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LA MORPHINE CHEZ L’ENFANT CANCEREUX Grainat N Guerza W Yahia Bey I Service d’anesthésie réanimation Centre anti douleur CHU Batna

LA MORPHINE CHEZ L’ENFANT CANCEREUX · La douleur signal d’alarme Les personnes souffrant d'analgésie congénitale (durée de vie très restreinte). Persistance de la douleur

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LA MORPHINE CHEZ

L’ENFANT CANCEREUX

Grainat N

Guerza W

Yahia Bey I

Service d’anesthésie réanimation

Centre anti douleur

CHU Batna

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160 000 cas dans le monde

Rare avant 20 ans

Les enfants et les adolescents sont de plus en plus

touchés

Les cancers pédiatriques ne sont pas = adultes,

types, symptomes, traitement et survie

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La douleur signal d’alarme

Les personnes souffrant d'analgésie

congénitale (durée de vie très restreinte).

Persistance de la douleur : chronicité

Indispensable de la traiter, voir de supprimer

la douleur.

Certaines substances ont donc un rôle "d'anti

douleur", c'est le cas des opiacés.

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« La douleur est une expérience émotionnelle et

sensorielle désagréable, liée à une lésion tissulaire

existante ou potentielle ou décrite en terme d ’une

telle lésion ». IASP

C’est ainsi une perception subjective, individuelle qui est

influencée par le développement:

•sensoriel = conséquence directe du stimulus

douloureux

•émotionnel =reflet du vécu intime chargé d’affects

négatifs (repli, pleurs)

•cognitif = notions intellectuelles incluant des

mécanismes de défense (espoir de guérison par

exemple)

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L’intégration de ces 4 composantes de la perception de la douleur est indispensable à sa bonne prise en charge et nécessite de recueillir auprès de l’enfant et sa famille des éléments de ses expériences passées.

Le soignant doit aussi s’affranchir d’un certain nombre d’idées reçues :

–à pathologie égale, l ’enfant souffre moins

–l ’immaturité de son système nerveux le protège

–les enfants oublient la douleur

–les morphiniques sont spécialement dangereux

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La mise en place du schéma de la douleur chez l’enfant

se fait progressivement au cours de la vie intra-utérine.

Dès la 8ème SA, on retrouve des récepteurs à la douleur au niveau buccal. A 20 SA, les mécanismes électriques de transmission de

la douleur sont opérationnels.

Malheureusement la modulation de ce message ne se

mettra en place que beaucoup plus tard : si les

récepteurs aux enképhalines et endorphines sont

présents, leur ligands ne sont pas fonctionnels et le «

gate control » électrique ne se mettra pas en place

avant 6 mois postnatal.

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On dénombre 3 grands mécanismes de la douleur

1. La douleur par excès de nociception

C’est la plus fréquemment rencontrée ; elle est secondaire à la stimulation excessive des

récepteurs périphériques à la douleur. Le message douloureux emprunte les fibres afférentes

excitatrices Ad (myélinisées de petit calibre) et C (amyéliniques) jusque dans la corne

postérieure de la moëlle épinière. A ce niveau la répartition spatiale disparaît et la majorité des

fibres afférentes croise la ligne médiane pour aller se projeter sur différentes aires cérébrales (il

n’y a pas un centre cérébral de la douleur). Il existe des relais entre les neurones périphériques

et les neurones spinaux soumis à des neuromodulateurs.

En fait, l’activité des neurones à convergence est sous la dépendance d’influx non seulement

excitateurs mais aussi inhibiteurs.

Ainsi la douleur résulte d’une rupture d’équilibre en faveur de l’excitation : c’est la théorie du «

gate control » avec

· des contrôles segmentaires par activation de fibres proprioceptives A ab (effets inhibiteurs mis en

route lorsqu’on se frotte sur une partie blessée du corps pour se soulager et à la base des

techniques d’électrostimulation)

· des contrôles d ’origine supra-spinale (tronc cérébral) résultant de l’activation de voies inhibitrices

descendantes qui bloquent la transmission spinale du message douloureux

· des inhibiteurs diffus agissant comme si ce système générait un bruit de fond permanent

conduisant les structures cérébrales à n’entendre le message douloureux qu’avec difficulté

Il existe aussi un contrôle « hormonal » représenté par le système des opïodes endogènes.

Le rôle des ligands endogènes des récepteurs opïodes présents en grande quantité dans la corne

postérieure de la moëlle serait d’inhiber en urgence la transmission du message douloureux. La

morphine exogène agirait en renforçant ce mécanisme physiologique dépassé par la durée ou

l’importance du phénomène douloureux.

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2. La douleur neuropathique

Plus rare, elle est secondaire à une lésion directe des fibres sensitives sur un point quelconque de leur trajet.

Sa sémiologie est très différente de la douleur nociceptive. Elle est caractérisée par des sensations subjectives de type dysesthésies et fulgurances et objectives sous forme d’hypo ou anesthésie, d’allodynie (douleur déclenchée par un stimulus non douloureux) ou d’hyperpathie (allodynie qui persiste après l’arrêt du stimulus).

Elle impose un examen systématique de la sensibilité superficielle. Elle peut être périphérique (lésion au nivea} d’un nerf périphérique), centrale localisée (lésion au niveau médullaire ou juxta-spinal et alors touchant plusieurs métamères) ou centrale diffuse.

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3. La douleur sympathique

Elle est représentée par les algodystrophies et est très mal connue. Sa physiopathologieest complexe avec de possibles interrelations avec le système nerveux central.

En conclusion, chez le petit enfant, le schéma de la douleur est tel qu’il peut avoir mal mais n ’a pas tous les moyens de modulation : électrique, hormonal, et de défense cognitive

Quand la douleur a joué son rôle de sonnette d ’alarme ou d’accompagnement; ne pas tenter de la réduire, c ’est affaiblir l ’enfant et compromettre l ’amélioration de son état ( c’est une Obligation légale pour les professionnels de santé)

Si la douleur est liée aux soins ou examens, elle est prévue et doit donc être prévenue.

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LA MORPHINE

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Depuis le 24 Sept 1997 La morphine est autorisée

chez les enfants à partir de 1 mois ?

La posologie est augmentée jusqu ’à

antalgie satisfaisante

Risques ?

Il n ’y a pas de posologie maximale tant

que les effets indésirables sont controlé

Titration ?

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La morphine est une substance exogène dérivée de l'opium et extraite du pavot.

Elle fait partie de la famille des opiacés.

Elle est connue pour ses propriétés analgésiques et narcotiques (qui engourdit la sensibilité, calme et endort).

La morphine est un alcaloïde ( groupe de composés azotés et faiblement basiques issus principalement des végétaux.

Ils présentent une structure relativement simple et ont différents effets physiologiques sur l'organisme humain).

Sa formule chimique est : C17H19NO3. On obtient la formule topologique suivante :

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les opiacés agissent en se fixant sur des récepteurs spécifiques,

appelés récepteurs opioïdes. Ils sont au nombre de trois :

- Les récepteurs delta (δ) qui se trouvent dans le cerveau.

- Les récepteurs kappa (κ) localisés dans le cerveau (substance grise,

hypothalamus) et la moelle épinière.

- Les récepteurs mu (μ) qu'on trouve dans le cerveau, la moelle

épinière et le système digestif, ce sont les récepteurs opioïdes les

plus nombreux.

Ces trois récepteurs sont localisés au niveau des terminaisons

post-synaptiques, ils fixent aussi bien des substances endogènes

comme les enképhalines que des substances exogènes comme la

morphine. Les récepteurs mu, delta et kappa n'ont pas exactement

les mêmes fonctions, ils modulent entre autre la réponse à la

douleur, au stress et le contrôle des émotions.

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Les opiacés ont plusieurs actions dans l'organisme : - Tout d'abord leur action anti-douleur s'exerce au niveau des relais médullaires

: la fixation d'opiacés sur les récepteurs entrainent une inhibition de ces neurones. En fait la libération de substance P et de glutamate va être bloquée

la quantité de ses substances dans la fente synaptique sera donc très faible voir nulle.

Conséquence, une faible quantité de neurotransmetteurs pourra se fixer sur les récepteurs spécifiques, ainsi le message nociceptif post-synaptique sera moins intense et la sensation de douleur atténuée.

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- Les opiacés sont aussi à l'origine d'un effet euphorisant qui permet l'abstraction de la douleur. Cet effet euphorisant est d'abord dû à une plus forte probabilité d'ouverture des canaux ioniques provoqué par les récepteurs opioïdes. Ces canaux sont à l'origine d'une baisse d'excitabilité des neurones (par hyperpolarisation en post-synaptique ). De plus les opiacés ont des conséquences sur le circuit de récompense. Ce circuit est en permanence freiné par des neurones inhibiteurs qui réduisent la libération de dopamine : le neurotransmetteur GABA permet ce contrôle de la dopamine. Ces neurones inhibiteurs portent sur leur membrane des récepteurs opioïdes, ainsi lors d'un contact avec des opiacés l'inhibition est partiellement levée et la dopamine est libérée en plus grande quantité car la concentration de GABA relâchée est plus faible. Une sensation de plaisir est alors ressentie. (Il existe différentes substances agissent sur ce circuit de récompense tel que la nicotine ou l'alcool)

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Une étude retrospective

N = 10

Sexe ratio =1/4

Age moyen =

Type de cancer:rétinoblastome

,néphroblastome,kc de l’os ,kc tissu mous,kc

cerveau et kc du sang

Molécules utilisées

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RESULTATS

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selon l'age

0 -5

5 10

10 15

15 18

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Selon le sexe

Garçon

Fille

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Selon le type de cancer

Rétinoblastome

Kc de l'os

Néphroblastome

Kc du cerveau

Kc des tissus mous

Kc du sang

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Selon la molécule

Codoliprane

Tramadole

Skenan

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La répartition selon l’age montre une prédominance féminine

La tranche d’age la plus touchée 10 -15 ans

Le kc de l’os est le plus fréquent

La molécule la + utilisée est le skénan

Aucune complication n’a été observée

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Le soulagement de la douleur est important

La prévention de la douleur est préférable à son traitement

La morphine est la + puissante des molécules

Son utilisation chez l’enfant reste insuffisante ceci est lié à une réticence de la part des médecins et de la famille, et à la non disponibilité des formes pédiatriques

Une formation dans le domaine de la douleur chez l’enfant et une information des familles sur l’inocuité de ce produit permettrait de soulagement cette population et surtout lorsque la douleur est liée à la maladie cancéreuse

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1.Gall O. Analgésie auto-contrôlée. In La douleur de l’enfant. EdsEcoffey C, Murat I. Flammarion. Paris 1999. p 53-60.

2.Somrat C, Oranuch K, Ketchada U, Siriprapa S, Thipawan R. Optimal dose of nalbuphine for treatment of intrathecal-morphine induced pruritus after caesarean section. J ObstetGynaecolRes 1999 Jun ; 25 (3) :209-13.

3.Gaukroger P. Patient-controlled analgesia in children. In Pain in infants, children and adolescents. Eds Schechter NL, Berde CB, Yaster M. Williams and Wilkins, Baltimore 1993 ; p 203-11.

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