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magazine Agriculture Alimentation Environnement Penser la recherche agronomique au niveau mondial Penser la recherche agronomique au niveau mondial INR A RECHERCHE Premier inventaire des organismes exotiques en Europe N°5 - JUIN 2008 REPORTAGE L’équipe de recherche de Mirecourt HORIZONS Nourrir 9 milliards de personnes en 2050

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magazine

AgricultureAlimentationEnvironnement

Penser la recherche agronomiqueau niveau mondial

Penser la recherche agronomique au niveau mondial

INRA

◗ RECHERCHEPremier inventaire des organismes exotiques en Europe

N°5 - JUIN 2008

◗ REPORTAGEL’équipe de recherche de Mirecourt

◗ HORIZONSNourrir 9 milliards de personnes en 2050

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INRA MAGAZINE • N°5 • JUIN 2008 ●

L ’agriculture française a su relever en son temps le défi de la satisfaction des besoins alimentaires de nosconcitoyens. La recherche agronomique a ici joué un rôle

premier. Les défis alimentaires, environnementaux et sociauxsont aujourd’hui planétaires. Les agricultures des Nords et desSuds sont à ré-inventer simultanément, car elles sont et seront de plus en plus interdépendantes et parce qu’elles s’apportent,l’une à l’autre, des éclairages enrichissants. Il est de laresponsabilité de la recherche agronomique de s’engager à cette échelle internationale.

L’Inra entretient de nombreuses collaborations tant dans les paysindustrialisés que dans les pays émergents. Mais historiquement,il y avait une forme de partage des rôles entre l’Inra quis’intéressait à l’agriculture en milieu tempéré et d’autresorganismes, comme le Cirad, qui l’abordent en milieu tropical.C’est pour dépasser cette segmentation que l’Inra et le Ciradrenforcent leurs coopérations sur des thématiques de rechercheset qu’ils ont uni, depuis 2006, leurs réflexions prospectives sur les systèmes agricoles et alimentaires à l’horizon 2050.

Cette nécessité d’ouverture et de partage des connaissancesscientifiques à l’échelle internationale, les deux organismes l’ont affirmée ensemble, le 3 juin, dans un colloque internationalqui a réuni des participants venus de plus de 50 pays des Nordset des Suds ainsi que tous ceux qui ont suivi les débats à distancegrâce à des connexions Internet. Ce colloque était une étape dans la mobilisation de la recherche agronomique. Elle devra se poursuivre, à la fois au sein de l’Inra et au niveau mondial,avec l’ensemble des acteurs de la recherche et du développement.

Marion Guillou,présidente-directrice générale

Chers lecteurs,

◗sommaire

Directrice de la publication : Marion Guillou. Directeur éditorial : Pierre Establet. Rédactrice en chef : CatherineDonnars. Rédaction : Magali Sarazin, Pascale Mollier, Patricia Léveillé. Ont contribué à ce numéro : Gilles Aumont ,Pierre Casadebaig, Michelle Cussenot, Philipe Debaecke, Catherine Esnouf, Marie-Colette Fauré. Photothèque : Jean-MarieBossennec, Julien Lanson, Christophe Maître. Maquette : Patricia Perrot. Couverture : Faire Savoir. Conception initiale :Citizen Press - 01 53 00 10 00. Impression : Caractère. Imprimé sur du papier issu de forêts gérées durablement. PEFC/10-31-945 Dépôt légal : juin 2008.Renseignements et abonnement : [email protected]

03◗ HORIZONSTribune Inra-Cirad

Moderniser la gestion de la recherche

06◗ RECHERCHES& INNOVATIONS

Premier inventaire des organismes exotiques en Europe

Gaz à effet de serred’origines agricole et forestière

Conflits dans les espacesruraux et péri-urbains

Reconstruire l’histoire du génome des céréales

Tournesol et sécheresse

13◗ DOSSIERPenser la rechercheagronomique auniveau mondial

25◗ REPORTAGEL’équipe de recherche de Mirecourt

Outils de veille stratégiqueen santé animale

Alimentation et développement durable

29◗ IMPRESSIONS

34◗ REGARDL’évaluation multicritère des unités de recherche

36◗ AGENDA

EDITO

3● INRA MAGAZINE • N°5 • JUIN 20082

ISSN : 1958-3923

INSTITUT NATIONAL DE LA RECHERCHE AGRONOMIQUE147 rue de l'Université • 75338 Paris Cedex 07 www.inra.fr

A près de longues annéesd’oubli, l’agriculture foca-lise l’attention de la Banquemondiale dans son rapport

2008 et mobilise les chefs d’Etat dansun sommet mondial sur la sécuritéalimentaire. Les récentes « émeutes dela faim » nous le rappellent en effetde façon dramatique : l’alimentationet l’agriculture sont un enjeu majeurde ce siècle.Au-delà de la réponse immédiate auproblème d’accès à la nourriture desurbains les plus pauvres, il faut pren-dre toute la mesure du triple défi quiest devant l’agriculture mondiale :celui de la croissance démographique,avec environ 9 milliards d’habitantsà l’horizon 2050, de la raréfaction desénergies fossiles et des changementsenvironnementaux, avec le réchauf-fement climatique, l’érosion de la bio-

diversité et la dégradation des sols. Larecherche agronomique doit se mobi-liser pour aider les agriculteurs à re-lever ces défis, en tirant les leçons dupassé et en proposant des pistes pourl’avenir. Tel est le sens de l’expertisecollective internationale sur l’agricul-ture et le développement (IAASTD :Assessment of Agricultural Knowledge,Science and Technology for Develop-ment), et de l’implication de l’Inra etdu Cirad dans cet exercice.L’IAASTD relève un bilan contrastéde l’évolution de l’agriculture au coursdes 50 dernières années : la produc-tion alimentaire a plus que doublé,mais l’écart de rendement entre les ré-gions s’est accru et l’agriculture in-tensive en intrants chimiques et éner-gie est aujourd’hui jugée peu durable.L’IAASTD appelle la recherche agro-nomique à mobiliser ses outils et ses

connaissances pour élaborer des ré-ponses nouvelles, intégrant les apportsde toutes les disciplines et les objectifsmultiples de l’agriculture, et permet-tant une diversité de systèmes agri-coles et alimentaires, adaptés à descontextes variés. L’expertise mérited’être poursuivie et régulièrementactualisée, pour éclairer les acteurs etles décideurs. Elle doit également pou-voir s’appuyer sur des scénarios afinde mieux comprendre leurs conditionsde réalisation et leurs conséquences.C’est dans cet esprit que l’Inra et leCirad ont développé depuis 2006« Agrimonde » : une prospective com-mune sur l’avenir des systèmes agri-coles et alimentaires mondiaux àl’horizon 2050. Cette réflexion asso-cie une approche quantitative et uneanalyse qualitative, de façon originalepar rapport à d’autres travaux. Elle

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Nourrir 9 milliardsde personnes en 2050

quelle contribution de larecherche agronomique ?

COLLOQUE INTERNATIONALorganisé par l’Inra

et le Cirad le 3 juin 2008.

Vidéos disponibles :www.gip-ifrai.fr.

PEFC/10-31-945

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● INRA MAGAZINE • N°5 • JUIN 2008

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en bref

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OGénétique animaleLe Groupement d'intérêtscientifique Agenae (Analysedu GENome des Animauxd'Elevage) vient d'êtrerenouvelé pour 5 ans. Créé en 2002 afin de construire et partager un savoir engénomique animale, il réunitdes groupements profes-sionnels des filières animales :piscicole, porcine, avicole,bovine, l'Inra et le Cirad.

OAccord franco-allemand L'Inra et l'institut de rechercheallemand Leibnitz Gemeinschaftont signé un accord departenariat pour renforcer leurcoopération en génétiquevégétale et en nutrition humaine.

ORecherche pour l’agriculture biologique Organisé par l'Inra et leministère de l'Agriculture et de la Pêche en partenariatavec les organismes profes-sionnels les 19 et 20 mai à Montpellier, ce colloque s'est intéressé aux acquisrécents de la recherchefrançaise en agriculturebiologique dans la perspectivedu nouveau plan français « AB horizon 2012 ». www.montpellier.inra.fr/dinabio

OLa poule Vedette à 40 ansL'Inra organisait sa toute première conférence de pressefin avril 1968 pour la poule Vedette, naine, excellente reproductrice et au coût d'éle-vage réduit. Sa descendancereproductrice est aujourd’huidiffusée dans plus de 80 pays.

OInaugurations • 4 /07 : inauguration d’unnouveau laboratoire de recher-ches fromagères à Aurillac • 8 /07 : inauguration desbâtiments des Installationsnationales protégées pour larecherche sur les encéphalo-pathies spongiformes transmis-sibles (Inprest) au centre Inra de Tours.

OProductions végétaleset sécheresseLe 6 juin, à Toulouse, l’Inra a animé un Carrefour de l’inno-vation agronomique (Ciag)pour mieux gérer la ressourcehydrique en production végé-tale. Les interventions sontdisponibles surwww.inra.fr/ciag

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Moderniserla gestion

de la recherche

F rançois d’Aubert, ancien ministre dela recherche, a présenté le 16 avril sonrapport sur un partenariat renouveléentre organismes de recherche, uni-

versités et grandes écoles. Plusieurs proposi-tions visent à simplifier la gestion des Unitésmixtes de recherche (UMR) entre organismesgrâce à un mandat unique de gestion, attri-bué préférentiellement à l’établissement hé-bergeant de l’UMR. Une procédure d’habili-tation (cahier des charges mis en place par leministère de la recherche) garantirait l’enga-gement de l’établissement gestionnaire sur laqualité des services de gestion rendus aux uni-tés : finances, contrats de recherche, person-nels contractuels, locaux… À travers cette ha-bilitation à la gestion, c’est la capacité des

établissements de recherche et d’enseignementsupérieur à être des opérateurs de recherche deplein exercice qui sera évaluée, au moment oùles universités font aussi acte de candidaturepour exercer toutes les prérogatives liées à leurnouvelle autonomie de gestion.Le rapport recommande aussi de développerle dialogue politique et les accord-cadres decoopération entre directions d’établissementsde recherche et d’enseignement supérieur ; derecentrer la création d’UMR sur les projetsscientifiques explicites auxquels les parties oc-troient des moyens équilibrés ; de conforter laparticipation aux écoles doctorales et la poli-tique de valorisation ; de limiter le nombre detutelles des UMR à deux établissements, les au-tres partenaires étant liés sous forme contrac-tuelle.

Conforter la position d’opérateur de rechercheEnfin, le rapport propose d’unifier sur la clausela plus favorable les règles de gestion applica-bles aux établissements de recherche et d’en-seignement supérieur, dans les domaines fi-nanciers, contractuels, fiscaux et indemnitaires.L’Inra avait déjà formulé cette proposition eten a précisé le contenu dans son courrier deréponse à la sollicitation de la ministre de larecherche à la suite du discours du Présidentde la République lors de l’hommage renduau Prix Nobel 2007 de physique, Albert Fert.L’Inra a fait connaître ses efforts en matière desimplification, d’harmonisation et de moder-nisation de sa gestion. Les propositions del’Inra pourraient déboucher à moyen termeà la constitution d’unités de recherche de tailleimportante pour mutualiser les compétencesde gestion, assortie d’une spécialisation desmétiers de gestion de la recherche liées à latechnicité des outils et à la complexité de laréglementation. En s’inscrivant dans cettedynamique, l’Inra conforte sa position d’opé-rateur de recherche. Mais il doit en retour sedonner les moyens d’une politique de forma-tion et de recrutements sur des profils quali-fiés. Cette ambition est au cœur du schémadirecteur mis en place en 2007 pour l’évolu-tion de la gestion. ●

Michel Eddi

vise à comprendre les évolutions dansle monde au cours des 40 dernièresannées : intensification, augmentationdes surfaces cultivées, augmentationde la disponibilité alimentaire appa-rente moyenne. Elle émet des hypo-thèses plausibles et cohérentes sur desévolutions possibles dans le futur. Unpremier scénario a été élaboré dans cecadre pour tester la possibilité d’uneagriculture durable avec une inflexionplus ou moins forte des modes deconsommations alimentaires. L’exer-cice montre qu’il est possible de nour-rir la planète de manière durable en2050, mais que ceci suppose deschangements profonds.Ces changements concernent lesmodes de consommations alimen-taires et la réduction des pertes toutau long de la chaîne alimentairejusque chez le consommateur. Ils doi-vent aussi concerner les systèmes deproduction agricole, afin de les ren-dre compatibles avec la préservationdes écosystèmes, et robustes face auxévolutions climatiques, tout en attei-gnant des rendements plus élevés.Des politiques volontaristes à diffé-rents niveaux seront nécessaires pourrendre possibles ces évolutions struc-turelles et pour réguler les échangesagricoles et alimentaires entre régions.Ces derniers seront en effet indispen-sables dans la mesure où certaineszones, plus spécifiquement l’Afriquedu Nord, l’Afrique sub-saharienne etle Moyen-Orient resteraient déficitai-res en produits agricoles et alimentai-res à l’horizon 2050.Des investissements considérables de-vront également être consacrés auxinfrastructures et à la recherche - dé-veloppement, non seulement pour ac-

croître les rendements, mais aussi pourconcevoir et diffuser les nouveaux sys-tèmes agricoles productifs et durables.Le défi pour la recherche agronomiqueet le développement est immense. Ilsuppose un renouveau des relationsentre tous les acteurs et une réflexionen profondeur sur les orientations.La recherche agronomique doit mo-biliser toutes les disciplines, à la foisdans une démarche analytique pourcomprendre les relations fines entreles organismes vivants, entre ces orga-nismes et les milieux, entre les acti-vités humaines et les écosystèmes, etdans une démarche systémique favo-risant la résilience des écosystèmes,c’est-à-dire leur capacité à s’adapterdans le futur. Ces processus sont àmener à toutes les échelles spatio-temporelles, du gène à la plante, de laplante aux territoires, des cycles jour-naliers aux cycles saisonniers, des cy-cles saisonniers aux évolutions sécu-laires. Ils doivent viser la promotionde la multifonctionnalité de l’agri-culture, incluant la production d’ali-ments et d’énergie mais aussi les ser-vices environnementaux ou sociaux.Les recherches menées en agriculturebiologique ou en production intégréeont par exemple mis en évidence cer-tains verrous techniques et scienti-fiques qui sont des pistes de progrèssignificatifs si nous ciblons les effortspour les lever.Les outils technologiques doiventaussi être utilisés pour explorer denouveaux horizons de connaissan-ces : ainsi, les outils de génomiquesont mobilisés pour connaître le mé-tagénome des bactéries du sol, alorsque jusqu’à récemment les scienti-fiques n’avaient pu étudier qu’un fai-

ble nombre de ces bactéries, rarementcultivables en laboratoire, mais à labase d’un sol « vivant ».Enfin les relations entre la rechercheet les acteurs doivent être renouve-lées, pour éclairer la mutation dessecteurs agricoles et alimentaires,favoriser la diffusion et l’appropria-tion des connaissances, susciter desinnovations adaptées aux contexteset besoins locaux et stimuler les pro-cessus d’apprentissage.C’est dans cette perspective que l’Inraet la Cirad ont organisé le 3 juin uncolloque international. Il a rassemblédes partenaires de 50 pays vénus éclai-rer les enjeux et priorités de la re-cherche agronomique mondiale. Troisorientations fortes se sont dessinées :identifier des questions communesde recherche par des travaux pro-spectifs ; proposer des lieux d’échangeentre tous les acteurs et des outilscommuns facilitant la circulation del’information, la gestion de la pro-priété intellectuelle et l’incubationdes innovations ; faciliter la forma-tion et la diffusion des connaissances,soutenir la recherche agronomiquedans les pays des Suds et réussir lecontinuum entre les savoirs des Nordset des Suds. Ce colloque a permis d’é-clairer le besoin en investissementfinancier et intellectuel dans le do-maine agricole. Les conclusions desdébats ont été transmises à la FAOpour contribuer aux travaux menéssimultanément à Rome. ●

Marion Guillou,présidente de l’Inra

Patrice Debré,président du Cirad

Depuis quelques années l’Inra a engagé une politique volontaristede refonte de son système de gestion. Cette démarche a eu et continue d’avoir un impact sur le fonctionnement de l’établissementet sur la mobilisation des métiersd’appui à la recherche, avec despériodes de fortes tensions. Le rapport d’Aubert ainsi que l’appelà contribution que la ministre de la recherche a adressé auxétablissements de recherche et d’enseignement supérieur, enconfirment la dimension stratégique.

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© Inra / Christophe Maître

CONFÉRENCE DE PRESSE

le 3 juin 2008.

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INRA MAGAZINE • N°5 • JUIN 2008 ●

Le programme Daisie (Delivering Alien Invasive Species Inventories in Europe) a présenté au début de 2008 le bilan de trois années de recherches consacrées à un premier inventairedes organismes animaux et végétaux exotiques en Europe.

● INRA MAGAZINE • N°5 • JUIN 2008

L ’inventaire concerne les espè-ces exotiques (étrangères) in-troduites en Europe directe-ment ou indirectement par

l’homme. Sont exclues les espèces quisont en expansion du fait par exem-ple du changement climatique. Lesinvasions biologiques, définies commeétant le déplacement durable d’uneespèce, d’une sous-espèce ou mêmed’une population hors de son aire, estun phénomène naturel connu à l’é-chelle des temps géologiques. « En re-vanche, la fréquence des invasions bio-logiques, ainsi que les distancesparcourues, toujours en augmentationdepuis ces cinquante dernières années,n’ont plus rien de naturel » expliqueMichel Pascal, de l’équipe « Écologiedes Invasions Biologiques » (1) à Ren-nes. Cette équipe a réalisé le premierinventaire des invasions de vertébrésen France sur une période de 11 000ans et a montré que ce phénomèneconnaît depuis 50 ans une accéléra-tion jamais observée. Autre exemple,depuis 2000, on dénombre enmoyenne chaque année plus de 17nouvelles espèces d’insectes exotiques

en Europe alors qu’on en comptait 8pour la période 1950-1974.

Introductions exotiques Le développement des échanges etdes voies de circulation en est large-ment responsable. En s'appuyant surles activités humaines, les espèces ga-gnent des territoires de plus en pluséloignés de leur zone d'origine. Parailleurs, les introductions délibéréesne visent plus comme par le passé àsatisfaire divers besoins vitaux (plan-tes cultivées, élevages), mais sacrifientdavantage à une certaine soif d'exo-tisme : poissons d'aquarium, tortuede Floride, grenouille taureau, oiseauxde cage, écureuils, plantes ornemen-tales comme la jussie d’Amérique oula renouée du Japon, sans oublier denombreuses espèces d’invertébrésdestinées aux terrarium.Les invasions biologiques peuventperturber la diversité biologique lo-cale en provoquant la disparitiond’espèces autochtones. Il en résulteune banalisation des flores et des fau-nes. De plus, certaines invasions ontun impact économique -phylloxera

DIABROTICA VIRGIFERA (chrysomèle) espèceinvasive originaire d’Amérique centrale, insecteravageur du maïs.

BEMISIA TABACI, espèce invasived’origine tropicale, insecte vecteur de virus qui s’attaque aux cultures sousserre dans le sud de l’Europe.

exotiquesen Europe

Premier inventairedes organismes

en brefdu territoire européen et des îles as-sociées (Canaries, Madère…). Cet in-ventaire identifie en outre les espècesjugées les plus « dangereuses » pourla biodiversité. Il décrit la distribu-tion et les impacts de ces espèces.L’objectif in fine est de contribuer àdes politiques nationales de préven-tion et à l’évaluation du coût des inva-sions biologiques pour la biodiver-sité et l’économie.Cinq équipes de l’Inra ont participéà ce premier inventaire, aux côtésd’équipes de 24 pays européens. L’Inraa coordonné les recherches sur les◗RE

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OBactérie intestinalemangeuse de cholestérolPour la première fois chezl'homme, une bactérie du tubedigestif capable de transformer le cholestérol en coprostanol,molécule non absorbable éliminéedans les selles, a été identifiée par une équipe de chercheurs de Jouy-en-Josas. Applied and EnvironmentalMicrobiology, septembre 2007

OBactéries glaçogènes Des chercheurs français (Avignon) et américains ont montré que des bactériesentraient pour une part importante dans la formation descristaux de glace ou de neige.Ces bactéries dites glaçogènes(présentes sur les feuilles desplantes et pouvant être patho-gènes) ont été identifiées dans des échantillons de neigeen France, en Amérique du Nordet en Antarctique.Science, 29 février

OEtude TransfactCette étude montre que lesacides gras trans d'originenaturelle (lait, beurre, produitslaitiers) n'ont pas d'effets négatifssur les risques de maladiescardiovasculaires à l'inverse des acides gras trans d'origineindustrielle, provenant d'huilepartiellement hydrogénée.L'étude Transfact est réalisée par des chercheurs de l'Inra-Université d'Auvergne, le Centrede recherches Nestlé deLausanne et du Centre nationalinterprofessionnel de l'économielaitière (CNIEL).American Journal of ClinicalNutrition, mars 2008

OGélules pharmaceutiquesvégétalesUn travail de thèse réalisé à l'Inrade Nantes a montré qu'un mélange de polysaccharides végétales à base d'amidon et de carraghénane serait susceptible de remplacer la gélatine d'origine animale pourla fabrication de gélules pharma-ceutiques en conditions industrielles. www.inra.fr/en_direct_des_labos

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invertébrés terrestres, parmi lesquelson trouve des insectes dont les inva-sions peuvent être dramatiques pourles activités agricoles ou forestières, etsur les champignons, cependant trèspeu représentés dans le programme.

Premiers enseignements Les scientifiques poursuivent l’inven-taire et ont élaboré une base de don-nées présentant les espèces et leur ré-partition géographique, les typesd’habitats envahis, les vecteurs d’in-vasion... Il est maintenant possibled’accéder aux informations concer-nant l’une des 10200 espèces invasi-ves désormais répertoriées en Europe,d’identifier l’un des 1657 experts eu-ropéens en invasions biologiques, oude se focaliser sur l’une des 70 régionsterrestres et 48 espaces marins ou cô-tiers étudiés, tout cela grâce à un por-tail en ligne, librement accessible àtous (2). Les experts ont homogénéisédéfinitions et méthodes.On peut aussi noter que la plupart deces espèces exotiques (60% des in-vertébrés terrestres par exemple) res-tent cantonnées pour l’instant aux ha-

+d’infosHandbook of alien species in Europe.Ouvrage collectif du consortium Daisie,éditeur Springer Verlag, parution prévue à l’été 2008Invasions Biologiques et Extinctions : 11 000 ans d'histoire des Vertébrés enFrance. Pascal M., Lorvelec O. & Vigne J.-D.,2006. Coédition Belin - Quæ, Paris : 1-350.Ocontact :[email protected] de Zoologie Forestière

© Joaquim Alves Gaspar © Inra / Jacques Barthes

de la vigne au 19e siècle, chrysomèledu maïs plus récemment- ou sani-taire -Chikungunya avec l’expansiondu moustique Aedes albopictus, pol-len allergène de l’ambroisie, etc.

Collaboration internationaleCes perturbations, induites volon-tairement ou non par l’homme,nécessitent le regard des scientifiquesà une échelle qui dépasse le cadre na-tional ou celle d’études ciblées surune seule espèce. En dépit des diffé-rents règlements internationaux(Convention des Nations unies surla biodiversité biologique, DirectiveHabitats de l’Union européenne,Convention de Berne) pour limiterles invasions, le nombre d’études surles espèces invasives et leurs impactsreste plus faible en Europe qu’enAmérique du Nord, Australie ouNouvelle-Zélande.Le programme européen « Daisie »répond en partie à ce déficit en éta-blissant un inventaire aussi exhaus-tif que possible des espèces allo-chtones végétales et animales (àl’exception des virus) sur l’ensemble

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ACCOUPLEMENT de Ceratitis capitataWiedemann (cératite), Diptère Trypetidae.

CARPOBROTUS edulis (griffe de sorcière).

◗ ◗

© Jean-Claude Streito / LNPV© Inra / Sylvie Derridj - Jakob Wegener

bitats humains (zones urbaines,champs cultivés…), mais cette situa-tion n’est peut-être que provisoire.

Quelles suites ? S’il est encore trop tôt pour connaî-tre quels prolongements l’Europe ac-cordera à cette démarche, certainesquestions pourraient constituer despistes de recherche : quelles sont lesvoies privilégiées d’invasion et les fac-teurs qui les facilitent ? Quelles mo-difications les changements clima-tiques peuvent-ils entraîner chez lesespèces invasives en particulier dans

la dynamique de leurs populations ?Quelles sont les capacités de réponsedes écosystèmes ? Plus généralement,l’étude des invasions biologiques estconsidérée actuellement comme de-vant apporter une contribution ma-jeure à la biologie évolutive. ●

Michelle Cussenot

(1) Unités Inra impliquées : pour les invertébrés :Zoologie forestière, Inra d'Orléans et Centre de Biologieet Génétique des Populations, Inra de Montpellier ; pourles vertébrés : Equipe Écologie des Invasions BiologiquesUMR Écologie et Santé des Écosystèmes, Inra deRennes ; pour les plantes : Biologie et Gestion desAdventices, Inra de Dijon ; pour les champignons : UMRBiodiversité, Gènes et Ecosystèmes, Inra de Bordeaux(2) www.europe-aliens.org

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INRA MAGAZINE • N°5 • JUIN 2008 ●● INRA MAGAZINE • N°5 • JUIN 2008

L es émissions d’origine agri-cole représentent près d’uncinquième des émissionsfrançaises de gaz à effet de

serre. Alors que l’utilisation d’énergiefossile (72% des émissions en 2006)est essentiellement responsable d’é-missions de CO2, les activités agri-coles constituent la principale sourcede méthane (CH4) et de protoxyded'azote (N2O).

Comptabilisation des sources et puitsLa méthode de calcul des émissionsd’origine agricole, standardisée parle Giec (cf. + d’infos) repose schéma-tiquement sur le produit de variablesd’activité (par exemple effectifs ani-maux) et de facteurs d’émission (parexemple méthane émis par vache).La simplicité de cette approche comp-table masque des processus biolo-

giques complexes qui peuvent se tra-duire par une variabilité importantedes facteurs d’émission, dans l’espaceet selon les pratiques agricoles.Les émissions d’origine animale ontété étudiées plus particulièrement.L’émission annuelle de méthane en-térique (voir Inra magazine n°3) parles vaches laitières élevées en France(fonction de l’alimentation, structuredu cheptel, productivité) est évaluéeà 117,7 kg CH4 par vache, une valeursupérieure au facteur par défaut duGiec (100 kg CH4) et à celui retenudans les inventaires français pour2006 (104,6 kg CH4). Compte tenudu pouvoir de réchauffement du CH4et des effectifs (environ 4 millions devaches laitières en 2006), l’écart estsusceptible d’avoir un impact signi-ficatif sur les bilans français. Des ana-lyses similaires, menées pour l’en-semble des sources liées à l’élevage,

ont permis d’établir systématique-ment des relations statistiques entreles émissions et les pratiques d’éle-vage. Au-delà de l’amélioration desinventaires nationaux, ces informa-tions pourront aider à caler le niveaud’éventuels instruments économiquesde régulation et à mieux cibler les dé-terminants des émissions.Par ailleurs, l’agriculture et la forêt sedistinguent des autres secteurs parleur capacité à stocker (ou à déstoc-ker) du carbone. Les puits ou sour-ces résultent des variations des stocksde carbone contenu dans les forêtsou les sols. Ils dépendent des change-ments d’affectation des terres no-tamment entre prairies, cultures etforêt, des prélèvements (pour le bois)et de facteurs pédoclimatiques. Desmodélisations éclairent les détermi-nants en fonction des dynamiques àl’œuvre.

Les interactions entre sources et puitssont déterminantes. Elles tiennent auxliens entre activités végétales et ani-males (par exemple par le biais del’alimentation animale ou de l’épan-dage des effluents), du partage desterres entre prairies, cultures et forêtet au contexte économique et poli-tique qui conditionne la profitabilitérelative des différentes activités agri-coles et forestières.

Horizons 2020Afin de tenir compte de ces interac-tions dans les projections, l’étude aarticulé trois modèles : un modèleéconomique décrivant l’offre agricolefrançaise, un modèle permettant desimuler la dynamique du carbone dessols en fonction des usages et de para-mètres pédoclimatiques et un modèlesur la production et la récolte fores-tière. Trois scénarios concernant lapolitique et les prix agricoles et deuxscénarios forestiers ont été examinés(établis sur la base de l’étude pro-spective Agriculture 2013).Les simulations indiquent que labaisse des émissions agricoles (-12%entre 1990 et 2005) devrait ralentirà l'horizon 2020. Dans l’hypothèsed’un maintien de la croissance éco-nomique et des dispositions de poli-tique agricole en vigueur, les émis-sions agricoles baisseraient de 5,4%entre 2005 et 2020 sous l’effet prin-cipal de la diminution des effectifsbovins et des achats d’engrais. Leralentissement serait encore plus mar-qué (-3,5%) en cas de réformes pluspoussées de la politique agricole et deprix agricoles plus élevés (hausse del’utilisation d’engrais, moindre baissedes effectifs bovins). Ce n’est que dansun scénario de politique agricole in-changée et de prix relativement sta-bles que la diminution des émissionsagricoles serait comparable (-12,3%)à celle observée entre 1990 et 2005.Le stockage de carbone par les forêtsa fortement augmenté depuis 1990du fait de la sous-exploitation de laressource forestière. Il diminueraitentre 2005 et 2020. La consomma-

L’effet de serre est généralement associé à l’énergie fossile utilisée dans les transports, l’industrie ou l’habitat. La diminution des émissions françaises de gaz à effet de serre depuis 1990 est pourtant surtout due à la réduction des émissions imputables à l’agriculture et au rôle de puits des forêts. Ces deux secteurs pourront-ils continuer à jouer le même rôle d’ici 2020 ? Des chercheurs ont examiné cette question dans une étude faite pour le ministère de l’Agriculture et de la Pêche.

+d’infosOréférences :De Cara, S. etThomas, A., coord., 2008.Projections d'émissions/absorptions degaz à effet de serre dans les secteursforêt et agriculture aux horizons 2010 et2020. Rapport final pour le ministère del'Agriculture et de la Pêche. Inra. 197 p.Citepa (Centre InterprofessionnelTechnique d’Etudes de la PollutionAtmosphérique), 2008. Inventaire des émissions de gaz à effet de serreen France au titre de la ConventionCadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques. Mise à jour de décembre 2007. www.citepa.org/Giec (Groupe Intergouvernementald’Experts sur l’Evolution du Climat),2006. www.ipcc-nggip.iges.or.jp/.Ocontact : [email protected] d’économie publique,Grignon.

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OEvolution des émissions françaises depuis 1990

(source Citepa, 2008)

■ Les émissions de CH4 et de N2O sont converties en CO2eq.1 tonne CH4 = 21 tCO2eq (Kyoto, réévalué à 25 tCO2eq par le Giec) 1 tonne N2O = 310 tCO2eq (Kyoto ; 298Giec)

■ Sur 547 MtCO2eq émises en 2006 en France : 95 MtCO2eq sont imputables auxactivités agricoles dont :

- 47 MtCO2eq imputables aux apportsd’azote (N2O), - 28 MtCO2eq imputables à la fermentationentérique (CH4) - 20 MtCO2eq imputables à la gestion des effluents d’élevage (N2O et CH4).

■ Les sols, prairies et forêts ont stocké 70 MtCO2eq en 2006.

■ La baisse des émissions nettes françaises(1990-2006) est de 50 MtCO2eq dont

-12 MtCO2eq : baisse des émissionsagricoles +30 MtCO2eq : augmentation du puitsagricoles et forestiers.

OEngagements internationaux■ Kyoto : -8% d’émissions europénnes entre1990 et 2008-2012, soit une stabilisation des émissions françaises.

■ Objectif Commission : -20% d’émissionseuropéennes d’ici 2020.

ORésumé des scénarios examinés :

Trois scénarios agricoles établis d’après l’étude prospective Agriculture 2013 :

■ Scénario central : croissance économiquemaintenue ; PAC selon l’accord de 2003 ; objectifs de la directive européenne sur lesbiocarburants atteints, absence d’un nouvelaccord à l’OMC, pas d’accords bilatéraux.

■ Scénario a : identique scénario central +croissance ralentie et accord à l’OMC.

■ Scénario b : identique au scénario central +suppression des aides directes, des quotas laitiers, sucriers et autres et du gel des terres.

■ Deux scénarios forestiers : +50 000 ha/ande surfaces forestières de 2005 à 2020, dontune partie issue de la conversion de terresagricoles. Ils diffèrent par les niveaux de croissance de la récolte et d’utilisation de bois-énergie : 13 Mm3/an (scénario tendanciel) ou 25 Mm3/an (intensif).

tion de bois-énergie est déterminantedans cette évolution. Le puits fores-tier annuel, en 2020, avoisine le ni-veau de 2005 dans le scénario ten-danciel, alors qu’il revient à un niveauproche de celui de 1990 si la filièrebois-énergie se développe rapidement.Dans ce dernier cas, la baisse du puitsforestier (-30 MtCO2eq) l’emporte-rait sur la baisse des émissions agri-coles (de -3 à -12 MtCO2eq) entraî-nant une augmentation nette desémissions agrégées de ces deux sec-teurs entre 2010 et 2020.Le rôle moteur joué par l’agricultureet la forêt dans le recul des émissionsfrançaises devrait donc s’amoindrir,voire pourrait s’inverser, à l’horizon2020. L’effet sur le bilan net françaisdépendra bien entendu de la réduc-tion d’émissions permise par la sub-stitution de biomasse (bois-énergie,biocarburants) à des sources d’éner-gie fossile. Les efforts de réductionsupplémentaires dans le secteur agri-cole impliquent de mobiliser les po-tentiels techniques (utilisation duméthane comme source d’énergie,modification de l’alimentation ani-male), mais également de mettre enplace des incitations économiques clai-res visant à orienter les efforts de ré-duction vers les options les moinscoûteuses et les plus efficaces. ●

Stéphane De Cara

repères

d’origines agricole et forestièreSources et puits de gaz à effet de serre

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● INRA MAGAZINE • N°5 • JUIN 2008 INRA MAGAZINE • N°5 • JUIN 2008 ●11

Conflitsdans les espaces ruraux et péri-urbains

l’espace, a cependant conduit les cher-cheurs à préférer une autre grilled’analyse, celle des différents usagers,parties prenantes du conflit. « Cettevision, même si elle accroît la complexitédes relations à mettre à jour, est plusproche de la réalité, décode AndréTorre. Elle permet aussi d’éviter unamalgame entre des types d’attitude etdes catégories socioprofessionnelles. »

Des usagers qui anticipentAutre constat, près de 70 % des conflitssont « anticipés » : ils visent en prio-rité à empêcher des projets : cons-truction d’éoliennes, de résidences,d’infrastructures industrielles ou en-core de décharges, comme le montreune étude en cours en Ile-de-France,région où les activités agricolesdominent en surface. Ces conflits sur-gissent généralement lors des procé-dures légales de déclaration d’utilitéou d’enquête publique, avant aména-gement d’un territoire. Ainsi, « leconflit ne représente pas un échec, maisune modalité de coordination et d’é-change parmi d’autres, explique AndréTorre. Témoin d’une résistance auchangement et facteur d’expression desdésaccords, il peut ne pas trouver d’issuemais constituer la matrice des arrange-ments et des projets futurs ». ●

Magali Sarazin

+d’infosOcontact :André Torre, [email protected] Sciences pour l’action et ledéveloppement : activités, produits,territoires, Inra – Agroparistech.

Oréférence :Conflits et tensions autour des usagesde l’espace dans les territoires ruraux etpériurbains. Le cas de six zonesgéographiques françaises, Revued’économie régionale et urbaine, 2006,n°3, pp. 411-450.

+d’infosOcontact :[email protected] Oréférence : Salse J, Bolot S, ThroudeM, Jouffe V, Piegu B, Masood U,Calcagno T, Cooke R, Delseny M,Feuillet C (2008) Identification andcharacterization of conservedduplications between rice and wheatprovide new insight into grass genomeevolution. Plant Cell. 20: 11-24

Reconstruire l’histoiredu génome des céréales

Des génomes aussi différents queceux du riz, du blé, du maïs ou dusorgho sont issus d’un ancêtre à 5 chromosomes. Le génome ancê-tre serait apparu il y a 90 millionsd’années (cf schéma). Les génomesdes quatre céréales auraient suivi uneévolution commune jusqu’à un inter-médiaire à 12 chromosomes, vers -60 millions d’années. Puis les his-toires des génomes s’individualisent :le riz, apparu vers -46 millions d’an-nées, reste le plus proche représen-tant de cet intermédiaire à 12chromosomes. Le blé, apparu à lamême époque, a subi des remanie-ments plus importants aboutissant àsept chromosomes. Les génomes dusorgho (-12 millions d’années) et dumaïs (-5 millions d’années) ont évo-lué différemment à partir d’un inter-médiaire commun (-29 millions d’an-nées) et comportent tous deux 10chromosomes au final.

Connaître l’histoire évolutivedes génomes...Les chercheurs ont ainsi modélisél’histoire de chaque génome, étapepar étape, à partir du génome ancê-tre. Cette discipline, appelée paléo-génomique, procède en fait en sensinverse : les chercheurs « remontent »dans le temps en partant de la situa-tion actuelle. Ils ont mis en évidenceles régions dupliquées au sein dechaque génome. Ils ont aussi repéréles fragments de chromosomes com-muns entre les génomes actuels desquatre céréales. C’est en recoupanttoutes ces données que les chercheursont reconstitué ce « puzzle » évolutif.Le séquençage complet, en cours, desgénomes du maïs, du sorgho et dubrome est actuellement utilisé pour

Les chercheurs proposent un modèle d’évolution dans lequel les génomes de quatre céréales majeures(riz, blé, maïs et sorgho) sont issus d’un génome ancestral à cinq puis douze chromosomes. Chaque génome s’est ensuite construit par le jeu de duplications, fusions et translocations de chromosomes ou de portions de chromosomes. Ce modèle de paléo-génomique permet d’identifierprécisément les régions chromosomiquesconservées entre les génomes et de transférer les connaissances d’un génome à l’autre afin de faciliterl’amélioration variétale.

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tifiant des marqueurs de plus en plusproches.C’est particulièrement importantpour le blé, espèce économique ma-jeure mais possédant un génome par-ticulièrement complexe et pas encoreséquencé, car cela permettra d’accé-lérer l’amélioration de caractéristiquesagronomiques telles que le rendementou la résistance aux stress. ●

Pascale Mollier

compléter et valider ce modèle évo-lutif.

... pour mieux identifier et utiliser leurs similaritésCe modèle évolutif permet de prédireles régions chromosomiques encoreconservées entre les génomes du riz,du blé, du maïs et du sorgho, régionsportant vraisemblablement des gènesde fonctions analogues. Grâce à ce ré-sultat, on pourra localiser plus facile-ment, d’une espèce à l’autre, les gènesayant une fonction donnée et conser-vée (par exemple un rôle dans la hau-teur de la plante, la vernalisation, etc.).On pourra alors utiliser cette infor-mation pour identifier des gènes in-téressants sans devoir passer par desétapes lourdes de clonage positionnelqui consiste à isoler le gène en iden-

datationenmillionsd’années-90ancêtre des céréales

-46rizblé

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Les espaces ruraux et périurbainsfrançais sont l’objet de conflitsnombreux de plus en plus devant les tribunaux. L’économiste André Torre et son équipe les décryptent.

L es sciences humaines etsociales s’intéressent delongue date aux conflits, géo-politiques, sociaux ou inter-

individuels. Pourtant, peu de travauxportent sur les conflits du monde agri-cole et sur les espaces ruraux. Il y aquatre ans, le laboratoire de recher-che d’André Torre a initié des travauxpluridisciplinaires pour comprendreleur rôle dans la gouvernance des ter-ritoires locaux.Partant de deux inconnues « que sontréellement ces conflits ? » et « faut-iltous les résoudre ? », les chercheurs ontcommencé par constituer un corpuscar les données manquent. « Nous tra-vaillons essentiellement à partir de troissources, qui ont chacune leurs imper-fections : les décisions de justice renduespar les cours de justice, les conflits rela-tés par la presse quotidienne régionaleet les « enquêtes à dire d’experts » (en-tretiens menés auprès de représentantsde l’Etat, d’élus et de gestionnaires lo-caux, etc.) » précise André Torre.Premier enseignement après étude dedix zones représentatives de la diver-sité des paysages ruraux et périurbainsfrançais : les conflits provoqués parl’activité agricole, comme les nuisan-

MODÈLE ÉVOLUTIFdes génomes des céréales.

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ces sonores d’un élevage ou sa pollu-tion des eaux, sont peu nombreux,bien que souvent médiatisés. Enrevanche, nombre de conflits sontdirectement liés au changement d’u-sage des terres agricoles. L’estuaire dela Seine compte ainsi de multiplesconflits liées à l’extension du port deRouen, décidée par l’Etat, mais trèspeu sur les questions de pollution agri-cole par exemple. Les conflits portentmajoritairement sur les changementsde « zonage » des territoires concer-nés, déjà découpés en zones régle-mentées (zone d’intérêt économique,zone d’habitat protégé d’oiseaux,zones Natura 2000, etc.), sur la pres-sion industrielle et la gestion des res-sources naturelles, ainsi que sur lesaménagements routiers et d’infras-tructures à conduire.D’une façon générale, parmi les prin-cipaux usages des espaces ruraux etpériurbains (dont les activités agri-coles) répertoriés par les chercheurs,trois surtout sont l’objet de conflits etde contestations : les usages indus-triels, résidentiels et de protection dela nature.Cette cartographie des conflits, saisisà la lumière des différents usages de

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● INRA MAGAZINE • N°5 • JUIN 2008

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Penser la recherche agronomique au niveau

mondialDossier réalisé sous la responsabilité

de Michel Dodet (Inra) et Bernard Hubert (GIP Ifrai)

rédigé par Catherine Donnars avec la contributionde Marc-Antoine Caillaud (Inra),

Trish Kammili (GIP Ifrai), et l'équipe prospectiveAgrimonde Inra-Cirad composée de

Maryse Aoudaï (Inra), Jean-Marc Chaumet (Inra),Bruno Dorin (Cirad), Tristan Le Cotty (Cirad),

Sandrine Paillard (Inra), Tévécia Ronzon (Inra) etSébastien Treyer (AgroParistech)

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+d’infosCasadebaig, P. 2008. Analyse etmodélisation dynamique des interactionsgénotype-environnement-conduite deculture : application au tournesol(Helianthus annuus L.). Thèse, INPToulouse. Ocontacts :UMR Agir, Inra [email protected]@toulouse.inra.fr

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ONS Une expertise mondiale sur la recherche

agronomique

Analyse1

Nourrir 9 milliards de personnes en 2050

Prospective2

Décloisonner la recherche agronomique

Organisation3

Le tournesol est une cultured’été non irriguée, donc ex-posée au manque d’eau. Dansle cadre de l’Unité mixte

technologique (UMT) « Tournesol »,des équipes de recherche de l’Inra àToulouse et de Montpellier-SupAgro,appuyées par le Cetiom, ont construitun modèle de simulation représen-tant la réponse du tournesol à des va-riations de sol, de climat et de pra-tiques agricoles.En confrontant cette modélisation apriori des processus à la réalité expé-rimentale, il a été possible d’évaluerle poids de certains caractères géné-tiques dont la variabilité était connuemais pas l’importance à l’échelle ducycle de culture. La simulation offreainsi de nouvelles perspectives pourla sélection et de nouvelles façons d’é-valuer les variétés : appliquée à di-verses situations pédoclimatiques, ellepermet de tester de manière virtuelledes pratiques et des variétés innovantesavec une couverture spatiale irréali-sable en expérimentation classique.

Un modèle a priori…La modélisation repose sur la des-cription d’une variété de tournesol

par 12 paramètres qui concernent laphénologie (temps nécessaire à laplante pour atteindre ses principauxstades de développement), l’architec-ture de la plante (profil de surface fo-liaire), sa réponse au manque d’eau(transpiration et expansion foliaire),ainsi que l’élaboration du rendementet de la teneur en huile. Des variablesdécrivent la situation culturale commele climat journalier, la réserve en eaudu sol, la densité de peuplement, lesdates et doses d’azote et d’irrigation.

…pour multiplier des expérimentations numériquesPlusieurs applications de ce modèleont été menées en vue d’adapter lespratiques agricoles à une disponibi-lité limitée en eau. Nous avons re-cherché par exemple la date de semisoptimale dans le Sud de la France. Lessimulations sur 25 années de climatont confirmé l’intérêt de semis pré-coces en zone méditerranéenne, avecune perte de 0.5 q/ha par 10 joursde « retard ». En revanche, la plagede semis peut s’étaler davantage enrégion océanique. Dans l’Aude, la fré-quence des pluies estivales justifie par-fois la pratique des agriculteurs de

semer tard. De fait, l’application dece modèle avec les utilisateurs a mon-tré que l’expertise n’était pas démentiemais que le conseil devait être mo-dulé selon la pluviométrie de chaquepetite région, ce que seule permet lasimulation.Une deuxième application a consistéà évaluer trois caractères variétauxintervenant dans la résistance à la sé-cheresse : la précocité de la matu-rité, la surface foliaire potentielle, lavitesse de fermeture des stomates–pores foliaires- en réponse aumanque d’eau. Un réseau virtuel d’é-valuation variétale a porté sur 4 sites,3 types de sol, 35 années de climat et12 variétés combinant différents ni-veaux des caractères précités. Les ré-sultats montrent l’intérêt d’un carac-tère peu connu des sélectionneurs, la« fermeture stomatique précoce », quiconfère à une variété une bonne adap-tation à la sécheresse. En zone médi-terranéenne, la précocité reste cepen-dant un caractère à privilégier.L’exercice a, de plus, permis de véri-fier que la variété longtemps leader(melody) sur le territoire possédait lescaractéristiques de la variété virtuellejugée la mieux adaptée (cycle demi-tardif, fermeture stomatique précoce).D’autres applications du modèle sontà l’étude comme l’assistance à l’éva-luation des nouvelles variétés, l’aideau choix des couples variété/conduiteculturale à l’échelle d’un bassin decollecte ou encore l’aide à la cons-truction de stratégies d’irrigationd’appoint. ●

Philippe Debaeke et Pierre Casadebaig

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Tournesol et sécheresse

Evaluerles variétés par la simulation dynamique

ÉVOLUTION DU RENDEMENT DE 2 TYPES VARIÉTAUX DE TOURNESOL tournesol(« productif » ou « tolérant à la sécheresse ») selon deux milieux : climat océanique, pluvieux, sol profond (Nord) ou climat méditerranéen, sec en été, sol superficiel (Sud). Dans le Nord, la variétéproductive (maturité tardive, fermeture des stomates pour une faible humidité du sol) atteint les plus hautsrendements ; dans le Sud, la variété tolérante à la sécheresse (maturité précoce, fermeture des stomates pour unehumidité du sol élevée) assure un rendement supérieur. Par ailleurs, le rendement de la variété tolérante est plusstable que celui de la variété productive, plus sujette aux aléas.

Nord

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●II INRA MAGAZINE • N°5 • JUIN 2008

Analyse

Depuis le Sommet de Rio sur le développement durable en 1992, les initiativesinternationales se succèdent qui appellent à un changement de modèle de développement.C’est au tour de l’agriculture d’être au centre d’une initiative scientifique internationale :l’IAASTD, acronyme anglais pour « expertise internationale des sciences et technologiesagricoles pour le développement ».

1

Une expertise mondiale sur la recherche agronomique

C ’est au Sommet mondialpour le développementdurable (2002) et avec lesobjectifs du Millénaire (1)

en ligne de mire qu’a été envisagé lelancement d’une expertise interna-tionale des sciences et technologiesagricoles pour le développement,l’IAASTD (« International Assessmentof Agricultural Knowledge, Science and

Technology for Development). Entre2005 et 2007, sous l’égide de laBanque mondiale, de la FAO, del’ONU et d’une soixantaine d’Etats,quelque 400 chercheurs, répartis pargrandes régions du globe (une ving-taine de chercheurs français venus duCirad, de l’IRD et 3 de l’Inra), ontdressé un bilan des avancées scienti-fiques de l’agronomie -au sens large-

sur les 50 dernières années. A partirde ce bilan et des tendances et évo-lutions émergentes, ils ont envisagédifférentes « options pour l’action »pour que la recherche agronomiqueet le développement répondent mieuxaux objectifs du Millénaire. Cette ana-lyse partagée a été formalisée danscinq rapports régionaux (continentsou sous continents) et dans un rap-

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INRA MAGAZINE • N°5 • JUIN 2008 ●III

port mondial, chacun d’entre euxcomprenant un résumé à l’attentiondes décideurs.L’agriculture emploie environ unmilliard et demi d’actifs. Elle occupeentre 40 et 50 % de la surface émer-gée du globe et est le plus gros utili-sateur de ressources naturelles : l’eau,la biodiversité, les sols. Au cours des50 dernières années, la productionalimentaire a plus que doublé, aug-mentant plus vite que la population.Les rendements agricoles se sont for-tement accrus grâce aux engrais, auxpesticides, à la mécanisation, à la sé-lection variétale et à l’irrigation quireprésente 18% des surfaces cultivéesen 2003 (source FAO). Le rendementmondial moyen des productions vé-gétales alimentaires est ainsi passé de8600 à 19200kcal/j/ha entre 1961 et2003. Mais l’écart de rendement entreles régions du monde s’est accru : de1 à 2 en 1961, il est en 2003 de 1 à 3,4.Très consommatrice en intrants eténergie, la « révolution verte » aatteint ses limites. Celles-ci sont au-jourd’hui bien documentées dans lalittérature scientifique internationale.

Un dispositif original,l’IAASTD L’originalité de l’IAASTD est d’as-socier dans son pilotage des gouver-nements, des scientifiques et les ac-teurs économiques et sociaux qui sontin fine les destinataires de la recher-che agronomique. Cela permet de so-cialiser, en amont, les tenants et abou-tissants de la recherche. « C’est lepremier exercice international multi-acteurs, multi-disciplinaires et multi-scalaires. Le Giec lui réunit des scien-

tifiques et les conventions internatio-nales sont intergouvernementales » re-marque Michel Dodet, vice-présidentchargé des affaires internationales àl’Inra et membre du bureau del’IAASTD.Le bureau (2) était animé par RobertWatson, ancien directeur scientifiqueà la Banque mondiale et très impli-qué dans les exercices internationauxdu Giec et du Millennium Ecosystemassessment. Il a défini les contours del’évaluation et ses ajustements aucours du temps. Les conclusions ontété discutées en présence des gou-vernements, acteurs et auteurs scien-tifiques mi-avril à Johannesburg.Approuvées par une soixantaine degouvernements, elles constituent unplaidoyer pour changer de modèle dedéveloppement agricole. « Le statuquo n’est pas tenable ! » martèle Robert 2

Reléguée au second plan ces dernièresdécennies du fait d’une apparenteabondance dans les pays développés,l’agriculture est de nouveau au cœur de

l’agenda politique international. A travers elle, larecherche agronomique est attendue dans sacontribution au développement durable et auxobjectifs du Millénaire en matière de lutte contrela faim et la pauvreté. Cette perspective a mobilisé scientifiques,politiques et acteurs pour repenser les besoinsde recherche agronomique dans le cadre d’uneexpertise internationale des sciences ettechnologies agricoles pour le développement

(IAASTD). Publiées mi-avril, ses conclusionssoulignent l’effort scientifique à porter sur lessynergies entre biologie, écologie et sciencessociales pour mieux prendre en compte ladiversité des situations agricoles et leur vulné-rabilité (chapitre1). A notre échelle, la prospectiveAgrimonde, animée par l’Inra et le Cirad, veutégalement susciter la réflexion à partir descénarios à l’horizon 2050 (chapitre 2). Lamondialisation des problèmes invite enfin àaméliorer l’organisation internationale de larecherche agronomique (chapitre 3). Ce dossierapporte quelques éclairages sur les évolutionsqui se dessinent.

Des initiatives pour repenserla rechercheagronomiqueà l’échelle mondiale

Watson. L’approbation des résultatsn’était pas gagnée. « On avait deuxrisques, souligne Michel Dodet, « d’unepart plusieurs gouvernements étaientréservés sur le dispositif et d’autre parton aurait aussi pu constater une frac-ture entre gouvernements, scientifiqueset société civile. Nous avons beaucoupoeuvré avec les Anglais pour rappro-cher les points de vue et aboutir à unerédaction consensuelle. Sur les 63 gou-vernements 59 ont approuvé sans ré-serves les différents documents ; 4 ontémis des réserves sur des points précisqui touchent le rôle des biotechnologieset du marché ».

Résultats et controverses L’IAASTD souligne que pour résor-ber la pauvreté et la faim, les problè-mes doivent être abordés de manièremultifactorielle. Tant au niveau poli-

Le rapport 2008 de la Banque mondialeporte sur « l’agriculture au service du développement ». S’il ne présentepas d’originalités, il est unanimementsalué parce qu’il réactualisel’importance de l’agriculture dans ledéveloppement. La Banque ne lui avaitplus consacré son rapport annueldepuis 1982, soit un « inexcusabledélaissement » selon la formule del’ONG Ofxam. La Banque placeaujourd’hui au cœur de son propos, lanécessité d’accroître les investis-sements dans l’agriculture. Or en vingt ans, selon l’OCDE, la part

de l’agriculture dans l’aide audéveloppement est passée de 11,5%(1984-85) à 3,4% (2004-05) (ref :Development Cooperation Report, 2006,OCDE : Paris). Le rapport 2008reconnaît les défaillances des marchéset du modèle de développementagricole, tant pour la préservation desressources naturelles que pour lesconditions d’existence des travailleursagricoles. Sans remettre lalibéralisation des échanges en cause, il souligne l’importance de soutenirl’agriculture à petite échelle et l’emploirural pour résorber la pauvreté.

L’agriculture au cœur du rapport 2008 de la Banque mondiale

❝ 1,54milliardsd’hectaressontcultivésdans lemonde ❞

Systèmes cultivés surfaces dont plusd’un tiers est cultivé.

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●IV INRA MAGAZINE • N°5 • JUIN 2008

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R 2 tensification, qu’ils ont jugés « in-

adaptés pour l’avenir ». L’intérêt desapproches agro-écologiques prenanten compte les spécificités des milieuxa été jugée centrale car elles tirentprofit à la fois des savoirs hérités del’observation et des connaissancesscientifiques les plus pointues. La pru-dence à l’encontre des « biotechno-logies modernes » a provoqué de vi-rulentes controverses et motivé leretrait des multinationales des se-mences et pesticides impliquées dansl’IAASTD. Celles-ci dénonçaient uneconception trop agro-écologique dela recherche agronomique. La versionfinale du rapport rééquilibre le pro-pos en reconnaissant le potentiel desbiotechnologies mais en appelant àune évaluation globale dans uncontexte pertinent.

MultifonctionnalitéDans cette optique, l’effort de re-cherche doit diversifier les connais-sances et techniques pour privilégierune vision intégrative des problèmesagricoles et la multifonctionnalité del’agriculture. Cette dernière revientà reconnaître au-delà des denrées ali-mentaires ou industrielles produites,les services écologiques et la dimen-sion culturelle de l’agriculture quise décline en fonction des réalités lo-cales.

Enfin, l’IAASTD accorde une placecentrale aux sciences sociales. Il estimeque si le développement techno-logique a beaucoup apporté à la crois-sance de la production, le dévelop-pement social et institutionnel quiencadre l’innovation est une condi-tion préalable à une agriculture du-rable et à la sécurité alimentaire.Le rapport offre une attention par-ticulière aux femmes qui représen-tent selon les pays entre 20% et 70%de la main-d’œuvre agricole. La fémi-nisation du travail agricole croît dansles pays pauvres (les hommes mig-rent en ville pour travailler), sans êtresuffisamment pris en compte dansles dispositifs de recherche, ni dedéveloppement.

Une démarche inaboutieLa participation de la « société » dansle pilotage de l’évaluation a influencéle traitement des questions. Et aprobablement obligé les scientifiquesà sortir de leurs références (discipli-nes, présupposés intellectuels) pourprendre en compte et répondre auxquestions « globales » des acteurs. Plu-sieurs réserves concernant l’équilibre,l’objectivité et l’exhaustivité attendusdans une telle expertise ont cepen-dant émaillé l’IAASTD. Elles ont étémédiatisées par la revue Science(14/03/08). L’IAASTD a ainsi peuabordé les forêts, l’élevage et l’aqua-culture. Marianne Lefort, directricescientifique à Agroparistech, coordi-natrice d’un des chapitres du rapportrégional « Amérique du Nord-Eu-rope » et coauteur de la synthèse mon-diale, partage une certaine frustrationquant à l’aboutissement de la mé-thode : « Le manque de moyens a obligéà travailler en parallèle les approcheshistoriques et prospectives, et n’a paspermis de bien articuler groupes ré-gionaux et mondial. Nous n’avons pasréalisé les projections par scénario quidevaient étayer les propositions finalesd’actions. Celles-ci reposent surtout surl’analyse des tendances. » Bernard Hu-bert, directeur du Groupement d’in-térêt public Inra-Cirad (Ifrai, chap. 3)et également auteur dans l’IAASTDsouligne qu’ « aussi incomplet soit-il,l’exercice procède, dans la lignée duGiec ou du Millennium EcosystemsAssessment, de la constitution d’unescience « globale ». Ces exercices, sou-tenus si ce n’est initiés, par la Banque

tique que scientifique grâce à des ap-proches systémiques et pluridiscipli-naires. Le rapport insiste sur la placequ’il faut reconnaître aux différentssystèmes de production, notammentles petites exploitations vivrières. Pourcelles-ci, il montre l’importance del’accès aux savoirs, technologies, cré-dits, ressources foncières et naturel-les. Cette conclusion tranche avec unevision passée qui plaçait dans la seuletaille des exploitations le moteur dela croissance.

Sécurité alimentaireL’analyse rétrospective a permis dejuger de la contribution de la recher-che à l’accès à l’alimentation et à l’a-mélioration de la santé humaine. Lasécurité de l’approvisionnement ali-mentaire reste essentielle alors que lenombre de personnes mal ou sous-nutries dans le monde, dont les troisquarts sont des paysans pauvres, nediminue pas (850 millions). En consé-quence, le rapport met en garde contrel’inégal impact des échanges com-merciaux. Les politiques d’ajustementqui ont orienté certaines agriculturesvers l’exportation les ont fragilisées enles rendant dépendantes des impor-tations vivrières. Tout le pourtour mé-diterranéen a ainsi détérioré sa balancecommerciale agricole depuis 1960.Les États-Unis, le Canada et l’Australie

ont émis une réserve à cette analysecar leurs gouvernements craignentque l’argument ne leur soit opposableà l’avenir dans les négociations inter-nationales à l’OMC (Organisationmondiale du commerce). La rédac-tion finale souligne diplomatique-ment que l'ouverture des marchésagricoles nationaux à la concurrenceinternationale peut être un obstacleà la sécurité alimentaire. La réflexionsur l’alimentation a une dimensionsingulière pour la zone Amérique duNord–Europe. Béatrice Darcy-Vrillon,chercheuse en nutrition à l’Inra et co-auteur du rapport régional témoigneque « La hausse de la production apourvu aux besoins de la majorité despopulations même si des fractions dé-favorisées n’ont toujours pas accès à unrégime alimentaire adéquat. Sur la pé-riode, la région a aussi vu la montéede l’obésité et des maladies qui lui sontassociées, expliquées en partie par ladisponibilité des aliments, des choixalimentaires et modes de vie. Certainspays d’Europe de l’Est sont ainsiconfrontés au double fardeau de l’in-suffisance alimentaire et des maladiesliées à l’abondance ».

BiotechnologiesL’analyse critique des experts s’est aussifocalisée sur les succès de la recher-che agronomique en matière d’in-

mondiale, font travailler ensemble lacommunauté scientifique du monde en-tier sur des questions considérées – parle fait même de la procédure – commed’importance planétaire ! Certes l’exer-cice n’a pas été facile car parler d’uneactivité socioéconomique comme l’agri-culture est d’un autre registre que lesécosystèmes ou le climat. »

Quelles suites ?Mettre en place et animer un tel dispo-sitif international est très lourd. Il afallu du temps au Giec pour que leclimat ne devienne un enjeu politiqueplanétaire, mais les scientifiques ontreçu un prix Nobel en 2007 ! Les pro-tagonistes de l’IAASTD espèrent queleur dispositif s’installe égalementdans la durée de manière à inspirerles orientations de la recherche agro-nomique et les politiques agricoles.D’une part, le contexte scientifiqueest ouvert : les outils d’investigationet les connaissances aujourd’hui ac-cumulées permettent, à la recherche

agronomique, ce changement de re-gard et d’échelle grâce notammentaux approches intégratives, systé-miques et comparatives. D’autre part,le contexte politique international estporteur. La Banque mondiale appelleà réinvestir l’agriculture.

(1) Parmi les objectifs du Millénaire fixés parles Nations Unies en 2000 : réduire entre1990 et 2015 de moitié la proportion de lapopulation dont le revenu est inférieur à 1dollar par jour et la proportion de lapopulation qui souffre de la faim ; intégrer lesprincipes du développement durable dans lespolitiques nationales ; inverser la tendance àla déperdition des ressourcesenvironnementales ; mettre en place unpartenariat mondial pour le développement.

(2) Constitué à parité entre 30 représentants de gouvernements (dont la France) et 30 représentants non-gouvernementaux,partagés entre 8 institutions internationales,22 représentants de la société civile dont 6ONG (dont Greenpeace, Oxfam, les Amis dela terre, Pesticides action Network), 6entreprises privées (dont Monsanto, BASF,Syngenta...), 6 organisations de producteurset 4 associations de consommateurs.

INTERVIEW DE :

Laurence Tubiana DIRECTICE DE L’IDDRI,

INSTITUT DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ET DES RELATIONS

INTERNATIONALES

Quel est rôle de l’Iddri ?Laurence Tubiana : Nous faisons la connexion entrerecherche et société sur les thématiques que sont le changementclimatique, la gestion des ressources naturelles, la gouvernanceinternationale et les régulations qui interfèrent avec les politiquespubliques. Nous essayons de faire sentir à la Recherche la portéedes questions globales et réciproquement de porter à laconnaissance des institutions internationales les solutions etanalyses des scientifiques.

Le Sommet de Rio a débouché sur des conventionspour le développement durable. Quelle place y prendl’agriculture ? L T : Les trois principales conventions portent sur le climat, labiodiversité et la désertification. L’agriculture joue un rôle à la foispositif et négatif sur le changement climatique. L’agriculture,l’élevage et la déforestation représentent environ 30% desémissions de gaz à effet de serre (données 2004), la déforestation

libère à elle seule un cinquième du GES. En revanche, l’agricultureet la forêt contribuent à la séquestration de carbone dans les solset leurs produits peuvent se substituer à l’énergie fossile. Depuis2005, l’idée d’un soutien en contrepartie de la non-déforestationdes forêts tropicales fait son chemin, même au Brésil, pourtantréticent à une internationalisation de la question amazonienne.La Banque mondiale l’a expressément évoqué à la conférencede Bali en décembre dernier.

Et les deux autres conventions… L T : La convention sur la biodiversité envisage l’agriculture sousdeux angles : son extension sur les milieux naturels et sonintensification par l’emploi de pesticides, fertilisants et aussid’OGM. En 1996 un programme sur la conservation et la durabilitéde la biodiversité des agrosystèmes a été lancé en partenariatavec la FAO, mais sans envergure.La convention sur la désertification traite de la dégradation desterres en zones arides ou semi-arides. On estime que 12% desterres cultivées sont concernés du fait de pratiques inappropriéeset des évolutions du climat. 135 millions de personnes sont me-nacées d’exode à cause de la désertification, dont beaucoupd’éleveurs. Les efforts faits actuellement sont inefficaces, le pro-blème empire.

O L’AGRICULTURE DANS LES CONVENTIONS INTERNATIONALES ISSUES DE RIO

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JARDINS VIETNAMIENS.

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A grimonde (1) est une in-itiative conjointe du Ciradet de l’Inra sur les enjeuxalimentaires et agricoles

mondiaux, enjeux qui peuvent serésumer ainsi : comment nourrir 9milliards d’individus en 2050 et pré-server les écosystèmes desquels d’au-tres produits et services sont aussiattendus : stockage de carbone, bio-diversité, bioénergies, biomatériaux ?Cette question met en jeu de multi-ples acteurs et des facteurs de natu-res agronomique, écologique, techni-que, économique, sociologique,culturelle, géopolitique, etc. En outre,l’échelle planétaire à laquelle ilconvient de mener la réflexion nedispense pas d’analyses régionalestant la diversité des régimes alimen-taires, des systèmes agricoles et leursinteractions via les échanges, sont desparamètres-clés pour l’avenir.

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« L’exercice Agrimonde est original caril est le fruit d’une collaboration entreune équipe de projet permanente et ungroupe de travail composé d’experts dedisciplines, compétences et expériencesdifférentes » souligne Michel Petit,membre du groupe de travail et ex-pert international, notamment à laFondation Ford en Inde et pendantplus de dix ans à la Banque Mondiale.« Il est également original parce qu’ilcombine une approche quantitative etune approche qualitative ».Agrimondea en effet cherché à être un outil aisé-ment appropriable par les acteurs. Ilassocie, de façon complémentaire etinteractive, approche quantitative etanalyse qualitative. L’approche quan-titative repose sur un modèled’équilibre physique entre les pro-ductions alimentaires et leurs usages,y compris non alimentaires, tous deuxexprimés en équivalent calories.

Partant de l’étude quantitative des ten-dances passées, l’analyse qualitativedéfinit des scénarios régionaux d’é-volution à l’horizon 2050. Elle traduitces derniers en termes de populations,de régimes alimentaires, d’utilisationsnon alimentaires des produits agri-coles, de surfaces agricoles, de ren-dements, etc. L’approche quantitativepermet alors de calculer les équilibresentre les emplois et les ressources debiomasses (dans chaque région et paragrégation au niveau de la planète).Cette méthode permet de discuter, vé-rifier et, si nécessaire, réviser les hypo-thèses d’un scénario donné.Les scénarios du Millennium Ecosys-tems Assessment (MEA) font aujour-d’hui référence, non seulement pourtout ce qui a trait aux problèmesenvironnementaux globaux, maisaussi pour ce qui est de l’agricultureet du développement. La prospectiveAgrimonde a donc commencé paranalyser les conséquences de ces scé-narios en termes de systèmes ali-mentaires et agricoles. Le travail s’estpoursuivi via la définition d’un scé-nario de rupture, scénario AgrimondeI, qui suppose des inflexions notablesde tendances passées de consomma-tion et une contribution satisfaisantede l’agriculture au développementdurable. L’objectif est d’apprécier lavraisemblance d’un tel scénario ; ils’agit moins de construire un scéna-rio idéal que de mettre à l’épreuve leconcept de développement durableet le rôle que peuvent jouer l’agri-culture et l’alimentation en identi-fiant les conditions de réalisation dece scénario et en explorant les di-lemmes ainsi révélés.

Prospective2

L’Inra et le Cirad ont pris l’initiative, au début de l’année 2006, d’analyser en commun les futurs et équilibres possibles des systèmes alimentaires et agricoles mondiaux à l’horizon2050 dans le cadre d’une prospective « Agrimonde ». Celle-ci se veut un outil de réflexionpour mieux participer aux débats internationaux et pour identifier les questions prioritaires de recherche. Premiers résultats.

MARCHÉ àMhamid(Maroc).

Un scénario « Agrimonde I »Le scénario « Agrimonde 1 » vise à ap-précier la capacité de chaque granderégion du monde à satisfaire sesbesoins alimentaires en 2050 de façon,d’une part à mener une réflexion surles actions à mettre en œuvre à cettefin, et, d’autre part à identifier les zonesqui ne seraient pas en mesure de le

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faire et qui auraient donc recours auximportations. L’hypothèse de grandesvagues de migration entre zones estécartée de façon à pleinement rendrecompte des conséquences de la fortecroissance démographique anticipéeen Afrique, Asie et Amérique latine.Les évolutions des populations dansles différentes zones à l’horizon 2050

correspondent donc à la projectionmédiane des Nations Unies dans unrégime dit normal de migrations inter-nationales. Faute d’estimations chif-frées précises quant aux conséquen-ces du changement climatique surl’agriculture mondiale, celles-ci ne sontpas intégrées dans l’évaluation quan-titative au sens strict. Elles sont néan-moins prises en compte par l’analysequalitative.

Deux variantes Dans une première variante, les 9milliards d’humains qui peuplent laplanète en 2050 disposent en moyennede 3500 kcal/jour/habitant, dont unepart importante provient de biensd’origine animale. Satisfaire ces be-soins se pose de manière différenteselon les régions du monde. En Asie,où les réserves de terres sont limitéeset les rendements déjà élevés, il fau-drait, relativement à aujourd’hui,poursuivre le mouvement d’intensi-fication en réduisant les impactsenvironnementaux. En Afrique sub-saharienne, il faudrait simultanémenttirer profit des réserves de terres en-core non exploitées et permettre desgains de rendement, ces deux gise-ments de progrès devant être mis enœuvre de façon durable. En Afriquedu Nord et au Moyen-Orient, le po-tentiel d’accroissement de la produc-tion sera limité par les disponibilitésen eau. Ainsi cette première variante

Selon Hervé Guyomard,directeur scientifique en sciences sociales, quatrefacteurs au moins expliquentla hausse des coursmondiaux de nombreuxproduits agricoles observéedepuis le milieu de l’année2006. La demande alimentaireaugmente sous l’effet de lacroissance économiquemondiale soutenue, plusspécifiquement dans despays émergents très peuplés.Deuxièmement, la demandenon alimentaire est égalementen augmentation,principalement sous l’effet du développement desbiocarburants : bioéthanol de canne à sucre au Brésil,bioéthanol de maïs aux Etats-Unis, biodiesel de colza dansl’Union européenne. Du coup,

les stocks mondiaux deproduits agricoles ont baissé,en partie parce qu’ils ont étéutilisés les années anté-rieures pour répondre auxbesoins alimentaires et nonalimentaires (stocks de maïsétats-uniens notamment).Troisièmement, des accidentsclimatiques se sont succédés(sécheresse en Australie,hiver froid en Chine…). La spéculation n’est pas à l’origine de la hausse des prix agricoles mondiaux,elle l’amplifie et a pourconséquence directe que les prix des biens agricolesseront demain nettement plusvolatils qu’ils ne l’étaient hierdans la mesure où lesmarchés agricoles seront trèssensibles à toutes lesinformations conjoncturelles.

Quatre facteurs de hausse des prix agricoles

MARCHÉ DE RUNGIS.

Nourrir 9 milliards de personnes en 2050

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du scénario Agrimonde I met enlumière la nécessité d’actions fortesde protection de l’environnement.La deuxième variante suppose que lesrégimes alimentaires convergent en2050, dans chaque grande région, versune moyenne mondiale de disponi-

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Une vaste évaluation et prospective lancée par l’ONU entre 2001 et 2004, le Millennium Ecosystem Assessment(évaluation des écosystèmes du Millénaire) a produitquatre scénarios qui font dorénavant référence dans lesdiscussions relatives aux problèmes environnementauxglobaux et aux enjeux de développement. Ces scénarioséclairent les liens entre les écosystèmes et le « bien-être »humain : économique, sanitaire, social à l’horizon 2050. Ils se départagent selon que la gouvernance du mondesera plus ou moins mondialisée (versus régionalisée) et que la gestion des écosystèmes sera réactive ouproactive. Le premier scénario « Orchestration mondiale »(Global Orchestration scenario) explore une libéralisationglobalisée, associé à de nombreux investissementspublics et à une grande sécurité. L’expansion économiqueglobale dégrade cependant certains services écologiques. Le scénario « Jardin technologique » (TechnoGarden

scenario) privilégie le rôle de la technologie et du génieécologique pour orienter l’évolution du monde. Les problèmes d’accès aux services peuvent exclure les populations pauvres et la dépendance vis-à-vis des solutions technologiques cause de nouvellesvulnérabilités. Le troisième, « Ordre par la force » (Order from Strengthscenario) est axé sur la protection aux frontières. La régionalisation exacerbe les inégalités. Les traitésinternationaux passent au second plan. Les services des écosystèmes deviennent plus vulnérables. Enfin un scénario de « mosaïque appropriée » (AdaptingMosaic scenario) explore les avantages et limites d’une gestion régionale. Les leviers de développementproviennent de l’accès aux connaissances par lescommunautés locales. L’ingénierie écologique et une agriculture multifonctionnelle sont valorisées.

Les 4 scénarios du Millennium Ecosystem Assesment

bilités de 3000 kcal/jour/habitant, dont2500 de produits végétaux et 500 deproduits animaux. Cette varianterompt avec les tendances actuelles.Alors que les apports caloriquesmoyens augmenteraient significative-ment en Afrique sub-saharienne, ilsdiminueraient dans les pays de la zoneOCDE, pour partie grâce à une ré-duction des pertes au stade de laconsommation (qui peuvent repré-senter jusque 1/3 des disponibilitésalimentaires). De plus, la part des pro-duits animaux dans les rations ali-mentaires augmenterait en Afriquesub-saharienne alors qu’elle dimi-nuerait dans l’OCDE. Sur la base d’unecroissance relativement modérée desterres cultivées, l’équilibre alimentairemondial reposerait sur des gains derendements modestes, voire nuls, saufen Afrique sub-saharienne et dans lespays de l’ex-URSS.

RésultatsQuelle que soit la variante du scéna-rio Agrimonde I, il apparaît qu’il estpossible de nourrir la planète de ma-nière durable en 2050. Ceci supposetoutefois une inflexion des tendan-ces d’évolution des consommationsalimentaires. Des investissements sontnécessaires dans les infrastructureset dans la recherche & développement,non seulement pour accroître les ren-dements, mais aussi pour concevoiret diffuser des systèmes de productionagricole à la fois compatibles avec lapréservation des écosystèmes et ro-bustes face aux évolutions climatiques.Il faut également mettre en place despolitiques volontaristes, du local auglobal, pour, d’une part, rendre pos-sibles les évolutions structurelles dessystèmes agricoles et des modes deconsommation, et d’autre part, orga-niser et réguler les échanges agricoleset alimentaires entre régions. Ces der-niers seront en effet indispensablesdans la mesure où certaines zones,

plus spécifiquement l’Afrique duNord, l’Afrique sub-saharienne et leMoyen-Orient, resteront déficitairesen produits agricoles et alimentairesà l’horizon 2050.

Nouvelles questionsLe scénario Agrimonde I résumé ci-dessus montre que des marges de ma-nœuvre existent pour assurer de façondurable la satisfaction des besoins ali-mentaires de la planète en 2050. Ex-ploiter ces marges de manœuvreexigera des efforts de recherches sub-stantiels notamment sur les possibi-lités d’une intensification écologiquedes systèmes agricoles. Par ailleurs, les« frontières » entre ville et campa-gne, agriculture et forêt ou encore pro-duction agricole et préservation del’environnement seront remises encause. Faut-il plutôt les renforcer, parexemple via la juxtaposition de cou-loirs écologiques et de zones intensi-ves de production agricole ? Ou, aucontraire, convient-il de les rendre plus

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Les projections du Giec à 2100 éclairentcertains aspects pour l’agriculture : leréchauffement climatique et l’évolutiondes précipitations accroissent ainsi le potentiel en terres cultivables dans leszones septentrionales et le diminuentdans les zones tropicales, le sud de l’Asienotamment. En Afrique Subsaharienne, lepotentiel cultivable se situe en zonesforestières humides plus qu’en savanespâturées devenues plus arides. EnAmérique latine, la sécheresse menace

d’autant que la déforestation trouble lecycle d’évaporation de l’eau. Ailleurs, lepotentiel cultivable stagne. Le changement climatique est aussi un des principaux facteurs de l’évolutiondes rendements puisqu’il modifie à la foisles températures et les précipitations.Dans certaines régions (notamment en Asie) les rendements seront plusirréguliers et les risques d’inondations ou de salinisation des terres dans lesdeltas plus forts.

Les conséquences du réchauffement climatiquesur l’agriculture

perméables en encourageant le déve-loppement de l’agriculture urbaine etpériurbaine, de l’agroforesterie, del’agroécologie ?Dans le scénario Agrimonde I, la di-versité apparaît clairement comme unatout majeur : celle des régimes ali-mentaires, comme celle des écosystè-mes, des filières agroalimentaires.Comment assurer la coexistence har-monieuse et pérenne de cette diver-sité à différentes échelles ? Innoverdans ce scénario suppose aussi des po-litiques publiques à même d’infléchirles comportements alimentaires d’in-vestir dans des infrastructures, filièreset territoires, et de garantir des régu-lations des échanges afin d’assurer lasécurité alimentaire des régions quine peuvent pas couvrir la totalité desbesoins de leurs populations.Ces premiers résultats appellent à êtreenrichis et consolidés de manière àformuler de nouvelles hypothèsesd’évolution et élaborer des scénariosprospectifs alternatifs. Ce n’est qu’enexplorant, sans a priori, les différentsfuturs qu’il sera possible de participerpleinement, aux débats internationauxsur la durabilité des systèmes alimen-taires et agricoles à l’horizon 2050, et,d’identifier les priorités de rechercheà investir.

Légende

Ressources et consommation alimentaire en 2003 selon les régions du Millennium Ecosytem Assessment (MEA)

Production alimentaire végétale par hectare cultivé (1961-2003)

OCDE Amérique latineAfrique sub-saharienne

Moyen-Orient et Afrique ex-URSS Asie

Sources des graphes : Bruno Dorin - Cirad d’après données FAO 2003

(1) www.inra.fr/content/download/13295/165010/version/1/file/Cirad-Inra-Agrimonde-FR.pdf

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Le groupement d’intérêt public Inra-Cirad : Ifrai

Quel est le but de l’Ifrai ? Bernard Hubert : l’objectifest de dynamiser la contributioninternationale de la France parl’animation d’une réflexion com-mune entre l’Inra et le Cirad surles enjeux liés à l’agriculture età l’alimentation. Cette réflexionpermettra de participer plus ac-tivement à des appels d’offreinternationaux et de s’impliquerde manière proactive dans despartenariats régionaux, commeen Méditerranée ou dans lesgrands pays émergents.

La zone « Méditerranée » estune des priorités du GIP,pourquoi avoir choisi cetterégion ? B. H. : La région Méditerra-néenne est hétérogène tant surles plans culturel que politique,

voire économique, mais elle adeux caractéristiques qui retien-nent l’attention de la rechercheagronomique. D’une part, sadimension « biogéographique »en fait un carrefour des influen-ces tropicales, arides et tempé-rées auxquels s’ajoutent les spé-cificités méditerranéennes. Larégion est de ce fait un réservoirde ressources génétiques vé-gétales, animales et de ravageurset maladies. D’autre part, la cé-sure entre le littoral qui concen-tre la population urbaine et lesarrières pays génère divers pro-blèmes de gestion des espacesrésiduels (parcours, forêts, cul-tures au sec…), dégradation dessols, incendies, absence de ges-tion des réserves et des flux hy-driques (dans une région où l’eausera de plus en plus rare !), émer-

gence de situations de malnu-trition en ville et dans les cam-pagnes, accroissement de lapauvreté, dépendance vis-à-visdes biens alimentaires importés.

L’Inra et le Cirad ont deshistoires et des culturesdifférentes, comment analysez-vous ce rapprochement ? B. H. : Il s’agit de tirer parti descomplémentarités des deuxinstituts qui sont de taille très dif-férente, sans viser une culturecommune. Les réseaux consti-tués au Nord et au Sud permet-tent de disposer à la fois decompétences académiques etsensibles aux questions dedéveloppement. Il s’agit d’en-traîner l’ensemble de notre dispo-sitif dans des postures explora-

toires vers les fronts de connais-sance et vers des dynamiquesinnovantes, parfois risquées.

Les prochaines étapes ? B. H. : Un comité des partenai-res est en cours de constitution.Il comprendra des personnalitésfrançaises et étrangères prove-nant des sphères scientifiques,professionnelles et institution-nelles de l’agriculture du Nord etdu Sud. Nous préparons un séminaire an-nuel de jeunes chercheurs duNord et du Sud afin de contri-buer à une communauté scien-tifique multiculturelle.Enfin, le ministère des affairesétrangères nous incite à contri-buer aux débats sur les enjeuxde l’élevage.

L’Ifrai (Initiative française pour la recherche agronomique internationale) a été créé le 25 avril 2007. BernardHubert, directeur de recherche à l’Inra le dirige.Organisation3

Décloisonner la rechercheagronomique

A u niveau des Etats, les sys-tèmes nationaux de re-cherche agronomique sontmajoritairement structu-

rés par des universités (modèle anglo-saxon) aux côtés desquelles existentdes instituts de recherche dédiés auxsciences agronomiques ou du vivant.Par exemple, l’Inra, le Cirad et l’IRDen France, les instituts Max Planck etla communauté de Leipnitz enAllemagne, l’Université de Wagenin-gen aux Pays-Bas, Cornell Universityaux États-Unis, l’Embrapa au Brésil,l’Académie de l’agriculture en Chine,l’Icar (Indian Council for Agricultu-ral Research) en Inde… Sur cet échi-quier, des Centres internationaux derecherche agricole regroupés sous l’é-gide du « CGIAR » (ConsultativeGroup on International AgriculturalResearch) sont dédiés à la rechercheagricole pour le développement.

Le CGIAR« Le système international de recher-che est né en 1971 sur la base dequelques centres de recherche finan-cés par les fondations Rockefeller etFord. L’objectif de départ était de four-nir à la planète ses besoins alimen-taires grâce à l’amélioration génétique.Ces centres de recherche, au nombrede 15 aujourd’hui, travaillent essen-tiellement sur les grandes productionsde base : blé, riz, pomme de terre, maïs,élevage et également sur forêt, eau,pêche et aquaculture… Les travaux derecherche vont de pair avec le main-tien de collections de semences et ma-

tériels biologiques (600 000 échantillonsconservés). Le statut et le profil des cen-tres varient. Ils sont très majoritaire-ment situés dans les pays du Sud et col-laborent avec des organismes nationauxde recherche agricole, le secteur privéet la société civile. L’instance coordi-natrice, le secrétariat du CGIAR, esthébergée à Washington dans les locauxde la Banque mondiale. Elle réunit 64membres : pays, fondations et institu-tions internationales qui sont aussi sesbailleurs. En tout, le CGIAR compte8500 employés. Les équipes sont trèscosmopolites. Le Cirad, l’IRD et le Ce-magref y détachent 40 à 50 chercheurs,résume Pierre Fabre, chercheur auCirad et représentant français au

CGIAR. « Aujourd’hui, le CGIAR veutse réformer. Ancien promoteur de larévolution verte, il cherche à actuali-ser les missions de la recherche agro-nomique internationale pour le déve-loppement : inclure au-delà de laréduction de l’insécurité alimentaire etde la pauvreté, des objectifs de gestiondurable des ressources et de santé viala nutrition ». Cela se traduit dans lesorientations des « Challenge pro-grams », appels d’offre de rechercheouverts à la communauté scientifiqueinternationale. Une deuxième vagued’appels d’offre se négocie en ce mo-ment. L’Inra et le Cirad s’impliquentnotamment dans le programme quitraite des filières fruits et légumes

Qui se fait expliquer le système agronomique mondial et ses ramifications régionales et nationales trouve le-dit système bien compliqué. Mais dans cet enchevêtrement de réseaux géographiques et institutionnels, une dynamique se dégage. Elle vise à favoriserles connexions entre acteurs et entre échelles géographiques pour à la fois répondre aux enjeux globaux et paradoxalement « relocaliser » les démarches et innovations. Elle cherche également à inclure la recherche dans une gouvernance où interviennent les acteurs à qui elle est destinée.

(Horticulture). Ils participent depuisplus longtemps au Challenge program« Génération ». Celui-ci vise à mieuxutiliser la diversité génétique des plan-tes. Agriculteurs et sélectionneurs n’u-tilisent qu’une infime fraction de cettediversité. Or, les technologies de lagénomique comparative et de l’in-formation ont permis de voir que lesplantes ont un très grand nombre degènes en commun : une espèce don-née peut bénéficier des apports de larecherche sur d’autres espèces (no-tamment les plantes modèles : riz etarabette). Le plus singulier de cesChallenge programs, SubSaharanAfrica, part du constat que la re-cherche agronomique avait peu d’im-pact en Afrique. Le programme sepropose de tester un système d’in-novation participatif public-privé. Laméthode donne lieu à des débats quien font une expérimentation vérita-ble institutionnelle grandeur nature.Le développement des « challenge pro-grams » correspond également ausoutien de nouvelles fondations, dontcelle de Bill & Melinda Gates. L’affluxfinancier qu’elles drainent, dynamiseles recherches sur certains thèmes.

Par exemple le programme « biofor-tification » qui vise à enrichir les qua-lités nutritionnelles des plantes a bé-néficié de 14 millions de dollars de laFondation Gates pour 2007. Encontrepartie de leur soutien, les fon-dations émettent des conditions devisibilité des résultats.La réforme vise enfin à remédier à undéfaut commun à beaucoup d’insti-tutions internationales : le CGIAR,bien que cosmopolite et décentralisé,fait figure de partenaire scientifique« hors sol ». Pour répondre à la de-mande des acteurs il y a 10 ans, leGFAR, Forum mondial de la recher-che agricole a été créé, sous l’impul-sion notamment de l’Europe et de laFrance. Il réunit des organisations pay-sannes, gouvernements, ONG, entre-prises, bailleurs et intervient commeune plate forme de dialogue et commeun groupe de pression auprès de laBanque mondiale et de la FAO. LeGFAR se ramifie par grandes régionsdu monde puis au niveau des États.

L’échelon européenPour notre continent, recherche agri-cole pour le développement (ARD) et

recherche agronomique européenne« vivaient » jusqu’ici parallèlement.Les choses pourraient changer. Chris-tian Hoste, chercheur au Cirad, est undes meilleurs connaisseurs de la struc-turation de la recherche agricole pourle développement en Europe : « On atrois niveaux, explique-t-il, les poli-tiques, les programmes et les projets. Leniveau politique (EIARD) est constituédes représentants ministériels des 27gouvernements de l’Union européenne,de la Norvège, de la Suisse et de la Com-mission européenne (30 membres). Lesprogrammes de 14 pays européens sontcoordonnés par un réseau (Eranet ARD)financé par la Commission européenne.Au niveau des projets, il existe deuxstructures opérationnelles de coordina-tion : d’une part Ecart, consortium eu-ropéen entre les principaux instituts derecherche agricole pour le développe-ment (1600 chercheurs) dont la direc-tion a été confiée au Cirad ; et d’autrepart Natura un réseau de 26 universi-tés de 16 pays. En France, AgropolisInternational (Montpellier) est mem-bre de Natura ».

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UN CHERCHEUR discute avec un éleveur du Nordeste brésilienà propos de la structure de son pâturage.

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Mirecourt, petite ville vos-gienne, est connue pourabriter l’école nationalede lutherie… et une

unité de recherche Inra qui s’intéresseaux territoires dans leurs relationsavec l’agriculture et l’environnement.Bien qu’éloignés du campus scienti-fique de Nancy, ses chercheurs affi-chent « nombre de publications en col-laboration avec des universitaires »,prévient Marc Benoît, un des cher-cheurs et « nos travaux sont référen-cés dans plusieurs lois ! » (note 1). Cedynamisme, l’équipe de recherche ledoit à une orientation judicieusementadoptée en 1987. Cette année-là, alar-mée par l’augmentation des teneurs

la qualité de l’eau sont quasi-immé-diats. Des « bougies poreuses », pla-cées à un 1m sous terre ont permisde capter les eaux de drainages et deconstater que leur taux de nitrate esttombé en moins de deux ans de 45mg/l en moyenne à 20 mg/l ; il avoi-sine aujourd’hui 14 mg/l.

Approche spatiotemporelledes activités agricolesCe tour de force marque un viragedans la trajectoire de l’unité deMirecourt. Sa notoriété acquise, lesrecherches changent d’échelle pours’intéresser à l’ensemble du bassin dela Seine. Avec l’Agence de l’Eau Seine-Normandie, les universités de ParisVI, Paris VII, de Nancy et des collè-gues agronomes de Laon, les cher-cheurs retracent l’histoire des pra-tiques agricoles responsables de lacontamination des eaux par les pes-ticides et nitrates. En termes savants,ils font de la praxéologie historique.« Nous complétons les statistiques agri-coles par des enquêtes auprès deconseillers agricoles pour caractériserl’évolution des systèmes de culture de-puis les années 1970 sur chacune des150 petites régions agricoles. Ces re-cherches s’inscrivent dans le vaste pro-gramme inter-disciplinaire de recher-che en environnement du bassin de laSeine (Piren-Seine) coordonné par leCNRS » explique Catherine Mignolet,directrice de l’unité. « La base de don-nées sur les pratiques agricoles alimenteun modèle agronomique (Stics) qui,couplé à un modèle hydrologique(Modcou) permet de relier le cycle del’azote à des scénarios de contamina-

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Des recherches au service

d’une agricultureinnovante

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© Inra / Christophe Maître

ENREGISTREMENTquotidien des relevés de l’exploitationexpérimentale.

en nitrate dans ses sources, la Sociétégénérale des eaux minérales de Vit-tel prend contact avec la station Inra.Une eau minérale ne peut pas êtretraitée : il faut donc protéger les 4 500ha de la zone de captage. Les cher-cheurs dressent un diagnostic quipointe l’impact des déjections ani-males et des engrais azotés et enta-ment des recherches sous la respon-sabilité de Jean-Pierre Deffontaines.Leurs propositions apparaissent, à l’é-poque, radicales : ils déconseillent lesproduits phytosanitaires et la culturede maïs, recommandent de compos-ter le fumier, de diminuer le charge-ment des vaches au pâturage et de di-versifier les cultures. Les résultats sur

+d’infosOweb :www.worldbank.org (rapport 2008 de la Banque mondiale) www.agassessment.org (IAASTD)www.ipcc.ch (rapports du Giec) www.cgiar.org www.fao.orgwww.maweb.org/en/products.aspx -(Millennium Ecosystem Assessment.2005. Ecosystems and Human Well-being: Synthesis. Washington D.C.Island Press) www.virtualcentre.org/en/library/key_pub/longshad/A0701E00.pdfLivestock’s Long Shadow:Environmental Issues and Options.Rome: United Nations, FAO, 2006www.oxfam.org/fr/policy/briefingnotes/bn_what_agenda_for_agriculture_WDR_0710 (analyse du rapport de la Banquemondiale 2008),www.era-ard.org , www.ecart-eeig.org,www.natura-net.eu ( niveau européen) www.gip-ifrai.fr (Ifrai) www.inra.fr/les_partenariats/collaborations_et_partenaires/international/ (Mission des relationsinternationales à l’Inra )www.cirad.fr (Cirad)www.agropolis-international.net(Fondation Agropolis)Olivres :Nourrir la planète, M. Griffon, ÉditionsOdile Jacob, 2006.La recherche agronomique françaisepour le développement, enjeuxinternationaux, CNER, Documentationfrançaise, 2005.Agricultural Research Management, G. Loebenstein, G. Thottappilly, Ed.Springler, 2007.Aux Editions Quae :Paysans du Brésil, entre échangemarchand et réciprocité, E. Sabourin,2007.Exploitations agricoles familiales enAfrique de l’Ouest et du Centre, M. Gafsi, P Dugué, J-Y Jamin, J. Brossier, 2007.Le monde peut-il nourrir tout lemonde ? B. Hubert, O. Clément et al,2006.Ils vous nourriront tous les paysans du monde, si..., L.. Malassis, 2006. Orevues annuelles :Mediterra 2008, Les futurs agricoles etalimentaires en Méditerranée, Ciheam,Presses de Sciences Po.La nouvelle modernité : une agricultureproductive à haute valeur écologique,B. Chevassus-au-Louis et M. Griffon, in Déméter 2008.Prise de conscience, et crise de confiance. P. Jacquet et L. Tubiana, in Regards sur la terre, L’annuel du développement durable 2007.

Alliance Inra-CiradLe « système agronomique français »,lui, se partage entre l’Inra (9000agents), le Cirad (2000 agents dont600 au Sud) et pour partie l’IRD etle Cemagref.Plusieurs initiatives récentes visent àdynamiser l’intégration de la recher-che agronomique française dans lejeu international. L’alliance entrel’Inra et le Cirad, encouragée par leministère de la Recherche, est enga-gée depuis un an. Elle s’est traduitepar la création d’un Groupementd’intérêt public « Ifrai » (Initiativefrançaise pour la recherche agrono-mique internationale). Depuis long-temps déjà, les chercheurs de l’Inraet du Cirad mènent des recherchesconjointes dans différents domaines.La forêt tropicale humide guyanaiseest notamment un terrain d’étudecommun privilégié. Les maladiesémergentes constituent un autre axeimportant de coopération. Souventd’origines tropicales (bouleverse-ments climatiques), la dynamique desagents pathogènes traverse l’ensem-ble des pays. Les scientifiquespartagent donc les mêmes métho-des pour étudier et maîtriser desmaladies comme les grippes ou la fiè-vre catarrhale ovine. Pour EtienneHainzelin, directeur de la rechercheet de la stratégie au Cirad, la dimen-sion culturelle de ce rapprochementInra-Cirad est une chance car ilamène les approches académiques àse confronter à la diversité des situa-tions agricoles dans le mondeMontpellier fait figure de pôle privi-légié pour cette ouverture interna-

tionale. L’Inra, le Cirad, MontpellierSupAgro et l'IRD sont ainsi les mem-bres fondateurs d’Agropolis Fonda-tion, structure juridique porteuse duRéseau thématique de rechercheavancée (RTRA) centré sur la plantebasé à Montpellier. Bénéficiant d'unedotation initiale de 20 millions d’eu-ros, la Fondation promeut des pro-grammes de recherche de niveauinternational, en particulier enfinançant l’accueil de scientifiquesétrangers de haut niveau à Montpel-lier. « C’est un nouvel instrumentscientifique et financier qui permetd'aller au-delà de ce que chaque or-ganisme fondateur pouvait faire », ex-plique Henri Carsalade, son prési-dent Ces structures, AgropolisFondation et Ifrai, sont encore trèsrécentes. « Elles vont permettre de mo-biliser les chercheurs, dans leur labo-ratoire, sur des objectifs internatio-naux et d'ouvrir la recherche françaiseau débat international », analyseHenri Carsalade qui souligne l’effortréalisé par les directions des Institutspour faire aboutir des initiativescomme le RTRA. « Le potentiel qua-litatif d'un organisme comme l'Inraest sans équivalent au plan interna-tional et ceci devrait être mieux valo-risé. Les recherches françaises couvrentdes milieux très variés depuis les mon-tagnes froides jusqu’à la forêt équato-riale. Cette diversité est une richessequi nous est spécifique. L’intégrationdans la recherche agronomique inter-nationale se fait progressivement. Elleest indispensable pour que la Francemaintienne son rang scientifique »,complète-t-il. ●

❝ Accueillirdes jeuneschercheursétrangers ❞

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INRA MAGAZINE • N°5 • JUIN 2008 ●● INRA MAGAZINE • N°5 • JUIN 2008

9

9

1

●DÉSHERBAGE

par une bineusedont l’outillage

a été adapté.

●AUGESindividuelles.

2

●ANALYSE

CARTOGRAPHIQUEdes impactsterritoriaux.

8

●MESURE DE LABIODIVERSITÉCarabes collectésdans un piège placéau sol dans un pré.

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3 4

◗RE

PORT

AGE

© Inra / Christophe Maître

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+d’infosOweb :www.inra.fr/la_science_et_vous/dossiers_scientifiques/agriculture_biologiquewww.sisyphe.jussieu.fr/internet/pirenwww.inra.fr/sad/vittel/Ocontact :[email protected]

tion des nappes souterraines. Les cour-bes produites par l’Ecole des Mines deParis sont plutôt alarmantes, à moinsd’un changement de pratiques agrico-les radical et généralisé, qui n’est pasd’actualité vue la capacité productivecéréalière du Bassin parisien. », com-plète Marc Benoît. « Ces recherchesmontrent le rôle des agronomes dans laproduction de connaissance sur les pra-tiques agricoles à l’échelle de grands ter-ritoires soumis à des enjeux d’environ-nement, à la fois pour poser desdiagnostics et concevoir des scénariosde changement ».

Exploitation expérimentaleen agriculture biologique Les recherches ont aussi questionnéla stratégie interne de l’installationexpérimentale de Mirecourt axée surla polyculture et élevage laitier. En2003, l’unité s’interroge sur un pas-sage en agriculture biologique (AB).Le choix n’est pas anodin pour un or-ganisme de recherche agronomiquecar « plus ou moins consciemment, lesunités expérimentales montrent le che-min à suivre, cela a pu surprendre cer-tains de nos partenaires agricoles lor-rains… », poursuit Marc Benoit. Laconversion en AB intervient en 2004.« Elle a accru la visibilité de Mirecourtet a affirmé notre identité au sein dudispositif de recherche de l’Inra » re-marque Catherine Mignolet. « Cetteconversion nous a tous mobilisés : au-delà des techniques, l’équipe a changéde métier ». Derrière « la Bio », c’estl’innovation qui intéresse chercheurset techniciens. Xavier Coquil, jeuneingénieur et Claude Bazard, en chargede l’exploitation, communiquent cha-leureusement leur passion pour lesujet. La conception de systèmes agri-coles innovants articule la modélisa-tion a priori de stratégies de produc-tion et l’expérimentation de celles

choisies. Actuellement, l’exploitationexpérimente deux systèmes d’élevagelaitier. L’un compte 40 vaches laitiè-res pour 80 ha d’herbages diversifiés.L’autre, un troupeau de 60 vaches lai-tières et de la polyculture sur 160 ha.Le parcellaire est réparti entre 4 ro-tations de cultures différentes et desprairies permanentes. « Nous prenonsdes risques, là où les agriculteurs n’osentpas, notamment sur les rotations etdiversifications », souligne ClaudeBazard. Blé, épeautre, mélange triti-cale pois ou orge et lupin… sont com-parés pour leur efficience environ-nementale, agronomique et enélevage.L’innovation vise des systèmes pluséconomes et autonomes. La consom-mation de fioul sur la ferme a dimi-nué de 25% depuis 2004. La moindredensité animale à l’hectare a permisd’allonger la période au pâturage etd’abaisser les besoins en fourrage sec.Deuxième poste d’économie, le tra-vail du sol est simplifié par des alter-natives au labour. Sur certaines par-celles, un couvert végétal concurrence,en permanence ou pendant l’inter-culture, les adventices. Ces pratiquesdemandent de connaître la physio-logie des plantes et d’adapter les ma-chines. L’ingéniosité des mécaniciensfait miracle : le semoir à céréales a étémodifié pour différencier la largeurdes rangs et permettre le passage d’unebineuse afin de désherber mécani-quement la parcelle. Sur la bineuse,des capteurs détectent les plantules etpositionnent les éléments bineursentre les rangs, augmentant l’effica-cité et le débit des chantiers : 2 hapar heure.Recherche oblige, tout est mesuré demanière analytique afin d’évaluer lesdeux systèmes sur le plan agrono-mique et environnemental : chaquebotte de foin est identifiée ; chaque

vache a son auge individuelle ; cequ’elle ingère ou délaisse est pesé…Dans les parcelles, la productiond’herbe est quantifiée selon le type deparcelle et l’hétérogénéité des sols etsous-sols : 75 petites bandes d’herbessont ainsi « fichées » chaque semaine.La mesure de la biodiversité passe pardes relevés floristiques et le comptagedes carabes, coléoptères bioindica-teurs collectés dans 70 pièges deux foispar an : 40 000 insectes ont été dé-nombrés en 2007, dont 9 000 carabes.S’ajoutent des annotations qualitati-ves : l’approche « humaine » étant aucœur du département Sciences pourl’action et la décision (SAD) dont dé-pend l’unité de Mirecourt.Les différentes bases de données sontreliées à un Système d’informationgéographique qui pourra nourrir denouvelles recherches, par exemplepour évaluer l’adaptation des agro-systèmes au changement climatique.

Une identité originale et reconnueL’actualité scientifique de « Mire-court » comme on dit à l’Inra, est loinde l’image d’Epinal du domaine lai-tier mis à disposition de la recher-che par le Conseil Général en 1961.L’unité de recherche, avec son instal-lation expérimentale, attire étudiantset thésards. Les interactions avec lespartenaires agricoles, collectivités etstructures d’enseignement sont nom-breuses. Echanges qui ont vocation às’inscrire dans des réseaux mixtestechnologiques (RMT) sur les systè-mes de culture innovants, l’agricul-ture biologique ou dans les observa-toires territoriaux. ●

Catherine Donnarset Michelle Cussenot

reportage photo : Christophe Maître

7 8

© Inra / Christophe Maître

5 6

●MEMBRES

DE L’ÉQUIPE.

4

●CLAUDE BAZARDresponsable de la conduite de l’exploitation.

1

26

repères

12chercheurs et ingénieurs

18techniciens

4thésards et post-doctorants

237hade SAU

●ATELIER

de mécanique.

5

●MESURE

hebdomadairede la hauteur

d’herbe.

6

2

Note 1Loi n° 93-24 du 8 janvier 1993 utilise la balance d’azoteparcellaire (Bascule) élaborée à Mirecourt pour lediagnostic environnemental de l’exploitation renduobligatoire. La même loi définit les modalités du dépôt de fumier au champ, infléchies à la suite des résultatsobtenus à Mirecourt.Loi n° 2005-95 du 9 février 2005, dite loi sur l’eaus’appuie sur les travaux de Mirecourt pour la définitiondes bandes enherbées en bordure des cours d’eau.

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métiersO VEILLE DOCUMENTAIRE ET STRATÉGIQUE

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Pour mener à bien ce projet, une ap-proche participative relie des acteurscomplémentaires, basés à Tours, Tou-louse, Clermont-Ferrand,Versailles etRennes. Des « veilleurs » garantissentla pérennité et l’efficacité du système,des experts par domaine valident etvalorisent le capital informationnel.Toutes les compétences sont mobili-sées : du directeur de recherche autechnicien en expérimentation enpassant par les qualiticiens, docu-mentalistes, chargés de partenariat,informaticiens… Une cellule decoordination anime le dispositif. ●

Marie-Colette Fauré et Gilles Aumont

La santé animale est reve-nue au premier plan cesdernières décennies. Aprèsune période durant la-quelle le contrôle de mala-

dies des animaux d’élevage était re-lativement maîtrisé, de nouvellesmaladies transmissibles à l’homme(zoonoses) comme l’ESB et les grip-pes animales ou ayant des consé-quences économiques majeures entermes d’abattages massifs ou de li-mitation de la circulation des ani-maux (Fièvre catarrhale ovine), mo-bilisent les acteurs publics et privés.Ces préoccupations s’intègrent doré-navant dans un contexte global: in-tensification des échanges, désordresenvironnementaux, évolution desmodes de consommation et de pro-duction. Les déséquilibres épidémio-logiques qui en résultent influent surla réglementation de plus en plusstricte et profuse. Les recherches ensanté animale à l’Inra s’organisentautour des disciplines scientifiquespour renouveler les connaissances et

Le contexte sanitaire, réglementaire et économique en santéanimale et santé publique vétérinaire est très évolutif. Ces changements ont des conséquences pour les chercheurset leurs partenaires à la fois en termes d’orientationscientifique et thématique, et aussi de collaborations.

LES DIFFÉRENTS OUTILS DE VEILLE

La veille réglementaire en expérimentationanimale, éthique, bien-être animal, biosécurité. Cet outil est aussi reconnu par la Direction générale de l’ali-mentation, l’Inserm, le CNRS, les écoles nationales vétérinai-res, l’AFSSA… Ses utilisateurs sont pour plus de 40 % desindustriels.Il apporte : • des réponses aux obligations des unités expérimentales enmatière de veille réglementaire : démarches de certification,plates-formes Ibisa• des ressources inter-reliées : document père et fils pour lesuivi des ajustements réglementaires successifs ; des misesà jour régulières pour la communauté scientifique concernée • un réseau d'experts.Versa pourrait êtreamené à se développervers un périmètre euro-péen en toxicologiecosmétique et éthiqueexpérimentale animalesur la base d’un parte-nariat public-privé.O www.tours.inra.fr/versa

Versa Velisa

Visa

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Le Portail en santé animale et santé publique vétérinaire

Illus

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500abonnés àVersa

1800visites par moispour @genda,

+ d’1millionde connexionsannuelles surVelisa

repères

Veille documentaire francophone en santé animale. Cet outil s’adresse aux professionnels de l'élevage. Il identifie :• les problèmes sanitaires signalés dans la presse profession-nelle spécialisée (50 re-vues francophones) etdans les sources épidé-miologiques ;• les références pour ac-céder aux ressources ;• la contribution des au-teurs du départementscientifique de Santé ani-male de l’Inra.O www.tours.inra.fr/velisa

Cet outil est un point d'entrée central vers les ressources etcompétences en santé animale et santé publique vétérinaireen France. Il oriente les utilisateurs selon leur besoin vers leservice ou l'organisme compétent dans le domaine recherché. Ce portail n’a pas d’équivalent en Europe. Il pourrait faciliter letraitement des émergences suspectes en santé animale.Il offre : • une cartographie opérationnelle de l'organisation de la santépublique vétérinaire en France (territoires, entités pathologiquesou filières) ; • un espace d'échanges pour faire remonter les besoins desprofessionnels ; • Une zone « partenaires » pour développer les collaborations.

O www.sante-animale.eu

+d’infosCe projet donne lieu à une collaborationsur les questions théoriques en veillestratégique avec l'Ecole d’ingénieurs dessciences et technologies de l’informationet de la communication (ESIEE, Noisy LeGrand). OCommunications :- Rencontre des professionnels de l'ISTNancy, 19-21 juin 2006http://webcast.in2p3.fr/INIST/

- Interview au Forum de l’innovation eninformation scientifique et technique,organisé par le ministère del’Enseignement supérieur et de laRecherche et le GFII, salon del'Information numérique, de la Veille et del’intelligence économique. 13 juin 2007www.gfii.asso.fr/article.php3?id_article=2257Osur le web :www.inra.fr/sante_animale (départementscientifique)OContact :[email protected]

outil de veille pour la stratégie de partenariatindustriel en matière de vaccins et diagnosticsvétérinaires.Il est réservé aux chercheurs du département Santé animalede l’Inra. Il recense les innovations, brevets et licences qui peu-vent être à la source de nouveaux partenariats. Par ailleurs,l’analyse scientifique des brevets est également destinée à ap-porter une culture de l'innovation aux jeunes chercheurs.Il offre• une base de données des produits et brevets• une base de données des sociétés privées du secteur

La veille événementielle en santé animale et santépublique vétérinaire.Cet outil collecte les in-formations « brutes et hé-térogènes » sur les appelsd'offre, offres d'emploi,colloques, etc., afin qu’elles soient facilementaccessibles et utilisablespar l’ensemble de la com-munauté scientifique etprofessionnelle de la santé animale.L’outil offre une version intranet.O www.tours.inra.fr/agendasa

Un bouquet d’outils pour la

veille stratégiqueen santé animale

New@diseasesLa veille sur les maladies émergentes.Il s’agit de proposer un système unique d'informations et d'alertessur les émergences sanitaires à partir d’une sélection desources et d’un traitement automatique de l’information : dépê-ches, revues, bases de données, sites Web ProMed, OMS, etc.La nature des informations est de type « signal faible » (hypo-thèses, éléments suspectés…) jusqu'aux informations validées.L’outil offre des possibilités multiples : information d'un réseaustratégique ciblé, statistiques mensuelles, cartographie auto-matique de l'émergence.

mieux répondre à l’émergence demaladies. De plus, une approche in-tégrative d’écologie de la santé per-met de proposer des outils decontrôle, de diagnostic et d’aide à ladécision aux gestionnaires du risqueet aux filières.

Des « informations intelligentes » Pour toutes ces raisons, le départe-ment scientifique de santé animale amis en place à partir de 2005 des ou-tils de veille stratégique fournissantdes connaissances « organisées » auxchercheurs et aux partenaires et per-mettent de faire connaître l’expertisedes chercheurs. Ces outils sont fon-dés sur une surveillance automatiquede la toile et de diverses ressources do-cumentaires, sur les dernières tech-nologies web (liens RSS, géolocalisa-tion…).Leur utilisation est déjà très appréciée(cf. Repères). La valeur ajoutée dudispositif résulte du traitement de l’in-formation, celle-ci étant souvent plé-thorique, peu accessible, non orga-nisée et peu exploitée. C’est pourquoi,chaque service (cf. encadré) porte uneattention aux sources, aux modes d’ac-cès (texte intégral quand cela est pos-sible), à la sélection des informations,et à son enrichissement (analyse, clas-sement, synthèse) afin de rendre l’in-formation « à portée de souris » grâceà une navigation intuitive.

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INRA MAGAZINE • N°5 • JUIN 2008 ●

Pourquoi ce livre ?Jean-François Morot-Gaudry : Il est né del’observation, dans les années 2000, d’un manque de références sur la génomiqueparmi les scientifiques de mon entourage, non spécialistes du domaine, et du manqued’ouvrages didactiques en dehors des revuescompilant des articles disparates. Le concept central du livre est que la génomiquefonctionnelle ouvre une ère de réconciliationentre la biologie des organismes et la biologiemoléculaire, l’intégration des deux permettant de comprendre le fonctionnement des plantespar rapport à leur génome et à leurenvironnement. Le sommaire aborde successivement l’étude de la structure des génomes, de leur fonction, les apports de la génomique à l’amélioration des plantes, la notion de plantes modèles. Il se termine par des réflexions plus intégrées,comme les interactions entre le génome,l’environnement et l’expression decomportements complexes des plantes vis-à-visde l’eau, de la lumière ou de l’azote. Ces comportements font intervenir des fonctionsétroitement liées.

A qui est destiné ce livre ?J-F M-G : La version française, parue en 2004,technique mais pas trop, est accessible à un public ayant de bonnes connaissances en biologie et voulant s’initier rapidement à la génomique, scientifiques, universitaires,étudiants, techniciens en biologie. La versionanglaise est d’un niveau un peu plus ardu. Elle a été en partie réécrite entre 2004 et 2007car certaines disciplines ont considérablementévolué : les techniques de microscopie et d’imagerie ont explosé, ainsi que l’analyse du métabolisme. Une traduction en chinois est en cours et sera tirée en 2000 exemplaires. En outre, ce livre est inscrit dans les listes de références pour les classes préparatoires aux grandes écoles et à l’agrégation.Ces livres sur la génomique complètent d’autres ouvrages de biologie végétale. « La photosynthèse », paru en 2006, était pourmoi une sorte de « testament scientifique »,puisque c’était mon domaine d’étude. Nous continuons à en vendre en moyenne un exemplaire par jour. Auparavant, j’avaiscoordonné l’écriture de trois ouvrages sur « les plantes et l’azote » en 1997 et 2002.

Propos recueillis par P. M.

OGÉNOMIQUE FONCTIONNELLE VÉGÉTALEFUNCTIONAL PLANT GENOMICSEditors J-F Morot-Gaudry, P. Léa et J-F BriatEDITION SCIENCE PUBLISHERS, 2007, 714 PAGES, 133,80 $.

Comprendre

● INRA MAGAZINE • N°5 • JUIN 2008 31

◗IM

PRES

SION

S

Le mode de consommation alimentaire des occidentaux est-il durable ? Des initiatives émergent pour orienter leurs achats vers des options moins consommatricesd’énergie, moins émettrices de gaz à effet de serre. Cependant les résultats ne sont pas univoques selon les critères et périmètres d’analyse.

Alimentation etdéveloppement

durable

La parution en 2007 de « Functional Plant Genomics » est saluée dans un article de Nature(janvier 2008) par Andrew H. Paterson, éminent professeur à l’Université de Géorgie etspécialiste de la canne à sucre. Sans doute heureux d’y retrouver sa plante fétiche à côtéde prestigieuses plantes modèles comme le riz, la tomate, Arabidopsis ou Medicago, ce scientifique loue les qualités de ce livre pour d’autres raisons : à travers un panoramadétaillé des méthodes d’étude et des connaissances en génomique, l’ouvrage explique en quoi nous assistons à l’avènement d’une « nouvelle biologie végétale ». Entretien avec Jean-François Morot-Gaudry, directeur de recherche à l’Inra, département de « Biologie végétale ».

de la planteles gènes

V aut-il mieux manger desproduits locaux ou impor-tés ? Quel est le coût envi-ronnemental de notre ali-

mentation ? Où se situe exactementla plus value des produits biologiques ?Vers quelles options infléchir nosmodes de consommation ? Les ré-ponses sont encore parcellaires, maiselles préoccupent consommateurs, fi-lières et politiques.Des initiatives voient le jour pour dé-velopper une consommation durable.Des Amap (1) proposent des légumesde saison produits « à proximité » ;des coopératives agricoles se lancentdans une démarche d’Analyse de cyclede vie (ACV) pour évaluer leur pro-duction ; des industriels axent leurstratégie sur des procédés économesen énergie, en eau et en matières pre-mières; des distributeurs initient unétiquetage qui donne l’« empreintecarbone » des modes de transport,emballages et déchets.Ces initiatives approchent l’impact del’alimentation par le biais d’indica-teurs dont la représentativité mérited’être évaluée. Barbara Redlingshöfer,chargée de l’alimentation, à la Mis-sion Environnement-Société, a dresséune première bibliographie scienti-

fique du sujet : « Les travaux sont ré-cents et surtout anglo-saxons et d’Eu-rope du Nord. Ils s’intéressent pour leurmajorité, aux émissions de gaz à effetde serre et à la consommation d’éner-gie. Certains de ces travaux surpren-nent : l’importation par bateau de pro-duits exotiques peut, malgré la longuedistance, être plus économe en énergieque le transport routier sur courtes dis-tances ».

Difficultés liées aux méthodes de calculLes méthodes, en cours de dévelop-pement, simplifient la chaîne ali-mentaire pour n’en retenir que desétapes : le transport, la production, ladistribution. La question du périmè-tre du système et de l’unité étudiésse pose particulièrement dans le casdes ACV. Appliqués à une comparai-son entre systèmes de production agri-cole (par exemple conventionnel etbiologique), les résultats ne sont ainsipas univoques selon l’unité retenue :le kilo produit ou l’hectare mobilisé,ni selon l’impact considéré. Pour cer-taines méthodes, le nombre d’impactsétudiés est restreint : l’empreinte car-bone convertit les dépenses énergé-tiques en Kg Co2 émis. Des méthodesmulticritères, comme l’ACV, englo-bent davantage la pollution des res-sources et l’utilisation de l’espace. Maiselles sont moins didactiques. Les cher-cheurs se penchent aussi sur la façonde prendre en compte les impacts so-ciaux, indissociables du développe-ment durable.D’autres angles sont possibles.

L’approche territoriale de la produc-tion, de la transformation et de laconsommation prend plus d’impor-tance avec la hausse du coût de -l’énergie et des problématiques d’uneurbanisation continue. Par ailleurs, laprise en compte de l’environnementpeut avoir un impact sur les régimesalimentaires et sur leurs conséquen-ces pour la santé. La comparaison derégimes plus ou moins carnés illustrela difficulté de l’analyse. La FAO a misen avant l’impact de l’élevage sur leréchauffement du climat. Cependantles prairies ont une capacité de stoc-kage de carbone élevée. Par ailleursl’élevage contribue à l’aménagementdu territoire. Il faudrait aussi prendreen compte l’efficacité métabolique del’apport nutritionnel lacté ou carné.L’Inra s’implique dans ces réflexions(notamment la mission Changementclimatique et effet de serre). À Ren-nes, Hayo van der Werf et ses collè-gues exploitent les ACV pour les fi-lières animales. Et des réflexions sonten cours pour développer des appro-ches systémiques à partir d’une ana-lyse des recherches conduites au planinternational. ●

(1) Association pour le maintien d’une agriculturepaysanne

Catherine Donnars,Catherine Esnouf

+d’infosPremière bibliographie -www.inra.fr/dpenv/pdf/RedlingshoferC53.pdfVan der Werf H M G, Tzilivakis J, Lewis K,Basset-Mens C, 2007. Environmentalimpacts of farm scenarios according to fiveassessment methods. Agriculture,Ecosystems and Environment, 118: 327-338.

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questionO À LA RECHERCHE

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INRA MAGAZINE • N°5 • JUIN 2008 ●● INRA MAGAZINE • N°5 • JUIN 2008

www.quae.com

c/o Inra - RD 10 -F-78026VersaillesCedex

éditionsQuæ

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OLa méthanisationCoordonné par René MolettaCet ouvrage dresse un état completdes connaissances théoriques et pratiques sur la méthanisation,processus microbiologique quipermet de produire de l’énergiesous forme de méthane à partird’éléments polluants (effluents ou déchets solides). René Moletta,directeur de recherche à l’Inra, a coordonné les contributions de 29 spécialistes internationaux.Éditions Tec&Doc - Lavoisier, 2008,542 p., 120 €.

en bref

revues

◗IM

PRES

SION

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OA quoi sert l’histoire des sciences ?, Michel MorangeÉDITIONS QUAE, COLLECTION SCIENCES EN QUESTIONS, 2008, 70 P, 8,50 €

L’auteur, professeur de biologie à l’Université Paris VI et à l’Ecole normale supérieureexplique que l’histoire des sciences fait évoluer le raisonnement collectif. Par plusieursexemples, il montre que les découvertes importantes ont souvent résulté de la re-découverte de résultats et de modèles anciens. Ainsi, Pasteur redécouvrantdans les écrits de Pline l’ancien les techniques de chauffage du vin utilisées par les romains, ou Watson et Crick (modèle d’ADN en double hélice,1953) qui ont utilisé les connaissances de ceux qui les conseillaient.

OLes orphelins de l’exoderural par Bertrand Hervieu Bertrand Hervieu, président duCIHEAM, ancien président de l’Inra,voit se dessiner trois typesd’agriculture : de subsistance(Afrique, Inde), familiale (Europe,Etats-Unis) et latifundiaire avec desquasi-esclaves (Amérique latine). Trois modèles en lutte poursubvenir aux besoins de la planète.Éditions de L’aube, 2008, 12,35 €.

OMarées noires, enjeux économiques par Julien Hay, Olivier Thébaud, José A. Pérez Agundez, Pierre CariouAprès les marées noires de l’Erika et du Prestige, plusieurs chercheursen économie se penchent sur lerégime international de responsabilitéet d’indemnisation des dommages.Au-delà des chercheurs français et étrangers, cet ouvrage intéresseratoutes les personnes concernées parles pollutions marines accidentelles.Éditions Quae, 2008, 136 p, 24 €.

ON°SPÉCIAL ANNIVERSAIRE DE LA REVUE INRA PRODUCTIONS ANIMALES VOLUME 21/1 – 2008, 144 PAGES ; ÉDITIONS QUAE (26 €)

OCANCER DES TROPIQUES, Violette Le Quéré-Cady, avec le concours scientifique d’Annie Aubanel et de Bernard SalvatCOLLECTION OKISSÉ, EDITIONS QUAE, 2008, 48 P. 14 €

La revue « INRA Productions Animales » a 20 ans.Pour cet anniversaire, la rédaction publie un numéro

spécial : « 20 ans de recherches en productions animales à l’Inra ». S’appuyant sur quelques exemples significatifs,il présente les avancées scientifiques de l’Inra qui ont euun impact sur l’élevage au cours des deux dernièresdécennies et trace des perspectives de recherches pourl’avenir. A l’occasion de la sortie de ce numéro spécial,une journée sera organisée le 3 juillet prochain sousforme de tables rondes centrées sur différents domainesdes productions animales.Depuis 1988, la revue « INRA Productions Animales »offre des articles de synthèse sur tous les sujetsconcernant les productions animales et contribue à faireconnaître les travaux de l’Inra auprès d’utilisateurs des résultats de la recherche. La revue a ainsi suivil’évolution des connaissances en génétique et l’émergence

de la génomique. Elle a rendu comptedes avancées scientifiques et del’amélioration des techniques de reproduction. Elle a accompagnéles évolutions vers l’intégration des dimensions techniques, sociales,économiques et environnementalesconduisant au concept de « systèmed’élevage ». Elle a aussi régulièrementrendu compte des recherchesconduites en nutrition et santé animales,sur les interactions entre élevage et environnement et sur les qualités des produits.« INRA Productions animales » est une revue, c’est aussi un site Web - www.inra.fr/productions-animales/ -donnant un accès gratuit aux articles (100 000 visites par mois, en France, Maroc, Belgique, Canada…).

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OCAHIERS D’ÉCONOMIE ET SOCIOLOGIE RURALES : LE PAYSAGE, APPROCHES EN SCIENCES SOCIALESN°84-85, 3E ET 4E TRIMESTRE 2007, 259 PP

O LE COURRIER DE L’ENVIRONNEMENTNUMÉRO 55, FÉVRIER 2008

Le paysage est un conceptancien en géographie.Cependant, ce n’est querécemment qu’il a fait sonapparition dans les scienceséconomiques et sociales,traduisant la préoccupationcroissante des citoyens pour lapréservation de la nature, desespaces verts, des forêts, face àdes sociétés industrielles deplus en plus urbanisées. Les

« Cahiers » lui consacre unnuméro spécial, selon despoints de vue tour à tourjuridiques, économiques etsociologiques. Dans l’un deshuit articles, un géographe deCaen montre notammentl’évolution des représenta-tions du paysage chez lesagriculteurs selon leur âge.

Edité par la Mission environnement-société de l’Inra, ce numéro consacre plusieurs articles à l’expédition scientifique internationale qui s’est déroulée en 2006 à Santo, au Vanuatu,dans le but de dresser l’inventaire de la faune et de la flore. Parmi ces articles,Hervé Le Guyader professeur à l’Université Paris VI, s’interroge sur le concept de biodiversité. Michel Pascal, de l’Inra de Rennes, étudie les « aliens », c’est-à-dire des espèces introduites, souvent par l’homme.On trouve aussi dans ce numéro un articleintitulé : « les OGM, une solution à la famine »et un autre sur « La France va-t-elle rattraperl’Espagne en matière d’OGM ? ».

Récit corallien

L’apport de l’histoire aux sciences

Une spécialiste polynésienne des coraux disparaîtmystérieusement dans les îles Tuamotu.

Qu’a-t-elle découvert ? Sur laquelle des nombreuses causes de dégradation des coraux a-t-elle mis le doigt ?Parmi les menaces : destruction de la mangrove qui lui sert de filtre, érosion du littoral, pollutions,surpêche, réchauffement climatique etc.

Les contributeurs scientifiques de la BD, quiappartiennent à l’initiative française pour lesrécifs coralliens (IFRECOR), profitent de cescénario d’enquête pour dresser un tableaucomplet de l’écosystème des coraux.Des menaces pèsent sur lui dans différenteszones.

Le corail est un animal complexe qui a autantbesoin de ses algues intracellulaires que du zooplancton dont il se nourrit ou des poissons qui le protègent des prédateurs.L’explication en images de la biologie du corail est un petit bijou pédagogique !

La précision du trait associée à l’aquarelle sert parfaitement l’objectifde ce reportage de science-fiction mariant connaissances scientifiques et histoire romancée. 2008 a été déclarée « année internationale des récifscoralliens » par l’Initiative internationale sur les récifs coralliens (ICRI) à laquelle s’est associée la branche française (IFRECOR).

P. M.

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directeurs d’unité, cette « revue » a été un momentimportant de discussion au sein de l'unité. A l’échelonsupérieur des chefs de départements scientifiques, cetteréflexion a été une aide pour expliciter la contributionattendue de chaque unité. Ils ont en particulier utilisé lagrille APC pour rédiger des lettres de mission aux unitésou pour cadrer ces missions à l’attention des comités devisite de l'Aéres. Cette expérience ne visait pas à êtreutilisée dans une prochaine évaluation, car il s'agissaitd'abord de tester la méthode. Elle sera poursuivie sur unebase volontaire et améliorée au regard de l’expérienceacquise. Elle facilitera la préparation de l’évaluation pourles unités qui choisiront de l’utiliser, en leur permettantde présenter très clairement leurs objectifs et en leurdonnant un outil d'auto-évaluation. Le travail des comitésde visite devrait aussi s'en trouver clarifié.

Comment ce travail sera-t-il pris en comptepar l’Aéres?E. de T. : Après sa première campagne d’évaluation,l'Aéres s'est engagée à revoir et à améliorer ses procédureset ses grilles d'évaluation, en fonction des dysfonction-nements observés. Il faudra aussi les adapter à une plusgrande diversité de profils puisque,après avoir évalué des unités de l'Inra,l'Aéres va progressivement évaluer lesunités des autres organismesspécialisés. Nous travaillons en cemoment à l’élaboration d’indicateursquantitatifs pour apprécier laproduction d'une unité dans toutesses composantes. L'appréciationglobale devra aussi intégrer uneanalyse de la stratégie scientifique etpartenariale de l'unité, son rayon-nement sur le plan scientifique et savisibilité sociétale, la cohérencescientifique et la faisabilité de sonprojet. Pour construire des indi-cateurs, nous avons préalablementétudié les méthodes décrites dansdivers pays européens et nous nousappuyons sur les compétences del'OST*. Le groupe Erefin fera uneproposition au début de l’été 2008 etla discutera au-delà du groupe, enparticulier dans le cadre de la« Coopérative de production d'indi-cateurs de politique scientifique ». ●

● INRA MAGAZINE • N°5 • JUIN 200834 INRA MAGAZINE • N°5 • JUIN 2008 ●35

OÉvaluation des unités de recherche, principes et modalités

L’évaluationmulticritère desunités de recherche ◗

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Depuis mars 2007, l’Aéres (Agence d’évaluation de la recherche et del’enseignement supérieur) est chargée de l’évaluation de l’ensemble

du dispositif de recherche français à l’échelledes établissements (universités, EPIC* et EPST**), des unités de recherche et des formations et diplômes (licences, masters, écoles doctorales…). En 2007, l’Aéres a évalué les unités de la zone géographique dite de la vague C, qui correspond à une partie de la région parisienne et de l’Est. Pour l’Inra, cela représente une trentaine d’unités propres etd’unités mixtes avec d’autres établissements(UMR). Élisabeth de Turckheim, directrice de la délégation à l’évaluation à l’Inra, fait le point sur les changements en cours.

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Avant 2007 : pilotage par l’Inra

• Une lettre de mission, adressée par le chef de département au directeurd’unité, définit les objectifs fixés à l’unité et les évolutions attendues.

• Le comité de visite est composé par le chef de département après avis du conseil scientifique.

• Le chef de département écrit une lettrede mission au comité de visite rappelantles missions, le contexte de l'unité et précisant les questions à évaluer.

• Le rapport d’évaluation est transmis à l'unité et une discussion contradictoire a lieu en conseil scientifique de département. Celui-ci donne un avis sur les décisions à prendre.

Après 2007 : pilotage par l’Aéres

• Le comité de visite est composé par l'Aéres sur proposition du chef de département (et avec les autres tutellesdans le cas d'unités mixtes). La désignation du président du comité fait l'objet d'un accord.

• L'Aéres écrit la lettre de mission aucomité de visite en y incluant les questionsparticulières posées par le chef de département. Elle joint à ce courrier lalettre de mission du chef de départementau directeur de l'unité.

• L'Aéres transmet un pré-rapport au directeur d'unité qui peut répondre.

• Le rapport définitif et la réponse de l'unité sont envoyés aux directionsd'organismes.

• Publication des rapports sur le site Webde l’Aéres.

• Le conseil scientifique de départementprend connaissance du rapport de l'Aéreset étudie le projet de l'unité. Il donne un avis sur les décisions à prendre.

C’est le rendez-vous quadriennal au cours duquel l'unité rend compte de sonactivité et de ses résultats. Ceux-ci sont évalués par rapport aux missions quilui ont été confiées par la direction de(s) l’établissement(s). L’évaluation portesur la qualité scientifique des résultats, sur la qualité et la pertinence despartenariats. Elle apporte un éclairage sur le positionnement et la visibilité de l'unité dans l'environnement scientifique national et international et donneun avis sur la faisabilité du projet. En revanche, les décisions stratégiquessont du ressort des directions d'organismes. Les rapports d’évaluation ont donc valeur de conseil permettant à la direction scientifique d’ajuster sa politique scientifique et d’améliorer la qualité de sa production.

Comment l’Inra interagit-il avec l’Aéres ? Élisabeth de Turckheim : L’Aéres a commencé sesévaluations dès sa mise en place en 2007 et évalue enmoyenne 1000 unités par an, toutes tutelles confondues.Pour relever ce défi de « rendement » et pour apporterle service attendu, l’Aéres est ouverte aux propositionsdes établissements. De son côté, l’Inra est soucieux quel'évaluation prenne en compte l’ensemble de ses missions,en particulier la dimension finalisée de ses activités derecherche. Pour cela, nous avons constitué un groupe detravail appelé « Erefin » pour « Évaluation de la recherchefinalisée » qui réunit onze organismes de recherchefinalisée. Nous avons établi un référentiel commun, unesorte de dictionnaire pour décrire nos activités dans touteleur diversité. La grille « Activités, produits, critères »(APC) comporte 12 activités élémentaires qui couvrentà la fois les prototypes élaborés par le CEA ou les activitésde conseil aux pouvoirs publics que propose leCemagref… Cette grille distingue les destinataires : lemonde de la recherche, les acteurs socio-économiques,les pouvoirs publics, la société au sens large. Elle différencieaussi les activités, selon qu’il s’agit de produire des résultatsou d’organiser des dispositifs scientifiques.

Comment pensez-vous utiliser cette grilled’analyse ?E. de T. : Elle a d'abord été proposée à l'Aéres pour lapréparation du « carnet de visite » des commissionsd'évaluation des unités. Nous avons aussi voulu savoir sielle est utile aux unités et aux responsables de l'Inra pourpréciser les missions de chaque unité et pour préparerune évaluation. Sept unités, dont des UMR, ont testé lagrille pour définir leur profil. Nous leur avons aussidemandé de lister les « produits » à réaliser en quatreans en tenant compte de leurs missions et desrecommandations issues de l'évaluation précédente. Cesproduits devaient être spécifiés pour chaque type d'activitéde la grille, qu'il s'agisse de connaissances génériques,d'outils d'aide à la décision, de nouveaux accords departenariat, de contribution à la conception et à la miseen oeuvre de modules de formation... C’est une demandeexigeante. Les unités de recherche ne sont pas habituéesà caractériser les produits de leurs recherches dans touteleur diversité, ni à les anticiper. Le témoignage desparticipants a confirmé l’intérêt de la démarche. Pour les

Propos recueillis par Pascale Mollier

+d’infoswww.aeres-evaluation.fr/

Connaissances génériques

Instruments scientifiques

Formation, enseignement

Cohérence de l’unité

Science/société(veille, diffusion)

Expertises, études

Partenariats socio-

économiques

Connaissances opé-rationnelles

EXEMPLE DE REPRÉSENTATION GRAPHIQUE du profil d'une unité.

Profil d'une unité selon la répartition du temps de travail sur 8 axes

*EPIC : établissements publics à caractère industriel et commercial**EPST : établissements publics à caractère scientifique et technique***OST : Observatoire des sciences et des techniques

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◗AG

ENDA 29 juin/5 juillet

HOHHOT, CHINE

Congrès international sur les prairies et congrèsinternational sur lesparcours en milieu ouvertPour la première fois, ces deuxcongrès se déroulent conjointementet aborderont la multifonctionnalitédes prairies et des parcourstranshumants. Les communicationsde l'Inra traiteront des « systèmes deproduction en prairies et parcours /science et technologie dessemences » et « ressources etécologie des prairies et parcours /gestion de la ressource en eau ».WWW.igc-irc2008.org

30 juin/3 juilletRENNES

Biotech 2008 - Biotechnologies végétaleset gestion durable des résistances face à des stress biotiques etabiotiques chez les plantesJournées organisées par AgrocampusRennes en collaboration avec l'Inra et l'Université de Rennes 1. WWW.rennes.inra.fr/la_science_et_vous

2 juillet....PARIS

Agriculture et biodiversitéLes conclusions de l'expertisescientifique collective « Agriculture etbiodiversité » réalisée à la demandedes ministères de l'Agriculture et dela Pêche (MAP) et de l'écologie, del'énergie, du développement durableet de l'aménagement du territoire(MEEDDAT), seront présentées lors d'un colloque.WWW.inra.fr/les_partenariats/expertise/agriculture_et_biodiversite

10 juilletPARIS

Prospective « Nouvellesruralités » en France à l'horizon 2030Les devenirs du rural de la France dans l'Europe L’attraction envers les espaces rurauxs’accroît et ils évoluent rapidement.Ce colloque restitue un travail deprospective qui explore les futurspossibles du rural en interrogeant les catégories spatiales et la notionde ruralité. Quatre scénarios portentun regard nouveau sur les réalitésterritoriales émergentes.WWW.inra.fr/internet/Unites/unite-prospective/ruralite.html

1er/4 septMONTPELLIER

XIIIe Congrès mondial de l'eauOrganisé par l'Association internationaledes ressources en eau (IWRA - Inter-national Water Resources Association)et avec la participation de nombreuxorganismes, dont l'Inra, ce congrès se centre sur l’impact des changementsglobaux sur la ressource en eau face à des pressions toujours plusnombreuses et diversifiées.WWW.gip-ifrai.frwwc2008.msem.univ-montp2.fr/index.php?codelang=fr&page=home

23 septPARIS

IIIe cérémonie de remisedes Lauriers de l'InraLes lauriers récompensent lesqualités scientifiques, techniques,humaines portées par les différentslauréats, leur engagement reconnuau service des collectifs danslesquels ils exercent leurs talents, au service du développement de la recherche agronomique.WWW.inra.fr

ADULTE DE RHYZOBIUS FORESTIERI. La particularité de cet insecte de la famille des coccinelles est d'être couvert de poils. Il consomme des cochenilles et fait partie de ces nombreux auxiliairesintroduits dont il convient d’évaluer l’efficacité dans la protection des cultures et le risque de devenir une espèce invasive.

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