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Une création du comité médias du mouvement de grève du cégep de Drummondville À l’intérieur : de l’informations et des opinions quant à la hausse des frais de scolarité Une manif réussie le 6 mars dernier à Drummondville Gréviste Photos : Alexandre Jacob Roussel, cégep de Drummondville

Journal de grève du Cégep de Drummondville

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Parution spéciale du comité médias du mouvement de grève du cégep de Drummondville

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Page 1: Journal de grève du Cégep de Drummondville

Une création du comité médias du

mouvement de grève du cégep de

Drummondville

À l’intérieur : de l’informations et des opinions quant à la hausse des frais de scolarité

Une manif réussie le 6 mars dernier à Drummondville

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Page 2: Journal de grève du Cégep de Drummondville

2 La grève à Drummondville

Eh oui, le temps passe vite, c’est bien connu.

Près de trois semaines se sont écoulées depuis

le premier vote de grève. Trois semaines pendant

lesquelles les débats concernant la hausse ont

été omniprésents dans nos vies. Trois semaines

pendant lesquelles un noyau d’une centaine de

grévistes s’est profondément engagé dans cette

cause pour gagner l’appui de la population.

Depuis quelques semaines, on dit souvent des

cégepiens qu’ils sont en vacances. C’est le cas

pour certains étudiants, mais il ne faut pas non

plus tomber dans la généralisation abusive. Le

Cégep de Drummondville a bougé depuis qu’il

est en grève. Des activités de mobilisation ont été

organisées à chaque jour – ou presque ! – pour

dénoncer la hausse des frais de scolarité.

Matchs d’impro, tournée des écoles secondaires,

marathon, « talent show », yoga, discussions à

saveurs politique, philosophique, économique et

historique, les étudiants n’ont pas attendu d’être

de retour en classe pour continuer à apprendre.

Et outre ces initiatives qui ont surtout fait des

vagues au sein des grévistes eux-mêmes, une

manifestation a également été organisée pour

promouvoir le mouvement. En marchant dans

les rues de Drummondville, les étudiants ont

voulu montrer que leur combat ne touche pas

uniquement les gens qui vont à l’école à l’heure

actuelle. Ils désiraient faire prendre conscience à

la population que le débat qui se joue sur la place

publique les concerne tous.

Le mardi 6 mars, cette manifestation, qui

avait pour thème les funérailles de l’éducation

accessible, s’est déroulée de manière exemplaire.

Plus de 250 personnes – des professeurs, des

étudiants et des parents – étaient présents pour

décrier non seulement la hausse des frais de

scolarité, mais aussi cette direction que prend la

société québécoise en réduisant l’accessibilité aux

études postsecondaires. Les manifestants ont,

entre autres, sillonné les rues St-Pierre, Heriot,

St-Georges et le boulevard St-Joseph, avec un

slogan particulièrement percutant aux lèvres : «

Un peuple instruit, jamais ne sera vaincu. »

Trois semaines de grève plus tardPar Stéphanie Proulx

Tout au long des trois dernières semaines, les

étudiants du Cégep de Drummondville – mais

aussi ceux de partout au Québec – ont cherché à

faire monter la pression par l’entremise de diverses

tactiques : manifestations, tournées d’information,

lettres aux journaux et au gouvernement,

pétitions… Un véritable mouvement de masse

s’est créé. En date du 20 mars, plus de 200 000

étudiants à travers la province sont en grève.

Nous, étudiants du Cégep de Drummondville,

ne sommes pas seuls. Ce n’est pas le moment

de courber l’échine. Au contraire, c’est plus que

jamais le temps de garder le cap et de rester

debout pour affronter la tempête.

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Il n’y avait pas que des étudiants à la manifestation drummondvilloise.

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Page 3: Journal de grève du Cégep de Drummondville

Avancer 3

Des arguments, parfois plus ou moins valides,

affluvent des deux côtés, autant en faveur qu’en

défaveur de la grève générale. Le sujet de la

hausse des frais de scolarité est devenu un débat

émotif où tout le monde a quelque chose à dire.

Si on se dit que ce combat en est un de société,

il reste que beaucoup de personnes n’osent

pas foncer dans ce mur qu’est le gouvernement

Charest. Elles n’osent pas faire valoir leur

croyance en l’éducation accessible, elles n’osent

pas se manifester contre cette décision. Pourquoi

ces gens ne font rien? La peur.

La peur est une arme redoutable, et nos

dirigeants la maîtrisent parfaitement. On nous

menace d’annuler la session, on nous a menacés

de nous retirer notre semaine de mise à jour, on

dépeint les grévistes comme des gens violents

et inconscients dans les manifestations… Rien

pour donner envie à un militant timide de quitter

sa confortable passivité pour se lancer dans cette

guerre aux frais de scolarité qui s’annonce tout

sauf gagnée. Tout sauf gagnée? La donne a peut-

être changé en faveur des étudiants…

Cela va faire trois semaines que le cégep de

Drummondville a joint le mouvement de grève,

qui était lui-même entamé depuis quelques

semaines auparavant. Le nombre d’étudiants

québécois en grève a dépassé le cap des

200 000, en vue de la manifestation nationale

du 22 mars prochain à Montréal. Les profs et

les centrales syndicales appuient maintenant

officiellement la masse étudiante, et même une

école secondaire se joindra à la manifestation de

jeudi. C’est rendu quelque chose de gros, quelque

chose que la ministre Beauchamp ne pourra pas

ignorer. Malgré tout, elle maintient son discours

et ne bouge pas d’un poil, même si jamais le

mouvement anti-hausse n’a été aussi fort.

Une des craintes que l’on a tous au fond de nous,

c’est de ne pas savoir ce qu’il adviendra de notre

session. Elle est légitime et parfaitement normale,

cette crainte. Mais en trois semaines de grève à

Drummondville, il y a une chose que j’ai réalisé:

après tout le chemin qu’on a fait, ici et ailleurs au

Québec, on n’a plus le choix d’avancer. Si on

abandonne maintenant, le gouvernement aura

gagné son pari : les étudiants auront effectivement

pris peur. Cependant, si le mouvement perdure

même après la grande manifestation, alors là,

c’est le gouvernement qui aura peur. Et peur pour

vrai. Ce n’est pas qu’une session d’études qu’il

risque de perdre s’il ne recule pas. Ces dernières

semaines n’ont été qu’un réchauffement en vue

de la vraie bataille.

Étudiants du cégep de Drummondville, que

vous soyez pour la grève ou contre la grève,

voire pour la hausse des frais de scolarité… nous

sommes aujourd’hui tous dans le même bateau:

notre session est en partie compromise. Nous

avons déjà perdu deux semaines de cours, en

plus de notre relâche. Si nous reculons, on aura

vraiment juste perdu tout ça, pour ne rien gagner

en retour. Mais si on assume qu’on prend un

risque calculé pour que ce soit le gouvernement

qui plie et qu’on fonce malgré les menaces, on

aura fait ce sacrifice pour gagner quelque chose.

Attention, voici une métaphore : après le 22, les

deux véhicules idéologiques vont rouler face à

face à pleine vitesse… reste à savoir lequel des

deux va « avoir la chienne » le premier et changer

de direction.

Plus forte que notre peur, notre volonté va nous

guider vers une société un peu plus juste pour

tous si on y croit jusqu’au bout. « On avance!

On avance! On ne recule pas! », crient certains

manifestants. Même si Line Beauchamp a des

bouchons dans les oreilles, elle n’aura plus

le choix de l’entendre lorsque tout le monde,

collectivement, le lui criera. Plus on est nombreux,

plus on est forts, plus elle devra se rendre

rapidement à l’évidence.

Trop tard pour reculerPar Olivier Dénommée

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« On avance, on avance, on ne recule pas! »

Page 4: Journal de grève du Cégep de Drummondville

Malgré notre belle devise nationale, je me

souviens, les Québécois ont une fâcheuse

tendance à avoir la mémoire courte. Notre

histoire n’est vieille que d’à peine quatre

centaines d’années, mais la condition des

Québécois, entre le XVIIe siècle et aujourd’hui,

a fait un saut prodigieux en avant, tant dans

le domaine de la santé qu’en économie et en

éducation. En ces temps de revendication

étudiante, il est bon de se rappeler les grandes

lignes de l’histoire de l’éducation au Québec,

afin de pouvoir mieux comprendre les enjeux

de société actuels autour de l’éducation.

Avant 1875 : premiers balbutiementsAu temps de la Nouvelle-France, il n’y a

évidemment pas de système d’éducation ni de

ministère de l’Éducation à proprement parler ;

à peine quelques missionnaires et instituteurs

ici et là qui prodiguent leur enseignement aux

mieux nantis. La majorité des Canadiens

français d’alors ne sont pas éduqués et sont

même, pour la plupart, illettrés.

Néanmoins, petit à petit, quelques

établissements d’enseignement dit supérieur

commencent à apparaître dans ce que sera

la province de Québec: d’abord, dès 1635, le

Collège des Jésuites est ouvert à Québec. Ce

collège est constitué selon le modèle classique

français et servira à son tour de modèle à tous

les autres collèges classiques du Québec,

spécialisés en théologie et en études classiques

et gérés par des religieux. C’est là que l’on

forme l’élite intellectuelle et le futur clergé

de la province. Les collèges classiques se

multiplieront et perdureront jusqu’en 1966, où

l’on en dénombrera 98 à travers la province!

Ensuite, on assiste, en 1663, à la naissance

de la toute première « université » canadienne:

le Séminaire de Québec, qui deviendra, en

1852, l’Université Laval. Ce n’est que plusieurs

anné es plus tard que d’autres universités

seront fondées : l’Université McGill, en 1821,

l’Université Bishop’s en 1843, et l’école

Polytechnique de Montréal (la seule institution

universitaire laïque à l’époque) en 1873. En

1868, une première tentative d’instauration d’un

ministère de l’Éducation publique au Québec a

lieu. Celui-ci sera néanmoins aboli en 1875 pour

être remplacé par le Département d’Instruction

publique (DIP), formé d’un comité catholique

et d’un comité protestant. Et tout ce temps,

l’éducation très coûteuse demeure réservée à

la bourgeoisie et au clergé québécois.

Entre 1875 et 1966 : Piétinement ou petits pas?À l’aube du XXe siècle, le Québec affiche encore

un haut taux d’illettrisme, comparativement aux

autres provinces du Canada. Selon le recensement

de 1891, 30 % des Québécois ne savent ni lire ni

écrire, alors que ce ne sont « que » 15 % de la

population du Nouveau-Brunswick et 7 % de celle

d’Ontario qui sont illettrés. Plusieurs facteurs jouent

un rôle important dans cet état des choses, mais le

principal reste l’accessibilité aux études. Soit que les

études coûtent trop cher pour la famille, soit que les

parents des milieux ruraux décident de garder leurs

enfants à la maison ou à la ferme pour permettre

à la famille de subsister. Les filles, pour leur part,

étaient souvent gardées à la maison pour aider

aux tâches ménagères et apprendre à devenir une

bonne femme au foyer. Je suis bien contente de ne

pas vivre à cette époque!

La situation étant loin de s’être améliorée, en 1960,

ce n’est que 63 % des enfants francophones qui

terminent leur septième année à l’école de rang ;

seulement 13 % finiront leur onzième année, ce

qui équivaut à peu près à la cinquième secondaire

actuelle. Chez les anglophones, c’est un peu plus

du triple de cet effectif, soit 36 % des étudiants, qui

terminent leur onzième année. Pendant près d’un

siècle, le système d’éducation des Québécois reste

sur place, et l’accès à l’instruction est limité. Une petite

amélioration cependant : en 1961, le corps enseignant

est maintenant composé majoritairement de laïcs

(69%), une grande première pour le Québec.

Parallèlement, plusieurs universités sont créées:

l’Université de Montréal, en 1878, le HEC (1907)

et l’Université Sir John William’s (1926). Dernière

de file, l’Université de Sherbrooke ne voit le jour

qu’en 1954, sous le nom du Séminaire St-Charles

de Borromée. Un système de bourses a aussi été

mis sur pied, mais en 1948, ce ne sont que 6 %

des étudiants universitaires qui y ont accès; un

bien petit nombre compte tenu du flagrant manque

d’accessibilité aux études de l’époque. D’ailleurs,

en 1953, seuls 6 % des jeunes du Québec en

âge de fréquenter l’université sont aux études,

soit 4 % des jeunes francophones pour 18%

4 HistoriqueIl était une fois... L’éducation au QuébecPar Véronique Hamel

Page 5: Journal de grève du Cégep de Drummondville

des jeunes anglophones. Pis, ce nombre va en

descendant : en 1960, ce n’est plus que 3% des

jeunes francophones de la même tranche d’âge

qui fréquentent l’université, et seulement 11% de

leurs compatriotes anglophones. Et sur tous ces

étudiants, mes chères féministes, seulement 14%

sont des femmes. Il n’y a de cela que 50 ans.

1966- Aujourd’hui : avancée à pas de géant! C’est cette déficience criante du système

d’éducation québécois d’avant la Révolution

tranquille qui pousse le gouvernement à

demander une commission d’enquête sur l’état

de l’Éducation au Québec. Vous l’aurez deviné,

il s’agit de la Commission Parent, qui s’étale sur

trois ans, de 1963 à 1966. Les conclusions sont

unanimes : le système d’éducation en place est

sclérosé et chaotique et ne répond plus depuis

longtemps aux besoins de la population du

Québec. La thèse principale ressortissant de

ce rapport est que l’éducation est un droit, et

non plus un luxe. Des recommandations sont

faites, entre autres celle que l’État prenne en

main l’éducation, que des mesures soient prises

pour augmenter l’accessibilité aux études et que

la gratuité scolaire soit envisagée sérieusement.

C’est alors que tout le Québec se met en branle.

D’abord, on coupe à grands coups de hache

dans le nombre de commissions scolaires ; de

1500 entités indépendantes à travers la province,

on passe à seulement 55 commissions scolaires

catholiques pour 9 protestantes. On met sur pied

des écoles secondaires polyvalentes, semblables

aux écoles secondaires actuelles. L’Église n’a

plus rien à voir avec le système d’éducation,

mis à part quelques collèges privés qui gardent

une vocation religieuse particulière. Plus encore,

on fait disparaître les collèges classiques ; on

les remplace par les collèges d’enseignement

général et spécialisé, mieux connus sous le nom

de cégeps. Aussitôt qu’ils sont instaurés, la gratuité

scolaire s’étend jusqu’à ces derniers. C’est donc

maintenant les niveaux primaire, secondaire et

collégial qui sont accessibles à tous.

Finalement, en 1969, pour faciliter l’accès

aux études des jeunes en région, l’État crée

le réseau de l’Université du Québec, d’abord

à Montréal, à Chicoutimi et à Trois-Rivières.

Suivront plus tard l’UQAR (1973), l’UQO (1981)

et l’UQAT (1983). Dans la même visée, la Téluq

voit le jour en 1972 et permet depuis à plusieurs

adultes et jeunes parents de poursuivre leurs

études à domicile. De plus, un vrai système de

prêts et bourses (AFE) est finalement instauré

par le gouvernement, afin de permettre aux plus

démunis d’avoir la chance d’accéder aux études

universitaires, bien que tous les étudiants n’y

soient pas admissibles.

Évidemment, avec tous ces changements

majeurs et bénéfiques, le nombre d’étudiants

québécois fréquentant les universités augmente

sans cesse depuis les années 1970, tout comme

le pourcentage de ces étudiants que représentent

les filles. À titre d’exemple, en 1971, 17 % des

jeunes de 20-24 ans étaient étudiants à temps

plein au niveau postsecondaire, c’est-à-dire 22%

des garçons et 12 % des filles de cette tranche

d’âge. En 2001, c’est 41 % des jeunes de 20-24

ans qui étudient à temps plein au collégial ou à

l’université, donc 39 % des garçons et 44 % des

filles. Le pourcentage de jeunes qui accèdent à

la cinquième secondaire a également grimpé :

de 57 % en 1982, on passe à 76 % des jeunes

en 2005. C’est une montée remarquable, si on

la compare au siècle de stagnation qui avait

précédé!

Et maintenant?Rappelons-nous qu’une des principales assises

de la Commission Parent qui nous a fait tant

avancer était de considérer l’éducation comme un

droit et de promouvoir la gratuité scolaire en prenant

des mesures en faveur de celle-ci. Seulement

quelques années après la fin de la commission

d’enquête, plusieurs promesses ont été oubliées

ici et là, dont celle de la gratuité scolaire, de l’accès

facilité aux études, du droit à l’éducation.

Les dernières mesures prises par le

gouvernement du Québec concernant

l’éducation rejettent totalement tout ce qui

a été avancé avec la Commission Parent,

sans laquelle, je vous le rappelle, le cégep

de Drummondville serait sûrement un collège

classique où l’on nous enseignerait la parole de

Dieu avant les arts et les sciences (naturelles et

humaines). Il ne faut pas croire que le Québec

tel que nous le connaissons est acquis depuis

et pour toujours : si la commission Parent a eu

tant d’impact, c’est en grande partie en raison

du contexte socio-économique de l’époque, et

on parle ici de la Révolution tranquille.

Si vous avez la chance d’être aux études

en ce moment, ou de pouvoir aller à l’hôpital

sans vous endetter, c’est grâce à vos parents

et vos grands-parents, qui ont milité et se sont

battus pour le Québec, dont nous profitons

aujourd’hui. À nous maintenant d’en faire de

même, et de faire respecter les droits que les

Québécois ont gagnés à la sueur de leur front!

Historique 5

Page 6: Journal de grève du Cégep de Drummondville

Dans la semaine qui a suivi la première

assemblée générale de grève, un sondage portant

sur l’opinion des étudiants face à la grève ainsi que

leur situation économique quant à la hausse des

frais de scolarité a été distribué en papier et par

MIO à plusieurs étudiants et déposé un peu partout

dans le cégep de Drummondville. Le but était de

toucher une grande partie des étudiants du cégep,

autant ceux qui sont pour la grève générale illimitée

que ceux qui s’y opposent, bien que de tous les

rejoindre était malheureusement impossible,

puisque je ne fais pas partie du corps administratif

du cégep.

Je tiens d’abord à remercier tous ceux qui ont

répondu à ce sondage. Sur environ 400 étudiants

sollicités, 46 y ont répondu, ce qui est, selon moi, un

taux d’échantillonnage raisonnable (un peu plus de

10 %). Les questions posées étaient neutres, et ne

visaient pas plus une catégorie d’étudiants qu’une

autre; ainsi, sur les 46 répondants, 23 étudiants

ont affirmé être pour, 21 être contre, et seulement

deux ont dit être indécis face à la grève étudiante.

Plusieurs m’ont dit être satisfaits de l’impartialité

du sondage, ce qui me confirme que cet objectif

particulier a bel et bien été atteint. J’ai cependant

séparé les statistiques en deux groupes, à toutes

fins comparatives : les réponses de ceux qui sont

pour la grève (en %) et celles de ceux qui sont

contre.

La deuxième question était « participez-vous

activement aux débats et activités concernant la

grève étudiante ? ». 91 % de ceux qui étaient pour

la grève ont répondu oui, alors que seulement

48% de ceux qui étaient contre affirment participer

activement aux débats et activités en lien avec la

grève, ne serait-ce qu’en exerçant leur droit de

vote et prenant part aux débats sur le sujet. C’est

donc le double des étudiants qui s’implique dans

la lutte contre la hausse des droits de scolarité

comparativement à ceux qui militent contre la grève.

J’espère que cela amène une nouvelle vision de la

situation à ceux qui clament que les étudiants qui

votent pour la grève ne s’impliquent pas dans leur

lutte. Ce serait en ce moment plutôt à ceux qui sont

contre la grève de déployer plus d’efforts pour faire

valoir leur point.

Les questions qui suivent ont présenté un écart

assez faible entre les étudiants des deux camps.

61 % des gens pro-grèves sont touchés par la

hausse, pour 57 % des gens contre la grève.

61% des premiers sont en DEC préuniversitaire et

39% sont en DEC technique, alors que 48 % des

étudiants contre la grève étudiante sont en DEC

préuniversitaire et 52 % sont en DEC technique. Il

y a donc une majorité d’étudiants inscrits au DEC

préuniversitaire parmi les étudiants militant pour la

grève. 87 % de ces derniers envisagent d’aller à

l’université pour 76 % de leurs « opposants ». Il y a

donc un peu plus de futurs universitaires parmi les

étudiants en faveur de la grève que parmi ceux qui

sont contre.

Sur le plan monétaire, 65 % des étudiants pour

la grève disent être aidés financièrement par leurs

parents, pour 62 % des étudiants contre la grève.

Par contre, 35 % des premiers ont accès aux prêts

et bourses (pour la majorité, seulement des prêts),

alors qu’uniquement 19 % des seconds y ont

accès. En somme, ce sont seulement 28 % des

étudiants qui ont accès aux prêts et bourses, soit

à peine plus d’un quart des étudiants du collégial.

Par ailleurs, il n’est nullement question ici de la

proportionnalité prêts/bourses (qui est souvent

majoritairement ou totalement représentée par des

prêts) ou de montants alloués. En effet, quelqu’un

qui reçoit à peine 250 $ de bourses par année ne

pourra pas vraiment mieux subvenir à ses besoins

qu’avant de recevoir toute forme de bourses.

Finalement, à la question « avez-vous un emploi

à temps partiel durant vos études? », un peu plus

de la moitié, soit 52 %, des étudiants en faveur de

la grève ont répondu oui. Par contre, c’est 81 % des

étudiants en défaveur de la grève qui ont répondu

à cette question par l’affirmative. Ainsi, c’est une

plus grande partie des étudiants contre la grève

qui sont plus autonomes sur le plan financier que

chez leurs camarades dans l’autre camp. Peut-

être qu’envisagez la hausse, pour cette raison, est

moins angoissant pour eux que pour ceux qui n’ont

pas encore d’emploi à temps partiel et qui ont déjà

de la difficulté à joindre les deux bouts au cégep.

Peut-être ce résultat est-il aussi lié à la mentalité

selon laquelle il faut payer individuellement pour

tout ce que l’on veut obtenir et que c’est ce qui

pousserait les étudiants à travailler dès qu’ils en

6 SondageGrève générale illimitée :Ce qu’en pensent les étudiantsPar Véronique Hamel

Page 7: Journal de grève du Cégep de Drummondville

ont l’âge afin de défrayer d’abord leurs dépenses

personnelles, puis leur vie au complet. Il ne faut pas

oublier, cependant, que l’idéologie selon laquelle

l’éducation est un droit et qu’étudier est un emploi

à temps plein existe et mérite tout aussi bien de se

faire valoir.

La quatrième question du sondage, la plus

importante, demandait d’exposer l’argument le

plus fort appuyant le point de vue de l’individu.

Les mêmes arguments sont ressortis à plusieurs

reprises. Par ailleurs, une personne pour la grève

et quatre personnes contre sont restées sans

argument. Voici donc, par ordre d’importance, les

arguments invoqués par les étudiants s’opposant

à la grève : premièrement, la grève est légitime

puisque le coût de la vie et le salaire minimum

ont également augmenté (pas dans les mêmes

proportions, cependant). Deuxièmement, la

grève est inutile puisqu’une victoire ne fera que

repousser le problème des frais de scolarité dans

le futur. Je reviendrai sur cet argument à la fin de

l’article. Troisièmement, la grève nous fait perdre du

temps, et donc de l’argent, en plus de bouleverser

nos stages et nos sessions. Finalement, il existe

de meilleurs moyens de gagner cette lutte (à part

une suggestion de grève estivale, aucune autre

alternative n’a été suggérée, et peu de gens contre

la grève s’impliquent dans des mouvements

parallèles à la grève, comme le mouvement de

spam du gouvernement, par exemple).

Quant aux arguments de ceux qui sont pour la

grève générale illimitée, les deux plus répandus

sont que l’éducation est un droit et devrait donc

être accessible à tous et que les universités ne sont

pas sous-financées, mais mal-financées. Ensuite,

plusieurs ont répondu que c’est l’éducation des

citoyens qui permet à la société d’être saine et

d’avancer. En effet, si le peuple n’est plus éduqué,

ce sont les nouvelles technologies, la recherche

scientifique, les avancées en santé, la politique, la

langue, l’éducation, et j’en passe, qui stagneront

ou même se dégraderont. C’est par la suite toute

la société qui en souffre, c’est notre richesse qui

s’écoule jusqu’à dépendre des autres pays, c’est

la condition de vie des Québécois qui recule. Rien

n’est acquis, il faut toujours continuer à avancer et

à investir dans le futur de notre société. Finalement,

certains ont signalé que la grève étudiante était

le seul moyen de pression efficace contre le

gouvernement. Ce n’est probablement pas le

seul, mais c’est de loin le plus efficace jusqu’à

maintenant.

J’ouvre ici une petite parenthèse pour revenir sur

le deuxième argument des étudiants se dressant

contre la grève : primo, la grève n’est pas inutile,

car c’est le moyen de pression le plus efficace

contre le gouvernement, et ce, de toute l’histoire du

mouvement étudiant. Faire la grève est par ailleurs

un droit des citoyens qui est inaliénable et qui

permet de rétablir la démocratie quand l’État prend

des décisions qui ne conviennent pas au peuple.

Deusio, c’est vrai que si nous gagnons cette lutte,

le dégel des frais de scolarité menacera toujours

d’être levé à tout moment dans le futur; mais les

frais augmenteront tout de même ultérieurement si

on ne réussit pas à bloquer la hausse actuellement

prévue : le problème sera donc éventuellement

amplifié dans le cas où le gel des frais de scolarité

serait levé maintenant. L’État ne commencera pas

à épargner les étudiants à partir du moment où

la hausse sera établie; au contraire, si on ouvre

les vannes à la tarification de l’éducation, les frais

pourront être augmentés sans cesse, et ce, tant

que les frais de scolarité au Québec ne seront

pas les plus chers du pays, tant qu’ils ne seront

pas les pires qui existent, car avant d’atteindre

cette limite, il y aura toujours un endroit avec lequel

nous comparer à la baisse pour nous consoler. Je

referme la parenthèse.

J’espère sincèrement que les résultats de ce

sondage ont pu répondre à quelques-unes des

questions que vous vous posiez quant à la grève

et, plus encore, qu’ils ont pu abolir certains préjugés

que vous vous étiez peut-être faits à propos des

étudiants du camp opposé. La grève générale

illimitée est une période turbulente, qui peut être

autant passionnante qu’angoissante pour certains,

mais rappelez-vous que ce n’est pas en se tenant

à l’écart et en restant fermé aux propos de nos

compatriotes que l’on sort gagnant d’une telle

situation.

Sondage 7P

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Plus de 50 % des étudiants du cégep ont participé aux deux assemblées générales de grève

Page 8: Journal de grève du Cégep de Drummondville

8 Hausse des frais

Instiguée depuis quelque temps,

l’augmentation des frais de scolarité quant aux

études postsecondaires apparaît, d’emblée, sur

le budget 2011-2012 que le ministre du Revenu,

député d’Outremont, Raymond Bachand, a

déposé en mars à l’Assemblée nationale du

Québec.

Cette hausse des droits d’éducation se réalisera

sur une période de cinq années. Entre 2012 et

2017, la facture étudiante croîtra de 325 $ par

an pour atteindre la somme de 3793 $ d’après

les indications du gouvernement Charest.

Initialement de 2168$, cette progression des

coûts scolaires se chiffrera à 1625$. Ce plan de

financement des universités permettra de faire

avancer la part des étudiants dans celui-ci de

12,7 % à 16,9 % du total. Par le fait même, la

part du gouvernement dans les investissements

dans les universités, originairement de 54,0 %,

s’établira à 51,4 %. Ainsi, M. Bachand affirme

que les étudiants payeront leur juste part dans

l’éducation universitaire. Pour compenser cette

majoration des coûts, le gouvernement bonifiera

le programme de prêts et bourses avec 35 % de

celle-ci.

En réaction à cette mesure du budget étatique,

les étudiants se sont mobilisés en grand nombre

contre l’élévation des frais de scolarité. D’ailleurs,

d’après une étude du Comité consultatif sur

l’accessibilité financière aux études (CCAFE),

jusqu’à 7000 étudiants pourraient quitter les bancs

d’école uniquement en raison de la hausse des

droits de scolarité universitaires. À ce sujet, une

manifestation étudiante d’envergure inégalée,

en dehors des rassemblements effectués dans

le cadre d’une grève générale, s’est déroulée le

10 novembre 2011. Effectivement, elle a rejoint

approximativement 30 000 étudiants et partisans

de la cause.

Au-delà des motifs monétaires, deux idéologies

s’affrontent dans la vision de l’éducation. D’une

part, le Parti libéral de Jean Charest prône

la responsabilisation des étudiants. Celui-ci

affirme que la population étudiante doit défrayer

les montants correspondant à leur juste part.

D’ailleurs, il insiste sur le privilège que possèdent

les étudiants québécois en comparaison

aux frais exorbitants retrouvés ailleurs en

Amérique du Nord. D’autre part, le mouvement

étudiant ainsi que le Parti québécois, Québec

solidaire de même qu’Option nationale, misent

davantage sur une meilleure accessibilité aux

études supérieures. Alors que l’ensemble

désire l’annulation de cette hausse des frais de

scolarité, plusieurs proposent même la gratuité

scolaire à l’endroit des études postsecondaires.

Les étudiants comparent plutot la situation

québécoise avec celle de plusieurs pays

d’Europe, qui offrent des coûts moindres ou

inexistants.

À ces balbutiements, la grève générale du

cégep de Drummondville comme dans plusieurs

établissements postsecondaires au Québec se

poursuit et plusieurs mouvements de part et

d’autre seront à prévoir.

Devant l’immobilisme du gouvernement,

une grève générale a été déclenchée par

plusieurs associations étudiantes dernièrement.

À l’heure actuelle, environ 150 000 étudiants

se retrouvent dans cette situation dont,

depuis le mercredi 29 février 2012, le cégep

de Drummondville. Présentement, plusieurs

initiatives sont entreprises par les grévistes pour

aller chercher l’appui de la population. Au cégep

de Drummondville, plusieurs comités tels que

ceux des médias, des manifestations ou des

arts ont été formés dans l’objectif d’augmenter

la visibilité de leur cause. Des actions concrètes

seront réalisées prochainement. En outre, les

interventions accomplies, depuis le dépôt du

budget, semblent avoir convaincu une part de

la population. Dans les sondages, la proportion

des Québécois s’opposant à l’accroissement

des frais de scolarité est passée de 36 % en

novembre 2011 à 53 % en février 2012.

Les impacts de l’accroissementdes frais de scolaritéPar Frédéric Comeau

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Page 9: Journal de grève du Cégep de Drummondville

Avis d’un père 9

C’est vraiment spécial le monde! Plus tu

es riche et à l’aise, plus tu attires l’appui des

foules. Mais à l’inverse, si tu as un revenu «

minus » et que tu luttes comme un forcené pour

réussir, tu fais peur, comme si en t’appuyant

le monde risquait de s’appauvrir. Je crois que

c’est comme ça depuis le début de l’humanité.

On a juste à se remémorer la visite du fameux

couple princier cet été, à se rappeler comment

le Québec était à leurs genoux. Pourtant, qu’est-

ce qu’il représente pour notre avenir, ce couple ?

Absolument rien, contrairement à ce que pourrait

nous apporter une éducation supérieure de

qualité pour nos jeunes Québécois! Et pourtant,

ils ont de la difficulté à mobiliser des centaines

de personnes sur la place publique malgré les

énergies phénoménales qu’ils déploient dans

leurs manifestations. Et la cause ? Ils n’ont pas

de millions pour se pavaner couverts d’or et de

gloire.

C’est encore le même principe qui s’applique

pour Star Académie. Quatorze jeunes chanceux,

qui se sont mérité une place dans ce prestigieux

concours grâce à une simple chansonnette,

se voient aussitôt grassement nourris, logés,

éduqués (pour chanter et danser, ce qui est très

rentable pour notre avenir de divertissement à

tous [sans vouloir dénigrer les artistes qui sont

très importants dans une société saine]) et, en

plus tout ça, gratuitement ! Et le monde trouve

moyen de les prendre en pitié alors que leur

formation (leurs études supérieures à eux)

ne durera à peine que deux mois ?! Pas pire

comparé aux études universitaires qui durent

souvent plus de quatre ans et qui exigent bien

des sacrifices – je ne parle pas ici d’étudiants de

familles riches qui donnent mauvaise réputation

aux autres en allant dépenser leurs prêts et

bourses dans le sud à la première semaine de

vacances venue –, des nuits blanches à étudier

et des logements minables à se partager entre

colocataires. Non, ces étudiants-là, vous avez

de la misère à leur consacrer quelques minutes

pour les écouter ou lire leurs cris du cœur! Mais

les académiciens, vous avez le temps de les

suivre sur le net, de les regarder cinq soirs par

semaine à la télé après le souper, de passer toute

votre soirée du dimanche avec eux et de suivre

leur autobus par centaines, de payer des billets

près de 100 $ pour aller voir leur show et même

de voter par MILLIERS pour eux et les sauver!

Et pourtant, pour votre avenir, ils n’apporteront

que bien peu comparativement à ceux qui,

sans votre aide, vont quand même devenir des

médecins, des chirurgiens, des astrophysiciens,

des ingénieurs, des chercheurs et j’en passe.

Ceux-là qui, par l’ironie du sort, veulent vraiment

travailler pour vous bâtir un avenir meilleur plutôt

que de s’emplir les poches à vos dépens !

Oui, le monde est vraiment bizarre !

Sylvain Hamel, Papa de six enfants qui, j’en suis

convaincu, enrichiront votre avenir

Ferveur pour les académiciens de Julie Snyder vs l’appui pour les étudiants contre la hausse des frais de scolaritéPar Sylvain Hamel

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M. Hamel a créé cette banderole.

Trois des enfants de Sylvain Hamel

Page 10: Journal de grève du Cégep de Drummondville

10 Sources du problème

Dans les dernières semaines, 200 000

étudiants ont voté en faveur d’une grève

générale illimitée pour contrer la hausse

des frais de scolarité imposée par le

gouvernement Charest. L’augmentation

prévue de 1625 $ sur cinq ans est censée

permettre de renflouer les coffres des

universités, qu’on dit sous-financées.

On parle de sous-financement, mais

on devrait plutôt traiter de mauvaise

gestion. Gaspillage honteux, manque

inacceptable de clairvoyance et de

transparence, bureaucratie abusive.

Injecter plus de fonds ne réglera pas le

problème. L’argent existe, mais il a un

peu trop tendance à disparaître dans les

trous noirs du Ministère de l’Éducation.

Retraités, travailleurs, contribuables,

citoyens, peut-être avez-vous

l’impression que c’est un problème qui ne

vous concerne pas ? C’est là que vous

vous méprenez. La question ne touche

pas uniquement les pouilleux de l’UQAM,

les étudiants en sciences politiques et les

gauchistes acharnés. Le débat qui se joue

en ce moment sur la place publique est un

débat de société. Un débat dans lequel

vous avez le devoir de vous impliquer.

La hausse des frais de scolarité n’est

que le symptôme d’une maladie bien

plus grave qui s’attaque à tout le système

politique québécois. Et c’est cette

maladie qu’il faut guérir, collectivement,

conjointement. Il faut mettre un terme

à l’incompétence d’un parti depuis trop

longtemps assis sur le pouvoir. Mettre

un terme à la corruption, aux bonis et

aux parachutes dorés qui nous privent

d’importantes sommes d’argent chaque

année. Mettre un terme à la couardise

des gouvernements qui se sont succédé

depuis quarante ans. Mettre un terme à

ce refus de faire le ménage d’un État qui

alourdit son système à coups de sous-

comités de consultation au détriment de

réels résultats pour nous, citoyens. Mettre

un terme à tout cela.

Depuis longtemps, on mène ses batailles

chacun de son côté. Chaque syndicat,

chaque groupe de pression revendique

son dû avec les moyens dont il dispose. On

en parle un peu dans les médias, l’espace

de quelques semaines, puis l’histoire

Un Québec malade Par Stéphanie Proulx et Camille Dupuis

sombre dans l’oubli. Les gains sont

rares et n’ont pas de portée significative,

puisqu’on propose rarement des solutions

qui s’attaquent aux véritables causes du

problème.

Les étudiants auront beau gagner leur

guerre, faire flancher le gouvernement

une fois de plus, le débat aura tôt fait

de resurgir. C’est un cercle vicieux : les

étudiants manifestent pour contrer la

hausse, le gouvernement plie, augmente

les impôts et, cinq ans plus tard, quand il

ne sait plus où trouver l’argent, propose

à nouveau d’aller le chercher dans

les poches de la jeune génération. On

s’acharne à patcher les trous dans les

murs, mais on ne prend jamais le temps

de s’attarder à la structure qui vacille

et menace de s’effondrer. Idéalistes,

les étudiants ont beaucoup de volonté,

mais, à eux seuls, la tâche est colossale.

Pour forcer le gouvernement à revoir sa

façon de gérer notre argent, il faut que

toute la société s’indigne et se joigne au

mouvement initié par les étudiants.

Le défi qui nous attend est grand, mais

laissons tomber le cynisme et l’attitude

d’à-plat-ventrisme. Laissons tomber cet

air blasé qui nous colle au visage dès

qu’on parle de politique. La différence,

c’est à nous de la faire. Aujourd’hui, pas

demain ou dans vingt ans. Levons-nous.

Unissons-nous. Parce que, comme on

nous l’a déjà dit, on est peut-être quelque

chose comme un grand peuple.

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Jean Charest est au pouvoir depuis 2003.

Page 11: Journal de grève du Cégep de Drummondville

Témoignage 11

Je suis l’aînée d’une famille de 6 enfants,

dont trois sont atteints d’une maladie génétique

rare qui nécessite une diète spéciale et une

alimentation nocturne, entre autres. Je suis l’une

des trois. Je ne suis encore que partiellement

indépendante du nid familial, puisque je travaille

encore très peu pendant la semaine et que je

paie mes études avec mes emplois d’été. Je vis

en appartement, mais je reviens chez ma famille

presque toutes les fins de semaine.

Je ne suis pas pour le compromis travail-

études, car je considère que les études SONT

un travail, un service rendu à la société, et

qu’en plus j’ai CHOISI de m’investir à 100 %

dans mes études pour donner le meilleur de

moi-même et de devenir un atout, et non un

fardeau, pour ma société.

Je ne suis pas dépensière - je ne magasine

pas, je n’ai aucun gadget, je n’ai pas de voiture,

je ne fête pas, j’assiste malgré moi à très peu de

concerts et d’évènements. Ma famille non plus.

Nous vivons avec des moyens très simples, et

notre budget est très serré.

Mes parents m’aident encore à payer mon

loyer comme ils le peuvent, mais j’essaie de

subvenir à mes besoins de façon de plus en plus

indépendante. Je ne suis par ailleurs encore qu’au

cégep, et les dépenses liées aux études sont

minimes, comparées à ce qu’elles seront à partir

de l’an prochain, quand j’entrerai à l’université.

Jusqu’à présent, étant l’aînée, je suis encore

la seule à être aux études, en plus de ma

mère qui complète à distance un certificat en

administration. Bientôt, mes petits frères me

suivront: la famille ne pourra pas se permettre

de tous nous aider dans notre cheminement

scolaire.

Ça me brise le cœur, chaque fois que je les

entends parler de leur rêve d’avenir: « moi,

je veux devenir architecte », « et moi, roboticien,

pour pouvoir concevoir des robots qui pourront

aider les personnes qui meurent de faim en

Afrique » (rêve assez farfelu, mais bon), « quand

je serai grand, je serai paléontologue », etc.

Ce sont souvent des métiers qui nécessitent

des études universitaires, études universitaires

qu’ils ne pourront sûrement pas s’offrir, à moins

d’alterner années d’études et années de travail

à temps plein, ce qui est très mauvais pour la

motivation à long terme et qui peut mener aussi à

« l’éparpillement » total (faire des petites jobines

ici et là, ne pas obtenir de diplôme significatif au

terme de ses études, etc.)

Nous sommes une famille unie, et mes parents

souhaitent de tout leur cœur pouvoir nous aider

dans la poursuite de nos études, mais nous

sommes loin d’être riches, et appuyer un seul

enfant dans ses études supérieures est très

difficile ; ce le sera encore plus dans quelques

années, quand nous serons plusieurs à être

rendus à ce stade.

Nous n’adhérons pas à la mentalité « ils sont

grands, on leur donne un bon coup de pied au

cul et il se démerderont avec la vie ». Selon

nous, c’est la meilleure source de décrochage,

car c’est à ce moment que le travail devient

nécessaire et évince les études, que les

problèmes de colocation se succèdent et que les

« dépenses personnelles » pleuvent par millier

(chauffage, électricité, char, téléphone, internet,

cellulaire, habillement, etc.)

Pour conclure, je souligne qu’avec la hausse

des droits de scolarité, ce n’est pas seulement

moi qui ne pourrai pas aller à l’université, mais

aussi toute ma famille qui se mettra dans le trou

et tous les enfants qui mettront une croix sur leurs

rêves et qui rayeront de la carte leurs meilleures

perspectives d’avenir, seulement parce qu’on a

jamais eu le luxe d’être riche. Et je sais que nous

ne sommes pas seuls dans cette situation.

Témoignage d’une étudiantePar Véronique Hamel

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Véronique (à droite) avec sa famille lors de la manifestation familiale du 18 mars 2012

Page 12: Journal de grève du Cégep de Drummondville

12 Avis d’un enseignant

On dit qu’ils ont tous des voitures, qu’ils ont

tous des iPhones, qu’ils vivent dans le luxe

tout en exigeant la gratuité scolaire. On dit

que ce sont des enfants gâtés individualistes

qui ne connaissent pas l’effort et la valeur

de ce qu’ils ont. Ils veulent tout, maintenant,

sans rien en retour.

D’une part, reprocher aux étudiants d’être

des consommateurs est une accusation

que l’on peut rarement faire la conscience

tranquille, si elle ne relève tout simplement

pas de la mauvaise foi et de l’hypocrisie.

Les ados et les jeunes adultes sont la cible

de la majorité des publicités produites dans

notre société de surconsommation débile,

alors ne soyons pas trop sévères s’ils cèdent

aux pressions de nos corporations. D’autre

part, quand on les traite d’enfants-rois

irresponsables, on applique à une majorité

les caractéristiques d’individus particuliers,

car il existe aussi des étudiants travaillants,

responsables et appliqués dans leurs études,

mais ceux-ci ne servent pas l’argumentaire

biaisé que l’on tente de présenter. Ce sont

des généralisations abusives fondatrices

de préjugés et d’idées fausses. De telles

affirmations ne font pas avancer la discussion

de façon rationnelle. Elles ne font que l’enliser

dans la perception et l’émotion et aboutissent

à des chicanes stériles bien plus qu’à des

débats féconds. Or, c’est toujours plus facile

de se chicaner que de débattre.

Ainsi, on parle bien davantage de la paresse

des profiteurs en congé que de la conscience

sociale de ceux qui s’engagent dans la lutte.

Et, encore une fois, on détourne le débat qui,

pourtant, repose sur des questions de fond

bien plus importantes. Pourquoi parle-t-on de

gratuité scolaire ? Qu’entend-on par gratuité?

Trente ans de néolibéralismeLa situation actuelle de l’éducation au

Québec prend ses racines dans un courant de

néolibéralisme vieux de plus de 30 ans. Dans

les années ’80, le discours dominant répète

sans cesse que les employés du secteur

public jouissent de privilèges inacceptables

sur le plan de la sécurité d’emploi et des

salaires. Comme s’il s’agissait de politiques

malpropres, il faut désormais «assainir»

et «dégraisser» les finances publiques qui

ne servent qu’aux profiteurs et qui font de

nous des insouciants qui vivent au-dessus

de leurs moyens. On affirme qu’il faut

procéder à un «redressement», comme si

les politiques antérieures étaient bancales.

Ainsi, on remet en cause le rôle de l’État

dans le développement économique, social

et culturel puis on lance l’offensive contre les

chômeurs, les travailleurs, les employés de

l’État et les professeurs.

En 1981, un an après l’échec référendaire,

René Lévesque et son ministre des finances

Jacques Parizeau prévoient des coupures

de l’ordre d’un demi milliard de dollars dans

l’éducation et la santé. L’objectif est de réduire

l’imposition des contribuables en s’inspirant

des politiques de Ronald Reagan. Au Canada,

le Premier ministre Conservateur Brian

Mulroney fait du libre-échange avec les États-

Unis l’enjeu principal de l’élection de 1988. Le

Premier ministre Robert Bourassa continue

de faire tourner à droite le Québec en mettant

la priorité de ses politiques à l’économie.

Mais c’est surtout en 1996, avec l’arrivée

au pouvoir de Lucien Bouchard, ancien

conservateur sous Mulroney, que le Québec

prend définitivement le virage néolibéral,

notamment avec l’application de mesures

économiques draconiennes qui ont pour

conséquences des coupures budgétaires

drastiques dans les programmes sociaux. Le

gouvernement de Jean Charest, lui aussi un

ancien conservateur de l’équipe Mulroney, ne

fait que poursuivre le mouvement. Et on ne

parle pas encore de Stephen Harper.

Depuis les années ’80, presque partout

sur la planète, le politique abdique devant

l’économique. Les progrès sociaux, résultats

de luttes collectives acharnées, reculent

d’une mesure à l’autre. Les chiffres, les

statistiques et les théories économiques

ont préséance sur les réalités sociales et

historiques et le néolibéralisme devient un

modèle systématiquement appliqué par le

Fonds Monétaire International. Chez nous,

on ne cesse de se comparer à l’Ontario, aux

États-Unis et à des moyennes nationales

La source del’indignationPar Grégoire Bédard, enseignant en littérature et en cinéma au Cégep de Drummondville

Page 13: Journal de grève du Cégep de Drummondville

qu’il faut absolument rattraper. De plus en

plus, notre façon de penser le monde est

déterminée par la pensée économique, ses

concepts, ses mots. En éducation, on parle

de clientèle étudiante, de taux de réussite,

de cibles de performance, de profil de sortie,

de compétitivité des universités, comme s’il

s’agissait d’une industrie où l’humain est

devenu une marchandise.

La thèse principale du néolibéralisme

est que le marché «libéré des entraves

politiques» créera un équilibre naturel dont

tout le monde jouira parce qu’il sera juste et

libre. Cet équilibre transcendant est créé par

la «main invisible» du marché prophétisée

par Adam Smith en 1776. Mais, dans les

faits, cette croyance théorique appliquée par

les gouvernements contemporains ne fait

que consolider les structures actuelles du

pouvoir en amenant les individus à abdiquer

au nom d’un ordre supérieur à venir. La

réalité sociale démontre en fait le contraire

: le «laisser faire» économique est créateur

d’inégalités, de chaos et de guerre. Sans

cesse tout ramener au simple marché est

extrêmement réducteur, mais depuis la chute

du communiste, à la fin des années ’80, il

n’existe plus de contre-poids idéologique au

néolibéralisme. Il est triomphant, dominant et

arrogant.

Les expérimentations de démocratie directe

du mouvement «Occupy» et des Indignés

sont encore trop embryonnaires pour y

voir une alternative crédible. Malgré tout, la

contestation des politiques actuelles n’est

pas dépourvue d’une pensée structurée et

sérieuse. C’est à un autre monde qu’aspirent

les étudiants et de nombreux autres acteurs

sociaux à travers la planète.

Un autre monde est possibleLe but premier de l’école n’est pas de former

des travailleurs et de créer des emplois, car

le but de l’existence n’est certainement pas

de travailler pour gagner des sous afin de

consommer des biens et des services. Cette

logique du travail et de la consommation est

intimement liée à un système de pouvoir basé

sur l’argent et, forcément, sur l’exploitation

et l’injustice. L’éducation est justement

là pour nous aider à être autonomes et

libres, à être conscients et responsables, à

discerner les idéologies et les systèmes de

pouvoir qui nous entourent, à développer une

pensée critique et une liberté intellectuelle.

L’éducation est là pour nous aider à vivre et,

en ce sens, elle est un bien collectif précieux.

Elle est un outil de liberté et non pas un outil

de compétition. La gratuité de l’éducation est

un choix politique qui repose sur des valeurs

collectives. L’éducation peut être gratuite si la

collectivité décide d’en faire un bien commun

et… de payer ses impôts.

L’éducation nous permet de nous affranchir

de la logique de l’exploitation. C’est

malheureusement parce que l’idéologie

néolibérale du laisser-faire est très forte

aujourd’hui que l’éducation est en péril.

C’est à cette idéologie dominante qu’il faut

résister et c’est elle qu’il faut rejeter. C’est

elle et ses conséquences qui sont la source

de l’indignation. Défendre l’éducation relève

d’une autre vision de la société. Et c’est en

bonne partie ce qui fait la noblesse de la lutte

étudiante. Elle est plus large que l’unique

enjeu de la hausse des droits de scolarité.

Il faut remettre l’école gratuite au centre de

notre société et cesser de la sous-financer.

Les étudiants nous invitent au ralliement. «Je

me révolte, donc nous sommes !» écrivait

Camus. Unissons-nous!

Que l’école soit accessible à tous ne signifie

pas que poursuivre des études soit facile et

dépourvu d’efforts et de sacrifices. Il s’agit

là parfois d’un saut logique que font bien

des opposants à la grève, particulièrement

les plus vieux. Attention ! Rappelons-nous

les cours de logique que nous avons eu en

philo ou en français. On nous disait que ces

connaissances nous serviraient toute votre

vie, vous souvenez-vous ?

Avis d’un enseignant 13

Marc-André Brie est un autre enseignant du cégep de Drummondville à appuyer le mouvement étudiant.P

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Page 14: Journal de grève du Cégep de Drummondville

14 Contre la hausse

Le gouvernement libéral de Jean Charest

semble croire, à l’opposé de plus de 200 000

étudiants, d’une grande partie de la communauté

artistique québécoise, de centaines, voire de

milliers de professeurs de tous les domaines

d’étude, des trois grands regroupements

syndicaux du Québec, des partis Québécois,

Québec solidaire et Option nationale, que

l’augmentation des droits de scolarité est

justifiée. Nous vous expliquerons, dans le texte

qui suit, ce qui nous amène à avoir la conviction

que le gouvernement est dans le tort.

D’emblée, nous devons nous pencher

sur la question de l’accessibilité aux études

postsecondaire, car selon le Comité consultatif

sur l’aide financière aux études (CCAFE),

ayant comme mandat de conseiller le ministère

de l’Éducation, la hausse présentée par le

gouvernement diminuerait la population

universitaire québécoise de 7 000 étudiants

comparativement à aujourd’hui. Par ricochet, les

libéraux provinciaux dépouillent les Québécois de

médecins compétents, d’enseignants impliqués,

de méthodiques biologistes ou encore de

politiciens instruits à l’heure où la pénurie de main-

d’œuvre se fera fortement sentir avec le départ

des « baby-boomers » vers la retraire.

Pour ceux qui choisiront de poursuivre leurs

études vers l’université, trois voies s’offrent à

eux, soit ceux d’avoir des parents financièrement

aisés prêts à les aider, de travailler davantage

pour défrayer les droits de scolarité ou de

s’endetter davantage. Travaillant déjà 16

heures par semaine, en moyenne, alors que

15 heures hebdomadairement affectent les

études selon diverses études québécoises, les

étudiants devront revoir ce nombre d’heures à

la hausse pour encaisser l’augmentation des

droits de scolarité. Malgré tous ces efforts, les

étudiants ressortent de l’université avec une dette

moyenne de 14 000 dollars selon un sondage du

Consortium canadien de recherche. Imaginez

les résultats avec un accroissement de 1625 $

annuellement en droits de scolarité.

Nous répondons à nos détracteurs

qu’aujourd’hui, les technologies sont devenues

des biens importants, voire requis dans le

cheminement des études postsecondaires. Il

suffit de remarquer le rôle prépondérant qu’ont

joué les communications et les médias sociaux

dans les révolutions arabes pour comprendre

l’importance pouvant leur être attribuée. Nous

leur rappelons également que la majorité des

nouveaux montants injectés se présenteront

sous forme de prêts avec des taux d’intérêt qui

ne feront qu’augmenter le fardeau fiscal déjà

lourd des étudiants. De plus, ces investissements

demeurent amplement inaccessibles. En effet,

seulement un étudiant sur quatre y a accès.

Enfin, est-ce que l’argent permettra d’améliorer

les compétences des enseignants?

Quant aux alternatives à la hausse des frais de

scolarité, nous abondons dans le même sens

que celle proposée en conférence de presse

par Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de la

Coalition large de l’association pour une solidarité

syndicale étudiante (CLASSE). Le plan consiste

à réduire les impôts de 87 % de la population

et d’augmenter de 2,3 % les impôts des 13 %

plus fortunés. Le plan pourrait être mis en action

en changeant le système d’imposition actuel,

fonctionnant avec trois paliers, par un système

de dix paliers. L’alternative irait récupérer 1,2

milliard de dollars de plus dans les poches des

contribuables, tout en laissant souffler la classe

moyenne.

Si vous désirez conserver l’héritage majeur de

la Révolution tranquille qu’est l’accessibilité aux

études postsecondaires, si vous voulez laisser

cet acquis aux générations qui nous succèderont

et si vous croyez en notre cause, nous vous

invitons à venir appuyer le mouvement lors de

la manifestation du 22 mars 2012 à la place du

Canada à Montréal!

Pourquoi être contre la hausse?Par Frédéric Comeau et Zacharie Audet-Vallée

Page 15: Journal de grève du Cégep de Drummondville

Financement 15

Ce journal est créé à partir de l’initiative du comité médias du mouvement de grève du cégep de Drummondville et de l’investissement constant de ses membres. Ces gens ont tous quelque chose en commun : ils croient en une éducation de qualité accessible à tous.

Direction du projet Stéphanie Proulx

InfographieOlivier Dénommée

PhotographiesAlex Jacob

CorrectionsStéphanie Proulx

TextesZacharie Audet-ValléeGrégoire BédardHélène Cajolet-BoisclairFrédéric ComeauOlivier Dénommée

Camille DupuisSylvain HamelVéronique HamelStéphanie Proulx

Précédemment, le ministre des Finances,

Raymond Bachand, avait annoncé un

financement universitaire de l’ordre de 850

millions de dollars, qui sera atteint en 2017.

À ce sujet, 265 millions proviendront de

l’augmentation de la contribution étudiante.

Le gouvernement affirme qu’entre 50 %

à 60 % des revenus additionnels seront

utilisés pour augmenter l’efficacité de

l’enseignement. Le Parti libéral du Québec

compte favoriser les investissements dans

l’amélioration du milieu étudiant, les taux

de diplomation, la recherche ainsi que le

soutien aux étudiants. Le reste du montant

servira à financer la recherche, à assurer

la compétitivité des universités sur la scène

nationale et internationale de même qu’au

développement d’une meilleure gestion de

celle-ci.

En outre, en novembre dernier, le document

« Urgence d’agir pour les universités »,

publié par les recteurs des universités du

Québec, recommandait au gouvernement

l’augmentation des investissements dans

les établissements postsecondaires en

raison d’un manque de fonds criant.

Les opposants à cette hausse déclarent

que la problématique ne provient pas du

sous-financement des universités. En effet,

ils soulignent qu’il s’agit davantage d’une

question de mal financement. Au contraire

de ce que le gouvernement semble dire, 1,5

milliard de dollars est investi annuellement

dans la recherche universitaire, ce qui

représente 26,2 % du budget total consacré

aux établissements d’enseignement

supérieur du Québec. Au Canda, ce

pourcentage s’établit à 21,5 %. Ainsi, la

belle province offre 283 millions de dollars

de plus en recherche qu’au Canada. Il faut

rappeler que la plupart de ces recherches

ont des visées commerciales peu rentables

pour l’Assemblée nationale. Les étudiants,

ainsi que leurs partisans, pensent qu’une

partie, voire l’entièreté de cette somme,

devrait être versée à l’amélioration des

services universitaires ou, du moins, mieux

administrée.

Enfin, les étudiants considèrent qu’il

existe d’autres sources de revenus pour

l’État qu’une augmentation des frais de

scolarité. Parmi les propositions faites, on

retrouve notamment l’accroissement des

redevances sur les ressources naturelles,

l’instauration d’un impôt plus progressif ou

l’incitation aux contributions volontaires

dans l’éducation.

Sous-financement ou mal financement?Par Frédéric Comeau et Hélène Cajolet-Boisclair

Au contraire de ce que le gouvernement

semble dire, 1,5 milliard de dollars est investi annuellement dans la

recherche universitaire, ce qui représente 26,2% du budget total consacré

aux établissements d’enseignement

supérieur du Québec.

Page 16: Journal de grève du Cégep de Drummondville