2
NTUVILLffi APPRTCHffi ffi l : LACHER PRISE AVEC L,ART MARTIAL STNSORI EL Kinésithérapeute, fasciathérapeute, ceinture noire d'aikido, Martine DeNardi a misau point un art martial thérapeutique : L'Art Martial Sensoriet. Encore peu connu en France, ['AMS est un mé[ange de pédagogie, de thérapie, de yoga et d'arts martiaux. Quelle est l'origine de t'Art Martial Sensoriel? La pratique est née il y a vingt ans. Je pratiquais l'a'ftido et j'avais remar- qué pendant les phases d'attaques, en répondant à plusieurs attaques simulta- nées, que ma perception de l'environnement se trans- formait. La sensation de ralenti des mouvements était très forte, alors que tout allait très vite. C'est à ce moment-là que j'ai pris conscience que le ralenti permettait d'accéder à un autre niveau de perception. Ceinture noire d'aikido, je suis également kinési- thérapeute de formation ainsi que formatrice en fas- ciathérapieo et en somato- psychopédagogie t''. j'ai pra- tiqué aussi le yoga pen- dant sept ans. La connais- sance de ces différentes disciplines, m'a permis de mettre en place une pra- tique basée sur la douceuç le ralenti et l'écoute de l'autre, un art martial théra- peutique qui soigne la rela- tion à l'autre; que ce soit un parent, un ami, une relation sentimentale ou un enfant. Qu'est-ce que l'Art Martial Sensoriel? L"AMS travaille beaucoup sur la sensorialité, celle qui autorise des lâchers prise, ces contrôles érigés en protection au cours de notre vie. UAMS permet de lâcher ces verrous, ces tensions. Par exemple, une personne d'une grande ca- pacité intellectuelle va vou- loir contrôler sa vie émo- tionnelle. Ce contrôle, qui a été utile à un moment don- né dans sa construction, se conçoit très vite conune une limite. Le contrôle empêche l'adaptation à un événement nouveau et perturbant, comme un dé- sir amoureux, par exemple. Pourquoi contrôler un élan d'amour? Pour réussir à lâcher prise, j'ai remarqué qu'un ancrage corporel est nécessaire. I- AMS tra- vaille également la o rela- tion sans prédominance" autant dans le rapport à soi qu'à l'autre, la gestion des conflits et l'accès à notre capacité de résilience. L"AMS s'intéresseaux rela- tions systémiques, c'est-à- dire aux relations les plus signifiantes de la viegivée, celles qui nous 1ffætent en prernier lieu. Il s'agit des relations parent-en-f ant, des relations de couples ou d'amitié. YAMS zoome sur ces relhtions. Art de vivre ou pratique corporelle? Je le conçois comme un art et une philosophie plus que comme un sport. Une puissance toujours en rela- tion avec une douceur, une vitesse toujours en relation avec une lenteur. Fondé sur la fasciathérapie et la somato-psychopédagogie, c'est un travail éducatif sur la connaissancede son propre corps. La méthode est globale et n'isole pas la partie du corps blessée mais bien au contraire es- saye de la reconnecter au reste du corps en remettant en mouvement la zone im- mobilisée. Ces petits exer- cices doux mais bénéfiques enlèvent aussi les tensions sur les autres membres sollicités durant la conva- lescence. Le langage du corps précède le langage parlé et facilite la commu- nication avec l'autre à tra- vers le geste. On apprend comment être en relation avec soi et les autres en touchant l'aspect sensible de son corps. Petit à petit 32 ) ALTERNATIVE SANTEN"387 AVRIL 2011

Lâcher prise avec l'Art Martial Sensoriel - Alternative Santé n°387

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Kinésithérapeute, fasciathérapeute, ceinture noire d'aïkido, Martine de Nardi a mis au point un art martial thérapeutique : L'Art Martial Sensoriel. Encore peu connu en France, l'AMS est un mélange de pédagogie, de thérapie, de yoga et d'arts martiaux.

Citation preview

Page 1: Lâcher prise avec l'Art Martial Sensoriel -  Alternative Santé n°387

NTUVILLffi APPRTCHffi ffil :

LACHER PRISE AVEC

L,ART MARTIAL STNSORI ELKinésithérapeute, fasciathérapeute, ceinture noire d'aikido,Martine De Nardi a mis au point un art martial thérapeutique :L'Art Martial Sensoriet. Encore peu connu en France, ['AMS est unmé[ange de pédagogie, de thérapie, de yoga et d'arts martiaux.

Quelle est l'origine de t'ArtMartial Sensoriel?La pratique est née il y avingt ans. Je pratiquaisl'a'ftido et j'avais remar-qué pendant les phasesd'attaques, en répondant àplusieurs attaques simulta-nées, que ma perception del'environnement se trans-formait. La sensation deralenti des mouvementsétait très forte, alors quetout allait très vite. C'est àce moment-là que j'ai prisconscience que le ralentipermettait d'accéder à unautre niveau de perception.Ceinture noire d'aikido,je suis également kinési-thérapeute de formationainsi que formatrice en fas-ciathérapieo et en somato-psychopédagogie t'�'. j'ai pra-tiqué aussi le yoga pen-dant sept ans. La connais-sance de ces différentesdisciplines, m'a permis demettre en place une pra-tique basée sur la douceuçle ralenti et l'écoute del'autre, un art martial théra-peutique qui soigne la rela-tion à l'autre; que ce soit unparent, un ami, une relationsentimentale ou un enfant.

Qu'est-ce que l'Art MartialSensoriel?L"AMS travaille beaucoup

sur la sensorialité, cellequi autorise des lâchersprise, ces contrôles érigésen protection au cours denotre vie. UAMS permetde lâcher ces verrous, cestensions. Par exemple, unepersonne d'une grande ca-pacité intellectuelle va vou-loir contrôler sa vie émo-tionnelle. Ce contrôle, qui aété utile à un moment don-né dans sa construction,se conçoit très vite conuneune limite. Le contrôleempêche l'adaptation àun événement nouveau etperturbant, comme un dé-sir amoureux, par exemple.Pourquoi contrôler un éland'amour? Pour réussir àlâcher prise, j'ai remarquéqu'un ancrage corporelest nécessaire. I- AMS tra-vaille également la o rela-tion sans prédominance"autant dans le rapport àsoi qu'à l'autre, la gestiondes conflits et l'accès ànotre capacité de résilience.L"AMS s'intéresse aux rela-tions systémiques, c'est-à-dire aux relations les plussignifiantes de la viegivée,celles qui nous 1ffætenten prernier lieu. Il s'agitdes relations parent-en-f ant,des relations de couples oud'amitié. YAMS zoome surces relhtions.

Art de vivre ou pratique

corporelle?

Je le conçois comme un artet une philosophie plusque comme un sport. Unepuissance toujours en rela-tion avec une douceur, unevitesse toujours en relationavec une lenteur. Fondésur la fasciathérapie et lasomato-psychopédagogie,c'est un travail éducatifsur la connaissance de sonpropre corps. La méthodeest globale et n'isole pasla partie du corps blesséemais bien au contraire es-

saye de la reconnecter aureste du corps en remettanten mouvement la zone im-mobilisée. Ces petits exer-cices doux mais bénéfiquesenlèvent aussi les tensionssur les autres membressollicités durant la conva-lescence. Le langage ducorps précède le langageparlé et facilite la commu-nication avec l'autre à tra-vers le geste. On apprendcomment être en relationavec soi et les autres entouchant l'aspect sensiblede son corps. Petit à petit

3 2 ) A L T E R N A T I V E S A N T E N " 3 8 7 A V R I L 2 0 1 1

Page 2: Lâcher prise avec l'Art Martial Sensoriel -  Alternative Santé n°387

on évolue d'un corps ob-jet à un corps sujet sentijusqu'à un corps sensible.D'un corps sensible, il estpossible d'apprendre sursoi. On peut ainsi dévelop-per des capacités habituel-lement peu déployées. Lebut est de lâcher enfin lecontrôle du mental sur lecorPS.

Qui peut pratiquer et quels

bénéfices peut-on en tirer?La prati{ue est possible de7 à77 ans. L"AMS s'adresseà tous types de public :hommes, femmes, enfants.Un peu de curiosité etd'envie d'exploration deson ressenti est nécessaire.il s'agit d'une explora-tion du rapport à l'autrecomme un combat maisvécu dans la douceur, dansla non-violence, la non-prédominance de l'un despartenaires sur l'autre. Lesenfants, par exemple, ado-

rent cette pratique parcequ'elle est très ludique.Les mouvements codifiésà réaliser à deux rendentI'AMS assez semblable àl'aikido. Pratiquer seul estpossible, une fois que l'en-chaînement de ces mouve-ments codifiés est connu.

Comment se déroule taséance?La séance commence gé-néralement par un échauf-fement sensoriel, un katasensoriel au sol. réalisé leplus souvent seul. Il s'agitde passer de manière fluidede la position allongée à laposition fcetale puis à celleassise avant de passer àla position verticale. Alorscommencent les exercicesà deux, soit face à face, soitdos à dos. Entre danse etcombat, l'impulsion estdonnée par l'un et reçuepar l'autre. Le mouvementest initié puis évolue dansl'espace, gagnant en am-plitude. Les partenairespeuvent ensuite utiliserun outil, comme le bâtonpar exemple, tenu par lesdeux personnes à chaqueextrémité, un bâton utilisécomme objet de jeu et detransmission d'énergie.Ce type d'exercice s'ap-pelle " le jeu sensoriel desarmes>. Perçu comme unprolongement de soi, lebâton permet de travaillerson propre accès à la flui-dité. Enfin, souvent, laséance se termine par leko kyu hnal� Un combat auralenti qui permet à l'undes partenaires de tomfgp-.au sol sous la pression del'autre et au second d'ac-compagner en toute fluidi-té et en douceur le premierqui a chuté.'

Quelles sont les contre-indications, les limites, lesprécautions à prendre?

Tous les exercices se fai-sant dans la progressi-vité, il est donc possiblede pratiquer quel que soitson âge. L"AMS nécessitecependant une certainestabilité psychologique. Cen'est pas un travail quise substitue à la thérapie,même si les personnes quiencadrent la pratique sontformées à accompagner.L aspect martial permetd'accéder à ses propres li-mites, ce qui génère parfoisun trouble, une montéed'émotions, qu'il faut pou-voir comprendre et gérer.Enfin, I'AMS permet derééduquer une partie ducorps blessé en travaillanttout en douceur sur la zoneendolorie. Pour oublier ladouleur, l'être humain atendance à désensorialiserla zone qui a mal et le restedu corps compense. Celacrée des déséquilibres, destensions. L"AMS va per-mettre de réaccorder lesmembres blessés à la glo-balité du corps.

Où pratiquer?

L'AMS se pratique enFrance mais aussi enSuisse, en Italie et au Qué-bec. je dispense une for-mation professionnelle entrois ans pour les futurspédagogues et j'organiseun stage d'été dans le sudde la France. Mais il existeaussi des cours hebdoma-daires d'une heure trente,des journées une fois parmois et des stages de troisjours. Ces cours et stagessont dispensés un peu par-tout en France.

& GENEVIÈVE DE LACOUR

(l) b f.scl.thér.piê lrt !.è théÉpi. nanoelb &ôuutra

b dênandê pDlondé du co@r de b F6onnê, loÉ Fr

D.ris &ir, proL$èurd.hercheûrà l'urtvêFité Êm.do

(2) b eilàro.psychoDdagogl. orr une prychopd.sqi.

tsnênânt d'âc.od.. l€ corF el l'6pnt, asâlcn..t lotrd&

Srrrs À coNSULTER :. www.a rtm a rti a ls e n so r i e l.o rg. www.assoamsai.org. WWW.SOmatO-psychopedagogie.com. www.fasci ath era pi e.fr

Sor'rrR, 37 nns, pRATTQUE L'AMS Dcputs 3 nns :

< Ce que j'aime dans II'AMS, c'est son aspect ludique.Les exercices sont réalisés à deux avec un partenaire quin'est pas l'exact miroir de soi-même. Comme dans uncombat au ftlenti et en douceur, nous explorons I'espace.Naus sommes tous réunis pour découvrir nos ressentiset nas points de blocage. C'est difficile à expliquer pourcelui qui n'a jamais pratiqué mais à Ia première séancej'ai eu Ia sensation que mon énergie interne recommenÇaftà circuler que mon cæu se reconnectait à ma tête.

" Et, ce qui est aussi important pour moL c'est que lesexercices sont réalisés dans un espace de non-jugementet de bienveillance. À Ia fin de la journée, Ie corps estdétendu comme après une séance de yoga, et I'esprit estapaisé, heureux d'avoir appris un peu plus sur soi.>

A L T E R N A T I V E S A N Ï E N ' 3 8 7 - A V R I L 2 0 1 1 ( 3 3