Au menu cette semaine

• L’actu mise à nu :

– L’influence des réseaux sociaux sur les achats aux USA

– Des mentions utiles… et inefficaces

– Cannes et l’intégration

• Point de vue : Mon ami Facebook

• Innovations et tendances :

– Un robot s’encanaille à faire du stop

– Construire sa maison en impression 3D

– Un panneau nommé Hublot

L’actu mise à nu

L’influence des réseaux sociaux sur

les achats aux USA

• Une étude menée aux USA par Google, Ogilvy et TNS* sur 3 catégories de produits montre que le volume de consommation des médias n’est pas corrélé à leur influence sur les achats.

• C’est le bouche-à-oreille qui ressort en premier 74%), suivi par les vendeurs et les points de vente (69%), YouTube (64%), Twitter (61%), Facebook (59%) et Pinterest (59%).

• Parmi les médias, c’est la presse qui sort le mieux (55%), suivie par la TV et le cinéma (51%) et le search (51%).

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Des mentions utiles…

et inefficaces

• Selon une étude officielle de l’IRMES* auprès de 1 100 personnes équipées d’un podomètre, il ressort que les 18-24 ans se déplacent à peine plus que les 65-75 ans (7 277 pas quotidiens pour les premiers, 7 136 pour les seconds) et bien moins que leurs parents. Le seuil jugé souhaitable est de 10 000 pas mais seuls 25% des Français l’atteignent…

• Les mentions pub obligatoires pour les produits gras ou sucrés, malsains pour ces couch potatoes, sont donc sensées mais peu efficaces. On comprend mieux la campagne Coca-Cola pour le Mondial. Cliquez sur l’image pour lire l’article

Cannes et l’intégration

• Les Lions Titanium et Integrated ont été décernés à Cannes la semaine dernière.

• Honda et son agence Dentsu ont raflé le premier avec "Sound of Honda/Ayrton Senna 1989", tandis que l’Integrated a été décroché par Adam & Eve DDB pour la campagne "Sorry, I spent it on myself" du magasin Harvey Nichols*.

• Seule Leo Burnett a reçu une distinction dans ce domaine pour la France, pour une campagne caritative.

• La distinction entre ces 2 récompenses reste toutefois difficile à établir…

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L’œil de Red Guy sur l’influence

médias/réseaux sociaux • Difficile de ne pas s’interroger sur les raisons qui ont

poussé les coproducteurs de cette étude à privilégier les 3 catégories de produits choisies. L’une d’elles est évidente : Google, principal sponsor, y a tout intérêt.

• Cela ne disqualifie pas d’emblée les conclusions, mais il est clair que l’automobile et les smartphones exigent une préparation et justifient de s’adresser à des experts proches. Et la 3ème catégorie est un secteur de grande consommation qui nécessite une certaine réflexion. Quid de l’achat de PQ, de piles électriques ou de biscuits ? Généraliser les niveaux atteints par YouTube ou FB est donc douteux, ou au mieux hâtif...

• Cela ignore surtout le fait que les parcours d’achat sont un grand zig-zag qui dépendent des catégories, mais aussi des individus. Oui, les réseaux sociaux influencent des achats, mais auprès de qui et pour quoi ?

Point de vue :

Mon ami Facebook

Les amitiés sur Facebook sont-elles superficielles ?

• Quid de l’authenticité des liens ? C’est un argument que l’on

retrouve souvent chez les détracteurs du réseau social.

• Le philosophe André Comte-Sponville, à qui ses enfants avaient

créé un compte à son insu et qui s’était vu proposer 3 invitations

de personnes inconnues dans la foulée, reproche à Facebook ce

contre-sens de l’amitié et raconte volontiers le sentiment

d’invasion insupportable qu’il ressentit.

• Cette semaine, Red Guy s’intéresse aux contours de l’amitié sur

Facebook et s’interroge si la « souveraine et parfaite amitié » dont

parlait Montaigne y a sa place.

Aristote répond « oui » !

• « Ce n’est pas un ami celui qui est l’ami de tous ! » Si Aristote avait vécu à notre époque, nul doute qu’il se serait opposé à parler d’amitié pour caractériser les relations sur Facebook.

• Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le nombre moyen d’amis par personne sur Facebook dans le monde est estimé à 338 contacts.

• Difficile dans ces conditions de créer des liens forts et durables…

Vraiment mieux que rien ?

• En ces temps où l’individualisme semble prendre le dessus sur

les formes de liens collectifs, certains cyniques sont tentés de

dire : « mieux vaut des amis virtuels que pas d’amis du tout »…

• Pourtant, ces liens créent une dépendance affective qui se

traduit, chez certains, par de la déprime (que leurs « amis » aient

une plus belle vie qu’eux), pouvant mener jusqu’au suicide.

• C’est la raison pour laquelle les parents, mais également les

pédiatres, s’inquiètent du succès massif des réseaux sociaux, au

premier rang desquels figure Facebook…

Pourtant, certains s’enthousiasment…

• Face à cette méfiance légitime, certains intellectuels voient d’un

bon œil Facebook et s’insurgent contre l’idée que l’amitié y serait

rare et que le virtuel s’opposerait au réel.

• Pour la philosophe Anne Dalsuet, les réseaux sociaux ont permis

de mettre en place une nouvelle « chronologie affective » fondée

sur l’immédiateté et le dialogue.

• Le psychiatre Pierre Tisseron va dans ce sens et affirme que la

présence physique n’est plus la seule référence. Ainsi pour les

nouvelles générations, un « chat » en ligne est tout aussi réel et

chargé d’affectivité qu’une conversation dans la rue.

Le virtuel, « riche des possibles »

• Le philosophe Pierre Levy, dans son ouvrage Qu’est-ce que le

virtuel ?, montrait que les mondes virtuels ne sont pas

dématérialisés mais riches possibles.

• Contrairement à la télévision (passive par essence, jusqu’à

nouvel ordre), l’écran d’ordinateur est interactif et invite le

spectateur inactif d’hier à se transformer en acteur.

• L’internaute est désormais « un émetteur et un créateur de

contenus, mais aussi d’affects. »

L’opposition virtuel/réel dépassée

• C’est la raison pour laquelle Pierre Levy estime que l’opposition

traditionnelle entre virtuel et réel est devenue caduque.

• Aujourd’hui la géolocalisation ou les messageries des réseaux

permettent de se retrouver à tout moment et faciliter les aller-

retour entre la vie virtuelle et la vie réelle (au point toutefois que

certains cherchent le moyen de s’extraire de cette promiscuité…).

• Les tablettes et portables nous font désormais entrer dans une

réalité augmentée, plutôt que dans un « cybermonde » cloisonné

et autocentré.

Un joli tour de force lexical

• La grande réussite des concepteurs de Facebook est sans doute d’avoir réussi à exagérer le lien qu’ils proposent de tisser sur Facebook et de le désigner par le vocable « ami ».

• En effet, au départ, Facebook proposait simplement une mise en relation entre étudiants d’une même université, mais ils ont très vite compris la force du mot et le développement qu’il pourrait leur assurer…

Une sincérité possible

• Certaines pratiques sur Facebook montrent une quête d’authenticité chez les utilisateurs de Facebook : outre la messagerie privée qui remplit cette fonction, la recherche d’amis d’enfance (ou simplement perdus de vue) ou de premières amours témoigne de cette envie de nouer et maintenir des relations réelles et sincères.

• Pour la philosophe Anne Dalsuet, « c’est une manière de revisiter son histoire personnelle, de l’enrichir des autres, de reconstituer cette herméneutique et de récit de soi…».

Facebook Stories

• Ce site relaie les histoires d’individus ayant utilisé Facebook de façon extraordinaire comme :

– Mayank Sharma, jeune indien, atteint de méningite, qui recouvre sa mémoire en échangeant avec ses amis sur Facebook.

– Sylvie qui retrouve son premier amour, Serge, rencontré à 15 ans et vit désormais avec lui.

• Les faits montrent que Facebook est aussi un lieu du réel !

Deux visions opposées

• Pour conclure, laissons se confronter deux grandes figures de la philosophie.

• Si elles n’ont pas traité directement de l’amitié sur Facebook, elles ont apporté leur contribution à la question de la technique et nous livrent des points de vue particulièrement éclairants.

• Plutôt Heidegger ou Sloterdijk ? Découvrez votre positionnement philosophique sur cette question…

L’aliénation par Heidegger ?

• Heidegger estime que les nouvelles technologies aliènent ou falsifient les relations humaines.

• Par la technologie, nous nous soucions seulement des êtres qui ne nous sont révélés que comme des objets à manipuler…

• Difficile dans ces conditions de voir Facebook comme l’outil idéal pour construire des relations amicales…

L’anthropotechnique par Sloterdijk ?

• Peter Sloterdijk pense qu’à chaque époque, nous avons été façonnés par des techniques de communication ou de transport.

• Ce qu’il désigne par anthropotechnique signifie simplement que les technologies d’une époque affectent à la fois notre être et nos comportements.

• Facebook ne nous aliènerait donc pas (pas plus que la télévision ou le train) mais participerait à notre construction.

Deux faces d’une même pièce

• En réalité, ces visions ne sont pas incompatibles.

• Sloterdijk invoque "l’effet" : sommes-nous en mesure de résister aux usages que proposent les nouvelles technologies (du moins celles qui démontrent une utilité) ?

• Heidegger, dans un contexte bien particulier, s’intéresse à "la fin" : le progrès est-il mis à profit pour satisfaire des besoins et des pulsions égoïstes ou désintéressées ? Sa réponse, très pessimiste, choisit sans appel la première option !

Un même mot indûment accaparé pour un nouveau concept

• Prétendre au désintéressement des demandes de contact sur Facebook serait naïf. C’est une évidence qu’elles sont utilitaristes, psychologiquement ou socialement gratifiantes.

• Certains se demandent si cette nouvelle forme de relation va tuer l’ancienne. Or la « vraie » amitié fait de la résistance. Et si le problème était mal posé ?

• Finalement, le plus regrettable n’est-il pas que le fondateur de Facebook se soit cru autorisé à kidnapper un mot en changeant son sens, entraînant ainsi une interrogation qui n’a peut-être pas lieu d’être…

Innovations et tendances

Un robot s’encanaille à faire du stop

• Amusant : HitchBOT est le 1er robot à voyager en autostop. Il va traverser le Canada d’est en ouest en s’aidant du pouce et de la parole, conversant même avec les altruistes qui le prendront. Attention aux botnappeurs…

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Construire sa maison en impression 3D

• Jusqu’où ira l’impression 3D ? Au moins jusqu’à la construction de bâtiments, ce qui est déjà possible avec le "minibuilder" conçu par Advanced Architecture of Catalonia (IAAC) à Barcelone.

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Un panneau nommé Hublot

• Un joli coup de l’horloger suisse Hublot qui, en plus de son statut de chronométreur officiel de la Coupe du Monde, jouit d’une visibilité unique à chaque changement de joueurs avec ce nouveau panneau très impactant.

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Index des liens

• L’influence des réseaux sociaux sur les achats aux USA : http://www.research-

live.com/news/wom-has-greatest-influence-on-purchase-decisions/4011843.article

• Des mentions utiles… et inefficaces : http://www.leparisien.fr/societe/mais-pourquoi-les-

18-24-ans-font-si-peu-de-sport-11-06-2014-3914707.php

• Cannes et l’intégration, "Sound of Honda/Ayrton Senna 1989" :

http://www.youtube.com/watch?v=cKj1RdsG8as

• Cannes et l’intégration, "Harvey Nichols – I spent it on myself" :

http://www.youtube.com/watch?v=ITyeI3YyYw8

• Un robot s’encanaille à faire du stop : http://www.nbcnews.com/tech/innovation/thumbs-

hitchbot-robot-plans-hitchhike-across-canada-n132526

• Construire sa maison en impression 3D : http://www.3ders.org/articles/20140617-

minibuilders-tiny-robots-3d-printing-structures-in-any-size.html

• Un panneau nommé Hublot : http://www.sportbuzzbusiness.fr/hublot-devoile-nouveau-

panneau-design-du-4e-arbitre-en-forme-montre-les-matchs-coupe-du-monde-2014.html

La semaine prochaine

mailto:eric@redguy.fr