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Page 1 « La vision française de l’Intelligence Economique à l’épreuve des Pays Emergents : approches bilatérales et multilatérales. » Universités de la Coopération Consulaire 29 juin 7 juillet 2010, Campus d'HEC (Jouy-en-Josas, France) Séminaire « Développer les bases de l’intelligence stratégique » Auteur : Thibault Renard Résumé : Cette publication dresse un panorama sélectif et non exhaustif de la diffusion de « l’approche française » d’Intelligence Economique au sein des pays émergents. Deux cadres sont étudiés. Le « bilatéral », avec l’analyse de trois d’entre eux : l’Indonésie, le Maroc et le Brésil. Puis le « multilatéral », avec un focus sur deux projets d’observatoires régionaux d’intelligence stratégique, dans la caraïbe et en méditerranée, « laboratoires » de coopérations et de « coopétitions » internationales. Introduction En Juin 2009, le rapport de l'association Antheios 1 dédié à la Guerre Economique qualifiait les pays émergeants de « nouveaux bataillons de la guerre économique ». L’année 2009, avec l’organisation du premier sommet des BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) et l’élargissement du G8 au G20, consacrait en effet l’apparition sur la scène économique mondiale des puissances émergentes. Une des caractéristiques de cette montée en puissance est l’appropriation, progressive ou accélérée, par ces pays des outils et méthodes occidentales d’influence et d’Intelligence Economique (IE). Se démarquant de la vision anglo-saxonne d’une compétitivité à rechercher dans le cadre d’affrontements concurrentiels, la volonté des experts français sera alors de proposer une approche différente, fondée sur une coopération par l’intelligence économique et sociale. Il s’agit ici de traduire et d’adapter les techniques et outils d’IE à la culture et aux modèles mentaux des pays émergents. L’approche française s’inscrit en effet directement dans la lignée du modèle suédois élaboré par Stevan Dedijer pour qui « la maîtrise de l’information et de la connaissance, de l’intelligence sociale est un vecteur puissant de développement, qui offre aux pays en voie de développement et aux nations émergentes la capacité réelle d’acquérir, voire de négocier l’expertise indispensable au développement endogène. » On comprend alors pourquoi ce que l’on peut qualifier aujourd’hui « d’école française de l’IE », va susciter auprès de ces nouveaux acteurs un intérêt particulier. Cette publication a pour objectif d’effectuer un panorama sélectif de la diffusion de l’approche française d’IE au sein des pays émergents. Deux cadres seront étudiés. Le premier, « bilatéral », avec l’analyse de trois pays émergents de différents continents : l’Indonésie, le Maroc et le Brésil. Le second, « multilatéral », avec la mise en place d’observatoires stratégiques régionaux, véritables « laboratoires » de coopérations qui proposeront peut-être une esquisse de ce que seront les « coopétitions » internationales de demain. 1 http://www.anteios.org/

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Cette publication dresse un panorama sélectif et non exhaustif de la diffusion de « l’approche française » d’Intelligence Economique au sein des pays émergents.

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« La vision française de l’Intelligence Economique à l’épreuve

des Pays Emergents : approches bilatérales et multilatérales. »

Universités de la Coopération Consulaire

29 juin – 7 juillet 2010, Campus d'HEC (Jouy-en-Josas, France)

Séminaire « Développer les bases de l’intelligence stratégique »

Auteur : Thibault Renard

Résumé : Cette publication dresse un panorama sélectif et non exhaustif de la diffusion de

« l’approche française » d’Intelligence Economique au sein des pays émergents. Deux cadres

sont étudiés. Le « bilatéral », avec l’analyse de trois d’entre eux : l’Indonésie, le Maroc et le

Brésil. Puis le « multilatéral », avec un focus sur deux projets d’observatoires régionaux

d’intelligence stratégique, dans la caraïbe et en méditerranée, « laboratoires » de

coopérations et de « coopétitions » internationales.

Introduction

En Juin 2009, le rapport de l'association Antheios1 dédié à la Guerre Economique qualifiait

les pays émergeants de « nouveaux bataillons de la guerre économique ». L’année 2009, avec

l’organisation du premier sommet des BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) et l’élargissement

du G8 au G20, consacrait en effet l’apparition sur la scène économique mondiale des

puissances émergentes.

Une des caractéristiques de cette montée en puissance est l’appropriation, progressive ou

accélérée, par ces pays des outils et méthodes occidentales d’influence et d’Intelligence

Economique (IE). Se démarquant de la vision anglo-saxonne d’une compétitivité à rechercher

dans le cadre d’affrontements concurrentiels, la volonté des experts français sera alors de

proposer une approche différente, fondée sur une coopération par l’intelligence économique et

sociale. Il s’agit ici de traduire et d’adapter les techniques et outils d’IE à la culture et aux

modèles mentaux des pays émergents.

L’approche française s’inscrit en effet directement dans la lignée du modèle suédois élaboré

par Stevan Dedijer pour qui « la maîtrise de l’information et de la connaissance, de

l’intelligence sociale est un vecteur puissant de développement, qui offre aux pays en voie de

développement et aux nations émergentes la capacité réelle d’acquérir, voire de négocier

l’expertise indispensable au développement endogène. » On comprend alors pourquoi ce que

l’on peut qualifier aujourd’hui « d’école française de l’IE », va susciter auprès de ces

nouveaux acteurs un intérêt particulier.

Cette publication a pour objectif d’effectuer un panorama sélectif de la diffusion de

l’approche française d’IE au sein des pays émergents. Deux cadres seront étudiés. Le premier,

« bilatéral », avec l’analyse de trois pays émergents de différents continents : l’Indonésie, le

Maroc et le Brésil. Le second, « multilatéral », avec la mise en place d’observatoires

stratégiques régionaux, véritables « laboratoires » de coopérations qui proposeront peut-être

une esquisse de ce que seront les « coopétitions » internationales de demain.

1 http://www.anteios.org/

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I. La voie bilatérale.

A. Indonésie

1. Iles, ethnies, religions : le « mix » Indonésien.

Comptant près de 240 millions d'habitants et d’importantes ressources naturelles, l’Indonésie

connaît actuellement une véritable montée en puissance qui la place comme futur acteur

majeur en Asie, aux cotés de l'Inde, de la Chine et du Japon.

Deux événements majeurs récents marquent l’entrée du pays dans la mondialisation :

l'autonomie octroyée en 1999 aux Provinces Indonésiennes suite à 30 années de centralisme,

et la transition démocratique, marquée en 2004 par l'élection pour la première fois de son

histoire d'un Président au suffrage universel. La voie est donc ouverte tant aux

investissements étrangers qu’au rapatriement de capitaux indonésiens, mais également à la

prise d’initiatives au niveau local, que ce soit par les gouvernements régionaux, les districts

ou les villages.

Comme pour de nombreux pays en Asie, la pratique de l’IE se développe dans un premier

temps majoritairement sous l’influence des savoir-faire anglo-saxons (américains et

australiens) d’intelligence marketing ou concurrentielle. A titre d’exemple, la Veille

Technologique est abordée dès les années 1990 à Bandung, lors d'un colloque également

consacré aux technologies de l'information.

Pays multi-ethnique, multi-religieux, voire « multi-insulaire » avec ses 6.000 îles habitées, les

dimensions culturelles et territoriales sont incontournables en Indonésie, plus encore que chez

ses puissants voisins. Cette situation particulière s’avère donc propice à la mise en place d’une

« fertilisation croisée » avec l’école française de l’IE qui intègre les dimensions sociales et

culturelle dans un souci de développement et de gouvernance stratégique, soit le « mix-

stratégique » cher à Stephen Dedjer.

2. L’approche française en Indonésie : via la formation universitaire,

expérimentation territoriale, diaspora et innovation.

Le début des années 2000 marque donc le début d’une coopération franco-indonésienne dans

le domaine de l’IE, ou plus précisément d’Intelligence Compétitive. Conséquence directe de

l’autonomie et à l’initiative du Gouverneur du Nord Sulawesi, se met en place une

coopération pérenne entre les acteurs de ce territoire et le Centre Recherche Rétrospective de

Marseille (CRRM), laboratoire de l’Université d’Aix-Marseille habilité depuis 1989 à délivrer

des diplômes de troisième cycle en Veille Technologique et Information Stratégique.

Dans un premier temps et dans une optique d’adaptation de la démarche d’IE, les experts

français et indonésiens travaillent sur les modèles mentaux et cognitifs, sur les savoirs tacites

des populations locales, identifient freins et leviers culturels. Parallèlement, sont conduites en

2001-2002 des missions de formation et de sensibilisation à la veille technologique et à l’IE.

L’objectif est de démontrer aux décideurs et techniciens locaux, comment, dans le nouveau

cadre institutionnel de l’autonomie, l’IE peut devenir une démarche motrice pour le

développement local.

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Une formation de niveau Bac +5 (Master) “veille et intelligence compétitive” est également

mis en place en 2002-2003 par le CRRM au sein de l’Université UNIMA du Nord Sulawesi.

Deux modules le composent : outils et méthodes de l’IE, développement de projets. L’objectif

est double. Au niveau territorial, il consiste en l’appropriation, l’adaptation et la prise

d’initiatives en matière d’IE par les étudiants. A l’échelle internationale, il s’agit de permettre

la création d’une véritable “diaspora” d’étudiants indonésiens francophiles, formés dans des

universités françaises partenaires et placés à leur retour dans des postes clés de l’industrie et

de la recherche.

Ce travaille s’accompagne de deux expérimentations. La première, de type “intelligence

territoriale” dans un district industriel de Manado (capitale du Nord Sulawesi), vise à

intensifier et renforcer les compétences dispensées par la formation. Le projet implique deux

institutions indonésiennes : l’Université UNIMA, qui porte le Master, et la KAPET,

organisme de management du développement territorial.

La seconde est centrée sur l’innovation dans une zone rurale de l’île de Sumatra Nord. Il

s’agit dans ce cas de démontrer les résultats opérationnels de la pratique de l’IE et de la veille

en favorisant la détection et la valorisation d’opportunités pour développer des activités

situées en zones rurales. Le développement de ces activités se fera par une identification des

potentiels technologiques, demandant pour cela la maitrise de la veille et de l’analyse des

sources brevets.

3. Une ambition : la diffusion et l’essaimage de l’IE au niveau national

Un premier symposium international franco-indonésien se tient les 23 et 24 juin 2004 sur le

thème de l’IE, et permet de dresser l’état d’avancement de cette coopération. Les étudiants

vont par la suite appliquer les méthodes et enseignements appris dans d’autres régions

indonésiennes (Bandung, Surabaya, Jakarta…) et les séminaires d’IE se multiplier. Cette

démarche d’expérimentation-dissémination vise à démonter que la réduction de la dépendance

stratégique des pays en développement ou émergents trouve une première réponse

opérationnelle par la formation à l’IE et à l’innovation technologique.

L’objectif est désormais de renforcer et maintenir la dynamique de coopérations entre

spécialistes français et indonésiens. L’enjeu est en effet la mise en place, à l’échelle nationale

cette fois d’une politique publique nationale d’IE. C’est dans cette optique qu’a été crée, à

l’occasion d’un symposium d’IE qui s’est tenu le 11 avril 2007 à Jakarta et avec le soutien

d’Alain Juillet, ancien Haut Responsable en chargé de l'Intelligence Economique (HRIE),

l’Institut Indonésien d’Intelligence Compétitive (IICI - Indonesian Institute for Competitive

intelligence).

Le succès de cet Institut, la richesse des coopérations franco-indonésienne, et le dynamisme

de cette « diaspora » d’experts formés à l’école française de l’IE permettra de démontrer

l’importance de l'approche française comme catalyseur du développement local, puis national.

Il s’agit ni plus ni moins pour l’Indonésie de se doter de la marge de manouvre stratégique et

les atouts indispensables dans les compétions et « coopétitions » majeures qui s’annoncent au

XXIème

siècle au sein du continent asiatique.

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B. Maroc

1. L’impulsion royale et étatique.

Au début des années 2000, l’accession au pouvoir du roi Mohamed VI annonce l’arrivée

d’une nouvelle génération de décideurs confrontés aux nouveaux enjeux de la mondialisation

et des nouvelles technologies. Les défis à relever sont majeurs : comme toute nation dotée

d’une économie émergente, le royaume du Maroc est préoccupé par la pérennisation de son

développement, la préservation de son identité entre Europe et Afrique et la recherche de

nouvelles capacités de puissance économique et culturelle.

Les Rencontres internationales à Tétouan, « Intelligence économique et veille stratégique:

défis et stratégies pour les économies émergentes » En novembre 2004 marquent la décision,

au plus haut niveau, de l’Etat de doter le Maroc d’une politique publique d’intelligence

économique nationale et territoriale. M.Rachid Talbi El Alimi, Ministre des affaires

économiques et générales et maire de Tétouan, y présente l’IE comme un instrument

d’influence, mais surtout « un outil de performance économique, un facteur de compétitivité

et de consolidation du rayonnement du Maroc au sein du concert des nations modernes ».

Ces Rencontres marquent également la volonté des acteurs économiques et politiques

marocains de construire une politique et une démarche d’intelligence économique et

stratégique adaptée à la réalité économique et sociale de leur pays. Il ne s’agit pas de copier

les modèles français ou anglo-saxons, mais bien de se situer au confluent de plusieurs cultures

soit « d’observer comme les Chinois, d’analyser comme les Français, et d’agir comme les

américains » selon les mots d’Abdelmalek Alaoui2, Président du Forum Francophone des

Affaires (FFA) au Maroc et associé-gérant d’un cabinet marocain de conseil en IE.

La clé d’entrée pour les acteurs privés et institutionnels marocains permettant l’assimilation

du concept d’IE sera la veille stratégique. Ainsi, l’Institut Marocain de l’Information

Scientifique et Technique (IMIST) effectue dès 2004 ce qui est peut-être considéré comme la

première enquête sur les besoins en information scientifique et technique et la pratique de la

veille des entreprises de cinq secteurs des industries de transformation. Il met également en

place un service de veille et d’aide à l'innovation.

La mobilisation des acteurs marocains se concrétise à l’échelle gouvernementale en janvier

2005, avec l’institution d’un centre de veille stratégique, rattaché aux services du Premier

Ministre, piloté par le Ministère Délégué chargé des Affaires Générales et Economiques et

basé à la Direction des Investissements Extérieurs. Les praticiens appartenant au secteur

privé, à l’administration et au monde de la recherche se regroupent et créent, en novembre

2006, l’Association Marocaine d’Intelligence Economique (AMIE).

De nombreuses institutions développent dès lors des structures d’IE ou de veille. A titre

d’exemple, début 2009, le Centre National de Documentation (CND), met en ligne «

Maraacid » bouquet d’une dizaine de portails de veille thématiques, concernant

principalement le développement économique, social et durable du Maroc dans son

environnement euro-méditerranéen.

2 Lors de la conférence « Développement de l’intelligence économique au Maroc » organisée par le Club « Intelligence Economique et Stratégique », le 7 avril 2009 à l’Institut d’Administration des Entreprises de Paris

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La veille stratégique dévient également l’une des priorités de l’Institut Royal des Etudes

Stratégique (IRES), outil gouvernemental de prospective stratégique et opérationnelle,

appliquée à une dizaine de domaines de veille. Il s’agit, selon son directeur Mohammed

Tawfique Mouline, « de produire de l’intelligence prospective et de la mettre à la disposition

des décideurs ».

Les grands groupes industriels marocains s’impliquent. L’Office National Des Aéroports

(ONDA) lance un service de veille stratégique visant à pressentir les opportunités, à surveiller

l’activité d’une façon permanente et à anticiper les nouvelles tendances. Le Top Management

et plus de 400 cadres de Maroc Télécom, assistent, le 12 décembre 2007, à une conférence sur

le thème « IE et Management stratégique », portant sur les enjeux de l’IE au sein de

l’Entreprise marocaine.

Enfin, face à la crise économique mondiale, le Ministère de l'Economie et des Finances crée

le Comité de Veille Stratégique, dont la première réunion se tient le 04 février 2009. Selon le

Ministère ce comité, composé de responsables émanant du secteur public, du secteur privé et

du secteur bancaire, a pour mission de « mettre en place des mécanismes de concertation et de

réactivité en prise directe avec les réalités du terrain et de définir des mesures appropriées,

ciblées et proactives ». Il se veut également une force de proposition pour le gouvernement en

vue de mieux préparer le Maroc à l'après crise, en identifiant les opportunités et les réformes

qu'il faudra accélérer. Se matérialisent ainsi la prise de conscience gouvernementale et sa

volonté de faire de l’IE un véritable outil de pilotage et de gouvernance stratégique.

2. L’apport de l’école française au Maroc : au-delà des concepts, vers la

dynamisation du secteur privé et la revitalisation des territoires.

Mohammed. Mbarki, wali de Tétouan avançait déjà en 2004, la nécessité d’une conception

marocaine de la démarche d’IE prenant en compte la richesse du socle culturel marocain,

comme avantage culturel, coopératif et concurrentiel. Il avait rappelé à cette occasion la

richesse que constitue la rencontre au Maroc, des cultures arabo-musulmanne, latino-

andalouse, africaine et française.

L’approche française va s’avérer dans un premier temps la principale source d’inspiration de

l’IE marocaine. Situation logique, puisque comme le notera Driss GUERRAOUI, Vice-

Président de l’AMIE, « L’IE est une affaire extrêmement complexe à mettre en œuvre. La

France nous sert souvent de référence pour des raisons de proximité géographique, de

profondeur des liens historiques et d’importance des échanges économiques. ».

Mais si la majorité des experts intervenants lors des colloques et séminaires qui succèderont

aux rencontres de Tétouan sont français, pour de nombreux observateurs, la coopération

franco-Marocaine en matière d’IE débute à Skhrate, près de Rabat, les 27 et 28 janvier 2006

lors du premier Forum de coopération décentralisée entre le Maroc et la France. Forum qui

retient notamment dans ses conclusions la nécessité d’une approche fondée sur l’intelligence

sociale, au service des populations et des territoires.

Selon Philippe Clerc, directeur de l’IE à l’Assemblée des Chambres Françaises de Commerce

et d’Industrie (ACFCI) et Président de l’Association Internationale Francophone d’IE

(AIFIE), « cette rencontre marque les débuts d’une approche nouvelle nécessitant de part et

d’autre, France et Maroc, une démarche d’intelligence économique et sociale pour piloter des

coopérations dans lesquelles chacun puise performances économiques, technologiques et

sociales ».

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Dès lors la coopération intergouvernementale va s’intensifier, avec notamment la formation

courte « Le rôle de l'Etat dans l'IE » de l’Ecole Nationale française d’Administration qui va

accueillir de nombreux hauts-fonctionnaires marocains.

La coopération entre institutions représentatives des acteurs privés et parapublics se concrétise

les 13 et 14 novembre 2008, lors des rencontres internationales de Rabat sur le thème de la

compétitivité : à cette occasion et en présence du HRIE Alain Juillet, l’ACFCI, signe une

convention sur l’IE avec la Fédération marocaine des Chambres de commerce, d’Industrie et

des Services (FCMCIS), à laquelle sont associées l’AIFIE et l’AMIE. L’objet de la

convention est de participer à la formation des conseillers des CCI marocaines à l’innovation

et l’IE, afin d’engager des coopérations à moyen terme permettant de rapprocher les

entreprises et de générer des projets industriels.

Ces rencontres internationales ont ainsi permis de valoriser la publication commune maroco-

française réunissant des praticiens de l’intelligence économique et territoriale des deux pays,

coordonnée par l’ACFCI et l’Agence de la Région de l’Oriental, région marocaine pionnière

en matière d’Intelligence Territoriale.

3. Territoires, entreprises, diaspora : nouvelles frontières de l’IE Marocaine.

Le Maroc s’est donc engagé de plein pied dans les compétitions et les luttes d’influences

internationales. Avec des revers, comme l’échec de la candidature de Tanger pour

l’organisation de l’exposition universelle de 2012, mais également des succès, et notamment

ceux de Maroc Telecom en Afrique subsaharienne. Les différentes composantes de

l’économie marocaine semblent donc s’être appropriée l’IE, dépassant le cadre de la veille.

Dégageant des marges de compétitivité, elles intègrent désormais l’innovation, la prospective

la gouvernance stratégique.

De nombreux écueils demeurent toutefois. En effet, si le Ministère de l’Industrie, du

Commerce et des Nouvelles Technologies s’est doté d’une cellule de veille anticipative, dont

le rôle, outre celui de la recherche et d’analyse de l’information, est à plus long terme la

diffusion de la veille stratégique au sein des entreprises, l’appropriation de l’IE par l’ensemble

des acteurs de l’économie marocaine demeure embryonnaire.

D’un bout à l’autre du spectre de l’économique de la connaissance, les défis sont également

nombreux, du recul de l’illettrisme, à celui la fuite des cerveaux. Il s’agit également de créer

une véritable dynamique avec la diaspora scientifique, technique et économique marocaine,

en situation de contribuer avec force au développement durable du Maroc.

La coopération avec l’école française de l’IE se poursuit. Les échanges entre praticiens

marocains et français ont ainsi donné lieu à un colloque scientifique sur le sujet de

l’Intelligence Territoriale qui s’est tenu en partenariat à OUJDA les 26 et 27 janvier 2009.

Organisée avec le président de l’AMIE, cette manifestation a reçu l’agrément des services du

Premier Ministre marocain, du Ministre de l’Industrie et du Ministre de l’Education. Au delà

de l’approfondissement des actions déjà engagées, c’est donc bien l’Intelligence Territoriale

qui apparait comme la « nouvelle frontière » des relations franco-marocaines en matière d’IE.

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C. Brésil

1. L’Emergence se l’IE au Brésil : modèle anglo-saxon, multinationales précurseurs.

Economie en plein décollage, géant de l’Amérique Latine, le Brésil incarne, avec la Chine et

l’Inde, un des leaders économiques et politiques à venir de la scène mondiale, si ce n’est déjà

le cas, dans le domaine agricole notamment.

Les premières initiatives formelles d´IE au Brésil émergent dans le courant des années 1990,

suite à plusieurs bouleversements politiques (institution de la démocratie en 1988) et

économiques (ouverture du commerce extérieur) qui précipitent le pays dans la compétition

mondiale au début des années 90. Cette émergence prend alors pour modèle l’Intelligence

Compétitive anglo-saxonne, et ce pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, l’attrait du modèle américain. Celui-ci insiste sur la recherche de la

compétitivité dans un environnement concurrentiel et s’avère dans un premier temps

pertinent. En effet, « d’une manière générale, la culture stratégique brésilienne est fortement

teinté d’immédiatisme et de paternaliste doublé d’une répulsion pour les conflits ouverts.

Flexibilité, adaptabilité, souplesse, réactivité et confiance en soi déterminent une disposition à

une intelligence plus tactique que stratégique connue sous le nom de jeito brasileiro » décrit

Ana Cristina Fachinelli, de l’Université de Caxias do Sul.

Ensuite, l’absence d’impulsion politique. C’est le secteur privé, et particulièrement les

multinationales installées au Brésil dont les maisons mères possèdent déjà des pratiques

établies, qui « importent » l’IE. Elles sont suivies rapidement par les multinationales

brésiliennes émergentes, qui mesurent l’atout concurrentiel majeur qu’elle représente pour la

conquête de marchés externes ou le développement d´activités á l´étranger, et par les grandes

entreprises d´Etat soumises à la concurrence comme Petrobrás ou Banco do Brasil.

Avec le regroupement en 2000 des praticiens au sein de l´ABRAIC (Association Brésilienne

des Analystes d´Intelligence Compétitive) qui organise des formations et des événements

périodiques, la discipline gagne en visibilité. Mais elle se caractérise aussi, et ce encore

aujourd’hui, par une quasi-absence de politiques publiques, même si des initiatives sont

parfois lancées de façon spécifique par les Ministères, Science et Technologie et Agriculture

notamment, ou par certains Etats de la Fédération, comme l´Etat de Rio de Janeiro.

Certaines institutions publiques, telles le Centre de Gestion et d´Etudes Stratégiques (CGEE)

lié au Ministère de la Science et Technologie, ou le Secrétariat aux Sujets Stratégiques de la

Présidence de la République (SAE), créée en juillet 2008, travaillent sur de thématiques

connexes. Enfin, l´Agence de Promotion des Exportations (APEX) mène des actions de

diffusion auprès des entreprises. Mais la discipline peine à se propager au delà des grandes

entreprises. Elle reste embryonnaire au sein de l’Etat Brésilien, à cela s’ajoutant une

fragmentation due à la structure fédérale du pays. Face à ces difficultés, l’approche française

de l’IE apporte des éléments de réponse.

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2. La coopération franco-brésilienne en IE : formation, échanges et recherche.

La France a joué un rôle significatif et original dans la diffusion de pratiques d´IE au Brésil, la

coopération franco-brésilienne en IE ayant plusieurs facettes. La première est celle de la

formation. En 1996, l'Institut National de Technologie (INT), rattaché au Ministère de la

Science et de la Technologie, met en œuvre une série d'actions visant à promouvoir

l’utilisation de l’IE. Parmi elles, la signature avec l'Université Aix-Marseille et le CRRM d’un

accord de coopération.

Ce dernier vise le transfert de techniques développées sur l’Intelligence Compétitive et la

Veille Technologique pour les institutions et les entreprises brésiliennes. Il abouti à la création

d’un Cours de Spécialisation en Intelligence Compétitive (CEIC), dispensé au fil des ans à

travers tout le pays. Cette coopération impliquera au final trois institutions brésiliennes :

l´Université Fédérale de Rio de Janeiro, l´Institut Brésilien d’Information en Sciences et

Technologies (IBICT), et l’INT. Elle sera à l´origine de la formation de la première

génération de professionnels brésiliens à l´IE.

La deuxième est celle de la recherche et de la coopération scientifique. Ainsi, a partir d’un

accord de coopération entre l’Institut de la communication et des nouvelles technologies

(ICOMTEC) de Poitiers et l’Université de Caxias do Sul, située au sud du Brésil, a été conçu

le Programme Intelligence Stratégique. Ce programme a notamment travaillé à la définition

des conditions de l’émergence d’une voie brésilienne pour l’IE, appuyée sur les

caractéristiques de la culture stratégique de ce pays. Il est à noter également l’action du Centre

Franco-Brésilien de Documentation Technique et Scientifique (CenDoTeC), particulièrement

actif sur les questions d’Intelligence Territoriale et de Veille Technologique.

La troisième est celle des échanges entre professionnels du secteur privé. Ils sont désormais

possibles grâce à la commission d´Intelligence Stratégique (IS) de la Chambre de Commerce

France-Brésil (CCFB) de São Paulo. Depuis sa création en 2007, plus de 1200 personnes ont

participé aux travaux de cette commission qui organise chaque année un Séminaire

international Franco-Brésilien d'IS, avec le soutien du gouvernement (HRIE) et de diverses

entités françaises (ACFCI, CRRM). Ses objectifs sont de sensibiliser et former à la discipline

de l´IS les professionnels intéressés, et de promouvoir au service des associés de la CCFB des

rencontres et des échanges de bonnes pratique d´IS à haut niveau contribuant ainsi à diffuser

la discipline au Brésil.

Cette commission s´est donnée l´ambition de devenir un centre de référence au Brésil pour la

discipline. Le maintient de cette dynamique initiée à la fois par les professionnels du privé et

de la recherche publique sera indispensable pour y parvenir.

3. L’IE au Brésil : voie territoriale ou nationale ?

Le développement de l’IE au Brésil, soutenu depuis les années 90, est sans doute l’un des

plus inspirés du modèle anglo-saxon. L’approche française de l’IE l’a néanmoins enrichi, y

intégrant les dimensions culturelles et stratégique propres à la culture et à la géographie

brésiliennes.

Néanmoins, malgré des avancées notables, la diffusion de l’IE au sein des entreprises en

dehors des champions nationaux demeure limitée. Dans les PME les initiatives en matière

d’IE s’inscrivent d’avantage dans le cadre de groupement d’entreprises ou de « clusters »

régionaux et sectoriels, qu’en interne.

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A l’échelle de l’Etat brésilien, la mise en place d’une politique publique nationale spécifique,

à l’image du modèle français, ne semble pas être la voie retenue. Des initiatives comme celle

de l´Ecole Supérieure de Guerre (ESG) méritent cependant d’être suivies avec attention.

Basée à Rio de Janeiro, celle-ci a mis en place en 2009 un Cours Supérieur d´Intelligence

Stratégique (CSIE). Son objectif est de former annuellement une trentaine de hauts cadres de

l´Etat, civils et militaires.

« Certains experts en prospective brésiliens prédisent d’ailleurs un développement de l´IE au

niveau des Etats fédérés et des entités sectorielles, d’avantage qu´au niveau fédéral étant

donné la taille, la culture et la diversité extrême des régions brésiliennes » indique Frédérique

Donier, coordinateur de la commission d´IS de la CCFB. Ce probable développement d’une

Intelligence Territoriale brésilienne, qui constituera un véritable atout pour assoir la

compétitivité de la deuxième puissance des Amériques, aura tout à gagner d’une

intensification des échanges entre professionnels français et brésiliens.

II. L’ambition multilatérale.

A. La Francophonie, vecteur d’influence et de développement

La francophonie, au-delà de ses difficultés institutionnelles, constitue à travers ses réseaux, et

notamment ceux de la francophonie économique comme le Forum Francophone des Affaires

(FFA), un vecteur d’influence et de développement partagé non négligeable pour ses membres

et en particulier pour la France. Sans pour autant négliger les espaces lusophones ou

hispanophones, est donc apparu rapidement que le socle de la francophonie s’avérait un atout

majeur pour la construction de relations multilatérales axées sur l’Intelligence Economique.

Cette appropriation de l’IE par la communauté francophone s’est matérialisée le 24 janvier

2008, avec l’organisation par l’ACFCI à Paris d’un colloque international intitulé « IE et

francophonie, un vecteur de développement et de coopération internationale ». Neuf pays y

étaient reliés en visioconférence. Bénéficiant des soutiens de l’Organisation Internationale de

la Francophonie (OIF) et de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), cette rencontre

avait pour ambition de contribuer à l’élaboration d’une première cartographie des acteurs et

des initiatives en matière d’IE dans les pays francophones choisis, et d’identifier les intérêts à

coopérer en matière d’IE dans divers champs (économique, culturel, universitaire).

L’Association Internationale Francophone d’Intelligence économique (AIFIE) a été créée à

cette occasion. Elle regroupe désormais des praticiens de la francophonie des cinq continents.

Ayant pour objectif de promouvoir la coopération interculturelle par l'intelligence stratégique

et sociale, elle regroupe de nombreux partenaires membres de la communauté d'IE

francophone : l’Agence de l'Oriental (Maroc), l’Association internationale des écoles des

sciences de l'information (AIESI), le FFA…

Sur la base de cette communauté et s’inscrivant dans une stratégie de long terme, deux actions

multilatérales ambitieuses ont été lancées en 2008 dans deux régions du Monde, la Caraïbe et

la Méditerranée. Elles font office de « laboratoires » et utilisent l’IE comme vecteur de la

coopération internationale et du co-développement respectueux de la diversité culturelle.

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B. L’Observatoire d’Etude Stratégique de la Grande Caraïbe et du bassin

Amazonien

Les Antilles, la Caraïbe et le Bassin amazonien se situent au cœur d’enjeux géopolitiques et

stratégiques majeurs. Le développement et la cohésion sociale de ces régions requièrent, plus

qu’ailleurs peut-être, une capacité d’analyse innovante, une intelligence collective renforcée

pour partager des diagnostics, lire des menaces, anticiper des opportunités. La coopération

entre les acteurs de ces zones permet d’avancer plus confiants, notamment par l’association

des entreprises, du monde académique et de la recherche, de l’Etat et des collectivités

territoriales.

Les premières pierres destinées à installer durablement ces coopérations ont été posées les 9,

10 et 11 avril 2008 à Cayenne, à l’occasion d’un séminaire intitulé « 1ères

Rencontres

d'Intelligence Economique de la Grande Caraïbe et du bassin Amazonien » co-organisé par

l’ACFCI, les CCI de Guyane, de Martinique et de Point à Pitre, en présence du HRIE Alain

Juillet, de représentants et d’experts du Brésil, du Surinam, d’Haïti, de la République

Dominicaine et d’un représentant de l’AUF.

A cette occasion, l’ACFCI et l’AUF ont signé un protocole d’accord relatif à la création d’un

observatoire régional d'études stratégiques de la Grande Caraïbe et du Bassin Amazonien. Cet

observatoire est destiné à unir les efforts et partager des capacités d’étude et d’analyse, de

formation et de gestion de projets avec le Surinam, le Brésil, Haïti et la République

Dominicaine. Il s’agit bien de développer de nouveaux modèles pertinents de coopération, et

non de reproduire ce que les organisations internationales, comme Association des Etats de la

Caraïbe (AEC) ou la Communauté des Caraïbes (CARICOM) font déjà en matière

d’observation économique et stratégique. Les thèmes choisis seront le tourisme, transport,

industries culturelles, sécurité, harmonisation du droit des affaires (OHADAC).

Ce projet d’observatoire a également été présenté devant les ministres de l’AEC, à l’invitation

du gouvernement d’Haïti ainsi qu’à l’occasion, quelques jours plus tard, du premier colloque

organisé sur l’IE et le tourisme en République Dominicaine. Les gouvernements de ces deux

pays ont accepté de créer un bureau de l’observatoire sur leur territoire.

La création effective de cet observatoire est prévue au début 2010. Son succès permettra

d’accroître les coopérations favorables aux courants d’affaires, et ce grâce au partage de

capacités d’analyses stratégiques fondées sur la démarche et les techniques de l’IE et de la

prospective. Ce projet recueille un grand intérêt dans l’univers de la francophonie

économique, notamment dans le Grand Moyen Orient.

C. L’Observatoire d'études stratégiques de l'Union pour la Méditerranée (OESUM)

Le 13 juillet 2008 a vu la naissance de l’Union pour la Méditerranée (UPM). Plus que la

relance du processus de Barcelone, il faut voir dans cette initiative l’indispensable premier pas

vers un véritable espace euro-méditerranéen. Si la diversité de culture des pays du pourtour

méditerranéen peut constituer un obstacle, elle représente également une source d’intelligence

collective riche et essentielle, qui peut être mise au service du développement durable des

entreprises, des territoires et d’une plus grande cohésion sociale.

S’inscrivant dans cette philosophie, l’Université Complutense de Madrid, l’ACFCI et l’AIFIE

ont organisé, le 16 avril 2009 à Madrid une conférence de lancement de l’Observatoire

d’Etudes Stratégique de l’Union pour la Méditerranée (OESUM). Reprenant les principes de

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l’approche française d’IE qui prônent l’utilisation des techniques de l’intelligence

économique et sociétale, cet Observatoire a pour objet de renforcer le partenariat entre les

acteurs du développement (acteurs publics, acteurs privés, universités et praticiens) dans le

domaine de l’observation et de l’analyse au service de projets de coopération.

« Nous allons partager nos intelligences qui serviront en même temps pour une cause

commune, celle de la réduction des fractures au sein de la Méditerranée » avait déclaré à cette

occasion Philippe Clerc, président de l’AIFIE. Outil de connaissance et de savoir, présidé par

l’ancien HRIE Alain Juillet, cet observatoire se voudra également un espace d’élaboration de

projets, sur la base d’une organisation en réseau.

Parmi ses objectifs figurent entre autres l’activation d’une démarche de veille stratégique sur

des problématiques décidées en communs, la création d’outils pour améliorer la capacité

d’anticipation, de prospective et de gestion de crise; ou encore la valorisation des

interventions des partenaires et des acteurs du développement économique, culturel et social

dans le cadre de l’Union Pour la Méditerranée.

Une seconde réunion, à Paris le 4 juin 2009, a été consacrée au lancement de plusieurs

projets : la mise en place d’un dispositif d’anticipation et de résolution des risques liés à

l’insécurité politique et à ses conséquences économiques et politiques, le lancement d’un

groupe de travail sur les enjeux des industries culturelles dans l’espace méditerranéen et la

création d’une « fabrique à projets innovants » dans le domaine de l’artisanat, de l’industrie,

des services et de l’éducation. Un premier bilan d’étape est prévu début 2010.

Conclusion

Ce rapide survol de la diffusion de l’IE au sein des pays émergents valide la pertinence de

cette approche dans le cadre de la globalisation. La vision française de l’IE, qui apporte un

mode de pensée et d’action agile, capable d’articuler intelligence concurrentielle, sociale et

territoriale, constitue non seulement une méthodologie puissante d’appui au développement,

mais également un futur atout majeur pour des pays décidés à jouer les premiers rôles dans les

prochaines années, aussi bien dans un cadre de compétition que de « coopétition ».

De nombreux pays ne s’y sont pas trompés, et si la « diaspora » d’experts constituée autour de

l’école française échange déjà ses savoir-faire en matière d’intelligence économique et

territoriale avec l’Indonésie, la Maroc et le Brésil, elle coopère également avec le l’Algérie, le

Sénégal, la Chine, ou encore la Suisse, l’Espagne, la Belgique ou le Québec au Canada.

Les trois approches approche bilatérales abordées ici montrent également la diversité des

« portes d’entrée » possibles pour l’IE dans les pays émergents : formation d’experts en

Indonésie, impulsion gouvernementale au Maroc, prise de conscience des grandes entreprises

au Brésil. Elle démontre également à quel point la dimension territoriale y est incontournable,

et comment l’approche française, qui fait de la culture et des schémas de pensée autochtones

un véritable levier stratégique, permet d’y répondre.

Dans un cadre multilatéral, les projets s’inscrivent encore dans le cadre de « laboratoires » et

il est encore trop tôt pour en juger les résultats. Mais l’intérêt que ces initiatives suscitent

montre que ces nouveaux modèles de coopération proposés apportent des réponses

pertinences aux problématiques régionales. Avec déjà une constatation qui s’impose : la

Francophonie économique est sans aucun doute le prochain défi à relever pour l’école

française d’Intelligence Economique.

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Publications

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Oriental.ma n°4, 2009

T. Boudchiche, « L’Intelligence Economique au service du développement de la Région de

l’Oriental », revue Oriental.ma n°4, 2009

P. Clerc, « L'Intelligence Economique au Maroc, innover dans le développement », Les

Cahiers de l’Orient n°83, 2006

P. Clerc « 1ères Rencontres d'Intelligence Economique de la Grande Caraïbe et du Bassin

Amazonien », Lettre Actualités de l’IE et de l’Innovation de l’ACFCI, mars 2008

P. Clerc, H. Dou « L'intelligence économique en Indonésie », Magazine Regards sur l’IE n°6

et 7, 2004 et 2005

G.M. Coelho, H. Dou, L. Quoniam, « L'enseignement et la recherche sur l'intelligence

compétitive au Brésil, et la coopération franco-brésilienne. », 2008

F. Donier, « L’Intelligence Stratégique au brésil », éditorial CCFB, 2009

F. Donier « L´IE au Brésil : Un rapide aperçu sur les contributions des secteurs publics et

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H. Dou, G. Coelho, « L'enseignement de l'Intelligence Compétitive - Une expérience

internationale », revue Humanisme et Entreprise n°5, 2001

H. Dou, N.H. Manulang, X. Xa, S. Manullang, « Competitive Intelligence – Accélérateur de

Coopération », 2008

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FCMCIS (Communiqué), Bulletin hebdomadaire des informations économiques et des

activités de la FCMCIS n° 44, 2008

D. Guerraoui « Intelligence Économique et dynamique des territoires, quels enseignements

pour le Maroc ? », revue Oriental.ma n°4, 2009

Interconsulaire (Dossier), « L’Intelligence Economique, facteur de coopération », 2008

S. Manullang, « Pour un programme national d’intelligence compétitive en Indonésie pour le

développement économique », 2005

M.T. Mouline, « Intelligence Économique, prospective et veille stratégique », revue

Oriental.ma n°4, 2009

F. Munier, JM. Huissoud « La guerre économique - Rapport Antheios 2010 », PUF, 2009

OESUM, « Déclaration de Madrid », 2009

OESUM, « Déclaration de Paris », 2009

J. Queyras « L’intelligence économique territoriale dans un centre d’information du service

public : application à la coopération scientifique et universitaire franco-brésilienne », 2005

M. Semmar, « Système de veille dans l’industrie au Maroc », revue Oriental.ma n°4, 2009