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Journaux de Guerre : les poncifs à la Une ! D epuis le 27 décembre 2017 et jusqu’au 27 décembre prochain, au rythme d’un numéro par semaine, paraissent les “Journaux de guerre”, consacrés cette année à la Guerre d’Algérie. Il s’agit de présenter, sur un thème lié à l’actualité d’alors, les informations et les commentaires parus dans la grande presse quoti- dienne et hebdomadaire, en Métro- pole et en Algérie. L’ambition, clairement annoncée des éditeurs – une société britan- nique – est de reproduire, par jour- naux interposés, “soigneusement sélectionnés” est-il écrit, “ce récit, qu’on ne peut réduire à un duel entre l’Armée Française et le FLN” (sic). Au sein des deux camps, de profondes divergences ont fracturé l’opinion, au point de donner une dimension fratricide à ce conflit “anticolonial”, expression favorite d’une certaine intelligentsia, résolument antinationale en toute cir- constance. Et si, parmi les auteurs et historiens participant au choix et la présentation des articles, certains, comme Guy Pervillé, peuvent échapper à la contestation, la plu- part des autres contributeurs, tels Raphaelle Branche, se sont signalés, depuis des lustres, pour leurs a priori d’hostilité, plus ou moins dissimulés sous une rhéto- rique faussement objective, à toute reconnaissance des aspects positifs des 130 années de l’Algérie française. On n’échappe pas aux poncifs du “peuple colonisé, maintenu dans un statut juridique inférieur”, ou à la reproduction de la thèse officielle algérienne, tendant à démontrer – écrit le Général Fournier, président de Soldis Algérie – que “la rébellion, née le 1 er novembre 1954, est héritière d’un siècle d’une résistance popu- laire commencée sous Abdelkader” ; ou encore que la torture, thème du second numéro, est l’apanage des seuls tortionnaires gestapistes” de l’armée et de la po- lice françaises. La FNACA, dont la compétence historique et la bonne foi sont aus- si connues que sa proximité avec le parti communiste, prête son concours à l’entreprise, ce qui garan- tit une impartialité “à sens unique...” En tout état de cause, le message, même pas subliminal, distillé par ces publications ne peut “qu’encourager toutes les rancœurs – écrit le Géné- ral Fournier – en laissant croire que la population algérienne a été vic- time d’une persécution permanente, générale et organisée, aujourd’hui à l’origine de la tragique situation ac- tuelle de l’Algérie.On s’attend, en effet, à ce que la conclusion des derniers numéros de Journaux de guerre, prévus pour l’automne prochain, attribuent à l’ancienne Métropole l’échec d’un demi-siècle de gestion souveraine de ce pays, où, comme l’écrit Kamel Daoud, “on prend la mer, comme on prend le maquis”. Si la NewsLetter Le Matin d’Algérie peut noter, en juillet 2017 : “Cinquante-cinq ans après l’indépen- DANS CE NUMÉRO : Opex : le blues dans les unités........................................... 3 Rwanda : 20 officiers français calomniés............. 4-6 Indemnisation des «rapatriés».......................................... 7-8 Nos actions… Vos réactions ! .....................................9-10 Notes de lecture..................................................................11-13 À propos de Patrie… ..................................................... 14-15 BULLETIN DE PÂQUES 2018 “Il faut, en premier, couper les mains de ceux qui manipulent l’Histoire, pour faire prospérer les haines qu’elle a engendrées...Boualem Sansal

Journaux de Guerre : les poncifs à la Unep4284.phpnet.org/secoursdefrance/wp-content/.../03/... · tions approfondies sur la franc-maçonnerie, les négociations franco-tunisiennes,

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Journaux de Guerre : les poncifs à la Une !Depuis le 27 décembre 2017 et

jusqu’au 27 décembre prochain, au rythme d’un numéro par semaine, paraissent les “Journaux de guerre”, consacrés cette année à la Guerre d’Algérie. Il s’agit de présenter, sur un thème lié à l’actualité d’alors, les informations et les commentaires parus dans la grande presse quoti-dienne et hebdomadaire, en Métro-pole et en Algérie.

L’ambition, clairement annoncée des éditeurs – une société britan-nique – est de reproduire, par jour-naux interposés, “soigneusement sélectionnés” est-il écrit, “ce récit, qu’on ne peut réduire à un duel entre l’Armée Française et le FLN” (sic). Au sein des deux camps, de profondes divergences ont fracturé l’opinion, au point de donner une dimension fratricide à ce confl it “anticolonial”, expression favorite d’une certaine intelligentsia, résolument antinationale en toute cir-constance.

Et si, parmi les auteurs et historiens participant au choix et la présentation des articles, certains, comme Guy Pervillé, peuvent échapper à la contestation, la plu-part des autres contributeurs, tels Raphaelle Branche, se sont signalés, depuis des lustres, pour leurs a priori d’hostilité, plus ou moins dissimulés sous une rhéto-rique faussement objective, à toute reconnaissance des aspects positifs des 130 années de l’Algérie française.

On n’échappe pas aux poncifs du “peuple colonisé, maintenu dans un statut juridique inférieur”, ou à la reproduction de la thèse offi cielle algérienne, tendant à démontrer – écrit le Général Fournier, président de Soldis Algérie – que “la rébellion, née le 1er novembre 1954, est héritière d’un siècle d’une résistance popu-laire commencée sous Abdelkader” ; ou encore que la

torture, thème du second numéro, est l’apanage des seuls tortionnaires “gestapistes” de l’armée et de la po-lice françaises.

La FNACA, dont la compétence historique et la bonne foi sont aus-si connues que sa proximité avec le parti communiste, prête son concours à l’entreprise, ce qui garan-tit une impartialité “à sens unique...”

En tout état de cause, le message, même pas subliminal, distillé par ces publications ne peut “qu’encourager toutes les rancœurs – écrit le Géné-ral Fournier – en laissant croire que la population algérienne a été vic-time d’une persécution permanente, générale et organisée, aujourd’hui à l’origine de la tragique situation ac-tuelle de l’Algérie.”

On s’attend, en eff et, à ce que la conclusion des derniers numéros de Journaux de guerre, prévus pour

l’automne prochain, attribuent à l’ancienne Métropole l’échec d’un demi-siècle de gestion souveraine de ce pays, où, comme l’écrit Kamel Daoud, “on prend la mer, comme on prend le maquis”.

Si la NewsLetter Le Matin d’Algérie peut noter, en juillet 2017 : “Cinquante-cinq ans après l’indépen-

DANS CE NUMÉRO :◆ Opex : le blues dans les unités........................................... 3◆ Rwanda : 20 offi ciers français calomniés............. 4-6◆ Indemnisation des «rapatriés».......................................... 7-8◆ Nos actions… Vos réactions ! .....................................9-10◆ Notes de lecture..................................................................11-13◆ À propos de Patrie… ..................................................... 14-15

BULLETIN DE PÂQUES 2018

“Il faut, en premier, couper les mains de ceux qui manipulent l’Histoire,

pour faire prospérer les hainesqu’elle a engendrées...”

Boualem Sansal

2BULLETIN DE PÂQUES 2018

PLUS IMPARTIAL QUE ÇA, TU MEURS !PLUS IMPARTIAL QUE ÇA, TU MEURS !

Pour 4,90 € : tout sur la torture en Algérie ?On aurait aimé, si l’on se réfère aux intentions proclamées par les promoteurs de la collection (voir éditorial) que ces Journaux de guerre rassemblent, sinon l’ensemble des articles publiés à droite comme à gauche sur ce thème, du moins une sélection exhaustive et représentative des opinions émises autour de cette grave “question”.

Ce n’est pas le cas et, si vous nous le per-mettez, nous allons tenter ici l’impos-sible : “vendre” à nos lecteurs le second

numéro des Journaux de guerre qui a pour thème : La torture.

Ainsi, pour 4, 90 €, prix d’ami, vous avez :• Un “emballage” de 8 pages dont 3 de textes et 5 de présentations, photo-montages en quadrichromie, pubs et annonces diverses. Les trois pages de textes sont rédigées par des plumes contemporaines bien engagées et peu suspectes d’objectivité. Vous y trou-verez une amplifi cation des dénonciations partagées par les deux grandes consciences de l’époque, Claude Bourdet et François Mauriac. On y ajoute un regret sur “l’ordre dispersé des intellec-tuels (de l’époque) contre la répression coloniale” ; et, enfi n, un constat : si vous ne le saviez pas, la torture est “une pratique ancrée dans la tradition coloniale française”. • En encadré, un cas vécu, datant de 1957 (bataille d’Alger) : celui de Louisette Ighilahriz, allongée, nue, durant trois mois, dans les locaux de la 10ème DP et violée, “plusieurs fois par se-maine” par le capitaine Graziani, cependant que, “de temps en temps, elle aperçoit Bigeard et Massu, en arrière-plan de sa geôle”... Au cours du procès qui se déroula... dans les années 2000, le capitaine Graziani ne pourra pas se défendre : il est tué au combat en janvier 1959. (Cette précision ne fi gure pas dans la chronique.) • Toujours pour 4,90 € vous avez droit à un fac-similé, sur papier recyclé de L’Express (première manière), avec à la une, la photo de François Mauriac et, en 13ème page, son célèbre édito “La Question” qui retrace un dialogue avec un certain

M., lequel raconte qu’il connaît un tel qui a subi, un autre qui a vu.... Cependant que les 12 autres pages, histoire de nous distraire, nous parlent de la bombe H, de la situation économique (en 1955), de littérature, de spectacles et de mode...• Dans la même enveloppe, rebelote : vous bénéfi ciez du France-Observateur de ce même mois, qui vous gratifi e d’une “Vérité sur la torture en Algérie”, avec un papier de Claude Bourdet de 2 pages contre la “Gestapo d’Algé-rie”, s’appuyant sur les mêmes cas évoqués plus haut et avec toujours la même impréci-sion et, sur les 29 autres pages, des informa-tions approfondies sur la franc-maçonnerie,

les négociations franco-tunisiennes, la création d’Europe 1, la guerre d’Indochine, Kafka, le tennis français, tous sujets passionnants mais qui n’ont qu’un rapport éloigné avec le thème d’ensemble abordé.• Et si vous n’êtes pas satisfait, on vous off re, en prime, une affi che, noir et blanc (60x40), vous conviant à un “grand mee-ting”, à la salle Wagram… pour le 21 décembre 1954, soit moins de 8 semaines après la “Toussaint Rouge”. Et cela, à l’appel ou avec la participation d’organisations aussi équitables dans leurs opinions que la Fédération Communiste Libertaire, le Parti Communiste Internationaliste, le Mouvement Libertaire Nord-Africain, l’Action Jeune Révolutionnaire, Maître Des-chezelles, “avocat des Nord-africains”, le tout, sous l’égide du Comité de Lutte contre la Répression Colonialiste.

Tout cela, je le rappelle, pour moins de 5 €. N’hésitez pas : c’est une aff aire. Car, plus impartial que ça, tu meurs !

P.B.

M., lequel raconte qu’il connaît un tel qui a

nous parlent de la bombe H, de la situation

bénéfi ciez du mois, qui vous gratifi e d’une “

Bourdet de 2 pages contre la “

plus haut et avec toujours la même impréci-

tions approfondies sur la franc-maçonnerie,

rassemblent, sinon l’ensemble des articles publiés à droite comme à gauche sur ce thème, du moins une sélection exhaustive et représentative

Pour 4,90 € : tout sur la torture en Algérie On aurait aimé, si l’on se réfère aux intentions proclamées par les promoteurs de la collection

Pour 4,90 € : tout sur la torture en Algérie ?On aurait aimé, si l’on se réfère aux intentions proclamées par les promoteurs de la collection

rassemblent, sinon l’ensemble des articles publiés

Journaux de Guerre : les poncifs à la Une !dance..., l’Algérie ne produit plus rien, n’exporte plus rien. Et ce n’est ni la faute de Bigeard, ni celle de Massu...” ; si Boualem Sansal considérait déjà, il y a plus de 15 ans, dans Le Serment des Barbares, que “quarante ans est un temps honnête pour re-connaître que ces foutus colons ont plus chéri cette terre que nous, qui sommes aussi ses enfants”, il serait louable que les nouveaux Claude Bourdet et François Mauriac de cette rétrospective tirent les

mêmes enseignements des eff ets, non du confl it, mais bien plutôt de son après-guerre.

Qu’ils méditent aussi cette autre réfl exion de Boua-lem Sansal, beaucoup plus récente, celle-là, et qui les concerne directement : “Il faut, en premier, cou-per les mains de ceux qui manipulent l’Histoire, pour faire prospérer les haines qu’elle a engendrées...”

À bons entendeurs....Patrice Boissy

3BULLETIN DE PÂQUES 2018

OPEXOPEX

Le “blues” dans les unités : pas seulement une question d’argent

Le président de la République, dûment averti de la baisse constante de moral au sein des armées, a décidé de mettre du baume au cœur des militaires, en annonçant “un effort budgétaire inédit dans le domaine de la défense” : 1,5 mil-liards d’euros de plus par an jusqu’en 2022, et 3 milliards... de 2023 à 2025. Le budget passerait de 34,2 milliards en 2019 à 50 milliards en 2025 (2% du PIB).Cet eff ort – dont il n’est pas dit comment il sera fi nancé – s’accompagne de la décision de budgétiser les “Opérations Extérieures” (OPEX) dont le défi cit restait jusqu’ici fi nancé par des ponctions sur l’enveloppe d’un bon nombre de ministères.

Qu’en est-il de ces actions, dont certaines particulièrement visibles et sensibles pour l’opinion ? Que représentent-elles, en termes de missions, d’eff ectifs et de moyens mis en œuvre ? Comment évolue le moral des troupes ?On se référera, à cet égard, aux propos tenus par notre ami Frédéric Pons, journaliste, écrivain et lui-même ancien “casque bleu” au Liban au cours des journées RECOPEX, organisées à la fi n de l’année dernière à la Mairie du 17ème arrondissement de Paris, à l’initiative de l’Union Nationale des Combattants.

30 000 hommes en “posture” opérationnelle constituent les eff ectifs des opérations extérieures. Ils se répartissent en trois

grandes catégories de missions : de combat, de souveraineté, de présence. La plupart des missions ont un caractère tempo-raire. Et pourtant, précise Fréderic Pons, c’est un temporaire qui dure longtemps.

Depuis la guerre d’Algérie qui s’est achevée sur des accords, certes très peu respectés, mais des accords tout de même, la plupart des confl its ayant exigé une intervention française ne connaissent pas d’issue durable. Ils se poursuivent, sous une forme ou sous une autre, et impliquent le maintien d’une pré-sence militaire française à géométrie variable.

D’où l’émiettement des forces, certaines parfois oubliées, sur l’ensemble de la planète. Qui sait encore que 750 soldats français sont engagés au Sud Liban depuis 1970 ? Ils risquent d’ailleurs, si l’on se réfère aux tensions actuelles au pays du Cèdre, de se trouver “réactivés” dans un proche avenir. Sait-on que 300 autres se trouvent mobilisés dans les Pays Baltes, sous commandement américain ?

Depuis 1963, 640 soldats français sont morts dans ces opé-rations et autant de blessés, ce qui, comparé à la modestie des eff ectifs engagés dans chacune de ces opérations, et eu égard parfois à l’objectif poursuivi, est toujours trop...

Baisse de moralLa démission du Chef d’Etat Major Pierre de Villiers, en

juillet dernier, a été, certes, motivée par un diff érend d’ordre fi nancier : il est vrai que le personnel d’active est coûteux :• quand il évolue sur une dizaine de théâtres d’opérations

(dont le territoire national où “Sentinelle” occupe 7 000 hommes), où le rythme des rotations impose que pour un

militaire en activité, un autre soit au repos tandis qu’un troisième se prépare à la future mission…

• quand on sait que le coût annuel moyen de chaque soldat en activité est de 100 000 €, impliquant, au total, une dé-pense voisine de 1,5 milliards, alors que le budget alloué est sous évalué de plusieurs centaines de millions…

• quand on sait que ces restrictions budgétaires conduisent au non renouvellement des matériels, rudement éprouvés sur des terrains diffi ciles, au recours systématique au sys-tème “D”, que certains véhicules de transport de troupes ne sont pas sécurisés, notamment contre les mines, et que leurs chauff eurs ont souvent 20 ans de moins que leur VAB…

• quand on sait, par ailleurs, que l’absence de moyens conduit à réaliser des économies sur la formation et les entraînements, que le fait d’engager les soldats utilisés à 130 % de leur capacité a des conséquences évidentes sur la vie personnelle des hommes et de leurs familles, sans parler des errements consécutifs à l’application du système de paie “Louvois”… … on peut concevoir une certaine baisse dans le moral des

troupes !

Un dialogue diffi cileÀ ces diffi cultés techniques et fi nancières s‘ajoutent les

eff ets d’un contexte politique contradictoire :D’un coté, en eff et, la Nation, au travers des enquêtes et des

sondages, plébiscite son armée, notamment dans l’exécution de ses missions à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières.

De l’autre, le monde politique, de manière assez générale, non seulement manifeste une certaine méfi ance à l’égard des militaires, mais a également tendance à les sous-estimer ▼

4BULLETIN DE PÂQUES 2018

intellectuellement, à les considérer comme de simples exécu-tants. Ceci n’est pas nouveau, mais s’est quelque peu insti-tutionnalisé depuis la guerre d’Algérie et le putsch militaire d’avril 1961.

Pour notre part, nous ajouterons la réalité d’un curieux phénomène de “marginalisation institutionnelle”: depuis le général Bigeard, il n’y a plus de militaires députés ni de ministres. Il n’y a plus, non plus, d’Académicien à képi...

Sous la Présidence de François Hollande, selon Fréderic Pons, cette “diminutio capitis” s’est accentuée sous l’in-fl uence du Directeur de Cabinet du Ministre de la Défense Le Drian qui s’est consacré à la mise sous tutelle du CEMA et de la hiérarchie militaire dans tous les aspects de leurs fonc-tions.

Inversement les militaires, s’ils admettent évidemment les règles constitutionnelles impliquant la soumission de l’armée au pouvoir politique, communiquent assez peu avec les représentants de la Nation : la méfi ance n’est pas à sens unique et le dialogue reste diffi cile.

Le “malentendu” entre le Président et le CEMA de juillet 2017 doit aussi se situer dans ce contexte.

Les menaces demeurent...Il reste, conclut Fréderic Pons, que nous vivons dans un

monde dangereux et que, si l’Europe continue de s’abriter sous le parapluie des États-Unis, dont le budget dépasse les 700 milliards de dollars, la Chine et la Russie restent de puis-sants challengers, en termes de force militaire, cependant que la prolifération dans le monde de l’armement nucléaire et la probable intensifi cation de la menace terroriste, après l’éradi-cation du Califat, sont constitutifs de menaces permanentes...

Et l’on n’évoquera pas les eff ets induits des migrations sud-nord : que ferons-nous si, à la mort de son chef, l’Algérie connaissait une nouvelle guerre civile ? Où iraient se réfu-gier les millions d’Algériens fuyant la tragédie, sinon auprès de leurs familles en France ?

Cette question, devenue depuis quelques semaines d’une certaine actualité, n’aurait pas de réponse militaire... Cela reste à démontrer. P.B

OPEX : le “blues” dans les unités▼RÉTABLIR LA VÉRITÉRÉTABLIR LA VÉRITÉ

RWANDA : Vingt offi ciers français calomniés !Vingt offi ciers supérieurs français demeurent

accusés par le Président rwandais Paul Kagaméet son gouvernement des pires turpitudes à l’égard

de leur pays, et en particulier des populationstutsies, de 1990 à 1995 ; c’est-à-dire avant, pendant

et après “l’opération Turquoise”, dont la fi nalitéétait de tenter, sous mandat de l’ONU, de mettre

un terme à la guerre civile opposant Hutus et Tutsis, sur ce petit territoire de 26 000 km.

À l’origine du confl it, rappelons-le, la volonté de la minori-té tutsie de reprendre un pouvoir qu’elle détenait depuis toujours et qui lui avait été soustrait par suite de l’ap-

plication du principe démocratique : “un homme, une voix”. Plusieurs tentatives dans ce sens, menées les années précé-dentes, notamment à partir de l’Ouganda voisin, avaient été stoppées par l’armée française en vertu des accords de défense entre la France et le Rwanda (opération Noroît).

Depuis l’agression de l’Armée Populaire Rwandaise (APR), essentiellement tutsie, du 1er octobre 1990, la situation s’était radicalisée entre les deux ethnies du fait des violences commises par l’APR entre 1990 et 1994 contre les popula-tions civiles, principalement hutues, et, de fait, du terrorisme aveugle pratiqué par l’APR, provoquant des représailles de ces mêmes Hutus à l’encontre des populations tutsies.

Environ un million de déplacés, du fait des violences com-mises par l’APR, croupissaient dans des camps aux portes de Kigali dans des conditions de survie déplorables.

L’assassinat du Président HutuIl ne manquait donc plus que l’étincelle pour provoquer

l’explosion : ce sera le 6 avril 1994 : deux missiles abattent l’avion du président hutu du Rwanda, provoquant sa mort, celle du président du Burundi et des trois membres de son équipage français. L’atroce génocide commence.

Àplication du principe démocratique : “Plusieurs tentatives dans ce sens, menées les années précé-dentes, notamment à partir de l’Ouganda voisin, avaient été stoppées par l’armée française en vertu des accords de défense entre la France et le Rwanda (opération

(APR), essentiellement tutsie, du 1s’était radicalisée entre les deux ethnies du fait des violences commises par l’APR entre 1990 et 1994 contre les popula-tions civiles, principalement hutues, et, de fait, du terrorisme aveugle pratiqué par l’APR, provoquant des représailles de ces mêmes Hutus à l’encontre des populations tutsies.

mises par l’APR, croupissaient dans des camps aux portes de Kigali dans des conditions de survie déplorables.

L’assassinat du Président HutuL’assassinat du Président Hutu

l’explosion : ce sera le 6 avril 1994 : deux missiles abattent l’avion du président hutu du Rwanda, provoquant sa mort, celle du président du Burundi et des trois membres de son équipage français. L’atroce génocide commence.

5BULLETIN DE PÂQUES 2018

RWANDA : Vingt offi ciers français calomniés !

La mission des Nations Unies (Minuar), commandée par le général canadien Roméo Dallaire, se garde bien d’inter-venir. Ses eff ectifs ont même été réduits par dix dès le lende-main du début des massacres (7 avril), passant de 2600 à 260 hommes, sur un territoire comptant 11 millions d’habitants !

La situation empirant de jour en jour, la France multiplie les démarches pour qu’une force multinationale soit en-voyée au Rwanda ; mais ses demandes se heurtent à l’oppo-sition des USA, jusqu’au 21 juin 1994, date à laquelle l’ONU vote enfi n – et pour deux mois ! – un mandat d’intervention dont la France est chargée. Mais quand débarque le contin-gent français, le génocide est largement consommé.

Ce sera l’opération Turquoise. Grâce au courage et au dé-vouement sans relâche de ses soldats comme de son corps médical, l’armée française sauve des dizaines de milliers de vie (les massacres reprendront d’ailleurs après son dé-part) et apporte à des populations traumatisées, quelle que soit leur ethnie, sécurité, réconfort et moyens de survie. Elle accomplit ce qu’on attendait d’elle, et même bien au-delà.

Qui est le commanditaire de l’attentat ?Mais la justice française veut savoir qui est le commandi-

taire de l’attentat contre l’avion présidentiel, point de départ du génocide et cause de la mort de son équipage français ; saisie d’une plainte contre X par leurs familles, elle désigne le juge anti-terroriste Jean-Louis Bruguière pour l’instruire. Sa longue enquête aboutit à la mise en cause du Front Patrio-tique Rwandais et de son chef, l’actuel Président du Rwanda, Paul Kagamé. Le 15 novembre 2006, le juge Bruguière lance 9 mandats d’arrêt, ce qui provoque la rupture des relations diplomatiques entre la France et le Rwanda.

L’armée française ”complice de l’inavouable” ?Paul Kagamé, qui dirige son pays d’une main de fer, sou-

tenu par ses alliés anglo-saxons pour des raisons politiques et économiques, emploie tous les moyens pour éviter une condamnation qui entraînerait son abandon par ses alliés et la fi n de son pouvoir. Il fait assassiner au Rwanda, et même à l’étranger, ceux de ses anciens complices qui pourraient parler, et suscite une campagne de presse, accusant notre armée, et nommément une vingtaine d’offi ciers français, d’avoir participé aux massacres qu’elle a pourtant réussi – et elle seule – à endiguer, au moins partiellement.

Trois journalistes français, dans la grande tradition des porteurs de valises et largement soutenus par la presse “pro-gressiste”, vont jusqu’à publier un livre dont la couverture ose reproduire les noms des responsables de Turquoise et des dirigeants politiques de l’époque, barrés d’un titre évocateur, “Complices de l’inavouable”, c’est à dire du génocide.

Cette vilénie vaudra à ses auteurs une condamnation pour diff amation, confi rmée par la Cour de Cassation, mais ne les découragera pas de voler à nouveau au secours de Paul Kagamé, quand, beaucoup plus tard et de manière imprévue, l’enquête contre lui sera relancée.

Bernard Kouchner s’en mêle...Mais, pour l’heure, les choses semblent s’arranger. Suite

à l’élection à la présidence de Nicolas Sarkozy, le nouveau ministre des Aff aires étrangères, Bernard Kouchner, va agir. C’est un ami de Kagamé. Le juge Bruguière étant parti en retraite, Kouchner, soutenu par une effi cace campagne médiatique, obtient le rétablissement des relations diplo-matiques avec le Rwanda, le 30 novembre 2009, et la nomi-

Rwanda, été 1994, opération Turquoise : l’armée française s’interpose et sauve des dizaines de milliers de vies.

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6BULLETIN DE PÂQUES 2018

nation d’un nouveau juge d’instruction, Marc Trévidic. Celui-ci, moins engagé que son prédécesseur, clôt l’ins-

truction en juillet 2014, s’appuyant sur des expertises tou-tefois peu concluantes, 20 ans après les faits et à partir de témoignages de personnes désignées par le gouvernement de Kagamé.

Mais, coup de théâtre, il est contraint de la réouvrir à la fi n de l’été, suite au témoignage du soldat rwandais qui a accompagné les missiles ayant servi à l’attentat depuis le QG de Kagamé jusqu’à Kigali. Vivant caché à Nairobi, ce témoin est convoqué à Paris pour être entendu. Il ne témoignera ja-mais : il est enlevé, le 13 novembre de la même année, juste après la réception de sa convocation ; on ne le reverra plus.

L’instruction peut être “enfi n” clôturée, laissant espérer à Kagamé un non-lieu pour lui et la confi rmation, aux yeux de l’opinion, de la condamnation médiatiquement orchestrée du comportement “inavouable” de l’armée française.

Nouvelle rupture ?Nouveau rebondissement le 29 juin 2016, quand le général

Faustin Kaymba Nyamwasa, ancien chef d’état-major de l’ar-mée patriotique rwandaise et, à l’époque de l’attentat, patron des services de renseignement du FPR, fait parvenir depuis l’Afrique du Sud (où il est réfugié après avoir fait l’objet de plusieurs tentatives d’assassinat) un document accusant nommément Kagamé d’être le commanditaire de l’attentat. L’instruction est rouverte et un nouveau juge anti-terroriste, Jean-Marc Herbaut, décide de convoquer pour confrontation le ministre de la Défense rwandais, James Kararebe, et un ancien militaire rwandais réfugié à Londres, qu’il a entendu en mars 2017.

Le Rwanda rappelle son ambassadeur à Paris et menace à nouveau Paris de rompre les relations diplomatiques.

La lettre au Président MacronEnfi n, last but not least, le 27 décembre 2017, M. Emmanuel

Macron, Président de la République Française, reçoit une lettre ouverte de l’un des plus anciens compagnons de route de Paul Kagamé, qui fut secrétaire général du Front Patrio-tique Rwandais (FPR), chef de cabinet du Président Kagamé et ambassadeur du Rwanda aux États-Unis.

De cette longue missive – dont le but est d’adjurer le Pré-sident de la République de ne pas plier face aux menaces de Kagamé – on retiendra que :• C’est bien le Général Kagamé (ci-

contre) qui a commandité l’attentat contre le Falcon 50 dans lequel deux présidents, leurs collaborateurs et les trois citoyens français composant l’équipage ont trouvé la mort.

• Il fallait, à tout prix, éviter une in-tervention militaire française ou de

tout autre pays ou organisation internationale, la victoire du FPR étant à portée de la main.

• Les puissances occidentales, et de manière notable, les États-Unis et le Royaume-Uni, en raison de leurs intérêts géostratégiques, ont cautionné le régime du Président Ka-gamé et l’ont exonéré de toute responsabilité dans le gé-nocide, faisant reposer celle-ci, urbi et orbi, sur les Hutus.

• Ces événements tragiques s’inscrivent dans la profonde crise politique – ponctuée de confl its ethniques, de dé-placements de populations, de destructions massives de vies et de biens, ainsi que d’une déstabilisation régionale, en Afrique de l’est et du centre – crise provoquée, dès l’indépendance du Rwanda, et actuellement entretenue par le régime du Président Kagamé.

• Et le Dr Théogène Rudasingwa confi rme : “Dans les pro-chains mois le gouvernement rwandais... va procéder au lance-ment de poursuites contre des citoyens français et en informer l’Union Africaine et les Nations Unies, pour embarrasser la France.”

Le Secours de France s’engage.Le colonel Jacques Hogard, qui commandait le Grou-

pement de Légion étrangère au sein de l’opération Tur-quoise, se référant à certains précé-dents vieux d’un demi-siècle, écrit : “Il est insupportable de voir nos soldats aujourd’hui impuné-ment traînés dans la boue par les mêmes, au

fond, que ceux qui soutenaient le FLN en Algérie. Si on remplace FLN par FPR, Algérie par Rwanda, Ben Bella ou Boumediene par Kagamé, on a, par une étrange coïncidence, la réminiscence d’un passé douloureux où la victoire militaire s’accompagna de la défaite politique.”

Le Secours de France, fi dèle à sa mission “Rétablir la Vérité”, soutient l’Association France Turquoise, créée dès le début de l’off ensive médiatique et judiciaire contre les

cadres de notre armée engagés dans cette opération.

Dans la mesure où les pouvoirs publics français ne semblent pas, pour diverses raisons politiques et géostra-tégiques, prendre des positions fermes dans cette aff aire compliquée, il nous paraît de notre devoir de permettre à nos soldats de défendre judiciairement leur honneur et de faciliter l’obtention, la mise en forme et l’exploitation des témoignages susceptibles de les innocenter des accusations infamantes dont ils font l’objet. ■

Au cœur de l’imbroglio rwandais, vingt offi ciers français calomniés !▼

7BULLETIN DE PÂQUES 2018

GROUPE DE TRAVAIL “HARKIS”GROUPE DE TRAVAIL “HARKIS”

Indemnisation des “rapatriés” : deux poids, deux mesures ?Mme Geneviève Darrieussecq, Secrétaire d’État auprès du Ministre des Armées, avait reçu à la fi n de l’année dernière une délégation du Groupe de Travail du Collectif pour le vote de la Loi “Vérité et Justice pour les Français rapatriés”. L’objet de cette rencontre était d’obtenir une réponse offi cielle du chef de l’État et du gouvernement, “soit par son intermédiaire, soit directement,aux questions préalables que pose l’étude éventuelle d’une loi défi nitive équitable pour les Français rapatriés, victimes, depuis 60 ans, de la Raison d’État”.

L a réponse de la Secrétaire d’État a été claire. Pour le moment, comme nous

l’avions évoqué dans notre bul-letin de Noël, le chef de l’État lui avait exclusivement demandé quelles seraient les mesures de réparation nouvelles qui permettraient de répondre aux attentes de nos compatriotes harkis et de leurs enfants. Selon le communiqué diff usé par l’Asso-ciation Jeune Pied-Noir, cette approche gouvernemen-tale résulte de la prise en compte d’une “souff rance plus grande des Harkis et de leurs familles, les autres rapa-triés, notamment européens, ayant pu ou su s’intégrer plus facilement.”

Mise en place du Groupe de travail “Harkis”

Le groupe de travail souhaité par le chef de l’État a été constitué et a tenu ses premières réunions. Il est présidé par le Préfet Dominique Céaux et comprend deux délé-gués des Assemblées parlementaires, six représentants des administrations, une dizaine (plus les suppléants) de membres de la première et deuxième génération harkie, choisis par le gouvernement “sur des critères de repré-sentativité” et trois personnalités qualifi ées : Michel Hadj, directeur national du Souvenir Français, Jean-Jacques Jordi, historien, et Régis Perret, sociologue. Le rapporteur en sera Simon Cassard, auditeur au Conseil d’État.

On sait, par ailleurs, que l’Offi ce National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, dont le réseau s’étend sur tout le territoire national, est en charge depuis trois ans du “guichet unique” pour les rapatriés et qu’il a repris, depuis le 1er janvier 2018, les attributions du Ser-vice Central des Rapatriés sis à Agen.

À cet égard, les repentants du Collectif ont souhaité attirer l’attention de Mme Darrieussecq sur la “valorisation des femmes de Harkis”, lesquelles constituent le “socle” qui a permis de maintenir la cohésion des familles et l’in-tégration des enfants.

Il reste que, même s’il apparaît diffi cile et peu équitable de faire une distinction, voire une hiérarchisation des souff rances subies par diff érentes catégories de Fran-çais, dans le cadre et suite à la Guerre d’Algérie, néces-sité fi nancière fait loi.

En dépit de la reconnaissance par plusieurs Présidents de la République des responsabilités de l’État dans les faits générateurs de ces drames humains et dans les dé-possessions dont ont été victimes les Français d’Algérie, le chiff re de 42 milliards d’euros d’indemnisation calculé par les auteurs du projet ne laisse pas d’eff rayer les pou-voirs publics. Rappelons qu’en 2003, selon le rapport du député Diefenbacher, les sommes déjà versées au titre de ces indemnisations, en application des divers textes en vigueur, s’élevaient à un montant total de 14,2 mil-liards d’euros, en valeur actualisée. La proposition de Loi “Vérité et Justice” prévoit une indemnisation moyenne de 100 000 € par famille, recouvrant des montants très variables selon l’ampleur des préjudices : depuis l’euro ▼

© Secrétariat d’État aux Armées

23 janvier 2018 : installation du groupe

de travail “Harkis”.

Été 1962 : camp de St-Maurice l’Ardoise.

8BULLETIN DE PÂQUES 2018

symbolique jusqu’à des réparations supérieures à un mil-lion d’euros.

Quid de l’égalité devant la loi ?La délégation du Collectif “Vérité et Justice” souhaite-

rait la constitution d’un groupe de travail d’expert fi nan-ciers, chargés d’étudier les capacités du pays à “hono-rer sa dette” suivant des modalités et des propositions d’échéancier à analyser.

Le chef de l’État est sollicité de recevoir en audience, comme il l’a fait pour les familles de Harkis, le groupe de travail “Vérité et justice.”

En tout état de cause, le contexte historique est favo-rable. L’année 2018 va marquer le 60ème anniversaire du

13 mai 1958, du retour de De Gaulle en juin, et de la Constitution en octobre.

Dans une décision du 8 février dernier, le Conseil Constitutionnel a déclaré inconstitutionnel le fait de réserver aux seuls Français le droit à pension pour les victimes de violences durant la guerre d’Algérie (Loi du 30 juillet 1963).

Si les citoyens de l’époque, devenus algériens, et sur-tout leurs ayants-droit, peuvent prétendre à réparation pour les préjudices corporels (blessures, infi rmités, mala-dies, décès) subis, et ce, au nom de l’égalité devant la Loi, il sera juridiquement diffi cile de refuser aux rapatriés européens les indemnisations que l’on s’apprête à accor-der aux Harkis et à leurs ayants droits. ■

Sansal : “L’Algérie, c’est la France… La France, c’est l’Algérie !”À l’occasion de la visite d’Emmanuel Macron en Algérie le 6 décembre dernier, Boualem Sansal conseillait non sans malice au Président “d’étudier sérieusement” l’histoire de nos deux pays :

Si on fait le bilan, nous avons, d’un côté, en France de 1 à 2 millions de pieds-noirs qui se sont parfaitement organisés pour entretenir en eux la

mémoire de l’Algérie française, leur pays perdu, trahi, disent-ils, qui n’ont de cesse de chercher à comprendre comment cela a pu être possible et qui ob-servent avec une grande acuité l’horizon, entretenant l’espoir qu’un jour une lumière apparaisse et les guide vers les rivages du pays aimé. Ajoutons les Harkis que le seul mot “Algérie” plonge dans d’indescriptibles émotions. Ajou-tons les Juifs, peu nombreux mais très actifs, arrivés dans l’Algérie berbère avant tout le monde, avant les Français, les Turcs, les Arabes, les Byzantins, les Romains. Ajoutons les millions de Français qui ont séjourné dans l’Algérie française, eu des relations fortes avec elle, des militaires qui ont crapahuté dans ses maquis, des fonctionnaires qui ont œuvré dans ses services publics, et d’autres encore, innombrables, qui après l’indépendance ont travaillé dans la coopération en Algérie (volontaires du service national actif, enseignants, médecins, ingénieurs...). Ajoutons ceux, très nombreux aussi, qui s’intéressent à l’Algérie pour mille et une raisons.Ajoutons enfi n les millions d’Algériens nés en France, les naturalisés et ceux qui ont une carte de séjour, sou-vent dans des ambiguïtés qu’ils ont du mal à résoudre. Ils se sentent français ou algériens ou les deux, ou ni l’un ni l’autre, selon la météo politique du moment.Au total, cela fait plus de la moitié de la population française. L’autre moitié étant constituée en fait des tout jeunes, pour lesquels l’Algérie, c’est seulement le pays de leurs copains de classe, ou c’est l’Algérie de papa, ou le pays du Français le plus aimé des Français, Zinédine Zidane, ou de l’Algérien le plus algérien de tous les Algériens, Roger Hanin, mort en France et enterré chez lui, à Alger, au cimetière juif de Saint-Eugène.Conclusion 1 : en France, l’Algérie, c’est la France.

En Algérie, la situation est aussi compliquée, les Algériens ne se ressemblent pas tous. Pour plus de la moitié d’entre eux, la France, c’est l’Algérie... L’Algérie offi cielle plutôt que l’Algérie souff rante qui, elle, se contenterait de simples visas. L’Algérie offi cielle est résolument française, elle possède un passeport français, accumule du bien partout en France, fréquente les meilleurs restos, les meilleures écoles, se soigne dans les meilleurs hôpitaux, et réclame toujours plus, ce qu’elle obtient aussitôt grâce à son arme secrète : la demande de repen-tance et le divorce.Conclusion 2 : en Algérie, la France, c’est l’Algérie.

Emmanuel Macron devrait étudier sérieusement cette histoire avant d’aller à Alger. M. Boutefl ika est vieux et impotent, mais l’histoire, il la connaît, lui, mieux il l’a faite... Et il continuera de la faire si Allah veut bien lui accor-der un cinquième mandat. Boualem Sansal

9BULLETIN DE PÂQUES 2018

Nos actions… vos réactions !DANS VOTRE COURRIER …DANS VOTRE COURRIER …

■ Chrétiens d’OrientVacances françaises

de 16 enfants orphelins du Liban

“Grâce à votre aide et à celle d’autres donateurs, nous

sommes parvenus à couvrir les frais de ce voyage qui s’est déroulé du 20 août au 20 septembre 2017, à tra-vers la France : Paris, Chartres, Saint Jean de Luz, Toulouse, Lourdes, Ax-les-Thermes, Valras-Plage, Carcas-sonne... Le solde de cette opération étant même légèrement positif, nous avons décidé de porter notre cotisa-tion à votre association à 500 €... Je peux vous assurer que les enfants de Sœur Virginie Maalouf garderont un souvenir inoubliable de leurs pre-mières vraies vacances. Au nom de notre association et de Sœur Virgi-nie, je vous renouvelle nos très sin-cères remerciements...”M. Calmein, Président de SOS outre-mer

Aide à Mgr Jeanbart (Alep)

“Merci pour ces témoignages de Foi. Ici, en France, on a tout. Le

pays est en paix. Mais il pourrit de l’in-térieur, ne sait plus d’où il vient, quelle est sa mission. Il est de bonne volonté mais ne connaît pas la voie. Merci de nous montrer le chemin.” Dr G.

■ Aides aux harkis et à leurs familles

“Je n’ai découvert que tardivement l’existence du Secours de France

et je le regrette vive-ment. Aider l’asso-ciation est pour moi une grande joie (j’espère pou-voir le faire encore longtemps...) et j’y vois une merveil-leuse opportunité de dire à nos amis algériens, anciens harkis, et à leurs

familles que nous ne les oublions pas. Comme beaucoup de Français de ma génération, j’ai eu l’honneur de servir de 1960 à 1962 comme sous-lieute-nant en Kabylie : j’ai donc pu vivre en direct ce drame et cet eff royable gâchis. Je vous remercie à mon tour pour le magnifi que travail accompli par votre association et dont je prends connaissance à travers le bulletin que je lis toujours avec un vif intérêt.”

Lieutenant-colonel (CR) J.L.

“J’ai bien reçu le courrier du ser-vice entraide du Secours de

France, accompagné du chèque de 750 € qui m’est adressé. Je tenais à vous remercier du fond du cœur de ce grand soutien qui me touche tant. Dans la situation diffi cile dans laquelle je me trouve, depuis la perte de mon emploi en 2014, cette aide m’est un précieux secours.” V.B.

“J’ai été très touché à la lecture de votre journal par la misère que les

hommes sont capables de répandre autour d’eux. Cependant, une lueur d’espoir, lorsque j’ai vu le tableau des réussites des petits-enfants de har-kis... Gloria in excelsis Deo et in terra pax hominibus bonae voluntatis.” A.R.

“Une nouvelle aide fi nancière per-mettrait à mes trois fi lles de

continuer dans la réussite et l’excel-

Retour à Alger

À l’invitation de l’Institut Pasteur d’Al-ger (IPA), nous sommes venus, mon

épouse et moi-même, assister en décembre au “Colloque International sur l’Histoire des Instituts Pasteur du Maghreb face aux endé-mies majeures” qui se tenait dans les locaux de ce haut lieu de la médecine. Les frères Étienne et Édmond Sergent furent, au tout début du 20ème siècle, les fondateurs de cette institution toujours aussi active.Leurs travaux pratiques et théoriques leur permirent d’éradiquer le paludisme en commençant par la Mitidja et en sau-vant de ce fl éau une grande partie de l’Armée d’Orient en 1917. (Cela leur valut le surnom de “frères enquinineurs”... et l’attribution de la Croix de guerre avec palme). Étienne, le grand père de mon épouse, inventa en outre le sérum anti-scorpionique ; il mourut à la tâche. Sa devise : “En deçà du droit, au-delà du devoir !”Un hommage solennel leur fut rendu par les représentants algériens de la Santé publique et de l’IPA. Curieux paradoxe : alors que les Algériens ren-daient un témoignage de gratitude à notre pays, assez inhabituel depuis plus d’un demi-siècle, les représentants de l’Ambassade de France, bien qu’invités, ne s’étaient pas dérangés. Alain Zeller

▼Édmond Sergent (assis) et son frère

Étienne, dans leur laboratoire.

10BULLETIN DE PÂQUES 2018

Nos actions… vos réactions !DANS VOTRE COURRIER …DANS VOTRE COURRIER …

lence : Sanaê, 24 ans, admissible à l’École Nationale de la Magistrature ; Dalya, 23 ans, en 3ème année de méde-cine ; Kenza, 20 ans, Licence sciences de la vie, École d’ingénieur Biochimie. S.D.

“Nous profi tons de l’occasion pour vous remercier et vous

exprimer notre gratitude, pour toutes les aides que vous apportez aux fa-milles de harkis. Grâce à vous, des jeunes réussissent pour pouvoir avoir une place dans ce pays à qui leurs parents ont tout donné... Vous êtes “la vraie France.”

A.S., Présidente, et le bureau de l’Association des Harkis de Bourgogne et de l’Aube

“J’ai vécu dans mon djebel Edough, adoptée par la population indi-

gène et aussi avec les quelques vieux Pieds-Noirs qui s’obstinaient à rester chez eux. Ils me racontaient tout et mon cœur se serre quand je repense à mon vieux Mohammed, si bon, si honnête, ce vieux poilu de la guerre de 14, tout fi er de me montrer ses décorations gagnées au champ d’honneur et qui, peu avant mon dé-part, alors que je lui demandais pour-quoi il ne sortait plus, m’a répondu : “Tous les amis sont partis !” Et me serrant la main : “Reste, toi. Ne pars pas !” Quand je le revois depuis ma fenêtre, je me disais : “C’est encore de la bonne semence !” En écrivant cela, je retiens mes larmes. Que Dieu lui rende au centuple toute sa fi délité. Certains m’ont sauvé la vie. J’ai vécu un véritable drame, au milieu d’eux et ils en ont subi les conséquences. Comment oublier ? Y.P.

■ Mais aussi…

“Continuez votre action, sans langue de bois, sans vous sou-

cier du qu’en dira-t-on et de l’esta-blishment. Ma baisse de cotisation

n’est pas due à une déception ou à désintérêt. Seule ma situation fi nan-cière est en cause.” C. de C.

“Nous vous remercions pour votre don magnifi que pour l’œuvre de

Riaumont et nous adressons à tous nos meilleurs vœux de sainte année, avec beaucoup de grâces...”

Père Argouarc’h

“Le président et les membres du bureau de l’Association des

Amis du chef de bataillon Morin vous remercient chaleureusement pour votre participation à l’inauguration de la stèle du chef de bataillon Morin, que ce soit par votre présence ou votre soutien, vos contributions ont permis à cette nouvelle stèle de voir le jour.” P. Moindrot

Opération “Un cœur pour Philippe”

L’appel lancé par plusieurs associations patriotiques (Cercles Algérianiste, ADIMAD, Comité Véritas, le Secours de France) pour venir en aide au fi ls

naturel de Roger Degueldre, chef des commandos Delta à Alger et fusillé le 5 juillet 1962 sur ordre du Général De Gaulle, a été entendu (cf. notre bulletin de Noël en décembre 2017).

Plus de 100 000 € ont été recueillis en quelques semaines. Cette souscription doit permettre à Philippe Besineau, âgé de 55 ans, que son père n’a pas connu et qui vit en Argentine, avec des moyens des plus limités, d’être hospitalisé à la Ti-mone à Marseille, à partir du 12 mars 2018, pour y subir la transplantation cardiaque qui constitue sa seule chance de survie.Le Dr Bourdon, cardiologue et vice-président de

l’Amicale des anciens légionnaires des Bouches-du-Rhône, a transmis le dossier médical de Philippe Bésineau au Professeur Gilbert Habib qui a accepté de pratiquer cette lourde – et coûteuse – opération, dès qu’un greffon serait dis-ponible, ce qui peut prendre du temps. Afi n de pouvoir précisément dédier à cette action les dons de nos lecteurs, il est recommandé d’inscrire au dos du chèque libellé à l’ordre du Secours de France “Un cœur pour Philippe” et de l’adresser à : Georges Belmonte – qui coordonne l’opération – 10 avenue Montesquieu, 33240 Saint-André-de-Cub-zac. ■

Inauguration de la Stèle du Commandant Morin, fondateur des Légionnaires Parachutistes

en Indochine.

11BULLETIN DE PÂQUES 2018

NOTES DE LECTURENOTES DE LECTURE

Un épisode peu connu de la Deuxième Guerre Mondiale : l’accueil, par des centaines de fa-

milles d’Algérie, de 3 000 enfants de France, dont la santé physique et morale se trouvaient menacée, notamment par les bombardements, particulière-ment intenses dans certaines villes ”stratégiques”.

Au terme d’une enquête diffi cile, plus de 70 ans après les faits, Claude Sandra-Raymond, décédée en mars 2013, et Pierre Anglade ont pu reconsti-tuer ainsi l’aventure des “Centres Guynemer”, dont la fon-datrice Yvonne de Villiers de la Noue était la sœur du héros de l’aviation Georges Guynemer.

Plusieurs dizaines de témoignages recueillis auprès des

■ Trois mille enfants métropolitains réfugiés en Algérie de 1941 à 1945 Claude Sandra-Raymond et Pierre Anglade

C’est effectivement une sorte de manuel sco-laire à l’usage des petits et des grands enfants

qui, depuis deux générations, ont été dépossédés de l’histoire de notre pays et de toutes les pierres d’angle qui constituent l’héritage de cette nation : chrétiennes et monarchiques, d’une part, républi-caines et laïques de l’autre. Depuis la “langue” et le “drapeau”, jusqu’au “modèle féminin” et à la “méritocratie” en passant par le “legs gréco-latin”, “l’humanisme”, “l’honneur et la gloire”, le “patrio-tisme” ou “l’universalisme”, ces vingt valeurs et repères de la France, illustrées de citations “phares” de notre patrimoine littéraire, sont précisément choisies, défi nies et commentées.

■ Petit manuel des valeurs et repères de la France Dimitri Casali et Jean-François Chemain

enfants, aujourd’hui octogénaires, et des familles d’accueil, alors en Afrique du Nord, constituent un précieux petit ouvrage édité sur la base des documents obtenus et des entretiens réalisés.

Plus de 10 000 enfants, au total, ont ainsi pu être accueillis de 1941 à 1945 dans des régions plus “sécures”, dont 3 000 en Afrique du Nord, les liaisons entre la France et l’Algérie ayant été interrompues, en novembre 1942, suite au dé-

barquement allié en AFN et à l’invasion de la zone libre par l’Armée Allemande.

Un nouvel acte de générosité de la part de ces Pieds-noirs bien mal récompensés, vingt-ans après, par la Mère Patrie…

À commander à [email protected], 135 p., 18 €

Mais, ce qui caractérise bien l’entreprise de démolition à laquelle nous assistons depuis des décennies, bon nombre de ces valeurs sont au-jourd’hui attaquées, déformées, “ringardisées” ou détournées de leur défi nition originelle, sous la pression de diverses forces politico-sociologiques ou idéologiques, qui, toutes, convergent vers la désintégration de cet héritage.

Et – ce n’est pas là son moindre mérite – cet ou-vrage, au-delà du choix judicieux des thèmes abor-

dés, nous conduit à réfl échir sur cette rémanence de notre multiple fi liation et sur la nécessité de la défendre contre toutes les subversions qui la menacent.

Éditions du Rocher, 153 p., 18,90 €

■ Le dictionnaire du Conservatisme Sous la direction de Fréderic Rouvillois, Olivier Dard et Christophe Boutin

Plus ambitieux et nettement plus volumineux que Le Manuel des valeurs et repères de la

France présenté ci-dessus, Le Dictionnaire du conservatisme se rapprocherait plus de l’encyclo-pédie que d’un glossaire. On y trouve, depuis la lettre A (Abstraction) jusqu’à Z (Zouaves pontifi -caux) :• des hommes, essentiellement partisans de cette mouvance : acteurs politiques, écrivains, artistes, philosophes ;

• des valeurs : droits, honneur, ordre, équité, li-berté, patrie, bien commun ; •des moments historiques : révolutions, contre-révolution, restauration, empire ; • des concepts : préjugé, utopie, enracinement, propriété, progrès, tradition, autorité, identité ;• des attitudes morales : pessimisme, empirisme, non conformisme, patriotisme, politesse, ironie ;• des institutions : École, Église, Police, Armée, Code civil, famille ; ▼

BULLETIN DE PÂQUES 201812

NOTES DE LECTURENOTES DE LECTURE

• des doctrines : anarchisme, fascisme, catholicisme, socia-lisme, souverainisme, libéralisme, corporatisme...

Les quelques 250 thèmes, présentés suivant l’ordre alpha-bétique inhérent à l’exercice, sont analysés et commentés, souvent de manière exhaustive, et concourent à donner une image cohérente du conservatisme, dans sa diversité, sa vi-talité et, surtout, son actualité.

Un conservatisme “qui n’est pas un simple ramassis de préjugés bourgeois agités comme des épouvantails contre ceux qui se réclament de la Justice et du Progrès”, mais un ensemble extrêmement riche...

“Au fi l des pages, renonçant aux oukases sommaires ou aux enthousiasmes précipités – écrivent les auteurs dans leur introduction – adversaires et partisans du conservatisme devraient pouvoir y trouver de quoi fourbir leurs armes. D’autres, ou les mêmes, comprendront enfi n, par-delà la po-lyphonie conservatrice culturelle ou politique, pragmatique

ou sentimentale, littéraire ou normative, libérale ou étatiste, optimiste ou pessimiste, combien une volonté de perdurer dans l’être, ancrée au cœur des hommes, permet de fédérer des axes et, peut-être, de rassembler une famille.”

Deux index, nominum et rerum, ainsi qu’une table des en-trées présentant les 70 auteurs (pour la plupart universitaires) ayant collaboré à cette somme, en facilitent la consultation.

Chacun de ces 250 chapitres, outre la présentation du su-jet et son analyse de fond, foisonne d’anecdotes et de com-mentaires qui en rendent la lecture aisée, en même temps que formatrice.

Ce travail collectif, dont on imagine le temps et les efforts qu’il a fallu mobiliser pour le conduire à terme, tout en res-pectant l’unité de ton et de style qui contribue à son homo-généité, doit connaître le destin de ces grands ouvrages de référence qu’il faut avoir dans sa bibliothèque.

Les Éditions du Cerf, 1070 p., 30 €

“Dans la nuit du 8 avril 1958, rentrant dans leur ferme, lit-on dans la notice, Félix

Vallat, maire de Thiersville dans l’Oranais, et son épouse Madeleine, institutrice, furent sauvage-ment assassinés par un commando du FLN. Mi-raculeusement leurs trois enfants survécurent... Cette nuit-là, ce n’était ni l’ingénieur agricole, ni l’ancien pilote de la RAF, ni l’animateur hors pair qui était visé. Non, c’était tout simplement ce véritable apôtre du rapprochement franco-musulman qui dérangeait les nationalistes algériens et qu’il fallait donc éliminer, avec toute sa famille. Avec eux, ils ont assassiné le rêve d’une Algérie nouvelle, une Algérie autonome et fraternelle, multi-éthnique et tolérante, liée étroitement à la France…”

L’attentat, lui-même, est décrit en trois pages : une em-buscade nocturne, parfaitement préparée, rafales de P.M., puis l’égorgement ; les enfants dissimulés sous la banquette arrière ; les représailles qui suivent, brèves, violentes....

Le récit, véridique dans toutes ces dimensions, nous fait vivre dans une famille de fermiers pieds-noirs, construite des générations plus tôt, où l’on travaille dur, où les règles de vie sont simples, les ménages heureux et stables, où l’on se fréquente paisiblement entre européens et musul-mans, souvent depuis l’école et toujours dans une tradition respectueuse des différences. Félix, maire, est soucieux de faire évoluer les choses. À son niveau, et bien au-delà, il s’y emploie.

■ Le rêve assassiné Maia Alonso

Et puis l’insurrection, les fermes incendiées, la politique de terreur du FLN, systématiquement appliquée pour que “le sang appelle le sang”. Autour du couple, Georges Mauriès, le cousin de Madeleine est victime d’un traquenard et assas-siné à la hache. Ali Chekkal, Vice-Président de l’Assemblée algérienne et leur fi dèle ami, tombe, en Métropole, en présence du Président Coty, sous les balles d’un terroriste.

Félix se bat pour maintenir le dialogue, proposer un autre avenir. Il n’est pas écouté, même pas par un autre ami d’en-fance, Mokhtar, qui expose de manière claire et raisonnée les raisons de son choix en faveur du FLN. Il sera à l’origine de l’attentat qui coûtera la vie au couple Vallat

Un livre bien écrit, honnête et attachant, qui réveillera la nostalgie chez les “rapatriés” et fera peut-être réfl échir les sceptiques, sinon les sectaires.

[Maia Alonso, l’auteur de ce roman vrai, a reçu le Prix Histoire-Mémoire de la “Fondation pour la Mémoire de la Guerre d’Algérie“, en présence de Bernard, Paul et Jean-Fé-lix Vallat, les trois garçons rescapés de l’attentat, ainsi que le Prix de la Librairie Pied-Noir. Jean-Félix, agriculteur dans le Tarn, préside la Maison des Agriculteurs et des Français d’Afrique du Nord (MAFA) qui a remis un “mémorandum pour les rapatriés” au cabinet de la Secrétaire d’État auprès du Ministre des Armées, Mme Darrieusseq.]

Éditions Atlantis, Collection France-Algé[email protected], 252 p., 22 €

13BULLETIN DE PÂQUES 2018

NOTES DE LECTURENOTES DE LECTURE

C’est un journal de marche qu’à tenu l’auteur, depuis l’âge de 18 ans, de 1954 à 1961,

avec un seul parti pris, celui de rendre hommage à tous ces musulmans patriotes qui choisirent, jusqu’au bout, de servir la France : du Maroc à l’Algérie où il servira dans la police, dans les GMS et dans le cadre d’un commando de chasse, et même, entre temps, dans les rangs de la police parisienne.

Récit intense, parfois brutal, souvent émouvant, où se multiplient quotidiennement les violences et atroci-tés commises par des musulmans à l’encontre d’autres mu-sulmans, la courage sacrifi ciel et l’esprit de camaraderie de ces Algériens engagés dans l’armée régulière, les forces

■ Sept ans avec les harkis, un idéal fracassé Paul Margolis (alias Boualam)

supplétives ou les groupes d’auto-défense.Il décrit avec pudeur et tristesse les occasions

perdues après les journées fraternelles de mai 1958 et les terribles conséquences subies pas ses frères d’armes qui ont cru en la parole d’un “général-président” qu’ils vénéraient.

Et en prologue de cette sombre fresque, l’auteur nous offre, sur une centaine de pages, une piqûre de rappel sur bon nombre de ces dates histo-riques qui, depuis le 16ème siècle, annoncent, de

près ou de loin, les événements qu’il a vécus et de ceux qui restent, sans doute à venir...

Éditions Dualpha (Boîte 37, 16 bis rue d’Odessa, 75014 Paris), 530 p., 37 €

Puisque la commémoration du centenaire de 14-18 est encore à l’ordre du jour, il convient

de saluer – une fois n’est pas coutume – les exploits d’un général allemand, au cœur de cette Afrique orientale, où la guerre européenne prolonge les rivalités coloniales.

Bernard Lugan, avec la rigueur et la précision qu’on lui connaît, raconte ici l’exceptionnelle campagne du colonel (puis général) von Lettow-Vorbeck, qui, de 1914 à 1918, à la tête de quelques mil-liers d’Allemands et d’Askaris, va combattre 300 000 sol-dats britanniques, belges et portugais. Après deux années victorieuses et en raison de l’arrivée massive des troupes sud-africaines, il change de tactique, optant pour le “repli offensif” qui, au terme de manœuvres audacieuses, à l’at-taque comme en défense, et malgré de faibles moyens en hommes et en munitions, lui permet d’envahir le Mozam-bique, en enchaînant les victoires.

Mais ses effectifs ont fondu. À la veille de l’armistice, il lui reste moins de 150 européens et 1 300 Askaris. Le 25 novembre, il fi nit par accepter l’inévitable. Les Anglais rendent les honneurs à ce petit contingent et à son chef qui avait tenu les Alliés en échec durant 4 ans.

Mais le général von Lettow-Vorbeck, à son retour – triom-phal – à Berlin, en juillet 1919, n’en a pas fi ni avec la guerre. Celle-là est civile : sur ordre du gouvernement, à la tête d’un important “Corps-franc” qui porte son nom, il

■ Heia Safari ! Du Kilimandjaro aux combats de Berlin (1914-1920) Bernard Lugan

participe à l’écrasement du soulèvement “bolché-vique”, avant sa mise à la retraite. Monarchiste-conservateur il est élu député au Reichstag en 1928 et refuse le poste de ministre des Colonies que lui offre le nouveau Chancelier, Adolf Hitler.

Ses deux fi ls tombent au champ d’honneur dans les combats de la 2ème guerre mondiale et lui-même vit dans la misère après la guerre, au point que ce sont les Britanniques, ses adversaires

d’hier, qui se cotisent pour lui servir une pension, jusqu’à sa mort, le 9 mars 1964, à 94 ans.

Personnage légendaire, humilié de son vivant par le “po-litiquement correct” encore virulent dans une Allemagne “étouffée pas ses complexes”, le général Paul-Emil von Let-tow-Vorbeck est victime d’une nouvelle épuration : les rues et les casernes portant son nom ont été débaptisées… !

Heureusement, là-bas en Afrique, entre le Kilimandjaro et la Rovuma, on entend encore parfois, portées par le vent, les accents lointains d’un cri de ralliement : Heia Safari...

De nombreuses annexes, des dizaines de pages d’illus-trations, cartes et plans de batailles nourrissent la narration de cette épopée méconnue qui, écrit l’auteur, professeur à Saint-Cyr, “mériterait d’être enseignée dans les académies militaires”.

Éditeur : Bernard Lugan, BP 45 42360 Panissières. www.bernard-lugan.com

295 p., 36 € port compris.

14BULLETIN DE PÂQUES 2018

À PROPOS DE PATRIE…À PROPOS DE PATRIE…

“Traître”, “vendu”, “Bounty” (nègre blanc), “descendant d’esclave aculturé”, telles sont quelques-unes des

fl atteries assénées, sur les réseaux sociaux, à l’encontre de Patrice Quarteron, champion Français de Kickboxing (mains et pieds) et de boxe thaïe, qui a remporté, à l’ex-Omni-sports de Bercy et devant 15 000 affi cionados, face au Turc Sean Tolérée, son 60ème combat.

Le crime de ce Guadeloupéen d’1 mètre 98 et 120 kg, élevé durement à Grigny, dans le quartier de la Grande Borne, bien connu des forces de police : arborer un maillot bleu blanc rouge et s’entourer du drapeau tricolore quand il gagne !

■ ■ ■ Patrice Quarteron : “Vous devez tout à la France.”Mais Patrice se bat. Non seulement sur le ring mais aussi

sur son compte Facebook : “Quand vous portez un drapeau d’un pays où vous ne vivez

pas, on vous dit : “Bravo, j’adore, c’est courageux, c’est un signe d’ouverture.” Quand vous portez le drapeau du pays dans lequel vous vivez, où vous payez vos impôts, avec lequel vous souffrez, aimez, combattez, on vous dit : “T’es un chien, un putain de facho.” – “Moi, je porte mon drapeau fi èrement. Et j’emmerde les fi ls de pute qui préfèrent se sentir américains, marocains, russes, etc., tout ça parce qu’ils vont en vacances une semaine dans un autre pays et reviennent en se sentant étrangers à leur propre pays. Soyez patriotes et reconnaissants. Vous devez tout à la France…”

“Si plus de Noirs et d’Arabes vivent ici (dans les quartiers), c’est parce qu’il y a plus de pauvres parmi eux. Pas parce qu’ils sont noirs ou arabes. Je me souviens d’un copain qui volait à Carrefour des cro-quettes pour chien pour les manger ; il était blond aux yeux bleus…”

“La France, elle nous nourrit, nous éduque et nous soigne tous, quelle que soit notre couleur de peau. Mais si l’on veut se sortir de la pauvreté, il n’y a qu’un moyen : avoir une volonté de fer, ne rien lâcher. On te ferme la porte, tu passes par la fenêtre !”

Il est vivement conseillé à M. Blanquer de recruter, hors concours parce qu’hors du commun, cette “haute” personna-lité comme professeur d’éducation physique... et civique ! ■

■ P. de Foucauld : “Le seul moyen qu’ils deviennent Français…” Pierre Anglade (cf. p. 11 : 3000 enfants réfugiés en Algérie) nous a adressé le texte de la lettre adressée de Taman-rasset par Charles de Foucauld, le 29 juillet 1916, à René Bazin. Nous en reproduisons ici les passages relatifs aux conditions de la “francisation” des populations musul-manes. Visionnaire :

“Ma pensée est que si, petit à petit, doucement, les musul-mans de notre empire du nord de l’Afrique ne se conver-

tissent pas, il se produira un mouvement nationaliste analogue à celui de la Turquie : une élite intellectuelle se formera dans les grandes villes, instruite à la française, sans avoir l’esprit ni le cœur français, élite qui aura perdu toute foi islamique mais qui en gar-dera l’étiquette pour pouvoir, par elle, infl uencer les masses […].

“Si nous n’avons pas su faire des Français de ces peuples, ils nous chasseront. Le seul moyen qu’ils deviennent Français est qu’ils deviennent chrétiens […].

“Mais des musulmans peuvent-ils être vraiment Français ? Excep-tionnellement, oui. D’une manière générale, non. Plusieurs dogmes fondamentaux s’y opposent […]. Dans cette foi, le musulman re-garde l’Islam comme sa vraie Patrie et les peuples non musulmans comme destinés à être, tôt ou tard, subjugués par lui, musulman, ou ses descendants. S’il est soumis à une nation non musulmane, c’est une épreuve passagère : sa foi l’assure qu’il en sortira et triom-phera, à son tour, de ceux auxquels il est maintenant assujetti.

“De là vient que nos Algériens musulmans sont si peu empres-sés de demander la nationalité française. Ce changement de nationalité implique vraiment une sorte d’apostasie, un renonce-ment à la foi du Mehdi.”

Évoquant les Kabyles avec une certaine affection compte tenu de leur lointaine origine chrétienne, il rappelle aussi que “la race berbère nous a donné Sainte Monique et, pour partie, Saint Augustin, voilà qui est rassurant. N’empêche que les Kabyles ne sont pas aujourd’hui ce qu’étaient leurs ancêtres du IVème siècle : ▼

15BULLETIN DE PÂQUES 2018

leurs hommes ne sont pas ce que nous voulons pour nos fi lles ; leurs fi lles ne sont pas capables de faire les bonnes mères de fa-mille que nous voulons. Pour que les Kabyles deviennent Français, il faudra, pourtant, que les mariages deviennent possibles entre eux et nous : le christianisme seul, en donnant même éducation, mêmes principes, en cherchant à inspirer mêmes sentiments, arri-

vera, avec le temps, à combler l’abîme qui existe maintenant.”Le Père de Foucauld n’avait sans doute pas prévu qu’en

raison, notamment, de la déchristianisation continue de son pays, les termes de la conversion allaient se poser bien différemment, sinon de manière totalement opposée, un siècle plus tard. ■.

“J’ai voulu commencer par cette référence à la patrie, parce que le chemin qui est devant, les rêves que vous voulez

concrétiser, le regard toujours tourné vers l’horizon, doivent se faire avec les pieds sur la terre, en commençant par la terre de la Patrie ; et si vous n’aimez pas votre patrie, je ne crois pas que vous parviendrez à aimer Jésus ni que vous parviendrez à aimer Dieu. L’amour de la Patrie est un amour pour la mère, nous l’appelons la Mère Patrie, parce que nous y sommes nés. Mais, à la manière de toutes les mères, elle nous apprend à marcher et elle se donne à nous pour que nous la fassions survivre dans les autres générations […] Si vous n’êtes pas des patriotes – non pas des nationalistes, des patriotes –, vous ne ferez rien dans la vie…”

Il est clair que cette exhortation du Saint Père, le 17 jan-

■ Pape François : “Si vous n’êtes pas des patriotes…”

vier dernier à Santiago du Chili, ne s’adressait pas à la seule jeunesse chilienne, mais, comme tout message papal, avait une portée universelle. ■

J’ai brûlé un cierge cet après-midi, dans la cathédrale de Saïgon, en hommage à l’ami Pierre Darcourt, disparu à

l’âge de 91 ans. Des jeunes fi lles espiègles et des dames endimanchées m’ont souri. Pierre aurait aimé.

J’ai appris sa mort dans cette ville de Saï-gon-Cholon où il naquit, en 1926. Ce fi ls de l’Empire aimait l’Asie, “les Viets”. Il avait ris-qué sa vie pour eux, contre eux. Résistant très jeune face aux Japonais, puis emprisonné par le Vietminh, évadé, ce combattant né, intelligent et courageux, aimait le baroud, la fraternité d’armes, “la route” qu’il avait faite en Asie, y compris pendant la guerre américaine, puis en Afrique, d’abord comme soldat – dans les bagages du général de Lattre – puis comme journaliste reporter de guerre, pour L’Express, L’Aurore, The Time, l’agence de presse japonaise Jiji Press et Le Figaro.

Blessé deux fois, l’ancien élève des écoles de Saïgon et de l’uni-versité d’Hanoï avait aussi écrit de nombreux ouvrages sur l’Asie et l’Afrique. Sa parfaite connaissance de la petite et de la grande histoire venait toujours enrichir son grand sens de l’observation et de l’humain. Son livre sur les dernières années du Vietnam libre, “Viet Nam, qu’as-tu fait de tes fi ls ?”, est une formidable saga des dernières semaines de la guerre contre le Nord communiste,

L’hommage de Frédéric Pons à Pierre Darcourtjusqu’en avril 1975. Le Prix Erwan Bergot de l’Armée de Terre avait couronné en 2012 un de ses derniers livres, L’Honneur et le sang, magnifi que hommage aux guerriers sacrifi és de 1940.

En 1979, Pierre Darcourt avait fondé, avec son complice Pierre Sainderichin de France-Soir, l’Association des journalistes profession-nels de la Défense (AJD). Des générations de jeunes reporters de guerre l’ont connu à cette époque et gardent en mémoire le souvenir de

reportages mémorables, au Tchad, en Corée ou ailleurs. Il avait le culte de “la piste”, de cette route qui, à ses yeux, faisait le tri entre les bons et… les autres.

En 2002, il me persuadait de me présenter à la présidence de cette AJD qui venait de connaître quelques déboires. “C’est à ton tour de restituer ce qu’on t’a donné…” m’avait-il dit, toujours aussi sybillin. J’avais obéi à l’ancien. J’en avais pris pour huit ans de présidence, éclairé à intervalles réguliers par les conseils rugueux de cet aîné qui m’avait initié à l’histoire vivante de l’In-dochine, à un argot militaro-journalistique absolument savou-reux, aux subtilités et à l’humour de la politique corse. Adieu camarade. De Saigon-Cholon, un de tes cadets te salue avec res-pect et fraternité. ■

IN MEMORIAMIN MEMORIAM

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