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LA CUISINE : LIEU DE TRANSMISSION ET D’APPRENTISSAGE “Je suis avec mes deux petits frères dans ma maison. J’aime bien jouer avec eux” Josselin, une vie reconstruite Mars 2019/n° 248 www.sosve.org

LA CUISINE: LIEU DE TRANSMISSION ET D’APPRENTISSAGE

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LA CUISINE: LIEU DE TRANSMISSION ETD’APPRENTISSAGE

www.sosve.org

“Je suis avec mes deuxpetits frères dans ma maison. J’aime bien jouer avec eux”

Josselin, une vie reconstruite

Mars 2019/n° 248

www.sosve.org

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2 VILLAGES DE JOIE/JUIN 2015/N° 233/WWW.SOSVE.ORG

Je m’appelle Ethan et j’ai 6 ans…Mon anniversaire est le 2 février.Je vais être plus grand(1).À l‘école, je suis en CP. J’ai pleind’amis, des garçons et une fille.J’aime bien les mathématiques,les “coloriages magiques” pourapprendre à compter, appren-dre à lire…J’aime beaucoup jouer avecmes toupies. J’en ai 5, ou 10…non, 4 !Mon livre préféré c’est PeppaPig, l’histoire d’un petitcochon.

Je suis avec mes deux petits frères dans ma maison.J’aime bien jouer avec eux. Il y a aussi 3 petites filles qui sontsœurs. Je joue avec elles aussi. Je ne peux pas jouer tout letemps avec mes frères !La maison me plaît, Oh que oui ! J’aime la salle de jeux et machambre. Elle a été décorée par mes trois tatas (mère SOSet aides familiales).À Noël, je ne me suis pas endormi parce que je voulais voirle Père Noël… Et je l’ai vu ! Dès qu’il est parti vers une autremaison, je me suis endormi. J’ai eu des toupies et des voituresqui s’allument le soir.Pour l’instant, je préfère le foot et le basket. Un chien a mangénotre ballon de foot ! Le basket, je sais en faire.

(1) Le texte a été écrit juste après Noël.

La Cuisine et d’appre

Chaque trimestre, un jeune d’un village d’enfants SOSs’exprime

“À table !” Comme dans bien des foyers de Franceà l’heure du repas, ce cri résonne dans la Maisond’Accueil Familial(1) du village d’enfants SOS deJarville (Meurthe-et-Moselle). Alors que les autresarrivent, Yohan (les prénoms ont été changés),8 ans, termine de placer les couverts.“J’ai dû instaurer un tour de service, préciseMarianne Marcy, 54 ans, aide familiale, car lorsqueles cinq enfants, âgés de 6 à 10 ans, s’y mettaientsimultanément, c’était la pagaille”. Mais alors que l’aide familiale craignait que lespetits rechignent à la tâche, c’est le contraire quis’est produit. “À ma grande surprise, ils se sontchamaillés pour savoir qui aurait la chance d’êtrele premier à mettre la table !”Cette anecdote est révélatrice de la place centraleque joue le repas dans la vie d’un enfant. Mettrela table, servir les autres, attendre que tout lemonde soit là pour commencer à manger, racontersa journée… ce petit rituel qui se joue sans qu’ony prenne garde est bien moins anodin qu’il nesemble. Car ces repas mais aussi ce qui les précède(faire les courses, préparer les plats), comme cequi les suit (débarrasser, laver, ranger…), sontun point névralgique de toute vie familiale. Ilspermettent des moments de partage, d’appren-tissages et de confidences qui sont particulièrementimportants au sein des villages d’enfants SOS où,plus qu’ailleurs, les enfants ont besoin de liens,de confiance et de stabilité.

LA CUISINE POUR ÊTRE ENSEMBLEDans une maison familiale où vivent des enfants,d’âges très différents, dont les passés sont hétérocliteset pour qui les horaires scolaires, loisirs et copainssont rarement communs, le moment du repasest d’abord celui du regroupement. “C’est sansdoute pendant celui-ci que la vie collective d’unfoyer s’exprime le plus, approuve Jeanine Raheb,55 ans, éducatrice familiale (mère SOS) depuis

Publication trimestrielle éditée parSOS Villages d’Enfants6, cité Monthiers - 75 009 ParisTél. : 0155072525

PRÉSIDENT : Daniel�Barroy

VICE-PRÉSIDENTES : Marie-Claude�Hamon,Françoise�Rouch

DIRECTRICE GÉNÉRALE ET DIRECTRICEDE LA PUBLICATION: Isabelle�Moret

RÉDACTEUR EN CHEF : François-Xavier�Deler

CONCEPTION, RÉDACTION ET MAQUETTE :Le�Jas�-�01 53102410�-�www.lejas.com

PHOTOS : iStock�,�SOS�Villages�d’Enfants�France,SOS�Villages�d’Enfants�Mali.

IMPRESSION : Fabrègue

ISSN :�0243.6 949Dépôt légal à la parution/Cette revue est accompagnéed’un encart d’appel à dons (enveloppe, lettre et bulletinsde don).

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Imprimésur papier mat 90 g PEFC

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(1) Pavillon destiné à l’accueil de fratries pour lesquelles existeune perspective de retour auprès des parents

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3 ans au village d’enfants SOS de Digne-les-Bains(Alpes-de-Haute-Provence). Assis tous ensemble,il n’y a plus la barrière entre les adolescents et lespetits. On y partage des plats bien sûr, mais surtoutdu temps. On s’y dévoile, on raconte nos joies etles peines, du futile et de l’essentiel…”.Dans les pavillons, les enfants sont très souventen demande d’attention personnelle. Les éducatricesfamiliales doivent donc jongler entre ce légitimebesoin d’attention privilégiée et la nécessité de

ne pas susciter de jalousie. “Or, les rapports sonttrès différents à table, insiste Jeanine Raheb.Personne ne cherche à m’accaparer pour lui seul.C’est un moment pendant lequel nous sommestotalement ensemble”.

LA CUISINE POUR SE CONFIER“Qu’est-ce qu’on mange ce soir ?”, “Hum, ça sentbon !”, “Tu nous feras des pâtes”… Ces phrasesmille fois entendues sont des témoins discretsde l’importance que revêt le repas dans la vied’un enfant, quel qu’il soit. Mais pour ceux quiont vécu des carences éducatives, affectives oudes carences alimentaires, il devient la manifestationemblématique de l’attention qu’on leur porte.“Je suis assez mère-poule dans l’âme, sourit ÉvelyneTassaux, 61 ans, aide familiale au village d’enfantsSOS de Marseille. Mais lorsque je suis arrivéedans le pavillon il y a bientôt 6 ans, il arrivaitparfois que le repas soit l’occasion de disputesentre certains enfants. Je me souviens avoir dûfaire sortir de table l’un des garçons et lui demanderd’aller se calmer dans sa chambre. J’ai immédia-tement senti à quel point cette exclusion du groupelui était douloureuse”.Car s’ils peuvent occasionnellement générer desmoments de discorde, les repas sont plus souventdes temps de confidence et donc de manifestationde la confiance que les enfants ont dans les autres.Jeanine Raheb raconte ainsi que c’est généralementau cours du repas que Chloé, l’ado de 17 ans,raconte ses amourettes ; “preuve qu’il s’agit biend’un moment de paix pour elle”.Les confidences partagées ne sont, bien sûr, pas

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: lieu de transmission entissage

Remplie d’odeurs, animée de sons, créatrice de saveurs… la cuisine est souvent l’une despièces les plus chaleureuses et les plus vivantes d’un foyer. Autour du repas se jouent desmoments de vie collective, des apprentissages et des confidences. Et, parce qu’elle estl’expression d’un type de vie familiale rassurant et bienfaisant, la cuisine tient un rôle majeurdans la construction des enfants hébergés dans les villages d’enfants SOS. Des éducatriceset aides familiales partagent leurs expériences.

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toutes heureuses. Évelyne Tassaux se souvientque c’est au cours d’un repas qu’un enfant lui araconté que lorsqu’il est en visite chez sa mère,il ignore toujours quand il va passer à table. “Onne sait jamais quand on mange, a-t-il raconté,parce que maman est toujours devant son ordi-nateur en train de fumer…”.“Les confidences, elles commencent dès le matinavec les récits de rêves et de cauchemars quipeuvent nous emmener sur de très, très longs dis-cours”, sourit Marianne Marcy. Mais l’aide familialedu village d’enfants SOS de Jarville remarque quecette complicité se manifeste peut-être encoreplus avant les repas. “Lorsque je suis en cuisineen train d’éplucher des légumes, il n’est pas rareque je voie arriver une petite tête. ‘Je peux t’aider ?Qu’est-ce que tu prépares ?’ Au ton minaudantdes questions, je sais que ce n’est qu’un prétextepour aborder un autre sujet. Parfois il s’agit justede me faire part d’une envie particulière, commeun vêtement ou un jouet dont l’enfant rêve. Mais

le plus souvent il s’agit de parler de problèmes telsqu’un conflit à l’école avec un copain ou une visiteavec ses parents qui l’a déçu…” Marianne Marcy se souvient que c’est alors qu’elleétait devant ses fourneaux que Roxane, 13 ans,lui a avoué qu’elle souffrait d’hallucinations. L’aidefamiliale en avait été informée par l’équipe duvillage SOS, mais n’avait pas voulu aborder lesujet avec la jeune fille. “Il est essentiel que cesconfidences viennent d’eux, ajoute-t-elle. Cemoment en tête à tête qu’ils choisissent de pro-voquer, leur permet de se délester de ce qui leurpèse au moment où ils en ont besoin”.Ce rôle pivot de la cuisine, Gilbert Cotteau, fon-dateur de SOS Villages d’Enfants, ne l’avait pasanticipé mais en a vite pris la mesure. “Je me sou-viens de l’une des premières fratries accueilliesà Busigny où, jusqu’alors, les enfants ne s’étaientjamais mis à table ensemble”, nous raconte-t-il.Mais ce qui a le plus marqué le créateur des villagesd’enfants SOS, c’est ce qui s’est noué après les pre-miers repas partagés. “Monique Pouliquen, quifut l’une des premières mères SOS, avait préparéle déjeuner avec les grandes de la maison. Je luiai lancé : Puisque tu fais la cuisine avec les grandes,moi je vais faire et essuyer la vaisselle. Je le faisaisau quotidien puisque je déjeunais chaque jourdans une maison familiale différente. Ma contri-bution aux tâches ménagères était naturelle pourcréer un lien de proximité immédiat avec lesenfants. Et le plus important, c’est que cette atmo-sphère de complicité perdurait une fois les torchonsmis à sécher”.

LA CUISINE POUR APPRENDRESi manger est vital, partager un repas fait “grandir”dans tous les sens du terme. Et cela commencepar goûter de tout et oser découvrir l’inconnu,insistent les éducatrices et aides familiales. D’origine libanaise, Jeanine Raheb a beaucoupvoyagé et a vécu en Inde et en Afrique. Une expé-rience cosmopolite dont elle fait bénéficier lesenfants. Dans la cuisine, elle a installé un planisphèreavec lequel elle explique les spécialités culinairesdu monde et les repas sont souvent pour elle l’oc-casion de faire voyager les enfants par les saveurs.“Je leur fais découvrir des légumes du mondeentier, des épices… Autour de la table, nous sommesà la fois chez nous et ouverts sur le monde”. Pendantun temps, elle avait même instauré l’Englishbreakfast du dimanche. Bye bye les tartines, helloles œufs au plat, le fromage et le bacon.Même si elle assure que cela appartient au passé©

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Évelyne Tassaux se souvient qu’elle a dû batailleravec les enfants de la maison familiale pour queleurs papilles ne se contentent pas du jambon-purée ou des spaghettis bolognaise. “Dès que jecuisinais quelque chose qui sortait de l’ordinaireou qu’ils ne connaissaient pas, leur première réactionétait de lancer : ce n’est pas bon ! . Il m’a d’abord falluleur apprendre à dire je n’aime pas, puis, peu à peu,les amener à goûter vraiment, sans a priori. Je suisconvaincue que la santé est dans l’assiette et toutparticulièrement dans les fruits et les légumes quisont rarement les chouchous des enfants”. Et quoi de mieux pour casser les préjugés que demettre soi-même la main à la pâte ? Cuisiner estun outil pédagogique merveilleux qui va bien au-delà de la réalisation du plat lui-même, assurentnos professionnelles. Cela permet d’apprendre àconnaître les aliments, cela fait aussi travailler desnotions apprises en classe (compter, peser, calculerdes proportions…), mais plus encore cela faitgrandir l’estime que les enfants ont d’eux-mêmes.“Même s’ils n’ont pas tous le même plaisir àcuisiner, tous viennent un jour ou l’autre donnerun coup de main, ajoute Marianne Marcy qui aacheté pour chacun des 5 enfants un tablier decuisine, une manique et une toque toujours prêtsà être enfilés. Beaucoup manquent de confianceen eux, n’osent pas exprimer leur créativité.Cuisiner permet de révéler celle-ci, et puis lesplats sont toujours meilleurs lorsqu’ils ont participéà l’élaboration !”Faire participer les enfants, c’est l’un des objectifsdes Ateliers du Goût lancés en 2017 avec le chefGuy Martin (voir encadré). Évelyne Tassaux quireconnaît avoir de bonnes bases en cuisine, a eu

la chance de participer au stage “animation d’atelierscuisine et faire face aux troubles alimentaires”organisé par SOS Villages d’Enfants avec le chefétoilé. “Même si la question des protéines végétalesn’a pas été assez abordée à mon goût, j’ai appréciéce moment d’échange, commente l’aide familialede Marseille. Et quand un chef tel que lui nousexplique qu’il faut goûter au moins 14 fois d’unaliment avant de savoir vraiment l’apprécier, c’estun argument que je ne me prive pas de partageravec les enfants !” Depuis cette formation, Évelyneanime chaque année en duo avec un salarié deProcter & Gamble un atelier cuisine au sein duvillage d’enfants SOS. “Nous pouvons accueillirune dizaine d’enfants et nous croulons littéralementsous les demandes”, constate-t-elle, ravie.

LA CUISINE POUR EXPRIMER SES TROUBLESLe repas est le plus souvent associé à des momentsde partage et de bien-être. Il peut toutefois aussiêtre le lieu où se manifestent les troubles d’enfantsdont l’histoire est souvent marquée par desviolences physiques ou psychologiques. Certainsont vécu les premières années de leur vie sansêtre certains d’avoir suffisamment à manger dansla journée, d’autres n’ont jamais connu d’horairesfixes pour les repas ou n’ont connu que de la nour-riture industrielle… Les éducatrices familialesse retrouvent alors face à des enfants qui refusentde manger, disent n’avoir jamais faim, à d’autresqui veulent manger n’importe quoi à n’importequelle heure, à ceux, aussi, qui n’acceptent quela “junk food” (hamburger, nuggets, frites, soda...)et plus souvent encore, à des garçons et des fillesqui se “gavent” de nourriture.

a cuisine est la pièce maîtresse, un lieude retrouvailles et d’échanges qui tientune place prédominante dans le cœur

des maisons. C’est aussi le cas dans les mai-sons familiales d’un village SOS. La cuisinereprésente, au même titre, un lieu de partageet de transmission, un endroit où l’on peutse confier, une pièce rassurante pour cesenfants en reconstruction. C’est là que sepréparent et se partagent les repas entrela mère SOS et les enfants qui lui sont confiés.C’est là que se disent les mille et une petites

choses de la vie quotidienne, les résultatsscolaires, les difficultés et joies. C’est dansce lieu convivial et chaleureux que les frèreset sœurs tissent des liens pour la vie et par-tagent des moments de bonheur en famille,indispensables à leur reconstruction. Et c’estgrâce à des partenaires comme le cuisinisteCuisinella que nous pouvons faire de ce lieuune pièce chaleureuse et agréable. Avecleurs cuisines sur-mesure, ils offrent auxenfants un lieu qui répond à leurs besoins,que l’on sait spécifiques. Sans oublier ceux

des mères SOS. Car, à prise en charge sur-mesure, cuisine sur-mesure ! En effet, famillesnombreuses ou non, repas, devoirs, activitésmanuelles… les fratries sont diverses, et lesactivités qui se déroulent dans cette piècecentrale le sont tout autant.C’est pourquoi la cuisine est un endroit sistratégique et que nous faisons confianceà des partenaires comme Cuisinella pouroffrir à ces lieux la chaleur nécessaire pourque les enfants accueillis en village SOSpuissent se reconstruire.

Des cuisines sur-mesure et chaleureuses pour les enfants

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“L’une des petites de 5 ans dont je m’occupe estdans ce dernier cas de figure, soupire MarianneMarcy. Son rapport à la nourriture me brise lecœur.” L’explication ? Marianne Marcy la connaît.Cette enfant, déjà obèse, est rejetée par sa mèreavec laquelle elle a encore des contacts. Son grandfrère, qui vit aussi dans la maison familiale, maisreçoit, lui, une forme d’affection de la part de samère, ne manifeste aucun trouble alimentaire.“Les enfants ne verbalisent pas leur problème liéà la nourriture comme ils peuvent le faire avecd’autres soucis de leur quotidien, analyse l’aidefamiliale de Jarville. Faire un bon repas c’est sefaire plaisir or ce sont des enfants qui culpabilisentbeaucoup et donc refusent de se faire plaisir.”Obliger, contraindre, punir… serait évidemmentla dernière des choses à faire. La clef c’est l’attention,l’explication et la patience.Jeanine Raheb qui a, elle aussi, été confrontée àdes enfants manifestant des rapports compliquésà la nourriture a imaginé une méthode pour lemoins audacieuse.“Pendant plusieurs jours, je mettais sur la tabletous les plats : entrée, plat principal, accompa-gnement, légumes, fromage et dessert, raconte-t-elle. Chacun pouvait manger ce qu’il voulait,dans l’ordre qu’il voulait et dans les quantités qu’ilvoulait ; seuls les desserts étaient limités à unepart chacun”. Il y avait si peu de contraintes que

l’enfant qui souhaitait manger avec les doigtspouvait aussi le faire. Jeanine Raheb se souvientque les petits commencèrent par se jeter sur lesdesserts, que les assiettes étaient toujours troppleines et qu’à la fin des repas le sol était souventjonché de nourriture. “Je n’ai pas choisi monconfort, c’est sûr, sourit l’éducatrice. Mais qu’im-porte ! Cela n’a duré qu’un temps, un tempspendant lequel les enfants qui avaient besoind’être rassurés l’ont été. Oui, il y aurait toujoursà manger ; oui, cela ne serait jamais une violentecontrainte ; oui, le repas serait un moment dedécouvertes et de plaisirs…” Début janvier, dans la maison familiale de Marseille,les deux grands (15 et 17 ans) mettent gentimentÉvelyne Tasseaux à la porte de sa cuisine. Ils vontpréparer leur ‘soirée crêpes’, comme cela leur arriveparfois. “Même si pendant qu’ils sont aux fourneaux,ils mettent la musique beaucoup trop fort à mongoût, ils savent parfaitement, et sans mon aide, pré-parer la pâte, la laisser reposer, faire sauter les crêpesdans la poêle”, précise, amusée, l’aide familiale.Les ados n’ignorent pas que leur mère SOS nemange pas de crêpes. Pourtant, cette fois ils luilancent : “Il y en a une pour toi et tu es obligéede la finir!” Un peu étonnée, Évelyne se dirigevers son assiette. Une toute petite crêpe l’y attend.Une toute petite crêpe… en forme de cœur. �

epuis 2014, le groupe Procter &Gamble (P & G) apporte son sou-tien financier et humain aux

actions de SOS Villages d’Enfants. Il y adeux ans, une collaboration a débutéavec le chef étoilé Guy Martin pour mettreen place des Ateliers du Goût dans lesvillages d’enfants SOS. Animés en tandempar un collaborateur P&G et une mèreSOS, formés par Guy Martin, ces atelierssont l’occasion de partager un momentconvivial fort. La cuisine se fait lieu detransmission, tant culinaire qu’éducative,puisque c’est aussi l’occasion de distillerquelques conseils sur l’équilibre alimentaire,la consommation locale et de saison ouencore sur la diversité culinaire. C’est le 31 mai 2017 que le chef étoiléavait lancé l’opération en animant un

atelier au village d’enfants SOS de Sainte-Luce. Il revient pour nous sur ce parrai-nage : “Celui-ci est d’abord pour moi unengagement citoyen. Les mères SOS sontdes femmes extraordinaires qui m’ontmarqué par leur implication et leurdévouement ; je suis d’ailleurs toujoursen contact avec certaines. Pour autant,elles n’ont pas toutes de grandes basesen cuisine, ce qui est tout à fait normal.C’est là où je peux les aider. Les ateliersque nous avons mis en place leur donnentdes pistes pour réaliser des recettes facilesmais créatives et équilibrées. Des platsqu’elles peuvent faire avec les enfants.La cuisine peut être un grand facteurd’épanouissement pour tous les enfants,quels que soient leur milieu social, leurpassé, leurs difficultés ou facilités. Car

en cuisine, il suffit de peu de chose pourse sentir valorisé. Mettre de l’eau à chauffer,ajouter la pincée de sel, casser un œuf…cela suffit pour susciter la curiosité, l’envieet la fierté. C’est comme la grandemusique, si vous écoutez pour la premièrefois Mozart à 40 ans, il est peu probableque vous ayez immédiatement un coupde foudre. Mais si auparavant vous avezune éducation musicale ouverte qui peuà peu s’est enrichie, votre oreille deviendradifféremment attentive. En cuisine, c’estla même chose et c’est une fierté pourmoi de participer à l’éveil culinaire deces enfants si touchants.” Par cette collaboration, Procter & Gamblea contribué pour les enfants au partagede moments privilégiés essentiels à lareconstruction d’un cocon familial stable.

Les Ateliers du Goût : le plaisir partagé de la cuisine

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Tout a commencé un dimanchede printemps 2017 lorsqueKhatia et Gvantsa Buniatishviliont mis entre parenthèses pourquelques heures leurs concertsdans les plus grandes salles dumonde et sont venues jusqu’àBusigny dans les Hauts-de-Francepour offrir un magnifique récitalaux enfants des villages SOS.

Voir ces merveilleuses pianistesde renommée mondiale dans lasalle des fêtes du petit villagedonner le meilleur d’elles-mêmespour les enfants était un momentinouï et très émouvant.Que de découvertes ce jour-là pour les enfants ! Lapuissance du piano de concert, le talent étourdissantdes jeunes femmes qui avaient choisi un répertoiretrès accessible, et plus que tout leurs extraordinairesgentillesse et attention pour chacun.

Nous avions rêvé alors de pouvoir approfondir ce lienrare avec Khatia et Gvantsa pour ce qu’il pouvaitapporter aux enfants bien au-delà de l’aura interna-tionale des jeunes pianistes : ce que chacune apporteà sa sœur, la force que leur attention peut donner à

des enfants qui ont tant besoin de trouver de laconfiance, la découverte tellement importante demusiques dites classiques qu’on aimera ou pas… sontautant de possibilités pour chaque enfant de savoirmieux qui il ou elle est et d’avancer dans sa vie.

Pour toutes ces raisons, le fait qu’elles aient acceptéd’accompagner SOS Villages d’Enfants Francecomme Ambassadrices nous rend très fiers et trèsheureux.Au nom des enfants, nous leur adressons nos remer-ciements les plus chaleureux. �

KHATIA ET GVANTSA BUNIATISHVILI AMBASSADRICES DE SOS VILLAGES D’ENFANTS FRANCE !

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UN GRAND PROJET EN FAVEURDES ENFANTS DE MADAGASCAR SOS Villages d’Enfants a lancé le 1er sep-tembre 2018 le projet QUAPEM (Qualitéde l’Accueil en Protection de l’Enfanceà Madagascar). L’objectif : améliorer laqualité de l’accueil par des dotations enéquipements, des formations, un accom-pagnement spécifique… pour une qua-rantaine de centres d’accueil d’enfantsplacés, dont trois villages d’enfants SOS.Ce projet bénéficie du soutien de l’AgenceFrançaise de Développement et duGouvernement de la Principauté deMonaco. Il est mené en partenariat avecle Ministère de la population, de la pro-tection sociale et de la promotion de la

femme malgache ainsi qu’avec l’InstitutSupérieur du Travail Social.

LES ENJEUX DE LA PROTECTIONDE L’ENFANCE MIEUX PRIS ENCOMPTE PAR LE GOUVERNEMENT

La nomination finjanvier au sein dugouvernement d’unSecrétaire d’Etat àla protection del’enfance a étéaccueillie très posi-

tivement par l’ensemble des acteurs dece secteur dont SOS Villages d’Enfantsqui regrettaient de ne pas voir cette poli-tique publique affichée dans les préoc-cupations de l’Exécutif national. Le titulairede ce nouveau portefeuille ministériel,Adrien Taquet, ex-député des Hauts-de-Seine, dispose de peu de moyens mais ils’est engagé à rendre plus visible la causedes enfants en situation de vulnérabilitéou de danger et à promouvoir le travailde ceux qui sont en première ligne : lesprofessionnels des Départements encharge de cette politique et ceux des asso-ciations, comme SOS Villages d’Enfants,qui s’occupent au quotidien des enfantsprotégés.�

Pour l’ensemble du secteur caritatif, l’année 2019est synonyme de nouveaux enjeux. Certaines tensionssociales, les évolutions législatives et règlementaires,les nouvelles dispositions fiscales créent un climatd’instabilité, d’interrogations, quant à l’avenir etau pouvoir d’achat de chacun : mise en place duprélèvement à la source, suppression de l’ISF, haussede la CSG pour les retraités…

Ces changements ont un impact direct sur l’économiesociale et solidaire comme sur les ressources desassociations et fondations qui doivent faire face àla prudence et aux inquiétudes de leurs donateurset à la difficulté accrue de trouver de nouveaux sou-tiens.

Face à ces enjeux, SOS Villages d’Enfants espèrepouvoir compter sur la confiance de ses donateurset partenaires, confiance qu’ils lui ont renouveléeen 2018.

Celle-ci repose sur la fidélité de notre associationà des constantes :

aUne relation professionnelle avec tous ceux quinous soutiennent, particuliers et entreprises, qui

peuvent trouver au sein de notre association uncontact privilégié et une réponse à leurs légitimesinterrogations.

aUne extrême vigilance quant à l’utilisation desdonnées personnelles des donateurs.

aNos valeurs fondatrices, qui s’expriment dansnos actions auprès des enfants comme dans notrecommunication à l’égard de nos donateurs.

aLa rigueur reconnue de notre gestion qui nouspermet de faire bénéficier les enfants que nous ac-cueillons de près de 90 % des ressources collec-tées.

Et c’est bien la fidélité et la générosité de nos dona-teurs et partenaires qui nous permettront, en 2019et au-delà, de poursuivre notre mission et de conti-nuer à répondre aux besoins de tant d’enfants ensouffrance.

D’avance, pour eux, merci.

De nouveaux défis en 2019

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our�SOS�Villages�d’Enfants,�l’année2018�a�offert�un�terreau�fertile.�Grâceà�l’ensemble�de�nos�soutiens�et�par-

tenaires,�elle�a�vu�en�particulier�l’ouverturede�nouveaux�villages�d’enfants�SOS�enFrance.�Des�événements�forts�qui�viennentconfirmer�la�pertinence�de�notre�modèlede�prise�en�charge�des�enfants�en�danger.La�décision�prise�par�les�collectivités

départementales�de�nous�confier�la�construc-tion�de�ces�villages�d’enfants�SOS�est�lamarque�de�la�confiance�qu’elles�nous�témoi-gnent.�Elle�est�aussi�l’illustration�de�notrecapacité�à�permettre�aux�collectivités�derépondre�de�manière�efficace�aux�situationsdans�lesquelles�se�trouvent�de�trop�nombreuxenfants,�dans�le�respect�des�principes�quifondent�notre�spécificité�et�surtout�dansl’intérêt�supérieur�des�enfants.Sans�oublier�le�renforcement�de�notre

action�à�l’international,�illustré�par�l’ouverturede�l’école�SOS�de�Khouloum�au�Mali,�làencore�avec�l’appui�de�nos�donateurs,parrains,�partenaires�institutionnels�etentreprises.Un�développement�qui�traduit�le�dyna-

misme�de�SOS�Villages�d’Enfants�en�tantqu’association�et�ONG.�Nous�sommes,�ici�etlà-bas,�toujours�aux�côtés�des�enfants,�pourqu’ils�retrouvent�les�perspectives�d’un�aveniroù�ils�auront�leur�place.Vous�le�savez,�nous�restons,�plus�que

jamais,�vigilants.�L’année�2019�s’annoncedifficile,�dans�un�environnement�instable,avec�des�évolutions�législatives�et�régle-mentaires�générant�des�incertitudes,�voiredes�inquiétudes�face�à�l’avenir.C’est�ensemble,�avec�détermination�et

forts�de�notre�légitimité,�que�nous�relèveronsces�défis�pour�continuer�sur�la�même�voieen�2019.�Je�sais�que�vous�y�êtes,�commenous,�attachés.

ibliothèque, salle informatique,équipements de pointe, conforta-bles salles de classe… bienvenue

à l’école SOS de Khouloum, au Mali, aucoeur du village d’enfants SOS éponyme.L’établissement qui a ouvert ses portesen octobre dernier comprend 9 classesqui couvrent les différents niveaux del’école primaire et du collège, jusqu’auBEPC. À raison de 45 élèves par classe,l’école aura à terme une capacité d’accueiltotale de plus de 400 élèves. Ceux-ci vien-dront bien sûr du village d’enfants SOSde Khouloum mais seront aussi issus desfamilles accompagnées par SOS Villagesd’Enfants Mali dans le cadre de sonProgramme de Renforcement de la Familleet, plus largement, de l’ensemble de lacommunauté environnante.La création de cette école s’inscrit dansle cadre de la coopération existant delongue date entre SOS Villages d’Enfantset le Mali. Comme l’a rappelé le gouverneurlors de sa visite, le Mali “a placé au centrede ses préoccupations l’accès à une édu-cation de qualité” et “la noble mission deSOS Villages d’Enfants est de donner unefamille aux enfants vulnérables, les aiderà bâtir leur propre avenir et participer au

développement local en mettant un accentsur leur éducation”. Et il conclura sur l’im-portance “de maintenir une coopérationexemplaire afin de relever le défi quereprésente cette école”.Pour cette première année de fonctionne-ment l’école accueille déjà plus de 250élèves qui ne cachent pas leur enthousiasmelorsqu’on les interroge. Ainsi Safiatou enclasse de 7e confie-t-elle : “Je suis trèsenchantée et très heureuse d’être parmiles élèves de cette nouvelle école avec samagnifique salle informatique et sa biblio-thèque. Du coup je ne serais plus comptéeparmi les élèves illettrés du XXIe siècle (...)”.Les mères SOS du village d’enfants sontelles aussi enthousiastes, du fait notammentde la présence de la salle informatique etde la bibliothèque. L’une d’elles témoigne:“Je suis très émue de voir ce rêve se réaliser.À travers ces deux salles je vais pouvoiréchanger des expériences avec d’autresmères SOS à travers Internet, apprendrel’informatique. Ceci va donner plus degoût pour la lecture à mes enfants”.Le maire de la commune rurale deKhouloum s’est aussi félicité de la créationde l’école, de la bibliothèque et de la salleinformatique : “Nous ne ménageronsaucun effort pour faire bon usage de cejoyau offert par nos partenaires”.Autorités locales, mères SOS, élèves, familles,tous les acteurs impliqués autour de l’EcoleSOS de Khouloum ont exprimé leur gratitudeen direction de tous ceux qui ont permisà cette école de voir le jour.Ce projet a pu être mené à bien grâce àvos dons ainsi qu’au soutien de la Fondationd’entreprise Air France et de l’ambassadede France au Mali.

Daniel�Barroy, Présidentde SOS Villages d’Enfants France

L’École SOS de Khouloum : un rêve devenuréalité pour des centaines d’enfants du Mali

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“Dans notre malheur, soupire Josselin, 25 ans,nous avons quand même eu de la chance. Lachance de ne pas avoir été maltraités, la chanced’avoir évité le placement en foyer…”Josselin vit à Strasbourg. Étudiant en Master, ilse prépare à devenir professeur d’histoire-géo-graphie en lycée professionnel. Si l’Histoire lepassionne, son propre passé fut longtemps unesouffrance qu’il préféra taire. Et comment ne pasle comprendre quand on sait que sa petite enfancefut marquée par un effroyable drame familial.Celui-ci s’est joué une nuit de1999. Josselin n’aalors que 5 ans. Il dort paisiblement dans lamaison familiale en compagnie de son frèreaîné et de sa sœur lorsque son père assassine samère. “Il nous expliquera plus tard que ce futun coup de folie sur fond de conflit passionnel”,raconte le jeune homme. La mère des enfantsétait mère au foyer depuis la naissance de sonfrère. Leur père était souvent absent de la maisonpour raisons professionnelles mais c’était unpapa aimant. “Nous n’avons jamais subi de mal-traitance et n’avons souffert d’aucune carenceaffective”, confirme Josselin. Leur père seracondamné à plusieurs années de prison.Du jour au lendemain, frères et sœur se voientnon seulement privés de leurs deux parents, maisaussi séparés. “Il fallait nous placer en urgence,raconte Josselin. Je suis parti vivre chez la directricede mon école maternelle. Mon frère et ma sœurchacun chez des parents d’amis différents”.Impossible pour la fratrie d’aller vivre chez l’unede leurs grands-mères, le meurtre ayant engendréun conflit entre les deux femmes. C’est toutefoisgrâce à l’intervention de leur grand-mère maternelleque les petits quitteront la région parisienne oùils vivaient pour rejoindre un village d’enfantsSOS quatre mois après le drame.

UNE ENFANCE HEUREUSE“J’étais petit et j’ai peu de souvenirs de ces premiersjours, explique Josselin. Mais j’avais conscienceque j’allais pouvoir retrouver mon frère et masœur et cela a indéniablement noué des lienstrès forts entre nous. Même si nous sommesgéographiquement éloignés, nous restons trèsliés et nous échangeons beaucoup”.

Pendant de longues années toutefois, le meurtrede leur maman fut un sujet tabou pour les troisenfants. “Ce n’est plus le cas, assure Josselin. C’estun sujet que nous pouvons aborder sereinement,même si nous n’avons pas la même approchepuisque ma sœur a coupé tout lien avec notrepère, à la différence de mon frère et moi”.La maison familiale que les trois enfants intègrentest la première achevée de leur village d’enfantsSOS, si nouveau que tous les bâtiments ne sontpas encore sortis de terre. “Nous nous sentionsun peu seuls mais c’était un endroit beau et pai-sible. Sans doute correspondait-il à ce dont nousavions alors besoin”. Lorsqu’il découvre sanouvelle maison, c’est un enfant perturbé parle drame, mais ce n’est pas un enfant difficile.“J’étais sage, jamais agressif, mais timide… ceque je n’étais pas avant, raconte-t-il. Je crois queje me suis construit une carapace pour pouvoirgrandir sereinement”. Une carapace qui ne l’isolepas ni ne l’empêche de nouer de vraies relationsd’amitié avec des copains.La mère SOS qui accueille alors la fratrie en1999 ne restera que deux ans avec eux. Suivraune période de plusieurs années pendant lesquellesces enfants sans problèmes particuliers seront

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JOSSELIN, UNE VIE RECONSTRUITE

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La�Fondation�Bettencourt�Schuellersoutient�la�construction�d’un�nouveau�village�d’enfants�SOS

La FondationBettencourtSchueller afortementcontribué à

l’aboutissement du projet de villaged’enfants SOS de Beauvais-sur-Matha.Elle a entièrement financé la constructionde la maison familiale qui a accueilli lapremière fratrie du village SOS.Les quatre enfants ont vite trouvé leursmarques dans cette nouvelle maisonavec Anne, leur mère SOS, et Bintou, leuraide familiale.

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pris en charge par différentes aides familialesavant qu’une seconde éducatrice familiale lesprenne sous son aile. “J’ai toujours eu de bonsrapports avec les femmes qui se sont occupéesde nous ainsi qu’avec les autres membres del’équipe du village, assure Josselin, mais je n’aipas non plus créé de liens d’attachement extrê-mement forts ; je n’ai pas projeté l’image de mamère vers elles”.De sa vie au village d’enfants SOS, Josselinapprécie la stabilité, la nature environnante, lesnombreuses parties de foot avec les autres gaminsou encore les randonnées qu’organise réguliè-rement un animateur. “Nous avons eu uneenfance normale, heureuse, en tout cas avecbeaucoup de bons moments”. Le jeune hommeexplique que contrairement à d’autres enfantscroisés au cours de son placement et qui associentle village — ou le foyer — à la cause de leur sépa-ration avec leurs familles, lui n’a jamais été enrébellion contre l’institution.Après une scolarité sans embûche, Josselinintègre l’université d’Aix-en-Provence à ses 18ans. Bénéficiaire d’un contrat jeune majeur, ilreçoit une petite subvention qui l’aide à payerson loyer et ses factures. “SOS Villages d’Enfants

a aussi continué à m’épauler, ajoute-t-il. J’ai parexemple reçu une aide pour financer mon démé-nagement et un éducateur venait me voir régu-lièrement pour faire les points sur ma situationet mes projets”.Parmi ceux-ci, il y eut ces deux années passéesen Corée du Sud. “J’avais quelques amis coréensrencontrés en France et, après ma licence, j’aichoisi de faire une année sabbatique pour décou-vrir ce pays. Sur place, après avoir appris lalangue, j’ai eu l’opportunité de devenir professeurde français… ce qui a prolongé mon séjour d’uneannée !”.De ses 24 mois passés en Asie, le jeune hommen’a pas uniquement ramené des souvenirs etune expérience professionnelle. “C’est vrai, sou-rit-il, j’y ai surtout rencontré ma compagne,Seoyun, qui vit désormais avec moi à Strasbourg.”La jeune femme connaît l’histoire de Josselin.“C’est heureusement une fille de son temps,précise ce dernier, car chez les Coréens âgés,beaucoup pensent que les fautes se transmettentde génération à génération !”.Josselin s’en amuse. Grâce à SOS Villages d’Enfants,c’est aujourd’hui un jeune homme en paix avecson passé, confiant dans l’avenir.�

INFO�PARTENAIRESIKEA�s’engage�pour�la�reconstruction�par�le�jeu�d’enfants�en�souffrance

Dans le cadrede sa campagneannuelle “Let’sPlay for Change“,

IKEA lance 5 peluches toutes doucessorties directement de l’imaginationd’enfants du monde entier. Elles ont étécréées dans le cadre d’un grand concoursde dessins.Cette collection limitée est vendue danstous les magasins IKEA et sur le site Internetau profit de SOS Villages d’Enfants pourcontribuer à la reconstruction par le jeudes fratries accueillies.

Le�Fonds�d’Action�Négobois�pourle�Mécénat�partenaire�histo-rique�de�SOS�Villages�d’Enfants

Le Fonds d’Action NEGOBOIS soutientl’action de SOS Villages d’Enfants depuis2001 en mettant toute son expertise etson réseau de professionnels à la dis-position de l’association à travers desdons en nature, du mécénat financieret de compétences. Depuis près de 20ans, le Fonds d’Action a contribué auxtravaux de rénovation ou de constructionde cinq villages d’enfants SOS dont celuide Beauvais-sur-Matha inauguré endécembre 2018.

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SOS Villages d’Enfants a une pensée émue et reconnaissante pour toutes les personnes qui, par leur geste desolidarité et de générosité, ont eu à cœur de pérenniser leur engagement auprès des enfants et des jeunesaccueillis et accompagnés par l’association.

MERCI àAlberte, André, Annette, Annick, Bernadette, Brigitte, Carole, Chantal, Charles, Charlotte, Christiane,Claude, Claudine, Colette, Danielle, Denise, Dominique, Eliane, Elisabeth, Emma, Francis, François, Fran-çoise, Geneviève, Gérard, Ginette, Gisele, Hélène, Huguette, Irène, Jack, Jacqueline, Jacques, Jean, Jean Louis,Jeanne, Jeannine, Josette, Joseph, Laurence, Lucienne, Marcelle, Marguerite, Marie, Marie-Antoinette, Marie-Cécile, Marie-Emilienne, Marie-Madeleine, Marie-érèse, Marie-Louise, Mauricette, Michel, Michèle, Mi-cheline, Michelle, Mireille, Monique, Nadine, Nicole, Odette, Odile, Olga, Paulette, Pierre, Raymonde, Renée,Roger, Roland, Simonne, Sophia, Suzanne, érèse, Ursula, Valentine, Yolande, Yves, Yvette, Yvonne. (*)

(*) Prénoms des bienfaiteurs dont le décès a été porté à la connaissance de l’association en 2018.

Les mots de Pierre Pascal, Président d’honneur de SOS VILLAGES D’ENFANTS :

« Tout le sens d’un legs est là : c’est la décision que chacun prend pour vivre très longtemps dans le cœur et dansle souvenir de la personne de son choix. C’est pour cela qu’aucune vie n’est dérisoire, aucun bien n’est insignifiantet aucun testament n’est négligeable. C’est comme un regard ou une attention : quoiqu’ils soient intangibles, lavolonté qui les porte donne à certains une force extraordinaire ».

POUR OFFRIR UNE VIE DE FAMILLE EN HÉRITAGE

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Marie-Anne JUBRÉDiplômée notaire,

Responsable Legs et Relations

Philanthropiques.

Tél : 01 55 07 25 [email protected]

6 cité Monthiers – 75009 PARIS

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