50
APPOLONIO Aurélie IUFM DE DIJON MEMOIRE PROFESSIONNEL LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE SESSION 2005 Directeur de mémoire: M. Guineret Numéro dossier: 0361974A

LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

APPOLONIO Aurélie IUFM DE DIJON

MEMOIRE PROFESSIONNEL

LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE

JEUNESSE

SESSION 2005 Directeur de mémoire: M. Guineret Numéro dossier: 0361974A

Page 2: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

2

INTRODUCTION P3 I- LA SOCIALISATION A L’ECOLE PRIMAIRE P5 1- Définition de la notion de socialisation P5 2-La socialisation à travers les programmes P6 3-La notion de valeur P7 II-LA LITTERATURE DE JEUNESSE P10 1-Définition P10 2-L’évolution de la littérature de jeunesse P10 3-L’Intérêt de cette littérature P12 A) La lecture un acte socialisé P12 B) Une culture partagée P13 C) La littérature: un outil médiateur P15 III- VALEURS ET LITTERATURE DE JEUNESSE P17 1- Les valeurs exprimées par la littérature de jeunesse P17 2-Un échange oral nécessaire: exemple du débat P17 3-Séquence mise en place à partir d’un album P18 A) Le choix de l’album P18 B) Séance 1: découvrir l’œuvre et la comprendre P20 C) Séance 2:mise en place d’un débat P21 D) Séance 3: la notion de courage P24 E) Bilan général de la séquence P25 F) Autres pistes qui auraient pu être exploitées avec ce même album P26 4- Les limites de l’utilisation de la littérature comme outil P28 CONCLUSION P30 BIBLIOGRAPHIE P31 REMERCIEMENTS P33 ANNEXES P34

Page 3: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

3

Comme l’explicitent les programmes officiels, l’école est en quelque sorte une petite

société. Or chaque société a ses propres règles et valeurs qu’il faut inculquer à chacun des

membres du groupe. Les élèves vont donc apprendre les règles et les valeurs qui s’appliquent

dans leur école et plus largement qui s’appliquent à notre société.

Il semble qu’à l’école maternelle la notion de socialisation est primordiale. En effet, les

enfants sont pour la plupart confrontés pour la première fois à un groupe dans lequel ils devront

s’intégrer tout en continuant de construire leur propre personnalité; tâche paraissant difficile à un

âge où le « MOI » prédomine. A l’école élémentaire, la notion de socialisation a tout aussi son

importance puisque le cycle trois vise « une prise de conscience des valeurs sans lesquelles les

différentes collectivités dans lesquelles s’inscrit la vie quotidienne, de l’enfant ne sauraient avoir

de signification. » Le cycle deux, quant à lui, constitue une transition importante entre la

maternelle et ce cycle des approfondissements car il scolarise des élèves qui commencent à peine

à pouvoir accepter un autre point de vue que le leur sur leurs actions.

La plupart des disciplines scolaires permettent aux élèves d’aborder des normes et des

valeurs propres à notre société. C’est le cas par exemple des arts visuels, de l’histoire et de la

géographie, de la musique, de l’éducation physique et sportive… Si l’on prend ce dernier

exemple, on peut observer que cette discipline est propice à l’acquisition de nombreuses

compétences relatives au « vivre ensemble »: respecter des règles du jeu, coopérer, accepter de

perdre …

Toutefois, j’ai choisi la littérature de jeunesse comme support pour inculquer aux élèves les

valeurs de notre société ou bien encore les valeurs d’autres sociétés. Le choix de ce domaine sera

expliqué au cours de ce mémoire. Nous pouvons cependant avancer le fait que la littérature en

général et la littérature de jeunesse sont des domaines que j’apprécie tout particulièrement car

offrant de nombreux plaisirs.

La mission de l’école est de favoriser chez l’enfant l’acquisition de savoirs, de savoirs

faire, et de savoirs être indispensables à la vie en collectivité, à certains apprentissages.

Se pose alors la question comment socialiser les élèves par la littérature de jeunesse ou

Page 4: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

4

plus précisément comment utiliser la littérature de jeunesse pour aborder et inculquer les valeurs

de notre société aux élèves?

Pour répondre à cette question, nous verrons dans un premier temps ce que nous entendons par

socialisation et quelle est sa place au sein de l’école primaire. Dans un second temps, nous

évoquerons quel est l’intérêt de la littérature de jeunesse et enfin dans une dernière partie nous

verrons comment il est possible d’employer la littérature de jeunesse comme support de départ

pour aborder les valeurs de notre société.

Page 5: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

5

SOCIALISATION A L’ECOLE PRIMAIRE 1- définition de la notion de socialisation La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les

programmes officiels ce concept est mis en avant. Avant d’évoquer ce que justement expliquent

ces programmes, il nous faut déjà aborder la définition de cette notion de socialisation.

La majorité des grands auteurs est d’accord pour dire que la socialisation peut se définir

comme un processus. Celui-ci se déroule sur le long terme puisque comme l’expliquent Berger et

Luckmann1 , on peut parler de socialisation primaire (s’effectuant pendant toute la scolarité d’un

individu) et de socialisation secondaire s’effectuant pendant l’activité professionnelle d’un

individu.

Nous pouvons définir la socialisation comme l’ensemble des processus par lesquels

l’enfant devient un être social ou plus précisément comme la transmission des valeurs et des

normes. De cette définition, nous retiendrons la notion de transmission qui m’a beaucoup

interrogée.

En effet, si on reprend la thèse de Durkheim concernant la socialisation de la jeune

génération, cet auteur en appelle à un modèle culturel transmis par la génération précédente.

Cela voudrait donc dire que les valeurs et les normes se transmettent de génération en génération

comme une sorte d’héritage. Or la question que je me suis posée est la suivante: est-ce qu’il

existe réellement un héritage englobant normes et valeurs d’une génération? Car certes, il y a une

sorte de relais qui s’établit avec les générations précédentes mais il est plus difficile de penser

que les normes et les valeurs se transmettent à l’identique. Notre société ne cessant d’évoluer il a

donc fallu adapter certaines d’entre elles même si d’autres restent bien ancrées.

Nous pourrions aussi être critique face à la proposition suivante. Selon Durkheim, une action est

exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale,

cela revient à traiter de la socialisation comme une sorte de dressage par lequel l’individu jeune

est amené à intérioriser des normes, des valeurs, des attitudes2… Il considère donc les enfants

comme des êtres passifs.

1 D’après La socialisation de Claude Dubar. 2 D’après L’école à l’épreuve de la sociologie de Anne Van Haecht

Page 6: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

6

Je ne pense pas que notre rôle soit de transmettre simplement les règles et les valeurs. Il me

semble important que les enfants les construisent afin qu’ils leur donnent un sens. Pour qu’elles

soient crédibles, il faut qu’ils les comprennent. C’est tout à fait ce qu’expriment les programmes

officiels. Ils préconisent le fait d’élaborer collectivement les règles de vie de la classe dès que

possible, c’est à dire plutôt à l’école élémentaire.

D’ailleurs, Boudon et Bourricaud préfèrent parler « du paradigme de l’interaction » qui se trouve

tout à fait bien illustré dans certains travaux de Piaget.

En effet, cet auteur pense que la socialisation est non une transmission par la contrainte de la part

d’un groupe mais une construction de nouvelles règles suivant une logique de coopération. Ce

qui semble très crédible. Il ajoute aussi le fait que c’est un phénomène non linéaire mais marqué

par des ruptures, des reconstructions et restructurations d’équilibres très provisoires. L’enfant a

donc besoin de vivre diverses expériences pour pouvoir construire sa personnalité, l’école étant

un lieu privilégié puisqu’il sera au sein d’une collectivité.

2- la socialisation à travers les programmes

La scolarisation constitue le mode de socialisation par excellence dans notre société

occidentale. Parmi les différentes instances institutionnalisées de socialisation, l’école s’est taillée

une place essentielle.

A l’école maternelle, la socialisation représente l’une des grandes priorités. En effet pour

la plupart des jeunes enfants, l’école maternelle est un des premiers lieux où ils sont amenés à

vivre en collectivité et cela implique un véritable apprentissage. « L’élève devra trouver sa place

dans le groupe, trouver des repères, apprendre à s’approprier des règles de vie commune. »3

Ce qui ne sera pas facile et prendra du temps car quand l’élève arrive à l’école, l’enfant a souvent

été le sujet privilégié d’attentions centrées sur sa personne.

Un stage en maternelle en moyenne section m’a permis de bien me rendre compte de

l’importance des règles à mettre en place pour créer une « bonne ambiance de travail. » En effet,

le premier jour du stage, je suis beaucoup trop restée dans l’implicite n’énonçant pas clairement

les règles de la classe. Les élèves ont tout de suite repéré cette faille, car finalement ils n’avaient

3 D’après Les Nouveaux Programmes Qu’apprend-on à l’école maternelle? Du Ministère de l’Éducation Nationale

Page 7: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

7

pas vraiment de repères et ne savaient pas quelles limites ils ne devaient pas dépasser.

Il a donc fallu prendre un moment pour bien expliciter les règles de la classe. Ce fut aussi

l’occasion de leur demander pourquoi certaines règles étaient exigées, pourquoi il était important

de les respecter. Donnons un exemple simple: je leur ai demandé pourquoi il était important de

lever la main pour s’exprimer et d’attendre que l’on soit interrogé pour parler. Certains sans

hésiter ont répondu que sinon il y aurait trop de bruit. Mais pour d’autres cela paraissait moins

évident donc il semble important sans vouloir toujours se justifier d’expliquer pourquoi on met

certaines règles en place

A quatre ans, les enfants sont encore très égocentriques. On peut observer la

prépondérance du MOI. Le « vivre ensemble » peut alors leur sembler compliqué. Il faut leur

faire prendre conscience du monde extérieur, des autres; il faut alors par différentes mises en

situation leur expliquer qu’ils ne sont pas seuls dans la classe. L’appropriation des règles de vie

passe par la réitération d’activités rituelles. Le moment de la collation me semble très adéquat

pour apprendre aux élèves certaines règles de politesse (attendre que tout le monde soit servi pour

commencer à manger par exemple) et pour apprendre à partager. Il est donc dommage qu’on

veuille le supprimer.

La socialisation va donc ensuite se poursuivre à l’école élémentaire. « Au travers des trois

cycles doit se construire une compétence essentielle de la vie sociale: celle du dialogue et de

l’argumentation. » Rappelons qu’à l’école élémentaire un temps de débat est prévu à l’emploi du

temps. C’est un moment pour s’exprimer mais aussi pour apprendre les règles de communication

sociale, pour apprendre à argumenter, pour apprendre à écouter les autres… nous reviendrons sur

ce thème ultérieurement.

Pour la suite de ce mémoire nous mettrons de côté la notion de norme pour nous intéresser plus

particulièrement à la notion de valeur.

3 La notion de valeur

Il me faut dans un premier temps expliciter ce que l’on appelle « valeur ». La valeur est

subjectivement ce qui est estimé ou désiré, objectivement ce qui mérite de l’estime. L’école a une

mission qui consiste à faire accéder le jeune à l’universel; l’école est la sphère médiane qui fait

passer l’homme du cercle de la famille dans le monde. Les valeurs ne sont pas hiérarchisables

Page 8: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

8

absolument. La hiérarchie axiologique est subjective, elle dépend de notre trajectoire

biographique. C’est un point important qu’il faut faire comprendre aux élèves; selon notre vécu,

nos expériences nous avons nos propres valeurs et nous accordons plus ou moins d’importance à

telle ou telle valeur. Chaque individu à sa propre échelle de valeurs.

Pour illustrer cette proposition, il est intéressant de se référer à une séquence menée par

une stagiaire, Karine Molter, assistante de C. Leleux4 dans une classe de CE1. L’enseignante

stagiaire avait comme objectif de découvrir ce qu’est une valeur, une hiérarchie de valeurs afin

d’amener l’enfant au concept de valeur. Pour cela, elle est partie d’un album intitulé Dans la forêt

vierge de Judy Allen. (ANNEXE 1) Dans une première séance, elle leur a présenté cet album et

le leur a lu. Ensuite, elle a procédé à une « cueillette » de questions à propos du récit. Cela a

permis de laisser venir les questions que se posent les enfants. Elle leur a demandé quelles

questions vous êtes vous posés en écoutant le récit et dont vous aimeriez discuter avec la classe.

Elle a inscrit toutes les questions sur une affiche. (ANNEXE 2) Ensemble, ils ont pu entreprendre

un classement des différentes questions par thème. (l’or, la fleur…). L’enseignante a ensuite

choisi de construire le concept de valeur à partir de la qualité de « précieux » et leur a demandé

pour ce faire de dresser la liste de tous les objets précieux

de l’album. Dans une quatrième séance, elle a procédé à un exercice de hiérarchisation des

valeurs. Chaque élève disposait de petites cartes représentant les dessins d’objets précieux, ils

avaient comme travail de classer ces différents dessins du moins précieux au plus précieux selon

ce qu’ils pensent. (ANNEXE 3) Cette activité avait pour but de faire prendre conscience aux

enfants de la pluralité des hiérarchies de valeurs. L’enseignante a bien voulu montrer que chacun

a sa propre échelle de valeur et l’une n’est pas meilleure que l’autre. Peut-être aurait-il été

intéressant d’essayer de construire une échelle de valeur de façon collective pour montrer

qu’ensemble on a des difficultés à construire cette échelle car de nombreux avis divergent, et il

est difficile de se mettre d’accord.

Autre question sur laquelle il est important de s’arrêter c’est quelles valeurs transmettre?

Comme nous l’avons dit, il n’y a pas a priori de bonnes valeurs. Le système éducatif, en matière

de valeurs et de normes devrait se limiter à mettre les jeunes en situation de prise de conscience

des valeurs et des normes qui sous-tendent leurs jugements et de les exercer à juger moralement

et politiquement le point de vue universel d’un citoyen du monde ou le point de vue général des

citoyens de la communauté de référence. Les enseignants ont leurs propres valeurs. Les élèves 4 D’après son livre Éducation à la citoyenneté. Apprendre les valeurs et les normes de 5 à 14 ans.

Page 9: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

9

sont à leur contact une grande partie de la semaine, ils sont pour eux un modèle. Inconsciemment,

les enfants ne vont-ils pas adhérer aux valeurs de l’enseignant? Une chose est sûre, l’école se doit

de former des citoyens qui vivent dans une république. Donc il paraît évident que l’on devra les

familiariser avec les valeurs de la République communes à tous les membres de notre pays, c’est

à dire la liberté, l’égalité et la fraternité. Ensuite, il faudra apprendre aux élèves à avoir l’esprit

critique pour juger ce qui est bien ou mal. Mais il est vrai que certains thèmes tels que le respect,

la tolérance, l’acceptation de la différence, la justice sont incontournables puisque ce sont des

notions importantes sur lesquelles se basent une société démocratique.

Un autre point m’a beaucoup interrogé. Que faire quand certaines valeurs de l’école vont

à l’encontre de celles des familles? Car nous ne l’avons pas explicité mais la famille est la

première instance de socialisation. Il est donc important que l’école établisse un contact avec elle.

Les programmes sur ce point sont formels puisqu’ils évoquent la notion de co-éducation.

Page 10: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

10

II- LA LITTERATURE DE JEUNESSE

1- définition

Il nous faut dans un premier temps expliquer ce que nous entendons par littérature. Elle

désigne l’ensemble des œuvres écrites ou orales auxquelles on reconnaît une finalité esthétique5.

Dans les textes officiels, il est exprimé: « A l’école primaire, la littérature est simplement

considérée comme un ensemble de textes dont la qualité littéraire ne fait aucun doute et que l’on

s’approprie en les lisant. ».

Je me suis intéressée plus particulièrement à la littérature de jeunesse préférant ce terme à

littérature enfantine qui peut parfois être vu comme péjoratif. Par littérature de jeunesse j’entends

tout livre publié dans une collection jeunesse et donc destiné et adapté aux jeunes enfants à cette

restriction près que je m’intéresserais uniquement aux albums et aux romans mais non aux

documentaires et aux bandes dessinées.

Comme je l’ai expliqué dans l’introduction, la socialisation peut s’effectuer par différentes

disciplines: E.P.S., Arts visuels, éducation artistique… Pourquoi avoir choisi la littérature de

jeunesse? Plusieurs raisons peuvent être invoquées. Nous les verrons ultérieurement, car il nous

faut déjà montrer que la littérature n’a depuis quelques années cessé de se développer et a pris

une place très importante au sein de l’école.

2-L’évolution de la littérature de jeunesse (historique)

La littérature de jeunesse apparaît à la fin du 17ème siècle; jusque là les enfants qui

savaient lire, c’est à dire les enfants de bourgeois et de nobles, devaient se contenter de textes

sacrés et des livres de la bibliothèque familiale, ne convenant pas vraiment à leur âge. A la fin

5 Définition issue de Littérature: album et débat d’idées de N. Miri et A. Rabani

Page 11: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

11

de ce siècle trois écrits marquent les débuts de la littérature de jeunesse: Les Fables de La

Fontaine, les « contes » de Perrault et Les Aventures de Télémaque de Fénelon. Ils s’inscrivent

dans les genres littéraires qui s’adressent aux enfants, c’est à dire des écrits didactiques et

moraux: abécédaires, fable, contes de fées, abrégés d’histoire ou de mythologie.

Dans la seconde moitié du 18ème, les dialogues et conversations, le théâtre pour la jeunesse

et les historiettes morales complètent la liste des genres. Apparaissent alors des auteurs

spécialisés dans la littérature de jeunesse telle Mme Leprince de Beaumont. (La Belle et la Bête).

A la fin du 18ème siècle apparaissent des récits longs, premières ébauches des romans qui se

développeront au 19ème et 20ème siècles. Au 19ème siècle, des auteurs s’adressent directement aux

enfants (la Comtesse de Ségur, Hector Malot), leurs romans traitant d’aventures, d’exotisme, et

véhiculant des valeurs culturelles, scientifiques ou morales. En effet, pendant la première moitié

du 19ème siècle, certains auteurs tel que Hetzel s’efforcent de définir les conditions et les objectifs

des œuvres destinées à l’enfance.

Au 20ème siècle, le marché du livre explose, les éditions enfantines se développent et cela

pour tous les âges. Cette explosion est particulièrement due à l’évolution démographique du pays,

aux progrès de la scolarisation des enfants et à l’augmentation du pouvoir d’achat des familles.

On aboutit aujourd’hui à une production très riche, des albums illustrés qui rivalisent

d’invention, de sens esthétique et d’astuces, des romans pour les lecteurs en herbes…L’essor de

cette littérature est non seulement remarquable par sa quantité, mais aussi par sa diversité et sa

richesse. Nombreux thèmes sont abordés nous le verrons ultérieurement. Les albums pour enfants

plus jeunes et les premiers romans abordent également une grande quantité de thèmes et se

démarquent par les graphismes: certains sont d’ailleurs très proches de l’art ce qui joue un grand

rôle dans les relations du texte et de l’image.

Grâce à cette fulgurante évolution, la littérature de jeunesse a pris une place importante à

l’école qui se donne pour principaux objectifs le savoir lire et le plaisir de lire. Le savoir lire est

important dans la mesure où il permet à chaque enfant d’entrer plus facilement dans une œuvre,

de la comprendre et de l‘apprécier. En effet, un enfant qui a des difficultés de lecture pourra se

décourager et laisser de côté tous ces livres et albums qu’il se sent incapable de comprendre. Car

autre objectif que se donne l’école, c’est de rendre l’enfant autonome dans ses propres choix de

lecture, mais pour cela il faut qu’on lui donne les moyens en lui faisant acquérir une bonne base

en lecture.

Page 12: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

12

3-L’intérêt de cette littérature

J’ai choisi la littérature de jeunesse pour plusieurs raisons. C’est un domaine très riche.

Elle offre au lecteur des espaces dans lesquels il peut s’évader un temps aux problèmes et

changements qui peuvent intervenir dans sa vie quotidienne ou à l’opposer, elle cherche à l’initier

aux difficultés qu’il pourrait rencontrer dans sa vie future en lui fournissant des moyens d’y faire

face. La littérature permet de nombreux plaisirs, la possibilité de voyager dans des mondes réels

ou imaginaires et un autre aspect plus qu’important, elle apporte le plaisir des mots.

Elle aborde aujourd’hui les problèmes auxquels sont confrontés ses destinataires. Les auteurs

considèrent de plus en plus leurs ouvrages comme un médium qui permet de transmettre un

message. Ainsi comme le souligne Jacques CRINON6, la littérature pour la jeunesse est de plus

en plus « intentionnelle ». Elle est « constituée de récits didactiques dont la lecture est largement

centrée sur le message qu’ils délivrent. » Nous verrons dans une autre partie quels sont les

messages qui peuvent être délivrés. Intéressons nous pour l’instant à l’acte de lecture.

A)La lecture un acte socialisé

A l’âge des apprentissages l’enfant est très égocentrique et peu tourné vers les autres. Or

l’acte de lecture est un acte socialisé (mise entre parenthèse de soi, attente de l’autre, élan vers

l’inconnu). En effet, les élèves sont autour d’un même livre, vont partager ce même moment de

lecture. Ils devront respecter certaines règles: écouter le lecteur, attendre pour exprimer son

ressenti par rapport à ce qui est lu….La lecture est un processus qui alterne entre liberté et

contrainte. Contrainte dans le sens où elle est encadrée; la communication entre le texte et le

lecteur ne peut s’établir que si elle repose sur des codes, des valeurs et des références qui leur

sont en partie communs. Il est donc important d’établir ces différents codes dès le plus jeune âge

de l’enfant, car à la maternelle la littérature de jeunesse à aussi sa place.

De plus, il semble que la littérature de jeunesse permet de multiples échanges sur

différents aspects de l’œuvre: aspect esthétique, actions et sentiments du personnage

principal…Lorsqu’un élève a lu un album ou un roman, il peut en résumer l’histoire, faire part de

6 Dans Lire les droits de l’Homme à l’école

Page 13: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

13

ses impressions à ses camarades et pourquoi pas leur donner envie de le lire à leur tour. Car aimer

lire, c’est aussi partager ce qu’on retire de ses lectures. Lors de mon stage en maternelle, j’ai

demandé aux enfants s’ils le désiraient d’apporter un livre qui leur plaisait afin de le présenter

aux autres. Ce qui m’a agréablement surprise, c’est de voir quelle attention les enfants portaient

à leur camarade qui présentait son livre. Ensuite, le livre présenté était laissé à la disposition des

élèves et beaucoup d‘entre eux allaient le feuilleter.

Toutefois, il ne faut pas rendre ces interventions systématiques ce qui pourrait rendre ce moment

lassant.

Le terme de sociabilités autour de la lecture est volontiers employé. Un texte littéraire est très

souvent polysémique et en cela il peut nous interroger. En principe, le livre refermé nous

devrions rester sur des interrogations, avoir envie, avoir besoin de les poursuivre, vouloir les

partager; effet des œuvres majeures.

Il est souvent indispensable de réagir aux contenus des ouvrages, d’en livrer son interprétation, de

la confronter à celle des autres élève. Les échanges sont l’occasion d’exercer et d’accepter des

influences, de prendre de la distance vis à vis des points de vue exprimés, dont le sien, d’en

comprendre l’origine. Une fois un livre lu, des émotions s’expriment ; la capacité à exprimer ses

points de vue et émotions et à tenir compte de ceux d’autrui, « c’est la capacité à s’insérer dans la

société, à s’y insérer sans être un simple rouage mais un véritable acteur. »7

B)UNE CULTURE PARTAGEE

La littérature de jeunesse a pris une telle ampleur qu’une liste nationale d’ouvrages pour

le cycle trois a été élaborée afin de guider les enseignants dans leur choix. Elle comporte des

« classiques de l’enfance », comme par exemple Cendrillon de Charles Perrault, Les Aventures

d’Alice au pays des merveilles de Carroll Lewis, La petite fille aux allumettes de Hans-Christian

Andersen, qui sont souvent réédités et qui constituent un patrimoine se transmettant de génération

en génération.

Un intérêt qui me semble important dans la promotion de cette liste, c’est justement la

7 D’après Entrer dans la littérature à l’école de Hubert Dupart

Page 14: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

14

possibilité de se constituer les outils d’une référence commune. « En guidant le choix des

enseignants par une liste nationale d’œuvres de références, on vise aussi à faire de la culture

scolaire une culture partagée »8. Il peut alors se constituer un patrimoine pour la classe, un

patrimoine pour le cycle qui permet d’envisager un parcours de l’élève en littérature, un

patrimoine pour l’école et pourquoi pas pour les élèves en France qui auront plaisir à partager,

retrouver des valeurs. « L’expérience de la lecture commune est une expérience qui arrache des

déterminations sociales, culturelles sans les ignorer pour autant »9. En fait l’idée est de rechercher

une sorte d’unité à travers des références communes. Il est donc important que cette culture

partagée, cette culture de base ne soit pas la culture familiale de tel groupe social. Même si on

retrouvera des inégalités. Il ne faut cependant pas généraliser le fait que tous les enfants des

familles défavorisées lisent moins. En effet, il ne faut pas prendre en compte seulement l’aspect

financier, un enfant peut avoir de nombreux livres chez lui mais cela ne veut pas dire pour autant

qu’il les consulte. Il faut surtout prendre en compte la place qu’a donné la famille au livre, quel

rapport elle entretient avec les livres. Car si les livres sont rangés dans une armoire et ne sont pas

accessibles aux enfants cela ne leur donnera pas envie de les consulter. De plus, si l’enfant n’a

pas l’habitude de voir l’ensemble de sa famille lire, il aura d’autant plus de difficultés à se

familiariser avec les livres.

Sans oublier que les œuvres à lire en classe ne sont pas limitées à l’héritage occidental.

En effet, dans la liste officielle de référence, on peut trouver des contes russes (contes russes

d’Afanassiev: l’oiseau de feu), des contes populaires noirs américains (Quand les hommes

savaient voler de Hamilton V. et Dillon L.), des contes berbères (contes berbères de Kabylie de

Mammeri M.) et bien d’autres encore. Les enfants peuvent alors découvrir leur propre culture

mais aussi la culture d’autres pays, ce qui leur permet d’apprendre à devenir tolérant vis à vis par

exemple des coutumes qu’ils ne connaissent pas.

Selon les programmes: « L’appropriation des œuvres littéraires appelle un travail sur le sens. Elle

interroge les histoires personnelles, les sensibilités, les connaissances sur le monde, les références

culturelles, les expériences des lecteurs. Elle crée l’opportunité d’échanger ses impressions sur

les émotions ressenties, d’élaborer des jugements esthétique, éthiques, philosophiques et de

remettre en cause des préjugés. Les œuvres sélectionnées permettent aux enfants d’interroger les

8 D’après Les Nouveaux Programmes du Ministère de l’Éducation Nationale 9 Citation de Jean Hébrard dans Entrer dans la littérature à l’école de Hubert Dupart

Page 15: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

15

valeurs qui organisent la vie et lui donne une signification. »

C) LA LITTERATURE : UN OUTIL MEDIATEUR

Une des grandes tendances de la littérature de jeunesse aujourd’hui est d’inscrire les récits

dans la société actuelle. Ce sont des écrits dans lesquels les enfants peuvent se retrouver

culturellement et socialement.

Nombreux romans parlent d’intégration, de racisme, de ségrégation. Comme dans les contes

traditionnels, ces romans fonctionnent selon un schéma manickéen où les méchants sont punis et

les gentils récompensés. Beaucoup de romans suivent plus ou moins le même schéma narratif. Il

s’agit de romans réalistes qui fonctionnent comme des documentaires sociaux s’inspirant de la

vie, de situations réelles et vraisemblables, ils offrent au jeune lecteur une image de la société

contemporaine dans laquelle il se retrouve et peut se repérer socialement selon sa propre

situation.

Le personnage principal vit une situation conflictuelle au début du récit: il a du mal à s’accepter,

ou n’est pas accepté par ses pairs. Il est souvent représenté comme un enfant victime de la

société. Toutefois, dans la plupart des cas, le problème du personnage principal est résolu grâce à

l’amour ou l’amitié. Autre grande caractéristique:la némésis. Le personnage lésé, brimé obtient

toujours gain de cause à la fin et justice lui est rendue. La mise en contexte de ces problèmes

sociaux souvent familiers au jeune lecteur permet une identification aisée au personnage rejeté.

Cet appel à la sensibilité du lecteur facilite la transmission de tolérance et de solidarité que les

auteurs tentent de communiquer.

Il semble important de mettre en avant l’importance du personnage principal, le héros de

l’histoire. Il est important dans le sens où comme nous l’avons dit il permet une identification

aisée du jeune lecteur. Car la représentation de l’enfant dans la littérature de jeunesse n’a évident

jamais cessé d’évoluer. A travers la littérature de fiction, on assiste à la résistible ascension du

héros enfantin d’abord comparse puis protagoniste et enfin sujet réel de l’histoire. Non pas que

l’enfant fut absent de cette littérature, au contraire dès le 18ème on ne manque pas pour des raisons

morales de louer le fils généreux ou d’épingler les enfants qui veulent se gouverner tout seuls.

Mais ces enfants ne sont souvent que des figurations de l’enfance.

On peut se rendre compte facilement que pour être sûr de captiver les enfants, c’est de leur

Page 16: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

16

permettre de se projeter dans un héros proche d’eux. Se sont alors développés de plus en plus des

héros enfantins engagés dans des aventures quotidiennes ou extraordinaires, témoins de leur

temps ou explorateur de mondes inconnus. Le héros enfantin a son royaume, sa dynastie, ses

fidèles et ses ennemis; en se projetant dans une image qui le fascine, l’enfant lecteur confronté à

ses doubles affine sa vision du monde et conquiert sa place dans une société qui le reconnaît. Il

s’agit toujours de faire vivre par procuration des enfants typés ou modèles dont les aventures vont

accompagner le jeune lecteur dans la conquête de sa personnalité.

Le personnage principal peut être d’autant plus important dans le sens où il peut jouer un

véritable rôle de médiateur. Un enfant peut avoir des difficultés à parler de lui pour évoquer ses

opinions personnelles, il est donc intéressant qu’il puisse transférer ses sentiments, ses opinions

sur ce personnage fictif; processus que l’on appelle « illusion référentielle ». Il semble et nous le

verrons plus tard que ceci peut représenter un point de départ; partir du héros, ses propres

ressentis et les utiliser pour exprimer ses propres sentiments.

Il nous faut à présent expliquer l’utilisation de la littérature de jeunesse comme outil pour dégager

et discuter des valeurs qu’elle peut évoquer.

Page 17: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

17

III- VALEURS ET LITTERATURE DE JEUNESSE

1-Les valeurs exprimées par la littérature de jeunesse

Après avoir examiné de plus près la liste nationale d’œuvres de référence destinée au

cycle trois, on peut observer qu’une grande partie des œuvres indiquées transmet une ou plusieurs

valeurs au jeune lecteur.(ANNEXE 4) Citons quelques exemples: Remue-ménage chez Madame

K de Wolf Erlbruch qui traite du bonheur, du malheur, de la solidarité et de l’amour (des autres

mais de soi même aussi), Oma, ma grand mère à moi qui évoque la cohabitation d’une grand-

mère et de son petit fils que deux générations séparent.

Plus généralement, dans la plupart des livres consacrés aux jeunes enfants, nombreux

thèmes sont abordés. Par ailleurs, dans les programmes, il est expliqué: « La littérature peut

explorer de multiples possibles. La littérature de jeunesse qu’elle soit d’hier ou d’aujourd’hui n’a

jamais manqué de mettre en jeu les grandes valeurs, de montrer comment les choix qui président

aux conduites humaines sont difficiles et comment un être de papier (comme un être de chair)

n’est jamais à l’abri des contradiction ou des conflits de valeurs qui guettent chacune de ses

décisions. » Dans la littérature de jeunesse, aucun thème n’est ignoré. Les livres nous montrent à

la fois des images d’amour, de haine, des images de notre société où l’exclusion s’aggrave. Ils

peuvent évoquer le handicap, la mort, le partage, la tolérance, l’amitié, la misère; des thèmes qui

auparavant étaient plus ou moins tabous, plus difficiles à aborder.

2-Un échange oral nécessaire: exemple du débat

Pour aborder ces grands thèmes, il faut accorder une grande importance à la

communication orale. Les enfants doivent pouvoir tous s’exprimer et échanger leurs idées. Pour

répondre à ces besoins, le débat est l’un des choix que l’on peut faire. En effet, les programmes

énoncent que des lectures communes peuvent se développer dans l’école des débats sur les

grands problèmes abordés par les écrivains comme sur l’émotion tant esthétique que morale

qu’ils offrent à leurs lecteurs. Dans le cas du débat tout l’art va consister à dépasser le stade des

Page 18: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

18

opinions pour arriver aux valeurs. Il s’agit, en effet de mettre les élèves dans des procédures de

réflexion et de débat qui les conduisent à modeler eux-mêmes leur pensée par la confrontation, le

frottement avec la pensée des autres. Il existe plusieurs formes de débat; débat mené par

l’enseignant ou débat réglé: chaque élève a un rôle précis qu’ils doivent respecter. Ce moyen est

riche car en plus de travailler sur ce qui se dégage de l’œuvre d’autres compétences interviennent

toujours liées à l’apprentissage du vivre ensemble. En effet, pendant un débat certaines attitudes

sont attendues. Comme par exemple parler suffisamment fort ou attendre son tour de parole. De

plus, les élèves se doivent de fournir un ou plusieurs arguments à leur proposition, écouter les

arguments des autres, fournir un ou plusieurs contre arguments en trouvant des objections aux

arguments apportés, identifier un ou des arguments émis et les personnes qui les ont verbalisés.

Pendant un stage en responsabilité en classe de CM1, il a été possible de mettre en œuvre

une séquence sur l’album YAKOUBA de Thierry Dedieu. (ANNEXE 5) De plus lors d’un module

transdisciplinaire, j’ai pu assister et participer à quelques séances sur ce même album dans une

autre classe de CM1. Je vais donc à présent expliquer ce j’ai pu mettre en place et analyser ce

travail.

3-Séquence mise en place à partir d’un album

A) LE CHOIX DE L ALBUM

Aujourd’hui, pour choisir un roman ou un album de nombreux outils sont à notre

disposition. Nous l’avons déjà évoquée, la liste d’œuvres de référence pour le cycle trois permet

déjà un large choix. De plus, un recueil à destination des enseignants et des écoles a été édité:

« 1001 livres pour les école », élaboré par une commission de la Direction des écoles du

Ministère de l’Éducation Nationale. Il existe aussi des revues pour leur faire connaître les

productions récentes qui proposent un éventail des derniers ouvrages édités accompagnés de

résumés. On peut citer par exemple « La revue des livres pour enfants », « Citrouille » réalisée

par l’Association des librairies spécialisées pour la jeunesse. Sans oublier, l’existence de

Page 19: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

19

nombreux sites comme celui animé par Jean-Paul Gourévitch, spécialiste de l’histoire et du

patrimoine du livre d’enfance. Bien entendu, c’est ensuite à l’enseignant d’aller consulter les

ouvrages, les lire et vérifier qu’ils s’adaptent aux objectifs qu’il s’est fixés et qu’ils répondent

bien aux programmes.

Concernant mon propre choix tout d’abord, élément important, j’ai choisi cet album car

lorsque je l’ai découvert moi-même, il m’a tout de suite séduite. Cela peut paraître évident mais

je pense que lorsque l’on propose un album ou un roman aux élèves, il faut qu’il plaise à

l’enseignant et il faut l’avoir bien lu. C’est important pour motiver ses élèves, pour leur donner

envie de découvrir l’histoire. Il paraît difficile de donner envie à des enfants de lire un ouvrage

que l’on n’apprécie pas soit même. Sans oublier que le livre en lui-même doit aussi être

susceptible de plaire et d’attirer l’attention et l’intérêt des élèves. Cela passe par l’aspect du livre:

son format, sa couverture, ses illustrations. D’ailleurs, l’album de Thierry DEDIEU propose des

illustrations très riches. (ANNEXE 6) Le graphisme ne nous laisse pas indifférent : des dessins

noirs sur fond beige, des formes sobres, épurées. Seul l’essentiel y figure: peu de détails, des

zones d’ombre, des contrastes, quelques frises évoquant les masques africains. Des sortes de

croquis de carnets de voyage qui nous conduisent, pour mieux les saisir, à entrer dans le texte.

Avant d’expliquer les séances mises en place, il me faut déjà présenter l’album.

YAKOUBA, de T. Dedieu, récit initiatique, évoque l’histoire de Yakouba, un jeune enfant africain

qui pour apporter la preuve de son courage, et réussir son entrée dans le monde noble des

guerriers et des adultes doit affronter le lion. Il part donc seul la peur au ventre. Quand il le

rencontre, celui-ci, blessé et affaibli, le met devant un vrai problème, un vrai dilemme; soit il le

tue mais sans mérite car il est faible, soit il lui laisse la vie sauve. Yakouba préfère le laisser

partir, tout en sachant que sa famille ne lui pardonnera pas. Tenu à l’écart depuis ce jour, par la

tribu, Yakouba garde le troupeau du village. Depuis ce jour, étrangement, le troupeau du village

n’est plus attaqué par les lions.

La présence de ce personnage principal a été prise en compte dans mon choix pour

permettre aux enfants de passer par ce héros pour donner leur avis personnel. Par contre,

l’identification au personnage est moins évidente dans le sens où Yakouba est un jeune africain.

La culture africaine peut être totalement inconnue de certains enfants. Mais cet aspect n’est

toutefois pas inintéressant puisqu’il peut permettre une comparaison des cultures, une

comparaison des us et coutumes et plus généralement des valeurs de deux civilisations

Page 20: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

20

différentes.

Enfin, bien évidemment j’ai aussi choisi cet album car il permet de travailler sur une

valeur qu’est le courage; le courage étant ici une condition de l’accession au statut de guerrier.

B) séance 1: Découvrir l’œuvre et la comprendre

Les objectifs que j’avais fixés étaient de lire et comprendre un récit complexe

(comprendre le dilemme qui se pose au héros, comprendre et ressentir le non-dit et les ellipses,

réussir à énoncer l’implicite), aller vers la lecture interprétative.

Avant toute chose, il a donc fallu passer par une phase de compréhension assez longue car

cet album présente un certain nombre de difficultés.

En effet, tout d’abord l’histoire se déroule dans un environnement culturel inconnu des

enfants. Ceci peut bien entendu représenter un obstacle à la compréhension car ils n’ont pas

vraiment de repères. De plus, l’auteur utilise un lexique plutôt complexe et une façon d’écrire

assez poétique. On peut aussi trouver dans le texte des ellipses qui ne facilitent pas la

compréhension. Par exemple, au début de l’histoire une fête se prépare elle permet de présenter

l’épreuve à affronter. On peut alors imaginer que cette épreuve n’est pas la première mais

l’ultime et que l’auteur a préféré jouer l’ellipse de ce qui précédait. Ceci suppose donc un travail

conséquent d’interprétation.

Le travail d’interprétation est de combler les manques, rétablir un ordre, faire des rapprochements

non signalés entre les mots du texte, les faits du texte pour pouvoir comprendre ce que l’auteur

veut nous faire passer. Deux séances ont été prévues pour ce travail. Car les élèves doivent avoir

bien assimilé le texte pour pouvoir passer à une autre activité.

Pour leur faire découvrir l’album, j’ai opté pour un dévoilement progressif alternant

lectures hautes voix de l’enseignant, lectures silencieuses de certains passages par les élèves et

analyse des illustrations.

En ce qui concerne la situation initiale, j’ai affiché au tableau la première page de

couverture photocopiée, pour amener les élèves à faire des hypothèses sur l’histoire, sur l’identité

du personnage représenté. Grâce aux indices présents sur cette première page (lance, bouclier

Page 21: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

21

personnage au crâne rasé…), ils ont très vite émis l’idée qu’il s’agissait d’une personne noire

originaire d’Afrique.

J’ai voulu dès la première séance leur faire découvrir l’intégralité du texte et j’ai pu observer que

ce fut un travail un peu fastidieux pour eux. Certains passages méritaient que l’on s’y arrête car

ils présentaient des difficultés de compréhension. Mais, très vite, les élèves ont décroché. Il aurait

donc été plus judicieux de s’arrêter au dilemme qui se pose à Yakouba, c’est à dire va-t-il tuer ou

non le lion et de leur proposer à ce moment là un travail individuel et écrit sur justement le choix

que va prendre le jeune africain. La question suivante aurait pu leur être posée: A ton avis, que va

faire Yakouba, va-t-il tuer ou non le lion? Pourquoi? Le fait de différer à la séance prochaine la

découverte du choix de Yakouba aurait produit un effet d’attente chez les élèves. Je leur avais

bien proposé une activité écrite afin de varier les modalités de travail, mais elle est arrivée un peu

tardivement, ce fut difficile de capter leur attention. Ils devaient donc répondre à la question:

Qu’aurais-tu fais à la place de Yakouba? Pourquoi? La plupart des élèves ont répondu qu’ils

auraient fait la même chose, qu’ils ne l’auraient pas tué, prétextant que le lion était trop faible et

que de toute façon il allait sans doute mourir. Certains élèves, quant à eux, ont répondu qu’ils

l’auraient tué car n’auraient pas voulu se faire rejeter par les autres membres de la tribu. Ce petit

débat nous a permis de montrer que Yakouba avait été confronté à un vrai dilemme, comme nous

il a dû peser le pour et le contre pour prendre une décision.

C) Séance 2: mise en place d’un débat

Les objectifs de cette séance étaient les suivants: Dire un texte et participer à un débat (donner

son opinion, écouter les avis des autres et les respecter, argumenter ses réponses)

Lors de cette deuxième séance, nous sommes revenus sur le texte, je voulais m’assurer

que tous les élèves avaient bien tout compris avant d’entamer un débat. Quelques questions de

compréhension leur ont donc été posées.

Ensuite, nous avons pu passer à une autre activité que permet l’œuvre Yakouba qu’est le

travail de diction. Il me semble que ce travail peut permettre à certains élèves de mieux

comprendre le texte. C’est pour cette raison que lorsque l’on fait découvrir une œuvre aux

enfants, il est préférable que ce soit l’enseignant qui lise à haute voix le texte, surtout en ce qui

Page 22: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

22

concerne les passages jugés difficiles. L’enseignant met le ton et surtout « n’accroche pas »

certains mots comme pourraient le faire certains enfants. La lecture est alors plus fluide et facilite

la compréhension. Bien entendu à titre de remarque, l’enseignant aura du bien étudier le texte et

se sera entraîné à le dire; c’est un travail nécessaire voire indispensable. Pour réaliser ce travail de

diction trois passages ont été choisis car très intéressants.

« Il faut apporter la preuve de son courage et seul affronter le lion. Sous un soleil de plomb marcher,

franchir les ravins, contourner les collines, se sentir rocher, forcément, herbe, bien sûr, vent, certainement, eau, très

peu. »

« Le jour comme la nuit, épier, scruter; oublier la peur qui serre le ventre, qui transfigure les ombres, rend

les plantes griffues et le vent rugissant. Attendre des heures et puis soudain. S’armer de courage, et s’élancer pour

combattre. »

« Comme tu peux le voir, je suis blessé. J’ai combattu toute la nuit contre un rival féroce. Tu n’aurais donc

aucun mal à venir à bout de mes forces. Soit tu me tues sans gloire et tu passes pour un homme aux yeux de tes

frères, soit tu me laisses la vie sauve et à tes propres yeux tu sors grandi, mais banni, tu le seras par tes pairs. Tu as

la nuit pour réfléchir. »

Chacun de ces passages dégage une atmosphère particulière (peur, difficultés, vrai dilemme)

orientant la façon dont on peut le dire. Ce qui est intéressant c’est de laisser les enfants trouver

une façon de les dire qui leur est propre. Il faut donc éviter de dire les passages avant eux car

inconsciemment ou non, ils seraient amenés à reproduire la même chose ce qui n’est pas le but

recherché.

Après avoir réalisé ce travail de diction, nous sommes revenus sur le passage qui nous fait

comprendre que Yakouba a choisi de laisser la vie sauve au lion. J’ai alors mis en place un débat

autour de la question suivante: D’après vous, Yakouba a-t-il été courageux? Cette question a été

choisie pour aborder dans un premier temps la notion de courage tout en ne s’écartant pas trop de

l’album et donc pour laisser un support aux élèves. D’après le texte ce qu’impose l’épreuve, ce

n’est pas la simple force de tuer mais plus encore le courage de risquer de mourir. L’épreuve

engage donc une alternative entre le courage (de tuer le lion ou de mourir) et la lâcheté (de ne pas

risquer de mourir). Le bénéfice de l’épreuve consiste pour le courageux en l’honneur de devenir

un guerrier reconnu, et pour le lâche, en le déshonneur de ne devenir qu’un simple berger mis à

l’écart du village. Or dans ce cas particulier, le lion est blessé; un réel dilemme s’est posé alors à

Yakouba. Selon notre propre vision, on peut voir les choses différemment. Si l’on reprend les

multiples réactions des élèves qui ont eu lieu pendant le débat par rapport à la question de départ,

Page 23: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

23

la classe se trouve partagée. Un groupe d’élèves répondait que Yakouba n’était pas courageux.

Citons quelques unes de leurs remarques.

« non, il n’a pas été courageux car il n’a pas su se battre avec le lion »

« oui, il n’a pas effectué sa mission, il n’a pas été jusqu’au bout, donc c’est un lâche »

A l’opposé, l’autre groupe pensait que Yakouba s’était montré courageux. Voici quelques une de

leurs justifications:

« Yakouba est courageux car il aurait pu tuer facilement le lion mais il ne l’a pas fait »

« Oui, c’est courageux de ne pas se battre avec un plus faible. »

« En plus, il n’a pas eu peur de se faire rejeter par les autres » (les autres membres de la tribu)

Bilan de la séance:

Tout d’abord, concernant le travail de diction, j’ai pu remarquer que la plupart des enfants

appréciaient beaucoup cette activité. Nombreux sont ceux qui se sont portés volontaires.

Par contre, pendant le débat quelques difficultés se sont présentées à moi.

Tout d’abord, les élèves avaient tendance à ne s’adresser qu’à moi. Or pendant un débat, les

élèves doivent bien entendu s’adresser à l’ensemble de la classe pour que chacun puisse rebondir

à telle ou telle proposition. Ceci je pense était dû à la disposition des élèves. Ils n’avaient pas une

vue d’ensemble mais étaient tous disposés face à moi donc naturellement c’est à moi qu’ils

s’adressaient. Passant d’une activité à l’autre je n’ai pas pensé à changer la configuration de

classe ce qui fut préjudiciable.

De plus, ce qui m’a paru difficile dans le débat est le fait de faire participer tous les élèves. En

effet, certains élèves ont des difficultés à s’exprimer devant toute la classe du fait de leur timidité

et il est vrai que l’on a tendance à interroger les élèves qui ont le doigt levé. Or ce sont toujours

les mêmes. Le débat demande donc une certaine organisation pour qu’il puisse fonctionner.

Page 24: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

24

D) Séance 3: la notion de courage

Pour cette séance les objectifs visés étaient de tenter de donner une définition du courage, mais

surtout comprendre que chaque individu à sa propre échelle de valeurs.

Pendant cette dernière séance, nous avons travaillé sur la notion de courage. Je désirais

savoir ce que pour eux désignait ce concept. Après un bref rappel sur les séances précédentes, je

leur ai posé la question: qu’est-ce que le courage? Il est vrai que cette question peut paraître

difficile car elle a tout d’une question philosophique. La notion de courage est une notion

abstraite et trouver une définition semble compliqué. Mais il me semblait intéressant de poser

cette question ainsi sans plus de précisions pour recueillir en quelque sorte leurs conceptions

initiales sur le sujet. De plus, les élèves devaient travailler seuls dans un premier temps et par

écrit. Ce travail individuel est pertinent car dans ce cas je désirais avoir chacune de leurs opinions

personnelles, si ce travail avait été effectué en collectif, certains auraient été influencés par les

propositions des autres élèves. Malgré la difficulté de cette tâche, les élèvent donnèrent des

propositions très intéressantes:

Cependant, certains d’entre eux étaient gênés par la formulation de la question, j’ai alors précisé:

qu’est-ce qu’être courageux? As-tu un jour assisté à un acte courageux?

Ensuite par groupes de quatre, ils devaient répondre aux questions, essayer d’écrire sur une

feuille blanche ce que pour eux représentait le courage puis ils devaient illustrer leurs

propositions par un ou plusieurs dessins.

En passant dans les groupes, je me suis vite aperçue de la difficulté des élèves à définir, car ils

ont donné très souvent des exemples. (le courage c’est par exemple quand on s’approche d’un

animal dangereux) Mais ceci peut être bénéfique dans le sens où on peut dépasser l’exemple en

trouvant ce qu’il y a de commun à plusieurs exemples, c’est un exercice de généralisation et

d’abstraction qui dégage un attribut du concept.

Pour la plupart des élèves, si on examine leurs propositions (ANNEXES 7, 8,9 et 10) lors de la

mise en commun, le courage c’est d’assumer un danger, vaincre sa peur. Un des groupes n’a

d’ailleurs défini le courage que par le fait de dépasser ses angoisses: vaincre la peur du vide, la

peur des ascenseurs, la peur des animaux dangereux… (ANNEXE 7) Un groupe a tenté de donner une définition mais on s’aperçoit très vite qu’ils finissent par donner

des exemples. (ANNEXE 8)

Page 25: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

25

« le courage peut être une expression : quand la maîtresse te dis que tu vas faire une

dictée et que tu n’aimes pas on te dis bon courage »

Si on analyse les dessins produits par les élèves (ANNEXE11, 12, 13), on retrouve toujours la

même idée, c’est à dire que pour être courageux, il faut assumer un danger.

Pour finir la séance, je leur ai demandé collectivement de classer les différentes situations

qu’ils m’avaient données du moins courageux au plus courageux sur une échelle de valeurs

dessinée préalablement au tableau. Très vite, les élèves ont été en désaccord. J’ai essayé

d’intervenir le moins possible. Et au bout de quelques minutes un élève m’a dit:

« Mais ce n’est pas possible, on n’arrivera jamais à se mettre d’accord on est trop

nombreux. »

Remarque intéressante puisqu’elle nous a permis de conclure. Je leur ai demandé pourquoi ils

n’arrivaient pas à se mettre d’accord pour arriver à l’idée que chaque personne a ses propres

opinions et donc que l’on a chacun sa propre échelle de valeurs.

E) Bilan général de la séquence

Dans l’ensemble, les séances que j’ai pu mettre en oeuvre m’ont paru satisfaisantes dans

la mesure où j’ai pu atteindre mes objectifs: c’est à dire leur faire comprendre que l’on peut avoir

des avis divergents sur un même sujet mais qu’il faut respecter l’opinion des autres, et qu’il est

difficile ensemble de créer une échelle de valeurs de part justement ces avis divergents. Je pense

que s’il fallait recommencer, je reprendrais à peu près la même démarche, mais je prévoirais plus

de séances car l’album comme nous l’avons vu est très riche et complexe. Il a fallu faire des

choix et laisser de côté certaines activités qui auraient pu être très enrichissantes.

Je trouve l’idée du débat très intéressante car il permet d’enrichir les arguments des

élèves. Ils ont vraiment la conviction de construire une notion ensemble car pendant le débat des

libertés leur sont accordées.

Ce qui a été le plus difficile à gérer ce fut mon intervention. Le plus dur est de savoir

quand intervenir, jusqu’où laisser les enfants s’exprimer. Cependant, d’après Miri N. et Rabany

A.10 dans le contexte des débats l’enseignant doit être plus l’accompagnateur et le garant du bon

10 D’après Littérature: album et débat d’idées.

Page 26: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

26

déroulement que « le maître à penser. » Même si le débat doit comporter quelques contraintes, il

doit pouvoir laisser aux enfants une certaine marge de liberté.

De plus, nous avons en tant qu’individu nos propres opinions sur un sujet. Il faut alors rester

neutre, c’est à dire ne pas vouloir faire dire ce que l’on voudrait entendre. Il est vrai à certains

moments j’étais tenté d’orienter leurs réponses. Certes il faut aider les élèves pour que le débat

reste bien animé mais il faut tout de même savoir s’effacer.

F) Autres pistes qui auraient pu être exploitées avec ce même album

J’ai choisi de travailler sur la notion de courage car je voulais montrer que si pour certain

un acte pouvait être qualifié de courageux pour d’autres il pouvait ne pas l’être. Il est vrai qu’à

travers ce récit d’autres thèmes auraient pu être abordés. Par exemple, on aurait pu débattre sur le

rôle des parcours initiatiques en comparant les pratiques de plusieurs pays du monde ou encore

sur la légitimité des rites de passage pour appartenir à un groupe. (par exemple, épreuves lors

d’activités sportives mais aussi malveillances commises pour être accepté par une « bande ») De

plus, il aurait pu être évoqué l’importance d’appartenir à un groupe et donc le poids de

l’exclusion ou le rôle de la communauté dans l’éducation des jeunes. Cet album est donc très

riche puisqu’il permet d’aborder un grand nombre de thèmes, il permet vraiment de nous

interroger. Toutefois, il faut faire des choix, tout ne peux pas être traité en partant du même

album car les élèves s’en lasseraient.

De plus, le module Français transdisciplinaire m’a permis de découvrir d’autres

procédures, d’autres façons de travailler sur ce même album. J’ai aussi pu comparer les

propositions qu’ont données les élèves de cette classe avec celles données par la classe avec

laquelle j’ai pu travailler en stage.

L’enseignant qui menait la séance avait choisi « la stratégie boule de neige » pour débattre

sur la notion de courage. (ANNEXE 14) C’est à dire que dans un premier temps, l’élève

travaillait seul sur la question suivante: si vous aviez été à la place de Yakouba, auriez-vous tué le

lion? Et pourquoi? Pour la même raison ce travail individuel intervient pour que les élèves ne

soient pas influencés par les propos des autres. Cette question demande à l’élève de se mettre à la

Page 27: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

27

place du personnage principal.

Ensuite, les élèves travaillaient par deux. Chaque élève devait se mettre à la place d’un

personnage, l’un à la place d’un guerrier, l’autre à la place de Yakouba. Le guerrier devait poser

ces questions à Yakouba: Pourquoi as-tu tué le lion? Pourquoi ne l’as-tu pas tué?

Ce procédé est tout à fait intéressant dans le sens où il permet vraiment à l’enfant de s’identifier

au personnage. Cela lui permet de verbaliser ce qu’il a écrit individuellement sur son cahier. De

même, le fait qu’il se trouve avec un autre camarade peut l’encourager à s’exprimer sans avoir

peur du regard de l’adulte.

Une fois ce travail terminé, les enfants se regroupaient par quatre pour discuter sur la question:

Yakouba est-il courageux ou est-il un lâche?

Les enfants se sont ensuite regroupés par douze pour répondre à la question: est-ce que Yakouba

est devenu un adulte?

Enfin dans un dernier temps, toute la classe a pu échanger ces idées.

Cette idée de « stratégie boule de neige » était tout à fait pertinente, il a vraiment permis

d’enrichir les arguments des élèves et surtout élément important il a permis à tous les élèves de

s’exprimer. En effet, même les plus timides d’entre eux ont pu à un moment ou un autre

développer leur point de vue même si ce ne fut que dans les deux voire les trois premières étapes.

Cela aurait pu être un moyen pour pallier à la difficulté rencontrée lors de mon premier débat.

Toutefois je pense qu’il aurait fallu passer un peu plus de temps sur la compréhension du texte,

avant de débattre sur les différentes questions proposées. Car on a pu s’apercevoir que certains

enfants se posaient encore de nombreuses questions. Par exemple, ils ne savaient pas si le lion

avait été blessé par la faute de Yakouba.

Dans la séance suivante, comme je l’ai fait, l’enseignant a travaillé plus particulièrement sur la

notion de courage. Pour aborder cette notion, il a réparti la classe en quatre groupes:

- un groupe qui devait sur une affiche écrire « pour nous le courage c’est… » et

compléter la phrase.

- un groupe qui devait classer différents actes du moins courageux au plus courageux sur

une échelle de valeurs.

- un groupe qui devait faire un dessin représentant une situation courageuse.

- un groupe qui devait mettre autour du mot courage tous les autres mots qui leur

passaient par la tête.

Page 28: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

28

Je trouve cette idée très judicieuse, tous les groupes travaillaient sur le même thème mais

de façon différente. La mise en commun est alors d’autant plus intéressante. En effet, chaque

groupe présente un travail différent ce qui rend cette mise en commun plus attrayante, plus

vivante. Cela a vraiment permis de garder l’attention de l’ensemble des élèves car ils étaient

curieux de voir ce qu’avaient produit leurs camarades.

De même à l’intérieur de chaque groupe chaque élève avait un rôle particulier, ils devaient alors

s’autoréguler: un élève était le « maître du temps,» un autre était le « gardien du silence, » un

autre était le « distributeur de parole » et le dernier était le scribe. Les élèves se sentaient alors

responsable ils étaient alors tous très actifs au sein des groupes. Car on sait bien que lorsque l’on

fait un travail de groupe, certains élèvent sont totalement effacés et laissent les autres faire

l’activité.

Si l’on compare les propositions faites par ces élèves par rapport aux propositions des

élèves avec qui j’ai pu travailler, on constate la même manière de procéder pour définir cette

notion de courage. C’est à dire que les élèves ont aussi donner des exemples pour expliquer ce

qu’est être courageux. Par ailleurs les mêmes exemples ont été cités: le pompier qui sauve des

vies en bravant les flammes. La notion de danger revient donc, pour la plupart des élèves le

courage est d’assumer un danger.

Par contre, je ne pense pas que j’aurai fait travaillé un groupe sur l’échelle de valeurs. Les enfants

ont eu des difficultés à réaliser cette échelle car ils n’arrivaient pas à se mettre d’accord; ce qui

est tout à fait évident car comme nous l avons dit chaque individu à sa propre échelle de valeurs.

Comme dans ma séance je l’aurai mis à la fin pour que collectivement ils tentent de la remplir.

C’est vraiment à partir de ce moment là qu’ils auraient pu conclure qu’on ne peut pas en créer

une de façon collective.

4-Les limites de l’utilisation de la littérature comme outil

Comme nous l’avons vu précédemment la littérature de jeunesse ou plus précisément le

livre peut être utilisé comme un outil, un instrument permettant de débattre sur de nombreux

thèmes.

Le principal écueil à éviter absolument est l’utilisation abusive des livres, de la littérature

Page 29: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

29

de jeunesse. En effet, il faut veiller à ne pas se cantonner dans une exploitation des livres

uniquement pour les apprentissages; il ne faut pas oublier l’idée que l’école se donne entre autres

missions de développer le goût de la lecture. La lecture doit rester un réel plaisir; le fait de

toujours questionner les élèves sur un texte peut finir par les écœurer de la littérature.

A tous les niveaux du cycle un au cycle trois, il est important de conserver des moments de

« lecture plaisir » où les élèves n’auront rien d’autre à faire que d’apprécier la lecture faite par

l’enseignant ou par un de leur pairs. L’appréciation peut bien entendu se faire de façon négative

ou positive. Les élèves ont tout à fait le droit de ne pas apprécier tel ou tel livre ce qui est

intéressant par contre c’est de leur faire argumenter leur choix.

Lors de mes différents stages, j’ai pu constater qu’à tout âge, les élèves ont un réel plaisir à

écouter une histoire, leur attention m’a agréablement surprise.

Si comme nous l’avons vu le livre semble être un très bon support, un très bon point de

départ pour évoquer certaines valeurs, il ne faut pas l’utiliser à outrance. Le fait de partir de

situations fictionnelles est intéressant car il permet à certains élèves d’exprimer leurs émotions à

travers le personnage fictif. Il faut veiller toutefois à ne pas toujours partir de situations

fictionnelles, mais essayer le plus souvent possible de partir des expériences de classe qui

peuvent être toutes aussi riches car concernant directement les élèves.

De plus, il faut éviter d’instrumentaliser la littérature. Il ne faut pas choisir un livre

exclusivement pour les débats qu’il suscitera, sa qualité littéraire s’avérant alors secondaire. Les

lectures littéraires des différents cycles doivent être choisies avec soin et organisées en parcours

logiques. Ces lectures doivent permettre aux élèves de retrouver un personnage, un thème, un

genre, un auteur, un illustrateur…car c’est par cette habitude de fréquenter les livres que l’élève

va se construire progressivement une culture. Ici on aborde un point important dans la cohérence

des lectures non évoqué précédemment. Comme il a été dit les différents ouvrages consultés

s’éclairent entre eux et renvoient les uns aux autres:il s’agit de créer des réseaux entre les livres

qui donnent sens aux lectures et aux apprentissages.

Il faut aussi faire très attention à ne pas faire dire n’importe quoi à un texte pour essayer

d’arriver à ses fins, et dégager des valeurs que l’auteur n’évoque pas ce qui dénaturerait l’œuvre.

Il a été évoqué le terme de sociabilités autour de la lecture. Il désigne bien des échanges,

une conversation mais n’implique pas à chaque fois un débat réglé. Il faut donc trouver d’autres

façons de procéder pour varier les modalités de travail.

Page 30: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

30

Nous avons donc essayé de montrer à travers ce mémoire que la littérature de jeunesse

représentait un très bon support pour évoquer certaines valeurs avec les élèves. En effet, la

plupart des œuvres évoquent de nombreux thèmes intéressants à aborder avec ceux-ci. Ils peuvent

se sentir vraiment concernés puisque le texte est adapté à leur âge et il évoque des sujets, des

thèmes très proches de leur vie quotidienne. De plus, le fait d’utiliser le débat permet de

développer de nombreuses compétences relatives au « vivre ensemble ». Ils peuvent s’exprimer

librement mais doivent tout de même respecter certaines contraintes. Ce qui est intéressant est le

fait que chaque idée va au fur et à mesure se développer et cela grâce à la contribution de chacun.

Bien évidemment, il faut veiller à ce que chaque élève exprime son opinion, ce qui n’est pas

toujours facile, nous l’avons vu.

Même si la littérature semble être un très bon support, il y a cependant des limites à ne pas

dépasser. Car certes la littérature de jeunesse peut constituer un outil de base pour aborder

certaines valeurs, cependant il ne faut pas systématiquement « l’instrumentaliser. » Ce qui fait

une œuvre, c’est sa qualité esthétique, c’est un aspect à ne pas oublier. Consulter un livre doit

rester un réel plaisir pour les enfants car une des grandes missions de l’école est bien de leur

favoriser l’accès aux livres et de leur donner le goût de lire. Il faut donc travailler de la sorte de

façon ponctuelle.

Ce mémoire a été pour moi très enrichissant, il m’a permis de découvrir des œuvres de la

littérature de jeunesse que je ne connaissais pas et donc d’enrichir mon propre réseau de livres.

L’enseignant doit donc se constituer un véritable répertoire d’œuvres afin qu’à tout moment il

puisse proposer à ces élèves un livre adapté. Car n’oublions pas que la littérature de jeunesse

n’est pas exclusivement réservée aux enfants…

Page 31: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

31

�BLAMPAIN D., La littérature de jeunesse pour un autre usage, Éditions Labor, 1979

�CHARMEUX E., La lecture à l’école, CEDIC, 1975

�DUBAR C., La socialisation, Armand Colin, 1991

�DUPART H., Entrer dans la littérature à l’école, Chroniques sociales, 2003

�LELEUX C., Éducation à la citoyenneté. Apprendre les valeurs et les normes de 5 à 14 ans,

De Boeck, 2000

�MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE, Les Nouveaux Programmes Qu’apprend-on

à l’école élémentaire, 2002

�MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE, Les Nouveaux Programmes Qu’apprend-on

à l’école maternelle, 2002

�MIRI N., RABANY A., Littérature: album et débat d’idées, Bordas, 2002

�TAUVERON C., Lire la littérature à l’école, Hatier, 2002

�VAN HAECHT A., L’école à l’épreuve de la sociologie, Éditions Universitaires De Boeck,

1990

Page 32: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

32

ALBUMS:

�DEDIEU T., Yakouba, album Seuil jeunesse, 1994

�ALLEN J., Dans la Forêt vierge, L’École des Loisirs, 1995

QUESQUES SITES INTERNET:

�www.ricochet-jeunes.org/sommaire.asp

�http://eduscol.education.fr

�www.citrouille.net

Page 33: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

33

Je remercie Monsieur Guineret qui a accepté de me suivre pour l’élaboration

de ce mémoire.

Page 34: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

34

ANNEXES

Page 35: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

35

ANNEXE 1

ALLEN Judy, Dans la forêt vierge, trad. P. Bertrand, illustration de BUTLER J.,

Paris, L’École des Loisirs, 1995.

Page 36: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

36

ANNEXE 1 SUITE

Page 37: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

37

ANNEXE 2

Cueillette des questions:

Page 38: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

38

ANNEXE 3 ECHELLE DE VALEUR :

Page 39: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

39

ANNEXE 4

Exemples d’ouvrages de la liste nationale de référence et thèmes pouvant être abordés:

AUTEUR TITRE DE L’OEUVRE THEMES ABORDES

DOUZOU O. et

SIMON I.

Les petits bonshommes sur le carreau La misère, l’indifférence, la honte

CHABAS J-F. et

PLACE F.

Trèfle d’or L’amitié entre deux personnes

différentes, l’esclavage

ERLBRUCH W. Remue ménage chez Madame K Bonheur, malheur, solidarité

HARTLING P. Oma, ma grand-mère à moi Cohabitation de deux générations

différentes

MORGENSTEN S et

D’ALLANCE M.

Joker Possibilité de s’interroger sur les

valeurs de l’école

RADSTROM N. et HEITZ B. Robert Le handicap, la solidarité, l’amitié

SCHADLICH H. et

HARISPE E.

Le coupeur de mots La valeur de l’échange verbal,

l’utilité des savoirs sur la langue

THIES P. Je suis amoureux d’un tigre La culture japonaise

TILLAGE L. Léon Le racisme, la ségrégation raciale

LEBEAU S. Salvador: la montagne, l’enfant e la

mangue

Le désir de vivre, les valeurs

humaines dans une famille où la

mère doit assumer la charge du

foyer

Page 40: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

40

ANNEXE 5 Yakouba De partout à la ronde,

On entend le tam-tam.

Au cœur de l’Afrique, dans un petit village, on prépare un grand festin.

C’est un jour de fête. On se maquille, on se pare.

C’est un jour sacré.

Le clan des adultes se rassemble et désigne les enfants en âge de devenir des guerriers.

Pour Yakouba, c’est un grand jour.

Il faut apporter la preuve de son courage,

et seul, affronter le lion.

Sous un soleil de plomb marcher,

franchir les ravins, contourner les collines,

se sentir rocher, forcément,

herbe, bien sûr,

vent, certainement,

eau, très peu.

Le jour comme la nuit, épier, scruter;

oublier la peur qui serre le ventre,

qui transfigure les ombres, rend les plantes

griffues et le vent rugissant. Attendre

des heures et puis soudain.

S’armer de courage, et s’élancer

pour combattre.

Alors Yakouba croisa le regard du lion.

Un regard si profond qu’on aurait pu lire dans ses yeux.

« Comme tu peux le voir,

je suis blessé.

J’ai combattu toute la nuit

contre un rival féroce.

Tu n’aurais donc aucun mal

à venir à bout de mes forces.

Soit tu me tues sans gloire

et tu passes pour un homme aux yeux de tes frères,

soit tu me laisses la vie sauve

et à tes propres yeux

tu sors grandi, mais banni,

tu le seras par tes pairs.

Tu as la nuit pour réfléchir. »

Au petit matin, Yakouba ramassa sa lance, jeta un dernier regard sur le lion épuisé

Et prit le chemin du retour.

Au village, les hommes, son père, tous l’attendaient

Un grand silence accueillit Yakouba.

Ses compagnons devinrent des guerriers respectés de tous.

A Yakouba, on confia la garde du troupeau, un peu à l’écart du village.

C’est à peu près à cette époque

Que le bétail ne fut plus jamais attaqué par les lions. DEDIEU T.

Page 41: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

41

ANNEXE 6

Page 42: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

42

ANNEXE 7

Le saut à l’élastique La peur des serpents La peur du vide La peur des ascenseurs La peur du space mountain La peur de la timidité La peur du feu La peur des animaux dangereux Ex: le lion La peur de la vitesse

Page 43: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

43

ANNEXE 8

Qu’est ce que le courage? 1- Le courage peut être une expression. Ex: Quand la maîtresse te dit que tu vas faire une dictée et que tu n’aimes pas on te dit bon courage. 2- Quand on doit aller sur scène on a le trac. 3-Ex: Quand les pompiers doivent éteindre des incendies et qu’ils sauvent des vies ça c’est du courage. 4-Ex: Quand on doit passer une épreuve qui est difficile s’est du courage

Page 44: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

44

ANNEXE 9

Le courage peut être: Les pompiers ont du courage parce qu’ils sauvent des vies dans les flammes. Les policiers ont du courage parce qu’ils vont affronter des bandits. Un homme a grimpé la Tour Eiffel à mains nues, quel courage! La SPA est courageuse parce qu’elle abrite des millions voir des milliards d’animaux domestique. Les sauveteurs ont du courage parce qu’ils sauvent des vies.

Page 45: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

45

ANNEXE 10

1- protéger une vie en danger 2- Vaincre sa phobie 3- Avouer ses sentiments 4- Dire la vérité 5- faire un record 6-Aller au tableau sans avoir appris la leçon 7- Mentir à ses parents 8- Faire une règle que l’on n’a pas le droit de faire. 9- Montrer ses mauvaises notes à ses parents

Page 46: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

46

ANNEXE 11

Page 47: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

47

ANNEXE 12

Page 48: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

48

ANNEXE 13

Page 49: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

49

ANNEXE 14

Page 50: LA SOCIALISATION PAR LA LITTERATURE DE JEUNESSE€¦ · La notion de socialisation est très importante à l’école primaire. En effet, dans les programmes officiels ce concept

50

�������

Ce mémoire tente de montrer comment on peut utiliser la littérature de jeunesse comme

support de départ pour aborder les valeurs de notre société et celles d'autres sociétés. Un échange

oral est nécessaire d'où le choix du débat. Il permet à lui seul de faire acquérir aux élèves des

savoirs être. Toutefois, j'insiste sur l'écueil à éviter. En effet, il ne faut pas sans cesse

instrumentaliser la littérature de jeunesse car il faut qu'elle reste pour les enfants un réel plaisir.

On doit se donner comme priorité de susciter chez l'enfant le désir et le plaisir de lire.

����������socialisation, valeurs, littérature de jeunesse, débat, Yakouba de T. Dedieu