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10 INHALT / CLEARIT | September 2010 10 La diversité actuelle des procédures et formats entraîne des coûts élevés pour les banques, leurs clients et la place financière suisse dans son ensemble. Un jeu de données de paiement homogène traité de la même manière normalisée par tous les acteurs permet de réduire significativement le coût total d’une transaction. ISO 20022: la vision de normalisation Les premiers pas en direction d’une norme homogène ont été franchis. D’une part, suite à une décision du Swiss Payments Council, la place financière suisse se réclame de l’ISO 20022 comme future structure de données dans le trafic des paiements. D’autre part, l’industrie financière suisse soutient l’échange de données entre le client et la banque sur la base de l’ISO 20022. Coûts élevés Les entreprises souhaitent mettre plus aisément les paiements reçus en concordance avec les débiteurs, les clients souhaitent réaliser plus facilement leurs paiements et les établissements financiers souhaitent traiter plus efficacement et plus avantageusement les transactions. Depuis la mise en place des systèmes du trafic des paiements, tous les intervenants demandent des amélio- rations permanentes. L’éventail de la chaîne locale de création de valeurs dans le trafic des paiements s’élargit avec de multiples procédures et formats ainsi que leurs déclinaisons entre le processus de facturation et la mise en concordance des débiteurs auprès du client: Les bénéficiaires supportent souvent différentes variantes de facturation (BV rouge, BVR, LSV + /BDD, Debit Direct, e-facture) en ce qui concerne leur structure des clients. Pour ce faire, les solutions logicielles qui sont utilisées ne supportent pas seulement tous les formats et procédures servant à l’administration des débiteurs, elles garantissent également la connectivité, autant que possible, en relation avec plusieurs banques. Les débiteurs disposent de divers modes de paiement pour régler leurs factures: versement comptant au guichet postal, e-banking, ordre écrit, recouvrement direct, etc. Suivant les circonstances, ils utilisent plusieurs options de paiement sans savoir s’il existe des alternatives plus appropriées ou plus avantageuses. Les systèmes de paiement de SIX Interbank Clearing et PostFinance conçus pour le traitement automatisé (STP) des transactions entre les établissements finan- ciers ont été complétés par plusieurs procédures depuis le lancement de SEPA il y a trois ans. Le STP de toutes les transactions en euros est assuré par les banques grâce à des mécanismes de validation et de conversion complexes. Les procédures qui se sont développées au cours du temps (par ex. LSV + /BDD, BVR), les formats (par ex. DTA, OPAE), ainsi que leurs différentes versions, requièrent de grandes dépenses pour rester efficaces. Ces coûts sont répercutés sur le client, directement à travers le prix de la transac- tion ou indirectement à travers d’autres frais bancaires. L’exploitation génère la majeure partie des coûts: chaque combinaison de procédures et formats exige des capacités IT personnelles, tant pour les services opérationnels que pour la maintenance et le développement. Les coûts transactionnels de l’exploitant du système concerné (SIX Interbank Clearing, PostFinance) sont en revanche com- parativement bas. Le contexte international Les opérations du secteur de détail en Suisse représentent un volume d’environ 1,9 milliard de transactions inter- bancaires et intrabancaires par an et donc une part de marché plutôt minime de 4 et/ou 1,5% en comparaison européenne et mondiale. La Suisse utilise beaucoup plus de procédures et formats que les exploitants à l’étranger, mais traite numériquement une infime partie seulement des transactions sur lesquelles peuvent être répartis les coûts engendrés. D’où un renchérissement de chaque transaction par rapport à l’étranger. Prenons un prix par transaction de CHF 1 pour un exemple fictif de calcul. Ce prix comprend les coûts des systèmes de paiement – le prix moyen pour une transaction SIC s’élevait à 4,5 centimes en 2010 –, des canaux et des traitements auprès des banques. Les charges du débiteur et du bénéficiaire ne sont pas prises en considération. STANDARDIZATION / CLEARIT | Mars 2011 Interfaces standardisées avec potentiel d'épargne

ISO 20022: la vision de normalisation - Interbank … · données de paiement homogène traité de la même manière normalisée par tous les ... banque sur la base de l’ISO 20022

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10 inHALt / CLeARIT | September 201010

La diversité actuelle des procédures et formats entraîne des coûts élevés pour les banques, leurs clients et la place financière suisse dans son ensemble. Un jeu de données de paiement homogène traité de la même manière normalisée par tous les acteurs permet de réduire significativement le coût total d’une transaction.

ISO 20022: la vision de normalisation

Les premiers pas en direction d’une norme homogène ont été franchis. D’une part, suite à une décision du Swiss Payments Council, la place financière suisse se réclame de l’ISO 20022 comme future structure de données dans le trafic des paiements. D’autre part, l’industrie financière suisse soutient l’échange de données entre le client et la banque sur la base de l’ISO 20022.

Coûts élevésLes entreprises souhaitent mettre plus aisément les paiements reçus en concordance avec les débiteurs, les clients souhaitent réaliser plus facilement leurs paiements et les établissements financiers souhaitent traiter plus effi cacement et plus avantageusement les transactions. Depuis la mise en place des systèmes du trafic des paiements, tous les intervenants demandent des amélio-rations permanentes.

L’éventail de la chaîne locale de création de valeurs dans le trafic des paiements s’élargit avec de multiples procédures et formats ainsi que leurs déclinaisons entre le processus de facturation et la mise en concordance des débiteurs auprès du client: • Les bénéficiaires supportent souvent différentes

variantes de facturation (BV rouge, BVR, LSV+/BDD, Debit Direct, e-facture) en ce qui concerne leur structure des clients. Pour ce faire, les solutions logicielles qui sont utilisées ne supportent pas seulement tous les formats et procédures servant à l’administration des débiteurs, elles garantissent également la connectivité, autant que possible, en relation avec plusieurs banques.

• Les débiteurs disposent de divers modes de paiement pour régler leurs factures: versement comptant au guichet postal, e-banking, ordre écrit, recouvrement direct, etc. Suivant les circonstances, ils utilisent plusieurs options de paiement sans savoir s’il existe des alternatives plus appropriées ou plus avantageuses.

• Les systèmes de paiement de SIX Interbank Clearing et PostFinance conçus pour le traitement automatisé (STP) des transactions entre les établissements finan-ciers ont été complétés par plusieurs procédures depuis le lancement de SEPA il y a trois ans. Le STP de toutes les transactions en euros est assuré par les banques grâce à des mécanismes de validation et de conversion complexes.

Les procédures qui se sont développées au cours du temps (par ex. LSV+/BDD, BVR), les formats (par ex. DTA, OPAE), ainsi que leurs différentes versions, requièrent de grandes dépenses pour rester efficaces. Ces coûts sont répercutés sur le client, directement à travers le prix de la transac-tion ou indirectement à travers d’autres frais bancaires. L’exploitation génère la majeure partie des coûts: chaque combinaison de procédures et formats exige des capacités IT personnelles, tant pour les services opérationnels que pour la maintenance et le développement. Les coûts trans actionnels de l’exploitant du système concerné (SIX Interbank Clearing, PostFinance) sont en revanche com-parativement bas.

Le contexte internationalLes opérations du secteur de détail en Suisse représentent un volume d’environ 1,9 milliard de transactions inter-bancaires et intrabancaires par an et donc une part de marché plutôt minime de 4 et/ou 1,5% en comparaison européenne et mondiale. La Suisse utilise beaucoup plus de procédures et formats que les exploitants à l’étranger, mais traite numériquement une infime partie seulement des transactions sur lesquelles peuvent être répartis les coûts engendrés. D’où un renchérissement de chaque transaction par rapport à l’étranger. Prenons un prix par transaction de CHF 1 pour un exemple fictif de calcul. Ce prix comprend les coûts des systèmes de paiement – le prix moyen pour une transaction SIC s’élevait à 4,5 centimes en 2010 –, des canaux et des traitements auprès des banques. Les charges du débiteur et du bénéficiaire ne sont pas prises en considération.

StAndARdiZAtion / CLeARIT | Mars 2011

Interfaces standardisées avec potentiel d'épargne

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11editoRiAL / CLeARIT | September 2010 11StAndARdiZAtion / CLeARIT | Mars 2011

Avec cet exemple de calcul, il en résulte un coût total de CHF 1,9 milliard pour le trafic des paiements sur la place financière. Un montant aussi élevé recèle vraisemblable-ment – même s’il s’agit ici d’un exemple purement fictif – un potentiel important de réduction des coûts et d’économie.

La normalisation afin d’abaisser les coûtsPour qu’une banque puisse exécuter l’ordre de paiement d’un client, il ne lui faut que quelques informations (par ex. IBAN, nom et adresse) sur le bénéficiaire. Ce dernier identifie en règle générale les paiements entrants à l’aide du nom du débiteur ou du motif du paiement qui est fourni sous forme de texte non structuré ou de données struc-turées (par ex. en tant que référence BVR ou ISO). Mais aujourd’hui, suivant la procédure, le format et la version, les données prélevées sont converties dans d’autres formats et utilisées après conversion (du numéro de compte postal/de participant vers le numéro de clearing bancaire) ou ne sont plus utilisées durant le processus.•Compte tenu de la simplicité des exigences, l’utilisation

à l’avenir d’un jeu de données de paiement homogène pour toutes les procédures s’impose.

•Cette idée va de pair avec la tendance constante à la nor-malisation (par ex. IBAN, SEPA, efforts liés à la référence ISO).

•Le mouvement se poursuit aussi au niveau international avec SWIFT et de plus en plus également dans le trafic des paiements en raison notamment des obligations relevant du droit de la surveillance en matière de transparence (or-donnance sur le blanchiment d’argent, GAFI).

•Les coûts supportés par le client pour la connexion et l’utilisation logicielle sont également réduits grâce à un jeu de données de paiement homogène. Le support et la conversion de divers formats deviennent ainsi obsolètes.

•La minimisation des formats et conversions est en fin de compte aussi profitable à la clientèle d’entreprise qui, grâce à des processus plus rapides et des informations plus transparentes sur les comptes, a la possibilité d’opti-miser sa gestion de trésorerie et d’obtenir des conditions avantageuses durables auprès de la banque.

Conclusion: Un jeu de données de paiement homogène permet de réduire significativement le coût total d’une transaction. L’exemple de calcul fictif en est d’ailleurs une démonstration. Si la consolidation devait se traduire par une réduction des coûts de 20% par an, les acteurs de la place financière économiseraient CHF 380 millions par an. A cela s’ajouteraient les améliorations en matière de coûts et processus pour les débiteurs. Face à la diversité actuelle, ces économies potentielles paraissent tout à fait réalistes.Une chance pour la place financière et les clients. Les conditions-cadres juridiques permettent à la place finan-cière de déterminer librement les formats et le nombre de normes.

A long terme, il paraît opportun de réduire d’une manière générale la chaîne de création de valeurs et d’utiliser les

formats et normes internationaux au lieu de miser sur une modernisation et une consolidation des normes suisses en vue d’accroître l’efficacité et de faire des économies de coûts.

Les banques réalisent ainsi des réductions de coûts qu’ils répercutent sur les clients sous forme de conditions plus avantageuses. Les normes homogènes offrent une transparence accrue aux clients, augmentent la compa-tibilité du client avec l’établissement financier quel qu’il soit, diminuent les cas d’erreurs et rejets possibles grâce à de meilleures options de validation, facilitent l’intégra-tion des processus (comptabilité débiteurs/créditeurs et gestion de trésorerie) et rendent ainsi les optimisations de coûts possibles. L’utilisation de normes internationaux permet de profiter des facturations et paiements structurés également dans les paiements transfrontaliers, car elle est aussi souhaitée dans le contexte européen. <

Dieter Bolliger et David Bircher, Credit [email protected]@credit-suisse.com

Qu'est-ce qu'ISO 20022?

Sous la désignation UNIFI (UNIversal Financial Industry message scheme), l'Organisation interna-tionale de normalisation (ISO) a émis un ensemble detypesdemessagesbaséssurXML(ExtensibleMarkup Language) et destinés à l'industrie financière. Les types de messages de paiement figurent sous la norme ISO 20022. À long terme, l'objectif est d'at-teindre une convergence vers une norme qui serait comparable à l'utilisation d'un langage commun dans le domaine financier.

Activités de Credit Suisse

Depuis début 2008, Credit Suisse propose le virement SEPA et en automne 2009 le prélèvement SEPA a été introduit par la banque. Ces deux schémas sont basées sur l’ISO 20022. Depuis début décembre 2010, les clients commerciaux peuvent transmettre leurs ordresdepaiementauformatXML,compatibleavecles recommandations de l’industrie financière suisse pour l’échange de données entre le client et la banque utilisant l’ISO 20022. Credit Suisse projette de mettre les messages pour le cash management/reporting au format ISO 20022 à la disposition de ses clients à partir de 2011.