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N° 02 - octobre 2011 - Lettre indépendante d’information sur l’agglomération grenobloise La Lettre du Changement 28 novembre 2011 — n°5 http://www.grenobleagglo2014.tumblr.com/ L’agglomération grenobloise : un «modèle» de développement ?

La lettre du Changement n° 5

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A l'ordre du jour : existe-t-il un modèle dans le développement de l'agglomération grenobloise ?

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N° 02 - octobre 2011 - Lettre indépendante d’information sur l’agglomération grenobloise

La Lettre du Changement 28 novembre 2011 — n°5 http://www.grenobleagglo2014.tumblr.com/

L’agglomération grenobloise :

un «modèle» de développement ?

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L’agglomération grenobloise :

un «modèle» de développement ?

Depuis janvier 1964, date de l’obtention surprise des Jeux Olympiques d’hiver, Grenoble et son aggloméra-tion vivent au rythme du «modèle grenoblois». C’est l’ambiance locale ja-mais démentie au moins dans les discours officiels. Il y aurait donc un «modèle grenoblois» ? Si cette ap-préciation maintes fois mar-telée a existé, ce «modèle» existe-t-il encore et si oui en quoi consiste-t-il ? La notion même de «modèle» est particulière-ment ambitieuse puisqu’il s’agit pas moins que de pos-séder «les qualités idéales pour servir de base à l’imi-tation» ... Dans les 50 dernières an-nées, Hubert Dubedout, Alain Carignon et Michel Destot ont toujours veillé à entretenir cette logique tout en lui donnant un contenu significativement différent selon les époques. Cet ancrage date de 1965. Albert Michallon a gagné la distinction olympique mais

ce sont ses successeurs qui la concrétisent et l’entre-tiennent. Quand Michallon revient avec le succès il n’y avait pas 100 personnes pour l’accueillir à la gare tant la surprise était immen-se (Les Affiches 11 février 1978).

Hubert Dubedout ou

la pédagogie de la décentralisation

nécessaire Quand Hubert Dubedout s’est lancé dans la politique grenobloise, beaucoup croyaient à son apolitisme. Sa logique était celle de la «deuxième gauche» qui voulait déjà concilier options sociales et réalisme écono-mique (voir photo en page 6 avec Michel Rocard). Ce n’est que par étapes qu’Hubert Dubedout accepta ensuite d’afficher une ap-partenance à l’union de la gauche avec le partenariat qu’elle supposait avec le parti communiste français. Ses proches étaient d’abord

des membres du PSU se re-trouvant dans le discours alors impertinent de Michel Rocard : Verlhac, Hollard, Quermonne, Gilman, Rizzar-do … Le «modèle grenoblois» fut construit à cette époque à partir d’une logique de pion-niers de la décentralisation : le local pouvait être le ter-rain de réalisation de tout ce que l’Etat ne savait pas bien faire. Cette logique pionnière est revendiquée dans tous les domaines : - urbanisme : la Villeneuve, - les radios libres, - la télévision locale, - le planning familial, - ... C’est une approche plus so-ciétale que gestionnaire, plus culturelle que d’équipe-ments. Le concepteur princi-pal de cette approche n’est pas Hubert Dubedout mais Jean Verlhac arrivé en 1964 à Grenoble comme ensei-gnant à Champollion. Il était le «monument conceptuel» de l’équipe de Dubedout. Une influence d’autant plus

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Comment échapper à la rigueur financière ? Les élections locales en 2014 se-ront d’abord celle de la rigueur financière. Tous les analystes s’accordent à reconnaître qu’une décennie est difficilement contournable pour «purger» les comptes publics oc-cidentaux de largesses incompati-bles avec la performance des éco-nomies émergentes. Pendant cette décennie, le réalis-me et la rigueur seront les invités permanents à la table des déci-sions. Dans ce contexte, quelles marges de manœuvres restent encore ouvertes ?

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importante que Jean Verlhac avait mis en place avant la mode des réseaux efficaces. Michel Destot est entré dans la politique grenobloise par ce canal là. Jean Verlhac était d’abord un conceptuel qui intégrait chaque décision dans une logique globale répondant à des considéra-tions théoriques.

Alain Carignon ou la droite modérée qui

communique d’abord par ses réalisations

Si Hubert Dubedout et ses proches ont beaucoup écrit, disserté sur les idéaux qui guidaient leurs décisions lo-cales, les réalisations dura-bles ont été globalement peu nombreuses à l’échelle de l’agglomération greno-bloise à l’exception des ins-tallations liées à l’obtention des JO. Ce décalage entre les faits et le discours officiel a d’ail-leurs été l’un des axes de l’alternance de 1983. L’opposition d’alors a béné-ficié d’un double climat : - le réveil face à des utopies perçues comme fumeuses voire même nocives, - l’absence de réalisations majeures alors même que la fiscalité locale était l’une des plus lourdes de France. Dans ce contexte, Alain Ca-rignon apparaît d’abord comme un Maire de la droite modérée qui communique par ses réalisations.

Un Maire de la droite modé-rée, parce que son ancrage politique est chez Chaban Delmas et sa culture de po-litique contractuelle présen-tée notamment dans son discours sur la «nouvelle so-ciété». Un maire qui communique en mettant en œuvre des techniques nouvelles sou-vent d’avant-garde à l’exemple du magazine mu-nicipal ouvert à l’opposition municipale et mis en vente dans les kiosques ou du re-ferendum sur le tramway. Un Maire qui réalise. Ses deux mandats (1983-1995) sont des mandats pendant lesquels la Capitale du Dau-phiné change fondamentale-ment avec la création d’é-quipements structurants : - la station d’épuration, - le nouveau Musée,

- les écoles ont été moder-nisées : construction du centre de rééducation motri-ce et l'école maternelle Ju-les Verne, reconstruction de l'école maternelle Les Pri-mevères au Village Olympi-que, restructuration du groupe scolaire Menon, du L.E.P. Jean Jaurès, rénova-tion des écoles Cornélie Ge-mond, Villeneuve, Joseph Vallier … - quatre MAPAD (400 pla-ces) ont été construites, - 111 places supplémentai-res en domiciles collectifs pour personnes âgées, - 640 places de crèche sup-plémentaires de 1983 à 1995, - la rénovation du centre de santé Villeneuve, - les 140 places d'accueil pour S.D.F. créées entre 1985 et 1995 (centre d'ac-cueil municipal abri tempo-raire de solidarité),

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- la création de la maison des habitants, - reconstruction de la M.J.C. Jouhaux, - reconstruction de la Mai-son pour Tous Léon Blum, - reconstruction de la M.J.C. Prémol, - aménagement et recons-truction de la M.J.C Anatole France, - rénovation de la piste Ba-chelard, - création du centre sportif Reyniès Bayard, - création de dix terrains de s po r t d e p r o x im i t é (Villeneuve, Teisseire, Ab-baye, Grand Chatelet, Ana-tole France, Mutualité, Jou-haux, Clos d'Or...), - participation à la recons-truction de la piscine univer-sitaire, - restructuration de la tribu-ne Lesdiguières, - rénovation de la piscine Villeneuve (Iris), - parkings: M.I.N., Terray, Schuman, Denfert, Alpexpo, - rénovation d’ampleur de quartiers à l’exemple emblé-

matique d’Europole, ... Sur le plan des voies de dé-placements, c’est l’époque de la décision du tramway, du déblocage de Grenoble Valence et du lancement de Grenoble Sisteron... Si les équipements de cette période étaient gommés, l’agglomération grenobloise serait aujourd’hui totale-ment méconnaissable. Cette réalité a souvent été peu défendue. Mais ce sont les faits qui parlent et, avec la sérénité qui progresse, cette part de vérité est maintenant davantage ins-

tallée dans la conscience des habitants de l’agglomé-ration.

Michel Destot et les circonstances

fondamentalement nouvelles

Dans ce contexte, quel est l’acquis durable de Michel Destot dans sa gestion mu-nicipale ? C’est aujourd’hui un exercice compliqué com-parativement à l’héritage de ses prédécesseurs. Dubedout avait fait de Gre-noble un pôle d’innovations conceptuelles. Carignon en a fait un terrain de réalisa-tions multiples. Face à ces acquis, Destot peine à mar-quer sa spécificité. Mais il peut compter sur des cir-constances atténuantes. En effet, Dubedout a vendu le local avant même la dé-centralisation. Il communi-quait donc avec peu de concurrence. Carignon a connu un pouvoir sans pré-cédent. De toute l’histoire de Grenoble, il est le seul à avoir été, en même temps, Maire, Président du Conseil Général et Ministre. Avant l’époque maudite des affai-res de financements politi-ques, Carignon a incarné une référence nationale de la jeune génération la plus prometteuse (voir photo pa-ge 7 aux côtés de François Fillon, Alain Juppé, Gérard Longuet, François Léotard …). Souvent décriée, cette capacité à cumuler a pré-senté au moins un avantage pratique incontestable : ac-célérer les réalisations car

Mieux connaître notre équipe 4 questions pratiques méritent des précisions : 1) Le nom actuel : Club 20. Il a été considéré que le temps des mots est passé. C'est le temps des chif-fres qui s'ouvre. L'actuel débat sur les dettes publiques nationales et locales en est une illustration. Les mots ont été trop galvaudés, dé-tournés, vidés de sens. Nous avons donc fait le choix d'un chiffre. Pourquoi ce chiffre : 20 ? Parce que le chiffre 20 est au coeur de nombreuses réalités à venir. En 2014, ce sera la 20 ème élec-tion municipale depuis 1900. Cette élection sera celle de l'esprit 2.0 avec une place déterminante pour Internet, pour les réseaux sociaux. Le mandat débutera en 2014 pour prendre fin en ... 2020. Pour toutes ces raisons parmi d'au-tres, le chiffre 20 nous paraissait s'imposer. 2) La date de création : juillet 2011. Le mois de juillet est celui du printemps républicain dans l'Histoire de notre pays et à plus forte raison dans celle du Dauphi-né. Comme ce Club doit être le point de rencontres du plus grand nombre de républicains (de droite, de gauche, des écologistes ...), le mois de juillet nous semblait tout destiné pour officialiser cette nais-sance. 3) L'objectif : des propositions pré-cises, concrètes qui ont vocation à peser en 2014. 4) Une priorité : à l'avenir ! L'atti-tude innovante, c'est de ne s'occu-per que de l'avenir : des actions concrètes, des projets simples.

L'innovation ne se décide pas. Elle se vit. Pour davantage d’informations :

[email protected]

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l’intéressé avait une capaci-té d’unicité de décision rare-ment atteinte. Le socle pro-grammatique d’Alain Cari-gnon a souvent été sous-estimé. Avec le temps et la sagesse qui en résultent, ce socle sera mieux reconnu et apparaîtra d’une très grande cohérence. Face à Dubedout, Destot n’a pas conceptualisé un nou-veau «modèle grenoblois». Face à Carignon, Destot n’a pas un actif de réalisations dans la même division no-tamment parce qu’il a connu un pouvoir local très parta-gé (Migaud puis Baïetto à la Métro, Vallini au Départe-ment) avec des temps longs de décision et encore plus longs de concrétisation. Mais surtout, les mandats de Michel Destot et tout

particulièrement celui en cours sont marqués par le temps des réalités.

Le temps des réalités

Michel Destot est confronté à des difficultés majeures dans des domaines très im-portants pour la vie quoti-dienne : - la sécurité urbaine, - la fluidité du trafic auto-mobile, - l’équilibre territorial au sein même de l’aggloméra-tion grenobloise. Sur ces dossiers, l’agglomé-ration paraît en panne, voire même en échec grave. Trois facteurs expliquent cette si-tuation.

Tout d’abord, Michel Destot a vécu ou (subi ?) des divi-sions internes inédites au

sein même de son «équipe» municipale où les écologis-tes ont fait naître des oppo-sitions radicales sans précé-dent. Dubedout avait dû composer avec le PCF mais Jean Giard incarnait alors une tendance très modérée, gestionnaire, réaliste à l’exemple d’une représenta-tion locale du PCF d’une ex-trême qualité au sein de l’agglomération (Kioulou, Maisonnat, Blanchon). Cari-gnon n’a jamais été exposé à de telles divisions. Dès janvier 1980, il avait com-posé le groupe de travail chargé d’élaborer le pro-gramme de 1983 et les arbi-trages ont été effectués avec une grande précaution.

Pour Michel Destot, la situa-tion a été différente. Il a été conduit à mener des négo-ciations permanentes au sein même de sa majorité

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municipale qui ont considé-rablement ralenti le cycle des décisions et par voie de conséquence des réalisa-tions ; d’où le sentiment ac-tuel d’immobilisme. Ensuite, la conquête de 1995 a probablement été celle qui a été précédée par la plus faible préparation programmatique. En 1965, Dubedout a conçu à partir du G.A.M. une ap-proche directement inspirée du programme du PSU com-binant alors avec efficacité électorale une logique mo-derniste et les repères clas-siques de la SFIO en matiè-re sociale. Carignon a consacré le plus de temps à concevoir une réelle alternative de gestion municipale à partir de 1980. C’est la raison pour laquelle,

à l’occasion des nombreux débats publics contradictoi-res, ses propositions n’ont jamais été mises en diffi-culté. Mais aussi le pro-gramme fut appliqué avec rapidité car il avait été pré-paré avec une minutie très professionnelle. A l’opposé de telles démar-ches, Destot a essentielle-ment visé à capitaliser les affaires de financements po-litiques sans s’imposer des arbitrages préparatoires précis sur les actions concrètes à mettre en œu-vre. D’où le flottement et parfois même les à coups contra-dictoires dans certains dos-siers. Enfin, comparativement, l’é-quipe Destot est la moins solide en personnalités com-

plémentaires. Dubedout a pu compter sur une très large gamme : - Verlhac en urbanisme, - Rizzardo dans le socio-culturel avec l’aide de Ca-therine Tasca et Dominique Wallon mais aussi Bernard Gilman, Jean Louis Schwart-zbrod, - François Hollard et la vie des quartiers, - Guy Névache en matière d’aménagement du territoire avec des acteurs forts com-me Pierre Mignotte ou Jean Darnige, - Daniel Populus à la com-munication, - … L’équipe Dubedout était for-te de très nombreux talents de première qualité qui avaient en charge des pans entiers de l’action municipa-le dans une logique globale interne très déléguée.

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Il en fut de même pour Alain Carignon. L’équipe de Michel Destot ne soutient pas la comparaison avec ces deux époques. Seuls Geneviève Fioraso et Stéphane Siebert dans la gestion de l’économie mixte locale ont présenté une logi-que conceptuelle avec la-quelle il est possible de ne pas être d’accord mais qui a le mérite d’exister. Un sec-teur qui pourrait être très controversé prochainement. Dans les autres domaines, le combat a surtout été me-né pour ne «pas perdre la façade» mais avec un contenu fragile. C’est pourquoi, le temps des réalités s’est imposé avec une force d’autant plus im-placable qu’il n’y a pas de lisibilité à terme pour l’opi-

nion. Par conséquent, alors même qu’il n’y a jamais eu de «modèle grenoblois» mais des laboratoires sur des sujets ponctuels, la no-tion même de «modèle» semble aujourd’hui dépas-sée, trop prétentieuse, sans prise avec les réalités. C’est tout l’enjeu des pro-chaines élections locales. D’une part, que le pouvoir sortant explique pour la pre-mière fois à ce point la logi-que globale de sa gestion à terme et les conditions de sortie des actuelles crises manifestes. D’autre part, que l’opposi-tion montre ses capacités à définir et à faire partager largement des objectifs d’u-ne nouvelle gouvernance locale. Bon nombre de commenta-teurs ont souvent pris goût à exposer que la victoire

électorale se conquiert dans la Capitale du Dauphiné par … surprise (1965, 1983). Mais la surprise fut alors d’abord celle des observa-teurs pr isonniers du «politiquement correct» lo-cal. Car, en réalité, des ten-dances lourdes portaient en elles l’alternance à ces épo-ques. Si l’opposition locale veut profiter de ces «fausses surprises», il lui faut accélérer ses travaux parce que la notion classi-que de «modèle grenoblois» n’est plus crédible et proba-blement d’ailleurs même plus attendue par les ci-toyens qui aspirent à des changements urgents dans des sujets très pratiques...

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Etre solidaire en 2012 c’est faire quoi dans les actes ? 9

Dès notre prochain numéro, après avoir dressé le panora-ma global de l’agglomération grenobloise pendant nos pre-mières publications, nous dé-buterons la présentation de nos propositions concrètes. Notre priorité : la solidarité. Que peut signifier en 2012 avoir le cœur en tête ? Nous présenterons près de 20 propositions concrètes qui sont autant d’actes possibles, immédiats de nature à chan-ger pour de vrai.