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Vive le marxisme-léninisme-maoïsme! Vive la Guerre Populaire! ------------------------------------------------------------------------ MAO ZEDONG LA REVOLUTION CHINOISE ET LE PARTI COMMUNISTE CHINOIS  Décembre 1939  CHAPITRE PREMIER LA SOCIETE CHINOISE  SECTION 1. LA NATION CHINOISE  La Chine, notre patrie, est l'un des plus grands pays du monde; sa superficie est presque égale à celle de toute l'Europe. Sur ce territoire immense, de grandes étendues de terres fertiles produisent de quoi nous nourrir et nous vêtir; des chaînes de montagnes, grandes et petites, traversent en long et en large tout le pays, elles nous offrent de vastes forêts et renferment de riches réserves minérales; d'innombrables lacs et cours d'eau favorisent la navigation et l'irrigation; une longue côte facilite nos communications avec les peuples d'au-delà des mers. C'est sur ce vaste territoire que nos aïeux ont travaillé, ont vécu et se sont multipliés depuis des temps immémoriaux.  Les frontières actuelles de la Chine sont les suivantes : au

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Vive le marxisme­léninisme­maoïsme!Vive la Guerre Populaire!

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MAO ZEDONG

LA REVOLUTION CHINOISE ET LE PARTICOMMUNISTE CHINOIS Décembre 1939 CHAPITRE PREMIERLA SOCIETE CHINOISE SECTION 1. LA NATION CHINOISE La  Chine,  notre  patrie,   est   l'un  des  plus  grands pays  dumonde;   sa   superficie   est   presque   égale   à   celle   de   toutel'Europe. Sur ce territoire immense, de grandes étendues deterres fertiles produisent de quoi nous nourrir et nous vêtir;des chaînes de montagnes, grandes et petites, traversent enlong et en large tout le pays, elles nous offrent de vastesforêts   et   renferment   de   riches   réserves   minérales;d'innombrables lacs et cours d'eau favorisent la navigationet l'irrigation; une longue côte facilite nos communicationsavec   les   peuples   d'au­delà   des   mers.   C'est   sur   ce   vasteterritoire que nos  aïeux ont   travaillé,  ont vécu et  se sontmultipliés depuis des temps immémoriaux. Les frontières actuelles de la Chine sont les suivantes : au

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nord­est, au nord­ouest et en partie à l'ouest, elle confine àl'Union des Républiques socialistes soviétiques; au nord, àla République populaire de Mongolie;  au sud­ouest et  enpartie à l'ouest, à l'Afghanistan, à l'Inde au Bhoutan et auNépal;  au  sud,  à   la  Birmanie  et  au  Vietnam;  à   l'est  elletouche à la Corée, et ses proches voisins sont le Japon et lesPhilippines. 

Cette situation géographique présente des avantages et desinconvénients   pour   la   révolution  du   peuple   chinois.   Desavantages, parce que la Chine est contiguë à l'U.R.S.S. et setrouve relativement loin des principaux Etats impérialistesd'Europe et d'Amérique, et parce que beaucoup des pays quil'entourent   sont   des   colonies   ou   des   semi­colonies.   Desinconvénients, parce que l'impérialisme japonais, profitantde   sa   proximité   géographique,   menace   constammentl'existence   même   des   nationalités   de   la   Chine   et   larévolution du peuple chinois. La Chine compte actuellement 450 millions d'habitants, soitprès du quart de  la population du globe. Sur ce nombre,plus des neuf dixièmes sont des Hans. Le reste est constituépar plusieurs dizaines de minorités  nationales comme lesMongols,   les   Houeis,   les   Tibétains,   les   Oui'gours,   lesMiaos,   les   Yis,   les   Tchouangs,   les   Tchongkias   et   lesCoréens;   toutes   ont   une   longue   histoire,   bien   que   leurscivilisations se situent à des niveaux différents. La Chineest un pays multinational très peuplé. Au cours de son développement, le peuple chinois (il serasurtout  question   ici  des  Hans)  a  vécu,   comme beaucoupd'autres   nations   du   monde,   pendant   des   dizaines   de

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millénaires sous le régime de la communauté primitive sansclasses.   Depuis   la   désagrégation   de   cette   communauté,devenue société de classes, jusqu'à nos jours, en passant parla   société   esclavagiste   et   la   société   féodale,   4.000   ansenviron se sont écoulés. 

Au cours de l'histoire de sa civilisation, la nation chinoise atoujours eu une agriculture et un artisanat renommés pourleur haut niveau; elle a produit nombre de grands penseurs,savants, inventeurs, hommes d'Etat, stratèges, hommes delettres et artistes, et elle a accumulé un immense trésor demonuments culturels. 

La boussole a été  découverte en Chine à une époque trèsreculée (1). La fabrication du papier remonte à 1.800 ans(2). L'imprimerie au moyen de formes de bois gravé a étéinventée il y a 1.300 ans (3), et les caractères mobiles il y a800   ans   (4).  L'usage  de   la   poudre  était   connu   en  Chineavant de l'être en Europe (5).

La civilisation chinoise est donc l'une des plus anciennes dumonde, et l'histoire de la Chine attestée par des documentsécrits remonte à près de 4.000 ans. La   nation   chinoise   n'est   pas   seulement   célèbre   dans   lemonde par son amour du travail et son endurance, elle estaussi éprise de liberté et riche en traditions révolutionnaires.

L'histoire des Hans, par mole montre que le peuple chinoisn'a jamais toléré le règne des forces ténébreuses et qu'il atoujours recouru à la révolution pour renverser et changerun  tel  régime. Au cours des milliers  d'années que ompte

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l'histoire   des   Hans,   il   s'est   produit   des   centainesd'insurrections paysannes, grandes et petites, toutes dirigéescontre la sombre domination des propriétaires fonciers et dela noblesse. 

Dans la plupart des cas, les changements de dynastie étaientdus   à   ces   insurrections   paysannes.   Les   différentesnationalités de Chine ont toujours combattu le joug étrangeret cherché à  s'en libérer par la résistance. Elles sont pourl'union sur une base d'égalité,  et contre l'oppression d'unenationalité par une autre. Au cours de son histoire plusieursfois millénaire, le peuple chinois a donné un grand nombrede héros nationaux et  de chefs  révolutionnaires.  Aussi   lanation   chinoise   possède­t­elle   de   glorieuses   traditionsrévolutionnaires et un remarquable héritage historique. 

SECTION 2. L'ANCIENNE SOCIETE FEODALE Bien que la Chine soit une grande nation, qu'elle possède unimmense territoire, une population nombreuse, une histoiremillénaire,   de   riches   traditions   révolutionnaires   et   unremarquable héritage historique, elle est entrée, après avoirpassé  du régime esclavagiste au régime féodal,  dans unelongue période de développement au ralenti  sur  les planséconomique, politique et culturel. 

A compter des Tcheou et des Ts'in, le régime féodal a duréenviron 3.000 ans. Les caractéristiques principales du système économique et

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politique de la Chine féodale étaient les suivantes : 1)   Une   économie   naturelle   qui   se   suffisait   à   elle­mêmedominait dans le pays. Les paysans produisaient eux­mêmesnon seulement les produits agricoles mais aussi la plupartdes articles artisanaux dont ils avaient besoin. Ce que lespropriétaires fonciers et la noblesse arrachaient aux paysansà titre de fermages était destiné principalement à leur propreconsommation   et   non   à   l'échange,   qui,   bien   qu'il   sedéveloppât, ne jouait pas un rôle décisif dans l'ensemble del'économie. 2) Tandis que la classe dominante féodale ­ les propriétairesfonciers, la noblesse et l'empereur ­ possédait la plus grandepartie des terres, les paysans n'en avaient que très peu oupas   du   tout.   C'est   avec   leurs   propres   instruments   qu'ilscultivaient la terre des propriétaires fonciers, de la noblesseet de la famille impériale, auxquels ils devaient livrer 40,50, 60, 70, et même 80 pour cent et plus de leurs récoltes.En fait, ils restaient des serfs. 3) Non seulement les propriétaires fonciers, la noblesse et lafamille   impériale   vivaient   de   l'exploitation   des   paysansgrâce   aux   fermages,   mais   l'Etat   de   la   classe   despropriétaires fonciers exigeait encore des paysans impôts,tribut et corvées pour entretenir une foule de fonctionnaireset une armée utilisée principalement contre les paysans eux­mêmes. 4)   L'organe   du   pouvoir   qui   protégeait   ce   systèmed'exploitation était  l'Etat féodal des propriétaires fonciers.Alors que, dans la période antérieure à la dynastie des Ts'in,

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l'Etat féodal était divisé en fiefs où les feudataires régnaienten maîtres, il devint, après l'unification de la Chine par lepremier   empereur   des   Ts'in,   un   Etat   absolutiste   avec  unpouvoir centralisé, bien qu'un certain morcellement féodalsubsistât encore. 

Dans   l'Etat   féodal,   l'empereur   était   tout­puissant.   Ilnommait dans tout le pays les fonctionnaires locaux chargésde gérer les affaires militaires et judiciaires, les finances etles   greniers   publics;   il   s'appuyait   sur   les   propriétairesfonciers et les hobereaux, piliers de tout le régimeféodal. Sous ce régime, les paysans chinois, soumis à l'exploitationéconomique et  à   l'oppression politique,  ont  vécu pendantdes   siècles   en   esclaves,   dans   la  misère   et   la   souffrance.Enchaînés par les liens féodaux, ils étaient privés de touteliberté individuelle. 

Alors que  les  propriétaires   fonciers  pouvaient,   selon  leurbon plaisir, humilier, frapper et même faire mettre à mortles paysans, ceux­ci n'avaient aucun droit politique. 

Leur   grande   misère   et   leur   état   extrêmement   arriéré,conséquences de   l'exploitation  et  de   l'oppression  cruellesexercées   par   les   propriétaires   fonciers,   sont   les   raisonsessentielles  de   la   stagnation  économique et   sociale  de  lasociété chinoise pendant des milliers d'années. La contradiction principale de  la société   féodale est  cellequi   oppose   la   paysannerie   à   la   classe   des   propriétairesfonciers.

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 Dans cette société, les paysans et les artisans constituent lesseules   classes   fondamentales,   créatrices   des   valeursmatérielles et culturelles. L'impitoyable   exploitation   économique   et   la   cruelleoppression  politique  de   la  part   des  propriétaires   foncierscontraignirent   la   paysannerie   à   entreprendre   un   grandnombre d'insurrections contre leur domination. Il y en eutdes   centaines,   grandes   et   petites;   toutes   furent   dessoulèvements   de   paysans,   des   guerres   révolutionnairespaysannes   ­   depuis   les   insurrections   dirigées   par   TchenCheng, Wou Kouang, Hsiang Yu et Lieou Pang (6) sous ladynastie des Ts'in, les insurrections de Sinche de Pinglin,des   Sourcils   rouges,   des   Chevaux   de   Bronze   (7)   et   desTurbans   jaunes   (8)   sous   la   dynastie   des   Han,   lesinsurrections dirigées par Li Mi et Teou Kien­teh (9) sous ladynastie des Souei, par Wang Sien­tche et Houang Tchao(10) sous la dynastie des Tang, par Song Kiang et Fang La(11) sous la dynastie des Song, par Tchou Yuan­tchang (12)sous la dynastie des Yuan, par Li Tse­tcheng (13) sous ladynastie des Ming, jusqu'à la Guerre des Taiping (14) sousla dynastie des Tsing. 

Les   insurrections   et   les   guerres   paysannes   que   connutl'histoire de la Chine sont d'une ampleur sans égale dans lemonde. 

Dans la société féodale chinoise, les luttes de classe de lapaysannerie, les insurrections et les guerres paysannes ontseules   été   les   véritables   forces   motrices   dans   ledéveloppement   de   l'histoire.   Car   chaque   insurrection   de

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paysans,   chaque   guerre   paysanne  de   quelque   importanceportait un coup au régime féodal de l'époque et donnait, parconséquent,   une   impulsion   plus   ou   moins   grande   audéveloppement des forces productives de la société.

Cependant, comme il n'y avait  alors ni forces productivesnouvelles, ni nouveaux rapports de production, ni nouvelleforce   de   classe,   ni   parti   politique   d'avant­garde,   lesinsurrections   et   les   guerres   paysannes   manquaient   d'unedirection   juste,   comme   celle   qu'assurent   aujourd'hui   leprolétariat   et   le  Parti   communiste;   de   ce   fait,   toutes   lesrévolutions paysannes se soldaient par la défaite et étaientinvariablement utilisées, pendant ou après leur déroulement,par   les   propriétaires   fonciers   et   la   noblesse,   commeinstrument d'un changement de dynastie. 

Et c'est ainsi qu'en dépit d'un certain progrès social réalisé àl'issue de chaque grande révolution paysanne, les rapportséconomiques   féodaux   et   le   régime   politique   féodaldemeuraient pratiquement les mêmes. La   situation   n'a   changé   qu'au   cours   des   cent   dernièresannées.

SECTION 3. LA SOCIETE COLONIALE, SEMI­COLONIALE ETSEMI­FEODALE D'AUJOURD'HUI Comme nous l'avons expliqué plus haut, la société chinoisea   été   féodale   pendant   3.000   ans.   Mais   est­elle   encorecomplètement   féodale   de   nos   jours?   Non,   la   Chine   a

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changé. A partir de la Guerre de l'Opium en 1840 (15), lasociété chinoise s'est transformée peu à peu en une sociétésemi­coloniale   et   semi­féodale.   Depuis   l'Incident   du   18Septembre   1931,   début   de   l'agression   armée   desimpérialistes japonais contre la Chine, elle a encore changépour   devenir   coloniale,   semi­coloniale   et   semi­féodale.Nous allons  montrer maintenant  comment se  sont  opérésces changements. Comme nous l'avons dit dans la section 2, la société féodalechinoise a duré environ 3.000 ans. C'est seulement vers lemilieu   du   XIXe   siècle,   par   suite   de   la   pénétration   ducapitalisme étranger, que de profonds changements se sontproduits dans sa structure. L'économie   marchande   qui   se   développait   en   son   seinportait déjà les germes du capitalisme. La société chinoiseaurait  donc  pu   se   transformer  peu  à   peu   en  une   sociétécapitaliste même sans l'influence du capitalisme étranger.

Mais en pénétrant en Chine, celui­ci a accéléré le processus.Il a joué un rôle important dans la décomposition de notreéconomie   sociale:   d'une   part,   il   a   sapé   les   bases   del'économie naturelle qui se suffisait à elle­même et a ruinél'industrie artisanale dans les villes et l'artisanat domestiquedans   les   campagnes;   d'autre   part,   il   a   favorisé   ledéveloppement de l'économie marchande dans les villes etles campagnes. Cet   état   de   choses,   tout   en   minant   les   fondements   del'économie féodale chinoise, a créé certaines conditions etpossibilités   objectives   pour   le   développement   de   la

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production capitaliste en Chine. 

Car   la   destruction   de   l'économie   naturelle   a   fourni   aucapitalisme un débouché pour ses marchandises, tandis quela   ruine  d'une masse  énorme de  paysans  et  d'artisans   l'apourvu d'un marché de main­d'œuvre. En fait, il y a une soixantaine d'années déjà, dans la secondemoitié du XIXe siècle, sous l'effet stimulant du capitalismeétranger   et   par   suite   d'une   certaine   détérioration   de   lastructure   économique   féodale,   des   commerçants,   despropriétaires fonciers et des bureaucrates ont commencé àfaire des investissements dans l'industrie moderne. 

Il y a une quarantaine d'années, à la fin du siècle dernier etau   début   du   nôtre,   le   capitalisme   national   chinois   acommencé à se développer. 

Et   il  y  a vingt  ans, pendant  la première guerre mondialeimpérialiste,   alors   que   les  pays   impérialistes  d'Europe  etd'Amérique   étaient   occupés   à   faire   la   guerre   et   avaientmomentanément   relâché   leur   étreinte   sur   la   Chine,l'industrie   nationale   chinoise,   surtout   le   textile   et   laminoterie, a connu une nouvelle expansion. A l'apparition et au développement du capitalisme nationalen Chine correspondent l'apparition et le développement dela bourgeoisie et du prolétariat. 

Si une partie des commerçants, des propriétaires fonciers etdes bureaucrates ont  été   les précurseurs de la bourgeoisiechinoise, une fraction des paysans et des artisans ont été les

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précurseurs du prolétariat chinois. 

En tant que classes sociales distinctes, la bourgeoisie et leprolétariat   chinois   sont   d'apparition   récente;   ces   classesn'ont jamais existé auparavant dans l'histoire de la Chine.Ce   sont   deux   classes   nouvelles   enfantées   par   la   sociétéféodale,   deux   sœurs   jumelles   nées   de   la   vieille   sociétéchinoise (la société féodale), à la fois liées l'une à l'autre etantagonistes. 

Cependant,   le   prolétariat   chinois   est   apparu   et   s'estdéveloppé   non   seulement   en   même   temps   que   labourgeoisie nationale, mais aussi en même temps que lesentreprises exploitées directement par  les  impérialistes enChine. 

Il   en   résulte   qu'une   partie   très   importante   du  prolétariatchinois dépasse la bourgeoisie en âge et en expérience et,par conséquent,   sa   force sociale  est  plus grande, sa  basesociale plus large. Toutefois,   ce   phénomène   nouveau   dont   nous   venons   deparler, l'apparition et le développement du capitalisme, nereprésente   qu'un  aspect   des   changements   intervenus  à   lasuite de la pénétration de l'impérialisme en Chine. 

Il  y en a  un autre, concomitant du premier et   lui   faisantobstacle, c'est la collusion de l'impérialisme avec les forcesféodales pour  empêcher  le  développement du capitalismechinois. En   pénétrant   en   Chine,   les   puissances   impérialistes

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n'avaient   aucunement   l'intention   de   faire   de   la   Chineféodale un pays capitaliste ; au contraire, elles voulaient enfaire une semi­colonie et une colonie. A cette fin, elles ont employé et continuent d'employer desmoyens d'oppression militaires, politiques, économiques etculturels, si bien que la Chine est devenue peu à peu unesemi­colonie et une colonie. Ces moyens sont les suivants: I) Les puissances impérialistes ont mené contre la Chine denombreuses   guerres   d'agression,   telles   que   la   Guerre   del'Opium   entreprise   par   la   Grande­Bretagne   en   1840,   laguerre   menée   par   les   forces   alliées   anglo­françaises   eni85716,   la  Guerre sino­française  de  1884 (17),   la  Guerresino­japonaise de 1894 et   la  guerre menée par  les  forcescoalisées des huit puissances en 1900 (18). 

Après l'avoir vaincue par la guerre, ces puissances ont nonseulement   occupé   des   pays   voisins   qui   étaient   sousprotection chinoise, mais lui ont encore arraché ou pris "àbail" une partie de son territoire. 

Par exemple, le Japon s'est emparé de Taïwan et des îlesPenghou et a pris "à bail" Liuchouen, la Grande­Bretagnes'est   emparée  de  Hongkong   et   la   France   a   pris   "à   bail"Kouangtcheouwan.   A   ces   annexions   s'ajouta   l'extorsiond'énormes indemnités de guerre. Ainsi, des coups très dursont été portés à l'immense empire féodal chinois. 2) Les puissances impérialistes ont imposé  à   la Chine ungrand nombre de traités inégaux, en vertu desquels elles ontobtenu   le   droit   de   faire   stationner   des   forces   navales   et

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terrestres   et   d'exercer   la   juridiction   consulaire   (19)   enChine,   et   elles   ont   partagé   le   pays   en  plusieurs   sphèresd'influence (20). 3) Par des traités inégaux, elles se sont assuré le contrôle detous les ports de commerce importants de la Chine et ontétabli dans nombre d'entre eux des concessions (21) placéesdirectement sous  leur administration. Elles ont  égalementmis sous leur contrôle les douanes, le commerce extérieur etles   communications   (maritimes,   terrestres,   fluviales   etaériennes).   Ainsi,   elles   ont   pu   écouler   des   quantitésénormes de marchandises en Chine, faisant de celle­ci undébouché pour leurs produits manufacturés, en même tempsqu'elles   subordonnaient   l'agriculture   chinoise   à   leursbesoins. 4) Elles ont créé en Chine de nombreuses entreprises del'industrie   légère  et  de   l'industrie   lourde pour  utiliser  surplace   les   matières   premières   et   la   main­d'œuvre   à   bonmarché, exerçant ainsi une pression économique directe surl'industrie nationale de la Chine et entravant directement ledéveloppement de ses forces productives. 5)   Par   l'octroi   de   prêts   au   gouvernement   chinois   et   parl'ouverture de banques en Chine, elles ont monopolisé  lesopérations bancaires et les finances du pays. Ainsi, elles ontnon seulement étouffé   le capital national chinois par  leurconcurrence commerciale,  mais  encore pris   la Chine à   lagorge en matière bancaire et financière. 6) Afin d'exploiter plus facilement les masses paysannes etles   autres   couches   de   la   population   chinoise,   elles   ont

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constitué   en   Chine   un   réseau   d'exploiteurs   formé   decompradores et de commerçants­usuriers et qui s'étend desgrands ports de commerce aux coins les plus reculés; ellesont   ainsi   créé   une   classe   de   compradores   et   decommerçants­usuriers à leur service. 7)   Elles   ont   fait   de   la   classe   des   propriétaires   fonciersféodaux  aussi   bien  que  de   la  bourgeoisie   compradore   lesoutien   de   leur   domination   en   Chine.   L'impérialisme"s'associe   avant   tout   aux  couches  dominantes   du   régimesocial   précédent   ­   aux   féodaux   et   à   la   bourgeoisiecommerçante et usurière ­, contre la majorité du peuple.

L'impérialisme   s'efforce   partout   de   maintenir   et   deperpétuer   toutes   les   formes   précapitalistes   d'exploitation(surtout   à   la   campagne)   qui   sont   la   base   même   del'existence   de   ses   alliés   réactionnaires   (22).""L'impérialisme   avec   toute   sa   puissance   financière   etmilitaire en Chine est la force qui soutient, inspire, cultiveet préserve les vestiges féodaux de ce pays avec toute leursuperstructure bureaucratico­militariste (23)." 8) Afin d'entretenir des conflits  armés entre seigneurs deguerre   et   d'opprimer   le   peuple   chinois,   les   puissancesimpérialistes ont fourni au gouvernement réactionnaire de laChine d'énormes quantités d'armes et de munitions et mis àsa disposition une foule de conseillers militaires. 9)   De   plus,   elles   n'ont   jamais   relâché   leurs   efforts   pourempoisonner l'esprit du peuple chinois. C'est leur politiqued'agression   dans   le   domaine   culturel,   qui   s'effectue   parl'activité   des   missionnaires,   l'ouverture   d'hôpitaux   et

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d'écoles, la publication de journaux et le fait d'engager lesétudiants chinois à aller étudier dans les pays impérialistes.Leur but  est  de former des  intellectuels  destinés  à   servirleurs   intérêts,   et   de   duper   la   grande   masse   du   peuplechinois. 10) Depuis  l'Incident du 18 Septembre 1931,  l'attaque degrand style  de  l'impérialisme  japonais  a  fait  d'une bonnepartie de la Chine, déjà réduite à l'état de semi­colonie, unecolonie japonaise. Ces   faits   constituent   l'autre   aspect   des   changementssurvenus   depuis   la   pénétration   impérialiste:   le   tableausanglant  de   la   transformation  de   la  Chine   féodale  en  unpays semi­féodal, semi­colonial et colonial. On voit ainsi  que, par leur agression contre la Chine, lespuissances   impérialistes   ont,   d'une   part,   hâté   ladésagrégation   de   la   société   féodale   et   la   croissance   deséléments du capitalisme, transformant la société féodale enune   société   semi­féodale,   et,   d'autre   part,   imposé   leurcruelle   domination   à   la   Chine,   faisant   d'un   paysindépendant un pays semi­colonial et colonial. En   réunissant   ces   deux   aspects,   on   constate   que   notresociété   coloniale,   semi­coloniale   et   semi­féodale   possèdeles caractéristiques suivantes : 1)   L'économie   naturelle   qui   se   suffisait   à   elle­même   àl'époque   féodale   a   été   détruite   dans   ses   fondements;néanmoins, l'exploitation des paysans par les propriétairesfonciers,  qui   est   la   base  de   l'exploitation   féodale,   a   non

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seulement   été   conservée,   mais,   liée   comme   elle   l'est   àl'exploitation exercée par le capital comprador et usuraire,elle domine manifestement la vie socio­économique de laChine. 2)   Le   capitalisme   national   a   connu   un   certaindéveloppement et a joué un rôle assez important dans la viepolitique et culturelle de la Chine, mais il n'est pas devenula   forme   principale   de   son   économie   sociale;   resté   trèsfaible, il est le plus souvent lié peu ou prou à l'impérialismeétranger et au féodalisme du pays. 3) Le pouvoir absolu de l'empereur et de la noblesse a étérenversé   et   remplacé   d'abord   par   la   domination   desseigneurs  de  guerre   et   des  bureaucrates   appartenant  à   laclasse   des   propriétaires   fonciers,   puis   par   la   dictatureconjointe   des   propriétaires   fonciers   et   de   la   grandebourgeoisie. Dans les régions occupées, c'est l'impérialismejaponais et ses fantoches qui détiennent le pouvoir. 4)   L'impérialisme   contrôle   non   seulement   les   secteursvitaux de   la  vie  financière et  économique du  pays,  maisencore ses forces politiques et militaires. Dans les régionsoccupées, tout est aux mains de l'impérialisme japonais. 5) Le développement économique, politique et culturel dela  Chine  est   extrêmement   inégal,   parce  que   ses  diversesrégions sont en totalité ou en partie sous la domination denombreux Etats impérialistes, qu'elle a cessé, en fait, depuislongtemps d'être unifiée et que son territoire est immense. 6) Sous le double joug de l'impérialisme et du féodalisme,

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et surtout par suite de la grande attaque de l'impérialismejaponais, les masses populaires chinoises, et en particulierles paysans, s'appauvrissent de jour en jour et tombent engrand   nombre   dans   l'indigence,   menant   une   existencefamélique et privées de tout droit politique. On trouve peude pays au monde où le peuple connaisse la même misèreet la même absence de liberté qu'en Chine. Tels  sont   les   traits  caractéristiques  de  la   société  chinoisecoloniale, semi­coloniale et semi­féodale. Cette situation est principalement déterminée par les forcesimpérialistes,   japonaises   et   autres;   elle   résulte   de   lacollusion   entre   l'impérialisme   étranger   et   le   féodalismechinois. La contradiction entre l'impérialisme et la nation chinoise etcelle entre le féodalisme et les masses populaires sont lescontradictions principales de la société chinoise moderne. 

Il y en a évidemment d'autres, comme la contradiction entrela bourgeoisie et le prolétariat et les contradictions au seindes classes réactionnaires dominantes. 

Mais la plus importante est celle entre l'impérialisme et lanation chinoise. 

Toutes   ces   contradictions   et   leur   aggravation  engendrentinévitablement  des  mouvements   révolutionnaires   toujoursplus amples. Les grandes révolutions de la Chine moderneet contemporaine sont apparues et se sont développées surla base de ces contradictions fondamentales.

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CHAPITRE II LA REVOLUTION CHINOISE 

SECTION 1. LES   MOUVEMENTS   REVOLUTIONNAIRES   DESCENT DERNIERES ANNEES 

L'histoire de la transformation de la Chine en un pays semi­colonial et colonial sous l'action de l'impérialisme allié auféodalisme chinois est en même temps l'histoire de la luttedu peuple chinois contre l'impérialisme et ses laquais. 

La   Guerre   de   l'Opium,   le   Mouvement   des   Taiping,   laGuerre   sino­française,   la   Guerre   sino­japonaise,   leMouvement   réformiste   de   1898,   le   Mouvement   desYihotouan, la Révolution de 1911, le Mouvement du 4 Mai,le Mouvement du 30 Mai, l'Expédition du Nord, la Guerrerévolutionnaire agraire et la présente Guerre de Résistancecontre le Japon sont autant de témoignages de l'indomptableesprit   de   résistance   du   peuple   chinois   qui   refuse   des'incliner devant l'impérialisme et ses laquais. En raison de la lutte héroïque menée sans défaillance par lepeuple   chinois   pendant   les   cent   dernières   années,l'impérialisme n'a  pas   réussi   jusqu'à  présent  à   asservir   laChine, et il n'y parviendra jamais. A l'heure actuelle, bien que l'impérialisme japonais déploietous ses efforts dans sa grande attaque contre la Chine etque de nombreux représentants des propriétaires fonciers et

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de   la   grande   bourgeoisie,   tels   que   les   Wang   Tsing­weidéclarés ou camouflés, aient capitulé devant l'ennemi ou sepréparent  à   le   faire,   l'héroïque peuple  chinois  poursuivrason combat. 

Il   ne   s'arrêtera   pas   avant   d'avoir   chassé   de   la  Chine   lesimpérialistes japonais, avant d'avoir complètement libéré lepays. La lutte nationale révolutionnaire du peuple chinois comptecent ans d'histoire si on la fait commencer à la Guerre del'Opium en 1840, ou trente ans si l'on part de la Révolutionde 1911. 

Elle n'est pas arrivée à son terme et n'a pas encore obtenu derésultats marquants dans l'accomplissement de ses tâches; lepeuple   chinois,   et   en   premier   lieu   le   Parti   communistechinois, a la responsabilité de la poursuivre avec résolution. Quelles sont les cibles de cette révolution? 

Quelles sont ses tâches? 

Quelles sont ses forces motrices? 

Quel est son caractère? 

Quelles sont ses perspectives? 

Ce sont là des questions que nous allons traiter.

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SECTION 2. LES CIBLES DE LA REVOLUTION CHINOISE Par   l'analyse  faite dans  la  section 3 du premier chapitre,nous   savons déjà   que   la   société   chinoise   actuelle   est   decaractère   colonial,   semi­colonial   et   semi­féodal.   Il   fautavoir bien compris le caractère de la société chinoise poursavoir   quelles   sont   les   cibles   de   la   révolution   chinoise,quelles sont ses tâches et ses forces motrices, quel est soncaractère, quelles sont  ses perspectives et  dans quel  senselle évoluera. 

Une juste compréhension de ce caractère, c'est­à­dire de lasituation   de   la   Chine,   est   donc   la   clé   pour   une   justecompréhension de tous les problèmes de la révolution. Du   moment   que   la   société   chinoise   d'aujourd'hui   est   decaractère   colonial,   semi­colonial   et   semi­féodal,   quellessont les cibles principales de la révolution chinoise à sonétape   actuelle,   ou,   en   d'autres   termes,   quels   sont   sesennemis principaux? Ce   sont   l'impérialisme   et   le   féodalisme,   c'est­à­dire   labourgeoisie   des   Etats   impérialistes   et   la   classe   despropriétaires fonciers de notre pays.

Car, à  l'étape actuelle,  ils  sont  les principaux oppresseursdans   la   société   chinoise,   les   principaux   obstacles   à   sonprogrès. Tous les deux s'entendent pour opprimer le peuplechinois   et,   comme   l'oppression   la   plus   cruelle   estl'oppression nationale exercée par  l'impérialisme, c'est   luiqui est le premier et le pire ennemi du peuple chinois.

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 Depuis   l'agression   armée   du   Japon   contre   la   Chine,   lesprincipaux   ennemis   de   la   révolution   chinoise   sontl'impérialisme japonais et tous ceux qui ont partie liée avecle Japon, les traîtres à la nation et les réactionnaires qui ontcapitulé ouvertement ou qui se préparent à capituler. La   bourgeoisie   chinoise   souffre   elle   aussi   du   jougimpérialiste;   elle   a   dirigé   des   luttes   révolutionnaires,   yjouant le rôle principal, comme dans la Révolution de 1911;elle   a   participé   à   des   luttes   révolutionnaires,   commependant l'Expédition du Nord; elle participe également à laprésente Guerre de Résistance contre le Japon. 

Mais, pendant la longue période de 1927 à 1937, le peuplerévolutionnaire   et   le   parti   révolutionnaire   (le   Particommuniste) ne pouvaient considérer la couche supérieurede la bourgeoisie, représentée par la clique réactionnaire duKuomintang, que comme l'une des cibles de la révolution,étant donné  que cette couche sociale s'était entendue avecles   impérialistes,   qu'elle   avait   conclu   une   allianceréactionnaire   avec  la   classe  des   propriétaires   fonciers,   etqu'elle   avait   trahi   les   amis   qui   l'avaient   aidée   ­   le   Particommuniste,   le   prolétariat,   la   paysannerie   et   les   autresfractions   de   la   petite   bourgeoisie   ­,   trahi   la   révolutionchinoise et causé sa défaite. 

Dans   la   Guerre   de   Résistance,   une   partie   des   grandspropriétaires   fonciers   et   de   la   grande   bourgeoisie,représentée   par   Wang   Tsing­wei,   a   passé   dans   le   campennemi et a trahi la nation. Aussi le peuple en lutte contre leJapon   s'est­il   vu   oblige   de   compter   ces   éléments   de   la

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grande bourgeoisie qui  ont   trahi  les  intérêts  nationaux aunombre des cibles de la révolution. Nous   voyons   donc   que   les   ennemis   de   la   révolutionchinoise   sont   extrêmement   forts.   Ils   comprennent   nonseulement   le   puissant   impérialisme,   mais   encore   lespuissantes   forces   féodales   et,   à   certains   moments,   lesréactionnaires   bourgeois   qui,   en   collusion   avecl'impérialisme   et   les   forces   féodales,   luttent   contre   lepeuple. Aussi est­ce une erreur de sous­estimer la force desennemis du peuple révolutionnaire de Chine. L'existence de tels  ennemis explique  le  caractère de lutteprolongée et acharnée assumée par la révolution chinoise.Avec des ennemis aussi puissants, une longue période estindispensable   pour   rassembler   et   aguerrir   les   forcesrévolutionnaires capables de les battre. 

Et la cruauté inouïe avec laquelle ils répriment la révolutionchinoise fait que les forces révolutionnaires ne peuvent tenirfermement   leurs   positions   et   s'emparer   de   celles   del'adversaire   qu'en   s'aguerrissant   et   en   mettant   en   œuvretoute leur ténacité. 

Il   est  donc   faux  de  penser  qu'en  Chine   les   forces   de   larévolution  peuvent   se   former en un  clin  d'œil  et   la   lutterévolutionnaire triompher du jour au lendemain. L'existence de tels ennemis oblige la révolution chinoise àfaire de la  lutte armée et non de la lutte par des moyenspacifiques sa méthode principale, sa forme essentielle. 

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Car nos ennemis ont privé le peuple chinois de la possibilitéd'une activité pacifique, puisqu'ils lui ont ôté  toute libertépolitique. 

Staline a dit: "En Chine, la révolution armée lutte contre lacontre­révolution armée, c'est  là   l'une des particularités etl'un des avantages de la révolution chinoise (24)." 

Cette   formule  est  parfaitement  juste.   Il  est  donc  faux desous­estimer   l'importance  de   la   lutte  armée,  de   la  guerrerévolutionnaire,   de   la   guerre   de   partisans   et   du   travailconcernant l'armée. L'existence   de   tels   ennemis   pose   la   question   des   basesrévolutionnaires. 

Les   centres   urbains   de   la   Chine   resteront   longtempsoccupés   par   le   puissant   impérialisme   et   ses   alliés,   lesréactionnaires chinois; si donc les forces de la révolution neveulent pas faire de compromis avec 1'impérialisme et sesvalets,   mais   sont   décidées   à   poursuivre   la   lutte,   si   ellesveulent s'accroître et s'aguerrir, si elles entendent éviter labataille décisive contre un ennemi puissant tant qu'elles neseront   pas   de   taille  à   la   livrer,   elles   doivent   faire   de   lacampagne arriérée une base solide qui soit à l'avant­gardedu   progrès,   un   vaste   bastion   militaire,   politique,économique et culturel de la révolution, à  partir duquel illeur   sera   possible   de   combattre   leur   ennemi   mortel,   quiutilise les villes pour attaquer les régions rurales, et de fairetriompher   pas  à   pas,  dans  une   lutte   de   longue  durée,   larévolution dans tout le pays. 

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Dans   ces   circonstances,   l'inégalité   du   développementéconomique   de   la   Chine   (qui   n'a   pas   une   économiecapitaliste unifiée), l'immensité de son territoire (qui donneaux forces révolutionnaires la possibilité de manœuvrer), ladésunion du camp de  la  contre­révolution chinoise et  lesnombreuses   contradictions   qui   le   déchirent,   ces   diversfacteurs  s'ajoutant  au   fait  que   la   lutte  de   la  paysannerie,force principale de la révolution chinoise, est dirigée par leparti   du   prolétariat,   le   Parti   communiste,   ont   pourconséquence  que,   d'une   part,   la   révolution   chinoise   peuttriompher d'abord dans les régions  rurales et que,  d'autrepart,   elle   se   développera  d'une   façon   inégale   et   exigera,pour sa victoire totale, une lutte longue et ardue. 

Il est alors clair que la lutte révolutionnaire de longue duréequi   se   déroule   dans   les   bases   révolutionnaires   estessentiellement   une   guerre   de   partisans   menée   par   lapaysannerie sous la direction du Parti communiste chinois.

C'est   pourquoi   il   est   erroné   de   sous­estimer   la   nécessitéd'utiliser les régions rurales comme bases révolutionnaires,erroné de négliger le travail assidu parmi les paysans et denégliger la guerre de partisans. Toutefois, mettre l'accent sur la lutte armée ne signifie pasrenoncer aux autres formes de lutte; au contraire, si celles­cine lui sont pas coordonnées, elle ne peut être victorieuse.

Mettre   l'accent   sur   le   travail   dans   les   bases   rurales   nesignifie pas abandonner le travail dans les villes et dans lesvastes régions rurales qui sont encore sous la domination del'ennemi; au contraire, sans le travail dans ces villes et dans

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ces régions, les bases rurales seraient isolées et la révolutioncourrait à un échec. 

D'ailleurs, le but final de la révolution est de conquérir lesvilles,  bases principales  de   l'ennemi,  et   il  ne  saurait  êtreatteint sans qu'on y fasse un travail suffisant. Il s'ensuit que la révolution ne peut triompher ni dans lescampagnes ni dans les villes sans la destruction de l'arméede   l'ennemi,   instrument   principal   de   sa   lutte   contre   lepeuple. C'est pourquoi, outre  l'anéantissement des troupessur   les   champs   de   bataille,   la   désagrégation   de   l'arméeennemie est un travail important. Il s'ensuit également que, dans les villes et les campagnesoccupées depuis longtemps par l'ennemi et dominées par lesforces   réactionnaires   et   ténébreuses,   le  Parti   communistedoit se garder de toute précipitation et de tout aventurismedans   le   travail   de   propagande   et   d'organisation,   il   doittravailler à  couvert,  avec un effectif réduit  mais efficace,accumuler des forces et attendre le moment propice. 

Pour diriger le peuple dans sa lutte contre l'ennemi, il doitadopter la tactique de l'avance progressive et à pas sûrs, enpartant du principe qu'il faut, dans la lutte, avoir le bon droitde son côté, s'assurer l'avantage et garder la mesure, et enutilisant   toute  possibilité  de  lutte  ouverte,   légale,  dans  lecadre admis par les lois, les décrets et les coutumes sociales;  on ne peut  arriver  à   rien par  de vaines  clameurs et  enfonçant tout droit, tête baissée. 

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SECTION 3. LES TACHES DE LA REVOLUTION CHINOISE Les principaux ennemis de la révolution chinoise étant, àl'étape actuelle, l'impérialisme et la classe des propriétairesfonciers féodaux, quelles sont les tâches de la révolution àcette étape? Incontestablement, ses tâches principales sont de porter descoups   à   ces   deux   ennemis,   d'accomplir,   d'une   part,   unerévolution   nationale   qui   secouera   le   joug   étranger   del'impérialisme et, d'autre part, une révolution démocratiquequi   secouera   le   joug   intérieur   des   propriétaires   fonciersféodaux,   la   tâche   primordiale   étant   le   renversement   del'impérialisme par la révolution nationale. Ces deux grandes tâches sont liées Tune à l'autre. Si l'on nerenverse pas la domination de l'impérialisme, on ne pourraen finir  avec celle de   la  classe des propriétaires  fonciersféodaux, puisque l'impérialisme est son principal soutien.

De même, la classe des propriétaires fonciers féodaux étantla principale base sociale de la domination impérialiste enChine, et la paysannerie, la force principale de la révolutionchinoise, si l'on n'aide pas les paysans à renverser la classedes propriétaires fonciers féodaux, on ne parviendra pas àconstituer une puissante armée révolutionnaire pour mettrefin à la domination de l'impérialisme. 

Ainsi,   ces   deux   tâches   fondamentales   ­   la   révolutionnationale   et   la   révolution   démocratique   ­   sont   distinctesl'une de l'autre et forment en même temps un tout.

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 Puisque aujourd'hui la révolution nationale en Chine a pourtâche principale de combattre l'impérialisme japonais qui aenvahi   notre   territoire   et   puisqu'il   faut   accomplir   larévolution  démocratique   pour   assurer   la   victoire   dans   laguerre,   les  deux  tâches  révolutionnaires  sont  en  fait  déjàliées. 

C'est une erreur de considérer la révolution nationale et larévolution   démocratique   comme   deux   étapesrévolutionnaires nettement distinctes.

SECTION 4. LES FORCES MOTRICES DELA REVOLUTION CHINOISE Après avoir analysé et déterminé le caractère de la sociétéchinoise, les cibles et les tâches de la révolution chinoise àl'étape actuelle, voyons quelles sont les forces motrices decette révolution. Puisque la société chinoise est coloniale, semi­coloniale etsemi­féodale, que notre révolution est dirigée surtout contrela domination de l'impérialisme étranger et le féodalisme àl'intérieur du pays et qu'elle a pour tâche de renverser cesdeux oppresseurs, quelles sont, parmi les différentes classeset   couches   de   la   société   chinoise,   celles   qui   peuventconstituer les forces capables de combattre l'impérialisme etle féodalisme? 

C'est là la question des forces motrices de notre révolution à

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l'étape actuelle. Il est indispensable de bien la comprendrepour arriver à une juste solution du problème de la tactiquefondamentale de la révolution chinoise. Quelles   sont   les   différentes   classes   composant,   à   l'étapeactuelle,   la   société  chinoise? Il  y  a  d'abord  la  classe despropriétaires   fonciers   et   la   bourgeoisie;   la   classe   despropriétaires   fonciers   et   la   couche   supérieure   de   labourgeoisie constituent les classes dominantes de la sociétéchinoise. 

Il y a ensuite le prolétariat, la paysannerie et les diversesfractions de la petite bourgeoisie autres que la paysannerie;ce sont des classes encore assujetties dans la plus grandepartie de la Chine d'aujourd'hui. L'attitude et la position de toutes ces classes à l'égard de larévolution   chinoise   sont   déterminées   par   leur   situationsocio­économique.   Par   conséquent,   la   nature   du   régimesocio­économique détermine non seulement les cibles et lestâches de la révolution, mais aussi ses forces motrices. Analysons maintenant les différentes classes de la sociétéchinoise. 1. La classe des propriétaires fonciers La classe des propriétaires fonciers est  la  principale basesociale de la domination impérialiste en Chine; en utilisantle régime féodal pour exploiter et opprimer les paysans, ellefait   obstacle   au   développement   politique,  économique   etculturel   de   la   société   chinoise;   elle   ne   joue   aucun   rôle

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progressiste. Aussi les propriétaires fonciers, en tant que classe, sont­ilsla cible et non une des forces motrices de la révolution. Dans   la   Guerre   de   Résistance,   une   partie   des   grandspropriétaires  fonciers  ont,  avec une fraction de  la  grandebourgeoisie   (les   capitulards),   capitulé   devant   lesenvahisseurs japonais et sont devenus des traîtres ;  l'autrepartie,  avec   l'autre   fraction de  la  grande bourgeoisie   (lesirréductibles),   manifeste   une   instabilité   extrême,   bienqu'elle soit encore dans le camp de la Résistance.

Cependant, de nombreux hobereaux éclairés appartenant àla couche des petits et moyens propriétaires fonciers, c'est­à­dire quelque peu teintés de capitalisme, font preuve d'unecertaine activité dans la Résistance; nous devons les unir ànous dans la lutte commune contre le Japon. 2. La bourgeoisie Dans   la   bourgeoisie,   on   distingue   la   grande  bourgeoisiecompradore et la bourgeoisie nationale. La   grande   bourgeoisie   compradore   est   une   classedirectement   au   service   des   capitalistes   des   paysimpérialistes   et   entretenue   par   eux;   elle   a   des   attachesinnombrables avec les forces féodales de la campagne. C'estpourquoi elle est une cible de la révolution et n'a jamais étédans l'histoire de la révolution chinoise une force motrice. Toutefois, les différents groupes de la grande bourgeoisie

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compradore   chinoise   sont   inféodés   à   des   puissancesimpérialistes différentes, et lorsque les contradictions entreelles   s'aggravent   et   que   la   révolution   est   dirigéeprincipalement   contre   l'une  de  ces   puissances,   il   devientpossible pour les groupes dépendant des autres puissancesde s'associer dans une certaine mesure et pour un certaintemps   au   front   constitué   alors   contre   cette   puissanceimpérialiste. 

Mais que leurs maîtres se mettent à combattre la révolutionchinoise, ils les suivent aussitôt. Actuellement,   dans   la   Guerre   de   Résistance,   la   fractionprojaponaise  de   la  grande bourgeoisie   (les  capitulards)   adéjà capitulé ou se prépare à capituler. 

Et la fraction pro­européenne et proaméricaine de la grandebourgeoisie (les irréductibles), bien qu'elle soit encore dansle camp de la Résistance, manifeste une instabilité extrême.

Elle joue un double jeu en luttant à la fois contre l'agresseurjaponais et  contre  le  Parti  communiste.  Notre politique àl'égard des capitulards de la grande bourgeoisie est de lestraiter en ennemis et de les abattre résolument. 

Quant   aux  irréductibles,  nous  adoptons  à   leur  égard  unepolitique révolutionnaire à  double aspect: d'une part, nousnous allions avec eux, car ils luttent encore contre le Japon,et nous devons utiliser les contradictions qui les opposent àl'impérialisme   japonais;   d'autre   part,   nous   luttonsrésolument contre eux, car  ils pratiquent une politique derépression   anticommuniste   et   antipopulaire,   nuisible  à   la

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Résistance et à l'union, qui, sans cette lutte, seraient l'une etl'autre compromises. La bourgeoisie nationale est une classe à double caractère.D'une part, elle subit  l'oppression de l'impérialisme et estentravée   par   le   féodalisme;   aussi   se   trouve­t­elle   encontradiction avec eux. A cet égard, elle est une des forcesde la révolution. 

Au   cours   de   la   révolution   chinoise,   elle   a   déployé   unecertaine activité  dans   la   lutte  contre  l'impérialisme et   lesgouvernements des bureaucrates et des seigneurs de guerre. D'autre   part,   en   raison   de   sa   faiblesse   économique   etpolitique et du fait qu'elle n'a pas rompu complètement sesliens économiques avec l'impérialisme et le féodalisme, ellen'a   pas   le   courage   de   les   combattre   jusqu'au  bout.   Celadevient particulièrement évident  dans  les périodes d'essordes forces révolutionnaires populaires. De   ce   double   caractère   de   la   bourgeoisie   nationale,   ildécoule   que,   à   certains   moments   et   dans   une   certainemesure,   elle   peut   participer   à   la   révolution   contrel'impérialisme et les gouvernements des bureaucrates et desseigneurs  de  guerre et  devenir  une   force  révolutionnaire,mais que, à d'autres moments, on risque de la voir emboîterle   pas   à   la   grande   bourgeoisie   compradore   et   agir   enauxiliaire de la contre­révolution. En Chine, la bourgeoisie nationale, c'est essentiellement lamoyenne bourgeoisie;  bien que,  de 1927 à  1931 (jusqu'àl'Incident   du   18   Septembre),   elle   ait   suivi   les   grands

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propriétaires fonciers et la grande bourgeoisie dans la luttecontre la révolution, elle n'a pratiquement jamais détenu lepouvoir   et   se   heurtait   aux   restrictions   imposées   par   lapolitique réactionnaire des deux classes au pouvoir. 

Dans   la   présente   guerre,   elle   diffère   non   seulement   descapitulards de la classe des grands propriétaires fonciers etde la grande bourgeoisie, mais aussi des irréductibles de lagrande bourgeoisie, et aujourd'hui encore, elle est pour nousune assez bonne alliée. 

Aussi est­il tout à fait nécessaire d'adopter à son égard unepolitique bien réfléchie.

3. Les diverses fractions de la petite bourgeoisieautres que la paysannerie La  petite   bourgeoisie   comprend,  outre   la   paysannerie,   lamasse des intellectuels, des petits commerçants, des artisanset des membres des professions libérales. La situation de toutes ces fractions ressemble plus ou moinsà celle des paysans moyens. Elles subissent l'oppression del'impérialisme, du féodalisme et de la grande bourgeoisie ets'acheminent de plus en plus vers la ruine et la déchéance. Elles   constituent   donc   une   des   forces   motrices   de   larévolution, une alliée sûre du prolétariat; elles ne pourrontse libérer que sous la direction du prolétariat. Faisons maintenant l'analyse de ces diverses fractions.

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 Premièrement, les intellectuels et les jeunes étudiants. Ils neforment   ni   une   classe   ni   une   couche   sociale   distincte.Néanmoins,   dans   la   Chine   d'aujourd'hui,   leur   originefamiliale,   leurs   conditions  de  vie  et   la  position politiquequ'ils adoptent permettent de classer la majorité d'entre euxdans la petite bourgeoisie. 

Au   cours   des   dernières   décennies,   leur   nombre   s'estconsidérablement accru en Chine. A l'exception du grouped'intellectuels qui s'est rapproché de l'impérialisme et de lagrande   bourgeoisie   et   qui   travaille   pour   eux   contre   lepeuple, la plupart des intellectuels et des étudiants subissentl'oppression   de   l'impérialisme,   du   féodalisme   et   de   lagrande   bourgeoisie   et   sont   menacés   de   se   trouver   sanstravail ou de devoir interrompre leurs études. 

De ce fait, ils sont fort enclins à la révolution. Ils ont plusou moins assimilé la science bourgeoise, possèdent un senspolitique aigu et souvent ils jouent un rôle d'avant­garde etservent de pont dans l'étape actuelle de la révolution. 

Le mouvement des étudiants chinois à   l'étranger avant  laRévolution   de   1911,   le   Mouvement   du   4   Mai   1919,   leMouvement   du   30   Mai   1925   et   le   Mouvement   du   9Décembre 1935 en sont des preuves éclatantes. 

En   particulier,   les   larges   couches   d'intellectuelsrelativement   pauvres   sont   capables   de   participer   à   larévolution ou de lui apporter leur soutien, en se plaçant auxcôtés des ouvriers et des paysans. 

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En Chine, c'est d'abord parmi les intellectuels et les jeunesétudiants que les idées du marxisme­léninisme ont reçu unegrande diffusion et trouvé une large audience. 

On ne peut réussir à organiser les forces révolutionnaires età  accomplir le travail révolutionnaire sans la participationdes intellectuels révolutionnaires. 

Mais, avant que les intellectuels se jettent corps et âme dansla lutte révolutionnaire des masses, qu'ils se décident à lesservir et à faire corps avec elles, il arrive souvent qu'ils sontenclins   au   subjectivisme   et   à   l'individualisme,   que   leursidées   sont   stériles   et   qu'ils   se   montrent   hésitants   dansl'action. 

Aussi, bien que les nombreux intellectuels révolutionnaireschinois jouent un rôle d'avant­garde et servent de pont, tousne   sont   pas   révolutionnaires   jusqu'au   bout.   Dans   lesmoments critiques, une partie d'entre eux abandonnent lesrangs de la révolution et tombent dans la passivité; certainsdeviennent   même   des   ennemis   de   la   révolution.   Lesintellectuels   ne   viendront   à   bout   de   ces   défauts   qu'enparticipant longuement à la lutte des masses. Deuxièmement,   les   petits   commerçants.   Ils   tiennentboutique généralement avec très peu ou point de commis.Exploités  par  l'impérialisme,   la  grande bourgeoisie et   lesusuriers, ils sont menacés de faillite. Troisièmement,   les   artisans.   Ils   représentent   une   massenombreuse. Possédant en propre des moyens de production,ils n'embauchent pas d'ouvriers ou bien n'emploient qu'un

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ou deux apprentis ou aides. Leur situation est comparable àcelle des paysans moyens. Quatrièmement,   les   membres   des   professions   libérales.Cette catégorie comprend des gens appartenant à diversesprofessions, par exemple les médecins. Ils n'exploitent pasle travail d'autrui ou ne le font que dans une faible mesure.Leur situation rappelle celle des artisans. Les  diverses   fractions   de   la   petite   bourgeoisie   que   nousvenons d'examiner forment une masse très importante quenous devons gagner à nous et protéger, parce qu'elles sonten général capables de participer à la révolution ou de luiapporter leur soutien et d'en être de très bonnes alliées. 

Leur défaut,  c'est  que certains de leurs éléments  tombentfacilement sous l'influence de la bourgeoisie; aussi devons­nous   faire   parmi   elles   de   la   propagande   et   du   travaild'organisation révolutionnaires.

 4. La paysannerie La paysannerie, qui représente environ 80 pour cent de lapopulation du pays, est  aujourd'hui la force principale del'économie nationale. Une différenciation s'opère rapidement en son sein. Premièrement, les paysans riches. Ils constituent environ 5pour   cent   de   la   population   rurale   (avec   les   propriétairesfonciers, ce pourcentage s'élèverait à environ 10 pour cent);

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on   leur   donne   le   nom  de   bourgeoisie   rurale.   La  plupartd'entre eux afferment une partie de leurs terres, pratiquentl'usure et exploitent sans merci les salariés picoles, ils ontdonc un caractère semi­féodal. 

Mais, en général, ils participent aux travaux des champs et,dans ce sens, ils font partie de la paysannerie. 

Pour une période déterminée, la forme de production qu'ilsreprésentent   garde   son   utilité.   D'une   façon   générale,   ilspeuvent apporter une certaine contribution à  la  lutte anti­impérialiste des masses paysannes et rester neutres dans larévolution agraire dirigée contre les propriétaires fonciers.

C'est   pourquoi   nous   ne   devons   pas   les   assimiler   à   cesderniers,   ni   adopter   prématurément   à   leur   égard   unepolitique de liquidation. Deuxièmement,   les   paysans   moyens.   Ils   représententenviron   20   pour   cent   de   la   population   rurale   du   pays.Economiquement, ils se suffisent à eux­mêmes (ils peuventmême   avoir   un   certain   excédent   de   production  dans   lesbonnes   années,   et   parfois   utiliser   quelque   main­d'œuvresalariée ou accorder de petits prêts à intérêt); en général, ilsn'exploitent   pas   les   autres,   mais   sont   exploités   parl'impérialisme,   la   classe   des   propriétaires   fonciers   et   labourgeoisie. Ils ne jouissent d'aucun droit politique. 

Une   partie   d'entre   eux   manquent   de   terre,   et   certainsseulement (les paysans moyens aisés) possèdent un peu deterre en excédent. Les paysans moyens sont non seulementcapables de participer à la révolution anti­impérialiste et à

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la   révolution  agraire, mais  aussi  d'accepter  le  socialisme.C'est   pourquoi   toute   la  masse   des   paysans   moyens  peutdevenir une alliée sûre du prolétariat et constitue une partieimportante des forces motrices de la révolution. 

L'attitude des paysans moyens à l'égard de la révolution estl'un des facteurs qui décident de sa victoire ou de sa défaite,et   il   en   sera   surtout   ainsi   après   la   révolution   agraire,lorsqu'ils représenteront la majorité de la population rurale. Troisièmement,   les  paysans pauvres.   Ils  constituent,  avecles salariés agricoles, environ 70 pour cent de la populationrurale. Ils forment cette énorme masse paysanne sans terreou qui n'en possède pas suffisamment. 

C'est   le  semi­prolétariat   rural  qui,  par  son effectif,  est   laforce motrice la plus importante de la révolution chinoise; ilest   l'allié   naturel   et   le   plus   sûr   du   prolétariat,   l'arméeprincipale de la révolution chinoise. 

Les paysans pauvres et les paysans moyens ne peuvent selibérer que sous la direction du prolétariat, et  celui­ci, deson côté, ne peut conduire la révolution à la victoire qu'enformant une solide alliance avec eux; la victoire n'est  paspossible   autrement.   Le   terme   de   paysannerie   désigneessentiellement les paysans pauvres et les paysans moyens.

5. Le prolétariat Le prolétariat  chinois  comprend deux millions  et  demi àtrois millions d'ouvriers de l'industrie moderne et environ

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douze millions de travailleurs salariés de la petite industrieet de l'artisanat et d'employés de commerce dans les villes;il  y a par ailleurs un grand nombre de prolétaires ruraux(salariés agricoles) et d'autres prolétaires des villes et descampagnes. Outre   les   qualités   fondamentales   qui   caractérisent   leprolétariat en général ­ sa liaison avec la forme d'économiela plus avancée, son remarquable esprit d'organisation et dediscipline   et   le   fait   qu'il   ne   possède  pas   de   moyens   deproduction en propre  ­,   le  prolétariat  chinois  a  beaucoupd'autres qualités marquantes. Lesquelles? Premièrement,   le   prolétariat   chinois   est,   de   toutes   lesclasses,   celle   qui   se   montre   la   plus   résolue   et   la   plusconséquente dans la lutte révolutionnaire, car il  subit unetriple oppression (celle de l'impérialisme, de la bourgeoisieet des forces féodales), et cette oppression est d'une rigueuret d'une cruauté telles qu'on en trouve peu d'exemples chezd'autres nations. 

La Chine, pays colonial et semi­colonial, n'offre pas de baseéconomique   à   un   social­réformisme   tel   qu'il   existe   enEurope; c'est pourquoi, à l'exception d'un nombre infime detraîtres, le prolétariat est au plus haut point révolutionnaire. Deuxièmement,   dès   son   apparition   sur   la   scène   de   larévolution, le prolétariat chinois était sous la direction deson propre parti révolutionnaire, le Parti communiste, et ilest   devenu   la   classe   la   plus   consciente   de   la   société

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chinoise. Troisièmement, comme il est formé en majorité de paysansruinés,   il   a,   avec   les   masses   paysannes,   des   affinitésnaturelles   qui   lui   facilitent   l'établissement   d'une   allianceétroite avec elles. Par   conséquent,   bien   qu'il   ait   quelques   faiblessesinévitables, comme le fait d'être peu nombreux (par rapportà la paysannerie), d'être jeune (par rapport au prolétariat despays   capitalistes)   et   d'avoir   un   niveau   culturel   bas   (parrapport  à  celui  de   la  bourgeoisie),   il   est  devenu  la   forcemotrice essentielle de la révolution chinoise. 

Sans la  direction du prolétariat,   la révolution chinoise nepeut assurément pas triompher. 

Si nous nous reportons à un passé déjà lointain, nous avonsl'exemple de la Révolution de 1911, qui a avorté parce quele prolétariat n'y avait  pas pris part consciemment et qu'iln'existait pas à l'époque de parti communiste. 

Si nous nous reportons à un passé plus récent, nous avonsl'exemple de la révolution de 1924­1927 qui a remporté àun moment donné de grands succès grâce à la participationet   à   la   direction   conscientes   du   prolétariat   et   grâce   àl'existence du Parti communiste. 

Mais comme la grande bourgeoisie a trahi par la suite sonalliance avec le prolétariat et le programme révolutionnairecommun et qu'en même temps le prolétariat chinois et sonparti  n'avaient  pas   encore une  expérience   révolutionnaire

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suffisante, cette révolution finit par échouer. 

Prenons enfin   l'actuelle  Guerre de Résistance:  grâce à   ladirection assumée au sein du front uni national antijaponaispar le prolétariat et le Parti communiste, toute la nation s'estunie, et la grande Guerre de Résistance a été déclenchée etse poursuit avec ténacité. Le prolétariat chinois doit comprendre que, bien qu'il soit laclasse la plus consciente et la mieux organisée, ses seulesforces ne sauraient assurer la victoire et que, pour l'obtenir,il   lui   faut,   en   tenant   compte   des   circonstances  diverses,rallier toutes les classes et couches sociales susceptibles deprendre   part   à   la   révolution   et   créer   un   front   unirévolutionnaire. 

Parmi   les   différentes   classes   de   la   société   chinoise,   lapaysannerie est l'alliée solide de la classe ouvrière, la petitebourgeoisie urbaine une alliée sûre, alors que la bourgeoisienationale n'est une alliée qu'à certains moments et dans unecertaine mesure seulement. C'est une des lois fondamentalesque l'histoire de la révolution chinoise de notre époque aconfirmées.

 6. Le Lumpenproletariat L'état de colonie et de semi­colonie dans lequel se trouve laChine a fait apparaître, à la campagne et dans les villes, ungrand   nombre   de   chômeurs.   Faute   de   pouvoir   vivrehonnêtement, beaucoup d'entre eux sont obligés de subvenirà leurs besoins en se livrant à des occupations malhonnêtes.

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D'où   les   brigands,   les   vagabonds,   les   mendiants,   lesprostituées   et   nombre   de   gens   qui   vivent   des   pratiquessuperstitieuses. 

Cette   couche   sociale   est   instable;   alors   qu'une  partie   estsusceptible de se laisser acheter par la réaction, l'autre peutparticiper  à   la   révolution.  Ces  gens­là  manquent   d'espritconstructif,   ils   détruisent   plutôt   qu'ils   n'édifient   et,   enparticipant  à   la   révolution,   ils  y   deviennent  un   foyer   dementalité   "hors­la­loi"   et  d'esprit   anarchiste.   Il   faut  doncsavoir les rééduquer et veiller à prévenir leur tendance à ladestruction. Telle est notre analyse des forces motrices de la révolutionchinoise.

SECTION 5. LE CARACTERE DE LA REVOLUTION CHINOISE Ayant compris quel est le caractère de la société chinoise,c'est­à­dire   quelles   sont   les   conditions   spécifiques   de   laChine,  nous avons les données essentielles pour résoudretoutes les questions relatives à la révolution chinoise. 

Nous avons compris également quelles sont les cibles de larévolution  chinoise,  quelles   sont   ses   tâches  et   ses   forcesmotrices. Ce sont là des questions fondamentales de notrerévolution à son étape actuelle; elles découlent du caractèreparticulier de la société chinoise, c'est­à­dire des conditionsspécifiques de la Chine. 

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Ayant compris  tout  cela, nous pouvons tirer au clair uneautre   question   fondamentale,   à   savoir   le   caractère   de   larévolution chinoise à son étape actuelle. Quel   est   donc   ce   caractère?   Celui   d'une   révolutiondémocratique   bourgeoise   ou   celui   d'une   révolutionsocialiste prolétarienne? De toute évidence, pas le second,mais le premier. Du moment que  la  société  chinoise  est   encore coloniale,semi­coloniale et semi­féodale, que la révolution chinoise atoujours   pour   ennemis   principaux   l'impérialisme   et   lesforces féodales, qu'elle a pour tâche de les renverser par unerévolution   nationale   et   une   révolution   démocratiqueauxquelles   participe   parfois   la   bourgeoisie,   et  qu'elle   estdirigée, non pas contre le capitalisme et la propriété privéecapitaliste en général, même si la grande bourgeoisie trahitla   révolution   et   s'en   fait   l'ennemie,   mais   contrel'impérialisme  et   le   féodalisme,  elle  n'a  pas,  à   son  étapeactuelle,   un   caractère   socialiste   prolétarien,   mais   uncaractère démocratique bourgeois (25). Toutefois,   dans   la   Chine   actuelle,   la   révolutiondémocratique bourgeoise n'est plus du type général, ancien,aujourd'hui dépassé, mais d'un type particulier, nouveau. 

Ce type de révolution se développe actuellement en Chineet   dans   tous   les  pays   coloniaux  et   semi­coloniaux,   nousl'appelons la révolution de démocratie nouvelle. 

Elle   fait   partie   de   la   révolution   socialiste   prolétariennemondiale,   elle   combat   résolument   l'impérialisme,   c'est­à­

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dire le capitalisme international. 

Politiquement, elle vise à instaurer la dictature conjointe deplusieurs classes révolutionnaires sur les impérialistes, lestraîtres   et   les   réactionnaires;   elle   lutte   contre   latransformation   de   la   société   chinoise   en   une   société   dedictature bourgeoise. 

Economiquement, elle a pour but de nationaliser  les  groscapitaux  et   les   grandes  entreprises   des   impérialistes,  destraîtres  et  des   réactionnaires,   ainsi  que  de  distribuer  auxpaysans   les   terres   des   propriétaires   fonciers,   tout   enmaintenant   l'entreprise capitaliste  privée en général  et  enlaissant subsister l'économie des paysans riches. Ainsi, cetterévolution démocratique de type nouveau, bien qu'elle fraiela  voie   au  capitalisme,   crée   les   conditions  préalables   dusocialisme. 

L'étape actuelle de la révolution en Chine est une étape detransition qui va de la liquidation de la société  coloniale,semi­coloniale et semi­féodale à l'édification d'une sociétésocialiste, c'est le processus de la révolution de démocratienouvelle. 

Ce processus, commencé après la Première guerre mondialeet   la  Révolution  d'Octobre en Russie,  a débuté  en Chineavec   le   Mouvement   du   4   Mai   1919.   Par   révolution   dedémocratie   nouvelle   on   entend   une   révolution   anti­impérialiste et antiféodale menée par les masses populairessous la direction du prolétariat.

La société chinoise ne pourra s'acheminer vers le socialisme

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qu'en passant par cette révolution; il n'y a pas d'autre voie. La révolution de démocratie nouvelle est très différente desrévolutions démocratiques qu'ont connues les pays d'Europeet d'Amérique, car elle aboutit non pas à la dictature de labourgeoisie,   mais   à   celle   du   front   uni   des   classesrévolutionnaires dirigée par le prolétariat. 

Le   pouvoir   démocratique   antijaponais,   créé   pendant   laGuerre de Résistance dans les bases d'appui placées sous ladirection du Parti communiste chinois, est précisément unpouvoir   de   front   uni   national   antijaponais;  ce  n'est  ni   ladictature de la seule classe bourgeoise, ni la dictature de laseule   classe  prolétarienne,  mais   la  dictature  conjointe   deplusieurs classes révolutionnaires dirigée par le prolétariat.

Tous ceux qui sont pour la Résistance et la démocratie sontqualifiés pour participer à ce pouvoir, quel que soit le partiou groupement politique auquel ils appartiennent. La révolution de démocratie nouvelle diffère également dela   révolution   socialiste,   car   elle   vise   à   renverser   ladomination   des   impérialistes,   des   traîtres   et   desréactionnaires en Chine et  non à  éliminer  les secteurs ducapitalisme qui  peuvent  encore contribuer à   la   lutte  anti­impérialiste et antiféodale. La révolution de démocratie nouvelle est, pour l'essentiel,conforme à la révolution selon les trois principes du peuple,préconisée par Sun Yat­sen en 1924. Dans le Manifeste duIer Congrès national du Kuo­mintang publié cette année­là,Sun Yat­sen disait:

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 Dans les Etats modernes, le système dit démocratique est leplus souvent monopolisé par la bourgeoisie et est devenuun simple instrument pour opprimer le peuple. Par contre,selon   le   principe   de   la   démocratie   du   Kuomintang,   lesystème démocratique est le bien commun de tout le peuple,et non quelque chose qu'une minorité peut s'approprier. Et plus loin: Toute   entreprise,   appartenant   aux   Chinois   ou   auxétrangers, qui a un caractère monopoliste ou dépasse, parson envergure, les possibilités d'un particulier, comme labanque, les chemins de fer et les transports aériens, doitêtre   administrée  par   l'Etat,   afin   que   le   capital  privé   nepuisse dominer la vie économique du peuple. Tel est le sensfondamental du contrôle du capital. Enfin, dans son testament, Sun Yat­sen a énoncé le principede base de la politique intérieure et extérieure: . . . nous devons éveiller les masses populaires et nous unir,en une lutte commune, avec les nations du monde qui noustraitent sur un pied d'égalité. Tout   cela   a   transformé   les   trois   principes   du   peuple   del'ancienne   démocratie,   qui   correspondaient   à   l'anciennesituation internationale et intérieure, pour en faire les troisprincipes   du   peuple   de   la   démocratie   nouvelle,   quicorrespondent   à   la   nouvelle   situation   internationale   etintérieure. 

C'est  à   ces   derniers   trois   principes   du   peuple,   et   non   à

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d'autres, que le Parti communiste chinois pensait  lorsqu'ildéclarait dans son manifeste du 22 septembre 1937 : "Lestrois principes du peuple étant aujourd'hui nécessaires à laChine,   notre   Parti   est   prêt   à   lutter   pour   leur   réalisationcomplète." 

Ces   trois  principes  du  peuple   impliquent   les   trois   thèsespolitiques fondamentales de Sun Yat­sen: alliance avec laRussie,   alliance avec  le  Parti   communiste  et  soutien auxpaysans et aux ouvriers. 

Dans les nouvelles conditions internationales et intérieures,les   trois   principes   du   peuple   séparés   des   trois   thèsespolitiques fondamentales ne seraient plus les trois principesdu peuple révolutionnaires. (Nous n'insisterons pas ici sur lefait que le communisme et les trois principes du peuple neconcordent que sur le programme politique fondamental dela révolution démocratique et diffèrent sous tous les autresrapports). Ainsi,   dans   la   révolution   démocratique   bourgeoise   enChine, le rôle du prolétariat, de la paysannerie et des autresfractions de la petite bourgeoisie ne peut être ignoré ni dansl'organisation du front de lutte (front uni) ni dans celle dupouvoir d'Etat. 

Quiconque   tenterait   d'écarter   ces   classes   ne   pourraitcertainement pas résoudre la question du sort de la nationchinoise ni aucun des problèmes qui se posent à la Chine.La république démocratique à créer à l'étape actuelle de larévolution   chinoise   doit   être   telle   qu'elle   permette   auxouvriers,  aux paysans et  aux autres  fractions de  la  petite

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bourgeoisie d'y tenir la place et le rôle qui leur reviennent.

En   d'autres   termes,   il   faut   que   ce   soit   une   républiquedémocratique  fondée sur  une  alliance révolutionnaire desouvriers, des paysans, de la petite bourgeoisie urbaine et detous les autres éléments qui sont contre l'impérialisme et leféodalisme. Et la direction du prolétariat est indispensablepour mener à bien l'établissement d'une telle république.

 SECTION 6. LES   PERSPECTIVES   DE   LA   REVOLUTIONCHINOISE Les   questions   fondamentales   ­   le   caractère   de   la   sociétéchinoise ainsi que les cibles, les tâches, les forces motriceset le caractère de la révolution chinoise à l'étape actuelle ­étant élucidées, il sera facile d'envisager les perspectives dela révolution chinoise, c'est­à­dire de comprendre la relationentre la révolution démocratique bourgeoise et la révolutionsocialiste   prolétarienne,   entre   l'étape   actuelle   et   l'étapeultérieure de la révolution. Puisque la révolution démocratique bourgeoise en Chine àl'étape actuelle n'est pas du type général, ancien, mais estune   révolution   démocratique   bourgeoise   d'un   typeparticulier,   nouveau   ­   une   révolution   de   démocratienouvelle   ­   et   qu'elle   se   trouve   dans   la   situationinternationale nouvelle des années 30 et 40 de notre siècle,caractérisée   par   l'essor   du   socialisme   et   le   déclin   ducapitalisme, à   l'époque de la  Seconde guerre mondiale etdans une période de révolutions, il ne fait aucun doute que

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la   révolution   chinoise   a   pour   perspective   finale   lesocialisme et le communisme, et non le capitalisme. Puisque   la   révolution   chinoise   se   propose   à   son   étapeactuelle   de   mettre   fin   à   l'état   colonial,   semi­colonial   etsemi­féodal de la société d'aujourd'hui, c'est­à­dire de lutterpour l'achèvement de la révolution de démocratie nouvelle,il faut évidemment s'attendre, et cela n'a rien de surprenant,à un certain développement de l'économie capitaliste dansla  société   chinoise  après   la  victoire  de  la   révolution,  carcelle­ci   aura   supprimé   les   obstacles   qui   empêchent   lecapitalisme de se développer. 

Dans un pays économiquement arriéré comme la Chine, lavictoire   de   la   révolution   démocratique   amènerainévitablement   un   certain   développement   du   capitalisme.Mais   ce   ne   sera   là   qu'un   des   résultats   de   la   révolutionchinoise, et non son effet total. 

L'effet   total,   ce   sera   le   développement   des   facteurscapitalistes aussi bien que des facteurs socialistes. 

Quels facteurs socialistes? 

Ce   seront:   l'importance   accrue du  prolétariat   et   du  Particommuniste dans le rapport des forces politiques du pays;le   rôle   dirigeant   du   prolétariat   et   du   Parti   communistereconnu ou susceptible d'être  reconnu par la  paysannerie,les intellectuels et la petite bourgeoisie urbaine; le secteurd'Etat   de   l'économie   relevant   de   la   républiquedémocratique,   et   le   secteur   coopératif   de   l'économierelevant du peuple travailleur. 

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Si l'on y ajoute une situation internationale favorable, il esthautement   probable   que   la   révolution   démocratiquebourgeoise réussira finalement à écarter la Chine de la voiecapitaliste et lui assurera un avenir socialiste.

SECTION 7. LA DOUBLE TACHE DE LA REVOLUTIONCHINOISE ET LE PARTI COMMUNISTE CHINOIS En   résumant   les   diverses   sections   de   ce   chapitre,   nouspouvons   voir   que   la   révolution   chinoise,   prise   dans   sonensemble, assume une double tâche. 

Autrement  dit,   elle   englobe  une   révolution  démocratiquebourgeoise  (la   révolution de démocratie nouvelle)  et  unerévolution   socialiste   prolétarienne   ­   la   tâche   de   l'étapeactuelle de la révolution et la tâche de l'étape suivante. 

Dans   l'accomplissement   de   cette   double   tâcherévolutionnaire,   le   rôle   dirigeant   revient   au   Particommuniste chinois, le parti du prolétariat, sans la directionduquel aucune révolution ne peut triompher. Mener   à   bien   la   révolution   démocratique   bourgeoise   enChine   (la   révolution   de   démocratie   nouvelle)   et   latransformer en une révolution socialiste lorsque toutes lesconditions nécessaires seront réunies, voilà dans sa totalitéla   tâche   révolutionnaire,   glorieuse   et   grandiose,   du   Particommuniste chinois. 

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Chaque   membre   du   Parti   doit   lutter   pour   sonaccomplissement,   sans   s'arrêter   à   mi­chemin.   Certainsmembres   du   Parti,   qui   manquent   de   maturité   politique,pensent  que notre  tâche se  limite  à   l'étape actuelle de  larévolution, à la révolution démocratique, et ne s'étend pas àl'étape   suivante,   à   la   révolution   socialiste;   ou   bien   ilspensent que la révolution actuelle ou la révolution agraireest déjà une révolution socialiste. 

Il faut dénoncer vigoureusement l'erreur de ces conceptions.

Chaque   communiste   doit   comprendre   que   l'ensemble   dumouvement   révolutionnaire   chinois   dirigé   par   le   Partimmuniste   embrasse   deux   étapes,   la   révolutiondémocratique   et   la   révolution   socialiste;   ce   sont   deuxprocessus   révolutionnaires   de   aractère   différent,   et   c'estseulement après avoir achevé le premier ue l'on peut passerà l'accomplissement du second. 

La révolution démocratique est la préparation nécessaire dela   révolution   socialiste,   et   la   révolution   socialiste   estl'aboutissement logique de la révolution démocratique. Lebut final de tout communiste, et pour lequel il doit lutter detoutes ses forces, c'est l'instauration définitive d'une sociétésocialiste et d'une société communiste. 

C'est seulement après avoir bien compris la différence et laliaison   entre   la   révolution   démocratique   et   la   révolutionsocialiste que l'on peut diriger correctement la  révolutionchinoise. Seul   le   Parti   communiste   chinois,   et   aucun   autre   parti

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(bourgeois   ou   petit­bourgeois),   est   capable   de   conduirejusqu'à   leur   terme   ces   deux   grandes   révolutions:   larévolution démocratique et la révolution socialiste. Dès lejour   de   sa   fondation,   le   Parti   communiste   chinois   s'estchargé de cette double tâche, et depuis dix­huit ans, il lutteavec acharnement pour l'accomplir. Cette   tâche   est   des   plus   glorieuses,  mais   aussi   des   plusardues.   Elle   ne   peut   être   accomplie   sans   un   Particommuniste  chinois  bolchévisé,  qui  soit  à   l'échelle  de  lanation, un parti de larges masses, tout à fait solide au pointde vue de l'idéologie, de la politique et  de l'organisation.Chaque communiste a donc le devoir de prendre une partactive à l'édification d'un tel Parti.

NOTES 1  Dans  Liu   che   tchouen   tsieou,  écrit   à   l'époque   desRoyaumes   combattants,   au   IIIe   siècle   av.   J.­C.,   onmentionne déjà le fait que "l'aimant attire le fer". Au débutdu Ier siècle, c'est­à­dire dans les premières années de ladynastie des Han de l'Est, le philosophe matérialiste WangTchong parle  dans  son  ouvrage  Louen heng de   l'aiguilleaimantée qui   indique   le   sud;   la  polarité  de  l'aimant  étaitdonc   connue   dès   cette   époque.   Les   relations   de   voyageécrites au début du XIIe siècle, où l'on parle de l'emploi dela  boussole   pour   la   navigation,  montrent  qu'il  était   alorsdéjà fort répandu. 2 Selon des documents anciens, Tsai Louen, un eunuque de

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la  dynastie  des  Han de   l'Est   (25­220),   inventa   le  papier,qu'il   fabriquait  avec des écorces d'arbres, de   la   tille,  deschiffons ou des filets de pêche usés. 

En l'an 105, dernière année du règne de l'empereur Hoti desHan, il présenta son invention à l'empereur; depuis lors, lafabrication du papier à partir des fibres végétales se répanditprogressivement en Chine. 3  L'imprimerie remonte en Chine à  la dynastie des Souei,vers l'an 600. 4  L'imprimerie   au   moyen   de   caractères   mobiles   a   étéinventée  par  Pi  Cheng,   sous   la  dynastie  des  Song,  entre1041 et 1048. 5  On dit  que   la  poudre   fut  découverte  en  Chine  au   IXesiècle. Au XIe siècle, on l'utilisait déjà pour le tir au canon. 6 II s'agit des grandes insurrections paysannes qui éclatèrentsous la dynastie des Ts'in. En 209 av. J.­C, Tchen Cheng etWou   Kouang,   qui,   à   la   tête   de   900   autres   conscrits,   serendaient   à   un   poste   frontière   pour   y   tenir   garnison,s'insurgèrent contre la tyrannie des Ts'in, dans le district deKihsien   (aujourd'hui   district   de   Souhsien,   province   del'Anhouei). 

Hsiang Yu et  Lieou Pang  furent   les   plus  célèbres  parmiceux qui,  dans  tout   le  pays,  leur   firent écho. L'armée deHsiang Yu anéantit les forces principales des Ts'in, et cellede Lieou Pang prit   la  capitale.  Une  lutte   s'engagea  alorsentre Hsiang Yu et Lieou Pang. Le second battit le premier

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et fonda la dynastie des Han. 7  Insurrections paysannes qui éclatèrent dans les dernièresannées   de   la   dynastie   des   Han   de   l'Ouest,   alors   quel'agitation était générale dans la paysannerie. En l'an 8, lepremier ministre Wang Mang renversa la dynastie régnante,se   proclama   empereur   et   introduisit   des   réformes   pourapaiser les paysans insurgés. Mais les masses en proie à lafamine   se   soulevèrent   à   Sinche   (aujourd'hui   district   deKingchan, province du Houpei) et à  Pinglin (dans l'actueldistrict  de Soueihsien, province du Houpei). Les Sourcilsrouges  et   les   Chevaux  de  Bronze  étaient   des   armées   depaysans   insurgés   de   la   partie   centrale   des   provincesactuelles du Chantong et du Hopei. Les Sourcils rouges, laplus puissante des forces paysannes, étaient ainsi nommésparce qu'ils se peignaient les sourcils en rouge. 8 Armée de paysans qui se souleva en l'an 184 et nomméeainsi  parce  que  ceux  qui   en   faisaient  partie  portaient   unturban jaune. 9  Li Mi et Teou Kien­teh dirigèrent, respectivement dansles   provinces   du   Honan   et   du   Hopei,   de   puissantesinsurrections  paysannes   contre   la  dynastie   des  Souei,   audébut du VIIe siècle. 10  En l'an 874, sous le règne de l'empereur Hsitsong desTang,   Wang  Sien­tche   organisa   une   insurrection  dans   laprovince du  Chantong.  L'année   suivante,  Houang  Tchao,qui   avait   rassemblé   autour   de   lui   un   grand   nombre   depaysans, lui fit écho. 

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11 Chefs célèbres de deux insurrections paysannes du débutdu XIIe siècle. Song Kiang déployait son activité dans larégion limitrophe du Chantong, du Honan et du Kiangsou,et Fang La dans le Tchékiang et l'Anhouei. 12 En 1351, le peuple se souleva de toutes parts contre ladynastie   des   Yuan   (mongole).   En   1352,   Tchou   Yuan­tchang, originaire de Fengyang, province de l'Anhouei, sejoignit aux forces insurrectionnelles dirigées par Kouo Tse­hsing et   lui  succéda après sa  mort.  En 1368,   il   réussit  àrenverser la dynastie mongole, qui chancelait déjà sous lescoups du peuple insurgé. 13  Voir   "L'Elimination  des  conceptions  erronées  dans   leParti", note 4, Œuvres choisies de Mao Tsé­toung, tome I,pp. 127­128. 14  Voir   "La   Tactique   de   la   lutte   contre   l'impérialismejaponais",   note   36,   Œuvres   choisies   de   Mao   Tsé­toung,tome I, p. 197. 15  A   la   fin   du   XVIIIe   siècle,   et   pendant   plusieursdécennies,   la   Grande­Bretagne   fit   entrer   en   Chine   del'opium en quantité  de  plus  en  plus   importante.  L'opiumimporté   intoxiquait   dangereusement   le   peuple   chinois   etdrainait la monnaie­argent de la Chine.

Des protestations s'élevèrent dans le pays.  En 1840, sousprétexte   de   protéger   son   commerce,   la   Grande­Bretagneenvoya des troupes qui envahirent la Chine.

Les   troupes  chinoises,   sous   la  conduite  de Lin Tseh­siu,

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résistèrent,   tandis   que   le   peuple   de   Canton   organisaitspontanément des « Corps de répression anti­anglais » quiportèrent des coups sévères aux envahisseurs. 

Néanmoins, en 1842, le gouvernement corrompu des Tsingconclut avec les agresseurs anglais le Traité de Nankin auxtermes duquel la Chine dut payer des indemnités et céderHongkong à   la  Grande­Bretagne,  et  de plus  ouvrir  à  soncommerce les ports de Changhaï, de Foutcheou, d'Amoy, deNingpo et de Canton, et fixer conjointement avec elle lestarifs   douaniers   pour   toutes   les   marchandises   qu'elleintroduiait en Chine.

16  De   1856   à   1860,   la   Grande­Bretagne   et   la   Franceentreprirent  une  guerre d'agression  contre   la  Chine,  avecl'appui des Etats­Unis et de la Russie tsariste. Comme legouvernement   des   Tsing   se   consacrait   entièrement   à   larépression de la révolution paysanne des Taiping, il adoptaune   politique   de   résistance   passive   à   l'égard   de   cesagresseurs étrangers. 

Les forces anglo­françaises  occupèrent successivement degrandes villes comme Canton, Tientsin et Pékin, pillèrent etincendièrent le Palais Yuanmingyuan à Pékin et forcèrent legouvernement des Tsing à signer le Traité de Tientsin et leTraité de Pékin. Selon les clauses principales de ces traités,Tientsin,   Nieoutchouang   (en   réalité   ce   fut   Yingkeou),Tengtcheou (en réalité  ce fut Yentai),  Taïwan (en fait  onfixa le choix sur Tainan), Tanchouei, Tchaotcheou (en faiton   fixa   le   choix   sur   Swatow),   Kiongtcheou,   Nankin,Tchenkiang, Kieoukiang et Hankeou devaient être ouvertsau commerce étranger; les étrangers obtenaient le privilège

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de voyager librement en Chine, d'y prêcher leur religion etde naviguer dans les eaux intérieures chinoises. Dès lors, lesforces   d'agression   étrangères   étendirent   leurs   sphèresd'influence aux différentes provinces côtières et pénétrèrentprofondément à l'intérieur de la Chine. 17 En 1882­1883, les troupes françaises envahirent le norddu Vietnam. En 1884­1885, elles étendirent leur agressionaux   provinces   chinoises   du   Kouangsi,   de   Taïwan,   duFoukien et  du Tchékiang. En dépit  des victoires du côtéchinois,   le   gouvernement   corrompu   des   Tsing   signal'humiliant Traité de Tientsin. 18  En   1900,   huit   puissances   impérialistes   ­   Grande­Bretagne,   Etats­Unis,   Allemagne,   France,   Russie,   Japon,Italie et Autriche ­ envoyèrent des forces coalisées attaquerla  Chine   afin   de   réprimer   le  Mouvement   des  Yihotouanmené par le peuple chinois contre l'agression impérialiste.Le   peuple   chinois   résista   héroïquement.   Mais   les   forcescoalisées   des   huit   puissances   s'emparèrent   de   Takou   etoccupèrent Tientsin et Pékin. 

L'année suivante, le gouvernement des Tsing signa avec leshuit   pays   impérialistes   le   Protocole   de   1901,   dont   lesclauses principales stipulaient que la Chine était tenue depayer à  ces pays des   indemnités  de guerre s'élevant  à   lasomme colossale de 450 millions de taëls d'argent et de leuraccorder   l'injustifiable   privilège   d'établir   des   garnisons   àPékin et dans la zone Pékin­Tientsin­Chanhaikouan. 19 La juridiction consulaire était l'un des privilèges stipulésdans   les   traités   inégaux   que   les   puissances   impérialistes

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imposèrent aux gouvernements de l'ancienne Chine. Elle futinstituée par le Traité de Houmen, signé entre la Chine et laGrande­Bretagne en 1843, et le Traité de Wanghsia, concluentre la Chine et les Etats­Unis en 1844. 

En vertu de ce privilège, lorsqu'un ressortissant d'un paysjouissant   de   la   juridiction   consulaire   en   Chine   étaitdéfendeur   dans   une   affaire   civile   ou   criminelle,   il   nepouvait  être  jugé  par un tribunal chinois,  mais seulementpar le consul de son propre pays. 20 A partir de la fin du XIXe siècle, les Etats impérialistesqui   avaient   envahi   la   Chine   se   mirent   à   la   partager   ensphères   d'influence   selon   la   puissance   économique   etmilitaire dont ils disposaient en Chine. 

Ainsi, les provinces du cours moyen et inférieur du Yangtsédevinrent   sphère   d'influence   anglaise;   les   provinces   duYunnan, du Kouangtong et du Kouangsi, sphère d'influencefrançaise;   le   Chantong,   sphère   d'influence   allemande;   leFoukien, sphère d'influence japonaise; les trois provinces duNord­Est (aujourd'hui provinces du Liaoning, du Kirin et duHeilongkiang),   sphère   d'influence   de   la   Russie   tsariste.Après   la   Guerre   russo­japonaise   de   1905,   la   partieméridionale   des   trois   provinces   du   Nord­Est   devint   unesphère d'influence japonaise. 21  Les "concessions" étaient des zones occupées de forcepar   les   Etats   impérialistes   dans   les   ports   qu'ils   avaientcontraint   le   gouvernement   des   Tsing   d'ouvrir   à   leurcommerce.   Sur   le   territoire   de   ces   "concessions"   futappliqué   un   régime   colonial   impérialiste   totalement

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indépendant de la   justice et de l'administration chinoises.En   même   temps,   les   "concessions"   permettaient   àl'impérialisme de tenir  directement  ou  indirectement sousson   contrôle   politique   et   économique   le   pouvoir   desféodaux et des compradores chinois. 

Pendant   la   révolution   de   1924­1927,   les   massesrévolutionnaires,   sous   la   direction   du   Parti   communistechinois, déclenchèrent un mouvement pour l'abolition desconcessions,   ce   qui   permit   à   la   Chine   de   rentrer   enpossession   des   concessions   anglaises   de   Hankeou   et   deKieoukiang, en janvier 1927. Cependant, les impérialistesmaintinrent   des   concessions   en   divers   endroits   du   pays,après le coup d'Etat contre­révolutionnaire de Tchiang Kaï­chek. 22 "Du mouvement révolutionnaire dans les pays coloniauxet   semi­coloniaux",   thèses   adoptées   au   VIe   Congrès   del'Internationale communiste. 23  J.  Staline:   "La  Révolution   en  Chine  et   les   tâches  del'Internationale communiste", discours prononcé le 24 mai1927 à la huitième assemblée plénière du Comité exécutifde l'Internationale communiste. 24 J. Staline: "Des perspectives de la révolution chinoise". 25 Voir V. I. Lénine: "Le Programme agraire de la social­démocratie   dans   la   première   révolution   russe   de   1905­1907".