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Insertion des réfugiés statutaires : une analyse des parcours professionnels Les cahiers du social N° 11 Une étude de L’Observatoire de l’Intégration des Réfugiés Statutaires Septembre 2006 7 F.E.R. CduS_11_CSOCIA_N°11_New3 02/10/2014 18:32 Page1

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Insertion des réfugiésstatutaires :

une analyse des parcoursprofessionnels

� Les cahiers du social N° 11

Une étude de L’Observatoire de l’Intégration des Réfugiés Statutaires Septembre 2006

7€

F.E.R.

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Ce document a été élaboré sous la direction de

Fatiha MLATIDirectrice du Département Intégration

et

Matthieu TARDISResponsable adjoint de l’Observatoire de l’Intégration

des Réfugiés Statutaires

Rédigé par Christophe ANDREO, Sophie BILONG et Marjolaine MOREAU

Avec la collaboration deCaroline BERNARD, Anne-Emmanuelle BOUVIER,

Mohammed MAJIDI et Eric METRA

Illustration de couverture :PR Direct-Liquid Library

L’Observatoire de l’Intégration des Réfugiés Statutairesest un projet soutenu par

la Direction de la Population et des Migrations

Septembre 2006

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1France Terre d’Asile

AVANT-PROPOS

Le ministère de l’Emploi, de la Cohésionsociale et du Logement, par l’intermé-diaire de la Direction de la Populationet des Migrations, a souhaité quel’Observatoire de l’Intégration desRéfugiés Statutaires réalise une étudesur les parcours d’insertion profes-sionnelle des réfugiés statutaires pri-mo-arrivants.

Sujet difficile en raison de l’absence derepères sur la situation des réfugiés sta-tutaires. En effet, nous manquons destatistiques émanant d’organes officielspour analyser l’emploi des réfugiés, quisont inscrits dans la catégorie « publicd’origine étrangère » sur le fichier na-tional des demandeurs d’emploi. Quece soit l’OFPRA ou l’ANAEM, les bi-lans annuels n’indiquent pas le profilsocioprofessionnel des personnes ac-cueillies en France.

Ce sujet est d’autant plus difficile que laquestion de l’insertion professionnelledes réfugiés a longtemps été occultéepar le problème de l’hébergement desdemandeurs d’asile. Aujourd’hui, lesdifférents acteurs ont pris conscienceque l’accès à l’emploi constitue unfacteur essentiel de l’autonomisationdes réfugiés statutaires et se trouve aucœur des enjeux. En effet, le processusd’autonomisation des réfugiésstatutaires est une réponse à l’absencede fluidité du dispositif de protection

des demandeurs d’asile et des réfugiés,toujours difficile à atteindre malgré lesnombreux efforts des pouvoirs publics.

Ce sujet est difficile, enfin, parce que leréfugié est trop souvent décrit commeune victime soumise à des événementssur lesquels il n’a aucune emprise etdont le seul objectif est l’ouverture deses droits. Ce discours victimaire, par-fois véhiculé par le secteur institution-nel ou associatif, mène à un véritableasservissement du réfugié. Or, si ce der-nier a besoin d’être accueilli, reconnudans son exil forcé et protégé, il est né-cessaire qu’il soit le principal acteur desa propre reconstruction. La dignité del’être humain n’est pas à considérer duseul point de vue de la protection maisaussi de la reconnaissance et de la pro-motion.

Aussi, cette étude quantitative et quali-tative vient apporter des éclaircisse-ments aux débats et aux enjeux actuelsen soulignant les atouts des réfugiésainsi que les obstacles auxquels ils sontconfrontés tout au long de leur pro-cessus d’insertion. Elle décrit égalementla pluralité des parcours, des valeurs etdes relations au travail des réfugiés sta-tutaires primo-arrivants. Nous obser-vons que ces derniers font preuve d’unegrande motivation et mobilisation envue de leur autonomisation. Celle-cipasse par un accès rapide au premier

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emploi, une gestion maîtrisée du travailau service de la réunification familialeet de l’accès au logement ou encorel’exercice du métier pratiqué dans lepays d’origine.

Ils doivent non seulement surmonterles difficultés relatives aux conditionsd’accès au marché du travail (niveaude compétences linguistiques et pro-fessionnelles, connaissance de l’entre-prise, potentiel d’apprentissage) maiségalement des difficultés plus subjec-tives liées à leur représentation de laformation, du travail et des emplois entermes de statut social et de trajectoiresprofessionnelles. Ce qui se joue ici est lamanière dont chaque réfugié négociesa relation avec la société d’accueil.Naturellement, ces facteurs ne sont niexhaustifs ni applicables à l’ensembledes réfugiés. Leurs dynamiques d’in-sertion varient aussi en fonction desconditions et des motifs de départ etdu sens qu’ils assignent au refuge.

Dans tous les cas, il apparaît essentielque les réfugiés confrontent et ques-tionnent leurs propres représentationsdes métiers aux réalités du monde dutravail afin de s’approprier la cultureprofessionnelle du pays d’accueil. Surcet aspect, le premier emploi apparaîtcomme un rite initiatique. Ceux quipeuvent prétendre à un accès rapide àun premier emploi sont ceux qui maî-trisent la langue et qui possèdent une

expérience confirmée dans des sec-teurs d’activité standardisés ou ditssous tension. Néanmoins, cette étudemontre aussi que l’accès à l’emploi n’aété possible que grâce au passagepresque systématique par la formationprofessionnelle.

Il faut rappeler enfin que la publica-tion de ce travail se situe dans uncontexte particulier. Les parcours d’in-tégration analysés ici ont été construitsà partir d’une cohorte de réfugiés ayantentamé leur processus d’insertion so-ciale et professionnelle en 2004. Ainsi,l’impact d’événements majeurs inter-venu ensuite n’est pas mesuré : dispa-rition des Stages d’Insertion et deFormation à l’Emploi fin 2005 auxquelsavaient recours nombre de réfugiés, dé-centralisation, réorganisation sectoriellede l’Agence Nationale pour l’Emploi,privatisation du suivi des demandeursd’emploi par la création des officinesde placement, généralisation du Contratd’Accueil et d’Intégration et refonte dudispositif d’apprentissage de la langue,loi de cohésion sociale... Or, nous sa-vons que certaines de ces évolutionsn’ont pas contribué à la simplificationet à la lisibilité des parcours d’insertion,mais cela est déjà l’objet d’une autreétude.

Fatiha MLATIDirectrice du Département

Intégration, France Terre d’Asile

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3France Terre d’Asile

SOMMAIRE

INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

Première partie : Les caractéristiques socioprofessionnellesdes réfugiés statutaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

I. Les caractéristiques individuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12A . Une population plutôt masculine et relativement jeune . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .12B . Des situations familiales qui varient en fonction du sexe et de l’origine . . . . . . . .12C . Des réfugiés aux origines variées concentrés en Ile-de-France . . . . . . . . . . . . . . . .13

II. Les compétences à l’arrivée en France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14A . Des niveaux scolaires en moyenne élevés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .14B . Des niveaux de maîtrise du français disparates . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15C . Des compétences linguistiques relativement limitées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .16D . Des expériences professionnelles dans le pays d’origine diversifiées . . . . . . . . . . . .16

III. Les conditions de séjour en France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18A . Des conditions d’hébergement qui varient selon le sexe et la composition familiale 18B . Des ressources précaires et une couverture sociale minimale . . . . . . . . . . . . . . . . .19

IV. Les sorties du dispositif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

Deuxième partie : Les parcours professionnels des réfugiés statutaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

I. Formation, chômage et inactivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24A . La formation, un passage obligé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .24

1 . Le recours à la formation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .242 . Les caractéristiques des formations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .253 . Le temps passé en formation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .274 . La corrélation entre formation professionnelle et emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . .27

B . Le chômage et l’inactivité, des périodes récurrentes et fragmentées . . . . . .301 . La place du chômage dans les parcours d’insertion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .302 . Le vécu du chômage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .323 . L’inactivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .33

C . La recherche d’emploi, un exercice délicat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .341. Les démarches entreprises . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .342. Les métiers recherchés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .353. Les obstacles à surmonter . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .36

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II. Les réfugiés et l’emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40A . Un accès au premier emploi rapide mais provisoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .40

1. Le temps d’accès au premier emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .402. Les caractéristiques du premier emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .413. Différents exemples d’accès au premier emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .41

B . Entre métiers sous tension et déclassement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .431. Des secteurs d’activité restreints . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .432. D’un métier à l’autre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .453. Des parcours professionnels qui ont débuté dans le pays d’origine . . . . . . . . . .47

C . Prédominance des formes classiques de contrat et des relations d’emploi brèves . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .491. Les types de contrat de travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .492. La durée des relations d’emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .50

III. Parcours professionnels et perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51A . Une typologie de parcours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .52

1. Les critères retenus pour établir la typologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .522. Le critère de satisfaction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .533. Les trois types de parcours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .57

B . Les projets des réfugiés : de l’insertion à l’intégration . . . . . . . . . . . . . . . . . .62

CONCLUSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .66

BIBLIOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .70

GRAPHIQUES ET TABLEAUX . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .73

ANNEXES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .74

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Sur le plan juridique, les réfugiésstatutaires occupent une position à lafois originale et spécifique, même si l’onconsidère qu’ils appartiennent à lacatégorie administrative des «étrangersprimo-arrivants». Leur statut juridiqueest garanti par des outils juridiquesnationaux (Constitution, Code del’entrée et du séjour des étrangers et dudroit d’asile, décrets, circulaires…) etinternationaux (Convention de Genèvedu 28 juillet 1951) leur permettant :

• l’accès au séjour permanent (carte derésident délivrée de plein droit),

• l’accès au marché du travail,

• l’accès, dans les mêmes conditions queles nationaux, à l’ensemble des pres-tations d’aide sociale et notammentau RMI,

•une procédure dérogatoire de réuni-fication familiale (qui dispense deconditions de ressources et de loge-ment).

Cette spécificité du régime d’entrée etde séjour en France des réfugiés tient àce que les étrangers qui viennent enFrance pour y demander l’asile fuientdes persécutions qu’ils subissent ourisquent de subir dans leur pays etrecherchent une protection que ce paysne peut plus ou ne veut plus leuraccorder. Les raisons de leur entrée et deleur séjour en France ne sont donc pasde même nature que celles qui animentles autres étrangers.

Malgré cette spécificité, le publicréfugié demeure peu visible dansl’appareil statistique, notamment en cequi concerne son mode d’intégration àla société d’accueil.

Les seules données disponiblesproviennent, soit des instances chargéesde l’octroi du statut de réfugié, l’OfficeFrançais de Protection des Réfugiés et desApatrides (OFPRA) et la Commissiondes Recours des Réfugiés (CRR), soitde l’établissement chargé de la gestion duDispositif National d’Accueil desdemandeurs d’asile et des réfugiés,l’Agence Nationale de l’Accueil desEtrangers et des Migrations (ANAEM).Ces données sont cependant parcellaireset ne concernent que très rarement leprocessus d’insertion sociale etprofessionnelle des réfugiés statutairesprimo-arrivants. En outre, l’usage queles réfugiés font des dispositifs de droitcommun et les trajectoires opérées surle marché du travail ne sont ni recensées,ni analysées.

La notion d’insertion est assez récente.Revers du phénomène de l’exclusion, sonapparition a lieu en France à la fin desannées 1980 avec la détérioration dela situation de l’emploi et l’augmentationdu nombre de chômeurs de longuedurée non indemnisés. C’est à cettemême époque qu’est créé le RevenuMinimum d’Insertion (RMI). Cedispositif est conçu pour stopper leprocessus de précarisation provoqué

INTRODUCTION

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par l’émergence de nouvelles formes depauvreté et pour atténuer la dégradationde la vie sociale. En effet, la situationde sous-emploi (par opposition au plein-emploi) a entraîné une tendance à lamarginalisation, voire à l’exclusion dumarché du travail, d’un nombre croissantd’individus défavorisés socialement.Dès lors, les décideurs publics ontconsidéré le retour à l’activité de travailcomme le critère essentiel, sinon unique,pour apprécier l’insertion des personnessocialement en difficulté.

Insertion sociale, insertion professionnelle :ces deux termes méritent-ils d’être distingués?Le sociologue Serge Paugam nous inciteà le faire, mais avec une certaine prudencecar «toute forme d’insertion qui a pourbut le retour à l’activité professionnelleimplique nécessairement une participationaccrue à la vie sociale. Réciproquement,toute forme d’insertion dite socialeimplique des activités d’échange et departicipation qui peuvent conduireéventuellement à un emploi dans uneentreprise intermédiaire, voire ordinaire.1»L’activité de travail n’est donc pas le seulmode d’insertion possible même si elleest le plus valorisé dans le systèmeéconomique et social actuel.

L’insertion professionnelle peut êtredéfinie comme «le processus par lequelun individu, ou un groupe d’individus[…] atteint une position stabilisée dansle système d’emploi. Cette définitionsuppose, pour identifier la fin duprocessus, que l’individu considéré aitacquis une expérience suffisante, encomplément de sa formation, pouratteindre dans l’emploi qu’il occupe une

productivité jugée normale. […] Leterme de processus évoque un mécanismecomplexe et qui se déroule dans le temps.L’insertion n’est pas instantanée.2»

Cette définition, qui renvoie initialementà la problématique des jeunes en France,s’applique particulièrement bien au casde notre public. Les réfugiés doiventsouvent repartir à « zéro » pourreconstruire leur vie sur le territoirefrançais. Il s’agit pour eux d’acquérirde nouveaux repères socioculturels et,pour certains, de faire le deuil du statutsocial et professionnel qu’ils avaientavant l’exil. Disposant d’une qualificationou d’une formation insuffisante, ilsrencontrent parfois beaucoup de difficultéspour s’insérer professionnellement. Deplus, dans la mesure où la situation dumarché du travail est opposable auxdemandeurs d’asile pendant la phased’instruction de leur demande, raressont ceux qui accèdent à l’emploi pendantcette période. C’est pourquoi, une foisreconnus réfugié, ces derniers doivent avoirau préalable acquis des connaissances enfrançais et des savoir-faire avant de seprésenter sur le marché du travail.

Le processus d’insertion professionnelleest aussi un mécanisme complexe àétudier étant donné la diversité dessituations dans lesquelles les individuspeuvent se trouver. En effet, ce processusévolue pour chaque individu selon descombinaisons variées entre chômage,

1 PAUGAM S., « Le RMI, moyen d’intégrationsociale ? », Projet, n° 227, automne 1991.

2 VERNIERES M., Formation Emploi : enjeu économique et social, éditions Pujas, Paris 1993.

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7France Terre d’Asile

formation et emploi, et entre typesd’emplois (temporaire ou régulier).Enfin, des facteurs relatifs aux individuseux-mêmes (âge, sexe, nombre d’enfantsà charge, etc.) et à l’environnement danslequel ils évoluent (situation du marchédu travail) exercent aussi une influencesur les trajectoires.

Il s’agira tout d’abord de caractériser lapopulation des réfugiés statutaires. Lapremière partie de cette étude sera baséesur l’observation d’une cohorte de 610réfugiés statutaires ayant bénéficié d’unaccompagnement spécialisé dans lesdifférentes structures du Réseau Insertionde France Terre d’Asile3.

Les données collectées par l’associationlors de l’accompagnement des réfugiés,permettront de dresser un profilsociodémographique et socioéconomiquedes réfugiés et de donner des éléments deréponse aux questions suivantes : Quisont les réfugiés statutaires qui ont été suivispar France Terre d’Asile ? Quelles sont leurscompétences à l’arrivée en France et àla fin de leur accompagnement parl’association ? Quels sont les élémentsqui composent et peuvent influencer leurprocessus d’insertion professionnelle ?

Dans une seconde partie, nous nousproposons d’étudier les parcours

professionnels de 100 réfugiés issus dela cohorte de départ et qui ont trouvé unemploi ou une formation à la fin deleur période d’accompagnement. Unevision dynamique, longitudinale, seraalors privilégiée, permettant de rendrecompte de la complexité du processusd’insertion professionnelle.

Dans quelle mesure la formation fait-ellepartie de leur parcours d’insertion ? Laprobabilité que les réfugiés connaissentle chômage est-elle élevée ? Quellesdémarches entreprennent-ils pour trouverdu travail et quelles difficultés rencontrent-ils ? Comment se passe leur premiercontact avec le marché du travail ? Quelsemplois occupent les réfugiés sur lemarché du travail français ? Commentanalysent-ils leur parcours professionnelen France et comment envisagent-ilsl’avenir ? Autant de questions qui nousguideront dans l’analyse des entretiensréalisés auprès des réfugiés, analyse quilaissera d’ailleurs une large place àl’opinion des réfugiés au travers de laretranscription des discours.

Pour conclure cette étude et à partir deces différents éléments, nous tenteronsde construire une typologie regroupantles parcours professionnels des réfugiésinterrogés et de mettre en évidence lesstratégies d’insertion des réfugiésstatutaires primo-arrivants.

3 Le Réseau Insertion est constitué de différentesstructures centrées autour de la problématiquede l’autonomisation des réfugiés statutaires,soit en milieu ouvert (les structures ConseilEmploi Réfugiés Formation) soit en milieufermé (les Centres d’Accueil pour Demandeursd’Asile et le Centre Provisoire d’Hébergement deFrance Terre d’Asile).

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8 Les cahiers du social n° 11 - Septembre 2006

Cette étude est issue de l’utilisation dedeux outils : la base de données Intégrationet l’enquête réalisée en mars 2006 parl’Observatoire de l’Intégration desRéfugiés Statutaires.

1 . La base de donnéesIntégration : un outild’observation

Dans la première partie de cette étude,l’analyse de la base de donnéesIntégration utilisée par les conseillersd’insertion de France Terre d’Asile apermis de dresser le profil socioécono-mique des réfugiés. Cet outil informa-tique rassemblait en 2004 plus de 1 600dossiers de réfugiés statutaires accom-pagnés par l’association dans le cadre duRéseau Insertion qui regroupe diffé-rents dispositifs de retour vers l’emploiet d’accompagnement social, que ce soitau sein des structures Conseil EmploiRéfugiés Formation (CERF) de Paris,Rouen et Angers, des Centres d’Accueilpour Demandeurs d’Asile (CADA) ouencore d’un Centre Prov isoired’Hébergement (CPH). Ces dossiers in-formatiques sont évolutifs (remplis aucours de différents entretiens avec lesréfugiés) et renseignent sur les diffé-rentes étapes du parcours d’insertiondes réfugiés le temps de leur accompa-gnement. Ils rassemblent une série d’in-formations telles que : la situationadministrative, l’état civil, les coordon-nées, la situation familiale, les ressour-

ces, la santé, la formation initiale, l’ex-périence professionnelle ou encore leprojet professionnel des personnes.

Dans le cadre de cette étude, nous avonssélectionné les réfugiés statutaires quisont « sortis » du dispositif d’accom-pagnement en 20044. Ainsi, notre ana-lyse porte sur le parcours d’insertion de610 réfugiés dont le suivi par l’asso-ciation a pu débuter avant l’année 2004mais dont la prise en charge s’est ache-vée entre le 1er janvier et le 31 décem-bre 20045.

2. Statistique descriptive

L’analyse des variables de la base dedonnées Intégration a permis d’obtenirune photographie assez précise descaractéristiques individuelles des réfugiésstatutaires de la cohorte à leur arrivéeen France et au moment de leur

4 Ce que nous appelons « sortie du dispositif »correspond à la fin de la prise en charge desréfugiés et à la résolution d’un ou plusieurs desproblèmes rencontrés. En aucun cas cela nesignifie la fin du processus d’insertion, maisuniquement une étape dans ce processus.

5 L’année 2004 est une année charnière en termes deformation linguistique et qualifiante. Elle a vu,entre autres, la mise en place du Contrat d’Accueilet d’Intégration (CAI) et la suppression des Stagesd’Insertion et de Formation à l’Emploi (SIFE). Lechoix de l’année 2004 implique donc une certainehomogénéité des dispositifs dont les réfugiés ontpu bénéficier.

METHODOLOGIE

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accompagnement par les structures deFrance Terre d’Asile. Les donnéesmobilisées concernent le pays d’origine,le sexe, l’âge, les conditions de vie en France,et renseignent sur les acquis scolaires etles compétences professionnelles desindividus. Nous avons aussi souhaitéenrichir notre analyse, en intégrant auxcommentaires issus des traitementsstatistiques, les observations de terrainde plusieurs conseillers d’insertion.

Enfin, on notera que les résultats pré-sentés ne peuvent pas être considéréscomme véritablement représentatifsde l’ensemble des réfugiés statutairesprésents en France. La cohorte retenueest certes plus importante que celled’autres études déjà publiées concer-nant ce public, mais elle est soumise àun biais de sélection : il s’agit de primo-arrivants évoluant, le plus souvent, enmilieu ouvert et cumulant de nom-breuses difficultés. En outre, ces réfu-giés ont été suivis par France Terred’Asile et ont pu, de ce fait, profiterd’opportunités que ne rencontrent pasdes réfugiés plus isolés dans leurs dé-marches, qui ne sont accompagnés paraucune association.

3. Constitution de la cohorte

Pour compléter cette photographie,une enquête a été réalisée auprès de100 réfugiés. Ces personnes, dont laliste est présentée en annexe, ont toutesété suivies par des structures d’aide àl’insertion de France Terre d’Asile et ontterminé leur accompagnement par unaccès à l’emploi ou à la formation. Pour avoir une bonne représentation de

toutes les situations observées parmiles individus ayant interrompu leursuivi par l’emploi ou la formation, nousavons pris le parti d’interroger autantd’hommes que de femmes et ayant desniveaux scolaires correspondant à larépartition de l’échantillon de départ.A partir de ces deux critères, nous avonssélectionné 100 individus de manièrealéatoire qui, si nous n’arrivions pas àles joindre aux coordonnées disponibles,étaient « remplacés » par des individusprésentant les mêmes caractéristiques(sexe et niveau scolaire).

4. La période étudiée

Les 100 réfugiés statutaires interrogéssont arrivés en France à des datesdifférentes. La plupart sont arrivés entre2001 et 2002 (65 personnes) et l’immensemajorité entre 2000 et 2003. A la datede l’enquête, les personnes interrogéessont donc présentes depuis une périodeallant de trois à six ans.

Cependant, c’est la date d’obtentiondu statut de réfugié qui délimite lapériode à étudier. Les 100 réfugiés del’enquête ont obtenu leur statut entre2002 et 2004. Pour certains, l’entréesur le marché du travail a néanmoinseu lieu en amont, tant pour ceux quidisposaient d’une autorisation de travailavant l’obtention de leur statut quepour ceux qui occupaient des emploisnon déclarés pendant la procédure.Nous avons choisi de ne pas les interrogeren détail sur la période de demanded’asile mais de nous concentrer uniquementsur les emplois qu’ils ont occupés unefois leur statut obtenu. Ainsi, la période

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10 Les cahiers du social n° 11 - Septembre 2006

analysée varie pour chaque individuen fonction de la date à laquelle il a étéreconnu réfugié.

5. Une enquête longitudinale

L’enquête a été réalisée par téléphoneet a pris la forme d’un questionnaire aveccertaines questions ouvertes, laissantplace à l’expression des réfugiés interrogés(voir le guide d’entretien, annexe 7).

La collecte des informations s’estappuyée sur un calendrier professionneldans lequel figure une succession deséquences allant de la date d’obtentiondu statut de réfugié jusqu’à la dated’interview (mars 2006). Les séquencespeuvent être de quatre types correspondantà quatre situations sur le marché dutravail : emploi, formation, chômageou inactivité.

Pour chaque type de séquences, unensemble d’informations a été recueilli :

• Pour les séquences « emploi » : ladurée passée dans cet emploi, letype de contrat de travail, le métierexercé et l’opinion du réfugié sur lesconditions de travail, le salaire outout autre thème qu’il désiraitaborder ;

• Pour les séquences « formation» : ladurée mais aussi le type de formation,l’intitulé exact de la formation et lescaractéristiques pratiques de laformation (rémunérée ou non,gratuite ou payante, à temps plein oupartiel, intensive ou extensive) ;

• Pour les séquences « chômage » et« inactivité» : la durée de la séquenceainsi que les éventuelles démarcheseffectuées (récapitulées ensuite demanière générale).

Outre ce calendrier, les réfugiés ont étéinterrogés sur les métiers qu’ils ont puexercer dans leur pays d’origine et surles études qu’ils y ont éventuellementsuivies. Des questions ont également portésur leurs démarches de recherched’emploi mais aussi sur les difficultésqu’ils estimaient avoir rencontrées aucours de ces démarches. Enfin, unegrande place a été faite à l’opinion desréfugiés sur leur parcours professionnelet sur leur situation à la date de l’enquêtemais aussi à leurs projets professionnels.

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Les caractéristiques socioprofessionnelles des réfugiés statutaires

Il existe à propos des réfugiés une représentation courante qui se rapporte à lafigure du réfugié sud-américain arrivé dans les années 1970 en France. Si cettefrange de la population réfugiée n’a pas totalement disparu, la compositionsocioculturelle de ce public a sensiblement évolué dans son ensemble. Ainsi,depuis 1989 et la chute du mur de Berlin, on a vu arriver en France des réfugiésaux caractéristiques différentes. Fuyant des guerres civiles, victimes de violencesendémiques et de violations systématiques des droits de l’homme, les réfugiés accueillisaujourd’hui en France semblent moins diplômés et sont issus de milieuxsocioprofessionnels différents des réfugiés installés de longue date sur le territoire.

La situation en France a elle aussi changé : crise du logement, grande sélectivitédu marché du travail… Ce contexte complexifie l’insertion des réfugiés enFrance. Ainsi, il est intéressant de se demander qui sont les réfugiés statutairesaccueillis en France aujourd’hui, quelles sont leurs compétences et dans quellesconditions matérielles ils vivent tandis qu’ils s’engagent dans un nouveau projetde vie.

L’analyse d’un échantillon relativement important (610 individus) va permettrede décrire précisément certaines caractéristiques des réfugiés statutaires accueillisen France. Nous examinerons pour cela la composition de la cohorte selon descritères sociodémographiques, puis en fonction de leur niveau de scolarisation,de leurs compétences et de leur expérience professionnelle dans leur pays d’origineainsi que des conditions matérielles de leur séjour.

11France Terre d’Asile

PREMIERE PARTIE

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I. Les caractéristiquesindividuelles

A . Une population plutôtmasculine et relativement jeune

La population de la cohorte étudiée comprend69,5 % d’hommes et 30,5 % de femmes. L’âgemoyen des réfugiés est de 35 ans. La cohortese concentre autour des 30-40 ans, classe d’âgequi regroupe 50 % des individus, pour unéchantillon allant de 19 à 59 ans.

B. Des situations familiales qui varient en fonction du sexe et de l’origine

La situation familiale peut être caractérisée parle statut matrimonial (regroupé en deuxcatégories : vivre seul ou en couple) et le faitd’avoir ou non des enfants.

La situation matrimoniale

Il apparaît que 51,81 % des personnes de lacohorte vivent seules tandis que 47,39 %

vivent en couple. Les réfugiés isolés représententdonc un peu plus de la moitié de l’échantillon.On notera aussi que nombre de réfugiés sedéclarant mariés omettent de préciser qu’ils sont,certes mariés, mais séparés en raison de l’exil.Autrement dit, la proportion de réfugiés vivantseuls en France est sans doute plus élevéequ’elle n’apparaît ici.

On constate également que les hommes de lacohorte sont presque aussi souvent seuls qu’encouple (50,24 % seuls contre 48,26 % en couple),contrairement aux femmes, plus fréquemmentseules (58,6 % seules contre 40,86 % en couple).

Le nombre d’enfants à charge en France

La présence d’enfants constitue souvent unstimulant (qui pousse les réfugiés à accepterles emplois proposés pour subvenir aux besoinsde leur famille, même si c’est au détrimentd’une formation qualifiante ou au risque dedéprécier et de sous-exploiter leur niveau initial

Répartition des 610 réfugiés par tranche d’âge

Graphique n° 1

Source : Base Intégration

Tableau n° 1

Répartition des 610 réfugiés par statut matrimonial (en %)

Source : Base Intégration

Statut matrimonial %

Seul 51,81Célibataire 41,15Veuf 4,26Séparé en raison de l’exil 4,10Divorcé 2,30

En couple 47,39Marié 41,15Concubin 3,78Mariage coutumier 2,13Pacsé 0,33

Non réponse 0,82

Total 100

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13France Terre d’Asile

de compétence). Il s’agit aussi d’une contrainted’autant plus pesante que la situation du réfugiéest précaire et qui peut entraver la mobilitégéographique.

Au sein de la cohorte, 56,7 % des personnesn’ont pas d’enfant à charge en France et 28,8 %en ont un ou deux. Les familles nombreuses (troisenfants et plus), loin d’être absentes de ce public,restent minoritaires (14,5 %).

Les familles monoparentales constituent unefaible part de la cohorte. Les femmes seules avecenfants représentent, en effet, à peine 5,9 % desréfugiés tandis que les hommes seuls avecenfants représentent une part de la cohorteencore plus faible : 1,14 %6.

Analyser la situation familiale en fonction del’origine permet d’avancer quelques explicationssur la présence des personnes sans enfant. Eneffet, si les réfugiés viennent d’Afrique oud’Europe, leurs trajets d’exil et les moyens detransport empruntés pour quitter leur paysd’origine n’entraînent pas les mêmes risques.Il semble, par exemple, qu’il soit plus difficilepour les réfugiés originaires d’Afriquesubsaharienne de partir avec des enfants, étantdonné les trajectoires longues et compliquées,le coût du voyage et les nombreux dangers(traversée du désert, de la mer, etc.).

Ainsi, au sein de la cohorte, les personnes seulessont le plus souvent originaires d’Afrique(75,32 %) et viennent ensuite pour 9,81 % ducontinent américain, pour 8,54 % d’Asie etpour 6,33 % d’Europe. Pour les personnes encouple, les proportions s’élèvent respectivementà : 51,9 %, 6,23 %, 16,26 % et 25,61 %.

Le contraste entre l’Europe et l’Afrique, parexemple, laisse à penser que le pays d’originea probablement une influence sur les conditionsd’arrivée en France et sur la situation defamille. Cet élément empirique pourra être prisen compte pour définir les mesures et lesdispositifs les mieux adaptés aux caractéristiquesde ce public.

C. Des réfugiés aux origines variéesconcentrés en Ile-de-France

La majorité des réfugiés de la cohorte estoriginaire du continent africain. Les hommesafricains représentent à eux seuls 46,23 % dela cohorte. De plus, la cohorte comprend desréfugiés originaires de 56 pays différents et 80%d’entre eux se concentrent sur 16 pays seulement(voir annexe 1).

Nous pouvons constater quelques différencesavec la répartition par continent d’origineparmi les personnes ayant été reconnues réfugiépar l’OFPRA en 2003 (date à laquelle la plupartdes réfugiés de la cohorte ont obtenu leurstatut). La part des réfugiés originaires d’unpays européen, parmi les réfugiés ayant obtenu

6 Voir à ce sujet : Précarité et vulnérabilité chez les famillesmonoparentales réfugiées statutaires, supplément auxCahiers du social n° 6, France Terre d’Asile, mars 2005.

Répartition des 610 réfugiés par continent d’origine (en %)

Source : Base Intégration

Graphique n° 2

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leur statut en 2003 en France, s’élève à 40 %7.Cette part est moindre au sein de la cohorte.A l’inverse, les réfugiés d’origine africainereprésentent 44 % des personnes ayant obtenule statut en 20038, contre 65 % dans lacohorte. Cette surreprésentation des réfugiésd’origine africaine ne modifie pas l’ordred’importance des continents d’origine desréfugiés statutaires. Au sein de la cohortemais également en France en 2003, ce sont lesréfugiés d’origine africaine qui sont les plusnombreux, suivis des réfugiés d’origineeuropéenne, asiatique et américaine.

A cette relative diversité d’origine s’ajoute laconcentration des réfugiés en Ile-de-France.Ils sont 81,63 % de l’échantillon à vivre danscette région dont 36,22 % à Paris et 18,85 % enSeine-Saint-Denis. La région Ile-de-France estattractive et les réfugiés espèrent souvent ytrouver un emploi du fait de ses atoutséconomiques et culturels (sans compterl’importance des structures et des relaiscommunautaires). Malheureusement, dans uncontexte de croissance économique faible etde restrictions budgétaires, le nombre élevéde réfugiés et de demandeurs d’asile, enconcurrence pour l’emploi et l’hébergementavec d’autres publics précaires, se traduit parune « embol i sa t ion » des s t ructuresd’hébergement et une insuffisance en termesde suivi9. En outre, il n’existe pas de dispositif

régional propre aux réfugiés statutairesconcernant l’accès à l’emploi, malgrél’existence de plates-formes locales où l’ons’efforce de placer chaque réfugié à la croiséedu service public de l'emploi et de l'ensembledes acteurs intervenant dans le champ de laformation et de l'insertion professionnelle.

A travers ces quelques éléments, nous avonsvu que les réfugiés ne constituaient pas unpublic homogène. Ils arrivent aussi en Franceavec des compétences, des savoir-faire et desexpériences professionnelles, autant d’atoutsqu’ils devront mobiliser, faire valoir, trans-former ou encore combler au cours de leur pro-cessus d’insertion.

II. Les compétences à l’arrivée en France

Afin d’affiner le profil de ce public, nousproposons de présenter les compétencesprofessionnelles des 610 réfugiés de la cohorteà leur arrivée en France. Pour ce faire, nous avonsretenu plusieurs indicateurs construits à partirdes réponses recensées dans la base de donnéesIntégration : le niveau scolaire à l’étranger, leniveau en français d’après le référentiel FASILD,les compétences linguistiques et l’expérienceprofessionnelle principale dans le pays d’origine.

A. Des niveaux scolaires en moyenne élevés

L’évaluation du niveau scolaire des réfugiés n’estpas aisée dans la mesure où les réfugiésstatutaires ont été scolarisés dans des paysn’ayant pas le même système éducatif. Nousavons cependant choisi, dans un souci decomparabilité, de retenir une échelle uniqueinspirée du système français. En outre, dans

14 Les cahiers du social n° 11 - Septembre 2006

7 OFPRA, Rapport d’activité 2003, 2004.8 Ibidem.9 Par exemple, le nombre de places en CPH n’a pasaugmenté depuis 2000, aggravant ainsi la difficulté àfaire sortir les réfugiés des CADA (réservés aux seulsdemandeurs d’asile). L’hébergement d’urgence palliesouvent ces carences, ce qui ne manque pas de poserd’autres problèmes : sécurité des personnes, insalubrité,coûts prohibitifs pour la collectivité, concurrence entrepublics fragilisés, etc.

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Tableau n° 3

Répartition des 610 réfugiés par niveau linguistique en français (en %)

Source : Base Intégration

Niveau %A 20,66

B 19,18

Illettrisme 2,46

Remise à niveau 4,92

Francophone 34,26

Non réponse 18,52

Total 100

15France Terre d’Asile

les pays francophones, qui représentent unepart substantielle de la liste des pays d’originedes personnes de la cohorte, l’application desnormes du système français est assez pertinentepuisque les systèmes éducatifs locaux s’eninspirent largement.

On définit cinq catégories de niveaux scolaires.Le niveau primaire équivaut à une scolarisationélémentaire jusqu’à l’entrée au collège, leniveau secondaire à une scolarisation enlycée, le niveau Bac sanctionne la fin de lascolarisation dans le secondaire, les étudessupérieures courtes correspondent à unniveau Bac + 1 et Bac + 2 et les étudessupérieures longues correspondent à unniveau Bac + 3 et plus.

Les personnes ayant un niveau de scolarisationéquivalant au niveau secondaire en Francesont les plus nombreuses (31,80 %). Viennentensuite les personnes ayant un niveau descolarisation correspondant à des études

supérieures longues (24,59 %), puis lespersonnes ayant un niveau Bac (16,23 %).

Nous voyons aussi que 45,41 % des personnesde notre cohorte ont un niveau inférieur auniveau Bac et que près de 55 % d’entre euxont un niveau équivalent ou supérieur au Bac,donc relativement élevé. Reste à savoir si cesniveaux scolaires ou les diplômes qui leur sontassociés sont reconnus en France et si les réfugiésstatutaires peuvent prétendre à des emploisen faisant valoir leurs formations initiales.Nous verrons, dans le cadre de l’enquêteprésentée en deuxième partie, ce qu’il en est.

B. Des niveaux de maîtrisedu français disparates

Sachant que la maîtrise du français facilitegrandement l’accès à l’emploi, il est intéressantd’étudier le niveau de maîtrise de la languedes réfugiés présents en France et suivis au seindes structures de France Terre d’Asile. Ens’appuyant sur une version simplifiée duréférentiel FASILD, les conseillers procèdentà l’évaluation du niveau en français desréfugiés qu’ils reçoivent (voir en annexe 2 lasignification des différents niveaux).

Niveau scolaire % % cumulés

Non scolarisé 5,41 5,41

Primaire 8,20 13,61

Secondaire 31,80 45,41

Niveau bac 16,23 61,64

Etudes supérieures courtes 13,61 75,25

Etudes supérieures longues 24,59 99,84

Non réponse 0,16 100,00

Total 100 -

Tableau n° 2

Répartition des 610 réfugiés par niveau scolaire (en %)

Source : Base Intégration

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16 Les cahiers du social n° 11 - Septembre 2006

Nous constatons que 20,66 % des réfugiéssont débutants en français ou analphabètes(niveau A)10. Une proportion non négligeablede la cohorte démarre donc son insertionprofessionnelle avec un certain handicaplinguistique. A l ’opposé, les réfugiésfrancophones, c’est-à-dire sans réel besoinde formation linguistique, représentent unpeu plus du tiers de l’échantillon.

Enfin, il faut souligner que le référentielFASILD permet également de déterminerles besoins en formation linguistique despublics. Ainsi, 47,22 % des personnes de lacohorte évaluées dans les niveaux A, B, illettréset remise à niveau nécessitent potentiellementune prise en charge pour améliorer leurmaîtrise de la langue ou encore pour accéderà des formations qualifiantes ou à certains emploisimpliquant une bonne maîtrise de l’écrit. Ils’agira, dans la seconde partie de cette étude,d’interroger les réfugiés sur les formations qu’ilsont pu suivre en France et de l’impact qu’ellesont pu avoir en termes d’emploi.

C. Des compétenceslinguistiques relativementlimitées

Le fait de parler une ou plusieurs languespeut devenir un atout dans la recherche d’unemploi. Les réfugiés, originaires ou non de paysfrancophones, maîtrisent parfois plusieurslangues. Nous avons analysé, à partir desdéclarations des réfugiés recensés dans labase de données Intégration, l’étendue deleurs « compétences linguistiques11».

Nous avons vu précédemment que l’évaluationFASILD concluait à une maîtrise modestedu français parmi les réfugiés de la cohorte.Cependant, un nombre important d’individus

(283) déclare avoir été scolarisé en français et318 personnes déclarent parler le français,soit 52,13 % de la cohorte.

Les réfugiés de la cohorte parlent aussi d’autreslangues : 523 personnes, soit 85,74 % del’ensemble des réfugiés recensés dans la basede données, déclarent connaître entre une ettrois langues étrangères (dont le françaispeut faire partie). On dénombre ainsi 378personnes qui parlent une langue «recherchée»(le français pour 208 d’entre elles) et 145qui en maîtrisent deux ou trois. Pour cesdernières, il s’agit le plus souvent d’unecombinaison français/anglais ou encorearabe/anglais.

Au-delà des compétences linguistiques, les réfugiésdoivent aussi faire valoir des compétencesprofessionnelles afin d’augmenter leurschances d’accéder à l’emploi. Nous allonsvoir dans la partie qui suit dans quels secteursils ont évolué avant d’arriver en France.

D. Des expériencesprofessionnelles dans le paysd’origine diversifiées

Au moment de l’accompagnement, les réfugiésfont part de leurs expériences antérieures,décrivent le ou les métiers qu’ils exerçaientdans leur pays d’origine (voir annexe 3).

10 Selon le référentiel FASILD, est considérée analphabètela personne qui ne parle, ni ne comprend le françaiset qui n’a pas été scolarisée (voir annexe 2).

11 Nous entendons ici par « compétences linguistiques »,les langues maîtrisées par un individu et qui sontpotentiellement recherchées sur le marché du travailfrançais : l’allemand, l’anglais, l’arabe, le chinois,l’espagnol, l’italien, le japonais, le portugais, le russeet, bien sûr, le français.

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17France Terre d’Asile

En l’absence d’une nomenclature sociopro-fessionnelle susceptible de fournir des élé-ments de comparaison internationaux, nousnous sommes appuyés sur la nomenclaturedes professions et catégories socioprofession-nelles (PCS) de l’INSEE, afin de transposerau mieux les expériences et les métiers des ré-fugiés et d’estimer dans quel milieu socio-professionnel ils ont principalement évoluéavant leur exil. Certes, il s’agit là d’une manièrede procéder qui expose au risque de confusions,car les métiers n’ont pas la même significationsuivant le contexte économique et social despays, dont les niveaux de développement sontinégaux. Par exemple, d’une même profes-sion, on ne peut dire selon le pays si elle est me-née à titre indépendant. Dans de nombreux pays,les professions ne sont pas aussi segmentées etidentifiées qu’en France. Quelques conclu-sions peuvent néanmoins en être tirées.

Les réfugiés étaient, dans leur pays d’origine,le plus souvent employés. Viennent ensuite lescatégories « ouvriers » puis « professionsintermédiaires12 ».

Les femmes ont plus fréquemment uneexpérience dans la catégorie « employés »contrairement aux hommes chez qui la catégorie«ouvriers» prédomine. Cette division sexuelledu travail rappelle celle que l’on trouve parmiles couches populaires en France où les femmessont plutôt des employées et les hommes, desouvrier. D’autre part, la proportion d’hommes«cadres et professions intellectuelles supérieures»est le double de celle des femmes.

En outre, nous constatons que les cinq PCSles plus fréquemment occupées par les réfugiésdans leur pays d’origine sont celles de :• commerçant (22),• instituteur (42),• employé administratif d’entreprise (54),• employé du commerce (55),• personnel de services directsaux particuliers (56).

Ces catégories cachent des réalités diverseset parfois sans rapport avec celles que nousconnaissons en France et les métiers nes’accompagnent pas toujours du même statutsocial. Il sera donc intéressant de recueillirl’opinion des réfugiés sur la possibilitéd’exercer en France le métier qu’ils exerçaientavant l’exil ou encore sur la perte de statutsocial qu’ils ont vécu en arrivant sur le marchédu travail français.

Tableau n° 4

Répartition des 610 réfugiés par PCS de l’emploi occupé dans le pays d’origine (en %)

Source : Base Intégration

PCS simplifiées %

(1) Agriculteurs exploitants 2,79

(2) Artisans, commerçants et chefs d’entreprise 11,96

(3) Cadres et professions intellectuelles supérieures 13,28

(4) Professions intermédiaires 17,05

(5) Employés 22,13

(6) Ouvriers 18,68

Pas d’expérience professionnelle 14,10

Total 100

12 Signalons que selon l’INSEE, les professionsintermédiaires regroupent un ensemble hétéroclitede métiers de la santé, du travail social, del’enseignement et de la sécurité (infirmier, éducateurspécialisé, inspecteur de police, contrôleur des impôts,professeur de lycée, technicien médical, etc.) à lacharnière entre deux mondes : celui des exécutants(ouvriers, employés) et celui de l’encadrementsupérieur et de la conception (cadres et professionsintellectuelles supérieures).

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18 Les cahiers du social n° 11 - Septembre 2006

III. Les conditions de séjour en France

Le logement, les sources de revenus et le faitd’avoir ou non une couverture sociale sont au-tant d’éléments qui influencent les parcoursd’insertion. Les données de la base Intégrationpermettent de savoir dans quelle situation setrouvent les personnes ayant été reconnues ré-fugié récemment.

A. Des conditions d’hébergementqui varient selon le sexe et la composition familiale

Les réfugiés statutaires connaissent de grandesdifficultés pour accéder à un logement autonome :pénurie dans le parc social, loyers prohibitifsdans le privé… Les places au sein des dispositifsd’urgence ou d’insertion ne suffisent pas àremédier à cette crise. Ainsi, les réfugiés déclarentsouvent vivre dans des conditions difficiles.

Au moment de l’accompagnement, l’hébergementchez un particulier constitue la situation la plusfréquente (31,8 %). Cependant celui-ci negarantit aucune stabilité : un réfugié logé parun compatriote risque à tout moment d’êtremis dehors sans préavis (dispute, chargefinancière trop lourde pour l’hébergeant,etc.). L’hébergement d’insertion concernepresque un quart de l’échantillon (23,61 %).En revanche, le pourcentage de personnesayant réussi à louer un appartement s’élèveà peine à 6,72 %. Enfin, même s’il est difficilepour beaucoup de réfugiés d’accéder au parclocatif privé et public, les situations de grandeexclusion (SDF, squat, etc.) restent marginalesdans cet échantillon.

La question du logement pose aussi celle del’égalité dans la précarité résidentielle : lesréfugiés trouvent-ils le même type de solutionquel que soit leur sexe, leur situationmatrimoniale et s’ils ont ou non des enfants(voir annexes 4 et 5) ?

Il semble que les femmes recourent moinsfréquemment à l’hébergement chez un tiers queles hommes (23,66 % contre 35,38 %), maisdavantage à l’hébergement d’insertion et sur-tout à l’hébergement d’urgence (16,13 % cont-re 5,42 %). Cependant, les hommes sont unpeu plus nombreux à connaître des formesd’hébergement très précaires (squat, rue, etc.),la catégorie «autre type d’hébergement» re-groupant 6,37 % d’entre eux contre 1,61 % desfemmes. La situation matrimoniale semble

Hébergement d’urgence : accueil d’urgence, hôtels(dont hôtels CAFDA (Coordination de l'accueil desfamilles demandeuses d'asile) et secteurs).

Tableau n° 5

Répartition des 610 réfugiés par type de logement (en %)

Source : Base Intégration

Type de logement %

Hébergement d’urgence 8,69

Hébergement d’insertion 23,61

Logement intermédiaire 4,26

Hébergement chez un particulier 31,80

Location 6,72

Autre 4,92

Non réponse 20,00

Total 100

Hébergement d’insertion : CADA, CPH, CHRS (Centred’hébergement et de réinsertion sociale).Logement intermédiaire : foyer de migrants, foyerde jeunes travailleurs, résidence sociale.Hébergement chez un particulier : hébergement gratuit ou payant chez un particulier.Location : logement social (HLM).

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19France Terre d’Asile

aussi avoir une influence sur le type d’héber-gement. Les personnes en couple passent plusfréquemment par l’hébergement d’insertionque les personnes seules. De même, les personnesavec enfant(s) sont plutôt prises en chargedans un dispositif d’hébergement d’urgenceou d’insertion, et accèdent plus souvent à la lo-cation que les personnes sans enfant.

L’importance relative des femmes en structured’insertion et d’urgence tient sans doute à leurvulnérabilité (dans l’échantillon, elles demeurentplus souvent et plus longtemps seules que leshommes et ont plus fréquemment des enfants),mais aussi à l’attitude des travailleurs sociaux :les femmes en situation précaire avec des enfantssont accueillies en priorité. En outre, le systèmed’aide sociale est pensé autour de la préservationde l’unité familiale ce qui a des conséquencessur les solutions d’hébergement qui ont étéproposées aux 610 personnes de la cohorte.

B. Des ressources précaires et une couverture sociale minimale

L’accès à un logement autonome demandedes ressources suffisantes et stables. Aujourd’hui,les bailleurs sont de plus en plus exigeants,notamment dans les grandes agglomérations.Les prétendants à un logement doivent avoirun CDI, un double garant ou encore fournirune caution équivalente à six mois de salaire.Autant dire que ces exigences sont impossiblesà remplir pour la majorité des réfugiés audébut de leur parcours d’insertion.

En effet, il apparaît que 49,34 % des réfugiéssuivis par les structures de France Terre d’Asilevivent avec des revenus de substitution tandisque 30,33 % déclarent ne pas avoir de ressources.Ils ne sont que 2,95 % à toucher un salairedurant le temps où ils sont accompagnés.Nous verrons, dans la deuxième partie de cette

étude, que l’accès à l’emploi intervient parfoistardivement et ne garantit pas toujours desrevenus suffisants pour permettre aux réfugiésde se stabiliser et par exemple de trouver unlogement pérenne.

Les réfugiés sont majoritairement bénéficiairesde la Couverture Maladie Universelle (CMU) (564 personnes sur 610, soit 92,46 % del’échantillon), ce qui renforce le constat deleurs revenus faibles13. Enfin, on note qu’unegrande partie des réfugiés (85,25 %) estallocataire du Revenu Minimum d’Insertion.Le RMI constitue l’un des premiers droitssociaux auquel ils accèdent systématiquement,une fois le statut de réfugié obtenu (contrairementaux autres étrangers qui ne peuvent y prétendre

Source : Base Intégration

Ressources %

Revenus de substitution 49,34Aucune ressource 30,33Indemnités compensatrices spécifiques 10,82Salaires 2,95Autres types de ressources 0,66Revenus en qualité de stagiaire de la formation professionnelle 0,49Non réponse 5,41

Total 100

Tableau n° 6

Répartition des 610 réfugiés par type de ressources (en %)

Revenus de substitution : Revenu Minimum d’Insertion(RMI), allocations familiales, allocations chômage.Indemnités compensatrices spécifiques : AllocationAdulte Handicapé (AAH), allocation d’insertion.Autres types de revenus : rentes, travail au noir.

13 L’octroi de la CMU étant soumis à conditions deressources.

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qu’après cinq ans de présence sur le territoirenational ou une fois la carte de résidentobtenue). Le RMI leur permet de prétendre àun logement social et d’accéder à des formations.

On observe une sorte de cercle vicieux del’exclusion qui passe par l’absence d’un logementautonome et par le chômage : posséder unlogement conditionne l’efficacité dans larecherche d’un emploi (être au calme, offrirquelques garanties aux futurs employeurs quisont nombreux à écarter, a priori, les SDF,etc.). Or, l’absence de ressources stables et lesretards dans les versements du RMI font de l’accèsà un logement une véritable gageure. De plus,les réfugiés peuvent être tentés de refuser desformations non rémunérées, même quandelles offrent de meilleures chances de trouverun débouché en rapport avec leur projet etleurs compétences, pour préférer un emploi ouune formation rétribuée, mais qui ne leurpermet pas d’évoluer.

Les conditions de séjour, et notamment derevenus, sont donc indissociables des choixprofessionnels qui sont faits par les réfugiés quenous avons interrogés et ont un impact certainsur leur parcours en France.

IV. Les sorties du dispositif

La fin de l’accompagnement des réfugiés sta-tutaires par les structures de France Terred’Asile, si elle n’est pas véritablement une éta-pe du parcours d’insertion, mérite d’être ana-lysée. Il s’agit de décrire dans quelles circonstancesles réfugiés cessent de faire appel aux servicesde France Terre d’Asile. Cette «sortie» supposequ’un ou plusieurs des blocages socioprofes-sionnels ont été résolus et que les personnesont acquis une autonomie dans un des do-maines en question. Lorsque les conseillers

d’insertion décident de mettre fin à l’accom-pagnement, ils précisent, dans la base de don-nées, le motif principal de fin de suivi. Rappelonsque c’est à partir de cette information que l’é-chantillon «sorti pour insertion professionnelle»a été construit et que c’est au sein de cet échan-tillon de 392 réfugiés que les 100 personnes en-quêtées ont été sélectionnées.

Les raisons de « sortie » varient pour les610 personnes constituant la cohorte.L’accompagnement peut être conclu par l’ou-verture de droits sociaux : cela correspond plusspécifiquement à l’ouverture des allocationsadulte handicapé ou minimum vieillesse, à lareconnaissance COTOREP14 du travailleurhandicapé, à la prise en charge d’un problèmede santé. Il peut aussi se terminer par l’accès àun logement autonome qui concerne notam-ment les personnes qui logeaient chez un tiers,en structure d’insertion ou en hébergementd’urgence. La réorientation vers une autrestructure de droit commun ou associative estaussi observée. Enfin, dans certains cas, assezrares, les réfugiés «abandonnent», ne se pré-sentent plus aux rendez-vous et interrompentle suivi sans donner d’explication.

Plus fréquente que tous ces types de sortie, lasortie pour insertion professionnelle concerne64,26 % des réfugiés de la cohorte (soit 392personnes). Il s’agit de réfugiés qui terminentleur accompagnement parce qu’ils ont trouvéune formation ou un emploi. Alors qu’il s’agitdu but affiché de toutes les structures quiparticipent au dispositif d’accompagnement dece public (permettre une intégration durableen s’appuyant sur une position stabilisée dansl’emploi), cet accompagnement vers l’insertion

14 Commissions Techniques d'Orientation et deReclassement Professionnel.

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professionnelle est bien entendu mené entenant compte de tous les besoins du réfugié(en termes de langue, d’aide aux démarchesd’ouverture des droits sociaux, etc.).

Un peu plus de la moitié de ces 392 réfugiésstatutaires a trouvé un emploi (53,83 %), les autres,une formation (43,62 %). Voici le détail des typesd’emploi et de formation qui ont été obtenusà la fin de l’accompagnement.

Ces données viennent appuyer l’idée que l’acquisition de compétences professionnellesest incontournable pour les réfugiés. En effet,les sorties pour formation qualifiante (25,51 %)demeurent les plus fréquentes, et celles pourformation linguistique à visée professionnellese distinguent par le troisième taux le plusélevé (16,33 %).

En outre, si les sorties en contrat à duréeindéterminée constituent le deuxième motifle plus important parmi les 392 individus, lapart des autres types de contrat de travailregroupés en une seule catégorie est enrevanche nettement supérieure. Ainsi, emploisen CDD, emplois en intérim et emplois aidésconstituent au total 32,4 % des sorties.

Ces emplois et ces formations pourront-ilsservir de tremplin pour les réfugiés ? Leurpermettront-ils d’accéder à un logement ? Pourrépondre à ces questions, nous avons décidéd’interroger 100 personnes issues de cetéchantillon de 392 personnes, pour connaîtreplus en détail leurs trajectoires sur le marchédu travail français.

Tableau n° 7

Répartition des réfugiés par type d’emploi ou de formation occupés

à la fin de l’accompagnement

Type d’emploi ou de formation %

Emploi en CDI 21,43Emploi en CDD de plus de 6 mois 4,08Emploi en CDD de moins de 6 mois 13,01Emploi en intérim 5,87Emploi aidé 9,44Formation linguistique à visée professionnelle 16,33Formation qualifiante 25,51Reprise d’études 1,79Autre 1,79Non réponse 0,77

Total 100

Source : Base Intégration(Échantillon de 392 individus sortis pour emploi ou formation)

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Les parcours professionnels des réfugiés statutaires

L’analyse des renseignements contenus dans la base de données Intégration nous a permis dedresser une sorte de portrait des réfugiés. Il s’agit maintenant d’analyser plus précisément quelstypes d’emplois les réfugiés ont occupé en France, s’ils en sont satisfaits ou non, si lesemplois qu’ils ont trouvés ont constitué un tremplin pour une situation plus stable, s’ils ontgravi des échelons au sein de la même entreprise, s’ils ont connu le chômage et pendantcombien de temps, etc.

L’enquête auprès de 100 personnes a donc été menée dans un objectif plus qualitatif et dansune perspective longitudinale afin d’identifier les éléments relatifs à la dynamique de leursparcours.

Nous présenterons les résultats de cette enquête à travers une série de thèmes qui ont été abordéslors des entretiens menés auprès des réfugiés. Pour organiser les réponses des personnes etnos analyses, nous procéderons dans un ordre qui pourrait correspondre à un parcours surle marché du travail.

Nous décrirons tout d’abord les séquences de «non-emploi» regroupées autour de troisgrands thèmes :

• la formation, qui a pu être entamée avant l’obtention du statut de réfugié ;

• l’expérience du chômage quasi incontournable en début de parcours, et celle de l’inactivité,plus rare ;

• la recherche d’emploi, condition nécessaire, et pas toujours suffisante, pour accéder àl’emploi en France.

La partie suivante sera consacrée aux emplois des réfugiés : leur premier emploi, lescaractéristiques des emplois qu’ils occupent pendant leur parcours et enfin le regard qu’ilsportent sur tous ces emplois.

Dans une dernière partie, nous établirons une typologie des parcours rencontrés parmi les100 réfugiés interrogés et reviendrons sur les projets des réfugiés.

Caractéristiques socio-démographiques des 100 réfugiés interrogés

Sur les 100 personnes interrogées, 50 sont des hommes et 50 des femmes. Leur moyenne d’âgeest de 37 ans et demi et la moitié a entre 34 et 41 ans. La majorité des individus interrogés estoriginaire d’un pays africain (73 personnes). 16 personnes sont originaires d’un pays européen

DEUXIEME PARTIE

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et respectivement 8 et 3 viennent d’Amérique et d’Asie. Cette répartition par origine géographiquecorrespond à celle des réfugiés présents dans la cohorte de départ. Les personnes interrogéesont en majorité été scolarisées. Seules 11 % n’ont atteint qu’un niveau primaire ou n’ont pasété scolarisées. 52 % ont un niveau secondaire (équivalent du collège ou du lycée en France) et37 % ont suivi des études supérieures.La répartition par sexe des personnes qui ont suivi desétudes supérieures est équilibrée : ce groupe comprend 20 hommes et 17 femmes. De même,le reste de la cohorte interrogée est constituée de 30 hommes et de 33 femmes.

Une photographie à la date de l’enquête

Si cette photographie présente un intérêt, en ce sens qu’elle est réalisée à un moment communpour tous les réfugiés, elle met aussi en évidence les limites d’une observation instantanée et lapertinence d’une enquête longitudinale.

A la date de l’enquête, la photographie de la situation professionnelle des réfugiés est la suivante :• 63 % des personnes interrogées sont en emploi ;• 2 % en formation professionnelle rémunérée ;• et 35 % au chômage ou inactifs (respectivement 31 et 4 personnes).

Le taux d’activité (compris ici comme le nombre de personnes en emploi ou en formation rapportéau nombre total de réfugiés) à la date de l’enquête est donc relativement élevé. Reste à savoirquels types d’emplois occupent les réfugiés, sous quels types de contrats et surtout depuiscombien de temps. De même, on peut se demander depuis combien de temps les personnes sontau chômage.

Parmi les 63 personnes en emploi à la date de l’enquête, 35 le sont depuis plus d’un an dont24 depuis plus d’un an et demi (près de 40 % de l’échantillon). En revanche, 14 déclarent êtreen emploi depuis moins de 6 mois. Ces emplois n’ont donc pas le même «poids» au regardde l’insertion professionnelle, ils ne s’analysent pas de la même façon quand on prend en comptele temps, les trajectoires des individus interrogés.

De même, les emplois occupés à la date de l’enquête, correspondent pour plus de la moitiéà des contrats à durée indéterminée (CDI). 17 % sont des contrats à durée déterminée (CDD)et 19 % sont des contrats en intérim.

Enfin, les personnes au chômage à la date de l’enquête ne sont pas toutes dans cette situationdepuis le même nombre de mois. Parmi ces 35 personnes au chômage ou inactifs, 15 le sontdepuis moins de six mois tandis que 20 sont au chômage depuis plus de six mois, dont 6 depuis plus de douze mois.

On mesure bien ici la nécessité de relativiser la valeur de l’observation ponctuelle et l’intérêtd’interroger les personnes sur leur parcours et non sur leur situation à une date donnée.

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I. Formation, chômage et inactivité

A. La formation, un passage obligé

La situation professionnelle des réfugiés,comme pour d’autres migrants, est un desindicateurs principaux retenus en France deleur intégration dans la société d’accueil. Laformation, à ce titre, s’avère être une étape quasiincontournable de leur processus d’insertion.Outil essentiel pour les acteurs de l’insertion,forte attente du public en question, cettenécessité de formation tient aussi aux difficultésque rencontrent les réfugiés pour accéder aumarché du travail : difficultés à mettre envaleur leurs compétences et leur expérienceprofessionnelle acquises dans leur paysd’origine, de revendiquer leur savoir-faire,problèmes de langue, système de plus en plusexigeant et sélectif dans ses recrutements…Dans cette partie, on se propose de replacerla formation et les représentations qui s’yrattachent dans le discours des acteurs et deprésenter les caractéristiques des formationsen question.

1. Le recours à la formation

Très diplômés, peu diplômés ou pas diplômés,les réfugiés échappent rarement à la caseformation. Sur les 100 personnes interrogées,78 nous indiquent avoir été formées aumoins une fois depuis l’obtention de leurstatut, ce qui représente les trois quarts denotre cohorte. Hommes et femmes en ontbénéficié de manière égale.

L’idée de formation survient très tôt dans leurparcours, explique un conseiller d’insertionde France Terre d’Asile. Cette nécessité de se

former est induite par plusieurs raisons quirelèvent tant des conseillers d’insertion quedes réfugiés, souvent de manière imbriquée.Ainsi, sur l’ensemble des formations suiviespar les réfugiés de la cohorte, 43 relèventdu choix d’une association, dont FranceTerre d’Asile, 22 de l’ANPE et 15 du choixpersonnel des réfugiés statutaires.

Un outil essentiel

Pour les conseillers, orienter les réfugiés versla formation répond d’abord à la nécessitéde réadapter, de transférer les compétencesacquises par les réfugiés dans leur paysd’origine. Lorsque les réfugiés ne parlent pasfrançais, une formation linguistique s’impose.En outre, lorsqu’ils découvrent un nouveaumétier, l’obtention d’une qualificationprofessionnelle est incontournable. De même,après une longue période d’instruction de lademande d’asile, une remise à niveauprofessionnelle peut s’avérer nécessaire, lespersonnes ayant « perdu la main » parmanque de pratique.

Une initiative des réfugiés

La formation est parfois utilisée comme unesolution d’attente par certains réfugiés. « Laformation me permettrait de chercher dutravail avec plus de sérénité », nous dit l’und’eux. Ce type de démarche alibi peut, danscertains cas, s’apparenter aux stratégies queles demandeurs d’emploi développent pourdiverses raisons (peur de l’échec, mauvaiseappréciation du marché de l’emploi, etc.)afin de retarder leur insertion professionnelle.

Concernant les réfugiés – ces personnescontraintes de quitter subitement leur pays etde gérer l’exil – cette attitude peut révélerune difficulté à se projeter dans l’avenir. Nous

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constatons que la formation professionnelleou linguistique intervient plus fréquemmentavant l’obtention du premier emploi et ce pour36 personnes de notre cohorte.

« Souvent, les réfugiés perçoivent la formationcomme un droit, nous confie un conseillerd’insertion. C’est presque un lieu commun. Etpuis, beaucoup pensent que, sans la formation,ils ne pourront jamais mettre un pied sur lemarché du travail. Après, ils sont étonnés de ladifficulté de trouver un emploi alors qu’ils ontété formés. » En outre, les communautésd’origine auxquelles appartiennent les réfugiéset le bouche-à-oreille peuvent égalementinfluencer le choix de la formation et l’idéeque celle-ci constitue une étape obligatoire.« Des amis avaient fait cette formationd’assistante sociale, cela m’a orienté », expliqueMadame Ka.

Certains réfugiés peuvent cependant se saisirde la formation pour pouvoir évoluer dans unespécialité ou alors changer complètement desecteur d’activités. Dans ces cas, ce sont lespremiers emplois occupés qui impulsent lebesoin ou bien l’envie de formation. Lesréfugiés ont éprouvé des difficultés concrètesen situation d’emploi, ont été confrontés à laréalité, mais surtout ont pu préciser leurprojet professionnel.

« J’ai travaillé comme agent hospitalierpolyvalent, nous raconte Madame Nc.Je faisais les soins, la toilette, le ménage,la restauration, la distribution des repas,l’aide alimentaire, alors que je n’étais pasqualifiée pour faire tout ça. En travaillantlà, j’ai pu constater la différence detraitement entre les gens qualifiés et nonqualifiés. Je veux évoluer, profiter d’être enFrance pour me former. Je viens de passer

le concours d’aide médico-psychologiqueet j’ai réussi l’épreuve. Maintenant, jecherche un contrat de professionnalisationauprès d’une entreprise. »

2. Les caractéristiques des formations

Professionnelles ou linguistiques

La majorité des formations suivies par lesréfugiés sont des formations professionnelles(une formation sur deux recensées dans lecadre de l ’enquête) . Les formationslinguistiques représentent quant à elles uneformation sur trois.

La répartition des formations selon leurtype tient en grande partie à la compositionde la cohorte, constituée d’une majorité defrancophones. Cependant, les réfugiés peuventsuivre deux voire trois formationssuccessivement. Ainsi, ils sont 37 réfugiés àavoir suivi deux formations et 5 à avoir suivitrois formations. Certains ont commencépar une formation linguistique puis ontcontinué avec une formation professionnelle.D’autres ont pu suivre plusieurs formationsprofessionnelles.

Source : Enquête

Type de formation Effectif

Formation professionnelle 66Formation linguistique 39Formation aux techniques de recherche d’emploi 6Reprise d’études 3Autres 7

Total 121

Tableau n° 8

Formations suivies par les 100 réfugiés

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« J’ai commencé par chercher des cours defrançais car je ne parlais pas la langue,explique Madame Kd., originaire duNépal, reconnue réfugié depuis 2003.Finalement, j’ai suivi des cours pendantquatre mois. C’était rémunéré. Après, j’aipassé une formation professionnelle devendeuse en produits frais, là aussirémunérée. Directement, j’ai trouvé unCDD de 2 mois chez Monoprix. »

La rémunération

Professionnelles ou non, la moitié desformations déclarées sont rémunérées. Ellessont financées par le biais du conseil régionalou général ou encore de l’ANPE. Sans cesfinancements, il est évident que beaucoupde réfugiés ne parviendraient pas à se former.En début d’installation, les réfugiés doiventmener plusieurs actions de front, dont onpeut citer quelques exemples : régler lasituation administrative, trouver un logement,procéder au regroupement familial et anticiperl’arrivée de la famille, s’approprier la cultureprofessionnelle du pays d’accueil, apprendrela langue… Aussi, rechercher un emploi ouune formation pour s’intégrer nécessite unemobilisation supplémentaire.

« Lorsque j’ai été reconnue réfugié, j’aicherché une formation d’aide soignante maisje n’avais pas de logement, nous raconteMadame Bb., réfugiée statutaire depuisdécembre 2003, originaire de Haïti. J’étaisobligée de travailler donc je n’ai pas fait deformation. J’ai trouvé un emploi de femmede chambre à l’hôtel à temps partiel.J’aimerais trouver un autre travail le soirpour compléter celui-ci. J’attends mesenfants et je dois préparer leur arrivée.

Ensuite je chercherai une formation d’aidesoignante car je veux obtenir un diplôme.C’est mieux. »

Cependant, quelques personnes parviennentà s’engager dans des formations payantes,à leurs frais, comme Monsieur Kc., originairede Côte d’Ivoire, reconnu réfugié depuisdécembre 2003.

« J’ai suivi des cours de français le soir àEmmaüs pour apprendre à lire et à écrire.Mais j’ai dû arrêter car j’avais besoin detravailler. Donc après neuf mois de chômage,j’ai trouvé un emploi dans une entreprisede ménage pendant un an, alors que jevoulais travailler comme chauffeur depoids lourds. Le problème c’est qu’il fautsavoir lire pour passer le permis. J’avais lepermis en Afrique mais ils ne l’ont pasreconnu en France. J’ai repassé deux foisl’examen ici mais je l’ai raté. Donc j’aiarrêté de travailler pour me concentrersur ça et avec mes économies, je me paiela formation à l’auto-école. »

Le stage en entreprise

Les formations peuvent aussi être assortiesd’un stage en entreprise. Cela concerne 25 %des formations déclarées. Ces stages présententplusieurs avantages. D’abord, ils permettentaux réfugiés de confronter leurs propresreprésentations à propos des métiers et desemplois aux réalités du monde du travail,et de s’approprier la culture professionnelledu pays d’accueil. Surtout, ils débouchentparfois sur un emploi dans l’entreprise mêmeoù les personnes ont effectué leur stage. Lestage devient alors une expérience de référence,une sorte de tremplin.

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« J’avais trouvé une formation organiséepar la Chambre de commerce et d’industried’Angers, se souvient Monsieur V., réfugiédepuis fin 2003, d’origine mauritanienne.J’ai passé les premiers tests de présélectionà l’ANPE puis une deuxième sélection àla Chambre de commerce. Sur trentepersonnes finalement il n’en restait plusque six. Nous avons suivi une formationrémunérée de six mois en alternance, troissemaines en cours, trois semaines enentreprise. Ça s’appelait “stage dedéveloppement des compétences en hôtellerieet en restauration”. On était obligéd’effectuer plusieurs stages dans différentesentreprises. Au mois de juin, j’ai commencéà travailler pour un restaurant très connuà Angers. Ils étaient contents de montravail et ont voulu me garder jusqu’à lafin de ma formation. Ensuite, ils m’ontproposé un CDI. »

3. Le temps passé en formation

Dans la plupart des cas, les formations durententre un et six mois. En moyenne, encumulant ou non plusieurs formations, lesréfugiés ont passé 7 mois en formation surtoute la période étudiée. Cela représente enmoyenne 23 % du temps depuis qu’ils ontobtenu le statut. Fait surprenant, les réfugiésprésents depuis moins de deux ans en Francene sont pas beaucoup moins formés queceux présents depuis plus de trois ans. Celanous indique que, à la date de l’enquête,quelle que soit la durée écoulée depuisl’obtention du statut, le temps passé enformation varie très peu.

Si les formations sont de courte durée, ellespermettent une mise à l’emploi rapide. Biensouvent, la situation d’urgence économiquedans laquelle se trouvent les réfugiés ne leurpermet pas de se former plus longtemps. Laformation exige en effet une disponibilitéà temps plein qui ne laisse pas de place à larecherche d’emploi ou de logement. « Les genstiennent peu de temps en formation s’ils n’ontpas de logement », souligne un conseillerd’insertion.

4. La corrélation entre formationprofessionnelle et emploi

Si la formation constitue une clé pour l’insertiondes réfugiés dans la société française, elle doitpouvoir offrir la possibilité aux individus deconstruire leurs parcours de vie et de travailmais aussi d’éviter l’exclusion sociale. Yparvient-elle pour autant ? Il n’est pas aiséde mesurer l’efficacité d’une formation surl’accès à l’emploi et sur la qualité de l’emploioccupé. Nous pouvons simplement soulignerque parmi les 78 réfugiés ayant suivi au moinsune formation professionnelle, 19 d’entre

Tableau n° 9

Répartition des formations selon leur durée

Source : Enquête

Durée Effectif

Moins de 1 mois 21 mois 162 mois 153 mois 244 mois 225 mois 136 mois 107 mois et plus 19

Total 121

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eux n’ont pas trouvé d’emploi en lien avec leurspécialité, dont 8 qui n’ont pas trouvé d’emploidu tout. En revanche, 39 ont trouvé un emploien lien avec leur spécialité soit les deux tiersdes personnes concernées.

Les réfugiés statutaires, très demandeurs deformations professionnelles, entretiennentde fortes attentes vis-à-vis de celles-ci. Lavariété des parcours ponctués de formationsne nous indique cependant pas pourquoitelle insertion sera plus rapide et durablequ’une autre. Nous constatons cependantque les formations ayant débouché sur unmétier en lien avec la spécialité sont, la plupartdu temps, celles qui ont préparé les réfugiésaux métiers dits sous tension (voir la liste,annexe 10). Il s’agit entre autres des métiersd’aide-soignante, d’auxiliaire de vie, d’aide àdomicile, de garde d’enfants, de femme deménage, d’agent de sécurité, d’employé dela restauration collective, de cariste, demagasinier, d’hôtesse de caisse ou encore detourneur fraiseur. « Les métiers sous tensionne sont pas populaires chez les personnes ayantfait leur éducation en France, nous indiqueun autre conseiller. C’est pourquoi on arriveà placer les réfugiés dans les secteurs quiconnaissent des difficultés de recrutement. Maisla réglementation pour des métiers commeagent de sécurité ou aide-soignante est devenuebeaucoup plus exigeante. Les réfugiés sont doncobligés de passer par une qualification reconnue. »

Les quelques exemples suivants permettent deresituer le rôle de la formation professionnelledans le processus d’insertion des personnes.Satisfaits ou insatisfaits, lancés sur un projetd’évolution ou alors résignés, les réfugiésl’ont intégré dans tous les cas comme unevariable stratégique de leur parcours.

« Un diplôme à présenter aux employeurs »

Monsieur Ga. était chauffeur mécanicienqualifié au Congo-Brazzaville, mais sansdiplôme. Reconnu réfugié en octobre 2003,il fait part de son besoin de formation :

« J’ai commencé dans une entreprised’insertion avec un CDD d’un an pourfaire de la préparation de voitures neuveset d’occasion. Parallèlement, je suivais uneformation FLE après le boulot dans lamême entreprise d’insertion pour apprendreà lire et à écrire. C’était deux heures parsemaine. Après le CDD, j’ai demandé auxAssedic une formation pour le métier dechauffeur mécanicien car je n’avais pas leCAP15. J’ai beaucoup lutté. Mais je n’ai paseu la formation et je me suis présenté àl’aéroport sur les conseils d’un ami. J’aiété embauché pour faire le nettoyage desavions. Je conduisais aussi les camions.Mais la société est tombée en faillite. Depuisje travaille à Chronopost en intérim, jetrie le courrier. La formation, c’est trèsimportant, même si je sais comment ça sepasse sur le marché du travail en France.Dans ma vie, j’ai tout fait comme boulots.Je suis très bon dans la pratique, je suisun travailleur polyvalent mais je n’ai pasfait l’école, je n’ai pas la théorie. Commeje suis en France, il me faut un diplôme àprésenter aux employeurs. J’ai besoin d’uneformation, même dans le nettoyage. »

« Tu accumules des formations mais tu n’arrives pas à travailler »

Monsieur Bc. était commerçant en Mauritanie.Après avoir suivi une formation, il porte un regard amer sur les difficultés à trouver du travail.

15 Certificat d’Aptitude Professionnelle.

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29France Terre d’Asile

« On m’a conseillé de suivre une formationd’employé de libre service-caisse lorsquej’ai obtenu le statut. Pendant la formation,il y avait une évaluation sur le lieu destage. J’ai fait un stage dans les rayonsd’un magasin mais ils n’ont pas voulu memettre à la caisse, ils avaient des craintes.Ensuite, j’ai passé un test pour travailler dansun magasin Ed mais je n’avais que la carteprovisoire de 6 mois et quand j’ai eu lacarte de 10 ans, ils ne m’ont pas pris.Donc j’ai décroché un CES16 "Espacesverts". J’ai travaillé pendant un an. Cen’était pas le métier que je voulais fairemais je l’ai pris malgré moi. Aujourd’huije suis au chômage et je suis bloqué, jen’arrive pas à trouver de travail, le marchéest bloqué. Je n’aime pas rester les brascroisés, c’est mauvais. Le métier que j’aime,c’est la vente ; les espaces verts ce n’était pasun choix. Avec une formation j’ai pensétrouver plus facilement un emploi. Ilfaudrait faire des formations qui débouchentsur quelque chose, sur un CDI. En fait, tuaccumules des formations mais tu n’arrivespas à travailler, ça ne vaut plus la peine. »

« Aujourd’hui je vis comme tout le monde »

Madame Nb. était étudiante au Burundi.Reconnue réfugié en avril 2003, sa formationlui a permis de trouver un emploi stable.

« Lorsque j’ai été reconnue réfugié, j’aifait une série de formations. J’ai commencépar un bilan de compétences à l’ANPE,ensuite j’ai fait une formation debureautique-informatique, puis de caissière.Ensuite j’ai fait un stage comme caissièreà ATAC et aujourd’hui je suis en CDI.Aujourd’hui je vis comme tout le monde,j’ai mon salaire à la fin du mois. Bientôt,

cela fera deux ans que je suis dans la mêmeentreprise. Je pense demander un CIF17

pour faire une formation en secrétariatmédical ou alors apprendre l’anglais pourme remettre au tourisme, ce qui correspondà ma formation initiale. »

« Je n’ai pas trouvé de travail dans mon domaine »

Monsieur Dc. était instituteur en Maurita-nie. Reconnu réfugié en novembre 2003, iln’a pas trouvé de travail en lien avec saformation.

« Quand j’ai eu mon statut, j’ai travailléen intérim dans une fonderie pendant unmois, j’étais agent de production. Ensuite,par l’intermédiaire de l’ANPE, j’ai fait unbilan de compétences. J’ai passé un test àl’AFPA18 pour faire une formation enmédiation sociale. Je l’ai obtenue. C’étaitune formation rémunérée qui a duré 7mois. J’étais en stage en alternance auSecours Populaire. Après ça, je n’ai pastrouvé de travail dans le domaine. J’aicherché partout, dans les PLIE19, les régiesde quartier, les structures sociales,l’hébergement d’urgence aussi. Je n’arrivepas à comprendre, ça me laisse perplexe. Iln’y a pas assez d’offres dans ce domaine etles entreprises ont peur de nous recruter. Ducoup, j’ai fait plein d’autres choses : agentde production, agent de flux, du nettoyageindustriel… »

16 Contrat Emploi Solidarité.17 Congé Individuel de Formation.18 Association nationale pour la FormationProfessionnelle des Adultes.

19 Plan Local pour l’Insertion et l’Emploi.

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Outre ces formations, les réfugiés connaissentgénéralement des périodes de chômage oud’inactivité avant d’accéder à l’emploi. Nousallons nous intéresser à ces périodes dans lapartie suivante.

B. Le chômage et l’inactivité, des périodes récurrentes et fragmentées

La place du chômage et de l’inactivité dans leparcours des réfugiés mérite aussi d’êtreétudiée. En général, le temps au chômage secalcule en mois et se rapporte à l’anciennetéd’inscription à l’Agence Nationale pourl’Emploi (ANPE). Dans le cadre de cetteenquête, nous avons considéré commechômeurs les réfugiés qui se déclaraient enrecherche active d’emploi (sans vérifier s’ilsétaient ou non considérés comme chômeursau sens de l’ANPE) et comme inactifs lespersonnes sans emploi qui ne s’inscrivaientpas dans une recherche active d’emploi. Nousavons repris les catégories couramment utiliséesde chômage de longue durée (depuis plus de12 mois) et de chômage de très longue durée(depuis plus de 24 mois).

1. La place du chômage dans les parcours d’insertion

L’analyse porte ici sur 201 périodes dechômage observées sur l’ensemble des parcoursdes réfugiés interrogés20. Parmi celles-ci, 85(soit 42 %) sont des périodes qui ont durémoins de 3 mois. La part des périodes dechômage ayant duré plus d’un an estrelativement faible. En effet, dans seulement7 % des cas, les réfugiés sont au chômagependant plus d’un an de suite.

Plusieurs périodes de chômage dans un parcours

Il faut néanmoins être prudent. L’analyse despériodes de chômage de tous les individusde l’enquête masque le fait qu’un réfugié peutconnaître plusieurs fois le chômage dans sonparcours. Ainsi, un réfugié qui déclare avoirété trois fois au chômage, et chaque foispendant 6 mois (trois périodes de chômagede 6 mois chacune), aura été au total 18 moisen recherche d’emploi sur la période étudiée.Cette information relative à chaque individupeut donner une idée de l’importance duchômage dans les parcours des réfugiés.

L’expérience du chômage est très diversifiée :personne qui alterne chômage et emplois (enintérim, en CDD, ou à l’occasion deremplacements ponctuels), personne toujoursau chômage sauf le temps d’un premieremploi, personne qui a fini par trouver unemploi après un laps de temps chômé très

20 Un réfugié peut avoir été trois fois au chômage depuisl’obtention de son statut, il aura alors renseigné troisséquences dont nous analysons ici les caractéristiques.

Tableau n° 10

Répartition des périodes de chômage selon leur durée

* Périodes de chômage des 100 réfugiés Source : Enquête

Durée des périodes de chômage Effectif

Moins de 3 mois 85De 4 à 6 mois 54De 7 à 12 mois 47De 13 à 18 mois 7De 19 à 24 mois 425 mois et plus 4

Total 201*

Idem précé-dents

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long, etc. Etudier les périodes de chômagesans prendre en compte la totalité du parcoursmasque le fait qu’un réfugié peut alternerpériodes d’emploi, de formation, d’inactivitéet de chômage dans son parcours. Ainsi, ilfaut adopter une vision globale, dynamique.

Quand on analyse les parcours des 45personnes ayant été au chômage plus d’unan au total, on constate qu’elles peuventavoir renseigné jusqu’à six séquences distincteset avoir été au chômage à trois momentsdifférents de leur parcours. Une proportionnon négligeable de ces personnes (42,22 %)a connu un parcours chaotique, une insertionprofessionnelle par étapes, par aller-retourentre emploi et non-emploi.

D’autres personnes connaissent aussi delongues périodes de chômage, sans interruptionpar des périodes d’emploi. A titre d’exemple,rappelons que parmi les 35 réfugiés quidéclarent être au chômage à la date de l’enquête,6 sont au chômage depuis plus de 12 mois dont3 depuis 24 mois.

Par ailleurs, dire qu’une personne a été 6mois au chômage depuis qu’elle a été reconnueréfugié est une information à relativiser. Eneffet, tout dépend du temps qui s’est écoulédepuis l’obtention de son statut à la date del’enquête. Si la personne a son statut, et est doncautorisée à travailler, depuis 2 ans, on pourradire qu’elle a été peu au chômage sur la périodeanalysée (6 mois sur 24 soit un quart dutemps). A l’inverse si la personne a le droit detravailler depuis 7 mois, elle aura été la majoritédu temps étudié au chômage (6 mois sur 7).

Ainsi, en rapportant le temps passé au chômageau temps écoulé depuis l’obtention du statut

(voir annexe 8), nous constatons que 31 % desréfugiés ont passé plus de la moitié de leurparcours au chômage, quelle que soit la duréedu parcours. D’autre part, nous observonsque les réfugiés enquêtés passent en moyenne39 % du temps étudié au chômage.

La part du chômage dans le parcours est doncrelativement élevée contrairement à ce que l’onpouvait penser en analysant les durées dechaque période de chômage.

Les occupations pendant le chômage

Dans certains cas, les personnes profitent deleurs périodes de chômage pour suivre uneformation non rémunérée qui ne les empêchepas d’être disponible à tout moment pouroccuper un éventuel emploi : formationslinguistiques à temps partiel ou en cours dusoir, formations professionnelles très ponctuelleset non rémunérées (sécurité incendie parexemple), bilans de compétences.

Dans d’autres cas, les périodes de chômagecorrespondent à des moments où les réfugiéspeuvent avoir effectué quelques missionsd’intérim très ponctuelles, et qui en termesde durée ne sont pas majoritaires dans lapériode. Ainsi, dans 16 cas, les réfugiés déclarentavoir travaillé en intérim ou sans contrat defaçon très ponctuelle pendant la période dechômage et avoir aussi recherché activementun emploi.

Le chômage des étrangers

Les réfugiés qui connaissent un chômagefragmenté et récurrent se rapprochent, dansune certaine mesure, des étrangers pourqui le taux de chômage, en 2003, étaitdeux fois plus élevé que pour les autres

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2. Le vécu du chômage

L’expérience du chômage est généralement malvécue par les réfugiés. Elle va souvent de pairavec la dépendance aux allocations ou autresrevenus de substitution, la difficulté à tenir sonrôle de parent, la perte d’estime de soi etl’isolement social.

Les réfugiés ne sont pas très diserts sur lesallocations qu’ils perçoivent. Monsieur V.réfugié d’origine mauritanienne, statutairedepuis 2003, nous confie : « Je n’aime pastoucher le chômage.» Comme lui, d’autrespersonnes en emploi paraissent fières de ne

pas, ou plus, dépendre des allocations chômage.C’est le cas de Monsieur M. et de Madame Ba. :

«Je suis très satisfait parce que premièrechose : je travaille. J’ai pas besoin dedemander à l’ANPE. Je gagne pas beaucoupmais je peux acheter des choses pour lesenfants», Monsieur M., réfugié d’originerusse, statutaire depuis 2003.«Depuis que j’ai le statut, j’ai toujourstravaillé. Je n’ai jamais mangé ni le chômage,ni le RMI. Je travaille depuis presque quatreans», Madame Ba., réfugiée d’originecongolaise, statutaire depuis 2002.

L’isolement que les réfugiés connaissentpendant les périodes de chômage ressortsouvent dans leurs discours. Monsieur Ka.,réfugié d’origine centrafricaine, statutairedepuis 2003, dit se sentir «un peu bloqué» etajoute : «à un moment cela allait mieux carj’avais une occupation.» C’est la même chosepour Madame Dc., réfugiée d’origine haïtienne,statutaire depuis 2003 : «Comme je ne travaillepas, je m’ennuie, je reste à la maison.»

Enfin, le chômage place parfois les réfugiésdans des situations inextricables, une sorte decercle vicieux que décrit , Madame Na., réfugiéed’origine angolaise, statutaire depuis 2003 :

«Etre tout le temps à l’hôtel avec lesenfants, c’est difficile, mais comment avoirun logement si tu n’as pas de travail ?Pareil, pour faire une formation, on tedit qu’il te faut un travail. En plus, je n’aipas eu de chance car le foyer où j’étaisavant l’hôtel, la Sonacotra, était en conflitavec l’ANPE. Le foyer disait qu’il fallaitque je travaille sinon je ne pouvais pasrester, que les cours de français ne

demandeurs d’emplois (19,1 % contre9,2). Dans une étude récente menée parl’Observatoire de l’ANPE, il apparaît queles demandeurs d’emplois étrangers sontmoins souvent en situation de chômagede longue durée en continu au cours dedouze mois. Au contraire, leur parcoursest marqué par des « allers-retours »beaucoup plus fréquents entre chômageet non-chômage. Ainsi, leur durée cumuléeau chômage sur une longue période est,en moyenne, supérieure à celle des Français.Pour autant, lorsqu’ils quittent la listedes demandeurs d’emplois, c’est plusrarement pour avoir repris un emploi(un tiers des étrangers contre la moitié desFrançais) mais plutôt pour d’autres motifscomme un défaut d’actualisation sur la listedes inscrits à l’ANPE, une entrée enformation... Enfin, signalons qu’un étrangersur dix cesse d’être inscrit pour un défautde titre de séjour.

Observatoire de l’ANPE, Les demandeurs d’emplois étrangers, mars 2005.

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rapportaient pas d’argent. L’ANPE disaitqu’il fallait que je suive une formationen français, puis une formation pourapprendre un métier pour ensuite travailler.Aujourd’hui, je suis toujours à l’hôtel .»

Les personnes interrogées qui sont au chômagedepuis de nombreux mois semblent parfoisêtre dans une sorte d’impasse dans leurparcours d’insertion. La plupart des réfugiésau chômage depuis plus de 12 mois à la datede l’enquête maîtrise très mal la languefrançaise, en particulier à l’oral. Ces personnessemblent ne pas savoir dans quelle directionchercher du travail ou se former et, hormisquelques tentatives, elles n’ont pas réellementmené d’actions concrètes de recherched’emploi. Certaines n’ont quasiment jamaistravaillé, d’autres souffrent d’un grandisolement et vivent en foyer ou à l’hôtel.

Quelques réfugiés restent tout de mêmeoptimistes même s’ils sont au chômagecomme Monsieur Ga. qui a confiance enl’avenir :

«Je vis à l’hôtel avec mes deux enfants. Jepaie l’hôtel moi-même avec les Assedic. Masituation a dégringolé mais maintenantque j’ai la nationalité, j’ai tous les horizonsouverts», Monsieur Ga., réfugié d’originecongolaise, statutaire depuis 2003.

3. L’inactivité

Les périodes d’inactivité recensées dansl’enquête sont assez courtes (voir annexe8). En outre, elles ne sont pas fréquentesdans les parcours des individus interrogés,contrairement aux périodes de chômage.Ainsi, seules 17 personnes déclarent avoirété inactives depuis l’obtention de leur statut.

Tableau n° 11

Raisons d’inactivité des 100 réfugiés

Source : Enquête

Raisons d’inactivité Effectif

Maternité/santé 8Attente de documents d’état civil 4Attente de formation/résultat de concours/attente d’un emploi

3

Voyage à l'étranger 2Jamais inactif 83

Total 100

Les retards dans la délivrance des documents d’état-civil

Au moment de l’octroi du statut deréfugié, certains blocages administratifsviennent entraver les démarches desréfugiés. En effet, on observe souvent unedéconnexion entre l’accès au séjouret l’accès aux droits sociaux. Le dépôtd’une demande de carte de résident estsoumis à la simple présentation desdocuments d’état civil délivrés par l’Ofpra.Néanmoins les délais pour éditer cesderniers demeurent sensiblement longs, etce malgré la suppression du certificat deréfugié le 1er janvier 2004.

Lors du dépôt de la demande de carte derésident, les réfugiés se voient délivrer unrécépissé. Celui-ci permet, entre autres,de bénéficier du RMI. Or, certainespréfectures et agents administratifs tardentà mettre en œuvre les nouvelles dispositionsde la loi et demandent parfois des piècesjustificatives supplémentaires.

La présentation d’un récépissé au lieud’une carte de résident peut créer unimpact psychologique négatif chezd’éventuels employeurs, réticents àembaucher une personne munie d’une

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C. La recherche d’emploi, un exercice délicat

1. Les démarches entreprises

Pour mieux comprendre les parcoursprofessionnels des réfugiés, nous les avonsinterrogés sur les démarches qu’ils ont effectuéespour trouver du travail.

La démarche la plus fréquemment mise enœuvre par les réfugiés interviewés estl’inscription à l’ANPE. Dans ce cas précis, ilpeut y avoir une confusion entre formalité etvéritable démarche de recherche d’emploi.En effet, de nombreuses personnes s’inscriventà l’ANPE car c’est une condition au versementdes indemnités de chômage et non pour venirréellement consulter des annonces dans leslocaux de leur agence locale pour l’emploi.

La réponse à des annonces et les candidaturesspontanées constituent ensuite les deux typesde démarche les plus fréquemment usités,d’après la déclaration des personnes (ellesconcernent respectivement 83 % et 71 % desréfugiés interrogés).

La moitié des interviewés sollicite égalementson entourage ou passent par des agencesd’intérim pour trouver un emploi. Les autresmodes de recherche sont négligeables et lerecours à l’Agence Pour l’Emploi des Cadres(APEC), y compris pour les diplômés, n’aquasiment jamais lieu…

Si l’effort déployé dans la recherche d’unemploi varie d’une personne à l’autre, certainsréfugiés se sont particulièrement investis danscette recherche :

«J’ai envoyé plus de 500 CV, j’allais tousles jours à l’ANPE, c’était devenu mamaison, j’achetais les journaux, je merendais à mon école de formation, jefaisais du démarchage direct auprès desentreprises… Mais on ne me répondaitpas, les adresses étaient erronées, les annoncesinternet bidons… Ça m’a coûté beaucoupen timbres», Monsieur Kb., réfugié d’origineguinéenne, statutaire depuis 2003.

En outre, il ne semble pas y avoir de différencemarquée entre les sexes quant aux principalesdémarches de recherche d’emploi, si ce n’estpour le recours aux agences d’intérim. Peut-être faut-il y voir un effet de la «divisionsexuelle» des rôles professionnels. Les hommes,travaillant surtout dans l’industrie et la sécurité,ont plus souvent recours aux agences d’intérimqui proposent des contrats dans ces secteurs.En revanche, les femmes, occupant plussouvent des emplois comme aide à domicile

autorisation de séjour provisoire. C’estaussi le cas pour certains centres deformation qui refusent d’intégrer unstagiaire dont le titre de séjour aura expiréavant la fin de l’action de formation.

Il arrive également que certains servicessociaux rejettent le dépôt d’une demandede RMI par les réfugiés, sous prétexte qu’ilsne remplissent pas les conditions liées auséjour imposées aux autres étrangers.

Enfin, la réduction de six à trois mois dela durée de validité des récépissés a posé,au moment de son entrée en vigueur, desproblèmes au niveau des prestationsfamiliales. En effet, certaines caissesd’allocations familiales n’acceptaientd’instruire et de valider que les dossiers desréfugiés disposant d’un récépissé valableau moins six mois.

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et à la personne, trouvent leurs emplois parle biais d’entreprises spécialisées dans ce genrede services.

De même, le niveau de diplôme ne semblepas jouer sur les stratégies de recherche d’emploi.Simplement, les personnes ayant suivi desétudes supérieures semblent répondre à desannonces et envoyer des candidatures spontanéesun peu plus fréquemment que les autres.

On notera enfin qu’il est difficile de mesurerl’efficacité des démarches entreprises. Eneffet, les réfugiés explicitent les démarcheseffectuées et non celles qui leur ont effectivementpermis de trouver du travail. Les démarchessont en général menées simultanément commepar exemple la réponse à une annonce appuyéepar une recommandation auprès de l’employeurpar une personne de l’entourage.

2. Les métiers recherchés

Les parcours d’insertion professionnelle passentpar la mise en place d’un projet adapté auxréalités du pays en tenant compte despotentialités des réfugiés. C’est avec le conseillerque ceux-ci se construisent. Cependant, iln’est pas aisé de parler ni même d’élaborer unprojet professionnel pour des personnes ayantobtenu le statut de réfugié récemment. Eneffet, elles ont rarement eu l’occasion de sepréparer à cette question au cours de leurdemande d’asile. Par ailleurs, la situationd’urgence et notamment d’errance résidentielleoblige bien souvent les chargés d’insertion àrevoir «à la baisse» les ambitions des réfugiésqu’ils accompagnent.

Au moment de l’accompagnement, les réfugiésfont part des métiers qu’ils espèrent occuperen France. Nous avons observé (à l’aide desdonnées de la base Intégration) que ces

Les secteurs de recherche d’emploides étrangers

Dans un cadre plus large, l’Observatoirede l’ANPE proposait en 2005 une analysedes métiers recherchés par les demandeursd’emplois étrangers. Cette publication décritla population des demandeurs d’emplois denationalité étrangère en comparaison aveccelle des Français, la nationalité étant celleenregistrée lors de l’inscription à l’Agence.Les résultats de cette étude sont d’autant plusintéressants qu’une partie des réfugiésinterrogés faisait partie de la populationétudiée par l’ANPE.

Il apparaît que les métiers recherchés par lesdemandeurs d’emplois étrangers sont moinsvariés que ceux recherchés par les Français.«Près du quart des hommes étrangersinscrits au chômage en décembre 2004recherche un emploi dans les domaines dubâtiment, des travaux publics et del’extraction (ouvrier en maçonnerie, assistantde travaux publics ou de gros œuvre, peintreen bâtiment) contre moins d’un sur dix

métiers sont rarement proches de ceux queles réfugiés exerçaient dans leur pays d’origineet que les aspirations sont ajustées pourpouvoir trouver rapidement un emploi.Dans l’échantillon, d’où ont été tirés les 100réfugiés interrogés, les métiers les plusrecherchés faisaient tous partie des métiersdits sous tension.

Ces souhaits, exprimés en début de parcours,ne semblent pas beaucoup évoluer au coursdu temps. L’efficacité prime chez les 100réfugiés que nous avons interrogés alorsmême qu’ils déclarent rencontrer un certainnombre de difficultés au cours de leurrecherche d’emploi.

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3. Les obstacles à surmonter

Les trois difficultés les plus fréquemmentrencontrées par les réfugiés sont : le manqued’expérience en France et/ou de qualificationsadéquates, la discrimination liée à l’origineétrangère et la maîtrise du français.

Les difficultés évoquées permettent de mesurerl’importance des barrières que les réfugiésestiment devoir surmonter pour trouver unemploi. Elles sont souvent expriméesspontanément lors de l’entretien. En voiciquelques exemples.

Le manque d’expérience professionnelleou de références

On reproche à beaucoup de réfugiés leurmanque d’expérience professionnelle dansle domaine où ils recherchent un emploi.C’est une des premières choses qui explique,selon eux, les difficultés qu’ils ont à trouverun emploi.

«Quand tu déposes ton CV et ta lettre demotivation, il y a des gens qui ne te répondentpas. Quand tu vas à l’entretien, ils disent quetu n’as pas d’expérience et ils te demandentdes certificats de travail », Madame Ab.,réfugiée d’origine mauritanienne, statutairedepuis 2004.

«J’ai pu difficilement faire valider monpermis de conduire alors que j’en avaisbesoin pour trouver du travail. Ça a pris7 mois. En plus, quand j’ai cherché dansle trafic aéroportuaire, on m’a reprochémon manque d’expérience en France»,Monsieur Tb., réfugié d’originecamerounaise, statutaire depuis 2003.

Il faudrait même pouvoir attester d’une expérienceen France, ce qui est difficile dans le casdes personnes reconnues réfugié depuis peu.

Monsieur I., d’origine mauritanienne,statutaire depuis 2003, indique : «Quandtu es depuis quelques mois en France, c’estdifficile quand ils demandent au moinstrois ans d’expérience.»

L’insertion professionnelle des réfugiés comparable à celles des jeunes actifs

Comme pour les jeunes actifs, on reprochesouvent aux réfugiés leur manqued’expérience professionnelle. Ils sont doncproches des jeunes actifs français en cesens qu’ils sont des «nouveaux arrivés» surle marché du travail français. Ils rencontrentsans doute le même genre de difficultés audébut de leur parcours.

Selon une étude récente de l’INSEE, laprobabilité pour les jeunes actifs d’être

parmi les Français. Ils postulent aussi plusfréquemment dans les services aux entrepriseset aux collectivités (comme agent de sécuritéou de surveillance, nettoyeur de locaux oude surfaces), ainsi que dans la restauration.»

Il en est de même pour les femmesétrangères : «plus de la moitié de [leur]demande d’emploi […] porte sur troisdomaines professionnels : les services auxpersonnes (employé de ménage à domicile,agent de service en collectivité, intervenantauprès d’enfant ou intervenant à domicile),les services aux entreprises et aux collectivités(nettoyeur de locaux ou de surfaces) et lesservices administratifs.»

Observatoire de l’ANPE, Les demandeurs d’emplois étrangers, mars 2005.

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comme j’ai la peau noire. Il faudrait quandmême recevoir les gens, voir leur savoir-faire»,Monsieur Bc., d’origine mauritanienne,statutaire depuis 2004.

Pour Monsieur Db., la discrimination enraison de l’origine est une barrière pourobtenir un entretien. Une fois cette barrièrefranchie, et l’échange établi avec l’employeur,il est plus simple de lui inspirer confiancevoire d’être embauché :

«J’ai vécu le racisme depuis mon enfanceen Mauritanie. Sur mon CV il y amarqué que j’ai travaillé en Tunisie,en Libye, au Sénégal, peut-être que çaeffraie les employeurs. Mais une foisque j’ai le premier contact après ça va,je sais ce que je vaux, je sais me vendre.Le problème c’est juste d’obtenir unpremier rendez-vous. Heureusementmon formateur de l’AFPA merecommande auprès des entreprises», Monsieur Db., réfugié d’originemauritanienne, statutaire depuis 2003.

La discrimination dite « légale » est aussiévoquée et les réfugiés pensent pouvoir trouverplus facilement du travail en devenant français,ce qui leur permettra de postuler aux emploisréservés aux nationaux.

Les discriminations à l’embauche

La discrimination à l’embauche liée à l’origineétrangère est très souvent évoquée par lesréfugiés, de manière plus ou moins directe.Le racisme est parfois une explication àl’absence de réponses aux candidatures et,d’autres fois, une expérience avérée ettraumatisante.

«Les gens passent des annonces mais quandon se présente ils ne nous prennent pas.C’est délicat d’en parler mais il y a un peude racisme », Madame Da., réfugiéed’origine guinéenne, statutaire depuis2003.

«En intérim, ils recherchaient un cariste,même débutant. Quand le directeur m’a vu,ma couleur de peau, il ne m’a pas faitrentrer. Un autre, blanc, arrive et il le faitrentrer, lui demande son CV. Il ne merappelle pas. On prend plutôt les Blancs,même en intérim», Monsieur F., réfugiéde Guinée, statutaire depuis 2003.

« Il y a du racisme, on ne veut pas merecevoir quand on reconnaît mon accent,

au chômage en début de vie active a aug-menté tandis que chutait celle de travaillersous CDI, à l’exception des diplômés dusupérieur long : en mars 2002, le taux dechômage pour les personnes rentrées ré-cemment sur le marché du travail attei-gnait 16 % (alors qu’il n’est que de 7 %pour les personnes plus expérimentées).Les jeunes actifs sont, en outre, particuliè-rement concernés par les contrats courts(temporaires ou aidés). Ces contratsconcernent un débutant sur trois.

GIVORD P., «Formes particulières d’emploiet d’insertion des jeunes»,

Economie et statistique, n°388-389, juin 2006.

La naturalisation comme stratégied’accès à l’emploi

Quelques interviewés ont évoqué unedemande de naturalisation avec commeobjectif, entre autres, d’accéder à desemplois réservés aux nationaux et debénéficier d’un traitement équitable faceà l’emploi. Deux chercheurs de l’INSEEont récemment mis en évidence que la

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Enfin, la discrimination liée à l’âge, qui neconcerne potentiellement que peu des réfugiésinterrogés (puisque majoritairement jeunes),est tout de même évoquée :

«Dans les agences d’intérim, ils cherchentdes gens qui ont maximum 30 ans. Je suis

né en 1960. Je suis dans le pétrin de l’asiledepuis plusieurs années, et maintenant ilsme trouvent trop vieux. En plus ils demandentdes certificats de travail, même dans l’intérim.Quand tu n’as pas de preuves de travail,les gens sont réticents», Monsieur J., réfugiéde Mauritanie, statutaire depuis 2002.

Le manque de maîtrise de la langue

Parler français semble être une conditionnécessaire, bien que non suffisante, pourtrouver du travail en France. Le manque demaîtrise de la langue pose problème pourrépondre à des annonces ou se rendre à unentretien d’embauche mais aussi pour conserverson emploi :

«A l’ANPE, on me disait toujours que jene parlais pas assez bien français», MadameCa., réfugiée d’origine albanaise, statutairedepuis 2003.

«J’ai du mal à démarcher directement lesentreprises ou à aller aux entretiens carj’ai des problèmes en français. La plupartdu temps, les employeurs ne rappellentpas», Monsieur R., originaire d’Albanie,statutaire depuis 2003.

«Si je pouvais parler français, je sauraismieux me défendre, mieux négocier monsalaire», Monsieur G., d’origine indienne,statutaire depuis 2002.

«Au début, j’ai cherché mais j’avais desproblèmes pour parler français. J’ai trouvéun travail comme femme de ménage chezun particulier, j’avais un CDI. J’ai duarrêter pendant la période d’essai parceque je ne comprenais pas le travail qu’onme donnait à faire. Mon diplôme n’est pas

naturalisation affecte la situation desimmigrés sur le marché du travail etnotamment leur accès à l’emploi. D’une part,l’acquisition de la nationalité française parun immigré a comme conséquencel’élargissement de l’éventail des postesauxquels il peut prétendre, notamment enouvrant l’accès à tous les emplois réservésaux Français. D’autre part, elle permet decontourner des formes de discriminationà l’embauche, que plusieurs étudesempiriques ont mises en évidence (via laméthode du «testing»).

La naturalisation semble alors avoir uneffet positif sur l’emploi, quel que soit leniveau d’éducation, l’âge, le sexe, le statutd’activité, la taille de la commune derésidence. En outre, selon ces chercheurs,la prime liée à la naturalisation seraitbeaucoup plus forte pour les femmes quepour les hommes, en particulier pour lesfemmes venues de Turquie et, dans unemoindre mesure, pour les femmes originairesdu Maghreb. Pour ces dernières, elle passeraitpar une forte incitation à la participationau marché du travail. La naturalisationsemble ainsi avoir un impact très importantsur la situation professionnelle des catégoriesles moins favorisées.

FOUGERE D. et MIRNA S., «L’acquisition de la nationalité française :

quels effets sur l’accès à l’emploi des immigrés ?»,in France, Portrait social 2005-2006, 2006.

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reconnu et c’est surtout la langue qui mepose problème», Madame F., réfugiéed’origine russe, statutaire depuis 2003.

Deux stratégies sont observées chez lespersonnes ayant des problèmes en français :chercher une formation linguistique enpriorité ou ne postuler que pour des emploisqui ne demandent pas une maîtrise parfaitedu français.

Cette seconde stratégie, que semble suivreMonsieur P., réfugié d’origine arménienne,statutaire depuis 2004 («Je recherche du travailmanuel car on n’a pas besoin de parler bienfrançais»), n’est pas vraiment efficace, selonles conseillers d’insertion, qui remarquentque la connaissance du français est de plus enplus souvent demandée, même pour lesemplois très peu qualifiés.

Dans certains cas, comme celui de MonsieurT., la difficulté de la maîtrise du français aété surmontée :

«Ils ont été gentils de me prendre alorsque je ne parlais pas français au début»,Monsieur T., réfugié d’origine tchétchène,statutaire en 2003.

Autres difficultés rencontrées lors de larecherche d’emploi

Les conditions de vie des réfugiés sont parfoisperçues comme un véritable handicap dansla recherche d’emploi. Difficile de chercher dutravail quand on n’a pas de logement fixe.Les situations d’urgence, en particulierrésidentielles, empêchent parfois les réfugiésde se consacrer pleinement à la recherched’emploi. Une fois «stabilisés», ils espèrentpouvoir trouver plus facilement.

Certains évoquent aussi le manqued’opportunités sur le marché du travail local.C’est particulièrement le cas des personnesrésidant en province.

Obtenir l’équivalence des diplômes acquisdans le pays d’origine faciliterait égalementl’accès à l’emploi des réfugiés. Or, la lourdeurdes démarches à entreprendre découragesouvent les réfugiés qui n’ont alors pas depreuves de leurs savoir-faire.

«Comme je n’avais pas de diplôme français,je disais que j’étais électricien. Mais ils neme croyaient pas. Il fallait me mettre surle terrain», Monsieur Y., réfugié d’origineivoirienne.

Les réfugiés interrogés indiquent aussi qu’ilsn’ont pas été satisfaits des services de l’ANPEou des associations auxquelles ils se sontadressés et que le Service Public de l’Emploin’est pas assez efficace pour les sortir duchômage.

Le manque de réseau est évoqué à plusieursreprises, par des personnes nouvellementarrivées en France, tandis que les responsabilitésfamiliales (garde de jeunes enfants enparticulier) sont aussi considérées commeun handicap pour chercher du travail.

Enfin, la méconnaissance du marché du travailou des codes liés à la recherche d’emploi poseproblème, comme l’atteste Madame Bd.,réfugiée d’origine mauritanienne, statutairedepuis 2004 :

«Au début, je ne connaissais pas bien lemarché du travail. Aujourd’hui je sais ceque veulent dire les métiers et quand je lisune annonce ça va, je comprends.»

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Un certain nombre de réfugiés surmontentnéanmoins ces difficultés et accèdent à l’emploi.Nous allons donc maintenant décrire cesemplois, leurs caractéristiques, leur impact surle parcours professionnel des réfugiés et lesattentes qu’ils permettent ou non de satisfaire.

II. Les réfugiés et l’emploi

A. Un accès au premier emploirapide mais provisoire

Pour analyser les parcours professionnels desréfugiés, nous nous sommes interrogés surl’importance du premier emploi, quiconstitue en définitive le premier contact desréfugiés avec le monde du travail en France.Les premières expériences professionnelless’avèrent cruciales pour les réfugiés. C’est àtravers elles qu’ils pourront confronter etquestionner leurs propres représentations deleur devenir professionnel aux réalités dumonde du travail.

Si on a déjà une idée des stratégies mises enœuvre pour trouver ce premier emploi, onpeut d’abord s’interroger sur les activités desréfugiés entre la date d’obtention du statut etleur entrée effective sur le marché du travail.En analysant les parcours, on observe que,dans près de 40 % des cas, avant d’obtenirleur premier emploi, les personnes suiventune ou plusieurs formations (voir annexe 9).Une part équivalente déclare avoir étéuniquement au chômage avant son premieremploi tandis que 12 % n’ont pas attenduavant d’obtenir un emploi.

On peut aussi se demander combien de tempsils mettent à trouver leur premier emploi,par quels emplois ils entament leur parcoursprofessionnel en France et en quoi ce premier

emploi a un impact sur la suite de leurparcours professionnel.

1. Le temps d’accès au premier emploi

Si on observe à quel moment du parcoursintervient le premier emploi, on s’aperçoitqu’en moyenne, les réfugiés interrogés onttrouvé leur premier emploi huit mois etdemi après l’obtention de leur statut.

Certains accèdent plus rapidement à l’emploi.Près de 20 % des personnes interrogéestrouvent leur premier emploi dans le moisqui suit l’obtention de leur statut. D’autresont même commencé à travailler pendant leurdemande d’asile et voient leur contratrenouvelé ou régularisé au moment où ils sontreconnus réfugié.

Au total, la moitié des individus de l’enquêteest en emploi au bout de six mois. Cetterelative rapidité de l’entrée sur le marché dutravail est bien entendu à nuancer par l’analysedu type d’emploi obtenu, du contrat et de ladurée de l’emploi en question.

Dans d’autres cas, l’accès à l’emploi est trèstardif. Ainsi, 23 personnes ont mis entre sixmois et un an à trouver leur premier emploiet 25, plus d’un an.

Une analyse par niveau de formation

Si on distingue les réfugiés interrogés selonle niveau de formation, on s’aperçoit que lesplus diplômés ne trouvent pas spécialementplus rapidement que les autres leur premieremploi (voir annexe 9). Parmi les personnesayant fait des études supérieures, 20 % mettentplus de 18 mois à trouver leur premier emploi.De plus, ils mettent en moyenne 10 mois etdemi à trouver leur premier emploi, tandis que

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les personnes ayant arrêté leurs études aucollège ou au lycée dans leur pays d’originene mettent qu’en moyenne 7 mois à trouver(c’est-à-dire plus rapidement que la moyennede tous les individus interrogés).

Difficile de dire si le niveau scolaire a unimpact sur la rapidité d’accès au premieremploi. Les compétences acquises lors desformations suivies dans le pays d’origine nesont pas directement mobilisables sur lemarché du travail français et ne peuventassurer un accès immédiat à un emploi, unefois le statut de réfugié obtenu.

2. Les caractéristiques du premieremploi

La première relation d’emploi dans laquelles’engagent les réfugiés interrogés n’est pasdistincte de celles qu’ils nouent dans la suitede leur parcours. Les secteurs les plus représentéssont les mêmes que ceux que l’on observesur la totalité du parcours professionnel.

La plupart des premiers contrats signés parles réfugiés interrogés sont des contrats àdurée indéterminée ou à durée déterminée,pour respectivement 31,5 et 29,3 %. Seuls 19 % des premiers emplois sont des emploisen intérim et près de 11 % des emplois aidés.Ces proportions sont comparables à cellesobservées sur la totalité des emplois desréfugiés de l’enquête. Ainsi, il n’y aurait pasvraiment de spécificité du premier emploien termes de contrats.

De plus, si on analyse la durée des premièresrelations d’emploi et dont le contrat aeffectivement pris fin à la date de l’enquête,on observe qu’ils durent en moyenne 4 moiset demi. Les premières relations d’emploi

sont donc très brèves. Le premier contactavec le marché du travail ne semble passynonyme d’une insertion durable, d’unparcours stabilisé, malgré le fait qu’il s’agitsouvent, on l’a vu, de CDI ou de CDD, qui sonta priori des formes relativement stables decontrats de travail.

3. Différents exemples d’accès au premier emploi

Pour illustrer l’impact du premier emploi surla suite du parcours, nous avons étudié deuxpopulations opposées par le temps d’accèsau premier emploi et qui nous ont sembléprésenter un intérêt : d’une part les personnesqui accèdent très vite à leur premier emploi,d’autre part les personnes qui, malgré leursdiplômes, mettent beaucoup de temps àtrouver leur premier emploi en France.

a. Le cas des réfugiés accédantrapidement à l’emploi

Certains réfugiés ont obtenu leur premieremploi dès l’obtention de leur statut. Parmices réfugiés, on peut distinguer deux cas defigure : • des personnes qui, après cette mise à l’em-ploi rapide, ont un parcours professionnelstabilisé et des relations d’emploi durables,• et d’autres qui ont un parcours trèsinstable, amorcé par un premier emploi,certes rapidement obtenu, mais qui dure peude temps et n’est pas suivi par d’autresemplois.

Un premier emploi «tremplin»

Même s’il s’agit d’un emploi en intérim ou «aunoir», le premier emploi obtenu rapidementpréserve les réfugiés de l’expérience duchômage. Après une longue période passée

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en France durant laquelle la situation del’emploi leur est opposable, les réfugiés ontenfin la possibilité de «gagner leur vie». Lepremier emploi obtenu sans période dechômage préalable peut-être vu comme untremplin qui permet aux réfugiés de se sentirplus confiants pour la suite de leur parcourssur le marché du travail français.

C’est le cas de Madame Db., réfugiéedepuis juin 2003, originaire de Guinée,qui raconte : «Avant d’avoir le statut,j’ai travaillé chez des gens qui faisaient unegarde partagée. Je gardais trois enfantssans être déclarée mais comme j’avais unbon contact avec les enfants, ils m’ontgardée quand j’ai eu les papiers. J’aitravaillé chez eux pendant un an encore.Après j’ai été au chômage pendant 6 mois.Mais une amie m’a recommandée dans unhôtel et j’ai trouvé un CDD à temps partielcomme femme de chambre. Je travaille là-bas depuis ce moment, et ils m’ont mêmefait un CDI.»

Un accès rapide à l’emploi sans stabilisation

Cependant, le cas le plus fréquent sembleêtre un accès rapide sans stabilisation duparcours. Ainsi, Madame Ab., réfugiée depuisjuillet 2004, arrivée de Mauritanie, travaillaitpendant sa demande d’asile. Elle a doncdéclaré, dans le cadre de l’enquête, être enemploi le mois même où elle a obtenu sonstatut. Cependant, cet emploi n’a duré que cinqmois après l’obtention du statut et ne lui a paspermis de se stabiliser.

De même, Monsieur Ac., originaire deMauritanie, trouve un emploi dès qu’il estreconnu réfugié, en octobre 2003, mais c’estun emploi saisonnier, voué à ne pas durer.Ensuite, il enchaîne des contrats d’intérim

et, jusqu’à aujourd’hui, il n’a pas trouvé destabilité professionnelle :

«J’ai fait la cueillette des pommes pendant3 mois. C’étaient des contrats renouvelablespar semaine. En décembre, Adecco m’aenvoyé dans une autre ville, pour faire dela manutention, de l’accrochage de volailles.C’était en intérim et ça n’a duré qu’unmois. Je n’ai pas travaillé pendant 2 mois.Après j’ai fait un mois dans une entreprisede fabrication de jus de pommes. C’étaitun CDD de 10 jours. J’avais trouvé ça parune association qui aide les gens qui n’ontpas de travail. Plus tard, j’ai travaillé dansune plantation de melons. J’ai aussi coupédu maïs, fait la cueillette des cerises (unesemaine). Après j’ai travaillé dans unabattoir (en contrat d’intérim avec Adecco)pendant 4 mois. Mais je suis tombé maladeet j’ai été opéré, j’ai dû arrêter le boulot.Ensuite, je suis allé à Paris, et j’ai ététechnicien de surface. Comme je n’avais pasde logement, je n’ai pas duré là-bas. J’ai étéau chômage longtemps. J’ai seulementtrouvé quelque chose avec Adecco maisc’est à 25 km en bus, la nuit, c’est compliqué.J’ai fait ça 15 jours.»

b. Le cas des réfugiés diplômés qui accèdentde façon tardive à l’emploi

Au-delà du déclassement que peuvent subircertains réfugiés ayant suivi des études supé-rieures dans leur pays d’origine (phénomènedont nous parlerons plus loin), l’accès à l’em-ploi n’est pas automatique pour les réfugiés lesplus diplômés. Leurs qualifications ne sontpas toujours reconnues ou transférables enFrance, sans passer par une nouvelle forma-tion. Ils ne maîtrisent pas toujours le fran-çais au moment de l’octroi du statut de réfu-gié et doivent suivre des formations linguis-

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tiques avant de pouvoir prétendre à des postes,même peu qualifiés. Enfin, le temps d’accès àleur premier emploi peut leur paraître d’au-tant plus long qu’ils avaient une situationprofessionnelle stable dans leur pays.

Madame A. a enseigné la biologie enTchétchénie. A son arrivée en France en 2001,elle ne parle pas le français et au moment del’enquête, son niveau de français lui permettout juste de répondre aux questions. Elle atrouvé son premier emploi, en tant que femmede chambre, au bout de deux ans et demi dechômage. Pendant cette période, elle avaitsuivi deux formations linguistiques.

Le parcours de Madame Ca., qui était comptableen Albanie pendant 17 ans, est lui aussi délicat.Formations linguistique et professionnellesont des pré-requis indispensables pour qu’ellepuisse exercer à nouveau dans sa spécialité :

« J’ai commencé, sept mois après avoirobtenu mon statut, une formation enfrançais. Je ne parlais pas du tout la langue.C’était rémunéré et à temps plein. Ensuitej’ai fait une formation de secrétaire aide-comptable de cinq mois, rémunéréeégalement. Puis une autre formation detechnicien comptable. » Cependant,l’urgence économique la pousse à accepterun emploi, où elle utilise très peu sescompétences, près de deux ans aprèsl’obtention de son statut : « J’ai duabandonner ma formation car j’ai trouvéun boulot de caissière chez Fauchon enCDI. C’était une question de survie, onvivait très mal à l’hôtel. On dormait àtrois dans le lit. Il fallait absolument quel’on sorte de cette misère.»

Il existe aussi des trajectoires plus positivescomme celle de Madame Ka. Malgré une

longue période de chômage avant d’accéderà un premier emploi, elle a suivi une formationprofessionnelle qui lui a finalement permisd’exercer à nouveau dans sa spécialité :

Madame Ka. est titulaire d’une maîtrisede sociologie et d’un diplôme d’assis-tante sociale au Rwanda. Après l’obten-tion de son statut, elle a été pendantun an au chômage. «Pendant cette pério-de, j’ai été est bénévole à la Croix-Rouge.Après j’ai eu la chance de pouvoir suivreune formation professionnelle d’assistan-te sociale, payée par le Comité d’Aide et deSoutien aux Intellectuels Réfugiés.Comme j’avais déjà une expérience dansles pays en voie de développement, le diplô-me me permettrait de pratiquer.» Enco-re trois mois au chômage, et MadameKa. trouve un emploi d’assistante socia-le dans un collège, comme contractuel-le. Cela fait deux ans qu’elle est reconnueréfugiée, elle exerce dans son domaineet espère être titularisée.

B. Entre métiers sous tension et déclassement

Outre les premiers emplois occupés par lesréfugiés, il nous faut aussi analyser l’ensembledes emplois décrits dans le cadre de l’enquête21.

1. Des secteurs d’activité restreints

Les métiers qui reviennent le plus souventappartiennent à deux secteurs : le secteur«personnels de services directs aux particuliers»(femmes de chambre, aides à domicile,auxiliaires de vie, gardes d’enfants, serveurs)et le secteur «ouvriers non qualifiés de typeindustriel » (manutentionnaires, ouvriers

21 On en compte 193 pour les 100 réfugiés interrogés.

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du secteur automobile ou informatique,préparateurs de commandes, bagagistes) quiregroupent respectivement 55 et 36 emploisrecensés dans l’enquête.

Viennent ensuite les secteurs «employés civilset agents de service de la fonction publique»(agents hospitaliers, aides soignantes, agentsde restauration collective), «policiers et mili-taires» (qui sont essentiellement des agentsde sécurité) et «ouvriers qualifiés de typeartisanal» (électriciens, cuisiniers-plongeurs,jardiniers, etc.)

Ces métiers font-ils partie des métiers dits« sous tension » ? Pour répondre à cettequestion, nous avons déterminé une liste deces métiers. En nous inspirant de la liste des

* Nombre d’emplois occupés par les 100 réfugiés et décrits au cours de l’enquête. Source : Enquête

Secteur Effectif %

31 - Professions libérales 4 2,07

38 - Ingénieurs et cadres techniques 2 1,04

42 - Professeurs des écoles, instituteurs et assimilés 1 0,52

43 - Professions intermédiaires de la santé et du travail social 2 1,04

47 - Techniciens 1 0,52

52 - Employés civils et agents de service de la fonction publique 18 9,33

53 - Policiers et militaires 16 8,29

54 - Employés administratifs et d’entreprise 3 1,55

55 - Employés de commerce 13 6,74

56 - Personnels des services directs aux particuliers 55 28,50

62 - Ouvriers qualifiés de type industriel 9 4,66

63 - Ouvriers qualifiés de type artisanal 16 8,29

64 - Chauffeurs 3 1,55

65 - Ouvriers qualifiés de la manutention du magasinage et du transport 9 4,66

67 - Ouvriers non qualifiés de type industriel 36 18,65

69 - Ouvriers agricoles 5 2,59

Total 193* 100

Tableau n° 12Répartition des emplois des 100 réfugiéspar secteur d’activité

métiers dits « d’avenir » du ministère del’Emploi, de la Cohésion sociale et du Logementet en la croisant avec d’autres sourcesdisponibles, nous avons sélectionné un certainnombre de métiers (voir annexe 10). Nousavons ensuite comparé cette liste aux métiersoccupés par les réfugiés interrogés.

86 % de l’ensemble des emplois occupés parles réfugiés en France peuvent correspondreà des métiers sous tension. Parmi ces emplois,la moitié appartient au secteur «services auxparticuliers». Il s’agit essentiellement d’emploisd’aide à domicile, d’auxiliaire de vie, de femmede ménage et d’agent de sécurité. Autrementdit, les métiers sous tension sont très fréquentsdans la cohorte mais se concentrent autourd’un nombre restreint de métiers.

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22 AFRIAT C., «Chômage et difficultés de recrutement,une nécessaire prise de conscience au service de laquestion sociale», Pro Asile, n° 14, juin 2006. ChristineAfriat est responsable du groupe «Prospective desmétiers et qualification» du Centre d’AnalyseStratégique.

23 Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité,ANPE et AFPA, Objectif 100 000 emplois. Lutter contreles difficultés de recrutement, février 2004.

Une définition fluctuante des métiers sous tension

D’après le Centre d’Analyse Stratégique,qui a succédé récemment au Commissariatgénéral au Plan, «les métiers sous tensionse caractérisent par le fait que le nombred’offres d’emploi augmente plus rapidement,voire dépasse le nombre de demandesd’emplois.22»

Selon les sources, la liste des secteurs etdes métiers sous tension varie sensiblement.En effet, cette définition s’applique à descontextes susceptibles de varier dans letemps et dans l’espace. On peut observerdes difficultés de recrutement dans unezone géographique mais pas dans uneautre et un métier sous tension à unmoment donné peut, au gré de laconjoncture, cesser de l’être à un autremoment.

Ainsi, en 2004, selon le ministère duTravail, de l’Emploi et de la Solidarité,l’ANPE et l’AFPA, les métiers connaissantle plus de difficultés de recrutement étaientles suivants: maçon, électricien du BTP,cuisinier, conducteur de transport demarchandises, soudeur, serveur enrestauration23. En 2006, le Centre d’AnalyseStratégique dénombre les secteursregroupant des métiers sous tension :l’hôtellerie-restauration et l’alimentation,l’électricité-électronique, le bâtiment, labanque et les assurances, la mécanique etles industries de process.

Difficile donc d’arrêter une liste exhaustive.Dire que les réfugiés sont plus souventembauchés dans ces types de métiers,suppose une comparaison avec une listeactualisée.

2. D’un métier à l’autre

Si on adopte une vision dynamique de l’in-sertion, il convient de s’interroger sur lesparcours des réfugiés dans l’emploi. Ainsi,observe-t-on une évolution dans les métiersoccupés par les réfugiés au cours de leurparcours professionnel en France ? L’emploiqu’ils déclarent occuper à la date de l’enquê-te appartient-il au même secteur que ceuxqu’ils ont occupé auparavant ou de leurpremier emploi ?

Sur les 63 personnes en emploi à la date del’enquête, 42 ont déclaré un premier emploidifférent de celui qu’elles occupentactuellement : ce sont les personnes pourlesquelles on peut observer une évolution.Parmi elles, seules 12 travaillent aujourd’huidans un secteur différent de celui de leurpremier emploi. Ainsi, dans presque troisquart des cas, les personnes occupentaujourd’hui un emploi qui s’apparente aupremier emploi qu’elles ont trouvé en France.On observe une mobilité professionnellemarginale en termes de métiers.

Il est parfois difficile de déterminer dans quellemesure ces changements de secteurs sontsynonymes d’une progression au niveauprofessionnel. Les critères d’ascension à prendreen compte, en plus du métier, sont multiples.Ainsi, une personne qui n’a pas changé desecteur peut avoir vu sa situation professionnelle

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s’améliorer considérablement. Dans certainscas, c’est le contrat qui change et se stabilise,dans d’autres, c’est le temps de travail quicorrespond plus aux attentes de la personneou encore le salaire qui augmente. Lechangement de métier n’est donc pas le seulindicateur d’une mobilité professionnelle.

Néanmoins, pour donner une illustrationdes évolutions observées, voici quelquesexemples de trajectoires d’individus ayantoccupé des métiers distincts en France. Ils’agit de mettre en évidence les implicationsque ces changements ont pu avoir : emploid’attente avant de pouvoir exercer dans saspécialité, changement de secteur liéuniquement à des opportunités d’emploi,dégradation de la situation professionnellepoussant les personnes à accepter n’importequel type d’emploi pour travailler à tout prix,plus grande satisfaction dans l’emploi actuelque dans ceux précédemment occupés.

Des parcours ascendants…

Après quelques mois de chômage, MadameAa., réfugiée originaire du Cameroun, atravaillé comme femme de ménage etcomme opératrice sur machine, en intérim.Aujourd’hui, elle garde des enfants dansdeux familles et se déclare bien plussatisfaite de son emploi.

Madame Nc., réfugiée originaire deRépublique démocratique du Congo, acommencé en remplacement dans un«relais toilette». «C’était un peu dégoû-tant. Après j’ai trouvé un CEC24 dans unemaison de retraite. J’étais agent de servi-ce hospitalier polyvalent, je faisais tout : les

soins, les toilettes, le ménage, la restaura-tion, la distribution des repas, l’aidealimentaire…»

… en passant par des formations…

Comme beaucoup, Madame Mc., elleaussi originaire de République démocratiquedu Congo, a suivi une formation pourtrouver un emploi «plus qualifié». «J’aicommencé comme femme de chambrependant onze mois, au noir. Après j’ai trouvéune formation d’auxiliaire de vie socialeet un stage. Suite à cela, l’association oùj’ai fait mon stage m’a embauchée en CDI.»

Monsieur C., était professeur de sciencessociales en Haïti. Au départ, il a travaillécomme manutentionnaire en intérim. Ila ensuite décidé de suivre une formationcomme agent de sécurité incendie. Depuisplusieurs mois il travaille dans ce domaine,en CDI : «Je suis satisfait car cela mepermet de continuer mes études et j’aichoisi ce métier parce que ça donne unecertaine indépendance, je n’ai pas depatron sur le dos.»

… mais qui cachent souvent undéclassement

Monsieur K., titulaire d’un DEA enphilosophie, a commencé comme agentde surveillance : «Ce genre de travailn’avait rien à voir avec mon profil, ce n’étaitpas intéressant, je perdais mes acquis.» Ildonne aujourd’hui des cours de remise àniveau en français à la RATP. Cette évolutionpourrait sembler positive mais MonsieurK. ne considère pas être employé au niveaude ses compétences : « Je m’en contente,c’est parce que je suis obligé de le faire. »24 Contrat Emploi Consolidé.

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3. Des parcours professionnels quiont débuté dans le pays d’origine

Les parcours professionnels sur lesquels nousnous sommes penchés s’inscrivent dans unehistoire plus longue. Celle-ci comprend parfoisune vie professionnelle dans le pays que lesréfugiés ont quitté et est, dans tous les cas,marquée par l’exil, une rupture, un changementde référentiel, une période de transition.

Malgré ces changements, les métiers occupésen France par les réfugiés que nous avonsinterrogés sont parfois proches de ceux qu’ilsont exercé dans leurs pays d’origine. Dansd’autres cas, les métiers en France n’ont rienà voir avec les compétences professionnellesacquises avant l’exil. Comment les réfugiésvivent-ils les situations de déclassement ou dereconversion professionnelle ? Commentanalysent-ils leur situation actuelle, sur lemarché du travail français, au regard de leurposition professionnelle passée et ont-ils faitle deuil de cette situation passée ?

a. Des situations professionnelles sans rapport avec l’expérienceantérieure

La comparaison entre les métiers occupésdans le pays d’origine et en France posequelques problèmes méthodologiques. D’unepart, les mêmes vocables (commerçant,enseignant…) cachent des réalités différentesen termes de conditions de travail, de statutet de compétences exigées. D’autre part,certains métiers ont disparu en France maisexistent encore dans d’autres pays dontl’économie est plus traditionnelle ou plusrurale. Nous pouvons cependant nous prêterà une comparaison en gardant à l’esprit leslimites que nous venons d’évoquer.

La proximité entre les emplois ou les typesd’activités (enseignement, soins médicaux,etc.) n’est pas le cas de figure le plus fréquent.Ainsi, les réfugiés de la cohorte occupenttrès souvent des métiers sans rapport avec cequ’ils faisaient auparavant. Cela entraîne unsentiment de déclassement, chez les personnesde formation technique ou supérieure qui,dans leur pays, exerçaient un métier leurprocurant un niveau de vie relativementélevé et de la considération sociale. C’est lecas notamment des travailleurs indépendants,des professionnels de la santé, des hautsfonctionnaires ou des professeurs d’universitédont les diplômes ne sont généralement pasreconnus. Voici les éléments d’analyse que nousavons recueilli auprès de Monsieur K. et deMonsieur S., respectivement instituteur etjournaliste dans leurs pays d’origine.

«J’ai suivi des études de philosophie enMauritanie, j’ai eu une maîtrise et puis j’aienseigné le français dans des écoles privées[…] Je suis arrivé en France en 1999 et làje me suis inscrit en DEA de sciences del’éducation et en DEA de philosophie àl’Université de Saint-Denis ; ensuite en2001 je me suis inscrit en thèse dephilosophie. Je suis resté au chômageplusieurs mois, on ne me proposait quedes formations d’agent de sécurité alors quemoi je voulais une formation pour enseigner.Finalement, j’ai travaillé comme agentde surveillance, c’était en CES. Au bout dequelques mois j’ai démissionné, quandvous voyez que vous êtes avec des gens quisavent à peine lire ou écrire, qui ne parlentpas correctement le français, vous vousrendez compte que vous perdez votretemps», Monsieur K., réfugié originairede Mauritanie, statutaire depuis 2003.

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«J’ai été au chômage environ cinq moisaprès mon statut, puis j’ai commencé uneformation pour être administrateur debase de données. C’était rémunéré et àtemps plein, ensuite j’ai fait un stage. Rienà voir avec mon métier de journaliste, maisen France ça me semblait trop difficiled’obtenir un poste. Comme ma recherched’emploi dans l’informatique ne marchaitpas, j’ai moi-même financé une formationd’agent de sécurité incendie pendant deuxsemaines. Grâce à cela j’ai trouvé rapidementun emploi d’agent de sécurité en incendie.Je suis en CDI à temps plein depuis octobre2004 […] Vous pouvez imaginer un bac+4travailler à un niveau qui n’en est pas un,on n’est pas toujours à l’aise, on le faitcompte tenu des circonstances. Personne nepourrait être à l’aise d’être au niveau bac+4et de se retrouver au niveau zéro »,Monsieur S., réfugié originaire duCameroun, statutaire en 2003.

De même, Monsieur Na., réfugié originairedu Congo-Brazzaville, a été professeurde langue et de littérature russe dans sonpays. Aujourd’hui il occupe un poste dechef d’équipe dans une entreprise denettoyage. Il regarde sa situation avec unpeu plus de recul : «Ne pas faire son métierest un manque, mais quand tu n’as pasd’opportunité, il faut bien s’accrocher àquelque chose tout en cherchant à côté.»

b. Un métier en France, proche de celuiexercé dans le pays d’origine

Néanmoins, pour une vingtaine de personnes,on observe une proximité de fait entre lesmétiers exercés dans le pays d’origine et enFrance. Le degré de proximité est variable,il s’agit plutôt de métiers qui ont «un airde famille» :

Monsieur Ma., réfugié statutaire depuis2004, était électricien au Cameroun. EnFrance, il a trouvé un emploi d’électro-technicien : «J’ai eu mon BEP25 d’électricienen 2005. J’avais postulé pour faire quelquechose dans le cadre de ce que j’avais appris.Mais on me reprochait mon manqued’expérience en France. La formation mepermettrait de chercher avec plus de sérénité.Après la formation, j’ai postulé à plusieursendroits mais je n’ai pas trouvé rapidement.J’ai fini par trouver en intérim, enélectrotechnique, chez Renault dans unchantier de rénovation. Ce n’est pas vraimentmon métier.»

Rares sont les personnes qui ont trouvéexactement le métier qu’elles avaient exercéprécédemment (cela concerne sept personnesdans l’enquête). C’est le cas, par exemple,pour un architecte, un électricien, un cuisinieret un tourneur-fraiseur… La proximité entreles métiers d’origine et les métiers en Franceest d’autant plus grande que les métiers exercésdans les pays d’origine appartiennent auxmétiers sous tension en France.

Par ailleurs, certains réfugiés déploient desstratégies pour retrouver leur ancien métier.Il s’agit bien souvent d’une entrée par «la petiteporte» : les personnes commencent à exercerdans leur spécialité en obtenant desautorisations provisoires et en occupant despostes connexes. Ainsi, les infirmières acceptentdes emplois d’aide soignante avant de repasserleur diplôme ou de demander des équivalences.Les limites posées par la réglementation decertaines professions réduisent la possibilité,chez les réfugiés, de faire valoir leurscompétences.

25 Brevet d’Etudes Professionnelles

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Enfin, l’exercice d’un métier, ou d’un typed’activité, proche de celui du pays d’originen’est pas toujours une garantie de satisfaction.Ainsi, Madame Z., réfugiée statutaire depuis2004, qui était infirmière au Rwanda ettravaille aujourd’hui comme aide soignantedéclare : « Je voudrais travailler commeinfirmière, comme avant.»

Certains envisagent même de changerd’orientation bien qu’ils occupent un emploiproche de celui qu’ils avaient dans leur paysd’origine. Les raisons évoquées sont le manquede perspectives ou les conditions de travail etde rémunération actuelles :

Monsieur A., réfugié statutaire depuis2003, était pâtissier au Kosovo : « Jetravaille comme pâtissier dans une entreprisemacédonienne qui vend des spécialitésyougoslaves. C’était mon métier. Je travaillecomme un spécialiste, mais je ne suis pasbien payé. J’aimerais trouver dans lebâtiment parce que ça paie mieux et pourapprendre le français avec d’autres personnesque des Yougoslaves.»

Madame L., originaire de Républiquedémocratique du Congo, statutaire depuis2003, était femme de ménage avantd’arriver en France : «Actuellement, jefais des ménages dans une société d’entretien,on va un peu partout. C’est en CDI maisà temps partiel. Je suis pas vraiment satisfaiteparce que je suis pas assez payée, les heuressupplémentaires ne sont pas comptées, etpuis c’est un métier dur, j’ai des douleursaux genoux. Je le fais parce que je n’ai rientrouvé d’autre, même si, faire le ménage,c’est quelque chose que je connais bien,j’ai toujours fait ça, le principe ça me plaît.Mais c’est dur les ménages, je recherche

26 La question du salaire a été écartée du questionnaire.En effet, les comparaisons de salaires auraient étédifficiles à établir, étant donné la variété des contrats(selon le statut mais aussi le temps de travail). De plus,la prise en compte des revenus de substitution auraitété très imprécise, étant donné le mode d’interrogation(entretien par téléphone et rétroactif soumis aux aléasde la mémoire des personnes interrogées).

quelque chose de mieux payé et à temps plein,dans l’entretien parce que je sais faire,mais aussi ailleurs : pour aider des personnesou dans la restauration.»

C. Prédominance des formesclassiques de contrat et des relations d’emploi brèves

Dans le cadre du questionnaire, les 100 réfugiésont décrit les conditions dans lesquelles ilsétaient embauchés, les caractéristiques desemplois qu’ils ont occupé. Nous nous proposonsde relater dans cette partie les propos desréfugiés concernant les contrats de travail etla durée des relations d’emploi qu’ils ontnouées en France26.

1. Les types de contrat de travail

Plus de 60 % des emplois décrits lors desentretiens correspondent à des formes classiquesde contrats : les contrats à durée indéterminéereprésentent 32 % des contrats et les contratsà durée déterminée, 30 %. Dans 24 % descas, les emplois occupés sont des missionsd’intérim et plus marginalement des emploissaisonniers ou des emplois aidés. Les formesdites «classiques» de contrats de travail sontdonc celles qui reviennent le plus souvent(voir annexe 11).

Les hommes et les femmes semblent avoiraccès dans une proportion comparable auCDI. Dans la cohorte interrogée, sur les

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52 personnes qui ont été au moins une foisen CDI, on dénombre 29 femmes et23 hommes.

L’intérim, en revanche, semble être un typede contrat qui n’exerce pas la même attractionsur tous les individus interrogés. Les femmessont moins souvent en intérim. Seules 4 yont eu recours sur la période étudiée alorsqu’un homme sur deux a travaillé au moinsune fois pour une agence d’intérim. Laremarque formulée à propos des démarchesde recherche d’emploi est encore valable ici.Cette répartition inégale selon le sexe est sansdoute à rapprocher des types de métiersoccupés par les hommes et les femmes, etdont les spécialités sont plus ou moinsfréquentes dans les emplois proposés par lesagences d’intérim.

2. La durée des relations d’emploi

Sur les 193 emplois analysés, plus de la moitiésont des emplois qui ont duré moins de sixmois. Seuls 9 emplois ont duré plus de deuxans et la durée moyenne dans un emploi estde 8 mois.

Pour analyser la durée des relations d’emploi,il peut être pertinent de ne pas tenir comptede celles qui ont cours à la date de l’enquêtecar elles n’ont pas atteint leur terme. Lesprendre en compte reviendrait à comptabiliserun emploi en CDI occupé depuis 6 moiscomme un emploi en intérim qui a duré 6 moiset qui est terminé.

L’analyse, qui porte alors sur les 130 emploisdont les contrats sont effectivement arrivésà leur terme, montre que la durée moyennepassée dans un emploi est de 5 mois et demi.En outre, la moitié de ces emplois dure

moins de trois mois et les trois quarts sontd’une durée inférieure ou égale à 7 mois(voir annexe 11).

Si on distingue les emplois selon le contrat detravail, on ne perçoit pas de grande différence.Quelque soit le type de contrat, les emploisdurent le plus souvent moins de 6 mois : parexemple, 42 emplois en CDD, pour un totalde 51, durent moins de 6 mois (voir annexe 11).Chose étonnante, les CDI ont aussi, la plupartdu temps, une durée relativement courte. Uncontrat à durée indéterminée sur deux estrompu avant six mois de travail. Deuxexplications sont possibles : soit la rupture està l’initiative des employeurs et on ne pourrapas dire que les CDI protègent les salariés, soitles réfugiés mettent fin eux-mêmes aux emploisen CDI, pour des raisons liées aux conditionsde travail ou pour répondre à d’autresopportunités qui s’offrent à eux sur le marchédu travail.

Zoom sur les contrats à durée indéterminéequi ont duré moins de 6 mois

Pour mieux comprendre pourquoi un contratà durée indéterminée a pu se terminerrapidement, nous avons étudié les trajectoiresdes 9 personnes qui ont déclaré avoir occupéun CDI pendant moins de six mois.

C’est le plus souvent la personne elle-mêmequi renonce à l’emploi à cause des conditionsde travail (temps de transport trop long),parce qu’elle ne maîtrise pas bien le françaiset ne peut exécuter le travail correctementou encore pour pouvoir suivre une formationou se consacrer à un autre emploi : «J’étais enCDI à temps partiel, et j’ai trouvé un autretravail en même temps en intérim. Finalement,j’ai laissé tomber le CDI car l’intérim était

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mieux payé», Monsieur V., réfugié originairede Mauritanie. Dans deux cas seulement lescontrats à durée indéterminée ont pris findans le cadre d’un licenciement.

Une exception : les relations d’emploide plus de 18 mois

Même si les relations d’emploi sont le plussouvent brèves, certains réfugiés ont occupédes emplois pendant une période relativementlongue. Ainsi, qu’en est-il des emplois quiont duré plus de 18 mois : satisfaction dessalariés ou situation «faute de mieux» ?

Il semble que la majorité des réfugiés en emploidepuis plus de 18 mois le sont « faute demieux». Un salaire trop faible pour desconditions de travail difficiles, un temps detravail ne correspondant pas aux attentesdes réfugiés et peu d’opportunités pourchanger de secteur, ou même d’emploi : lesdifficultés sont nombreuses, y compris pourdes personnes en emploi depuis plus d’unan et demi.

Madame S., réfugiée d’origine haïtienne,est auxiliaire de vie à temps partiel depuis30 mois et aimerait travailler à tempsplein : «Je n’ai pas assez d’heures, ils ne paientpas assez. J’ai cherché ailleurs. Depuis sixmois, je travaille en plus pour une autreentreprise de services à domicile, à tempspartiel aussi.»

Madame D., réfugiée originaire de Côted’Ivoire, vendeuse depuis deux ans, ajoute :«Au début cela m’a bien dépannée, maisdésormais ce n’est plus le cas. C’est surtoutau niveau de la rémunération. Et puis lemagasin dans lequel je travaille ne m’a

jamais proposé de formation alors quej’aimerais bien me former.»

Certains réfugiés insistent tout de même surla chance qu’ils ont d’avoir un emploi ettrouvent des points positifs à leur situation.

Enfin, si certains occupent le même postedepuis de nombreux mois, et supportent desconditions de travail pénibles, c’est parfoisparce qu’ils considèrent qu’ils ne pourraienttrouver une meilleure situation que cellequ’ils connaissent actuellement. C’est le casde Madame N., aide à domicile depuis unan et demi, qui ne pense pas pouvoir «trouvermieux» car elle n’a pas de formation d’auxiliairede vie. De même, Monsieur Nc. a «cherché auplus facile». Il est agent de sécurité depuisdeux ans car, dit-il, « ça ne demande pasbeaucoup de compétences.»

En plus de ces commentaires relatifs auxrelations de travail d’une durée supérieure à18 mois, on va s’intéresser dans la partiesuivante à l’ensemble des remarques formuléespar les réfugiés à propos de leurs parcoursprofessionnels, à leur opinion sur les emploisqu’ils ont occupés depuis l’obtention de leurstatut. C’est d’ailleurs à partir de ces remarquesque nous allons construire notre typologie.

III. Parcours professionnelset perspectives

Dans cette dernière partie, nous adopteronsd’une part une position rétrospective, enobservant les parcours professionnels desréfugiés de façon globale, et d’autre part uneposition prospective, en relatant les projetsformulés par les réfugiés au moment del’enquête.

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A. Une typologie de parcours

1. Les critères retenus pour établirla typologie

Au-delà d’une analyse du temps passé enemploi ou au chômage, et de la situation desréfugiés sur le marché du travail, l’enquête quenous avons menée permet d’adopter uneperspective longitudinale. Le calendrierprofessionnel recensant mois par mois lesactivités de chaque réfugié (emploi, chômage,formation, inactivité) permet de caractériserles trajectoires suivies par les individus. Plusou moins similaires, ces trajectoires peuventêtre regroupées en fonction de différentscritères. On voit alors se dessiner plusieursgroupes d’individus aux parcours présentantdes caractéristiques proches, une sorte detypologie de parcours.

Des trajectoires homogènes

Deux remarques préalables s’imposent avantla présentation de cette typologie. D’unepart, on peut noter que les trajectoires desréfugiés, une fois arrivés en France sontparticulièrement homogènes, si on les compareaux parcours professionnels effectués dans lespays d’origine qui sont très disparates. Enamont, avant l’arrivée en France, les situationssont variées et en aval, on observe unrapprochement des parcours. Il s’agit doncde déterminer les éléments qui différencientces parcours, alors même qu’ils pourraientparaître homogènes dans le cadre d’unéchantillon plus vaste mêlant des réfugiés etd’autres personnes en insertion.

D’autre part, il faut aussi tenir compte dufait que la sélection des individus à partir del’échantillon de départ n’a pas été totalementaléatoire. Les réfugiés interrogés par téléphone

ont tous été suivis par une structure de FranceTerre d’Asile. De plus, leur accompagnements’est terminé car ils avaient trouvé un emploiou une formation. Ainsi, leurs trajectoiresapparaîtraient sans doute assez homogènes sion les comparait à celles de personnes plusdurablement éloignées de l’emploi, par exempleà celles de l’ensemble des réfugiés arrivésrécemment en France.

Stabilisation et satisfaction : élémentsde différenciation des parcours

Les critères retenus pour comparer lestrajectoires peuvent être multiples : le tempsd’accès à l’emploi, le temps passé au chômage,le nombre d’emplois occupés et leur successiondans le temps, le type de contrat de travailou encore la situation à la date de l’enquête,ou deux ans après l’obtention du statut.Difficile de choisir entre tous ces indicateurspuisque chacun permet d’apprécier de façondifférente les parcours des réfugiés sur lemarché du travail français. Une combinaisonde ces indicateurs permet d’avoir une visionplus complète des différentes trajectoires.Parmi tous ces critères, nous avons doncmis l’accent sur la stabilisation en emploiet la satisfaction des réfugiés.

La stabilisation en emploi peut prendreplusieurs formes. Comme le rappelle AlbertoLopez, à propos des jeunes actifs, dans une étuderécente : «Dans un contexte où la norme duCDI est remise en cause par les évolutionsdes modes de gestion de la main-d’œuvredepuis les années 1980, [la] stabilisation nepeut se confondre avec l’accès à un statutstable. Plus ou moins rapide et plus ou moinsdirecte, elle peut prendre différentes formesallant de l’engagement ferme et durable avecun employeur, à travers un CDI signé dès les

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27 LOPEZ A., « Les modes de stabilisation en emploi endébut de vie active », Economie et Statistique, n° 378-379, 2004.

premiers mois, jusqu’au maintien dans l’emploipar une succession de périodes d’emploi sousCDD chez des employeurs différents27.»

La satisfaction, ou l’insatisfaction, expriméepar les personnes interrogées permet derelativiser la qualité «objective» des parcours.Se sentir confiant dans l’avenir peut être ungage de stabilisation à venir et de réussite. Al’inverse, dans une situation qui apparaîtstabilisée (au regard des emplois occupés parexemple), l’expression d’une grandeinsatisfaction peut avoir pour conséquence unerupture dans le parcours. La stabilité observéeà la date de l’enquête, de façon rétrospective,pourra s’atténuer. La satisfaction, commerévélateur de motivation, peut donc donnerun indice sur la pérennité des parcours dits«stabilisés».

Avant de détailler la typologie retenue, nousproposons ici d’analyser en détail le critèrede satisfaction des réfugiés.

2. Le critère de satisfaction

Lors des entretiens téléphoniques, nousavons invité les personnes qui occupaientun emploi à donner leur avis sur cet emploi.On notera que des éléments d’appréciationpositifs et négatifs peuvent coexister dansun même discours (par exemple, satisfactionvis-à-vis du salaire mais pas des conditionsde travail). En outre, certains réfugiés adoptentdes postures divergentes (fatalisme,modération, indignation, révolte, etc.) pourdes situations comparables : tel réfugié, enemploi, se déclarera satisfait d’avoir un

emploi en dépit de certains éléments négatifs,tel autre, en emploi également, insisterauniquement sur ce qui lui déplaît.

De manière globale, sur les 63 personnes enemploi à la date de l’enquête, 41 se déclarentplutôt satisfaites de leur situation. Elles ontpu néanmoins expliciter quelles caractéristiquesde leur emploi leur posait problème.

a. Des réfugiés satisfaits

«Du travail, c’est mieux que rien»

La majorité des réfugiés ayant un emploi àla date de l’enquête et qui ont connu, de prèsou de loin, l’expérience du chômage, se disentsatisfaits de leur situation. C’est d’autantplus vrai pour les personnes qui ont connude longues périodes de chômage et qui yfont explicitement référence.

«Le travail c’est quand même ça qui mesauve, c’est mieux que le chômage »,Madame Db., femme de chambre enCDI.

«J’aime bien travailler, ne pas rester les brascroisés. Ça me détend, c’est un plaisir.Je ne peux pas rester à la maison toute lajournée», Madame Nd., garde d’enfant.

D’autres indiquent qu’ils sont conscients dela chance qu’ils ont d’avoir un emploi maisnuancent leurs propos en émettant quelquesréserves sur leur situation actuelle, concernantleur temps de travail ou leur type de contrat :

« Je suis content car j’ai du travail, jen’aime pas rester à la maison. Maisj’aimerais faire plus d’heures», MonsieurBa., agent d’entretien dans un hôpital, enCES à temps partiel.

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«Ça va, je suis content, c’est bien d’avoirdu travail, l’ambiance est bonne et monsalaire est tout le temps au dessus des 1000euros même s’il n’est pas fixe. Maintenantj’aimerais bien un CDI», Monsieur N.,cariste en intérim, à temps plein.

De façon générale, le fait de travailler placesouvent les personnes dans une situationmoins dévalorisée que le chômage. MonsieurJ. évoque même «une dignité retrouvée» dansl’entreprise où il travaille actuellement.

De bonnes conditions de travail

Les conditions de travail entrent aussi encompte dans l’évaluation de l’emploi actuel.Parmi les motifs de satisfaction, les relationsavec l’employeur ou les collègues de travailreviennent très souvent.

«La dame est très gentille avec moi, elleme considère vraiment… et aussi le faitde rester avec les enfants cela me soulage»,Madame Ta., garde d’enfants.

«Mon employeur n’est pas difficile et pouravoir travaillé à mon compte, c’est vraimentappréciable », Madame Tb., garded’enfants.

«On n’a pas le choix, on prend tout. Maisça me plaît car je travaille avec des gensformidables. L’équipe est compréhensive,le courant passe bien», Monsieur Dc.,ouvrier informatique.

Si le salaire est évoqué par 17 personnescomme un point positif dans la situationactuelle, il est difficile de recueillir l’avis desréfugiés sur cette question. Est-ce le fait

d’avoir un revenu issu de son travail plutôtque des allocations ou réellement le montantdu salaire qui est source de satisfaction ?L’appréciation du montant du salaire estaussi liée à la situation matrimoniale, familialeet résidentielle des personnes interrogées.

Un emploi stable

Le type de contrat joue aussi beaucoup et estparfois un motif de satisfaction, surtoutpour les personnes en contrat à duréeindéterminée. Madame T., employée derestauration rapide en CDI, raconte : « Jevoulais un CDI et un temps plein, je l’ai eu,je voulais une formation dans mon travail etje l’ai eu. Maintenant je peux travailler danstous les restaurants fast-food.»

Pour Monsieur Ab., agent de sécurité en CDI,la stabilité va jusqu’à atténuer les autres pointsnégatifs de sa situation : «Rien n’a encoremarché : je vis toujours dans un foyer et je netravaille pas dans le domaine qui m’intéresse.Mais j’ai un CDI donc ça peut aller.»

Cette stabilité permet même à Monsieur U.,agent de surveillance, d’envisager une évolutionprofessionnelle : «J’ai la possibilité de progresserdans mon entreprise. Si je suis pris commeresponsable de centre, cela changeraconsidérablement mon salaire. Et pour l’instant,j’ai la sécurité d’avoir un CDI.»

b. Des réfugiés insatisfaits

Si les réfugiés en emploi à la date de l’enquêtesont majoritairement satisfaits, ils évoquentégalement des éléments qui leur posentproblème. Les motifs d’insatisfaction despersonnes en emploi, ou ayant occupé unemploi sont nombreux. Des personnes avec

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Le sous-emploi en France

Selon l’INSEE, le sous-emploi regroupe«l’ensemble des personnes travaillant àtemps partiel, souhaitant travaillerdavantage, disponibles pour le faire, etcherchant ou non un autre travail.» En2004, environ 1,2 million de personnesétaient en sous-emploi en France. Celareprésentait 5 % des actifs.

Le sous-emploi touche majoritairementles femmes. Elles représentent près de80 % des personnes dans cette situation,soit huit cas sur dix. Mais le taux de sous-emploi n’épargne pas les jeunes et s’avèreparticulièrement élevé pour les 20-24 ans.On constate également un sous-emploiimportant parmi les non-diplômés et lesétrangers. En effet, les deux tiers despersonnes en sous-emploi ont un niveauinférieur au baccalauréat. Ce taux diminueau fur et à mesure que le niveau du diplômes’élève. La nationalité semble par ailleursêtre un facteur discriminant. Le sous-emploi concerne 7,6 % des étrangerscontre 4,7 % des Français. Même leshommes, pourtant peu touchés par cephénomène, le sont davantage lorsqu’ilssont étrangers. Enfin, parmi les étrangerssous-employés, on compte 36 %d’Européens, 28 % de Maghrébins, et prèsde 20 % de ressortissants des autres paysd’Afrique. Parmi les femmes étrangères ensous-emploi, on compte 25 % d’Africainessub-sahariennes et 17 % de Maghrébines.

Le secteur tertiaire concentre l’essentiel dusous-emploi. En effet, la majorité despersonnes sous-employées exercent troisgrands types de fonctions : nettoyage,entretien ménager ou gardiennage (28 %),enseignement et soin aux personnes (17 %)

des situations professionnelles très différentespeuvent avoir des revendications du mêmeordre, sur le temps de travail ou les conditionsde travail par exemple. Concernant la stabilitérelative de l’emploi, en revanche, les discourssont contrastés entre des personnes en CDIet d’autres en intérim. Sans vouloir recenserde façon exhaustive les motifs d’insatisfaction,voici quelques exemples de ce que l’onpourrait appeler les «revendications» desréfugiés interrogés.

Le temps partiel subi

Le temps de travail est évoqué de façonrécurrente. Temps partiel subi, ou sous-emploi : les personnes en contrat à tempspartiel font souvent part de leur volonté detravailler à temps plein, le plus souvent pouravoir un salaire supérieur. Les entreprisesdans lesquelles elles sont employées sontparfois dans l’impossibilité de leur proposerun contrat à temps plein. C’est le cas del’entreprise de Madame S., auxiliaire de viedans une maison de retraite, dont l’activitéest liée à la «demande» : «Je n’ai pas assezd’heures et ils ne peuvent pas nous payer quandil n’y a pas de personnes âgées ou qu’elles partentà l’hôpital.»

Une des stratégies envisagées ou mises enoeuvre consiste à chercher un second emploipour augmenter les heures de travail et doncles revenus, à l’instar de Madame V., femmede ménage à temps partiel : «Je cherche un autreemploi à temps partiel à côté car j’aimeraisgagner plus d’argent.»

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Un salaire trop faible

Avec de s re vend i ca t ions s a l a r i a l e sdiverses, les réfugiés interrogés déclarentsouvent que leur salaire ne leur suffit pas poursubvenir à leurs besoins, pour obtenir unlogement autonome ou pouvoir faire venirleur famille par le biais du regroupementfamilial. Mais, au-delà de leur définitionsubjective d’un salaire «suffisant», certainsse plaignent de ne pas être payés à hauteur dutravail effectué.

Ainsi, Madame L., femme de ménage,déclare : «Je ne suis pas assez payée, lesheures supplémentaires ne sont pascomptées.»

Madame Db., femme de chambre, vitune situation comparable : «Ils ne payentpas le temps travaillé. Il n’y a pas de contrôledes horaires, du nombre de chambres quel’on fait. Tu travailles 7 heures et on tepaye 4 heures, il n’y a pas d’heuressupplémentaires dans la fiche de paie. Jevoudrais être plus libre et travailler dansde meilleures conditions.»

Des conditions de travail difficiles

Les conditions de travail sont souvent évoquéeset sont plus ou moins bien supportées, enparticulier selon le salaire des personnes.Temps de transport, travail de nuit, horairesatypiques, conditions de travail pénibles,voire dangereuses pour la santé, nombreusessont les raisons qui incitent les réfugiésinterrogés à chercher un autre emploi.

Madame B., aide à domicile auprès depersonnes âgées, travaille de nuit : «C’estun peu dur la nuit quand il faut garder lesgens qui ne dorment pas, c’est difficilequand on ne peut pas se reposer… Et le jour,on n’a pas assez de temps pour se reposer.Je travaille pour faire vivre ma famille, jen’ai pas le choix.»

Monsieur B. est peintre et se plaint desconditions dans lesquelles il travaille :«On nous traite comme des animaux, lepatron n’est pas gentil. En plus, la peinturec’est pas bon pour la santé… J’ai acheté unmasque pour me protéger des émanationscar celui qu’on nous a fourni n’était passuffisant. J’aimerais trouver autre chose.»

Enfin, comme d’autres, Madame Nd.,souffre du temps qu’elle passe dans lestransports : «J’habite loin de mon travail,

ou encore commerce ou technico-commercial (14 %).

Les personnes sous-employées ont bienplus souvent des contrats « temporaires»de type contrat à durée déterminée (CDD)ou contrat saisonnier. Ainsi 7 % del’ensemble des actifs occupés sont en CDDou en contrat saisonnier, mais cette parts’élève à 32 % pour les personnes en sous-emploi. Le taux de sous-emploi estégalement très fort pour les contrats aidés :18 % pour les hommes et 26 % pour lesfemmes.

Enfin, les personnes sous-employéestravaillent en moyenne 20 heures parsemaine. Elles ne cherchent pas toutes unautre emploi pour augmenter leur tempsde travail. Au contraire, elles souhaiteraientmajoritairement être à temps plein dansleur emploi actuel.

ARNAULT S. «Le sous-emploi concerne 1,2 million de personnes»,

INSEE Première, n° 1 046, octobre 2005.

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28 On peut considérer que le critère de satisfaction, retenupour la typologie, rencontre ici celui de satisfaction.

pour arriver le matin, je dois parfois melever à 5 heures. Et comme j’ai deux emplois,je dois aussi me déplacer dans la journée. C’estpas facile, surtout avec un salaire si faible.»

Une instabilité due aux contrats de travail

La qualité du contrat de travail ne présageen rien de la stabilité de l’emploi et encore moinsdu parcours. Ainsi, une personne peut enchaînerde longues missions d’intérim sur plusieursmois. A l’inverse, une personne en CDI peutne pas se maintenir longtemps dans l’emploi.Cependant, le contrat à durée indéterminéedemeure aux yeux de beaucoup de réfugiés,la référence principale, un gage de stabilitéprofessionnelle et d’insertion durable28.

Devenir fonctionnaire, avoir un CDI à pleintemps ou juste un emploi stable… autant desouhaits exprimés plus ou moins ouvertementqui marquent, en creux, une insatisfactionquant à la stabilité des emplois et aux contratsde travail.

Madame K., hôtesse de caisse : «Je ne faisque des remplacements, à temps plein ouà temps partiel. Je voudrais bien un CDI,notamment dans l’entreprise où je suisactuellement.»

Monsieur Ta., cariste en intérim : «Dansl’immédiat cela a été utile pour moi, celam’a permis d’avoir un logement. Maiscomme c’est de l’intérim j’aimerais quelquechose de plus stable.»

Monsieur Sb., auxiliaire de vie : «Je travaillepour une association. Celle-ci est mandataire,c'est-à-dire qu’elle cherche des personnes

âgées et nous met en contact avec elles. Leshoraires sont flexibles, je suis payé à l’heure,au nombre de services. C’est une forme devacation où le contrat peut être interrompuà tout moment. C’est un peu instable carchaque fin de mois je ne sais pas combienje vais gagner.»

Madame Ka., assistante sociale en CDD :«Je ne suis pas très bien payée, en plus unCDD, c’est pas terrible. J’ai demandé lanaturalisation en décembre 2005 pourtravailler dans la fonction publique, pourpouvoir être titularisée.»

Des ambitions professionnelles malmenées

Outre leurs caractéristiques objectives, les em-plois que les réfugiés exercent en France nerépondent pas toujours à leurs attentes. La ré-férence au métier exercé dans le pays d’origi-ne ou au niveau de diplôme obtenu avantd’arriver en France est courante. Déclassementforcé, reconversion professionnelle positive,deuil de la situation professionnelle passée ourenoncement aux ambitions initiales en termesde carrière, on observe des réactions variéesface aux changements imposés par l’entréesur le marché du travail français. C’estd’ailleurs parfois en référence à leur vie pro-fessionnelle passée que les réfugiés statutai-res envisagent l’avenir.

3. Les trois types de parcours

En tenant compte de tous ces élémentsd’appréciation des réfugiés sur leur parcoursmais aussi de la succession des séquences quiconstituent leur trajectoire professionnelle, troisgrands types de parcours ont pu être dégagés :des parcours stabilisés, des parcours fragmentéset sans stabilisation et des parcours marquéspar le chômage et l’inactivité.

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Après une description générale de chaquetype de parcours, nous proposons de décriredans le détail certaines trajectoires observéesdans le cadre de l’enquête. Portraits synthétiquesmais aussi retranscription précise des proposdes réfugiés, il s’agira de rendre plus concrètela typologie retenue.

a. Des parcours stabilisés

Certains parcours peuvent être considéréscomme stabilisés. On observe parfois uneparticipation continue à l’emploi ou uneplace très minime laissée au chômage. Mêmesi certains sont en emploi depuis plus de 18mois à la date de l’enquête, et n’ont connu quepeu de périodes de chômage (ou seulementde transition entre deux emplois), les réfugiésde cette première catégorie sont néanmoinsassez souvent employés en dessous de leurscompétences. Ils n’hésitent pas à faire partde leur insatisfaction. Cette insatisfactionnous invite à relativiser la stabilité de leursparcours. En outre, si les réfugiés sontmajoritairement en emploi, ils le sont parfoisà temps partiel alors qu’ils souhaiteraienttravailler plus. Enfin, certains sont en emploidepuis l’obtention de leur statut et, mêmes’ils occupent des postes peu qualifiés, sedisent très satisfaits de travailler et de«s’assumer». Pour ceux-là, la stabilité sembleparadoxalement plus durable, au regard ducritère de satisfaction.

Stabilisation et satisfaction : une situation inédite ?

Madame Md. était serveuse dans un hôtel cinqétoiles en Sierra Leone. Aujourd’hui, elletravaille toujours dans la restauration et n’aquasiment jamais connu le chômage depuisqu’elle a obtenu son statut en novembre2003.

«En arrivant, je ne parlais pas du toutfrançais. J’ai été à France Terre d’Asile etils m’ont trouvé une formation linguistiquetrès rapidement (formation linguistiqueet intégration par le français). C’étaitrémunéré et ça a duré 5 mois. Dans lecadre de la formation, j’ai fait un stagecomme serveuse dans un hôtel à Paris. Jefaisais les “extras”. Ensuite, j’ai été embauchéeen CDI. Le travail me plaît, je pourraischanger plus tard mais à condition detrouver une formation.»

Monsieur Y. est arrivé en France en janvier2003 et a été reconnu réfugié en octobre dela même année. Electricien en Côte d’Ivoire,il a toujours espéré pouvoir continuer àtravailler dans ce domaine. Avec une grandemotivation, il a réussi à utiliser ses compétencestout en trouvant une situation stable.

«Quand j’ai eu le statut, je n’avais pas dediplôme, j’avais seulement une attestationde travail, qui n’avait pas de valeur ici. Ilfallait que quelqu’un accepte de me mettresur le terrain, surtout que les normesivoiriennes et françaises sont les mêmes. Jedisais que j’étais électricien mais lesemployeurs ne me croyaient pas.»Difficilede trouver un emploi sans pouvoir prouverses compétences… Alors, Monsieur Y.renonce pour un temps à exercer dans saspécialité. Il accepte des missions d’intérimassez courtes et dans des domaines variés.«J’ai pensé un temps suivre une formationou faire valider mes acquis, comme me leproposait l’ANPE, mais je n’avais pas lechoix, il fallait que je travaille pour nepas rester au RMI.»

L’optimisme de Monsieur Y. n’est pasentamé : «Je croyais à ma chance, c’est ce

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qui compte.» En persévérant, il finit partrouver une mission d’intérim commeinstallateur de réseau informatique.«C’était un bon moyen pour moi de fairemes preuves et de montrer que j’avais del’expérience.»Après la mission, l’entreprisedans laquelle il a travaillé le rappelle etlui propose de l’embaucher en contratà durée déterminée. Il a pu prouver surle terrain qu’il avait les qualités requises.

Aujourd’hui, cela fait un an et demi qu’iltravaille dans cette entreprise et il vientjuste de signer un CDI. Dans cettesituation plus stable, Monsieur Y. atoujours des projets : «Je pourrais préparerun CAP pour avoir au moins un diplôme.C’est l’exigence minimum des entrepriseset je pourrais peut-être trouver unemeilleure situation, un meilleur salaire.»

Monsieur Z. était vendeur dans unsupermarché au Kosovo. Réfugié depuisoctobre 2003. Il est actuellement tailleur de pierre. Malgré un niveau de françaisfaible, son parcours est stabilisé et il en esttrès satisfait.

«Directement après avoir obtenu monstatut j’ai fait un stage d’une semaine,non rémunéré, comme manœuvre dans lebâtiment. Après j’ai cherché du travail etun mois après j’ai trouvé. C’était à Lavalet comme j’habitais à Mayenne, FranceTerre d’Asile m’a accompagné pourdéménager. On s’est bien entendu avecle patron, j’ai commencé en CDD et puisaprès il m’a fait un CDI. Depuis je travaille.Je fais de la taille de pierre et du ravalement. Je suis très content, je travaille toujours,j’ai des revenus, on se comprend bien avecle patron, c’est tranquille.»

Le déclassement comme conditionnécessaire à la stabilisation

Monsieur U., réfugié d’origine mauritanienne,statutaire depuis 2003, était ingénieurhydrologue avant de quitter son pays. Il estaujourd’hui agent de surveillance. Si sonparcours est relativement stabilisé, il reflète ungrand déclassement qui implique une sortede deuil de la situation professionnelle passée.

«Quand j’ai obtenu mon statut, jetravaillais déjà. J’avais un emploi en CDIchez un marchand de chaussures commeagent de sécurité, depuis septembre 2001.J’ai démissionné en août 2003. J’ai étéau chômage sans ressources pendant 4mois. En recherchant activement, je n’aitrouvé que des emplois en intérim (2, 3,4 jours) souvent comme manutentionnaireou agent de sécurité.

En juin 2004, j’ai décidé de faire uneformation “sécurité-incendie”. C’étaitpayant mais comme j’étais aux Assedicj’ai eu droit à une réduction (470 euros).J’ai fait cette formation car j’ai constaté quepour travailler rapidement, il faut allerdans ce domaine-là, la sécurité. Et je nepouvais pas me permettre de rester auRMI ou au chômage. Après, j’ai envoyédes dossiers, mais ils demandaient engénéral une expérience d’une année.

En novembre, j’ai eu un entretien pourfaire de l’accueil d’urgence des SDF. Ilsm’ont pris comme agent d’accueil pendant8 mois avec un CDD de 6 mois qu’ils ontprolongé. Ensuite, j’ai chômé 15 jours etj’ai eu de la chance : ma demande delogement a abouti. Mais il me fallait un CDI.J’ai fait part de ma recherche urgente à

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mon ancienne directrice qui m’arecommandée. J’ai trouvé très rapidementdans la même entreprise comme agent desurveillance. Cet après-midi j’ai d’ailleurspassé un entretien pour être responsable derésidence. J’ai la possibilité de progresser dansmon entreprise. Si je suis pris commeresponsable de centre, cela changeraconsidérablement mon salaire. Et pourl’instant j’ai la sécurité d’avoir un CDI.

En Mauritanie, j’ai travaillé pendant 5 ansà la direction de l’Environnement et del’Aménagement Rural, au servie hydrologie.Je m’occupais de la banque de données etdes études de projets. Je faisais de l’ingénierie.Depuis que j’ai été reconnu réfugié, j’aiessayé de valider mes acquis avec l’ANPE.J’ai aussi essayé de faire reconnaître mesdiplômes par l’Académie de Versailles maisje n’ai obtenu qu’une attestation de niveau.Fort de ces deux éléments, j’ai pu constituerdes dossiers mais rien n’a abouti. Du coup,j’ai été obligé de faire ce qui me tombait sousla main : de la manutention, de la sécuritéou comme aujourd’hui, agent de surveillance.Mon objectif n’était pas d’être agent desurveillance. Je me case, je m’occupe de mapetite famille, même si ce n’est pas le Pérou.»

b. Des parcours fragmentés et sans stabilisation

On observe dans de nombreux parcours unealternance entre emploi et chômage. Cesparcours constituent le deuxième groupe denotre typologie. Malgré un accès rapide aupremier emploi, certains réfugiés se trouventdurablement éloignés de l’emploi et neretrouvent pas d’emploi, stable ou non, dansla suite de leur parcours. D’autres n’onttravaillé qu’en intérim, en une succession de

missions très courtes pour des entreprisesdifférentes. Enfin, certains ont accédérécemment à l’emploi après une longuepériode de chômage et ne peuvent êtreconsidérés comme stabilisés à la date del’enquête. Là encore, l’insatisfaction est lanorme et la stabilisation est présentée commeun idéal à atteindre, le CDI à temps pleincomme LA solution.

Alternance entre chômage et emploi

Le parcours de Monsieur I., réfugié d’originemauritanienne, se caractérise par une successiond’emplois de courte durée, souvent en intérim.Au total, il a été en emploi deux mois surtrois depuis l’obtention de son statut enoctobre 2003.

«Quand j’ai eu le statut, je n’ai pas trouvéde travail tout de suite. J’ai fait une semainede récolte de pommes, puis 3 jours dans unesociété de volaille. Il fallait accrocher,décrocher, plumer, c’était très dur. J’ailaissé tomber. J’ai trouvé un CES dans unerégie de quartier. C’était du conditionnementde livres et du tri de pièces. Je travaillais4 heures par jour. C’était mon premier“vrai travail”. Après j’ai déménagé à Rennes,et j’ai travaillé 4 mois dans une entreprisede l’industrie automobile. On fabriquaitdes panneaux de portes de voiture, onfaisait de l’assemblage. C’était en intérim.Deux mois au chômage et j’ai eu une autremission pendant 4 mois, renouvelablechaque mois. On faisait du contrôle dequalité, du tri de pièces automobiles. Après4 mois d’interruption, j’ai retravaillé chezeux et c’est là que je suis aujourd’hui.Même si mon travail est renouvelablechaque semaine, je suis content car c’estdifficile de trouver du travail. Bien sûr, je

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préférerais un CDD de 3 mois ou 6 mois,mais… Je m’entends bien avec le chefd’équipe, il n’y a pas trop de pression. Je suisle seul africain dans la boîte et il y a unebonne harmonie.»

Un premier emploi « tardif »

Madame Ka., est arrivée du Rwanda en 2002.Titulaire d’une maîtrise de sociologie et d’undiplôme d’assistante sociale, elle a mis beaucoupde temps à obtenir son premier emploi enFrance.

«Après un an au chômage, j’ai suivi uneformation d’assistante sociale. J’avais déjàune expérience dans mon pays et j’ai penséque ce métier pouvait me correspondre.La formation a duré 9 mois et ensuite je n’aipas trouvé immédiatement du travail. Cen’est que depuis 5 mois que je travailledans un collège. Je suis contractuelle, et cecontrat à durée déterminée prendra fin enjuillet. Je ne suis pas très bien payée, enplus, un CDD, c’est pas terrible. J’ai demandéla naturalisation en décembre 2005 pourtravailler dans la fonction publique et pourpouvoir être titularisée.»

On ne peut pas dire que le parcours professionnelde Madame Ka. soit stabilisé puisqu’ellen’occupe pas son emploi actuel depuis longtempsau moment de l’enquête. Cependant, saformation et son diplôme vont lui permettrede valoriser son expérience passée.

Des trajectoires « interrompues »

Monsieur Ha. a obtenu son premier emploitrès rapidement après l’obtention de sonstatut en avril 2004. Réfugié du Kosovo, ilétait aide mécanicien et c’est dans ce domainequ’il a travaillé en France. Cependant, son

parcours connaît une rupture quand il estvictime d’un accident du travail.

« J’ai trouvé du travail dès que j’ai eumon statut. J’ai dû arrêter les cours defrançais que je suivais depuis 2001 auCADA (Centre d’Accueil pour Demandeursd’Asile). J’ai travaillé comme démonteurde voitures dans une casse. C’était déjà maspécialité et j’ai mis seulement dix jourspour apprendre les marques de voituresfrançaises. J’ai eu un CDI tout de suite maisj’ai eu un accident du travail et j’ai dûarrêter de travailler. Depuis, je suis auchômage et je touche le RMI. Je vais bientôtcommencer une formation d’aide à larecherche d’emploi. A mon avis, je vaistrouver, mais s’il n’y a pas de travail, c’estautre chose. Dans l’ensemble j’ai eu dela chance car il y a des réfugiés qui netrouvent pas du tout de travail.»

c. Des parcours marqués par le chômageet l’inactivité

Le troisième type mis en évidence regroupedes réfugiés qui n’ont quasiment jamais étéen emploi depuis l’obtention de leur statut.Ils ont parfois suivi une formation sanstrouver d’emploi ensuite ou ont occupé desemplois de très courte durée sans aucuneperspective d’évolution. Cumulant lesdifficultés d’accès à l’emploi (problèmes delangue, absence de qualification, problèmespsychologiques), aucune des démarchesentreprises n’a porté ses fruits et leurs parcourssont marqués par le chômage. A côté de cesparcours que l’on peut qualifier «d’échec»,d’autres, distincts des précédents, sontmarqués par l’inactivité (notamment chez lesfemmes en congé de maternité) qui rendparfois difficile le retour à l’emploi.

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Madame Mb. était comptable en Ethiopie.Malgré une formation linguistique de troismois, elle a beaucoup de mal à trouver unemploi, même peu qualifié. A la date del’enquête, cela fait près de deux ans et demiqu’elle est au chômage.

«J’ai commencé en 2003 par une formationrémunérée pour apprendre à parler français.Après, en 2004, j’ai fait deux formationsde français de trois mois chacune, nonrémunérées. Quelquefois j’ai fait femmede chambre, 2-3 jours. J’ai déposé mon CVpartout mais je n’ai rien trouvé. Les gensne répondent pas à mes lettres. Je ne parlepas bien français et je n’ai pas d’expérience.Je touche le RMI et je loue une petitechambre. Je cherche un travail de femmede chambre et j’aimerais faire uneformation de caissière ou autre chose, jene sais pas vraiment.»

Madame Ab, réfugiée originaire de Mauritanie,est restée inactive pendant près d’un an pours’occuper de son enfant. Après avoir surtouttravaillé sans contrat et n’ayant aujourd’huipour seul revenu que l’Allocation Parent Isolé,elle a du mal à retrouver un emploi.

« J’ai travaillé comme auxiliaire de viede septembre 2003 et jusqu’à l’obtentionde mon statut en juin 2004. Comme jen’avais pas l’autorisation de travailler, jetravaillais sans contrat. Quand j’ai eu lestatut, je n’ai pas eu de contrat. J’ai changéde travail. J’ai gardé des enfants à domicilependant 4 mois mais c’était toujours aunoir. Puis la famille a déménagé. J’ai faitquelques ménages, quelques heures par-ci, par-là. J’ai alors suivi une formationde caissière pendant 3 mois. J’ai fait unstage pratique chez Monoprix. Ensuite,je suis tombée enceinte. J’ai accouché en

avril 2005. J’ai été en congé de maternitéjusqu’en juin et après j’ai touché l’AllocationParent Isolé (API), 800 puis 600 euros. Jeme suis occupée de mon enfant. En décembre,je me suis réinscrite à l’ANPE et je n’airien trouvé jusqu’à présent. Je touchetoujours l’API. Le plus grand problèmec’est le travail, en deuxième c’est le logement.»

B. Les projets des réfugiés : de l’insertion à l’intégration

Qu’ils soient en emploi, en formation, auchômage, ou inactifs, qu’ils aient eu unparcours stable ou marqué par le chômageet appartiennent à l’un ou l’autre des typesque nous venons de décrire, les réfugiés quenous avons interrogés portent un regard surleur devenir professionnel. C’est pourquoi nousleur avons demandé d’expliciter les élémentsqui constituent leur projet professionnel, lesdémarches qu’ils comptent entreprendrepour faire évoluer leur situation sur le marchédu travail.

A chaque individu correspond un projetprofessionnel propre. Cependant, certainesattentes et besoins peuvent être partagés parplusieurs réfugiés, notamment s’ils sont dansla même situation à la date de l’enquête, àsavoir en emploi ou au chômage. De même,les deux principaux moyens utilisés sontcommuns à tous les réfugiés : recherched’emploi et/ou de formation. Le recours àl’un de ces deux outils varie selon l’expériencesur le marché du travail, la situationprofessionnelle mais aussi résidentielle etfamiliale des réfugiés.

Ainsi 77 réfugiés déclarent rechercher unemploi et 60 une formation, les deux optionsétant compatibles. S’il paraît évident que les

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Situation Ne recherche Recherche Totalactuelle pas d’emploi un emploiEn emploi 20 43 63En formation 0 2 2Au chômage 3 28 31Inactif 0 4 4

Total 23 77 100*

* Total des réfugiés interrogés. Source : Enquête

Tableau n° 13

Répartition des 100 réfugiés selon leur situation actuelle et leur recherche d’emploi

personnes en formation, au chômage ouinactifs souhaitent trouver un emploi (dansun délai plus ou moins court, surtout dans lecas des personnes se déclarant inactives), ons’aperçoit que les réfugiés qui occupent déjàune activité déclarent aussi assez souventvouloir en changer. Parmi les personnesrecherchant un emploi à la date de l’enquête,43, soit 55 % d’entre elles, sont déjà en emploi.La recherche d’emploi renvoie donc trèscertainement à d’autres ambitions que lesimple fait de travailler.

L’autre moyen pour faire évoluer leur situationprofessionnelle est le recours à la formation,qu’ils aient ou non déjà suivi une formation,qu’ils soient ou non en emploi. On notequ’à la date de l’enquête, parmi les 60personnes qui disent rechercher uneformation, 42, soit 70 % d’entre elles, ont déjàsuivi au moins une formation.

En mobilisant ces deux moyens, les réfugiésformulent des projets professionnels qui serapportent souvent à la question du salaire.Ainsi, pour plus de 50 % des personnes enemploi et déclarant rechercher un autreemploi, un salaire trop faible constitue laraison principale qui les pousse à changerd’emploi. De plus, 28 % des réfugiés qui

déclarent rechercher une formation, le fontégalement pour des raisons de rémunération.Un emploi, pour être mieux payé et ne plusdépendre des allocations, pouvoir subvenir àses besoins ; un emploi pour pouvoir accueillirsa famille ; un emploi pour pouvoir trouverun logement ou payer son loyer de façonautonome : autant de raisons qui poussent lesréfugiés interrogés à chercher un emploi, unautre emploi ou encore une formationpermettant de prétendre à des postes mieuxrémunérés. Le projet professionnel s’inscritalors pleinement dans un projet plus vaste, unprojet familial, un projet d’intégration.

Madame D., originaire de Côte d’Ivoireet statutaire depuis septembre 2003, estpeu satisfaite de son emploi de vendeuse.«C’est surtout au niveau de la rémunération.Je gagne 900 euros par mois. J’aimeraistrouver autre chose. J’aimerais une formationen rapport avec un métier qui recrute et quipaie mieux, peut-être dans le marketing pouravoir des responsabilités ou dans autrechose, je ne sais pas, la petite enfance. Je suisen train de voir quels sont les métiersprometteurs où on peut trouver facilementdu travail et où le salaire est meilleur.»

Madame Md., réfugiée d’origine sierra-leonaise, statutaire depuis novembre2003, actuellement serveuse, nous confie :«Mon salaire ne va pas être suffisant sima fille vient. Je suis payée 1 050 euros etje n’arrive pas à faire des économies, surtoutque je dois payer mon loyer depuis septembre.Je voudrais trouver un autre travail pouravoir un meilleur salaire.»

Le logement constitue une préoccupationmajeure parmi les réfugiés interrogés et tientune place importante dans leur projet.L’impossibilité d’accéder à un logement, faute

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de ressources régulières, l’inconfort de certainslogements et le poids du loyer dans le budgetdes familles créent des situations éreintanteset angoissantes. 20 % des réfugiés en emploidésignent cette question comme une raisonde changer d’emploi.

Ainsi, Monsieur Tb., originaire duCameroun et statutaire depuis 2003 nousdécrit sa situation : Bagagiste intérimaire,«je travaille pour survivre et nourrir mesenfants au pays. J’aimerais trouver mieuxmais je prends ce que j’ai sous la mainpour commencer. Je suis prêt à tout fairepourvu que cela me permette de trouver unlogement. Mon plus gros souci c’est lelogement. Je n’arrive pas à faire venir mesenfants à cause de cela. En plus, moncontrat avec l’Armée du Salut s’arrête. Jene sais pas ce qu’ils vont faire de moi. Ilsme proposent une chambre de 5-6 personnes.Je ne veux pas, c’est sale. Mais que faire, sinonje risque de me retrouver à la rue ?»

Pour Monsieur Nc., réfugié originairede la République démocratique du Congoet statutaire depuis mai 2003, le logementconstitue aussi le principal frein à sonprojet professionnel. «Après dix mois dechômage, j’ai trouvé un CDI en sécuritégardiennage. Mais je ne suis pas du toutsatisfait. Ma femme va accoucher et nousvivons à l’hôtel. C’est difficile d’avoir unprojet si tu n’as pas de logement. C’est uncercle vicieux.»

Certains ont aussi comme objectif, principalou secondaire, d’améliorer leurs conditionsde travail. C’est le cas de 45 % des réfugiés ayantactuellement un emploi et déclarant enrechercher un autre. Avoir un emploi moinspénible, avec des horaires fixes et sortir d’une

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situation difficile, qui empêche d’envisagerl’avenir sereinement. D’une manière générale,faire en sorte que les causes d’insatisfaction(que nous avons par ailleurs évoquées dansla partie consacrée à la typologie) soientréduites.

Enfin, la recherche d’un emploi est parfoiscentrée exclusivement sur un secteur. Pour28 % des réfugiés en emploi et recherchantun autre emploi, cette recherche correspondà une volonté de renouer avec un projetprofessionnel entamé dans le pays d’origine: retrouver le type d’emploi occupé auparavantou, en tous cas, trouver dans le même secteur,rechercher un emploi en lien avec lescompétences acquises avant l’exil.

Monsieur P., réfugié originaire d’Arménie,statutaire depuis 2004, travaille aujourd’huidans une entreprise d’insertion. Peusatisfait de sa situation actuelle, il nousfait part de son projet : «Dans mon pays,j’avais une entreprise, mais je n’ai plusles moyens d’en monter une en France.J’aimerais bien ouvrir plus tard monentreprise après avoir trouvé un CDI pourmettre de l’argent de côté. Je peux faire unmagasin dans le commerce de la limonade,une boulangerie et je connais aussi deschoses sur la mécanique automobile, surle bâtiment. J’ai appris petit à petit, toutseul.»

Madame Ca., réfugiée originaire d’Albanie,statutaire depuis février 2003 a exercépendant 17 ans comme comptable. Sielle a accepté l’idée de déclassement,Madame Ca. souhaite retravailler dans cesecteur, volonté qu’elle partage avec sonmari : «Aujourd’hui je sais que je ne seraisjamais employée comme comptable, mais

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aide-comptable je peux le faire. J’ai faitdes formations pour avoir le vocabulairetechnique. Mais à l’ANPE on me dit toujoursque je ne parle pas assez bien français. Onest réfugié ici, je pense qu’on a “le droit”moralement d’être un peu mieux suivi.Mon mari a 56 ans et 31 ans d’expériencecomme expert comptable. L’assistantesociale lui a dit qu’il peut faire boucher !A son âge ? On cherche toujours de l’emploidans notre domaine mais on est prêt àaccepter tout type de travail.»

Avec ce même objectif, Madame Z. pensequ’une formation sera nécessaire. Elle faitpartie des personnes qui pensent que c’est parle biais de la formation qu’elle vont pouvoirretrouver leur spécialité initiale.

Madame Z., originaire du Rwanda etstatutaire depuis juillet 2004, occupe un

emploi d’aide-soignante. C’est grâce à uneéquivalence obtenue auprès de la DirectionDépartementale des Affaires Sanitaireset Sociales (DDASS) que cette ancienneinfirmière exerce aujourd’hui dans unemaison de retraite. Pour autant, si toutse passe bien, Madame N. «pense toujoursaux études. Je voudrais vraiment travaillercomme infirmière, comme avant. Ça ne vapas être facile car il faut reprendre deuxou trois années d’études et avec les enfants,c’est pas facile. »

Au vu de ces observations et du nombre dedémarches envisagées ou en cours, il semble queles réfugiés se projètent dans l’avenir, sont dansune démarche constructive alors même queleur parcours n’est jusqu’alors pas toujourstrès satisfaisant et stable. Ils apparaissentdans l’ensemble assez optimistes et espèrentque leur situation va évoluer dans le temps.

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L’étude menée par l’Observatoire del’Intégration des Réfugiés Statutaires apermis de mettre en évidence uncertain nombre de faits stylisés relatifsaux parcours professionnels desréfugiés statutaires, aux étapes de leurinsertion sur le marché du travail maisaussi à leur intégration dans la sociétéfrançaise. En mobilisant deux outils –la base de données Intégration recensant610 réfugiés et l’enquête menée ensuiteauprès de 100 personnes – deuxapproches ont pu être combinées : l’unestatique et assez complète, puisqueportant sur un large échantillon, l’autredynamique et permettant de détaillerles parcours des réfugiés. Nousrappellerons ici les principaux résultatsde cette étude et proposerons un certainnombre de pistes de réflexion qui noussont apparues et qui mériteraient d’êtrepoursuivies.

L’analyse des données contenues dansla base Intégration de France Terred’Asile, outre une photographie descaractéristiques socio démographiquesdes réfugiés statutaires, a aussi permisde préciser certaines tendances :

• La majorité des réfugiés a arrêté sascolarité au niveau Bac ou avant,même si la part des personnes ayantsuivi des études supérieures n’est pasnégligeable.

• Malgré une maîtrise du françaismodeste parmi les réfugiés, cettelangue demeure familière pour

nombre d’entre eux (un peu plus dela moitié). Plus de 85 % des réfugiésconnaissent entre une et trois languesrecherchées sur le marché du travail(dont le français), autrement dit unelangue qui pourrait leur servir dansleur recherche d’emploi.

• L’hébergement chez un particulierconstitue le type de logement le plususité en début de parcours. Il estsuivi par l’hébergement d’insertion(en structure). Le milieu ouvertprédomine donc, mais chez les isoléset non chez les personnes en couple ouayant des enfants à charge. Les femmesrecourent moins fréquemment àl’hébergement chez un tiers et plusfréquemment à l’hébergementd’insertion que les hommes.

• Enfin, les revenus de substitutionconstituent le seul type de ressourcespour une majorité de réfugiés. Ils sonten outre très peu nombreux, en débutde parcours, à disposer d’un revenuissu de leur travail, c’est-à-dire d’unsalaire.

L’enquête menée auprès des 100 réfugiésstatutaires a permis de décrire leprocessus d’insertion dans sa dimensiontemporelle. Définie comme unphénomène dynamique, l’insertion desréfugiés est apparue tour à tour rapideou délicate, chaotique ou régulière maisavant tout plurielle et faite d’étapesdistinctes que nous nous sommesattachés à décrire le plus précisément

CONCLUSION

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possible. Ces étapes ne sont pascommunes à tous les individusinterrogés, elles dépendent étroitementde leurs compétences à l’arrivée enFrance, de leur niveau de maîtrise dufrançais ou encore des opportunitésqu’ils rencontrent sur le marché dutravail. Néanmoins, une certainesimilitude apparaît quand on comparetous ces parcours professionnels à ceuxque connaissent d’autres types depopulation en France. Ainsi, lesgrandes tendances observées parmices 100 réfugiés donnent un bonaperçu des difficultés que pourraitrencontrer une personne reconnueréfugié qui entame son parcoursd’insertion ou encore des atouts quipourraient lui permettre de trouverrapidement une position stabilisée surle marché du travail français.

La formation semble être un passageobligé pour les réfugiés statutaires enFrance. Les formations linguistiquess’avèrent quasiment indispensablespour les non-francophones qui veu-lent trouver un emploi, si peu qualifiésoit-il. Elles sont aussi le premier pasvers une intégration dans la sociétéd’accueil et peuvent être entamées pen-dant la demande d’asile. Les forma-tions professionnelles permettentd’acquérir des compétences ou de fai-re reconnaître celles qui n’ont pas étésanctionnées par un diplôme dans lepays d’origine ou qui ne sont pas re-connues malgré un diplôme étranger.Intervenant en début de parcours ouaprès une première expérience profes-sionnelle, les formations jouent des rô-les très contrastés : elles sont parfois

une solution d’attente avant le premieremploi ou reflètent un réel désir de seformer, d’évoluer professionnellement,malgré le contexte d’urgence queconnai s sent cer ta ins ré fug iés .Relativement courtes, les formationssont avant tout un complément à l’em-ploi qui demeure la principale priori-té. S’il est difficile de mesurer leurefficacité, il semble cependant qu’ellene permettent de trouver un emploiqu’à condition de préparer à des mé-tiers dits sous tension.

Le chômage occupe une placerelativement importante dans lesparcours des réfugiés. S’ils connaissentdes périodes de chômage assez courtes,les réfugiés peuvent être au chômagede façon redondante à plusieursmoments de leur vie professionnelle.Le chômage apparaît de façon alternéedans les parcours. De plus, si, à la datede l’enquête, seules 35 % des personnesinterrogées sont au chômage, on aobservé que, depuis l’obtention de leurstatut, 31 % des réfugiés ont passé plusde la moitié de leur parcours auchômage. Au travers de cette analysedynamique, le chômage apparaît plusprésent que le laisserait penser uneobservation statique, à une datearbitraire. En outre, l’expérience duchômage est d’autant moins biensupportée que les réfugiés n’ontgénéralement pas eu le droit detravailler pendant leur demande d’asile.Les discours reflètent une grandemotivation des réfugiés qui se disentsouvent prêts à travailler «à tout prix».L’inactivité est un phénomène assezpeu observé dans l’enquête et qui ne

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concerne les réfugiés que de façontemporaire (pour congés de maternitéou maladie par exemple).

Les questions consacrées aux démar-ches de recherche d’emploi ont permisd’observer que les pratiques étaient peuvariées. Le manque de réseau de la plu-part des réfugiés les force sans doute àchercher de façon très classique : in-scription à l’ANPE, réponses à des an-nonces publiées et, plus rarement,candidatures spontanées. L’efficacitéde ces démarches étant difficile à éva-luer, les réfugiés ont tout de même évo-qué les difficultés qu’ils estiment avoirrencontrées au cours de leur recherched’emploi. Les trois difficultés les plussouvent évoquées sont le manque d’ex-périence professionnelle (qui leur estreprochée par leurs employeurs po-tentiels), les discrimi nations à l’em-bauche et le manque de maîtrise dufrançais (qui rend difficile à la fois lesdémarches et l’embauche elle-même).

Il n’est pas aisé de dresser un bilan relatifaux emplois occupés par les réfugiés enFrance. Certaines tendances peuventnéanmoins être dégagées même si ellesmasquent une pluralité de situations.Les premières expériences sur le marchédu travail interviennent rapidementaprès l’obtention du statut. La moitiédes individus interrogés étaient enemploi au bout de six mois et ils mettenten moyenne huit mois et demi à trouverleur premier emploi. A cette relativerapidité dans la mise à l’emploi s’opposela durée de ces premières relations detravail qui ne durent le plus souvent pasplus de six mois.

Les emplois les plus fréquemment oc-cupés par les réfugiés font partie dessecteurs dits sous tension. En outre,les réfugiés ne connaissent pas unegrande mobilité professionnelle et nechangent que rarement de secteursd’activités entre deux emplois qu’ilsoccupent en France. En revanche, unecertaine mobilité, qui tient plutôt dudéclassement, s’observe entre les mé-tiers exercés en France et ceux qu’ilsont exercé dans leur pays d’origine.Ce déclassement est plutôt mal vécupar ceux qui le subissent et qui cher-chent à retrouver des emplois dansleur spécialité.

Enfin, si on reprend les termes de lathéorie de la segmentation29, lesréfugiés semblent n’avoir accès qu’au«marché secondaire», caractérisé pardes emplois précaires, mal rémunérés,peu défendus par les syndicats, offrantpeu de promotion, peu d’avantagessociaux et des conditions de travaildifficiles30. Ils sont d’ailleurs nombreuxà se plaindre de ces conditions detravail. Cette situation est sans douteliée à leur arrivée récente sur le marchédu travail et à l’impossibilité d’attesterd’une expérience professionnelle enFrance. Cependant, un indicateur

29 Théorie qui s’est développée dans les années1970, à partir de l’ouvrage de P. Doeringer et M.Piore : DOERINGER P., PIORE M., InternalLabor Markets and Manpower Analysis, HeatLexington Books, 1971.

30 Par opposition au «marché primaire» qui ras-semble les emplois stables, bien rémunérés, àfort taux de syndicalisation, à évolution de car-rière intéressante et aux conditions de travailsatisfaisantes.

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s’éloigne de la définition des emploisdu marché secondaire : le contrat detravail. En effet, on observe que denombreux contrats signés par lesréfugiés sont à durée indéterminée.Même s’il s’agit de CDI à temps partielet qui sont souvent interrompusrapidement, ces contrats peuventdonner l’illusion d’un certain statutsans pour autant être synonymes destabilité. La stabilité des contrats, mêmesi elle ne se confirme pas dans le temps,fait d’ailleurs partie des éléments desatisfaction des réfugiés en emploi.Majoritairement satisfaits de leuremploi, ils espèrent tout de même queleur situation va s’améliorer etformulent des projets tant dans lesdomaines professionnel que résidentielou familial.

Si on observe les trajectoires dans leurensemble, on s’aperçoit qu’elles sont deplusieurs natures. En retenant les cri-tères de stabilisation et de satisfaction,trois grands types de trajectoires sedessinent au sein de la cohorte des 100réfugiés interrogés dans le cadre decette étude : des parcours relativementstabilisés dans l’emploi, des parcoursd’emploi fragmentés et sans réelle sta-bilisation et, enfin, des parcours mar-qués par le chômage ou l’inactivité.Cette perspective dynamique permetde relativiser la situation que l’on obs-erve à une date donnée, par exempleau moment de l’enquête. Elle permetaussi de tenir compte du point de vuedes réfugiés sur leur parcours maisaussi des stratégies d’ajustement pro-fessionnel mises en œuvre depuis l’ob-tention de leur statut. Ces stratégies

doivent être rapportées à l’environ-nement économique dans lequel évo-luent les réfugiés. Quelles pourraientêtre les «bonnes » stratégies dans unenvironnement marqué par le chô-mage et la précarité et surtout quelleplace la société française réserve-t-elleaux réfugiés à qui elle a choisi d’oc-troyer sa protection ?

Rappelons à nouveau que les parcoursd’insertion professionnelle que nousavons observés, les projets des réfu-giés et leurs stratégies pour les réalisers’inscrivent dans une démarche plusvaste : un projet d’intégration. Ce pro-jet, s’il se décline dans plusieurs do-maines et est constitué de plusieursétapes, semble en grande partie lié à laqualité de l’insertion professionnelledes réfugiés. Sans aller jusqu’à affir-mer que l’emploi conditionne l’inté-gration, il semble que l’insertionprofessionnelle soit une condition né-cessaire à une intégration réussie dansla société française.

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73France Terre d’Asile

GRAPHIQUES ET TABLEAUX

Première partieRépartition des 610 réfugiés par tranche d’âge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .12

Répartition des 610 réfugiés par statut matrimonial (en %) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .12

Répartition des 610 réfugiés par continent d'origine (en %) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13

Répartition des 610 réfugiés par niveau scolaire (en %) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15

Répartition des 610 réfugiés par niveau linguistique en français (en %) . . . . . . . . . . .15

Répartition des 610 réfugiés par PCS de l’emploi occupé

dans le pays d’origine (en %) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .17

Répartition des 610 réfugiés par type de logement (en %) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .18

Répartition des 610 réfugiés par type de ressources (en %) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .19

Répartition des réfugiés par type d’emploi ou de formation

occupés à la fin de l’accompagnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .21

Deuxième partieFormations suivies par les 100 réfugiés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .25

Répartition des formations selon leur durée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .27

Répartition des périodes de chômage selon leur durée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30

Raisons d’inactivité des 100 réfugiés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .33

Répartition des emplois des 100 réfugiés par secteur d’activité . . . . . . . . . . . . . . . . . . .44

Répartition des 100 réfugiés selon leur situation actuelle

et leur recherche d’emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .63

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74 Les cahiers du social n° 11 - Septembre 2006

ANNEXES

Première partie

Annexe 1 : Répartition des 610 réfugiés par pays d’origine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .75

Annexe 2 : Référentiel FASILD des niveaux de maîtrise de la langue . . . . . . . . . . . . . . . . .77

Annexe 3 : Répartition des 610 réfugiés selon la profession et catégorie socioprofessionnelle

(PCS) de l’emploi occupé dans le pays d’origine (en %) . . . . . . . . . . . . . . . . . . .79

Annexe 4 : Répartition des hommes et des femmes selon le type de logement (en %) . .80

Annexe 5 : Répartition des 610 réfugiés pour chaque situation matrimoniale

selon le type de logement (en %) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .80

Deuxième partie

Annexe 6 : Informations relatives aux 100 réfugiés interrogés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .81

Annexe 7 : Guide d’entretien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .84

Annexe 8 : Chômage et inactivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .91

Annexe 9 : Le premier emploi des réfugiés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9 2

Répartition des 100 réfugiés selon l’activité avant le premier emploi . . . . . .9 2

Répartition des 100 réfugiés selon le niveau scolaire

et le temps d’accès au premier emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .92

Répartition des 100 réfugiés selon le type de contrat du premier emploi . . .92

Répartition des 100 réfugiés selon la durée du premier emploi . . . . . . . . . . .92

Annexe 10 : Liste des métiers sous tension retenus dans le cadre de l’enquête . . . . . . . . .93

Annexe 11 : Les emplois occupés par les 100 réfugiés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .94

Répartition des emplois selon le type de contrat de travail . . . . . . . . . . . . . . .94

Répartition des emplois selon leur durée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .94

Répartition des emplois selon la durée et le type de contrat . . . . . . . . . . . . . .94

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75France Terre d’Asile

Pays (par ordre de fréquence)

Effectif %

Mauritanie 100 16,39

République démocratique du Congo 72 11,80

Russie 57 9,34

Haïti 47 7,70

Côte d'Ivoire 44 7,21

Congo-Brazzaville 28 4,59

Bangladesh 27 4,43

Cameroun 20 3,28

Guinée 19 3,11

Tchad 16 2,62

Sri Lanka 13 2,13

Biélorussie 11 1,80

Algérie 10 1,64

Rwanda 10 1,60

Sierra Leone 9 1,48

Angola 8 1,31

Serbie et Monténégro 8 1,31

Nigeria 7 1,15

Soudan 7 1,15

Albanie 6 0,98

Madagascar 6 0,98

Pakistan 6 0,98

République centrafricaine 6 0,98

Togo 6 0,98

Ukraine 6 0,98

Egypte 5 0,82

Ethiopie 5 0,82

Arménie 4 0,66

Chine 4 0,66

Géorgie 4 0,66

Mongolie 4 0,66

Annexe 1 : Répartition des 610 réfugiés par pays d’origine

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Pays (par ordre de fréquence)

Effectif %

Inde 3 0,49

Tunisie 3 0,49

Turquie 3 0,49

Bosnie-Herzégovine 2 0,33

Burundi 2 0,33

Guinée Equatoriale 2 0,33

Iran 2 0,33

Syrie 2 0,33

Azerbaïdjan 1 0,16

Bolivie 1 0,16

Burkina Faso 1 0,16

Cambodge 1 0,16

Colombie 1 0,16

Ghana 1 0,16

Guinée Bissau 1 0,16

Kirghizistan 1 0,16

Liberia 1 0,16

Mali 1 0,16

Myanmar (ex-Birmanie) 1 0,16

Népal 1 0,16

Sahara occidental 1 0,16

Sénégal 1 0,16

Vietnam 1 0,16

Zimbabwe 1 0,16

Total 610 100

76 Les cahiers du social n° 11 - Septembre 2006

Annexe 1 (suite) : Répartition des 610 réfugiés par pays d’origine

Source : Base Intégration

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77France Terre d’Asile

Annexe 2 : Référentiel FASILD des niveaux de maîtrise de la langue

Niveau FASILD Définition Besoins enformations

A1Ne parle ni ne comprend le français (ou quelques mots isolés) ;Non scolarisé (aucune langue écrite connue).

Oral de baseAlpha débutant

A2Ne parle ni ne comprend le français ;Ne sait ni lire ni écrire ;Scolarisé au niveau primaire dans sa langue.

FLE débutant 1

A3

IdemIdemScolarisé au niveau secondaire ou supérieur dans salangue.

FLE débutant 2

B1Comprend et se fait comprendre en français ;Ne sais ni lire ni écrire le français ;Non scolarisé (aucune langue écrite connue).

Alphabétisation

B2

Comprend et se fait comprendre en français ;Connaît quelques rudiments écriture/lecture en français ;Non scolarisé ou scolarisé dans une autre langue auniveau primaire.

Post-alpha

B3Parle très bien français (en général autodidacte) ;A besoin d’entraînement en français écrit pouraccéder à une formation qualifiante au niveau V bis ou V.

Pré-formation

B4

Comprend et se fait comprendre en français ;Connaît les bases élémentaires du français écrit, mais abesoin de perfectionnement ;Scolarisé niveau primaire ou secondaire dans une autre langue.

FLEintermédiaire

B5

Possède une base orale et écrite en français;A une formation dans sa langue d'origine ;A besoin de perfectionnementcorrespondant à l'emploi recherché.

FLE perfectionnement

Public ne pouvant pas communiquer en françaisA (et faux débutants)

Public pouvant communiquer en français B non scolarisé en langue française

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78 Les cahiers du social n° 11 - Septembre 2006

Annexe 2 (suite) : Référentiel FASILD des niveaux de maîtrise de la langue

Niveau FASILD Définition Besoins enformations

Illettrisme Personne scolarisée en français mais ayant perdu l'usagede l'écriture et de la lecture.

Lutte contrel'illettrisme

Remise à niveau

Personnes souhaitant acquérir ou réactiverdes connaissances de base pour poursuivreun objectif de formation ou d'emploi.

FrancophonePersonne maîtrisant le français,car langue maternelle, de scolarisation ou vernaculaire.

C Public scolarisé en langue française

Source : Base Intégration

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PCS de l’emploi occupé dans le pays d’origine %

(10) Agriculteurs exploitants 2,79

(21) Artisans 3,11

(22) Commerçants et assimilés 8,36

(23) Chefs d'entreprise de dix salariés et plus 0,49

(31) Professions libérales 1,8

(33) Cadres de la fonction publique 2,46

(34) Professeurs, professions scientifiques 2,13

(35) Professions de l’information, des arts et des spectacles 2,3

(37) Cadres administratifs et commerciaux d’entreprise 1,97

(38) Ingénieurs et cadres techniques d’entreprise 2,62

(42) Professeurs des écoles, instituteurs et assimilés 7,87

(43) Professions intermédiaires de la santé et du travail social 3,28

(45) Professions intermédiaires administratives de la fonction publique 0,66

(46) Professions intermédiaires administratives et commerciales d'entreprise 2,13

(47) Techniciens 2,62

(48) Contremaîtres, agents de maîtrise 0,49

(52) Employés civils et agents de service de la fonction publique 1,48

(53) Policiers et militaires 2,95

(54) Employés administratifs d’entreprise 7,21

(55) Employés de commerce 5,57

(56) Personnels des services directs aux particuliers 4,92

(62) Ouvriers qualifiés de type industriel 2,95

(63) Ouvriers qualifiés de type artisanal 4,1

(64) Chauffeurs 3,11

(65) Ouvriers qualifiés de la manutention, du magasinage et du transport 1,97

(67) Ouvriers non qualifiés de type industriel 2,62

(68) Ouvriers non qualifiés de type artisanal 2,95

(69) Ouvriers agricoles 0,98

Pas d’expérience professionnelle 14,1

Total 100

79France Terre d’Asile

Annexe 3 : Répartition des 610 réfugiés selon la profession et catégoriesocioprofessionnelle (PCS) de l’emploi occupé dans le pays d’origine(en %)

Source : Base Intégration

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80 Les cahiers du social n° 11 - Septembre 2006

Annexe 4 : Répartition des hommes et des femmes selon le typede logement (en %)

Type de logement Hommes Femmes

Hébergement d’urgence 5,42 16,13

Hébergement d’insertion 21,93 27,42

Logement intermédiaire 5,19 2,15

Hébergement chez un particulier 35,38 23,66

Location 6,13 8,06

Autre 6,37 1,61

Non réponse 19,58 20,97

Total 100 100

Source : Base Intégration

Annexe 5 : Répartition des 610 réfugiés pour chaque situationmatrimoniale selon le type de logement (en %)

Type de logement En couple Seul

Hébergement d’urgence 11,42 6,33

Hébergement d’insertion 29,41 18,04

Logement intermédiaire 1,73 6,65

Hébergement chez un particulier 23,88 39,56

Location 11,07 2,85

Autre 3,81 6,01

Non réponse 18,69 20,57

Total 100 100

Source : Base Intégration

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81France Terre d’Asile

Date d’arrivée Date du statut SituationNom Pays d’origineen France de réfugié actuelle*

Monsieur A Kosovo 2003 2003 1

Monsieur Aa Angola 2002 2003 2

Monsieur Ab Haïti 2003 2003 1

Monsieur Ac Mauritanie 2003 2003 2

Monsieur B Guinée 2001 2003 1

Monsieur Ba Mauritanie 1999 2003 1

Monsieur Bb RDCongo 2001 2003 1

Monsieur Bc Mauritanie 2002 2004 2

Monsieur C Haïti 2003 2003 1

Monsieur D Haïti 2001 2002 1

Monsieur Da Guinée 2000 2003 1

Monsieur Db Mauritanie 2003 2003 2

Monsieur Dc Mauritanie 2002 2003 1

Monsieur Dd Algérie 2001 2003 2

Monsieur E Algérie 2001 2003 1

Monsieur F Guinée 2000 2003 1

Monsieur G Bangladesh 2001 2002 1

Monsieur Ga Congo-Brazzaville 2002 2003 2

Monsieur H Mauritanie 2002 2004 1

Monsieur Ha Kosovo 2001 2004 2

Monsieur I Mauritanie 2003 2003 1

Monsieur J Mauritanie 1999 2002 1

Monsieur K Mauritanie 1999 2003 1

Monsieur Ka Centrafrique 2001 2003 2

Monsieur Kb Guinée 2002 2003 1

Monsieur Kc Côte d'Ivoire 2001 2003 2

Monsieur L Haïti 2002 2002 2

Monsieur M Russie 2003 2003 1

Monsieur Ma Cameroun 2002 2004 1

Monsieur N Congo-Brazaville 2000 2002 1

Monsieur Na Congo-Brazaville 2001 2003 1

Monsieur Nb Mauritanie 2002 2004 1

Monsieur Nc RDCongo 2002 2003 1

Annexe 6 : Informations relatives aux 100 réfugiés interrogés

50 hommes interrogés

* 1 : en activité, 2 : au chômage, 3 : inactif

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82 Les cahiers du social n° 11 - Septembre 2006

Date d’arrivée Date du statut SituationNom Pays d’origineen France de réfugié actuelle*

Monsieur O Mauritanie 2001 2004 1

Monsieur P Arménie 2002 2004 1

Monsieur R Albanie 2002 2003 2

Monsieur S Cameroun 2001 2003 1

Monsieur Sa Mauritanie 2001 2003 2

Monsieur Sb Côte d'Ivoire 2001 2003 1

Monsieur Sc Burkina Faso 2003 2004 1

Monsieur T Russie 2001 2003 1

Monsieur Ta Côte d'Ivoire 2002 2003 1

Monsieur Tb Cameroun 2002 2003 1

Monsieur Tc Russie 2002 2003 2

Monsieur U Mauritanie 2000 2003 1

Monsieur V Mauritanie 2002 2003 1

Monsieur W Iran 2001 2003 1

Monsieur Y Côte d'Ivoire 2003 2003 1

Monsieur Z Kosovo 2001 2003 1

Monsieur Za Russie 1994 2003 3

Date d’arrivée Date du statut SituationNom Pays d’origineen France de réfugié actuelle*

Madame A Russie 2001 2002 2

Madame Aa Cameroun 2001 2002 1

Madame Ab Mauritanie 2002 2004 2

Madame B Mauritanie 2001 2004 1

Madame Ba RDCongo 1999 2002 1

Madame Bb Haïti 2002 2003 1

Madame Bc Guinée 2002 2004 3

Madame Bd Mauritanie 2003 2004 1

Madame C Haïti 2003 2004 2

Madame Ca Albanie 2001 2003 1

Madame D Côte d'Ivoire 2002 2003 1

Madame Da Guinée 2000 2003 2

Madame Db Guinée 2000 2003 1

Madame Dc Haïti 2001 2003 2

Madame E Guinée 2001 2003 1

50 femmes interrogées

* 1 : en activité, 2 : au chômage, 3 : inactif

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83France Terre d’Asile

Date d’arrivée Date du statut SituationNom Pays d’origineen France de réfugié actuelle*

Madame F Russie 2002 2003 1

Madame G Ethiopie 2002 2003 2

Madame H Libéria 2001 2003 2

Madame J Sierra Leone 2000 2003 2

Madame K RDCongo 2001 2003 2

Madame Ka Rwanda 2002 2003 1

Madame Kb Congo-Brazaville 2001 2002 3

Madame Kc RDCongo 2002 2003 1

Madame Kd Népal 2001 2003 2

Madame L RDCongo 2002 2003 1

Madame M Bosnie 2002 2003 1

Madame Ma RDCongo 2001 2003 1

Madame Mb Ethiopie 2000 2003 2

Madame Mc RDCongo 2000 2002 2

Madame Md Sierra Leone 2001 2003 1

Madame N Cameroun 2000 2003 1

Madame Na Angola 2000 2003 2

Madame Nb Burundi 2002 2003 1

Madame Nc RDCongo 2002 2003 3

Madame Nd Rwanda 2003 2004 1

Madame O Côte d'Ivoire 2004 2004 1

Madame P Côte d'Ivoire 2003 2003 2

Madame R Russie 2000 2003 1

Madame Ra Albanie 2002 2003 2

Madame S Haïti 2001 2003 1

Madame Sa Mauritanie 2002 2003 2

Madame Sb RDCongo 2001 2003 1

Madame T Côte d'Ivoire 2002 2003 1

Madame Ta Mauritanie 2003 2004 1

Madame Tb Côte d'Ivoire 2002 2003 1

Madame U RDCongo 2003 2004 1

Madame V Russie 2001 2003 1

Madame W Egypte 2001 2003 1

Madame Y Côte d'Ivoire 2003 2004 2

Madame Z Rwanda 2003 2004 1

* 1 : en activité, 2 : au chômage, 3 : inactif

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84 Les cahiers du social n° 11 - Septembre 2006

Annexe 7 : Guide d’entretien

NOM : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Enquêteur : . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Numéro d’identifiant : . . . . . . . . . . . . .

Q1 : Sexe

o H o F

Q2 : Quelle est votre date de naissance ?

Q3 : Dans quel pays êtes-vous né ?

Q4 : Quelle est votre situation matrimoniale ? Etes-vous :

o 1 - Célibataire

o 2 - Marié. Votre conjoint est-il avec vous ici ou vit-il encore dans votre pays

d’origine (si dans pays d’origine cocher : « séparé en raison de l’exil »)

o 3 - Concubin

o 4 - Pacsé

o 5 - Divorcé

o 6 - Veuf

o 7 - Séparé en raison de l’exil

Q5 : Combien avez-vous d’enfants ?

Si oui,

Q6 : Combien vivent avec vous en France ?

Q7 : A quelle date êtes-vous arrivé en France ?

Q8 : A quelle date avez-vous obtenu votre statut de réfugié ?

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85France Terre d’Asile

Niveau scolaire et expériences professionnelles dans le pays d’origine

Q9 : Quel est votre niveau scolaire ?o 1 - Vous n’avez pas été scolariséo 2 - Vous avez suivi l’école primaireo 3 - Vous avez suivi un enseignement dans un collège et/ou un lycéeo 4 - Vous avez suivi des études supérieures (université, grande école,

institut d’enseignement supérieur, etc.)

Q10 : Avez-vous obtenu un diplôme au cours de vos études ou à l’issue d’uneformation ?o Oui o Non (passer à Q12)

Si oui,Q11 : Dans quel domaine ?

Q12 : Dans votre pays d’origine, avez-vous exercé une activité professionnelle ?o Oui o Non (passer à Q15) o Ne sait pas

Si oui,Q13 : Quel était votre métier (dans quel domaine avez-vous travaillé) ?

Q14 : Pouvez-vous dire parmi les différentes fonctions suivantes celle qui représente le mieux l’emploi que vous occupiez :o 1 - Production, fabrication, chantiero 2 - Installation, entretien, réglage, réparationo 3 - Nettoyage, gardiennage, travail ménagero 4 - Manutention, magasinage, transport, logistiqueo 5 - Secrétariat, saisie, standard, accueilo 6 - Gestion, comptabilité, fonction administrativeo 7 - Commerce, vente, technico-commercialo 8 - Recherche, études, conseilo 9 - Informatique, télécommunicationso 10 - Directeur général ou adjoint direct, cadre de directiono 11 - Enseignement, santé, informationo 12 - Autres : o 13 - Ne sait pas

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86 Les cahiers du social n° 11 - Septembre 2006

Trajectoires professionnelles

Nous allons maintenant nous intéresser à votre parcours professionnel, aux emploisque vous avez occupés, aux formations que vous avez suivies, aux périodes oùvous étiez au chômage et en particulier à la durée de chaque situation.Nous parlerons d’abord des situations du passé, depuis l’obtention de votre statutde réfugié et ensuite de votre situation actuelle.

Q15 : Quel a été votre parcours dans l’ordre chronologique ?

Exemple de tableau rempli :

Ce réfugié a obtenu son statut en mars 2003. Il a été au chômage pendant 3 moisavant de trouver son premier emploi qui a duré 8 mois. Ensuite, il a été au chômage encore 3 mois (c’est sa deuxième période de chômage,elle est donc notée C2), a trouvé un emploi ponctuel d’un mois (c’est le deuxièmeemploi qu’il occupe en France, donc E2), puis a passé 5 mois au chômage avantd’entamer une formation qui a duré 7 mois. Depuis cette formation, il est au chômage. Le parcours s’arrête en mars 2006, à la date de l’enquête. A partir de cette grille on peut décrire le parcours du réfugié (3C, 8E, 3C, 1E, 5C,7F, 9C) il a été à quatre reprises au chômage et au total pendant 20 mois a occupédeux emplois distincts, a mis 3 mois à trouver son premier emploi et est auchômage depuis 9 mois à la date de l’enquête.

Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Juill. Août Sept. Oct. Nov. Déc.2001

2002

2003

2004

2005

2006

Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Juill. Août Sept. Oct. Nov. Déc.2001

2002

2003 STAT C1 C1 C1 E1 E1 E1 E1 E1 E1

2004 E1 E1 C2 C2 C2 E2 C3 C3 C3 C3 C3 F1

2005 F1 F1 F1 F1 F1 F1 C4 C4 C4 C4 C4 C4

2006 C4 C4 C4

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87France Terre d’Asile

Séquences emploi

Combien de temps avez-vous occupé cet emploi ?

Quel était votre métier ?

Quel type de contrat de travail avez-vous signé ?1- CDI / 2- CDD / 3- Emploi saisonnier / 4- Intérim / 5- Contrat aidé / 6- Stage / 7- Autre (précisez)

Séquences chômage

Combien de temps avez-vous été au chômage ?

Durant cette période, avez-vous fait des démarches pour trouver un emploi ?Si oui, remplir séquence chômage Si non, remplir directement une séquence inactivité

Et avez-vous suivi une formation pendant cette période ? Si oui, renseigner aussi une séquence formation

Séquences inactivité

Combien de temps a duré cette période ?

Pourquoi n’avez-vous pas cherché d’emploi pendant cette période ?

Période/Durée Métier Type de contrat Commentaires

Période/Durée Métier Type de contrat Commentaires

Période/Durée Métier Type de contrat Commentaires

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88 Les cahiers du social n° 11 - Septembre 2006

Séquences formation

Combien de temps avez-vous suivi cette formation ?

Quel type de formation avez-vous suivi ?1- Formation linguistique / 2- Formation linguistique à visée professionnelle/ 3- Formation professionnelle / 4- Vous avez repris vos études / 5- Formationaux techniques de recherche d’emploi / 6- Autre (précisez)

Quel était l’intitulé de cette formation ?Alpha / FLE / «nom» de la spécialité de la formation professionnelle

Démarches de recherche d’emploi et difficultés

Q16 : De manière générale, quelles démarches avez-vous effectuées pour rechercher un emploi ?o 1 - Vous avez répondu à des annonceso 2 - Vous avez envoyé des candidatures spontanéeso 3 - Vous avez sollicité des personnes de votre entourageo 4 - Vous vous êtes inscrit à l’ANPEo 5 - Vous vous êtes inscrit à l’APECo 6 - Vous vous êtes inscrit dans une agence d’intérimo 7 - Autre (précisez) _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Si la personne a suivi au moins une formation :Q17 : Quels organismes vous ont orienté vers les formations que vous avez

suivies ?o 1 - La plate-forme ANAEM après avoir signé le CAIo 2 - FTDAo 3 - ANPEo 4 - Démarche personnelleo 5 - Autre (précisez) _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Période/Durée Métier Type de contrat Commentaires

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89France Terre d’Asile

Q18 : Quelles difficultés avez-vous rencontrées pour chercher du travail depuis quevous avez obtenu votre statut de réfugié ?Possibilité de regrouper les réponses parmi les thèmes suivants :o 1 - Obtenir des équivalences pour mes compétenceso 2 - Maîtrise de la langueo 3 - Manque de cours de françaiso 4 - Manque d'expérience professionnelle en France / manque de

référenceo 5 - Manque de connaissance du marché du travailo 6 - Statut/Discrimination (raciale, légale : emplois fermés aux étrangers)o 7 - Manque de réseauo 8 - Responsabilités familiales (enceinte, garde d'enfants)o 9 - Situations d'urgence : Instabilité de logement, problèmes financierso 10 - Conjoncture (pénurie d'emploi dans la région)o 11 - Difficultés dues au traumatisme de l'exilo 12 - Disponibilité des documents d'état civilo 13 - Autres (précisez) _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Satisfaction et projet

- Si en emploi actuellement,Q 19 : De façon générale, êtes-vous satisfait de votre emploi actuel ?

o 1 - Très o 3 - Peu o 2 - Assez o 4 - Très peu

Q 20 : Pourquoi (aspects positifs, aspects négatifs) ?

- Si en formation actuellement,Q21 : Etes-vous satisfait de la formation que vous suivez actuellement ?

o 1 - Très o 3 - Peu o 2 - Assez o 4 - Très peu

Q22 : Pourquoi (aspects positifs, aspects négatifs) ?

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90 Les cahiers du social n° 11 - Septembre 2006

- Si au chômage ou inactif actuellement,Q23 : Etes-vous satisfait de votre situation actuelle ?

o 1 - Très o 3 - Peu o 2 - Assez o 4 - Très peu

Q24 : Pourquoi (aspects positifs, aspects négatifs) ?

Q25 : Aujourd’hui recherchez vous un (autre) emploi ?o Oui o Non

Si oui,Q26 : Dans quel secteur recherchez-vous cet emploi ?

Q27 : Pourquoi ?

Q28 : Aujourd’hui recherchez vous une (autre) formation ?o Oui o Non

Si oui,Q29 : Quel type de formation recherchez-vous ?

o 1- Formation linguistiqueo 2- Formation professionnelle

Q30 : Pourquoi recherchez-vous cette formation ?

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91France Terre d’Asile

Annexe 8 : Chômage et inactivité

Répartition des 100 réfugiés selon la part du temps passé au chômage* (en %)

* Part du temps au chômage = temps au chômage / temps total. Temps total = date de l’enquête - date d’obtention du statut de réfugié.

Lecture : En rapportant le temps passé au chômage au temps écoulé depuis

l’obtention du statut, nous constatons que 31 % des réfugiés ont passé plus de la

moitié de leur parcours au chômage (18 % des réfugiés ont passé de 50 % à 75 %

de leur temps au chômage et 13 % des réfugiés ont passé de 75 % à 100 % de leur

temps au chômage), quelle que soit la durée de leur parcours.

Durées des périodes d’inactivité

Part du temps au chômage Effectif % % cumulé

Moins de 10 % 16 16 % 16 %

De 10 à 25 % 16 16 % 32 %

De 25 à 50 % 37 37 % 69 %

De 50 à 75 % 18 18 % 87 %

De 75 à 100 % 13 13 % 100 %

Total 100 100 %

Durée Effectif

1 mois 4

2 mois 3

3 mois 2

5 mois 1

6 mois 2

8 mois 1

9 mois 1

10 mois 2

15 mois 1

Total 17*

* Nombre de personnes ayant étéinactives.

Source : Enquête

Source : Enquête

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92 Les cahiers du social n° 11 - Septembre 2006

Annexe 9 : Le premier emploi des réfugiés

Répartition des 100 réfugiés selon l’activité avant le premier emploi

Répartition des 100 réfugiés selon le niveau scolaireet le temps d’accès au premier emploi

Répartition des 100 réfugiés selon le type de contrat du premier emploi

Répartition des 100 réfugiés selon la durée du premier emploi

Activité avant le premier emploi Effectif

En emploi directement 12Au chômage 41En formation 39Jamais en emploi 8

Total 100

Source : Enquête

Source : Enquête

Contrat Effectif

Contrat à durée indéterminée (CDI) 29Contrat à durée déterminée (CDD) 27Intérim 17Contrat aidé 10Saisonnier 3

Autre 6Non réponse 8Total 100

Source : Enquête

Durée du premier emploi Effectif

Moins de 6 mois 47De 7 mois à un an 23De un an à un an et demi 14De un an et demi à 2 ans 4Plus de 2 ans 4

Jamais en emploi 8Total 100

Source : Enquête

Temps d’accès Non Etudes Collège- Etudesau premier emploi scolarisé primaires Lycée supérieures Total

Non réponse 3 5 8

Moins de 2 mois 2 17 10 29

De 3 à 6 mois 1 2 8 6 17De 7 à 12 mois 1 4 14 4 23De 13 à 18 mois 1 8 4 13Plus de 18 mois 2 8 10Total 2 9 52 37 100

Moyenne 7,5 7,11 7,24 10,5 8,36

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93France Terre d’Asile

* Industrie du process = industrie chimique, pétrochimique, etc. + industrie agroalimentaire (laiterie, sucrerie…).

Agriculture Agriculteur éleveur, maraîcher, jardinier, viticulteur.

Banque, assurance Employé, technicien et cadre.

Bâtiment, travaux publics Ouvrier non qualifié et qualifié du gros œuvre et dusecond œuvre, technicien, cadre, conducteur d'enginsdu bâtiment et des travaux publics.

Commerce Caissier, employé de libre-service, vendeur, maîtrise des magasins et intermédiaire du commerce, cadre commercial et technico-commercial.

Hôtellerie, restauration, Boucher, charcutier, boulanger, cuisinier, employé etagent d’alimentation maîtrise de l'hôtellerie-restauration, patron d'hôtel, de

café, de restaurant.

Industrie du process* et industrie légère (bois, industries graphiques) Ouvrier non qualifié et qualifié, technicien et cadre.+ mécanique, travail des métaux, électricité-électronique

Services aux particuliers Coiffeur, esthéticien, employé de maison, aide à domicile, (emplois familiaux, sécurité) assistant maternel, agent de gardiennage et de sécurité,

agent d'entretien, armée-police.

Santé et action sociale Aide soignant, infirmier, sage femme, médecin, profession para-médicale, profession de l'action sociale,culturelle et sportive.

Tourisme et transport Ouvrier qualifié et non qualifié de la manutention, agentcommercial du tourisme et des transports, agent d'exploitation, conducteur d'engins de traction et de levage, conducteur de véhicules, cadre des transports et navigant de l'aviation.

Annexe 10 : Liste des métiers sous tension retenus dans le cadre de l’enquête

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94 Cahier du social n° 11 - Septembre 2006

Annexe 11 : Les emplois occupés par les 100 réfugiés

Répartition des emplois selon le type de contrat de travail

Répartition des emplois selon leur durée

Type de contrat Effectif %

Contrat à durée indéterminée (CDI) 57 30

Contrat à durée déterminée (CDD) 61 32

Contrat saisonnier 5 3

Contrat en intérim 46 24

Contrat aidé 13 7

Stage 0 0

Autres 11 6

Total 193* 100

Durée Effectif %

Moins de six mois 93 71,54

De sept mois à un an 27 20,77

De un an à un an et demi 7 5,38

De un an et demi à deux ans 0 0

Plus de deux ans 3 2,31

Total 130* 100

Répartition des emplois selon la durée et le type de contrat

Emploi ContratDurée CDI % CDD % saison. % Intérim % aidé % Autre % Total

Moins de six mois 10 50 42 82 5 100 27 79 3 33 6 55 93

De sept mois à un an 7 35 7 14 0 0 5 15 4 44 4 36 27

De un an à un an et demi 2 10 2 3,9 0 0 1 2,9 1 11 1 9,1 7

Plus de deux ans 1 5 0 0 0 0 1 2,9 1 11 0 0 3

Total 20 100 51 100 5 100 34 100 9 100 11 100 130*

* Emplois terminés à la date de l’enquête. Source : EnquêteLecture : 50 % des emplois en CDI durent moins de 6 mois.

* Emplois terminés à la date de l’enquête. Source : Enquête

* Tous les emplois occupés par les 100 réfugiés sur la période.

Source : Enquête

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95France Terre d’Asile

Collection Les cahiers du social

Les cahiers du social n°6, « Le regroupement familial des réfugiés », janvier 2005Ce numéro des cahiers du social se veut être un outil de référence sur la procédure de regroupementfamilial spécifique aux réfugiés en donnant de la lisibilité à des pratiques administratives parfoisfloues et permet également de situer la procédure française de regroupement familial au niveau eu-ropéen. Enfin, sur la base d’une enquête de terrain approfondie réalisée par l’Observatoire del’Intégration des Réfugiés Statutaires de France Terre d’Asile, il permet de mesurer l’impact de l’uni-té de famille sur l’insertion professionnelle des réfugiés.1 exemplaire 7 € ; 5 exemplaires 30 € ; 10 exemplaires 55 € - Frais de port inclus

Les cahiers du social n°7, « Guide pratique de prise en charge des mineurs isolés étrangers et de-mandeurs d'asile », juillet 2005Tout en mettant à jour les données et informations publiées dans l’édition de novembre 2002, ce nu-méro des cahiers du social intègre également les actes du colloque organisé par France Terre d’Asileen février 2005 sur le thème : « 1985-2005 – 20 ans de décentralisation, pour quels progrès dans laprotection des mineurs étrangers et demandeurs d’asile ? »1 exemplaire 7 € ; 5 exemplaires 30 € ; 10 exemplaires 55 € - Frais de port inclus

Les cahiers du social n°8 « Guide du demandeur d'asile à l'usage des travailleurs sociaux 2005 –Démarches administratives et répertoire de l’urgence sociale en Ile-de-France et Midi-Pyrénées», août2005Cette troisième édition du guide du demandeur d’asile à l’usage des travailleurs sociaux décrit les éta-pes de la procédure et les démarches à suivre, propose un répertoire de l’urgence sociale en Ile-de-France et Midi-Pyrénées et recense les centres d’hébergement d’urgence par département. 1 exemplaire 7 € ; 5 exemplaires 30 € ; 10 exemplaires 55 € - Frais de port inclus

Les cahiers du social n°9 « De l'exil à la demande de naturalisation », septembre 2005L'acquisition de la nationalité française par décret est une procédure longue et complexe dont l'issuedépend autant de critères objectifs que d'une appréciation subjective visant à évaluer l'opportunitépour la France de naturaliser ou non le requérant. À travers l'analyse de données historiques, socio-logiques et statistiques, cet ouvrage présente une étude très complète de cette démarche si person-nelle qu'est la demande de naturalisation, enrichie d'un petit guide pratique destiné à toutes celleset ceux qui ont fait le choix de devenir français. 1 exemplaire 3 € ; 5 exemplaires 14 € ; 10 exemplaires 25 € - Frais de port inclus

Les cahiers du social n° 10 « L’accompagnement socioprofessionnel des réfugiés statutaires pris encharge au sein du dispositif national d’accueil : bonnes pratiques », mai 2006Le dispositif national d’accueil, élaboré au début des années 1970 fait face à des contraintes nouvel-les : la prise en charge des réfugiés en centre d’accueil pour demandeur d’asile tend à se prolonger,les cas psychologiques lourds s’avèrent de plus en plus fréquents, tandis que les centres d’héberge-ment d’urgence doivent désormais assurer l’insertion sans proposer d’apprentissage linguistique.Cet ouvrage propose d’évaluer l’impact du contexte actuel sur le dispositif national d’accueil et posela question de son devenir. 1 exemplaire 7 € ; 5 exemplaires 30 € ; 10 exemplaires 55 € - Frais de port inclus

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MEMBRES DU CONSEIL D’ADMINISTRATION

Alain AUZAS, Jean-Pierre BAYOUMEU, Jacqueline BENASSAYAG,Stéphane BONIFASSI, Anne-Marie CAMDESSUS, GeorgesDAGHER, Paulette DECRAENE, Patrick DENELE, François-Xavier DESJARDINS, Hervé DUPONT-MONOD, Patrice FINEL,Dominique GAUTHIER-ELIGOULACHVILI, René KNOCKAERT,Claude LEBLANC, Jean-Pierre LEBONHOMME, Luc MAINGUY,Alain MICHEAU, Jeanne-Marie PARLY, Michèle PAUCO-BALDELLI, Nicole QUESTIAUX, Jacques RIBS, Patrick RIVIERE,Jean-Claude ROUTIER, Jacques ROYER, Luiz DE SENA, FrédéricTIBERGHIEN, Philippe WAQUET, Catherine WIHTOL DEWENDEN, Iradj ZIAI.

Président : Jacques RIBSSecrétaire générale : Paulette DECRAENE

Trésorier : Patrick RIVIERE

Directeur général : Pierre HENRY

France Terre d’Asile

Maquette : NBC Impression : STEDI MEDIA

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Siège social :

25, rue Ganneron 75 018 PARIS

� 01 53 04 39 99 - 7 01 53 04 02 40e-mail : [email protected]

www.france-terre-asile.org

Association régie par la loi du 1er Juillet 1901

Prix des droits de l’homme de la République française, 1989

Reconnue de bienfaisance par arrêté préfectoral du 23 février 2005

Grande cause nationale fraternité 2004

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