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INNOVER EN ILE-DE-FRANCE : Nos priorités pour les PME Rapport présenté par Mme Christine BINET Au nom de la Commission d’Aménagement et de Développement Économique Régional (CADER) Adopté par l’Assemblée Générale de la CCIP du 22 mars 2007

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INNOVER EN ILE-DE-FRANCE :

Nos priorités pour les PME

Rapport présenté par Mme Christine BINET

Au nom de la Commission d’Aménagement et de Développement Économique Régional (CADER)

Adopté par l’Assemblée Générale de la CCIP du 22 mars 2007

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Synthèse ..............................................................................................................................p.2

Récapitulatif des propositions ............................................................................p.3

Contexte ...............................................................................................................................p.5

L’innovation : un processus multiforme et complexe .......................p.10

Six domaines d’actions………………………………………………………………….. p.14

1. Accompagnement des PME ..........................................................................................p.15

Le projet innovant......................................................................................................p.15

L’accès au financement.............................................................................................p.16

2. Coopération centres de recherche / PME pour stimuler la diffusion de l’innovation

et le transfert technologique ..........................................................................................p.18

3. Relations PME / Grandes entreprises ...........................................................................p.19

4. Formation dans le domaine du management de l’innovation et de l’entrepreneuriat ...p.20

5. Le cas des pôles de compétitivité..................................................................................p.21

6. Les PME au cœur de la stratégie régionale de développement de l’innovation ...........p.22

Auditions et entretiens…………………………………………………………………….p.23

SOMMAIRE

PAGE 1

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INNOVER EN ILE-DE-FRANCE : NOS PRIORITÉS POUR LES PME

Synthèse ◄

Dans son ouvrage récent « Libérer la croissance, 3% c’est possible », la CCIP rappelle le rôle majeur que l’innovation doit jouer dans la crois-sance. Pour investir plus et mieux, il faut donner la priorité à la recherche et à l’innovation. La compétitivité de la région capitale, dans le concert des grandes régions européennes mais aussi au niveau national, en dépend.

L’Ile-de-France bénéficie de nom-breux atouts et constitue un pôle d’innovation majeur en France mais aussi en Europe : elle concentre 50 % du potentiel national d’innova-tion et est leader au niveau euro-péen en matière de dépôts de bre-vets, de dépenses de R&D, et de concentration des effectifs de la re-cherche. Néanmoins sa position s’effrite au profit de régions comme Rhin-Ruhr ou de pôles technologi-ques secondaires aux Pays-Bas et en Suède. Elle souffre également d’une visibilité internationale insuffi-sante et, au plan régional, de la fai-blesse des relations entre les ac-teurs.

Pour la CCIP, il y a urgence : les PME peuvent jouer un rôle essentiel dans l’innovation parce qu’elles dis-posent de la souplesse, de la créati-vité, de la réactivité nécessaires pour innover et qu’elles constituent des gisements d’emplois importants. En outre, si elles n’innovent pas, elles risquent de disparaître...

L’objectif de ce rapport est donc de proposer des pistes d’actions qui permettront de lever à la fois les freins que rencontrent les PME fran-ciliennes dans leur processus d’inno-vation mais aussi de soutenir leurs efforts et de les accompagner en amplifiant leur capacité à innover.

Selon l’enquête CCIP-Médiamétrie réalisée en novembre 2006, les PME franciliennes innovent : deux PME franciliennes sur trois ont innové ces deux dernières années en introdui-sant des changements organisation-nels et près d’une sur deux en me-nant des activités de R&D.

Les entretiens auprès de PME qui innovent, montrent qu’au-delà de la nécessité d’innover pour se différen-cier dans la concurrence internatio-nale, l’innovation est « un état d’es-prit, une culture qui irrigue l’entre-prise ».

Dès lors, les PME ont souvent des projets « sous le coude », à l’état d’idée, ou des prototypes stoppés à la phase d’industrialisation ou de pré-commercialisation, en attente. Faute de contacts, de financements, de technologie appropriée, d’antici-pation quant aux évolutions du mar-ché, les projets innovants sont ralen-tis, peinent à déboucher sur les mar-chés. Ceci explique qu’au plan ré-gional, les résultats en termes de création d’entreprises et d’emplois, de création de valeur et de crois-sance sont insuffisants au regard du potentiel.

Aujourd’hui en Ile-de-France, près de quatre-vingt dix acteurs in-terviennent dans l’appui aux entre-prises en matière d’innovation. Pour-tant 73% d’entre elles ne connais-sent pas les dispositifs d’appui exis-tants et seulement 4% ont bénéficié d’une aide.

La politique régionale impliquant l’ensemble des acteurs publics et privés, pourrait avoir pour objectif de mieux structurer les interventions auprès des entreprises et de simpli-fier les dispositifs (accès au finance-ment de l’innovation, transfert de technologie…) afin de les adapter à leurs besoins et attentes.

En effet, la région et ses territoires sont des échelons de proximité perti-nents pour les PME. L’ancrage terri-torial peut faciliter les réseaux, les coopérations et la mutualisation.

Ces constats soulèvent de nom-breuses questions relatives aux dis-positifs d’appui et de soutien aux PME en matière d’innovation et font ressortir l’idée selon laquelle l’ap-proche globale de l’entreprise est essentielle pour réussir l’accom-pagnement à l’innovation.

L’accompagnement des PME en matière d’innovation doit donc pren-dre en compte :

Les différents aspects du projet de l’entreprise : financement, collabora-tion avec les centres de recher-che…;

Les différentes phases du projet dans le temps : amorçage, dévelop-pement, commercialisation.

Il doit également se faire dans un es-pace physique ou virtuel facilement identifiable pour l’entreprise afin qu’elle puisse être informée, accompagnée et échanger en réseau.

Six domaines d’action prioritaires en résultent :

L’accompagnement des PME –projet innovant et accès au finance-ment

La coopération centres de recher-che / PME pour stimuler la diffusion de l’innovation et le transfert tech-nologique

Les relations PME / Grandes entre-prises

Le cas des pôles de compétitivité

La formation dans le domaine du management de l’innovation et de l’entrepreneuriat

Les PME au cœur de la stratégie régionale de développement de l’innovation.

Ces six domaines donnent lieu à des priorités découlant des besoins et atten-tes que les PME ont pu exprimer lors de nos entretiens et par l’intermédiaire de l’enquête CCIP-Médiamétrie de septem-bre 2006.

Ces priorités constituent autant de pis-tes d’action dont pourront s’emparer les acteurs régionaux pour conférer à l’in-novation le rôle moteur qu’elle peut jouer dans la croissance.

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L’INNOVATION, UN PROCESSUS MULTIFORME ET

Récapitulatif des propositions ◄

INNOVER EN ILE-DE-FRANCE : NOS PRIORITÉS POUR LES PME

1. Créer un relais - point d’entrée qui soit l’interlocuteur privilégié des PME afin de simplifier l’accès aux diffé-rents acteurs spécialisés et aux dispositifs d’appui ayant pour mission :

d’appréhender la globalité de leurs besoins, de leur projet et de ses spécificités (protection de l’innova-tion, modalités de collaboration avec les grands groupes, transfert de technologie... ) ;

d’assurer le suivi dans le temps du projet et sa tra-çabilité ;

de conserver l’historique des projets et du dévelop-pement global de l’entreprise ;

de réaliser un « audit » des besoins avant d’orienter vers des interlocuteurs spécifiques.

2. Renforcer la lisibilité des dispositifs d’appui (compétences des organismes, critères d’éligibilité) et la réactivité des acteurs (temps de réponse plus court) grâce à :

un site Internet régional : « PME innovation Ile-de-France » comme ce qui a été développé dans d’au-tres régions (Nord Pas de Calais, Bretagne) ;

un numéro d’appel téléphonique unique innovation.

3. Améliorer la coordination des dispositifs existants etdes acteurs s’appuyant sur :

un système d’information partagé entre les différents partenaires (organismes intervenant dans le do-maine de l’innovation, collectivités territoriales…) pour disposer d’informations à jour sur les aides, les disponibilités dans les structures d’accueil (pépinières, incubateurs...) ;

des bases de données relatives aux projets des dif-férentes PME et aux projets des centres de recher-che.

4. Multiplier les réseaux de PME s’organisant autour d’une filière ou trans-sectoriels autour d’une technologie ou d’un marché pour faire émerger de nouvelles coopéra-tions.

5. Augmenter le nombre de lieux d’accueil et d’échanges (incubateurs, pépinières, centres d’affaires multisecto-riels)

6. Renforcer les dispositifs d’information et de formation sur les aspects financiers de l’innovation et l’accompa-gnement pour accéder aux financements disponibles.

7. Créer des interfaces entre financiers et entreprises innovantes pour :

sélectionner les projets, évaluer les risques encou-rus et les garanties possibles ;

fournir aux investisseurs, des informations techni-ques, managériales sur les entreprises.

8. Prendre en compte les différentes formes d’innovation (process, marketing, technologique..) et adapter les dispositifs de financement aux différents stades du projet (amorçage – prototypage – dépôt de brevet –commercialisation et test des produits).

9. Favoriser une plus grande transparence des modalités d’attribution des aides publiques, leur simplification, et le raccourcissement des délais d’attribution.

10. Créer un portail du financement (sous la forme d’une base de données accessible par internet) des jeunes entreprises de croissance pour rapprocher les inves-tisseurs et les PME.

11. Augmenter le nombre d’investisseurs (business an-gels, capital-risque, capital développement) interve-nant dans des secteurs d’activité de pointe.

12. Assurer un accompagnement plus étroit et plus actif sur les programmes européens.

13. Développer et promouvoir les rencontres entre labora-toires de recherche et PME, notamment par la créa-tion de lieux d’échange et de sociabilité concentrant chercheurs et entreprises.

14.Renforcer le transfert technologique et la diffusion des technologies en multipliant : les formations adaptées aux PME pour les aider à traduire leurs besoins techni-ques en projets de recherche et la mise en relation des PME avec les centres de recherche.

I. L’accompagnement des PME Le projet innovant

L’accompagnement des PME L’accès au financement de l’innovation

II. Coopération recherche-PME pour stimuler la diffusion et le transfert de technologie

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L’INNOVATION, UN PROCESSUS MULTIFORME ET

Récapitulatif des propositions ◄

INNOVER EN ILE-DE-FRANCE : NOS PRIORITÉS POUR LES PME

15. Multiplier et/ou regrouper les cellules de valorisation de la recherche des universités et favoriser leur profession-nalisation sur la création et la gestion d’entreprises.

16. Accroître les dispositifs permettant l’accueil de cher-cheurs de niveau Licence ou Master (bourse CIFRE).

17. Créer un fonds de garantie public favorisant le finance-ment des programmes de recherche par les PME.

18. Augmenter les contrats d’affaires avec les grands grou-pes et sécuriser les achats effectués par ces derniers auprès des PME innovantes par un système de garan-tie reposant sur une impulsion publique.

19. Intensifier les actions de « parrainage » des grandes entreprises pour financer les différentes phases de dé-veloppement de l’innovation (financement de la R&D, commercialisation, ouverture de marchés étrangers).

20. Mettre en place un dispositif d’information clair et adap-té sur les modalités de collaborations possibles avec les grands groupes (cession de licences, accords commer-ciaux…)

21. Intégrer systématiquement dans le cursus des cher-cheurs / ingénieurs / étudiants des formations à :

l’entrepreneuriat, à la gestion de l’entreprise (relations client, développement de marchés, de produits, etc...) ;

au management de l’innovation (transfert de tech-nologie, veille concurrentielle, gestion de la propriété intellectuelle, apprentissage de techniques de créati-vité et de méthodes d'expérimentation)

22.Etoffer les compétences des cellules de valorisation de la recherche en gestion de l’innovation et de l’entre-prise. En créer dans les universités dépourvues ou mu-tualiser leurs actions.

23.Organiser un accompagnement dédié aux PME au sein des pôles de compétitivité (simplification des procédu-res de financement, aides aux recrutements, animation de réseaux, propriété industrielle, appui à l’international)

24. Bénéficier de la structure des pôles de compétitivité pour le développement des activités de R&D (développement de nouveaux projets, transfert et dif-fusion de technologies, création d’entreprises innovan-tes...) grâce à l’articulation avec les acteurs locaux, nationaux et internationaux, et aux synergies entre grands groupes, laboratoires, établissements d’ensei-gnement...

25. Améliorer l’information concernant l’accès aux pôles de compétitivité afin que les PME puissent y trouver des collaborations et des synergies.

26. Mettre en place une veille technologique permanente au niveau régional pour déceler le plus tôt possible les technologies émergentes et les marchés porteurs ; associer les PME pour qu’elles transmettent leur con-naissance des filières, des marchés et des secteurs émergents.

27. Réaliser une veille orientée vers l’anticipation des be-soins des PME en matière de nouvelles qualifications requises par les changements technologiques en cours et prévisibles.

28. Elaborer un outil statistique de suivi de l’innovation au plan régional orienté vers la comparaison entre ré-gions européennes.

29. Evaluer la politique régionale d’innovation à partir d’objectifs partagés en ayant recours à des organis-mes indépendants.

30. Mettre en œuvre des actions collectives et individuel-les d’intelligence économique par filière en faveur des PME.

31. Promouvoir l’expérience des PME qui innovent et qui réussissent (recensement des expériences, des prix, concours et trophées ou promotion des succès des PME via des sites Internet)

32. Publier un ouvrage promotionnel sur le potentiel de l’Ile-de-France retraçant les inventions qui y ont été créées et développées ces 50 dernières années.

V. Le cas des pôles de compétitivité

IV. Formation au management de l’innovation et à la gestion de l’entreprise

VI. Les PME au cœur de la stratégie régionale de développement de l’innovation

III. Relations Grandes entreprises / PME

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L’INNOVATION, UN PROCESSUS MULTIFORME ET COMPLEXE

Contexte ◄

L’innovation, moteur de la croissance

La recherche et développement, le progrès dans les technologies de production et dans les modes de commercialisation et d'organisation, et plus généralement l'innovation, sont largement reconnus comme les éléments fondamentaux d’une crois-sance économique durable. En 1934, l’économiste Schumpeter sou-lignait que l’innovation est un moteur essentiel de la croissance, «rafale de destruction créatrice qui génère de nouvelles industries et remanie les anciennes dans la plus pure li-gnée de la croissance capitalistique et d’expansion ».

Au niveau de l'entreprise, l’innova-tion permet d'améliorer la produc-tivité générale, de croître plus rapidement, de créer des emplois à forte valeur ajoutée, et de mieux réussir sur les marchés mon-diaux ;

A l'échelle d'un pays, elle ren-force la compétitivité ainsi que la qualité et l'attrait des produits ; par là, elle permet de développer de nouveaux marchés et de mieux affronter la concurrence liée à la mondialisation ;

Au niveau sociétal, l'innovation rend possible l’élévation du niveau de vie et l'amélioration des condi-tions de vie dans les domaines de la santé, des transports, et contri-bue au développement durable …

La CCIP l’a souligné dans son ouvrage récent « Libérer la crois-sance, 3% c’est possible »1 : l’inno-vation est le catalyseur de la crois-sance. Pour investir plus et mieux, il faut donner la priorité à la recherche et à l’innovation.

La presse se fait tous les jours l’écho des enjeux de l’innovation fondée sur le savoir ; on parle au-jourd’hui d’économie de la connais-sance. Il n’est pas un jour sans qu’un article, une interview, un rap-port ou une mesure gouvernemen-tale ne vienne attester de cette prise de conscience grandissante que la connaissance sous toutes ses for-mes, joue un rôle capital dans le pro-grès économique.

Le rapport Lévy-Jouyet sur « l’Economie de l’Immatériel2 » remis au gouvernement fin 2006, explique que la France dispose « d’atouts majeurs » dans cette nouvelle éco-nomie : « L’immatériel est aujourd-’hui le facteur clef de croissance des économies développées » ; « la ca-pacité intellectuelle, la connais-sance, l’imagination, l’innovation et la recherche sont aujourd’hui au cœur de la création de richesses. »

Dans le même temps, au niveau mondial la course à l’innovation s’ac-célère et nous renvoie aux fragilités de notre système. Pour l’économie

française, la recherche de voies d’a-mélioration pour se hisser parmi les leaders dans la compétition mon-diale est cruciale. En effet, la France occupe le 5ème rang mondial en ma-tière d’intensité de l'effort de recher-che (mesurée par le ratio de la dé-pense intérieure de Recherche et de Développement sur le produit inté-rieur brut) ; il était de 2,18 % en 2003 au-dessus de la moyenne de l'UE-15 (1,95 %), devant le Royaume-Uni (1,89 %) et l'Italie (1,16 %) mais derrière l'Allemagne (2,55 %), le Japon (3,15 %), la Co-rée du Sud (2,64 %) et les États-Unis (2,60 %).

En ce qui concerne la recherche privée (les dépenses intérieures bru-tes de R&D financées par les entre-prises), la France occupe une place moyenne en Europe selon le Ta-bleau de Bord Européen de l'Innova-tion.

Une capacité d’innovation insuffisante au niveau national

Des faiblesses de notre système national déjà identifiées :

Un tissu d'entreprises innovantes insuffisant, notamment parce que notre structure productive est peu orientée vers les secteurs de moyennes et hautes technologies (c'est-à-dire vers les secteurs où l'intensité de R&D est la plus éle-vée), et relativement dépourvue de « grosses » PME (on sait que les ressources consacrées à la R&D augmentent avec la taille de l’entre-prise).

Un taux de dépenses en R&D ré-alisé par les entreprises faible. En définitive, bien que la R&D finan-cée par l'Etat atteigne un des plus

1. CCIP (2006), Libérer la croissance : 3% c’est possi-ble, La Documentation Française.

2. Commission Lévy-Jouyet, « L’économie de l’immaté-riel », 2006.https://www.igf.minefi.gouv.fr/sections/a c t u a l i t e / l _ i g f _ d a n s _ l e _ r a p p o r /rapport_de_la_commis/view

Dépenses intérieures brutes de R&D financées par les entreprises en % du total, 2004

87,1 86

60,3

43,8 43

83,774,6 70

0

20

40

60

80

100

Allemagne Suède Et at s-Unis Japon Finlande France Royaume-

Uni

It alie

Source : 5ème tableau de bord européen de l’innovation—Commission Européenne

INNOVER EN ILE-DE-FRANCE : NOS PRIORITÉS POUR LES PME

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3. En 2003, seuls 2,7 % de la R&D de l'enseignement supérieur étaient financés par les entreprises, contre 12,6 % en Allemagne et 5,3 % aux Etats-Unis.

4. LEHLMANN J-C., « Recherche Publique, recherche privée, comment tendre vers les objectifs de Lis-bonne ? », Les Entretiens de Friedland, 25 oct. 2004.

5. Interview de M. C. BEIGBEDER, Pdg de Poweo, Pdt de la commission « recherche et Innovation » du ME-DEF— article G. Delacroix, « Les entrepreneurs atten-dent plus de concret sur l’innovation », Les Echos, 7 fev. 2007.

PAGE 6

L’INNOVATION, UN PROCESSUS MULTIFORME ET COMPLEXE

Contexte ◄

hauts niveaux des pays de l'OCDE, nos efforts globaux de R&D nous situent très loin des meilleurs ;

Une organisation de la R&D fran-çaise qui se caractérise notamment par la faiblesse des partenariats entre les entreprises et l'enseigne-ment supérieur3, et par la faiblesse des inventions exploitables indus-triellement (les indicateurs français de dépôts de brevets sont tous infé-rieurs à la moyenne européenne UE15, ainsi que les dépôts de mar-ques et de designs européens) ;

Des financements disponibles en France pour les projets innovants au stade de l'amorçage dont le vo-lume global reste faible malgré une amélioration conjoncturelle en 2005. Ils concernent également des montants unitaires modestes ;

Enfin, une culture de l’innovation et du risque insuffisamment dévelop-pée et un faible taux de formation tout au long de la vie.

Changer d’approche pour innover plus et mieux

Tous les observateurs appellent de leur vœu un changement profond dans les pratiques, dans les politi-ques qui concourent à l’innovation, mais surtout dans l’approche.

« Nous devons opérer un véritable changement culturel. En France, les différentes sphères se ren-contrent [recherche / entreprise], mais il n’existe pas de réelle conni-vence entre elles. Nous ne pou-vons plus nous contenter de notre système actuel4 », déclare M. J-C. LEHLMANN, directeur de la re-cherche et du développement de Saint-Gobain et président de l'Aca-démie des technologies.

« C’est à un changement radical d’approche qu’il faut s’atteler pour atteindre le but d’une Europe com-pétitive en 2010 », selon Chris-tiaan Kröner, ambassadeur des Pays-Bas. « D’un côté, le nombre de petites et moyennes entreprises doit augmenter, car elles peuvent être les grandes entreprises de

demain. D’un autre côté, elles doi-vent être stimulées en matière d’in-novation en améliorant la valorisa-tion des connaissances ».

« Il est temps de changer de ré-flexes, de changer d’échelle, de changer de modèle », estiment Maurice Lévy, le patron de Publi-cis, et Jean-Pierre Jouyet, chef du service de l’Inspection générale des finances, auteurs du récent rapport sur « l’Economie de l’im-matériel, la croissance de de-main ». « Dans de nombreux do-maines confrontés à un change-ment technologique, nous nous demandons comment protéger l’existant alors qu’il faudrait d’a-bord chercher à mieux tirer parti du changement. En agissant de la sorte, nous freinons le développe-ment de nouvelles activités et de nouveaux emplois. »

« [Les candidats à l'élection prési-dentielle de 2007] ne parlent que de recherche et jamais d’innova-tion, ils proposent d’augmenter massivement les crédits de l’Etat, alors que la France souffre avant tout d’un problème de qualité5

[…] », selon M. C. BEIGBEDER, Président de de la commission « Recherche et Innovation » du MEDEF.

Une mobilisation des pouvoirs publics exceptionnelle

Le gouvernement français a enga-gé de nombreuses mesures afin de lever les freins à l’innovation : rap-prochement d’ANVAR avec la BDPME sous l’appellation OSEO, doublement de son budget, création de France Investissement, du Label Carnot, de l’Agence pour l’Innovation Industrielle, création des pôles de compétitivité, modification des dé-penses éligibles au Crédit Impôt Re-cherche, premier brevet gratuit pour toutes les PME...

Ces mesures attestent d’une mo-bilisation sans précédent mais res-tent complexes pour les PME qui rencontrent des difficultés pour en

bénéficier : quels effets auront-elles sur les PME, avec quels coûts de mise en place et selon quelles prio-rités ?

La région- capitale : moteur de l’économie française

La dimension régionale est primor-diale. Il apparaît de plus en plus clai-rement que les pays performants sont ceux qui peuvent compter sur des villes-régions ou des métropoles performantes.

L’Ile-de-France joue aujourd’hui un rôle moteur de l’économie nationale et constitue un pôle d'innovation et de compétitivité majeur en France.

L’Ile-de-France bénéficie d’un potentiel reconnu : elle concentre près de la moitié du potentiel de R&D français et la même propor-tion d'emplois supérieurs ; son secteur de haute technologie est conséquent puisqu’il représente près de 30% du potentiel national en termes d'emplois et d'établis-sements. Sa contribution à l’essor de l’innovation au niveau national et son effet d’entraînement sont donc déterminants.

Si l’Ile-de-France joue le rôle de centre au plan politique et admi-nistratif, elle attire aussi 38% des sièges sociaux des entreprises installées en France.

Elle bénéficie d’une population hautement qualifiée : 47% des cadres d’entreprise et 42% du personnel de recherche, ainsi que 30% des établissements d’ensei-gnement supérieur dont de presti-gieuses écoles internationales

INNOVER EN ILE-DE-FRANCE : NOS PRIORITÉS POUR LES PME

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6. Sources : DREIF, « Le positionnement économique de l’Ile-de-France », http://www.ile-de-france. equipe-ment.gouv.fr/IMG/pdf/partie1_cle21cbba-7.pdf - INSEE (2006) La hausse des créations d'entreprises se pour-suit. INSEE Première n°1002.

7. Berger S., Breznitz D., "Untapped Wealth: Innovation and Industry in Ile-de-France", MIT, à paraître.

PAGE 7

L’INNOVATION, UN PROCESSUS MULTIFORME ET COMPLEXE

Contexte ◄

dans les domaines de l’informati-que, des mathématiques, des télécommunications, des éner-gies nouvelles, des biotechnolo-gies, du management et du com-merce international sont en Ile-de-France6.

Valoriser le potentiel d’innovation de l’Ile-de-France

L’ensemble des acteurs locaux s’accorde sur le fait que l’Ile-de-France possède l’un des plus grands potentiels européens en matière d’innovation mais ne tire pas assez partie de cette force pour développer de nouvelles activités créatrices d’emploi sur son territoire.

Si l’on considère les principaux indicateurs de mesure de la recher-che (dépôt de brevets, publications scientifiques, concentration des ef-fectifs de la recherche), la région Ile-de-France a actuellement une posi-tion de leadership européen : elle concentre 8,1% des dépenses inté-rieures de R&D communautaire, re-présente 7,6% de la recherche pri-vée européenne, fait partie des pays dont l’intensité de la R&D est supé-rieur à 3% (objectifs de Lisbonne) soit 3,2% du PIB régional et publie 7% des publications européennes derrière Londres.

Malgré ce potentiel sans équivalent en Europe, la R&D francilienne souf-fre d'une visibilité internationale en-core insuffisante.

De plus ces bons résultats ont ten-dance à s’effriter au profit des ré-gions suivantes : la région Rhin Ruhr, Londres, les pôles technologi-ques secondaires des Pays-Bas (comme le Noord-Brabant), Uusimaa (Finlande), ou Stockholm (Suède).

La forte concentration sur son ter-ritoire de R&D publique et privée et d’entreprises de haute technologie ne porte que partiellement ses fruits en termes de transferts technologi-ques, de créations d’entreprises in-novantes, d’emplois et plus globale-

ment en termes de croissance. Un résultat en deçà des attentes.

A titre d’exemple, S. Berger du MIT et D. Breznitz7 estiment dans leur enquête sur l’innovation en Ile-de-France (financée par le MIT et l’A-gence pour l’Economie de l’Es-sonne) que le potentiel de création d’entreprises aux Etats-Unis est de 100 pour 10 000 chercheurs améri-cains chaque année. En proportion, les 16 000 chercheurs du plateau de Saclay devraient pouvoir créer 160 entreprises. Ils n’en créent que 10 par an.

Cette enquête révèle la perception que les acteurs franciliens ont du système d’innovation francilien : manque de collaboration entre la recherche fondamentale et la recher-che appliquée, absence de liens étroits entre le monde de la recher-che et celui de l’entreprise, insuffi-sance du financement par le capital-risque, manque d’échanges entre entreprises pour valoriser et diffuser leur savoir-faire.

Ces éléments constituent un vrai handicap pour l’Ile-de-France mais ne lui sont pas spécifiques. Après avoir mené près de 800 entre-tiens dans d’autres pays (Asie, Amé-rique du Nord et Europe), l’étude du Mit conclut que ce type de handicap prévaut dans les pays (ou sur des territoires) performants en matière d’innovation, notamment technologi-que.

Ce qui est spécifique à l’Ile-de-France, ce sont les implications de la politique de dynamisation du « désert français » d’après-guerre menée par le gouvernement. En ef-fet, cette logique s’est révélée contraire à la tendance existante puisque les grandes métropoles concentraient leurs activités écono-miques.

Selon la même étude, les espaces publics collaboratifs et les réseaux d’affaires font cruellement défaut pour remédier à la dispersion des acteurs sur le territoire régional. Le développement des pôles de compé-titivité s’inscrit dans cette optique.

Aussi cette étude plaide pour la création d’un parc scientifique et in-dustriel unique, à l’instar de ce qui a pu être fait en Israël ou en Irlande avec la construction d’infrastructures nouvelles ainsi que des lieux de proximité et d’échanges entre entre-prises et centres de recherche en lien avec des universités.

L’environnement régional reste complexe par sa densité et par la faiblesse de la structuration des relations entre acteurs. Les pro-jets s’en trouvent ralentis, les ré-sultats en termes de création d’entreprises et d’emplois, voire de croissance ne sont pas à la hauteur des attentes.

Dès 1997, la CCIP s’est penchée sur le sujet de l’innovation. Le rap-port Jacquillat « Encourager l’inno-vation des entreprises » s’inquiétait du manque « de propension à inno-ver des entreprises françaises » comparées à leurs homologues alle-mandes et néerlandaises. Il appelait déjà de ses vœux des réformes dans les domaines de la recherche publique, de la protection industrielle et du financement de l’innovation, dans les modalités de partenariat technologique recherche publique-entreprise, et de l’appui à l'innova-tion des entreprises. Malgré les pro-grès réalisés, l’efficacité du système est encore à améliorer compte tenu des nouveaux enjeux auxquels les entreprises sont aujourd’hui confron-tées.

Plus récemment en 2003, la CCIP-Délégation de Paris s’est prononcée sur le développement des entrepri-ses de technologies innovantes par une communication d'Elisabeth Her-vier («Le développement des entre-prises de technologies innovantes : un enjeu économique pour Paris»)

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8. Première contribution des CCI de Paris Ile-de-France au SRDE, octobre 2005.

9. IAURIF (2006), « Les activités de recherche et d’in-novation en Ile-de-France », Note Rapide sur l’Econo-mie, N°420, 11/2006, IAURIF.

10. Les PME sont issues des secteurs de l’industrie (logiciels - informatique - multimédia – biotechnologie –optique) et du service aux entreprises. Ces secteurs connaissent une forte concurrence, sont à la conver-gence de plusieurs technologies ou domaines, aux prises avec des incertitudes juridiques (comme la nor-malisation), et l’innovation y est vitale pour conserver leur compétitivité.

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L’INNOVATION, UN PROCESSUS MULTIFORME ET COMPLEXE

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dans laquelle elle proposait des pis-tes de réflexion pour accroître le nombre d'entreprises de technolo-gies innovantes, améliorer l’articula-tion des dispositifs d’appui aux en-treprises innovantes, faire émerger des réseaux d’entreprises innovan-tes, diffuser une lettre qui leur serait spécifiquement destinée, notam-ment.

A l’occasion de la première contri-bution des CCI Paris-Ile-de-France au Schéma Régional de Développe-ment Economique (SRDE)8 en octo-bre 2005, la CCIP a érigé l’innova-tion comme orientation stratégique prioritaire et a formulé des pistes d’actions.

Depuis, l’ensemble des acteurs ré-gionaux se sont mobilisés sur le su-jet en confirmant sa place stratégi-que dans les contrats de Projets Etat-Région, les Fonds Européens (FEDER notamment), le SDRIF et le SRDE. En outre dans le cadre de la mise en place du SRDE, l’approfon-dissement par le Conseil Régional des actions à mener dans le do-maine de l’innovation est en cours. La définition et la mise en œuvre des dispositifs opérationnels sont pré-vues pour septembre 2007.

Dans ce contexte, la CCIP sou-haite apporter une contribution inédite, centrée sur les préoccu-pations et attentes des PME en matière d’innovation, avec un éclairage particulier sur la région Ile-de-France.

Les PME franciliennes disposent de tous les atouts

pour innover

La majorité des études en matière d’innovation se concentrent sur l’in-novation dans les grandes entrepri-ses et sur la recherche publique. Or, il y a des gisements de croissance importants dans les PME.

Leur poids démographique est déterminant (les PME franciliennes

de moins de 500 salariés repré-sentent 99,3% des établissements et 69% des salariés tandis que celles de moins de 50 salariés, 96,5% des établissements et un peu moins de la moitié des sala-riés franciliens).

Leur poids économique est tout aussi important : au niveau natio-nal, elles contribuent à 28% de la valeur ajoutée produite. Sur les 2,3 millions de PME et TPE, plus de 50 % n’emploient aucun salarié, un gisement non négligeable d’em-plois trop peu valorisé.

Les PME disposent de tous les atouts : la souplesse, l’adaptabilité, la réactivité, la créativité (du fait de leur proximité avec des clients, d’un système de communication direct et tacite, de la participation des salariés) pour être l’un des principaux moteurs de l’innovation au niveau régional. Les recherches américaines, italiennes et hollan-daises qui ont comparé les perfor-mances des grandes et petites entreprises en matière d’innovation révèlent que les PME sont particu-lièrement efficaces notamment dans des industries où l’environne-ment est turbulent (multimédia et TIC, par exemple) ou dans les sec-teurs en émergence qui concen-trent beaucoup de PME.

Il est vrai que les PME sont en général absentes des chiffres car leur démarche de R&D est souvent informelle. En outre, celles qui dispo-sent d’activités de R&D obtiennent des résultats mitigés en termes de développement de leurs capacités d’innovation sans commune mesure avec les grands groupes9 :

La R&D privée francilienne reste très concentrée dans les grandes entreprises. En 2003, plus des deux tiers des chercheurs privés travaillent dans des entreprises de plus de 1 000 salariés, qui concentrent également près des trois quarts de la dépense inté-rieure de recherche des entrepri-ses d’Ile-de-France.

En Ile-de-France, les effectifs de chercheurs dans les entreprises

de moins de 250 salariés s’ac-croissent pourtant sur la période 2002-2003, mais le budget moyen dont ils disposent (123 000 euros) baisse et est deux fois moins éle-vé que celui des plus grosses PME (240 000 euros).

Les PME franciliennes innovent

Selon l’enquête CCIP-Médiamétrie réalisée en novembre 2006, les PME franciliennes innovent : deux PME franciliennes sur trois ont innové ces deux dernières années en introdui-sant des changements organisation-nels et près d’une sur deux en me-nant des activités de R&D.

Les mêmes proportions ressortent au niveau national et dans les résul-tats du 15ème tableau de bord de l’in-novation du SESSI : 42% des PME (dans la tranche des 10 à 250 sala-riés) ont introduit au moins une fois entre 2002 et 2004 de nouveaux produits ou ont mis en œuvre de nouveaux procédés.

Cette tendance doit pouvoir être amplifiée à partir de l’identifica-tion des besoins et des attentes des PME.

Les entretiens menés auprès des PME innovantes le montrent10. Tou-tes les PME ont des projets « sous le coude », à l’état d’idée, ou des proto-types stoppés à la phase d’industria-lisation ou de pré-commercialisation, en attente, faute de contacts, de fi-nancements, de technologie appro-priée, de bonne connaissance du

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L’INNOVATION, UN PROCESSUS MULTIFORME ET COMPLEXE

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marché... Des freins surmontables coûteux en énergie perdue.

Il est donc impératif de lever les freins que les PME rencontrent dans leur parcours d’innovation. Ajoutés à leurs fragilités (manque de ressour-ces internes, de personnel qualifié, de temps ou d’information) ces freins pèsent sur leur compétitivité et celle de la région.

Aujourd’hui, il y a urgence ; tout ce qui n’est pas entrepris pour les PME, leur fait prendre du retard et faute d’être exploré, testé, traduit en produit, service ou amélioration or-ganisationnelle, un projet innovant devient rapidement caduc. Le train de l’innovation ne passe pas deux fois !

L’innovation constitue un levier pour favoriser la croissance des PME : en effet les entreprises qui innovent sont davantage créatrices d’emplois et trouvent de nouveaux débouchés commerciaux (parfois plus larges). A l’inverse, les exem-ples se multiplient d’entreprises qui, ne s’adaptant pas aux nouvelles techniques et aux nouvelles exigen-ces du marché, disparaissent.

C’est à une démarche ambitieuse qu’il faut s’atteler pour que les PME appréhendent l’innovation comme « un bol d’air » et non comme un risque. Qu’elle soit technologique ou non technologique, l’innovation doit se diffuser et doit pouvoir irriguer toutes les activités économiques.

La Commission de l’Aménage-ment et du Développement Econo-mique Régional a donc réalisé une analyse des besoins et des attentes des PME.

Elle s’est appuyée sur une en-quête quantitative «CCIP-Médiamétrie» reposant sur un échantillon représentatif du tissu économique francilien, sur une en-quête qualitative auprès d’un panel d’entreprises innovantes intégrées ou non aux pôles de compétitivité

d’Ile-de-France, sur des interviews d’acteurs de terrain, des auditions de représentants d’institutions régiona-les et d’élus consulaires qu’elle a réalisés.

Six domaines d’action ont été rete-nus comme déterminants pour des actions en faveur de l’innovation dans les PME. Ils révèlent, à partir des attentes formulées par les PME, les urgences qui s’imposent afin qu’elles puissent pleinement jouer leur rôle dans la croissance grâce à l’innovation :

1. Accompagnement des PME :Le projet innovantL’accès au financement

2. Coopération centres de recher-che/PME pour stimuler la diffu-sion de l’innovation et le trans-fert technologique

3. Relations PME/Grandes entre-prises

4. Le cas des pôles de compétiti-vité

5. Formation dans le domaine du management de l’innovation et de l’entrepreneuriat

6. Les PME au cœur de la straté-gie régionale de développement de l’innovation

L’objectif des pistes d’actions pro-posées dans les domaines d’action qui suivent est de lever les freins que rencontrent les PME francilien-nes dans leur processus d’innova-tion, de soutenir leurs efforts et de les accompagner en amplifiant leur tendance à innover.

Au moment où la politique régio-nale met l’accent sur l’innovation et la recherche (le Conseil Régional prévoit d’adopter un rapport sur le sujet à l’automne 2007 qui précisera les dispositifs opérationnels dans le cadre la mise en œuvre du SRDE),

le présent rapport pourra être livré au Conseil Régional comme une contribution dans le cadre de l’élabo-ration de sa politique de recherche et d’innovation.

La politique régionale en matière d’innovation mise en œuvre à tra-vers le Schéma Régional de Déve-loppement Economique entend privi-légier huit filières prioritaires et les jeunes entreprises innovantes. Il nous paraît primordial de la complé-ter par une approche globale de l’ac-compagnement de l’entreprise.

En effet, les constats réalisés sou-lèvent de nombreuses questions relatives aux dispositifs d’appui et de soutien aux PME en matière d’inno-vation et fait ressortir l’idée selon laquelle l’approche globale de l’en-treprise est essentielle dans l’accom-pagnement à l’innovation.

La plus-value de ce rapport réside donc dans cette approche globale de l’entreprise qui appréhende l'ensem-ble de son projet dans toutes ses composantes (financement, collabo-ration avec les centres de recher-che…), toutes ses phases dans le temps (amorçage, développe-ment…) et dans l’espace géographi-que (un lieu-relais pour être informé, accompagné et échanger en ré-seau).

Cela passe par un accompagne-ment repensé, mieux coordonné en-tre acteurs, autour de points relais (ancrés sur des territoires de projets, des lieux d’échanges ou des pôles de compétitivité), qui guident vers les interlocuteurs compétents.

Cela implique une offre régionale de services liés au développement de l’innovation structurée, au plus près de l’entreprise : du financement à la formation au management de l’innovation, de l’aide au transfert de technologique des centres de re-cherche vers les entreprises à l’ap-pui à l’exportation, de la protection industrielle à la commercialisation de produit, en passant par la veille concurrentielle.

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INNOVER EN ILE-DE-FRANCE : NOS PRIORITÉS POUR LES PME

► L’innovation, un processus multiforme et complexe ◄

L’innovation est inhérente à l’entrepreneuriat

L’innovation est au cœur de l’es-prit d’entreprise, elle est inhérente à l’entrepreneuriat, consubstantielle à l’acte d’entreprendre. Toute entre-prise se crée et se développe à par-tir d’une démarche en partie inno-vante.

Certains entrepreneurs estiment que l’innovation relève exclusivement de la technologie. Il faut dépasser l’op-position innovation technologique et non technologique pour adopter une approche plus globale privilégiant la création de valeur, la différenciation par la qualité, principal facteur de compétitivité des entreprises qui craignent de se lancer dans un pro-cessus innovant perçu comme inac-cessible car complexe. L’innovation peut être un moteur pour valoriser les savoir-faire de nos PME…

L’innovation est un processus qui mène à la conception d’un nouveau produit, service, procédé ou forme d’organisation, que celle-ci prenne la forme d’une commercialisation ou qu’elle s’insère dans le processus de production. Ainsi, l’innovation est un concept large, qui dépasse les as-pects strictement techniques ou technologiques et recouvre le chan-gement organisationnel, social, com-mercial, voire financier.

L’innovation recouvre de multiples facettes et renvoie à différentes défi-nitions.

L’innovation résultant de la recherche

Innover consiste littéralement à intro-duire « quelque chose de nouveau ».

L’ambiguïté du terme provient du fait que dans le langage courant, l’in-novation désigne à la fois une action « innover », un processus (on parle alors de « processus d’innovation », c'est-à-dire d'opérations successives organisées en vue d'un résultat déter-miné) et le résultat de cette action, qui peut être, par exemple, une dé-couverte scientifique donnant lieu à la production d’une nouvelle connais-sance, d’un produit ou de la modifica-tion d’un procédé de production.

La R&D s’inscrit en amont de l’inno-vation dont elle constitue la source principale, mais pas la seule. Elle est définie par le manuel de Frascati (OCDE, 1993) comme « les travaux de création entrepris de façon systé-matique en vue d’accroître la somme des connaissances, y compris la connaissance de l’homme, de la culture, de la société, ainsi que l’utili-sation de cette somme de connais-sances pour de nouvelles applica-tions, la mise au point de procédés nouveaux, l’amélioration de procédés ou produits existants ».

Cette définition large englobe la recherche publique comme privée, que la finalité soit marchande ou non. Les ac t i v i tés de recherche (fondamentale ou appliquée) produc-trices de connaissances relèvent des chercheurs et les activités de déve-

loppement (qui visent à appliquer les connaissances pour la fabrication de nouveaux matériaux, produits ou ser-vices) appartiennent au monde de l’entreprise.

En matière de recherche, on distin-gue communément la recherche fon-damentale ou scientifique et la re-cherche appliquée ou technologique.

L’Etat a historiquement eu la respon-sabilité de la recherche fondamen-tale, dont les résultats, produits par les chercheurs, sont considérés comme des biens publics, ouverts, légitimés par la reconnaissance de leurs pairs, « la science noble ». Par opposition, la recherche appliquée est effectuée en vue d’un objectif économique avec des résultats da-vantage confidentiels ou protégés (par les brevets notamment), « la science de 2ème catégorie ». D’où un clivage encore vivace aujourd’hui dont l’effet est dommageable sur la mise en œuvre du transfert technolo-gique et de la valorisation des résul-tats de la recherche fondamentale.

L’innovation concerne toute nouveauté qui génère de la valeur (économique ou d’usage), c'est-à-dire qui satisfait un besoin solvable (rencontre un marché) ou crée de la richesse. L'innovation peut être technologique ou non technologique.

Paroles d’entrepreneurs

D'une certaine façon, l'innovation peut être comparée à une flèche dont la trajectoire serait déterminée non plus par les lois de la gravité ou de la mécanique, mais par un environnement façonné par les lois du marché et de la concurrence, les règles du commerce international, les capacités de gestion, les goûts et les attitudes des usagers, etc. À la différence de cette flèche filant allègrement vers une cible fixe et immuable, l'innovation est en quête d'une cible mouvante, évolutive et toujours improbable.[Source : Michel Leclerc, Ministère de l'Industrie, du Commerce, de la Science et de la Technologie dans Revue québécoise, ENJEUX « spécial Innovation », volume 18, numéro 6, novembre-décembre 1997.]

Avoir l'esprit d'innovation, c'est d’abord, bien sûr, chercher à apporter constamment quelque chose de nouveau, à quoi personne n'a jamais pensé ou que personne n’a jamais osé imaginer. C’est aussi se tenir au courant des innovations qui apparaissent tous les jours dans le monde entier, sources d'opportunités à exploiter, de nouveaux problèmes à résoudre, et, par combinaisons d'idées, de nouvelles innovations. Mais c'est aussi savoir évaluer les idées proposées et les classer en idées farfelues (fiction), idées prometteuses (projet), et idées de solutions concrètes (réalité).[Source: J-L. Swiners, Professeur à l’université du management d’HEC Executive Development, auteur de « L’intelligence créative au-delà du brainstorming, pour innover en équipe, ed. Maxima, 2004.]Cf. test « Avez-vous l’esprit d’innovation ?» : http://www.intelligence-creative.com/515_test_innovation.html

L e p h é n o m è n e d e « sérendipité » (francisation du terme anglais « serendipity ») c'est-à-dire le fait de trouver quelque chose d'intéres-sant de façon imprévue, en cherchant autre chose tend à ouvrir de nouvelles voies d’innovation. C’est le cas de la création des « Notes Post-it » inventées en 1980 par la société 3M, dans le ca-dre du recyclage d’étiquettes dont la colle était défectueuse, ou l’utilisation de la pénicilline dans la pharmacie.

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Le processus d’innovation est nourri par l’ensemble de ces activités et ne suit pas de schéma « classique » où la science fondamentale serait en amont de la recherche technologique, laquelle axée sur des applications industrielles donne lieu finalement à un développement technologique. Au contraire, les différentes composan-tes du processus interagissent, et sont interconnectées.

Ces activités de recherche (mais el-les ne sont pas les seules) consti-tuent les clés de l'innovation et leurs résultats peuvent impacter d’autres secteurs que ceux prévus au départ. D’où l’importance des interactions, de la fertilisation croisée entre domaines de recherche.

Des formes et des domaines d’innovation variés

Les cinq grands types de change-ments (de « combinaisons nouvel-les ») proposés dès 1912 par l'écono-miste autrichien Joseph Schumpeter1

pour présenter sa conception de l‘innovation dépassent la distinction i n n o v a t i o n d e p r o d u i t (essentiellement des biens matériels) et de procédés et sont particulière-ment d’actualité :

la fabrication d'un bien nouveau,

l'introduction d'une méthode de production nouvelle ou de nou-veaux moyens de transport,

la réalisation d'une nouvelle organi-sation,

l'ouverture d'un débouché nouveau,

la conquête d'une nouvelle source de matières premières.

Les tendances suivantes en illustrent la pertinence :

le développement du secteur des services qui représente environ les deux tiers de l'activité économique

et près de 70% de l'emploi dans la plupart des pays développés ren-voie « à la fabrication d’un bien nou-veau » ;

l’ouverture de nouveaux marchés (ou « débouchés nouveaux ») si elle constitue l’occasion de nouvelles expansions économiques pour les entreprises, apparaissent comme un gisement d’innovation. C’est le cas pour les biotechnologies, la santé où il existe de surcroît une demande sociale et pour les secteurs émer-gents des éco-technologies et les éco-filières2 ;

l’innovation dans l’organisation (« ou la réalisation d’une nouvelle organi-sation ») comme la méthode « du juste à temps » ou la mise en place de procédés nouveaux intégrant les NTIC appliqués dans la plupart des activités industrielles ;

les nouveaux matériaux issus du secteur de la chimie (« nouvelles matières premières ») ont été mis en exergue dans l’étude du Minis-tère de l’Industrie « Technologie Clés 2010 » publiée en septembre 2006. Ils ont non seulement un posi-tionnement transversal par rapport à l'ensemble des secteurs industriels mais peuvent contribuer au dévelop-pement durable en agissant notam-ment sur la limitation des besoins en matières premières énergétiques.

Une autre typologie (la plus fré-quemment usitée par la littérature managériale) repose sur le critère de l’intensité du changement induit par l’innovation, pour l’entreprise, pour le marché et les consommateurs : l'in-novation radicale, qui se définit comme la mise au point et la com-mercialisation de produits générant des usages nouveaux, bouleversant le marché, par opposition à l'innova-tion incrémentale qui améliore les produits déjà existants3.

Exemple d’innovation de rupture

En 1990, Lotfi Belkhir, manager au Xerox Venture Labs avait pour mis-sion de trouver des innovations radi-cales au sein du Palo Alto Research Center. Il a finalisé le prototype d’une solution automatique de numérisation et Xerox lui a offert l’opportunité de créer sa propre entreprise (Kirtas Technologies Inc) en exploitant une licence exclusive. Lotfi Belkhir a in-venté un robot APT BookScan 2400 commercialisé en janvier 2006, qui peut scanner automatiquement 2400 pages d’un livre en une heure. Il pèse 77 kilos et reconnaît 177 langues et dialectes dont l’ancien français, le catalan ou encore treize variantes d’allemand. Il est équipé de deux ap-pareils photo de 16,6 mégapixels chacun, capturant simultanément les pages de gauche et de droite d’un ouvrage), soit un livre de 300 pages en 8 minutes. Le gain de temps pro-curé par la solution en fait une inno-vation de rupture par rapport à l'exis-tant. [source : Alberganti M., « La numérisa-tion des livres devient automatique », Le Monde, 30/09/05 et Chicheportiche O., « Bibliothèques numériques: un enjeu en or pour les spécialistes du scan », http://ww.silicon.fr, 15 sept. 2005]

L’innovation non technologique impulsée

par le secteur des services

Aujourd’hui, l’innovation n’est plus la résultante de l’unique évolution technologique, ni de processus de R&D formalisés surtout chez les PME ; elle n’est pas non plus systé-

Paroles d’entrepreneurs« Dans le domaine du service, l’innovation est à la fois juridique, technologique, marketing. »

« Innover pour nous, c’est adopter une nouvelle manière d’appréhender notre secteur (le jeu vidéo) : une nouvelle manière d’adresser le marché, de gérer la clientèle. Cela passe aussi par la recombinaison des technologies existantes pour se positionner sur des niches de marché, pour changer la manière de voir… »

« Le rôle de la PME dans l’innovation est de casser les verrous techniques et les verrous marchés »

1. SCHUMPETER J-A. (1935 et 1999), Théorie de l'évolu-tion économique, Dalloz.

2. LARRIEU C., représentante d’OSEO aux 4èmes Ren-contres Economie Emploi de la CCIP, « Les technologies clés 2010, quels moteurs pour la région parisienne et ses entreprises ? », 20/11/2006.

3. SILBERZAHN P., PRAX J-Y., BUISSON B. (2005), « Objectif: Innovation, Stratégies pour construire l'entre-prise innovante », Dunod.

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matiquement synonyme de (haute) technologie bien que celle-ci inter-vienne de plus en plus dans les équi-pements, les matériaux, les logiciels, les méthodes.

En pratique, elle peut correspondre à l’adaptation d’un produit existant à un nouveau marché, ou au repositionne-ment d’un produit sur un segment de marché différent, ou à l’achat d’une technologie existante pour être com-binée avec d’autres.

C’est particulièrement le cas dans le secteur des services où l’innova-tion ne doit pas être réduite à la seule dimension technologique ce qui oc-culterait d’autres innovations créatri-ces de valeur comme les change-ments organisationnels, les innova-tions de procédés ou de marketing. Le risque est, en effet, d'omettre un large pan de l’offre des entreprises (et notamment des PME) et de ne pas tirer profit de la création de valeur issue d’innovations non technologi-ques alors même que ce secteur constitue un des principaux vecteurs de création de richesse (cf. stratégie européenne de Lisbonne, FEDER…).

Cependant, il est clair que les Tech-nologies de l’Information et de la Communication (TIC) constituent un facteur clé de la compétitivité des PME. Il apparaît que l’innovation dans de nombreux secteurs comme les services mais également le com-merce, est générée par leur usage. Elles provoquent des chocs culturels porteurs d’innovations véritables et de meilleur niveau quelle que soit

leur nature (innovation managériale, de process… )

B. Van Ark explique que le secteur du commerce de détail a largement bé-néficié de l’utilisation des Technolo-gies de l’Information et de la Commu-nication puisque l’introduction des codes-barres a facilité la mise en place de systèmes d’encaissement plus efficaces, a permis une réorgani-sation de la chaîne d’approvisionne-ment et a favorisé l’introduction de nouveaux concepts de commerciali-sation. [source : VAN ARK B. (2006), L’Eu-rope va-t-elle rattraper son retard de producti-vité ? Colloque de la Banque de France Pro-ductivité, Compétitivité, Globalisation, No-vembre 2005]

Innovation et création de valeur

L’innovation concerne donc toute nouveauté qui génère de la valeur (économique ou d’usage), c'est-à-dire qui satisfait un besoin solvable (rencontre un marché) ou crée de la richesse.

Toute nouveauté ne donne pas né-cessairement lieu à une innovation si elle ne rencontre pas un marché ou n’est pas créatrice de valeur.

Si on se place au niveau de la PME, l’objectif principal d'un proces-sus d'innovation est d'accroître sa compétitivité et de se démarquer en agissant sur :

l'offre : proposer de nouvelles gam-mes de produits et de services qui répondent mieux aux besoins des clients/utilisateurs : en améliorant la qualité et la fiabilité des produits et services proposés ;

les coûts de fonctionnement et de production : proposer des produits à des prix compétitifs.

Or la différenciation est devenue une des clés de l’avantage concurrentiel par lequel se crée la valeur. Elle peut provenir de changements liés au de-sign ou d’une combinaison de savoir-faire existants. Autant de gisements de valeur profitables aux PME.

Innovation et pratiques de l’entreprise

L’innovation au cœur des PME se manifeste par différentes pratiques souvent imbriquées :

C’est un jeu, les entrepreneurs qui innovent, « s’amusent » et ont un esprit créatif, en effervescence … Tous les entrepreneurs interrogés le font remarquer…

C’est une démarche trans-sectorielle qui se développe au croi-sement de filières, de secteurs et dans la recherche de complémentari-tés.

L’étude de l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région d’Ile-de-France (IAURIF) « Compétences et technologies croisées : la clé de l’in-novation », de 2005 le rappelle : le croisement technologique peut cou-vrir des secteurs applicatifs multi-ples ; le domaine des biotechnologies franciliennes intéressant par exemple les secteurs de la santé, de l’agroali-mentaire, de l’environnement et de la sécurité.

Un autre exemple est l’initiative des industriels de la santé, des cosméti-ques et de l’habillement qui ont com-mencé à se réunir autour du thème du corps humain.

C’est un défi culturel. La culture d’innovation demande de prendre des risques, d’appréhender les échecs comme une expérience… pour mieux rebondir.

C’est un processus collectif qui suppose l’engagement de tous les métiers et fonctions de l’entreprise, la créativité et la motivation de tous les acteurs. A ce titre les exemples ne manquent pas sur l’impact des tech-nologies de l’Information en termes d’innovations managériales, de pro-cess ou de produits.

C’est un processus incertain et « tourbillonnaire » qui implique des interactions, des allers-retours entre les dimensions de l’innovation dans l’entreprise.

OSEO, dans l’ouvrage récent, « Regards sur les PME », reconnaît que l’innovation, longtemps res-treinte à son aspect technique en lien avec la R&D, mérite une appro-che globale (innovation technologi-que, innovation organisationnelle – y compris les nouveaux modèles d’en-treprise […], en particulier si on veut tenir compte de toutes les évolutions récentes qui ont marqué les entre-prises, et spécialement la forte croissance des activités de services et la concurrence qui règne dans certains des secteurs afférents. [Source : Regards sur les PME n° 10, Obser-vatoire des PME, OSEO services. ]

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Idée

Réponse à un problème (écoute utilisateurs -pression concurrencielle -évolution technologique)

Recherche de financement

Formulation du projet

PrototypeRecherche de partenariat technologique, commercial...

Étude marchéPositionnement concurrentielExamen des technologies..

L’innovation : un processustourbillonnaire

Commercialisation, Lancement du produit, du service

Idée

Un processus tourbillonnaire4 : les différentes composantes du processus d’innovation ne s'articulent plus selon une séquence linéaire mais de manière dynamique, avec des inte-ractions entre elles.

4. Cet adjectif est emprunté à l’analyse de P-A. JULIEN, dans son article « Innovation et PME » dans MUSTAR P., PENAN H. (2003), « l’Encyclopédie de l’Innovation » , Econo-mica.

Exemple d'innovation, de design et combinai-son de technologies existantes

Le produit phare de la société Violet, le lapin wi-fi communicant Nabaztag. Il bouge les oreilles, il chante, il parle et palpite en centaines de cou-leurs. Il vous dit la météo, l'état du trafic, la ten-dance de la bourse... Cette société a mis au point une boîte à outils permettant de maquetter ou de développer des produits et services d’intel-ligence ambiante basés notamment sur le concept de technologie calme. Le succès de Na-baztag illustre la rencontre entre une innovation et un marché. (source : http://new.nabaztag.com/fr/index.html

Exemple d’innovation dans les matières pre-mières énergétiques

L’innovation dans le domaine de la chimie concerne de nombreux secteurs applicatifs, par-mi lesquels le bâtiment. Ainsi, «Génération E» désigne le programme ambitieux de rénovation de logements sociaux à Fontenay-sous-Bois. Cette rénovation permet entre autres de ramener la consommation énergétique d’un bâtiment en-tre 3 et 5 litres de fuel par mètre carré et par an, contre en moyenne 40 litres aujourd'hui.(intervention de M. O. Homolle, responsable de BASF, aux 4èmes Rencontres Economie Emploi de la CCIP, « Les tech-nologies clés 2010, quels moteurs pour la région parisienne et ses entreprises ? », 20/11/2006.]

Exemple d’innovation de produit

L’industriel Seb a privilégié l’innovation en créant la co-cotte Clipso et sa fermeture facile vendue 50% plus cher qu’une cocotte minute classique et les poêles Ingenio à poignées amovibles qui remportent un vif succès. Sur ce segment haut de gamme Seb a fait le choix de sortir 150 nouveaux produits innovants l’an dernier afin de s’assurer le maintien de ses marges et d’augmenter ses ventes. (Libie Cousteau, « Seb, le roi de la cocotte sous pression », Enjeux les Echos, octobre 2005)

Exemple d’un débouché nouveau

L'auto-partage ou multi-voiturage ("car sharing") désigne un système qui permet d'accéder à un véhicule, unique-ment pour l'usage qui en est fait, sans en détenir la pro-priété. Cette prestation, qui comprend la réservation, la disponibilité des véhicules, le stationnement et la gestion administrative, est généralement assurée par une société de services. Les atouts de ce service sont :- la réduction du nombre de véhicules en circulation (effets positifs sur la qualité de l'air, le confort sonore et l'espace public),- un service complémentaire aux autres modes de trans-ports alternatifs à la voiture individuelle (facteur favorisant l'intermodalité),- la simplicité et souplesse d'utilisation.(source : Agence Régionale de l’Environnement et des Nouvelles Ener-gies en Ile de France)

INNOVER EN ILE-DE-FRANCE : NOS PRIORITÉS POUR LES PME

► L’innovation, un processus multiforme et complexe ◄

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LES SIX DOMAINES D’ACTIONS

EN FAVEUR DE L’INNOVATION DANS

LES PME EN ILE-DE-FRANCE

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L’INNOVATION, UN PROCESSUS MULTIFORME ET

Domaine I ◄

Constats Les PME n’ont pas les moyens hu-mains et techniques d’appréhender seules les multiples facettes de leur projet innovant : étude de marché, veille technologique et concurrentielle, recherche, prototypage, marketing, com-mercialisation, propriété industrielle, etc.

73% des PME de Paris-Petite Cou-ronne ne connaissent pas les dispositifs de soutien aux PME et seulement 4% d’entre elles déclarent bénéficier d’aides publiques selon l’enquête CCIP-Médiamétrie de septembre 2006.

La simplification des procédures et des règles de gestion ainsi que l’optimisation de l’accompagnement des entrepreneurs sont les leviers majeurs identifiés par les PME pour accélérer l’innovation.

Selon les PME, l’innovation est un pro-cessus compliqué, incertain et risqué qui gagnerait en efficacité et donnerait plus rapidement des résultats si le projet inno-vant était mieux accompagné dans sa globalité et dans le temps.

Les PME peinent à trouver l’interlocu-teur approprié pour les accompagner parmi les 90 acteurs présents en Ile-de-France.

Le réseau d’acteurs apparaît insuffisam-ment structuré et coordonné (même s’il

existe le Réseau de Développement Technologique), d’où la difficulté de trou-ver le bon interlocuteur au bon moment.

L’absence de coordination étroite entre services d’appui compromet le suivi des PME dans la continuité de leur projet et dans le temps. La réactivité de l’entre-prise, nécessaire dans l’environnement concurrentiel actuel, est sans rapport avec le temps de décision de l’administra-tion, trop long.

Il manque « un relais », « un point d’entrée » qui serait le premier interlo-cuteur de « confiance » capable d’o-rienter les PME selon leurs besoins spé-cifiques vers les acteurs spécialisés.

Pour lever les freins à l’innovation, les PME espèrent un appui à géométrie va-riable, personnalisé, répondant à leurs caractéristiques (taille, ancienneté, pré-sence à l’exportation, filières). Les be-soins identifiés dans l’enquête CCIP-Médiamétrie le confirment :

Parmi les difficultés pour innover, antici-per les besoins et contraintes du marché est l’obstacle majeur pour toutes les PME mais des différences apparaissent par secteur ou par type d’entreprise :

- Les PME du secteur des sciences du vivant peinent à trouver la technologie adaptée tandis que celles de la cons-truction, de l’industrie et du commerce qui ont entre 3 et 5 ans perçoivent la

recherche de partenaires pour leur projet d’innovation comme la difficulté majeure.

- Les PME qui n’exportent pas sont avant tout préoccupées par l’anticipa-tion du marché. Celles qui exportent au contraire ont des besoins particuliè-rement forts en matière de finance-ment.

- Les PME du secteur de la construc-tion estiment que l’optimisation de l’accompagnement constitue le levier prioritaire pour favoriser l’innovation.

- L’innovation non technologique mé-rite d’être soutenue et accompagnée car elle est créatrice de valeur com-merciale ou d’usage et d’emplois.

Bonnes pratiquesLa société Caisse-Commune est le premier opérateur à proposer aux Pari-siens un système d’autopartage de véhi-cules pour répondre à des besoins de mobilité ponctuels. Elle dispose de sept stations dotées d’une flotte de 59 véhi-cules utilisés par plus de 1000 adhé-rents. Le fondateur de Caisse-commune a bénéficié d’une formation à HEC Start-up (Challenge +) de l’appui d’un CRITT et d’un parrainage du Groupe Renault. Cet accompagnement lui a permis de construire son activité et d’asseoir sa culture d’innovation. (Source : entretien)

Paroles d’entrepreneurs« Dans le domaine du service, l’innovation est à la fois juridique, technologique, marketing. »« Innover pour nous, c’est adopter une nouvelle manière d’appréhender notre secteur (le jeu vidéo) : une nouvelle manière d’adresser le marché, de gérer la clientèle. Cela passe aussi par la recombinaison des technologies existantes pour se positionner sur des niches de marché, pour changer la manière de voir… »« Le rôle de la PME dans l’innovation est de casser les verrous techniques et les verrous marchés »

L’ACCOMPAGNEMENT DES PME : LE PROJET INNOVANT

NOS PRIORITES POUR LES PME 1. Créer un relais - point d’entrée qui soit l’interlocuteur

privilégié des PME afin de simplifier l’accès aux diffé-rents acteurs spécialisés et aux dispositifs d’appui ayant pour mission :

d’appréhender la globalité de leurs besoins, de leur projet et de ses spécificités (protection de l’innovation, modalités de collaboration avec les grands groupes, transfert de technolo-gie... );

d’assurer le suivi dans le temps du projet et sa traçabilité ;

de conserver l’historique des projets et du développement global de l’entreprise ;

de réaliser un « audit » des besoins avant d’orienter vers des interlocuteurs spécifiques.

2. Renforcer la lisibilité des dispositifs d’appui (compétences des organismes, critères d’éligibilité) et la réactivité des acteurs (temps de réponse plus court) grâce à :

un site Internet régional : « PME innovation Ile-de-France » comme ce qui a été développé dans d’autres régions (Nord Pas de Calais, Bretagne) ;

un numéro d’appel téléphonique unique innovation.

3. Améliorer la coordination des dispositifs existants et des acteurs s’appuyant sur :

un système d’information partagé entre les différents parte-naires (organismes intervenant dans le domaine de l’innova-tion, collectivités territoriales…) pour disposer d’informations à jour sur les aides, les disponibilités dans les structures d’accueil (pépinières, incubateurs….);

des bases de données relatives aux projets des différentes PME et aux projets des centres de recherche

4. Multiplier les réseaux de PME s’organisant autour d’une filière ou trans-sectoriels autour d’une technolo-gie ou d’un marché pour faire émerger de nouvelles coopérations.

5. Augmenter le nombre de lieux d’accueil et d’échanges (incubateurs, pépinières, centres d’affaires multisecto-riels) : lieux de proximité organisant l’accompagnement des en-trepreneurs souvent trop isolés, facilitant les synergies entre activi-tés et le développement de projets innovants

Mesures et actions mises en œuvreLes actions d’appui en matière d’innovation au niveau régional sont nombreuses, diversifiées et exercées par près de 90 acteurs.Dans le meilleur des cas, elles se font en partenariat. Les modalités sont variées : actions collectives ou individuelles. Le finance-ment public provient essentiellement du Conseil Régional, d’OSEO et de la DRIRE.

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L’INNOVATION, UN PROCESSUS MULTIFORME ET

Domaine I ◄

L’ACCOMPAGNEMENT DES PME : L’ACCÈS AU FINANCEMENT DE L’INNOVATION

Paroles d’entrepreneurs« Mieux vaut chercher des clients que perdre son temps à chercher des ressources financières publiques » « Si on a recours au crédit impôt recherche, on est sûr d’avoir un contrôle fiscal après ! »« Quand les grands groupes sont nos parrains, on a plus de crédibilité pour obtenir des financements des pouvoirs publics » « L'accompagnement pour la recherche de financements par l'équipe de Paris Innovation s'est révélé très précieux et nous a permis de gagner un temps considérable , elle nous a soutenu dans toutes nos démarches, assisté dans notre réflexion stratégique, orienté et accompagné dans les rendez-vous les plus importants ».

Constats Toutes les études convergent sur le fait que l’accès au financement constitue un obstacle majeur pour innover (Tableau de bord du SESSI, Enquête CCIP-Médiamétrie, Enquête auprès des banches professionnelles 2005 réalisée par la CCIP ). Une entreprise sur deux affirme rencontrer des problèmes de financement de son projet d’innovation dans l’Enquête CCIP-Médiamétrie qui révèle aussi que le problème de l’accès au financement est spécifique à la région parisienne et n’a pas autant d’acuité pour les PME de province.

Parmi les sources de financement, l’autofinancement arrive en tête (87% des PME), puis le crédit bancaire (33,8% des PME franciliennes contre 50,7% au niveau national); le manque de capitaux propres compromet le montage de pro-jets innovants et fragilise leur dévelop-pement.

Le manque de financement peut se faire sentir aux différentes phases du projet d’innovation (formalisation du pro-jet - étude de faisabilité et de marché -prototypage - industrialisation - commer-cialisation).

Les financements bancaires étant insuffisants, les PME doivent trouver d’autres ressources présentes en Ile-de-France (business angels, capital risque, capital développement, organismes pu-blics).

Cependant, le financement de l’amor-çage des projets innovants est particuliè-rement délicat pour les PME. Les Busi-ness Angels sont en nombre insuffisant (3 à 4 000 en France, contre 40 000 en Grande-Bretagne et 400 000 aux Etats-Unis) et peu structurés en réseau compte tenu des besoins des entreprises et du potentiel de la région.

Les PME apparaissent souvent mé-fiantes à l’égard des sociétés de capital risque qui rentrent dans leur capital, ce qui est un frein culturel à leur développe-ment. Elles craignent de perdre le contrôle du développement de leur acti-vité. Les modalités de retrait de la socié-té de capital risque doivent aussi être suffisamment anticipées.

Les entreprises plus matures dont la petite taille et le manque de capitaux propres fragilisent le développement doivent également être soutenues.

La phase de commercialisation (production de prototype à grande échelle ou test de nouveaux produits sur le marché) n’est pas assurée par les fi-nanceurs et constitue une étape blo-quante dans le processus d’innovation. Elle est perçue comme un frein au déve-loppement de l’entreprise qui ne peut recruter à cette étape. Elle mériterait d’être soutenue selon des modalités spé-cifiques.

Les financeurs, notamment les socié-tés de capital risque ne saisissent pas toujours les enjeux des technologies ex-plorées dans les projets de R&D ce qui freine leur engagement.

Les financements publics : Si l’infor-mation sur les aides est facilement ac-cessible sur de nombreux sites internet (sites des Chambres de Commerce, d’O-SEO, de l’APCE), les conditions d’accès et d’obtention (critères d’obtention, temps de réponse) sont à adapter aux besoins des PME.

Les différentes aides publiques sont segmentées, dispersées entre de nom-breux acteurs dont les critères d’attribu-tion diffèrent et sont changeants. Cela nuit à la lisibilité de l’ensemble.

Les formulaires à remplir apparaissent lourds et compliqués, les refus peu argu-mentés, les délais d’attribution sans rap-port avec les contraintes des PME. Les dossiers complexes à remplir revêtent une technicité à laquelle les PME ne peu-vent pas toujours répondre. L’identifica-tion du « bon interlocuteur et du bon or-ganisme » n’est pas toujours aisée.

OSEO puis le Conseil Régional sont les interlocuteurs publics incontournables en matière d’aides directes aux PME et privilégient l’innovation technologique. Qu’en est-il de l’innovation non technolo-gique? Le champ des aides publiques reste encore vierge sur cette question.

Les financements européens (PCRD) apparaissent « compliqués et inaccessibles » : le coût d’entrée est éle-vé. Sans préparation, il est pratiquement impossible pour les PME d’en bénéficier du fait de la complexité des procédures d’éligibilité (monter des partenariats euro-péens notamment).

Le bilan du 6ème PCRD révèle d’ailleurs que la participation et l'implication des PME-PMI françaises sont nettement in-

suffisantes par rapport aux autres pays similaires en masse critique d'entreprises susceptibles de déposer des dossiers et en comparaison avec les demandes des nouveaux entrants comme la Pologne : 317 PME en France sur le volet R&D et innovation du 6ème PCRD contre 650 en Grande-Bretagne – 800 en Allemagne -300 en Pologne....

Bonnes pratiquesDBV Technologies (créée en 2002) a développé des patchs-tests issus de la technologie E-Patch® qui représentent une avancée technologique et médicale dans le domaine des tests diagnostics de l'allergie. La société a bénéficié d'une première aide d'OSEO Anvar (aide à la création), puis d'un prêt à l'innovation pour la première année d'activité (2003). Elle a été qualifiée "Entreprise inno-vante", en septembre 2005. [Source : Ren-contres Economie Emploi – CCIP—nov. 06]

Consultencia (créée en 2003) est une société de service spécialisée dans l’édi-tion de solutions dans les Technologies de l’Information et de l’Intégration de solutions en informatique de Gestion pour les PME/PMI et les grandes socié-tés en Europe. Le projet innovant a vu le jour grâce à la collaboration avec le cen-tre de R&D d’IBM à Atlanta.

Reconnue Jeune Entreprise Innovante, elle a été lauréate de Paris Entreprendre en 2005 (association de chefs d’entrepri-ses) pour un prêt à taux 0 et a bénéficié de l’aide Cap Entreprise (prestation de conseil externe et formation). Elle a obte-nu le prix MASTER 2007 de la Création, de l’Innovation, de la Richesse, du Dyna-misme et de l’Esprit d’Entreprise lors du dernier salon des l’entrepreneurs (2007) remis par Bill Gates. Elle est actuelle-ment hébergée dans la pépinière de la CCIP Soleillet. [Source : salon de l’entrepre-neur 2007]

Deliver Diet est le premier service d'en-cadrement diététique, qui livre quotidien-nement des repas diététiques conçus par un chef, et validés par un nutritionniste. La société a bénéficié d’un prêt d’hon-neur de sa banque dans le cadre d’un concours d’aide à la création d’entre-prise. Elle est l’exemple typique d’une innovation marketing que les finance-ments publics à l’innovation ne prennent pas en compte. [source : entretien]

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L’INNOVATION, UN PROCESSUS MULTIFORME ET

Domaine I ◄

Les nouvelles initiatives des pouvoirs publics tant au niveau national que ré-gional tendent à remédier au manque de financements privés et provoquent un effet de levier favorable. Il convient de saluer ces initiatives dans la mesure où les montants alloués sont sans pré-cédent et que les capitaux privés ont longtemps été jugés insuffisants pour la création et le développement des entre-prises.

Au niveau national

Le programme gouvernemental "Gazelles" lancé en mai 2006 vise à apporter des financements, l’accès à des spécialistes pour 2 000 entreprises les plus dynamiques de France (entreprises entre 5 et 250 employés dont la masse salariale a augmenté entre 15 et 20% sur les deux derniers exercices, et qui ont généré un chiffre d'affaires inférieur à 50 millions d'euros), en plus d’un soutien aux investisseurs de proximité (Business Angels) via un appel à projets destiné à toute associa-tion d’investisseurs particuliers.

Le gouvernement a lancé le dispositif France Investissement pour abonder des fonds d’investissement dans les PME innovantes et en développement. Ce dispositif associe la Caisse des Dé-pôts et Consignations et six investis-seurs privés. L’objectif est d’offrir des solutions de financement plus nombreu-ses et des capacités d’investissement renforcées (soit 500 millions d’euros par an).

D’autres mesures méritent d’être sa-luées : élargissement des dépenses rendues éligibles à l'assiette du Crédit

Impôt Recherche — relèvement du pla-fond — création du statut de la Jeune Entreprise Innovante — fusion BDPME-ANVAR (nouvellement OSEO) et dou-blement de son budget pour 2007 ce qui préfigure le financement de nouveaux projets ayant une dimension technologi-que moins accentuée.

Forums du financement de l’inno-vation et de la compétitivité pour pro-voquer des rencontres entre les PME innovantes qui ne trouvent pas de finan-cements, et les investisseurs qui affir-ment avoir du mal à identifier de bons dossiers.

Lancé le 17 mai 2005, Alternext a été créé par Euronext pour répondre aux attentes des petites et moyennes entreprises souhaitant bénéficier d'un accès simplifié au marché boursier pour financer leur développement. Alternext offre aux PME des modalités d'admis-sion et de cotation assouplies, adaptées à leur taille et à leurs enjeux, tout en étant doté de règles propres à assurer une bonne information des investis-seurs. [Source : Euronext]

Au niveau européen

Le 7ème Programme-Cadre qui cou-vre la période 2007-2013 sera doté d'un budget de près de 70 millions d'euros, ce qui représente un doublement du budget annuel par rapport au 6ème PCRD. Même si ce programme n’attire pas suffisamment de PME, les moyens supplémentaires constituent un signe fort dans le cadre de la stratégie de Lisbonne.

Le Programme-cadre pour l’Innova-tion et la Compétitivité (PIC), doté de 3,6 milliards d’euros, est destiné à ré-pondre aux besoins des entreprises pour développer leur capacité de crois-sance et d’innovation par une utilisation accrue des technologies (de l'informa-tion et des communications, environne-mentales et/ou relevant des sources d'énergie renouvelables...). Les actions financées concerneront en priorité les services d’intermédiation et les réseaux d’entreprises.

Au niveau Régional

Le Conseil Régional d’Ile-de-France avec OSEO Ile-de-France et la DRIRE sont les principaux financeurs. L’évolu-tion des aides régionales (à des structu-res d’intermédiation ou directes aux entreprises via des fonds comme le prêt régional d’amorçage, fonds d’amorçage Scientipôle initiative, fonds de prêt et garantie régional) est à l’étude. Le bud-get du Conseil régional en matière d’in-novation a augmenté significativement pour soutenir par exemple de nouveaux fonds comme le Fonds Biotech). En augmentation d’environ 10,5% entre 2005 et 2006, il s’élève à 118 millions d’euros en 2007; Il a pour objectif d’at-teindre 5% du budget total en 2010.

Paris Europlace a également formulé des propositions destinées aux jeunes entreprises innovantes en matière de mise en place de financements et sou-haite à travers son engagement dans la création d’un pôle de compétitivité Place Financière en faire un axe d’ac-tion.

NOS PRIORITES POUR LES PME 6. Renforcer les dispositifs d’information et de formation

sur les aspects financiers de l’innovation et l’accompa-gnement pour accéder aux financements disponibles.

7. Créer des interfaces entre financiers et entreprises in-novantes pour : sélectionner les projets, évaluer les risques encourus et

les garanties possibles ; fournir aux investisseurs, des informations techniques,

managériales sur les entreprises.

8. Prendre en compte les différentes formes d’innovation (process, marketing, technologique..) et adapter les dispo-sitifs de financement aux différents stades du projet (amorçage – prototypage – dépôt de brevet – commerciali-sation et test des produits).

9. Favoriser une plus grande transparence des modalités d’attribution des aides publiques, leur simplification, et le raccourcissement des délais d’attribution.

10. Créer un portail du financement (sous la forme d’une base de données accessible par internet) des jeunes en-treprises de croissance pour rapprocher les investis-seurs et les PME.

11. Augmenter le nombre d’investisseurs (business angels, capital-risque, capital développement) intervenant dans les secteurs d’activité de pointe.

12. Assurer un accompagnement plus étroit et plus actif sur les programmes européens.

Mesures et actions mises en œuvre

L’ACCOMPAGNEMENT DES PME : L’ACCÈS AU FINANCEMENT DE L’INNOVATION

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L’INNOVATION, UN PROCESSUS MULTIFORME ET

Domaine II ◄

COOPERATION RECHERCHE-PME POUR STIMULER LA DIFFUSION ET LE TRANSFERT TECHNOLOGIQUE

Constats Les PME, dont les dirigeants sont des anciens chercheurs, sont celles qui ont les relations les plus étroites avec les centres de recherche. Les entrepreneurs parlent le même langage et font partie des mêmes réseaux (sociaux et profes-sionnels) de la recherche.

La forte concentration des universi-tés, des laboratoires de recherche et entreprises au niveau régional ne permet pas à elle seule le développement spon-tané de la collaboration pour favoriser l’innovation, et plus précisément du transfert de technologie. Elle va de pair avec la dispersion géographique des structures qui n’est pas propice aux sy-nergies et à la mutualisation des projets de toute sorte.

Une PME sur deux estime que le par-tenariat recherche publique / entreprise doit être renforcé (Enquête CCIP-Médiamétrie 2006). Les passerelles doi-vent être multipliées car elles peuvent permettre de favoriser la pérennisation d’activités de R&D peu présentes de manière structurée chez les PME.

Les modalités de collaboration PME / centres de recherche sont diverses tout

comme les bénéfices. Pour les PME : accéder à des chercheurs ou ensei-gnants de bon niveau, à des équipe-ments (salles blanches), au transfert des technologies... Pour les laboratoires : trouver auprès de l’entreprise des res-sources financières complémentaires pour développer la recherche, introduire de nouveaux cas pratiques et des pro-blématiques réelles liées au marché, créer des opportunités de recrutement.

Les PME se rapprochent des labora-toires quand elles n’ont pas les moyens humains ou financiers d’explorer seules des solutions technologiques pointues mais éprouvent souvent des difficultés à formaliser leurs besoins techniques de façon à ce que les laboratoires puissent les traduire en travaux de recherche ou dans leur programme.

Du côté des laboratoires publics, les scientifiques méconnaissent le monde de l’entreprise, ses exigences et contraintes, et préfèrent coopérer avec des grands groupes dont la surface fi-nancière et les contraintes temporelles s’articulent mieux avec leur propre logi-que de fonctionnement.

Bonnes pratiquesFondée en 2001, Artenum est qualifiéedans les domaines de la modélisation mathé-matique, la physique, la visualisation 3D et l'animation de collaboration de communau-tés. Elle fédère les projets de l’industrie spa-tiale. Positionnée à l'interface recherche / industrie, Artenum amène les technologies OpenSource les plus innovantes à ces deux secteurs, ses partenaires et clients sont des sociétés et des institutions suivantes : l’ONE-RA, Universités Paris 6, Paris 7, et Paris Sud, CNES, EDF, ESA, INRIA, ObjectWeb, Observatoire Paris Meudon,.[Source : http://www.artenum.com/fr/]

La société de biotechnologie DNA Thera-peutics a été créée par des chercheurs du CNRS, du Muséum National d'Histoire Natu-relle, de l'Inserm et de l'Institut Curie ; elle est spécialisée dans la découverte et le dévelop-pement de nouveaux agents anti-cancéreux luttant spécifiquement contre les résistances aux radiothérapies et chimiothérapies. Le projet a été soutenu par les directions de valorisation de ces quatre organismes, le département Sciences de la Vie du CNRS et le département de transfert de l'Institut Curie. Il a bénéficié notamment de l'aide au trans-fert de l'Oseo-Anvar, de l'Agence Nationale pour la Recherche. [Source http://www2.cnrs.fr/presse/journal/2710.htm]

Paroles d’entrepreneurs

« Les entreprises françaises ne font pas assez de recherche, il faut apporter des solutions auxquelles le client ne pense pas. L'avenir de la PME passe par cet investissement dans le futur” ». [source : PDG de Fleuret http://www.idf-tech.net/fleuret.php] - « Le monde de la recherche et le monde de l’industrie sont souvent disjoints. Quand on est une jeune et petite société, le rapprochement paraît encore plus délicat. » [Source : société Ixnove, magazine Référence Innovation n°3—2006 ] - « On rentre au CNRS comme on rentre au monastère. Si bien que nos meilleurs jeunes partent au MIT à Stanford... et ils ont raison car on bénéficie là-bas de moyens financiers leur permettant de réussir. » - « Il y a un conflit permanent entre les chercheurs et les financiers. Ce que les dirigeants d'entreprises doivent comprendre, c'est qu'il ne s'agit pas de faire un coup, mais d'investir régulièrement pour avoir des résultats sur le long terme. » [P. Pouletti, France Biotech]

Mesures et actions mises en œuvreLes initiatives d’intermédiation publique pour mettre en relation les laboratoires publics et les PME se sont multipliées en Ile-de-France : actions des CRITT, du RDT, du Centre de Relais Innovation, Forum Innovation et Compétences de la CCIP 92, Réseau d’Intermédiation Technologique de la CCI de l’Essonne, etc… Elles passent, par exemple, par des sites internet diffusant les travaux des centres de re-cherche et les demandes des entreprises. Parallèlement, certains laboratoires de recherche se sont engagés dans le développement de relations volontaires et organisées avec des PME (INRIA— ONERA…). Un ensemble de dispositifs structurant de mise en relation et en réseau (ayant une forte dimension de regroupement territorial) a pour vocation de favoriser ce rapprochement : les pôles de compétitivi-té, les Pôles de Recherche et d’Enseignement Supérieur (PRES), les Domaines d’Intérêt Majeurs (DIM). Les résultats de ces actions ne font pas encore l’objet d’évaluation.

NOS PRIORITES POUR LES PME13. Développer et promouvoir les rencontres entre labo-

ratoires de recherche et PME, notamment par la créa-tion de lieux d’échange et de sociabilité concentrant chercheurs et entreprises pour favoriser la mutualisa-tion de ressources (équipements comme les salles blan-ches, personnel…), des actions communes (séminaires, formations) et la fertilisation croisée des idées ;

14. Renforcer le transfert technologique et la diffusion des technologies en multipliant :- les formations adaptées aux PME pour les aider à traduire leurs besoins techniques en projets de recher-che- la mise en relation des PME avec les centres de re-cherche.

15. Multiplier et/ou regrouper les cellules de valorisation de la recherche des universités et favoriser leur pro-fessionnalisation sur la création et la gestion d’entrepri-ses.

16. Accroître les dispositifs permettant l’accueil de cher-cheurs de différents niveaux de qualification dans les entreprises le système des Bourses CIFRE destinés aux docto-

rants pourrait être étendu aux diplômés de niveau Licence ou Master.

17. Créer un fonds de garantie public favorisant le finan-cement des programmes de recherche par les PME.

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L’INNOVATION, UN PROCESSUS MULTIFORME ET

Domaine III ◄

Constats Les grands groupes ont besoin de la créativité, de la réactivité des PME pour innover, mais ne souhaitent pas toujours prendre en compte leurs contraintes ni consacrer du temps à la mise en place de relations de confiance.

Parallèlement, les PME redoutent en général de perdre leur autonomie dans une relation avec un grand compte. Les PME craignent que leur statut de sous-traitant les réduisent à être une variable d’ajustement sur laquelle pèsent des contraintes comme la réduction des coûts.

Les PME (souvent les plus petites) estiment qu’elles ont tissé des relations privilégiées et de proximité avec leur territoire d’implantation (emplois, mar-ché, fournisseurs…) Ce fort ancrage territorial réduit les risques de délocalisa-tion.

Elles pensent que les grandes entrepri-ses ont une responsabilité importante dans le maintien du tissu local des PME (à travers le choix de leurs fournisseurs). La complexité des appels d’offre des grands comptes (privés et publics) a aussi tendance à dissuader les PME à répondre à leurs appels d’offre.

De nombreux exemples montrent que l’appui d’un grand groupe ou la collabo-ration avec le centre de R&D d’un grand compte renforce la crédibilité du projet innovant de la PME à la recherche d’un financement public ou de nouveaux clients.

En pratique, les PME créatrices de produits à forte valeur ajoutée ren-contrent moins de difficulté à collaborer avec des grands comptes que les autres.

Dans les relations de sous-traitance, le donneur d’ordre peut jouer un rôle déterminant auprès de ses prestataires pour favoriser et accompagner leur inno-vation de process. Il peut être moteur dans l’innovation qui va permettre au sous-traitant de créer de la valeur pour se positionner sur de nouveaux mar-chés. Le sous-traitant peut aussi être un partenaire pour participer à l’amélioration d’un produit auquel il contribue déjà.

D’une manière générale, les PME, accordent aux relations de confiance et à la confidentialité une importance capi-tale. Elles s’interrogent sur le type d’ac-cord qu’elles peuvent conclure avec un grand compte pour les préserver tout au long de la mise en œuvre de leur projet de R&D .

Bonnes pratiques

La société DBV, qui exploite une techno-logie originale dans le domaine de la désensibilisation des allergies, a reçu le prix de l’innovation technologique décer-né par le Groupe Siemens, qui lui a ac-cordé une assistance technique et mo-rale comprenant un conseil d'une durée d'une année dans ses démarches de R&D en Région Ile-de-France (ainsi que la somme de 5 000 euros). [Source : 4ème Rencontres Economie Emploi de la CCIP -nov. 2006]

Sanofi-Aventis a contribué au portage international de la PME International Drug Licensing. Elle a permis à la PME de disposer d’un bureau à New York, d’accéder notamment aux ressources juridiques pour attaquer le marché amé-ricain. [Source: entretien]

TEMIS a reçu aux côtés de TOTAL le prix de l'Observatoire de la Relation Grandes Entreprises - PME innovantes 2005, initié par l'IE-Club. Ce prix met en lumière des partenariats réussis entre grandes entreprises et PME innovantes. [Source : http://www.ie-club.com/site-observatoire et entretien]

Paroles d’entrepreneurs

-« Les grands groupes ont une vraie responsabilité dans la diffusion de la culture d’innovation chez les PME notamment, chez leurs sous-traitants » - « Pour nous, être dans le consortium avec un grand compte est un « confort » pour adresser un nouveau marché, sinon on n’irait pas. » - « On n’a pas vraiment de difficulté à travailler avec un grand groupe si les nouveaux produits ont de la valeur » « J 'ai pu constater qu’à chaque fois que nous présentions nos projets aux grandes entreprises françaises, elles s’appesantissaient bien souvent sur les risques induits plutôt que sur les ressources à mettre en œuvre pour que cela fonctionne. Rien de tel aux Etats-Unis, au Brésil, où l’accent est mis sur la dynamique nécessaire à la réussite d’un projet. » - « Je me suis adressé à un grand-groupe aux Etats-Unis qui a soutenu notre projet et continue de collaborer ; la filiale française n’a jamais voulu nous rencontrer. »

Mesures et actions mises en œuvrePlusieurs dispositifs méritent d'être cités :

Le dispositif PLATO vise à favoriser le développement des relations d’affaires entre PME et grands groupes, à échanger sur les bonnes pratiques et à mettre un coach issu d’une grande entreprise à disposition des PME pendant une durée de 2 ans. C’est un lieu de collaboration fructueux pour les PME (3 PLATO sont actifs : PLATO II Cergy-Pontoise / Val-d’Oise - PLATO Interdéparte-mental du Pôle de Roissy - PLATO des Boucles de Seine.)

Le Comité Richelieu a initié le PACTE PME qui vise à améliorer l’accès des PME innovantes à la commande publique et privée (notamment des grands groupes). Les trois principaux pôles de compétitivité franciliens ont signé ce Pacte PME : MEDICEN Pa-ris Région, CAP DIGITAL, SYSTEMA@TIC. Au niveau national, 927 PME et 31 grands comptes l’ont signé.

L’IE-Club, réseau d’affaires des entreprises innovantes et de leurs partenaires, a créé un Observatoire de la relation Grandes entreprises- PME Innovantes, chargé de rechercher, évaluer et mettre en lumière les bonnes pratiques dans ce domaine. Parmi ses activités, la remise régulière d’un prix aux « binômes réussis ».

NOS PRIORITES POUR LES PME18. Augmenter les contrats d’affaires avec les grands grou-

pes et sécuriser les achats effectués par ces derniers au-près des PME innovantes par un système de garantie repo-sant sur une impulsion publique.

19. Intensifier les actions de « parrainage » des grandes entreprises pour financer les différentes phases de déve-

loppement de l’innovation (financement de la R&D, com-mercialisation, ouverture de marchés étrangers).

20. Mettre en place un dispositif d’information clair et adap-té sur les modalités de collaborations possibles avec les grands groupes (cession de licences, accords commer-ciaux…)

RELATIONS GRANDES ENTREPRISES / PME

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Domaine IV ◄

Constats Remplir l’objectif de Lisbonne de 3% du PIB consacré à la R&D nécessite d’accroître les effectifs consacrés à la recherche en France de quelque 50 000 personnes, spécialement dans les entre-prises à l’horizon 2010.

Un tel défi suppose de revaloriser les filières de recherche scientifique et tech-nologique, et de les adapter aux besoins des entreprises mais aussi de former les scientifiques à la gestion de l’entreprise.

Le besoin en personnel qualifié est tout à fait identifié par les PME qui inno-vent selon l’enquête CCIP-Médiamétrie 2006. Une PME sur deux estime ne pas disposer de savoirs et de qualifications suffisants au sein de l’entreprise pour développer l’innovation et deux PME sur trois voient dans la qualification de ses salariés la clé de l’innovation. Pour pal-lier cette faiblesse, 2/3 des PME sont prêtes à former leurs salariés et la moitié des PME à recruter des collaborateurs sur le territoire. 61% des PME estiment que la formation initiale et continue est un levier pour développer l’innovation.

Le potentiel existe pourtant : 8000 doctorants sortent de l’enseignement supérieur pour seulement 2 102 postes d’enseignants - chercheurs disponibles (chiffres au niveau national en 2006).

Mais les PME hésitent à recruter des docteurs soit pour des raisons financiè-res pour les plus petites, soit parce que les chercheurs manquent de formation de terrain. Parallèlement, ces derniers sont peu ou mal préparés dans leurs études au monde de l’entreprise et peu accompagnés pour s’y insérer.

Les passerelles entre les PME et les chercheurs doivent donc être établies en amont, à l’occasion de stages, de colla-borations sur des projets de recherche pour donner lieu à des recrutements ultérieurs.

Les PME ont aussi besoin d’esprits innovateurs, de salariés réactifs, à l’affût des tendances, capables de veiller et d’anticiper le marché. En effet, l’innova-tion est un processus collectif qui néces-site la mobilisation de toutes les fonc-tions et tous les métiers de l’entreprise. La créativité, la motivation, et l’implica-tion se révèlent déterminantes pour la réussite du projet d’innovation.

La diffusion de la culture d’innovation passe par la formation initiale et continue à l’ensemble du processus d’innovation (technologies, gestion de la propriété intellectuelle, apprentissage de techni-ques de créativité et de méthodes d'ex-périmentation...), le travail en équipe et en réseau.

Bonnes pratiquesL’Institut de Cybernétique appliquée au Management, en relation avec le Laboratoire de Chronobiologie Appliqué, est spécialisé dans la R&D en sciences humaines et sociales. Il a mis au point un logiciel (système expert) destiné à identifier les talents novateurs dans l’en-treprise, testé dans des grands groupes ; l’innovation réside à la fois dans la dé-marche d’accompagnement à l’utilisation du logiciel et dans les résultats obtenus aux tests. Il constitue un outil utile aux PME pour valoriser les points forts de leurs collaborateurs dans les différentes étapes des projets d’innovation. [Source : entretien]

L’innovation, cela s’apprend480 entreprises et organisations irlandai-ses (soit plus de 1100 cadres) ont parti-cipé au programme de formation “Innovation Management Initiative Enterprise Ireland” visant à développer des compétences et des techniques de gestion de l'innovation. Les formations vont d'un cours d'initiation de trois jours aux diplômes et maîtrises en gestion des technologies.[Source: Revue Innovation et transfert techno-logique, CORDIS, mars 2004]

Paroles d’entrepreneurs« L'enjeu de l’innovation est aussi d’acquérir une vraie dynamique managériale et économique, et surtout un état d’esprit. J’associe souvent l’innovation à la faculté des entreprises d’apprendre. » [Bernard Charlès, directeur général de Dassault Systèmes, «L’effort d’innovation est toujours un pari sur l’avenir», L’usine Nouvelle, 07/12/2006] - « On a parfois plusieurs projets en tête, mais comment choisir la meilleure idée ? » - « Quand doit-on décider d'interrompre un projet qui ne marche pas ? » - « S'il n'existe pas dans votre entreprise une culture de l'innovation, vos collaborateurs ne viendront pas vous proposer des idées. Or, vous avez besoin d'un afflux constant d'idées à déverser dans l'entonnoir qui finira par produire des projets rentables ».

Mesures et actions mises en œuvre Il est particulièrement difficile d’identifier les formations initiales et continues en matière d’innovation au sens large dans les 17 universités franciliennes et parmi plus de 40 grandes écoles. Elles relèvent de diverses disciplines et ne sont recensées nulle part de manière exhaustive.

La Chaire Economie de la technologie et de l'innovation, qui contribue à la vulgarisation du domaine et diffuse des conféren-ces « les mardis de l’innovation » sur internet. Elle dépend du Centre National de Arts et des Métiers (CNAM) et de la spécialité Innovation, Prospective, Technosciences et Société dont les formations préparent aux fonctions de veille prospective, d'innova-tion, de gestion de la recherche et du patrimoine scientifique et technique.

Les établissements d’enseignement de la CCIP dispensent des formations initiales et continues en matière d’innovation qui couvrent les différentes composantes du processus et organisent de nombreux séminaires et conférences sur ces thèmes.

NOS PRIORITES POUR LES PME21. Intégrer systématiquement dans le cursus des cher-

cheurs / ingénieurs / étudiants des formations à : l’entrepreneuriat, à la gestion de l’entreprise (relations

client, développement de marchés, de produits, etc...) ; au management de l’innovation (transfert de technologie,

veille concurrentielle, gestion de la propriété intellectuelle, apprentissage de techniques de créativité et de méthodes d'expérimentation)

22. Etoffer les compétences des cellules de valorisation de la recherche en gestion de l’innovation et de l’entreprise. En créer dans les universités dépourvues ou mutualiser leurs actions.

FORMATION AU MANAGEMENT DE L’INNOVATION ET A LAGESTION DE L’ENTREPRISE

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L’INNOVATION, UN PROCESSUS MULTIFORME ET

Domaine V ◄

Constats Une entreprise sur quatre dans l’Union européenne travaille dans un environne-ment de cluster (groupement d’entrepri-ses autour d’une filière, d’une technolo-gie ou d’un marché limité généralement à une zone géographique pour favoriser la proximité), caractérisé par une coopé-ration forte avec d’autres entreprises dans une région et des liens étroits avec les infrastructures d’affaires locales (selon l’Innobarometer 2006). Les pays nordiques considérés comme les cham-pions de l’innovation ont, en outre, les réseaux les plus nombreux et les plus denses.

Les PME ont des attentes à l’égard des pôles qui vont bien au-delà de l’effet réseau des clusters européens. Elles espèrent que les pôles leur faciliteront tout ce qui leur est difficilement accessi-ble : les financements, les relations avec les grands groupes, une vision du mar-ché, un réseau et des animations, un accès à l’international… En bref, une mutualisation de moyens. Les pôles peu-vent-ils répondre à ces attentes diversi-fiées ? Parallèlement, les pôles, souvent pilotés par des grands groupes, sauront-ils tirer le meilleur parti des atouts des PME ?

Les entreprises de grande taille et d’envergure internationale ont été les moteurs des pôles car elles peuvent fournir des projets de masse critique suffisante en terme de recherche

(associant un nombre conséquent de chercheurs) et de marchés.

Dès lors les PME intégrées dans les projets des pôles ont souvent le senti-ment de ne pas être suffisamment prises en compte. Le montage financier des projets n’intègrent pas les contraintes de financement des PME et la complexité des procédures.

Les pratiques propres à chaque pôle en matière d’adhésion, de construction de partenariats et de projets, de finance-ment, les procédures de labellisation rendent l’accès des PME difficile.

Le lien avec les organismes d’enseigne-ment et de formation constitue la force des clusters de renommée mondiale (Silicon Valley, Bangalore…) et semble être encore faible dans les pôles franci-liens.

Quel soutien les PME, hors pôles, peuvent-elles espérer si la majorité des financements est orientée vers les pô-les ? Quelles alternatives pour un travail en réseau ?

Les pôles franciliens - System@tic : 200 acteurs industriels, académiques et institutionnels franciliens autour de projets de R&D coopératifs répartis sur quatre marchés applicatifs à forte valeur ajoutée : Télécoms, Sécuri-té-Défense, Automobile-Transports, Ou-tils de Conception et Développement de Systèmes.

- MEDICEN : dédié aux hautes techno-logies pour la santé, les nouveaux médi-caments et les nouvelles thérapies géni-ques, moléculaires et cellulaires. Les 37 jeunes entreprises et PME sont impli-quées dans 13 projets. - Cap Digital : 250 adhérents (PME, grandes entreprises et laboratoires pu-blics). Le pôle a pour mission le dévelop-pement de la R&D, la croissance des entreprises, et la mise en réseau des organismes spécialisés dans le contenu numérique (ingénierie des connaissan-ces, patrimoine numérique, image-son et interactivité, jeux vidéo, éducation numé-rique, services et usages). - Mov’eo : ce pôle est issu de la fusion des pôles « Normandy Motor Val-ley » (régions Haute et Basse-Normandie) et « Vestapolis » (région Île de France). Il concerne le secteur de l’automobile et des transports collectifs sûrs pour l’homme et son environnement. - Ville et Mobilité Durable : le pôle re-groupe une trentaine d’entreprises, une vingtaine d’établissements d'enseigne-ment supérieur et de recherche et une vingtaine de collectivités territoriales ; l’imbrication de ses trois thèmes de tra-vail (la ville, son aménagement et sa gestion - l'habitat et la construction - la mobilité des personnes, des biens et de l'information) donne lieu à deux chan-tiers : la lutte contre l'effet de serre et les économies d'énergie.- Le pôle Industrie Financière– Tech-nologies et Innovation est en cours de labellisation.

Paroles d’entrepreneurs« Obtenir le label d’un Pôle de compétitivité à vocation mondiale, cela donne d’abord de la valeur ajoutée au projet et à l’entreprise. La labellisation, c’est une forme de communication qui nous a apporté de nouveaux contacts, pas forcément de demandes de services, mais de la crédibilité… Elle nous fait connaître comme entreprise performante et comme entreprise capable de collaborer » - « Les pôles ont créé un engouement chez les PME qui y sont entrées mais est-ce qu’elles vont s’y retrouver ? Ils ne pourront donner tout ce qu’elles attendent. On a créé un monstre avec de bonnes intentions… »

Mesures et actions mises en œuvre Trois appels à projets du Fonds Unique Interministériel (FUI) et une première sélection de 2005 ont permis de soutenir 272 projets issus de 60 pôles de compétitivité (parmi les 66 labellisés), soit un montant de dépenses de R&D de 2,3 milliards d’euros et 7000 cher-cheurs, et un financement public de 740 M€ dont 390 M€ par l’Etat. L'Agence Nationale pour la Recherche est également un des princi-paux financeurs des pôles de compétitivité avec un soutien global en 2006 de 167,6M€, soit 240 projets labellisés par 50 pôles. Pour le 3ème appel à projet clos à la fin 2006, le Gouvernement annonce le financement de 100 projets de recherche et développement issus de 47 pôles de compétitivité, pour un financement par l’Etat de l’ordre de plus de 153 M€. Les collectivités territoriales contribueraient à hauteur de près de 80 M€. Un 4ème appel à projets a été lancé le 1er mars 2007 (projets sélectionnés en juillet 2007). L’analyse des projets montre une concentration thématique sur les secteurs TIC et image/multimédia, énergie, santé, biotechnologies, aéronautique et transports – qui recueillent plus des 3/4 des crédits. Cette concentration est conforme aux principaux enjeux de l’économie française. Parmi les entreprises bénéficiaires au niveau national, 40 % sont des petites et moyennes entreprises.

Parmi les initiatives en faveur des PME, il est à noter une action de simplification des procédures réalisée dans le Val de Marne (CLAP—Comité Local d’Accélération des Procédures - fruit du partenariat entre la CCIP, l’agence de développement Val de Marne et le préfet du Val de Marne). D’autres régions ont engagé le même type de démarche souvent en relation avec leur agence régionale d’inno-vation.

NOS PRIORITES POUR LES PME23. Organiser un accompagnement dédié aux PME au sein

des pôles de compétitivité (simplification des procédures de financement, aides aux recrutements, animation de réseaux, propriété industrielle appui à l’international)

24. Bénéficier de la structure des pôles de compétitivité pour le développement des activités de R&D (développement de nouveaux projets, transfert et diffusion

de technologies, création d’entreprises innovantes...) grâce à l’articulation avec les acteurs locaux, nationaux et interna-tionaux, et aux synergies entre grands groupes, laboratoi-res, établissements d’enseignement...

25. Améliorer l’information concernant l’accès aux pôles de compétitivité afin que les PME puissent y trouver des colla-borations et des synergies.

LE CAS DES PÔLES DE COMPETITIVITÉ

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L’INNOVATION, UN PROCESSUS MULTIFORME ET

Domaine VI ◄

ConstatsSavoir-faire des PME

Le savoir-faire des PME franciliennes est riche. Il repose sur des compétences, des outils, des méthodes, des connaissan-ces, des expériences que les PME souhaiteraient mutualiser à travers des réseaux d’entreprise pour l’enrichir et le partager.

L'expérience et le savoir faire des PME qui ont traversé les arcanes de l’innovation est riche d’enseignement ; son trans-fert vers d’autres entreprises dans le cadre de réseaux d’affai-res permettrait à d’autres un gain de temps et d’efficacité ap-préciable.

Les PME acquièrent davantage de notoriété quand leur sa-voir-faire, leurs bonnes pratiques sont diffusés largement, ou récompensés par des distinctions (prix, concours de l’innova-tion nombreux mais peu connus).

Les PME présentes à l’exportation estiment qu’elles ne disposent pas d’outil de promotion de l’image d’innovation de la région Ile-de-France et ne peuvent valoriser le savoir faire du tissu industriel d’où elles émanent.

La bonne connaissance qu’ont certaines PME de marchés de niches constitue aussi des connaissances qui peuvent être mu-tualisées entre PME et qui peuvent aider les acteurs publics à orienter leurs choix de financement (soutien de PME sur certains marchés, ou dans des secteurs stratégiques ou émergents…).

Suivi statistique, évaluation et veille prospective

Le suivi statistique des politiques d’innovation est assuré au niveau gouvernemental par le SESSI (Service des Etudes Statis-tiques Industrielles du Ministère de l’Economie et des Finances) et au niveau européen par le Tableau Européen de l’Innovation (Commission Européenne). Aucun outil statistique régional ne donne une photo actualisée en permanence de l’innovation ré-gionale à tous les acteurs présents. L’innovation dans les PME n’est pratiquement pas traitée dans les enquêtes, excepté par OSEO dans ses bilans annuels (concernant une petite partie des entreprises).

Un niveau de connaissance partagée sur l’innovation à partir d’indicateurs communs permettrait d’assurer un meilleur suivi de la politique régionale d’innovation et d’ajuster l’action publique à la stratégie régionale. L’évaluation de la politique régionale d’innovation devrait être réalisée par des organismes indépendants à la région pour être réellement performante.

S’appuyer sur l’intelligence économique, c'est-à-dire sur une surveillance permanente de l'environnement pour y déceler dès que possible les technologies émergentes, les marchés promet-teurs, ou les futurs concurrents est crucial pour orienter la straté-gie et le développement des PME. Pour cela, la région doit aussi pouvoir disposer d'une démarche prospective afin d’éclairer ses choix stratégiques en faveur des domaines de recherche nou-veaux, permettant d'orienter les financements destinés aux PME en conséquence.

Paroles d’entrepreneurs« A l’étranger, il nous faut sans cesse nous justifier pour vendre notre technologie, nous avons besoin de faire la promotion de ce que la France innovante a fait ces dernières années, cela nous faciliterait la tâche d’avoir un outil de promotion». « Lors de rendez-vous d’affaire à l’étranger, nous ne pouvons présenter aucune brochure sur les inventions créées en Ile-de-France » -« Nous pâtissons d’un déficit d’image et celui-ci ne doit pas être sous-estimé. Car si on imagine que l’économie de demain évoluera vers une économie de partenariats, la réputation et la notoriété seront déterminantes dès le départ. » (B. Charlès, Dassault Systèmes, “Bienvenue dans le laboratoire virtuel”, Enjeux les Echos, Hors Série, décembre 2006)

Mesures et actions mises en œuvreIl existe de très nombreux prix de l’innovation qui ne font l’objet d’aucun recensement précis. Pour l’édition 2006, la CCIP s’est, par exemple, associée au Grand Prix de l’Innovation de Siemens, premier déposant de brevets en Europe. 50 sociétés ont été sélection-nées et ont répondu aux critères suivants : mise au point de leur innovation dans les 12 derniers mois, développement de la R&Den Ile de France, impact de l’innovation sur la vie quotidienne future des populations, stratégie s'appuyant sur des technologies inno-vantes, implication directe dans les domaines de la santé, du numérique et des transports et approche « société de croissance ».

Aucun outil statistique sur l’innovation n’a encore été élaboré au niveau régional. Les enquêtes européennes (Community Innovation Survey 4 pour la plus récente) ou nationales (14ème Tableau de bord de l’Innovation du SESSI) fournissent les résultats des entre-prises de la région qui pourraient être complétées par un outil régional. La CCIP a réalisé son baromètre CCIP-Médiamétrie de sep-tembre 2006 sur l’innovation et a également consulté les fédérations professionnelles pour recueillir l’opinion des entreprises franci-liennes.

NOS PRIORITES POUR LES PME26. Mettre en place une veille technologique permanente

au niveau régional pour déceler le plus tôt possible les technologies émergentes et les marchés porteurs : Associer les PME pour qu’elles transmettent leur con-

naissance des filières, des marchés et des secteurs émergents.

27. Réaliser une veille orientée vers l’anticipation des be-soins des PME en matière de nouvelles qualifications requises par les changements technologiques en cours et prévisibles.

28. Elaborer un outil statistique de suivi de l’innovation au plan régional orienté vers la comparaison entre régions européennes.

29. Evaluer la politique régionale d’innovation à partir d’objectifs partagés en ayant recours à des organis-mes indépendants.

30. Mettre en œuvre des actions collectives et individuel-les d’intelligence économique par filière en faveur des PME.

31. Promouvoir l’expérience des PME qui innovent et qui réussissent (recensement des expériences, des prix, concours et trophées ou promotion des succès des PME via des sites Internet)

32. Publier un ouvrage promotionnel sur le potentiel de l’Ile-de-France retraçant les inventions qui y ont été créées et développées ces 50 dernières années.

LES PME AU CŒUR DE LA STRATÉGIE RÉGIONALEDE DÉVELOPPEMENT DE L’INNOVATION

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L’INNOVATION, UN PROCESSUS MULTIFORME ET

Auditions et entretiens ◄

INNOVER EN ILE-DE-FRANCE : LES PRIORITÉS POUR LES PME

Les auditions ont été réalisées par la Commission d’Aménagement et de Développement Economique Régional ou par son président M. G. Diepois et par Mme C. Binet, rapporteur.

Mme N. CARMONA Directrice adjoint OSEO ANVAR Ile-de-France www.oseo.fr

M. A. DE BRESSON Délégué Général - Paris - Europlace www.paris-europlace.netM. G. HUOT Président CCI Essonne www.essonne.cci.frMme S. SRODOGORA Directrice Recherche Enseignement –

Conseil Régional www.iledefrance.frM. D. TERSEN Directeur Unité Développement

Economique - Conseil Régional www.iledefrance.fr

Mme A-S. BAYLE Conseil Général du Val-de-Marne www.cg94.frM. J. BILLE CCI Essonne www.essonne.cci.frMme A. CHANTEGROS Conseil Régional www.iledefrance.frM. N. DA SILVA Agence Régionale de Développement

d’Ile-de-France www.paris-region.comM. L. DE MERCEY Délégation Régionale à la Recherche

et à la Technologie www.drrt-ile-de-France.frM. H. DUAULT Directeur de Paris Développement www.parisdeveloppement.comM. A. JAUNAY Conseil Régional www.iledefrance.frMme S. LARTIGUE IAURIF www.iaurif.orgM. E. LEPRINCE Comité Richelieu www.comite-richelieu.orgM. T. MARCOU Fondation Internet Nouvelle Génération www.fing.orgMme L. TASSONE OSEO - ANVAR www.oseo.fr

M. F. CARON Empreinte multimedia www.empreinte.comM. P. COULON Architecture multimédia www.ammedia.orgM. P. CUNNINGHAM Marratech Systèmes SARL www. marratech.comM. L. DANNELS Televic www..televic.frM. S. DISTINGUIN Fabernovel www.fabernovel.comM. A. FARRO So Pleased www.sopleased.com - www.tivipro.tvM. G. FIELDS Cabinet Fields Juristes traducteurs www.cabinetfields.comM. B. GINET LCA Laboratoire de Chronobiologie AppliquéeM. J. HEITZMANN JAITO www.jaito.comM. B. HERTZOG Attitude Studio www.attitude-studio.comM. J. JEAN Technologies & Services www.etechnoserv.comM. R. KALOCSAI Software Continuity et i-e Club www.software-continuity.comM. D. KAPELIAN 123 productionsM. S. KOLEILAT Acropolis telecom www.acropolistelecom.netM. J. LAWSON DAKU Optopartner www.optopartner.comM. C. MOINDROT Battlecorp www.battlecorp.com

M. C. MORENO SINOVIA www.sinovia.com

AUDITIONS

INTERVIEWS D’ORGANISMES ET D’INSTITUTIONS

INTERVIEWS D’ENTREPRISES

Les personnes citées ci-dessous ont été consultées dans le cadre d’auditions et d’entretiens. Elles en sont remerciées, leur éclairage et contribution ayant permis d’enrichir largement nos travaux.

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L’INNOVATION, UN PROCESSUS MULTIFORME ET INNOVER EN ILE-DE-FRANCE :

LES PRIORITÉS POUR LES PME

M. F. MARTELET SCRIPTO SA www.groupe-welcome.comM. X. MIGNON PERTIMM www.pertimm.comM. L. MIGNOTTE Loïc Caisse Commune www.caisse-commune.comM. J. OLYMPIO Consultencia www.consultencia.comM. J-C. PITCHO Cambio www.cambio.frM. P. RECCOUPPE COGICOM www.cogicom.frMme J. REINERT DELIVER DIET www.deliverdiet.frM. M. STEHLE Sopra SA www.sopra-sa.comM. F. SYLVAIN Neocase Software www.neocase-software.frM. A. VALERY Companeo www.companeo.com

M. S. DORSCHNER Pôle de compétivité System@tic www.systematic-paris-region.orgMme M. VORGAN LE BARZIC Silicon Sentier www.siliconsentier.org

Auditions et entretiens ◄