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JOURNAL le peuple n°23 dec 2012

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Page 1: JOURNAL le peuple n°23 dec 2012

Journal du Parti de Gauche de la Vienne : écologie/ socialisme/ république N°23, Décembre 2012

Casques lourds et

gueules de bois J’ accuse le Parti Socialiste

d’ usurpation d’ identite Jean-Marc Ayrault a été interrogé un jeudi ma-

tin sur RTL par Jean-Michel Apathie. Les justifi-

cations du désaveu des hypothèses de travail

Montebourg sur Florange ont été fort intéres-

santes.

« En 1981, la sidérurgie a été nationalisée par la

gauche, mais il y a quand même eu des dizaines de

suppressions d’emplois ». Ça doit remuer dans une

tombe à Jarnac ! Rappelons qu’à l’époque la conjonc-

ture et la capacité de production n’étaient pas les

mêmes. Par contre, les patrons refusaient déjà

d’investir à la hauteur de ce qu’il aurait fallu pour

garder des installations compétitives. Malins, ils ont

laissé le gouvernement de gauche faire le sale boulot

à grande échelle.

« Qui aurait payé ? Les contribuables. » Sans doute

celles et ceux qui paient depuis des années et des

années pour aider des entrepreneurs qui, en grands

libéraux, crachent sur l’Etat mais ne dédaignent pas

son argent et ne créent pas d’emplois. Qu’on leur

fasse rembourser les aides à la création d’emplois qui

n’ont débouché sur rien (c’est l’avis de Ségolène

Royal, une socialiste), et qu’on les verse dans une

caisse qui servira à payer la nationalisation de Flo-

range. Au passage, on n’oubliera pas que Jean-Marc

Ayrault nous explique qu’on ne va pas tenter de sau-

ver un petit millier d’emplois avec l’argent de la soli-

darité nationale… Qu’aurait-on entendu si Nicolas

Sarkozy avait dit la même chose ? Les emmerdeurs de

Florange n’auront rien. Circulez, y’a rien à voir !

Et si M Mittal, n’est pas sage, le professeur Ayrault

enverra le surveillant général sous-préfet lui taper sur

les doigts. C’est beau la social-démocratie « moderne

et responsable ».

Ce qui est sûr, c’est que les ouvriers de Florange s’en

tirent avec une sacrée gueule de bois. Nous, nous

conseillons à Jean-Marc Ayrault et François Hollande

de mettre les casques lourds : le choc sera rude avec

le mur vers lequel ils courent de plus en plus vite.

Laurent Chevrel

I ls ont eu beau au congrès de Toulouse disserter sur le bien général, parler de

justice sociale et jurer leur attachement à l’égalité républicaine, on doit au-

jourd’hui dénoncer la supercherie dont le peuple français a été la victime de

la part du parti socialiste. Quand on se présente devant les électeurs en portant

haut et fier ce nom de socialiste, une fois élu, on ne bafoue pas la justice en livrant

pour délit d’opinion une de ses concitoyennes à un état étranger, on n’allume pas

la violence dans une opposition pacifique à un projet d’aéroport, on n’évacue pas

en se fermant les yeux des camps de roms désorientés et misérables, on ne s’en-

gouffre pas dans l’engrenage de la compétitivité et du coût du travail, on ne con-

damne pas son pays à l’austérité en lui fixant des règles dictées par le marché et la

finance… Je pense à mon grand-père, artisan sabotier, seul homme dans son vil-

lage à posséder un livre politique : c’était un exemplaire du Jaurès préfacé de Léon

Blum. C’est au milieu des copeaux, sans arrêter la gouge ou le ciseau qu’il m’a

appris le mot. Et je vis aujourd’hui accroché à son rêve d’une société fraternelle qui

donnerait à chacun selon ses besoins quel que soit son mérite, son aventure sociale

ou ses talents particuliers. Je me sens redevable devant lui qui m’a appris à désirer

autant pour les autres que pour moi, qui ne disait richesse qu’associée à humaine,

qui n’avait rien d’autre que son travail, sa famille, ses amis : je dois, mes camarades

avec moi, pour tous ceux qui comme lui traversèrent ce combat, et pour nous qui

voulons la victoire, sauver son héritage. Ce nom de socialiste, il est à lui comme il

est à tous ceux qui continuent aujourd’hui à mettre l’humain d’abord. Il n’appar-

tient plus à ceux qui ont rejoint le camp libéral, ont rendu les armes et voudraient,

en plus, apporter en gage cette dernière dépouille. Ce nom, nous le voulons, il est

à nous, rendez-le à ceux qui continuent la lutte. Vous en avez fait un masque. Faites

-le tomber. Nous le ramasserons et le ferons briller !

Militants socialistes, beaucoup d'entre vous n'ont pas renoncé à leur engage-

ment : vous pouvez continuer votre com-

bat ailleurs, hors du PS. Le vent de

gauche que vous avez voulu souffler de

l'intérieur du parti, il faut l'amplifier le

faire souffler sur tous ces sympathisants,

tous ces électeurs qui ont sincèrement cru

au changement et qui se sentent aujour-

d'hui trahis et orphelins. Michael Moglia, l'a

compris, beaucoup le suivront ; faites

comme eux, on peut tout avec vous !

Jacques Arfeuillère

http://michaelmoglia.com/2012/11/30/demissionner-maintenant/

Page 2: JOURNAL le peuple n°23 dec 2012

Un enfant, si je veux !

Les mots d'ordre en sont compétitivité, réduction du prétendu

« coût » du travail et austérité. A croire qu'Ayrault à fait sien le

précepte du caporal Casse-Pompon de Brel « A la minceur des

épluchures, on voit la grandeur des nations ».

Le gouvernement, pour qui en douterait encore, a choisi son

camp : c'est celui du patronat. Aux patrons les obséquieuses

courbettes des ministres à l'université d'été du MEDEF, aux syn-

dicalistes poursuivis en justice sous Sarkozy pour leurs activités

syndicales la poursuite des procès. Trêve de bonnes manières,

place à l'action. A peine quelques entrepreneurs glapissent-ils

que le gouvernement accorde le 06 novembre 20 milliards d'eu-

ros d' « allègement de charges ». Il nous appartient de rappeler

sans cesse que ce que les profiteurs appellent « des charges »

sont des cotisations, c'est-à-dire du salaire différé. En d'autres

termes, baisser « les charges » revient à faire payer à la collectivité

une partie du salaire que les entreprises devraient verser ! Par

quoi va être financé ce cadeau aux plus riches ? Par l'augmenta-

tion du plus injuste des impôts, la TVA. Toute ressemblance avec

la TVA sociale de Sarkozy ne serait pas fortuite.

Du côté des citoyens, pas de cadeau, au contraire, ce sont 10

milliards supplémentaires qui seront supprimés des dépenses de

l'état. Encore moins pour la santé, alors que le nombre de per-

sonnes qui renoncent à se soigner parce qu'ils n'ont pas d'argent

ne cesse d'augmenter. Encore moins pour l'agriculture, alors que

le nombre d'exploitants est en chute libre et qu'il devient de plus

en plus urgent de changer les modes de productions. Encore

moins pour l'écologie, alors que nous constatons chaque jour un

peu plus l'avancée du massacre environnemental.

Nous avons déjà maintes fois répété que la politique actuelle-

ment suivie ne peut conduire qu'à la catastrophe sociale, en té-

moignent la Grèce, l'Espagne ou le Portugal. L'histoire nous ap-

prend que la dernière crise de cette ampleur en Europe s'est

terminée par le fascisme et une guerre mondiale. Le gouverne-

ment et ses affidés, médias aux ordres en particulier, en sem-

blent inconscients et portent une lourde responsabilité à s'achar-

ner à mener une politique conduisant mécaniquement au pire.

Nous assumons au PG notre ferme opposition à Hollande. Une

autre politique est possible et nécessaire ! Le contre-budget,

écologique et solidaire, élaboré par le Parti de Gauche le dé-

montre amplement. Consultez le et faites le connaître !

Cédric Mulet-Marquis

Consulter le contre budget du Parti de Gauche

http://www.lepartidegauche.fr/actualites/dossier/le-contre-

budget-parti-gauche-17905

S ur le parvis de l’Eglise-

Notre-Dame-la-Grande

afin de prier contre

l’IVG, mais aussi plus généra-

lement pour dénier aux

femmes leur droit à disposer

de leur corps, les catholiques

intégristes devaient se ras-

sembler.en ce samedi de

novembre. Ils ne sont pas

venus. En lieu et place, des

militants féministes ont pu, à

loisir, rappeler l'essentiel : il

est des luttes nécessaires sur

lesquelles nous ne revien-

drons jamais. Le droit des

femmes à disposer d'elles-

mêmes, de leur corps, de leur

destin est de celles-là. Le

parvis de Notre Dame avait

cet après-midi-là, le visage

que l'on aime, plein de cou-

leurs, souriant, épris de liber-

té. J.A

Exception faite de la force de l'habitude, rien ne justifie de

classer le gouvernement actuel à gauche. L'étiquette

« socialiste » qui figure dans le nom du parti majoritaire du

gouvernement ne change rien à l'affaire. Pour qui veut bien se

donner la peine d'observer objectivement les actes et les décla-

rations, le budget 2013 est un budget de droite.

Budget 2013 : le gouvernement a choisi son camp

Page 3: JOURNAL le peuple n°23 dec 2012

Le rapport Gallois a donc débouché sur

un pacte de Compétitivité ! Une nou-

velle déclaration de guerre aux travail-

leurs après le pacte de stabilité ?

L a révolution sera décidément

aussi sémantique : voilà désor-

mais le mot « pacte » accaparé

par l’arsenal libéral pour mieux faire

passer la pilule de l’oppression du

peuple. Après le pacte de stabilité,

voici venir le temps du pacte de com-

pétitivité.

Une trouvaille ! Il fallait absolument

éviter le traumatisme que n’aurait pas

manqué de provoquer chez le travail-

leur moyen le fameux « choc de com-

pétitivité » voulu par Louis Gallois. Il

faut dire que ce dernier s’expri-

mait avec les mots du patronat, lui qui

n’est qualifié à gauche que par des

gens de droite et qu’il ne s’embarras-

sait pas des nuances sémantiques de

ceux qui continuent à se nommer eux-

mêmes des socialistes.

Ce sera donc un pacte, le nouveau

dispositif imaginé par le gouvernement

pour répondre aux différentes soma-

tions du Medef de baisser le « coût du

travail ». Car là encore, et je ne suis pas

le premier à le dire, il faut comprendre

que dans cette « novlangue » libérale

qui envahit les médias dominants, le

travailleur « coûte » et ne produit pas

de richesse, il est une « charge sociale »

et ne participe pas à la solidarité qui

cimente une nation…

Ce sera donc un pacte qui aura la mis-

sion de faire supporter aux ménages,

notamment, les 30 milliards de baisse

de cotisations sociales exigés par

l’AFEP (Association française des entre-

prises privées) sous forme de hausse

de la TVA, par transfert de cotisa-

tions… « impactant » le pouvoir

d’achat des salariés en priorité.

Un pacte ? C’est-à-dire cet accord so-

lennel qui étymologiquement conduit

à la paix ? Cela ne fait aucun doute : au

terme de toutes les fuites savamment

orchestrées du rapport Gallois sur les

gaz de schiste, les 35 heures et la

baisse du coût du travail ; au terme des

ballons d’essais lancés par les uns et

les autres membres du gouvernement

sur les médias dominants, l’un affir-

mant que les 35 h ne sont plus un

tabou, l’autre sortant du même tabou

le fameux « coût du travail », la hache

de guerre ne manquera pas d’être

profondément enterrée entre le Medef

et Jean-Marc Ayrault.

Quant à la paix sociale ? Il ne dépend

que de nous de juger à quel ni-

veau d’équilibre nous en sommes

arrivés. Accepterons-nous cette nou-

velle saignée que l’on se garde bien de

faire subir aux dividendes inflation-

nistes qui rémunèrent le capital ? Ac-

cepterons-nous la réduction de dé-

penses publiques qui doit accompa-

gner ce nouveau plan ? Accepterons-

nous encore longtemps cette logique

libérale qui doit à nouveau permettre

d’engraisser les plus riches et de rai-

sonner les plus modestes ?

Il n’est plus temps de pactiser : nous

sommes bien entrés dans le temps des

luttes. Si pacte il y a, il doit être entre

nous, un pacte de solidarité, une al-

liance la plus large possible. Jaurès

disait « que le capitalisme porte en lui

la guerre comme la nuée porte

l’orage ». Cessons de croire qu’il veut

favoriser la paix.

Jacques Arfeuillère

Le pacte, c’ est la guerre !

ERRATUM :

Dans l'article « Corinne Morel-Darleux à Poitiers », en une du numéro de novembre 2012 du Peuple Citoyen, un lapsus s'est

glissé. Il était indiqué dans la dernière phrase : " Cette opposition entre socialisme productiviste et capitalisme mondialisé, a

largement nourri le débat qui s'est déroulé dans la soirée." Nous voulions bien entendu dire que "Cette opposition entre socia-

lisme antiproductiviste et capitalisme mondialisé a largement nourri le débat qui s'est déroulé dans la soirée." Le Parti de

Gauche est sans ambiguïté contre le productivisme, nous tenons à le réaffirmer. Thomas SAHABI

poliTiquepoliTiquepoliTiquepoliTique

Page 4: JOURNAL le peuple n°23 dec 2012

C’ est gratuit, Ca a du prix !

Un "magasin pour rien" en Alsace, des zones de gratuité

qui s’ouvrent ici ou là : voilà de quoi donner de l’urti-

caire à cette conviction aujourd’hui si bien ancrée selon

laquelle tout a un prix. Doit-on saluer ce retour –timide-

du gratuit ?

B eaucoup de bonnes volontés, en

effet, vous l’affirment : on ne

peut faire du caritatif, du

« social » dans le tout gratuit. Contre un

service, un bien, il faut qu’il y ait contre-

partie. Pourquoi, ajoute-t-on ? Eh bien,

pour responsabiliser celui qui reçoit,

pour éviter ce que l’on aime appeler, du

mépris dans la voix, la dérive de l’assista-

nat, pour préserver un peu de la dignité

de celui à qui on donne… Les bonnes

raisons ne manquent pas, rarement con-

testées, comme ces évidences passées

depuis longtemps au crible de la réalité,

chacune s’installant dans le confort des

raisonnements tout faits selon lesquels

une aide ça se mérite, un secours, ça se

gagne…

Parce qu’il y aurait de la dignité dans

l’acte marchand ? Parce qu’on accepterait

aujourd’hui que celui qui ne « mérite

pas » n’ait rien ? Parce que la bonne vo-

lonté se compterait désormais à l’euro

trébuchant ? Voilà sans doute qui expli-

querait le naufrage de l’école obligatoire,

voire même l’essoufflement de la sécurité

sociale pour tous, ces deux Babel bâties à

l’aurore des lendemains qui chantent de

la Révolution puis du Conseil national de

la résistance sur ce principe devenu mor-

tifère de la totale gratuité. Voilà qui expli-

querait le succès toujours grandissant de

la contrepartie aux revenus minima et

autres allocations qui font les gorges

chaudes des orateurs rompus au libéra-

lisme triomphant.

Et pourtant, la gratuité affirmée en prin-

cipe, ne l’a-t-elle pas été chaque fois pour

énoncer un droit humain fondamental ?

Contestera-t-on aujourd’hui le droit à

l’éducation ou le droit à la santé ? Et n’est

-ce pas le moment d’affirmer davantage le

droit à la mobilité ou à la culture ? Cela

peut passer aussi par la gratuité comme

en témoignent les expériences du tout

gratuit en matière de transport en com-

mun. L’exemple de la communauté d’ag-

glomération du Pays d’Aubagne est signifi-

catif : des villages désenclavés, davantage

de piétons dans les centres villes, des

populations qui se mélangent plus volon-

tiers, un territoire « réanimé », les effets

liés à la valorisation du transport en com-

mun par la gratuité ne sont plus contes-

tés. « « On pense souvent que ce qui est

gratuit n’a pas de valeur, souligne le

sociologue Alain Mergier, chargé d’éva-

luer le dispositif. Or, pour les habitants

que nous avons interviewés, la gratuité

produit un effet de valorisation des

transports en commun et du territoire

de l’agglomération. »

Alors quand on ouvre un « magasin pour

rien » à Mulhouse qui permet à qui le veut

de repartir avec trois objets choisis sans

contrepartie, quand on invente ici ou là

des zones de gratuité temporaire où cha-

cun vient déposer des objets, des livres,

des cd, des « biens » en somme, on ne se

contente pas de redistribuer ou de lutter

contre le gaspillage. On fait bien plus que

cela : on affirme que la loi du marché n’a

pas vocation à régler tous les échanges,

on rappelle qu’il est des valeurs qui ne

sont pas rattachées à un prix, on introduit

de l’égalité en satisfaisant sans condition

ni stigmatisation, pour tous, un be-

soin fondamental. Bref, on redéfinit un

peu pour tous, du côté de l’humain et du

partage, la notion de richesse.

Jacques Arfeuillère

DébatDébatDébatDébat

Chantons Liberté : L'Embellie La chorale Chantons Liberté avec le concours des Tréteaux du Riveau présente :

L'Embellie : Hommage à Jean Ferrat

Découvrez un spectacle qui mêle chant choral et jeu théâtral : dialogues, textes et poèmes pren-nent toute leur place auprès des chansons de Jean Ferrat, les refrains engagés s'enchainent aux superbes couplets sentimentaux, drôles, féministes ou gentiment coquins !

Vendredi 8 Février à 20H 30 au centre socioculturel de la Blaiserie le Di-

manche 17 février à 17H à la salle de spectacle de Nouaillé Maupertuis

30 novembre 2013 à Châtellerault.

Tarif : 10 euros, Tarif réduit : 7 euros

Page 5: JOURNAL le peuple n°23 dec 2012

La Coop Atlantique d'Ingrandes en lutte

Ingrandes-sur-Vienne est décidément un haut lieu des luttes sociales en

Vienne. Après le conflit des Fonderies du Poitou, c'est maintenant à l'entre-

pôt de la Coop Atlantique, menacé de fermeture, d'entrer dans la lutte.

Pour comprendre les enjeux du conflit, Le Peuple Citoyen est allé rencon-

trer Christian Triphose, délégué syndical à la Coop

Le Peuple Citoyen : pouvez-vous nous

présenter la Coop Atlantique ?

Christian Triphose : le site

d'Ingrandes est un entrepôt qui ali-

mente 300 magasins répartis sur 13

départements. La Coop est une coopé-

rative de consommateurs, sans patrons.

Avec la Coop Normandie, la Coop Al-

sace et la Coop Champagne, ce sont les

seules coopératives de consommateurs

qui subsistent dans l'alimentation en

France. Leur histoire est ancienne : les

premières coopératives du groupe ont

été fondées en 1881 à Limoges.

LPC : quelle est l'origine du conflit qui

a débuté il y a quelques semaines ?

CT : cela débute en réalité il y a douze

ans, quand la Coop Atlantique s'est

alliée avec Carrefour dans une centrale

d'achat. Nous avons vite remarqué que

le laboratoire de charcuterie

d'Ingrandes, qui alimentait l'ensemble

des magasins du groupe, avait de

moins en moins d'activité. Il a fallu la

fermeture du laboratoire - qu'un diri-

geant nous avait annoncée par mé-

garde ! - et un Plan de Sauvegarde de

l'Emploi pour comprendre le fin mot

de l'histoire. Nous avons su à ce mo-

ment que l'alliance avec Carrefour était

accompagnée d'un accord stipulant

qu'au plus 7% des produits fabriqués

par notre groupe pouvaient désormais

être mis en place dans les magasins de

la Coop. Les problèmes du site logis-

tique d'Ingrandes sont lié au partena-

riat engagé avec Système U, une coopé-

rative aussi, mais très différente de la

notre puisqu'il s'agit d'une coopérative

patronale. Nous soupçonnons qu'un

accord a aussi été signé avec Système U

pour fermer le site d'Ingrandes et lais-

ser seulement le site logistique de sys-

tème U à Chinon.

LPC : coopérative de consommateurs

pour la Coop Atlantique et coopérative

patronale pour Système U, ce sont

deux logiques différentes.

CT : oui, bien sûr. Notre premier souci

est de proposer les meilleurs produits.

Pour cela nous faisons essentiellement

travailler des producteurs locaux : par

exemple nos melons viennent de Scor-

bé-Clairvaux, nous œufs de Chauvigny.

Si le site ferme, ce sont 150 emplois

directs et sans doute plus de 300 em-

plois indirects qui seront supprimés.

Quant à Système U, malgré ce que peu-

vent dire les publicités, sa principale

préoccupation c'est la rentabilité.

LPC : quelles sont les prochaines ac-

tions prévues ?

CT : nous sommes allés manifester le

21 novembre au siège de la Coop à

Saintes. Le 28 novembre se tiendra un

comité d'entreprise pour lequel la CGT

a demandé un audit par un expert

comptable indépendant de la direction.

Dans la semaine du 26 novembre, nous

organiserons une opération escargot

pour porter à la Poste des lettres re-

commandées aux membres du conseil

de surveillance du groupe. Ceux-ci, mis

-à-part leur président, ne sont pas in-

formés de la réalité de notre situation.

Dans ces lettres, nous leur demandons

d'inviter des salariés d'Ingrandes au

conseil de surveillance. Si tout cela ne

suffit pas, nous réfléchissons à des

actions impliquant la population du

châtelleraudais.

Cédric Mulet-Marquis

Initiative citoyenne : Initiative citoyenne : Initiative citoyenne : Initiative citoyenne : L'agenda citoyen pictavien regroupant sim-plement et clairement l'ensemble des ren-dez-vous tels que manifs, conférences etc... à Poitiers et ses environs. L'adresse est simple, c'est l'agenda citoyen pictavien regroupant simplement et clairement l'en-semble des rendez-vous tels que manifs, conférences etc... à Poitiers et ses environs. Pour informer l’agenda une adresse : [email protected]

www.placedarmes.fr

Page 6: JOURNAL le peuple n°23 dec 2012

poLitiQuepoLitiQuepoLitiQuepoLitiQue

« Ici, on n’est pas désespérés ».

C’est par ces mots que les re-

présentants de la coordination

contre le projet d’aéroport du

Grand Ouest prévu à Notre Dame des

Landes, ont tenu à saluer la foule piéti-

nant dans la boue. Et si on n’est pas

désespérés, c’est parce que chaque jour,

dans ce lieu désormais emblématique de

la résistance au capitalisme triomphant,

à la mégalomanie de décideurs cyniques,

à un pouvoir autiste et aujourd’hui

répressif, on a l’occasion d’éprouver la

solidarité dans sa réalité, de constater la

vigueur de la lutte collective, de tremper

sa confiance dans la joie de l’engage-

ment individuel…

Là-bas, il y a ceux qui, accrochés aux

arbres de la forêt de Roanne, défient les

bûcherons en grimpant dans les

branches, y semant des cabanes : à cet

endroit, c’est la biodiversité d’une zone

humide omise par un projet vieux de 50

ans qui est en jeu. Là-bas, encore, il y a

ceux qui dressent les barricades autour

de la ferme des Rosiers, lieu symbole des

expulsions en cours : là, les cordons de

tracteurs rappellent qu’il faudra bien

choisir entre un monde construit de

mégapoles (comme celle qui doit relier

Nantes à Saint-Nazaire), suréquipées en

infrastructures dispendieuses et inutiles,

dévoreuses d’environnement et un

monde qui a besoin surtout de se nour-

rir et de vivre à une échelle seulement

humaine. Là-bas, enfin, il y a ceux qui

obstinément reconstruisent où les bull-

dozers de Vinci dévorent la campagne,

soulignant à grands coups de marteaux

et de pelle qu’il y aura toujours quel-

qu’un pour reprendre un combat quand

celui-ci est juste.

Convergence des luttes

Aujourd’hui, en ce samedi de Novembre,

tous ceux-là, « ceux de la ZAD » rebapti-

sée Zone à Défendre, ont pu rencontrer

tous les autres : ceux qui, venus de tous

les coins de France mais aussi de l’Eu-

rope, ont pu contribuer à la définition

d’une lutte dont personne ne peut nier

désormais la portée. A Notre Dame des

Landes, on défend le Val de Suse et

toutes les vallées voisines menacées

depuis 22 ans par un projet de liaison

Lyon Turin pharaonique ; à Notre Dame

des Landes, on vient protéger Millau et

sa région de la menace toujours pré-

sente de l’extraction des gaz de schiste ;

à Notre dame des Landes, encore, on

vient dénoncer l’énorme incinérateur

qui doit couvrir de sa fumée les monts

d’Auvergne… Point d’équilibre des

luttes écologiques d’aujourd’hui, le petit

village à quelques kilomètres de Nantes

est en passe de construire la proposition

politique d’une société à la mesure de

l’homme, fondée sur le besoin et mon-

trant la voie d’une émancipation.

« C’est une utopie autrement plus ré-

jouissante que celle proposée par Vinci

et Ayrault » s’est réjoui un des orateurs

de l’après-midi. Plus réjouissante que ce

monde dépassé où le transport aérien

serait destiné à se développer toujours

davantage au mépris de son impact envi-

ronnemental. Plus réjouissante que cette

complicité toujours plus étroite entre les

géants des travaux publics et des élus

aveuglés par le rêve inhumain de Babels

toujours plus élevées. Plus réjouissante

que ces ponts d’or tendus pour

quelques-uns au mépris de la plu-

part…

« Nous, les habitants, nous tenons à

vous remercier de vous être approprié

ce combat », ont déclaré les habitants

des terres menacées en s’adressant à la

foule des manifestants. Ils ont raison :

l’énorme succès de la manifestation de

ce week-end est porteur d’autant d’es-

poir qu’il est porteur de devoir. Le com-

bat de Notre Dame des Landes appar-

tient désormais à tous ceux qui veulent

tourner la page du capitalisme conqué-

rant.

Jacques Arfeuillère

Près de 40000 personnes ont convergé lors de la grande manifestation du 17 novembre vers la zone de

reconstruction sur le site de Notre Dame des Landes. Une démonstration de force qui remet l’Utopie à sa

place : à cet endroit-là au moins, quand on rêve la société de demain, ce n’est pas Vinci qui la construit.

Depuis, on a soufflé le chaud et le froid sur le bocage, les occupants ont souffert, le gouvernement s’en-

tête. Mais on ne pourra plus avancer masqué pour continuer à faire avancer un projet d’un autre âge !

Notre Dame des landes : « Ici, on

n’ est pas desesperes »

Page 7: JOURNAL le peuple n°23 dec 2012

Journal du parti de Gauche de la Vienne, décembre 2012. Directeurs de publication : Thierry Mirebeau et René Pintureau. Rédacteurs : Jacques Arfeuillère, Cédric Mulet-Marquis, Laurent Chevrel, Jean Populus, Thomas Sahabi. Maquette : Séverine Lenhard . Photos : page2, 3, 4, 6 ©Severine Lenhard Imprimé par nos soins à 1000 exemplaires. Contact de la rédaction : [email protected], http://86.lepartidegauche.fr/ Abonnement de soutien : 15 € en chèque à l’ordre du Parti de gauche 86 à adresser à Jacques Arfeuillère, 16 rue Maillochon, 86 000 POITIERS. ISSN : 2116-3456

Le "Centre Châtelleraudais Histoire Archives" est

persuadé que le travail de l'historien est un geste

nécessaire d'éducation populaire. A l'occasion de la

sortie de la biographie de Clément Krebs, rencontre

avec une des animatrices.

Lpc : Sur son site web, le CCHA* se dit

« lieu de recherche et d’éducation po-

pulaire », pourquoi « d’éducation po-

pulaire » ?

Au départ, le groupe était plutôt composé

d’historiens. L’évolution a été forte et

rapide avec l’intégration de nombreux

retraités aux parcours professionnels très

variés. Ensuite, l’abonnement à la revue a

été intégré dans le montant de la cotisa-

tion. On a créé des tarifs étudiant, jeune

sans emploi… Les revues sont produites

à prix coutant. Les conférences ont tou-

jours été d’accès gratuit.

Lpc : La lecture de la collection des

bulletins du CCHA montre une prédi-

lection pour les thèmes d’histoire so-

ciale, et même depuis plusieurs numé-

ros pour l’histoire de l’immigration à

Châtellerault. Est-ce un choix délibé-

ré ?

Notre orientation privilégiée est l’histoire

populaire. Les thèmes sont votés en as-

semblée générale. On se partage entre les

XIXème et XXème siècles. Le thème immi-

gration était une idée qui circulait et qui a

pris de plus en plus d’importance. A vrai

dire, on passe le temps que l’on juge né-

cessaire sur chaque thème. Le thème

Fêtes et jeux a beaucoup mobilisé,

comme l’expo sur les industries châtelle-

raudaises. Actuellement nous travaillons

sur Châteauneuf.

Lpc : peux-tu nous rappeler dans

quelles circonstances le CCHA a été

créé ?

Il a été créé par Gwenaël Murphy et Pascal

Borderieux archiviste de Châtellerault,

tous deux passionnés d’histoire. Pascal a

trouvé des pièces intéressantes qu’il a

voulu faire connaitre. La volonté de mé-

thodes rigoureuses de recherche a présidé

dès le début . La 1ère réunion a eu lieu le

28/06/1999. On étaient une quinzaine. G.

Murphy a été le 1er président. Nous avons

alors lancé le bulletin, sur le thème « le

Châtelleraudais d’une guerre à l’autre ».

Les conférences ont suivi.

Lpc : Après plusieurs années de partici-

pation au CCHA, quel est ton meilleur

souvenir ?

Il n’est pas très ancien. J’ai été en contact

avec deux associations d’histoire alsa-

cienne lors de la rédaction des articles sur

les Alsaciens de Châtellerault. Deux per-

sonnes avaient des ancêtres venus travail-

ler à la manu. On leur a donc envoyé les

photos pour identification. Et quelle émo-

tion de pouvoir placer un nom sur ces

visages.

Lpc : le CCHA vient de publier la bio-

graphe de C Krebs. Pourquoi publier

cette biographie ? D’autres suivront-

elles ?

A. Houisse en travaillant sur les Alsaciens

de Châtellerault a rédigé un article sur la

manufacture de Klingenthal. Nous avons

bien d’autres projets., d’autant plus que

plusieurs adhérents travaillent pour le

Maitron (dictionnaire biographique du

mouvement ouvrier).

Laurent Chevrel

*Centre Châtelleraudais Histoire Archives,

web : http://ccha.fr/, mail :

[email protected]

Le PG de la Vienne vient de se réorganiser autour de 3 comités découpés selon les circonscriptions du département

Comité 1 (circonscription 1) : co-secrétaires : Paule Seite et Eric Pasquet

Comité 2 (circonscription 2 et 3) : co-secrétaires : Marie-Noëlle Delgado et Thierry Mirebeau

Comité 3 (circonscription 4) : secrétaire : Cédric Mulet Marquis

Co-Secrétaires départementaux : René Pintureau et Séverine Lenhard

Francoise Metzger : la passion de l’ histoire

pour l’ education populaire

rencOntrerencOntrerencOntrerencOntre

Page 8: JOURNAL le peuple n°23 dec 2012

U n maître ouvrier, donc qualifié, de la manufacture

d’armes, né à Châteauneuf dans une famille origi-

naire de Klingenthal en Alsace. Son père dû s’expa-

trier en raison de la fermeture de la manufacture qui l’em-

ployait. Comme l’écrit A. Houisse, C. Krebs appartenait à une

sorte d’aristocratie ouvrière, celle des employés titulaires de la

manu, parmi les derniers à savoir fabriquer des sabres.

Sa 1ère œuvre fut d’aider celles et ceux dont la vie dépendait

de la santé de la manu directement liée aux commandes de

l’Etat : les auxiliaires et contractuels embauchés et licenciés au

gré de la conjoncture. Dure tâche.

Cette œuvre trouve son prolongement en politique. C. Krebs

fait partie de ces socialistes pragmatiques, réformistes qui goû-

tent peu la révolution. En disant qu’il était broussiste et non

guesdiste, les historiens du socialisme semblent avoir tout dit.

A vrai dire, des « pères Krebs », il y en eu de nombreux dans

des villes ouvrières, des militants qui se sont élevés à la force

de leurs convictions et grâce à leur travail permanent et qui

accédèrent tôt au tard à des fonctions locales qu’ils utilisèrent

pour soulager efficacement la misère. Car, il leur fallait mon-

trer que l’on pouvait changer le monde, en commençant par

leur commune.

Cette biographie montre aussi un monde politique châtellerau-

dais tourmenté. Krebs a payé durement les divisions de son

propre camp. Mais il parvint à résoudre une équation com-

plexe, ce qui lui permit d’être un adjoint très investi et appré-

cié durant les 4 dernières années de sa vie : rassembler socia-

listes et radicaux-socialistes dans une même majorité en évitant

que les seconds élus avec les voix des premiers ne leur tour-

nent le dos en s’appuyant sur les élus de la droite modérée…

Merci A. Houisse pour cette biographie que les Châtelleraudais

sauront placer sous les sapins de Noël.

Laurent Chevrel suite

Il court, il court, le furet…tendre et inno-

cente comptine.

Composée pendant la régence de Philippe

d’Orléans au tout début du règne de Louis

XV. Le ministre d’état et principal conseil-

ler était l’abbé DUBOIS. Or, celui-ci était

bien connu pour rabattre les maitresses au

régent et disait-on pour toutes les essayer

avant.

Prenons le texte de la comptine comme

une contrepèterie : cela devient : Il fourre,

il fourre, le curé, le curé DUBOIS mes-

dames etc… En 1720, en récompense,

l’abbé DUBOIS fut fait cardinal… et le

peuple se moqua. L’ironie était la pre-

mière marche vers l’indignation puis la

révolte.

Nous n’irons plus au bois, les lauriers sont

coupés…

Cette comptine n’est antérieure que de

quelques années de la précédente. Elle

stigmatise Madame de MAINTENON. Mai-

tresse du roi Louis XIV, puis épouse se-

crète du roi, cette petite fille d’Agrippa

d’AUBIGNE était sous la coupe des jé-

suites et se montrait d’une pruderie

rare…

Elle ordonna donc de couper les lauriers

des bosquets du parc de Versailles, lauriers

qui cachaient des scènes hardies entre

courtisans, scènes que la morale catho-

lique réprouve. Alors naquit : « nous

n’irons plus au bois, les lauriers sont cou-

pés, le belle que voilà ira les ramasser…

entrez dans la danse…embrassez qui

vous voudrez. »

Quand vous entendrez des enfants chanter

ces comptines, ayez une pensée pour

l’ingéniosité de nos anciens.

Il court, il court, le furet / Nous n’ irons plus au bois

C’est la biographie d’un socialiste châtelleraudais historique de Châteauneuf

qu’Alain Houisse a brossé en s’appuyant sur des sources nombreuses et variées.

Qui était Clément Krebs, que beaucoup connaissent aujourd’hui sous le nom

d’une rue et d’une école ?

Clement Krebs, socialiste historique :

"quand les socialistes parlaient services

publics"

Hors des « mazarinades », crées avec la bénédiction des grands seigneurs, il n’existe que très peu de chansons de

revendication sous l’ancien régime ou alors…il faut aller les débusquer sous le masque de l’ironie populaire.

Deux chansons connues de tous illustreront ce sujet.

Jean Populus