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*

Une pochette de13 dépliants trèsinstructifs, souventhumoristiques, à laportée de toutes etde tous :

• Centre de santé des femmes de Sherbrooke• Moi... mon corps• Contraception... mais douce• La petite histoire de la sexualité des

femmes• De l'autre côté du spéculum• Maternités librement choisies' Hygiène et infections• L'examen gynécologique• La cape cervicale• La ménopause• Les maladies transmises sexuellement• La périnatalité' La boulimieFEMMES, SANTÉ, AUTONOMIECentre de santé des femmesde Sherbrooke Inc.80, rue AlexandreSherbrooke (Québec)J1H 4S6Prix de revient : 5.00 $

Transport : 1-2 copies 1.00$Prix de soutien : 7.00 $

3-10 copies 2.25 $15-20 copies 3.00 $

POUR NOTRE BIEN NAÎTRE

Réalisé par HélèneValentini et Fran-çoise Braun pourALTERNATIVE-NAIS-SANCE, ce docu-ment informe etporte un regard cri-tique sur :

• l'échographie' l'amniocentése• le déclenchement de l'accouchement• l'épisiotomiePOUR VOTRE BIEN NAÎTREAlternative-Naissance3429, rue DelorimierMontréal (Québec)H2K 3H5Prix : 4,00 $ /plus 5O t pour frais de poste)

Dossier d'accom-pagnement du nimdu même nom réa-lisé par Sylvie VanBrabant, ce docu-ment produit parNAISSANCE/RENAIS-SANCE traite de

divers sujets, dont, notamment :• la médicalisation de la naissance• les chambres de naissance• l'accouchement à domicile• la situation des sages-femmesDEPUIS QUE LE MONDE EST MONDENaissannce-RenaissanceCase postale 249, Suce. EMontréal (Québec)H 2 T 3 A 7Prix 3.OO $ Iplus 5O f pour frais de poste)

Réalisé par NicoleAudet, Denise Pel-chat et KathleenSaulnier du groupeNAISSANCE/RENAIS-S AN CE/SAGUENAY, Cedocument couvretoute la période

dite GAP (grossesse-accouchement-post-natal). On y traite, entre autres :' du choix d'hôpital• de l'accompagnement• du rôle du père• des diverses interventions médicales• des positions d'accouchement• des chambres de naissance• de l'accouchement à domicileINFORMATION + DÉCISION =ACCOUCHEMENT À SON GOÛTCe document est disponible à deux endroits :Naissance-Renaissance/ Alternative-NaissanceSaguenay 3429, rue DelorimierCase Postale 924 Montréal (Québec)Chicoutimi (Québec) H2K 3H5G7H SESPrix 8.OO $ (plus 50 4 pour frais de poste)

Produit par CarolePinsonneault, LiseCousineau et EdithEngelmann-Bélan-ger, ce documentréunit toutes lesprésentations com-muniquées lors de

l'événement d'envergure internationale des3 et 4 mai 1985 organisé par le MOUVEMENTSAGE-FEMME à l'Université McGill :• Francine Lalonde, ministre à la Condition

féminine• Maria de Koninck, chercheuse féministe• Isabelle Brabant, sage-femme• Lise Cousineau, sage-femme• Renée Gilbon, sage-femme• Monique de Gramont, journaliste• Francine Saillant, anthropologue• Gayle Peterson, thérapeute américaineFEMMES ET SAGES-FEMMESUN LIEN PRIVILÉGIÉNaissannce-RenaissanceCase postale 249, Suce. EMontréal (Québec)H2T 3A7Prix 3.00 $ Iplus 50 t pour frais de poste)

Réalisé par HélèneGoudreau, du grou-pe NAISSANCE-RENAIS-SANCE/SAGUENAY, Cedocument retracel'histoire de la césa-rienne, en révèle les

causes, donne des statistiques, discute desinterventions médicales menant à la césa-rienne, aborde des sujets comme l'anesthé-sie, les conséquences physiques et psycholo-giques de cette intervention, ses coûts et biend'autres sujets, dont la rupture utérine etl'AVAC.DEVENEZ MÈRE SANS ACCOUCHERou l'épidémie césarienneCe document est disponible à deux endroits :Naissance- Alternative-NaissanceRenaissance/Saguenay 3429, rue DelorimierCase Postale 924 Montréal (Québec)Chicoutimi (Québec) H2K 3H5G7H SESPrix 8,OO $ (plus 50 K pour frais de poste)

NE CHERCHEZ PLUS ; L'INFORMATION EST ICI ! Depuis plusieurs années, les groupes de femmes produisent régulièrement des docu-ments d'information qui s'adressent aux femmes enceintes qui veulent être bien renseignées afin d'être en mesure de faire des choix cons-cients ; ces documents s'adressent également aux intervenant-e-s qui désirent renouveler leur approche. Pour faire connaître vos parutions,envoyez un exemplaire ainsi qu'un court texte de présentation à : L'UNE A L'AUTRE C.P. 249, Suce. E, Montréal (Québec) H2T 3A7. Nous nousferons un plaisir de vous annoncer.

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de la d'aujourd'hui.

NOUVELLES EN BREF 4

LE CANCER DU SEIN est encore la formede cancer la plus répandue ; un cancerqu'on peut cependant guérir s'il est *soigné à temps. 0

NOUS AVONS LU Michèle Champagneet Céline Lemay commentent leurs • Qdernières lectures. 10

LETTRES OUVERTES 20

LE DOSSIER : « NE TOUCHEZ PAS ÀMA DOULEUR » La douleur fait partieintégrante de l'accouchement, mais il fautfaire la différence entre la douleur Qnégative et la douleur positive. 0

L'HOMME ENCEINT La grossesse mascu-line un sujet fort discuté sur la • «place publique récemment. I /

Photo de la couverture &t photo ci hduf : Pierre Crépô

L'UNE À L'AUTRE s'adresse aux femmes et aux hommes qui veulent vivre pleinement leur grossesse et leur accouchement et à tous ceux qui, de près ou de loin,travaillent auprès d'eux. Organe d'information de NAISSANCE-RENAISSANCE, mouvement pour l'humanisation et la démédicalisation de la naissance, L'UNE ÀLAUTRE est un outil indispensable pour quiconque se préoccupe de l'évolution de la société face à la sauté et s'intéresse aux courants de pensée et à l'actiondes femmes qui ont décidé de prendre leur santé en main.LUNE À L'AUTRE ÉDITEUR : Naissance-Renaissance RÉDACTRICE EN CHEF : Suzanne Blanche! COORDINATION : Dhyane lezzi COLLABORATION : Isabelle Brabant, Michèle Champagne, CélineLemay COMITÉ DE LECTURE : Isabelle Brabant, Michèle Champagne, Marie-Claude Martel GRAPHISME : Marie Chicoine, MARIGRAF RECHERCHE ICONOGRAPHIQUE : Judith Pothier (514) 272-7619COMPOSITION : Composition Solidaire inc. IMPRESSION : Presses Elite Inc. PUBLICITÉ ET PROMOTION : Sylvia Provost ABONNEMENTS : Josée Boismenu POLITIQUES DE LA MAISON : Nouslaissons aux auteures l'entière responsabilité de leurs textes. La reproduction partielle ou totale des articles est autorisée à condition de mentionner la source (mois, année, auteure). Si la reproduction des articleset des illustrations est faite à des fins commerciales, il faut obtenir l'autorisation préalable de la direction. Vous êtes invité-e-s à soumettre des textes dactylographiés à double interligne pour publication dansL'UNE À UAUTRE. Les textes pourront être publiés dans n'importe quel numéro de la revue à compter de la date de réception ; ils seront cependant soumis aux règles éditoriales courantes et pourront être modifiésà la discrétion de l'éguipe de rédaction. Les textes soumis ne seront pas publiés automatiquement et la rédaction exercera son droit de choisir ceux qui le seront. TARIFS D'ABONNEMENT pour 4 numéros (1 an) :individuel 10 $ ; corporations ou institutions 20 $ ; étranger : ajouter 5 $. Adresse postale : NAISSANCE-RENAISSANCE, C.P. 249, Suce. E, Montréal (Québec) H2T 3A7. Tél. : (514) 525-5895. Dépôt légal :4e trimestre 1983, Bibliothèque nationale du Québec. ISSN : 0824-8230. Courrier de deuxième classe, numéro d'enregistrement 6987.

L'UNE A LAUTRE HIVER 1987O

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-^ NOUWLLK6N mF

&#&*C'EST ASSEZ !

P our la première fois, un biolo-giste spécialisé dans les tech-

niques de procréation artificielledécide d'arrêter les recherches surcertains aspects de la manipula-tion de la procréation humaine.« Je n'irai pas plus loin, déclare leprofesseur Jacques Testart, dont ledernier exploit est la congélationd'embryons humains. Je ne tente-rai pas d'autres premières. D'autresle feront, non pas parce qu'ils sontles meilleurs, mais parce qu'ils ontenvie de le faire, de faire parlerd'eux, de passer à la télévision. »

Vivement inquiet devant l'évo-lution de sa discipline, il proposeun moratoire international. Unequestion urgente doit être posée :faut-il réglementer la manipulationdes cellules sexuelles et desembryons humains ? Le professeurTestart fait valoir que ces techni-ques, mises au point pour le trai-tement de la stérilité humaine,seront demain les meilleurs outilsd'un eugénisme qui n'hésitera nul-lement à dire son nom. « Qu'oncesse de faire semblant de croireque la recherche est neutre, seulesses applications étant qualifiées debonnes ou mauvaises. C'est enamont de la découverte qu'il fautopérer les choix éthiques. » S'agit-il d'une position ultra-minoritaireou du début d'une prise de cons-cience généralisée ?

« On ne sait pas encore établirle sexe de l'embryon humain, maisje ne doute pas un seul instantqu'on y parvienne. Au début, cettetechnique sera proposée commeun progrès médical pour toutes lesmaladies héréditaires liées au sexe.Puis, on verra rapidement les gensvenir vers la fécondation in vitropour choisir le sexe de l'enfant ànaître. On devra alors implanter lesembryons à la demande. Je neveux pas couper un oeuf humainen deux, prélever une ou quelquescellules sur un oeuf fécondé pourétablir le sexe ou pour faire un dia-gnostic d'anomalie génétique. Tou-cher à l'intégrité de l'oeuf, c'estprendre la responsabilité des évé-nements qui suivront. » Source :Le Devoir, 16 septembre 1986.

LITS USAGÉS : PAS CHERS MAIS...

J usqu'à quel point l'achat d'un lit d'enfant usagé est-il uneéconomie ? Depuis une dizaine d'années, 300 consommateurs

se sont plaints des lits dangereux auprès du ministère de la Con-sommation et des Corporations du Canada. Au moins 41 bébés onttrouvé la mort à cause de lits défectueux ou mal conçus. « Jetez les

vieux lits d'enfants qui risquent de causer des accidents, conseilleun représentant du Comité de prévention des accidents de l'Asso-ciation canadienne de pédiatrie. Mieux vaut laisser un enfant cou-cher par terre que de le voir suffoquer à cause de barreaux trop espa-cés ou d'un matelas qui se décroche. »Source : Protégez-vous, octobre 1986

LES FEMMES,LEUR SANTÉ

P lusieurs ateliers collectifs etateliers-cliniques sur la santé

physique et mentale des femmesseront offerts dès janvier au Cen-tre de santé des femmes de Mont-réal : auto-examen, cycle mens-truel, cape cervicale, bouli-mie/anorexie, ménopause, etc. Pourplus de renseignements, télépho-ner au (514) 842-8903.

DEUX PRIX POURL'UNE À L'AUTRE

L' UNE À LAUTRE a reçu deuxprix dans le cadre du con-

cours rédactionnel 1986 de l'Asso-ciation des journalistes de lapresse spécialisée (AJPS). Lenuméro d'hiver, qui portait notam-ment sur la grossesse à l'adoles-cence, était finaliste dans la caté-gorie « Meilleur numéro », tandisqu'un dossier sur l'AVAC signé parHélène Vadeboncoeur dans lenuméro du printemps étaitgagnant dans la catégorie « Arti-cle de fond ».

LA VASECTOMIE :QUI VA PAYER?

A u moment de mettre souspresse, il était question que

la ministre Thérèse Lavoie-Rouxdépose à l'Assemblée nationale unamendement à la loi de la Régiede l'assurance-maladie pour faireen sorte que la vasectomie rede-vienne un acte médical assuré.L'Association des urologuesdéclare que si tel est le cas, il nesera plus question d'en pratiquer.Rappelons que les urologues reçoi-vent 55 $ de la RAMQ pour effec-tuer cette intervention de dix minu-tes, mais qu'ils sont libres de fairepayer le patient entre 150 $ et300 $, s'ils le préfèrent... ce qu'ilsfont, il va sans dire ! En attendant,souligne Huguette Roberge dansLa Presse, monsieur, à qui la pro-création n'a jamais fait mal, peuttoujours alléguer une économieappréciable pour convaincre satrop douce moitié de subir uneligature des trompes, interventionplus douloureuse et plus grave,mais si commodément assurée auxfrais des contribuables !Source : Le Soleil, 30 août 1986 etLa Presse, 21 septembre 1986

DES CHIFFRES ...

D ans notre dernier numéro,nous donnions quelques sta-

tistiques sur les économiesqu'auraient réalisé les Canadiensde Colombie-Britannique s'ilsavaient diminué le nombre decésariennes pratiquées dans leurshôpitaux. Le Québec n'est pas àl'abri de tout reproche. Dans uneconférence prononcée à la facultéde médecine de l'Université deMontréal, le Dr Marsden Wagner,directeur de la santé maternelle etinfantile de l'Organisation mon-diale de la santé en Europe, souli-gnait que sur 87 610 accouche-ments au Québec en 1984, 18,6 %ont fini par une césarienne, 19,2 %par l'utilisation des forceps, pourun total de 37,8 %. Pendant lamême période en Europe, ces inter-ventions ont varié de 6 à 24 %selon les pays, avec une moyenneinférieure à 12 % en excluant leRoyaume-Uni.

Si l'on évalue à 3 000 $ l'écartde coût entre l'accouchement vagi-nal et l'accouchement par césa-rienne, les hôpitaux québécoiséconomiseraient près de 10 mil-lions de dollars par année enréduisant à 15 % leur taux decésariennes comme le suggèrel'OMS. Ils pourraient économiserplus de 18 millions s'ils réduisaientce taux à 11,9 % comme en Fin-lande, pays dont le taux de mor-talité périnatale est le plus bas aumonde. Enfin, ils économiseraient40 millions par armée avec un tauxde césarienne semblable à celuide la Hollande, pays dont les sta-tistiques en mortalité infantile sontpourtant inférieures à celles duQuébec. Le prétexte de la sécuritéen prend pour son rhume !

Dans cette même allocution, leDocteur Wagner soulignait que leCanada fait partie d'un club trèsexclusif qu'il ne partage qu'avecl'Afrique du Sud. Ce sont en effetles deux seules régions industria-lisées au monde qui s'opposentencore à la légalisation des sages-femmes. « Certains pensent qu'ils'agit d'un retour en arrière. Je disau contraire que refuser les sages-femmes est passé de mode ! »

L'UNE A LAUTRE HIVER 1987

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LES JOUETS DE GUERRE ET LA TÉLÉVISION

L a vente des jouets de guerre augmenté de 600 % au cours destrois dernières années aux États-Unis. L'industrie des jouets

de guerre prévoyait réaliser un chiffre d'affaires de 1,3 milliards $US en 1985 aux États-Unis seulement. Des dix jouets les plus ven-dus chez nos voisins du sud, sept sont de nature violente et chacuna son propre programme de télévision. Dix séries de dessins animésde guerre sont montrées chaque semaine à la télé et six autres sonten préparation. Chacune est subventionnée par une compagnie dejouets pour assurer la promotion d'un de leurs produits.

Ces dessins animés présentent 41 actes violents par heure, dontune tentative de meurtre aux deux minutes ! Leur diffusion est pas-sée de une heure et demie par semaine en 1982 à 27 heures parsemaine en 1985. L'enfant américain moyen verra 800 annonces dejouets de guerre cette année à la télévision et environ 250 épisodesde dessins animés destinés à en promouvoir la vente, soit l'équiva-lent de 22 jours de classe.

« Les jouets de guerre rendent acceptables les comportements vio-lents, estime Arnold Goldstein, directeur du CENTER FORRESEARCH ON AGRESSION à l'Université de Syracuse. Ils désensi-bilisent les enfants aux dangers et aux conséquences des comporte-ments violents et augmentent leurs chances d'y avoir recours. »Source : Mothering, printemps 1986

VOUS N'ÊTES QUELES PARENTS

L e Code civil prévoit que cesont le père et la mère de

l'enfant qui doivent assurer les obli-gations découlant de l'autoritéparentale. Pourtant, la loi leurinterdit de désigner le tuteur quiprendrait la relève, advenant ledécès des deux parents. C'est au

LE TABAGISMEDU PÈRE

L e foetus ne souffre passeulement du tabagisme

de sa mère : il maigrit aussi lors-que le père fume, révèle une étudeeffectuée par des chercheursdanois. Plusieurs recherchesavaient récemment prouvé quedans le ventre de leur mère, lesbébés étaient déjà des fumeurspassifs et que les cigarettes fuméespar la femme enceinte augmen-taient le risque de fausses couches,de prématurité et de faible poidsde l'enfant à la naissance.

Une nouvelle étude, publiéepar la revue britannique The Lan-cet et portant sur 500 nouveau-nés,indique cette fois que le tabagismedu père ou de tout autre occupantpermanent de l'appartement a, luiaussi, des répercussions sur lepoids du foetus, même lorsque lamère ne fume pas.

Conduite au Danemark à l'hô-pital de l'université Gentofte deHellerup, où naissent chaqueannée 2 000 enfants, l'étude pré-cise que la consommation par lepère d'un paquet de cigarettes par

jour entraîne une réductionmoyenne de 120 grammes à lanaissance. Il apparaît égalementque les effets du tabagisme passifsont plus importants dans les famil-les qui vivent dans de petits loge-ments où la fumée est davantageconcentrée.

En publiant leurs conclusions,les auteurs soulignent qu'ils ontpris soin d'éliminer à l'aide dequestionnaires très détaillés tousles autres facteurs qui auraient puavoir une influence sur le poids dubébé (l'âge de la mère, le nombrede grossesses antérieures, la con-sommation d'alcool et de tabac parla mère, la survenue de maladiespendant la grossesse, le milieusocio-économique. )Source : La Presse, 3 septembre'1986

LA MAISON DES SAGES-FEMMES

L e 5 octobre dernier, les Sages-femmes associées de Montréal

ouvraient officiellement leurbureau au 3939, rue Berri. Plus de400 personnes, dont plusieursenfants nés dans les mains d'unesage-femme, ont envahi la maison,témoignant de leur appui par leur

présence et par une levée de fondstotalisant près de 3 000 $. Unejournée semblable ravive une lueurd'espoir dans le coeur des person-nes qui désirent ardemment voirles sages-femmes avoir enfinpignon sur rue. •

conseil de famille, composé d'aumoins sept parents et amis, querevient le pouvoir de désigner lapersonne qui assumera le rôle detuteur. Le conseil de famille jouit Kd'une entière liberté et peut ne pas gretenir la suggestion que les ^parents auraient pu prévoir par tes- gtament ou autrement. Voilà une loi ^qui mériterait d'être révisée ! 5Source : Justice, octobre 1986. E

L'UNE A L'AUTRE

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L'auto-examen :le meilleurmoyen dedépistage

LAUTO EXAMEN

LXUTO-EXAMENUN GESTE DE SANTÉ

L'auto-examen est un geste de santé.C'est pourquoi le Centre de santé desfemmes de Montréal a publié aux Édi-tions du Remue-ménage un livre surl'auto-examen des seins et des orga-nes génitaux. Au-delà de la préven-tion, lit-on en conclusion, l'auto-examen peut répondre à plus d'unbesoin : le désir d'être plus près de soncorps, de comprendre davantage cequi s'y passe et le désir de prendre enmain sa santé.

e dépistage systématique du cancer du sein, cen'est pas pour demain. Le ministère de la Santé etdes Services sociaux refusait récemment de fi-nancer la poursuite du programme de dépistage

du cancer du sein entrepris en 1981 dans le cadre d'unerecherche à l'échelle nationale. On préfère attendre lesrésultats de cette étude, prévus pour... 1990 ! Le minis-tère estime en outre que les CLSC pourraient tout sim-plement intégrer ce volet à l'ensemble de leur missionde prévention car le contexte d'austérité actuel décou-rage la création d'un centre permanent de dépistagedu cancer du sein.

De toute façon, quand on connaît les effets nocifsdes rayons X, peut-être est-il préférable de songer à d'au-tres moyens. « L'initiation de la maladie cancéreuse estparfois attribuée à des radiations et en particulier auxrayons X et pourtant nous continuons à irradier nos mala-des en multipliant les examens radiographiques, par-fois inutiles, et ceci en toute bonne conscience ! » * Sanscompter qu'avant 45 ans, la mammographie est moinsfiable car le sein est généralement très dense, de sortequ'une tumeur palpable n'est pas toujours visible auxrayons X.

L'auto-examen est certes une bonne solution derechange. La Société canadienne du cancer publiedepuis quelques années un dépliant qui explique, étapepar étape, la façon d'effectuer l'auto-examen des seins.Le Centre de santé des femmes de Montréal a égale-ment publié un livre intitulé « L'auto-examen, un gestede santé », qui rappelle aux femmes que le sein n'estpas un symbole sexuel mais une partie du corps qu'ilfaut observer afin d'y déceler rapidement tout signeirrégulier.

La pratique de l'auto-examen des seins s'effectue unefois par mois, après les menstruations, à partir de l'âgede 20 ans et la vie durant. La première fois, c'est un peula panique : le sein est en effet une glande en forme degrappe de raisin. La femme se demande parfois si tou-tes ces petites boules sont des « bosses de cancer ». Elledoit donc se tracer une image mentale, une sorte de car-tographie mammaire qui deviendra ensuite le point decomparaison, sans pour autant s'alarmer outre mesurelorsqu'elle découvre « quelque chose » : près de 80 %des tumeurs du sein ne sont pas cancéreuses.

Mais elle ne doit pas non plus pratiquer la politi-que de l'autruche et faire comme si de rien n'était ; en1985, le cancer du sein était encore la première causede mortalité chez la femme. Une Québécoise sur 13 ensera atteinte un jour ou l'autre. Toutes n'en mourront pas,mais plusieurs en sortiront mutilées physiquement etpsychologiquement, d'où l'importance d'un diagnosticprécoce.

ET SI C'ÉTAIT...Lorsqu'une masse est décelée, la mammographie estutile, mais elle ne suffit pas : il faut savoir s'il s'agit d'unetumeur maligne ou d'un simple kyste. Dans ce derniercas, il disparaîtra complètement lors d'une cytoponc-tion a l'aiguille fine. Sinon, la médecine qu'on sert pré-sentement aux femmes est « simple » : chirurgie, radio-thérapie, chimiothérapie, immunothérapie. Et avec ça,ma chère madame, « parti bobo », on n'en parle plus.« Le médecin a dit à ma voisine qu'il lui enlèverait unsein comme s'il s'agissait des amygdales », s'indigneFrancine.

Plusieurs chirurgiens optent encore pour l'ablationradicale parce qu'ils ont eux-mêmes une réaction depanique face au cancer. Il arrive donc qu'il ne s'écouleque quelques jours entre le diagnostic et l'ablation.Même si la maladie progresse parfois très rapidement,la femme doit prendre le temps de consulter un autremédecin pour obtenir une deuxième opinion : « La pro-fession médicale a été un peu réticente à adopter lestraitements modernes en se cachant derrière le fait quece n'est pas entièrement prouvé, déplore le docteur RogerPoisson, chef du service de chirurgie oncologie de l'hô-pital Saint-Luc à Montréal. En médecine, il y a des éco-les et les patientes sont traitées selon l'école à laquelleappartient le chirurgien. Certains croient encore quec'est mieux de faire des mastectomies. »

Ces mastectomies systématiques ont longtemps faitcroire que le cancer du sein est localisé. Ce n'est pastoujours vrai : des cellules cancéreuses peuvent s'éten-dre à d'autres parties du corps. Ce que le docteur Pois-son propose donc à ses patientes et souhaiterait voiradopté par l'ensemble de la profession, c'est une chi-rurgie moins mutilante suivie d'un traitement systémi-que. Au lieu d'enlever tout le sein, il n'enlève que latumeur ou la partie atteinte, pour prendre ensuite ce qu'ily a de mieux de chaque arme : « Les résultats combi-nés sont mieux que les résultats d'un seul traitement. »Nous sommes loin des saignées et emplâtres à la ciguëproposés à la reine mère Anne d'Autriche, atteinte ducancer du sein en 1664, mais ce suivi post-opératoiren'est pas pour autant une partie de plaisir.

Les traitements sont très astreignants : il faut géné-ralement se présenter à l'hôpital cinq jours par semainependant plusieurs mois sans possibilité d'hébergementà proximité pour les femmes qui demeurent loin. Mêmecelles qui habitent relativement près d'un grand centren'ont pas la vie facile. Françoise Lanthier, qui a subi unemastectomie il y a 15 ans, se souvient des longs trajetsen autobus entre la banlieue et le centre-ville de Mont-réal. C'est pour ces personnes que la Fondation québé-coise du cancer entend construire cette année deuxhôtelleries, une à Montréal, l'autre à Sherbrooke. Il n'enexiste présentement qu'une seule, adjacente à l'Hôtel-Dieu de Québec.

L'UNE A L'AUTRE HIVER 1987

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ncerOn « oublie » bien souvent d'expliquer les effets

secondaires ou de suggérer une solution de rechange.Pourquoi ne pas informer la femme que sa peau risquede dessécher ? Pourquoi ne pas lui suggérer une crèmenon-médicamenteuse appropriée ? Pourquoi ne pas lu;

dire que la fatigue est normale pendant le traitement,au lieu de la laisser se tourmenter, s'imaginant le pire ?Pourquoi ne pas investiguer sur ce qui se fait ailleurs ?On dit par exemple que la perte des cheveux pourraitêtre évitée grâce à un casque qui refroidit le cuir che-velu afin d'arrêter l'action toxique des médicaments àcet endroit.

VIVRE AVEC UN SEIN EN MOINSLes effets secondaires ne sont pas que physiques. Le can-cer a des répercussions psychologiques indéniables dèsl'annonce du diagnostic et elles se poursuivent aprèsl'opération : difficultés à réintégrer son milieu de vienaturel, crainte d'une rechute, angoisse face à la mort.Rares sont les hôpitaux qui disposent du personnel qua-lifié pour aider la patiente à identifier ses propres res-sources, à reprendre confiance en elle-même, à avoir uneimage plus positive. Pourtant, la perspective de vivreavec un sein en moins n'est pas facile à accepter. L'at-teinte de l'image corporelle apporte certaines angois-ses émotionnelles et sexuelles : « II n'y a aucun moyende cacher l'amputation à son amoureux. » 3 On voit sou-vent les mariages se dissoudre à ce moment : la mas-tectomie est parfois un obstacle insurmontable quandl'union ne tient déjà plus qu'à un fil. Certaines femmesne peuvent s'en sortir moralement que le jour où ellesosent prendre un amant.

Nombreuses sont les bénévoles qui deviennent lesmeilleures alliées dans l'épreuve. Membres d'organismesà but non lucratif comme « Toujours femme/Reach toRecovery », « Vie Nouvelle » ou « Association des opé-rées du sein » 4, ces femmes ont déjà passé au bistouri.Mieux que personne, elles deviennent un réconfort, voireune ressource essentielle. Elles remontent le moral, écou-tent, encouragent, suggèrent de petits trucs qui rendrontla vie plus facile. Elles donnent même aux femmes unelégère prothèse afin qu'elles puissent sortir de l'hôpitalavec deux seins.

Lorsque les traitements sont terminés et que la peaun'est plus sensible, la femme cherche une prothèse mam-maire dite permanente, non pas uniquement par soucid'esthétique ou pour répondre à un besoin psychologi-que, mais pour son confort physique. En effet, la colonnevertébrale est habituée à un poids égal de chaque côté ;l'absence d'un sein cause donc un inconfort physiqueréel. On imagine cependant le désarroi de celle qui doitpour la première fois de sa vie chercher une prothèsemammaire : que faut-il acheter ? À quel endroit ? 5

Encore une fois, les bénévoles conseillent et donnent debonnes adresses.

Puis, la vie continue. Plus belle, parfois : « L'épreuvefait grandir, conclut Françoise Lanthier. Le cancer achangé ma vie. Ça m'a motivée à en faire davantage.J'ai aujourd'hui plus d'énergie, plus de volonté que jen'en ai jamais eues. J'ai même appris à nager, moi quiavais une peur bleue de l'eau ! » •

SUZANNE BLANCHET

1 SOLIGNAC,,Dr Pierre, Ces malades mal-traités, CollectionPolémique, Éditions de Trévise, Paris, 1981.

2 RUEFF, Dr Dominique, Choisir la vie — nouveaux combatscontre le cancer, Le hameau éditeur, Paris, 1984.

3 KITZINGER, Sheila, Woman's Expérience of Sex, G.P. Put-nam's Sons, New York, 1983.

4 Pour connaître le nom d'une bénévole dans votre région, vouspouvez rejoindre le groupe Toujours femme en téléphonantau (514) 737-0464, Vie Nouvelle au (514) 669-2984 et L'as-sociation des opérées du sein en appelant La Société cana-dienne du cancer. Si d'autres groupes d'entraide existent, nousserons heureuses de publier leurs coordonnées dans le pro-chain numéro.

^ On peut lire un article sur les prothèses mammaires dans lenuméro d'octobre de la revue PROTÉGEZ-VOUS.

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Nous vivons dans une sociétéprogrammée pour fuir ladouleur, une société qui croitmasochiste la personne quiendure un mal de tête sans

aspirine, une société qui n'a laissé qu'auxsportifs le droit d'avoir mal noblement.Même si la douleur est au coeur du quoti-dien de millions de gens, on a choisi d'yrépondre collectivement par l'usage illi-

,„ mité de tonnes d'analgésiques, une solu-| tion strictement chimique et efficace àg court terme seulement.^ La douleur est une expérience très sub-3 jective : non seulement sa perception^ varie-t-elle d'une personne à l'autre, maiss également d'une culture à l'autre. Dans les

P A R I S A B E L L E

sociétés dites primitives, la douleur fait |partie de la vie quotidienne ; celle de l'ac- gcouchement n'est donc pas perçue comme |une exception. Dans les cultures méditer-1ranéennes, on trouve normal de crier pour 2la manifester, qu elle soit grande ou légère, ?tandis qu'ailleurs, l'usage commande qu'onla cache soigneusement. Chez les indiensde Panama, où la naissance est un événe-ment honteux, le travail est très long etdouloureux. Chez les Indiens Kahunas, lafemme transmet la douleur à quelqu'un quila mérite et le travail en est ainsi facilité !Ces différentes attitudes ont un effet directsur la façon dont les individus perçoiventla douleur.

B R A B A N T

L'UNE À UAUTRE HIVER 1987v?

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*tfâte DCOTS

| On apprend dès la petite enfance com-1 ment réagir face à la douleur. Dans cer-Q taines familles, on se précipite au premierp cri sur le bébé qui a des coliques et on ley cajole ; ailleurs, on se dépêche de distraireS l'enfant avec de la nourriture pour « effa-g cer le bobo » ; ailleurs encore, on préfèrep l'ignorer, malgré ses protestations. On= reçoit là des messages précis qui modèlent-ë pour longtemps notre perception de la| douleur.è Les histoires d'accouchements qu'on aI entendues au cours de notre vie peuvent

parfois amplifier nos craintes, d'autant plusque les détails qui manquent à ces histoi-res sont souvent remplacés par une versionimaginaire bien pire que la réalité.

A travers l'histoire, cette douleur a euvaleur de punition de Dieu : souvenez-vousde Ses paroles à Eve en la chassant duParadis terrestre ! La douleur a égalementeu valeur de malédiction, de conditionfâcheuse à contrôler et même à annulercomplètement à l'aide de drogues ou derespirations longuement pratiquées.

On arrive donc à l'accouchement rem-plies d'idées préconçues. Des exercicescomme ceux proposés en encadré peuventnous aider à prendre conscience à quelpoint nos croyances et nos automatismestransforment notre façon de vivre la dou-leur. Car on ne peut nier qu elle existe. Unerecherche sur la douleur effectuée récem-ment à l'Université McGill de Montréaldémontre, à la surprise de tous, que l'ac-couchement s'avère plus douloureux queles maladies habituellement reliées à unegrande souffrance, le cancer par exemple,sauf qu'on n'a jamais fait la différence entrela douleur qui exprime une pathologie, undésordre de l'intérieur, et celle de l'accou-chement, expression normale d'un travailextraordinaire.

PETITS EXERCICESVoici deux exercices pour vous permettre d'aller fouiller vos modèles de répon-ses face à la douleur. Ces jeux sont particulièrement intéressants pour la femmequi va accoucher, mais aussi pour tous ceux qui l'entourent. Le futur père, le méde-cin et l'infirmière ont, eux aussi, leur propre liste d'idées associées à la douleur,lesquelles affectent leur façon de la vivre en tant que témoin. Leur support dépenddirectement de leur propre attitude par rapport à la douleur; ils auront peine àla mettre de côté s'ils n'en sont pas conscients. Ainsi, l'anesthésie proposé aprèsdes heures de travail douloureux peut sembler une délivrance pour le père oupour le personnel, s'ils se sentent, eux, à bout de ressources!Inscrivez en grosses lettres le mot DOULEUR. Écrivez au-dessous tous les mots quivous viennent à l'esprit quand vous pensez à ce mot. Au besoin, dites-le à hautevoix. Ne censurez pas, ne filtrez pas. Écrivez pêle-mêle tout ce qui vous passe parla tête. Après quelques minutes, ou lorsque vous êtes à court d'inspiration, reli-sez votre liste et essayez de sentir ce qui s'en dégage. Partager le contenu de votreliste avec votre partenaire l'aidera à mieux vous comprendre et, par conséquent,à mieux vous soutenir pendant le travail.Cette suite de mots est à l'image de vos croyances et de vos émotions au sujetde la douleur. Voyez, par exemple, les deux listes qui suivent :

aiej'ai peursangmorthôpitalaccident

intensesensation forteénergiegrandirabandon

À lire ces deux listes, on voit bien que leurs auteurs n'abordent pas la douleuravec la même attitude. Si votre liste tourne autour de la peur, la maladie et ladépendance, prenez le temps d'explorer d'où vous viennent ces images. Permettez-vous, lors d'un prochain malaise, d'expérimenter une autre façon d'y réagir, plusouverte peut-être, plus détendue, moins dépendante du passé.

Voici un deuxième exercice pour vous aider à identifier votre attitude par rap-port à la douleur et soulager la charge émotionnelle qui peut y être rattachée.Faites cet exercice par écrit ou parlez-en avec un ami jusqu'à ce que vous voussentiez en paix avec les souvenirs qu'il éveille.Rappelez-vous une situation où vous avez eu très mal. Essayez de vous remémo-rer le plus de détails possibles :

Où était-ce ?Quand et comment la douleur était-elle venue ?Qui était autour de vous ?Comment avez-vous manifesté votre douleur ?Quelle a été la réaction des gens ?Quelles émotions éprouviez-vous ?De quoi aviez-vous besoin ?Avez-vous demandé de l'aide ? Comment?En avez-vous reçue ? De quel ordre ?Qu'est-ce qui vous a réconfortée, finalement?

Refaites l'exercice pour plusieurs événements différents. Dégager pendant la gros-sesse des émotions difficiles rattachées à la douleur permet d'arriver à l'accou-chement plus légère, davantage disposée au travail d'abandon, d'ouverture.

L'UNE A LAUTRE10

HIVER 1987

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L'accouchementest une initiation

L l accouchement marque très puis-samment la rupture avec la relation

biologique et symbiotique entre la mère etson enfant. C'est une initiation, un passageentre la grossesse et la maternité aussisignificatif que les rites de passage quiexistent dans diverses cultures entre l'en-fance et l'âge adulte par exemple. Pour l'in-dividu comme pour la communauté, l'ini-tiation vient marquer le passage d'unepériode de la vie à une autre et stimuler,souvent de façon spectaculaire, les ressour-ces personnelles qui seront sollicitées àl'avenir et qu'il faut mettre à l'épreuve.

C'est un événement qui annonce et pré-pare au changement, un événement pro-vocateur parce qu'il vient bouleverser l'étathabituel des choses pour laisser place àl'inconnu, à l'imprévisible de la nouvellerelation entre la mère et son enfant. Biensûr qu'ils se connaissent déjà, mais lesmécanismes biologiques pour répondreaux besoins de chaleur, de protection, denourriture du bébé ne seront plus automa-tiques ; ils seront désormais remplacés parles gestes volontaires de la mère, d'où l'im-portance de l'attachement entre les deux,seule garantie que la mère demeurera dis-ponible et attentive pour combler cesbesoins vitaux.

Quel rapport avec la douleur ? Elle pré-pare ce passage. Elle vient briser les sché-

i mas habituels de comportement, déséqui-librer la mère au moment où elle doit aban-donner le statu quo de la vie courante pourplonger dans la transformation majeureque représente l'arrivée de son bébé danssa vie. Le partenaire présent vit, lui aussi,ce grand chambardement du corps et du

| coeur.La maternité exigera mille fois d'une

| femme qu'elle rassemble ses forces et sesurpasse, qu'elle aille puiser profondémenten elle-même la confiance et le couragenécessaires pour passer à travers ce quela vie avec son enfant lui réserve. L'accou-chement, par la puissance des mécanismesphysiologiques et psychiques sollicités, parl'attrait intense que représente le momentde rencontre avec le bébé qui s'en vient,est un moment charnière qui permettra àla nouvelle mère d'exprimer sa force, sonendurance, sa patience, son amour pourson enfant.

Se préparerde façon réaliste

Q ui n'a pas rêvé, à sa première gros-sesse, de se rendre à l'hôpital avec

une sensation bizarre au bas du ventrepour apprendre qu'elle est complètementdilatée et qu'il ne lui reste qu'à pousser son

bébé ? Pour la majorité des femmes, la réa-lité est tout autre : l'accouchement estdouloureux !

Il faut absolument se préparer de façonréaliste à l'immense défi que représente letravail et l'accouchement. Remplacer lemot « douleur » par des euphémismescomme « inconfort » et « intensité » dansles cours prénatals a certes pour but loua-ble de ne pas effrayer la femme, maiscomme triste résultat, elle et son partenairese retrouvent sans préparation face à depuissantes sensations. Ils se demandentavec raison s'il ne se passe pas quelquechose de grave puisque ça fait si mal, ladouleur étant couramment associée à lamaladie.

Il est temps d'arrêter de nourrir l'imageromantique de la maternité en ne publiantque des photos de femmes au teint depêche, fraîchement coiffées, béates dansleur jolie robe de dentelle, en prétendantqu'elles viennent d'accoucher. Ces imagespassent sous silence des aspects plusdérangeants et plus difficiles : les femmesqui accouchent transpirent, gémissent,vomissent parfois, émettent des sons bizar-res, perdent le contrôle qu'elles ont habi-tuellement sur leurs fonctions corporelles.

Cette idée de contrôle, concept abon-damment véhiculé dans la préparation pré-natale, s'avère trompeuse elle aussi : il fautoublier les bonnes manières pendant l'ac-

« Mon ventre est lourd ! Mon ventre estdur comme de la roche! Mon ventreéclate ! Et pourtant, à chaque secousse,je décolle, je flotte dans la chambre, jeme retrouve au plafond, je passe à tra-vers, je vole dans l'air glacial d'un après-midi de janvier... Pis je redescends,j'éclate encore, mais de rire : j'en revienspas, je suis encore vivante, capable deparler, de marcher, de faire des farces...

« Est-ce que c'est douloureux ? » Onen a parlé des douleurs de l'enfan-tement !

C'est de la douleur... oui ! Une dou-leur surprenante, saisissante, démesu-rée. Mais une bonne, une belle douleur.Une douleur sans peur, sans honte. Unefière douleur.» FRANCINE TOUGAS

« Grandir (en hommage à ma fille) », Leméac, 1985.

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te wweR.

couchement qui, par définition, est incon-trôlable. Les femmes qui ont appris à con-trôler la douleur par des techniques pré-cises peuvent, parfois, bloquer inconsciem-ment le travail en empêchant les contrac-tions de devenir plus intenses, mais enmême temps plus efficaces. La dilatationpeut alors stagner pendant des heures ; lafemme s'épuise, et finalement, seule unecésarienne peut dénouer la situation.

Une autre fausse idée est largementrépandue : on s'imagine que les contrac-tions causent du tort au bébé 1. Pourquoiun processus aussi naturel que celui de lanaissance serait-il nocif ? Les bébés ont aucontraire besoin de ces contractions qui lespréparent au passage de la vie intra-utérine à la vie tout court, alors qu'ilsdevront respirer et s'alimenter par eux-mêmes. Les contractions intenses ne bles-sent pas les bébés : elles les font naître !

Il y a souffrir...et souffrir!

L e niveau de douleur de l'accouchementest déterminé par un ensemble de

facteurs physiques et psychologiques. Pen-dant le travail, certaines couches muscu-laires de l'utérus se contractent pour effa-cer le col et le dilater, ouvrant ainsi le pas-sage à l'enfant. D'autres couches se relâ-chent complètement pour laisser le cols'ouvrir, alors que leur rôle pendant la gros-sesse avait été de voir à ce que le col restefermé, protégeant ainsi le foetus des con-séquences néfastes d'une naissance pré-maturée. Les muscles effectuent ce travailsans qu'on ait à le commander, tout commele système digestif se met en branle aubesoin sans notre décision consciente. Siune femme est très tendue, la résistanceannule l'effort et le travail ne peut se réa-liser ; le muscle ne peut se reposer entreles contractions, d'où fatigue et augmen-tation de la douleur. Quel gaspillaged'énergie !

Parmi les facteurs qui augmentent notreperception de la douleur, on retrouve lapeur, le stress, la tension, la fatigue, lefroid, la faim, la solitude, le bouleverse-ment émotif, l'ignorance de ce qui sepasse, un environnement étranger et, pen-dant l'accouchement, le fait d'appréhenderles contractions.

Parmi les facteurs qui réduisent notreperception de la douleur, on retrouve larelaxation, la confiance, une bonne infor-mation, le contact continu avec des per-sonnes familières et amicales, le fait d'êtrereposée et bien nourrie, un environnementfamilier et confortable, le fait d'être activeet, pendant l'accouchement, le fait de res-ter dans l'instant présent et de prendre lescontractions une à une.

Modifier certains de ces facteurs nesupprime pas la douleur mais contribuegrandement à en changer l'intensité. Lesfemmes, de même que les personnes quiles accompagnent, ont le pouvoir de chan-ger plusieurs de ces éléments. Elles ne sontdonc plus des victimes, mais des partici-pantes actives, changement d'attitude qui,à lui seul, va modifier le cours des choses.

« Souvent, on sent que la douleur physi-que n'a pas la part prédominante dans cequi amène à avoir recours à la péridurale.Évidente paraît l'importance de l'environ-nement, calme ou bruyant, de la présenceou de l'absence du ou des accompagnants,de l'affinité avec l'équipe, des conflitslatents, de l'ambiguïté du désir d'être mèreà mesure que l'instant s'en approche, de lapeur, en gros de tout ce qui est facteur desouffrance. Et ça peut être la somme decette souffrance et de la douleur physiquequi rend cette dernière intolérable, alorsque réduite à elle-même, elle resterait dansles limites de ce que beaucoup de femmess'attendent à vivre. »

Douleur et résistance

A quelqu'un qui s'exclamait devant ellecombien cela avait dû être épouvan-

table et immensément douloureux d'avoirun bébé de 10 livres, une mère a réponduen souriant : « Ce ne sont pas les dix livresqui font mal, c'est la résistance ! »

Toutes les cellules de notre corps con-tiennent les consignes génétiques qui luidisent dès la rencontre d'un ovule et d'unspermatozoïde comment développer unembryon, assurer sa survie, son évolution,et donner naissance à un bébé neuf moisplus tard. Dans son infinie sagesse, lanature n'a pas fait les choses à moitié etchaque phase du travail est inscrite danstout le corps. La douleur servira de signal,témoin de l'important travail en cours,

]6OO • 175O• Sages-femmes.• Le protestantisme contre les aspects

spirituels et religieux de la naissance.• La naissance et sa douleur sont con-

sidérées comme bibliques, une puni-tion de Dieu, donc inévitables.

• Naissances à la maison.• C'est l'accouchement social, c'est-à-

dire que les sages-femmes et les fem-mes de la communauté s'en occu-pent; elles aident les femmes en tra-vail et durant la période postnatale.

• Le clergé Joue un rôle significatifdans les rituels de l'accouchement.

175O - 1800

• Sages-femmes, médecins et « sages-hommes» partagent le marché desaccouchements.

• Recherche sur l'anesthésie et sur lesméthodes pour soulager la douleur.

• Forceps utilisés pour accélérer lanaissance et, dans certains cas, lamort!

• Les aspects spirituels et émotionnelsne font plus partie de l'accou-chement.

• Le processus de la naissance est con-sidéré comme mécanique et con-trôlable.

• L'identification des maladies estencore peu connue ; on se contentede "traiter».

• Les femmes sont encore les premièresresponsables de l'accouchement,mais le contrôle des hommes sur lecorps des femmes commence às'instaurer.

18OO - 19OO

• On commence à avoir recours à l'ho-méopathie et à la phytothérapie.

• La douleur est maintenant perçuecomme quelque chose dont les fem-mes doivent être « sauvées ».

• Les médecins deviennent les pre-miers responsables des accouche-ments.

• tes hommes contrôlent le corps, laconduite et la santé des femmes.

• Croyances : vêtements serrés, man-que d'exercices, diètes riches et peurd'accoucher augmentent la douleurde l'accouchement.

• La modestie guide le comportementsocial et médical.

• Les sages-femmes commencent à dis-paraître sauf dans les régions urgai-nes défavorisées et les régions ru-rales.

•5% des naissances ont lieu à l'hôpital.

19OO • J95O

• Les femmes demandent le droit devote et l'accouchement sans dou-leur; la « Twilight Sleep Association »insiste sur le fait que les femmes n'ontpas besoin de souffrir pour accou-cher.

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L'UNE À LAUTRE12

HIVER 1987

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• Sagas-femmes.• Le protestantisme contre les aspects

spirituels et religieux de la naissance.• La naissance et sa douleur sont con-

sidérées comme bibliques, une puni-tion de Dieu, donc inévitables.

• Naissances à la maison.• C'est l'accouchement social, c'est-à-

dire que les sages-femmes et les fem-mes de la communauté s'en occu-pent; elles aident les femmes en tra-vail et durant la période postnatale.

• Le clergé Joue un rôle significatifdans les rituels de l'accouchement.

17SO - I8OO

• Sages-femmes, médecins et • sages-hommes » partagent le marché desaccouchements.

• Recherche sur l'anesthésie et sur lesméthodes pour soulager la douleur.

• Forceps utilisés pour accélérer lanaissance et, dans certains cas, lamort!

• Les aspects spirituels et émotionnelsne font plus partie de l'accou-chement.

• Le processus de la naissance est con-sidéré comme mécanique et con-trôlable.

• L'identification des maladies estencore peu connue ; on se contentede 'traiter».

• Les femmes sont encore les premièresresponsables de l'accouchement,mais le contrôle des hommes sur lecorps des femmes commence às'Instaurer.

• On commence à avoir recours à l'ho-méopathie et à la phytothérapie.

• La douleur est maintenant perçuecomme quelque chose dont les fem-mes doivent être • sauvées ».

• Les médecins deviennent les pre-miers responsables des accouche-ments.

• Les hommes contrôlent le corps, laconduite et la santé des femmes.

• Croyances : vêtements serrés, man-que d'exercices, diètes riches et peurd'accoucher augmentent la douleurde l'accouchement.

• La modestie guide le comportementsocial et médical.

• Les sages-femmes commencent à dis-paraître sauf dans les réglons urgal-nes défavorisées et les réglons ru-rales.

• 5% des naissances ont lieu a l'hôpital.

• Les femmes demandent le droit devote et l'accouchement sans dou-leur; la - Twlllght Sleep Association *Insiste sur le tait que lei femmes n'ontpas besoin de souffrir pour accou-cher.

£3,

De haut en bas : scène d'accouchement àRome, au XVIe siècle; dSprès 1 Romain ; opé-ration césarienne en Italie, au XVI" siècle, unechambre d'accouchée en Suisse, d'après Ruett,1554 : un accouchement au XVIIe siècle,d'après A. Boas.Gravures tirées de l'Hll'TOIRE DES ACCOU-CHEMENTS CHEZ TOI IS LES PEUPLES, Wil-kowski, G.-I, Pan:;

• A partir de I930,68 % des accouche-ments ont lieu en milieu hospitalier.

• Le sommeil provoqué, les narcotiqueset l'anesthésie locale deviennent lar-gement disponibles.

• Les * accouchements à la chaîne •atteignent leur plus haut niveau.

• Les obstétriciens organisent des pro-grammes d'éducation prénatalestandardisée et insistent pour que lesfemmes les suivent.

• Autour de 193O, on admet que l'abusd'anesthésie et d'interventions de rou-tine à l'accouchement ont des réper-cussions néfastes pour la mère etl'enfant.

• Le biberon connaît son heure degloire.

• Grantly Dick-Kead découvre larelaxation et son effet sur la douleur.

195O • I98O

• Ma/orie Karmel Introduit la méthodepsychoprophylactique de Lamaze enAmérique du Nord.

• La psychologie et la psychiatrieanalysent l'effet de l'accouchementnaturel sur la psyché des femmes(Freud, Deutsch, etc.)

• De Mead à Kltzlnger, les anthropolo-gues encouragent l'accouchementéveillé et conscient (sans drogues).

• La ' génération du retour à la terre *des années 6O et 7O ramènent l'ac-couchement naturel et la naissanceà domicile.

• Dans les années 70,95 % des naissan-ces ont lieu à l'hôpital.

• Analgésie épidurale et anesthésie.• Les féministes contribuent à élargir la

conscience des femmes sur leur droitde contrôler leur corps et leurdestinée.

• Les médias et les groupes d'humani-sation Informent les tommes sur lesdangers de l'anesthésie pour le foe-tus et le déroulement de l'accou-chement.

• Doris Maire publie *The cultural War-ping ot Childblrth •

• Les femmes se révoltent contre le con-trôle des hommes sur leur systèmereproducteur.

• Certains estiment que les femmes nesont pas complètes psychologique-ment sans la douleur.

• L'Église se penche sur l'avortement,mais non plus sur l'accouchement.

• Des études sont menées pour déter-miner l'effet des drogues sur le travail.

• Dans les années 8O, la négligenceprofessionnelle et les Interventionsdeviennent un souci majeur enobstétrique.

MARIANNE BRORUP WESTONtraduit par DHYANl IIZZI

SOURCE : Maternai Health News. Vol. II. no 1,1986. Extrait d'un article intitulé No One EverSald it Would be Easy, Deallng wlth Pain in8/rth.

12HIVER 1987

annonçant l'irr.timité et de pr

Quand l'êtrecessus, l'accoumais à la mesuche. Si elle rés;source de sa résémotions ou sasera à la mesu-

Au lieu d'=enclin à s'étirerque contractionmuscles rigidesmal et se liber-leurs toxines ; ilreux même ent;chant la femmesant bientôt da:la médication, cpouvoir la délr.se manifeste daplus communed'elle. Mais nofnotre appréhe:amplifient la dele poing autouron serre, plus ccontrôle de la cdouleur est en:fiance, fait sem

On a appriscomme une ag:Pourtant, l'accoula douleur n'anncmaladie, maiscréatif du corpaccueillir autrer.plète son oeuvr-fort et plutôt qapprendre à dir;veux que mon csermon enfant. .douleur plutôt cfaculté de chan^en acceptation,tissage qui se itest incroyable. ;vivre, détendue equi la faisaientou quelques mir.peut-être utilise:fin de la grosseà la douleur, ceà la vie !

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• À partir de 1930,68 % des accouche-ments ont lieu en milieu hospitalier.

• Le sommeil provoqué, les narcotiqueset l'anesthésie locale deviennent lar-gement disponibles.

• Les « accouchements à la chaîne »atteignent leur plus haut niveau.

• Les obstétriciens organisent des pro-grammes d'éducation prénatalestandardisée et insistent pour que lesfemmes les suivent.

• Autour de 193O, on admet que l'abusd'anesthésie et d'interventions de rou-tine à l'accouchement ont des réper-cussions néfastes pour la mère etl'enfant.

• Le biberon connaît son heure degloire.

• Grantly Dick-Read découvre larelaxation et son effet sur la douleur.

195O - 1980

• Majorie Karmel introduit la méthodepsychoprophylactique de Lamaze enAmérique du Nord.

• La psychologie et la psychiatrieanalysent l'effet de l'accouchementnaturel sur la psyché des femmes(Freud, Deutsch, etc.)

• De Mead à Kitzinger, les anthropolo-gues encouragent l'accouchementéveillé et conscient (sans drogues).

• La «génération du retour à la terre »des années 6O et 7O ramènent l'ac-couchement naturel et la naissanceà domicile.

• Dans les années 7O, 95 % des naissan-ces ont lieu à l'hôpital.

• Analgésie épidurale et anesthésie.• Les féministes contribuent à élargir la

conscience des femmes sur leur droitde contrôler leur corps et leurdestinée.

• Les médias et les groupes d'humani-sation informent les femmes sur lesdangers de l'anesthésie pour le foe-tus et le déroulement de l'accou-chement.

• Doris Maire publie « The cultural War-ping of Childbirth -

• Les femmes se révoltent contre le con-trôle des hommes sur leur systèmereproducteur.

• Certains estiment que les femmes nesont pas complètes psychologique-ment sans la douleur.

• L'Église se penche sur l'avortement,mais non plus sur l'accouchement.

• Des études sont menées pour déter-miner l'effet des drogues sur te travail.

• Dans les années 8O, la négligenceprofessionnelle et les interventionsdeviennent un souci majeur enobstétrique.

MARIANNE BRORUP WESTONtraduit par DHYANE IEZZI

SOURCE : Maternai Health News, Vol. Il, no 1,1986. Extrait d'un article intitulé No One EverSaid it Would be Easy. Dealing with Pain inBirth.

annonçant l'imminence et le besoin d'in-timité et de protection.

Quand l'être entier s'abandonne au pro-cessus, l'accouchement est douloureux,mais à la mesure de la femme qui accou-che. Si elle résiste, peu importe où est lasource de sa résistance, dans son corps, sesémotions ou sa tête, la douleur ressentiesera à la mesure de sa résistance \

Au lieu d'agir sur un col détendu,enclin à s'étirer et à céder le passage, cha-que contraction devra se battre avec desmuscles rigides et tendus qui s'oxygènentmal et se libèrent encore moins bien deleurs toxines ; ils demeurent alors doulou-reux même entre les contractions, empê-chant la femme de se reposer, la condui-sant bientôt dans une impasse dont seulela médication, ou la césarienne, semblerapouvoir la délivrer. « Quand une douleurse manifeste dans le corps, la réaction laplus commune est de se fermer autourd'elle. Mais notre résistance, notre peur,notre appréhension de la souffrance,amplifient la douleur. C'est comme serrerle poing autour d'un charbon ardent. Pluson serre, plus on se brûle... L'objectif decontrôle de la douleur, avec l'idée que ladouleur est ennemie, intensifie la souf-france, fait serrer le poing. » 3

On a appris à considérer la douleurcomme une agression et on en a peur \Pourtant, l'accouchement est différent : ici,la douleur n'annonce pas un danger ou unemaladie, mais un extraordinaire travailcréatif du corps qu'il faut apprendre àaccueillir autrement, si l'on veut qu'il com-plète son oeuvre. C'est la douleur de l'ef-fort et plutôt que de lui résister, il fautapprendre à dire : « Je veux ce travail, jeveux que mon corps s'ouvre et laisse pas-ser mon enfant. Je veux faire corps avec ladouleur plutôt que contre elle. » On a lafaculté de changer la résistance premièreen acceptation, en adaptation. L'appren-tissage qui se fait pendant tout le travailest incroyable. Il permet à la femme devivre, détendue et ouverte, des contractionsqui la faisaient se raidir quelques heuresou quelques minutes plus tôt l On pourraitpeut-être utiliser les petits inconforts de lafin de la grossesse pour pratiquer ce ouià la douleur, ce oui a ce qui arrive, ce ouià la vie \

Marie me rappelait récemment unesimple petite phrase que je lui avais ditependant sa grossesse : « Aime ta dou-leur ! » Même retournée dans tous les sens,cette expression lui semblait incompréhen-sible. Elle lui était pourtant revenue à l'es-prit en force pendant son travail, ce quil'avait guidée. « Je n'aurais probablementjamais eu l'idée d'aimer ma douleur, si onn'en avait pas parlé, me disait-elle. C'estpas évident ! Ça fait mal, et la premièreréaction c'est non ! Mais plus on lui dit oui,et plus c'est facile. C'est tellement uneexpérience d'acceptation, avoir un enfant,ça commence dès l'accouchement ! »

Choisir la douleur, l'inviter plutôt qu'enêtre victime \ Et si ça changeait tout ?

Quand on parle de la douleur de l'ac-couchement, on oublie qu'on passe le plusclair du temps à ne pas avoir mal \ La plu-part des contractions durent une minute ;les dernières, plus intenses, durent quel-quefois une minute et demie, mais les inter-valles de repos durent de deux à cinqminutes au moins. Le corps n'est pas fou :il s'est prévu un gros travail, mais il s'estégalement prévu des temps de repos \ Cha-que intervalle entre les contractions devraitdonc être un moment de repos infini, derégénérescence. Quand on donne la vie, ondoit aussi se nourrir, se remplir, à mêmechaque respiration, chaque regardéchangé, chaque parole et chaque geste.Malheureusement, il arrive souvent qu'onreste centrée sur la contraction mêmequand elle est finie \

Etes-vous prêtes à profiter de chaqueseconde de paix? Sommes-nous prêts àoffrir ce support à chaque femme quiaccouche ?

L'UNE À LAUTRE13

HIVER 1987

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LE WMEK.

Le support

1 1 faut que les femmes puissent répondrespontanément aux sensations du travail.

Cet immense travail d'adaptation ne peutpas se faire à l'intérieur de limites rigides,que ce soient celles d'une technique par-ticulière, de l'environnement ou de la peurdes autres. L'organisation de l'obstétriques'est faite autour d'objectifs autres quecelui d'aider les femmes dans leur pouvoirde donner la vie. C'est à nous de repren-dre cet objectif et de le réaliser.

Pour accoucher comme elles le veulent,nous dit Claudia Panuthos , les femmesont besoin :1. d'information;2. de liberté, d'espace et de permissionpour expérimenter des choses nouvelles ;3. d'amour inconditionnel, c'est-à-dire nonrelié à leur « performance » ;4. de confiance dans leur capacité à rele-ver ce défi.

La liberté d'émettre des sons est unexcellent exemple de permission dont onparle. On a souvent confondu relaxation etsilence. Ou encore gémissements et pani-que. À l'hôpital, on interprète parfois unécart à la respiration enseignée comme unétat de panique ! Or, au contraire, les fem-mes qui peuvent s'exprimer vocalementpendant leurs contractions ont souvent plusde facilité à les vivre. Bien sûr, personnen'est obligé de gémir, mais celles qui enressentent le besoin y trouvent un soulage-ment et une voie d'expression importante.

Émettre des sons aide le corps à pro-duire ses propres remèdes à la douleur : lesendorphines. Le chirurgien français bienconnu Michel Odent a démontré, par sontravail à Pithiviers, comment la productiond'endorphines est encouragée par lapénombre, l'usage du minimum de paro-les, le chuchotement, le contact de l'eauet la possibilité de faire des « bruits d'ac-couchements ». Ces sons ressemblentétrangement à ceux produits en faisantl'amour, ce qui explique probablement lemalaise de certaines personnes et leur pré-férence pour les femmes silencieuses quifont leurs respirations !

Le toucher est une façon extraordinaired'aider une femme en travail. Un toucherconscient, attentif et présent, en correspon-dance souple avec les sensations de la

femme qui accouche. Il ne suffit pas de« faire des massages ». Souvent, je chu-chote au père ému et fébrile qui veut aidersa femme en la massant : « Mets du calmedans tes mains ». Quand les sensationssont très intenses, les femmes préfèrent par-fois la présence immobile et chaude desmains plutôt qu'un mouvement de frictionqui distrait ou envahit. C'est un langagequi gagne à être exploré petit à petit parles deux partenaires tout au long de lagrossesse.

La visualisation est un moyen efficacequoique moins connu d'aider le travail etde favoriser la détente. Visualiser le col quis'ouvre, au plus fort de la sensation,appuyer son ventre contre quelqu'un et lui« envoyer » une partie de la douleur, ima-giner un endroit de repos et de paix oùaller se réfugier entre les contractions pourse régénérer sont autant de façons de s'har-moniser avec le travail.

« La douleur agit comme un professeur,implacable et aimant, qui nous rappelleencore et encore de dépasser nos posi-tions, d'investiguer plus profondément,de laisser l'instant présent être ce qu'ilest et d'observer ce qui monte dans laplénitude du moment suivant. »

STEPHEN LEVINE« Who Dies », Anchor Books, 1982.

La respiration a gagné ses lettres denoblesse comme moyen de support pen-dant l'accouchement depuis les travaux deLamaze et de Dick-Read au début desannées 50. Le principal mérite de cesméthodes est d'avoir permis la présence dupère à l'accouchement (comme « coach »)et le refus des anesthésiés générales alorscourantes. Ces méthodes, qui sont princi-palement des techniques de distraction,n'ont plus vraiment leur place dans leurforme la plus stricte. Après tout, l'hypo-thèse de base est que sans l'application dela méthode, les femmes n'y arriveraientpas !

En fait, laissée à elle-même sans con-signe spécifique, la respiration change ets'adapte tout au long du travail. Les diffé-rentes techniques de respiration, le yogaet toutes les approches qui visent à rendre

la respiration plus consciente, plus pleine,plus vivifiante, sont autant d'excellentespréparations à l'accouchement... et auxautres moments de la vie où une mère abesoin de l'ensemble de ses ressourcespour retrouver son calme.

Le mouvement et la liberté de bougersont essentiels ! Quand avez-vous vu, parexemple, un film qui montrait une femmemarcher pendant ses contractions pour sesoulager ? Ou accoucher debout ? Les ima-ges courantes d'accouchements nous onttellement habituées à voir les femmes con-finées à leur lit, incapables de bouger,qu'on a accepté peu à peu cette immobi-lité imposée aux femmes sans se rendrecompte qu'on multipliait d'autant la dou-leur ressentie. Marcher, se bercer, bougerle bassin en rotation ou autrement, s'as-seoir, s'étendre, se relever et s'étirer aubesoin, sont des droits fondamentaux entout temps, et encore plus quand on accou-che ! Seules des indications médicales trèssérieuses pourraient justifier qu'on leslimite.

Avant de commencer à accompagnerdes femmes dans leur accouchement,j'avais une image sérieuse, dramatique,souffrante de la douleur, à l'exclusion detoute autre. L'une de mes plus grandes sur-prises aura été, sans doute, de rencontrersimultanément la douleur ET la joie, ETl'excitation, ET une grande paix du coeur !Je ne savais pas que la douleur pouvaitcohabiter avec le bonheur! Celles quiacceptent l'expérience sont capables de sevoir comme étant plus grandes que la dou-leur, si intense soit-elle. « Je ne suis pas quedouleur », pourraient-elles dire.

Plusieurs d'entre nous n'arriveront pasà ce détachement, mais comme le disaitIna May Gaskin5, « Si vous n'avez pas latrempe d'une héroïne, vous pouvez aumoins en rire » ! S'accepter à l'intérieurde ses limites avec humour et amour nousprépare à être parents, à accepter et àaimer l'enfant qui vient tel qu'il est. On nefait toujours que de son mieux ! Le juge-ment et la comparaison ne servent qu'àblesser le coeur et à le fermer. Mieux vaututiliser l'expérience comme une extraordi-naire occasion d'apprendre sur soi etd'avancer.

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ANESTHÉSIQUES ET ANALGÉSIQUES :ET S'ILS NE SERVAIENT QU'À FAIRE TAIRE LES FEMMES?Tous les calmants qu'on offre à la femme qui accouche ont des effets sur lebébé. Pourquoi ne pas lui offrir plutôt le contact humain dont elle a le plusgrand besoin ?

L e médecin sourit avec bienveillanceà la « petite madame » qui lui annon-ce son intention d'accoucher sans

g calmants. Il lui répond que sans doute,2 c'est elle qui en réclamera à six centimè-| très ! Soumise aux contraintes des routines

hospitalières, remise à sa place si elle faittrop de bruit, appuyée par son mari lui-même ébranlé par l'événement et déroutépar l'environnement et le langage étran-gers, il est fort probable qu'à l'accouche-ment, les calmants en question s'avèrent laseule solution. Et, une fois de plus, lademoiselle en détresse aura été sauvée parla potion magique du prince charmant. Ilest temps de changer ce scénario ! Quandon accouche, on n'est pas en état de sou-mission : on est en expansion !

Nous vivons dans un monde qui nedemande, à la majorité d'entre nous, quepeu d'efforts physiques. S'il fait noir, on faitde la lumière, s'il fait froid, on active lechauffage. L'accouchement arrive donccomme une surprise à quiconque s'atten-dait à recevoir son bébé sur un plateau

d'argent. Nous sommes au vingtième siè-cle, direz-vous, pourquoi ne pas profiter dela technologie moderne pour s'offrir cedont nos grands-mères ne pouvaient mêmerêver : l'accouchement véritablement sansdouleur ?

Il faut beaucoup plus qu'un simple sur-vol, lequel ne mènerait inévitablementqu'a des conclusions aussi rapides qu'évi-dentes du genre : « Ça fait mal, donnez-nous des calmants ! » Cette attitude depassivité vient à l'encontre de l'autonomiedont parlent les mouvements d'humanisa-tion des naissances, puisqu'elle réduit lesfemmes à une dépendance encore plusgrande envers la médecine et son arsenal.L'utilisation d'analgésiques et d'anesthési-ques à l'accouchement n'est pas unique-ment un problème d'ordre médical. Ni, nonplus, une question strictement personnelle.

Les conditions dans lesquelles lesaccouchements se déroulent ont une rela-tion directe avec la manière dont les fem-mes vivent la douleur. Par exemple, l'orga-nisation des hôpitaux ne garantit pas la

présence d'une même intervenante connueet amicale tout au long de l'accouchement,une présence humaine et professionnellerassurante. Or, de nombreuses études ontclairement démontré que cette présencediminue la nécessité d'utiliser des médi-caments pendant le travail. Il y a donc dessolutions autres que médicamenteuses auproblème de la douleur et il importe de lesexplorer, de les développer et de les ren-dre accessibles. L'idée n'est pas de laissersouffrir les femmes davantage, mais deminimiser le besoin de médicaments quine sont pas sans effets secondaires et sansdangers. « Concevoir la douleur commerésultante d'autant de facteurs psychologi-ques liés à l'environnement, à l'impressiond'abandon et d'incompréhension, la logi-que veut que l'on s'attaque à ces causes-là au lieu d'en traiter les conséquences parun geste aussi lourd que la péridurale, eten fin de compte aussi inadapté. » 6

La douleur du travail normal nedépasse habituellement pas les capacitésde la femme qui accouche ; en fait, je n'aiencore jamais vu personne en perdre con-naissance. Par contre, Quand il y a un blo-cage d'origine psychologique aussi bienque physique, l'intensité et la durée du tra-vail ainsi que les interventions nécessairespeuvent exiger une endurance hors limi-tes. La découverte des possibilités del'analgésie a donc été un progrès pour lesfemmes, les libérant du tabou religieux quiaurait voulu qu'elles souffrent toutes, sansexception.

Mais ce droit à l'analgésie est rapide-ment passé de l'usage exceptionnel, par-fait pour les circonstances exceptionnelles,à un usage généralisé, qui va presque desoi, au point où l'on considère maintenantabsurde de vouloir passer à travers l'accou-chement sans médicaments. Dans certainshôpitaux, par exemple, le taux d'épidura-les est de plus de 80 %, ce qui est bien loinde l'usage exceptionnel. Ainsi, on a rem-placé les gestes et la présence qui, depuistoujours, ont accompagné les femmes dansleurs accouchements. Mais le vide se faitcruellement sentir. Et les femmes sedemandent alors : pourquoi souffrir quandon peut s'en passer ?

De fait, les analgésiques et les anesthé-siques sont assez efficaces. Ils réussissent,dans la majorité des cas, à diminuer ou

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-**» ie WOTS fcarrêter complètement la douleur. Au-delàdu soulagement immédiat, cependant,quel est l'effet de ces techniques sur la per-sonne dans toute son expérience, surl'image qu'elle a d'elle-même ?

La meilleure façonde sortir de la douleurest d'y entrer!

E n s'éloignant artificiellement de ladouleur sans même s'y être mesurée, on

s'éloigne aussi de soi. La douleur n'est pasun phénomène externe qui s'abat sur sespauvres victimes : elle fait partie inté-grante de l'expérience humaine. Facile àdire... pas toujours facile à vivre. On a sou-vent envie de répondre : « D'accord, maissouffrez les premiers ! » Et c'est bien vraiqu'entre les paroles qui inspirent le cou-rage et le sermon, la frontière est mince !

Il est bien tentant de contourner ou derégler la question de la douleur en utili-sant les ressources modernes de la phar-macie ou de la chirurgie. D'ailleurs, l'uneet l'autre ont leur place quand il s'agit defaciliter un accouchement qui autrementmettrait en danger la vie ou l'intégritéphysique ou psychique d'une mère et deson bébé. Mais il y a d'excellentes raisonspour lesquelles il n'est pas souhaitablequ'elles se substituent d'emblée aux res-sources de la femme qui accouche et ausupport de son entourage.

Rappelons d'abord que tous les médi-caments ont des effets sur les bébés : c'estécrit en toutes lettres dans les manuels depharmacologie. Les effets seront plus oumoins importants et dommageables selonle produit, la dose utilisée, le moment del'administration, le mode d'absorption et lasensibilité particulière de cette mère et dece bébé. Aucun n'a été scientifiquementdémontré sans danger pour le bébé. Voilàun fait qu'on a tendance à passer soussilence de peur de culpabiliser les femmes.Pourtant, cache-t-on par exemple que lesucre est dommageable pour les dents

: pour ne pas culpabiliser les mères dont les; enfants aiment les bonbons ? Comment ses sent la mère dont l'accouchement médica-: mente a eu des conséquences sérieusesr pour son enfant ? Le sentiment de culpa-r bilité lui est-il épargné ?

La douleur est une expérience très per-sonnelle et nul autre que la femme elle-même peut juger de ce que ça représentepour elle. L'usage de médicaments, commede n'importe quelle autre intervention d'ail-leurs, ne se justifie que lorsqu'on peut êtreraisonnablement certains que le fait de nepas les utiliser risquerait de causer plus dedommages. Seuls les femmes et les hom-mes bien informés sont à même de pren-dre une telle décision, de concert avec leurmédecin. La connaissance de ce risquepeut donner aux femmes qui seraient ten-tées de se reposer « juste une petite heure »grâce à un calmant le courage decontinuer.

Instant par instant, telle un miroir, ladouleur nous renvoie l'image du travailimmense qui s'accomplit, y comprisl'image de notre résistance, de notre ten-sion, nous donnant ainsi la chance de nousen défaire, de nous abandonner, d'oublierles idées préconçues, les jugements, l'idéequ'on se faisait de nos capacités à mesureque le travail avance. Chaque minute estune occasion de s'ouvrir et de se renouve-ler à même l'énergie de notre entourage.Ce fameux seuil de la douleur, qu'on ima-gine à tort une valeur absolue, se trans-forme avec nous !

C'est vrai qu'il peut y avoir desmoments où, à bout de ressources, onpuisse choisir momentanément d'endormircette douleur. Momentanément. Le corpssemble ne pas sentir qu'il y a douleur, maisle reste de l'être le sait, lui. Et doucement,il faudra relier les deux parties de l'expé-rience : celle qui n'a rien senti et celle quia tout senti.

Est-ce un hasard si les médicamentsqui prétendent aider les femmes pendantle travail sont tous nocifs pour les bébés ?Ou est-ce seulement parce qu'on n'a pas

encore tout à fait assez cherché ? Et si l'ac-couchement normal et sain, avec sa partde sensations fortes et de douleur, étaitindissociable d'un bébé en santé dont laconscience n'est pas altérée par les cal-mants donnés à sa mère ?

La question qui se pose en dernier res-sort est encore celle du choix. Mais passeulement du choix entre les divers anal-gésiques et anesthésiques disponibles. Ninon plus entre « prendre des calmants » ourien ! La femme qui accouche doit pouvoirchoisir entre plusieurs moyens de support.De cette qualité de support qui ne ménageni le temps ni le contact humain, qui luioffre véritablement assistance et confiance,qui n'a peur ni de sa douleur ni de son cri,qui saura s'incliner et continuer quand elledécidera de l'aide technique dont elle abesoin, en toute connaissance de cause.Seul un support fera véritablement de l'ac-couchement un choix viable et construc-tif, un choix qui lui redonnera à elle le rôlepremier de pouvoir et de responsabilité.

Ne touchez pas à sa douleur : elle s'enoccupe ! •

Par exemple l'article de Dominique Demers, L'ac-couchement sans douleur : un mythe ?, paru dansChâtelaine en novembre 1985 et le livre du célè-bre docteur Leboyer Naissance sans violence.

2 WEISS-ROUANET, Jeanne, En avoir ou pas, dansMaternité en mouvement, Éditions Saint-Martin,1986.

3 LEVINE, Stephen, Who Dies, Anchor Books, New-York, 1977.

4 PANUTHOS, Claudia, Transformation ThroughBirth,Bergin & Garvey, Mass., 1984.

5 GASKIN, Ina May, Spiritual Midwilery, The BookPub. Co., Tenn., 1977.

6 WEISS-ROUANET, Jeanne, En avoir ou pas, dansMaternité en mouvement, Éditions Saint-Martin,1986.

7 Ibid.

Isabelle Brabant est sage-femme praticienne. Cet article estextrait d'un livre en préparation. Dhyane lezzi a contribuéà la recherche avec l'auteure.

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AClUALUe

errons-nous apparaître dans l'évolution del'homme sans grand « h » une générationd'hommes enceints ? C'est ce qu'ont laissécroire les médias récemment, dès la publica-

tion du livre de Elisabeth Badinter, L'UN EST EAUTRE.La philosophe-historienne n'en est pas à sa première con-troverse : qu'on se souvienne son premier succès,LAMOUR EN PLUS, qui mettait en doute l'instinctmaternel.

Lors du récent passage de l'auteure à Montréal, sesthéories ont été largement remises en question. En milieuuniversitaire, on l'a même accusée de commettre desérieuses erreurs de fond : « Elle situe le débat sur unterrain où il ne se déroule pas », affirmait la sociologueDanielle Juteau au cours d'une rencontre à l'UQAM àlaquelle Elisabeth Badinter a refusé de participer. L'au-teure a préféré s'en tenir à une conférence publique oùelle s'est contentée de prétendre que le patriarcat estchose du passé : « II ne reste qu'à le faire mourir cha-cune dans notre travail et notre quotidien. » C'est pour-tant déjà tout un contrat !

De la thèse soutenue par Elisabeth Badinter, lesmédias n'ont retenu que la possibilité de voir un jourun homme enceint. « C'est la presse qui est enceinte despères porteurs, soutenait Louise Vandelac lors d'un débattélévisé à Radio-Québec. Les scientifiques ne sont passi sûrs de pouvoir y arriver. » Pourquoi les femmessemblent-elles refuser aux hommes la possibilité de por-ter les enfants ? Les féministes n'ont-elles pas réclaméle partage ? Ne sont-elles pas responsables de la tour-nure du discours ?, demandait l'animatrice de DROITDE PAROLE Claire Lamarche. D n'en fallait pas plus pourenflammer l'auditoire !

En fait, des femmes ont plutôt dénoncé les condi-tions dans lesquelles on nous impose la maternité et nonpas la période de gestation somme toute assez courtepar rapport à l'ensemble des tâches du maternage. Inver-ser les rôles ne changerait pas la situation : les hom-

, mes seraient-ils plus pères parce qu'ils auraient porté: leurs enfants ? De toute façon, les hommes sont-ils inté-; ressés par la question ? A-t-on vu des hommes descen-; dre dans la rue réclamant le droit d'avoir un enfant dans! leur ventre ? Tout au plus cette perspective fait-elle amor-\ cer les discussions sur les rapports hommes-femmes.• Quoi qu'il en soit, ce débat cache d'autres vérités.! Par exemple, les hommes n'ont-ils pas toujours envié les; iemmes parce qu'elles détiennent un pouvoir unique ?i Cette jalousie habite l'histoire de toute la culture mas-: culine ; même la religion est empreinte de ces fantas-! mes, rappelait une participante, faisant allusion à la''• Sainte Trinité. « Personne ne sort de notre ventre, disait'•• le père de Marie dans le film si populaire TROIS HOM-l MES ET UN COUFFIN. Tout ce qu'on sait fabriquer, c'est

des buildings, des avions, des voitures... » Les hommesrecherchent-ils un simple « thrill biologique », quand ilsimaginent leur grossesse ?

Sans compter que, finalement, la grossesse mascu-line ne servira qu'au premier homme de science qui réus-sira ce tour de force. Il verra son nom gravé en lettresd'or dans l'histoire et bénéficiera de tous les budgets pos-sibles. Pendant ce temps, on n'investira ni le temps nil'argent nécessaires aux recherches qui permettraientd'améliorer la qualité de vie des mères enceintes ou d'en-rayer les causes d'infertilité, comme la pollution del'environnement.

Qu'on se permette pour une fois de discuter d'un pro-blème avant d'être placé-e-s devant le fait accompli estcependant fort intéressant. Il est possible, dans ces con-ditions, de faire le point avant qu'il ne soit trop tard etproposer, s'il le faut, un moratoire international. Une solu-tion qui n'est certainement pas utopique, quand on saitque le docteur Jacques Testart, père du premier bébééprouvette français, a décidé de mettre fin à ses recher-ches sur la reproduction humaine pour des raisons d'or-dre éthique. •

SUZANNE BLANCHET

De ElisabethBadinterà Droit de parole

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CULTIVER SA SANTÉ

M ichel Odent nous parle de lasanté d'un point de vue tout

à fait différent de ce que l'onentend généralement à ce sujet. Ilne s'agit plus de s'attaquer auxmicrobes et d'entretenir la santé :il faut se demander plutôt com-ment elle se construit. On devraitdonc en parler sur ce « terrain » ousystème d'adaptation primale quirelie étroitement le cerveau, lesystème hormonal et le systèmeimmunitaire.

Selon l'auteur, il devrait y avoirde moins en moins de médecins etde plus en plus de jardiniers pourcultiver la santé plutôt que de selimiter à tuer les microbes. Pourlui, l'amour, la sexualité, l'allaite-ment, la nourriture, l'environne-ment et l'instinct religieux font par-tie intégrante de la santé, laquelledevient alors une préoccupationcollective et non institutionnelle ouprofessionnelle.

La grossesse, les conditionsentourant la naissance et lapériode de dépendance à la mère(allaitement) sont le point dedépart du système d'adaptationprimale et, par conséquent, de lasanté primale. « Malgré des mil-liers d'années de patriarcat, desmères de tous les continents saventencore que la façon de vivre pen-dant la grossesse, la façon d'enfan-

ter, la façon d'allaiter influencentdéfinitivement la santé et la per-sonnalité de leurs enfants. »(p. 151)

Les attaques du Docteur Odentcontre la famille nucléaire, notresystème de santé, l'obstétrique etla néonatalogie sont incisives etsans recours. L'obstétrique, obsé-dée par le contrôle, a fait de l'ac-couchement difficile une des plusfréquentes maladies de civili-sation.

Le célèbre médecin françaisprésente des éléments de solutionscomme d'autres types de recher-ches ayant des hypothèses de basetout à fait nouvelles. Il proposeégalement la redécouverte de lafamille étendue et de la sage-femme. Il faut noter enfin son ques-tionnement sur la présence mascu-line dans les lieux d'enfantement.

Malgré une terminologie scien-tifique pas toujours facile à suivre,malgré un certain agacement sou-levé par une tendance à tout expli-quer par le dérèglement dusystème d'adaptation primale, mal-gré le manque de profondeur faceà la multitude de sujets abordés,ce livre a l'immense mérite desecouer les frontières de notre pen-sée sur la santé, la physiologiehumaine et l'obstétrique et de fairenaître le concept de l'hommeécologique.

LA SANTÉ PRIMALE, par Dr Michel Odent,Payot, Paris, 1986, 210 pages.

RIVALITÉFRATERNELLE

O n s'est préparé pour la gros-sesse et l'accouchement, nos

enfants naissent et on les aime.Mais comment se fait-il qu'ilssoient toujours en train de se chi-caner ? On dirait que le bel amourqu'on voulait vivre en famille s'estenvolé.

Un psychiatre américain com-plètement pris dans ce dilemnes'est aperçu qu'il n'y avait pasbeaucoup de ressources pour lesparents à ce sujet. Son livre ne pré-tend pas tout solutionner, mais ilexplique essentiellement que larivalité fraternelle est une réalitéqui existe depuis la naissance dugenre humain, qu'il est possible etmême souhaitable de l'influencer.« Le rôle des parents consiste àmaintenir cette rivalité naturelledans des limites acceptablesdurant la croissance des enfants età leur permettre de la canaliserd'une façon saine qui favorise leursprogrès et facilite leur apprentis-sage des relations inter-person-nelles. »

L'auteur analyse les situationset les attitudes qui font empirer lesformes possibles de rivalité. Il parleavec justesse du rang de chacundans la famille ainsi que des par-ticularités que ça amène. Il expli-que aussi ce qui peut se passer lorsde la venue d'un nouvel enfant.

La rivalité fraternelle permet àchacun de faire sa place au seinde la famille. Mais les parentsdevraient connaître l'évolutionhabituelle des relations fraternel-les et en tenir compte. Lorsqu'on enconnaît les étapes, il est possibled'aider nos enfants à passer de l'unà l'autre. « II est primordial de nepas exiger d'un enfant plus qu'iln'est capable de donner et de tenircompte, dans nos rapports avec lui,du degré de partage et de justiceauquel il est parvenu. »

II fait un clin d'oeil aux parentsen leur rappelant leur propre posi-tion au sein de leur famille et soninfluence sur leur vie et la manièredont ils élèvent leurs enfants.

Ce livre est truffé d'exemplesconcrets (parfois trop ?) pour illus-trer les propos de l'auteur. Mêmesi je trouve que dans la vraie vie,les choses ne sont pas si simples,je considère néanmoins ce livrecomme une tentative honnête d'ap-procher la réalité de la rivalité fra-ternelle, tant dans l'attitude quedans les éléments d'actionproposés. •

CÉLINE LEMAY

FRÈRES-SOEURS : LA RIVALITÉ FRATER-NELLE, par Dr John F. McDermott Ir., Leséditions de l'Homme, 1982, 272 pages.

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WCH£WOM LU

DAMNESYNDROME!

V ous avez des sautes d'humeur,des tensions, des tendances

suicidaires ou au contraire l'âmed'un tueur quelques jours parmois ? Cessez de vous culpabiliser,ce n'est pas grave : tout est affairede syndrome. Une fois le problèmeidentifié, il est pour ainsi direréglé... jusqu'à ce que la sciencevous en découvre un autre.

Les publications sur lesyndrome prémenstruel sont nom-

! breuses depuis quelques années.! Dans son livre, Caroline Shreeve

tente d'en cerner tous les aspects.Elle le fait clairement, quoique defaçon un peu tragique. A l'encroire, « pas moins de 80 % desfemmes ont conscience de subirdes changements pré-menstruels,40 % en sont grandement pertur-bées, et de 10 à 20 % en sont gra-vement handicapées » (p. 32). Ellen'oublie pas non plus de rappelerque « Le syndrome a tenu la man-chette en 1981 lorsque deux fem-mes inculpées l'une et l'autre d'ac-tes criminels graves ont alléguépour leur défense et dans le coursde leurs procès respectifs que lesyndrome pré-menstruel dont ellessouffraient constituait une circons-tance atténuante » (p. 32). Il y a dequoi hérisser le lecteur le plus pas-sif ! Quelle perception de la santédes femmes ! Bravo, pour l'égalité,on repassera !

L'oeuvre est cependant bienmenée, intéressante, facile à lire,pratique. Quelques tableaux per-mettent à la lectrice de savoir sielle est atteinte du syndrome pré-menstruel (SPM) et avec quelleintensité. L'emploi du temps sug-géré pour ces journées de SPM estintéressant : organisez-vous,écoutez-vous, gâtez-vous, prenezsoin de vous, restez actives, sortez,prenez de l'air. Intéressant oui,quoique peu réaliste ou s'adressantà quelques privilégiées. Le chapi-tre sur le SPM à l'école résume toutle livre et est très clair pour lesadolescentes.

Bien qu'il soit rempli d'humouret très vivant, le ton n'est pas sansreproche : de la première à la der-nière page, il fait l'éloge d'un sup-posé médicament miracle quiconstitue en fait la trame du livre,l'huile de graine d'onagre brevetéesous le nom d'Efamol. Cettevolonté de pousser un produitremet en question l'objectivité del'auteure. Je pense qu'elle auraitpu, par exemple, développerdavantage les paragraphes traitantdes aliments qui contiennent lesfameux acides gras essentiels dontl'absence semble la cause de tousnos maux, ce qui nous aurait per-mis de choisir.

Le sujet aurait égalementgagné à être traité sous un anglebeaucoup plus vaste. Le rythme ducorps des femmes y est encorebafoué. Faut-il donc nous dompterpour ensuite nous obliger à pro-duire tous les jours et davantage ?Par où passe vraiment notre libé-ration ? Je ne crois pas que le dis-cours officiel nous permette derépondre en toute objectivité etdans notre plus grand intérêt.

LE SYNDROME PREMENSTRUEL, parDr Caroline Shreeve, Les éditions del'homme, 1986, 186 pages.

FÉMINISME ETMATERNITÉ

F ruit de la réflexion de plu-sieurs femmes sur le thème de

la maternité, ce livre est né à lasuite du colloque « Féminisme etmaternité » tenu en France en jan-vier 1984. Ouvrage collectif com-posé d'une série d'articles organi-sés en chapitres, « Maternité enmouvement » est un livre clef quidevrait être largement diffusé pourqu'enfin se fasse entendre la voixdes femmes sur un sujet qui les tou-che intimement.

Les deux premiers thèmesabordés, « féminisme et mater-nité » et « mère-fille-mère », sontsincères et touchants comme seulssavent l'être les ouvrages de fem-mes. Nous assistons à ce que cer-tains pourraient appeler un revire-ment dans la pensée féministe. Iln'est pas facile pour ces femmesqui ont milité pendant plusieursannées en faveur de l'égalité dessexes, qui ont aplaudi à la préten-due libération sexuelle qu'appor-tait la contraception, qui se sontbattues pour l'avortement et qui yont parfois même perdu mari etenfants, de réviser leur position.J'ai été très touchée par la souf-france qui exsude de ces chapitres.

L'historique de la perte du pou-voir des femmes dans leur mater-nité et la création de la dépen-dance médicale qui nous a assu-

jetties depuis tant d'années ne peutnous laisser indifférentes. L'analysedes nouvelles approches (accou-chement dans l'eau, sauvage, etc.)qui risquent de n'être que desmodes propres à encarcanner lesfemmes fait réfléchir. Plus encore,l'analyse des nouvelle technologiesreproductives (NTR), la démystifi-cation de leur pourquoi et de leurcomment, crée chez le lecteur dela peur et un besoin intense de réa-gir pour mettre l'univers en garde.

Je ne peux passer sous silenceles deux articles de Louise Vande-lac, sociologue à l'Université deMontréal. Le premier, intitulé « Unocéan entre deux mères », laissedeviner très finement et sans pré-tention la situation des Québécoi-ses. Le second, « L'enceinte de lamaternité : sexes et sexualité », al'honneur de clore le livre. Il jettesur le sujet un regard neuf et pro-voquant sans équivoques sur laprécarité de notre situation.

Malheureusement, certainsarticles sont hermétiques etdemandent à être lus et relus, par-fois même à l'aide d'un diction-naire. C'est une lecture exigeantequi demande une attention soute-nue. C'est l'oeuvre d'intellectuelles,soit : qui d'autre aurait pu écrire untel livre ? Etait-ce nécessaire,cependant, que cela transparaisseautant dans l'écriture ? Par contre,d'autres articles coulent bien etm'apparaissent un havre à l'inté-rieur de dédales de grands mots etde phrases redondantes.

Je pense toutefois qu'il estessentiel de populariser cette infor-mation, mais ce ne sera pas le rôlede ce livre. Peut-être quelqu'uneparmi nous s'en sentira-t-elle lavocation? •

MICHÈLE CHAMPAGNE

MATERNITÉ EN MOUVEMENT, ouvrage col-lectif sous la direction de A.-M. De Vilaine,L. Gavarini, M. Le Coadic, Editions Saint-Martin, 1986, 244 pages.

L'UNE À LAUTRE HIVER 198719

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LeiTRKouime*

Dossier AVAC

N ous sommes abonnés à votremagazine d'abord parce que

les sujets que vous traitez nous inté-ressent mais aussi parce que vousn'avez pas peur d'aborder les ques-tions importantes. L'un de cessujets, au dossier du printemps1986, allait prendre dans notrefamille une importance peubanale. Il s'agit des AVAC. Il allaitnous en tomber un du ciel, avec labénédiction des médecins.

Ma femme Coleen était, aumoment de la parution du dossier,enceinte de sept mois de notredeuxième enfant. Nous avons lu etrelu l'article, l'avons passé au pei-gne fin, l'avons épuré de quelquesstatistiques menaçantes. Nous enavons discuté avec notre médecinde famille.

Il convient de souligner quenotre premier garçon est né il y atrois ans par césarienne parce quela tête était mal engagée. Il étaitdonc prévu, je dirais tout naturel-lement, que le deuxième passeraitlui aussi par les voies du bistouri.Les échographies avaient révéléqu'il serait costaud. La césarienneétait donc inscrite au calendrier le16 juin, 12 jours avant la date esti-mée de l'accouchement.

Coleen, qui appréhendait lescontractions, n'était pas déçue àl'idée que cette césarienne les luiéviterait. Quant à moi, je n'avaisqu'un regret : ne pas vivre avecelle un accouchement vaginal,« normal », ordinaire, comme toutle monde. Mais c'était à elle dedécider. Entre la lecture de l'arti-cle paru dans L'UNE À LAUTRE etla date prévue de l'accouchement,il n'y avait, à son avis, pas assezde temps pour la préparer à unchangement de cap radical :depuis le début de la grossesse,elle s'était conditionnée à la césa-rienne. Césarienne il y avait, césa-rienne il y aurait... jusqu'au 28

I mai.j Trois jours après une belle fin

de semaine sur les routes de terrede l'Estrie, Coleen se réveilla à 5heures du matin, toute étonnée desentir quelques contractions. Elles

prirent vite de l'ampleur et à 7 heu-res, nous étions à l'hôpital Charles-Lemoyne. Le col de l'utérus étaitouvert à 2 cm.

Le Dr Etienne Borreman, l'obs-tétricien qui avait suivi Coleenpendant sa grossesse, n'était pas deservice mais il était quand mêmeà l'hôpital. Il conféra avec le méde-cin de garde, le Dr Victor Bayouk,puis revint nous voir et dit à Coleend'une voix rassurante mais ferme :« Puisque tu as commencé touteseule, tu vas te rendre jusqu'aubout toute seule. »

Un éclair de panique passadans les yeux de ma femme entredeux contractions, mais l'infir-mière, le médecin et moi parvin-rent à la rassurer un peu. Le bébé,prématuré, était petit et devraitpasser sans trop de difficultés.Nous repoussions tant bien quemal au fond de notre esprit la pos-sibilité d'une déchirure. De toutefaçon, on surveillait mère et enfantet, à la moindre alerte, on procé-derait à la césarienne.

Vers 10 h 30, on l'emmenadans la salle d'accouchement et jesuivis, un peu inquiet, mais abso-lument ravi. Coleen violaçait àchaque poussée et avait bien hâted'en finir. À part ça, tout allaitbien.

A 11 h 02, après une épisioto-mie en règle, Coleen poussa unedernière fois et un Patrick de2,850 kg naquit. Aujourd'hui, noussommes tous les deux heureux decet AVAC inattendu. Et si vousdemandiez à Coleen ce qu'elle ale moins aimé, elle vous répon-drait : se faire « recoudre » !

BENOÎT PRIEUR,Saint-Hubert

Les deuils silencieux

S uite à votre dossier LESDEUILS SILENCIEUX, voici

quelques réflexions d'une autrefemme en deuil de sa premièreenfant, morte à la naissance.D'abord, c'est justement ce deuilqui m'a amenée à connaître votrerevue, comme quoi elle touchebien tous les aspects de la « miseau monde ». Ça me fait toujours dubien de lire des témoignages d'au-tres parents, ainsi que de meraconter. J'écrirai donc en vrac lesquelques phrases qui me revien-nent le plus souvent depuis cestrois derniers mois et qui sont d'au-tant plus présentes après cettelecture.• Je suis surprise du nombre decouples à qui c'est arrivé (« Çan'arrive qu'aux autres) » car à cha-que fois qu'on en parle, quelqu'unconnaît quelqu'un qui... que... desstatistiques, S.V.P. !• Oui, j'ai besoin d'en parler, maisseulement quand je le choisis. Çam'est très pénible d'avoir à l'annon-cer quotidiennement à tout lemonde qui m'a vue enceinte et quime demande « Pis, vot'bébé ? » Jesuis impuissante à cacher les évé-nements ; il n'y a que mes émotionsqui m'apartiennent.• Je vais vers les couples qui ontvécu ce type de deuil car parmi lescouples amis, nous sommes l'ex-ception. Nous fréquentons uneassociation de parents en deuil al'Hôpital Sainte-Justine. Il y a tantde sujets à aborder pour vivre ledeuil, à commencer par celui dela mort elle-même. J'ai vu à ces réu-nions des hommes qui parlent avecprofondeur et émotion (et pas seu-lement les femmes). Et ça m'aréjouie car c'est si important d'êtredeux pour passer à travers cela. Ehoui, le deuil porte sa part deréconfort.• Je lis maintenant les faits diversavidement et sans honte car nousen sommes devenu-e-s un.• Je m'étais toujours dit : « Donnerla vie, c'est donner la mort ». Maismettre au monde notre enfantmorte, c'est « l'anti-climax ». Et

dire que tout ce qu'il nous reste àdire, c'est : « C'est la vie ! » J'aibesoin d'ironiser et philosopherautant que de pleurer, rire et...écrire.• Dans notre cas, nous n'avons rienà reprocher à la médecine. Alors,vers qui se tourner pour se révol-ter ? Contre quoi se battre ? La vie,peut-être? Mais alors là, c'est ànous que nous ferions mal. Jeprends soin de moi de toutes lesfaçons possibles. La lecture, parexemple, est source de réconfort.J'ai donc apprécié l'article de Fran-cine Gagnon sur L'AIDE AAPPORTER.• La relation de chaque parentavec son enfant mort reste unique,intense, presque cosmique. Jeremercie Micheline St-Onge denous avoir partagé son image siintime du grand trou noir remplid'eau et de la délivrance.• Pour terminer, chers pères et chè-res mères, si vous passez dans larue avec vos beaux enfants et quevous voyez un couple qui vousregarde de façon inhabituelle,dites-vous que peut-être cetteimage du bonheur leur est insup-portable... pour le moment.• Mon témoignage n'engage enrien les pensées de mon partenaire,mais je veux dire que certainesréflexions m'ont été inspirées parlui.

Femme, partenaireet désormais mère

L'UNE À LAUTRE HIVER 198720

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La mort expliquéeaux enfants

B ravo pour votre dernier nu-méro. Suite à l'article de

Francine Gagnon DEUILS SILEN-CIEUX : LAIDE À APPORTER, j'ai-merais recevoir les coordonnéespour me procurer le livret « Dis-moic'est quoi » de Louise Champagne.

LISE GAUVREAVQuébec

On peut se procurer gratuitementle livret qui explique la mort auxenfants dans la plupart des salonsfunéraires ou en s'adressant à laCorporation des Thanatologues duQuébec, 945, rue Paradis, Rober-val, Québec G8H 219.Tél. : (418) 275-4875

Grossesse etchiropratique

Réponse à Jacques Falquet,dont la lettre ouverte a été publiéedans le dernier numéro de L'UNEÀ LAUTRE.

C oncernant votre rigoureusecritique face à l'article

GROSSESSE ET CHIROPRATI-QUE, je tiens à vous informer quevous pouvez vous procurer à l'Or-dre des chiropraticiens toutes lesdonnées et recherches pertinentesen relation avec l'histoire de la chi-ropratique, sa philosophie, ses

champs d'actions privilégiés, ainsique toutes les informations au sujetdu complexe de la subluxationvertébrale.

Cher Monsieur, la revue L'UNEÀ EAUTRE nous a permis de nousexprimer face à la périnatalité. Si,dans l'avenir, cette revue souhaiteque nous publiions les résultats derecherches effectuées dans lesmilieux cliniques sur les soins don-nés aux femmes enceintes avant etaprès l'accouchement ainsi qu'auxenfants, le tout accompagné detémoignages, cela viendra joindreun désir commun.

ANDRÉ BROSSARD, de.

ÉCRIVEZ-NOUS. Adresse et numéro de téléphone sont nécessai-res mais seront gardés confidentiels. Les lettres anonymes neseront pas publiées, mais vous pouvez ajouter un pseudonymeà votre signature, si vous le souhaitez. L'UNE À L'AUTRE ne s'en-gage pas à publier toutes les lettres reçues.L'UNE À LAUTRE, O.P. 249, Suce. E, Montréal, Qc H2T 3A7

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Comment avez-vous connula revue «L'Une à l'autre»?

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Numérotez, par ordre de préférence,les sujets que vous aimeriez voir traités

Pourquoi lisez-vous cette revue? Selon vous, «L'Une à l'autre»est là pour:

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VOLUME 2, NO 4 ta pilule 25 ans après,le retrait préventif (2), Shorter et le corpsdes femmes, les maisons de naissanceen France.

VOLUME 3, NO Ua grossesse à l'adoles-cence, comment porter plainte, lesplantes médicinales, comment choisirune sage-femme, qui consulte lessages-femmes.

VOLUME 3, NO 2 L'accouchement vagi-nal après une césarienne, les poursui-tes médicales, les maisons de naissancene sont-elles qu'un rêve ?, la chiro-pratique.

VOLUME 3, NO 3 Place aux bébés, l'os-téopathie, natation et grossesse, leDepo-Provera, compte rendu du collo-que de Naissance-Renaissance.

VOLUME3. NO4 Dossier témoignage:les deuils silencieux, la sage-femme etla sécurité, la macrobiotique,l'échographie.