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La prévention du suicide des aînés au Québec Comprendre, s’inspirer et agir La vie des aînés nous tient à coeur

La prévention du suicide des aînés au Québec - AQPS · dans le monde. Enfin, la troisième partie, Agir, détaille les besoins et les idées des 1891 participants aux Journées

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La prévention du suicide des aînés au QuébecComprendre, s’inspirer et agir

La vie des aînés nous tient à coeur

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1135, Grande Allée Ouest, bureau 230Québec (Québec) G1S 1E7

418 614-5909

www.aqps.info

ISBN 978-2-922710-19-9Dépôt Légal – 2014Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2014Bibliothèque nationale du Canada, 2014© Association québécoise de prévention du suicide, 2014

Ce document a été rédigé par l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS) à la suite des Journées régionales sur le suicide et les aînés organisées de 2011 à 2014 avec le soutien du ministère de la Famille et des Aînés du Québec et ensuite du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec.

Fondée en 1986, l’AQPS a pour mission de promouvoir la prévention du suicide et de réduire le suicide et ses conséquences en mobilisant le maximum d’individus et d’organisations.

Elle vise entre autres à :

• mobiliserl’opinionpubliqueetlesdécideursfaceàl’ampleurdela problématique du suicide;

• promouvoirdesmesuresquifavorisentl’émergenced’uncontexte socio-politique propice à la prévention du suicide;

• soutenirlescentresdepréventiondusuicideettouteautre ressource travaillant en faveur de cette cause;

• favoriserlaresponsabilisationetlaconcertationdesdifférents milieux susceptibles de devenir partenaires.

La forme masculine est utilisée uniquement dans le but d’alléger le texte et désigne aussi bien

les hommes que les femmes.

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La vie des aînés nous tient à cœur

AVANT-PROPOS

Chaque année au Québec, 140 aînés de 65 ans et plus s’enlèvent la vie en moyenne. Ce sont autant de drames qui pourraient être évités. L’Association québécoisedepréventiondusuicideconsidèreeneffetquetoutsuicide,quelque soit l’âge de celui qui pose le geste, est un décès de trop.

Avec un premier colloque provincial sur le suicide des aînés organisé en septembre 2010 et à travers les seize Journées régionales sur le suicide et les aînés déployées de 2011 à 2014 à travers tout le Québec, l’AQPS a voulu susciter la mobilisation afin de favoriser la mise en place d’actions concrètes pour la prévention du suicide des aînés. Les individus et les organismes qui se consacrent à la prévention du suicide ou au bien-être des aînés au sein d’une même région ainsi réunis ont eu l’occasion d’accroître leurs connaissances, d’observer l’état de la situation et les réalités régionales, de faire entendre leurs divers points de vue et de se concerter. Dans plusieurs des régions où s’est tenue une journée régionale, des initiatives ont vu le jour dans la foulée de l’événement. Au cours des trois années de déploiement du projet, l’équipe de l’AQPS a également pu bénéficier de l’expérience d’un comité d’orientation, dont les membres ont, grâce à leurs champs d’expertises variés, apporté de précieux conseils sur des sujets émergents tout en participant à l’élaboration des journées.

Cette publication, issue de ce vaste projet, vise à dresser un portrait de la situation du suicide des aînés au Québec et à le mettre à la disposition de ceux qui s’intéressent à ce problème complexe. Intervenants, gestionnaires, décideurs, proches d’aînés et aînés eux-mêmes pourront y trouver matière à approfondir leur compréhension de cette réalité et surtout leur détermination à agir pour la prévenir. Avec ce document, l’AQPS veut contribuer à augmenter la prise de conscience collective que le suicide est un problème de société qu’il est possible de prévenir et veut favoriser l’émergence de projets de coopération visant à le réduire.

La première partie de ce document, intitulée Comprendre, décrit la situa-tion du suicide des aînés au Québec, en incluant les données statistiques les plus récentes et les principaux facteurs de risque et de protection indivi-duels et collectifs. La seconde partie, S’inspirer, est consacrée à une recension d’initiatives de prévention exemplaires, en provenance du Québec et d’ailleurs dans le monde. Enfin, la troisième partie, Agir, détaille les besoins et les idées des 1891 participants aux Journées régionales sur le suicide et les aînés pour améliorer la prévention du suicide chez les aînés.

L’AQPS veut contribuer à augmenter la prise de conscience collective que le suicide est un problème de société qu’il est possible de prévenir.

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Table des maTières

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. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

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1.2.1 Approche écologique et dynamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

1.2.2 Facteurs de risque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

1.2.3 Facteurs de protection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

1.2.4 Coup d’œil sur quelques-uns de ces facteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

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2.1.1 Intervention auprès des aînés suicidaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

2.1.2 Traitement de la dépression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

2.1.3 Soulagement de la douleur et de la maladie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

2.2.1 Repérage des aînés suicidaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

2.2.2 Formation des médecins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

2.2.3 Formation des autres professionnels, des proches et des aînés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

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2.3.1 Lutte contre l’âgisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

2.3.2 Renforcement du soutien social et lutte contre l’isolement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

2.3.3 Acquisition de facteurs de protection personnels . . . . . . . . . . . . . . . . 37

2.3.4 Restriction de l’accès aux moyens de s’enlever la vie . . . . . . . . . . . . 38

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40

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La prévention du suicide des aînés au Québec

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. . . . . . . 41

3.1.1 Développer la formation des intervenants en prévention du suicide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

3.1.2 Multiplier et soutenir les réseaux de sentinelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42

3.1.3 Combler le vide entre les sentinelles et les intervenants . . . . . . 43

3.1.4 Autres suggestions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43

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3.2.1 Améliorer la communication, la collaboration et la coordination des services . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44

3.2.2 Rendre les services d’aide plus accessibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45

3.2.3 Faire connaître les ressources et services d’aide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46

3.2.4 Renforcer le soutien social et briser l’isolement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46

3.2.5 Compter sur les proches aidants et les soutenir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47

3.2.6 Dégager du temps pour l’écoute . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47

3.2.7 Miser sur l’aspect intergénérationnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47

3.2.8 Changer les représentations sociales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48

3.2.9 Préparer la retraite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48

3.2.10 Favoriser le développement du pouvoir d’agir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

3.2.11 Réduire l’accès aux moyens de s’enlever la vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

3.2.12 Mieux documenter la question du suicide et améliorer la diffusion des connaissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

3.2.13 Autres suggestions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

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La vie des aînés nous tient à cœur

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La prévention du suicide des aînés au Québec

ÉdiTORiAl

le Québec a besoin de ses aînés pour bâtir son avenir

Seize Journées régionales sur le suicide et les aînés se sont échelonnées sur les deux dernières années. Elles ont permis de prendre le pouls de la réalité du suicide chez les aînés partout au Québec et de mesurer l’ampleur de cette problématique dans chaque région visitée.

Les gestionnaires, intervenants, personnes-ressources et bénévoles ont été très nombreux à échanger leurs préoccupations et leurs expériences dans le but évi-dentdecontribueràaméliorerlaqualitéetlaquantitédesservicesoffertsauxpersonnes aînées en détresse ou susceptibles de l’être.

Les données statistiques récentes précisent que la situation du suicide chez les aînés n’est pas dramatique et qu’il n’y a pas lieu de craindre une hausse importante de suicides. Tout de même, près de 140 personnes aînées passent à l’acte annuellement et c’est là une situation en soi inacceptable et évitable. Il en va de la nécessité sociale et humaine de préserver la vie de ces personnes qui ont façonné notre histoire et nos traditions et qui contribuent encore à la vie de nos collectivités.

Les Journées régionales sur le suicide et les aînés nous ont confirmé le rôle primordial que les aînés jouent dans la vie de leur communauté, que ce soit à titre de proches aidants, de bénévoles, de grands-parents. Cependant, ces rôles diversifiés sont parfois altérés par des difficultés sournoises, telles que l’isolement, la maladie ou la perte de capacités, qui constituent des risques de détresse. Les personnes aînées ont besoin du soutien de tous les membres de leur communauté pour demeurer actives et utiles. De même, la société a besoin de ses aînés pour continuer à bâtir l’avenir. Ceux-ci sont notre sagesse et le véhicule des valeurs que nous devons transmettre de génération en génération.

On entend souvent que le vieillissement de la population est croissant et que les coûts qui y sont associés risquent de dépasser la capacité de payer des contribuables. Ce propos est basé sur une vision réductrice de la valeur des aînés. Au contraire, nous n’avons pas les moyens de nous priver de leur parti-cipation, de leur sagesse et de leur expérience. Prenons exemple sur les peu-ples autochtones qui ont bâti notre pays et considérons nos aînés comme une source à laquelle puiser.

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La vie des aînés nous tient à cœur

Au Québec, le taux de suicide diminue avec l’âge, alors qu’ailleurs dans le monde, il augmente. Voilà une tendance heureuse. Dans l’ensemble, les études démontrent que les gens âgés sont généralement satisfaits de leur vie malgré la présence de facteurs de risque qui peuvent accentuer leur souffrance. Encontrepartie, les facteurs de protection sont aussi nombreux et c’est également là que doit porter notre action pour contrer les situations susceptibles d’engendrer le suicide.

Les Journées régionales sur le suicide et les aînés constituent une étape importante dans la prise de conscience de la réalité des aînés au Québec et dans la lutte contre le suicide. Les échanges fructueux qu’elles ont suscités permettent tous les espoirs. Il est maintenant temps de se mobiliser collectivement pour mettre en œuvre les solutions trouvées.

Louis ChampouxPrésident du Comité d’orientation des

Journées régionales sur le suicide et les aînés

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La prévention du suicide des aînés au Québec

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Comprendre

COmPReNdRePortrait de la situation du suicide des aînés au Québec

Selon l’Organisation mondiale de la santé, le pourcentage de la population mondiale âgée de plus de 60 ans doublera de 2000 à 2050, passant d’environ 11 % à 22 %. Le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus devrait atteindre deux milliards en 2050, dont près de 400 millions auront 80 ans ou plus (OMS, s.d.a).

Le Québec ne fait pas exception à cette tendance mondiale. Au contraire, son espérance de vie qui est déjà l’une des plus élevées du monde ne cesse de progres-ser. Elle atteint désormais 79,6 ans pour les hommes et 83,6 ans pour les femmes (Payeur, 2011). Et plus on vieillit, plus l’espérance de vie s’allonge : une personne âgée de 65 ans peut aujourd’hui espérer vivre jusqu’à 83,5 ans en moyenne tandis qu’à 75 ans, son espérance de vie la mène à 86,5 ans (Infocentre de santé publi-que, 2013). Au Québec, comme partout dans le monde, les personnes âgées de 80 ans et plus constituent le segment de la population âgée dont la croissance est la plus rapide (Camirand, 2012).

Bien qu’il n’en existe pas de définition précise et univoque, nous appellerons aînées les personnes de 65 ans et plus, conformément à ce qui semble faire consensus dans la plupart des pays industrialisés se basant sur le changement de rôle social consécutif à la retraite (OMS, s.d.b). Parmi les aînés, une distinction conceptuelle peut être faite entre trois âges démographiques : les « jeunes aînés » (young old) de 65 à 74 ans, les « aînés âgés » (old old) de 75 à 84 ans et les « aînés très âgés » (oldest old) de 85 ans et plus. Lesdifférencesquel’onconstateentrecestranchesd’âge,parexemplesur leplan de la santé physique et mentale, justifient cette distinction.

la santé des aînés, globalement bonne

En général, les aînés du Québec vieillissent en bonne santé et se portent relativement bien. Neuf personnes de 65 ans et plus sur dix vivent à domici-le et ils sont 63 % parmi les personnes de 85 ans et plus (Infocentre de santé publique, 2006). Les dernières grandes enquêtes sur la santé des populations québécoise et canadienne révèlent plusieurs données intéressantes sur la santé des personnes de 65 ans et plus qui vivent à domicile. Par exemple, 63 % d’entre elles se considèrent globalement en bonne santé (Camirand, 2012). Cependant, la proportion de ces aînés décline avec l’âge : si 70 % des personnes de 65-74 ans se disent globalement en bonne santé, c’est le cas de 56 % de celles de 75-84 ans et de 39 % de celles de 85 ans et plus.

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1.1Cequedisentleschiffresdel’ampleurduproblème

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La prévention du suicide des aînés au Québec

En ce qui concerne leur santé mentale, près de la totalité des personnes âgées (96 %) en ont une perception favorable, même excellente pour les trois quarts d’entre eux. Cette perception diminue néanmoins avec l’âge : alors que 76 % des 65-74 ans considèrent leur santé mentale comme très bonne ou excellente, ils sont 70 % chez les 75-84 ans et 67 % chez les 85 ans et plus. Les autres se considèrent tout de même, pour la grande majorité, en bonne santé mentale (Camirand, 2012).

Santé mentale : une portion des aînés se porte mal

Malgré ce tableau encourageant pour la majorité de nos aînés, il reste que, parmi ceux qui vivent à domicile, 19 % vivent une détresse élevée (Infocentre de santé publique du Québec, EQSP, 2008), 10 % éprouvent un stress quotidien (Infocentre de santé publique du Québec, ESCC, 2008), 6 % se disent insatisfaits de leur vie sociale (Infocentre de santé publique du Québec, ESCC, 2008) et 1,5 % rapportent avoir vécu un épisode dépressif majeur dans l’année précédente (Infocentre de santé publique du Québec, ESCC, 2005).

le suicide chez les aînés

Si l’on observe les idées et les comportements suicidaires de plus près, on constate qu’au cours de l’année précédant l’enquête, 1,3 % des personnes aînées indiquent avoir sérieusement songé au suicide (Camirand & Légaré, 2010) et 0,1 %, soit une sur 1000, a fait une tentative de suicide (Infocentre de santé publique du Québec, EQSP, 2008). De telles proportions suggèrent que chaque année, au moins 15 000 aînés québécois auraient des idées suicidaires sérieuses et quelque 1300 d’entre eux feraient une tentative de suicide. Enfin, selon les données de 2006 à 2010 (Infocentre de santé publique du Québec, fichier des décès), 140 aînés se suicident chaque année en moyenne au Québec, soit 108 hommes et 32 femmes. Parmi les personnes âgées qui s’enlèvent la vie, on compte près de quatre fois plus d’hommes que de femmes.

moyenne annuelle de suicides des 65 ans et plus, Québec, 2006-2010

Groupe d’âge Total q w65-69 ans 45 34 1170-74 ans 33 25 875-79 ans 26 20 580-84 ans 19 15 485+ ans 17 13 4Total 65+ 140 108 32

Source des données : Fichier des décès de 2006 à 2009 et fichier du coroner 2010 (données provisoires)

140 aînés se suicident chaque année en moyenne au Québec. Parmi ceux-ci, on compte près de quatre fois plus d’hommes que de femmes.

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Comprendre

le suicide au Québec

Le suicide est un important problème de santé publique au Québec. En considérant l’ensemble des tranches d’âge, la province présente d’ailleurs des taux de suicide parmi les plus élevés au Canada et dans le monde (Légaré, Gagné, St-Laurent & Perron, 2013). Pourtant, la prévention est possible et efficace, comme le prouve la baisse des nombres et des taux de suicide constatée au débutdesannées2000.Eneffet,lenombreannueldesuicides,quiavaitatteintun sommet de 1620 en 1999, est redescendu à 1177 en 2004 pour fluctuer par la suite autour de 1150. Le taux de suicide, une donnée qui permet d’estimer le risque individuel de décès, a également baissé pour atteindre en 2010 un taux d’environ 14 décès par 100 000 personnes, comparable à celui de la fin des années 1970.

Le risque de suicide varie de manière importante selon l’âge. Au Québec, les taux et les nombres de suicides croissent pour atteindre un sommet vers 45-49 ans et redescendent chez les plus âgés. La tranche d’âge la plus vulnérable au suicide est donc celle des 35-49 ans, suivie de celle des 50-64 ans. Les nombres et taux de suicide diminuent de 65 à 75 ans et fluctuent par la suite.

On observe que les personnes de 65 ans et plus présentent le second plus bas taux de suicide (11 par 100 000 personnes) après celui des adolescents (Légaré, Gagné, St-Laurent & Perron, 2013).

Paradoxe : le taux diminue mais le nombre augmente

Uncurieuxparadoxesedessineàpartirdel’observationdeschiffres:chezlespersonnes âgées, les taux sont en diminution depuis le début des années 1980, tant chez les hommes que chez les femmes. Cependant, on constate au cours de cette période de 30 ans une augmentation du nombre de suicides chez les aînés québécois. Cette situation apparemment contradictoire s’explique par le fait que la société québécoise vieillit, ce qui fait en sorte que le nombre de

Source des données : Infocentre de santé publique

du Québec

*Données provisoires pour 2011 (Bureau du Coroner du Québec)

Suicide, Québec, 2007-2011* – Nombre et taux pour les deux sexes (Légaré, 2014)

0

16

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64

80

96

112

128

144

160

85 e

t +

80-8

4

75-7

9

70-7

4

65-6

9

60-6

4

55-5

9

50-5

4

45-4

9

40-4

4

35-3

9

30-3

4

25-2

9

20-2

4

15-1

9

10-1

4 0

5

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15

20

25

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La prévention est possible et efficace, comme le prouve la baisse des nombres et des taux de suicide constatée au début des années 2000.

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La prévention du suicide des aînés au Québec

Une exception mondialeDans les comparaisons mondiales, le cas du Québec fait figure d’exception, avec un taux de suicide d’aînés qui lesitueenfindepelotondeplusieurspaysindustrialisés(Mishara,2013).Eneffet,danslaplupartdecespays,lestaux de suicide augmentent avec l’âge : dans la majorité des pays développés, les aînés sont les plus à risque des différents groupes d’âge et les taux ne diminuent pas, contrairement à ce que l’on observe au Québec. Les raisons qui expliquent cette situation exceptionnelle ont peu été explorées. Il serait primordial que la recherche étudie ce phénomène, car les réponses permettront probablement de déterminer des moyens de renforcerlapréventionauQuébecetailleursdanslemonde.Enoutre, ladiffusiondecetteréalitéencoura-geantepeutaussiavoiruneffetprotecteur.

personnes âgées de 65 ans et plus augmente rapidement. Ainsi, le nombre de personnes âgées a été multiplié par deux de 1981 à 2009, parallèlement à une augmentation du nombre de suicides de 40 % (Légaré, Gagné, St-Laurent & Perron, 2013).

Rares tentatives

Une autre particularité des aînés québécois est le petit nombre de leurs tentati-ves de suicide, ou, autrement dit, la forte létalité des gestes suicidaires (Conwell, Van Orden & Caine, 2011). En 2008, la proportion de personnes de plus de 65 ans affirmant avoir fait une tentative dans l’année précédente était de 1 sur 1000 alors qu’il était de 5 sur 1000 pour l’ensemble de la population (Infocentre de santé publique du Québec, EQSP). Si l’on compare ces données à celles des suicides, on compte en moyenne un suicide complété pour 25 tentatives alors que l’on ne constate parmi les aînés de 65 ans et plus que 8 tentatives pour chaque suicide complété. Parmi les aînés qui se suicident, on peut d’ailleurs considérer que 75 % n’avaient jamais fait de tentative auparavant. Ce faible ratio tentatives/suicide peut probablement s’expliquer par la fragilité physique des personnes âgées, qui augmente leur risque de décéder, et par leur isolement qui rend moins probable l’intervention des secours. Enfin, même si une ambi-valenceentrelavolontédevivreetcelled’arrêterlasouffranceparlamortestprésente jusqu’au bout, il est possible que les aînés planifient davantage leur suicide ou soient plus déterminés en posant le geste.

Focus sur le cas des hommes très âgés

Les hommes de 80 ans et plus présentent un taux de suicide plus élevé que leurs cadets. De 2000 à 2010, des variations annuelles importantes ont été observées dans le taux de suicide, même si la tendance générale est à la baisse depuis 1981. Pour le moment, les chercheurs ne s’expliquent pas ces écarts annuels. Parmi ces « aînés très âgés » qui se suicident, on relève une fois et demi plus de veufs que chez les hommes de même âge décédés d’autres causes. Ils sont aussi plus nombreux à utiliser des moyens très létaux comme les armes à feu et les sauts d’un lieu élevé que les hommes de moins de 80 ans. La moitié d’entre eux posent le geste à domicile, tandis qu’une minorité (7 %) le font au sein de l’éta-blissement collectif dans lequel ils résident.

Dans la plupart des pays développés, les aînés présentent les taux de suicide les plus élevés de tous les groupes d’âge. Ce n’est pas le cas au Québec.

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Comprendre

Suicide, Québec, 2007-2011* – Nombre et taux par sexe (Légaré, 2014)

0

16

32

48

64

80

96

112

128

144

160

85 e

t +

80-8

4

75-7

9

70-7

4

65-6

9

60-6

4

55-5

9

50-5

4

45-4

9

40-4

4

35-3

9

30-3

4

25-2

9

20-2

4

15-1

9

10-1

4 0

5

10

15

20

25

30

35

40

NO

MB

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AN

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EL

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AR

10

0 0

00

G R O U P E D ’ÂG E

Nombrew

Nombre

Taux hommes

q

Taux hommes aînés

Taux total

Taux femmes

À quoi s’attendre pour l’avenir?

La mauvaise santé mentale, les idées suicidaires et le suicide concernent une portion faible, mais non négligeable, des aînés du Québec. Puisque le suicide existe bel et bien dans cette tranche d’âge, ce serait une erreur de se dispen-ser de s’engager dans la prévention sous prétexte que d’autres groupes d’âge sont davantage touchés. Il est difficile de déterminer si le problème prendra de l’ampleur dans les prochaines années. On peut le craindre, étant donné l’aug-mentation constante du nombre d’aînés et le fait que la prochaine génération d’aînés sera constituée des baby-boomers, un groupe qui a toujours connu des taux de suicide relativement élevés. Mais d’autres indices (Légaré, 2014) sont denatureplus rassurante: cet effetdegénérationne seraitpas aussi impor-tant que redouté et le fait que ces mêmes futurs aînés recourent, davantage et plus aisément que leurs parents, aux soins et services en santé mentale pourrait agir comme facteur de protection. Quoi qu’il en soit, parce que nous perdons chaque année 140 aînés d’une mort évitable, il convient de s’intéresser à cet enjeu de société et d’intensifier la prévention.

Source des données : Infocentre de santé publique

du Québec

*Données provisoires pour 2011 (Bureau du Coroner du Québec)

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La prévention du suicide des aînés au Québec

1.2 Facteurs de risque et de protection

Le suicide d’un aîné, comme tout autre suicide, suppose une détresse psycho-logique,ungranddésespoiretunevolontéd’arrêterdesouffrir.Or,mêmechezlesaînés,laplupartdessouffrancespeuventêtreréduites.

Il n’est généralement pas possible de mettre le doigt sur un ou même quelques éléments qui pourraient être considérés comme la ou les causes du suicide. « Le suicide est un phénomène complexe déterminé par l’interaction de plusieurs facteurs. L’individu, son histoire, son environnement immédiat, son milieu social, composent une trame dont il est presque impossible de défaire les

entrelacs » indiquait en 1998 la Stratégie québécoise d’action face au suicide.

1.2.1 Approche écologique et dynamique

Selon l’approche écologique, un modèle qui permet de décrire la problématique, une multitude de facteurs

relevant de l’expérience individuelle et des conditions sociales, économiques ou culturelles peuvent influ-encer les comportements suicidaires. Chaque niveau représenté par un cercle est une source potentielle de facteurs de risque et de facteurs de protection. Alors que certains relèvent de l’individu, d’autres dépendent de son entourage ou encore de la communauté dans son ensemble. Ces facteurs doivent être vus en interrelation les uns avec les

autres.

l’approche dynamique distingue les facteurs de risque prédisposants, contribuants, précipitants et les facteurs

de protection. Celle-ci permet d’aborder la multiplicité des éléments qui participent à l’augmentation ou à la réduction

du risque de suicide chez les aînés.

1.2.2 Facteurs de risque

les facteurs prédisposants sont ceux qui, liés à l’histoire de vie d’une personne, la rendent vulnérable. Les facteurs susceptibles de prédisposer les aînés au suicide correspondent en grande partie à ceux qui s’appliquent à toutes les tranches d’âge. Il s’agit de la dépression et des autres problèmes psychiatriques, d’une tentative de suicide antérieure, de l’abus d’alcool ou de médicaments, du suicide d’un proche ou d’un membre de la famille, de traits de personnalité inflexibles, d’un deuil prolongé ou non résolu, de relations de violence ou d’abus, de l’isolement social et de l’absence de liens significatifs. Sur le plan social, l’acceptabilité du suicide chez les personnes âgées et l’âgisme contribuent aussi à un climat général pouvant prédisposer au suicide.

Famille

AmisMilieux-groupes

Communauté

Culture

SociétéEnvironnement

PERSONNE

FACTEURS CONTRIBUANTS

FACTEURS CONTRIBUANTS

FACTEURS PRÉDISPOSANTS

FACTEURS PRÉDISPOSANTS

FACTEURS PRÉCIPITANTS

FACTEURS PRÉCIPITANTS

FACTEURS DE PROTECTON

FACTEURS DE PROTECTON

Approche écologique et dynamique de la prévention du suicide, traduit et adapté de White et Jodoin (1998)

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Comprendre

les facteurs contribuants exacerbent le risque de suicide à un moment précis. Ceux-ci peuvent comprendre, pour les aînés, les deuils et pertes successives, leseffetssecondairesdesmédicaments,l’accèsauxmoyensdes’enleverlavie,spécialement les armes à feu, les conflits persistants, les relations instables, la dépendance, la faible demande d’aide et la consommation abusive d’alcool oudemédicaments.Àl’échellepluslargedelasociété,ladiffusionmédiatiquede comportements suicidaires de personnes âgées, le manque d’accessibilité des ressources et la pauvreté font également partie des facteurs contribuant à augmenter le risque de suicide chez les aînés.

les facteurs précipitants sont les circonstances qui précèdent de peu le passage à l’acte. Il s’agit en quelque sorte de « la goutte qui fait déborder le vase ». Ces événements, parfois anodins, revêtent une grande importance aux yeux de la personne déjà en détresse vu la présence de certains facteurs prédisposants et contribuants. Il s’agit essentiellement de faits de vie négatifs, tels qu’un conflit interpersonnel ou familial, une séparation, la perte d’un statut social ou un échec. Ces événements stressants induisent une grande souffrance psychique que l’individu ne parvient pas à surmonter. Pour lesaînés en particulier, un deuil ou une perte récente, une entrée en institution, une humiliation, un traumatisme peuvent jouer comme facteurs précipitants. Le veuvage est également un facteur précipitant, particulièrement pour les hommes. Enfin, le décès par suicide d’une célébrité, surtout s’il s’agit d’une personne âgée, peut aussi être un élément déclencheur.

1.2.3 Facteurs de protection

Certains facteurs sont dits de protection car ils diminuent l’impact des autres facteurs et élargissent le champ des solutions possibles. Ils réduisent le risque de comportement suicidaire en renforçant la capacité d’une personne à trouver lessolutionsquiluipermettrontd’affronterlesmomentsdifficiles.Lesfacteursde protection sont multiples. Pour les aînés, on peut pointer en particulier les habiletés de résolution de problèmes et les capacités d’adaptation, lesquelles peuvent être liées à l’expérience de vie (Préville, Boyer, Hébert, Bravo & Séguin, 2003; Mishara, 2013), la spiritualité et les pratiques religieuses, la capacité à exprimer son vécu et ses émotions, une vision favorable de la retraite, etc. Sur le plan social, un climat de vie chaleureux, un soutien familial et social ou encore une cohabitation intergénérationnelle sont aussi des facteurs de protection importants, de même que le fait d’avoir un rôle actif dans sa communauté et un accès facile à des ressources d’aide. Enfin, une vision favorable du vieillissement, du statut social des aînés, de leur contribution et de leur valeur partagée par l’entourage contribue également à réduire le risque (Saïas, Véron & Lapierre, 2013).

1.2.4 Coup d’œil sur quelques-uns de ces facteurs

S’il n’est pas envisageable de détailler l’ensemble des facteurs de risque suscep-tibles de prédisposer, de contribuer ou de précipiter un geste suicidaire, il est néanmoins intéressant de mettre en lumière une sélection de ceux-ci. Certains facteurs sont présentés dans les lignes suivantes, parmi ceux qui sont les plus documentés ou qui constituent des enjeux de société importants.

Les facteurs de protection réduisent le risque de comportement suicidaire en renforçant la capacité à trouver les solutions qui permettent d’affronterles moments difficiles.

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La prévention du suicide des aînés au Québec

Famille

Amisg pMilieux-groupesg p

Communauté

Culture

SociétéEnvironnement

PERSONNE

CFACACTEURAC URS URCONC NTRIBN BUANB NTSNT

C URSACTEUURFACACFPP TSSANTSTSSPOSASARÉDISPSPPRÉRÉ

CFFACTF TEURSTE RS RSAPP CPRÉÉCIPITÉC ITANTSIT TSNTS

C STEURSRSFACTETEFAFAP CC NCTONNROTECCTDE PRORODEDE

A. QUELQUES FACTEURS INDIVIDUELS

La dépression et les autres problèmes psychiatriques Facteurs prédisposants

Comme dans tous les groupes d’âge, la dépression et la maladie mentale en général font partie des principaux facteurs prédisposant au suicide (Préville, Hébert, Boyer, Bravo & Séguin, 2005). Les auteurs s’accordent sur ce constat, même si les chiffresvarientquelquepeuselonlessources:d’aprèslaStratégie

québécoise d’action face au suicide de 1998, 60 % à 80 % des aînés qui se suicident souffrent d’une dépression. Dans la dépression

majeure,lapersonneéprouveunesouffrancepsychiqueintense.Ellen’entrevoit plus aucune perspective favorable, le suicide lui apparaît

commelaseuleissueàsasouffrance(Amyot,2010).

Chez les aînés, la dépression n’est pas toujours diagnostiquée et encore moins fréquemment traitée. Des données américaines indiquent que moins de la moitié des dépressions d’aînés feraient l’objet d’un diagnostic (Conwell & Thompson, 2008) et certains auteurs estiment que si les cas de dépression majeure des aînés étaient traités adéquatement, le taux de suicide chuterait de 75 % (Beautrais, 2002; Conwell & Thompson, 2008).

Une tentative de suicide antérieure Facteur prédisposant

Dans tous les groupes d’âge, avoir fait une tentative de suicide constitue le principal facteur prédisposant au décès par suicide (Hawton, 2009). Cela s’explique facilement : le fait d’avoir posé le geste suicidaire une première fois a poureffetd’ouvriruneporte,depermettredefranchirunebarrièrepsychologi-que. L’individu a alors plus de facilité à recourir à ce moyen pour tenter de faire cesser sa souffrance. Ceci étant, la létalité des tentatives de suicide est plus élevée parmi les personnes âgées qu’au sein de la population en général, ce qui signifie que peu de celles qui se suicident, autour de 25 % seulement, avaient réalisé une ou plusieurs tentatives auparavant.

Des traits de personnalité inflexibles et des mécanismes d’adaptation limités Facteur prédisposant

Ces traits de personnalité qui s’observent surtout chez les hommes se caractérisent entre autres par la pensée qu’il n’y a qu’une solution possible à un problème, par un seul moyen déterminé. Paul R. Duberstein a défini en 1995 le concept d’ « openness to experience » pour caractériser certains traits de personnalité associés au suicide. Il a démontré un lien entre un faible niveau d’ « openness to experience » et le suicide chez les aînés. Ce faible score était caractérisé par des buts de vie concrets et à court terme, un comportement peu propice aux changements, l’absence ou le peu de centres d’intérêts ainsi qu’un éventail restreint d’émotions.

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Comprendre

la dépression ne fait pas partie de la vieillesse « normale »La dépression de la personne âgée semble moins facile à détecter que chez les adultes plus jeunes (Saliou Bernard Griffiths, 2009). Désintérêt pour la vie, manque de plaisir, sentiment de tristesse, perte de poids, insomnie, fatigue ou perte d’énergie, sentiment de dévalorisation, difficultés de concentration peuvent être associés à des signes normaux du vieillissement, alors qu’ils devraient parfois être vus comme les symptômes d’une dépression. Certaines dépressions sont aussi masquées sous des symptômes physiques. La tendance au sous-diagnostic de la dépression provient notamment de fausses croyances répandues à propos de la vieillesse qui normalisent la tristesse, la déprime ou la dépression des personnes âgées. En adhérant aux raisons de la dépression, en l’acceptant, on s’empêche de la reconnaître comme une maladie et de la soigner.

Une étude d’autopsie psychologique réalisée au Québec auprès de personnes âgées décédées par suicide a démontré qu’un peu plus de la moitié (53,5 %) avaient rendu visite à leur médecin généraliste dans les deux semaines précédant le décès (Préville, Boyer, Hébert, Bravo & Séguin, 2003) et que près de la totalité (93,1 %) avait rencontré un professionnel de la santé dans les six mois précédant le décès par suicide. Selon certains auteurs, 40 % des aînés qui se suicident avaient fait part de leurs idées suicidaires à un professionnel de la santé au cours des jours ou semaines précédant le passage à l’acte (Henri & Roch, 2013). Ces résultats interpellent : ils laissent supposer que les intervenants qui gravitent autour de la personne âgée sont peu outillés pour détecter les signes de détresse, pour intervenir auprès d’une personne suicidaire et pour l’orienter vers les services d’aide appropriés.

Enfin, même si la dépression est souvent présente chez ceux qui posent un geste suicidaire, il ne faut pas perdre de vue que, parmi l’ensemble des aînés dépressifs, peu se suicident. Quels que soient les facteurs de risque présents,lesuicidenepeuteneffetêtreprédit.

Que penser de la maladie physique, de la douleur, de la perte d’autonomie? Facteurs prédisposants ou contribuants

L’impact de la maladie physique, chronique ou non, de la douleur et des limi-tations fonctionnelles ainsi que de la perte d’autonomie sur le risque suicidaire ne fait pas l’unanimité. Certaines recherches semblent démontrer la contribu-tion directe d’une pathologie médicale au suicide chez certaines personnes âgées et l’impact des maladies chroniques, notamment cardiovasculaires et neurologiques, des handicaps physiques, du cancer ou encore des troubles somatiques ou fonctionnels (Saliou Bernard Griffiths, 2009). L’apparition des premiers symptômes constituerait un moment critique, ainsi que la douleur physique, lorsqu’elle devient intolérable. À l’inverse, la surreprésentation masculine dans les suicides de personnes âgées ne concorde pas avec le fait que les femmes âgées sont plus malades et se perçoivent plus malades que les hommes (Mishara, 2013). Par ailleurs, des données québécoises d’autopsies psychologiquesrévèlentquelespersonnesdécédéesparsuicidenesouffraientpas davantage de maladie chronique ni de perte d’autonomie dans les six mois précédant leur mort que celles qui sont décédées d’autres causes (Préville, Hébert, Boyer, Bravo & Séguin, 2005). Finalement, certains suggèrent que la perceptiondelamaladieetlesensquiluiestdonné,leseffetsanticipéssurlavie quotidienne, la crainte de la douleur et la menace à l’intégrité jouent un rôle plus important que la maladie elle-même (Henri & Roch, 2013).

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La prévention du suicide des aînés au Québec

La consommation abusive de médicaments ou d’alcool Facteur contribuant

L’abus de différentes substances peut être un facteur contribuant au suicidechez les aînés. Des données françaises indiquent que l’alcoolisme concerne-rait 2 % à 10 % des personnes âgées, qu’il s’agisse de dépendance ancienne ou que celle-ci soit survenue tardivement (Rigaud-Monnet & Forette, 1997). L’abus d’alcool et de médicaments constitue souvent une réponse à la solitude, au sentiment d’inutilité, à la perte de lien social, à l’anxiété, à la dépression ou au stress. La consommation excessive d’alcool ou d’autres substances est à l’origine d’une désinhibition, d’une perte de jugement et de comportements impulsifs, qui sont associés au passage à l’acte suicidaire. L’alcool est surtout associé à un risque élevé de suicide chez les hommes âgés qui présentent une dépendance de longue date et qui ont perdu leur soutien social. L’usage et l’abus d’alcool chez les personnes âgées semblent sous-estimés, sous-diagnostiqués et donc sous-traités. Il semble que les aînés reçoivent moins souvent de diagnostic d’alcoolisme que les adultes plus jeunes, pour un même nombre de cas, alors qu’ils sontgénéralementplusvulnérablesauxeffetsdel’alcool(Henri&Roch,2013).

Les pertes Facteur contribuant ou précipitant

Deuils, séparations, perte du permis de conduire, diminution des capacités physiques et de l’acuité visuelle ou auditive : en vieillissant, il faut faire face à de nombreuses pertes. Chacune de celles-ci peut accentuer le risque suicidaire (facteur contribuant) ou agir comme déclencheur du passage à l’acte (facteur précipitant) (Boyer, 2010; Amyot, 2010). En particulier, la perte du permis de conduire peut avoir des conséquences importantes, spécialement chez les hommes. En effet, pour la génération actuelle d’hommes âgés, le permis deconduire est lié à l’identité, à l’autonomie et par conséquent à l’estime de soi (Henri & Roch, 2013).

Une entrée en institution Facteur précipitant ou de protection

Le transfert dans un centre d’hébergement est un moment crucial dans la vie d’une personne âgée. Cependant, le processus d’adaptation de la personne dépend largement du sens qu’elle attribue à cet événement. Un aîné vulnérablequinedisposepasdesoutienaffectifdurantcettetransitionpeutdevenir suicidaire. Inversement, pour d’autres aînés, le transfert en maison d’hébergement devient un facteur de protection en brisant l’isolement et en remédiant à la perte d’autonomie (Henri & Roch, 2013).

Les habiletés de résolution de problèmes et les capacités d’adaptation Facteur de protection

Une personne âgée a dû s’adapter à de multiples situations tout au long de sa vie. De ce fait, l’expérience de vie accumulée peut constituer un atout qui lui permet d’acquérir des mécanismes d’adaptation, la rendant plus forte devant les épreuves.

Chaque perte peut agir comme facteur contribuant en accentuant le risque suicidaire ou comme facteur précipitant en entrainant un passage à l’acte.

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Comprendre

La spiritualité et les pratiques religieuses Facteur de protection

Émile Durkheim avait déjà remarqué que les pays de religion catholique avaient des taux de suicide plus bas que les pays protestants et expliquait ce phénomène par un plus fort engagement envers la famille ainsi que dans les préceptes religieux traditionnels (Saliou Bernard Griffiths, 2009). Dans la religion catholique, encore bien présente parmi les aînés du Québec, la vie, qui est un don de Dieu, ne peut être volontairement interrompue. Ce principe a un effetprotecteur sur lescroyants.Au-delàde lacroyance, l’activité socialequiaccompagne la pratique d’une religion joue également un rôle protecteur, en augmentant le soutien social, la participation aux activités de la communauté ou encore le sentiment d’appartenance (Mishara, 2013).

La maladie d’Alzheimer Facteur contribuant ou de protection

Même si l’annonce d’un diagnostic de démence peut temporairement augmenter le risque en s’accompagnant d’un état dépressif (Saliou Bernard Griffiths, 2009), seulement 2 % des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer souhaitent se suicider alors que 45 % des aidants, professionnels de la santé compris, pensent que ces malades veulent mourir (Mishara, 2013). La maladie d’Alzheimer et d’autres démences peuvent être considérées comme des facteurs indirectement protecteurs de suicide. Pour leur part, les aidants proches de ces personnes sont aussi soumis à un risque de détresse qu’il importe de considérer.

B. QUELQUES FACTEURS LIÉS À LA FAMILLE ET AUx PAIRS

L’isolement social Facteur prédisposant

À l’âge de la retraite, lorsque le travail ne remplit plus les journées et que les relations professionnelles sont rompues, les aînés doivent se construire de nouvelles relations significatives. Ici encore, les capacités d’adaptation jouent un rôle majeur en permettant aux individus d’envisager favorablement leur nouvelle vie. Plus tard, ceux qui n’ont pas ou peu de famille et d’amis et ceux qui voient leurs liens avec ceux-ci se briser ou se distendre peuvent vivre de l’isolement. L’éclatement des familles, qui peut être la conséquence de migrations économiques, s’accompagne d’un fréquent éloignement des enfants et peut susciter des sentiments de rejets, d’abandon et d’inutilité (Saliou Bernard Griffiths, 2009). Enfin, les aînés ont souvent à vivre le décès de proches de leur génération ou plus âgés. Il a été largement démontré que l’isolement constitue un facteur de risque majeur associé au suicide chez les aînés (Saïas, Véron & Lapierre, 2013).

Communauté

Culture

SociétéEnvironnement

Famille

AmisMilieux-groupes

PERSONNE

CFACACTEURAC URS URCONC NTRIBN BUANB NTSNT

C URSACTEUURFACACFPP TSSANTSTSSPOSASARÉDISPSPPRÉRÉ

CFFACTF TEURSTE RS RSAPP CPRÉÉCIPITÉC ITANTSIT TSNTS

C STEURSRSFACTETEFAFAP CC NCTONNROTECCTDE PRORODEDE

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La prévention du suicide des aînés au Québec

La maltraitance Facteur prédisposant

La maltraitance envers les aînés est un problème qui « suscite de plus en plus d’interrogations et de prises de positions » (Beaulieu, 2012). La maltraitance peut se manifester à travers une violence physique, psychologique, morale ou encore sexuelle, à travers une exploitation financière ou matérielle, à travers la négligence ou encore à travers une violation ou une atteinte aux droits de la personne. Bien que le lien entre la maltraitance envers les personnes âgées et le suicide semble évident, il a été peu exploré d’après la recension des écrits effectuéeparMarieBeaulieu. Les recherchesdisponiblesdémontrentqu’unemaltraitance qui a eu lieu plusieurs années plus tôt, parfois même au cours de l’enfance, a des conséquences à long terme sur la santé psychologique des aînés, entrainant notamment des comportements autodestructeurs tels que le suicide. La maltraitance, tout comme le suicide, doit donc être envisagée dans une perspective de parcours de vie.

Les conflits persistants et l’instabilité des relations Facteur contribuant

L’instabilité familiale constitue un facteur augmentant le risque de suicide (Conwell & Thompson, 2008). Par ailleurs, lorsque les deux conjoints se retrou-vent en tête à tête, un nouvel équilibre conjugal est à définir. Cette étape peut être à l’origine de conflits (Saliou Bernard Griffiths, 2009).

Le veuvage Facteur précipitant

Le veuvage peut agir comme facteur de risque, en particulier pour les hommes. « La perte d’un conjoint ou d’une conjointe au terme d’une relation longue et satisfaisante constitue un événement majeur de la vie qui appelle des straté-gies d’adaptation particulières » (Henri & Roch, 2013). Les hommes sont surtout concernés après 75 ans, au contraire des femmes, moins isolées à la mort de leur conjoint car elles auraient entretenu un réseau social plus actif tout au long de leur vie. Par ailleurs, le survivant a souvent été un proche aidant qui s’est dévoué afin que son conjoint demeure à la maison malgré la maladie ou la perte d’autonomie. Le décès du conjoint le contraint à redéfinir son rôle puisqu’il n’est plus ni conjoint ni aidant, à changer ses habitudes quotidiennes et parfois à affrontercertainesdifficultésfinancières,àunmomentoùilestpassablementépuisé. Cela s’avère complexe pour une personne âgée qui n’a ni réseau social ni soutienaffectif.Lerisquesuicidaireestsurtoutélevéchezlesaînésveufsdurantlapremièreannéesuivant ledécèsde laconjointe:2,5%desveufseffectue-raient une tentative de suicide dans cet intervalle de temps. Ce risque demeure important durant les cinq années suivantes (Henri & Roch, 2013).

Le risque suicidaire est surtout élevé chez les aînés veufs durant la première année suivant le décès de la conjointe.

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Comprendre

L’entraide et le support familial Facteur de protection

Les personnes bénéficiant d’un réseau de soutien social émotionnel dense constitué d’amis et de membres de la famille à qui se confier sont moins sus-ceptibles de poser un geste suicidaire que celles dont le réseau est plus faible (Saïas, Véron & Lapierre, 2013). Selon Beautrais (2002), un bon soutien social peut diminuer de 27 % le risque de suicide.

C. QUELQUES FACTEURS LIÉS À LA COMMUNAUTÉ ET À LA SOCIÉTÉ

L’âgisme Facteur prédisposant

L’âgisme peut être défini comme le fait d’avoir des préjugés ou un comportement discriminatoire envers des personnes ou des groupes en raison de leur âge (OMS, s.d.c). Cette discrimination se répercute insidieusement dans l’image et l’estime qu’ont les aînés d’eux-mêmes, ainsi que dans les considérations des proches et des intervenants envers ceux-ci. En influençant la valeur accordée à la vie des aînés, l’âgisme est susceptible de contribuer à un climat favorable aux idées et gestes suicidaires. La souffrancepsychiqueetpsychologiquen’estpasuneconséquencenormale du vieillissement. Les fausses croyances comme « il est normal d’être déprimé en vieillissant », « la vieillesse, c’est difficile à supporter » ou « les malades préfèrent mourir » constituent aussi une forme d’âgisme qui contribue à augmenter le risque de suicide (Mishara, 2013).

L’acceptabilité du suicide des aînés Facteur prédisposant

Aux yeux de certains, le suicide est un geste rationnel, résultant d’une suite logiqued’événementsquimènentl’individusouffrantàchoisir,parmiplusieursoptions, celle de la mort. Il y aurait des cas où le suicide serait « la meilleure chose à faire » pour un individu. Cette vision du suicide n’est pas partagée par la grande majorité des chercheurs et des intervenants, pas plus qu’elle ne l’est par l’AQPS. Au contraire, le suicide doit être perçu pour ce qu’il est : une absence de choix. La personne suicidaire, submergée par ses problèmes, souvent victime de dépression et ayant perdu espoir, n’a plus à sa disposition les outils pour réfléchirposément.Ayantsouventtentédesesortirdesasouffrancepardiversmoyens, elle entrevoit le suicide comme la seule issue possible, sans percevoir les alternatives qui existent pourtant encore. Pour considérer le suicide comme une option, pour soi ou pour autrui, il faut avoir perdu tout espoir en une vie meilleure, ne plus croire qu’aucune amélioration n’est possible.

Communauté

Culture

SociétéEnvironnement

Famille

Amisg pMilieux-groupes

PERSONNE

CFACACTEURAC URS URCONC NTRIBN BUANB NTSNT

C URSACTEUURFACACFPP TSSANTSTSSPOSASARÉDISPSPPRÉRÉ

CFFACTF TEURSTE RS RSAPP CPRÉÉCIPITÉC ITANTSIT TSNTS

C STEURSRSFACTETEFAFAP CC NCTONNROTECCTDE PRORODEDE

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La prévention du suicide des aînés au Québec

Suicide rationnel ?N’aurait-on pas une certaine tendance à voir le geste suicidaire comme plus rationnel lorsqu’il est posé par un aîné que par un plus jeune ? Gallagher-Thompson & Osgood (1997) évoquent l’existence d’un « suicide rationnel », qui peut être lié à l’euthanasie et au suicide assisté, au cœur des débats actuels au Québec. Est-ce que la société ne considère pas trop souvent comme « raisonnable » le fait de s’enlever la vie dans les situations où tout espoir semble vain? En adhérant à cette vision des choses, nous participons probablement à un climat social propice au suicide. Les aînés risquent d’en être les victimes. Par ailleurs, l’AQPS a suivi de près les travaux parlementaires concernant le projet de loi sur l’aide médicale à mourir. Sans adopter de position ferme dans le débat, l’AQPS a exprimé ses préoccupations relatives à l’impact de la loi sur le suicide et sa prévention. Elle a notamment appelé les membres de la Commission de la santé et des services sociaux à renforcer le caractère exceptionnel du recours à l’aide médicale à mourir, à communiquer de manière appropriée pour prévenir les ambiguïtés du message, à veiller à ce que l’on prenne soin de ceux qui restent et à s’assurer que les retombées sociétales de la nouvelle loi soient documentées.

La diffusion de comportements suicidaires de personnes âgées Facteur contribuant

De nombreuses recherches indiquent que les traitements médiatiques peuvent avoir une incidence sur le risque de suicide de certains groupes (Biddle & al., 2012). Une présentation exagérée ou erronée du phénomène du suicide des aînés peut accroître la probabilité de suicide parmi ceux-ci. La situation québécoise étant particulière (le suicide baisse avec l’âge après 50 ans), il y a un risque de confusion avec la situation qui prévaut dans de nombreux autres pays, à savoir une augmentation du risque suicidaire et des taux avec l’âge. Ces confusions peuvent entraîner des messages médiatiques alarmistes.

L’accessibilité des moyens Facteur contribuant

La majorité des suicides d’aînés se produisent à domicile, avec des méthodes très létales. Paradoxalement, alors que les aînés utilisent beaucoup de médicaments et y ont facilement accès, ce n’est pas un moyen plus utilisé que dans les autres catégories d’âge (Mishara, 2013). Les armes à feu sont, pour les hommes âgés, le moyen le plus fréquemment utilisé pour s’enlever la vie. On sait par ailleurs que le risque de suicide par arme à feu est multiplié par cinq dans un foyer où se trouve une telle arme (Caron, Julien & Huang, 2008). Les initiatives visant à réduire l’accès aux armes sont des moyens de prévention qui ont démontré leur efficacité pour tous les groupes d’âge.

Les effets secondaires des médicaments Facteur contribuant

Ce facteur semble contribuer au risque suicidaire des aînés. Les médicaments utilisés pour traiter certaines maladies physiques peuvent induire des effets secondaires comme ladépression (Mishara, 2013). Consommerde telsmédicaments,surtoutlorsqueleurseffetssecondairesnesontpasconsidérés,peut donc augmenter le risque d’idées suicidaires et de suicide.

Consommer certains médicaments, surtout lorsque leurs effetssecondairesnesont pas considérés, peut augmenter le risque de suicide.

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S’iNSPiReRRecension d’initiatives exemplaires de prévention

Pour lutter contre le suicide chez les aînés, il convient de tenter de réduire les facteurs de risque et d’augmenter les facteurs de protection, qu’ils soient individuels ou collectifs. De multiples programmes et initiatives contribuent, directement ou indirectement, à l’atteinte de ces objectifs. La deuxième section de ce document vise à présenter un éventail de projets menés au Québec et ailleurs dans le monde en vue d’agir sur le problème du suicide chez les aînés, sans prétendre à l’exhaustivité.

La majorité des activités recensées dans les pages suivantes sont issues de présentations entendues lors des Journées régionales sur le suicide et les aînés. Quelques initiatives menées ailleurs dans le monde ont été ajoutées. Il s’agit de programmes évalués, dont les retombées sont connues. Il faut cependant noter que les évaluations qui portent sur des projets et interventions ne démontrent que rarementuneffet sur lesnombres et tauxde suicidedes aînés. Ce sontplutôt les idées suicidaires qui servent d’indicateurs.

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Les différentes initiatives et mesures recensées suivent la classification destypes de prévention élaborée par Gordon en 1983 et adoptée notamment par l’Institut de médecine de Washington. Cette classification va au-delà de la distinction classique entre prévention primaire, secondaire et tertiaire qui s’intéresse aux différents stades de l’évolution du problème. Elle recoupe enpartie les niveaux de facteurs de risque et de protection décrits dans la première section de ce document. C’est également cette typologie qui a été suivie par le groupe d’experts qui s’est penché sur la prévention du suicide chez les aînés, au lendemain de la première Conférence internationale sur les personnes âgées et le suicide qui a eu lieu au Danemark en Novembre 2009 (Erlangsen & al., 2011).

les concepts de prévention universelle, sélective et ciblée appliqués aux aînés

Inspiré de Santerre, Bantuelle & Lévêque, 2006

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La prévention du suicide des aînés au Québec

2.1 Interventions préventives ciblées

Les interventions préventives ciblées visent les personnes qui ont déjà manifesté un ou des comportements associés au suicide, qu’il s’agisse d’une tentative de suicide ou de l’expression d’idées suicidaires.

Quelques mesures de prévention ciblée :

• Interventionauprèsdesaînéssuicidaires

• Traitementdeladépression

• Soulagementdeladouleuretdelamaladie

2.1.1 intervention auprès des aînés suicidaires

Intervenir adéquatement auprès d’un aîné suicidaire est l’une des clés pour prévenir un passage à l’acte. Dans les centres de prévention du suicide comme au sein de nombreux organismes du réseau de la santé et des services sociaux, des centaines d’intervenants rencontrent chaque jour des personnes en détresse et les aident à se repositionner par rapport à leurs idées suicidaires et à « faire grandir la partie en eux qui veut vivre ».

Bien qu’il existe une multiplicité de méthodes d’intervention auprès des personnes suicidaires, au Québec, la majorité des intervenants utilisent avec leurs clients des techniques d’intervention inspirées de l’approche orientée vers les solutions. Cette approche permet de générer l’espoir en se concentrant sur les forces de la personne et sur ses raisons de vivre et propose des stratégies qui lui permettent de trouver un futur qui vaut la peine de vivre. Les outils qu’utilise cette approche semblent par ailleurs adaptés aux besoins des hommes, notamment parce qu’ils sont centrés sur l’action et permettent de réaliser des changements rapidement. Une recension des études empiriques réalisée il y a quelques années met en évidence l’efficacité de l’approche orientée vers les solutions (Trepper et al., 2006 cités par Lane, Archambault, Collins-Poulette & Camirand, 2010a).

Intervenir adéquatement auprès d’un aîné suicidaire est l’une des clés pour prévenir un passage à l’acte.

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Par ailleurs, au-delà de l’intervention brève, la disponibilité et l’organisation des services de première et de deuxième ligne en prévention du suicide et en santé mentale sont des conditions indispensables à une bonne prise en charge des aînés suicidaires. L’organisation des services en prévention du suicide est notamment visée par le Guide de soutien au rehaussement des services à l’intention des gestionnaires des centres de santé et de services sociaux publié en 2010 par le ministère de la Santé et des Services sociaux (Lane, Archambault, Collins-Poulette & Camirand, 2010b). Ce guide vise à assurer et à soutenir une offre de services de qualité et lamise en place d’interventions adaptées enprévention du suicide dans les centres de santé et de services sociaux et les réseaux locaux de services de tout le Québec.

2.1.2 Traitement de la dépression

Les aînés réagissent généralement bien aux interventions parce qu’ayant eu toute une vie d’expérience dans la gestion des problèmes, ils sont capables d’utiliser les habiletés qu’ils ont acquises, avec l’aide d’un thérapeute ou de médicaments. En fait, d’après les recherches, les aînés répondent aussi bien, sinon mieux que les plus jeunes, aux traitements psychothérapeutiques (CRISE, 2008).

L’étude PROSPECT (États-Unis)

L’étude américaine portant sur le programme PROSPECT (pour PRevention Of Suicide in Primary care Elderly: Collaborative Trial) s’est intéressée à un protocole visant le traitement de la dépression des aînés, basé sur un modèle de soins collaboratifs et intensifs. Pour mesurer les répercussions de ce protocole sur les idées suicidaires et la dépression, 598 patients âgés présentant des troubles dépressifs ont été répartis au hasard : certains recevaient les soins habituels tandis que d’autres bénéficiaient de l’intervention multi-composante. Les traitements pouvaient comprendre de la médication, de la psychothérapie, de l’éducation et du soutien familial. Quinze spécialistes en gestion des soins offraient desrecommandations aux médecins en se basant sur des guides et aidaient les patients à suivre leurs traitements pendant deux ans. L’incidence du suicide étaittropfaiblepourconstateruneffetmaislestauxd’idéationssuicidairesdespatients atteints de dépression majeure ont diminué significativement plus vite chez les patients bénéficiant de l’intervention. Ces réductions importantes persistaient après 24 mois (Alexopoulos & al., 2009).

L’étude IMPACT (États-Unis)

L’étude IMPACT, pour Improving Mood – Promoting Access to Collaborative Treatment fordepression inprimarycare,aoffertà1801patientsdeplusde60 ans présentant des troubles de l’humeur une intervention de douze mois reposant sur de la psychothérapie, des traitements médicamenteux et du soutien psychologique. Les résultats ont montré une réduction des idées suicidaires et des pathologies, ainsi qu’une amélioration de la qualité de vie, qui perduraient deux ans après l’intervention (Unützer & al., 2006).

D’après les recherches, les aînés répondent aussi bien, sinon mieux que les plus jeunes, aux traitements psychothérapeutiques.

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La prévention du suicide des aînés au Québec

La maîtrise des effets secondaires des médicaments

Certaines recherches (CRISE, 2008) indiquent que la dépression d’une personne âgéepeutêtreuneffetsecondairedesmédicamentsutilisésdansletraitementde ses maladies physiques. Lorsque c’est le cas, un changement de médicament ou un ajustement du dosage permet généralement de résoudre le problème. Il est donc essentiel que lesmédecins et les pharmaciens vérifient les effetssecondaires des médicaments comme explications possibles de la dépression et des idées suicidaires d’un aîné.

2.1.3 Soulagement de la douleur et de la maladie

La maladie physique ne semble pas être un facteur de risque majeur de suicide. S’il y a un risque de suicide lié à la maladie ou à la douleur, celui-ci peut disparaître grâce à un contrôle de la douleur ou à des soins palliatifs efficaces. En ce sens, touslessoinsapportésauxpersonnesmaladesenfindevieouquisouffrentdedouleurs physiques sont susceptibles de contribuer à la prévention du suicide. Parailleurs,chezlapersonnedépressivequisouffred’unemaladiephysiqueouest en fin de vie, il arrive que la dépression ne soit pas diagnostiquée parce que sessymptômessont interprétéscommedeseffetsde lamaladie.Cependant,si la dépression est reconnue et traitée, les tendances suicidaires disparaissent généralement (CRISE, 2008).

2.2 Interventions préventives sélectives

Les interventions préventives sélectives visent les groupes d’individus que l’on considère comme les plus exposés au problème visé, c’est-à-dire qui présentent un ou plusieurs des facteurs de risque connus, sans que ces individus aient déjà manifesté des comportements suicidaires.

Quelques mesures de prévention sélective du suicide :

• Repéragedesaînéssuicidaires

• Formationdesmédecins

• Formationdesautresprofessionnels, des proches et des aînés

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2.2.1 Repérage des aînés suicidaires

De la même façon qu’avec les personnes plus jeunes, il est essentiel d’aborder les idées suicidaires directement et de faire une estimation de la dangerosité d’un passage à l’acte suicidaire. Dans le doute, il est important de prendre toute menace de suicide provenant d’un aîné au sérieux et de poser des questions directes, telles que « Pensez-vous au suicide? ». Contrairement à ce que certains craignent, ce genre de question ne suggère pas d’idées suicidaires.

Les réseaux de sentinelles

Les personnes âgées suicidaires semblent peu recourir spontanément aux services de prévention du suicide. Bien qu’elles aient des liens fréquents avec des professionnels de la santé, souvent pour des problèmes physiques, il n’est pas souvent question de leur santé mentale au cours de ces consultations. Les sentinelles peuvent constituer une solution efficace pour faire le lien entre les personnes isolées, difficiles à atteindre autrement, et les services de prévention du suicide ainsi que pour encourager une personne âgée suicidaire à parler de ses idées aux ressources qu’elle consulte déjà pour des problèmes physiques.

Les sentinelles sont des personnes formées pour jouer le rôle de « relayeurs » entre la personne suicidaire et les ressources qui peuvent intervenir auprès d’elle. Ces citoyens, qui ne sont pas des professionnels de la santé ou des services sociaux, s’investissent dans la prévention du suicide au sein de leur communauté. Ils sont formés pour reconnaître les signes avant-coureurs chez une personne vulnérable au suicide. Ils peuvent ensuite créer le contact avec la personne vulnérable, vérifier la présence d’idées suicidaires, renseigner la personne sur les services susceptibles de l’aider et l’inviter à les utiliser. Les réseaux de sentinelles implantés au Québec ont une fonction importante en prévention du suicide et mériteraient d’être davantage déployés dans les milieux d’aînés.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec a publié en 2006 un cadre de référence intitulé L’implantation de réseaux sentinelles en prévention du suicide (Roy, 2006). L’Association québécoise de prévention du suicide a été mandatée pour concevoir une formation arrimée avec ce cadre de référence et pour former les formateurs de sentinelles à travers le Québec. Selon les derniers chiffresdisponibles,entre13000et15000sentinellesontétéforméesde2007à 2014, mais la proportion de celles-ci qui œuvrent auprès d’aînés n’est pas connue.

Quelques projets d’implantation de réseaux de sentinelles sont présentés dans les pages qui suivent ainsi que d’autres initiatives visant des objectifs similaires ou plus larges.

Il est important de prendre toute menace de suicide provenant d’un aîné au sérieux et de poser des questions directes.

Les réseaux de sentinelles implantés au Québec ont une fonction importante en prévention du suicide et mériteraient d’être davantage déployés dans les milieux d’aînés.

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La prévention du suicide des aînés au Québec

Les aînés repérés par les sentinelles communautaires sont plus souvent isolés, économiquement défavorisés et moins susceptibles d’avoir un médecin de famille que les autres aînés du centre de santé mentale de Spokane.

Les sentinelles communautaires de Spokane (Washington, États-Unis)

Le Centre de santé mentale de Spokane, dans l’État de Washington, forme des sentinelles communautaires parmi les employés des entreprises et des sociétés qui travaillent avec le public. Celles-ci ont pour rôle de repérer les aînés qui pourraient avoir besoin de services de santé mentale ou de services pour personnes âgées et de les diriger vers les ressources adéquates. Le programme a permis de réduire le taux de suicide de 28 pour 100 000 à 16 pour 100 000 personnes de 1978 à 2009. En 1994-1995, une étude s’est intéressée aux 777 aînés de 60 ans et plus qui avaient été dirigés vers le Centre de santé mentale de Spokane. Les résultats indiquent que 40 % de ces aînés vulnérables avaient été repérés par les sentinelles communautaires et que ceux-ci étaient plus souvent isolés, économiquement défavorisés et moins susceptibles d’avoir un médecin de famille. Ces aînés étaient aussi plus souvent des femmes et en moyenne plus jeunes que les autres patients du centre. Cette étude démontre que les sentinelles pour aînés détectent une population distincte de celle qui est repérée par les moyens traditionnels (Saïas, Véron & Lapierre, 2013).

Réseau Sentinelle Champlain aînés (Montérégie)

Un réseau de sentinelles pour les aînés a été mis sur pied en Montérégie. Sa mission est de détecter les aînés en détresse et de les orienter vers les ressources adéquates, en formant des individus pour ce faire. Les sentinelles sont sélectionnées parmi les adultes volontaires qui ont un rapport de proximité avec les aînés et une bonne capacité d’écoute.

Community Watchdogs (Estrie)

Dans les Cantons-de-l’Est, les faibles niveaux de scolarisation, de revenu et d’emploi – des déterminants clés de la santé – et le vieillissement de la population rendent les personnes d’expression anglaise plus à risque, particulièrement dans les domaines de la santé mentale et des difficultés sociales. Fondé sur les liens sociaux existants, le programme Community Watchdogs (Keenan, 2013) permet aux membres de la communauté de se prendre en charge eux-mêmes. Les Community Watchdogs connaissent les ressources, notamment en prévention du suicide. Ils ont la capacité d’aiguiller les gens vers l’aide appropriée, ils reconnaissent quand l’aide est nécessaire, ils écoutent et ils résolvent des problèmes au besoin.

Rallions la sagesse pour contrer la détresse (Saguenay–Lac-Saint-Jean)

Ce programme de type sentinelle, dont le contenu et l’approche mettent à contribution le potentiel des aînés en matière de prévention du suicide, a été implanté de 2007 à 2008 dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Quelque 120 aînés ont été formés sur le territoire pour détecter leurs pairs qui présenteraient de la détresse ou des idées suicidaires.

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Réseaut’âge (Drummondville, Centre-du-Québec)

À Drummondville, un projet du Centre d’action bénévole a pour but de repérer les personnes aînées isolées et vulnérables et d’augmenter la mobilisation de la communauté autour de ces dernières. La population est sensibilisée et des éclaireurs sont formés pour reconnaître les personnes aînées vulnérables.

Les aînés et le deuil (Chaudière-Appalaches)

Ce programme qui vise à informer les aînés sur le processus de deuil et à les inciter à en parler permet de repérer les aînés vivant des deuils difficiles, de prévenir la détresse psychologique et d’orienter les endeuillés en difficulté vers les ressources adéquates.

2.2.2 Formation des médecins

Les recherches indiquent que la majorité des personnes âgées qui meurent par suicide ont consulté un médecin dans les semaines précédant leur décès. La formation des médecins quant au diagnostic et au traitement de la dépression des personnes âgées devrait donc constituer un axe principal d’un programme de prévention du suicide chez les aînés (CRISE, 2008).

L’éducation des médecins sur l’île de Götland (Suède)

Bien que cette expérience ne concerne pas particulièrement les aînés, elle est intéressante car elle permet de saisir le potentiel de la formation des médecins pour la prévention du suicide au sein d’une communauté. L’île de Götland, la plus grande île de la Suède, comptait 56 000 habitants dans les années 1970. À cette époque, les taux de suicide étaient supérieurs à la moyenne nationale, comme lenombredepatientssouffrantdetroublesdépressifsetdeprescriptionsdemédicaments anxiolytiques, hypnotiques et sédatifs. Les médecins généralistes de Götland se disaient démunis devant les nombreux syndromes dépressifs qu’ils rencontraient. En outre, il semblait qu’un nombre significatif de personnes présentant un risque suicidaire n’avaient pas de contacts avec le corps médical. Un programme d’éducation des médecins généralistes a donc été mis en place, dont l’objectif était d’améliorer la connaissance que les praticiens avaient de la dépression.Unesériedecoursaétéofferteàplusieursreprisesen1983et1984,portantsurlescausesetleprocessusdeladépression,sesdifférentesformes,les traitements, les âges de la dépression, la suicidologie, l’environnement psychosocial, les personnes déprimées et leur famille, etc. La formation incluait aussi des activités de discussion en groupe au sujet de cas cliniques. L’évaluation du programme a montré que la fréquence des suicides et le nombre de patients hospitalisés pour dépression ont diminué de manière significative, ainsi que la fréquence des congés de maladie pour dépression. Parmi les suicides qui ont tout de même eu lieu après la mise en œuvre du programme, la proportion de ceux qui étaient liés à une dépression était significativement plus faible que par le passé. Ces résultats prouvent que la formation des médecins quant à la détection précoce et au traitement adéquat de la dépression est une méthode efficace de prévention du suicide (Rihmer, Rutz & Pihlgren, 1995; Batt, 2003).

Ces résultats prouvent que la formation des médecins quant à la détection précoce et au traitement adéquat de la dépression est une méthode efficace de prévention du suicide.

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La prévention du suicide des aînés au Québec

Les outils d’évaluation de la dépression gériatrique

La Coalition canadienne pour la santé mentale des personnes âgées propose deux dépliants de format de poche pour le personnel soignant, basés sur des lignes directrices nationales. L’un est un outil d’évaluation de la dépression et de son traitement chez les personnes âgées, l’autre traite de l’évaluation et de la prévention du suicide. Tous deux peuvent être téléchargés sur le site de la Coalition canadienne pour la santé mentale des personnes âgées. www.ccsmh.ca

Il existe aussi des outils aidant les médecins à évaluer la dépression ou le risque suicidaire des aînés. Par exemple, la Brief symptoms rating scale est un outil visant à déterminer le risque de tentative de suicide. Les versions longue et courte de l’échelle GDS de dépression gériatrique évaluent la dépression des patients âgés.

2.2.3 Formation des autres professionnels, des proches et des aînés

Si la formation des médecins est l’une des clés de la prévention du suicide des aînés, celle des autres professionnels de la santé et des services sociaux qui travaillent avec les personnes âgées, celle des proches et celle des aînés eux-mêmes sont également des conditions nécessaires à l’amélioration de la situation. Plusieurs initiatives existantes visent à augmenter les connaissances et compétences de ceux qui côtoient les aînés au quotidien. La plupart des programmes québécois recensés ci-dessous ont été présentés dans le cadre des Journées régionales sur le suicide et les aînés. Si tous ne visent pas particulièrement la prévention du suicide, ils agissent sur un ou plusieurs facteurs de risque ou de protection.

La formation en prévention du suicide

De 2010 à 2013, plus de 10 000 intervenants au Québec ont suivi la formation Intervenir auprès de la personne suicidaire à l’aide de bonnes pratiques. Cette formation repose sur des techniques d’intervention issues de l’approche orientée vers les solutions et permet aux participants d’acquérir les compétences nécessaires à l’utilisation de plusieurs outils cliniques, tels que la structure d’intervention auprès d’une personne suicidaire et la grille d’estimation de la dangerosité du passage à l’acte suicidaire. Cet outil clinique élaboré par Suicide Action Montréal et le Centre de réadaptation en dépendance de Montréal – Institut universitaire (ancien Centre Dollard-Cormier) repose sur une série de sept critères dont la pondération permet non seulement la prise de décision mais aussi l’amélioration de la situation au cours de l’entretien. La formation, élaborée en 2010 par l’AQPS, le ministère de la Santé et des Services sociaux, le Centre de santé et des services sociaux - Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke et Suicide Action Montréal, est arrimée aux guides de bonnes pratiques en prévention du suicide à l’intention des intervenants et des gestionnaires publiés par le ministère de la Santé et des Services sociaux (Lane, Archambault, Collins-Poulette & Camirand, 2010a et 2010b). Cette formation prépare les intervenants à agir avec tous les publics, et non spécifiquement

La formation des intervenants repose sur des techniques issues de l’approche orientée vers les solutions.

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avec celui des aînés qui présente des facteurs de risque et de protection ainsi que des indices de détresse et des moments critiques particuliers. Devant un aîné qui vit plusieurs deuils ou est affligé d’une maladie grave, nombre d’entre eux ne savent pas comment redonner espoir, comment l’amener à trouver un futur agréable et des buts possibles malgré un âge avancé. Ils doivent adapter leur intervention aux réalités vécues par les aînés, aux facteurs de risque et de protection qui leur sont propres, à leurs indices de détresse et à leurs moments critiques.

Le Programme Agir à tout âge

Ce programme de la Fondation des maladies mentales vise depuis 2012 à informer et à outiller les aînés, les proches aidants, les intervenants et professionnels de la santé afin de leur permettre de réagir efficacement devant un aîné qui vit de l’anxiété ou de la dépression. Par ce programme, la Fondation des maladies mentales veut briser les mythes et les tabous entourant la maladie mentale chez les aînés, informer les aînés et leurs proches aidants sur les symptômes des troubles anxieux et des troubles dépressifs et les inciter à en parler ainsi qu’à consulter. Il vise aussi à informer les proches aidants des facteurs de protection qu’ils peuvent acquérir pour diminuer leur stress, atténuer leur anxiété et préserver leur propre santé mentale. Enfin, il a pour objectif de favoriser un dépistage précoce et une intervention appropriée ainsi que le lien aveclesorganismespouvantoffriraccompagnement,soutienetrépit.L’équipese déplace à travers le Québec pour rencontrer les aînés, les proches aidants et les intervenants et professionnels de la santé dans leur milieu et leur propose des conférences, des formations ou encore de la sensibilisation au moyen de kiosques d’informations. www.fondationdesmaladiesmentales.org

Un guide à l’intention des membres de la famille

La Coalition canadienne pour la santé mentale des personnes âgées propose un guide pour les membres de la famille et les autres membres de la communauté qui apportent du soutien social à des personnes âgées. Il a pour but de les aider à reconnaître les facteurs de risque et les signes précurseurs du suicide et à connaître les actions à entreprendre si un aîné est à risque de se suicider. www.ccsmh.ca

Le programme Aîné-Avisé

Ce programme de la FADOQ vise à sensibiliser les aînés, les professionnels et le public aux abus et aux fraudes envers les personnes âgées, au moyen de séances d’information données par une équipe formée d’un policier et d’un aîné bénévole. Grâce à un partenariat établi entre la FADOQ et l’AQPS, un volet portant sur la prévention du suicide peut être intégré à ces séances. Ainsi, une vidéo présentant des témoignages sur la valeur de la vie des aînés est présentée et un dépliant exposant les signes de détresse et les lieux où recevoir de l’aide est remis à chaque participant. Quelques mois après leur création en 2013, ces outils ont été utilisés dans une soixante de séances, avec plus de 1700 personnes.

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La prévention du suicide des aînés au Québec

www.fadoq.ca

Le programme Pour que vieillir soit gai

D’après la Fondation Émergence à l’origine de cette initiative, les études et les expériences de vie révèlent que beaucoup de personnes aînées lesbiennes, gaies, bisexuelles et transgenres présentent des particularités. Par exemple, elles n’ont pas toujours le soutien d’un réseau familial aussi fort que celui des hétérosexuels, elles appréhendent de subir l’homophobie dans le monde des aînés, elles désirent que le choix de divulguer ou de taire leur orientation sexuelle soit respecté, elles souhaitent qu’en l’absence de famille, leurs amis les plus proches soient pris en considération et elles s’attendent à ce que leur expérience de vie soit entendue et reconnue aussi bien par les acteurs du réseau des aînés que par les aînés hétérosexuels. Enfin, elles seraient plus susceptibles que la moyenne de vivre de la solitude ou de la dépression et de présenter des dépendances. La Fondation Émergence a donc élaboré un programme d’information et de sensibilisation aux réalités gaies, lesbiennes, bisexuelles et transgenres destiné aux personnes qui travaillent avec les aînés ou qui les côtoient, afin d’assurer des environnements accueillants et compréhensifs exempts d’homophobie. Parmi les outils proposés, la Charte de bientraitance des personnes aînées homosexuelles vise à sensibiliser et à informer sur les réalités des aînés homosexuels et transsexuels. Elle propose d’adhérer à certaines valeurs et principes susceptibles de favoriser l’inclusion des personnes homosexuelles dans les milieux de vie des aînés. Issue d’un projet de recherche-action, d’information et de sensibilisation, la charte est accompagnée d’une trousse d’information. www.fondationemergence.org

Le Guide de référence pour contrer la maltraitance envers les aînés

Cet outil publié en 2013 vise à soutenir la prévention et le repérage des cas de maltraitance envers les aînés, mais aussi à mieux intervenir pour y mettre fin, en complément des autres moyens existant pour lutter contre la maltraitance des aînés. Le Guide de référence a été conçu dans une logique de soutien à l’intervention dans un contexte d’optimisation des ressources. Produit par le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, il est issu du travail des coordonnateurs régionaux spécialisés en matière de maltraitance de l’Estrie et de la Capitale-Nationale, avec l’appui des partenaires multisectoriels de ces deux régions. http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2013/13-830-10F.pdf

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2.3 Interventions préventives universelles

Les interventions préventives universelles visent la population générale ou certains groupes (une communauté) sans tenir compte des risques individuels. Leur but est de fournir à tous les individus d’une population de l’information et des compétences pour réduire l’importance du problème visé.

2.3.1 lutte contre l’âgisme

Les préjugés liés à l’âge font obstacle au traitement de la dépression et d’autres problèmes de santé mentale, lesquels figurent parmi les principaux facteurs de risque de suicide. L’un des défis les plus importants en prévention du suicide des aînés est de changer les préjugés à leur égard, de la part de l’ensemble de la populationetnotammentdesintervenants.Ilarriveeneffetquedessoignantsrefusent de traiter la dépression chez leurs patients âgés, considérant qu’il est normal d’être déprimé en vieillissant (CRISE, 2008).

La campagne L’âgisme, parlons-en!

L’Association québécoise de gérontologie a lancé la campagne de sensibilisation L’âgisme, parlons-en!, dans le cadre de laquelle elle présente notamment une exposition itinérante intitulée Avoir sa place n’a pas d’âge. Réalisée en collaboration avec la cohorte 2011 des étudiants du Collège André-Grasset, cette exposition d’affiches, complétée par des capsules audio, veut sensibiliser le grand public à la lutte contre l’âgisme. L’Association québécoise de gérontologie réalise une tournée à l’échelle provinciale en présentant l’exposition dans des lieux publics, des milieux de travail et des milieux de vie. www.agisme.info

Quelques mesures de prévention universelle :

• Luttecontrel’âgisme

• Renforcementdusoutiensocialetluttecontrel’isolement

• Acquisitiondefacteursdeprotectionpersonnels

• Restrictiondel’accèsauxmoyensdes’enleverlavieL’un des défis les plus importants en prévention du suicide des aînés est de changer les préjugés à leur égard.

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La prévention du suicide des aînés au Québec

2.3.2 Renforcement du soutien social et lutte contre l’isolement

Les programmes qui visent à briser l’isolement des aînés contribuent à la prévention du suicide. Au Québec, il existe de multiples initiatives qui ont pour buts de renforcer le soutien social et de lutter contre l’isolement des aînés au moyen de ressources communautaires. Certaines sont déployées à l’échelle provinciale, tandis que d’autres sont des exemples inspirants d’actions locales ou régionales. Les pages qui suivent présentent un échantillon d’organismes et d’activités éprouvés ou prometteurs qui visent à renforcer le soutien social et à briser l’isolement des plus âgés.

A. LES PROGRAMMES ET SERVICES DÉPLOyÉS À L’ÉCHELLE PROVINCIALE

Les centres d’action bénévole

Cent-onze centres d’action bénévole répartis à travers le Québec réalisent des visites d’amitié et des appels téléphoniques aux aînés isolés, organisent des livraisonsderepaschaudsàdomicile, les«popotesroulantes»,etoffrentdesservices d’accompagnement et de transport. Ces centres proposent également une gamme de services pour les proches aidants. www.fcabq.org

Les carrefours d’information pour aînés

Plus de vingt-cinq carrefours d’information pour aînés existent au Québec. Chaque carrefour, offert par un organisme communautaire, propose aux aînés vulnérables des services qui visent à faciliter l’accès à l’information gouvernementale. Ces derniers peuvent y trouver de l’information sur le logement, l’impôt, les revenus de retraite, le maintien à domicile et le soutien aux proches aidants, la perte d’autonomie, la sécurité, leurs droits, les aides financières ainsi que les services bénévoles ou communautaires de maintien dans la communauté. Des bénévoles vulgarisent l’information, en font la promotion et veillent à sa bonne compréhension. http://aines.gouv.qc.ca/cia/index.html

La démarche Municipalité amie des aînés

Pour l’Organisation mondiale de la santé, à l’origine de la démarche Municipalité amie des aînés (MADA), le vieillissement actif est un processus qui optimise les possibilités de bonne santé, de participation et de sécurité afin d’accroître la qualité de vie pendant la vieillesse. Depuis 2008, le Secrétariat aux aînés finance les municipalités et les municipalités régionales de comté (MRC) qui entreprennent une démarche MADA afin d’adopter une politique et un plan d’action en faveur de la participation active des aînés au sein de leur communauté et d’une société pour tous les âges. Au début de l’année 2014, près de 800 municipalités et MRC participaient à la démarche MADA au Québec et elles devraient être près de 860 d’ici 2017. Par exemple, au

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Témiscamingue, après le démarrage du projet pilote MRC Amie des aînés en 2008, des groupes focalisés ont été organisés par la Table de concertation des personnes âgées du Témiscamingue et des services qui répondent à de réels besoins ont été mis en place à la suite de cette démarche de consultation (ligne d’écoute, service d’accompagnement, équipements de parc adaptés, etc.). http://aines.gouv.qc.ca/mada/Documents/12-830-21W_BR.pdf

Les maisons des grands-parents

L’objectif du réseau des maisons des grands-parents est de favoriser les liens intergénérationnels. Ces maisons permettent aussi de briser l’isolement et de valoriser le rôle des aînés et des jeunes dans la société par des activités et des projets locaux. En 2014, il existe six maisons des grands-parents. Douze nouvelles devraient voir le jour d’ici 2017. Les maisons des grands-parents proposent des activités telles que l’aide aux devoirs, les chants intergénérationnels, les cuisines collectives, les friperies, les activités dans les bibliothèques, l’aide aux familles ou encore la transmission des savoir-faire (tricot, couture, tissage, etc.). http://aines.gouv.qc.ca/documents/politique-vieillir-et-vivre-ensemble.pdf

L’Appui pour les proches aidants d’aînés

Un proche aidant est une personne qui investit de son temps, sans rémunération, pour fournir des soins et du soutien régulier à une personne aînée ayant une incapacité significative ou persistante, susceptible de compromettre son maintien à domicile. Au Québec, on estime à plus de 300 000 le nombre de proches aidants d’aînés. L’Appui pour les proches aidants d’aînés est un organisme national qui soutient les Appuis régionaux et les accompagne dans leur développement. Les Appuis régionaux agissent de concert avec les acteurs dumilieupourdéterminerlesprioritéslocalesetaméliorerl’offredeservices,notamment par la mise sur pied de services d’information, de formation, de soutien psychosocial et de répit pour les proches aidants. www.lappui.org

Les centres communautaires pour aînés

Une soixantaine de centres communautaires pour aînés répartis à travers le Québec visent le bien-être et la qualité de vie des personnes aînées et de la communauté. Ils valorisent leur participation ainsi que la prise en charge de leurs propres besoins et aspirations. Dans ces centres, les aînés se regroupent et se donnent ensemble des moyens pour conserver ou reconquérir leur autonomie. À travers une palette d’activités éducatives, sociales, culturelles ou communautaires, ils poursuivent des objectifs multiples, tels que la promotion d’une image favorable des aînés, la participation sociale et les interactions avec la communauté environnante, le maintien de l’auto-nomie physique et intellectuelle, l’entraide, le leadership, l’empowerment, etc. www.aqcca.org

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La prévention du suicide des aînés au Québec

Les initiatives de travail de milieu auprès des aînés vulnérables

Les initiatives de travail de milieu auprès des aînés vulnérables permettent de faire le pont vers les ressources et les services de la communauté afin que les aînés vulnérables fréquentent ou utilisent des ressources, des services ou des activités qu’ils n’utilisaient pas auparavant pour trouver des réponses à leurs besoins. Grâce à ces initiatives, les aînés sont socialement plus actifs dans leur milieu de vie et dans leur communauté et augmentent leur pouvoir d’agir individuel ou collectif. Leur sentiment de sécurité est également accru. Par exemple, le programme La rescousse en Chaudière-Appalaches a pour objectif de rejoindre les aînés qui s’isolent ou qui ne connaissent pas les ressources disponibles dans leur milieu. Le service de travail de milieu Aînés-nous à vous aider! de la Capitale-Nationale a pour but de faire le pont entre la personne aînée et les ressources du territoire. Déployé par le Centre d’aide et d’action bénévole de Charlesbourg depuis 2007, il peut compter sur la présence de deux travailleurs de milieu et de 50 bénévoles-vigiles.

B. LES PROJETS RÉGIONAUx ET LOCAUx

En dehors des programmes provinciaux et des services offerts partout auQuébec, il existe de multiples initiatives isolées, émanant de divers acteurs de la communauté. En voici une sélection non exhaustive.

Le Réseau d’amis de Sherbrooke (Estrie)

Le Réseau d’amis de Sherbrooke vise à briser la solitude et l’isolement des personnes âgées de 65 ans et plus, en perte d’autonomie, afin d’améliorer leur qualité de vie et de favoriser leur maintien à domicile. Il propose des visites à domicile, de l’accompagnement, du transport et des sorties. Il a aussi pour mission de soutenir les proches aidants afin de prévenir l’épuisement.

Le Service d’aide aux aînés de l’Entraide de quartier Le Point d’Eau (Abitibi)

Ce service vise à assurer le mieux-être des aînés vivant à domicile. Il leur permet notamment de participer pleinement à la société en favorisant leur maintien à domicile, en brisant leur isolement, en diminuant leur sentiment d’insécurité etensoutenant l’aidenaturelleexistante.Lesservicesoffertspar l’organismesont le transport et l’accompagnement, le soutien moral et la relation d’aide, les appels de sécurité et d’amitié ainsi qu’un carrefour d’information pour aînés.

Le programme collégial Briser l’isolement (Centre-du-Québec)

Ce projet du programme d’études techniques en soins infirmiers du cégep de Drummondville a pour objectif de prévenir le suicide chez les aînés en résidence privée. En évolution depuis sa création en 2010, il vise à briser l’isolement, à diminuer la solitude, à prévenir le syndrome de glissement, à promouvoir le sens d’autocontrôle et à créer des liens intergénérationnels. Les stagiaires en soins infirmiers, formés par le Centre d’écoute et de prévention suicide Drummond, se

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rendaient initialement dans les résidences pour présenter aux aînés une boîte à outils. Par la suite, ils ont animé des rencontres avec les personnes âgées pour les écouter et leur proposer des exercices physiques appropriés. Finalement, ils ontréaliséunevidéodiffuséedanslesrésidences.

C. LES INITIATIVES QUI CONCERNENT LE LOGEMENT

Un peu plus de la moitié du parc de logements placé sous la responsabilité des offices municipaux d’habitation est destinée à des personnes âgées. Cette réalité a poussé certains offices municipaux d’habitation à dépasser la brique et le béton pour intervenir auprès de ces populations à l’aide de travailleurs sociaux.

Le Programme Accompagn’toit (Québec)

Le Programme Accompagn’toit d’Action-Habitation de Québec est un groupe de ressources techniques en habitation. La mission d’Action-Habitation est de promouvoir, soutenir et favoriser l’implantation de nouvelles habitations administrées par des coopératives ou des organismes à but non lucratif. Une intervenante en soutien communautaire embauchée pour gérer le programme Accompagn’toit soutient les bénévoles locataires dans l’organisation d’activités sociales, récréatives, éducatives, informatives et intergénérationnelles.

Les habitations Vivre chez soi (Québec)

Les habitations Vivre chez soi, situées à Québec, sont un ensemble d’habitations composé de 92 logements, dont 50 sont réservés à des aînés en perte d’autonomie, 27 à des familles ou à des personnes seules et 15 à des personnes handicapées ou ayant des problèmes de santé mentale. Ce concept, qui a pu être concrétisé grâce à une forte mobilisation d’acteurs privés et publics, favorise la cohabitation intergénérationnelle, l’entraide, la vie communautaire et la mixité sociale et culturelle.

Le projet Entour-âge (Trois-Rivières)

À Trois-Rivières, le projet Entour-âge est une initiative novatrice d’entraide et de cohabitation intergénérationnelle, née du besoin de créer des ponts entre les générations. En s’attaquant aux stéréotypes et en brisant l’isolement des personnes âgées, le projet Entoure-âge contribue à leur maintien à domicile ainsi qu’à leur bien-être général. La première étape vise à constituer 50 duos en appariant un jeune et un aîné qui vivront ensemble, dans le même logement, et réaliseront des activités en commun. Par la suite, les duos choisiront entre deux options : la colocation classique, où le jeune paye à l’aîné sa part du loyer et d’autres dépenses connexes, ou la colocation dite solidaire où le jeune est hébergé gratuitement chez l’aîné en échange d’une présence régulière. Entour-âge est une initiative du Bucafin, une entreprise d’économie sociale qui a pour mission de participer au développement local et à la revitalisation des quartiers parl’offredeservicesdeproximitéetl’actioncommunautaire.

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La prévention du suicide des aînés au Québec

D. LES CONTACTS TÉLÉPHONIQUES

Le téléphone peut être un outil efficace pour établir et maintenir un contact régulier avecdespersonnes âgées. Plusieursorganismesoffrentdes servicespermettant aux aînés d’appeler ou d’être appelés, dans le but de briser leur isolement ou de répondre à certains de leurs besoins. L’expérience de l’Italie montre que ce genre de programme peut être efficace pour réduire le nombre de suicide d’aînés.

Le programme Tele-Help Tele-Check (Italie)

Le programme italien Tele-Help Tele-Check a fourni à 18 641 personnes âgées de Padoue un appareil portable pouvant envoyer un signal d’alarme en cas d’urgence. Ces aînés avaient accès à des lignes téléphoniques pour obtenir de l’aide et des conseils ou pour parler à une personne disponible 24 heures sur 24 (tele-help). De plus, des professionnels leur fournissaient une aide psychologique deux fois par semaine (tele-check). Au cours des onze années du programme, on a compté six suicides, alors que le nombre calculé pour une population comparable sur une période similaire était de 20,9. Plus de 70 % des suicides ont donc été évités. Les chercheurs ont conclu que le sentiment de sécurité pouvaitdiminuerleniveaud’angoisseetdedétressegénéraleetavoiruneffetpréventif sur le suicide. Les utilisateurs de ce service ont eu recours à moins de services d’urgence que les autres personnes âgées. Il semble que les services étaient particulièrement efficaces auprès des femmes, qui représentaient 84 % des utilisateurs (De Leo, Dello Buono & Dwyer, 2002).

Tel-Aînés (Montréal)

Tel-Aînés offre à toute personne de 60 ans et plus en situation de précaritéou de détresse psychologique un service téléphonique gratuit, anonyme et confidentiel d’écoute active, d’orientation ainsi que de suivi téléphonique. Ce service a pour mission d’aider les personnes aînées à rompre leur isolement et à exprimer leurs émotions. Il permet également aux proches aidants naturels des personnes aînées d’exprimer leurs difficultés et leurs limites. Tel-Aînés organise aussi des rencontres individuelles et des groupes de discussion pour aînés. www.tel-ecoute.org

Télé-bonjour (Centre-du-Québec)

Le Centre d’action bénévole Drummond est à l’origine de Télé-bonjour, un service offertpardesbénévolesquitéléphonentauxaînésisolés,touslesmatins,pourveiller à leur sécurité et à leur bien-être. Cette activité s’inscrit au cœur d’une panoplie de services tels que le répit des proches aidants, le transport médical, la popote roulante, les visites et les téléphones d’amitié.

Des chercheurs ont conclu que le sentiment de sécurité pouvait diminuer le niveau d’angoisse et de détresse générale etavoiruneffet préventif sur le suicide.

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Le programme Pair

Le programme Pair disponible dans plus de 900 municipalités est un service d’appels automatisés qui communique avec les aînés pour veiller à leur bon état de santé. Il leur permet ainsi de conserver leur autonomie en garantissant leur sécurité. Les abonnés reçoivent ces appels à des heures prédéterminées. Si l’abonné ne répond pas, une alerte est lancée afin de vérifier s’il est en détresse. www.programmepair.com/accueil.html

Le partenariat téléphonique du Saguenay–Lac-Saint-Jean

Dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, un partenariat téléphonique entre plusieurs organisations permet de faciliter l’accès et la complémentarité des services offerts aux appelants dans le besoin.Tel-Aide, Info-social (811) et leCentre de prévention du suicide 02 travaillent en collaboration pour se faire suivre les appels, notamment ceux qui proviennent des aînés. Par ailleurs, dans cette même région, la ligne 1 866 APPELLE (277-3553), réservée aux personnes suicidaires, à leurs proches et aux endeuillés par suicide, est accessible aux personnes malentendantes.

2.3.3 Acquisition de facteurs de protection personnels

Les projets et programmes qui tablent sur les facteurs de protection et cherchentàlesrenforcerpeuventavoiruneffetpréventifsurlesuicide.Ilsvisentà augmenter la capacité d’adaptation, l’espoir, le sens donné à la vie, les raisons de vivre, le sentiment d’appartenance, l’estime de soi, la maîtrise, la flexibilité devant les changements, l’humour… (Lapierre, 2014).

Le programme d’intervention En route vers une vie plus heureuse

Le programme d’intervention En route vers une vie plus heureuse (Lapierre & al., 2013; Lapierre, 2014) favorise la réalisation de projets personnels qui donnent du sens à la vie. Ce programme repose sur le principe que les raisons de vivre et les projets sont incompatibles avec le suicide. En augmentant l’espoir et le sens donné à la vie, le programme vise à influencer deux facteurs de protection. Il peut s’adresser aux personnes confrontées à une période de transition, telle que la retraite, aux conséquences d’une situation de crise (deuil, pertes significatives, etc.), à l’abandon d’anciens buts devenus obsolètes à cause de la maladie ou d’une perte d’autonomie, à la difficulté de déterminer de nouveaux buts ou projets, sources de satisfaction et de sens à sa vie, ou à établir une nouvelle hiérarchiedebuts.Leprogrammeaétéoffertàdesgroupesd’aînésdépressifsafin d’améliorer leur bien-être psychologique et leur santé mentale et il a fait l’objet d’une évaluation. Au cours des 12 à 14 rencontres hebdomadaires de deux heures, des groupes de cinq à huit aînés vivant un problème commun se rencontrent et sont animés par un psychologue. Les participants suivent une démarche en cinq phases incluant les étapes préliminaires, le choix ou

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La prévention du suicide des aînés au Québec

La stratégie de contrôle des armes à feu semble avoir un effetmarquéchezleshommes âgés.

l’élaboration du but, sa planification, sa poursuite et une évaluation. Les résultats révèlent une amélioration significative du bien-être psychologique des personnes âgées déprimées, une amélioration de la capacité à atteindre ses buts, de l’espoir, du sens donné à la vie, de la sérénité, de la satisfaction de vivre et du sentiment de compétence, ainsi qu’une diminution de la dépression, de l’anxiété, de l’insomnie, de la solitude et des idéations suicidaires. La plupart de ces bénéfices se maintiennent six mois après la fin du programme, tant chez les hommes que chez les femmes.

Le programme VieActive

Le programme VieActive créé par Kino-Québec est offert depuis 1988 auxregroupements d’aînés de la province. Des séances d’activités physiques adaptées se déroulent tout au long de l’année, proposées par des animateurs recrutés parmi les aînés. Ce réseau crée aussi des occasions d’échanges. Il compte 2 700 bénévoles aînés qui assurent l’animation de séances d’exercices pour près de 31 000 participants âgés de 55 ans ou plus, répartis en plus de 1 400 groupes. Certaines régions ont intégré des ateliers sur la santé mentale pour compléter ceux qui visent la santé physique. Par exemple, le programme de promotion de la santé Vivre en équilibre – À nous de jouer! en Chaudière-Appalaches, proposé en complément aux séances VieActive, a pour thème de base l’adaptation aux changements. Des ateliers de 30minutes sont offertsafin de favoriser un vieillissement de qualité, le maintien de l’autonomie et la participation active des aînés dans la région.

2.3.4 Restriction de l’accès aux moyens de s’enlever la vie

Comme pour tout groupe d’âge, le contrôle de l’accès à certains moyens de se suiciderpeutavoiruneffetpréventif(CRISE,2008).Unepersonneâgéesuicidairene devrait pas avoir d’arme à feu à sa disposition. Lorsque c’est le cas, il importe de suivre les protocoles de retrait de cette arme. Il est également important, lorsqu’un aîné à risque suicidaire est repéré, de faire un inventaire de l’ensemble des médicaments disponibles chez lui, de conseiller aux membres de la famille de se débarrasser de tout médicament non essentiel et d’insister auprès des médecins sur la nécessité de ne prescrire que la quantité de médicament suffisante à court terme.

Contrôle des armes à feu (États-Unis)

Le Brady Handgun Violence Prevention Act de 1994 impose un délai d’attente et un contrôle avant chaque vente d’arme. Dans les états dans lesquels cet acte est en vigueur, en comparaison avec les autres états, on ne constate pas dedifférencedans lenombred’homicides.Parcontre,pour lessuicides,onaconstaté une baisse significative chez les plus de 55 ans. La stratégie de contrôle desarmessembleavoiruneffetsurleshommesâgés(Ludwig&Cook,2000).

Les résultats révèlent une amélioration significative du bien-être psychologique des personnes âgées déprimées, une amélioration de la capacité à atteindre ses buts, de l’espoir, du sens donné à la vie, de la sérénité, de la satisfaction de vivre et du sentiment de compétence.

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Campagne visant l’entreposage, le retrait et la récupération des armes à feu et des médicaments (Saguenay–Lac-Saint-Jean)

Le Centre de prévention du suicide 02, en collaboration avec divers partenaires, a déployé une stratégie d’action portant sur la réduction des moyens de se suicider. Diverses initiatives ont vu le jour au cours des dix dernières années, dont la distribution de quelque 15 000 verrous de pontets (des dispositifs visant à neutraliser temporairement une arme à feu), la récupération à domicile des armes non désirées (plusieurs veuves âgées font appel aux policiers pour profiter de ce service), l’élaboration de feuillets éducatifs sur l’entreposage sécuritaire des armes ainsi que sur l’élimination des médicaments inutiles ou périmés. Des ententes de collaboration ont été établies avec des pharmacies et des feuillets ont été distribués dans des salles d’attente de la région et d’autres endroits publics pertinents. D’autres centres de prévention du suicide ont mené des actions similaires au cours des dernières années.

Réduction de la taille des contenants d’acétaminophène (Royaume-Uni)

L’auto-intoxication au paracétamol (acétaminophène) et aux salicylates (aspirines) était un problème majeur au Royaume-Uni dans les années 1980 et 1990 (Hawton & al., 2001). Avant 1998, les comprimés d’acétaminophène étaient disponibles sous deux formes : en vrac et sous emballage individuel (blister). On détectait alors moins de surdoses parmi les personnes qui tentaient de se suicider au moyen de comprimés d’acétaminophène emballés individuellement que parmi celles qui utilisaient les comprimés disponibles en vrac. En vue de réduire la mortalité et la morbidité liées aux intoxications volontaires, la loi du 16 septembre 1998 a limité le nombre de comprimés d’acétaminophène et de salicylate par boîte. La nouvelle législation imposait une limite de vente à un maximum de 32 comprimés pour les pharmacies et la réduisait de 24 à 16 comprimés pour les autres points de vente. Le principal objectif de la loi était de réduire les stocks d’analgésiques des ménages et de cette façon, le danger associé aux surdoses. Simultanément, des mises en garde sur les dangers de l’acétaminophène étaient ajoutées sur les emballages et dans des dépliants présents dans les emballages. Dans l’année suivant le changement de législation, le nombre annuel de décès par empoisonnement à l’acétaminophène a diminué de 21 % et le nombre d’intoxication par les salicylates a diminué de 48 %. D’autres impacts intéres sants ont également été observés : le taux d’auto-intoxications non-létales à l’acétaminophène a diminué de 11 %, le taux de transplantations du foie dues à l’empoisonnement à l’acétaminophène a diminué de 66 % et le nombre de comprimés ingérés a diminué de 7 % lors de surdoses. Au cours des quatre ans suivant la mise en œuvre de la législation, les admissions et les transplantations hépatiques pour ce motif ont été réduites d’environ 30 %.

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La prévention du suicide des aînés au Québec

2.4 Approches globales

La distinction entre les approches universelle, sélective et ciblée permet de classer les diverses et multiples initiatives de prévention du suicide répertoriées. Selon un groupe d’experts internationaux (Erlangsen & al., 2011), les programmes de prévention les plus efficaces agissent à plusieurs niveaux, en utilisant une approche multicomposante. Certaines rares stratégies s’attaquent au problème de manière globale, en visant les trois niveaux d’intervention de manière coordonnée.

La prévention du suicide pour les aînés du Japon rural

Cinq études ont été menées chacune dans une région rurale du Japon ayant un haut taux de suicide d’aînés (plus de 160 pour 100 000) sur des périodes de cinq ou dix ans. Les programmes mis en place incluaient le dépistage annuel systématique de la dépression, l’orientation vers des médecins ou psychiatres, et à divers degrés, de l’éducation et des programmes de sensibilisation utilisant les ressources communautaires. Les auteurs (Oyama & al., 2008) ont observé des changements du risque relatif avant et après la mise en place des programmes et comparativement à des régions similaires. Le risque était significativement réduit chez les deux sexes quand la personne dépressive était orientée vers un psychiatre. Quand le suivi était assuré par des omnipraticiens, la réduction du risque était constatée uniquement chez les femmes. Parmi les cinq études, deux ont montré une réduction du risque suicidaire chez les hommes. Ces programmes comprenaient des séances d’éducation mettant l’accent sur le caractère évitable du suicide (Lapierre & al, 2011).

Les programmes qui ont entraîné une réduction du risque suicidaire chez les hommes mettaient l’accent sur le caractère évitable du suicide.

des projets nombreux mais peu évalués

Des initiatives locales aux programmes déployés à travers le Québec, les projets et les services qui visent le mieux-être des aînés sont nombreux. La prévention du suicide n’en est pas toujours un objectif, mais en agissant sur un ou plusieurs facteurs reconnus comme majeurs dans le problème du suicide, plusieurs de ces initiatives y contribuent probablement indirectement. Parmi les initiatives québécoises recensées, seule celle de Sylvie Lapierre et de ses collègues portant sur l’acquisition de facteurs de protection a fait l’objet d’une évaluation. Plus d’évaluations seraient nécessaires pour distinguer, parmi tous les projets et services qui visent à prévenir directement ou indirectement le suicide chez les aînés, ceux qui ont les retombées les plus importantes.

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Agir

AGiRInventaire de besoins et d’idées

Lors des Journées régionales sur le suicide et les aînés organisées de 2011 à 2014 partout au Québec, l’AQPS a réuni des personnes et des organismes se consacrant à la prévention du suicide ou au bien-être des aînés au sein d’une même région. Au cours de la plupart de ces journées, une période était consacrée à des ateliers de concertation entre les multiples acteurs régionaux.

Grâce à diverses formules d’animation, le partage de constats, des échanges entre des intervenants et gestionnaires dont les préoccupations se rejoignaient et des discussions autour d’enjeux importants ont donné lieu à un foisonnement d’idées, qui sont autant de pistes d’action pour améliorer la prévention du suicide des aînés. Bon nombre de ces suggestions coïncident avec les projets exemplaires décrits dans la section précédente. Dans les pages qui suivent, nous présentons une sélection des suggestions les plus pertinentes.

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3.1. Améliorer les compétences en prévention du suicide des aînés

Les besoins liés à la formation des intervenants et des proches des personnes âgées ont été abondamment cités lors des ateliers de concertation. Alors qu’une large majorité des participants aux Journées régionales sur le suicide et les aînés ont manifesté un souhait d’amélioration de leurs compétences ou de celles d’autres personnes qui côtoient les personnes aînées en matière de prévention du suicide, la nature des besoins de formation varie selon le rôle que cesdifférentsacteursontàjouer:certains,prochesouprofessionnels,doiventpouvoir repérer les personnes en détresse tandis que d’autres ont pour mandat d’assurer une intervention complète avec ces dernières.

3.1.1 développer la formation des intervenants en prévention du suicide

La nécessité d’une formation à l’intervention auprès des aînés suicidaires a été exprimée tant par les intervenants du milieu de la prévention du suicide, qui veulent mieux comprendre les spécificités du geste suicidaire chez les aînés, que par ceux qui travaillent quotidiennement avec des aînés et doivent améliorer leurs compétences en prévention du suicide.

• Adapter les outils de formation existants à la réalité de la clientèle aînée.

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La prévention du suicide des aînés au Québec

• Réduire le sentiment d’impuissance vécu par certains intervenants qui, devant un aîné qui vit plusieurs deuils, a atteint un âge très avancé ou est affligé d’une maladie grave ou d’un état de santé dégradé, ne savent pas comment susciter l’espoir, comment l’amener à envisager un avenir et des raisons de vivre. Cet écueil peut être dû aux sentiments générés par la perspective de leur propre vieillesse ou fin de vie.

• Augmenter la capacité des intervenants à établir le lien de confiance.

• Mieux les outiller pour le travail avec des aînés présentant des problèmes multiples, tels que la démence, l’incapacité physique et les problèmes de santé mentale.

• Mieux les documenter sur le syndrome de glissement et sur l’attitude à adopter lorsqu’une personne âgée se « laisse mourir », en refusant de s’alimenter par exemple.

3.1.2 multiplier et soutenir les réseaux de sentinelles

Les sentinelles sont des citoyens formés pour jouer un rôle de relais entre la personne suicidaire et les ressources qui peuvent intervenir auprès d’elle.

• Renforcer et multiplier les réseaux de sentinelles dans les milieux fréquentés par les aînés ou dans leurs milieux de vie comme les résidences. Les bénévoles qui les côtoient et leurs proches, qu’ils soient aidants ou non, peuvent jouer un rôle crucial de détection des signes et d’orientation vers les ressources d’aide.

• Augmenter la promotion de la formation Agir en sentinelle pour la prévention du suicide, afin que plus d’organismes y fassent appel.

• Former un vaste réseau de gens capables de repérer facilement les personnes en détresse et de les orienter vers les services d’aide : les employés des caisses populaires, les épiciers de village, les facteurs, les agents de pastorale et lescurés, lescoiffeurs, lespompiers, les livreursde repasàdomicile,demédicaments ou de lait, les personnes responsables du déneigement, le personnel des clubs de loisir, le personnel des tours d’habitation, etc.

• Offrir la formation Agir en sentinelle pour la prévention du suicide auxreprésentants des tables régionales de concertation des aînés, aux bénévoles des centres d’action bénévole, à ceux qui prennent part à des groupes d’aînés ou de défense des droits.

• Veiller à ce que les sentinelles bénéficient de formation continue et de suivi pour rester actives.

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Agir

3.1.3 Combler le vide entre les sentinelles et les intervenants

LatournéedesrégionseffectuéedanslecadredesJournéesrégionalessurlesuicide et les aînés a permis de constater que ni la formation des intervenants ni celle des sentinelles n’étaient réellement adaptées aux besoins de plusieurs corps de métier, et ce même si l’on envisage des déclinaisons « aînés » de ces formations. Pour un préposé aux bénéficiaires qui travaille à domicile ou pour le personnel des résidences, la formation des intervenants est trop exhaustive quant aux techniques d’intervention à utiliser compte tenu du rôle qu’il a à jouer auprès de l’aîné, alors que la formation Agir en sentinelle pour la prévention du suicide, qui est normalement réservée aux citoyens, est insuffisante pour réagir de façon adéquate avec cette clientèle à laquelle il prodigue des soins quotidiens. Ce «trou» dans l’offre de formation implique que bon nombred’acteurs importants qui gravitent autour de la personne aînée ignorent le rôle qu’ils peuvent jouer en prévention du suicide et éprouvent un certain sentiment d’impuissance.

• Combler le manque en créant une formation destinée à diverses professions du domaine de la santé et des services sociaux qui n’ont pas le mandat d’assurer l’intervention auprès de la personne suicidaire. Cette formation permettrait d’apprendre aux divers acteurs qui travaillent avec les personnes âgées comment repérer les aînés suicidaires, que faire, comment raviver l’espoir, quels sont les rôles et responsabilités des partenaires, etc.

• Offrir cette formation àdifférentesprofessions tellesque lepersonneldes résidences pour personnes âgées, les préposés aux bénéficiaires et interve-nants des services à domicile, les pharmaciens, les travailleurs de corridors, de rue et de milieu…

3.1.4 Autres suggestions

Diverses autres suggestions ont été formulées, en matière de formation également :

• Améliorer la formation des médecins quant à la détection, à l’estimation et au traitement de la dépression et des idées suicidaires chez les aînés.

• Mieuxinformerlesmédecinsetlespharmaciensdeseffetssecondairesdesmédicaments susceptibles d’induire une dépression.

• Élaborer une formation aux objectifs larges qui permettrait de repérer les personnes âgées vivant diverses difficultés – telles des idées suicidaires, mais aussi de la maltraitance ou de la perte d’autonomie – et de les orienter vers les ressources adéquates.

• Intégrer une formation au programme d’études de certaines professions, au cégep et à l’université.

• Éclairer les bénévoles et intervenants sur les situations dans lesquelles ils peuvent briser la confidentialité et révéler ce que leur a dit un aîné. Eneffet,unepersonnesuicidairefaitsouventpartdesesidéesetintentions

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La prévention du suicide des aînés au Québec

la confidentialité dans l’intervention auprès des aînés : balises légalesÀ la suite de la Journée régionale sur le suicide et les aînés organisée en Montérégie, l’AQPS, en collaboration avec le Centre de prévention du suicide du Haut-Richelieu, la Chaire de recherche sur la maltraitance envers les personnes aînées et le ministère de la Justice, a voulu démystifier les notions de confidentialité et de secret professionnel au moyen d’un dépliant élaboré pour les intervenants qui travaillent auprès d’un aîné. Ce dernier explique dans quelle situation il est nécessaire de lever le secret professionnel, soit lorsqu’il y a un motif raisonnable de croire qu’il y a un danger imminent pour la personne ou ses proches. Le dépliant insiste aussisurl’importancedenepasresterseulavecsesinquiétudesetoffrequelquesconseilsetressourcesd’aide.Cet outil peut être téléchargé sur le site de l’AQPS. www.aqps.info

De très nombreuses autres suggestions ont été partagées lors des Journées régionales sur le suicide et les aînés. L’accent a surtout été mis sur les interventions universelles, qui touchent un grand nombre d’aînés et qui ont deseffetsfavorablessurdesproblématiquespluslargesquelaseulepréventiondu suicide. L’inventaire dressé ici permet de rendre compte de la profusion des idées, dont chacune constitue un possible levier d’action.

3.2.1 Améliorer la communication, la collaboration et la coordination des services

Coordonner les nombreux intervenants qui gravitent autour des personnes âgées représente un défi important. La communication et l’arrimage entre organisations et au sein des organisations sont des enjeux majeurs.

• Faireen sorteque lesdifférentsacteurspartagent leurpland’interventiondans des situations de dangerosité d’un passage à l’acte suicidaire.

• Augmenter la connaissance mutuelle des missions et services des organismes accessibles aux aînés.

• Améliorer les liens de collaboration entre le médecin, les services de santé et services sociaux et la famille.

• Établir des fiches de liaison par lesquelles les personnes âgées pourraient autoriser les centres de santé et de services sociaux à transmettre leurs coordonnéesàdesorganismescommunautaires susceptiblesde leuroffrirdes services complémentaires.

3.2. Agir sur une multiplicité de facteurs de risque et de protection

à quelqu’un de son entourage. Certains gardent le secret par peur de perdre la confiance de la personne ou encore de se faire poursuivre en justice. Ils ont donc besoin d’obtenir une information juste et claire sur les notions de confidentialité et de secret professionnel.

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Agir

• Faire en sorte que les médecins et les pharmaciens aient une meilleure connaissancedesorganismescommunautairesetde leuroffredeservicesafin qu’ils n’hésitent pas à orienter un aîné vers ces ressources.

• Veiller à ce que l’information recueillie en milieu hospitalier soit communiquée aux organismes et intervenants qui travaillent avec l’aîné après sa sortie de l’hôpital. La qualité du suivi représente un défi important.

• Diversifier les moyens utilisés pour favoriser les partenariats : le partage d’outils et de trajectoires de services, la participation à des formations communes, à des tables ou comités mixtes, à des travaux partagés…

• Travailler en étroite collaboration, afin par exemple que les ressources spécialisées en prévention du suicide puissent offrir de la supervisionclinique aux autres intervenants qui ne rencontrent le problème que plus occasionnellement.

• Faire en sorte que des responsables de la prévention du suicide prennent part à la table de concertation des aînés de leur région.

• D’une région à l’autre, communiquer les bons coups et les expériences probantes pour que tous profitent de ce qui se fait ailleurs.

• Organiser régulièrement des journées régionales en vue de susciter contacts et collaborations.

3.2.2 Rendre les services d’aide plus accessibles

La disponibilité des services est un défi important en prévention du suicide et, plus largement, pour tous les problèmes que peut vivre une personne âgée. En cas de problème de santé mentale, les listes d’attente peuvent représenter de réels obstacles au traitement. Par exemple, il arrive qu’un aîné qui bénéficie de soutien à domicile ait difficilement accès aux services de santé mentale relevant pourtant du même centre de santé et de services sociaux.

• Faire en sorte que toutes les personnes qui en ont besoin puissent bénéficier de services psychologiques, et ce, sans délai d’attente excessif.

• Décloisonner les services et assouplir les critères d’accès.

• Modifier la représentation sociale selon laquelle « il est normal d’être déprimé en vieillissant », qui, lorsqu’elle est partagée par des intervenants, représente un frein à l’accès aux soins et aux services.

• Revoir l’application de la loi sur la protection des personnes dont l’état mental présente un danger pour elles-mêmes et pour autrui, afin que les personnes placées sous garde préventive ou provisoire au sein d’un établissement de santé et de services sociaux y restent suffisamment longtemps et bénéficient d’un suivi adéquat après leur sortie.

• Miser sur le rôle des pharmaciens, qui sont des ressources accessibles et disponibles.

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La prévention du suicide des aînés au Québec

3.2.3 Faire connaître les ressources et services d’aide

La méconnaissance des ressources et services d’aide et de prévention du suicide constitue un frein à la demande d’aide des aînés.

• Mieux faire connaître les ressources aux aînés, mais aussi aux intervenants, aux médecins et à ceux qui sont présents quotidiennement dans la vie des personnes âgées.

• Augmenter la promotion de la ligne 1-866 APPELLE (277-3553) pour les personnes suicidaires et leurs proches.

• Produireetdiffuserdesbottinsoudescartesdesressourcesetlesteniràjour.

• Rendre l’information disponible dans les centres médicaux.

• Faire des tournées régulières des résidences pour aînés.

• Adopter des méthodes créatives pour ce faire, par exemple une troupe théâtrale ou une chorale.

• Démystifier des professions méconnues de certains aînés, telles que celles de psychologue, de travailleur social ou de psychiatre, ainsi que la nature de la relation d’aide.

• Mettre sur pied, dans les régions où le service 211 n’existe pas encore, un service d’information et d’aiguillage centralisé qui dirige rapidement les personnes vers les ressources de la communauté.

• Créer et promouvoir une plateforme Web des services disponibles pour les aînés au sein d’une région.

3.2.4 Renforcer le soutien social et briser l’isolement • Cibler les personnes les plus isolées, qui ne sont pas celles qui participent

spontanémentauxactivitésoffertes.

• Augmenter le nombre et la présence des travailleurs de milieu.

• Élaborer des formules de couplage, de parrainage ou d’« adoption ».

• Mettre sur pied des services d’appels téléphoniques sécurisants.

• Implanter des groupes d’entraide et de soutien.

• Multiplier les visites de courtoisie, qui pourraient être effectuées par desstagiaires.

• Organiser des visites à domicile de policiers bien outillés.

• Implanter des comités de vigie dans les zones rurales.

• Améliorer l’organisation des transports en commun afin de contribuer à rompre la solitude de ceux qui ne se déplacent pas ou plus avec leur propre voiture.

• Valoriserdavantagelefaitdesaluerlesaînésetdeleuroffrirdutemps,qu’onles connaisse ou non.

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Agir

• Assurer des relances systématiques des personnes endeuillées par le décès de leur conjoint ou de leur conjointe.

• Mieux cibler les hommes, spécialement ceux qui sont veufs ou célibataires, et leur proposer des activités concrètes et actives, plutôt que des rencontres dans lesquelles la discussion et le dévoilement de soi sont mis en avant.

3.2.5 Compter sur les proches aidants et les soutenir

Les proches aidants jouent un rôle crucial auprès des aînés. Ils représentent par leur présence et leur attention un puissant facteur de protection contre le suicide.

• Collaborer avec ces proches, les solliciter pour assurer un filet de sécurité autour d’un aîné vulnérable.

• Les outiller, les former à repérer les signes de détresse.

• Leur indiquer quand il est nécessaire de rompre la confidentialité et comment procéder.

• Réaliser des actions de sensibilisation à l’intention du grand public pour amener les proches aidants à mieux connaître le problème du suicide, ses signes et les ressources d’aide.

• Leuroffrirdurépitetdusoutien.

3.2.6 dégager du temps pour l’écoute

En grand nombre, les participants des Journées régionales sur le suicide et les aînésontdénoncélemanquedetempsàoffrirauxpersonnesâgées.Cemanquede temps est lié à la charge de travail, au nombre de bénéficiaires, aux tâches administratives, à l’exigence de performance. Ces conditions sont susceptibles d’entraîner une détresse psychologique, notamment chez le personnel des centres hospitaliers de soins de longue durée, ainsi qu’un roulement de personnel. Le temps est cependant une ressource indispensable pour écouter sincèrement les personnes aînées, qui demandent parfois autre chose que ce quel’onveutleuroffrir,etpourdévelopperleliendeconfiance.Letempsestaussi nécessaire pour accompagner les aînés vers les ressources plutôt que de leur demander de faire les démarches eux-mêmes.

• Changer les structures, réorganiser les services, réduire les exigences de performance pour libérer du temps.

• Multiplier les bénévoles ou en implanter là où il n’en existe pas.

3.2.7 miser sur l’aspect intergénérationnel

Pour nombre de participants aux Journées régionales sur le suicide et les aînés, les activités intergénérationnelles représentent l’une des clés de la prévention du suicide, tant parce qu’elles contribuent à rompre l’isolement que parce qu’elles constituent un moyen de contrer le sentiment d’inutilité qui peut surgir au moment de la retraite.

• Créer davantage de « maisons des grands-parents » et de coopératives d’habitation intergénérationnelles.

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La prévention du suicide des aînés au Québec

• Mettre au point des projets qui permettent à plusieurs générations de se côtoyer et créer des occasions de transmission des savoir et savoir-faire, telles que des formules de mentorat dans les milieux de travail, à l’école, dans les loisirs et en famille.

• Susciter le partage des lieux de loisir ou de sport par des personnes de tous âges.Àceteffet, interpeller lesmilieuxmunicipauxpourqu’ils intègrent ladimension intergénérationnelle dans leur programmation d’activités.

3.2.8 Changer les représentations sociales

Un environnement qui discrimine les personnes âgées ou qui considère leur mal-être, leur dépression ou leurs idées suicidaires comme normales ou inhérentes à leur âge contribue à augmenter le risque de suicide des aînés. Pour cette raison, il est essentiel d’améliorer l’image du vieillissement au sein de la collectivité.

• Véhiculer une image favorable et active du vieillissement, autant dans les discours et dans les choix de société que dans les messages publics ou publicitaires.

• Organiser des campagnes visant à valoriser la place des aînés et leur participation sociale et orienter le marketing social en ce sens.

• S’allier avec de bons porte-paroles, avec des séries télévisées québécoises.

• Changer la représentation sociale de la retraite : le discours qui la présente comme une période oisive devrait laisser place à un propos qui valorise l’apprentissage et le développement personnel et collectif rendus plus accessibles à cet âge.

• Sensibiliser le public aux conséquences de l’âgisme et lutter contre les préjugés.

• Démystifier la maladie mentale et mener des actions qui visent à briser les tabous qui concernent la dépression, spécialement chez les aînés.

• Diffuserunecommunicationadéquate sur les réalitésassociéesau suicidechez les aînés.

3.2.9 Préparer la retraite• Bien préparer les futurs aînés à cette étape de la vie qu’est la retraite.

• Au-delà des questions financières et juridiques, inclure dans toutes les activités et séminaires de préparation à la retraite des dimensions concernant les aspects psychosociaux et la santé mentale.

• Rendre ces séminaires et cours accessibles à tous et non uniquement au personnel des grandes entreprises ou organisations.

• Faire parvenir aux jeunes retraités une trousse d’information contenant des références et des outils de prévention du suicide.

• Intégrer la perspective de la retraite dans les politiques de management, envisager une diversification des possibilités de travail selon les capacités.

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Agir

3.2.10 Favoriser le développement du pouvoir d’agir

Plusieurs intervenants ont relevé qu’il n’était pas chose aisée de susciter le pouvoir d’agir chez certains aînés, qui refusent de s’impliquer dans les solutions ou de chercher de l’aide.

• Faire participer les aînés aux décisions et projets qui les concernent.

• Valoriser leurs forces, leur expérience, leur utilité et leur rôle social.

• Renforcer leur estime d’eux-mêmes et leur sentiment de confiance en leurs propres capacités à s’en sortir.

• Considérer l’aîné comme un partenaire de soins, c’est-à-dire non comme la victime d’une pathologie, mais en tant que personne capable de développer une compétence de soins et de faire des choix.

• Tout au long de la vie, développer le pouvoir d’agir des individus afin qu’ils prennent des initiatives et soient actifs dans ce qu’ils vivent, y compris leur vieillissement.

3.2.11 Réduire l’accès aux moyens de s’enlever la vie

• Davantage informer la population des dangers liés à la possession d’une arme à feu.

• Définir des plans d’action et multiplier les initiatives visant à limiter la disponibilité des armes à feu et des médicaments.

3.2.12 mieux documenter la question du suicide et améliorer la diffusion des connaissances

Plusieurs besoins relevés portent sur l’amélioration de la compréhension du phénomène du suicide des aînés.

• Approfondir les recherches pour mieux comprendre le phénomène du suicide au Québec et ses spécificités : pourquoi nos aînés se suicident-ils relativement moins que ceux d’autres pays industrialisés?

• Augmenter la diffusion et l’application des connaissances dans certains domaines peu explorés au cours des Journées régionales sur le suicide et les aînés, tels que le syndrome de glissement, l’aide aux hommes âgés, la dis-tinction entre les troubles de santé mentale et certains problèmes cognitifs.

• Disposer du portrait réel de la situation régionale et locale du suicide des aînés, par exemple en analysant les rapports des coroners ou grâce à une base de données.

3.2.13 Autres suggestions

• Donner aux personnes âgées des outils pour faire face au deuil et aux pertes.

• Sensibiliser et conscientiser la population. Par exemple, lors des tournées de prévention dans les écoles, sensibiliser les jeunes à la détresse des grands-parents. Dans les milieux de travail, sensibiliser les gens à la prévention du suicide des aînés.

• Considérer les spécificités des communautés culturelles et envisager l’approche à privilégier avec ces publics.

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La prévention du suicide des aînés au Québec

Les ateliers de concertation organisés au cours des Journées régionales sur le suicide et les aînés ont permis, dans plusieurs des régions visitées par l’AQPS, d’inspirer de nouvelles actions ou façons de travailler en collaboration. Au lendemain de ces journées, des groupes se sont mis en place ou mobilisés pour mettre en œuvre des solutions créatives imaginées en commun.

En voici quelques exemples :

• Plusieurs projets qui ont vu le jour reposent sur le concept de formation et de déploiement de réseaux de sentinelles. En Chaudière-Appalaches, des intervenants qui travaillent auprès des aînés ont été formés au cours de l’année 2013.DanslesLaurentides,unedouzainedebénévolesoffrantdesrepasàdomicile ont suivi la formation Agir en sentinelle pour la prévention du suicide. Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, 45 personnes réparties en quatre groupes de sentinelles seront prochainement formées en milieu aîné. Dans le Bas-Saint-Laurent, les stratégies de recrutement et de mobilisation des sentinelles venant de secteurs inhabituels ont abouti à des formations au printemps 2014. À Montréal, l’implantation de réseaux de sentinelles en milieu aîné est également en préparation, dans le cadre d’un projet d’envergure nationale visant la santé mentale et la prévention du suicide des aînés qui rassemble le Distress Centre de Toronto, le Crisis Centre de Vancouver et Suicide Action Montréal.

• Dans les Laurentides, un service de livraison de repas a été mis sur pied à Wentworth-Nord, dans un milieu défavorisé et dévitalisé, où la population de 65 ans et plus est très nombreuse et souvent isolée. Les bénévoles ont été formés pour jouer un rôle de sentinelles. Le service fonctionne depuis l’automne 2013.

• Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, un membre de l’équipe du centre de prévention du suicide siège désormais à la table de concertation des aînés de la région.

• Dans la région de la Capitale-Nationale, depuis décembre 2012, la chorale L’Arc-en-ciel, constituée de bénévoles du programme de réinsertion sociale du Centre de prévention du suicide L’Arc-en-ciel, chante dans les résidences pour aînés, accompagnée d’un intervenant qui fait connaître les services du centre de prévention du suicide aux aînés présents.

• En Chaudière-Appalaches, certains organismes communautaires et publics effectuentdepuisjuin2013unetournéedesrésidencespouraînés,danslebutdeleurfaireconnaîtrelesservicesquileursontofferts.

3.3. Des idées à l’action

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Agir

• Dans la région de Lanaudière, des participants ont réalisé un court-métrage faisant la promotion du bénévolat et traitant de prévention du suicide chez les aînés, ainsi qu’un guide d’animation accompagnant cette vidéo. Une tournée de présentation de ce court-métrage a lieu dans les milieux qui accueillent des aînés.

• En Estrie, un comité qui regroupe plusieurs organisations publiques et communautaires entreprendra des actions inspirées des résultats des ateliers de concertation ayant eu lieu au cours de la Journée régionale sur le suicide et les aînés.

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La prévention du suicide des aînés au Québec

CONClUSiON

Une profonde volonté commune

La vieillesse peut être vue comme le lieu de toutes les pertes. Aux deuils réels, occasionnés par la perte d’autonomie, les décès de proches et le changement de résidence, s’ajoutent des deuils existentiels, relatifs aux rêves non réalisés, aux erreurs commises par le passé, etc. Le grand âge et ses perspectives nous font peur.

Et si on envisageait au contraire la vieillesse comme une période prolifique? L’âge avancé est un moment de transformation où l’on peut renouer avec ses passions profondes, mettre l’accent sur l’essentiel, être disponible pour les autres et pour soi-même, donner du temps aux causes qui nous tiennent à cœur.

Et si nous croyions en nos aînés et en leur potentiel? Les aînés ne sont pas que notre passé. Ils sont des acteurs présents qui agissent pour assurer l’avenir de notre société.

Les prochaines décennies verront les questions relatives aux aînés prendre de plus en plus d’ampleur. Il faudra pouvoir aborder la détresse psychologique et le suicide sans tabou, dans une profonde volonté commune de préserver des vies.

Comme tous les autres citoyens, les aînés peuvent vivre des problèmes de santé mentale ou avoir des idées suicidaires. Ces problèmes et ces idées ne peuvent être considérés comme normaux ou inhérents à la vieillesse, quel que soit l’âge, l’état de santé, les difficultés vécues par ceux qui les éprouvent. Il est essentiel de les repérer et de les traiter.

Mais les aînés ne sont pas qu’une clientèle dont il faut prendre soin. Ils ont aussi un pouvoir, ils détiennent une partie de l’emprise collective que nous avons sur le suicide.

De très nombreux besoins ont été exprimés au cours des Journées régionales sur le suicide et les aînés, parmi lesquels l’amélioration des compétences pour intervenir auprès d’eux lorsqu’ils présentent des idées suicidaires. Certains de ces besoins peuvent trouver une réponse locale, grâce à la créativité des milieux. En complément, des améliorations structurelles et durables requièrent un engagement collectif plus profond et plus partagé.

La prévention a fait ses preuves dans d’autres groupes d’âge. Nous savons qu’il est possible de prévenir le suicide. Les actions à mener sont connues.

Faisons en sorte de perdre de moins en moins d’aînés par suicide au Québec. Il ne tient qu’à nous, comme société qui a à cœur la vie de ses aînés, de mettre en œuvre les moyens pour atteindre cet objectif.

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La vie des aînés nous tient à cœur

RemeRCiemeNTS

L’AQPS tient à remercier sincèrement les membres du Comité d’orientation des Journées régionales sur le suicide et les aînés qui, d’un commun accord, se sont donné la mission de produire ce document. Par la lecture attentive qu’ils en ont faite ainsi que par leurs judicieux conseils, tous ont contribué à la qualité et la crédibilité du recueil proposé. Merci à mesdames Marie Beaulieu, Caroline Bouchard et Thérèse Lachance ainsi qu’à messieurs Mario Alberton, Laurent Garneau, Gilles Légaré et Claude Quintin.

Nous adressons un merci tout spécial à monsieur Louis Champoux, président du Comité d’orientation, qui a mené de main de maître l’ensemble des activités de celui-ci afin de permettre à ce document de voir le jour, en plus d’accepter généreusement d’en rédiger l’éditorial. Monsieur Champoux a été présent à toutes les étapes de la production du recueil. Sa collaboration à la rédaction et à la relecture du texte a permis d’en assurer la rigueur et la pertinence.

Nous tenons aussi à exprimer notre gratitude à nos partenaires des centres de prévention du suicide et des agences de la santé et des services sociaux qui ont cru au projet des Journées régionales sur le suicide et les aînés et qui ont per-mis aux gestionnaires, aux professionnels, aux intervenants et aux bénévoles de se rassembler en seize lieux pour partager connaissances, opinions et pistes d’action. Nous soulignons également la précieuse collaboration de plusieurs membres du Centre de recherche et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie (CRISE) de l’Université du Québec à Montréal à ce vaste projet.

Nous ne pourrions passer sous silence les 1 891 personnes qui ont participé aux Journées régionales sur le suicide et les aînés de la Capitale-Nationale, du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de la MRC de Portneuf, de la Montérégie, de Chaudière-Appalaches, des Laurentides, de Lanaudière, de la Mauricie, de l’Abitibi-Témiscamingue, du Centre-du-Québec, de l’Outaouais, du Bas-Saint-Laurent, de la MRC de Charlevoix, de l’Estrie, de Laval et de Montréal. Sans leur participation à ces journées, ce document n’aurait pas la même valeur, celle de concilier théorie et pratique pour faire avancer la cause de la prévention du suicide auprès de la clientèle aînée.

Enfin, l’AQPS accorde également sa reconnaissance au ministère de la Famille et des Aînés sans la contribution financière duquel le projet des Journées régionales sur le suicide et les aînés n’aurait pu avoir lieu en 2011, ainsi qu’au ministère de la Santé et des Services sociaux qui l’a soutenu de 2012 à 2014.

Merci d’avoir été si généreux.

Merci de vous engager à poursuivre les actions qui nous permettront de bâtir ensemble un Québec sans suicide.

Merci de démontrer que la vie des aînés vous tient à cœur!

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La vie des aînés nous tient à cœur

bibliOGRAPhie eT RÉFÉReNCeS

Le présent document repose sur diverses sources consultées par l’AQPS.

Lors des 16 Journées régionales sur le suicide et les aînés, une multitude de conférenciers et de panélistes ont contribué à approfondir et à élargir la connaissance de la problématique du suicide des aînés. Leurs présentations ont bien sûr été exploitées lors de la rédaction de ce document. Citons notamment les conférences de Brian Mishara et de Gilles Légaré, tous deux présents à plusieurs de ces rencontres régionales. Gilles Légaré, épidémiologue à l’Institut nationaldesantépubliqueduQuébecnousaégalementpermisdediffuserlesdonnées statistiques les plus récentes, tirées de l’Infocentre de santé publique du Québec.

Pour la recherche bibliographique, qui a surtout servi à la rédaction des première et deuxième sections, le centre de documentation du Centre de recherche et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie (CRISE) de l’Université du Québec à Montréal a été d’une aide très précieuse, en fournissant une trentaine de références. Au fil des lectures, d’autres articles et publications ont été consultés.

La deuxième section, portant sur les initiatives et les projets existants, se base en partie sur les contenus présentés lors des Journées régionales sur le suicide et les aînés par une diversité d’intervenants. Quant à la troisième section, portant sur les besoins identifiés, elle s’inspire en très grande partie des propositions discutées au cours des ateliers de concertation organisés lors de la majorité de ces 16 journées.

Bibliographie

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La prévention du suicide des aînés au Québec

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La vie des aînés nous tient à cœur

Pour une urgence suicidaire, pour vous ou pour un proche partout au Québec

1 866 APPELLE (277-3553)

les centres de prévention du suicide et autres ressources au Québec

www.aqps.info

ligne Aide Abus Aînés

1 888 489-ABUS (2287)

www.maltraitanceaines.gouv.qc.ca

Réseau FAdOQ

www.fadoq.ca

Secrétariat aux aînés

www.aines.gouv.qc.ca

Chaire de recherche sur la maltraitance envers les personnes aînées

www.maltraitancedesaines.com

Conférence des Tables régionales de concertation des aînés du Québec

www.conferencedestables.org

Références utiles

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www.aqps.info

Ensemble,faisons en sorte de croire en nos aînés et en leur potentiel,de nous engager à leur donner une place de choix dans la sociétéet de changer nos perceptions et nos pratiques pour qu’ils puissent contribuer jusqu’à la fin à bâtir nos collectivités.