en partie res-ponsable (les perturbations écologiques étant provoquées dans un but économique).C’est de sa capacité d’adaptation que dépend l’équilibre et donc l’avenir de l’être hu-main.

2 - Concept santé-maladie

“Le malade est un &Te comfilet qui doit rester mahe de sa destinke”. 8

ccDans un corps malade subsiste un esprit sain”. 9

“Etre malade,. c’est 8tre pénétré par le mal au point d’en être atteint globalement”.

“Etre malade, c’est se ressentir soi-m..?me comme malade”.

“Etre un malade, c’est &re considéré et traité comme malade par autrui” (une personnequi doit être compétente). 10

LLLa maladie est une altération dans la santé” (Littré).

A la douleur physique d’un individu malade, s’ajoute la douleur morale liée à uneactivité normale contrariée, à une séparation des êtres aimés, à l’absurdité de la maladie- ce qui suscite malaise, inquiétude, anxiété, parfois une angoisse (dont celle de la mortpossible).

8 B.W. DC GAS. “Introduction aux soins i~firmieru”.

9.J. I’RESCHER, déja citC.

10 0. CC)?‘INAKD, déja citC.

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* ‘/,3 z-& Recherche

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La santé aussi bien que la maladie n’existent pas en elles-mêmes indépendammentde l’homme et de son environnement ; elles sont liées aux modes de vie humaine, auxconditions écologiques, culturelles, sociales et varient suivant les sociétés humaines.

L’0.M.S. définit ainsi la santé : “un état de bien-2tre comfilet, physique, psychique et socialet pas seulement La simple absence de maladie ou binfzrmité”.

“La notion de santé est relative et dans la pratique jamais absolue, elle est un état d’équilibresocio-écologique harmonieux entre l’individu et la population et l’environnement global où il vit. Ce quinécessite lu satisfation des besoins fondamentaux de I’homme et une adaptation biologique mentale etsociale de celui-ci à l’environnement en transformation permanente. La maladie peut être conEue commeun ajustement écologique, physiologique, social ou comme une défaillance des mécanismes d’adaptationde I’organisme, ce qui aboutit à une perturbution de la morphologie etlou des fonctions organiques quioblige le patient à modz$er son mode de vie normale à cause de son incapacité partielle ou totale”. 11

Notre avis :

La perception même du concept santé-maladie est très relative ; santé et maladie nesont ni stables, ni absolues ; elles dépendent des individus, des types de sociétés, descultures...

Chaque individu a son propre niveau de fonctionnement optimal, lequel représentepour lui le meilleur état de bien-être possible. Ce bien-être nous oblige à tenir comptedes besoins fondamentaux de la personne. La santé est donc un bien qui nous est propre,à nous de le défendre en fonction de nos informations, de notre éducation, de nos besoins,de nos objectifs, de nos possibilités.

“Le malade a droit non seulement de Con&tre son état, mais il a awi droit à participer pourlui-m2me et ses cong&res d la vie de Phbpital”. 12

Le malade a le droit d’exiger :

- de garder sa personnalité (d’où le rôle majeur de l’accueil) de conserver l’appellationde son nom, de préserver son droit à la réflexion.

- d’être rassuré par des personnes qualifiées et disponibles, qui grâce à un véritabledialogue lui apporteront les informations et explications nécessaires.

- d’être traité en homme, c’est-à-dire être compris dans sa peine, sa douleur, son an-goisse. 11 espère être compris, encouragé.

Pour cela, il faut écarter toute tentation de-domination du soignant, d’abnégationdu malade.

Dire la vérité dynamise. “Le malade a besoin de se représenter la maladie, sa cause, sontraitement, sous la forme de certitudes et de correspondances logiques”.

“Le malade a besoin qu’on Lui enseigne un bon ILsage de sa maladie”. 13

11 SAN MARTIN, “L’homme ct 50” cnvironnemcnt”.

12 J. TRESCHER, d+ji cité.

13 C. ALLIX, “Problémm psychologiques et humanitaires du malade dans I’h6pital dc demain”.

Iaformer.... Humaniser . . . . Réconforter,...

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Respecté, il doit participer à son devenir et à sa propre promotion, se préparer à saréintégration dans la vie active.

Il a un droit de Gdélité à l’égard du médecin ou du service où il a un dossier médicalconnu.

En résumé, le malade a le droit de faire entendre sa voix et d’influencer la vie hos-pitalière. S’il est compris et participe aux décisions qui le concernent, il profitera da-vantage des occasions qui lui seront offertes de guérir.

3 - Le concept soins

Petit Robert :

- Soin : effort, mal que l’on se donne pour obtenir ou éviter quelque chose.

- Prendre soin de : s’occuper du bien-être, du bon état de quelqu’un - Attention -Sollicitude - Prévenance.

- Soigner : actions par lesquelles on donne à son corps une apparence” nette et ave-nante - Actions par lesquelles on conserve ou on rétablit la santé.

“La dénomination (Soins) appartient aussi bien aux soins maternels prodigués quo-tidiennement depuis le début de l’histoire de l’humanité qu’à des activités de métier(soins de beauté, soins de coiffure), qu’à des professions (soins infirmiers, soinsmédicaux)“.

“Soigner est un acte de vie qui a d’abord et avant tout pour but de permettre à lavie de se continuer, de se développer et par là, de lutter contre la mort...“.

Les soins sont indissociables de la vie, car ce sont eux qui font que la vie puisse de-meurer, afin de perpétuer la vie du groupe.

“Soigner, c’est donc entretenir la vie en assurant la satisfaction d’un ensemble de besoins indis-pensables à la vie, mais qui sont diversifié dans leur manifestation”. 14

Notre opinion :

Soigner, c’est apprendre à connaître la personne et son groupe d’appartenance ; c’esttenir compte de ses habitudes de vie et des besoins propres ; c’est établir avec l’autre lesmoyens d’action les plus adaptés pour son rétablissement ; c’est concourir à faire parti-ciper le soigné à la promotion de sa santé ; c’est le rendre responsable de ses soins et doncde la continuité de sa vie.

Soigner, c’est pour le soignant accepter de partager son pouvoir avec le soigné ; c’estpasser d’un pouvoir réducteur où il est seul détenteur des informations, des thérapeu-tiques, donc de l’orientation des soins et des résultats attendus pour sa satisfaction à lui,soignant, à un pouvoir libérateur fondé sur la communication avec l’autre sur la for-mation (l’éducation lui conférant une autonomie d’action), sur l’écoute réelle de ses be-

14 M.F. ÇOLLIERE, “Promouvoir la vie”.

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soins, de ses attentes, axée aussi sur sa participation à l’orientation de ses soins. Tout cecilui permettant de garde sa personnalité et de continuer de s’appartenir. 15

Soigner, c’est en fait entrer en relation avec l’autre ; c’est reconnaître à la personnemalade son droit de propriété de sa santé et se sa vie.

Les soins infirmiers ne seront plus alors seulement définis comme des actions de ré-paration face à un organisme déficient, mais également comme un processus d’aide ap-portée par l’infirmière pour permettre à l’intéressé de comprendre sa maladie, de prendreen charge son rétablissement et sa réintégration familiale, sociale et professionnelle.

Les soins infirmiers tels que définis en 1972 ont pour finalité de rendre à la personnesoignée des services plus adaptés à son attente (par définition du rôle propre de l’infir-mière les soins visent à assurer “l’entretien et la continuité de la vie”). Mais adapter lessoins demande une meilleure connaissance de la personne en tant que telle, d’où la né-cessité de mettre en couvre une démarche de soins.

Complétons ces propos en rapportant ce qui a été énoncé sur ce sujet 16

par C. Dorothée OREM :“Chaque individu est resfioftsable de ses auto-soins. Les soins intrmiers doivent pallier momentanémentà une défaillance, afin de permettre au client de recouvrer son autonomie. L’infirmière est un agentde changement engagé dans un système de soins, basé sur la notion de contrat d’assistance, avec unclient pouvunt négocier ses actions. Les soins infkniers sont un service rendu”.

par Callista ROY :“L’infzrmière doit promouvoir, aider I’adaptation de l’individu dans un aspect de sa vie situé sur laligne santé-maladie, lors d’un changement de rfile, afin de lui permettre de s’adapter à son nouveaurôle”.“L’homme dans la sociétéjoue son propre râble”.“Le rôle est la conduite sociale de chacun en fonction de ce qu’on attend de nous. Il est déterminé parLa position sociale, la famille, les connaissances, les problèmes, sa propre image de soi”.

4 - Concept Formation Inihnière-panswse

1) Formation Infirmière

Définitions du Petit Robert :

Formation :

- Action de former, de se former.

- Education intellectuelle et morale d’un être humain.

Eduquer :

Informer . . . . Humaniser . . . . Réconforter....

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- C’est mettre en œuvr-e des moyens propres à assurer la formation et le dévelop-pement d’un être humain.

- L’éducation professionnelle consiste à fournir aux jeunes gens la connaissance d’unmétier, d’une technique.

- Eduquer c’est conduire hors de quelque chose vers autre chose ; hors de l’état denature vers l’état de culture.

Enseigner :

- Transmettre à un élève de façon à ce qu’il comprenne et assimile.

- Apprendre à quelqu’un par une sorte de leçon ou par l’exemple.

Enseignement :

- Précepte qui enseigne une manière d’agir, de penser.

- Action de transmettre des connaissances à un élève.

Profession :

- Occupation déterminée dont on peut tirer ses moyens d’existence.

- Métier qui a un certain prestige par son caractère intellectuel ou artistique, par laposition sociale de ceux qui l’exercent.

Métier :

- Genre d’occupation manuelle ou mécanique qui trouve son utilité dans la société.

- Tout genre de travail déterminé, reconnu ou toléré par la société et dont on peuttirer ses moyens d’existence.

Infirmière :

- Personne qui par profession soigne des malades et s’en occupe, sous la direction desmédecins ou en appliquant leurs prescriptions.

Parler de la profession d’infirmière appelle à définir le terme même ; c’est vers la findu 19è siècle que le mot infirmier utilisé jusqu’alors pour le personnel de l’AssistancePublique de Paris relègue ceux de garde-malade et de soignant.

Ce vocable fut homologué par la circulaire du 28 octobre 1902 créant les écolesd’infirmières en France.

Au début du 20è siècle, l’infirmière devient l’auxiliaire du médecin et voit son rôlerevêtir deux aspects : moral et technique. C’est la personne de l’infirmière qui se’rt degarant à la pratique soignante avec laquelle elle se confond. “L’inJZrmière, jïgure mythique,est déterminée par le rôle qui est attendu belle”. 17

l’arrêté du 5 septembre 1972 la définit ainsi : “L’infirmière est la fiersunne qui ayant suiuiun enseignement infirmier de base est apte et habilitée à exercer la firofession+”

17 M.F. COLLIERE, “Promuuvuir la vie”.

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Ila formation des infirmières est donc professionnelle et s’oriente vers l’acquis deconnaissances théoriques, le savoir et l’obtention d’une pratique-le savoir-faire. E:lle dureau total 33 mois.

“A l’heure actuelle est considéré comme profession un corps de personnes ayant acquis un titre, unstatut par une formation en uus nlexercer une activité... La profession d’inzrmière a toujours affirméêtre une profession et s’est déferzdue d’être un métier... Une profession se fonde donc initialement autourd’une croyance, d’une idéologie visant à réguler l’ordre social et à déterminer ce qui jugé bon ou mauvaispour le maintien de cet ordre”. 18

Appartenir à une profession, c’est faire partie d’une ‘classe sociale ayant une placedéterminée dans la hiérarchie des pouvoirs régulateurs de la société.

Un métier ne part pas d’une croyance idéologique. 11 se constitue à partir d’une ac-tivitc nécessitée par la vie du groupe. social.

La profession d’infirmière qualifie de Soin la prestation qu’elle offre ; soin tout ré-cemment dénommé “Soin infirmier” (expresion employée officiellement dans l’annexede l’arrêté du 5-9-72).

Dans ce texte, le programme d’enseignement aux futures infirmières est profondémentmodifié, la formation est dès lors centrée sur la personne humaine et ses besoins de santé.

“Au service des personnes en matière de santé, l’injirmière assume la responsabilité de l’ensembledes soins inzrmiers qui requièrent la promotion de la santé, la prévention de la maladie et les soinsaux malades”.

“Educatrice de la santé, elle apporte à tout individu l’aide dont il peut avoir besoin pour accomplirdes actes qui contribuent au maintien... de la santé afin de permettre à la personne soignée de recouvrerson indépendance et son autonomie aussi rapidement que possible”.

Mais il faudra attendre 1978 pour que soient déterminées ses actions en matière deprévention, d’éducation et son rôle propre. Cette nouvelle conception de l’infirmière seraconfirmée par le décret du 12 Mai 1981 relatif à l’exercice de la profession.

L’arrété du 12 Avril 1979 précise le contenu des études dont l’objectif est de préparerla future infirmière :

- à donner des soins.

* en fonction de son rôle propre.

* sur prescriptions médicales.

- à participer à différentes actions en matière.

* d e p r é v e n t i o n . 19

* d'éducatin de la santé.

* de formation ou d’encadrement.

LInformer . . . . Humaniser . . . . Réconforter . . . . 41

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Signification de ‘kôle” : l’ensemble des conduites et attitudes considérées commenormales par la société. Le rôle comporte des normes spécifiques de knduite. 20

2) Formation Infirmière-pauseuse

Le décret du 21 Mai 1971 crée la fonction d’infirmière de salle d’opération.

Définitions du Petit Robert :

Fonction : Exercice d’un emploi, d’une charge. Ce que doit accomplir une personnepour jouer son rôle dans la société, dans un groupe social. En fait la fonction c’est l’en-semble des tâches concernant un poste déterminé.

CertiEcat : Acte attestant la réussite à un examen. Ecrit qui émane d’une autoritécompétente et atteste un fait, un droit.

Panser : Soigner en appliquant un pansement.

Pour accéder à la formation d’infirmière de salle d’opération, il faut posséder un di-plôme d’Etat d’infirmière ou de sage-femme et justifier de trois années d’exercice auprèsde malades. Les études d’une durée de neuf mois sont sanctionnées par un examen de find’années donnant droit à l’obtention du certificat d’aptitude aux fonctions d’infirmièrede salle d’opération.

La formation comporte d’une part un enseignement théorique d’environ deux mois,d’autre part des stages pratiques.

Le programme essentiellement technique comprend des cours d’hygiène, de techni-ques chirurgicales, d’anesthésiologie, d’administration, ainsi que des informations diver-

ses (radiologie, médicaments, stérilisation, ligatures.., sécurité en salie d’opération).

Les cours pratiques alternent avec les travaux dirigés sur l’étude de la fonction depanseuse instrumentiste, (rôle technique proprement dit, pré- et post-opératoire etrôle vis-à-vis de l’équipe chirurgicale, de l’administration et du malade).

C’est au cours de cette séquence que sera abordée la psychologie du malade, quid’ailleurs dans le programme d’école de panseuse ne fait l’objet que d’une mention fortsuccinte.

Notre conception :

Considérée par les infirmières d’unités d’hospitalisation comme des “ouvre-boîtes”,des “lance-catgut” (selon F. FARGIER-BOULAND), des ‘<techniciennes endurcies”, lesinfirmières panseuses souvent loin de s’en émouvoir se complaisent dans ce rôle où latechinicité leur paraît le moyen le plus sûr de se revaloriser vis-à-vis d’elles-mêmes-ouauprès de chirurgiens. “De $US le fait de connaitre et de participer aux actes opératoires, de manierune technique compliquée dans un domaine particul&ement privilégié et fermé renforce cettevalorisation”.

20 M. GKAWITZ, “Mithodçs cn scicnccs sociales”.

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“Rlles acquièrent ainsi des connaissances techniques, anatomiques et physiologiques P/us précisesque les infZrmières de service. Les connaissances accentuant 1eJossé entre ces dernières et les infirmi&-esdes unités Bhospitalisations”. 21

Tout ceci ajouté à l’isolement géographique d’un lièu “interdit à toute personneétrangère au bloc opératoire” fait que la communication directe service-bloc opératoire,n’existe pas, les relations ne. se faisant que par voie téléphonique ou par l’intermédiairedu dossier du malade.

S’il ne concernait que les soignants eux-mêmes ce problème ne serait pas trop grave,mais derrière tout ceci, que devient la personne soignée ?

L’infirmière panseuse n’aurait-elle pas oublié qu’avant d’être panseuse elle est in&=mière ?

Son hypertechnicité ne saurait lui faire oublier l’importance de son rôle relationnelauprès de personnes angoissées.

S’il ne s’agissait que d’accomplir des gestes purement instrumentaux, ou de faire del’organisation ou de la stérilisation, serait-il nécessaire d’avoir suivi la formation d’infir-mière ? Pour ce rôle purement technique, on pourrait envisager une formation to-talement différente. Alors pourquoi est-ce indispensable d’être infirmière de bloc opé-ratoire ? Que peut apporter à la panseuse cette formation d’infirmière et à quoi celàsert-il au malade d’être pris en charge au bloc par une infirmière de bloc ?

Après avoir analysé le contenu du programme de formation proposé aux futurespanseuses, il est indéniable que le côté purement technique occupe une place essentielle.

Les problèmes psychologiques du futur opéré, bien qu’y étant mentionnés, ne sonten réalité que brièvement abordés. C’est donc pour combler en partie cette lacune quela formation initiale à la profession d’infirmière s’avère indispensable (en dehors des ap-ports anatomo-physiologiques, pathologiques... qu’elle inclut et qui ne seront pas déve-loppés dans cette note).

Nous avons vu en effet que l’infirmière a eu une formation orientée sur lés besoinsdes personnes en matière de santé, ce qui lui permet de donner des soins adaptés à chaqueindividu, pour qu’il recouvre au plus vite et au mieux son indépendance et son autono-mie.

C’est lors de la première année d’étude, appelée MODULE 1 que la future infirmièreva découvrir l’homme dans son unité et dans son environnement, et s’initier aux pro-blèmes de sa santé et aux soins infirmiers par une appoche théorique mais aussi.pratiquesous forme de stages. Les besoins fondamentaux de l’être humain, l’influence de son en-vironnement écologique social et familial sur sa santé exigent donc des aptitudes à larelation et à la communication avec autrui.

Objectif que s’efforcent d’atteindre les Ecoles en application du programme nationalqui privilégie les thèmes suivants : communications et langage, modes de relation, lesétapes de la vie.

Le décret du 12 Mai 1981 stipule d’ailleurs que l’infirmière a des “actions de naturetechnique, relationnelle ou éducative” qui apportent à la panseuse, en complémentaritéà sa technicité, une dimension Ï-elations humaines” dont le grand bénéficiaire doit êtrela personne soignée. La sécurité du malade en salle d’opération ne se rapporte trop sou-

21 ,4. PESQLECX-BRIDA, “Le manque de communicarion”.

Informer.... Humaniser . . . . Réconforter . . . .

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vent qu’au côté spécifiquement matériel du per-operatoire (asepsie, qualité du matériel,connaissances...) Ne serait-il pas temps de prendre en comp.te l’autre volet, celui quiconcerne l’état d’esprit confiant et plus tranquille dans lequel devrait se trouver toutepersonne montant au bloc opératoire ?

Faut-il préciser l’importance d’une coopération entre les soignants du bloc et ceuxdes unités d’hospitalisations ? Renouer des contacts satisfaisants et directs grâce à desvisites mutuelles, échanger des informations, devrait permettre à ces soignants d’établiret de poursuivre un objectif commun “satisfaire au maximum la confiance et pourvoirau réconfort du malade et par là-même améliorer la qualité des soins”.

ccCommuniquer ne consiste gas seulement à émettre, transmettre ou recevoir une information, c’estawsi comkrendre cette information et surtout établir une relation entre l’émetteur et le récepteur pourréaliser un travail commun”. 22

Il appartient donc à l’infirmière-panseuse de démythifier son rôle auprès des autreséquipes mais aussi auprès du malade et d’humaniser le passage au bloc opératoire de cedernier.

L’infirmière de salle d’opération doit s’extraire de son isolement et abandonner unpeu de “son complexe de supériorité” 23 si elle veut répondre réellement aux besoins desmalades - et n’être plus uniquement une technicienne mais une soignante à part entièreayant sa place au sein non plus seulement d’un bloc opératoire, mais des unités d’hospi-talisations.

5 - Concept Anxiété

Définitions du Petit Robert :

Anxiété : Etat d’angoisse considéré surtout dans son aspect physique.

Angoisse : Malaise psychique et physique, né du sentiment de de l’imminence d’undanger, caractérisé par une crainte diffuse pouvant aller de l’inquiétude à la panique etpar de sensations pénibles de constriction épisgastrique ou laryngée.

Inquiétude : Absence de quiétude, de tranquillité, trouble déterminé par l’attented’un événement, d’une souffrance que l’on appréhende, par l’incertitude, l’irrésolutionoù l’on est.

Appréhension : Action d’envisager quelque chose avec crainte, crainte vague, maldéfinie.

On ne peut parler d’anxiété ou d’angoisse sans aborder la notion de stress qui endécoule ; en effet, le stress est une réponse de l’organisme aux facteurs d’agression phy-siologiques et psychologiques, ainsi qu’aux émotions qui nécessitent une adaptation.

Hans SELYE, père de la théorie sur le concept stress le caractérise comme étant “laréponse non spéczjïque de I’organisme à toute sollicitation”, “l’usure que la vie inyige d la machinehumaine” - ce qui n’implique pas nécessairement le passage de l’état de santé à la maladie.

Le stress détermine ce qu’il appelle le syndrome général d’adaptation qui vise à ré-tablir I’homéostasie de l’organisme. Il comprend 3 phases :

22 !‘vlONTESINO.S, Ex~rair dc I’articlc “Lc manque dc communication” d’A. Prsqucux-Brida.

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- la phase d’alarme qui est la mobilisation des forces défensives de l’organisme.

- la phase de résistance ou phase d’adaptation.- et la phase d’épuisement.

C’est lorsqu’il y a défaillance de ce mécanisme de défense que résultent les maladiesappelées maladies d’adaptation.

En quoi consiste l’anxiété du futur opéré ?

Avant d’être futur opéré, la personne à soigner est avant tout une malade hospitalisé.C’est donc à un niveau très général qu’il nous faut rechercher les causes de l’anxiété.

S. FREUD dit “l’angoisse est la réaction au danger”.

“Si la peur est une hotion proportionfiée à un danger réel, l’angoisse est une peur devant un dangerimaginaire dzffus mal d@ni”. 24.

Le dictionnaire de psychologie définit l’anxiété comme ‘un état affectif caractérisé parun sentiment d’inquiétude, de troubles physiques et psychiques, d’atteinte d’un dangerdevant lequel on est impuissant. Souvent employé- comme un synonyme d’angoisse’.

Comme nous l’avons vu précédemment, l’hôpital a auprès du public une imagetraditionnelle mythique et religieuse chargée de peur, peur de la maladie, de la souf-fiance, de la mort. L’hospitalisation est pour celui qui la vit un moment dramatique dansune solitude inquiétante. ‘C’est un choc, parce qu’il y a rupture avec la cadre habituelde vie, sans préparation à ce qui attend le malade hospitalisé. Choc au sein d’un mondenouveau toù s’anéantit tout projet aavenir, et où domine un sentiment de solitude. Pourle malade, l’hôpital signe la gravité de son état, mais est aussi promesse de guérison,ambivalence qui suscite l’angoisse et la dépendance’. 25

De plus la douleur mode qui l’étreint du fait de sa séparation familiale, de l’en-trave à ses projets, de l’incompréhension de sa maladie, de la crainte de ne pas maîtriserla situation, suscite malaise, inquiétude, anxiété, et peut aller jusqu’à l’angoisse d’uncheminement possible vers la mort.

‘L’angoisse est source Bangoisse’. 26 Or, le monde hospitalier est bien souvent totalementignoré du malade, bien pire il est souvent source de fantasmes dus en partie àl’ignorance et alimentés par la rumeur, les croyances et la mythologie populaires sur lamaladie, la médecine, les médecins et l’hôpital.

Le malade est plongé dans un monde inconnu et anonyme. Le monde visuel estsouvent horriblement vide ou rempli de dangers”. 27

Le manque d’information, en plongeant les malades dans une grande insécurité,augmente leur angoisse, surdramatise la situation et ne leur permet ni de la comprendre,ni d’avoir une prise sur elle.

24 0. COTINAUD, “Eléménts de psychologie pour l’iniïrmitrc

25 0. COTINAUD, ‘Ekmcnts dc psychologie pour l’infirmiére’.

26 J. BOURGON, ‘L’information à l’hôpital.’

27 A. MONTAGE, “La peau et le toucher”.

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11 s’agit là d’information sur leur maladie, sur ce qu’on va leur faire, sur leurtraitement, mais aussi sur ce qui concerne un personnel et des locaux anonymes, unespace indéfinissable.

“Franchir la distance sociale qui le rattache à son groupe, c’est franchir une distance Psychologiqueau-delà de laquelle l’anxiété commence”. 28 Chaque individu en fonction de sa culture possèdeson propre espace synonyme pour lui de sécurité, protection. HALL parle de “Bulles”.

“La cause primordiale de trouble pour la sérénité du malade, c’esj uniquement le manque de dia-logue, d’information et de contact à tous les niueaux”. 29

La pauvreté de l’accueil, l’indifférence générale ne peuvent qu’accentuer cette an-xiété.

“Mais si I’on veut que l’hôpital devienne de plus en plus un lien pour les hommes, il faut s’employera effacer, autant que faire se peut, cette at’mosphère d’inquiétude et d’angoisse qui y règneet que trop souuent les comportements des soignants entretiennent”. 30

Notre atthde vis-à-vis de l'anxiété :

Après avoir resitué la personne soignée dans le contexte général de son hospitalisation,il nous reste à expliquer ce qui à nos yeux accentue.l’état d’anxiété : nous voulons parlerdu domaine chirurgical.

Lorsqu’il y a intervention prochaine, il y a connotation dans l’esprit du malade detoute une Suite d’inquiétudes liées tant à l’intervention même, qu’au côté purementanesthésique, au cadre du. bloc opératoire et à un personnel inconnu et mythique.

Le malade en position d’attente se trouve alors dans un état d’angoisse inhabituelle,face à cet événement mystérieux, qui rend son devenir incertain et lointain.

La période opératoire comprend quatre grandes étapes qu’il nous faut rappeJer :

- La période pré-opératoire : espace de temps qui s’écoule entre le moment où la dé-cision chirurgicale a été prise et le jour de l’intervention.

- La période juxta-opératoire : espace très court entre le moment où l’on vient cher-cher le malade dans sa chambre pour le conduire au bloc jusqu’au moment où il seraendormi.

- La période per-opératoire : qui comprend la phase anesthésique suivie de l’acteopératoire.

- La période post-opératoire immédiate : qui détermine le temps écoulé entre le réveildu malade au bloc et les deux premiers jours de suites opératoires.

En période pré-opératoire, l’intervention provoque une anxiété normale chez le ma-lade, anxiété face à l’opération chirurgicale même et à l’anesthésie.

28 E.T. HALL, “La dimension cachée”.

29 E. BARNES, “Les relations humaines à l’hôpital”.

30 M. ABIVEN, “Humaniser l’hôpital”

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L’intervention peut survenir en urgence ou avoir été prévue à l’avance. 11 est à noterqu’en urgence, le délai d’attente étant pratiquement inexistant, l’angoisse a moius detemps pour s’exprimer, ce qui la rend d’ailleurs peut-être encore plus intense.

En chirurgie “réglée”, c’est dès que la décision d’intervention a été prise que -l’in-quiétude commence. Pendant l’attente qui semble interminable, une foule de questionsse bousculent dans l’esprit de la personne, nécessitant les informations adéquates. Lemalade pas ou peu averti laissera libre cours à son imagination et à ses fantasmes.

“L’anxiété gré-opératoire permet l’adaptation ,d l’intervention et mobilise les deyewes du sujet”. 31

Pour que cette mobilisation soit active, il faut donner’au malade la possibilité d’agiret de coopérer à ses soins, et pour cela lui procurer toutes les informations et explicationsnécessaires pour comprendre et participer.

C’est à ce niveau que l’infirmière et l’infirmière-panseuse peuvent assumer leur rôled’éducatrice, en collaboration avec l’équipe médicale, source indispensable d’infor-mations concernant le malade.

L’anxiété majeure de l’anesthésie nous reporte à la peur de mourir. “Est-ce que jevais me réveiller ?” est la question habituelle de tout futur opéré, suivie d’ailleurs de lapeur de souffrir.

Etablir, par une relation d’écoute, un climat de confiance entre le malade et les soi-gnants, permet à ce dernier de s’exprimer, de manifester ses craintes, et aux soignantsde répondre, de dédramatiser, d’expliquer et par là même de rassurer.

C’est sur I’anxiété plus ou moins importante, mais toujours existante que peut segreffer,l’appréhension d’affronter le monde souvent inconnu du bloc opératoire. Influencépar ce panneau “Défense d’entrer - Bloc opératoire”, chacun se fait une représentationmentale plus ou moins fictive de celui-ci.

Cadre et personnel rcaseptisésyy , presque surnaturels, anonymes par excellence,mystérieux, voire effrayants ; les images largement diffusées dans ce sens par les mass-media ne sont pas sans influencer l’état d’esprit du futur opéré.

Le bloc pour le profane peut ressembler à un temple mystérieux où les rites se succè-dent :

- rites vestimentaires où masques, bonnets, blouses, gants donnent au personnel unedimension surhumaine, une impression de toute-puissante, accentuée par un ano-nymat quasi total.

- rites de l’anesthésie

- rites de l’acte opératoire dans une salle étrangement éclairée où abondent matérielsimpressionnants, instruments, et où tout prend une couleur particulière dans uneambiance de sérieux et de gravité, de mystère aussi, voire de magie.

Car c’est ici, que l’on détient le pouvoir de vie ou de mort, c’est dans ce lieu et à cesgens que la personne soignée livre son corps. dont elle n’aura plus aucune maîtrise dansun mélange d’effroi et d’espoir. Nous ne savons qui a dit “Ce n’est pas par accident que lamédecine est née de la sorcellerie”, mais il est iudispensable là encore qu’une informationappropriée vienne démystifier ce domaine, dédramatiser l’acte opératoire et anesthésiquedonner un visage ‘rhumain”, si l’on peut dire, au personnel et aux locaux.

‘31 E. GUILLIBER.T, “Angoisse et chirurgie” - Revue Soins.

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Que dire de l’accueil de la personne au bloc opératoire transporté plus ou moinsindifféremment de sa chambre au bloc opératoire sur un chariot inconfortable. Le futuropéré, après avoir traversé une série de couloirs qui semblent interminables arrive auxportes tant redoutées. L’angoisse qu’il manifeste alors soit en l’avouant oralement, soitpar une attitude crispée ou faussement désinvolte, est trop souvent exacerbée par l’accueilfroid d’un personnel pressé, attentif seulement à l’aspect technique des choses,l’incubation et l’injection des drogues pour les anesthésistes qui préparent leur matériel,s’occupent de “piquer le malade”, l’endroit à inciser et la préparation de la peau pourle chirurgien lorsqu’il est présent à l’accueil, la préparation de la salle, le recueil des in-formations administratives pour la panseuse.

C’est dans ces conditions bien peu réconfortantes que le malade, au paroxysme del’angoisse, s’endormira sans parois même en avoir été informé.

La période post-opératoire est également anxiogène du fait des suites mêmes de l’in-tervention. Le malade ne sait pas toujours très bien ce qui lui a été fait, le temps ici revêttoute son importance, sa durée étant souvent associée à la gravité de l’opération. Lesconditions matérielles de ces suites opératoires participent à cet état d’inquiétude (enparticulier les drainages ou sondages laissés en post-opératoires), ainsi que la douleur quipeut en résulter.

Cette énumération partielle des causes d’anxiété nous conduit à nous attacher dès lorsau concept d’humanisation.

Concept de l’human.~‘SatiO~

Quelques définitions du Petit Robert :

Humanisation : L’action d’humaniser et le résultat de cette action.

Humaniser : C’est mettre à la portée de l’homme - Rendre plus humain.

Humanisme : Toute théorie ou doctrine qui prend pour fin la personne humaineet son épanouissement.

Epanouissement : Entier développement - Epanouissement physique et moral.

Bien-être : Sensation agréable procurée par la satisfaction de besoins physiques,l’absence de tensions psychologiques (Voir aise, quiétude, satisfaction, sécurité).

Sécurité : Etat de paix morale qui n’est pas troublée.

Quiétude : Paix de l’âme - Tranquillité.

Tranquillité : Etat tranquille - Stabilité morale.(Ant. : angoisse, appréhension, inquiétude.

Entre 1958 et 1976, neuf textes officiels (2 décrets et 7 circulaires) traitent explici-tement de l’humanisatron des hôpitaux. Nous en avons retenu deux :

1- La circulaire du 18-12-1970, qu i vient compléter celle du 5- 12- 1958 relative àl’humanisation des hôpitaux.

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Ce texte préconise un certain nombre de dispositions destinées à améliorer les condi-tions matérielles et morales du séjour des malades à l’hôpital. Ces recommandationsconcernent les points suivants :

- les visites

- la présence d’un membre de famille auprès des hospitalisés.

- les effets personnels des malades.

- les horaires du lever, des repas, du coucher.

- l’accueil des malades et des visiteurs.

Un chapitre sur l’information précise entre “qu’il serait souhaitable que pour chaquemalade admis, un médecin soit chargé du contact personnel et du soin de répondre auxquestions que le malade se pose sur son état et de lui apporter le réconfort psycho-logique dont il a besoin”.

2- La circulaire du 20 septembre 1974, afférente à la charte du malade hospitalisérecense plus particulièrement les droits et devoirs du malade.

Droit au respect de sa dignité, de sa personnalité, et droit à l’information concernantson état de santé, examens ou traitements par les médecins ou le personnel soignant,conditions d’une véritable humanisation de l’hôpital.

C’est au cours d’une assemblée plénière, à Luxembourg du 6 au 9 Mai 1979, que leComité.bospitalier de le Communauté Economique Européenne a adopté “la charte dumalade usager de l’hôpital”.

Cette charte stipule également les droits et obligations du malade usager de l’hôpital.Ces droits étant notamment :

- le droit à l’auto-détermination.

- le droit à l’information de ce qui concerne son état.

- le droit à la protection de sa vie privée.

- le droit à la liberté religieuse ou philosophique.

“L’information donnée doit permettre au malade d’obtenir un aperçu complet de tousles aspects médicaux et autres de son état et de prendre lui-même les décisions oude participer aux décisions pouvant avoir des conséquences sur son bien-être”.

De nombreux ouvrages traitent de ce thème, soit sous forme de demandes de la po-pulation lorsqu’ils sont écrits par des malades ou leurs familles (Cf. : “PEGGY” deMicheline VERNHES - “Bruno mon fils” de Janie MAURICE), soit sous forme de ré-ponses lorsqu’ils sont publiés par des professionnels de santé (Ex. : “Humaniserl’hôpital” du Dr M. ABIVEN - “Les relations humaines à l’hôpital” d’ElisabethBARNES).

Mais en réalité que signifie humanisation des hôpitaux ?

M. GREGOIRE, dans un article sur l’humanisation dans ce milieu hospitalier abordeplus particulièrement ‘Tambiance” qui règne autour du mot hôpital.

Pour lui, l’hôpital chargé d’histoire et de légende fait que l’on peut être“hospitalophobe” pour la seule raison que l’on a peur de cet établissement.

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1,‘hôpital par tradition représente la maladie, la souffrance, la mort. Modifier cetteimage de l’hSpita1 consiste pour lui à en modifier Lrl’ambiance”.

- l’ambiance extérieure tout d’abord par l’aménagement de jardins et des recherchésarchitecturales.

- mais surtout l’ambiance intérieure qui est le vrai problème. Pour cela, il préconisedans cet article “de suivre les transformations profondes que peut entraîner la re-cherche systématique du confort et de l’harmonie, de l’utile et de l’agréable, dutechnique et du fonctionnel”..

En un mot, changer l’ambiance de l’hôpital en faisant naître de nouveaux sentimentspar l’esthétique, notamment sur le plan hôtelier (harmonie des locaux, des couleurs, desmobiliers...) pour un meilleur confort.

Mais l’humanisation des hôgita- peut-elle se limiter à de simples considérationsmatérielles (dont il ne faut toutefois pas négliger l’importance) ?

Pour G. ALIX, “les problèmes psychologiques et humanitaires du milieu” sont davantage àprendre en considération. L’humanisation de l’hôpital imposant quatre niveaux d’exi-gence que nous avons traités dans le concept Santé-maladie.

Pour Serge KARSENTY, “l’amélioration de la qualité de vie des malades dans les établis-sements hospitaliers” dépend essentiellement de la “qualité des relations entre les soignants et lesmalades” et en particulier des “relaiionr du malade avec son infirmière, souvent mauvaises” ; “eneffet moins le médecin donne d’information d son malade, plus ce dernier en demande à soninJz7mikre ; plus l’infirmière est tenue éloignée de l’élaboration des consignes mkdicales, moine elle lescomprend, moins elle est capable de répondre d la demande d’infownation du patient”.

Les réflexions de J; TRESCHER l’amènent à proposer une suite de solutions visantà dédramatiser l’hospitalisation et à améliorer le confort tant matériel et hôtelier quemoral (bibliothèque, transistor, .TV, sports, travail).

“Le repas rattache le malade d la vie quotidienne et rompt souvent la solitude et la monotonie”.

“Ce qui est le plus dkshumanisant danc YhiSpital, c’est qu’on ne traite plus un &re mais simplementun cas et que le support physique de ce cas doit s’incliner devant la technique”.

Mais pour lui le plus important pour une réelle humanisation “consiste d voir le maladeet à discuter auec lui”.

“Humanàser un hôpital, c’est créer un état d’esprit de compréhension entre lemalade et le personnel”.

Notre réflexion :

Pour nous, l’humanisation commence par l’accueil.

C’est de ce premier contact que dépend en grande partie le climat de confiance et laqualité du séjour de la personne hospitalisée.

Qu’est-ce que l’accueil ? Le Petit Robert le décrit comme étant la manière de recevoirquelqu’un, de se comporter avec lui quand on le reçoit ou quand il. arrive.

Savoir recevoir. Voilà une qualité indispensable à une maîtresse de maison ou à unhôtelier ; on reçoit ses amis ou ses hôtes selon un rite qui met en jeu l’expression du vi-sage, le toucher, la parole, l’attitude.

En fait, “l’accueil est un comportement”.

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Le comportement étant l’ensemble des réactions objectivement obse’rvables.

Et l’attitude, une manière de se tenir qui correspond à une certaine disposition psy-chologique.

Recevoir un invité est un art qui exige “le sens de l’hospitalisation, de la politesse, du res-pect, de la tenue” comme le fait remarquer G. ALIX ; pourquoi ne pas l’appliquer lorsquel’on reçoit un malade ?

L’accueil est un moment privilégié de communication entre soignant et soigné. Cesont ces premières minutes qui mettent à l’aise le nouvel arrivé et dédramatiseront sonhospitalisation.

Mais l’accueil étant avant tout un comportement, il est évident qu’il ne peut êtrequestion d’imposer à un personnel une façon de recevoir ; le sens de l’hospitalité ne peuts’apprendre, tout au moins peut-on rappeler à chacun ce qu’il veut dire et demander devoir en cet hospitalisé qui arrive, noh plus un malade, mais une personne qui a un nomet que l’on accueille dans le service pour un temps donné.

L’accueil ainsi pratiqué permettra au nouvel arrivant de trouver dans un cadre in-connu un point de repère, un visage connu qui lui servira de référent, qui le rassu-rera, le réconfortera.

(Référent représente pour nous ce qui renvoie à une image comme ce sur quoi l’onpeut s’appuyer pour se situer).

Nous avons défini dans les pages précédentes l’accueil comme étant l’expression deréactions visibles tels la parole, le toucher, l’expression du visage).

Explicitons certains de ces mots :

La parole ou langage parlé est le moyen de communication le plus-utilisé. Ilnous semble nécessaire d’en étudier sa fiabilité. Toute communication suppose unémetteur, un récepteur et un message.

Or, chacun des participants a sa propre perception de ce qu’il a à dire, k messageest toujours porteur de symbole. De même, chacun interprète ce qu’il entend dire enfonction de son vécu, de ses idéologies... Ce qui est compris l’est toujouti subjectivement.Tout individu adopte en fait un décodage permanent.

Ce qu’il est important de savoir est que lors d’une communication, le message ren-contre plusieurs obstacles liés d’une part aux références de chacun “la clarté, l’évidence dumessage se sert- nécessairement d’une grille de concejts qui ne sont fias les mimes que ceux deYémetteur”. 32 ; d’autre part aux parasitages de tout ce qui est extérieur au message lui-même, lecadre, le bruit, les circonstances, les positions sociales ou hiérarchiques des intesvenants, en@ au choixdu canal de transmission, Lest-à-dire au langage choisi,

Le plus dfjcile dans une communication est donc de savoir écouter et comprendre I’autre et de s’enassurer par le feed-back. “La communication constitue le fondement de la culture, celui dela vie même”. Cette théorie de Franz BOAS met en évidence la relation qui existe entrelangage et culture. “Des indiuidus apfiartenant à des cultures dyfJrente.s, non seulement parlent deslangues différentes, mais ce qui est sans doute 16 plus important, habitent des modes sensorielsdzfferents”. 33

32 R. MUCCHIELLI, “L’entretien de face ‘à face dans Ia relation d’aide”.

33 E.T. HALL. “La dimension ca’chée”.

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Cette réflexion nous invite donc à méditer sur l’importance de la connaissance de“l’homme” pour comprendre et communiquer avec l’autre.

L’entretien mode communication verbal impose donc cet effort de compréhensionde l’autre, suppose disponibilité d’écoute, objectivité, reconnaissance de l’univers del’autre. Ce qui suppose pour le personnel soignant la nécessité d’une formation auxtechniques d’entretien.

Comme le dit J.P. DUNAND, “seule la parole peut encourager, rassurer et surtout donner lesens de ce qui se fait- L’humanisation en defiitive dépendra encore de la parole dite et écoutée”.

Lors de la visite de l’infirmière de bloc opératoire auprès du malade, l’importancede l’écoute est considérable. Etre à l’écoute de ses besoins, de ses angoisses permettrad’établir le contact et de répondre exactement à ce qu’il attend pour l’apaiser, le rassurer.Au cours de cet entretien l’infirmière de salle d’opération doit non pas débiter ce qu’elleconsidère, elle, comme informations indispensables, mais répondre aux vraies attentes dumalade.

L’importance du toucher reste néanmoins indéniable. Le véritable accueil comportetraditionnellement “la poignée de main”, signe évident du rapprochement de deux êtres.

“La poignée de main est très évidemment une communication tactile”, dit Ashley MONTAGTJ:Se saluer en se touchant sont évidemment des expressions directes d’affection.

De fait, la peau est un organe d’étreinte et de contact. Etreindre les mains est souventréconfortant, ainsi que l’a remarqué Six William OSLER : “prendre la main d’une dame luidonne confiance en son médecin, prendre la main d’une personne dans un état d’angoisse est susceptibled’exercer sur elle un effet apaisant, de réduire l’anxiété, de donner globalement un sentiment deséciiritt?‘.

Serrer la main de l’autre, ou exercer sur son bras une pression apaisante, c’est enquelque sorte rompre la glace, enlever les barrières, accepter l’autre dans son espace. Carhumaniser l’hospitalisation, c’est aussi “p” une meilleure connaissance des gens et des lieux,réduire son angoisse lors de son hospitalisation”. 34

“Dans le monde visuel, l’espace est souvent horriblement vide ou rempli de dangers”. 35

E.T. HALL a étudié l’usage que l’homme fait de l’espace en tant que produit culturelspécifique. Il nous explique les mécanismes de régulation de la distance, selon les condi-tions dans lesquelles l’homme se trouve. Ce qu’il faut retenir, c’est que chacun s’est dé-terminé sa zone de terrixioralité, son %o man’s land”, sa “distance personnelle qui jouele rôle d’une bulle invisible qui entoure l’organisme et le protège”, mais aussi “sa distancesociale, qui le rattache à son groupe, distance psychologique au-delà de laquelle l’anxiétécommence”. L’on comprend mieux ainsi la nécessité d’offrir à l’hospitalisé, arraché deson environnement et transplanté dans un espace inconnu, la possibilité de point de re-père, les clés de comprkhension de cet univers.

“La perception de l’espace implique des repères purement visuels”. 36

Or, comme pour le langage, la perception et l’usage que l’homme se fait de l’espacedépend de sa culture.

34 G. ALLIX, “Les problèmes psychologiques et humanitaires du malade”.

35 A. MONTAGU, “La peau et le toucher”.

3F E.T. HALL, “La dimension cachée”.

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Accueillir, démystifier les locaux et les gens ne suffisent pas ; il nous reste ici à in-troduire le rôle majeur de l’information dans l’humanisation des hôpitaux. L’infor-mation étant, selon le Petit Robert, le renseignement que l’on porte à la connaissanced’une personne, d’un public.

“Humaniser I’h@ital ne signiJ2e rien si cela ne consiste pas à recréer Les liens entre des hommesmalades et bautres hommes qui se proposent de les soigner.“. 37

Pour nous l’information peut être en partie le support permettant de recréer les liens.

Rassurer le malade, c’est aussi pouvoir lui fournir toutes les informations qu’il récla-me, répondre à ses attentes. “II faut lui exfiliquer les premiers examens ou les premiers traitementspré-opératoires. Cette explication doit être un véritable dialogue”. 38

BACON disait “sauoir, c’est pouuoir”.

Dans le livre de J. BOURDON, une enquête réalisée auprès de vingt malades dansun service de chirurgie montre que ces derniers souhaitent recevait trois types d’infor-mation. Le premier concernant la vie et l’organisation du service , le second relatif aupersonnel, le troisième se rapportant à leur maladie.

Pourquoi informer le malade ? L. ISRAEL dit : “Le malade est aussi un homme” et entant que tel sa dignité et sa liberté doivent être informé afin de pouvoir participer auxdécisions qui le concernent. C’est sa vie qui est en jeu.

“Le but de l’information est de permettre au malade d’wister et d’agir”.

“Les informations en réduisant L’inconnu visent à attenuer l’angoisse des malades et leursécurité”. 39

Le droit à l’information est par aileurs défini dans la circulaire du 18-12-70 sur l’hu-manisation des hôpitaux, et dans celle du 20-09-74, charte du malade hospitalisé. Ne passavoir ouvre la porte à l’imagination : “Le malade interprète Z’absence d’information comme unsigne de gravité de la maladie”. 40

“Il est beaucoup plus important de savoir où l’on va que de calculer la vitesse où L’on peut aller”.4 1

“Le manque d’informations entra£ne un Hat de dépendance presque totale qui peut Etre cause derégression ou d’infantilisation. Cette régression n’est-elle pas en partie et inconsciemment induite etentretenue par le personnel soignant ?“. 42

Rationaliser l’attente, sécuriser et permettre à la personne hospitalisée de prendrepart activement aux décisions qui la concernent, dédramatiser et expliquer sa situation,humaniser l’univers qui l’entoure, voilà en quoi doit consister l’information.

37 M. ALIVEN,~“Hunia&.er l’hôpital”.

38 G. ALIX, “Lti problèmes psychologiques et humanitaires du malade”.

39 J. BOURDON.

40 S. KARSENTY.

41 P. HAMBURGER...

Informer.;.. Humaniser . . . . R é c o n f o r t e r . . . . 53

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“C’est le manque d’information qui est le principal sujet de plaintes des malades, à I’entrée et danstoutes les autres situations que l’on rencontre à I’hGpital”. 43

Si soigner c’est rentrer en relation ,avec le malade, soigner c’est donc aussi informer,expliquer.

“C’est au personnel infirmier d’être de $US en plus conscient de son rôle déducateur”.

Dans le domaine précis des soins aux clients de chirurgie, l’information et l’ensei-gnement pré-opératoire permettent de réduire le niveau d’anxiété provoquée par l’in-tervention prochaine et favorise une meilleure participation des clients aux activités préet post- opératoires, ce qui leur est directement profitable et les aide à se rétablir au plusvite.

“L’a@proche pré-opératoire du futur opéré doit contenir à la fois. une dimension psychologique (quiaide la personne à clarifier ses craintes),. et une dimension éducatwe qui consiste à informer sur lesévénements per-opératoires et post-opératoires”. 44 La réflexion de l’auteur sur l’enseignementpré-opératoire nous a confortée dans l’orientation prise pour notre recherche.

Si l’on veut qu’un malade participe à ses soins, encore faut-il lui en donner les moyenset accepter de perdre un peu de ce “pouvoir de domination” conféré par notre possessiondu savoir. Accepter de partager son savoir, voilà encore un des atouts de l’information.

Plusieurs études sur les approches à privilégier en matière d’enseignement ou d’in-formation pré-opératoire ont démontré que finalement l’approche mixte (psychologiqueet éducative) est clairement efficace sur l’état d’anxiété pré et post-opératoire des clients,sur leur état de bien-être physique et émotionnel et sur leur habilité physique fonction-nelle.

“VEJUfON et BIGELO W ont fourni la preuve qu’un enseignement offert deux jours avantl’opération contribuait d créer des attentes plus réalistes chez les clients, d faire naftre un sentimentde sécurité chez eux et à augmenter le niveau de confiance vis-à-vis du personnel médical etinf2rmier” _ 45

“La politique générale d’humanisation de l’hôpital peut se définir concrètement dans les servicescomme une Pratique tendant à personnaliser les soins, c’est-d-dire soigner chaque malade comme un Ctrehumain unique”.

Cette citation de A. MONTESINOS nous servira de conclusion pour ce dernierconcept.

43 E. BARNES.

44 R. GRENIER, “L’enscigncment prkopératoir$‘. Rcvuc L’infirmière canadiçnnc, F&ier 1983.

45 D.T. VERNON - D. BIGELOW, “Effects of information about a potentially stress full situation on rcsponses to stress im-pact”. \Jour. Pers. Soc. psychol. 29 (1974).

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III - CADRE DE LA RECHERCHE

1 - Le Service choisi

Nous avons décidé de mener notre action dans un service de chirurgie digestive d’unCentre hospitalier universitaire, servke comprenant trois unités vivant les mêmes événe-ments. Ce choix s’explique à la fois par sa proximité géographique de l’Ecole des Cadreset par son rattachement à un bloc opératoire de chirurgie générale où nous avons exercénos fonctions d’infirmière pendant plusieurs années. Cette recherche nécessitant la col-laboration d’infirmières panseuses et modifiant la conception du travail en bloc, il nousa paru plus facile d!y associer un personnel que nous avons longtemps cotoyé et qui dece fait était plus ou moins informé de nos intentions sur ce sujet-

Suite à notre démarche, l’infirmière générale de l’hôpital, la surveillante chef, le pa-tron du service, ainsi que les trois surveillantes d’unités nous ont autorisé pour une duréede trois mois du ler décembre 1983 au 29 février 1984 à procéder à toutes les investi-gations utiles à la bonne fin de nos travaux. Avant de les entamer, nous avons tenu àexpliquer,les motifs de notre intervention à toutes les équipes soignantes de ces unités lorsde leurs transmissions du midi,

2) - La Méthode suivie

Nous avons retenu l’entretien semi-directif bien adapté au caractère de notre recher-che. Centré sur un objectif défini dès le départ, il a l’avantage de donner au répondantla possibilité d’extérioriser ses sentiments sur cette question ; ce qui est recueilli est alorsle reflet de la réalité si l’on a pris la précaution de ne pas induire les réponses.

Nous sommes allés voir les personnes hospitalisées au 2ème ou Sème jour post-opératoire, entre 17 h 30 et 18 h 30 juste avant le repas, aucun soin n’étant en généralprodigué à ce moment-là et après leur avoir présenté et expliqué. la veille nos objectifset sollicité leur accord pour leur coopération du lendemain (l’heure exacte de cette ren-contre étant laissée à leur appréciation).

Cet entretien d’une durée de 20 minutes a lieu de préférence dans un bureau pouréviter tout dérangement, sauf pour les malades opérés des voies biliaires obligés de garderle lit dans des chambres de trois personnes au maximum. A chaque fois, nous avons en-registré ces échanges sur bande magnétique avec -le consentement de l’intéressé et pro-messe de lui garantir l’anonymat ; les équipes soignantes avaient été préalablementaverties du choix de cette méthode. qui nous laissait plus libre et plus naturelle au coursde cette relation et nous permettait de mieux observer les comportements adoptés.Quelle que soit la population concernée (nous les décrirons ultérieurement) les entretiens

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ont été conduits sur le meme mode avec comme première question “Comment avez-vousressenti votre passage au bloc opératoire ?”

La grille de dépouillement établie suivant des critères prédéfinis d’avance nous a servien fin d’entretien à orienter le dialogue sur les points non abordés.

3) - La Population-test

L’échantillon de population que nous souhaitions consulter devait obligatoirementréunir les critères suivants :

- avoir entre 20 et 60 ans. En dessous de 20 ans, le jeune se trouve à un stade detransition : il n’est plus un enfant mais pas encore un adulte ; l’inquiétude adoles-cente est encore très proche. Au dessus de 60 ans, l’état d’esprit chenge : la personneâgée “se heurte à cette cruelle vérité de la -proximité de la mort” d’où ünerésurgence de l’angoisse devant tout problème de santé”.

- être indifféremment de sexe masculin ou féminin, l’anxiété n’étant pas à notre avisliée à cette dualité.

- ne présenter qu’une pathologie légère ne mettant pas le pronostic vital en jeu, cequi fausserait tous les résultats, l’anxiété étant alors essentiellement centrée sur lapathologie (ex. : hernie, lithiase vésiculaire, éventration, strîpping).

- ne pas subir d’intervention en urgence (nous avons vu pourquoi dans notre cadreconceptuel).

- le fait d’avoir déjà subi une opération n’est pas dans le cadre de cette recherche unobstacle, bien au contraire.

- avoir été informé de notre étude et avoir accepté d’y participer.

A noter que le choix des malades s’est fait au hasard en fonction du programmeopératoire de la semaine.

Vingt personnes ont apporté leur concours à ce travail, réparties en deux groupes de10 malades ch,acun. Ces deux groupes étant hospitalisés dans le même service mais à deuxpériodes différentes : la première étude s’étant déroulée du ler Décembre 1983 au 7Janvier 1984, la seconde du 23 Janvier 1984 au Février 1984.

Le premier groupe de population A n’a reçu que les informations pré-opératoireshabituelles de l’unité.

Le deuxième groupe de population B a bénéficié, en plus de la préparation habituelle,de la visite la veille de son opération de l’infirmière du bloc qui a été chargée de le re-cevoir le lendemain. Nous allons ci-après préciser cette approche.

4) - Le Test d’essai

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Il a été effectué dans les huit premiers jours de décembre auprès de trois malades ré-unissant les conditions fixées dans le but :

- de vérifier le justesse de nos critères de dtpouillement, de les affiner, de les modifierou de les compléter (aussi avons-nous ajouté le critère “Ambiance - bruits -odeurs”.

- d’évaluer le fiabilité et la validité de notre action de recherche tant du point de vuedes procédures que du matériel d’enregistrement).

- de s’assurer de l’intérêt de notre hypothèse et par conséquent de notre travail, enprésentant nos propositions de préparation pré-opératoire par l’infirmière du bloc,de façon à en discuter et à en étudier ensemble les avantages ou les inconvénients.Ce qui nous a permis de maintenir notre hypothèse.

5) - Exécution de la Recherche

a) Critères de dépouillement des entretiens

Nous rappelons prélablement que les entreprises ont été menés exactement de la mê-me façon (cf. Annexe 1) pour les deux populations observées, ceci afin de valider les ré-ponses obtermes et permettre leur comparaison.

Il nous faut maintenant définir la signification que nous avons donnée à chacun deces critères.

- Attente -I- Accueil bloc : nous avons voulu mesurer :

- l’importance de l’attente juxta-opératoire (c’est-à-dire celle qui commence dèsle réveil du malade le jour de son intervention, suivie par l’attente très fréquentedans les couloirs du bloc) et ses répercussions sur l’état psychologique du malade.

- l’importance de l’accueil au bloc, qui l’a fait et de quelle manière, commenta-t-il été ressenti et quel a été son impact sur le moral de la personne soignée ?

Ont été notés en positif : Pour l’accueil : Toutes les marques de prise en consi-dération de la personne (l’appeler par son nom, lui parler, lui fournir les explicationsutiles, la rassurer, rester à ses côtés...).

Ont été portés en négatif :Tout ce qui montrera l’indifférence du personnel, sa froideur, la solitude du malade,soit lors de l’attente, soit après être rentré dans la salle d’anesthésie, son angoisse...Toute attente au bloc opératoire supérieure à 15 minutes.

- Le Transport : qui commence pour nous dès l’installation de la personne encoredans sa chambre, sur le bard et tout le temps du trajet avant son arrivée au blocopératoire.Ont été relevés :

en positif : l’attitude prévenante du brancardier lors de l’installation de la per-sonne sur le chariot, les explications fournies quant à la distance à parcourir et lasituation géographique du bloc, la conversation ou l’ecoute qui tout au long dutrajet marqueront sa sollicitude envers le malade.

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en négatif : le fait de laisser la personne monter elle-même sur le bard ou encorela brusquerie des gestes, l’absence de communication, voire même l’indifférence to-tale vis-à-vis du malade, les conversations avec d’autres collègues, la désinvolture.

- Dénomination du personnel : nous avons cherché là à exprimer le degré deconnaissance du personnel hospitalier que peuvent avoir les malades.Ont été comptés :

en positif : toutes les dénominations précices de la catégorie de personnel ren-contré (infirmière anesthésiste, ou de bloc...) ou encore le description exacte de leursfonctions (ex : le monsieur qui s’occupe de transporter les malades, la dame qui doitnous endormir...).

en négatif : toutes les connotations impersonnelles, imprécises, traduisant l’ano-nymat du personnel, et la méconnaissance de sa fonction par le malade (ex : “j’aiété emmené par un barbu”, “la.personne qui m’a accueillie”, “les gens”, “je ne saispas de qui il s’agissait” et les pronoms personnels ou indéfinis : “il”, ccelle”, “on”.

- Tenue vestimentaire du personnel : nous avons voulu apprécier l’influence del’habit sur l’anxiété des malades arrivant au bloc opératoire.

en positif : nous avons retenu tout ce qui intervient favorablement dans le do:maine du sérieux professionnel et qui par là même peut être source de confiance dansl’esprit des malades (ex : tenues impeccables, blouses propres).

en négatif : tout ce qui renforcera l’anonymat des soignants d’une part, l’anxiétéd’autre part, la tenue étant jugée impressionnante.

- Matériel - locaus - espace : pour les mêmes raisons que précédemment, quelleest 1; part d’appréhension due à la méconnaissance de ces points ? Comment lespersonnes se situent-elles dans l’espace en arrivant au bloc ? Comment définissent-elles les locaux ou le matériel qui les entoure ?

en positif : nous avons recensé tous les termes précis ou explicites matérialisantce que voit la personne en arrivant (la salle d’anesthésie, la salle d’opération, lemobilier...).La bonne situation dans l’espace, c’est-à-dire de l’endroit où ils se trouvent (sont-ilsmontés, descendus avant d’arriver au bloc ? A quel étage sont-ils ?) et égalementla bonne perception de cet espace (devant, derrière, petit, grand...). Tout ceciprouvant une bonne information pré-opératoire (qu’elle soit extérieure à l’hôpitalou assurée par le personnel soignant).

en négatif : toutes les expressions ou définitions imprécises, les repères flous, leserreurs d’appréciation (“je suis descendu au bloc” alors que le malade y est en réalitémonté, “là-haut, j’ai vu tout ça...“, ‘<des pièces, des choses”, “c’était immense”, ou“minuscule”, “des machins”... et également tout ce qu’a vu Ia personne et qui l’aeffrayée, par ce que non préparée (ex : j’ai vu la table d’opération, les grossesseringues, les tubes, les grosses lumières...).

- Ambiance - bruit - odeur : critère ajouté après le test d’essai.

Il tend à montrer l’importance du bruit (conversations par exemple) ou du si-lence, de l’odeur, de l’éclairage, de l’atmosphère qui règne au sein de ces lieux.Nous avons mis

en positif : tout ce qui peut rassurer la personne, tout ce qui a pu lui être expli-qué et donc ce à quoi elle s’attend.

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en négatif : tout ce qui a pu surprendre désagréablement, étonner, angoisserdavantage (ex : les conversations entendues, les cris, les bruits particuliers, lesodeurs...).

- A n g o i s s e : Si nous sommes conscientes que l’angoisse est une réaction normaleprovoquée par l’indication opératoire, nous avons essayé de vérifier si la peur del’anesthésie, ou de l’opération, en sont les seules responsables, ou si d’autres facteursplus spécifiques au “monde chirurgical” dans sa globalité peuvent intervenir et ren-forcer le phénomène de stress de cette période pré et juxta-opératoire.

Nous avons aussi recherché l’existence d’éléments ayant permis de diminuer ré-ellement cette anxiété.

Ont été comptabilisés dans la colonne “positif’ toutes les actions qui menées dansce sens ont été, au dire des malades, efficaces et bénéfiques pour leur bien-être, leurréconfort.

Dans la colonne “négatif’, tous les facteurs décrits par les malades.

- Informations reçues : nous avons voulu vérifier ce que savait le malade de samaladie et de ce qui allait se passer, quelle était la nature de ses informations, s’ilavait eu des réponses à ses questions et faites par qui ?

Ce point essentiel dans cette recherche, puisque nous pensons que l’absenced’information renforce’ l’anxi&é, nous permettra surtout dans l’analyse personnellede mesurer la valeur exacte de ce postulat, et de vérifier si certaines mesures étantprises, leur répercussion est bien à la hauteur de ce qui était attendu. En effet, pourla deuxième population étudiée, c’est sur ce point majeur (associé à la valeur del’entretien pré-opératoire) qu’a reposée la vérification de notre hypothèse.

Du côté positif seront additionnées les informations ayant réellement servi àpréciser clairement ces choses au malade dans le domaine précïté, tout ce qui l’auraaidé à comprendre, tout ce’qui lui aura permis d’être rassuré, réconforté, tout ce quiayant répondu à ses attentes lui aura permis de partir au bloc plus confiant.

Il est à remarquer que ce dernier élément du fait de son existence ou de son ab-sence a eu une répercussion quasi-générale sur tous les critères retenus..

Du côté négatif seront répertoriés tout simplement tous les non dits, les ‘Lie ne saispas” les ‘tje suppose”, “il paraît”.... et les erreurs.

- Cequepensentlesmalades : nous avons voulu savoir ici comment chacun avaitvécu cette période juxta-opératoire, ce qui avait pu les gêner, les choquer ou ce quiau contraire les avait satisfaits. Ce critère était en quelque sorte la synthèse dechacun des entretiens.

Nous avons noté en positif : toutes les preuves de satisfaction, de contentement.

Et en négatif : tout ce qui a été résignation, appréhension, reproches, mécon-tentement, chocs négatifs.

- L'attitude du personnel : très liée également à chacun des critères cités, il nousa toutefois paru utile de le dissocier une fois les entretiens achevés pour mieux enpréciser son importance et sa relation avec la solitude du malade.

On été inscrits en positif :Toutes les attitudes qui auront,aidé le malade à s’exprimer, à le mettre en confiance,à la réconforter, à le considérer comme individu à part entière ayant droit à desexplications. __

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Egalement toutes les adjectifs ayant une connotation “chaleur humaine” (ac-cueillant, sympathique...).

En négatif : Toutes les preuves d’indifférence, de manque de sensibilité, de froi-deur, de décontraction, mais également tout ce qui fait appel au côté “gentil” dupersonnel, lorsqu’il est fait mention pour ce même personnel, et en même temps, deson anonymat, de sa réputation - ex : %s gens là-haut ils sont gentils mais troppressés, ils n’ont pas le temps de s’occuper de nous...“.

b) But de cette recherche

Elle doit permettre de vérifier notre hypothèse, qui énonce que l’entretien la veillede l’opération entre l’infirmière de bloc et le malade peut grâce à l’écoute réelle des be-soins de ce dernier et aux informations fournies alors pour y répondre, diminuer l’inten-sité de son anxiété et humaniser son passage au bloc. Pour cela nous allons procéder àune analyse comparative de résultats de nos deux populations en suivant ce schéma :

Visite de l’infirmière de blocplus accueil le lendemain

IUne population A Une population B

qui n’a reçu que les informationsde l’unité : comment a-t-elle

qui a eu un entretien avecl’infirmière de bloc plus l’accueil

ressenti son passage au bloc ? par la même personne le lendemainComment a-t-elle ressenti son

passage au bloc ?

L’outil et la grille de dépouillement utilisés pour tester le vécu des malades étant lesmêmes dans les deux cas, la comparaison des résultats obtenus suffira à confirmer ouinfirmer notre hypothèse ; les malades étant considérés comme %-rvariant” puisquechoisis selon les mêmes critères et dans le même service, seule l’action de l’infirmièrepanseuse constitue la “Variable” de cette étude. C’est de ce protocole que dépend lavaleur de notre comparaison.

c) Déroulement des entretiens auprès de la population A

Aucun incident n’est à signaler au cours de cette première partie ; toutes les person-nes soignées ont été contentes de s’exprimer et toutes ont accepté d’être enregistrées.

Avant chaque entretien nous avons rencontré quelques minutes l’infirmière del’unité :

- afin de la prévenir de notre présence auprès du malade.

- pour avoir quelques précisions sur l’état physique et psychologique de ce dernier, surses suites post-opératoires...

- pour connaître l’endroit où nous pourrions nous installer pour l’entretien et de-mander à ne pas être dérangé pendant vingt minutes.

6 0 Recherche

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cl) Déroulement des entretiens auprès de la population B

Avant de passer aux entretiens post-opératoires de cette deuxième population, nousavons dû mettre en oeuvre toute une préparation des infirmières panseuses.

Comme nous l’avons vu, toute l’utilité de notre recherche repose sur l’informationdu malade en pré-opératoire et ce grâce P la visite de l’infirmière panseuse et sur laqualité de son accueil au bloc.

Une grande étape restait donc à franchir : expliquer notre travail et nos objectifs àl’équipe des panseuses afin d’obtenir leur adhésion pour participer à cette étude, ce quinécessitait pour elle un changement notable dans leur cohception de travailler.

Pour cela nous avons d3, dès les premiers jours de décembre, réunir les soignantesdu bloc pour exposer le but poursuivi, les méthodes employées et pour leur signifier ceque nous attendions d’elles. De la problématique à l’hypothèse tout fut expliqué minu-tieusement ; toutefois a u dépa&t c e p r o j e t n ’ a g u è r e p r o v o q u é b e a u c o u pd’enthousiasme :Refus catégorique, scepticisme, indifférence, fuite, ennui, telles furent les réactions pre-mières.

Notre intention était de “recruter” dans ce groupe de huit infirmières, trois ou quatred’entre elles acceptant de collaborer à cette recherche, ce qui supposait pour la mêmepersonne :

- de bien vouloir descendre la veille de l’intervention voir un malade répondant auxcritères précités, afin d’avoir avec lui un entretien le plus libre possible d’au moins15 minutes, centré essentiellement sur l’écoute de ses attentes et nécessitant ensuiteles réponses et informations appropriées. L’heure de l’entretien compte tenu desdisponibilités du personnel fut fixée entre 13 h et 16 h et on convint de ne l’effectuerqu’après accord de la personne concernée.

L’endroit choisi devait .être de préférence un bureau tranquille. Là aussi l’infir-mière d’unité fut prévenue.

- d’accueillir le lendemain matin la personne vue la veille, de lui parler et de resteravec elle jusqu’à ce qu’elle soit endormie.

Un protocole établi dès le début, reprenant les principaux points à ne pas oublier, luet commenté aux participantes permettait de s’y référer chaque fois que cela s’avéreraitnécessaire (cf. Annexe 2).

Il était demandé aux infirmières de bloc volontaires pour ce travail

- de participer avec conviction à cette étude.

- de respecter scrupuleusement les consignes stipulées dans le protocole, laissé dès dé-but janvier au bloc, afin qu’elles puissent l’étudier en détail pendant près d’un mois,de façon à ne laisser aucun point incompris (les entretiens ne commençant pour cettedeuxième partie que le 28 Janvier).

- de répondre aux objectifi fixés : humaniser ce bloc opératoire, le démystifier, pourdiminuer l’anxiété du malade.

- d’assurer en personne les deux phases précitées, ce pour le même malade (c’est-à-direla visite de la veille et l’accueil du lendemain).

Les deux premières actions de sensibilisation à cette demande n’ayant guère étéconcluantes, nous sommes revenus expliquer deux fois encore avant d’obtenir la partici-

Iaformer . . . . kmaniser . . . . Réconforter . . . . 6 1

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patîon de trois personnes fin décembre. Dans le même temps une réunion regroupant lesporteurs du bloc nous a permis de les informer sur notre travail et de leur demander leuradhésion afin d’améliorer les conditions de transport des malades.

Malgré l’accord obtenu, le protocole livré à le réflexion dès début janvier, n’étaittoujours pas compulsé à l’issue de la troisième semaine de ce mois, ce qui a nécessité unenouvelle intervention de notre part pour réexaminer en petit comité son contenu afinqu’il soit bien compris et accepté pour le fin du mois (date de la deuxième étude).

Cette assimilation nous semblait indispensable pour que soit validée la teneur desentretiens.

Puis le travail commencé, nous n’avons plus rencontré de difficulté, hormis pour ledernier malade dont la limite d’âge n’a pas été tout à fait respectée. La panseuse ayantestimé qu’entre 60 et 62 ans la différence n’est guère sensible.

A partir de fin janvier, nous rions sommes donc présentées au bloc tous les samedismatins afin de cocher, sur le programme des personnes à opérer dans le semaine, cellesdont l’intervention correspondait à nos critères (nous en notions environ 12 à 15). Lesautres renseignements faisant défaut à ce moment-là (les personnes ne rentrant que laveille de leur intervention), les panseuses étaient chargées de s’en préoccuper et de serépartir les entretiens (en fait nous demandions que soient réalisés au moins trois entre-tiens par semaine).

Reliée par téléphone, nous avons été informée au jour le jour sur le nom de la per-sonne consultée, la nature de son opération, l’unité où elle était affectée.

A partir de ce moment-là, nous programmions deux jours après notre entretienpost-opératoire sur le même mode que pour la première population.

Toutes les personnes ayant été vues nous ont accueillie avec plaisir, très heureuses depouvoir s’exprimer et-de pouvoir manifester de vive voix leur satisfaction.

Au cours des entretiens pré-opératoires, les panseuses semblent avoir reçu le mêmeaccueil, et bien que n’étant pas présentes pendant les entrevues, nul doute qu’elles aienttrès sérieusement rempli leur mission, comme le prouvent d’ailleurs les résultats. Noustenons ici à les en remercier.

6) Les aléas de cette recherche

En définitive, si cette étude a pû être entreprise sur deux populations homogènes leseul élément de différenciation étant la préparation pré-opératoire de l’une d’elles,l’échantillonnage somme toute très restreint sur lequel a porté notre enquête ne nousautorise pas à en déduire des enseignements de portée générale. D’autre part, nous nenous sommes pas livrée à l’établissement de- statistiques suffisamment probantes pourvalider nos résultats.

6 2

* ‘/,-2 z-Yb Recherche

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IV - RESULTATS DE LA RECHERCHE

Nous avons adopté la méthode suivante :

1) L’analyse objective des résultats

Pour chacune des populations A et B nous présentons :

a) Les résultks sous forme de tableaux.

b) Le dépouillement des entretiens par critères.

c) Le classement par critères.

d) D’une part, les souhaits de la population AD’autre part, les satisfactions de la population B

e) La synthèse objective de ces résultats.

2) L’analyse comparative de ces résultats et notre interprétation person-nelle.

3) Nos conclusions sur la validité de notre hypothèse

luformer.... Humaniser . . . . Réconforter . . . . 6 3

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1) L’analyse objective des résultats

Présentation des malades interroges en post-opératoireet n’ayant pas eu d’entretien avec l’infirmière panseuse.

SEXE N A T I O N A L I T E A G E P R O F E S S I O N E T A T - C I V I L D I A G N O S T I C I N T E R V E N T I O N J O U ROP+

F F r a n ç a i s e 6 0 Sans Mariée Varices Stripping 3bilatéral

F F r a n ç a i s e 2 6 Ouvrière Mariée Varices Stripping 2bilatéral

H Française 60 Retraité Ancien Mariée Hernie Cure deInspecteur Police inguinale D hernie 3

F F r a n ç a i s e 4 7 Sans Mariée Calculs Cholescys-vésiculaires tectomie 2

F F r a n ç a i s e 2 9 Sans Mariée Fissure 2anale

H F r a n ç a i s e 6 0 Magasinier Marié Hernie Cure deinguinale hernie 2

F F r a n ç a i s e 5 8 S a n s Mariée Calculs Cholescys-vésiculaires tectomie 2

H F r a n ç a i s e 3 7 Chômeur Marié Calculs Cure de hernie(soudeur) vésiculaires hiatiale -k choies- 2

cystectomie

F F r a n ç a i s e 3 2 Professeur Mariée Varices Strippingd’anglais jambe droite à droite 2

H F r a n ç a i s e 5 6 Inspecteur Célibataire Hernie Curedes douanes inguinale de hernie 2

Moyenne d’Age : 46,5 ans Femmes : 6 Hommes : 4

6 4 Recherche

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Informer . . . . Humaniser.... Réconforter . . . . 65

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A) Population A : Tableau 1

Critèresretenus

Attentecouloir

-tAccueil bloc

Transport Dénominationdu personnel

Tenuevestimentairedu personnel

Malades Pop. A P” N” P N P N P N

no 1 2 3 0 4 5 14

no 2 0 3 0 3 2 5

no 3 0 4 1 9 3 13 2 5

no 4 0 28 0 12 3 39 0 3

no 5 0 16 0 14 3 19 0 4

no 6 0 13 0 13 0 19 0 4

no 7 0 5 1 2 2 22 0 1

no 8 0 15 0 18 2 42 0 6

no 9 1 15 1 6 2 29 1 6

no 10 0 5 0 6 0 17

Nbre de foisexprimé 3 108 3 87 22 219 3 29

P” : Positif

N” : Négatif

Recherche

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Matériel AmbianceLocaux ConversationEspace Bruit odeur

P

0

0

2

0

1

2

0

0

0

0

5

N

2 0

1 2

7

1 7

2 3

8

1 0

2 9

34

1 0

1 7 0

N

6

2

4

1 3

2

4

24

55

Angoisse

P

0

0

0

1

0

0

0

1

0

0

2

N

8

1 6

8

8

1 4

4

2

1 5

3 0

7

1 1 2

Informationsreçues

P

2

2

0

0

3

1

0

2

0

1 0

N

4

5

7

2

5

1 2

9

3

4 7

Ce qu’ilsen pensentExpression

P

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

N P

1 5 2

2 2

9 0

1 4 0

1 7 2

1 6 0

1 0 0

11 0

4 2

5 0

1 0 3 8

Attitudedu

personnelbloc

N

5

2

4

9

5

3

3

1 0

3

1

45

Informer.... Humaniser . . . . Réconforter . . . . 6 7

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B) Dépouillement des entretiens par critères. Population A

1) Attente -l- Accueil bloc

En négatif :

Il sera question ici, et par 108 fois, de toutes les manifestations d’indifférence, defroideur du personnel du bloc lors de l’accueil, ainsi que de l’attente trop longue ou dela préparation anesthésique en partie effectuée dans le couloir. En voici quelques exem-ples, très souvent revenus :

- “C’est comme à la chaîne ; allez hop, on nettoie et on recommence...”

- “On m’a ‘foutu’ dans une espèce de couloir..!”

- “C’était des étrangers...”

- “Ils m’ont laissé sur le chariot, ils préparaient leurs grosses seringues”.

- “Ils n’ont pas dit un mot”.

- “On est dans l’attente.., je n’ai vu personne”.

- “Ce monde très impersonnel, très froid...”

- “J’ai atterri dans une pièce...”

- “On m’a rien dit du tout..,”

- ‘<On m’a rien dit, rien du tout...”

- “On m’a fait une piqûre, je suis parti comme ça+..”

- “L’accueil ! Y a pas d’accueil...”

- “On m’a mis ma perfusion dans le couloir”.

- ‘<J’ai attendu longtemps, c’était angoissant...”

- “Personne ne vient nous dire un petit mot...”

- “J’ai vu quelqu’un qui sortait de l’opération, c’était trop moche...”

- “11 fallait attendre, ça a été long...”

En positif :

On trouvera 3 fois seulement :

- “J’étais bien couverte, j’étais bien”.

- “Tout le monde discutait avec moi”.

6 8 Recherche

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2) Transport

En négatif :

87 fois il sera là encore question de l’indifférence, parfois de brusquerie, de désinvol-ture.

- “On vous aide pas à monter sur le chariot, c’est pourtant haut...”

- “Le transport de l’ascenseur au bloc j’avais des sueurs froides...”

- “C’est un monsieur qui m’a pris...”

- “Le transport ? C’est vide, un autre monde, la solitude...”

- “L’impression d’être sur un chariot de morgue...”

- “On m’a balladé... ” ‘<J’ai été véhiculé...”

- “On m’a saboté à droite, à gauche...”

- “C’est des gens exprès, ils conduisent, ils s’occupent pas de vous”.

- “Il me roulait, me roulait, je me demandais où j’allais...”

- “Un jeune tout à fait désinvolte et qui ne parle pas...”

- “Le voyage, c’est long...”

- “La façon qu’il m’a dit de monter sur le chariot,..”

- “On vous emmène comme on emmène le chariot à la vaisselle...”

- “Il était aux pièces...”

- cLN~u~ ballader en chantonnant, c’est pas bien...”

- “II rigolait avec les personnes qu’il rencontrait...”

- “Dès qu’il arrive avec le chariot, allez, posez-vous là-dessus et puis plus rien...”

En positif :

- “C’est bien d’être emmené dans son lit...”

- “Le monsieur était gentil, on a plaisanté...”

3) Dénomination du personnel

Anonymes par excellence, toutes les personnes rencontrées totalement inconnues pa-raissent être des étrangères ; les exemples qui suivent parleront d’eux-mêmes :

- ‘LUn jeune type barbu...”

L “La dame”.

Informer.... Humaniser . . . . Réconforter . . . . 6 9

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- “Un petit”.

- “Deux personnes anonymes”.

- “Des inconnus”.

- “Des étrangers”.

- “Il paraît que c’est un anesthésiste ?”

- “Je sais pas qui c’était”.

- “Un monsieur avec un bonnet vert”

- “Les gens”.

- “Un barbu, noir”.

- “Il circule beaucoup de blouses blanches”.

- “Un monsieur”

Sans parler d’un nombre invraisemblable de “il, elle, on”.

En positif :

Seuls sont mentiorkés avec exactitude :

- “L’anesthésiste”.

- “Le professeur”.

4)L’attitnde du personnel

Cet item comporte lui aussi des expressions bien éloquentes :

- “Aucune chaleur”.

- “Aucune information, pas rassurant”

- “11 était froid”.

- “Il était pressé”.

- “Il ne s’est pas présenté”.

- “Complètement indifférent”.

- “Il m’a posé des questions sur le cœur, l’asthme, tout ça...”

- “Manque d’approche avec le malade”.

- “Y’a pas de sentiments”.

- “On vous pique, vous repique”.

- “Les gens sont gentils, mais ils sont pressés”.

Recherche

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- “On voit personne, on est seul”.

- “Ils m’ont pris en main”.

- “Une personne bourrue”.

- “Pas aimable”

En pOsitif :

- “L’anesthésiste m’a stimulé”.

- “La dame qui m’a endormi, elle m’a parlé”.

5) La tenue vestimentaire du personnel

Elle renforce aux yeux des malades l’anonymat du personnel.

“11 n’y a pas de distinction des gens”.

“Il faut demander qui ils sont”.

“On ne sait pas à qui on a affaire”.

“On se trompe... je ne l’ai pas reconnu”.

“Leur masque, leur bonnet, tout çà çà impressionne”.

“La rigidité avec leur bonnet, leur masque...“.

“Elle avait un tas de masques, de chapeaux, je ne sais même pas si c’était elle”.

“Elle avait un filet sur la tête, ça m’a choqué”.

‘LUn machin sur le bout du nez”.

“Ca représente un anonymat”.

Ea positif :

- “Ils étaient impeccables”.

- “Les b!ouses blanches, bien astiquées ; c’est sérieux “.

6) Matériel - Locaax - Espace

Aucune de personnes interrogées n’a défini avec exactitude les locaux ou le matérielentrevu (Exception faite des mot9 “bloc” utilisé pour qualifier n’importe quelle pièceaperçue, et ‘Yable d’opération” mentionnée une fois). Pour les locaux reviennent sanscesse les expressions :

Informer . . . . Humaniser . . . . Réconforter . . . . 7 1

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“TA-haut” “une pièce” “un réduit” ‘Lune salle ” ‘ùne espèce de petite pièce” üne salleanonyme ” “un endroit avec beaucoup de lumière” ‘Lune salle de torture” “un cadrefroid”.

Le matériel est ainsi défini :

“Choses rondes” “ des grosses seringues” ‘<le machin” “une civière” “les objets” “lesbazars”.

Quant à la notion d’espace

- Trois personnes sur dix pensent être descendues au bloc (alors qu’en réalité elles onteté transportées au septième étage).

- Pas une seule ne situe l’étage du bloc.

- Ne sait où elle a été endormie.

- Ne se repère.

En positif :

On peut noter deux expressions employées avec exactitude “la table d’opération” Yasalle d’opération”, mais qui font appel à des informations reçues par l’extérieur (famille,télévision).

7). Ambiance - Bruit - Odeur

Trois grands points négatifs i+eviennent en force :

- Les conversations.

- L ’ o d e u r .

- Le silence.

a) Conversations

- :(J’entendais : on ne va pas la tuer...”

- “On entend tout ce qu’on dit”.

- ‘<On entend bien”.

- “Je les ai entendu parler, j’arrivais pas..~”

- “J’ai entendu une voix de femme qui riait”.

- “Ils plaisantaient, j’étais étonnée”.

- “J’ai entendu des gros mots, des petits cris... c’est bizarre”.

‘b) Odeur

- “L’odeur... ça empeste”

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- “Une odeur tenace, une odeur particulière...”

- “Ca sent le froid’:.

- “Ca sent dr6le”.

- “Une odeur qui n’existe que là”.

- ‘<Une odeur indéfinissable”.

- ‘LUne odeur d’asepsie”.

c) Le silence

- C’était trop calme.

- “J’entendais l’anesthésiste casser ses ampoules”.

- “J’étais assourdie par le calme”.

- “Ce silence”.

Aucun point positif n’est mentionné ici.

8) Angoisse

Nous ne parlerons pas ici des facteurs d’angoisse dus à l’anesthésie ou à l’intervention,mais de ceux inhérents au bloc opératoire en lui-même et qui font que les renforcer :

- “L’anesthésiste, y avait une personne à côté d’elle qui la guidait... elle commençaitpeut-être... elle était assez jeune, enfin c’était...”

- “Quand je suis arrivée au bloc, quand j’ai vu tout ça... j’avais pu de souffle àmoi”.

- “L’angoisse d’attendre sur le chariot”

- “Je voyais pas, je voyais rien et ça ça. m’inquiétait”.

- “Le chariot est rentré, alors là, ça allait plus...”

- “Une angoisse due à la solitude”.

- “Ma grande terreur, c’est la salle d’opération”.

- “Ca m’effraie parce qu’on ne sait pas ce qui s’y passe”.

- “Le ballottement du chariot, on est oppressé”.

- ‘<On se demande ce qui va se passer”.

- “J’espère que c’est pas pour moi tout ça”.

- “Voir toutes ces seringues, on se demande...”

Informer.... Humaniser.... Réconforter . . . . 73 !.

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Y

- “Si on savait... quand on sait, quand on reconnaît, on est pas en pays conquis, niaislà...”

En positif :

lkux réflexions sont à noter, toutes les deux identiques :

- “Je connaissais l’anesthésiste”

- “Je l’avais vu la veille”.

9) Informations reçues

Là aussi nul commentaire à faire, les mots parlent d’eux-mêmes :

“Je ne sais pas à quelle heure j’ai été endormie”.

“Je ne sais pas lequel m’a opéré”.

“Je ne sais pas comment ça s’appelle”.

“Je ne sais pas ce qu’on m’a fait”.

“J’ - p ’ d q t’a1 ose es ues ions, je ne sais rien encore”.

“Je pense que c’était”.

“C’était peut-être... je ne sais pas”.

“Je ne sais pas si c’était pour moi”.

“Je n’ai pas compris pourquoi”.

“On sait pas en quoi ça consiste”.

‘Je suppose”.

“Je n’ai jamais bien su ce qu’on me faisait”.

“Il ne m’a pas dit”.

“Qu’on me dise pour quoi c’est faire”.

L.es remarques positives concernent deux domaines :

Celui de l’intervention avec explication du chirurgien :

“Je savais que c’était bénin”.

“Je savais ce que j’allais subir, c’était une petite opération”.

Le cadre même du bloc, gràce d’une part aux émissions télévisées, d’autre part à la. . .famille.

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10) Ce que les malades ressentent

11 est important de préciser qu’aucune appréciation positive n’a été apport& par cettepremière catégorie de population.

Toutes les manifestations se regroupent ainsi :

- reproche, jugement

- résignation

- interrogation

- choc

- amertume.

Nous allons citer quelques réflexions pour imager tout ceci :

a) Reproche :

- “Ils doivent bien savoir, ils devront comprendre quand même”.

- “J’aurais bien aimé voir le chirurgien”.

- “Ils ne s’en rendent pas compte, ils font ça tous les jours mais enfin...”

- “Ca me plaisait pas tellement”.

- “Les entendre parler d’autre chose, c’est dur ça..,”

- ‘<On a l’impression d’être un objet”.

- “J’ai attendu trop longtemps, c’est pas bien”.

- “J’entendais parler, ça m’a pas plus”.

- “On ne sait rien du tout”.

- “Quand on opère quelqu’un on essaie de lui remonter le moral”.

- “Parler ça fait pas de mal quand même”.

b) Résignation

- “Fallait y aller”.

- Ca peut pas être autrement... ça peut pas changer.

- “C’est que ça doit être comme ça”.

- “Quand faut y aller”.

- “A mon âge on est habitué”.

- “11 faut être courageux dans la vie”.

- “J’étais là pour m’exécuter”.

- “Ils ont rien à nous donner, c’est comme ça”.

Informer . . . . Humaniser . . . . Réconforter . . . . 7 5

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c)Interrogation

- ‘(Je pense que c’est l’habitude ici hein ?”

- ‘:Je sais mFme pas si j’ai raconté des histoires... il paraît qu’à un certain moment onpeut ‘parler dans son sommeil, c’est vrai ?”

d) Choc

- “‘Je pensais pas qu’on pouvait parler comme ça dans un bloc”.

- “Ils chahutaient, j’ai été choquée”.

- ‘J’ai été étonnée”.

- “Leur tenue vestimentaire, ça m’a choqué”.

e) Amertume

- “On cotoie des gens sûrs de la vie, sûrs de leur existence et nous on est là...”

Ces différents critères passés en revue, nous allons, après en avoir étudié en partie lecontenu, passer à l’étape suivante qui est leur classement, les uns par rapport aux autres.

76 Recherche

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!) Classement par critères. Population A

n négatif :

Critères énumérés l Nbrede fois,”exprimé

1) Dénomination du personnel de façon anonymeindéfinie

2) Matériel - Locaux : espace indiquant une méconnais-sance des lieux - le flou - perte notion espace

219

1 7 0. ’ .*i

3) Angoisse : anesthésie/intervention/locaux/futur

4) Attente + accuea au bloc : indifférence - froideurlongueur du temps - rencontre d’autres malades endor-dormis - préparation dans le couloir

5) Ce qu’ils en pensent : reproches - mécontentements - jrésignation - incompréhension - choc

6) Transport : indifférence - solitude

7) Ambiance du bloc : bruit - conversation - odeur

8) Information : ce qui traduit un manque d’information

9) Attitude du personnel : froideur - indifférence

10) Tenue du personnel : anonymat

1 1 2

.:. <* if

198,

1 0 3

8 7

55

47

45

2 9

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En positif :

Critères énumérés Nbre de foisexprimé

1) Dénomiuation du personnel : connaissent anesthésistes,chirurgien

2) Informations reçues : essentiellement par voixextérieure : télévision, famille ; un peu par chirurgien

3) Attitude du personnel : essentiéllement lesanesthésistes

4) Matériel - locaux - espace : grâce aux informationsextérieures

5) Attente + accueil : bien ouvert- Transport : ont parlé- Tenue vestimentaire : informations extérieures

6) Angoisse : connaissait déjà

6) Ambiance :Ce qu’ils ressentent : rien de positif-

22

10

8

5

333

2

0

7 8 RechercheL

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D) Souhaits en pré-opératoire de la population A

Après avoir établi le classement, analysons la liste de souhaits formulés par ces mEmespersonnes :

Critères énumérés Nbre de foisexprimé

exprimé

1) Voir un visage connu dans le blocAvoir une présence humaine à ses côtés ; ne pas res-ter. Parler avec l’infirmière du bloc jusqu’à1 ‘endormissement-Contact plus chaleureux. Tenirla main

32

2) Avoir des informations plus précises pré. per.post-opératoire. Etre rassuré (heure de l’intervention,ce qu’on va leur faire - connaître le bloc...)

3) Plus de compréhension lors du transport(conversation - chaleur humaine)

4) Améliorer l’accueil.Ne pas être piqué dans le couloir

5) Ne pas voir le bloc

6) Connaître le bloc avant

7) Ne pas entendre de conversation au bloc

8) Pouvoir distinguer le personnel

24

1 1

9

5

5

3

2

E) Synthèse objective de ces résultats

Toutes ces étapes franchies, il nous reste maintenant à en dresser le bilan :

Tous les critères retenus s’avèrent largement negatifs.

Ils traduisent :

- la méconnaissance de gens et des lieux, leur anonymat et leur indifférence.

Informer . . . . Humaniser . . . . Réconforter . . . . 7 9

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- l’angoisse diffùse, généralisée, accentuée par le manque d’information, la solitudelors du transport, l’attente et la froideur de l’accueil.

- le mécontentement général d’une population déçue, choquée qui aurait souhaitérencontrer compréhension, chaleur humaine, qui aurait voulu savoir et comprendre.

Les remarques positives (aux chiffres extrêmement faibles) sont le plus souvent duesaux apports extérieurs (famille, télévision) ; en ce qui concerne le personnel, on peutnoter que seuls sont connus les chirurgiens et les anesthésistes. Ces derniers étant les seulsà être parfois appréciés.

Les souhaits exprimés par ces personnes sont essentiellement :

- de voir un visage connu, en particulier celui de l’infirmière du bloc.

- avoir un contact plus chaleureux au bloc, quelqu’un ,avec qui parler.

- recevoir des informations précises pour le pré- per- et post-opératoire - être rassuré.

- recevoir plus de compréhension lors du transport.

Ce qui répond, en partie, au mécontentement exprimé par les 10 personnes interro-gées, puisque les reproches majeurs concernent le manque de chaleur humaine, l’indiffé-rence et l’incompréhension du personnel à l’égard de ce qu’ils sont, eux, les malades entant que personnes qui appréhendent ce passage au bloc, dont ils ne connaissent rien etqui leur semble souvent effrayant;

8 0 Recherche

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A) Population B : Tableau 1

Présentation des personnes ayant été interrogées en post-opératoire et ayant eu :entretien avec l’infirmière du bloc + accueil par celle-ci.

l

1 S E X E

H

F

H

H

H

H

H

3ATIONALITE

Française

,Française

Française

Française

Française

Française

Française

Française

Française

Française

IGE

3 5

52

5 9

36

2 1

60

2 7

2 1

42

6 2

Moyenne d’Age : 41,5

PROFESSION :TAT-CIVIL DIAGNOSTIC [NTERVENTION

Peintre en.bâtiment

Sans

Secrétaire

Chauffeurcamion

Agent serviceintérieur CHU

Krecteur serviceinformatique

Charcutier

Agent service

V R P

Retraitécharcutier

Marié

Mariée

Mariée

Célibataire

Célibataire

Marié

Marié

Célibataire

Mariée

Marié

Hommes : 7

Eventration

Varicesjambe droite

Calculsvésiculaires

Eventration

Eventration

Calculsvésiculaires

Varices

Hernie ingui-nale droite

Hernie ingui-nale gauche

Cal&svésiculaires--

Cureéventration

Strippingà droite

Choles-cystectomie

Cureéventration

Cureéventration

Choles-cystectomie

Strippingbilatéral

Curehernie

Curehernie

Choles-cystectomie

Informer . . . . Humaniser . . . . Réconforter . . . . 81

J O U ROP.

2

2

3

3

2

2

2

2

2

2

Femmes : 3

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Critèresretenus

Malades Préparées P”

no 1

no 2

l-l” 3

no 4

no 5

no 6

rIo 7

no 8

no 9

no 10

Nbre de foisexprimé

P” : PositifN” : Négatif

Attentecouloir

+Accueil bloc

9

15

13

12

10

5

10

12

12

98

N"

1

0

0

0

1

0

1

0

1

4

Transport

P

1 0

6

9

13

5

7

6

5

8

10

7 9

N

1

0

0

0

0

1

0

0

0

0

2

Dénominationdu personnel

P N

10 15

7 13

1 0 19

- 8 12

9 12

12 6

9 8

7 1 1

12 7

7 f?

9 1 1 0 9

Tenuevestimentairedu personnel

P

-

30

N

2

0

0

0

0

0

0

0

0

2

8 2 Recherche

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Matériel AmbianceLocaux ConversationEspace Bruit odeur

P

4

10

11

8

9

7

10

6

1 1

6

82

N

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

P

2 2

N

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

Angoisse

P N P

3 3 19

2 1 14

8 3 26

6 1 13

8 1 18

8 4 1 1

1 1 4 26

10 6 1 1

17 2 19

8 2 14

81 27 171

Informationsregues

N

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

Ce qu’ilsen pensentExpression

P

14

15

22

26

31

18

24

20

3 3

2 6

229

N

1

0

0

0

0

0

1

2

0

0

4

Attitudedu

personnelbloc

P

7

17

10

6

5

1 1

7

1

18

6

88

N

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

Informer . . . . Humaniser . . . . Réconforter . . . . a 3

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B) Dépouillement des entretiens par critères. Population B

1) Attente + Accueil au bloc

Nous constatons ici le phénomène totalement inverse de celui de la population. Eneffet, il n’est question que de sollicitude, considération et compréhension de la personnef , accueil personnalisé, d’attente jamais seule, conversation, mise en confiance.?Aseki étant étroitement lié à l’entretien, à la prise de contact de la veille. Les allu-sions négatives se rapportent :

- pour trois fois’ à une attente supérieure à 15 mn (entre 15 et 30 minutes).

- pour une fois au fait d’avoir été endormi directement sur la table d’opération.

Nous citerons ci-après quelques phrases significatives de cet aspect positif :

- “L’infirmière du bloc est venue me dire bonjour”.

- “L’accueil a été très sympathique”.

- “Je l’avais vue la veille, je l’ai revu le lendemain, ça vous réchauffe”.

- “Les personnes vous parlent, c’est différent”.

- “Elle m’a parlé, vous pensez plus à rien”.

- “On a plaisanté, on n’a pas d’appréhension”.

- “Elle m’a demandé comment j’allais, c’était agréable”.

- “L’accueil, très très bien, là on parle avec VOUS".

- “J’ai vu le monsieur opéré avant moi, mais l’infirmière me l’avait dit, elle était à côtéde moi, ça m’a rien fait”.

- “Ca m’a fait du bien de revoir la même personne”.

- “Elle est restée à côté de moi jusqu’à ce qu’on m’endorme... c’est une consolation”.

- “Je suis très satisfaite de l’accueil, c’est un réconfort”.

- “‘J’ai attendu, mais grâce à la préparation de la veille ça c’est très bien passé. Cam’a beaucoup aidée”.

- ‘<Cette jeune fille est venue me mettre en confiance”.

- “Après l’accueil j’avais aucune appréhension”.

- “J’ai ressenti cette chaleur humaine”.

- “J’ai pas attendu, ça c’est très bien passé”.

- LLC’est un peu quelqu’un de connaissance, Fa aide”.

- “J’ai revu l’infirmière du bloc, elle était là, ça m’a rassuré...”

a 4 Recherche

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- “Ca soulage...” ” La revoir, ça fait une protection”.

- “On se sent pas abandonnée”.

2) Le transport

Là encore, profonde modification des résultats en dehors de deux allusions concernantle coté sinistre des couloirs, et leur longueur ; il ne sera question 79 fois que du côtésympathique et avenant du porteur ; là encore, les informations fournies la veille, lesphotos du parcours ont participé à cette amélioration :

- “Le parcours m’avait été présenté, j’avais vu les photos ça c’est très bien passé”.

- “Le porteur a été sympathique, il m’a dit par où on passait”.

- “Il m’a parlé, très sympathique”.

- ‘<Le parcours est passé vite”.

- “J’ai vu arriver le brancardier sans appréhension”.

- “C’est un monsieur charmant, il vous met en confiance”. ’

- “Je l’ai reconnu, je l’avais vu sur les photos”.

- “On me l’avais dit, ça m’a rien fait”.

- “Il m’a rassuré, il m’a parlé”.

- “Xl ma installé sur le chariot”.

- “Les photos, ça m’a aidé”.

3) Dénomination du personnel

Seul critère qui reste négatif, mais avec une différence bien moindre (109 négatifscontre 91 positifs alors que dans la première étude on trouvait 2 19 négatifs contre 22positifs). Là encore score dû aux explications de la veille.

11 est à noter qu’aux termes d’anesthésiste et de professeur viennent s’ajouter ceuxde :

“infirmière de bloc” ” dame responsable du bloc ” “l’infirmière qui s’occupe des in-terventions” “l’infirmière panseuse” “porteur” “brancardier” %rterne” “chirurgien”“garqon de bloc”. 1.

Toutefois les pronoms personnels ou indéfinis restent majoritaires.

4) Attitude du personnel

Pas d’allusion négative. Tout le monde a parlé de réconfort, de compréhension, demise en confiance, d’apport d’informations ou d’explications : “elle m’a parlé” “m’aexpliqué” “m’a répondu” ” très sympathique, elle m’a rassuré” “elle m’a présenté cequ’elle allait faire ” “beaucoup de chaleur humaine” “enfin on existe quand même” “elleest restée avec moi” “elle m’a fait voir...”

Informer . . . . Humaniser . . . . Réconforter.... a 5

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5) Tenue vestimentaire

Comme dans l’analgse précédente, ce critère retient beaucoup moins l’attention desmalades.

Toutefois, à part deux expressions négatives :

- “Ca fait quand même drôle”.

- Voir les gens en bleu c’est pas agréable.

Il reviendra par trente fois que grâce aux photos visionnées la veille, les tenues n’im-pressionnent pratiquement plus :

- LLLes tenues des gens c’est exactement ce que l’on voit; ça m’a pas choqué”.

- “C’est mieux de voir avant”.

- “J’avais vu la veille, ça m’a rien fait”.

- “Elle avait sa blouse bleue, son chapeau, son masque, mais je le savais, elle m’avaitmontré des photos, elle m’avait expliqué”.

- “Les voir en photos, ça m’enlevait toute appréhension”.

6) Locaux - Matériel - Espace

De nouveau, il ressort en examinant les réponses que l’information de la veille apermis d’inverser les résultats avec la première population.

Aucune allusion négative là encore, tous les entretiens contiennent à peu près lesmêmes phrases :

- “Le cadre du bloc je l’avais vu sur les photos, ça m’a rassuré”.

- “Le voir la veille, ça fait moins la trouille”.

- “Les photos ça permet de se resituer, on est familiarisé”.

- “J’ai découvert la même chose, on voit le même cadre”.

- “On s’y trouve mieux, les photos c’est’ très bien”.

- ‘J’ai pas été étonné”.

- “Quand on sait où l’on va, c’est bien”.

De même pour le matériel, le vocabulaire est plus précis : “le scyalitique” “le bard”“la table à instruments” “le scalpel”...

Quand à la notion d’espace, tous se sont resitués au bon étage, tous ont précisé avoirété endormis dans “la, salle où l’on nous prépare avânt” “la salle d’anesthésie”, tous di-sent s’être parfaitement repérés grâce aux photos...

7) Ambiance - Bruit - Odeur

8 6 Recherche

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TA aussi satisfaction unanime : “Tout m’avait été expliqué”. Lors de cette deuxîemesérie d’entretiens, des travaux étaient en cours au bloc ; aucune des personnes n’en a, étéchocluee, tous disent avoir eté prévenus la veille, alors :

- “On ne se pose pas de question”.

Nous avons eu pour ces dix interviews aucune allusion ni au silence, ni à d’éventuellesconversations :

- “L’ambiance c’était très bien”.

- “Les gens sont très sympathiques”.

8) Angoisse

Net changement de réponses là encore.

Si la peur de l’anesthésie et de l’intervention reste la même “on s’inquiète toujours”tle bloc effraie beaucoup moins, la visite de la veille ayant eu comme nous allons le voirun effet réconfortant et apaisant très net :

- “L’aspect lénifiant de la visite la veille”.

- “On est familiarisé avec les personnes, le cadre, après la visite, on est rasséréné”.

- “Ça a été une mise en confiance”.

- “J’étais rassuré, j’avais affaire à des gens qui connaissent leur métier”.

- “Y’a quelqu’un avec vous, ça réconforte”.

- “Ça rassure, on sait”.

- LLÇa vous réchauffe”.

- “Ça réconforte” C’est une consolation, un soulagement de l’avoir vue.

- “Grâce à la visite de l’infirmière panseuse j’avais plus aucune angoisse”.

- “On y va plus confiant”.

- “On part pas tout seul, on sait qu’il y a quelqu’un avec vous”.

- “Savoir qu’on va la revoir, ça soulage, on panique moins”.

Il est revenu tout de même par deux fois que :

- “Voir les instruments ça fait un peu la trouille”.

- “Le bloc, ça m’effraie”

9)Informations reçues

Comme nous l’avons constaté tout au long de cette deuxième série d’entretiens, lesinformations ont joué un rôle primordial sur le moral des personnes soignées, et toutautant et mème un peu plus, le simple aspect purement relationnel de la visite de laveille.

Informer . . . . Humaniser -. Réconforter.... 871

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Les dix personnes interrogées sont Sécurisées par cette forme de préparation, aucunaspect négatif n’est signalé, toutes disent avoir été parfaitement renseignées. Toutes in-sistent sur le climat de confiance qui en a découlé. (On peut s’étonner d’ailleurs d’un telcomportëment ! )

- “S’expliquer sur leur activité, j’y vois là un aspect de compétence, de sérieux, dequalité professionnelle et humaine très grand”.

- “J’étais prêt”.

- “J’ai posé des questions, on m’a très bien répondu”

- “Qu’on prépare les gens comme ça, c’est bien”.

- “Elle m’avait tout expliqué au départ jusqu’à l’endormissement”.

- “La visite la veille de l’infirmière de bloc, j’ai beaucoup apprécié”.

- “‘J’ai eu toutes les informations même plus”.

- “Les photos, ça permet de se resituer”.

- “La préparation de la veille, ça m’a énormément aidé, ça donne du réconfort”.

- “On part pas tout seul”.

- “Les photos, c’est un réconfort”.

- “On sait où on en est, on est rassuré pour le lendemain”.

- “Lorsqu’on est averti, y a pas de surprise”.

- “Ca m’a donné le moral, ça sécurise”.

10) cc qu’ils en palsmt

De tels propos ne peuvent que nous convaincre de la satisfaction générale, satisfactionpartagée entre :

- le plaisir et le réconfort apportés uniquement par le côté purement relationnel dela visite :

- “Le plus agréable c’est de dialoguer avec la demoiselle, C’est elle qui nous met enconfiance, le reste c’est fade”.

- la sécurité grâce à des informations précises et adaptées aux attentes de chacun :

- “Ca sécurise quand on sait”

- la certitude de revoir la même personne le lendemain :

- “Ca met en confiance de savoir qu’il y a quelqu’un avec nous”.

- “C’est un peu quelqu’un de connaissance”.

Parmi les mots qui reviennent de façon constante :

- r a s s u r é - confiance - je savais - satisfait - réconfortant - rasséréné - chaleur humaine- c’est très bien - cordial - redonne le moral - j’avais les informations que je voulais.

88 Recherche

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La liste pourrait être encore bien longue, nous nous proposons d’achever cette analysepar quelques dernières appréciations :

- “On venait au devant de moi”.

- LLOn n’est pas qu’un malade, on existe quand même”.

- “L’infirmière de bloc vraiment on sentait un chaleur humaine”.

- T’est rare de trouver une personne qui vienne à vous”.

Néanmoins, ce dernier point ne serait pas complet si nous ne précisions pas que nousretrouvons par 4 fois des signes de résignation :

‘&Faut y aller” et même une fois de mécontentement due à l’attente avant de monterau bloc.

classement par critères. Population B

Classement par critères Nbre de foisexprimé

1) Dénomination du pwsonuel : emploi encore de pronomimpersonnel et indéfini : on - il -. elle

2) Angoisse : anesthésiste - attente - peur douleur

3) Attemte encore pour certainsCe qu’ils ressentent : résignation à l’intervention

4) Transport : couloirs, plafonds qui tournentTenue bloc : ça fait drôle

5) Lo~uxAmbianceIdolmlation Aucun problèmeAttitude personnel

109

27

44

22

0

Informer . . . . Humaniser . . . . Réconforter . . . . 8 9

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En positif :

Classement par critères Nbre de foisexprimé

1) Ce qu’ils ressentent : Satisfaction - visite -aide - mise en confiance - rassuré...

2) Informations reçues : Tout ce qu’ils souhaitentsavoir -t réponses à leur question

3) Attente + Accueil : Revoir l’infirmière du bloc -parler - mise en confiance - quelqu’un pour s’occuperde vous

4) Dénomiuation du personnel : Notion d’infirmière debloc, de porteur, brancardier

5) Attitude des gens du bloc : Explication - chaleurhumaine - conversation - intérét

6) Locaux - Matériel - Espace : se resituer grâceexplications + photos

7) Angoisse : Réconfort - rassuré - confiant - moral -aide - quelqu’un avec soi

8) Transport : Porteur sympathique - trajet déjàvisionné la veille

9) Tenue vestimentaire : Satisfaction de les avoirvus la veille sur les photos

10) Ambiance : Là encore bienfait des explicationsde la veille

229

171

98

9 1

8 8

8 2

8 1

7 9

3 0

2 2

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Ce qui a plu pour la population B

Classement par critères Nbre de foisexprimé

1) Visite la veille de l’infirmière au bloc :.on vient au devant de vous.ça met en confiance.on se ne sent pas seul, abandonné.elle se présente.ça donne le moral

3 6

2) Recevoir des informations la veille :.réponses à nos questions.avoir toutes les informations sur le pré. per. et past-opératoire.SAVOIR où l’on va.ça rassure.démystifier tout ce qui peut étre source d’émotion

3 4

3) Revoir la même infirmière le lendemain au bloc :.avec quelqu’un avec soi, ça protège.qui parle.qui soit là jusqu’à ce que l’on soit endormi.étre accueilli par quelqu’un qui s’occupe de vous.on est confiant .

4) Etre considéré comme une persoxme :

5) Le porteur a parlé

2 4

3

2

Informer . . . . Humaniser . . . . Réconforter . . . . 9 1

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E) Synthèse objective de ces résultats

Nous allons comme pour la première étude reprendre les points principaux qui res-sortent de ces résultats.

1) En dehors du critère dénomination du personnel, tous les autres items donnent deschiffres pratiquement à 100 % positifs. Et en particulier en ce qui concerne les infor-mations reçues, l’accueil au bloc, l’expression des personnes. soignées.

2) Tous ces résultats traduisent les’ satisfactions d’avoir bénéficié de cette préparationpré-opératoire. Plaisir également réparti entre :

* l’aspect purement relationnel de cette visite, la seule présence de l’infirmièrepanseuse étant considérée pour la majorité de cette population comme le signe de leurreconnaissance en tant que personne, comme une aide morale, une mise en confiance,un réconfort (ce qui pour tous s’est traduit par une diminution notable de l’anxiété pré-opératoire).

- le côté informatif de l’entretien, qui par des réponses adaptées aux besoins, et savolonté de démystifier choses et personnel du bloc (en particulier grâce aux photos), apermis de se resituer dans un monde plus tout à fait inconnu, où locaux, tenues, am-biance ne sont plus source d’angoisse, de sécuriser, de rassurer, d’humaniser.

3) De même, l’accueil au bloc dans toutes les dimensions humaine qu’il sous-entend,par la même infirmière que la veille très largement appréciée, est perçu comme étantsource de protection, de confiance, de réconfort.

Ces trois premiers points largement en tête ne sauraient nous faire oublier que letransport lui aussi amélioré participe aux expressions de satisfaction.

Parmi les points négatifs, soulignons surtout la large prédominance de l’item consacréà la dénomination du personnel. Malgré....un net redressement dû à l’emploi de termesprécis et justes, trop souvent encore ce dernier reste désigné par des pronoms indéfinis.

De méme l’angoisse est toujours présente mais dans les deux secteurs pour lesquellesnous avions précisé dans notre cadre conceptuel ne pas pouvoir réellement lutter.

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2) L’analyse comparative de ces résultats et notre iuterprétation person-ne l l e

Pour cette démarche, nous reprenons chacun des critères convenus :

POPULATION A POPULATION B

Attente Attente+ +

Accueil Accueil

P N P N

3 108 98 4

2,7 % 97,3 % 96 % 4 %

Popnlation A :

Confirmant largement notre problématique, les résultats obtenus pour ce premiercritère montrent bien la solitude du malade qui, après avoir subi le plus souvent uneattente fort longue, est introduit, afin d’y être endormi, dans une pièce anonyme, sansaccueil (au sens que nous lui attribuons), par un personnel pressé et indifférent. Ce quin’est pas sans aggraver son angoisse puisque rien n’est fait pour dédramatiser cette si-tuation, aucune communication n’étant créée.

PoptdationB :

Reprenant les éléments majeurs cités dans notre cadre conceptuel sur l’homme, surl’accueil, nous avons adopté une ligne de conduite visant à rétablir “l’accueil” commenous l’entendons, avec toutes ses dimensions en insistant sur la prise en considération dumalade en tant qu’homme, sur la communication, l’importance de la parole dite etécoutée, le toucher. La personne soignée déjà mise en confiance par la visite de l’infir-mière panseuse, dit s’être sentie encouragée, aidée par l’accueil sympathique et rassurant,ce qui se traduit par l’inversion des résultats.

Informer . . . . Humaniser . . . . Réconforter . . . . 93

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POPULATIOX A POPULATION R

Transport Transport

P N P N

3 8 7 7 9 2

3,3 % 96,7 % 97,5 % 2,5 %

Population A :

Là encore le malade se sent seul, brusqué, choqué par l’indifférence, voire la désin-volture, du porteur.

Population B :

L’action de sensibilisation menée auprès des garçons de bloc, au mois de décembre,visant à leur faire prendre conscience de l’anxiété des malades qu’ils transportent, et delà à mettre en évidence l’importance d’un comportement compréhensif et avenant à leurégard, a porté ses fruits, puisque là encore le rapport des chiffres est pratiquement l’in-verse de’nos premières constatations ; action complétée il est vrai par la présentation, laveille, de photos les représentant dans leur fonction, et par la vision du parcours à fairele lendemain afin de monter au bloc.

P N P N

Ce critère bien que restant négatif dans les deux cas nous permet toutefois deconstater que :

Population A :

Le rapport entre expressions positives et négatives penche très fortement de ce derniercôté. Reprenant nos convictions profondes de départ pour cette recherche, les termes qui

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reviennent démontrent l’anonymat du personnel, le qualifiant mêmed’inconnus”.

“d’étrangers ou

Population B :

Ce rapport est bien différent puisque nous nous trouvons pratiquement à égalité entreles deux points (45,5 % de réponses positives pour 543 % de réponses négatives). Cettenette remontée des expressions positives, sur une population pourtant identique à lapremière, prouve bien l’utilité des informations fournies la veille et permet au maladede se situer beaucoup mieux parmi le personnel du bloc pour qui il peut désormaismettre, sinon un nom, du moins la fonction, ce qui lui permet de savoir à qui il s’adresse,qui s’occupe de lui, participant comme nous l’avions mentionné dans notre cadreconceptuel à diminuer l’angoisse due à la méconnaissance des gens.

Nous émettions effectivement dans notre recherche sur l’humanisation la nécessité defournir aux gens un “référent” humain, un visage connu et qui retrouvé dans des cir-constances angoissantes deviendra celui qui réconforte, qui rassure.

POPULATION A

Attitudedu personnel

P N

a 45

15 % a5 %

POPULATION B

Attitudedu personnel

P N

88 0

100 %

Population A :

L’on ne peut que constater que la grande majorité des réponses expriment le mé-contentement des personnes qui sont restées livrées à leur solitude et à leur angoisse faceà un personnel froid, indifférent, pressé (répondant parfaitement à nos observations).

Population B :

Revirement total, il n’est question désormais que de sollicitude d’un personnel sym-pathique, entraînant par là même confiance, réconfort, tranquillité (au sens indiqué dansnotre cadre conceptuel).

Là encore ce comportement totalement différent du personnel correspond & notreaction de sensibilisation, calquée sur notre conception de l’humanisation. L’adhésion etla coopération des infirmières panseuses à notre projet nous permet de prouver qu’unetelle attitude contribue à aménager la sérénité de la personne soignée, qui se dit“rassuree” par cette chaleur humaine.

Informer . . . . Humaniser . . . . Réconforter . . . . 95

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POPULATION A POPULATION B

Tenuevestimentaire

Tenuevestimentaire

Population A :

Les grands reproches exprimés vis-à-vis de cette tenue sont, comme nous l’avionsmentionné au début de notre travail, l’anonymat qu’elle représente et son côté impres-sionnant.

Population B :

L’on constate encore l’inversion des réponses, due uniquement comme nous l’avonsindiqué au fait d’avoir pu mémoriser cette tenue grâce aux photos et aux explicationscomplémentaires fournies par l’infirmière panseuse. D’où le rôle majeur de l’informationpré-opératoire dans ce domaine puisque à chaque fois les personnes interviewées insis-teront sur l’aspect lénifiant de cette préparation.

POPULATION A

MatérielLocaux - Espace

P N

5 1 7 0

2,9 % 97,l %

POPULATION B

MatérielLocaux - Espace

P N

8 2 0

100 %

Population A :

Les malades incapables de se repérer dans ce monde inconnu, comme nous l’avionsremarqué dans notre problématique, nous fournissent la preuve de leur ignorance, deleur égarement dans un espace qu’ils ne peuvent défmir. Or nous précisons dans notrecadre conceptuel le besoin pour chaque individu de t,rouver sa “bulle de sécurité” au-delàde laquelle l’anxiété commence,.. Comment transplanté brusquement dans cet universinconnu le malade pourrait-il échapper à une nouvelle source d’inquiétude ?

96 Recherche

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Population B :

Les résultats sont à l-00 % satisfaisants, que s’est-il donc passé ? Essayant de comblerau mieux tous les facteurs d’anxiété, notre action dans ce domaine des locaux a été deprésenter la réalité, de démystifier toutes les images transmises par les mass media, ouforgées dans l’imagination. Reprenant pour cela notre conception de l’humanisation nousavons cherché à offrir à la personne soignée les points de repère qui lui sont indispensa-bles pour la bonne appréhension de cet univers. Pour cela la visite pré-opératoire del’infirmière panseuse, expliquant et présentant les quelques photos permettant au maladede se resituer le lendemain, a été réellement efficace puisque toutes le personnes interro-gées précisent ne pas avoir été étonnées le lendemain puisqu’elles connaissaient.

POPULATION A POPULATION B

AmbianceBruit - Odeur

AmbianceBruit - Odeur

P N. P N

0 55 22 0

100 % 1 0 0 %

Population A :

Pas réellement étudié dans notre problématique, cet item nous amène à prendreconscience de l’importance, aux yeux des malades, de ce qui peut nous paraître commedes “petites choses”. Ainsi les conversations surtout, les bruits et même les odeurs sonttrès mal perçus par les personnes soignées qui le manifestent clairement dans leurs ex-pressions.

Population B :

Très liée au critère précédent notre action là encore a consisté à fournir toutes lesinformations nécessaires la veille de l’opération (prévenir de travaux, parler de l’odeur...),mais aussi à prendre certaines mesures d’amélioration sur place en particulier pour lebruit. Les résultats obtenus après l’application de ces quelques règles répondant à notrevolonté d’humaniser le bloc opératoire, nous incitent à poursuivre notre effort dans cesens.

Informer . . . . Humaniser . . . . Réconforter . . . .

$ ‘/,--&/ -

97

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I POPULATION AI

POPULATION B

c.Population A :

Au cœur même du problème ce phénomène d’angoisse que nous avons longuementexplicité dans les deux premières parties de notre travail, se retrouve présent prati-quement à 100 % dans cette première population. Livrée à ses fantasmes, à sa solitude,à son manque d’information comme nous l’avons vu, comment ne se manifesterait-ellepas puisque nous savons que ‘rl’inconnu est source d’angoisse” ? Il faut constater que endehors de l’angoisse “normale” devant l’acte chirurgical et l’anesthésie qui l’accompagneune grand partie de l’anxiété est due à l’ignorance plus générale des locaux du bloc, àla méconnaissance du personnel, à la froideur de ce dernier, au manque de communica-tion , à l’attente.

Population B :

Comme l’indique le choix même de notre hypothèse de recherche notre préoccupationmajeure a été de s’appliquer à trouver des moyens de lutte contre cette anxiété. Pourcela, la mise en application de nos conceptions sur l’humanisation du bloc nous a permisd’assurer un peu de quiétude aux personnes soignées devant monter se faire opérer.

Quiétude, tranquillité, confiance qui se retrouvent dans ces résultats obtenus puisquelà 75 % des réponses sont positives, c’est-à-dire que si l’angoisse n’est pas totalementvaincue, les précautions prises nous ont permis de bien le diminuer grâce à la commu-nication, la relation, I’information.

POPULATION A

Information

P I N

1 0 I 47

17,5 % 1 82,5 % 4POPULATION B

I

Information

P N=H171 0

100 %

9 8 Recherche

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Population A :

Reprenant un des thèmes de notre problématique qui consistait à déplorer le manquequasi général d’information et son influence déplorable sur l’état d’anxiété du malade,nous constatons à travers ces chiffres et non ceux qui les ont précédés le bien fondé denotre réflexion. Bien que les autres critères nous y est préparée il est étonnant de constaterque près de 83 % de remarques sur ce sujet se résument par ces quelques mots “je ne saispas”. L’angoisse étant étroitement dépendante de l’information, ces résultats viennentappuyer les précédents et nous permettent de mieux les comprendre.. Comment s’étonnerque cette population ne se resitue pas dans les locaux, ni dans l’ambiance, ne connaissepas le personnel... puisque visiblement l’information ne passe pas...

Population B : Point fort de cette action, notre politique d’information centrée surles besoins de la personne soignée, dans le but de dédramatiser son passage au bloc, achoisi d’opérer de deux façons (comme nous l’avions précisé lors du concept d’humani-sation) :

1) par une approche reltitionnelle ; répondre aux attentes de chacun, en leur per-mettant de s’exprimer, selon nos conceptions sur la communication et l’entretien.

2) par une dimension plus “éducative” ; informer de façon précise le malade, avecson accord sur les grands points susceptibles de le désorienter et de l’inquiéter.

Les résultats alors obtenus sont de plus en plus satisfaisants puisque aucun des mem-bres de cette population ne s’est trouvé en difficulté de ce côté-là. Et même, comme nousl’espérions, cette préparation a permis à chacun d’affronter son ‘épreuve, en touteconnaissance de cause, d’être enfin pris en compte comme une personne à part entièreayant ledroit de participer à ses soins, de se sentir entouré, compris et par cette mise enconfiance, de partir au. bloc plus rassuré, réconforté.

I POPULATION A IPOPULATION B

I

Ce qu’ilsressentent

Ce qu’ilsressentent

t P t N t P t N t

t 0 I 103 .I 229 1 4 1

I 1 100 % 1 98,3 % 1 1,7 % 1

Population A :

Les résultats obtenus confirment tout à fait tout ce que nous avons pu constater aucours de cette étude. Un population déçue, livrée à sa solitude, sans information oupresque, accueillie avec indifférence, n’ayant rencontré pratiquemment jamais de com-préhension ou de chaleur humaine, méconnaissant le plus souvent les locaux qui gardentalors leur image mythique, affrontant ce monde mystérieux avec anxiété due à l’igno-rance et aux rumeurs populaires, ces personnes-là ne pouvaient que manifester leur dés-approbation face à ce système impersonnel, impalpable, imprécis. Reproche, choc,amertume seront les seules réponses obtenues lors de cette première étude traduisant bien

Informer . . . . Humaniser . . . . Réconfoftu-.. 99,

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l’état d’anxiété qu’elles ont dù affronter seules (ce que nous pensions dès le début de cetterecherche).

Population B :

Les résultats obtenus à ce niveau sont également très significatifs. Ici il n’est plusquestion que de satisfactions, plaisirs liés à la préparation pré-opératoire dont ils ontbénéficié. L’aspect relationnel de cette visite, son côté plu informatif, l’aspect rassurantde l’accueil au bloc le lendemain, l’amélioration des conditions de transport, la connais-sance des gens et des locaux et peut-être surtout le fait d’être enfin reconnu en tant quepersonne et non plus en tant que simple malade, tout ceci a participé au réconfort de lapersonne soignée et à son approche plus sereine du bloc opératoire.

3) Validité de notre hypothèse

Notre analyse comparative, appuyée fortement, en premier lieu par la nature dessouhaits exprimés par la population A et en second lieu par la satisfaction de la popu-lation B face à cette préparation pré-opératoire, clairement affirmée par la liste de ce quileur a plu, nous permet de confirmer la justesse de notre hypothèse.

En effet, tous les critères analysés concernant la population B prouvent que toutenotre action en matière d’humanisation du bloc opératoire, centrée sur l’entretien pré-opératoire entre l’infirmière panseuse et le malade réalisant ainsi une réelle communica-tion et une information personnalisée, a permis de réduire l’anxiété de ce dernier au coursde la période examinée.

Ajoutons que l’amélioration de l’accueil au bloc (facteur de réconfort et de confiance)non prévu dans l’énoncé de notre hypothèse, nous incite à l’y inclure.

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V - PROPOSITIONS

Nous souhaiterions parvenir à l’adoption d’une nouvelle conception du soin infirmieren bloc opératoire, qui ne soit plus essentiellement limitée aux aspects techniques maisqui comporte une dimension relationnelle dont l’effet sera d’atténuer l’anxiété du maladeà l’approche de l’acte opératoire.

Pour modifier les comportements il appartient à la surveillante responsable de l’ani-mation d’une équipe.

1) de provoquer périodiquement des réunions auxquelles seront conviées en fonctionde leur disponibilité les infirmières panseuses pour qu’elles prennent le temps :

- de s’interroger sur la manière dont elles exercent actuellement leur fonction, les rai-sons qui leur dictent cette conduite ;

- de réfléchir sur leur propre conception du soin infirmier, ce que représente pour ellele malade : un homme ou un objet de soins.

On pourra porter à leur connaissance les résultats de nos travaux pour qu’elles puis-sent prendre conscience :

- de ce que peut apporter à la personne soignée l’adoption d’une autre conception desoin.

- qu’il est possible dans la pratique de concilier la technicité de l’infirmière de bloc,et une approche relationnelle.

- et qu’elles ont un rôle à jouer dans l’information de la personne future opérée, rôlequi pourrait être source pour elles d’em-ichissement et donc de valorisation de leurfonction.

2) de leur donner les moyens par le biais par exemple de la formation permanente,d‘accéder à cette dimension relationnelle en les incitant à participer à des sessions cen-trées sur la communication, la relation à autrui, les techniques d’entretien, les relationssoignant-soigné. On veillera également à les sensibiliser au dossier de soins qui, récem-ment introduit dans les services, oriente dans ce sens en considérant l’homme dans saglobalité.

3) de veiller compte tenu de ces nouvelles orientations à modifier l’organisation deleur travail, ce qui n’entraîne pas pour autant une vatiation d’effectif pour leur dégagerle temps nécessaire :

- à un contact pré-opératoire de qualité avec le malade,

- à une assistance ininterrompue depuis l’accueil de la personne au bloc opératoirejusqu’à son retour dans sa chambre, ce qui répondrait aux vœux exprimés par lesmalades.

Informer . . . . Humaniser . . . . Réconforter . . . . 101

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4) d’organiser, l’infirmière de bloc descendant dans les services voir les personnessoignees, des échanges unité-bloc opératoire afin de créer un climat de coopération dansl’intérêt du malade. Le dossier de soins également rempli par les infirmières panseusespeut être un des facteurs favorables à ce-rapprochement.

5) de prendre quelques dispositions visant à diminuer certaines nuisances préjudi-ciables à la quiétude du malade : (ainsi pour le bruit : éviter les rires, le conversationsqui pourraient être mal interprétées, installer des interphones; pour l’attente : n’amenerle malade qu’au dernier moment).

Outre ces mesures que nous proposons sur le terrain du bloc opératoire, nous pensonsqu’à un niveau plus général les programmes de formation, dispensés aux futures infir-mières et aux infirmières élèves panseuses, devraient davantage insister sur la relationsoignant-soigné (et en particulier le futur opéré).

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VI - CONCLUSION

Si en raison de son caractère trop partiel les résultats de cette recherche ne peuventêtre généralisés parce qu’effectuée sur un échantillonnage de population très restreint,nous avons été cependant étonnée des résultats obtenus suite à la visite pré-opératoireque nous avons préconisée.

Cette démarche nous a permis de vérifier par une expénmentation même très limitéecette conviction personnelle que nous exposions au début de cette note.

Cette réflexion sur le concept santé, sur la relation homme-soin nous a confortée entant que futur cadre dans l’idée que l’infirmière panseuse doit d’abord et avant tout êtreune “infirmière” ayant reçu en dehors de ses connaissances purement techniques uneformation appropriée sur l’homme dans sa globalité qu’il serait d’ailleurs indispensablede développer pour la mise en œuvre’de la nouvelle conception de soins.

Elle nous a laissé entrevoir que la surveillante, agent de changement en tant queformateur, a donc un rôle à jouer pour faire évoluer les comportements, en sensibilisantet responsabilisant son équipe sur la nécessité d’améliorer, en fonction de cette nouvelleorientation, la qualité des soins qui au niveau du bloc opératoire serait l’humanisation,la dédramatisation du séjour de la personne en ce lieu (d’où l’importance de la relationsoignant-soigné), et en tant qu’éducatrice elle doit permettre à l’individu d’être respon-sable de sa propre santé grâce à une information personnalisée qui est à la fois un droitet un besoin pour lui.

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ANNEXES

ANNEXE 1 : GUIDE D’ENTRETIEN

ANNEXE 2 : PROTOCOLE DE VISITE PRE-OPERATOIRE

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ANNXXE 1

GUIDE D’ENTRETIEN

Après nous être présentée nous posions cette question :

Vous souvenez-vous de votre passage au blsc ? Pourriez-vous nous dire commentvous l’avez ressenti à partir du matin de votre intervention jusqu’au moment où l’on vousa endormi ?

En fonction de la teneur de ces entretiens, nous étions amenés à en modifier ou nonl’orientation dans les cinq dernières, minutes afin de les adapter au mieux à notre grillede dépouillement. Nous pouvions alors demander :

Comment s’est déroulée votre arrivée au bloc ? *

Qui vous a accueilli ?

Avez-vous attendu ?

Vous souvenez-vous de votre transport ? Pourriez-vous nous en parler ?

Avez-vous déjà vu des locaux de bloc opératoire ? Comment étaient-ils ?

Avez-vous vu des membres du personnel là-haut ?

Quelle impression avez-vous ressentie, ?

Pouvez-vous nous dire ce qui vous a plu, gêné, choqué, ou tout simplement ce quevous auriez voulu que l’on vous explique ?

Que pensez-vous de ce passage ?

Auriez-vous des souhaits, des propositions à faire ?

Informer . . . . Humaniser . . . . Réconforter . . . . 105

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ANNEXE 2

PRQTOCOLE DE VISITE PRE-OPERATOIRE ENTRE L’INFIRMIEREPANSEUSE ET LA PERSONNE SOIGNEE

Précisons tout d’abord que toutes les équipes des unités de soins sont au courantde cette démarche.

O B J E C T I F

- Diminuer l’anxiété du malade qui va se faire opérer en humanisant son passage aubloc et en démystifiant le cadre du bloc opératoire.

MOYENS

- Visite, la veille de l’intervention du patient, de l’infirmière panseuse qui assisteraà son opération le lendemain.

Elle consistera en un entretien libre dont le but sera d’assurer une commnucationpersonnalisée, de répondre aux besoins du malade, de lui fournir toutes les informationsnécessaires pour le sécuriser.

- Accueil au bloc le lendem~n de ce malade par la même infirmière panseuse.

A savoir :

- Les noms des personnes soignées entrant dans le cadre de cette recherche auront étépréalablement cochés par nous-mêmes sur le programme opératoire.

- Il vous restera à vérifier leur âge (entre 20 et 60 ans), et en fonction de vos dispo-nibilités à choisir trois personnes par semaine dont vous vous répartirez les entretienspré-opératoires.

- Il sera nécessaire avant de commencer votre entretien de vous présenter à l’infirmièrede l’unité concernée afin de savoir entre autre à quel degré de préparation en est lemalade ; de plus il pourra être utile de consulter son dossier de soins.

1 - L’entretien libre la veille de l’intervention

- Se présenter comme étant l’infirmière panseuse qui assistera à l’intervention, l’ap-peler par son nom (si possible serrer la main : contact plus chaleureux).

- Demander l’autorisation de la personne pour cet entretien.

- Choisir un temps libre de toute intervention extérieure (visites, soins...).

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- I>‘entretien aura une durée minimale de 15 minutes.

- Il s’agira pour une fois d’une adaptation de l’infirmière panseuse aux besoins duclient. Savoir accepter ses normes, ses demandes, savoir y répondre.

1) Resituer la personne dans son cadre de vie,ccrepersonnaliser”, la ‘isocialiser”.

extérieur à l’hôpital - en fait la

2) Expliquer en quoi consiste la profession d’infirmière panseuse.

3) Voir ce que le client sait de sa maladie, de son intervention, ce qu’il craint et luiapporter toutes précisions utiles.

4) Voir ce qu’il connaît de la préparation pré-opératoire par une question trèsgénérale, par ex : vous posez-vous des questions concernant votre préparation pré-opératoire ? puis compléter ses connaissances s’il le demande.

- b a i n

- rasage

- prémédication une heure avant l’intervention

- jour et heure intervention

- visite du chirurgien et de l’anesthésiste

- qu’il sera à jeun depuis la veille au soir (ni boire, ni manger).

- ne pas fumer

- ôter ses bijoux, lunettes, prothèse dentaire

- qu’il devra uriner avant de partir

- qu’il revêtira une “blouse de bloc”

- qu’il sera endormi en salle d’anesthésie (perfusion, appareil T.A., E.C.G.).

- qu’il sera réveillé en salle de réveil

- vérification de ce qu’il aura retenu.

5) Pour le postspératoike immédiat (même genre de question, répondre à. la de-mande).

- qu’il risque d’avoir la gorge un peu irritée (intubation).

- qu’il aura un peu mal à sa cicatrice ou au dos ; en cas de besoin, calmant

- qu’une infirmière le surveillera très souvent dès son retour dans sa chambre : T.A.,pulsations réveil

- qu’il sera peut-être perfusé

- qu’il y aura ou non dans sa chambre un nécessaire à aspiration, un manomètre à0 2

- qu’il aura la bouche sèche (peut boire 3 heures après).

- qu’il aura peut-être des drains (vésicule).

Informer . . . . Humaniser . . . . Réconforter . . . .

* ‘l/--&- - 107

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--

- qu’il aura peut-être une sonde gastiique

- qu’il devra avertir l’infirmière en cas de douleur au niveau perfusion

- qu’il devra se lever tôt (position jambes si stripping, temps de bandage).

6) Savoir ce qu’il connaît du bloc opératoire. A-t-il déjà été opéré ? Quelle idée s’enfait -il ? A-t-il des appréhensions plus particulières sur le cadre même du bloc, le per-sonnel ?

Avec son accord lui proposer de nous expliquer le périple qu’il va suivre le lendemain* photos à l’appui (lui expliquer avant de les montrer que ces photos ne sont pas ef-frayantes et peuvent le rassurer - un cadre déjà vu angoisse beaucoup moins) ce qui éviteles fantasmes dangereux sur ce que l’on ne connaît pas.

Insister sur le transport (temps &e trajet), les locaux et lk matériel du bloc qu’il pourravoir, la salle d’anesthésie, le personnkl (démystifier la tenue, expliquer pourquoi bonnet,masque, veste, etc...) pourquoi le chariot.

Répondre à ce moment-là à ses demandes précises. Le laisser parler éventuellementde son angoisse, savoir l’écouter, le comprendre, respecter des temps de pause et de si-lence. Pour l’inquiétude concernant l’anesthésie, l’écouter et lui souligner que l’anesthé-siste qui l’endormira le lendemain viendra le voir avant.

II - Le lendemain matin

1) S’arranger pour faire prendre le malade de façon à ce qu’il n’attende pas dans lecouloir avant d’entrer au bloc. Eviter qu’il ne croise le malade précédent encore endormi.

2) Prévenir le garçon de bloc, lui demander d’être plus particulièrement aimable,doux, humain et de parler au patient tout au long du trajet si possible ou tout sim-plement d’écouter si ce dernier lui parle (lui rappeler l’angoisse qui étreint le maladelorsqu’il monte au bloc) et solliciter sa compréhension.

3) Dès que le malade arrive au bloc, aller l’accueillir en personne, l’appeler par sonnom, lui serrer la main, se présenter comme étant l’infirmière qu’il a vue la veille (baisserle masque pour lui parler). Rester avec lui jusqu’à son anesthésie, ltii expliquer ce qu’onva lui faire, lui parler jusqu’à l’endormissement, lui tenir la main si possible. Le rassurer,lui dire que tout va bien se passer, trouver normal qu’il soit angoissé, lui dire que l’oncomprend.

Pendant ce temps, si possible pas de bruit extérieur (rires, conversation...).

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BIBLIOGIUPHtE

1) TEXTES LEGISLATIFS ET REGLEMENTAIRES CITES

- Programmes d’études préparatoires au diplôme d’Etat d’infirmier et d’infirmière.Arrêté du 12 Avril 1979.

- Programme des études d’infirmière de salle d’opération (extrait de “La professiond’infirmière en France”).Décret du 21 Mai 1971.

- Circulaire du 18 Décembre 1970 relative à l’humanisation des hôpitaux.

- Circulaire du 20 septembre 1974 relative à la Charte du malade hospitalisé.

- Décret du 12 Mai 198 1 relatif à l’exercice de la profession d’infirmier.

- Charte du malade usager de l’hôpital adoptée par le Comité hospitalier de laCommunauté Economique Européenne le 9 Mai 1979.Revue hospitalière Juin -Juillet 1980.

2) OUVRAGES

Josette BOURGON :

“L’information du malade à l’hôpital”.Ed. : Le Centurion.

Marie-Françoise COLLIERE :

“Promouvoir la vie”. Collection :Inter-éditions.

Olivier COTINAUD :

cLE1éments de psychologie pour l’infirmier”.Ed. : Le Centurion.

B.W. DU GAS :

LLIntroduction aux soins infirmiers”.Ed. : HRW.

Edward T. HALL :

Informer . . . . Humaniser . . . . Réconforter . . . . 109

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“La dimension cachée”.Ed. : Points..

Ashley MONTAGU :

“La peau et le toucher”.Ed. : Seuil.

Roger MUCCHIELLI :

“L’entretien de face à face dans la relation d’aide”.Ed. : ESF. .-

Hans SELYE :

“Le stress et la vie”. .Ed. : Gallimard / Lacombe.

3) ARTICLES

Anita PESQUEUX-BRIDA :

LLLe manque de communication entre les infirmières du bloc opératoire etles infirmières des services chirurgicaux”.Inter bloc no 4 = Novembre 1982.

M . J . MONTEIL :

“L’angoisse pré-opératoire”.Inter bloc no 9 - Novembre 1981.

L.M. LOZZARIN :

“Réflexion sur la place et la formation de l’infirmière au bloc opératoire”.Gestions hospitalières no 114 - Mars 1972.

G. ALIX :

‘LLes problèmes psychologiques et humanitaires du malade dans l’hôpitalde demain”.Gestions hospitalières no 160 - Novembre 1976.

J . T R E S C H E R :

“Quelques réflexions à propos de l’humanisation des hôpitaux”.Gestions hospitalières no 153 - Février 1977.

Serge KARSENTY :

“Humaniser l’hôpital”.Gestions hospitalières no 167 -Juin-Juillet 1977.

A. MONTESINOS :

“L’évolution des soins infirmiers”.

Recherche

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Gestions hospitalières no 212’- Janvier 1982.

J.Pw DUNAND :

“Le temps de parole dans les soins hospitaliers”.Soins T25 no 22 - Novembre 1980.

A . A R R I C A S T R E S / d’ABEICLE :

“Nanterre 1980 - Deux Théories”.Techniques hospitalières - Août-Septembre 1976.

H. GREGOIRE :

“L’humanisation dans le milieu hospitalier”.Techniques hospitalières - Novembre 1980.

L. SCHWARZENTERG :

‘Un malade, c’est d’abord un homme”.L’infirmière canadienne - Février 1983.

R. GRENIER :

“L’enseignement pré-opératoire : rôle de tout professionnel infirmier”.

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