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La psychologie quotidienne

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COLLECTION DIRIGÉE PAR PAUL FRAISSE

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L E P S Y C H O L O G U E

La psychologie quotidienne

J E A N - L É O N BEAUVOIS

PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE

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ISBN 2 13 0 3 8 5 8 3 4

D é p ô t l é g a l — I é d i t i o n : 1 9 8 4 , s e p t e m b r e

© P r e s s e s U n i v e r s i t a i r e s d e F r a n c e , 1 9 8 4

108 , b o u l e v a r d S a i n t - G e r m a i n , 7 5 0 0 6 P a r i s

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P r é a m b u l e

« Qu'est-ce qui le retenait ? Etait-ce timi- dité inséparable d'un véritable amour, fierté ou coquetterie d'un astucieux séducteur ? Voici qui restait une énigme pour elle. Après mûre réflexion, c'est sur le compte de la timi- dité qu'elle mit l'excessive réserve du jeune homme; elle décida donc de l'encourager en lui marquant plus d'attention et même, si les circonstances le lui permettaient, de la ten- dresse. »

POUCHKINE, La tempête de neige.

« La psychologie, et partant la psychologie sociale, sont-elles des institutions de la résistance « officielle » au changement social ? » Cette question — à laquelle on avait quelquefois répondu par l'affirmative sur la lancée de 68 mais sur des bases purement dogmatiques — Mugny et Papastamou (1980) sont amenés à la poser après avoir constaté que l'influence d'une minorité innovatrice peut être considérablement réduite pour peu que l'on incite la majorité conservatrice à « psychologiser » le comportement minoritaire. En somme, si une source poten- tielle d'influence vous tient un discours exposant un point de vue innovateur, son effet persuasif risque d'être nul s'il vous vient à l'idée de chercher des explications psycho- logiques à de tels propos : « Je le connais bien. Il a tou- jours été fasciné par les positions extrêmes; c'est un doctrinaire-né qui manque quelque peu de sensibilité... » C'est peut-être vrai. Mais cette fine analyse psychologique change-t-elle la validité du discours tenu et l'intérêt des

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alternatives proposées ? D'où la question posée par Mugny et Papastamou.

Mais est-ce là, comme certains le craignent ou l'affir- ment, le fonctionnement standard de la psychologie et de la psychologie sociale ? Voit-on juste lorsque l'on dit de la psychanalyse, par exemple, qu'elle constitue l'un des fac- teurs d'immobilisme les plus faramineux que notre siècle ait su inventer ? Est-on sérieux lorsque l'on avance de la psychométrie qu'elle colle aux stratifications sociales et les légitime « psychologiquement » ?, etc.

De telles questions ne peuvent qu'inquiéter le psycho- logue chercheur ou praticien. Ce livre a pour ambition d'apporter quelques éléments de réponse structurés par une thèse : il est vrai que la psychologie que Monsieur- tout-le-monde pratique dans son existence sociale, qu'on la dise quotidienne, naïve ou implicite, a bien cette fonction de résistance idéologique au changement. Il est vrai aussi que cette psychologie ne peut être évaluée selon les critères de la science. Si on applique ces critères, elle apparaît comme charriant des distorsions, des erreurs, des illu- sions — des méconnaissances.

Mais la psychologie académique (institutionnelle ou professionnelle...) qui se veut et se doit d'être scientifique ? Il semble qu'elle ne puisse que reprendre à son compte cette fonction d'inertie de la psychologie quotidienne si elle reprend innocemment ses contenus (quitte à les expliciter), sa problématique (quitte à la technologiser) et partant ses erreurs, distorsions et illusions. C'est par contre en étudiant cette psychologie quotidienne, en repé- rant sa fonction idéologique, en relevant ses méconnais- sances, bref en engageant une critique théorique, que la psychologie académique peut à la fois se dégager de la fonction d'inertie idéologique et se constituer comme disci- pline scientifique.

Cette critique, cela fait maintenant une quinzaine d'années au moins que les psychologues sociaux améri- cains l'ont entreprise sans nécessairement s'en donner

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initialement l'objectif. Il était fatal que cette critique conduise à remettre en question des notions auxquelles nous sommes très attachés, comme celle de personnalité, et qu'elle génère des polémiques quelquefois des plus vives dans la littérature spécialisée.

J'engage ici le lecteur dans une étude et une critique de la psychologie quotidienne. Je tâcherai de présenter sans a priori le corpus théorico-expérimental tel qu'il nous est fourni par la psychologie sociale américaine. C'est dans ses textes qu'il est question d'erreurs, de distorsions et d'illusions. Mais j'essayerai également de montrer que ce corpus peut être relu et retravaillé à partir d'une conception plus générale des processus idéologiques, conception incon- testablement plus européenne. Ce qui me conduira à reprendre et à compléter la proposition d'une théorie cognitive de la reproduction idéologique déjà esquissée dans un ouvrage antérieur (Beauvois et Joule, 1981).

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INTRODUCTION

U n e c o n v e r s a t i o n d a n s u n t r a i n

L'objet de cet ouvrage est l'activité de « psychologue » à laquelle se livre l'homme banal dans son existence sociale, cette activité qui nous fait quelquefois dire de certaines personnes qu'elles sont « psychologues » et ont une connaissance profonde de la nature humaine ou, au contraire, qu'elles manquent complètement de psychologie et ne comprennent rien à ce qui agite les gens. Psycho- logie d'un père qui essaye de comprendre son enfant, d'un époux qui essaye de s'ajuster à sa femme (et bien sûr réciproquement! ), psychologie d'un employeur qui s'attache à comprendre ce qui se passe dans la tête d'un salarié grognon, psychologie de mon taxi, de mon coiffeur, de mon professeur et de mes étudiants, de mon juge, psychologie qui se débite au bistrot ou dans les couloirs, quelquefois dans les épanchements subtils des tête-à-tête amoureux ou amicaux ; c'est la psychologie de tous les jours et de chacun d'entre nous.

Un exemple, nécessairement un peu long, permettra de repérer certains aspects de cette psychologie quotidienne dans son cadre privilégié d'émergence : la conversation.

CONVERSATION DANS UN TRAIN

« Alors, il paraît que Rouland a finalement fait sa crise ? — Tiens! l'histoire a été colportée jusqu'à Nevers ? — Oh, vous savez, non, pas précisément. J 'a i eu hier Laurent

au bout du fil ; c'est lui qui m'a parlé de la réunion de vendredi et de l'esclandre qu'y a fait Rouland à propos des devis douteux.

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— Douteux... Douteux... moi je demande à voir, hein? Ecoutez, Dugenoux, Rouland, on commence à le connaître. Cest un technicien hors pair, mais c'est une tête de cochon. J 'a i rarement connu quelqu'un d'aussi vindicatif. Il avait déjà des problèmes avec Calvet à propos des devis, vous vous souvenez ?

— Bien sûr! Mais avec Calvet, ça n'arrivait jamais jusqu'au comité de direction.

— Cest vrai... Calvet était plus coulant que Sordat. — C'est vrai... — Il se laissait même quelquefois mener en bateau. Pour ça,

il s'est trop souvent laissé mener en bateau, le pauvre! D'ailleurs, je vais vous dire quelque chose, Dugenoux, hein, même si c'est un peu méchant. Quand on a vu Calvet avec sa femme, j 'ai immé- diatement compris. C' était un homme à se laisser marcher sur les pieds, hein, on l'a bien vu. Je me suis laissé dire qu'il était quelque peu musicien. Je ne sais pas si c'est compatible avec l'agressivité que doit avoir un Directeur commercial. Je ne crois pas. Et Rouland en a trop longtemps profité, parce que lui, hein, ce n'est pas le même genre de personnage.

— Oh, non! — Alors, avec Sordat, hein, ce n'est pas pareil. Il n'est

pas aussi têtu que Rouland, mais il sait se montrer ferme, et ça... — Oui, c'est vrai qu'avec quelqu'un d'autoritaire comme

Rouland... — Autoritaire, autoritaire... Moi je dis tête de lard. C'est

un colérique, un vrai sanguin. Si vous l'aviez vu vendredi! Ce n'était pas de l'autoritarisme (Sordat, lui, est autoritaire), mais là... c'était de la rage, il n'y a pas d'autre mot. D'ailleurs, le patron qui connaît les hommes lui a vite cloué le bec.

— Laurent m'a raconté. Pourtant, moi, vous voyez, j 'ai ten- dance à comprendre les réactions de Rouland. Il se trouve quand même quelquefois dans des situations pénibles. Les gars, sur les chantiers, vous ne leur faites pas faire n'importe quoi, hein, et j 'ai vu des fois où...

— Vous voyez bien que Rouland n'est pas quelqu'un de vrai- ment autoritaire... S'il savait mieux driver ses gars...

— Il ne faut pas exagérer! vous avez beau savoir driver vos

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gars, vous ne leur ferez pas faire en deux jours une installation qui en nécessite cinq! Je comprends que Rouland soit quelquefois amené à éclater. Je crois qu'à sa place, moi non plus je ne laisserais pas passer des estimations par trop douteuses... Vous verrez, si un jour les gars des chantiers se mettent en grève...

— On n'en est pas encore là Dugenoux, n'exagérons rien. Cest vrai que Sordat a quelquefois tendance à tirer les devis pour accrocher les clients, c'est humain. Mais quand même! Je reste persuadé que c'est une affaire d'hommes. Vous mettez deux indi- vidus comme Sordat et Rouland ensemble, il ne peut y avoir que des étincelles. Ils n'ont rien de commun ces deux-là, et ils ne peuvent pas se supporter. Comment voulez-vous qu'ils travaillent ensemble ? Tout est bon pour donner lieu à des esclandres. Ils ne peuvent pas supporter d'être d'accord, c'est assez faramineux. C'est bien ça, c'est comme s'ils ne pouvaient pas supporter d'être d'accord. Il suffit que Sordat avance une idée pour que l'autre...

— C'est exactement ça! Vous avez raison. Lundi, il a suffi que je dise à Sordat que Rouland avait soutenu Gerbet dans l'affaire du « Chanoine repu », vous vous souvenez, pour qu'il dise immédiatement que Gerbet n'était qu'un incapable, un faux jeton...

— Ça ne m'étonne pas! Et c'est pourtant curieux parce que lorsque l'affaire a été discutée en Direction, si je me souviens bien, Sordat s'est tu. Mais il est vrai que Rouland n'était pas là... Il était justement à Lyon pour récupérer les sottises de Gerbet. Oui, oui... Mais soit dit entre nous, Dugenoux, c'est bien normal que Rouland ait défendu Gerbet. Ils ne peuvent que s'entendre ces deux-là.

— Il leur arrive de s'accrocher, hein... — Oui, c'est humain, d'autant plus que Rouland a besoin

de s'accrocher avec les gens, toujours et à propos de vétilles. Mais ça ne doit pas aller très loin. Vous n'avez pas remarqué ? Moi, j'attribue beaucoup d'importance à ce genre de détails : ils ont le même genre de voiture...

— C'est vrai... — Ils ont dû faire construire leur pavillon par la même

entreprise. — Vouais...

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— Non, Dugenoux, c'est des gars faits pour s'entendre. Mais je dois reconnaître que Gerbet est peut-être plus faux jeton, plus dissimulé. Moi, je m'en méfie un peu. Roui and, c'est une tête de lard, un teigneux, mais il est franc. Il dit ce qu'il pense sans calculer. Je suis sûr qu'il a le cœur sur la main avec les gens qu'il aime bien. Je serais prêt à parier qu'il peut se démener pour aider un ami, comme il a dû le faire pour Gerbet.

— Je crois, oui... Il est d'ailleurs très aimé par... — Il est trop coulant avec les monteurs. Mais c'est vrai qu'il

est issu du tas. Ça, ça vous bâtit un homme. Cest un gars qui connaît son boulot, oh oui, et on est bien obligé actuellement de le supporter. »

Quoique reconstruite pour les besoins de l'illustration, cette conversation n'est que tendanciellement fictive. Elle procède de la condensation de souvenirs et de notes de l'auteur. Quand deux individus discutent, ils parlent d'eux-mêmes, des autres ou du monde. Dans les deux premiers cas de figure on ne manquera pas de constater à quel point une psychologie implicite débite du discours et constitue souvent — en tout cas dans le train ou au bistrot — un terrain finalement commode d'accord, un lieu non problématique où peut se tester sans conséquences le désir de l'autre de poursuivre l'échange. Regardons cette conversation dans un train. Les deux interlocuteurs semblent apparemment d'accord sur bien peu de choses. Pourtant une succession de considérations psychologiques permet à l'un d'entre eux de parler longuement sans risque de démenti violent. Il en aurait été tout autre- ment s'il avait dit explicitement ce qu'il dit à sa façon : « Dans le conflit qui oppose Sordat à Rouland, ou le commerce à la fabrication, je me mets aux côtés de Sordat qui représente la bonne ligne de gestion. Pour le moment on ne peut se passer de Rouland, mais son sort devra un de ces jours être réglé par une mise au rancart. » Un tel discours eût imposé à l'autre de se découvrir et l'échange aurait pu mal tourner, sauf à ce que l'un d'entre eux

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accepte de « perdre la face », ce que les théoriciens actuels de l'échange conversationnel considèrent comme la tuile majeure qui peut advenir. Rien de tel avec l'émission de considérations psychologiques. L'interlocuteur peut se permettre une forme de contestation, mais de nature métalinguistique : « Vous appelez ça tête de lard, moi je dirais plutôt autoritaire. Mais nous sommes là sur le terrain de la conjecture sémantique, et nous ne pouvons ferrailler sur un tel terrain. Vous pouvez donc continuer... » Le TEE va arriver à Saint-Flon, et les choses vont devenir sérieuses.

Est-ce à dire que cette « psychologie quotidienne » n'est pas une « chose sérieuse » ? Certainement pas. Bien au contraire même puisque je défendrai ici l'idée qu'elle constitue un élément de la reproduction idéolo- gique, donc un élément essentiel pour la maintenance des structures sociales; précisément parce qu'elle se pré- sente comme ces formations imaginaires qui, dans l'idéo- logie, se sont dotées de l'universalité et de la naturalité des représentations incontournables. Mais remarquons d'abord les procès principaux que réalise cette psychologie quotidienne et qu'actualise notre « conversation dans un train ».

1. On relèvera d'abord un diagnostic sur les possibilités d'harmonie des relations interpersonnelles. Ce diagnostic se tra- duit dans les affirmations suivantes : « Vous mettez deux gars comme Sordat et Rouland ensemble, ça ne peut faire que des étincelles. » Par contre : « C'est tout à fait normal que Sordat ait défendu Gerbet. Ils ne peuvent que bien s'entendre ces deux-là. » Deux diagnostics qui procèdent en fait d'un même postulat de base : Sordat et Rouland ne peuvent pas s'entendre parce qu'ils n'ont rien en commun. Rouland et Gerbet sont faits pour s'entendre de par, précisément, ce qu'ils ont en commun : un même type de voiture, un même style de maison indi- viduelle. Le postulat peut être donc énoncé ainsi : deux

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individus en accord sur des points importants extérieurs à leur relation doivent « s'entendre ». Deux individus en désaccord sur des aspects importants extérieurs à leur relation ne doivent pas s'entendre.

De nombreux lecteurs seront sans doute d'accord avec ce postulat qui semble « de bon sens ». Notre voyageur en tire pour sa part toutes les conséquences : Rouland et Sordat entreront en conflit aussitôt qu'ils en auront l'occasion, et ceci pour maintenir ce qui semble une struc- ture de relation en quelque sorte « logique »; comme si le fait maintenant acquis de l'antipathie entre Rouland et Sordat impliquait à son tour leur désaccord quant aux objets de leur environnement.

Un tel postulat de base permet à notre interlocuteur de rendre compte des relations affinitaires qu'il perçoit et d'un certain nombre de tensions pouvant survenir entre les gens. Il constitue la base d'une véritable « théorie psychologique » — non explicitée — servant à la fois à comprendre ce qui se passe et à prédire ce qui risque de se passer. Le lecteur aura certainement reconnu là les bases d'une théorie académique célèbre : celle de l'équilibre. Précisément, la théorie de l'équilibre est aujour- d'hui suffisamment connue en France (cf. Flament, 1965 ; Léonard, 1972) pour que nous puissions faire l'économie de sa présentation. Mais l'impulsion donnée par Heider est telle qu'il paraissait utile de la situer là où elle conserve une place de choix : comme théorie de la psychologie quotidienne.

2. On notera ensuite l'intervention dans la conversa- tion d'affirmations sur le déterminisme des conduites ou, plutôt, sur leur causalité. L'individu banal — comme le psycho- logue professionnel — s'attache à expliquer les conduites d'autrui, ainsi d'ailleurs que les siennes propres. C'est semble-t-il une condition nécessaire à la prévision des conduites à venir des uns et des autres. Ayant rendu compte de la beuverie à laquelle s'est livré Duran samedi

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soir lors d'un dîner entre collègues par l'exacerbation de ses tendances suicidaires alliée à un esprit évident de pro- vocation, je me garderai désormais de l'inviter en même temps que certaines personnes qui s'offusquent facilement. Je sais par contre qu'il fera avec Loison une bonne paire de noceurs. Aussi, un tel procès d'explication causale intervient-il dans la conversation qui nous occupe, conver- sation qui est bien celle de gens qui ont à prévoir les conduites à venir de leurs collègues de travail. L'esclandre de Rouland ? C'est pour l'un le fait d'une personnalité désagréable, une « tête de cochon », un « vindicatif », un « teigneux »; nul doute que cette personnalité produira ailleurs les mêmes effets, comme c'était le cas de celle de l'ex-directeur commercial, un homme à se laisser marcher sur les pieds, par ses collègues comme par sa femme. Cette causalité endogène est contestée par le second interlocuteur qui voit plutôt dans la crise du direc- teur de la production le résultat d'une situation tendue, faite d'exigences contradictoires. Une telle explication implique que quiconque, mis dans la situation de Rouland, ait un jour à faire un esclandre. L'interlocuteur comme tout le monde. Causalité endogène ou causalité exogène, la crise de Rouland est pour l'un et l'autre parfaitement intelligible et cette intelligibilité permet une prise de posi- tion par rapport à l'événement, si elle ne justifie pas des décisions à venir. Là encore, on se trouve en présence d'inférences de nature psychologique. Cette conversation dans un train illustre l'intervention de théories implicites sur la causalité des conduites humaines. Et c'est bien la profondeur apparente de ces théories qui fait quelquefois dire de quelqu'un qu'il est ou qu'elle est « fin psy- chologue ».

Justement, les psychologues professionnels se sont inté- ressés ces dernières années à cette activité d'inférence cau- sale du psychologue banal. Cet intérêt a donné lieu à un intense travail théorique et expérimental et a produit les théories dites de l' attribution causale. Ces théories sont

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aujourd'hui l'un des paradigmes majeurs de la psycho- logie cognitive. Nous nous y intéresserons donc plus particulièrement.

3. On constatera enfin que l'évocation par un inter- locuteur d'une causalité endogène ne va pas sans s'accom- pagner d'une ample production d'inspiration caractéro- logique. Rouland est une « tête de cochon ». Soit, c'est ce qui explique sa conduite, sa crise à propos des devis. Mais il n'est pas que cela. Il est vindicatif, teigneux... mais franc, il a le cœur sur la main (avec les gens qu'il aime bien évidemment). Nous sommes là en présence d'un échantillon d'une véritable conception implicite de ce que peut être la personnalité des gens. Dans cette concep- tion, certains traits vont bien ensemble, d'autres s'excluent, ce qui permet encore de faire des inférences et d'anticiper ce qui pourrait un jour advenir. Ainsi l'interlocuteur ne sait pas que Rouland a le cœur sur la main. Sans doute même ne lui a-t-on jamais rien rapporté permettant de l'affirmer. Il le suppose pourtant, il en est même sûr; il parierait pour le moins son attaché-case sinon les tableaux de bord qu'il y a dedans. D'où lui vient cette conviction ? D'une confiance absolue dans une théorie psychologique implicite faite de propositions ayant la forme suivante : un trait X va avec un trait Y, et vous le savez bien. Inver- sement pour ce pauvre Calvet : comment pouvait-il avoir l'agressivité nécessaire à un directeur commercial alors qu'il se laissait aller à musicoter, avec ce que cela implique. Comment voulez-vous, avec ça, qu'il ne se laisse pas marcher sur les pieds ? Un trait X est incompatible (ne va pas) avec un trait Z. On ne peut être à la fois sincère et astucieux. Nous sommes là devant une caractérologie implicite faite de traits et d'associations/exclusions entre ces traits. Cette théorie implicite permet, à partir de quelques indices judicieusement interprétés (une conduite expliquée par exemple), de se construire une conception globale des gens, conception globale dans laquelle nous

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ne saurons plus distinguer ce que nous avons inféré de ce qu'il nous a été donné de constater.

Longtemps, les chercheurs en psychologie ont été préoccupés par les errements de la perception d'autrui. Mais ce n'est que récemment qu'ils ont repéré parmi les causes de ces errements l'intervention des théories implicites de la personnalité. Leur étude, quoique moins développée que celle des processus d'attribution, constitue également un projet important de la psychologie cognitive actuelle et fera donc l'objet de développements importants dans ce livre.

Explication des conduites (de soi et d'autrui), infé- rences à partir des théories implicites de la personnalité constitueront donc la référence principale de ce livre. Ils ne recouvrent certainement pas tout le champ de cette psychologie naïve qu'exerce l'homme banal dans son existence sociale. Comme on vient de le voir, la psycho- logie quotidienne « excelle » dans l'analyse des relations interpersonnelles. Il est probable qu'elle dispose aussi de théories « générales » de la motivation comme la définition de la « machine humaine » (« ah, ça ! c'est très humain ! »). Mais l'explication des conduites et les théories de la person- nalité sont les aspects de cette psychologie qui font aujour- d'hui l'objet d'une étude systématique après que Heider (1944, 1958) ait longuement discuté de l'intérêt que cette psychologie naïve pouvait présenter pour la psychologie « savante » (nous dirons ici : académique). Sans doute nous permettront-ils d'évoquer et d'approfondir les aspects essentiels de cette activité de psychologue que nous pen- sons si essentielle pour les transactions sociales. Essen- tielle, certainement. Une seule donnée dans cette intro- duction pour justifier un tel jugement : en 1936, Allport et Odbert recensèrent près de 18 000 termes de la langue anglaise permettant la description psychologique. Parmi eux, 4 504 apparaissaient répondre à la définition de ce qu'est un « trait de personnalité ». Il s'agit probablement

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là d'un champ sémantique dont l'étendue est sans équi- valent dans les langues modernes. S'il est vrai que les pratiques langagières constituent le meilleur reflet de la culture et des idéologies, alors ces chiffres donnent la mesure de l'importance, dans notre rapport au monde, de la psychologie naïve.

Nous souhaiterions terminer cette introduction par une remarque quant à la conception actuelle de l'activité psychologique quotidienne. Le lecteur aura peut-être été surpris par l'usage abondant que nous avons déjà fait de certains mots : théorie, conception, postulat, inférence, prédiction... Sans doute se trouve-t-il que pour certains « être psychologue », ou « faire de la (bonne) psychologie », c'est en quelque sorte entrer en soi pour se mettre à l'écoute de ses états internes, se mettre en prise directe avec eux, ce qui — lorsqu'il s'agit d'un autre ou d'une autre — s'appelle de l'empathie. Se connaître, connaître autrui, ce qui constitue tout de même les buts explicites de toute activité psychologique banale, passerait ainsi et surtout par l'adoption d'un registre d'attitudes à l'égard de soi ou d'autrui, ces attitudes précisément qui permettent un accès non biaisé, ou le moins biaisé possible, aux états internes de soi-même, de ses amis, de ses clients, de son employeur... On sait que des personnalités importantes de la psychologie clinique ont défendu cette approche (empathique) de l'exercice professionnel. Je ne suis d'ail- leurs pas loin de penser qu'une telle représentation est la représentation dominante, non seulement chez le psycho- logue naïf, mais aussi bien chez le psychologue clinicien de métier.

Pour dire les choses comme elles sont, la recherche actuelle ne va pas du tout dans le sens de la conception « empathique » de l'activité psychologique. Elle tendrait plutôt à en faire la critique. Se connaître, comme connaître autrui, ce ne serait point avoir accès à soi ou à l'autre. Ce serait plutôt se construire une idée de soi et des autres, construction qui nécessite à la fois la mobilisation de théories

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et un travail cognitif sur les indices dont on dispose. Ce point de vue cognitiviste fait finalement du psychologue banal une sorte de frère naturel (ou honteux) du psycho- logue professionnel. Tous deux ont des éléments souvent ambigus à interpréter qui sont généralement des conduites ou les résultats de ces conduites (une performance par exemple). Ils disposent de théories pour réaliser cette inter- prétation et pour inférer des états probables. Ces théories sont plus ou moins élaborées, plus ou moins explicitées, plus ou moins fondées. Elles sont pourtant nécessaires à l'intelligibilité et, partant , au pronostic et au contrôle de l 'environnement social et humain.

Ce qui peut surprendre de prime abord, c'est bien que cette approche cognitive des activités psychologiques, à la limite compréhensible pour ce qui est de l'inter- psychologie, puisse conserver sa pertinence dans le contexte de l 'auto-analyse ou, plus simplement, de la connaissance de soi. C'est pourtant ce que nous indique, aujourd 'hui , l 'étude expérimentale, et jusqu 'à l 'étude expérimentale des émotions. Là encore, pour reprendre une expression de Moscovici (1972), l 'homme apparaî t comme une sorte de « machine à inférer ». Aussi bien, si nous avions voulu donner à ce livre un titre plus descriptif que thématique aurions-nous pu l 'appeler « les inférences psychologiques ». Ainsi se seraient trouvés signifiés à la fois l'objet (la psycho- logie implicite) et la problématique (cognitive) de notre propos.

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sociale est bel et bien de produire les garanties idéolo- giques des conduites ou des abstinences qui nous sont prescrites — donc, implicitement, de légitimer la prescrip- tion elle-même et les structures qui la supportent ou la génèrent. En termes plus existentiels, je supporterai d'autant mieux mon contremaître que j'en suis venu à croire, par le processus de rationalisation, que j'ai moi- même de bonnes raisons personnelles pour faire ce qu'il m'a demandé de faire ou pour ne pas faire ce qu'il m'a interdit de faire. D'ailleurs, vous vous doutez bien que je suis de ceux qui gèrent leur vie, et que je n'accepterais jamais de faire quelque chose qui me serait purement et simplement imposé. C'est pour ça que je me refuse à dire bonjour à la dame, que je ne mange jamais aux heures des repas, que j'ai scrupuleusement évité tout examen, que je ne respecte pas les sens interdits, que je ne pointe pas, que je me promène nu quand il fait chaud, que je sollicite dans les couloirs la femme du directeur, et que je fume dans le métro. Tout le restant je le fais parce que j'y crois moi-même, ou si je ne le fais pas, c'est parce que je n'en ai pas le penchant.

Mais le processus de rationalisation ne nous renvoie qu'à un aspect de la soumission ou, corollairement, de l'exercice du pouvoir. Celle-là comme celui-ci ne se limitent pas au versant prescriptif. Etre chef, ce n'est pas seulement commander. Etre subordonné, ce n'est pas seulement recevoir et exécuter des ordres. A la prescrip- tion est associée l'évaluation, c'est-à-dire d'abord un juge- ment sur l'utilité des conduites effectives assorti d'éven- tuelles sanctions ou renforcements sociaux. Et c'est là qu'intervient la psychologie quotidienne dont on peut se demander si elle n'est pas, pour l'essentiel, une pure pro- duction de l'activité évaluative. En effet :

1) A travers l'activité évaluative à laquelle il est soumis, l'individu apprend à manier la norme d'internalité : attributions dispositionnelles et croyance en un contrôle interne des renforcements;

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2) A travers l'activité évaluative à laquelle il est soumis, l'individu acquiert et intériorise, à travers le modèle des différences individuelles et le système de repré- sentations personnologiques, les échelles d'utilités (ou de valeurs) impliquées par le fonctionnement social.

Or, nous avons vu que ces deux implications cogni- tives de l'activité évaluative correspondaient à deux effets idéologiques importants. La norme d'internalité immu- nise l'environnement contre un questionnement de son arbitraire au point qu'il peut apparaître comme la nature des choses. Le modèle des différences individuelles et le système de représentations personnologiques vont en outre faire apparaître les utilités propres à cet environnement comme des nécessités psychologiques liées à la nature des gens. Naturalisation de l'environnement et de ses utilités, telle est la retombée idéologique des processus cognitifs impliqués par l'activité évaluative. Il s'agit bien là encore d'un effet reproductif.

Le schéma ci-après propose une synthèse de cette virtuelle théorie cognitive de la reproduction idéologique. On y voit que la fonction reproductrice de la psychologie quotidienne tient pour l'essentiel à ses effets de naturali- sation et à leur corollaire : l'incapacité dans laquelle elle met le sujet à appréhender l'arbitraire social et a fortiori le possible social.

Prenons le cas d'une structure organisationnelle qui se reproduit au point qu'il nous est difficile d'en concevoir une autre : la structure hiérarchique. Qui n'a jamais entendu cet énoncé : « Enlevez le chef, et il apparaîtra un leader. Vous n'y pouvez rien : la hiérarchie est dans la nature des choses et/ou de l'homme. » Un tel énoncé n'est ni vrai ni faux du point de vue de la science puisqu'il est infalsifiable. Il n'exprime qu'une méconnaissance dont l'effet reproductif est ici évident. De cette méconnaissance, les processus d'intériorisation/rationalisation peuvent nous fournir la base cognitive :

... Production d'images et de représentations rationalisantes justi- fiant l'exercice de l'autorité hiérarchique dans un contexte organi- sationnel donné. Rappelons-nous comment cet exercice sécrète une

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image ad hor du subordonné Khan. 1958) et une acceptation des objectifs organisationnels au service desquels il est effectué (Lieberman, 1956).

... Production d'un ensemble de traits (ascendance, autorité « natu- relle », sens du commandement, meneur d'hommes, sens de l'organi- sation...) qui canalisent et rendent inéluctable l'intériorisation des uti- lités de la structure hiérarchique et qui vont amener les membres de l'organisation à élaborer des images d'eux-mêmes et des autres en réfé- rence implicite à ces utilités : du chef-né au provocateur-né en passant par le bon-second, le bon-gars-loyal ou l'individualiste-forcené. Aldro- vandi et Gryselier (1983) ont entrepris l'étude de ces processus repro- ductifs dans le cadre d'un approfondissement des théories implicites de la personnalité professionnelle.

... Mais s'il est vrai que l'ascendance, l'autorité... sont des traits descriptifs de la nature humaine, et qu'ils expliquent les conduites de nos hiérarques les plus respectables, comment la hiérarchie ne serait-elle pas elle-même « naturelle » ? Et surtout comment imaginer une autre structure sans envisager l'élimination physique ou sociale des ascen- dants, des chefs-nés, des bons-seconds..., les pauvres, qui ne demandent qu'à pouvoir réaliser leur nature comme le leur permet, justement, la structure hiérarchique ? Sans oublier ceux qui n'attendent que la retraite du chef pour pouvoir enfin se réaliser.

Dugenoux n'a donc pas tout à fait tort lorsqu'il prétend que la hiérarchie est dans la nature de l'homme. Elle est aujourd'hui dans sa nature imaginaire, et l'autogestion ne peut être, comme y insiste de Montmollin (1981), qu'une « idée » (cf. Beauvois, 1983).

Ce t aspec t r e p r o d u c t i f , réalisé a u p r ix d ' « e r reu r s », de « biais » ou au t r e s « dis tors ions », il n 'es t pas exc lu qu ' i l p e r d u r e d a n s la psycholog ie a c a d é m i q u e p u i s q u e celle-ci a s o u v e n t r é c u p é r é la p r o b l é m a t i q u e et les c o n t e n u s de la psycholog ie q u o t i d i e n n e .

Il n ' e s t p o u r le c r a i n d r e q u e d e c o n s t a t e r la p e s a n t e u r d a n s nos théor ies « scient i f iques » d e la p e r s o n n a l i t é de la n o t i o n d e s y n d r o m e , c ' e s t - à -d i re d ' e n s e m b l e s c o h é r e n t s d e c o m p o r t e m e n t s supposés co-occur ren t s . Les s y n d r o m e s a p p a r a i s s e n t sous la fo rme d e types (pe r sonna l i t é p a r a - n o ï a q u e , p e r s o n n a l i t é hys té r ique . . . m è r e permiss ive , e n f a n t d é p e n d a n t . . . ) ou de t ra i ts ( in t rovers ion , agressivi té , rigi- di té , force d u moi . . . ) . L a n o t i o n essentielle d a n s ce t te a p p r o c h e est celle, a priori légi t ime, d e co-occur rences . Ainsi d e v r a i t - o n voi r le m ê m e i n d i v i d u « p r é f é r a n t t ra -

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vailler seul », « lent à se faire des amis », « rêvant dans les réunions »... comportements caractéristiques de l'intro- version. Ainsi devrait-on voir également le même enfant chercher de l'aide, de la réassurance, chercher la proxi- mité physique des adultes... puisqu'il s'agit là de conduites caractéristiques de l'enfant dépendant. Rien à dire a priori. Mais le doute ne peut que s'installer dès l'instant où l'on sait que l'élaboration de tels syndromes par le psychologue savant repose sur le monopole quasi exclusif des descrip- tions du psychologue naïf (qu'il réalise dans le cadre d'en- tretiens ou par le biais de questionnaires), descriptions dont on sait qu'elles exhibent des co-occurrences illusoires. La théorie psychologique savante ne peut être alors que la rationalisation, par exemple factorielle, de ces co-occur- rences illusoires. Ce n'est pas une simple vue de l'esprit : de très nombreux syndromes dégagés à partir de ques- tionnaires ont été reconstruits après qu'on eut demandé aux sujets naïfs non d'utiliser les questionnaires pour se décrire ou pour décrire autrui, mais pour dire simplement quelles sont les questions qui signifient à peu près la même chose (Shweder, 1981). Les syndromes du psychologue savant risquent donc bien de n'être que la traduction académique des co-occurrences illusoires relevant de la distorsion systématique. En somme, s'il existe dans la littérature psychologique un syndrome de l'enfant dépen- dant, ce n'est pas nécessairement parce que les compor- tements qui consistent à chercher de l'aide, solliciter une réassurance, rechercher la proximité physique de l'adulte sont plus souvent co-occurrents que ne le voudrait le hasard. Ce n'est peut-être que parce que ces comporte- ments signifient à peu près la même chose pour l'informa- teur naïf du psychologue savant. S'ils sont ou non co-occur- rents, on n'en sait rien puisqu'on n'est jamais allé voir. Si, on sait ce qu'ont montré les recherches sur la distorsion sys- tématique pour peu qu'on veuille bien faire autrement que si elles n'existaient pas : on sait que ces co-occurrences lorsqu'il en existe : 1) ne sont pas forcément celles que pré-

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supposent les théories quotidiennes, et 2) qu'elles sont considérablement moins élevées que ne l'implique la notion de syndrome (encore une fois : Shweder, 1981).

Mais en reprenant le modèle personnologique de la psychologie quotidienne, notre discipline ne s'est pas seulement engagée dans les arcanes de la distorsion systématique.

Elle a d'abord assimilé les représentations impli- cites de consistance et de non-distinctivité des conduites qui débouchent sur l'évocation d'une causalité interne. Chacun sait ainsi que le psychologue professionnel s'occupe des personnes. Mais si son objet reste la conduite humaine, pourquoi alors ne s'occupe-t-il pas aussi des situations qui participent au déterminisme de cette conduite, ou s'en occupe-t-il si peu même lorsqu'il se dit « psychoso- ciologue » ? Pour éviter les pièges politiques ? Peut-être après tout. Peut-être aussi parce qu'il est sujet, comme le psychologue amateur, à la norme d'internalité et à ce qu'elle implique : l' « erreur fondamentale ». Cela me semble somme toute très cohérent : co-occurrences illu- soires ➙ consistance et non-distinctivité ➙ attributions internes ➙ erreur fondamentale.

On est en outre conduit à se demander si le psychologue profes- sionnel n'est pas aujourd'hui, comme d'autres travailleurs sociaux, une courroie de transmission de la norme d'internalité. Psychologues et travailleurs sociaux sont en France peu suspects de scientisme et de comportementalisme. Ils préfèrent frayer avec des valeurs nobles comme l'autonomie, la conscientisation, la responsabilité, l'écoute de l'autre... (Beauvois, 1981), ce qui les rend au fond si sympathiques. Il m'est quelquefois arrivé de faire expliciter à des travailleurs sociaux divers (formateurs, éducateurs, psychologues...) les objectifs sous-jacents au maniement de telles valeurs. Sans doute suis-je soumis à quelques distor- sions, mais je crois avoir constaté qu'assez souvent, lorsqu'ils y arrivent, les objectifs qui apparaissent sont de ce registre : 1) aider les gens à mieux comprendre ce que leur conduite signifie d'eux-mêmes et à agir en conséquence (s'assumer) et 2) les aider à mieux saisir les liens qu'il peut y avoir entre ce qu'ils font et ce qui leur arrive, et agir en conséquence (faire des projets, se situer dans l'avenir). Il s'agit bien là des deux versants de la norme d'internalité.

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La psychologie académique a ensuite probablement ingéré la problématique de la valeur et le fondement éva- luatif de la conceptualité quotidienne, donc le procès de naturalisation des utilités. Je ne veux pas faire de tort à mes amis, mais reconnaissons que nos outils personnolo- giques, comme la passance des bois, ne sont pas utilisés pour dériver la valeur d'un individu dans un contexte donné. Ils nous la livrent directement, sans dérivation et sans calcul, et cela signifie qu'ils sont cette valeur. C'est d'ailleurs ce qu'on a quelquefois soutenu à propos de l'intelligence, pourtant l'un des traits les moins évanescents de notre répertoire. C. Le Ray (1983) a entrepris l'étude du lexique utilisé par les psychologues professionnels dans leur pratique sociale afin d'en dégager la structure dimen- sionnelle sous-jacente. Son hypothèse est qu'on devrait retrouver la dimension évaluative si pesante dans les descriptions du psychologue amateur. Mais peut-être est-ce là une hypothèse idiote.

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B I B L I O G R A P H I E

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1. Il ne s'agit là que d'une bibliographie minimale. La bibliographie exhaustive sera envoyée par l'auteur sur demande.

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Imprimé en France

Imprimerie des Presses Universitaires de France 73, avenue Ronsard, 41 100 Vendôme

Septembre 1984 — N° 30 071

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André REY

1 | L ' e x a m e n c l in ique en p s y c h o l o g i e

Charles NAHOUM

3 | L ' en t r e t i en p s y c h o l o g i q u e

Maurice COUMÉTOU

4 | Les e x a m e n s s e n s o r i e l s

Gaston VIAUD

5 | Les i n s t i n c t s

Gabriel DESHAIES

6 | P s y c h o p a t h o l o g i e g é n é r a l e

Charles CHANDESSAIS

7 | La p s y c h o l o g i e d a n s l ' a r m é e

Suzanne PACAUD

8 | La s é l e c t i o n p r o f e s s i o n n e l l e

Didier ANZIEU

9 | Les m é t h o d e s p r o j e c t i v e s

Georges BASTIN

10 | Les t e c h n i q u e s s o c i o m é t r i q u e s

Rémy CHAUVIN

11 | Le c o m p o r t e m e n t soc ia l c h e z les a n i m a u x

Jean-François LE NY

12 | Le c o n d i t i o n n e m e n t e t l ' a p p r e n t i s s a g e

S téphane EHRLICH et Claude FLAMENT

13 | P r é c i s d e s t a t i s t i q u e

Paul CHAUCHARD

14 | P s y c h i s m e h u m a i n e t p s y c h i s m e a n i m a l

Henri PIÉRON

15 | E x a m e n s e t d o c i m o l o g i e

Henri EY

16 | La c o n s c i e n c e

Pierre OLÉRON

17 | Les a c t i v i t é s In t e l l ec tue l l e s

Irène LÉZINE

18 | P s y c h o p é d a g o g i e du p remie r â g e

Donald E. SUPER

19 | La p s y c h o l o g i e d e s i n t é rê t s

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Roger PIRET

20 | P s y c h o l o g i e différent iel le d e s s e x e s

Joseph NUTTIN

21 | La s t ruc tu re de la p e r s o n n a l i t é

François GAUCHET, Roger LAMBERT et J a c q u e s VIOLET

22 | Le ca lcu l a u t o m a t i q u e en p s y c h o l o g i e

Jean DELAY

23 | Les m a l a d i e s de la m é m o i r e

Pierre FOUILHÉ

24 | La p s y c h o l o g i e c o m m e r c i a l e

Pol DEBATY

25 | La m e s u r e d e s a t t i t u d e s

Maurice de MONTMOLLIN

26 | Les s y s t è m e s h o m m e s - m a c h i n e s (Introduction à l 'ergonomie)

Jean-Marie FAVERGE

27 | P s y c h o s o c i o l o g i e d e s a c c i d e n t s du t rava i l

Robert FRANCÈS

28 | P s y c h o l o g i e de l ' e s t h é t i q u e

Stanislaw TOMKIEWICZ

29 | Le d é v e l o p p e m e n t b io log ique d e l ' e n f a n t

Marc BARBUT

30 | M a t h é m a t i q u e s d e s s c i e n c e s h u m a i n e s I. — Combinatoire et algèbre

André BERGE

31 | Les p s y c h o t h é r a p i e s

Didier ANZIEU et Jacques-Yves MARTIN

32 | La d y n a m i q u e d e s g r o u p e s r e s t r e in t s

Marc BARBUT

33 | M a t h é m a t i q u e s d e s s c i e n c e s h u m a i n e s II. — Nombres et mesures

Paul GUILLAUME

34 | La fo rma t ion d e s h a b i t u d e s

Bernard ANDREY et Jean LE MEN

35 | La p s y c h o l o g i e à l ' é co le

Paul ALBOU

36 | Les q u e s t i o n n a i r e s p s y c h o l o g i q u e s

Carl HOYOS

37 | P s y c h o l o g i e d e la c i rcu la t ion rout ière

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Paul GUILLAUME 38 | L'imitation chez l'enfant

Maurice REUCHLIN

39 | La psychologie différentielle

Daniel LAGACHE

40 | L'unité de la psychologie

Michèle PERRON-BORELLI et Roger PERRON

41 | L'examen psychologique de l'enfant

Nina RAUSCH DE TRAUBENBERG 42 | La pratique du Rorschach

Jean-Michel PETERFALVI

43 | Introduction à la psycholinguistique

Jacques BARBIZET 44 | Pathologie de la mémoire

Henri WALLON 45 | Les origines du caractère chez l'enfant

Jacques LEPLAT, Claude ÉNARD et Annie WEILL-FASSINA 46 | La formation par l'apprentissage

Georges MAUCO 47 | L'inconscient et la psychologie de l'enfant

David VICTOROFF

48 | Psychosociologie de la publicité

Pierre GOGUELIN 49 | La formation continue des adultes

Pierre GOGUELIN, Jean CAVOZZI, Jean DUBOST et Eugène ENRIQUEZ

50 | La formation psychosociale dans les organisations

Jean-Marie FAVERGE 51 | L'examen du personnel et l'emploi des tests

Eliane VURPILLOT 52 | Les perceptions du nourrisson

Jean STOETZEL et Alain GIRARD

53 | Les sondages d'opinion publique

Walter J. SCHRAML 54 | Précis de psychologie clinique

Jacques LARMAT 55 | La génétique de l'intelligence

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Jean MAISONNEUVE

56 | In t roduc t ion à la p s y c h o s o c i o l o g i e

Claude LÉVY-LEBOYER

57 | P s y c h o l o g i e d e s o r g a n i s a t i o n s

Paul FRAISSE

58 | P s y c h o l o g i e du r y t h m e

Gaston RICHARD

59 | Les c o m p o r t e m e n t s ins t inc t i f s

Jean GRISEZ

60 | M é t h o d e s de la p s y c h o l o g i e soc i a l e

Maurice POROT

61 | La p s y c h o l o g i e m é d i c a l e du pra t ic ien

Mark R. ROSENZWEIG

62 | Biologie de la m é m o i r e

Paul ALBOU

63 | B e s o i n s e t m o t i v a t i o n s é c o n o m i q u e s

Paul ALBOU

64 | P s y c h o l o g i e de la v e n t e e t d e la pub l ic i t é

Maurice REUCHLIN

65 | P r é c i s d e s t a t i s t i q u e Présentation notionnelle

Jean-Pierre DUFOYER

66 | Le d é v e l o p p e m e n t p s y c h o l o g i q u e d e l ' en fan t , d e 0 à 1 an

J a c q u e s CORRAZE

67 | Les m a l a d i e s m e n t a l e s

J acques LEPLAT et Xavier CUNY

68 | In t roduc t ion à la p s y c h o l o g i e du t rava i l

Laurence BARDIN

69 | L ' a n a l y s e d e c o n t e n u

Roland DORON

70 | E l é m e n t s d e p s y c h a n a l y s e

Hervé BEAUCHESNE

71 | P s y c h o p a t h o l o g i e de l ' e n f a n t e t de l ' a d o l e s c e n t Etude de ca s

Denise VAN CANEGHEM

72 | A g r e s s i v i t é e t c o m b a t i v i t é

Jean-François LE NY

73 | La s é m a n t i q u e p s y c h o l o g i q u e

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Michel DENIS

74 | Les i m a g e s m e n t a l e s

Marc-Alain DESCHAMPS

75 | P s y c h o s o c i o l o g i e d e la m o d e

Pierre OLÉRON

76 | L ' en fan t e t l ' a cqu i s i t ion du l a n g a g e

Jean-François RICHARD

77 | L ' a t t en t ion

J a c q u e s CORRAZE

78 | Les c o m m u n i c a t i o n s n o n - v e r b a l e s

Claude LÉVY-LEBOYER

79 | P s y c h o l o g i e e t e n v i r o n n e m e n t

Jean-Claude SPÉRANDIO

80 | La p s y c h o l o g i e en e r g o n o m i e

Paule AIMARD

81 | Le l a n g a g e d e l ' e n f a n t

Robert FRANCÈS

82 | La s a t i s f ac t ion d a n s le t rava i l e t l ' emplo i

Sous la direction de Paul FRAISSE

83 | P s y c h o l o g i e de d e m a i n

Hermine SINCLAIR, Mira STAMBAK, Irène LÉZINE, Sylvie RAYNA, Mina VERBA

84 | Les b é b é s e t les c h o s e s ou la créativité du développement cognitif

Jean-Blaise GRIZE et Gilberte PIÉRAUT-LE BONNIEC

85 | La c o n t r a d i c t i o n

JEAN PICAT

86 | V i o l e n c e s meur t r i è re s e t s e x u e l l e s

Guy DURANDIN

87 | Les m e n s o n g e s en p r o p a g a n d e e t en pub l ic i t é

Mira STAMBAK et divers auteurs

88 | Les b é b é s en t re e u x Découvrir, Jouer, inventer ensemble

Colette CHILAND, Marie-France CASTARÈDE et Anne et Michel LEDOUX

89 | L ' en t re t i en c l in ique

Guy TIBERGHIEN

90 | Ini t iat ion à la p s y c h o p h y s i q u e

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Jean-Michel HOC

91 | L ' a n a l y s e planif iée d e s d o n n é e s en p s y c h o l o g i e

Jean-Léon BEAUVOIS

92 | La p s y c h o l o g i e q u o t i d i e n n e

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Tous, nous sommes psychologues dans notre vie quoti- dienne. Nous disposons de théories psychologiques et nous faisons des inférences, des diagnostics. Nous excellons dans les portraits de nos amis, de nos collègues, de nos proches, de nos étudiants, voire d'étrangers croisés occasionnellement. Le lexique met pour cela à notre disposition plusieurs dizaines de milliers de mots.

Pour celui qui fait ou veut faire profession de psychologue ou pour le chercheur en psychologie, que représente cette « psychologie quotidienne », que vaut-elle, quels liens peut-on établir entre elle et le discours scientifique institué ? Conni- vence, continuité, rupture ? Quelle peut être la fonction de notre pratique de psychologue amateur ?

Aujourd'hui, la psychologie scientifique est convoquée à l'étude de la psychologie quotidienne. La rencontre, riche en surprises, peut déconcerter ou stimuler. On voudrait qu'elle stimule et suscite des ruptures.

Jean-Léon Beauvois est actuellement professeur de Psychologie à l'Université de Grenoble II. Cet ouvrage a été réalisé grâce aux travaux effectués au Centre d'Etudes de Psychologie sociale de l'Université de Caen.

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