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8/20/2019 La réponse de Mediapart au questeur de l'Assemblée http://slidepdf.com/reader/full/la-reponse-de-mediapart-au-questeur-de-lassemblee 1/5 MEDIAPART Paris, le 12 octobre 2015 Monsieur le député cher Bernard Roman, A la suite de la publication par Mediapart, le 22 juillet dernier, d’une enquête révéant que la sociééde gestion Natixis Asset Management  NAM) contrevenait aux règles de l’Autoritédes marchés financiers  AMF) en gardant pour elle près de 80  des gains m as qu és réalisés dans des opéations de cessions temporaires de titres, je vous avais interrogé parce que, parmi les très nombreux organismes de placement lésés, figure «Concorde 96 », créé par lTAssemblée nationale pour le financement de la retraite des députés. Je vous demandais les suites qu’en votre qualitéde premier questeur de l’Assemblée nationale, vous entendiez donner à cette affaire. Pour mémoire l’article de Mediapart peut être consultéici: http ://www.mediapart.fr/journal/economie/22071 5/enquete-sur-natixis- 23-de-l-art-de-plumer-les-deputes-leur-insu En réponse à mes questions, vous avez eu l’amabilitéde m’adresser un courrier, en date du 25 septembre. Vous m’y expliquez qu’à la suite de mon article, vous avez interrogé les dirigeants de Natixis Asset Management, et vous me présentez les réponses qu’ils vous ont faites. Si je comprends bien ces réponses, les dirigeants de NAM font valoir que la gestion par leurs soins de ces cessions temporaires de titres a éé tout à fait régulière. A titre d’illustration, ils vous ont dit que les règles contraignantes de l’AMF ne s’appliquent que depuis février 2013 et que les opéations de cession temporaire de titres de Concorde 96 ont éé interrompues en juillet 2013. Au vu de ces réponses, j’ai donc poursuivi mon enquête, interrogé mes sources, obtenu de nouveaux documents confidentiels. Et je suis en mesure de vous dire qu’aucune de ces réponses apportées par NAM n’est de bonne foi. SociééEditrice de Mediapart  passage Brulon —75012 Paris www.mediapart.fr SAS au Capital de 28501,20E Siret: 500 63 932 00034

La réponse de Mediapart au questeur de l'Assemblée

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8/20/2019 La réponse de Mediapart au questeur de l'Assemblée

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MEDIAPART

Paris,

le

12 octobre 2015

Monsieur

le député cher Bernard Roman,

A la

suite

de la publication

par

Mediapart,

le 22

juillet

dernier, d’une

enquête révéant

que la

sociééde gestion Natixis Asset Management

 NAM)

contrevenait aux règles

de

l’Autoritédes marchés

financiers

 AMF)

en

gardant

pour

elle près

de 80   des

gains

masqués

réalisés

dans

des

opéations

de

cessions temporaires

de

titres, je vous avais interrogéparce

que,

parmi

les très nombreux organismes de placement lésés, figure

«Concorde 96 »,

créé

par lTAssemblée nationale

pour

le financement

de la

retraite

des députés. Je vous

demandais les suites qu’en

votre qualitéde

premier questeur

de l’Assemblée

nationale,

vous

entendiez

donner

à cette

affaire. Pour

mémoire l’article

de

Mediapart peut être

consultéici:

http ://www.mediapart.fr/journal/economie/22071 5/enquete-sur-natixis-

23-de-l-art-de-plumer-les-deputes-leur-insu

En

réponse à mes questions,

vous

avez

eu l’amabilité

de m’adresser un

courrier,

en

date du

25

septembre. Vous m’y

expliquez

qu’à la

suite de mon

article,

vous

avez

interrogé

les dirigeants de Natixis

Asset Management, et

vous me présentez les réponses qu’ils vous

ont

faites. Si je comprends

bien

ces réponses ,

les dirigeants de NAM font valoir

que

la

gestion par leurs

soins de ces

cessions

temporaires de titres a éé

tout

à

fait régulière.

A titre

d’illustration,

ils vous ont

dit

que les règles contraignantes de l’AMF ne

s’appliquent

que

depuis

février

2013

et que

les

opéations

de

cession

temporaire

de

titres de Concorde

96 ont

éé

interrompues

en juillet 2013.

Au vu de

ces

réponses ,

j’ai donc poursuivi

mon enquête,

interrogé

mes

sources,

obtenu

de

nouveaux documents

confidentiels. Et je suis en mesure

de vous

dire

qu’aucune

de ces réponses apportées

par

NAM

n’est

de bonne

foi.

Sociéé

Editrice

de Mediapart

 

passage

Brulon

—75012 Paris www.mediapart.fr

SAS

au Capital de

28501,20E Siret: 500 63 932 00034

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MEDIAPART

En

résumé

les

règles

contraignantes

de

l’AMF

entrées

en

vigueur

en

février

2013,

font

suite

à

la

transposition

en

droit

français

des

recommandations

émises par le

régulateur européen, l’Esma, en juillet 2012.

Cette nouvelle

réglementation

concernant

les prêts de titres vise

à

affirmer

le

principe

de

transparence du géant vis-à-vis

de

son

client,

le renforcement

de

la

maitrise des

risques

inhéents

aux

opéations de prêts de titres et

la

garantie

pour

le client de percevoir la juste rémunéation que lui doit le

géant eu égard aux

risques

qu’il lui fait prendre. La juste

rémunéation

d’après la nouvelle réglementation prévoit que «tous les revenus

résultant

des opéations de

prêts

de titres,

nets

de

charges,

doivent

être

rendus

au

client».

Mais

ces principes de

transparence,

consignés

par

l’Esma

puis par l’AMF ne

sont

en

véitéque des rappels. Au terme de

mon

enquête, je

comprends

que

ces

principes sont depuis longtemps

édictés

par le

règlement généal

de

I’AMF, par le code

monéaire

et financier et par

toutes

les réglementations

européennes et internationales

en la matière.

La

transparence est un

principe

fondamental

en

gestion

pour

compte de tiers

car

il contribue à

préserver la primauté

de

l’intéêt des investisseurs et à éviter les conflits

d’intéêt

potentiels,

qu i son t

dans

le

cas

présent

entre

la

sociéé

de

gestion,

le

dépositaire et

le client. Au-delà

même

de

toute considéation

réglementaire, la loyauté l’honnêtetéet la

confiance que

doit

un

géant

pour

compte

de

tiers à son client auraient dû inciter NAM à vous informer

du

montage

 inédit )

avec le

dépositaire et sa filiale NAM Finance, des gains

escomptés et des risques encourus et surtout obtenir votre accord formel

sur ce dispositif dont le

volet

financier

est loin

d’être

négligeable et

ce

dès

2009.

Enfin,

NAM

aurait

vous

informer

et

obtenir votre

accord sur

le

fait

que

vos titres sont prêtés à travers sa filiale bancaire NAM Finance non notée et

faiblement

capitalisée qui prête

vos

titres sur les

marchés et

place le

cash

collatéal

sur

des certificats

de

dépôt  CD) émis

par sa maison mère Natix is

sur

des durées

d’un

an. Le

dispositifmis

en

place avec le dépositaire Caceis

permettait en

ré lité

d’apporter

de la liquidité

au

groupe BPCE

pour faire

face

aux contraintes des ratios réglementaires imposés

par

Bâle 3 et

cela

à

moindre coût.

Effectivement, vous, le

propriéaire des titres

qui

prenait

tous les risques,

ne

bénéiciait d’aucune quotepart de ces

gains

Sociéé

Editrice

de Mediapart

8 passage

Brulon

—75012 Paris www.mediapart.fr

SAS

au Capital de 285 1 2 € Siret

:500631

932

00034

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V:

MED IÀPART

Je dispose, je vous l’ai dit, de

documents

confidentiels

qui

attestent des

irrégularités

— documents que

je

peux

vous

montrer

dont

je

vous parle.

Je

dispose

en

particulier

d’un

rapport

en

date

de

juillet 2012 que NAM avait

commanditésur le sujet auprès du cabinet Deloitte. Si

vous

souhaitez

consulter ce

document, vous y découvrirez

que le cabinet Deloitte

enjoignait

NAM de revenir

à des pratiques

régulières.

Ce

rapport pointait

«

l’absence

de justification

du

préèvement de la sur-rémunéation parNAM

Finance». Et il

faisait

cette

recommandation

«NAM Finance est un

éablissement

lié

et la totalitéde la rémunéation perçue doitfaire l’objet

d’une information aux

porteurs».

Et

sur

le volet

partage de la sur-

rémunéation,

il

proposait

d’

«identifier

un

cap

à

déinir,

le

surplus revenant

au

fonds».

Recommandations qui

n’ont donc pas   suivies d’effet.

Je peux aussi

vous

informer du fait que si NAM a éédans l’obligation

de

saisir le cabinet Deloitte,

c’est que

la

sociéé

de gestion

espéait

trancher de

la sorte un débat

qu i

se menait dans les instances même

de

la sociéé

de

gestion. Dès 2011,

le

directeur des

risques

et de la conformitéde NAM

qui

a

passéplus

15

ans dans

la

sociéé

de

gestion et

qu i

connaît

bien

le

sujet

pour

avoir

participéà

sa

mise en place s’est en

effet

opposéà ces

pratiques

lorsqu’il

s’est

rendu

compte

des

proportions

dangereuses

que

cela

prenait.

Il a

alors

proposé

au

directeur généal

de

NAM, Pascal

Voisin

d’informer les

clients

et

de

leur

proposer un partage

des

bénéices nets  c’éait avant la

nouvelle

réglementation, effectivement

plus

contraignante car elle

exige

de

reverser

100 des

bénéices

nets au client). Devant le refus

catégorique de

sa

hiéarchie

de

suivre ses

recommandations

orales et

au

risque

de

se faire

licencier, il

a rédigé

en mai

2012, une note déaillée et argumentée

sur le

sujet qu’il a adressée officiellement à Pascal Voisin.

Je

dispose

de

cette

note

et je

peux

vous la

soumettre, si

vous

le

voulez. Elle déaille

le dispositif

et

les

principaux

manquements

et

risques

généés

par

l’activité

de

prêts

de

titres

et

recommande

un

certain nombre

de mesures pour

les

atténuer.

Je dispose également de

documents qui

attestent

que les

règles de

partage

des gains

réalisés sur le

cash collatéal

ont

éémodifiés en certains cas

quand certains clients on t découvert les irrégularités

commises

par NAM.

Dans ces

cas-là,

les dirigeants

de

la sociééont accepté

de

faire

des

gestes

complémentaires et de modifier

les règles du

partage. Je

peux

également

vous soumettre ces documents.

SociééEditrice de Mediapart

  passage Brulon —75012

Paris www.mediapart.fr

SAS

au

capital

de 285 1 2 € Siret:500

63 932 00034

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MEDIAPART

Je dispose également

d’échanges

de mails internes, au sein

de

la direction

de

NAM, que

je

pourrais

vous

montrer, attestant

que les

dirigeants

avaient

une parfaite connaissance du caractère

irrégulier

du système mis

en

place

et

qu’ils

recommandaient qu’il n’en

soit

fait aucune publicité Dans

l’un

de

ces mails, que vous pourrez consulter si vous le souhaitez, il éait ainsi

indiqué

que

le dispositif

devait absolument rester

secret, car

sinon

«ily a

un

risque de contagion aux

OPCVM

avec

la mise

en place d’un

partage

de la

rémunéation

sur

le collatéal

sur

tous nos portefeuilles ouverts au prêt». Ce

mail, dont Pascal Voisin

éait

le destinataire, précisait que cette

contamination, si elle

se réalisait

aurait « un impact colossal

sur

le

PNB

» de

la

sociéé

de

gestion.

Voici, Monsieur le député les observations dont

je

voulais vous faire part,

après avoir lu votre correspondance. Vous avez

donc

compris que je me

tiens à

votre disposition pour vous montrer

toutes les preuves dont je

dispose,

qui

éablissent les irrégularités commises par NAM.

Si je prends la libertéd’insister auprès

de

vous, c’est que «

Concorde

96»

n’est pas

seul OPCVM

concerné

De

très

nombreux OPCVM

ont aussi

 

lésés,

c’est-à-dire

d’innombrables épargnants.

Je

me

prends donc

à

penser

que l’éu

de la Nation

que vous

êtes,

en

charge

de

l’intéêt généal, aura à

coeur de

m’aider

à éablir les

faits, si ceux-ci

sont aussi graves que je pense

l’avoir

éabli.

En conclusion

de

votre lettre, vous faites,

Monsieur le député ce

constat:

«Il

est indéniable que, grâce aux loyers qu’elles ontgénéés, les opéations de

cession

temporaire de titres

initiées par

NAM ont permis d’améiorer à

la

marge la performance

de Concorde

96,

par ailleurs déà satisfaisante. ». Je

ne

sais

pas

si

le

constat

que

vous faites

vaut

pour

toutes

les OPCVM

qui

on t

 

lésés par les pratiques de

NAM.

Mais en réaction à

ce qu i

est votre ultime

remarque, je m’autorise cette réaction  

la

question n’est pas

de

savoir sir la

performance

de

Concorde

96

a  

ou

non

satisfaisante; la

question est de

savoir

si NAM a respecté

ou

non les règles de l’Etat

de

droit

et ce qu’elle

induisent, en

l’occurrence, le règlement généal

de

l’AMF ou les dispositions

du Code monéaire

et financier.

SociééEditrice de Mediapart

8

passage Brulon —75012

Paris

www.mediapart.fr

SAS

au Capital de 28

501,20€ Siret :500631 932 00034

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8/20/2019 La réponse de Mediapart au questeur de l'Assemblée

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ME

D

JAPART

J’informerai les

lecteurs de Mediapart

de

mes

démarches

ultéieurement,

lorsque

je vous

aurai

soumis toutes

les

pièces

dont

je

dispose

et

que

vous

m’aurez

informédes suites que vous

entendez

donner

à

cette

affaire,

dans

l’intéêt

des

éus du pays que

vous représentez, mais

au-delà, dans l’intéêt

des

épargnants innombrables

qui ont

  ésés

par

la

sociéé

de gestion.

Comme il

en

va

de la régulation de la finance, je

m’autorise à adresser

une

copie

de nos échanges aux membres de la commission

des

finances

de

l’Assemblée

nationale.

Avec

ma

gratitude

et

dans

l’attente

des

suites

que

vous

voudrez

donnez

à

ma

démarche, je

vous prie de

croire, Monsieur le député à l’expression

de

mes sentiments

très cordiaux.

 

SociééEditrice de Mediapart

8 passage Brulon —75012 Paris www.mediapart.fr

SAS

au Capital de 28501,20€ Siret

:500631 932

00034