24
Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007 AVERTISSEMENT Ce texte a été téléchargé depuis le site http://www.leproscenium.com Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits (la SACD par exemple pour la France). Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe. Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues et les droits payés, même a posteriori. Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraine des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation. Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs. Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes. 1

Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007 AVERTISSEMENTQuichotte: Sancho, c’est ce qui fait la différence entre un preux chevalier et le misérable écuyer que tu es. Seul un initié

  • Upload
    others

  • View
    5

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007 AVERTISSEMENTQuichotte: Sancho, c’est ce qui fait la différence entre un preux chevalier et le misérable écuyer que tu es. Seul un initié

Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007

AVERTISSEMENTCe texte a été téléchargé depuis le site

http://www.leproscenium.com

Ce texte est protégé par les droits d’auteur.

En conséquence avant son exploitation vous devez obtenirl’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprèsde l’organisme qui gère ses droits (la SACD par exemple pour laFrance).

Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peutfaire interdire la représentation le soir même si l'autorisation dejouer n'a pas été obtenue par la troupe.

Le réseau national des représentants de la SACD (et leurshomologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs etvérifie que les autorisations ont été obtenues et les droits payés,même a posteriori.

Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre,MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doitproduire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect deces règles entraine des sanctions (financières entre autres) pour latroupe et pour la structure de représentation.

Ceci n’est pas une recommandation, mais uneobligation, y compris pour les troupes amateurs.

Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et lepublic puissent toujours profiter de nouveaux textes.

1

Page 2: Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007 AVERTISSEMENTQuichotte: Sancho, c’est ce qui fait la différence entre un preux chevalier et le misérable écuyer que tu es. Seul un initié

Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007

Kabuquichottede Fred VALLADARES

comédie Synopsis : Version « kabuki » d’une épopée de Don Quichotte.Toujours à la recherche de sa Dulcinée, Don Quichotte poursuit ses aventures extravagantesau Japon. Mais l’issue de cette aventure, va prendre une tournure pour le moins insolite.

Tout au long de la pièce, il y aura l’accompagnement musical traditionnel du kabuki.(figurenon imposée)

Distribution: 7 hommes, 3 femmes, 2 personnages pour le dragon. (possibilité de mise en scène avec 6 comédiens) plus les musiciens (si musiciens il y a)

Personnages : Quichotte : Chevalier sans peur et sans reprocheSancho : Ecuyer de QuichotteUn vieillardUne vieille femmeAbé Sépatu : Moine aveugleDragon : dragon à trois têtes, dont une est invisible (metteur en scène !!!) Yuciné : fille des vieillardsSumotori : lutteur de sumoSamouraï : garde du corps de l’empereurEmpereur : du JaponDulcinée : aimée de Quichotte

2

Page 3: Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007 AVERTISSEMENTQuichotte: Sancho, c’est ce qui fait la différence entre un preux chevalier et le misérable écuyer que tu es. Seul un initié

Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007

Scène première:

Quichotte, Sancho, une vieille, un vieillard. Don Quichotte, avec sa lance et son épée, Sancho avec un sac et une guitare, sont sur unbateau. Sancho tombe à l’eau…Mais non ! bateau qui les mène au Japon. Dans un coin de lascène, une couverture sous laquelle se trouve le couple de vieillards. Sancho: Comment les révélations de ce misérable Don Alessandro de la Véga ont pu portercrédit à votre Seigneurie. Croyez-vous réellement que votre bien aimée,Dulcinée, ait pus’embarquer pour ce pays dont on ne sait rien. Qu’y serait-elle allez faire ?

Quichotte : Sancho, c’est ce qui fait la différence entre un preux chevalier et le misérableécuyer que tu es. Seul un initié peut déceler, dans les yeux de son interlocuteur, le mensongede la vérité. Moi, Don Quichotte de la Manche, j’ai vu cette vérité dans la lettre de DonAlessandro.

Sancho : Si vous êtes sur, ça va. Mais je rappelle à votre grandeur, qu’à une certaine période,vous avez vu des géants, là où il n’y avait que de simples moulins à vent. Et que le misérableécuyer que je suis, vous a sauvé de la disgrâce et de la mort plus d’une fois!

Quichotte : Vaniteux que tu es ! Personne n’a le pouvoir de sauver de la mort. En tout cas,certainement pas un écuyer. Apprends, Sancho, que c’est la destinée des hommes que demourir un jour.

Sancho : Ce n’est pas par vanité, je disais…

Quichotte : Tais-toi donc! Nous approchons des côtes de ce mystérieux pays que l’onnomme Japon.

Sancho : J’ai entendu dire que c’est ici que le soleil se lève, et que, à cause de cela, les gensde ce pays avaient la peau jaune !

Quichotte : N’ais-je pas moi-même le sang bleu ?

Sancho : Certes sire, mais cela ne se vois pas !

Quichotte : Oserais-tu insinuer que ma seule présence ne suffit pas à percevoir la qualité demon rang ?

Sancho : Je ne dis pas cela ! Je dis simplement qu’à l’œil nu, on a du mal à discerner ce sangbleu…

Quichotte : A quoi bon discuter avec toi de ce qui est noble et de ce qui ne l’est pas. Unécuyer n’a pas la compétence de ces choses là… Terre ! Enfin, terre !

Sancho : Maître, croyez-vous qu’il soit prudent de poser les pieds sur cette terre ? Nous quivenons de l’autre côté des océans, ne risquons nous pas nous enfoncer dedans et être renvoyésà notre point de départ?

Quichotte : Sot que tu es!…Même si c’était le cas, cela voudrait dire que ma Dulcinée seraitlà-bas ! S’il le faut, au péril de ma vie, j’irai jusqu’au centre de la terre, car je n’ai d’autreaspiration que de retrouver mon aimée et de la ramener chez nous.

3

Page 4: Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007 AVERTISSEMENTQuichotte: Sancho, c’est ce qui fait la différence entre un preux chevalier et le misérable écuyer que tu es. Seul un initié

Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007

Sancho : Ah, vous voyez, vous n’êtes pas certain !

Quichotte : ( poussant Sancho hors du bateau) Avance donc au lieu de trembler comme unebourrique effarouchée !

Sancho : Ah ! Au secours ! Je suis mort!

Quichotte: ( descendant à son tour du bateau) Ah ! Ah ! Ah! Intrépide Sancho, tu es biencriard pour un mort!

A partir de cet instant, et ceci jusqu’à la fin de la pièce, les musiciens accompagnent lesdéplacements des comédiens.

Sancho : Vous avez raison mon maître, cette terre est ferme !

Quichotte : Tu trembles tellement que l’on entends tes coucougnettes s’entrechoquerSancho !A moins que ce ne soient tes économies cachées dans tes bottes ?

Sancho : Votre seigneurie, mes bourses ne sont rien à voir là dedans, je vous assure. C’est unmaléfice contre les étrangers qui posent les pieds sur ce sol!

Quichotte : Ne dis pas de sottises, Sancho, pourquoi celui-ci n’agirait que sur toi? ( il faitdeux pas, même phénomène que pour Sancho) Sacrebleu !

Sancho : Ah !!! Je vous l’avait dit maître ! Je vous en prie, repartons pour notre Castille, ici laterre est ensorcelée, elle ne veut pas de nous!

Quichotte :Un tel sortilège ne saurait faire trembler un chevalier sans peur. Montrez-vous,esprits maléfiques, montrez-vous ! Osez affronter l’adversaire de face! Sancho : Votre seigneurie, pourquoi défier des Dieux dont nous ne savons rien! N’avons-nouspas eu assez de mésaventures ? Celui-ci m’a l’air bien plus puissant que tous ceux que nousavons déjà rencontrés!

Quichotte : J’ai déjà terrassé les plus terribles. Comment ceux-là pourraient-ils m'inquiéter ?Même s’ils ont la peau jaune ! (fort) Don Quichotte, Seigneur de la Manche, n’a que faire devos mystifications !… (à Sancho) Ce silence est révélateur de leur lâcheté, ce sont eux qui ontpeur !Soudain on entend des lamentations

Sancho : Entendez-vous ces lamentations maître ?

Quichotte : Tu vois, ma réputation est allée au-delà des océans. A prononcer mon nom, ils sesont rétractés, et maintenant ils redoutent ma colère.

Sancho : ( sautillant sur place) Mais le maléfice est toujours là !…Les lamentations viennentde par là, seigneur…

Quichotte : Recules-toi et regardes bien Sancho, afin que tu puisses, sans te tromper cettefois-ci, relater mes nouveaux exploits.(Il dégaine, et de son épée il soulève une couverture. Sous celle-ci, il y a un couple devieillards)

4

Page 5: Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007 AVERTISSEMENTQuichotte: Sancho, c’est ce qui fait la différence entre un preux chevalier et le misérable écuyer que tu es. Seul un initié

Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007

Vieillard : Pitié, vénérables étrangers, ne nous tuez pas ! Nous n’avons, pour seule richessequ’une poignée de riz !

Sancho : Maître, comment se fait-il que l’on comprenne le langage de cet étranger ?

Quichotte: C’est sûrement l’auteur, il n’a pas voulu s’embêter avec une version originale àlaquelle le public n’aurait rien compris!

Sancho : Vous croyez ?

Quichotte: Dis-moi, vieil homme, connais-tu celui qui nous a jeté un tel sort, et qui, parlâcheté, n’ose se montrer?

Vieillard : Il n’y a aucun sort là-dessous, prestigieux étranger, c’est que vous êtes au royaumedu kabuki!

Sancho: Houlà! Quel nom terrifiant !

Vieille : Dans ce royaume rien n’est laissé au hasard. L’histoire et la destinée de chacun estdéjà toute tracée, noble étranger!

Quichotte : Cela me sied à merveille. J’aime aller où le destin me mène. Mais puisque toutest écrit, cela veux donc dire que nos chemins devaient se croiser.

Vieillard : Ton raisonnement est fort juste, noble étranger !

Quichotte : Quel est ce chagrin qui semble vous ronger, toi et ta compagne : Un malotru quivous admoneste, une armée qui vous persécute ?

Sancho : Maître, ces choses là ne nous concernent pas, pourquoi nous en mêler?

Quichotte :Tu devrais savoir que c’est mon entreprise, que d’aller au devant d’une injustice,au secours de vieillards en péril!

Vieillard : Tu as la sage parole d’un vrai samouraï, noble chevalier. Ton regard est vif, et toncœur est aussi généreux, que ton sabre est grand .

Quichotte : Quel est ce guerrier qui semble m’imiter, que tu nommes Samouraï?

Vieille: Samouraï n’est pas le nom d’un seul guerrier…

Quichotte : Ah ! Tu vois Sancho, il se sont mis à plusieurs pour m’égaler !

Vieillard : Samouraï est le nom que l’on donne aux nobles guerriers qui sont au service d’unseigneur. Ils ont une grande maîtrise du Bushidô, l’art du combat au sabre, et un coded’honneur fait de droiture et de bravoure!

Quichotte : Fichtre ! Ma notoriété est allée bien au-delà de mes aspirations! Indiscutablementj’aurai influencé une grande partie de la planète! Mais parles moi donc de cette chose quivous provoque une si grande souffrance, vénérables vieillards!

Vieille : C’est Yuciné, notre fille.

5

Page 6: Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007 AVERTISSEMENTQuichotte: Sancho, c’est ce qui fait la différence entre un preux chevalier et le misérable écuyer que tu es. Seul un initié

Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007

Quichotte : Dulcinée, tu as dit ?

Vieillard : Oui, Yuciné!

Sancho : Vos oreilles vous trompent, maître, ce n’est pas Dulcinée qu’il a dit, mais Yuciné!

Quichotte : Non Sancho, il ne peut y avoir de hasard, de coïncidence aussi coïncidente . C’estforcément ma Dulcinée.( aux vieux) Où est-elle ? Que lui est -il arrivé ? Qui la gardeprisonnière ?

Vieillard : Un terrible dragon a enlevée notre fille. Malheureusement, demain, au coucher dusoleil, elle sera dévorée par lui.

Quichotte : Indique moi l’antre de ce terrible dragon qui ose s’attaquer à une fragile femme,que je le découpe en morceaux ! Moi, chevalier sans peur et sans reproche, te fais la promesseque demain, ma, votre Dulcinée, sera délivrée. Si elle bien est celle que je suppose être, fais-moi la promesses de me donner sa main.

Vieille: Qu’il en soit ainsi, noble chevalier. Sauve-la des mâchoires de ce dragon !

Vieillard : Vas, prends la direction du soleil couchant. Lorsque l’œil de l’aigle prendra laforme de celui du hibou, poses-toi et attends que le soleil apparaisse derrière le mont Fuji. Là,un moine aveugle t’indiquera le chemin qui mène au repaire du dragon.

Sancho : Maître, c’est une supercherie ! Comment un aveugle pourrait-il nous indiquer laroute à prendre ?

Quichotte : Sancho, est-ce que l’oiseau connaît le nom des graines qu’il mange ? Non !Pourtant, il sait qu’elles sont bonnes pour lui !

Sancho : Quel rapport avec le moine aveugle ?

Quichotte : Et bien, si le moine aveugle mangeait des graines, il ne volerais pas pour autant !

Sancho : Maître, c’est là un langage pour initiés qui dépasse mes compétences.

Quichotte : (aux vieillard) Foi de chevalier, demain dès l’aube, à l’heure où blanchit lacampagne, terrassé sera le dragon , libre sera Yuciné , mienne sera Dulcinée. Partons Sancho,cette damoiselle a besoin de nous, l’aventure a besoin de nous, l’histoire a besoin de nous.

Vieillard, Vieille : Au revoir noble chevalier, que Bouddha guide tes pas !

Vieillard : Souviens toi, le moine aveugle, l’œil de l’aigle et celui du hibou !

Sancho : C’est à se demander qui est le plus fou dans cette histoire!Quichotte et Sancho sortent.( Noir)

6

Page 7: Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007 AVERTISSEMENTQuichotte: Sancho, c’est ce qui fait la différence entre un preux chevalier et le misérable écuyer que tu es. Seul un initié

Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007

Scène deuxième :Quichotte, Sancho .Dans la pénombre, deux yeux lumineux apparaissent.

Sancho : Sont-ce là les yeux de l’aigle ou du hibou qui nous épient ?

Quichotte : Une chose est sure, ce ne sont pas ceux du moine aveugle !

Sancho : Ça n’empêche maître ! J’ai déjà vu les yeux d’un aveugle grands ouverts !

Quichotte : C’est qu’il ne portait pas ses lunettes !

Sancho : C’est bien le lieu pour faire de l’humour, maître !

Quichotte : Qu’ils soient d’aigle ou de hibou cela n’a pas d’importance. Posons-nous là etattendons que surgisse le soleil.

Sancho : Un peu de lard et du bon vin de Tolède pour affronter cette nuit pleine de mystères.Ô, terre natale, comme tu me manque en ce moment !

Quichotte : Une coupe, sers moi, Sancho. Ce soir, d’humeur poétique je suis. Les astres sontavec moi. Quelques vers pour ma Dulcinée je vais écrire . ( il sort de son sac une machine àécrire)

Sancho : Voilà une arme diabolique, maître ?

Quichotte : Ignorant ! C’est une machine à écrire : Remington portative inventée, comme sonnom l’indique, par Monsieur Remington, en l’année1889 : vingt six touches ultra sensibles,permettant une grande rapidité ainsi qu’une souplesse!

Sancho : En quelle année avez-vous dit maître ?

Quichotte : 1889, pourquoi ?

Sancho : Mais votre seigneurie,… nous sommes en 1617 !

Quichotte : Incrédule écuyer. La poésie n’est-elle pas là pour faire des miracles ?

Sancho : Servirait-elle à nous protéger des mauvais esprits ?

Quichotte : Le vin te monte à la tête, Sancho, cette machine n’a rien de maléfique, elle sert àécrire des lettres d’amour.

Sancho : Ah ! Moi aussi je pourrais en écrire une alors ?

Quichotte : Voilà que tu sais écrire maintenant !

Sancho : Non, mais puisque cette machine…

Quichotte : Cette machine n’écrit pas toute seule, crétin !

Sancho : Mais, vous avez…

7

Page 8: Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007 AVERTISSEMENTQuichotte: Sancho, c’est ce qui fait la différence entre un preux chevalier et le misérable écuyer que tu es. Seul un initié

Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007

Quichotte : Tais-toi donc, ivrogne, tu me déconcentre! ( il cherche l’inspiration, il se lève)L’amour est enfant de bohème… (se lève) Approche, Sancho ! ( il le prend par les mains et,ils entament un tango) qui n’a jamais !

Sancho : Jamais !

Quichotte : Connu de loi.

Sancho : C’est beau !

Quichotte : Dulcinée, mon astre, ma raison…

Sancho : C’est beau !

Quichotte : (se dégage de Sancho) Je vais t’arracher la langue ! (il va taper à la machine)

Sancho : Lui arracher la langue! Pourquoi votre seigneurie voudrait lui arracher la langue?

Quichotte : C’est à toi que je vais arracher la langue si tu ne te tais pas, écuyer de malheur !(ils reprennent le tango)

Sancho : L’amour est enfant de bohème,…

Quichotte : Qui n’a jamais…

Sancho : Jamais.

Quichotte : Connu de loi,

Sancho : C’est beau !

Quichotte : Si elle ne m’aime pas,…

Sancho : Je t’aime !

Quichotte : Tu perds la raison, Sancho, embrasse-moi pendant que tu y es !

Sancho : ( s’approchant pour l’embrasser) Vous m’aimez donc un peu maître ?

Quichotte : (sort son épée) Mais enfin ! Le vin te rends gai! Sors cette langue qui dit deschoses aussi sordides, que je la sépare de son étui!

Sancho : Mais, ce que vous nommez étui, n’est autre que ma tête !

Quichotte : Tiens ! Tiens ! Tu commences à comprendre le langage des initiés ?Brusquement, dans un énorme vacarme , le soleil se lève.

Sancho : Ah !!! Encore un maléfice !

Quichotte : Balivernes ! C’est écrit, voilà tout ! Range donc tout ce bardas. Fini la poésie,nous levons le camp. L’aventure continue !Sancho : Mais nous n’avons pas dormi, Maître!

8

Page 9: Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007 AVERTISSEMENTQuichotte: Sancho, c’est ce qui fait la différence entre un preux chevalier et le misérable écuyer que tu es. Seul un initié

Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007

Scène troisièmeQuichotte, Sancho, Abé

Quichotte : ( Abé, entre, à l’insu de Quichotte et Sancho) Ecuyer sans cœur. Dormir, alorsque ma Dulcinée se trouve entre les griffes d’un terrible dragon ! Ne discute pas. Maintenant,le moine aveugle ne dois plus être bien loin.

Abé : Tu ne crois pas si bien dire, étranger !

Quichotte : Holà ! On ne vous a pas entendu arriver, mon père ?

Abé : C’est que je me déplace par le pouvoir de mon esprit. Voilà pourquoi tu ne m’entendspas. Et je ne suis pas ton père, mais Abe.

Quichotte : Père, moine, abbé, quelle différence du moment que vous savez le chemin !

Abé : Non, Abé est mon nom, Abé Sépatu.

Quichotte : Quoi encore ?

Abé : Abé Sépatu est mon nom entier, et je suis un moine. Pour ce qui est de connaître lechemin, c’est là toute la quête dans ma vie terrestre. « Car ma vie est en devenir constant,mais ce devenir est l’expression d’un ordre harmonieux et universel de la nature qui, au-delàdes phénomènes et des dualismes apparents, tend à son unité. Unité étant synonyme deréalisation et de perfection. » ( extrait tiré de « l’Esprit du Shinto »)

Sancho : Maître, voilà encore un de ces langages pour initiés que je ne comprends pas !

Quichotte : Moine, si tu nous parlais plutôt du chemin qui mène au refuge du dragon.

Sancho : Abé Sépatu, maître!

Quichotte : Quoi encore ?

Sancho : C’est le nom du moine, Abé Sépatu !

Quichotte : Et bien s’il ne sait pas tout, nous chercherons !

Abé : Ce que vous êtes drôles! Vous me rappelez ces deux étrangers avec leur gros nez et leurgrosses moustaches. Ils cherchaient des personnes qu’ils dénommaient… romains, je crois.Un petit maigre et un grand gros. Ils n’arrêtaient pas de se disputer, comme vous. Le grosvoulait manger des cochons sauvages avec des baguettes.

Quichotte : Mais je ne suis pas gros moi !

Sancho : Maître, comment, en étant aveugle, il pouvait savoir qu’ils avaient de gros nez et desmoustaches ?

Abé : Lorsque la feuille d’érable se frotte au vent du nord, le renard tend l’oreille.

Quichotte : Oui ! Quand la puce mord le chien, le cerf a bois.

9

Page 10: Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007 AVERTISSEMENTQuichotte: Sancho, c’est ce qui fait la différence entre un preux chevalier et le misérable écuyer que tu es. Seul un initié

Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007

Sancho : Quand la bouteille est vide,

Quichotte : Sancho est complètement saoul et il ne sait plus ce qu’il dit. Ah ! Ah !

Abé : Il est temps maintenant d’aller au secours de Yuciné. Le soleil vient de se lever sur lemont Fuji. (soudain un bourdonnement) Vois-tu ce bourdon, étranger ? Il te mènera jusqu’àl’antre du dragon. Sais-tu, chevalier, que bien des samouraïs, et des plus valeureux, ont tentéde terrasser ce dragon et n’ont trouvé que la mort?

Quichotte : C’est qu’ils n’avaient pas l’expérience de ces choses là.

Abé : Sais-tu que ce monstre a trois têtes ?

Sancho : Trois têtes ! Malheur maître, je vous en conjure, renoncez!

Quichotte : Imagines plutôt le trophée que ça fera au dessus de ma cheminée. Les grandsd’Espagne seront fous de jalousie. Ne traînons plus, la gloire ne saurait attendre!

Abé : Sais-tu qu’une de ses têtes crache du feu, que l’autre lance de la glace et que latroisième est invisible ?

Quichotte : Son feu ne saurait être aussi brûlant que la flamme qui m’ habite!

Sancho : Oui, mais les autres têtes !

Abé : Sais-tu aussi, qu’il a une queue munie d’un dard empoisonné

Quichotte : Sais-tu que tu commences à me les briser menu ?

Abé : Je reconnais là le langage d’un grand guerrier. Vas, vois, vaincs !

Quichotte : Enfin de sages paroles. A moi le terrible combat, à moi la gloire Sancho.

Sancho : A moi les blessures , à moi les pansements !Ils sortent en suivant le bourdon. ( musique : « le vol du bourdon »)

10

Page 11: Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007 AVERTISSEMENTQuichotte: Sancho, c’est ce qui fait la différence entre un preux chevalier et le misérable écuyer que tu es. Seul un initié

Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007

Scène quatrième :Quichotte, Sancho, Le dragon, YucinéOn entend toujours le bourdon, soudain, un cri de dragon (oui, bon, un peu d’imagination!).Ensuite, un glaçon tombe sur scène. Quichotte et Sancho entrent

Sancho : C’est bizarre, je n’entends plus le bourdonnement, Ah ! regardez maître le bourdonest pris dans la gla…(Sancho se fige, glacé à son tour)

Quichotte : Dans quoi, Sancho ? Sancho !Sancho ! Parle! Tu es figé et aussi froid que lesglaciers de l’Aneto ! Ah, j’y suis ! Montre toi, Dragon tricéphale, tu ne m’effraie pas moi,Quichotte de la Manche, chevalier à une tète.

Dragon : (Le dragon se présente sort de son antre). Serais-tu ce dieu farceur de Suzano-Woqui prétend me terrasser avec du saké ?

Quichotte : Je ne suis ni Dieu, ni farceur et encore moins ce Sinzano dont tu me parles. Maisassurément, j’entends te provoquer en duel et te terrasser .

Dragon : Oh !!! J’en tremble déjà.(souffle sur Sancho, le dégelant) Tiens, je suis bon prince,je te laisse choisir l’arme avec laquelle tu comptes me combattre.

Sancho : (revient à lui, tremblant de tout son corps) Des castagnettes !

Quichotte, Dragon : Des castagnettes ???

Sancho : Oui, j’ai l’impression de jouer des castagnettes.

Quichotte : Et pourquoi pas, après tout ! A moins que notre intrépide adversaire ne sedégonflasse.

Dragon : Que je me dégonflasse ? Personne ne peut se venter de m’avoir vu medégonflasser ! J’accepte le défie, même si je ne sais ce que sont ces…casanettes.

Sancho : De quoi parlez vous maître ?

Quichotte : De castagnettes. Un duel, Sancho. Bonne idée que les castagnettes. Portes nousdonc tes castagnettes.

Sancho : (portant ses mains devant ses testicules) Hein ???

Quichotte : Idiot, celles qui sont dans ton sac! Et donnes les à ce « taureau » à trois têtes.Mais avant, je veux m’assurer que Dulcinée est bien vivante.

Dragon : Soit ! Yuciné! Yuciné! (Yuciné entre, un éventail devant le visage)

Quichotte : Dulcinée, ma Dulcinée, tu es là ! Ton cœur n’a plus à trembler, ton chevalierservant est venu te libérer et te ramener en notre terre de Castille.

Yuciné : Hi !Hi !Hi ! Hi !

Quichotte: Qu’il est doux d’entendre ton délicieux sourire.11

Page 12: Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007 AVERTISSEMENTQuichotte: Sancho, c’est ce qui fait la différence entre un preux chevalier et le misérable écuyer que tu es. Seul un initié

Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007

Yuciné : Hi ! Hi ! Hi ! Hi ! Hi ! Hi !

Sancho : Maître, cette Dulcinée là, me semble bien plus petite que la votre !

Quichotte : Ton esprit est encore gelé, Sancho !

Dragon : Et si tu me disais comment on se sert de cette arme ?

Quichotte : Tu les tiens entre le pouce et l’index, ensuite tu t’en sert comme des pinces d’uncrabe.

Dragon : Ah, c’est simple, c’est comme pour manger avec les baguettes !

Quichotte : Si tu y parviens à me pincer avec, tu aura gagné le duel et j’aurai perdu maDulcinée à jamais. Sancho, à toi de jouer.

Sancho : (prend la guitare et amorce un flamenco) Aie ! Aie ! Aie ! Un cavalier qui surgitdans la nuit, que va a matar el demoniooooo ! Aie ! Aie ! Aie ! Aie !

Quichotte : Ooooole !! (il se place devant le dragon et, tel un matador, entame une sérieimpressionnante de passe)

Sancho : Aï ! Aï ! Aï ! Aï ! Que le va a petar la golaaaaa!!!!!

Quichotte : Ole !! Mira toro ! Ole ! Ole ! (Il danse et tape des pieds comme un danseur deflamenco, jusqu’à épuisement. Il s’arrête alors,épuisé, tel un asthmatique qui recherche sonsouffle…)

Dragon : ( entame des katas de karaté, lui pince le nez et le lui arrache) Yooooooo!Chuuuuiiiiiiiiiii !

Quichotte : Ouaaaaaaaaah !!!Mon nez !

Dragon : C’est un peu court chevalier. J’appellerai ceci un roc,un cap, …

Quichotte : Une péninsule ! Oui, on sait! C’est pas la peine de faire le malin. Rends moi monnez.

Sancho : Aï ! Aï ! Aï ! Aï ! Que le maître il a perdu le nez et le combat !

Yuciné : Hi ! Hi ! Hi !

Dragon : Tu vois, étranger, je suis invincible. Tiens, reprends ce ridicule appendice.

Quichotte : Dulcinée , ma douce Dulcinée, mon cœur est brisé. J’ai failli à ma tâche.

Yuciné : Hi ! Hi ! Hi ! Et votre nez aussi. Hi ! Hi ! Hi ! Merci chevalier, il y avait bienlongtemps que je n’avais ri de la sorte.(Au dragon) Bon, chéri, quand tu auras fini avec ces messieurs, tu iras chercher le pain. Et netraîne pas ! ( elle retourne dans l’antre du dragon) Dragon : Oui, ma douce Yuciné.

12

Page 13: Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007 AVERTISSEMENTQuichotte: Sancho, c’est ce qui fait la différence entre un preux chevalier et le misérable écuyer que tu es. Seul un initié

Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007

Sancho: Vous voyez bien maître, mon œil ne m’avait pas trompé. Ce langage là, ne peut êtrecelui de votre douce Dulcinée !

Dragon : Bon messieurs, vous m’excuserez, mais,vous avez entendus, je dois aller chercher lepain ! Puis-je garder ces castagnettes en souvenir ? (il sort)

Quichotte : Je ne peut rien vous refuser. Adieu, intrépide adversaire.

Dragon : Que Bouddha vous enseigne le chemin de la feuille portée par le vent, étrangers !Sayonara !

Sancho: Encore ce langage !

Quichotte: La musaraigne ne saurait effrayer le poisson frétillant, Sancho !

Sancho : Ouh ! Je crois que j’ai besoin d’un petit remontant ! (sort sa gourde de vin et boisune rasade)

Quichotte : Moi aussi. J’ai l’impression d’avoir une trompe d’éléphant sur le visage.(prend lagourde des mains de Sancho et boit) Aaaaaaah ! Je dois admettre que pour une fois tu asraison Sancho, cette femme ne peut être Dulcinée.

Sancho : (il lui reprend la gourde et boit) Pour une fois, de plus, maître.

Quichotte : (reprend la gourde) Mon neznez,… me… fait mal ! (il boit)

Sancho : (il lui reprend la gourde et boit) Oh ! Je commence à voir la musaraigne !

Quichotte : La musaraigne, Sancho ?

Sancho : Oui, la musaraigne !

Quichotte : (il lui reprend la gourde et boit) T’ais-je dit… que tu étais mon écuyer préféréSancho ?

Sancho : C’est vrai ? (il lui reprend la gourde et boit) Main…mainte… maintenant, j’ai lepoi…poipoi…le poissonsson qui frétille, mon beau maître.

Quichotte : Sanchounet !

Sancho : Mon Quiqui !

Quichotte : Dulcinée ! (il voit Dulcinée dans Sancho. Il lui reprend la gourde et boit)Dulcinée, toi ! Tu es revenue ! Enfin je te retrouve. Ils s’enlacent complètement saouls et entament un tango. Musique

Quichotte : Ma doudou…ma doudouce…

Sancho : (chante) L’amour est enfant de bohême,

Quichotte : Qui n’a jamais..

13

Page 14: Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007 AVERTISSEMENTQuichotte: Sancho, c’est ce qui fait la différence entre un preux chevalier et le misérable écuyer que tu es. Seul un initié

Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007Sancho : Jamais…

Quichotte : Connu que toi !…

Sancho : Si tu ne m’aimes pas…

Quichotte : Je t’aime…

14

Page 15: Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007 AVERTISSEMENTQuichotte: Sancho, c’est ce qui fait la différence entre un preux chevalier et le misérable écuyer que tu es. Seul un initié

Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007

Scène cinquième :Quichotte, Sancho, Sumotori

Soudain arrive un sumotoriSancho : Et si je t’ai…ai…ai…ai…aiaime..

Sumotori : Prends garde à toi, gras du bide !

Quichotte, Sancho : Ah !!

Sancho : De quoi ! Tu… tutu… tu oses insulter l’écuyer le plus redoudou, redoudoutatable dela plapla ?

Quichotte : Planète, Sanchounet!

Sumotori : Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! T’es pas tapez ?

Sancho : T’es pas fou ?

Sumotori : Hou, c’est pas beau !

Quichotte : Fous-y la tête au carré, Sanchou !

Sancho : (reprend une rasade de vin) Hou ! Mais, ce que t’as fait là, t’as pas idée!

Sumotori : (jette du sel devant Sancho pour le défier) Vas-y que je ris !

Sancho : (se déshabille, et se retrouve en string, enfin, comme le sumotori) Là t’as tout faux !

Sumotori : Hummmmm ! Ça va chier !Le lutteur tape des mains comme pour le salut aux dieux avant le combat. Sancho fait demême.

Quichotte : Ole ! Ensuite il se mettent en position, pour le combat , comme dans le sumo. Jambes écartées,genoux fléchis. Sancho reprend une rasade de vin

Sancho : T’as réfléchi ?

Sumotori : C’est moi que tu traites de taré fléchi ?

Sancho : Houlà, t’as fait caca ?

Sumotori : Tu t’es moqué, tu vas charger !

Quichotte : (reprend une rasade de vin) Ole ! Ils lèvent, chacun à leur tour, une jambe sur le côté, puis l’autre. A la manière des combatsde sumo Le combat commence, ils se tiennent par la ceinture, ils tournent, soudain Sanchofait un rot énorme.

Sumotori : Pouah ! (il titube) Ça pue ! (il tombe dans les pommes)

15

Page 16: Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007 AVERTISSEMENTQuichotte: Sancho, c’est ce qui fait la différence entre un preux chevalier et le misérable écuyer que tu es. Seul un initié

Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007Quichotte : Ippon !!

Sancho : (prends la gourde, et tel un grand chasseur qui vient de terrasser un gros gibier, ilpose son pied sur le ventre du sumotori et bois) Je l’ai mâté !

Quichotte : Sancho, sur ce coup là, tu m’as troué le cul .

Sancho : Votre Quichotte est trop bonne !

Quichotte : Viens là que je t’en…doubes. Que je t’adoubes !

Sancho : M’adoudou…m’adouber, moi l’écuyer ?

Quichotte : Tu le mérite. (reprend une rasade de vin) Tout ce temps passé à mes cotés. Marenommée est aussi ta renommée. Approche vaillant écuyer. (tente de sortir son épée)

Sancho : Et moi, je suis Sancho…(approche en titubant et tombe raide, complètement saoul,aux pieds de Quichotte)

Quichotte :(occupé à dégainer son épée, Quichotte ne voit pas Sancho à ses pieds) Sancho,Sancho où es-tu, lâche ! La cheche..valerie te fait peur ? Tu es décidément trop bête. Tu aslaissé passer une occasion… unique. (renonce à sortir son épée)

Sumotori : (reprends ses esprits, il rampe jusqu’à Sancho) Ô grand lutteur parmi les grands !Tu m’as terrassé, je suis ton esclave. Ma vie je te voue.

Quichotte : Mais enfin, je combat l’esclavage ! Et un écuyer ne peut avoir d’esclave! En tantque son maître, j’accepte ton offre.

Sumotori : Merci grand maître du maître.

Quichotte : C’est un peu confus tout ça.

Sancho : (reprends ses esprits) J’ai rêvé que j’étais chevalier.

Quichotte : Oui, ben, tu peux toujours rêver !

Sumotori : Mon maître, vous m’avez battu, je suis votre esclave. Vous allez mieux ?

Sancho : Mon maître ! Ce n’était donc pas un rêve !

Quichotte : J’ai accepté que ce…bonhomme, sois non pas ton esclave, mais ton valet. Maisen tant que ton seigneur et maître, il est aussi mon valet. Ce qui me fait une paire.

Sancho, Sumotori : Vous êtes un père pour nous, maître.

Quichotte : Bien, puisque les choses son claires et dites, repartons à la recherche de maDulcinée.

Sumotori : Dulcinée ! Vous avez dit Dulcinée maître ?

Sancho : Non, j’ai pas parlé!

16

Page 17: Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007 AVERTISSEMENTQuichotte: Sancho, c’est ce qui fait la différence entre un preux chevalier et le misérable écuyer que tu es. Seul un initié

Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007Quichotte : C’est à moi qu’il s’adresse, idiot !

Sancho : Oui, bien sur maître!

Quichotte : Dis moi valet, aurais-tu entendu ce nom?

Sumotori : Oui seigneur, à la cour de l’empereur. Il y a une Dulcinée, qui semble venir devotre pays car elle a la peau aussi blanche que la neige en hiver. L’Empereur voudrait en fairesa troisième femme.

Quichotte : Sa troisième femme ! Ce souverain a donc plusieurs femmes ?

Sumotori : C’est courant à la cour.

Sancho : (songeur) Trois Dulcinées, la tradition a parfois du bon.

Quichotte : C’est de ma Dulcinée que tu parles, valet de pique, valet sans coeur!

Sancho : Pardon maître!

Quichotte : Ivrogne !(au sumotori)Toi, valet de valet, mènes nous à la cour decet empereur.

Sumotori : Suivez moi, doubles maîtres.

Quichotte : Dulcinée, ton chevalier errant vient te sortir des griffes de ce malotru !

Sumotori : Tokugawa, maître, il se nomme Tokugawa et non pas Malotru. (Ils sortent)

17

Page 18: Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007 AVERTISSEMENTQuichotte: Sancho, c’est ce qui fait la différence entre un preux chevalier et le misérable écuyer que tu es. Seul un initié

Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007Scène sixième :Quichotte, Sancho, sumotori, l’Empereur, Dulcinée, samouraï

Dulcinée : (assise,une longue cape sur les épaules, elle chantonne tout en tricotant unelongue écharpe) Un jour mon prince viendra…

Empereur : Mais ce jour est arrivé, exquise Dulcinée, je suis là. Je suis votreprince charmant !

Dulcinée: N’insistez pas mon vieux, votre requête est vaine. Utilisez la force si vous levoulez, vous aurez mon corps, mais il y a une chose que vous n’aurez jamais!

Empereur : Qu’elle est donc cette chose pour laquelle mon pouvoir n’en a pas ?

Dulcinée: Ma liberté de penser.

Empereur : Ah, cruelle !

Dulcinée : Oui, je sais, ça fait mal, mais vous aimez lorsque cela fait mal, n’est-ce pas ?

Empereur : Oui, j’aime que l’on me résiste, j’aime que vous me torturiez. (s’adressant ausamouraï) Toi, apporte un fouet !(Le samouraï lui porte un fouet). Tiens, Dulcinée( lui donne le fouet), domine le chevalfougueux que mes tourments chevauchent, fais ressortir de mon corps ce mal qui brûle toutmon être, exhorte mon cœur, rends moi ton indifférence plus supportable!

Dulcinée : Soit ! (elle pose son ouvrage,enlève sa cape, elle est habillée de cuir) Alorscomme ça, tu prétends être mon Dom Juan, mon Ulysse, mon Don Quichotte?

Empereur : Celui que tu voudras: ton esclave, l’hombre de ta main, l’hombre de ton chien.

Dulcinée : Quelle hombre? Il n’y a pas de soleil aujourd’hui, crétin!

Quichotte : (voix off) Qui prononce mon nom par ici ?Il entre,suivi de Sancho et du sumotori. le samouraï dégaine le sabre

Empereur : ( au samouraï) Garde ! ( à Quichotte) Qui es-tu pour oser venir, sans t’annoncer,troubler la sérénité à la cour de l’Empereur ?

Samouraï : Il semble répondre au nom de Crétin, Altesse !

Quichotte : Je suis celui que jamais tu ne seras, tout Empereur que tu sois !

Empereur : Mais encore ?

Sancho : Il est le chevalier errant, sans peur et sans reproche, il est…

Dulcinée : Celui que je n’espérais plus ?

Empereur : Es-tu donc ce Ulysse dont on me bassine les oreilles en contant ses exploits ?

Sancho : Il est Don …

18

Page 19: Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007 AVERTISSEMENTQuichotte: Sancho, c’est ce qui fait la différence entre un preux chevalier et le misérable écuyer que tu es. Seul un initié

Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007Quichotte : ( à Sancho) C’est ça, voles moi mes répliques maintenant !

Sumotori : Il est très fort, ô vénérable Empereur !

Quichotte : Mais, je vais pouvoir en placer une, oui ?

Sancho : (à l’Empereur) Que je vous explique ; lui (désignant le Sumotori) il est mon écuyer,mon valet, et moi, celui de mon seigneur et maître …

Quichotte : Qui va arracher la langue à cette paire de valets !

Empereur : Petit jeu !

Quichotte : J’ai pas mieux.

Empereur : Mais, en fin de compte, qui es-tu ?

Quichotte :Grand Seigneur de Castille, chevalier de la Manche,Au péril de ma vie, je pourfends et je tranche,La tête du despote et la main du voleur,Mon bras ne tremble pas, mon courage est sans peur. De ma terre d’Espagne, avec mon écuyer,Les plus grands maléfices en chemin j’ai bravé.Afin de libérer ma belle, ma douce aimée,La maîtresse de mon cœur, ma tendre Dulcinée.

Sancho, Sumotori : Bravo ! Quichotte : Merci. Peux-tu en dire autant ?

Empereur : Je suis Tokugawa, grand shogun du Japon,Et le chef des armées du grand peuple nippon.Je suis très respecté, j’ai trois cent samouraï,Prêts à ce sacrifier en s’ouvrant le poitrail.Je sais manger le riz à l’aide de baguettes,Et avec du saké, la gueule je me pète.

Sancho : Ouais, c’est nettement moins bon !

Sumotori : Oui, nettement!

Empereur : J’avais pas fini !

Quichotte : C’est vrai, tu ne nous a pas parlé de tes femmes !

Dulcinée : Tes femmes ! Tokugawa, qu’est-ce que cela veux dire ?

Empereur : J’allais t’en parler,juste au moment où ceux là sont venu troubler notre intimité !

Dulcinée : Intimité ! Balivernes ! Nous étions en pleine parade « post-coïtale » !

19

Page 20: Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007 AVERTISSEMENTQuichotte: Sancho, c’est ce qui fait la différence entre un preux chevalier et le misérable écuyer que tu es. Seul un initié

Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007Empereur : Quel langage, ma douce colombe ! Ces étrangers n’ont nullement le besoin deconnaître les détails!

Dulcinée : Aussi, je n’en dévoile rien. Mais, ne te défile pas !

Empereur : Je vous en prie, la situation devient grotesque !

Quichotte : C’est vous qui êtes grotesque, mon cher !

Empereur : C’est à l’empereur que tu parles! Garde, tue cet étranger!Quichotte et le samouraï ont dégainé leur arme. Regards intenses Musique : « Il était unefois dans l’ouest »

Samouraï : Prépares toi à mourir, étranger !

Dulcinée : (se met devant Quichotte pour le protéger) Il faudra d’abord me tuer !

Quichotte : Alors, Tokugawa, ces femmes dont tu nous cache l’existence?

Empereur : Et bien, ce ne sont pas exactement mes femmes !

Sumotori: Ce sont des hommes !!

Samouraï : On pourrait rester concentrés sur le duel peut-être?

Dulcinée : Toi, ta gueule ! Alors « Toku », j’attends des explications !

Samouraï : (va pleurnicher au pied de l’empereur) Maître, vous avez vu comme elle m’atraité !

Empereur : Tu l’a bien cherché, toujours à vouloir te battre en duel !

Samouraï : Mais c’est vous qui m’avez demandez de…!

Empereur : Tu vois, tu recommences !

Samouraï : J’en ai marre, c’est pas juste ! (il sort en pleurant)

Quichotte : Et mon duel alors ?

Empereur : ( à Dulcinée) Et si tu nous parlais plutôt de ce bellâtre que tu as rencontré lors deton escale à Venise! Comment s’appelait-il déjà? Juan quelque chose !

Sancho : Ne l’écoutez pas, ce sont là des tromperies pour faire diversion !

Quichotte : Enfin Sancho, c’est moi qui devrais réagir de la sorte. Il n’y a pas de quoi temettre dans un tel état !

Dulcinée : Cette voix ! (s’adressant à Sancho) Ôte ton chapeau ! (il s’exécute) Mon dieu,toi !(elle s’évanoui)

Ils se précipitent tous au secours de Dulcinée

20

Page 21: Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007 AVERTISSEMENTQuichotte: Sancho, c’est ce qui fait la différence entre un preux chevalier et le misérable écuyer que tu es. Seul un initié

Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007Quichotte : Qu’est-ce que cela signifie, Sancho ?

Empereur : Qu’est-ce que cela signifie, Sancho ?

Sumotori: Qu’est-ce que cela signifie, Sancho ?

Samouraï : (revient)Qu’est-ce que cela signifie, Sancho ?

Sancho : Ça va, je vais tout expliquer.

Dulcinée : (reprenant ses esprits) Dom Juan, …toi!

Quichotte : Dom Juan ?

Empereur : Dom Juan ?

Sumotori: Dom Juan ?

Samouraï : Dom Juan ?

Sancho : Oui, Dom Juan ! ( prenant la main de Dulcinée) Ma chère, après ton départ précipitéje n’arrivais plus à penser, à dormir, à manger. Les autre femmes n’avaient plus place en monesprit. Mes amis me pensaient malade. Jamais je n’avais éprouvé un trouble aussi profond.

Empereur : Les violons, ça va maintenant!

Sumotori : Oui, on veux la suite !

Sancho : C’est alors qu’à mes oreilles, sont arrivées les aventures d’un certain Quichotte …

Quichotte : C’est moi !

Sancho : …A la recherche de sa Dulcinée . Pour moi, il n’y avait aucun doute,un telengouement ne pouvait être déclanché que par la même Dulcinée.

Sumotori: C’est beau !

Empereur : Et alors?

Sancho : Alors , je me suis dit qu’un tel fou pourrait me mener jusqu’à toi.

Quichotte : Fou,moi ?

Sumotori: Ça va, ne l’interrompez pas sans arrêt !

Samouraï : Et alors ?

Quichotte : (au samouraï) Ça va, ne l’interrompez pas sans arrêt ! Sancho : Alors je suis allé en Espagne trouver Sancho, son écuyer. Pour quelques pièces d’or,il m’a cédé sa place.

Quichotte : Le traître, l’ingrat ! Et dire que je n’ai rien remarqué !

21

Page 22: Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007 AVERTISSEMENTQuichotte: Sancho, c’est ce qui fait la différence entre un preux chevalier et le misérable écuyer que tu es. Seul un initié

Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007

Empereur : Ça va, ne l’interrompez pas sans arrêt !

Sancho : Avec un bon déguisement, il me fut facile de me faire passer pour Sancho. J’ai faitenvoyer une lettre à Quichotte, signée de Don Alessandro, et c’est ainsi que nous sommesarrivés ici. La suite vous la connaissez.

Quichotte : C’est une histoire de fou !

Sumotori: Si j’ai bien suivi , cela voudrait donc dire, qu’en réalité j’aurais du êtreSganarelle !

Samouraï : Mais alors, je ne suis peut-être pas un samouraï ? J’en ai marre, c’est pas juste !(pleure au pieds de Quichotte)

Quichotte : Qui oserait me dire que je ne suis pas Don Quichotte ?

Empereur : Calmez-vous, calmez-vous ! Je sens qu’à mon tour, je vous dois une explication.

Quichotte : Vous ! Quelle explication ?

Dulcinée : Vous ! Quelle explication ?

Sancho : Vous ! Quelle explication ?

Sumotori: Vous ! Quelle explication ?

Samouraï : Vous ! Quelle explication ?

Empereur : Du calme ! …Je suis l’auteur de cette pièce.

Tous : Quoi !!

Empereur : Oui, je vais vous expliquer !

Quichotte : Nous expliquer quoi, que tu nous a pris pour des cons ?

Empereur : Je vous assure que non ! Ce n’est pas comme ça qu’il faut voir les choses !

Sancho : Comment as-tu osé me faire ça à moi Dom Juan. Associer mon histoire à celle d’unstupide chevalier !

Empereur : Avoue que tu y as tout de même cru !

Sancho : J’y ai cru, j’y ai cru, j’avais confiance !

Quichotte : Comment ça, stupide chevalier ?

Dulcinée : Et merde, moi qui allait me taper Dom Juan !

Sumotori: Salope !

Dulcinée : Découillé ! (lui donne une gifle) Tiens !

22

Page 23: Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007 AVERTISSEMENTQuichotte: Sancho, c’est ce qui fait la différence entre un preux chevalier et le misérable écuyer que tu es. Seul un initié

Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007Empereur : Ce n’est qu’une écriture d’auteur, une mise en scène, une fiction !

Samouraï : Mais moi, j’étais persuadé d’être un vrai…

Tous : Ta gueule !

Samouraï : (pleurnichant) C’est pas juste !

Quichotte : Toi, le faux samouraï, emmène-toi avec ton vrai sabre. Sancho, ou qui que tusois, prends le bras de « l’empereur-auteur »! (au sumotori) Toi, valet de valet , tiens l’autrebras !Ils tiennent fermement l’empereurEmpereur : Mais qu’est-ce que vous faites ? Arrêtez, je vous dit que ce n’est que de lafiction, une expérience, vous êtes fous !

Quichotte : Nous ne sommes pas des animaux de laboratoire. La fiction à dépassé la réalité.Samouraï, revenons à la réalité, tranche !

Après un terrible cri, il tranche la tête de l’empereur (on n’est pas obligé de sacrifier lecomédien)

Empereur : Ah !

Tous : ( l’un d’eux présente la tête au public) Voilà ce qui arrive lorsqu’un auteur se fout dela gueule des acteurs. On a beau être indulgents et prétendre tout jouer, il y a des limites. Tous sortent sauf Quichotte et Sancho. Quichotte est assis, méditatif.

Quichotte : Ah, Sancho, comme je suis déçu. Cette histoire avec le metteur en scène m’acomplètement démoralisé. Tu comprends, j’étais tellement bien dans la peau de monpersonnage que j’avais oublié que ce n’était qu’un jeu.

Sancho : Moi aussi j’ai été très déçu. Mais rien ne nous empêche de continuer l’histoire,notre histoire. De revenir là où nous l’avions laissée !

Quichotte : La réalité, Sancho, on ne peut pas vivre continuellement dans l’illusion !

Sancho : Alors, pourquoi m’appelles-tu Sancho ?

Quichotte : Tu dis n’importe quoi !

Sancho : Je t’assure, tu viens de m’appeler Sancho ! Tu vois bien que de la réalité à la fictionil n’y a qu’un pas. D’ailleurs, notre destinée n’est elle pas de ne naviguer entre ces deuxmondes ? Nous jouons tous un rôle sur la grande scène sociale, à la recherche de notreDulcinée, de notre Roméo. Chacun son costume, chacun ses accessoires, les voitures ontremplacé les chevaux, mais les fleurs et la lune sont toujours les mêmes.

Quichotte : (reprenant confiance) Le ciel, la lune sont toujours là, et mon cœur bat toujoursde la même façon !Sancho, allons faire le plein de nos chevaux ! Dulcinée, ma Dulcinée, j’arrive! Ton chevaliersans peur vient t’ouvrir les portes de son cœur et de son âme ! (en sortant) Ne traînons pasSancho, de nouvelles aventures nous attendent ! Tremblez tyrans, fuyez voleurs, …

23

Page 24: Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007 AVERTISSEMENTQuichotte: Sancho, c’est ce qui fait la différence entre un preux chevalier et le misérable écuyer que tu es. Seul un initié

Kabuquichotte Fred Valladares 31/12/2007

Sancho : Attendez ! Je n’ai pas dit que nous devions rester dans la fiction, et surtout pas allerau devant de risques inconsidérés! ( en sortant) Maître, écoutez le pauvre écuyer que je suis ! Maître !!!

FIN

24