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N° 2 - 2012 - GRATUIT ÉLECTRIK CAMPUS PRÉSENTE CHARLES PASI ON A RENCONTRÉ HUSHPUPPIES DANS LA DISCOTHÈQUE DE VISMETS RUN RONIE RUN LE GRAND ZOOM : LES MUSIQUES ACTUELLES PORTRAITS LICENCE PRO : QUE SONT-ILS DEVENUS ? LA PÉNICHE EXCELSIOR : L’HISTOIRE L’INVITÉ DE LA RÉDAC’ Magazine des Musiques Actuelles & Amplifiées

La Cocotte Magazine

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Magazine des musiques actuelles et amplifiées

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N° 2 - 2012 - GRATUIT

ÉLECTRIK CAMPUS PRÉSENTE

CHARLES PASI

ON A RENCONTRÉ HUSHPUPPIES DANS LA DISCOTHÈQUE DE VISMETS RUN RONIE RUN

LE GRAND ZOOM : LES MUSIQUES ACTUELLES

PORTRAITS LICENCE PRO : QUE SONT-ILS DEVENUS ?

LA PÉNICHE EXCELSIOR : L’HISTOIRE

L’INVITÉ DE LA RÉDAC’

Magazine des Musiques Actuelles & Amplifiées

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C’est une histoire de séduction. Un projet qui ne laisse pas indifférent. Ce drôle de volatile musical, ce projet complet et passionnant, il fallait qu’il prenne un nouvel envol.

Nouvelle rédaction. On forme une nouvelle équipe cette année, trois étudiants de la Licence Professionnelle Gestion et Développement des Structures Musicales de l’Université du Maine. On fait des réunions au sommet, on lance des idées, on fait des « ça c’est super, on fera, et ça aussi, et ça aussi » en mangeant des viennoiseries. Charmée, la nouvelle équipe déplume le numéro un, en gardant ce même dynamisme et cette passion inhérente au projet pour monter la seconde édition.

Parler de musique, s’interroger, témoigner, faire découvrir, redécouvrir, aimer ou détester, rencontrer, chroniquer, La Cocotte siffle ; un bouillon d’informations ! Mais, disons-le, avec un numéro par an, l’oiseau se doit d’être complet !

Nous voilà partis pour ce beau projet, on nous laisse les clefs de la maison, on nous précise bien que La Cocotte n’est pas du tout une référence à quelque volaille que ce soit mais bien à un jeu de guitare très funk. Les jeux de mots nous brûlaient les lèvres ! C’est tout.

Maxime Pascal,Rédacteur en chef.

La Cocotte est une publication de l’association Électrik Campus

Avec le soutien de

Directrice de la publication Isabelle Handy

Rédacteur en chef Maxime Pascal

ChroniqueuseMaggy Trottier

Chargé CommercialTony Avont

[email protected]

Février 2012 - N°2 - GRATUITTiré à 900 exemplaires

ISSN : 2256-9480Dépôt légal février 2012

Imprimé par Impri Ouest - Le Mans

Maquette originale : Louise MarnaiLogo La Cocotte : © Frédéric Hamet

La photo de couverture a été publiée avec l’aimable autorisation de

FRANÇOIS PARMENTIER www.peurduloup.com

ÉDITOUne Cocotte peut en cacher une autre !

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SOMMAIRE #2

L’IMAGECHRONIQUES ALBUMSON A RENCONTRÉ HUSHPUPPIESON PARIE ? NINA ATTALL’INVITÉ : CHARLES PASICHRONIQUES ALBUMSLE ROCHER DE PALMER, UNE STRUCTURE ORIGINALEFRANCK ZAPPA, UN ICONOCLASTE DU ROCKON A RENCONTRÉ RUN RONIE RUNÀ FAIRE AU MANS : MJC PRÉVERTL’HISTOIRE : LA PÉNICHE EXCELSIORBLOG : LES INTERWEBDANS LA DISCOTHÈQUE DE VISMETSLE GRAND ZOOM : LES MUSIQUES ACTUELLESPORTRAITS PRO : QUE SONT-ILS DEVENUS ?GUIDE ADRESSES

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6L’IMAGEComme chaque année depuis vingt-cinq ans, le Festival Bebop réunit pendant six soirées les artistes du moment, locaux ou internationaux, confirmés ou en développement. La nouvelle équipe de la Cocotte s’est donc rendue sur la date à Allonnes, salle Jean Carmet pour rencontrer trois groupes : les belges Vismets (photo), les perpignano-parisiens Hushpuppies et les manceaux Run Ronie Run. C’est donc à l’occasion de cette soirée rock, aux accents parfois électro, que l’équipe du magazine s’est adonnée au jeu des questions-réponses...

* REMY

* ANTONY

Dans la discothèque de Vismets > page 34

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chronique album

TRUE LIVE FOUND LOST

Un ouragan venu d’Australie a débarqué l’an-née dernière, une claque monumentale dans les musiques actuelles.

Si on vous avait dit qu’un groupe aurait eu le culot, l’audace et le talent de réunir le jazz, la musique classique et le hip-hop, vous n’en auriez pas cru un mot. Impossible ? True Live l’a fait.Mené par l’excellent Ryan J. Ritchie, à l’éner-gie hallucinante, le groupe s’est détaché d’une formation Jam Session pour monter un projet qui reste pour autant dans cette veine improvisée : True Live naissait.

Un premier album sort en Australie en 2006 avant une signature sur le label français Sakifo Records et une release en 2011 : Found Lost.

Une contrebasse aux rythmes soutenus, un violon souvent distordu, des claviers passant du grand piano aux synthés eighties, une bat-terie qui emporte et un violoncelle prenant, ajoutez à cela le flow épuisant et entraînant de Ryan, True Live possède alors une recette parfaite pour le public. N’hésitant pas à im-proviser de courts raps, à laisser une place première à des solos de violon ou de vio-loncelle, le groupe dégage une passion de la musique et de la création hors norme, un féti-chisme de l’instrument et de la recherche du son poussé à son paroxysme. Ouvrant l’album avec Raise Up, c’est bien une montée en puissance que Found Lost subit

tout au long des douze titres, un rythme qui tient à son acme sans jamais s’essouffler. La machine True Live fonctionne aussi par-faitement en studio qu’en live, on trouvera d’ailleurs le titre Damn Right, un avant goût de la folie et de l’énergie insuflée en concert.

L’album Found Lost est édité avec en bo-nus un featuring avec Féfé, l’ancien du Saian Supa Crew, une rencontre improbable mais qui tient la route !

True Live, une bombe lancée depuis l’Austra-lie qui procure en live cette joie et ce punch en sortant d’un concert où chacun, même les plus timides, jumps and sings !

M.P.

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chronique album

DREAM THEATERA DRAMATIC TURN OF EVENTS

Ce n’est pas une tâche facile que de catégo-riser un groupe tel que Dream Theater tant l’univers musical effleure différents sous-genres musicaux.

Souvent catalogué de métal progressif, le groupe est surtout reconnu pour le haut ni-veau technique de chaque instrumentiste, ce qui a forcé le respect de grands noms du rock et du métal, parmi lesquels Deep Purple, Iron Maiden, Joe Satriani, Metallica ou encore Pink Floyd, pour ne citer que leurs plus célèbres collaborations.

Dès leurs débuts en 1985, Dream Theater est devenu l’un des groupes les plus influents du genre, et ce avec une constance au fil des

albums qui ne fait que confirmer leur génie créatif. Mais avec onze albums à leur actif, que pouvait-on bien attendre de ce dernier opus ?

Le départ en 2010 d’un des piliers du groupe, Mike Portnoy, avait beaucoup inquiété les fans de la première heure. Pour ainsi dire, à la première écoute, le son de batterie et le jeu plus minimaliste de Mike Mangini, son remplaçant, laisse en effet perplexe.

Mais la virtuosité et le sens inné des mélo-dies des neufs morceaux de ce nouvel album laissent une fois de plus la magie opérer : les chorus époustouflants de John Petrucci, les lignes de chant plus appropriées aux capa-cités vocales de James Labrie, les sons retra-vaillés de Jordan Ruddess et la basse beau-coup plus incisive de John Myung font de ce nouvel album un grand moment de métal progressif.

L’exceptionnel Breaking All Illusions vaut à lui seul le détour et devrait autant ravir les fans de la première heure que les nouveaux adeptes. Tout y est : des ballades enchante-resses telles que This Is The Life et Far From Heaven, l’étonnant Build Me Up Break Me Down, morceau électro-métal avec son re-frain ravageur, Outcry avec son intensité dra-matique à souhait et ses riffs puissants, sans oublier le magnifique single On The Back Of Angels qui ouvre les hostilités et ce dans la pure tradition du groupe. Un album à écou-ter sans réserve.

M.T.

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chronique album

NNEKASOUL IS HEAVY

Souvent comparée à Ayo et Lauryn Hill, ses ‘sista’ de la scène Soul/Hip-hop contempo-raine, Nneka nous avait déjà touchés en 2008 par son air ‘écorchée vive’ avec le tube Heart-beat et son appel citoyen avec Africans. Avec Soul Is Heavy, son troisième disque, la chanteuse se hisse au sein de la scène germa-no-nigérienne avec toujours la même réso-nance soul/hip-hop voire pour le coup légè-rement plus ‘Hip-Pop’.

Mêlant riffs épurés et lignes mélodieuses cas-sées sur fond de rythme hip-hop et parfois reggae, Nneka ne manque pas d’aspérités avec un son folk souvent écorché et un cer-tain charisme militant semblant avoir pour ambition affichée de sonner comme une voix universelle que l’on retrouve à travers ses textes. L’album présente des titres plus variés les uns que les autres, on retiendra le single My Home qui commence sur fond de réfé-rence classique ainsi que Stay, titre au tempo néo-soul mélancolique. Si on se plaît à cher-cher du sens aux textes, L’âme lourde, qui donne son titre au disque, creuse une veine hip-hop-soul aux multiples sens : des thèmes graves et un brin de mélodrame accentués par une façon très sentie de vocaliser comme si le monde allait s’effondrer dans l’heure.

Sous un ton tantôt aggravé et tantôt douce-reux, ce troisième opus cache en fait ce genre devenu syncrétique que l’on aime chez la Nigérienne par les fusions successives de la

pop, de la folk et du reggae. Cependant, on y trouve un accent peut-être plus folk que les précédents albums avec des titres tels que Do You Love Me Now.

Le meilleur de cet opus reste à venir avec God Knows Why dans lequel un son dub vient frapper un hip hop atypique avec la partici-pation du Philadelphien Black Thought

Soul is Heavy souligne une fois de plus les ‘gimmicks’ de la chanteuse : ce timbre voilé et ces remontées de fin de phrase qui ont marqué son identité vocale au fil des albums. L’innovation de Soul Is Heavy ? Peut-être la place accordée aux collaborations, pas dia-boliquement originales, mais sensuelles et incarnées, à l’image de ce petit bout de femme.

M.T.

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MANSFIELD. TYA NYX

chronique album

Un concert de Mansfield. TYA vous bouleverse, vous donne une claque de sincérité et de générosité, l’écoute de ce nouvel album n’est qu’un souvenir en boite. Troisième projet au format CD, Nyx est la nouvelle création du duo Mansfield. TYA. Deux de-moiselles à la grâce incroyable, à l’humour décapant et à la virtuo-sité énervante.Travaillant si bien les instruments électroniques ou les petites machines, Carla Palone et Julia Lanoé sont deux multi-instrumen-tistes. Batterie, violon, guitare, basse, les instruments glissent,

s’accordent, se cascadent pour créer des paysages musicaux pour les chansons. Toujours prédominante, la voix de Julia Lanoé, qu’elle chante en français ou en anglais, donne émo-tions et reliefs à chaque titre. L’album Nyx succède à June et à Seules au bout de 23 secondes. Il est construit tel un conte de l’ouverture au final, donnant ensuite un retour des profondeurs avec Cerbère. Souvent tribal et organique, chaque titre va chercher au plus profond une vraie émotion, des textes qui peuvent s’écouter encore et encore.

M.P.

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HUSHPUPPIES

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HUSHPUPPIES

AU FESTIVAL BEBOP 2011

Propos recueillis par Tony AvontPhotos : © Maxime Pascal / © D.R.

Merci à Elen Debost / Festival Bebop.

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on a rencontré hushpuppies

Serrés à onze dans une loge de la salle

Jean Carmet à Allonnes, au festival Bebop 2011, le groupe

Hushpuppies, la relève rock actuelle, nous a accordé quelques

instants, le temps de découvrir un peu mieux la formation et de parler de The Bipolar Drift, leur dernier album.

Comment s’est créé Hushpuppies?

Cyrille : Hushpuppies a six ans. C’est un groupe d’amis de Perpignan. On se connaît depuis l’époque du lycée, on avait un groupe là-bas.Olivier : Wilfried est mon frère.Cyrille : On a arrêté de jouer à Perpignan parce que les uns travaillaient, les autres partaient pour la ville.Olivier : C’était à l’époque de l’exode rural (rires).Cyrille : On s’est retrouvé à Paris et on a monté Hushpuppies sous un nom assez fédérateur.

Franck : On s’est appelé Steam le temps d’une fête de la musique.

C’est votre troisième album, mais il y a eu d’autres « galettes »... Olivier : Oui, il y a eu deux 45 tours.Cyrille : Le tout premier qui est sorti sous Hushpuppies, était un cinq titres autopro-duit, c’était plus une demo qu’un EP.

Entre Silence is golden (2007) et The Bi-polar Drift (2011), il y a eu un maxi ?

Olivier : Oui, le maxi de I want my Kate Moss.Franck : Mais ce n’est pas de nous, ce ne sont que des remix. L’un par un pote d’électro, l’autre par Munk, des allemands, et le troi-sième c’est nous...

La composition de The Bipolar Drift a été plus longue que celle des albums précé-dents, que s’est-il passé ?

Wilfried : On a terminé la tournée du

De gauche à droite : Olivier (chant), Wildfried (claviers), Franck (batterie), Cyrille (guitare) et Marc (basse)

LA PHOTO SOUVENIR

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on a rencontré hushpuppies

THE BIPOLAR DRIFT / 2011

deuxième album, qui a duré plus d’ un an et demi. Après on a composé, on s’est enfermé, on a fait des bœufs, on a tout enregistré sur ordinateur, puis on est allé en studio pour faire les maquettes.Franck : On voulait vraiment prendre du temps pour faire ce disque. Les deux pre-miers ont été réalisés en six mois.Wilfried : Oui, il y avait plus d’énergie. Le premier album est pas mal live. Mais là, on voulait approfondir.Olivier : On compose toujours de la même manière. On fait des bœufs qui deviennent des morceaux, on écrit les paroles après, à partir de mélodies en yaourt.Cyrille : C’est souvent comme ça, même avec les anglo-saxons.

Si le travail a été plus important en stu-dio, comment appréhendez-vous le live ?

Cyrille : On fait des ajustements. Pour cari-caturer, avant, on jouait les morceaux 20bpm plus vite et ça sonnait live (rires). Mais main-tenant on essaie de garder le côté groove du disque, moins punk qu’avant.

L’album passe par différents styles mu-sicaux. Comment cela s’est-il construit ?

Franck : Aujourd’hui nos mor-ceaux partent dans tous les sens. Si un morceau sonne électro, on fonce.Olivier : Mais là c’est souvent la batterie qui a initié le groove du morceau.Cyrille : La complication c’est de faire un album construit et pas une compilation de morceaux.Olivier : Une fois qu’on a tous les titres qui sont très disparates, on fait des choix de morceaux qu’on ne met pas parce qu’ils ne sont pas cohérents.Wilfried : D’où les faces B (rires).Franck : Sur les albums précédents, on se retenait quand un morceau partait un peu trop électro ou new wave, on trouvait qu’il ne sonnait pas « Hushpuppies ».Olivier : Maintenant, on le finit, on le garde et on se dit qu’on verra bien comment il évoluera.

Ce soir vous n’allez jouer que le der-nier album ?

Cyrille : On essaie de faire tous les albums, mais on est obligé de supprimer des titres.Franck : On joue tout le troisième album sauf un morceau. C’est surtout qu’on pense avoir trouvé une set-list cohérente et ho-mogène, mais à chaque concert, on la mo-difie pour trouver un équilibre.

Pour finir, une journée de tournée de Hushpuppies, ça ressemble à quoi ?

Olivier : Tu rencontres des gens, tu leur ra-contes des conneries ! (rires)Franck : Tu montes dans le camion le ma-tin, tu remontes le soir.Olivier : Tu attends beaucoup. Sur la route, avant les balances, après les balances...Cyrille : Tu passes la journée à demander à ton régisseur « quand est-ce qu’on fait ça ? »

www.hushpuppiestheband.com

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Jeune perle de la scène Soul Blues française,

c’est à treize ans que Nina Attal

pose ses doigts sur une guitare. Après s’être

rapidement faite remarquer dans les jams parisiennes, ses premiers pas sur scène se font aux côtés d’artistes comme Lucky Peterson, Boney Fields et bien d’autres. « Pourquoi un buzz aussi rapide ? » pourrait-on se demander. La réponse est simple : à tout juste dix-neuf ans, Nina possède non seulement une voix singulière mais aussi un charisme et une fraîcheur qui ont forcé le respect de la scène Blues française. Ce qui fait la différence chez Nina Attal, c’est sa guitare. Elle assume avec une

maturité impressionnante ce mélange entre l’héritage des pères fondateurs du blues B.B.King, Albert King, Buddy Guy, Muddy Waters, et l’influence d’artistes Soul/Funk comme Prince, Jamiroquai et Stevie Wonder. Nina en a puisé un style aux racines Blues qui flirte avec la Soul et le Funk pour nous offrir un cocktail bluesy bien à elle.

En effet, pour le plus grand plaisir de nos oreilles, Nina vient de publier en octobre dernier son premier opus intitulé Yellow 6/17 qui s’est longtemps fait attendre après la sortie en 2009 d’un premier E.P prometteur.

Ce premier record nous emmène loin de la France dans un monde déjà visité

N I N A A T T A L

On parie ?

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on parie ?

par de nombreux artistes avant elle. Avec sa Fender, elle réussit à mêler un son de guitare bluesy au jeu de ses musiciens, qui eux ajoutent une touche rythmique plutôt axée funk et ce, avec brio.

Avec un don unique des arrangements, très énergiques et clairement conçus pour le live, l’enfant prodige a raflé la majorité des prix des prestigieux tremplins Blues de France, ce qui lui a valu d’être programmée dans des festivals tels que Europa Jazz au Mans, le Cahors Blues Festival, ou encore le Festiblues de Montréal. Avec l’aide de son acolyte de longue date, Philippe Devin à la guitare rythmique, Nina Attal nous montre que la relève est assurée avec talent.

C’est avec Run Away en ouverture de ce nouvel opus que Nina nous balance un son très funky, qui nous ferait volontiers penser à un bon vieux ‘Sex Machine’ féminin. Après Stand Up, qui pourrait devenir un classique de la soul moderne, on ne peut plus s’étonner de rien. Par la suite, Do It Right Now nous ramène directement au R’nB le plus sobre, tout en gardant cette partie rythmique bien funky qui nous invite presque à la danse. Histoire de se reposer, le duo Attal/Devin nous a concocté non pas une mais deux balades standard blues. D’abord, Childhood avec sa pop attitude à la fois douce et fraîche façon bal de promo à l’américaine. Même si l’imagination déborde à son écoute, on a parfois un sentiment de ‘déjà-

vu’ bien que la recherche de son reste plutôt marginale à l’image de ses pères précurseurs. Plus loin dans l’album, on tombe sur Macho Man, une ballade plutôt jazzy, rappelant un peu celles de Norah Jones mais toujours avec ces cuivres qui nous ramènent à cet esprit soul si présent dans l’album. Enfin avec The Wind, la parisienne nous offre en guise de guitare-voix un magnifique blues ‘comme avant’. Elle nous rappelle avec cette chanson qu’elle écumait dans sa jeunesse les clubs de la capitale avec sa guitare, pour apprendre à jouer comme les grands.

Quoi qu’il en soit, Nina Attal est une ‘grande’ qu’il faut découvrir à tout prix sur scène.

M.T.

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L’INVITÉ :CHARLES PASI« On m’a collé cette étiquette de bluesman »

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L’INVITÉ :CHARLES PASI« On m’a collé cette étiquette de bluesman »

À 27 ans, Charles Pasi, beau gosse franco-italien, a déjà fait ses preuves dans la musique funk, jazz ou blues.

Avec une énergie débordante et armé de son harmonica, il propose un show haut en couleurs sur la tournée de son deuxième projet Uncaged. Des mélodies aux textes, l’artiste s’est forgé une identité forte.

Il est l’invité de cette édition.

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sique sans vraiment avoir en tête d’en faire moi-même. J’ai acheté un harmonica, parce que Dylan en jouait beaucoup et je me suis mis à bosser petit à petit. Ce n’était pas dans le but de faire de la musique au départ, c’est venu assez progressivement, j’ai intégré une chorale, fait le conservatoire, travaillé la gui-tare et l’harmonica et puis tout s’est enchaîné.

Quel métier songeais-tu faire parallèle-ment à la musique ?

J’aurais aimé être photographe car j’aime beaucoup tout ce qui touche à la photo mais je n’étais pas très doué !

Tu as voyagé aux États-Unis il y a quelques années, est-ce là-bas que tu as eu le déclic de ton mélange des genres jazz, blues, soul, folk et hip hop ?

Non, pas vraiment. Ça n’a pas été une révéla-tion, d’aussi loin que je me rappelle c’est ce que j’écoute depuis que je suis gamin, c’est la musique qu’écoutait mon père, j’ai l’impres-sion d’avoir grandi avec Ray Charles.

Cinq ans se sont écoulés entre Mainly Blue (2006) et Uncaged (2011) ? Pour-quoi autant de temps ?

En fait, Uncaged a été écrit en 2008, il s’est passé beaucoup de temps entre le moment où les morceaux sont sortis de studio et le temps où l’album a été signé sous label. Je l’ai gardé un peu planqué cet album, j’ai un peu attendu jusqu’à ce qu’il soit signé en mars.

P ourquoi as-tu commencé la musique si tardive-ment ?

C’est un peu le fruit du ha-sard, j’écoutais plein de mu-

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Stevie Wonder est le

musicien qui te dégoûte !

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Uncaged est sorti en mars dernier, si on fait le bilan, comment ressens-tu cette sortie d’album huit mois après ?

En fait, l’album a plus d’un an maintenant donc il est vrai que - même si je ne devrais pas le dire - j’ai envie de passer à autre chose, j’écris déjà des nouvelles choses. On essaie de faire vivre l’album sur scène, de ne pas trop se lasser des morceaux, on change la playlist, l’ordre des morceaux où les arrangements par exemple. Mais je suis assez content qu’on arrive à tourner avec cet album,je ne m’atten-dais pas à ce qu’on reçoive autant de proposi-tions de dates !

Uncaged... pourquoi ce nom d’album ? Une musique inclassable ? Non-étique-table ?

Je viens du monde du blues en France, qui n’est pas le même monde qu’aux États-Unis, lequel est quand même très spécial. On m’a collé cette étiquette de bluesman, sauf que je ne me suis jamais vraiment considéré comme tel puisque j’ai des influences vraiment diffé-rentes, qui vont de la country - ce qui peut pa-raître ringard mais moi j’adore - à la chanson italienne, où encore du ragga, et du rap aussi. Donc non, pas d’étiquette…D’ailleurs à la Fnac, je suis vendu en jazz alors qu’à Virgin, je suis classé en variété interna-tionale. Ça dépend de ce que les gens ont en-vie d’y voir, il y a des gens qui retiennent plus mon côté jazzy, d’autres le côté blues, c’est aléatoire…

Peux-tu nous raconter le travail avec tes musiciens ? Comment avez-vous abor-dé les arrangements et la composition ?

Je suis assez fidèle en terme d’équipe, ça fait huit ans qu’on travaille ensemble, j’ai changé trois fois de guitariste mais au niveau

CHARLES PASI

UNCAGED

Uncaged - littéralement « sans case, sans éti-quette » - porte ef-fectivement bien son

nom puisqu’à la première écoute, on pourrait presque s’y perdre tant l’opus est teinté de mélange de genres et d’influences. Entre Fare-well My Love, ballade piano à la fois traînante et déchirée et le groove électrique de Better With Butter d’où l’on peut entendre le son du légendaire saxophoniste Archie Shepp, le croo-ner nous emmène dans un monde bien à lui entre blues, jazz, folk et hip hop. Un album libre et bohème à l’image de son interprète, avec des titres velours tels que Up To Us où encore l’énergique Lost Generation dans lesquels le chanteur nous dévoile ses talents d’harmoniciste.Sur des accents tantôt folk tantôt groove, cet opus revigorant se clôt sur la reprise jazzy et miaulée du standard Dream A Little Dream of Me datant de 1931 ! C’est donc vrai : Charles Pasi est un crooner d’un autre temps qui aime le chanter à son propre temps.

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basse /batterie, c’est la même base, ils sont bons.En temps que chanteur et harmoniciste, comment as-tu abordé le travail de composition ? As-tu composé de manière diffé-rente que l’album Mainly Blue ?

J’écris vraiment au hasard, je prends la gui-tare. L’approche de la compositionne change pas d’un album à l’autre, je compose d’abord à la guitare mais le résultat est différent.

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l’invité : charles pasi

Que penses-tu de sa sortie digitale ? Ressens-tu une réelle différence avec la sortie du support physique ?

En ce qui concerne Uncaged, le rapport de vente entre sortie digitale et support phy-sique est à peu près équilibré je crois, peut-être un peu plus en physique parce qu’on est encore accroché à ce support en France.

Est-ce important qu’il y ait encore un support physique aujourd’hui selon toi?

Je ne suis pas très fétichiste mais c’est vrai que par rapport à la qualité sonore, ça reste quand même mieux. C’est vrai que je préfère encore écouter des CD, et si ça ne tenait qu’à moi, j’écouterais des vinyles.

Le passage avec le label a changé beau-coup de choses pour toi ?

Ça a tout changé. C’est grâce à mon label

(Believe - ndlr) que j’ai un tourneur, un mana-ger et un éditeur. C’est grâce à ça qu’on fait un peu de radio donc oui, ça change beaucoup de choses car ils m’aident beaucoup en terme de promotion. Mais ça n’a pas changé sur le plan musical, ils ne sont pas intrusifs.

Tu es un vrai passionné de musiques afro-américaines, si on devait citer une référence ultime, quelle serait-t-elle ?

Je dirais Stevie Wonder, c’est un compositeur incroyable tout en restant accessible, c’est un chanteur monstrueux et un harmoniciste de talent, il est très fort partout… c’est le musi-cien qui te dégoûte ! (rires.)

Après Le Nouveau Casino en mars der-nier, La Maroquinerie en octobre, quels sont tes projets pour 2012 ?

Je continue à composer, j’ai envie de faire un nouvel album, mais pas tout de suite, je ne

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Paris, 52 avenue Gallande, Vème arr., un mercredi soir, il s’en passe, des choses… Véritable cuisine de genres : de la Fusion, du Funk, de la Soul ou du Blues, Le Caveau des Oubliettes est typiquement un lieu de rendez-vous pour musiciens de grand talent. Dans une atmosphère de fin de soirée et une chaleur presque insupportable, on peut y croiser trompettistes, pianistes, guitaristes et batteurs de toutes esthétiques musicales. Il y en a pour tous les goûts, tel un melting pot de jazzmen et de bluesmen qui ont su dépoussiérer les anciennes pierres froides de la cave parisienne pour y organiser des jam sessions hebdomadaires. On peut y croiser quotidiennement Boney Fields, Nina Attal, ou encore Charles Pasi. Même Prince et Keziah Jones sont dernièrement venus jammer dans ce lieu désormais mythique. Chacun amène son instrument et improvise. Le mercredi soir est dédié à la Jam Soul Connexion sous la main de Rachid Guissous, accompagnant au piano tout amateur qui le désire dans une ambiance à la fois bon enfant et intellectuelle. On peut y déceler un nid de talents vocaux et instrumentaux : on joue, on chante, on improvise, parfois avec des musiciens qu’on ne connaît ni d’Eve ni d’Adam, et c’est ça l’esprit du Caveau, communiquer avec le seul langage des notes.

l’invité : charles pasi

Propos recueillis par Maggy Trottier et Maxime PascalPhotos : © Maxime Pascal / © D.R.Merci à Loic Lepillet / Air 2 Music

suis pas pressé, je ne suis pas très rapide.

Toi qui a tourné en indépendant durant dix ans, que penses-tu du secteur des Musiques Actuelles en France ?

Je me dis qu’il y a une carte à jouer dans la crise du disque, c’est banal mais je pense que ça va favoriser les indés, il y a un tas d’exemples de mecs qui ont été découverts sur le net … « Tiens écoute ça ! » et tout à coup il y a un engouement, les histoires peuvent se faire ainsi à l’heure actuelle, quelque part, je pense que c’est un peu la démocratisation des artistes et de l’Art en général… Est-ce que dans les faits, c’est ça ? Je ne sais pas…Les labels, les médias papier et la radio sont encore très im-portants… Même si ça parait être le bordel, j’ai confiance en cette période, j’aime le fait que ce soit le bordel car ça peut laisser présager quelque chose de nouveau : un bordel révolu-tionnaire !

À quand un album en italien ?

Ah non, je ne vais pas faire un truc à la Pink Martini (rires). Ça pourrait être le cas surtout que deux de mes musiciens sont d’origine italienne comme moi mais ma musique est vraiment liée à l’anglais, c’est une question de genre musical.

Outre ta collaboration avec Archie Shepp sur l’album, avec qui aimerais-tu tra-vailler sur un nouveau projet ?

Sans hésitation Stevie Wonder !

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LA BONNE ADRESSE

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chronique album

YUCKYUCK

Ou « Beurk » en français. Sur les cendres de Nirvana, Sonic Youth et Dinosor Jr, le premier album de Yuck est auto-produit, mixé par eux-mêmes jusqu’à la pochette qui est faite maison. Cette attitude DIY (Do It Yourself) et les sonorités noisies se marient parfaitement avec les lignes pop des chants et des guitares.Sur CD, The Wall vous scotche et Georgia vous donne envie de chanter. Un sans faute qui prend forme lors de leurs rares concerts en France (quel dommage)Toujours est-il que pour un premier album, Yuck fait fort ! On croise les doigts pour la suite.

M83HURRY UP, WE’RE DREAMING

Sixième galette du rare fran-çais French Touch non-issu de la capitale. Même s’il n’avait plus grand chose à prouver sur la qualité de ses titres, ce double album est une réussite. HUWD est long, mais pas ennuyeux. Une fois le premier CD fini, on hésite entre se jeter sur le second et ré-écouter les chansons qui nous sont déjà entrées dans la tête. Pour découvrir, le clip de Midnight city vous emmène dans monde d’en-fants aux supers pouvoirs.

M83 ne fait que nous rap-peler nos rêves d’enfants, et nous y ferait presque croire.

DEATH IN VEGASTRANS LOVE ENERGIES

Sept ans que Death In Vegas n’avait rien sorti. Ce projet entre rock et électro était habitué au guest type Iggy Pop et Liam Galager. Ici, malgré la troublante ressemblance avec Iggy sur Black Hole, seule Katie Stelmanies place sa (formi-dable) voix sur l’album de Richard Fearless.

DIV est encore une fois rem-pli d’émotions, l’introduc-tion de Your love my acid est très mélancolique. Le travail sur le son et les effets très shoegaze sont dérou-tants. Ce mariage entre voix pop et atmosphère anti-musicale est d’une efficacité sans pareil.

T.A.

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le rocher de palmer

Au cœur d’un splendide parc dominant la ville de Bordeaux, un nouveau pôle culturel et musical a été inauguré le 24 septembre 2010. Cet établissement au dessin original (un « rocher » rouge magnifiquement architecturé par Bernard Tschumi) regroupe 6700 m2 de lo-caux où sont proposés tous les styles de musique (classique, symphonique, musique de chambre, récitals, musiques amplifiées, techno, rock, jazz,

musiques du monde, « musiques de tous les mondes »…). Outre les trois salles de diffusion, le Rocher fédère de nombreuses actions : résidences, ateliers, stages, master-classes, expo-sitions, espace d’expérimentation, centre de documentation, régie numérique (captations vidéo, créations sonores...), un forum, des actions menées en direction des scolaires, des conservatoires, des liens avec l’Université… Également doté d’un bar et d’une brasserie dé-sormais réputée, le Rocher vient d’obtenir le label Académie des Arts par le secrétariat d’État à la politique de la ville. Cette labellisation, la première au niveau national, soutient à titre ex-périmental la mise en place du projet artistique et les actions périphériques qui y sont liées.

www.lerocherdepalmer.fr

Le Rocher de Palmer : 1, rue Aristide Briand 33150 CENON. Tel : 05 56 74 8000

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frank zappa, un iconoclaste du rock26

qu’un compositeur peut tout autant jouer du rock qu’écrire des partitions sympho-niques savantes. La pièce Black Page est nimbée d’effluves varésiennes (Album Zap-pa in New-York, 1978, à l’univers très jazz rock, entre autre dû à la présence des frères Brecker [Randy à la trompette et Michael au saxophone ténor]). Le solo de basson initial du Sacre du Printemps (Stravinsky) ouvre l’album Cruising with Ruben and the Jets (album de 1968), dans une rythmique doo-wop ! En 1964, Zappa fonde The Mo-thers of invention, groupe dont il est le lea-der. Tom Wilson, alors producteur de Bob Dylan, produit leur premier album Freak Out ! en 1966 et dans lequel Zappa rend son premier hommage à Edgar Varèse (mort en novembre 65) avec la pièce The Return of the Son of Monster Magnet.

Tout au long de sa carrière, Zappa entretient ainsi un rapport étroit avec la musique contemporaine qui alimente son univers créatif. En 1970, Zubin Mehta alors chef titulaire du Royal Philharmonique Or-

Pionnier, musicien éclectique, gui-tariste prodigieux et grand improvisateur, producteur, ingénieur du son, chef d’or-chestre, musicien indomptable et sans ban-nière ni barrière stylistique, Frank Zappa est une personnalité inclassable, auteur de quelques 1200 titres influencés tout autant par le rock, le jazz, le blues, le rhythm’n’blues que la musique contemporaine. Inlassable curieux, ivre de culture, il s’intéresse tout au-tant aux œuvres pour luth de la Renaissance française qu’aux musiques sardes, bulgares, indiennes, aux chants de marins, au free jazz, au funk... La musique contemporaine exerce une influence durable sur lui : l’école de Vienne de Schoenberg, Webern, Berg ; Oli-vier Messiaen, Béla Bartók, Harry Partch, Mauricio Kagel, Toru Takemitsu… ; mais ce sont surtout les recherches sur le son et l’espace timbrique menées par Edgar Va-rèse, la puissance rythmique des œuvres d’Igor Stravinsky ou l’univers musical de Pierre Boulez qui le séduisent et qu’il dé-couvre dès l’adolescence. Zappa soutient

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Celui qu’il ne faut pas considérer comme un unique « rocker » ni comme un compositeur de musique savante, renouvela sans cesse son art, créant ainsi un univers musical sonore inouï et unique dans le monde du rock.

I.H.

chestra de Los Angeles, interprète avec ses 104 musiciens les partitions orchestrales de Zappa. Le 9 février 1983, c’est Zappa lui-même qui dirige Ionisation (Varèse) à San Francisco. De 1983 à 1992, Kent Nagano présente en concert les œuvres de Zappa avec le London Symphony Orchestra. En-fin, après sa rencontre avec Pierre Boulez en 1981, celui-ci lui commande The perfect Stranger créé en 1984 au Théâtre de la ville de Paris par l’ensemble InterContemporain (orchestre créé en 1976 et dirigé par Pierre Boulez dans le cadre des activités de l’IR-CAM : Institut de Recherche et de Création Acoustique/Musique). Pénétrer l’univers zappaien n’est pas aisé tant son œuvre est riche, variée et immense. Ce chercheur, provocateur à l’humour décapant, génial inventeur, ma-nipulateur de sons, connaît les techniques d’enregistrement et mixe ses propres al-bums. Adepte de l’overdubbing, du re-re-cording, il utilise la bande sonore comme un matériau de création rappelant là en-core les recherches des pionniers de la mu-sique concrète Pierre Schaeffer ou Pierre Henry. Ses improvisations à la guitare sont légendaires et il s’aventure toujours plus loin vers de nouveaux horizons musicaux. L’album Hot rats (1969) et le titre Willie the Pimp avec ses riffs de violon [Jean-Luc Pon-ty et Don « Sugarcane » Harris au violon], son solo de guitare d’une grande liberté im-pressionne, entre autres, Phil Manzera de Roxy Music : « son solo semble vouloir durer éternellement, j’ai essayé de jouer en même temps que lui sur ce tempo et j’ai dû m’arrêter, épuisé ». Le triple album Shut up ‘n play yer guitar (1981) est un véritable kaléidoscope de sonorités, de rythmiques, et de lignes mé-lodiques modales voire atonales. En 1987, l’album Jazz from Hell reçoit le Grammy de la meilleure œuvre instrumentale rock (avec Ray White et Steve Vaï à la guitare ryth-mique). Frank Zappa revendiqua toujours une grande liberté et une indépendance ar-tistique qui le marginalisa parfois.

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RUN

RUNRONIE Festival Bebop, mercredi 16 octobre,

rendez-vous avec les Manceaux Run Ronie Run, l’occasion pour nous d’aborder aussi la place des musiques actuelles au Mans.

Gilles : On voulait monter quelque chose d’incisif avec Véro, un truc efficace à trois. On a commencé à faire des dates avant d’enre-gistrer, tester les morceaux sur scène. Véro, qui était habituée aux chœurs dans Switch On, a dû prendre les rênes pour se mettre au chant. Le temps que la mayonnaise prenne avec Rémi, on a mis un an et demi à travailler dessus. En fait, l’album date déjà d’un an mais on n’a pas pu le défendre auparavant puisque Véro était enceinte. Bambirock : Mais du coup, on n’a pas per-du notre temps puisqu’on a travaillé un set acoustique en guitare-piano-voix.Gilles : Oui parce que Rémi joue du piano aussi. Donc on a fait une pause électrique… De neuf mois (rires). De toute façon, on n’est pas super speed en création étant donné que Rémi et moi sommes intermittents, Véro ne l’est pas, on ne vit pas de Run Ronie Run, ce qui nous permet d’avoir le luxe de choisir

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Run Ronie Run, pourquoi ce nom de groupe ?

Gilles : Cela n’a rien à voir avec le film du même nom, ni avec Pony Pony Run Run, c’est simplement un jeu de mots quant à un des surnoms de Véronique (alias Bambirock).Bambirock : Et puis les noms de groupe, c’est souvent chiant à trouver !

Peut-on revenir sur la création du groupe Run Ronie Run ?

Bambirock : Il y a deux ans, Gilles et moi jouions ensemble dans notre ancien groupe Switch On qui a splitté, mais on voulait quand même continuer à jouer ensemble, on cher-chait donc un batteur et par l’intermédiaire d’un pote bassiste, on a rencontré Rémi.Rémi : Oui, en fait, c’est dans les couloirs du Silo que j’ai rencontré Gilles et Véro.

De gauche à droite : Gilles (guitare), Rémi (batterie) et Bambirock (basse-chant)

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on a rencontré run ronie run

des lieux où se produire selon nos envies.

Quels sont vos objectifs après cet al-bum? Faire un maximum de scène ?

Rémi : On est forcément à la recherche de dates, c’est à dire que quand on nous propose quelque chose, on l’étudie avec sérieux, mais comme on travaille tous à côté dans plusieurs projets, on ne peut pas se permettre de jouer ensemble tous les jours non plus.Bambirock : Le truc primordial, c’est de se faire plaisir, c’est l’avantage, quand on n’en vit pas, on peut se faire plaisir !

Le fait de travailler dans la musique vous aide-t-il selon vous?

Gilles : Non, pas du tout. Justement, le meilleur moyen de t’en écœurer, c’est juste-ment ça car tu côtoies des gens qui n’ont rien à voir avec ce que tu veux faire donc non, cela n’aide pas en soi.Rémi : Quand tu veux vivre d’un projet comme ça, il faut se soumettre.Bambirock : Quand tu veux vivre de ta mu-sique, il ne faut pas se voiler la face, il faut faire du commercial, de la variété, nous ce n’est pas ce qu’on a envie de faire, nous, on veut jouer ce qu’on aime, du rock. Et c’est aussi une affaire d’influences donc forcé-ment, tu ne vas pas faire une musique acces-sible à tous donc ça ferme quelques portes tout de même.

Quelles sont vos influences ? Vos der-niers coups de cœur ?

Gilles : Le dernier Foo Fighters (Wasting Light - 2011 ndlr) … Mais si on parle de choses très récentes, je suis assez content de jouer avec des groupes tels que Vismets car j’aime bien ce qu’ils font.

Bambirock : Je suis un peu obtus en matière d’influences, j’aime bien les vieux groupes rock, les vieux de la vieille ! (rires), je n’ai rien écouté récemment qui m’ait fait vibrer.Rémi : Moi je suis plutôt issu du jazz à la base, donc forcément, je n’ai pas les mêmes références que Gilles et Véro mais c’est aussi intéressant d’avoir des influences variées.

Vous qui êtes Manceaux, que pensez-vous de la vie musicale Mancelle?

Rémi : Il se passe énormément de choses en Sarthe !Gilles : On a quand même une vue faussée de la musique au Mans étant donné qu’on est tous bénévoles au Silo ; on se bat pour que cette structure associative existe, après ce sont des locaux de répétitions, ce n’est pas une structure qui va faire de la production ou faire tourner les groupes manceaux. Il y a des groupes et artistes qui sont en train de bouger du Mans, et ça aussi, c’est intéres-sant : le groupe Novels par exemple qui a été jouer aux États-Unis.Bambirock : Je trouve qu’il y a de plus en plus de groupes, mais pas pour autant plus de public. Après, il y a des connexions entre le Maine et l’Ouest qui sont en train de se faire, on n’est pas encore bien informé de ce qui se passe sur le plan local mais globale-ment, c’est en train de changer, avec Les ta-lents du Maine par exemple.

myspace.com/runronierun

Propos recueillis par Maggy TrottierPhotos : © Anna Krysztofek / © D.R.

Merci à Elen Debost / Festival Bebop.

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La MJC est un acteur majeur des musiques

actuelles en Sarthe avec ses cours de musique

où les élèves ont automatiquement accès à

des cours individuels, des ateliers collectifs, un

concert et des émissions avec la programma-

tion musicale de Radio Alpa, premier sur les

musiques actuelles en Sarthe.

DU 5 MARS AU 12 MAI 2012

RADIO ALPA FÊTE SES 30 ANS !

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grille anniversaire - cinéma

97, grande rue, 72000 Le Mans 02 43 24 73 85

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Page 31: La Cocotte Magazine

Tu connais la MJC Jacques Prévert au Mans ?

Pas encore ? Renseigne-toi vite ! C’est un lieu d’échanges et de découvertes incroyables. Que ce soit au 97, Grande rue ou au 42 place des Comtes du Maine, à Prévert, il y a toujours un truc à faire : une expo à découvrir, un concert à voir, une pièce de théâtre à applaudir, un film à partager et plein d’ateliers à essayer.

Par exemple: si tu veux te lancer ou te perfectionner dans le théâtre, la mu-sique, la danse ou la photo, c’est facile, tu peux adhérer à un des quarante ateliers d’expression qu’ils proposent. C’est ouvert aussi bien aux débutants qu’aux confirmés. À Prévert, ils ont un dispositif unique en Sarthe pour l’apprentissage des musiques actuelles : d’abord, tu débutes par des cours individuels. Puis, une fois que t’es prêt, t’as accès aux cours collectifs. Ça te permet d’ap-prendre à écouter les autres et de jouer les rock stars avec des gens qui partagent la même passion que toi. En effet, Prévert te propose une première initiation à la scène dans les différents concerts qu’ils mettent en place tout au long de l’année.

Si tu es tenté par la radio, sache que pour une cotisation de 21€ seulement, tu

la mjc prévert - publirédactionnel 31

peux de-venir chro-niqueur ou même animer ta propre émission.

Comment ? C’est simple, il te suffit de déposer un projet d’émission ou de chronique à la rédaction de Radio Alpa, la seule radio qui donne la parole à tous, expérimentés ou non, depuis 30 ans !Alors si tu as envie de partager ta passion pour la cuisine, le sport, le cinéma ou même le tri-

cot, viens en parler sur le 107.3fm Le Mans !

Tu connais le forum jeune ? Le Mans Cité Chanson ? Les festivals Bebop et À suivre de près ? Tu es déjà allé à la 25ème heure du livre ou aux « Alpa on » ? Donc sans le savoir, tu connais déjà la MJC puisqu’ils sont partenaires de tous ces événe-ments et de bien d’autres encore !

Intéressé ? N’hésite plus et adresse toi au 97, grande rue, 72000 Le Mans ou au 02 43 24 73 85 ou bien encore sur www.mjcprevert.com

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la péniche excelsior, l’histoire32

Il existe beaucoup de mythes sur des salles qui ont accueilli des groupes aujourd’hui connus. La péniche Excelsior en est sûrement le plus bel exemple en Sarthe. Asian Dub Foundation avant de signer avec Virgin, Yann Tiersen avant son travail pour la bande son du Fabuleux Destin d’’Amélie Poulain, Jeanne Cherhal avant le concours Le Mans Cité Chanson... Ces découvertes, ces groupes proches du public dans une salle de 100 places, sont organisés depuis 1998 par L’Excelsior, à la salle Jean Carmet ou dans la Péniche, baptisée Excelsior.

Mais depuis l’été 2010, si vous passiez sur le « pont arc-en-ciel » reliant Le Mans et Allonnes, vous n’aperceviez plus cette péniche.

L’embarcation était sortie de l’eau pour se refaire une beauté et une remise aux normes nécessitant deux mois de cale sèche. Mais alors que les travaux semblaient s’être bien déroulés et que la péniche allait replonger dans la Sarthe, de l’eau s’est infiltrée dans la coque et il a fallu ressortir directement le bateau.

Il faut savoir que pour une telle manoeuvre, il est nécessaire d’utiliser une grue d’un poidsrésistant à toutes épreuves. Après cet incident, ce qui inquiétait les équipes était l’arrivée de l’automne et l’humidité du sol qui risquait d’empêcher le travail de la grue pendant plusieurs mois.

L’Excelsior était donc loin de se rendre compte qu’il allait falloir travailler de l’intérieur du bateau. En effet, les premiers travaux étaient à l’extérieur et l’intérieur de la péniche (plancher, scène, installations électriques...) n’avaient pas bougé.

Une fois vidée, puis auscultée, les travaux se sont poursuivis plus calmement.

La Péniche s’est donc replongée dans la Sarthe en juillet 2011. Le temps de réhabiliter l’intérieur, un festival aura lieu du 14 au 22 mars 2012 avec entre autres : Loic Lantoine, Electric Electric, The Chap et le « collectif » LE DAHU (JP Nataf, Bertrand Belin, Albin de la Simone, Bastien Lallemant, Pascal Parisot, Holden)

lexcelsior.fr

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blog : les interweb

Le blog Les Interweb a été mis en ligne en décembre 2009 par Maxime Pascal, rédacteur en chef de La Cocotte et étudiant de la Licence professionnelle Gestion et Développement des Structures Musicales. D’abord support pour l’écriture de chroniques musiques et cinéma, le blog s’est vite dirigé vers les interviews filmées d’artistes de la musique. D’Yves Jamait à Soviet Soviet, plus de soixante artistes se sont succédés devant la caméra des Interweb. Dans les salles de musiques actuelles, sur les festivals ou dans des situations plus improvisées, les artistes jouent le jeu des questions-réponses. Le blog propose également des chroniques d’albums et des sessions acoustiques des artistes.

La ligne directrice du blog suit toujours les esthétiques qui touchent le blogueur. En effet, Les Interweb était orienté « scène française » jusqu’à septembre 2011, lorsqu’une nouvelle personne a participé au projet. Laura Zarkovic est venue proposer des artistes et des projets rock indé, un vrai tournant pour le blog. Aujourd’hui Les Interweb compte certains jours jusqu’à deux cents visiteurs et est aussi sur les réseaux sociaux : Facebook, Twitter ou Tumblr. Les deux ans ont été fêtés (à découvrir > la vidéo anniversaire) en décembre et le blog compte bien perdurer encore quelques temps.

Le concept du blog.

Il y a quelques années, la mode était aux fanzines, dématérialisés rapidement car souvent chers à produire. Depuis leur chambre, les blogueurs suivent attentivement l’actualité via le net et publient régulièrement sur leur blog. Totalement subjectifs, les propos tenus sur ces sites reflètent des avis de fans. Toutes ces structures virtuelles sont aujourd’hui de réels enjeux pour les artistes : elles sont souvent dignes de crédibilité et donnent des retours sur les projets qui sont au plus près du public.

lesinterweb.blogspot.com

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Après une comparaison à Ginzhu facile mais déplacée (Belgique oblige), le groupe Vismets a su se créer une identité propre.Résolument rock aux pointes électro pas dégueu, le groupe formé par Dan Klein bluffe, claque et emporte avec un premier album Gürü Voodoo.

Vismets, à l’occasion du festival Bebop, nous ouvre sa discothèque...

VISMETS

Gürü Voodoo (Roy Music / Universal Music) sorti le 18 04 11www.vismets.com

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VISMETS

Il fait quarante degrés dans la loge. Pour vous situer.

Il faut remonter à l’époque où Mys-pace avait encore la côte pour trouver un

groupe créé en 2006 par Dan. Armé d’un huit pistes, il compose ses premiers mor-ceaux. Huit mois après la mise en ligne, un tourneur lui propose une première partie à l’Orangerie, Dan accepte. Sans avoir de groupe...Il recherche donc des musiciens, Antony, son frère et Nicolas se greffent au groupe. Vismets naît et tourne beaucoup en Bel-gique. Après ce premier live en 2007, Remy amène sa guitare. Vismets se met à jouer fort et méchamment. Le premier album Gürü Voodoo, hommage au groupe français Magma et son album Üdü Vüdü, ne laisse pas indifférent.

Si on devait faire un classement des projets musicaux que vous préférez, que trouverait-on dans la liste ?

Remy : Je ne fais pas de classement, c’est selon mon humeur, selon plein d’aspects alors on ne peut pas classer. Dan : On a tous des influences différentes, ça peut se ressentir dans le projet. Je pense avoir évolué avec des musiques plutôt oldies et des fois étranges, Rem’ avec du rock indé de ces vingt dernières années, Nicky a écouté des choses plus dures ; c’est un mec qui a été dans des groupes de métal et qui a aussi une culture rock américaine. Chacun a un peu son domaine.

Néanmoins il y a bien des projets qui vous mettent d’accord ?

Oui, Magma avec Üdü Wüdü, par exemple. Magma est un vrai groupe dont je [Dan ] suis

« fan ». On aime cette musique intello mais qui a des tripes et des couilles. C’est organique et animal. Le vrai paradoxe chez Magma c’est ça : ils arrivent à faire de la musique très intellectualisée et pourtant si animale. Leur musique est sombre, poétique, violente. C’est fin. Il y a aussi évidemment les Beatles. On ne peut pas attaquer les Beatles. Tu dis « The Beatles » et tout est dit. C’est la même chose, il n’y a pas un album en particulier. Parfois dans les interviews on nous demande quels seraient les trois disques qu’on prendrait sur une île déserte, il y a toujours un des Beatles. Je me demande même si je ne prendrais pas trois disques des Beatles. (rires).

© D

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dans la discothèque de vismets36

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EN QUEL FORMAT SERA CETTE DISCOTHÈQUE ?

Dan : Cette discothèque sera forcément en vinyle. Mais aujourd’hui elle est multiple, on n’a plus le choix, elle est en mp3. Il faut vivre avec son temps... Néanmoins si elle doit prendre un aspect physique, ce sera en vinyle.

V I N Y L E C D MP3

On va jouer au « Quel est le meilleur morceau pour... »... Quel est le meilleur morceau pour conduire ?

Nicolas : Ça dépend quand.

Après un concert, pour rentrer à l’hôtel par exemple.

Tous : Rien ! Antony : On vient de prendre une heure de musique, alors rien, le silence.Nicolas : Parfois Dan joue de la guitare.Dan : Sinon, juste conduire, un Pink Floyd comme Shine on you crazy diamonds, c’est bien, ça va avec le rythme des bandes blanches !Nicolas : Il ne faut pas non plus quelque chose de trop calme parce qu’en France les routes ne sont pas éclairées, on s’endort vite.

Quel est le meilleur morceau pour faire la cuisine ?

Dan : La radio. Ça me paraît tellement débile de mettre un disque en particulier pour faire la cuisine.Nicolas : Tu écoutes les aliments frémir. Tu écoutes tes casseroles.

Quel est le meilleur morceau pour faire l’amour ?

Dan : Barry White !

Vismets c’est bien pour faire l’amour ?

Remy : Certainement, on n’a jamais essayé, ce n’est pas facile quand on joue en même temps !

Quel est le meilleur morceau pour danser ?

Antony : Les Jackson Five !Dan : Oui, un truc de Jackson. Propos recueillis par Maxime Pascal

Photos : © Franck Bohbot / © D.R.Merci à Elen Debost (Bebop) et Perrine Crubilé (Petite Cuisine)

Quel est le meilleur morceau pour un bain un lendemain de cuite ?

Nicolas : Vangelis.Antony : C’est un peu dangereux.Dan : La BO du Grand Bleu, sinon.Nicolas : Ou Le Lavabo de Lagaf.

Quel est le morceau dont vous avez honte ?

Antony : Remy aime bien Calogero...Remy : Non ! Parfois un petit Madonna à la maison.Dan : Il ne faut pas avoir honte des premiers Madonna. Moi je pense que ce serait Pierre Vassiliu.Remy : Nicolas aime Coldplay secrètement.Nicolas : Balavoine, peut-être...

dans la discothèque de vismets 37

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MUSIQUES ACTUELLES,CONSTATS ET ENJEUX EN SARTHE

LE GRAND ZOOM :MUSIQUES ACTUELLES,CONSTATS ET ENJEUX EN SARTHE

C’est la crise du disque, les jeunes téléchargent illégalement, on tue les artistes, les disquaires... Néanmoins il a été constaté, avec surprise pour beaucoup, que la Sarthe est un département porteur de nombreux projets musicaux, plus de six cents.

C’est avec tant d’idées préconçues et ce constat que nous sommes allés rencontrer les professionnels de la musique pour recevoir leur point de vue sur le secteur des musiques actuelles tel qu’il est aujourd’hui mais aussi tel qu’ils aimeraient le voir évoluer.

Quelles sont les attentes des groupes ? Quelles sont les offres proposées ? Quels sont les projets envisagés ?

Les réponses sont dans Le grand zoom...

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MUSIQUES ACTUELLES,CONSTATS ET ENJEUX EN SARTHE

LE GRAND ZOOM :MUSIQUES ACTUELLES,CONSTATS ET ENJEUX EN SARTHE

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le grand zoom

YANN FRÉMEAUXPROGRAMMATEUR DE L’ALAMBIK!DIRECTEUR DE LA MJC RONCERAYRESPONSABLE DU MAGNÉTO

La salle de L’ Alambik a été intégrée à la MJC dès la construction en 1970. L’histoire l’a fait évoluer en salle de spectacle assez alternative et underground. C’est notre principal outil de travail sur les musiques actuelles.

LES MISSIONS Principalement de l’accompagnement, pour

permettre à des groupes d’utiliser la salle pour des filages, des répétitions plateaux ou des ré-sidences.

Nous faisons aussi de la diffusion publique d’ateliers de collectifs de musiques actuelles amateurs. Par exemple nous permettons à ces groupes et leurs professeurs de se confronter au public dans des conditions professionnelles

Nous faisons aussi des co-productions avec des associations, notamment sur des esthé-tiques qui sont plus difficiles d’accès. Par exemple, en musiques extrêmes avec Syncope, Free Edge, Parkinsound ou Crev’ la Dalle pour le hip-hop... Enfin nous faisons de la pro-grammation pour deux ou trois concerts par

an.LES BESOINS POUR LES GROUPES LOCAUX

L’un des sujets principaux est l’accompagnement. Il y a beaucoup d’initiatives, qui sont intéressantes, mais sans articu-

lation. L’enjeu va être de faciliter les coopérations, avec un accord commun des porteurs de projets et des collectivités et de mettre des

liens entre les offres comme Le Silo, L’Alambik puis L’Excelsior. Certains groupes qui ont répété au Silo vont devoir utiliser un plateau,

celui de L’Alambik, et ces projets vont avoir besoin de moyens techniques et d’accueil proposés par Les Saulnières... Ces articulations sont l’enjeu de 2012.

LE DISCOURS DES GROUPES Il y a deux visions ! Il y a les musiciens qui se concentrent sur leur pratique et qui ont

énormément de difficultés à regarder leur environnement. Ils ne le comprennent donc pas et n’y participent pas. C’est problématique car la concertation sur les musiques actuelles en Sarthe (> à consulter sur myspace.com/lemagneto) a commencé il y a deux ans, mais la mo-bilisation des musiciens est très faible. Au bout d’un moment, c’est difficile de se mobiliser seul alors que c’est pour eux.

Néanmoins, les groupes demandent que l’offre de service proposée corresponde à leurs besoins. Le schéma d’offre de services en terme d’accompagnement et de développement doit être plus lisible. Clairement, il y a des freins structurels. Lorsqu’un groupe avec un

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le grand zoom

projet artistique solide, a fait Le Mans Cité Chanson, joué à L’Oasis, Zic’avenir ou Artiste en Scène, il a besoin de sortir du territoire,.Mais comment ? Là,nous avons une réponse à apporter.

Aujourd’hui, il y a des compétences en ac-compagnement qui voient le jour, à travers des jugements extérieurs de professionnels de l’arrangement, l’orchestration, la pro-duction... S’il y a des ingé son qui travaille dans les studios, c’est parce qu’on ne peut pas tout faire avec un Mac. On peut réaliser des maquettes pour se faire connaître, mais pas des albums. Idem pour le live, la scénographie ou la sonorisation ça ne s’improvise pas. Chaque groupe a besoin de bonnes res-sources. Dans la musique, beaucoup pen-sent que les seules personnes en droit de leur donner un avis sont leurs pairs. Mais ça évolue car les musiciens se rendent compte de cet intérêt. En fait, l’accompagnement ce n’est pas juste une offre de service, mais un apport d’autres compétences et de critiques si bien sur l’esthétique que sur le technique pour avoir des projets qui tiennent la route.

LA CRISE DU DISQUE...La crise du disque, c’est une fausse ques-

tion. C’est un élément à prendre en compte mais ce n’est pas la seule réponse à la situa-tion. De toute façon, ce n’est pas une crise du disque, c’est une crise des majors tout sim-plement : Universal / EMI, Warner et Sony. Ça fait quarante ans qu’ils font du regroupe-ment, de l’augmentation de profits et qu’ils donnent une réponse économique au sec-teur artistique et à celui de la musique, avec des croisements entre financements privés et publics. On ne va pas en pleurer.

Après, sociologiquement, nous sommes dans une société où le temps va plus vite. Avant les changements économiques ou

sociologiques mettaient deux siècles maintenant c’est en trois ans. C’est difficile à suivre, mais ce n’est pas spécifique à la musique. Néanmoins, dans nos fondements, il y a les arts et la culture. Il n’y a pas de crise là-dessus. La création n’a jamais été aussi riche, dense, intéressante. Que ce soit sur un plan professionnel ou amateur, il y a énormément d’artistes et il y aura toujours des gens pour les écouter.

Ensuite, on pose les questions d’organi-sation et d’économie du secteur, comme

pour un produc-teur de voitures. Le travail péda-gogique est de faire comprendre

que ça coûte de l’argent donc il faut une production économique. Aujourd’hui, en Pays de la Loire, le secteur des Musiques Actuelles représente un quart du marché de l’industrie navale. Il y a de l’argent, avec des problèmes d’organisation, alors la question devient politique. Qu’est-ce qu’on veut comme modèle économique ? Les majors répondent vite et fort, à nous de proposer des modèles alternatifs. Pour ça, il faut comprendre les modèles qui existent.

L’ENJEU DES PROCHAINES ÉLECTIONS

Une réconciliation de l’éducation popu-laire et de la culture. Mais c’est utopique. Très peu d’élus ont cette vision là. Le pro-blème est que les politiques sont devenus des techniciens qui ne portent plus de pro-jets politiques, mais des réformes. Les re-pères des sciences politiques ont disparu, c’est une partie de la crise. Donc je défends l’intérêt de l’éducation populaire comme principe, pas comme mode opératoire.

“ Des propositions mais pas d’articulation ”

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JULIEN MARTINEAUCOORDINATEUR DU CENTRE RESSOURCE-INFOS MUSIQUE SARTHE (CRIM)

Le CRIM (Centre Ressource Info Musique)existe depuis six ans, sous l’initiative de BEBOP, sous l’impulsion du service départe-mental de la culture. Le rôle du CRIM est de mettre en relation les différents acteurs de la musique en Sarthe : musiciens, organisateurs, labels...

LES MISSIONSCe que j’essaie de développer est l’aspect

pôle d’attractivité. Pour moi, le centre info doit être un lieu pour se poser et consulter des documentaires ou l’actualité de la Sarthe voire même des territoires plus éloignés. Il y a donc des ressources, mais j’ai rapproché le CRIM de l’idée du Médiator que je gérais depuis deux ans. Il y avait des CD de groupes locaux, des magazines nationaux ou locaux comme la feuille (magazine du CRIM), un site web avec des articles et des annonces. Avec le CRIM, il y a plus de ressources. Il faut aussi donner envie aux personnes de venir avec autres choses que du « technico-professionalo-administratif ».Ensuite, l’autre mission du CRIM, c’est l’ac-

compagnement de projet. Pas d’accompagnement des pratiques comme TDM, Abrazic ou L’élastique à mu-

sique. Je réponds aussi aux questions « comment fait-on un disque ? » ou « comment produit-on un disque ? ». Ces

démarches peuvent paraître compliquées lorsqu’on n’est pas initié, alors qu’avec des outils communs cela peut être très simple

Certaines personnes apprennent à utiliser le service du CRIM, ensuite elles reviennent et cela devient de l’accompagnement de projet. Il y a aussi

des demandes ponctuelles, qui sont moins évidentes mais j’essaie toujours de garder contact. L’avantage est qu’aujourd’hui, en étant au Silo, cela peut être

très informel car j’en croise beaucoup là-bas.LES BESOINS POUR LES GROUPES LOCAUX

Selon Le CRIM, le manque principal est le travail entre acteurs, donc mon travail. Il y a beaucoup d’initiatives, mais il manque du lien. Mon rôle est là, mais l’accompagnement ce n’est pas du management. Je ne suis pas à l’intérieur des projets pour les faire avancer. Pour accompagner, cela dépend des personnes qui participent aussi à cette démarche. Finale-ment, l’accompagné doit prendre part aux opérations.

Travailler ensemble est une finalité, c’est toujours perfectible. Par exemple, des musi-ciens se sont mis ensemble il y a six ans pour monter Le Silo. Peut-être que cette structure pourrait travailler avec d’autres studios. Le domaine de la répétition en Sarthe se porte plu-

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tôt bien. Par contre, sur l’accompagnement d’artistes et de projets, toutes les pièces du puzzle n’existent pas encore.

Et pour la diffusion, cela viendra plus tard, dans une seconde étape. À l’échelle de l’ag-glomération du Mans, c’est une question assez politique avec le fait que les acteurs et les politiques travaillent ensemble. Au-jourd’hui, il y a peu de visibilité ni de travail en commun... mais nous suivons un schéma : « répétition, accompagnement et diffusion ». La phase actuelle, c’est l’accompagnement.

Beaucoup de musiciens prati-quent la musique comme un loisir. Ils ne font pas, ou peu, de concerts. D’autres se croient dans les télé-réalités, en imaginant le plateau de l’Oasis comme un but ultime. Une grande partie suit sa route avec des répétitions, des concerts dans des bars du Mans, puis dans d’autres villes de Sarthe puis de la région. Ces groupes-là sont souvent contents de leur projet.

En fait, beaucoup de musiciens n’ont pas de discours réfléchi et certains veulent de-venir pro ; ils sont alors plus investis et sou-lèvent des questions sur la situation et leurs véritables besoins.

ACTION CULTURELLEIl y a des chantiers. Par exemple, le 8 février

2012 à la salle Jean Carmet à Allonnes, Le CRIM et L’Excelsior invitent Laurent Bonnet, délégué régional de la SACEM, et d’autres ac-teurs pour répondre aux questions des mu-siciens, des professionnels, mais aussi des amateurs de musique, sur la SACEM, pour la différencier de la SDRM, du CNV...

L’image du Silo est visible sur le site du Médiator, puisque ce qu’il propose existait déjà avant en interne. Ce n’est donc pas le blog ou les outils qui font l’activité, mais la

demande des usagers. Par exemple, au début le Silo avait quatre salles et avec la hausse des adhérents, on a créé de nouveaux services, acheté du matériel et construit de nouvelles salles. En utili-sant des termes spécifiques, c’est proche de l’économie solidaire.

LA CRISE DU DISQUE...La crise du disque joue certainement

sur la situation, mais c’est juste le mo-dèle qui fonctionne plus. Avant, les ventes

de disques fi-n a n ç a i e n t les tournées, a u j o u r d ’ h u i c’est l’inverse.

Un nouveau modèle est en train de se construire avec des outils différents. Je ne pense que c’est la génération qui a fait l’économie du disque qui trouvera cette solution. Ma seule peur est sur la culture du zapping, car les albums ne sont plus écoutés en entier, mais par titre. Un titre est écouté pendant trois semaines et est oublié.

L’ENJEU DES PROCHAINES ÉLECTIONS

Les enjeux politiques de 2012 concer-nent plus le Magnéto, mais on est toujours susceptible de demander quelque chose à des institutions publiques. Le CRIM est totalement subventionné par le Conseil Général, même si les projets sont financés par BEBOP aujourd’hui et, j’espère, à l’ave-nir.

Donc il n’y a pas d’enjeu politique à ma fonction, mais je pense que chaque action est politique, surtout sur les choses du quotidien comme aller voir des spectacles.

“ Répétition, accompagnement et diffusion ”

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HÉLÈNE CHEDORGESRESPONSABLE DU SERVICE CULTUREL AU CONSEIL GÉNÉRAL DE LA SARTHE

Je travaille pour le CG72 et je suis mise à disposition du centre culturel de la Sarthe. Le centre culturel de la Sarthe est un établis-sement créé par le CG72 qui gère les proprié-tés historiques du département et les activi-tés culturelles qui s’y déroulent comme des concerts, des expositions d’art contemporain, de la formation artistique...

LES MISSIONS

Les élus se rendent comptent que la musique classique n’est pas le vecteur du plus grand public. Il faut trouver des voies d’accès à cette musique avec des musiciens world ou Jazz et des formes familiales et jeunes publics. Dans cette évolution, le festival Tériaki m’a proposé une collaboration en investissant l’Abbaye de l’Épau avec des formes d’électro qui convien-nent. Ça a très bien marché, car 800 personnes sont venues. Les conseillers généraux sont at-tentifs à toutes autres propositions de ce genre.

Nous avons constaté qu’il y avait très peu d’actions en musiques actuelles. D’autre part, dans

mon cursus professionnel j’ai été confronté à la ques-tion des musiques actuelles et des politiques publiques.

Donc en arrivant, j’ai vu ce manque dans ce département qui présente plein d’atouts : l’ITEMM, les harmonies liées aux che-

minots, des écoles de musiques développées, l’Europa Jazz... Il y a donc énormément de manifestations de musique, plus que tout autre

art. Les musiques actuelles y sont majoritairement représentées. C’est donc paradoxal de ne pas avoir d’événement ou de lieu phare comme tout

autour de la Sarthe à Alençon avec La Luciole, Angers avec Le Chabada...

Cela fait plus d’un an que nous avons commencé une concertation sur les musiques ac-tuelles et il est temps d’agir avec des préconisations pour 2012. Le souhait du département et de l’ensemble des collectivités est de travailler ensemble pour avoir des propositions d’actions de court terme pour la visibilité ou la mutualisation. Cela est nécessaire, mais il nous faut aussi des préconisations de moyen et de long terme. Il faut travailler sur deux choses : la remise en cause perpétuelle du collectif et le développement d’un espace de dialogue inter-collectivités, prenant en compte nos différentes priorités. Pour cela, il faut un schéma de long terme comme le SOLIMA (Schémas d’Orientation de Développement des LIeux de Musiques Actuelles). En 2012, il faudra proposer des perspectives porteuses d’espoir. Je pense que le département sera toujours ouvert et je trouverais triste que per-sonne n’en profite.

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LA CRISE DU DISQUE...

Mon sentiment est que les politiques pu-bliques se sentent démunies face à la crise du disque. En quinze ans, le secteur a été regroupé autour de quelques acteurs inter-nationaux, sur lesquels on n’a aucun poids. Ils se sont éloignés du monde réel et de leurs clients.Ce que je traduis pour le secteur public par la question des médiathèques. Puisque que le nouveau mode de consom-mation n’y est pas encore pris en compte. Les politiques sentent ce change-ment, mais n’ont pas de réponse.

Pour le spectacle vivant, la mobilisa-tion autour des musiques actuelles, comme le soutien des cafés-culture, est une réponse. D’autres réponses existent, pour moi le contrôle du numérique est utopique car la technique dépasse toujours les freins qu’on y pose, cela mène à la répression. Nous avons besoin de médiateurs, pour résoudre le problème de culture unique avec des ar-tistes très repérés et diffusés.

Je trouve que les musiques indépendantes ont un rythme de sortie fou et c’est compli-qué de s’y intéresser. Ces artistes soufrent de n’avoir personne qui aiderait le public à s’y retrouver. Même la presse est à la ramasse : lorsqu’on ouvre un magazine, on connaît déjà son contenu. Les médiathèques et les disquaires peuvent jouer ce rôle et on doit s’inspirer du théâtre ou de la danse, car leur réseaux sont croisés et les talents émer-gent plus facilement.

LES STRUCTURES LOCALES

Nous avons choisi d’être attentif aux lieux et aux associations qui sont capables de faire ces repérages puis de les mettre au milieu de la scène. Pour moi, Tériaki est le meilleur exemple car ils vont rechercher des artistes

pointus pour la Sarthe, sans jamais aller à la facilité. Leur ouvrir les portes d’un lieu comme l’Épau leur a permis d’aller encore plus loin artistiquement. Je peine à trouver d’autres personnes pour cela.

En revanche, la programmation de Be-bop est plus consensuelle, avec des ar-tistes déjà en radio ou reconnus par des institutions. Le risque artistique est beau-coup moins limité que Tériaki, Le Labo So-nore ou la Marmite festival. Je pense que

nous devons aller vers ses inter-locuteurs et les pousser.

La question n’est pas de dicter le bon goût en organi-sant directement des événements comme en musique classique. Pour les musiques actuelles, je préfère m’appuyer sur des acteurs locaux en leur apportant des moyens.

L’ENJEU DES PROCHAINES ÉLECTIONS

Pour 2012, il y a les présidentielles et les législatives, c’est donc un temps na-tional important. Beaucoup pensent que la culture est aux collectivités, mais l’État reste paternaliste sur la culture et a un rôle en terme d’économie culturelle, face aux groupes internationaux par exemple. Les collectivités ont besoin d’un dialogue serein qui est possible par le cadre de poli-tiques publiques de l’État.

Le vrai enjeu sera en 2014, car il y a un renouvellement des communes, des in-tercommunalités, pour la première fois au suffrage universel, et des conseils gé-néraux et régionaux. Si l’État changeait, il y aurait peu d’impact sur les projets en cours, mais, en local, si un acteur dit « je ne veux plus de concertation » c’est fini.

“ Faire des repérages et mettre sur scène ”

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L’année dernière, était créée une nouvelle formation à l’Université du Maine en partenariat avec l’Itemm (www.itemm.fr) : La Licence profes-sionnelle Gestion et Développement des Structures Musicales. Dix-neuf étudiants ont ouvert le bal avec cette Licence professionnelle donnant accès direc-tement au monde du travail dans le secteur des mu-siques actuelles.

Cinq mois de cours, quatre mois de stage. Bel équiiibre.

En fin d’études, tous les étudiants ont été intégrés dans différentes structures durant quatre ou six mois, expériences enrichissantes durant les-quelles chacun a pu se spécialiser, se former et dé-couvrir des pans de métiers de ce secteur en perpé-tuelle mutation.

Nous avons retrouvé 3 étudiants cette an-née pour connaître leur parcours depuis le stage, leurs expériences et leurs impressions post-forma-tion. Portraits.

Découvrez la formation en flashant ce code.

formation-musiques-actuelles.com/fr/

PORTRAITS PROQue sont-ils devenus ?

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Alexis BourieAu« Je suis devenu auto-entrepreneur »

22 ansOriginaire de VendéeBAC ESLicence Info-communication

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Dans le cadre de la formation au Mans, j’ai fait six mois de stage chez 3C Tour (producteur de spectacles et de

tournées - ndlr). J’ai terminé fin août et j’ai cherché un emploi. Après des recherches toujours dans le milieu des musiques actuelles, j’ai obtenu deux contacts qui se sont transformés en propositions à Wagram et Barclays. Il y a beaucoup d’offres sur Paris mais je veux pas y aller tout de suite car j’ai un groupe de musique qui me demande pas mal de temps (je suis originaire de Vendée et je vis à Angers).

Du coup, vers le début du mois d’octobre, mon ancien maître de stage avec qui j’avais travaillé à 3C Tour en 2010, m’a recontacté car il savait que j’étais à la recherche d’un emploi… Il travaille en free-lance avec différentes structures : le label Yotanka à Angers, le magazine Tsugi sur Paris…Je l’ai donc rencontré sur Angers avec un des responsables du label Yotanka (Vivien Gouery, Manager de Zenzile et Nouvel R).Ils recherchaient quelqu’un pour faire du booking et du développement sur deux projets jeune public = Les frères casquette

UN CONSEIL ?

Ma formation à l’Université du Maine et à l’Itemm m’a beaucoup aidé et m’a permis d’élargir mon réseau. Le réseau ! Ce n’est vraiment pas une légende urbaine…dans le milieu de la musique, ça marche grâce au réseau. Notre formation a contribué à alimenter notre réseau.

(Rap pour enfant avec deux membres de Nouvel R) et Haricot Nick junior (spectacle pour enfant, ancien chanteur des Farfadas…). Ils m’ont proposé de prendre une commission sur les dates que j’allais booker…

L’idée m’a plu et je suis allé plus loin dans la démarche car je suis devenu auto-entrepreneur en créant ma propre structure : 1D Diffusion. Je travaille donc en collaboration avec le label en bénéficiant de leurs locaux, de leur réseau et de leur savoir-faire, et grâce à ma structure, je vais pouvoir développer d’autres activités (promotion, régie, etc). C’est une solution provisoire mais qui me permet de garder un pied dans le milieu, de développer mon propre réseau et d’avoir encore et toujours plus d’expérience.

Début janvier, Alexis a signé un CDI chez 3C Tour. Il peut ainsi continuer ses projets tout en ayant un travail et un salaire fixe.

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de cette période des contacts dans le secteur musical parisien, notamment avec les entreprises de productions. Cette polyvalence a constitué pour moi un atout majeur pour mon avenir professionnel, de même que la réputation de la salle. J’ai cherché ensuite un emploi via les sites d’annonces en ligne spécialisés mais aussi par le biais du bouche à oreille. J’ai finalement été rappelée par l’association File 7, une SMAC (Salle de Musiques ACtuelles) basée sur le Val d’Europe en Seine et Marne. À la suite des entretiens j’ai été retenue pour un emploi tremplin en tant qu’assistante de communication, d’administration et chargée d’accueil du public (le même genre de poste que j’ai occupé lors de mon stage de fin d’étude). J’ai débuté le 2 novembre en CDI.

Suite à mon Bac littéraire, je me suis orientée vers la communication grâce à un DUT Information et Communication. Par la suite, je me suis orientée vers l’événementiel culturel par le biais de projets, d’options et de stages, en me rapprochant le plus possible de la musique et du spectacle vivant. Une fois mon DUT en poche j’ai choisi de faire une année d’Histoire de l’Art et Archéologie en Fac. À la fin de cette année j’ai postulé pour intégrer la Licence professionnelle GDSM du Mans. Outre les apprentissages acquis au cours de ma formation au Mans, j’ai eu l’opportunité de faire mon stage de fin d’études au Café de la Danse, salle de concert située à Paris Bastille. J’étais sur un poste de soutien qui m’a permis d’aborder différents aspects : administration, communication, production et accueil du public. Ce stage m’a beaucoup apporté et ce pour différentes raisons. J’ai tout d’abord été impliquée cinq mois complets dans l’équipe de la salle avec des missions ciblées sur les besoins de chaque secteur. Les missions étaient évolutives et au fur et à mesure de mon stage j’ai pu aborderles choses de plus en plus en profondeur. L’équipe était restreinte, disponible et l’intégration facile. Les contacts s’effectuaient donc facilement. Je garde

UN CONSEIL ?

Ma formation à l’Université du Maine m’a aidée car c’est une formation très concrète qui m’a permis de croiser de nombreux professionnels. Le milieu des musiques actuelles est très petit, la plupart des acteurs se connaissent et est encore très centralisé sur Paris. Ayez des contacts !

Aline GAutrin« La polyvalence est un atout »

22 ansOriginaire de MayenneBAC L D.U.T. Information et Communication

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Anne DelvAs« Il faut avoir des contacts »

21 ansOriginaire de Seine-Saint-DenisBAC ES B.T.S. Audiovisuel

Après un BTS audiovisuel en gestion de production, je voulais approfondir ces connaissances administratives au secteur des musiques actuelles, la musique étant autant une passion pour moi que le cinéma. Je souhaitais voir comment aborder la gestion administrative dans les différentes structures musicales existantes, comment manager un groupe, qui sont les différents acteurs du secteur...

À l’Université du Maine, j’ai pu ainsi acquérir une culture musicale plus approfondie, rencontrer de nombreux professionnels qui nous ont fait part de leurs expériences

En fin d’étude, j’ai effectué un stage de quatre mois au festival Musiques Métisses d’Angoulême. J’avais entendu beaucoup de bien de ce festival, c’est pour cela que j’ai postulé en premier lieu là-bas et ça a marché!

Ce stage a été une expérience enrichissante d’un point de vue professionnel et humain. Ma mission principale fût de gérer les 115 bénévoles, du recrutement jusqu’à la fin du festival, et de

contribuer au suivi administratif du festival.

Concernant mes recherches d’emploi, j’ai postulé (et continue) dans diverses structures musicales : festivals, labels, salles de concerts... mais aussi audiovisuelles au vu de mon cursus précédent, principalement dans le grand ouest et le centre de la France.

UN CONSEIL ?

Si j’ai un conseil à donner aux futurs professionnels c’est de ne pas se fermer les portes, de faire du bénévolat lorsqu’on peut, de rencontrer beaucoup de monde et de ne jamais baisser les bras malgré la conjoncture économique.

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LA PÉNICHE EXCELSIOR : Rue de la Raterie 02 43 83 42 25

SALLE JEAN CARMET : 5, boulevard d’Anjou 02 43 83 42 25

LE MANS

EVE : Avenue Laënnec 02 43 83 27 70

LE SILO : 27, Rue François Monier 02 43 72 96 86

MJC JACQUES PRÉVERT : 97, Grande Rue 02 43 24 73 85

MJC RONCERAY / L’ALAMBIK : Bd de la Fresnellerie 02 43 72 52 22

MLC LES SAULNIÈRES : 239, Avenue Rhin-et-Danube 02 43 14 55 15

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remerciements

L’équipe de la rédaction tient à remercier chaleureu-sement toutes les personnes qui ont permis à ce maga-zine d’être entre vos mains. Nous pensons évidemment à tous les artistes que nous avons rencontrés, Vis-mets, Run Ronie Run, Charles Pasi et Hushpuppies ainsi qu’à leurs intermédiaires, à ceux qui ont joué le jeu du Grand Zoom, Hélène Chedorges, Julien Martineau et Yann Frémeaux, aux étudiants de la Licence profession-nelle GDSM 2011 et à la promotion 2012, à nos parte-naires, et un merci tout particulier à Isabelle Handy, responsable de la Licence à l’Université du Maine, pour son accompagnement sur ce projet et à Bernard Schaub, responsable du pôle multi media / nouvelles technologies de l’Itemm, pour ses conseils avisés.Et merci à tout ceux que nous avons oubliés !

Maggy Trottier, Tony Avont, Maxime Pascal

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