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La Zone de Boxe vol 20

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En vedette Adrian Diaconu, Michelle Allen, Stéphane Désormiers, Stéphane Tessier, Jo Jo Dan, La Zone à New York avec Walid Smichet

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Magazine La Zone de Boxe 3ième année – numéro 20

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Magazine La Zone de Boxe

2755 Clermont Mascouche (Québec) J7K 1C1

[email protected] Éditeur François Picanza Rédacteur en chef Pascal Roussel Collaborateurs Samuel D-Drolet Francois Couture Jonathan Dion Joel Tripp Herby Whyne Michelle Allen Stéphane Tessier Pascal Lapointe

Correcteur/Réviseur Pascal Lapointe Véronique Lacroix Mise en pages / Infographie Martine Lalonde François Picanza Le magazine la Zone de boxe fut fondé en 2004 à Mascouche par François Picanza. Ce magazine est maintenant offert gratuitement sur le web.

La Zone de Boxe magazine

3e année, numéro 20 Avril 2008

3 – L’éditorial 4 – Le mot du médium format géant 6 – La boxe et moi : Michelle Allen 8 – Près du ring, près du cœur 10 – Entrevue avec Adrian « Le requin » Diaconu

13 – Dans la peau du gérant : Jo Jo Dan 17 – Montréal, ville de boxe ! 23 – La page du boxeur : Stéphane Tessier 26 – La Zone de Boxe à New York : Avec Smichet au Madison Square Garden

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L’éditorial La Régie en apparence de conflit ? Quoi de neuf et est-ce grave ? Dernièrement, les médias ont beaucoup parlé de la suspension de Mario Latraverse. Commissaire de la section sports de combat à la Régie, M. Latraverse a été suspendu avec solde (n’appelle-t-on pas cela des vacances lorsqu’on est payé pour ne pas travailler?) car il est soupçonné d'être en position de conflit d'intérêts. En tant que commissaire, M. Latraverse est le responsable de l'approbation des combats tenus en sol québécois et il a le pouvoir de choisir les juges et arbitres qui sont en fonction. Ses décisions pourraient être affectées par le fait qu’il dirige la Trans America Boxing, organisme qui perçoit des sanctions lors de ses combats de championnat. Bien que cette situation porte à questionner l’éthique, en quoi ce cas est-il différent aujourd’hui d’auparavant? La plupart des officiels au Québec ont des liens d’amitié ou de parenté avec l’administration de la Régie. La boxe est un petit monde. À moins que des personnes qui occupent des positions d’officiel et rendent des cartes de pointage douteuses à répétition ne soient exemptes de réprimandes à cause de leurs liens, est-ce un conflit d’intérêt? En quoi être à la tête du TAB pour le commissaire est différent du fait que son adjointe à la Régie est également à la tête du CBF? Je fais moi-même partie de quelques associations et j’écris/anime dans plusieurs médias. Nos promoteurs et entraîneurs du Québec servent également de commentateurs à la télé francophone et anglophone. Le chevauchement de positions est monnaie courante en boxe, surtout dans un marché aussi petit que le Québec. Je n’accuse, ni ne défend personne. À ma connaissance, tous ceux que je connais et mentionne ci haut me semblent de bonnes et honnêtes personnes. De plus, elles sont très bien qualifiées pour effectuer leurs fonctions respectives. Alors où doit-on tracer la ligne sur ce qui est un conflit d’intérêt grave et ce qui ne l’est pas? J’espère que l’enquête et ses décisions ne porteront pas sur le simple port de multiples chapeaux. Ce qu’il faut déterminer, c’est si ce port de multiples chapeaux protège des gens incompétents, si cela influence des décisions par buts financiers personnels ou si cela met en danger la sécurité ou la carrière des boxeurs. Bonne boxe! François Picanza Éditeur

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Le mot du médium format géant Number 20. Ce numéro du magazine est notre vingtième. Je me suis posé la question : « Y a-t-il des numéros 20 célèbres? » J’ai trouvé à peine deux réponses : Vladislav Tretiak au hockey, Frank Robinson au baseball. Alors, tentons de relever le défi, faisons de notre numéro 20 un numéro qui ira au temple de la renommée des magazines sportifs virtuels si un tel temple existe! En tout cas, moi je trouve que ce numéro 20 est notre meilleur! Aimeriez-vous savoir ce qui se passe avec Stéphane Desormiers? Retraité de la boxe ou pas? Allez voir plus loin, vous saurez. « La page du boxeur » a cette fois-ci été offerte à quelqu’un avec une histoire extraordinaire! Il a voyagé et boxé dans plusieurs pays et affronté les plus grands noms. Mais malheureusement pour lui, sa fiche victoire/défaite ne fait pas de lui une grande star de la boxe! Malgré tout, notre sympathique boxeur poids lourd québécois, Stéphane Tessier, a des choses intéressantes à raconter et qui valent la peine d’être lues. Retour de notre chronique « Dans la peau du gérant », où cette fois-ci Samuel D.-Drolet dresse un plan de carrière pour les 5 prochains combats du roumain Jo Jo Dan. Question comme cela, aimeriez-vous vous prénommer Jo Jo? Moi, je trouve que Jo Jo Dan, ça sonne bien. Je rêve au jour où Michael Buffer criera ce nom! La ligne brisée Au moment où vous lirez ces lignes, le film La Ligne brisée sera déjà sur les écrans québécois depuis plusieurs jours. J’espère que ce film sera un succès. D’ailleurs, l’auteure de ce film (et aussi de la série Le 7e round), Michelle Allen, nous explique dans ce numéro, à travers la chronique « La boxe et moi », comment elle a découvert le monde de la boxe. Une belle histoire que vous allez sûrement envier. Le Madison Square Garden Il y a des endroits mythiques comme ça. Je suis passé un jour devant le MSG sans y entrer. Quel imbécile je suis! Walis Smichet, lui, plus brillant que moi, s’y est battu contre John Duddy. Et notre collaborateur Pascal Lapointe, le plus brillant de nous trois parce qu’il y est entré et n’a pas mangé de coups, y était, sacré chanceux! Dans les prochaines pages, il vous racontera sa fin de semaine dans la Grosse Pomme où il a pu vivre les coulisses de ce combat. Et il nous en apprendra plus sur les possibilités à venir pour Walid Smichet. Pascal vous livrera aussi son point de vue sur le duel qu’il a vu de ses propres yeux. Mis à part quelques futés qui ont réussi à le voir live sur Internet, peu de fans québécois ont pu voir ce combat mais surtout avoir la chance de le vivre sur place, avec accès au boxeur en fin de soirée! Le requin Diaconu Enfin, nous l’avons attrapé ce requin! On a lancé notre ligne à l’eau plusieurs fois avant de capturer Diaconu. Notre collaborateur François Couture a finalement réussi à l’attraper et nous livre une entrevue en eaux profondes avec le requin. Puisqu’on l’avait au bout de la ligne, fallait en profiter pour lui tirer les vers du nez. (des jeux de mots en rapport avec les poissons, c’est ma spécialité car c’est mon signe astrologique… en voulez-vous encore?) Dis-nous, Adrian, pourquoi ne parles-tu pas encore le français comme Lucian?

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William Joppy le visionnaire Souvent (voire toujours), les boxeurs visiteurs qui arrivent à Montréal viennent tous pour botter le derrière de Bute, Alcine, Pascal et autres. Parfois, nos boxeurs font le même genre de discours : pensons à Sébastien Demers qui s’en allait (re-)péter la mâchoire d’Artur Abraham en Allemagne. Je ne suggère pas à William Joppy d’envisager un emploi de médium comme après carrière. Disons que cette prédiction qu’il a faite n’était pas très au point : « Montréal n’est pas vraiment connue pour la boxe. C’est une ville pour le hockey. Je vais donc lui donner (à Bute) une paire de patins après le combat, pour qu'il retourne sur la patinoire. » Dans ce numéro du magazine, un nouveau collaborateur, Jonathan Dion, tentera de lui expliquer pourquoi Montréal EST devenue une ville de boxe. Si Joppy ne sait pas lire le français, Lucian pourra toujours lui traduire. Vers un duel St-Juste contre Demers? C’est inévitable, les gens vont le demander. Plusieurs l’ont déjà suggéré à la suite de la dernière victoire éclatante de St-Juste au Centre Bell. Sébastien Demers est champion de L’IBF international, Renan St-Juste est champion WBC continental des Amériques. L’un est chez GYM, l’autre a quitté GYM pour aller chez Interbox. Les deux au même poids, chez les poids moyens. Et en coulisse, il y a une histoire entre les deux. Il est clair que ce combat ferait une guerre inoubliable. Le boxeur contre le puncheur. Les deux ont dominé Mohammad Saïd à leur façon propre. Il est facile de croire que le choix de Saïd comme adversaire de St-Juste était pour que les gens (et surtout GYM) puissent faire le jeu des comparaisons entre St-Juste et Demers. Renan est sûrement heureux comme un pape de s’être débarrassé de Saïd avec plus d’éclat que Demers ne l’a fait. Les deux boxeurs québécois, eux, voudraient-ils s’affronter? Moi, je suis certain que oui! St-Juste aurait tout à gagner, il serait si content de démontrer à GYM qu’ils auraient dû mieux s’en occuper. De son côté, Marc Seyer a une confiance inébranlable en son boxeur. Et Sébastien Demers, lui non plus, n’a peur de personne. Voici une déclaration de Demers dans un article du Journal de Montréal le 6 mars dernier : « À tout événement, j'ai déclaré au moins 10 fois que j'étais prêt à l'affronter, n'importe quand et n'importe où. St-Juste fait ses affaires et je fais les miennes, mais si un jour un combat se concrétise entre lui et moi, vous allez bien voir ce qui va se passer. » Par contre, je crois que c’est plutôt les gens au-dessus d’eux (lire ici les décideurs chez GYM) qui ne doivent pas être intéressés. Je crois que ce serait une sage décision. Pas que je crois que Demers perdrait assurément (en fait, je vois ce duel comme un pile ou face!), mais je crois que Demers peut continuer son chemin sans affronter St-Juste. Et St-Juste aussi peut continuer sans Demers. Avec la multiplication des ceintures, il y a plein de chemins possibles qui ne se croisent pas pour arriver au même objectif. Anyway, moi, personnellement, je ne saurais pour qui prendre! J’adore les deux gars! Mais de toute façon, je ne vois pas le jour au loin où un boxeur de GYM et un boxeur d’Interbox s’affronteront. Quel groupe organisera cette carte? Bisbille en vue. Alors ce combat verra t-il le jour? Je crois que ce combat se fera sur la même carte qu’Éric Lucas contre Otis Grant et Bergeron contre Cadieux… Ou peut-être le combat aura lieu le jour où les deux seront champions du monde (air connu), comme le combat Bute-Pascal. Pascal Roussel Rédacteur en chef format géant

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La boxe et moi Michelle Allen, auteure de la série « Le 7e round » et du film de boxe « La ligne brisée », à l’affiche au Québec depuis le 7 mars, nous explique comment est née son histoire d’amour avec la boxe..

MÉCHANT BAPTÊME

Leipzig, mars 2003 Je débarque à l’aéroport et je prends un taxi jusqu’à l’hôtel où Éric Lucas et toute son équipe sont installés. Malgré le décalage horaire, je me rends immédiatement au petit gym aménagé pour son entraînement où une conférence de presse a lieu. La salle est pleine à craquer quand j’arrive et Éric est au milieu du ring en train de faire de la corde à danser. Je réussis à me faufiler entre les journalistes, les amis, les caméras, les curieux. Je ne l’ai jamais vu d’aussi près. Et je n’ai jamais vu quelqu’un sauter à la corde comme ça. Il virevolte et défie la gravité avec une aisance et une désinvolture absolue. Il a commencé à perdre du poids en vue de la pesée et sa musculature me stupéfie : mais d’où lui viennent tous ces muscles? Les journalistes le bombardent de questions, les flashs des caméras le mitraillent. Il répond avec une gentillesse déconcertante. Tout le monde l’appelle Éric, comme s’il était le petit frère dont tout le monde rêve. Je viens d’atterrir sur une nouvelle planète. Jusque-là, mon intérêt pour la boxe a été celui d’une scénariste pour son nouveau sujet. À part de savoir que Mohammed Ali et les Hilton sont aux antipodes d’une même galaxie, j’ignore à peu près tout du monde dans lequel je viens d’atterrir. Mes rencontres avec Yvon Michel ont déjà commencé à me faire perdre quelques préjugés. Mais je suis à la case départ. J’ai réussi à intéresser un producteur à mon idée et il l’a vendue à un diffuseur. À partir de là, j’ai un projet de série et un projet de film. Mais il faut que je fasse mes classes. Et c’est pour ça que je suis en Allemagne. Méchant baptême. Stupéfaite devant Éric, sa stature athlétique, son regard bleu, sa timidité, son humilité, sa détermination. Durant toute la semaine qui suit, je vais de découverte en découverte. Je rencontre tous ceux qui ont la boxe tatouée sur le coeur, toutes catégories confondues. Ils sont comme les morceaux d’un puzzle que je tente d’assembler… Yvon Michel, Stéphan Larouche, Alexandra Croft, Abe Pervin, Guy Jutras, Bob Miller, d’Hans-Karl Mühlegg. Sans compter les amis, les supporters, les conseillers, les journalistes et tous ceux qui ont payé le gros prix pour être là, sur place, pour participer à la fête. Plus la semaine avance et plus l’hôtel se remplit de Québécois, ça parle français partout, le buzz augmente, ça sent la victoire. La pesée a lieu dans un magasin de voitures. Éric est transporté en Jaguar. Red carpet treatment! On comprendra plus tard que ça faisait partie de la stratégie Sauerland pour endormir la méfiance de l’adversaire. Diaconu monte sur la balance, suivi de Lucas. Clic clic. Les caméras immortalisent l’instant. Émacié et fier, Éric fait le poids et se jette sur son hamburger et sa pochette de M&Ms. Encore une fois, variation sur le même discours : l’entraînement d’Éric a été impeccable, son état de préparation est exceptionnel, Beyer ne sera pas à la hauteur, la victoire sera difficile mais inévitable.

Michelle Allen (Photo Véronique Boncompagni)

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Je ne me méfie pas. Je fais confiance. Les gens qui m’entourent connaissent le sport, ils savent… Éric se fait discret, il s’enferme dans sa chambre, sa blonde arrive, on les laisse seuls. Pendant qu’il se concentre sur son combat à venir, l’excitation continue de monter dans le corridor. Soupers, party, nuits blanches. Le vin est abondant, la bouffe agréable, chacun y va de ses anecdotes sur tel boxeur, tel combat, tel potin de vestiaire. Jusqu’aux petites heures du matin, il règne une atmosphère exaltante de camp de vacances. Nous sommes tous protégés par l’aura d’Éric, sa ceinture est notre talisman, nous en possédons tous une petite parcelle. Je m’abreuve de toute cette énergie, je ne porte plus à terre. Le fameux samedi soir tant attendu arrive. Je suis dans le lobby de l’hôtel. J’attends une voiture qui doit m’emmener au stade. Éric Lucas est assis dans l’îlot de fauteuils voisins, avec sa compagnie et Stéphan Larouche. Il est un peu moins maigre qu’à la pesée, mais

tout aussi concentré. Il m’aperçoit, me reconnaît et me demande si mon transport pour le stade a été prévu. Sinon, il m’offre de monter dans sa limousine. Je me pince pour m’assurer que je ne rêve pas. À quelques heures du combat décisif, le champion se soucie de moi! Éric est bien à la hauteur de sa légende. Sa limousine arrive, toute sa petite bande se lève, il saisit lui-même son lourd sac de sport et se dirige vers la sortie. Au stade, l’atmosphère est survoltée. Le numéro rock qui précède le combat ajoute à l’adrénaline qui coule à flot. Le combat commence. Au début, la délégation de Québécois hurle à s’arracher les cordes vocales dans l’espoir d’enterrer les Allemands, Lucas Lucas… Ton jab, ton jab… Et puis les cris diminuent et puis plus rien… Tout le monde connaît l’issue de ce combat. Défaite par décision. On vient de

voler la ceinture de notre champion. Sans le savoir, j’ai assisté à un match historique. Comme un cadeau, le paradoxe fondamental de la boxe m’a été livré d’un coup. J’ai connu l’attente, l’excitation, l’espoir, la montée d’adrénaline qui accompagne ce rituel ultime qu’est un combat de boxe. En quelques secondes, tout a basculé. Vol ou pas. La chute a été vertigineuse. Le conte de fée s’est muté en histoire d’horreur. La boxe est comme la vie. Sans pitié, cruelle, capricieuse. Tu fais tout pour que les choses se passent bien, tu crois avoir mis toutes les chances de ton côté, tu es persuadé de mériter la victoire… Mais la vie n’a rien à faire du mérite. La victoire est gratuite et souveraine … Comme l’amour ou le bonheur, comme la grâce… Il faut l’attraper au vol et dire merci… Vivre sur la corde raide. Sans filet. Tout risquer. Et accepter l’issue, avec élégance. Même la défaite. Comme Éric…. Ensuite, j’ai assisté à toutes sortes de moments inoubliables. Dorin contre Spadafora. Dorin contre Gatti. Ici, des combats avec Grant, Alcine, Pascal, Bute. Mais je n’étais plus aussi naïve et innocente. Je savais qu’aucune victoire n’est jamais gagnée d’avance et que jusqu'au dernier round, tout peut arriver. Généralement le meilleur gagne, mais pas toujours…

À ma grande surprise et pour mon plus grand bonheur, les deux projets d’écriture que j’avais initiés se sont réalisés : une série pour la télé, Le 7e round, et un long métrage, La Ligne brisée. Durant toutes ces années de travail acharné, je me suis nourrie de cette intensité. Le 7 mars, La ligne brisée va être sur les écrans. Ma joie et ma satisfaction sont grandes. Mais je reste disponible à un nouveau projet qui pourrait relancer mon histoire d’amour…

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Près du ring, près du coeur (NDLR : cet article est aussi paru dans le journal Le Trait d’Union de Terrebonne le 29 février 2008) Par Joel Tripp Après un dernier combat pour le moins difficile pendant lequel il a dû s’incliner par abandon, le boxeur professionnel de Terrebonne, Stéphane Desormiers, pense à son avenir entre les câbles. Ainsi, notre vedette locale a donc choisi, pour l’instant, de suivre l’action au bas du ring et de troquer gants et protecteur buccal contre serviettes et bouteilles d’eau.

Le retour Après sa dernière défaite aux mains du mexicain José Leonardo Corona, rares sont ceux qui auraient prédit que l’avenir de Stéphane Desormiers allait encore se jouer près d’un ring. Avec l’appui de François Chicoine, propriétaire du centre de conditionnement physique O’GYM de Mascouche, Stéphane se consacre pour l’instant à une nouvelle carrière qui s’annonce encore plus prolifique que la première : entraîneur de boxe. « J’ai du temps à consacrer au métier d’entraîneur parce que j’ai mis ma carrière en veilleuse à cause des blessures aux pieds qui m’ont empêché de performer à 100 % lors des deux dernières années. Ce ne sont que de petits os, mais cet handicap m’empêche de me déplacer convenablement entre les câbles et de transférer mon poids adéquatement quand je veux lancer des coups. Bref, je suis privé de deux outils essentiels pour un boxeur : rapidité et puissance. Tous les jours, je pense à remonter dans le ring, c’est mon instinct qui me parle. Très bientôt, je vais rencontrer des spécialistes et on devrait m’opérer. Je prendrai ensuite les décisions qui s’imposent : si mes blessures guérissent, je serai de retour pour plusieurs combats; sinon, je pourrais être tenté de monter dans le ring une dernière fois pour remercier tous mes fans », nous a-t-il raconté lorsque nous l’avons rencontré à son domicile. Les heures qui ont suivi la défaite ont été extrêmement difficiles pour Desormiers. Néanmoins, il ne se voyait pas

quitter un sport qui lui avait tant donné; c’est pourquoi il a décidé de mettre à profit sa longue expérience du pugilat. On sait que depuis quelques années, la boxe compte un nombre grandissant d’adeptes, qui sont désireux de se mettre en forme et d’apprendre les techniques de ce sport, sans toutefois éprouver le désir de se retrouver dans un contexte d’échange de coups. C’est ainsi que Stéphane et François Chicoine ont décidé de mettre sur pied un programme d’entraînement privé et semi privé afin de répondre à cette demande.

Stéphane Desormiers, le boxeur (Photo : Joel Tripp)

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« Je ne pensais jamais que mes cours jouiraient d’une telle popularité. Quand je m’entraînais de façon active, je pensais que je passais plusieurs heures au gym. Maintenant que j’ai commencé ma carrière d’entraîneur, j’y suis presque du matin au soir », nous a confié Desormiers, dont la conjointe, Karyne Barette, est sur le point d’accoucher de leur troisième enfant. Un premier combat

Bien que son programme d’entraînement vise la mise en forme, Stéphane ne ferme pas la porte aux élèves qui désirent livrer des combats dans un cadre officiel. Ainsi, lors d’un gala présenté au club de boxe Tristar de Montréal le mois dernier, il a accompagné sur le ring un jeune de Terrebonne, Simon Dufresne, pour son premier combat amateur. Desormiers ne tarit pas d’éloges à l’égard de son poulain qu’il n’entraîne que depuis quelques semaines : « Simon montre une belle rage de vaincre et une technique de boxe impressionnante malgré seulement 18 heures d’entraînement Ça a été toute une expérience, et pour lui, et pour moi. Plus de 200 de ses supporters étaient présents dans la salle et hurlaient à tout rompre pendant le combat. J’ai rarement vu ça. En ce qui me concerne, je devais être nerveux, car au moment de monter dans le ring, j’ai failli entrer à sa place! », a-t-il confié en riant. En conclusion, il ne me vient qu’une idée, Stéphane. Moi qui suis fan de longue date, je ne peux m’empêcher de penser qu’un combat, c’est bien; mais deux, c’est mieux…

Stéphane Desormiers et son boxeur Simon Dufresne (Photo : Joel Tripp)

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Entrevue avec Adrian « Le requin » Diaconu Par Francois Couture

À quelques semaines de son combat de championnat intérimaire contre l’Américain Chris Henry devant ses compatriotes roumains, le 19 avril prochain, La Zone de boxe a pu s'entretenir au téléphone avec Adrian Diaconu, entre deux séances de shadow boxing. Comme le soulignait à juste titre son entraîneur Pierre Bouchard, même si le Shark est une machine de boxe, il est aussi très émotif, il a besoin d’être heureux et de se sentir en confiance avec les gens avec qui il travaille. Mais au bout du fil, il est le même que dans le ring : il avance en ligne droite... sauf lorsqu’il parle de son amour pour la pêche! La Zone de Boxe : Pour débuter, parlez-moi un peu de votre enfance, Adrian. Adrian Diaconu : Je suis né à Ploesti-Prahova, en Roumanie, une ville grande comme Laval, disons. Mon père travaillait dans un chantier de construction; ma mère, dans les textiles. ZDB : Quel genre d’enfant étiez-vous? AD : J’étais un mauvais garçon! Je me battais avec beaucoup d’enfants dans mon quartier. Enfin, comme beaucoup de garçons, j’imagine! ZDB : Quel a été votre premier contact avec la boxe? AD : Mon père m’a amené dans un gym alors que j’avais 9 ans, en 1987. Il m’a dit : « J’en ai marre que des parents viennent sonner à ma porte pour me dire que tu as battu leurs enfants ! Ici, tu vas pouvoir te battre et dépenser ton énergie! » ZDB : Vous avez une belle fiche amateur de 218 victoires en 245 combats. Après vos médailles d’argent aux championnats du monde en 1997 et 1999, en 2000, vous avez fini cinquième aux Jeux Olympiques de Sydney, après avoir subi un K.-O. par Jorge Gutierrez. AD : Oui, l’année 2000 a été une mauvaise année pour moi et à cause de ça, j’ai décidé de devenir professionnel. À Sydney, j’ai perdu contre le boxeur cubain qui remporta ensuite la médaille d’or. Ce fut mon premier et seul K-O. Jusqu’à maintenant dans ma carrière. J’espère que ça restera comme ça longtemps! Adrian « le Shark » Diaconu (Photo Interbox) ZDB : Votre surnom, « The Shark », qui vous l’a donné? AD : C’est moi! Avant de passer chez les pros, on m’appelait « The Barbarian », mais je n’aimais pas ça du tout. Quand je suis devenu pro, un gars m’a dit qu’il fallait que je me choisisse un vrai surnom. J’avais sur moi un t-shirt que j’avais rapporté des Jeux Olympiques sur lequel figurait un requin. C’est comme ça que c’est arrivé! (rires) ZDB : En 2001, vous avez signé avec Interbox. Pourquoi avoir choisi cette organisation?

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AD : Leonard Dorin était déjà dans cette écurie. Il faut que vous sachiez que Leonard et moi avons boxé dans le même gym, à Ploesti-Prahova, alors je lui parlais beaucoup. Il m’a dit : « Viens faire un tour, pour voir si tu aimes la ville et les gens. » Alors je suis venu une première fois en 2000, en décembre, j’ai vu le combat Thobela et Hilton, je crois. J’ai beaucoup aimé le gym, les gens d’Interbox, alors j’ai décidé de venir m’établir ici avec ma femme. Nous avons eu une fille, Sarah Nicole. Elle a 5 ans. ZDB : Il y a quelques années, vous avez quitté Interbox pour aller boxer en Allemagne. Pourquoi avoir pris cette décision? AD : Vous savez, à cette époque, l’organisation Interbox n’allait pas très bien et on parlait même de faillite. Je ne me sentais pas en sécurité dans cette situation. Comme boxeur, mari et éventuellement comme père, j’étais inquiet. Je connaissais des gens en Roumanie qui avait des contacts en Allemagne, c’est pourquoi je suis allé là-bas. J’y suis resté six mois, mais je n’ai rien, rien aimé là-bas. Or, pendant cette période, Interbox s’est remise sur pied, grâce entre autres à Éric Lucas, alors j’ai décidé de revenir ici. C’était facile de prendre cette décision, je connaissais Pierre, Éric, Stéphan... J’avais commencé avec eux, après tout.

ZDB : Et vous ne regrettez pas cette décision maintenant! AD : Je ne regrette jamais mes décisions, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Je suis le seul maître de ma destinée. ZDB : Ça fait maintenant 7 ans que vous êtes arrivé; comment se déroule votre intégration à la société québécoise. AD : Ah, je me sens à la maison! Ma fille va à l’école ici, je suis aussi un résidant canadien permanent. ZDB : Est-ce que vous parliez anglais à votre arrivée?

AD : Oui, je parlais un peu anglais parce que j’avais rencontré des boxeurs de partout sur la planète

pendant les compétitions internationales. Ce fut donc assez facile pour moi de communiquer avec les gens d’ici en anglais, j’étais déjà habitué à cette langue. ZDB : Est-ce que vous prenez des cours de français depuis votre arrivée? AD : J’en ai pris il y a environ un an, mais j’ai arrêté. Vous savez, je dois beaucoup m’entraîner et j’ai aussi une petite famille dont je dois m’occuper. Il ne me reste donc plus beaucoup de temps pour autre chose. (en français) Mais je fais beaucoup d’efforts pour parler français. Pierre me parle toujours en français. Mais ce n’est pas toujours facile pour moi. Je comprends presque tout en français. ZDB : Qu’est-ce que vous faites lorsque vous ne boxez pas?

Adrian Diaconu fût le premier boxeur à envoyer André Thysse au plancher (Photo Joel Tripp)

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AD : (en français) Je suis un maniaque de pêche! Je vais au Mont-Tremblant, à la Baie James. Je suis allé au Lac Saint-Jean aussi. J’aime tous les poissons, la truite, le saumon, même le doré. Pour moi, une chaloupe est le meilleur lieu pour me déconnecter de la vie, pour relaxer. ZDB : Avez-vous essayé la pêche en hiver? AD : Oh oui! Je vais à la pêche l’été, l’hiver, j’y vais tout le temps! J’y suis allé cinq fois cet hiver, dans une pourvoirie. ZDB : Comment décririez-vous votre relation avec votre entraîneur, Pierre Bouchard? AD : Nous formons une bonne équipe (lorsque Bouchard vient le taquiner pendant l’entrevue téléphonique, Adrian l’appelle Pierrot). J’aime travailler avec lui. ZDB : Étiez-vous fâché lorsque vous avez appris que vous n’alliez pas vous battre contre Chad Dawson pour la ceinture? AD : Non, pas du tout. Quand on est un boxeur professionnel, on apprend vite que les combats sont aussi une affaire de gros sous. C’est une business. Quand j’ai battu Hoye, j’ai obtenu le titre d’aspirant obligatoire. Il ne pourra pas me fuir comme ça toute sa vie. Un jour, ce combat aura lieu. ZDB : Qu’est-ce que ça représente pour vous de retourner vous battre en Roumanie? AD : Boxer devant ma famille et mes amis, c’est une excellente motivation pour moi. ZDB : Nous avons vu ce qui s’est passé avec Leonard Dorin; vous ne ressentez aucune pression supplémentaire à l’idée de boxer devant vos compatriotes? AD : Bien sûr que je ressens une pression supplémentaire. Ce ne sera pas nécessairement facile de me battre devant les miens. J’ai des choses à leur prouver. Mais moi, je suis un boxeur qui performe très bien sous la pression. Je suis plus concentré parce que j’ai plus de motivation. ZDB : Parlez-nous un peu de votre prochain adversaire, Chris Henry. Quel genre de boxeur est-il, selon ce que vous avez pu observer? AD : Je ne sais pas encore beaucoup de choses à son sujet! J’ai vu sa fiche et ses statistiques, il semble être un boxeur puissant, car il a remporté la majorité de ses combats par K.-O (17 en 21 victoires). Ce sera un bon combat, très intéressant, parce que je suis un bon cogneur moi aussi! ZDB : Dernière question, Adrian : qu’allez-vous faire après votre carrière dans le ring? AD : Je ne pense jamais à ça. Jamais. Mais je veux rester dans le monde de la boxe, car c’est ce que j’ai fait toute ma vie.

Diaconu lors du combat où il a broyé Rico Hoye (Photo Herby Whyne)

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Dans la peau du gérant Jo Jo Dan

Par Samuel D.-Drolet Comme la plupart des amateurs de boxe, j'adore jouer les gérants d'estrade, m’amuser à « critiquer » les boxeurs, les gérants et les matchmakers en imaginant mes propres scénarios. Scénarios souvent irréalistes, vu la complexité de ce qui se passe dans les coulisses du monde de la boxe. Je vais donc tenter de devenir, l'espace d'un moment, le gérant de Jo Jo Dan en restant le plus terre à terre possible. Je vais essayer de dénicher des adversaires de qualité pour faire grimper mon poulain dans les classements tout en améliorant ses aptitudes de boxeur.

Cet exercice vise à divertir les lecteurs du magazine et non à critiquer l'équipe du pugiliste. Les adversaires retenus sont le produit de mon imagination de gérant d’estrade. N’y voyez aucun scoop! L'outil de recherche principal utilisé pour cette chronique est le site boxrec.com.

Jo Jo Dan lors de sa victoire sur Paul Delgado (Photo Herby Whyne)

Bref portrait de Jo Jo Dan Nom : Ionut Dan Ion Nationalité : Roumaine Cathégorie : 140 livres, super-léger Grandeur 5 pi 11 po Âge : 26 ans Style : Boxeur gaucher au style s’apparentant à celui de Lucian Bute. Main droite à la ceinture; le bras protège le corps et le menton trouve refuge à l’intérieur de l’épaule droite. La main arrière est à la hauteur de la mâchoire de façon à bien la protéger. Dan est un boxeur explosif, précis et rapide. Début professionnel : 21 avril 2004, victoire par K.-O. technique au deuxième round. Dernier opposant (au moment d'écrire ces lignes) : Paul Delgado (19-7-1, 4 K.-O.), victoire par K.-O, au 12e round Fiche : 19-0-0, 10 K.-O. Promoteur : Interbox Entraîneur : Pierre Bouchard

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Objectifs du gérant du jour : Depuis 2006, le protégé de Pierre Bouchard a su nous en mettre plein la vue en battant tous les adversaires qu’il a affrontés. Ces derniers cumulaient une fiche de 111 victoires (54 par mise hors combat) contre 40 défaites (22 se terminant avant le gong final) et possédaient généralement de bons curriculum vitae. À la suite de son déménagement à Montréal nous avons pu remarquer des améliorations considérables chez le jeune boxeur roumain. Dan vient tout juste de remporter son premier titre (NABA des super-légers) en carrière chez les professionnels et je crois que ce titre pourrait aider à le propulser dans les classements mondiaux. S’il bat les 5 boxeurs choisis, il aura fait face à de nombreuses situations remplies d’adversité et sera fin prêt pour les grandes ligues. Le choix des boxeurs peut sembler prudent vu les pugilistes que Dan a déjà affrontés. Cependant, le but est qu’il cumule différentes expériences afin qu’il soit des plus complets lorsqu’il frappera à la porte d’un championnat mondial.

Emanuel Augustus (35-29-6, 18 K.-O.)

À 33 ans, Augustus représente le gardien de la porte d’entrée des grandes ligues. C’est un boxeur d’expérience qui encaisse comme très peu savent le faire. Augustus a connu la guerre en affrontant notamment Mayweather fils, Ward, Diaz (David et Antonio), Dorin, Pinto, etc. Il s’est fait connaître des Québécois grâce à la performance qu’il a livrée face à Herman Ngoudjo en 2005. Lors de cet affrontement, il s’était moqué de la « Panthère noire » en boxant de façon peu orthodoxe pendant 11 rounds avant d’exploser au douzième engagement et d’envoyer le favori local au plancher. Augustus est un boxeur qui sait être intense et peut facilement arriver à faire mal paraître son adversaire. Avec Augustus, on peut faire la différence entre un boxeur de calibre mondial et un feu de paille. Contre un tel adversaire, Dan devra se servir de tous ses acquis afin de livrer une performance impeccable pour nous démontrer qu’il est de classe mondiale.

Emanuel Augustus, Ancien adversaire de Hermann Ngoudjo (Photo: boxrec.com)

Miguel Callist (24-6-1, 17 K.-O.) Originaire de Panama, Callist est un fonceur qui aime échanger coup pour coup et sait être hargneux du début à la fin de ses combats. Il cogne avec autorité comme en témoignent ses 17 mises hors de combat sur 24 victoires. Miguel est un pugiliste que l’on peut qualifier de « gambler ». Si son pourcentage de victoires acquises par K.-O. est élevé, son pourcentage de défaites obtenues de la même façon l’est tout autant. Callist ne possède pas une mâchoire en béton armé et pourrait bien faire paraître Dan malgré le fait qu’il soit lui aussi

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gaucher. En affrontant un tel adversaire, Dan devra être patient à l’attaque et appliqué en défensive. Expérimenté, Callist s’est déjà battu en combat éliminatoire et en championnat mondial WBA. Il est bien connu des Québécois car il devait affronter Léonard Dorin avant que ce dernier déclare forfait en raison de problèmes à se conformer au poids limite de 135 livres. De plus, Miguel est reconnu pour faire des déclarations incendiaires, ce qui mousserait l’évènement à souhait.

Michael Stewart (42-7-2, 23 K.-O.) Stewart est un vétéran qui compte plus d’une cinquantaine de combats en onze ans de carrière en boxe professionnelle. Certains l’ont remarqué parce qu’il a participé à la téléréalité The Contender en 2006, d’autres le connaissent pour sa victoire sur le « journeyman » québécois Sébastien Hamel. Dans le premier cas, Michael avait baissé pavillon à son deuxième combat l’opposant à l’Américain Grady Brewer. Dans le deuxième cas, Stewart avait remporté une décision partagée lors d’un affrontement de 8 rounds âprement disputé. Le style du Québécois et le fait qu’il soit gaucher ont causé bien des problèmes à celui que l’on surnomme « No Joke ». Bien que Stewart soit nettement sur le déclin, il a perdu un seul combat avant le gong final et il pourrait être en mesure de livrer de bons rounds remplis d’action. Stewart permettrait à Dan de se faire connaître davantage tout en lui apprenant certains trucs du métier pour survivre dans le ring quand, comme on dit en bon français, ça va mal à’ shop.

Michael « No Joke » Stewart ancien participant de l’émission The contender (Photo :boxrec.com)

Enrique Colin (23-4-3, 19 K.-O) Les Mexicains se sont forgé une réputation au fil des années. Réputation d’encaisseurs, de bagarreurs, de boxeurs déterminés qui ne se présentent pas simplement pour encaisser leur chèque de paye. Enrique Colin ne fait pas exception à cette règle. Bien que ses qualités athlétiques soient quelques peu limitées, il possède un bonne force de frappe et a le cœur gros comme le monde. Il donne tout ce qu’il a dans le ventre à chacune de ses présences dans l’arène et est en mesure d’éteindre les lumières de n’importe quel boxeur de 140 livres trop peu vigilant en défensive. En 2007, Colin est parvenu à soutirer une décision partagée à Michael Stewart à la suite d’un affrontement de 10 rounds. Comme Colin a déjà battu Stewart, il est un choix logique pour Dan. De plus, comme trois des quatre défaites de Colin ont été infligées par mise hors combat, l’occasion serait belle pour le boxeur roumain d’ajouter un K.-O. à sa fiche s’il boxe de façon méthodique et intelligente.

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Herman Ngoudjo (16-2-0, 9 K.-O.) Les deux boxeurs « canadiens » s’affronteraient dans un combat éliminatoire décrété par une des 4 associations majeures ou encore pour la défense d’un titre que Ngoudjo pourrait posséder. Herman est très connu au Canada. Nous avons eu la chance de suivre toute sa carrière et savons de quoi il est capable. Il a déjà participé à des évènements d’envergure, notamment contre Jose Luis Castillo, Randall Bailey et Paul Malignaggi, et sait composer avec la pression. Il a un bon bagage de boxe amateur et a rapidement su se tailler une place sur l’échiquier mondial en boxe professionnelle. Un tel combat serait à la fois une bataille tactique et une guerre sanglante. Ngoudjo a déjà affronté des boxeurs très puissants et ne s’est jamais fait passer le K.-O. en boxe professionnelle. Le mariage des deux styles en mettrait plein la vue aux spectateurs. Avec tous les outils que Jo Jo aura développés et peaufinés petit à petit, il sera en mesure de livrer un bon combat à la Panthère noire. Le résultat serait difficile à prévoir et les amateurs seraient sûrement au rendez-vous. Un tel combat serait un événement majeur sur la scène de la boxe professionnelle canadienne. À la suite de ces 5 combats, Jo Jo Dan devrait être rendu suffisamment loin, dans son évolution pugilistique, pour que l’obtention d’un titre mondial soit envisageable à court terme. J’aimerais le voir combattre en championnat du monde face à Gavin Rees, quitte à ce que mon boxeur se rendre en Angleterre pour l’affronter. Les adversaires choisis sont coriaces, intelligents et souvent durables. Jo Jo devra démontrer qu’il maîtrise bien la science de la boxe pour se rendre au bout de ses ambitions. Dan est un très bon technicien et il semble aimer boxer de façon intense. Pour atteindre ses objectifs, il devra apprendre à bien réagir lorsqu’il est frappé et à ne pas s’emporter. Il devra être davantage cérébral qu’instinctif. Dan sait être spectaculaire et livrer de belles performances, ce qui plaira aux amateurs qui ne le connaissent pas encore. Pour ceux qui le connaissent déjà, il gagnera en popularité s’il livre le meilleur de lui-même lors ces affrontements. Face à de tels adversaires, Dan sera en mesure de nous démontrer l’étendue de son talent et nous prouver qu’il est un pugiliste de calibre international.

Hermann « La panthère noire»Ngoudjo (Photo Groupe Yvon Michel)

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Montréal, ville de boxe!

Par Jonathan Dion Avec l’évolution qu’a connue la boxe à Montréal au cours des dernières années, il ne fait plus de doute que la boxe n’y a jamais été aussi en santé et qu’aucune autre ville au pays n’est près d’en faire autant. Du même coup, on entend de plus en plus dire dans les médias que Montréal est maintenant l’une des principales villes de boxe du monde, après Las Vegas. Expression galvaudée ou nouvelle réalité? Voyons ce qu’il en est réellement, sur un horizon élargi, en comparant l’état de la boxe à Montréal par rapport à ce qui se fait ailleurs. C’est du coté de l’Asie que l’on retrouve les villes plus actives en boxe, surtout au Japon, aux Philippines et en Thaïlande. À elles seules, les villes de Tokyo et d’Osaka sont l’hôte de plus de 200 galas annuellement. À l’exception des Etats-Unis, le Japon est aussi le théâtre du plus grand nombre de combats de championnat du monde, devançant l’Allemagne et la Grande-Bretagne. En Europe, les deux pays mentionnés ci-dessus se démarquent assez aisément du reste du vieux continent par la fréquence et le niveau des galas présentés, ainsi que par l’importance des revenus provenant de la télédiffusion, l’efficacité des promoteurs et le grand nombre de boxeurs d’élite qui y vivent. Les galas d’importance y sont beaucoup moins centralisés qu’en Amérique du Nord. Seule Londres se détache vraiment quant au nombre de galas qui y sont présentés avec en moyenne d’un peu plus d’une trentaine par année. Dans les îles britanniques, Londres devance les villes de Glasgow, Manchester, Birmingham, Dublin, Sheffield, Liverpool et Cardiff… ainsi que les villes allemandes de Berlin, Munich, Hambourg et Stuttgart. Il sera donc plus révélateur d’évaluer comment Montréal se compare aux principales villes de boxe d’Amérique du Nord. Fait à noter, à l’été 2007, le Ring Magazine avait qualifié Montréal de principal pôle pour la boxe professionnelle en Amérique du Nord après Las Vegas. Voici donc le portrait comparé des cinq plus importantes villes de boxe des États-Unis ainsi que de Montréal. L’analyse de l’activité des dernières années devrait nous en révéler davantage sur les forces en présence :

Atlantic City, New Jersey 6 galas en 2007 et 26 dans les trois dernières années civiles. Principaux galas en 2007 J. Taylor c. K. Pavlik J. Guzman c. H. Soto A. Gatti c. A. Gomez S. Briggs c. S. Ibragimov, K. Holt c. M. Arnaoutis Principaux boxeurs résidants S. Alvarez, M. Arnaoutis Principaux promoteurs Main Events, Duva Boxing, Star Boxing, Golden Boy Promotions

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Las Vegas, Nevada 25 galas en 2007 et 91 dans les trois dernières années civiles. Principaux galas en 2007 J.M. Marquez c. M.A. Barrera, F. Mayweather c. O. De La Hoya B. Hopkins c. W. Wright M. Pacquiao c. M.A. Barrera F. Mayweather c. R. Hatton Principaux boxeurs résidants Floyd. Mayweather, Samuel Peter, Chris Byrd, A. Raiymkulov, J.P. Mendy, T. Fields, S. Forbes, A. Williams Principaux promoteurs Top Rank, Golden Boy Promotions

Miami-Hollywood, Floride 15 galas en 2007 et 45 dans les trois dernières années civiles. Principaux galas en 2007 S. Peter c. J. Toney C. Caballero c. R. Castillo G. Johnson c. M. Griffin L.R. Campas c. E. Albert S. Powell c. T. Cauthen Principaux boxeurs résidants J. Julio, J. Urango, G. Johnson, Y. Gamboa, , E. Albert, R. Bailey, Y. Barthelemy Principaux promoteurs Seminole Warriors Boxing All Star Boxing

Montréal, Québec 19 galas en 2007 et 62 dans les trois dernières années civiles. Principaux galas en 2007 A. Diaconu c. R. Hoye H. Ngoudjo c. R. Bailey L. Bute c. S. Bika A. Berrio c. L. Bute J.Alcine c. A.Mosquera Principaux boxeurs résidants L. Bute, J. Alcine, A. Diaconu, H. Ngoudjo, J. Pascal, J.F. Bergeron, O. Lontchi, S. Demers, J.J. Dan, B. Gaudet Principaux promoteurs Groupe Yvon Michel, Interbox

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Mentionnons aussi la ville de San Juan, Porto Rico, ainsi que les principales villes de boxe au Mexique : Mexico City, Tijuana, Guadalajara, Cancun, Monterrey, Mexicali, Los Mochis, etc. En regardant strictement les données actuelles sur la boxe montréalaise, le contraste entre les récentes époques est significatif. Sur une période de quinze ans, à partir du milieu des années 80, la moyenne annuelle de galas à Montréal a été inférieure à 5. Il faut remonter près de 60 ans en arrière pour retrouver un aussi grand nombre de galas qu’aujourd’hui dans la métropole québécoise, sans toutefois retrouver un tel calibre chez les participants et un aussi grand intérêt du public. Qu’est-ce qui a rendu possible ce revirement de situation et qui permet à Montréal d’aussi bien figurer comparativement aux autres grands marchés de boxe? Cinq principaux facteurs peuvent l’expliquer: 1 - La présence d’investisseurs locaux La présence d’investisseurs locaux est à la base de tout succès pour n’importe quel marché de boxe. Cet élément a souvent fait défaut dans les périodes plus creuses de la boxe professionnelle montréalaise. L’un des faits marquants sur ce plan a été l’entrée en scène, à la fin des années 90, de M. Hans-Karl Mühlegg, homme d’affaires aux affiliations bien différentes de plusieurs de ces prédécesseurs, qui était dédié à la promotion et au développement de la boxe montréalaise. Même si son aventure avec Interbox s’est terminée abruptement, compte tenu de la situation de la boxe locale avant qu’il s’y implique, on peut dire que sans lui la prospérité actuelle de la Jean Bédard

(Photo La Cage Aux Sports)

Philadelphie, Pennsylvanie 21 galas en 2007 et 63 dans les trois dernières années civiles. Principaux galas en 2007 A. Raiymkulov c. E. Augustus, A. Mares c. R. Allanic R. Mtagwa c. A. Valtierra E. Ornelas c. B. Mckart Principaux boxeurs résidants E. Chambers, S. Cunningham, B. Hopkins, D. Hopkins, Z. Raheem, P.B. Ajamu, R. Griffin, M. Jones Principaux promoteurs Peltz Boxing Promotions, Blue Horizon Boxing Promotions

New York, New York 23 galas en 2007 et 56 dans les trois dernières années civiles. Principaux galas en 2007 P. Malignaggi c. E. Cherry M. Cotto c. Z. Judah S. Peter c. J. McCline M. Cotto c. S. Mosley J. Clottey c. S. Alvarez Principaux boxeurs résidants P. Malignaggi, Z. Judah, J. Greene, J. Clottey, Y. Foreman, L. Collazo, J. Guzman, S. Powell, J. Agbeko, S. Briggs, G. Lorenzo, J. Duddy, A. Tsurkan, V. Harris, E. Royas, E. Muriqi Principaux promoteurs Dibella Entertainment, Top Rank, Star Boxing

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boxe à Montréal n’aurait pu se concrétiser. En prenant le pari, en 1997, d’investir dans la création d’Interbox, il utilisé des moyens financiers considérables pour embaucher du personnel compétent et recruter puis développer de bons boxeurs dans les meilleures conditions possibles. Six ans plus tard, alors que l’entreprise éprouvait de sérieuses difficultés financières, au lieu de la dissoudre ou de la vendre à des intérêts étrangers, il en a facilité le transfert à l’un de ses principaux créanciers : Éric Lucas. À l’heure actuelle, la boxe montréalaise est soutenue par des gens tout aussi dédiés à la boxe, comme Jean Bédard pour Interbox et Dino Marchitello pour le Groupe Yvon Michel. Ces deux groupes bénéficient grandement de l’expertise acquise pendant les premières années d’Interbox ainsi que du recrutement qui a été effectué à l’époque. Et le fait d’avoir deux organisations qui se livrent concurrence pour sensiblement des enjeux communs sur le même territoire n’est pas sans stimuler leurs opérations. 2 - Le bassin de boxeurs talentueux au Québec (recrutement efficace) Il s’agit certainement de l’élément le plus favorable à Montréal dans le jeu des comparaisons avec la majorité des gros marchés de boxe. Il est vraisemblablement impossible de retrouver une époque où l’on aurait pu compter à Montréal autant de boxeurs d’aussi grande qualité. En plus des deux champions du monde, on y compte actuellement sept boxeurs figurant dans le top 15 d’au moins une des quatre organismes à sanctionner des combats de championnats du monde. L’assez bonne notoriété de la plupart de ces boxeurs et de la forte relève qui s’amène facilite la tenue d’évènements réguliers, sur une plus longue période de temps, et favorise le maintien des galas en cas d’imprévus. Même si de nombreux boxeurs se sont ajoutés ces derniers temps, l’extension de l’encadrement et le recrutement de nouveaux talents continuent de figurer parmi les priorités des promoteurs montréalais. Il importe aussi de souligner le travail des entraîneurs dans l’encadrement des boxeurs. Les Stéphan Larouche, Pierre Bouchard, Howard Grant, Mike Moffa, Russ Anber, Marc Ramsay, Marc Seyer et autres ont maintenant acquis un savoir-faire considérable. En considérant la quantité de boxeurs talentueux qui sont développés en boxe amateur au Québec ainsi que du dynamisme de la fédération québécoise et des clubs de boxe de la province, les succès de la boxe professionnelle à Montréal sont aussi le résultat de ce qui se fait en boxe amateur. 3 – La couverture médiatique Cet aspect a beaucoup évolué au cours des dernières années en raison principalement des ententes avec TVA, la Société Radio-Canada et VOX, sans oublier la couverture de plus en plus régulière des autres médias, comme les journaux et la radio. La boxe jouit à Montréal d’une couverture constante qui ne se restreint pas aux jours précédant et suivant les galas, parce qu’elle y est moins marginalisée et que la concurrence des autres sports n’y est pas aussi forte que dans le reste de l’Amérique du Nord. Malgré le faible potentiel des revenus provenant des télédiffuseurs locaux, leur participation se révèle maintenant indispensable pour la visibilité des commanditaires, la promotion des évènements et l’élargissement du public. À titre d’exemple : les droits de télédiffusion du gala Alcine-Mosquera ont été cédés à la CBC pour aussi peu que 10 000 $ à la CBC1 au moment où GYM allait tenter de convaincre la chaîne TSN de présenter le gala. Il relevait du tour de force de convaincre la CBC de présenter de la boxe professionnelle.

Dino Marchitello et Yvon Michel de GYM (Photo : www.groupeyvonmichel.ca)

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4 – Le nombre d’amateurs de boxe au Québec Comme en témoigne l’histoire de la boxe à Montréal, il y a toujours eu une assez bonne base d’amateurs pour les affrontements entre boxeurs locaux et les évènements majeurs. Grâce à la visibilité accrue de la boxe au cours des dernières années et à l’arrivée de boxeurs locaux sur l’échiquier mondial, on a vu une nette progression des foules pour les combats à saveur internationale. Par exemple, les cinq principaux galas en 2007 ont attiré une moyenne de plus de 11 000 spectateurs. Des chiffres qui font contraste avec ceux affichés dans le passé à Montréal, même dans les plus fortes années. C’est un autre aspect où Montréal n’a presque rien à envier à aucune autre ville et se démarque complètement de certaines villes comme Philadelphie et Miami. Avec les radieuses perspectives des principaux boxeurs locaux, cette progression devrait encore se poursuivre tout en attirant de larges auditoires par la télédiffusion. 5 – Les commanditaires Il est indiscutable que Loto-Québec, par l’entremise du casino de Montréal, a joué un grand rôle dans la relance de la boxe en tant commanditaire majeur pour Interbox et GYM. Même si la boxe est encore aujourd’hui plus difficile à vendre aux commanditaires que la majorité des autres sports professionnels, il suffit de jeter un coup d’œil autour de soi lors des différents galas pour s’apercevoir de la quantité et de l’importance des commanditaires qui s’intéressent maintenant à la boxe. Pour vous donner une idée de leur importance : en ce qui a trait au Groupe Yvon Michel, 80 % des revenus des galas au Casino proviennent des commanditaires, et environ 25 % pour les galas au Centre Bell2. Cette amélioration de la situation est en grande partie due au fait que le public de la boxe est constitué d’une majorité d’hommes âgés de 25 à 40 ans, ce créneau étant le plus recherché par les commanditaires, et que les promoteurs ont réussi à donner une meilleure image à la nouvelle génération de boxeurs. Sans établir un classement, on peut facilement s’apercevoir que Montréal se compare avantageusement, sur plusieurs points de vue, aux villes mentionnées plus haut. À l’échelle de l’Amérique du Nord, seules Las Vegas et New York peuvent se vanter d’accueillir plus de galas de haut niveau et de boxeurs talentueux que Montréal. Cette dernière bénéficie également du fait que les activités touchant la boxe québécoise y sont en grande partie regroupées, au détriment du reste de la province. Toutefois, même avec l’ascension du dollar canadien, le marché de Montréal fait encore figure de parent pauvre comparativement à ce que l’on voit en Europe et aux États-unis. Montréal est certainement un marché en pleine évolution et l’une des rares villes où la boxe occupe une place aussi importante, mais on ne peut être aussi optimiste quant à sa capacité de générer suffisamment de revenus pour un jour devenir un joueur majeur sur la scène mondiale de la boxe. À l’automne 2007, les pourparlers visant à attirer à Montréal un réseau de télévision majeur ont achoppé rapidement en raison, entre autres, des revenus locaux qui étaient bien en dessous des attentes de l’importante chaîne américaine HBO. Les grosses foules qui se déplacent régulièrement pour la boxe dans la métropole québécoise ne sont pas sans laisser une impression favorable du potentiel financier de la ville. Cependant, le prix des billets est encore relativement peu élevé : moins de 1000 $ la place pour les meilleures tables VIP et 80 $, en moyenne, l’entrée pour la majorité des galas les plus importants des dernières années. Sans oublier les revenus de télédiffusion et de commandite qui sont limités au niveau local en raison de la

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taille limitée du marché québécois. Les promoteurs montréalais devront donc trouver le moyen de mettre régulièrement la main sur les revenus associés aux importants réseaux de télé de l’extérieur s’ils ont l’intention de faire en sorte que leurs boxeurs puissent évoluer à Montréal dans des événements de très grande envergure.

Dans le passé, nous avons constaté qu’il est difficile de faire sortir ces réseaux des États-Unis, compte tenu du faible nombre de combats pouvant susciter suffisamment l’intérêt du public américain pour les inciter à traverser les frontières. Une fois le programme ou le montage financier accepté, il faudra qu’au moins un des protégés montréalais puisse offrir une performance des plus convaincantes pour conserver l’intérêt des décideurs. Grâce à ses investisseurs nouveau genre, la boxe à Montréal est tout de même établie sur des bases solides au niveau local : elle développe des boxeurs vedettes, fidélise sa

clientèle, tisse des liens fructueux avec le milieu des affaires et bénéficie d’une bonne visibilité médiatique. Sur ces aspects, Montréal a réussi où plusieurs des principales métropoles

américaines, par exemple Détroit, Chicago, Los Angeles et Washington, ont échoué depuis plusieurs années. La boxe a essentiellement disparu de plusieurs des plus grosses agglomérations américaines au profit des marchés où sont établis les grands casinos. Le fait d’avoir négligé le public traditionnel de la sorte, sur une aussi longue période, représente l’une des tendances à renverser pour augmenter la popularité de la boxe. Il s’agit de l’une des raisons pouvant expliquer que le nombre de galas, sur l’ensemble du territoire américain, est à son plus bas niveau depuis des années. Même si elle ne peut, pour l’instant, rivaliser financièrement avec les principaux marchés de boxe, Montréal fait figure de modèle à suivre pour le développement et la relance de la boxe dans plusieurs des plus importants marchés d’Amérique du Nord. Références:

(1) Yvon Michel a convaincu CBC, Mario Brisebois, Journal de Montréal, 24 novembre 2007 (2) Le Groupe GYM d'Yvon Michel entend doubler ses revenus, Réjean Bourdeau, La Presse, 4 décembre 2007

Le Centre Bell est devenu un endroit privilégié pour tenir les galas de boxe importants au Québec.

(Photo : Baha Laham)

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La page du boxeur est une chronique spéciale où nous offrons à un boxeur une tribune libre où il pourra nous parler de ce qui lui plaît. Voici la page du boxeur poids lourd et grand voyageur, Stéphane Tessier.

La page du boxeur Par Stéphane Tessier Mes débuts Premièrement, je voudrais dire que c'est un immense honneur que le magazine La Zone de Boxe me fait en me donnant la chance de vous raconter mon histoire un peu hors du commun et mon chemin difficile dans le monde de la boxe. Je ne regrette rien, sauf que j'aurais dû commencer avant le jour où Sylvain Gagné, un ami, m'a inscrit en kick-boxing. Comme je le disais, un ami m'a inscrit en septembre 1999 et cinq mois plus tard, j'ai fait mon premier combat à vie en kick-boxing : ça s’est bien déroulé, avec un knock-out. Mon prof m'a tout de suite donné le surnom de « BRUTUS » parce qu'il trouvait que ça m'allait bien. Après deux autres combats, j'ai remporté le championnat du Québec dans les super lourds. Je l'ai défendu trois fois avant d'aller en boxe amateur avec le même entraîneur et ancien boxeur pro, André Blais.

Mon premier combat amateur a été une grosse commande au Colisée Pepsi contre Éric Martel qui en était environ à son dix-neuvième combat. Ce combat s’est soldé par une défaite par décision. Après seulement quatre combats amateur, j'ai fait le saut chez les pros. Un bon ami m'a présenté Bernard Barré en lui disant que j'étais pour faire le saut et Bernard a dit : « Pas d'expérience, tu vas servir de punching-bag et tu ne feras pas une longue carrière, tu vas trouver cela difficile ».

Début avril 2005, je reçois un téléphone de Bernard pour un

combat le 9 contre Hilaire Simo. Il avait plus d'expérience chez les amateurs, il était plus grand et plus gros. Il croyait peut-être que j'étais pour y faire mon seul combat en boxe. Mon entraîneur de l'époque, Blais, n'était pas d'accord avec ce combat à sens unique, avec raison, mais je lui ai dit que si je commençais à choisir mes adversaires, j'étais pour me bercer longtemps chez nous à attendre des appels. La journée du combat, les spectateurs dans le Casino de Montréal ne donnaient pas cher de ma peau face à ce géant. C'est avec un grand calme que j'ai attendu la cloche et commencé le combat qui allait faire parler de moi le reste de ma carrière. Au deuxième round, j'ai reçu un coup au corps qui m'a envoyé au tapis. Tout le monde pensait que c'était fini, mais il en faut plus pour stopper un Tessier. J'ai perdu le combat par décision, mais j’avais remporté le dernier round en ne le lâchant pas pendant les deux dernières minutes de sa carrière à lui. Simo ne boxe plus maintenant. Après cette « victoire morale », j'ai quitté mon entraîneur. Nous n’avions plus la même vision des choses. Je me suis ensuite moi-même retrouvé entraîneur dans un club de Longueuil et je me suis tourné vers un ami et

Stéphane « Brutus » Tessier, avec son frère entraîneur Patrick Tessier, lors de son combat contre Daniel Desrosiers

(Photo Marc André Grenier)

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conseiller, André Jodoin, avec qui j'ai eu tous les contacts et combats suivant celui contre Simo. Mon frère, Patrick Tessier, qui est aussi boxeur pro, m'a beaucoup aidé dans certaines préparations.

Ensuite, les grosses commandes!

J'avais une fiche de 3-2-0 (1 k.o.) quand je me suis mesuré à Alexander Povetkin en Allemagne, combat qui s’est terminé par décision en sa faveur. Povetkin est aujourd'hui rendu aspirant #1 à la couronne de Wladimir Klitschko. Le mois suivant, j'ai affronté Oleg Platov au même endroit en Allemagne : il m'a « décroché » la mâchoire avant de me la replacer! Entre temps, j'ai reçu l'offre pour être le partenaire d’entraînement de David Cadieux pour la préparation de son combat contre Patrice L'Heureux pour le titre canadien et plus tard, j’ai aussi fait de même pour Le Granite. Les entraîneurs du géant russe Nikolai Valuev ont téléphoné à Yvon Michel pour me demander de lui servir de partenaire pour une préparation. Je n'ai pas pu y aller à cause de mon emploi à ce moment-là. Parce qu’on ne lui trouvait pas d'adversaire, j'ai affronté « Baby » Joe Mesi 30-0-0 (25 k.o.), ancien numéro un mondial en 2004, avec seulement une journée d'avis. Il a gagné par décision unanime mais ne m'a pas déclassé malgré les circonstances. Sur ESPN2, ils m'ont donné 39 %

d'efficacité contre 19 % pour Baby Joe. Il a lancé trois fois plus de coups que moi. Plus tard, j'ai servi de partenaire à Joe Mesi à Buffalo pendant deux semaines. En revenant, j'ai affronté Pat L'Heureux pour le titre du Québec, combat qui s’est aussi terminé par décision. Une décision très discutable d'après la réaction des gens à la suite du verdict et sur le Net. J'ai aussi livré deux belles batailles à Paul Mbongo. Et maintenant En octobre, j'ai revu un ancien ami (Stéphane Loyer) et il m'a offert d'être pour moi un genre d'agent. Il envoie des courriels partout dans le monde et il a réussi à me trouver un combat à Clermont-Ferrand en France le 19 février dernier contre Zinedine Benmakhouf (8-1-1), combat qui s’est soldé par une décision partagée. À la suite de cela, j’ai reçu trois autres offres de combat, deux encore en France et une en Martinique.

Stéphane Tessier avec Alexander Povetkin lors de son combat en Allemagne le 12 novembre 2005. À gauche,

l’entraîneur André Jodoin. (Photo Stéphane Tessier)

Stéphane Tessier assénant une bonne gauche à Joe Mesi (Photo Joel Tripp)

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Les à-côtés On ne fait pas que se battre en boxe. J'ai aussi participé au tournage de la télésérie « Le 7e round » et du film « La ligne brisée » avec Guillaume Lemay-Thivierge. J'ai la chance d'avoir rencontré et d'être ami avec beaucoup de bons boxeurs. Un jour, en voyage à Las Vegas, j'ai rencontré et parlé avec Ricky Hatton quelques jours après sa victoire sur Castillo et il a dit m'avoir vu contre Baby Joe. Plusieurs articles de divers journaux m'ont fait connaître davantage en bien ou en mal. Mais ça m'importe peu, parlez-en. Moi je « trippe », je voyage, je vois beaucoup de gens intéressants, je fais un peu d'argent, j'aime voir la foule autour du ring et être le centre d'attraction. Ce sport m'a ouvert des portes. Et puis pour ceux qui pensent que je suis un faire-valoir, un « jambon », vous vous trompez. Je suis un gars qui veut tout simplement faire un sport qu’il aime, même si je n'ai que peu d'expérience et que je ne suis pas protégé par un promoteur. J'ai une blonde et deux garçons, Tristan et Zachary, en plus du travail. Plusieurs personnes dénigrent les boxeurs comme moi qui ont une fiche perdante, mais il faut avoir des couilles pour monter seul dans un ring pour sauver sa peau. Pour tous les boxeurs ou ceux qui s'entraînent, NE LÂCHEZ PAS. Merci d'avoir pris le temps de lire mon expérience qui est peu commune et encore merci à La Zone de Boxe! Stéphane « BRUTUS » Tessier

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La Zone de Boxe à New York : avec Smichet au Madison Square Garden

Par Pascal Lapointe [email protected] La rédaction du présent article a débuté, le vendredi 22 janvier 2008, au cabaret jazz Birdland, sur la 44e rue à Manhattan, alors que je sirotais un mojito (pas le plus masculin des cocktails, je sais, mais les cocktails le sont rarement) en écoutant le trompettiste Enrico Rava livrer une prestation avec le quatuor Stefano Bollani. Je me disais que la boxe venait de me faire vivre une autre expérience remarquable, soit de souper en compagnie de Walid Smichet et de quelques membres de sa garde rapprochée à quelque 24 heures du combat le plus important de sa carrière. Pourtant, le voyage n’avait pas très bien commencé pour moi. Arrivé à New York à 10 h vendredi matin, j’avais organisé ma journée autour de la pesée, qui était prévue pour 14 h 30. Lorsque je me suis présenté à la salle de bal de l’hôtel Affina Manhattan, on m’a avisé que la pesée était terminée depuis 45 minutes. Je m’en suis d’abord voulu de ne pas avoir prêté plus d’attention à l’horaire qui avait été distribué aux représentants de la presse, mais Joane Gauthier, la gérante de Smichet, m’a expliqué que la pesée était bien censée se dérouler à 14 h 30, mais qu’elle avait été devancée de 90 minutes, sans que personne soit avisé à l’avance ou qu’une explication soit donnée. Néanmoins, aucune plainte n’a été formulée, puisque les boxeurs, à commencer par Smichet, étaient parfaitement heureux d’attendre une heure et demie de moins que prévu pour pouvoir boire et manger. Smichet n’est peut-être pas un poids moyen au gabarit imposant, mais il a quand même beaucoup de mal à se conformer à la limite des 160 livres. Les jours précédant une pesée officielle sont pour lui une véritable torture. Il raconte une amusante anecdote qui illustre un peu son calvaire. La veille ou l’avant-veille de la pesée, il a regardé à la télévision un documentaire de National Geographic sur la faune marine d’un quelconque coin du monde. « J’avais tellement soif, relate-t-il. J’avais le goût de vivre dans l’eau comme un poisson. » Il rapporte aussi que pendant sa carrière amateur en Tunisie, il aimait prendre des douches froides quand la soif le tenaillait trop. « Juste la sensation de l’eau sur mon visage, ça me faisait du bien, poursuit-il. » À la pesée, Smichet a finalement enregistré un poids de 160 livres pile. Sorti vainqueur de son affrontement avec le pèse-personne, il pouvait finalement se rassasier. Lors d’un dîner en compagnie de Jean Pascal, de Librado Andrade et frères Howard et Otis Grant, entre autres, Smichet aurait sifflé le plus gros steak figurant au menu de la grilladerie voisinant le Madison Square Garden. Lorsque j’ai rejoint Smichet pour le souper vers 19 h vendredi, il était d’excellente humeur, alors que je m’attendais à le voir taciturne si près de son entrée sur le ring. Parfaitement détendu, il a notamment chanté les louanges de son futur rival : « Il est meilleur styliste que moi, plus rapide. Il est aussi courageux, il a pris de très bons coups contre Eastman [Howard Eastman, ancien champion d’Europe que Duddy a défait de justesse en décembre 2007]. Mais je suis sûr de pouvoir le mettre K.-O. »

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En fait, Smichet a réservé ses seules critiques au service de l’Immigration américain, qui lui a imposé de fastidieuses démarches avant de lui accorder une autorisation de séjour au pays de George Bush. Entre autres, le boxeur a dû se rendre à Ottawa pour rencontrer en personne un représentant de l’ambassade des États-Unis. Puis, une fois le visa délivré, il assujettissait Smichet à un « programme spécial » imposant des contrôles d’identité plus stricts que ceux qu’on requiert des voyageurs moyens. Smichet était considérablement contrarié d’être traité différemment des autres simplement en raison de ses origines maghrébines. Mais une fois passée les douanes américaines, Smichet et son équipe ont été bien traités. L’organisation n’a pas tenté de faire des économies de bout de chandelle sur le dos des boxeurs visiteurs. Par exemple, Smichet a été hébergé à l’hôtel Affina Manhattan, dans une suite dont la valeur oscille probablement entre 500 $ et 600 $ la nuitée. Par contre, tout n’était pas rose : sur la 7e avenue, surnommée l’avenue de la mode, le bruit des klaxons est constant 24 heures par jour. Par conséquent, Smichet estime n’avoir dormi en moyenne que six heures par nuit lors de son passage dans la métropole américaine. Il a compensé en faisant une longue sieste samedi après-midi, étant donné que Duddy et lui ont eu l’autorisation de se présenter au Madison Square Garden à 19 h, tandis que les autres boxeurs de préliminaires devaient être sur place à 17 h. Pour ce qui est du combat comme tel, Smichet a dépassé toutes les attentes en forçant Duddy à transformer son approche du tout au tout, de façon à arracher une décision majoritaire. Le verdict a provoqué la controverse (voir encadré), mais Smichet en sort néanmoins gagnant. Dès les heures qui ont suivi le combat,

L’incompétence n’est pas toujours là où l’on croit À l’issue de la victoire de John Duddy sur Walid Smichet, de nombreuses voix se sont élevées – et pas toutes au Québec – pour affirmer que le Québécois d’origine tunisienne avait été victime d’une injustice. Dans l’univers des sites Web spécialisés en boxe, qui exercent une influence notable étant donné l’absence relative d’intérêt pour notre sport de la part des médias généralistes, les comptes rendus étaient truffés d’expressions comme « controversial 1 » [controversé], « unpopular decision1 » [décision mal reçue], voire « incompetent judging1 » [juges incompétents] pour décrire le travail des juges McKaie et Trella, qui ont soumis des cartes identiques de 98-92 pour Duddy. Mon pointage de 95-95, obtenu en visionnant le combat sur vidéo, semble aller dans le sens de mes confrères du Web. Cependant, sur place, j’avais accordé à Duddy les sept derniers rounds du combat, ce qui correspond à un résultat de 97-93. Par conséquent, il m’est difficile de lancer la pierre à MM. McKaie et Trella. Je me permets toutefois de mettre en doute la qualité du travail du troisième juge, Frank Lombardi. Pourquoi, d’autant plus que j’admets d’emblée que le pointage de ce dernier illustre mieux l’allure du combat? Tout simplement parce que les auteurs des 98-92 n’ont pas joué à pile ou face pour déterminer le gagnant de chacun des rounds. Ils ont donné à Smichet les deux engagements qu’il a remportés incontestablement, c’est-à-dire le premier et le troisième, puis ont accordé à Duddy les huit autres reprises. Bien entendu, leur décision d’attribuer au favori local les deuxième et quatrième assauts témoigne peut-être d’une appréciation excessivement favorable du travail qu’a abattu « Irish John », mais on y décèle au moins une certaine constance dans l’analyse. En revanche, M. Lombardi a donné le troisième round à Duddy, ainsi que les 5ième et 7ième assauts à Smichet. Aucun de ces choix n’est digne d’un juge professionnel. Néanmoins, le pire juge du trio échappe à la critique publique parce qu’il a abouti, par pur hasard, à un résultat cadrant avec l’impression que le combat a laissée à la plupart des spectateurs. Bref, on pourrait que dire M. Lombardi est à l’évaluation de combats de boxe professionnelle ce que Homer Simpson est à l’exploitation d’une centrale nucléaire. * Notons aussi que M. Lombardi est l’un des deux juges qui ont permis à Joel Casamayor de conserver son titre de champion du monde des légers aux dépens de Jose Armando Santa Cruz, résultat considéré par la communauté pugilistique comme l’un des pires des dernières années. D’oh! 1 Fightnews.com 1 Boxingscene.com 1 Boxingtalk.com

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des adversaires éventuels de grande renommée se sont manifestés. D’autres ont plutôt déclaré ne plus être intéressés. Entre autres, l’entraîneur de Joe Greene, dont le protégé avait battu Francisco Mora quelques minutes avant que Smichet monte dans l’arène, aurait avoué à Mme Gauthier ne plus avoir d’intérêt à l’égard d’un duel Greene-Smichet.

À l’annonce de la décision, la déception se lisait sur le visage du boxeur défait, mais elle s’est vite dissipée. « Je ne sais pas comment les juges ont pu lui donner huit rounds, explique-t-il. J’étais déçu de la décision, mais je n’étais pas déçu de la réaction de la foule. Partout, les gens me félicitaient de ma performance de guerrier. C’est important pour moi que le public soit content. J’accorde plus d’importance à l’opinion des amateurs qu’à la décision des juges. C’était le même genre de situation que lors de mon combat contre Demers. » Même son de cloche du coté de sa gérante. Mme Gauthier souligne, un peu modestement, que son boxeur a accompli sa mission en « donnant de l’opposition » à Duddy dans le

ring du Madison Square Garden. Elle a été surprise d’entendre des pointages aussi

divergents, mais s’est rapidement rendu compte que quelque chose de positif s’était passé, surtout quand des représentants de promoteurs associés à l’événement se sont approchés pour lui dire qu’ils pensaient que son protégé méritait la victoire. Elle se demande également si le combat n’aurait pas dû être arrêté en raison de l’impressionnante coupure subie par Duddy. Personnellement, j’avoue me questionner sur le fait qu’aucun médecin n’ait examiné la coupure du Nord-Irlandais entre les rounds. Malgré tous les compliments et les félicitations dont ils ont fait l’objet à l’issue de l’affrontement, Smichet et sa gérante ne pouvaient imaginer à quel point une défaite honorable contre une grosse pointure comme Duddy peut avoir des retombées spectaculaires. Ils n’ont même pas eu à attendre 48 heures pour le constater. Tandis que Smichet, perclus de courbatures, avait du mal à se tirer de son lit lundi matin, Mme Gauthier rendait visite à Yvon Michel. La rencontre, prévue depuis quelques jours déjà, devait servir à régler des questions administratives. Dès que Mme Gauthier a passé la porte des bureaux de GYM, on s’est adressé à elle ainsi : « Félicitations Joane. Vous avez été patients. Mais c’est là que ça passe pour Walid. » Mme Gauthier se demandait ce que tout cela pouvait bien vouloir dire. M. Michel l’a vite mise au parfum : Arthur Abraham, champion des poids moyens de l’IBF, prévoit défendre sa couronne début juin aux États-Unis ou en Allemagne et s’enquiert de la disponibilité de Smichet. Et pour que ce dernier reste dans la course, il faudrait qu’il remonte dans le ring dès avril afin de décrocher une victoire qui lui permettrait d’apparaître dans les classements.

« Le roi » Arthur Abraham

Le Madison Square Garden, principal théatre de boxe à New York

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De prime abord, il y avait quelques réserves dans le clan Smichet. Par exemple, on aurait aimé qu’il s’écoule environ six mois avant que le pugiliste fasse partie d’un autre événement d’importance. On aurait aussi préféré qu’il prenne un peu de repos et ne se batte de nouveau qu’en mai. Il reste que Mme Gauthier sait qu’un boxeur montrant une fiche de 17 victoires en 24 combats n’est pas toujours en mesure de fixer son propre calendrier, surtout si un titulaire mondial lui fait une proposition. Par conséquent, elle a recommandé à son boxeur la seule décision qui s’imposait, c’est-à-dire de mettre les gants le 5 avril. Les vacances de Smichet ont donc été écourtées. Il est retourné au travail le lundi suivant, après 8 petits jours de répit. En gymnase, il se promet de travailler sa défensive, mais aussi de modifier son programme de conditionnement physique, puisqu’il regrette de ne pas avoir intégré la musculation à sa préparation pour son dernier combat. « Je n’étais pas censé être fatigué, explique-t-il, parce que je me suis entraîné très fort, mais j’ai ralenti du quatrième round jusqu’à ce que trouve mon deuxième souffle à la huitième reprise. Si j’avais fait

de la musculation, j’aurais peut-être pu me battre avec plus d’entrain plus longtemps. Je me bats souvent avec mon courage, mais à partir d’un certain niveau, ce n’est pas toujours suffisant. Alors, je vais ajouter la musculation à mon entraînement, avec l’aide d’André Kulesza. C’est le genre d’initiative qu’il faut que je prenne si je veux me battre contre des gars comme Abraham. » La rédaction de cet article se termine dans un bureau encombré, quelque part dans le quartier Saint-Henri à Montréal. Un environnement assurément moins stimulant que le Birdland. Mais je demeure reconnaissant envers la boxe – et La Zone de Boxe tout particulièrement – de m’avoir permis de vivre d’aussi près un événement d’intérêt comme Duddy-Smichet. Quant à Smichet, il est aussi sans doute reconnaissant d’avoir eu l’occasion de se mesurer à une vedette montante comme le boxeur originaire de Derry, puisque ce duel semble l’avoir

propulsé à un niveau qu’on croyait hors de sa portée il y a trois ou quatre mois. Sera-t-il vraiment le prochain à défier Abraham? Au moment où vous lirez ces lignes, il ne vous restera probablement que quelques semaines, voire quelques jours, à attendre pour connaître la réponse. NDLR – Alors que le présent numéro est « mis sous presse », GYM change totalement de discours au sujet des occasions qui se présentent à Smichet. Le promoteur insiste maintenant sur ses pourparlers avec l’équipe d’Andy Lee, super-espoir irlandais entraîné par le célèbre Emanuel Steward. Aucune information n’a filtré quant aux raisons de cette volte-face.

Walid Smichet alors qu’il affrontait Dave Nash il y a quelques années(photo : Herby Whyne)

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Du 26 au 29 JUIN

Pour informations :

Centre Techno-Boxe 450 677.5678www.technoboxe.com/coupeqc2008

Colisée Jean Béliveau : 1755, boul. Jacques-Cartier Est, LongueuilJeudi 26 Juin Vendredi 27 Juin Samedi 28 Juin Dimanche 29 Juin1ère session 13h00 3e session 13h00 5e session 13h00 7e session 12h00 2e session 19h00 4e session 19h00 6e session 19h00