La construction de l'identité

La construction de l'identit

Louis-Jacques Dorais Dpartement d'anthropologie Universit Laval

L'identit fait partie depuis quelques dcennies de ces concepts passe-partout dont se dlectent les praticiens des sciences humaines et sociales. Cette situation dcoule peut-tre, au moins partiellement, de la vague d'inscurit ontologique qu'a entrane la chute de l'ordre dualiste qui avait rgn tout au long de la guerre froide et de son remplacement par le dsir d'hgmonie conomique, politique et culturelle apparemment manifest par les autorits tatsuniennes. Une analyse plus approfondie mettrait sans doute aussi en lumire la disparition des certitudes pistmologiques jusque-l admises - la fin de la modernit scientifique en d'autres termes - qui peut avoir pouss les chercheurs se demander qui ils sont et qui sont les autres. Quoi qu'il en soit, des milliers de publications sur l'identit ont paru depuis le dbut des annes 1980 ; il est donc important d'essayer de dfinir ce concept de faon relativement prcise.

DFINITIONS Il existe probablement autant de faons de dfinir l'identit que de spcialistes en sciences sociales. C'est pourquoi les dfinitions que je vais donner ici sont loin d'tre les seules possibles, elles ne

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LOUIS-JACQUES DORAIS

sont ni meilleures ni pires - je l'espre - que celles qu'on peut trouver ailleurs. En langue franaise, on pourra utilement consulter ce sujet les travaux - fondamentaux chacun sa manire - de Carmel Camilleri et al. (1990) sur les stratgies identitaires et de Benedict Anderson (1996) sur la gense des identits nationales ou, encore, l'utile synthse de Poutignat et Streiff-Fenart (1995). Pour une dfinition de l'identit illustre par des exemples inuit1 on se rfrera Dorais et Searles (2001). L'identit est infiniment prgnante parce que omniprsente. Chaque individu possde sa propre conscience identitaire qui le rend diffrent de tous les autres. Cela signifie que l'identit est d'abord apprhende comme phnomne individuel. On peut fondamentalement la dfinir comme la faon dont l'tre humain construit son rapport personnel avec l'environnement. Cette dfinition contient trois mots cls qui se doivent d'tre expliqus. 1. L'identit est un rapport. Ce n'est pas une qualit intrinsque qui existerait en soi, en l'absence de tout contact avec les autres. Les gens commencent s'identifier ds qu'ils se rendent compte du fait qu'ils ne sont pas seuls au monde, que le milieu o ils voluent comprend d'autres personnes et d'autres lments dont ils ont besoin pour oprer de faon productive. Ce phnomne apparat trs tt dans la vie de l'individu. Pour certains peuples - les Inuit par exemple - il dbute mme avant la naissance, puisque chacun rincarne en quelque sorte ceux qui portaient auparavant son nom. Le rapport identitaire relve trs largement du subconscient, mais il n'en demeure pas moins qu'il faonne la perception que chaque individu a de sa place dans l'univers. 2. Parce que l'identit est avant tout relationnelle, elle est sujette changement quand les circonstances modifient le rapport au monde. Cela signifie qu'elle n'est pas donne une fois pour toute ; elle est plutt construite. Ce processus de construction se poursuit tout au long de la vie, quoique certains lments de l'identit personnelle soient plus permanents que d'autres. La construction

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Dans ce texte, l'orthographe du mot inuit respecte la dcision du 9e Congrs d'tudes inuit tenu Iqaluit en juin 1994.

LA CONSTRUCTION DE L'IDENTIT

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identitaire reflte l'histoire personnelle de chacun. Cette histoire comprend plusieurs lments diffrents : l'interaction de la personne avec ses parents, l'apprentissage des rles lis son sexe, l'ducation reue dans son milieu, etc. Il est important de noter que l'histoire personnelle se droule toujours l'intrieur d'une culture spcifique, c'est--dire d'un ensemble complexe et parfois contradictoire de reprsentations et de pratiques dfinissant un certain type de rapport au monde, de comprhension de l'univers au sein duquel on vit. 3. L'identit quivaut la relation qu'on construit avec son environnement. Ce terme reoit ici un sens trs large. L'environnement ne se limite pas au milieu naturel. Il comprend tout lment signifiant faisant partie de l'entourage d'une personne : les gens d'abord, mais aussi les paroles (nonces dans une langue spcifique qui leur donne un sens et une forme particuliers ou, en contexte diglossique, rsultant du choix entre deux langues ou plus) et les actes de ces gens, ainsi que les ides et les reprsentations (les images porteuses de sens) transmises par ces paroles et ces actes, de mme que les produits matriels qui dcoulent de l'activit humaine. L'environnement inclut encore le milieu naturel, avec ses accidents gographiques, ses plantes et ses animaux, ainsi que la surnature, c'est--dire les entits autres (non entirement humaines ou animales) avec lesquelles certaines sont censs pouvoir communiquer et qui, pour ceux qui sont persuads de leur existence, n'en sont pas moins relles que le monde tangible. D'un point de vue mthodologique, la nature relationnelle et construite de l'identit fait en sorte qu'elle ne peut tre apprhende qu' travers l'interaction. L'identit n'est pas une qualit statique, mais un processus dynamique qui ne se manifeste que quand il est mis en acte. La mise en acte de l'identit peut tre dfinie comme la faon dont nous nous comportons afin de montrer qui nous sommes lorsque nous entrons en interaction avec les lments humains et non humains de notre environnement. C'est aussi la manire dont les gens et les choses ragissent notre comportement. Le discours langagier joue un rle fondamental dans cette mise en acte, cause de sa fluidit et de son fonctionnement en temps rel qui permettent l'individu de ragir immdiatement aux stimuli du milieu (Hensel, 2001).

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LES IDENTITS COLLECTIVES

Nous n'avons jusqu'ici considr l'identit que d'un point de vue individuel. Il est vrai que chaque individu construit son identit et la met en acte d'une faon bien personnelle. Cette identit consiste en une synthse des rapports signifiants que l'individu entretient avec son environnement en tant qu'homme ou femme : jeune, adulte ou an, riche ou pauvre, avec ou sans formation universitaire, habitant de telle rgion, locuteur d'une langue particulire, pratiquant ou non d'une religion spcifique, citoyen de tel pays, etc. Mais les tres humains ne vivent pas dans l'isolement. Afin de survivre et de se reproduire, ils doivent appartenir une socit, c'est--dire un groupe d'individus en interrelation qui partagent au moins partiellement une mme comprhension du monde et qui collaborent afin d'atteindre certains objectifs communs. Cela signifie qu'une bonne partie des rapports que l'humanit entretient avec son environnement sont models par les actions et les reprsentations des socits auxquelles hommes et femmes appartiennent et qui, dans notre univers en voie de mondialisation, voient leurs frontires s'largir constamment. Les identits sont donc aussi collectives puisqu'elles sont largement partages par des groupes d'individus. Les tudes anthropologiques, sociologiques, historiques, gographiques ou politiques de l'identit traitent gnralement des aspects collectifs de la construction identitaire. C'est pourquoi les spcialistes des sciences sociales peuvent parler d'identit sociale, politique, culturelle, ethnique, nationale, etc. ou, pour compliquer un peu les choses, d'identit socioculturelle, ethno-culturelle, sociolinguistique, ethno-nationale, etc. Cependant, trois types d'identit collective - et il faut se rappeler que ces types n'existent que dans le cerveau des scientifiques, ils ne sont rien de plus que des outils pistmologiques visant mieux faire comprendre les processus sociaux - reviennent plus frquemment sous la plume des spcialistes : identit culturelle, identit ethnique et identit nationale. Comme ces types d'identits semblent particulirement utiles pour expliquer la situation tant historique que contemporaine de la plupart des collectivits humaines, nous allons maintenant les dfinir.


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L'identit culturelle De faon trs simple - et peut-tre mme simpliste - l'identit culturelle peut tre dfinie comme le processus grce auquel un groupe d'individus partageant une manire partiellement commune de comprendre l'univers, d'agir sur lui et de communiquer ses ides et ses modles d'action, prend conscience du fait que d'autres individus et d'autres groupes pensent, agissent et (ou) communiquent de faon plus ou moins diffrente de la sienne. L'identit culturelle apparat quand les porteurs d'une culture (c'est--dire, comme nous l'avons vu plus haut, d'un mode spcifique et souvent multiforme de mise en rapport avec le monde environnant) entrent en interaction avec des personnes dont la culture est diffrente de la leur, mme de faon extrmement subtile. Une telle dfinition de l'identit culturelle est subjective, ou mique si on veut utiliser le jargon anthropologique. Elle privilgie la faon dont les porteurs de culture valuent eux-mmes leurs ressemblances et leurs diffrences, tant entre eux que par rapport aux autres. Cette dfinition met en lumire les deux facettes complmentaires de l'identit : la similarit et l'altrit. On est semblable ses compagnons, on s'identifie eux, alors qu'en mme temps, on se distingue de tous ceux qui n'appartiennent pas son groupe ou qui, de faon extrme, ne sont pas soi-mme. Une autre dfinition de l'identit culturelle qu'on retrouve souvent dans les comptes rendus populaires, surtout journalistiques, des rapports interethniques et, parfois aussi malheureusement, dans des documents universitaires, apparat de prime abord plus objective, ou thique. L'identit culturelle serait la somme de tous les traits caractrisant le mode de vie et la vision du monde d'un peuple quelconque. Ce type de dfinition peut tre de quelque utilit et, pour cette raison, ne doit pas tre compltement rejet mais, quand on parle - ou entend parler - de l'identit culturelle comme d'une faon objective de dfinir les gens, il faut garder au moins trois choses en mmoire. 1. Qui peut se targuer d'tre objectif ? Notre dcouverte objective de certains traits culturels chez les autres procde peut-tre plutt de notre conscience subjective, mique, de leur altrit.

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2. Qu'est-ce qu'un trait culturel ? N'est-ce pas bien souvent une caricature de ce que les gens sont rellement ? Si les traits culturels existent vraiment, leur signification et leur importance risquent d'tre contestes par ceux qui sont censs arborer ces traits. Par exemple, comment peut-on dfinir l'identit des Inuit contemporains au moyen de traits culturels ? Il est bien connu que ce qui caractrise la culture inuit, c'est de vivre dans un iglou, de manger de la viande crue et de chasser le phoque ; comme la culture qubcoise consiste avant tout se promener en carriole vtu d'un capot de chat et d'une ceinture flche. Cela pourrait signifier que la culture inuit - comme la vraie culture qubcoise - est maintenant compltement disparue et qu'elle n'a jamais exist au Groenland, o l'on ne connaissait pas l'iglou de neige en tant que demeure familiale. 3. Au vu de ce qui prcde, n'est-il pas dangereux et mprisant de dfinir l'identit d'un peuple en ayant recours quelques-unes de ses supposes caractristiques apparentes ? Si, par exemple, l'identit culturelle des peuples arctiques se rsume un certain nombre de traits objectifs qui semblent en voie de disparition, les Inuit contemporains ne seraient plus vraiment en mesure de savoir qui ils sont rellement. C'est l une attitude courante, qu'on retrouve souvent chez les journalistes et les scientifiques parlant du Nord. Ils insistent sur le fait que les autochtones ne savent plus maintenant vers o se diriger. Dans le meilleur des cas, ils sont pauvres, impuissants et passifs, et nous, les riches, puissants et actifs citoyens du sud du pays, nous nous devons de les aider gnreusement. Dans le pire des cas, les Inuit et les Amrindiens sont des idiots dgnrs et sans culture - dans l'Arctique canadien, on les appelle parfois les animaux - qui ne mritent pas notre aide. Le rejet de telles attitudes ne veut pas ncessairement dire que les Inuit et autres nations autochtones ne souffrent pas de problmes lis au changement acclr que connaissent leurs cultures. Les changements de leur environnement matriel, social et spirituel, provoqus par la domination de la culture euro-amricaine, rendent les choses plus difficiles quand les communauts arctiques cherchent mesurer la valeur de leur rapport traditionnel au monde. Cela ne veut cependant pas dire qu'Amrindiens et Inuit ont perdu leur identit culturelle ou sont en train de la perdre. Au contraire, la plupart


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d'entre eux tentent du mieux qu'ils le peuvent - et comme ils l'ont toujours fait - d'intgrer des lments nouveaux leur propre vision du monde, afin de construire une forme de modernit qui leur permettra de continuer s'identifier en tant qu'autochtones.

L'identit ethnique Avec le dveloppement des tats-nations, plusieurs groupes humains diffrents les uns des autres de par leur langue, leur culture, leur origine rgionale, leur pass historique, leur religion, leur apparence physique, ou un mlange de certains de ces lments ou de l'ensemble d'entre eux, se sont retrouvs sous la juridiction d'un mme gouvernement soit sur un territoire contigu, soit dans des rgions spares du centre (colonies d'outre-mer). Plus tard, l'migration en provenance des territoires priphriques (colonies, anciennes colonies et rgions moins dveloppes) ajouta la diversit humaine de plusieurs tats-nations. Les gouvernements de ces tats qui, dans la majorit des cas, taient contrls par des gens appartenant un seul groupe culturellement et (ou) linguistiquement dominant, firent face l'obligation de rgir les rapports entre les peuples partageant le territoire sous leur contrle afin de maintenir l'ordre et, trs souvent, de prserver leur domination. Chacun de ces peuples se vit donc octroyer des droits conomiques, politiques, sociaux et culturels divergents et gnralement ingaux. Qui plus est, il se dveloppa un discours idologique identifiant chaque peuple selon son origine gographique ou selon une ou plusieurs de ses prtendues caractristiques linguistiques, culturelles et raciales, discours dont la fonction ultime tait de maintenir les diffrences conomiques et sociales existant entre ces peuples. C'est ainsi qu'apparut l'identit ethnique ou l'ethnicit. Historiquement, cette forme d'identit, qui trouve sa source dans l'avnement du capitalisme partir du XVe sicle, se dveloppa quand les premires dmocraties occidentales modernes furent cres la fin du XVIIIe sicle. Il est donc anachronique de parler d'ethnicit quand on traite d'poques pr-modernes ou de rgions et pays sans tat national de modle occidental.

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On peut dfinir l'identit ethnique (ou ethnicit) comme la conscience qu'un groupe (conu comme partageant une mme origine gographique, des caractristiques phnotypiques, une langue ou un mode de vie communs - ou un mlange de tout cela) a de sa position conomique, politique et culturelle par rapport aux autres groupes de mme type faisant partie du mme tat (Dorais et Searles, 2001 : 11). De par ses connotations politiques, l'identit ethnique constitue une force sociale puissante qui peut renforcer ou, au contraire, affaiblir la domination de l'tat. Il est important de noter que les groupes ethniques (c'est--dire les groupes senss partager la mme ethnicit) ne sont pas toujours homognes. Des idologies et des stratgies identitaires concurrentes peuvent coexister l'intrieur d'un groupe la suite, le plus souvent, des manipulations d'individus et de factions reprsentant des intrts divergents ou mme antagonistes. L'identit ethnique diffre conceptuellement de l'identit culturelle, quoiqu'il existe gnralement un lien entre elles (c'est pour cela qu'on parle souvent d'identit ethnoculturelle). Afin de justifier leurs prtentions ethniques ou lorsqu'il s'agit d'attribuer une ethnicit spcifique un groupe particulier d'individus, politiciens et idologues ont souvent recours des emblmes, c'est--dire des traits culturels rels ou imaginaires senss symboliser le groupe ethnique concern. Afin de renforcer les frontires de ce groupe - au sujet des frontires ethniques, voir Barth, 1969 - ils slectionnent un certain nombre de caractristiques considres aptes distinguer les membres du groupe de ceux d'autres groupes, y compris de la socit majoritaire. En ralit cependant, et malgr le fait qu'on les ait choisies comme emblmes symboliques, de telles caractristiques sont loin d'tre fixes, tant en ce qui concerne leur signification que le degr d'importance que leur attribuent diffrents membres du groupe. Comme on l'a dj mentionn, le sens et l'importance collectivement attribus ces caractristiques par les diffrents membres du groupe risquent dans la plupart des cas d'tre sujets contestation ou, tout le moins, d'apparatre de nature incertaine. Comme c'est le cas avec l'identit culturelle, l'ethnicit est souvent comprise comme un phnomne objectif, c'est--dire comme l'appartenance intrinsque d'une personne ou d'une colle-


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tivit un groupe ethnique immuable. Plusieurs semblent croire que quand on est n avec une ethnicit spcifique, on mourra avec cette mme ethnicit. Rien ne pourrait tre plus loign de la vrit. Comme toute autre forme d'identit, Pethnicit (l'identit ethnique) se construit travers l'interaction sociale, comme l'a si bien montr Danielle Juteau dans un article devenu classique (Juteau, 1983). L'identit ethnique est donc faonne par les circonstances souvent fluctuantes de cette interaction.

L'identit nationale L'identit ethnique est intimement lie l'identit nationafe, qui est la conscience d'appartenir un peuple qui, sous la gouverne de l'tat, a le droit et le devoir de contrler un territoire bien dlimit et de le dfendre contre les trangers si besoin est. Anderson (1996) a montr que l'identit nationale - et le discours idologique qui la soutient, le nationalisme - sont apparus eux aussi avec l'tat-nation moderne. Identit nationale et nationalisme ont permis aux gouvernements d'unifier les groupes socialement et culturellement divergents qu'ils rgentaient pour en faire une seule collectivit, largement imaginaire, d'individus convaincus que les intrts de leur nation (en fait, les privilges de ceux qui contrlaient l'tat) avaient prsance sur tout autre intrt. Dans un tat-nation multiculturel et (ou) plurilinguistique, il arrive souvent que la population majoritaire possde une identit nationale (Canadien au Canada, par exemple), alors que les minorits sont dfinies et se dfinissent gnralement elles-mmes selon leur ethnicit (Autochtone, Qubcois, Italo-Canadien, Sino-Canadien, etc.). De nos jours cependant, on s'attend normalement ce que les minorits partagent elles aussi l'identit nationale commune (mme lorsqu'elles gardent leur ethnicit) et, jusqu'aux annes 1990, on croyait gnralement que les identits ethniques taient destines disparatre. C'est toutefois loin d'tre le cas et les groupes ethniques qui considrent avoir le droit de se gouverner eux-mmes sur un territoire donn (les Premires Nations ou les Qubcois par exemple) se rclament maintenant souvent d'une identit nationale qui leur est propre.

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* * * Ces quelques rflexions sur la construction de l'identit n'ont aucune prtention particulire. Elles visent simplement contribuer clairer les esprits sur quelques facettes de ce phnomne universel, mais souvent mal dfini qu'est l'identit. Elles cherchent, en particulier, faire comprendre ce qui diffrencie ses aspects individuels de ses aspects collectifs et, au sein des identits collectives, expliquer les nuances qui font que l'identit culturelle n'est pas tout fait semblable l'identit ethnique ou nationale. Ce qui prime cependant, c'est de raliser que l'identit est un phnomne dynamique, un bricolage relationnel, une construction en perptuel mouvement apte se transformer selon les alas de son environnement.

Rfrences

Anderson, Benedict (1996), L'imaginaire national, Paris, La Dcouverte. Barth, Fredrik (1969), Introduction, dans Fredrik Barth (dir.), Ethnie Groups and Boundaries, Boston, Little Brown, p. 9-38 (traduction franaise dans Poutignat et Streiff-Fenart, 1995).

Camilleri, Carmel et al. (1990), Stratgies Juteau, Danile (1983), La production de identitaires, Paris, PUF. l'ethnicit ou la part relle de l'idel , Dorais, Louis-Jacques, et Edmund (Ned) Sociologie et socits, 15, 2, p. 39-54. Searles (2001), Identits inuit/lnuit identities, tudes/lnuit/Studies, 25, 1- Poutignat, Philippe, et Jocelyne StreiffFenart (1995), Thories de l'ethnicit, 2, p. 9-35. Paris, PUF.

Hensel, Chase (2001), Parler de leur manire d'tre Esquimau : l'identit en tant que ressource sociale en interaction , dans L.J. Dorais et R. Watt (dir.), Identits inuit au troisime millnaire/ Inuit Identities in the Third Millenium, Qubec, Association Inuksiutiit Katimajiit, p. 185-199.

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