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1 èr « Année - N°2 Le N » :| 7 5 centime« 1«r D é c e m b r e 1940 JOURNAL ILLUSTRÉ DES PETITS BRETONS Landerneau Finistère PARAISSANT LE l»r ET LE 15 DE CHAQUE MOIS ABONNEMENT : 1 an : 17 francs 6 mois : 9 francs Les Jeux de chez nous Ctiare petits Bretons, Vous préparez votre avenir. Travailliez sérieusement, cons- ciencieusement,comme de bons petits llrstens que vous êtes. Mais pour bien travailler, il faut savoir jjouer aux haured des ré- oréations. st vous aurez pour vous récréer des jeux, qui se- ront dus Jeux de chez vous : Ceux qui ont diverti vos aieux. Nous vous donneront une é- ducation naturelle en cultivant A la fois votre sanfé intellec- tuelle et votre samé physique . mais en conservant le carac tére de notre race. Nous allons remettre en hon- neur Uis Jeux qui amusaient nos pères ; ¡eux celtiques, ou simplement jeux devenus po- pulaire* en Bretagne depuis longtemps. Il y a des Jeux de garçons et de filles, des ]eux tranquilles, des Jeux remuants, vous choi- sirez ceux qui vous convien- nent le mieux et les enseigne- rez à votre tour è vos cama- rades. Cousine Mie. LE DRAGON DU MENEZ ARÉ par Benjamin RABIER OLO LE Vous offre chaque quinzaine des Contes des Nouvelles rubriques de Jeux, is, etc,,,. 1. Le Menez Are était habité par un féroce' dragon appelé Marlonk, lequel, tous les ans, enlevait un enfant d'un village. Cet enfant ser- vait d'otage au monstre qui exigeait des habi- tants de la contrée une dime sur tous les pro- duits du pays. 2. Si la dime était bien servie, - ce qui était toujours le cas, vous le pensez bien, - l'enfant était rendu à ses parents sans qu'il lui fût fait le moindre mal. Les victuailles de toutes sor- tes étaient portées aux Kragou,repaire du mons- tre et de ses cinq compères. 3. Il y avait: le géant Rouf, sorte de brute de deux mètres cinquante de haut, taillé comme un menhir, le serpent Job al Lonker, sournois et fielleux. Ce sont les plus terribles sujets de la bande, Puis viennent : i. Le nain Fistoulig, taquin et adroit ; le siin- o Marmouz, malin et rusé et l'ours Genaouok, été à faire pleurer, tous deux échappés d'un cirque. Ces lieutenants de Marlonk sont char- gés de défendre la retraite du monstre et d'em- pêcher les habitants d'arriver jusqu'à son antre. 5. L'année venait de s'écouler. L'enfant dé- tenu par Marlonk n'était paj rendu à ses pa- rents qu'un autre était ravi. La victime, cette fois, était la fille de braves cultivateurs de Kerguz, enlevée au moment elle se rendait à l'école. 6. Le chagrin des pauvres parents faisait peine à voir. Le frère de Monig, Youenn, bra- ve petit garçon intelligent, n'eut plus qu'une pensée : délivrer sa soeur. Il lut un jour dans un livre que lui avait donné un vieux sorcier, l'histoire de Marlonk et les moeurs de sa bande. suivre) LA PUNmON IDE L'AVARE (Légende Bretonne) U n vieil avare du nom deYannJamik étonnait la population de Quimper pour la dévotion qu'il pa- raissait avoir pour saint Gorentin : il passait des heures entières devant la statue du bon saint. Pensez si les quolibets pleuvaient ! Il a vendu son âme au diable, disaient les uns, et il prie saint Corentin de la racheter ; mais voilà : Ils ne peuvent tous deux se met- tre d'accord sur le prix. — Vous n'y êtes pas les gâs, disaient les autres, il fait monnaie pour l'autre monde de ses signes de croix, de ses larmes et de ses prières, — Peut-être est-il sincè- re, ajoutaient les plus cha- ritables, et il pleure ses pé- chés ; c'est bon signe. Mais ils se trompaient tous et personne ne con- naissait le motif qui fai- sait que Yann Jamik restait agenouillé devant saint Co- rentin.Vous ne le devinerez jamais vous-même si je ne vousle disais. _ C'est que la statue était en argent mas- sif et que l'argent est le dieu des avares; aussi l'usurier rêvait-il de la voler pour la monnayer ensuite en beaux écus sonnants. Combien saint Corentin devait être vexé d'être ainsi contemplé par ces re- gards cupides d'oiseau de proie, par cet homme qui ne voyait en lui que la valeur du métal. La statue d'argent devait vibrer d'horreur devant le traître à figure d'a- pôtre. Un soir, Yannik n'y tint plus : il t s'en approcha tout près, et de ses mains sacri- lèges, il vola saint Corentin. Mais voici que dans ses bras la statue devint pesan- te, si pesante que l'avare en blêmit de peur ; il en suait d'épouvante. Son coeur bat- tait à se rompre et ses che- veux se hérissaient. La statue devenait de plus en plus lourde. N'en pouvant plus, de stupeur et d'effroi, il se résigna à la laisser tomber et ouvrit ses bras, saint Corentin ne se plaisait guè- re. Mais la statue ne tomba pas et se fit encore plus pe- sante. Yann Jamik hurlait de frayeur. Le curé arriva et du pre- mier coup d'oeil il comprit ce qui était arrivé. (suite page 2) J " r if r i" r A9 r m IIUMIIBK:::::»»:»::»:»:!!»»»:»!::::»»:: "Iju.iwik'lwi O LO LE de Noël paraîtra le 15 DECEMBRE et commencera la publication d'un grand roman inédit ; liassiGauusaHnusaaauss&s» W loupS tOA&menez

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1èr« Année - N°2 L e N » : | 7 5 c e n t i m e « 1 « r D é c e m b r e 1 9 4 0

JOURNAL ILLUSTRÉ DES PETITS BRETONS Landerneau Finistère PARAISSANT LE l»r ET LE 15 DE CHAQUE MOIS

ABONNEMENT : 1 an : 17 f rancs 6 mois : 9 f rancs

Les Jeux de chez nous

Ct ia re pet i ts Bretons ,

V o u s p r é p a r e z v o t r e aveni r . Travail l iez sé r i eusement , cons-c ienc ieusement ,comme de bons pet i ts l l r s t e n s que vous êtes. M a i s pour bien t rava i l l e r , il faut savo i r jjouer aux haured des r é -oréat ions . st vous a u r e z pour vous r é c r é e r des jeux, qui se-r o n t dus Jeux de chez vous : Ceux qui ont d iver t i vos aieux.

Nous vous d o n n e r o n t une é-ducat ion na tu re l l e en cult ivant A la fois v o t r e sanfé intel lec-tuel le et v o t r e s a m é physique . m a i s en c o n s e r v a n t le c a r a c t é r e de n o t r e r a c e .

Nous a l lons r e m e t t r e en hon-n e u r Uis Jeux qui amusa ient nos p è r e s ; ¡eux cel t iques, ou s imp lement jeux devenus po-p u l a i r e * en Bre tagne depuis longtemps.

I l y a des Jeux de g a r ç o n s et de f i l les, des ]eux t ranqui l les , des Jeux r e m u a n t s , vous choi-s i r e z ceux qui v o u s convien-nent le mieux et les enseigne-r e z à v o t r e t o u r è vos c a m a -rades .

Cousine Mie.

LE DRAGON DU MENEZ ARÉ par Benjamin RABIER

OLO LE Vous offre chaque

quinzaine

des Contes des Nouvelles

rubriques de Jeux, is , etc,,,.

1. Le Menez Are était habité par un féroce' dragon appelé Marlonk, lequel, tous les ans, enlevait un enfant d'un village. Cet enfant ser-vait d'otage au monstre qui exigeait des habi-tants de la contrée une dime sur tous les pro-duits du pays.

2. Si la dime était bien servie, - ce qui était toujours le cas, vous le pensez bien, - l'enfant était rendu à ses parents sans qu'il lui fût fait le moindre mal. Les victuailles de toutes sor-tes étaient portées aux Kragou,repaire du mons-tre et de ses cinq compères.

3. Il y avait: le géant Rouf, sorte de brute de deux mètres cinquante de haut, taillé comme un menhir, le serpent Job al Lonker, sournois et fielleux. Ce sont les plus terribles sujets de la bande, Puis viennent :

i. Le nain Fistoulig, taquin et adroit ; le siin-o Marmouz, malin et rusé et l'ours Genaouok, été à faire pleurer, tous deux échappés d'un

cirque. Ces lieutenants de Marlonk sont char-gés de défendre la retraite du monstre et d'em-pêcher les habitants d'arriver jusqu'à son antre.

5. L'année venait de s'écouler. L'enfant dé-tenu par Marlonk n'était paj rendu à ses pa-rents qu'un autre était ravi. La victime, cette fois, était la fille de braves cultivateurs de Kerguz, enlevée au moment où elle se rendait à l'école.

6. Le chagrin des pauvres parents faisait peine à voir. Le frère de Monig, Youenn, bra-ve petit garçon intelligent, n'eut plus qu'une pensée : délivrer sa sœur. Il lut un jour dans un livre que lui avait donné un vieux sorcier, l'histoire de Marlonk et les mœurs de sa bande.

(à suivre)

L A P U N m O N IDE L ' A V A R E

(Légende Bretonne)

Un vieil ava re du nom deYannJamik étonnait

la population de Quimper pour la dévotion qu'il p a -ra issa i t avoir pour saint Gorentin : il passa i t des heu res entières devant la s ta tue du bon sa int . Pensez si les quol ibets pleuvaient !

— Il a vendu son â m e au diable, disaient les uns, et il prie saint Corentin de la racheter ; mais voilà : Ils ne peuvent tous deux se met -tre d'accord sur le pr ix .

— Vous n 'y êtes pas les gâs, disaient les aut res , il fait monnaie pour l 'autre monde de ses signes de croix, de ses l a rmes et de ses pr ières ,

— Peut-être est- i l s incè-re, a jouta ient les plus cha-ritables, et il pleure ses pé-chés ; c 'es t bon signe.

Mais ils se trompaient tous et personne ne con-naissa i t le motif qui fai-sait que Yann Jamik restai t agenouillé devant saint Co-rentin.Vous ne le devinerez j a m a i s v o u s - m ê m e si je ne vous l e disais .

_ C'est que la s ta tue était en argent mas-sif et que l 'argent est le dieu des avares ; aussi l 'usur ier rêvait-i l de la voler pour la monnayer ensui te en beaux écus sonnants .

Combien saint Corentin devait être vexé d 'être ainsi contemplé par ces re -

gards cupides d 'oiseau de proie, pa r cet h o m m e qui ne voyait en lui que la va leur du métal .

La s ta tue d 'a rgent devai t v ibre r d 'hor reur devant le traî tre à figure d ' a -pô t re .

Un soir, Yannik n 'y tint plus : il t s ' en approcha tout près , et de ses mains sac r i -lèges, il vola saint Corentin.

Mais voici que dans ses b r a s la s ta tue devint pesan -

te, si pesante que l 'avare en blêmit de peur ; il en suait d 'épouvante. Son cœur bat-tait à se rompre et ses che-veux se hér issa ient .

La s ta tue devenai t de p lus en plus lourde.

N 'en pouvant plus, de stupeur et d 'effroi , il se rés igna à la laisser tomber et ouvrit ses bras, où saint Corentin ne se plaisait guè-re. Mais la statue ne tomba pas et se fit encore plus p e -sante .

Yann Jamik hurlai t de f r ayeu r .

Le curé arr iva et du p r e -mier coup d'œil il compri t ce qui était a r r ivé .

(suite page 2)

J"r ifr i"r A9r m IIUMIIBK:::::»»:»::»:»:!!»»»:»!::::»»::

"Iju.iwik'lwi

O LO LE de Noël paraîtra le 15 DECEMBRE

et commencera la publication

d'un grand roman inédit ;

liassiGauusaHnusaaauss&s» W

loupS

tOA&menez

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(drame de la mer)

RÉSUMÉ D E LA PREMIÈRE P A R T I E . Un nav i re mystér ieux, C / ) l u l a n , » é t é vu nu la rge de la côte b r e t o n n e par de« pêcheurs , qu i f u r e n t e f f r ayés p a r son aspect s inis t re : aiu c a b a r e t du pet i t po r t , ce bâ t imen t qu ' i ls on t s u r n o m m é le b r i ck - fan tôme est l 'ob je t des conver sa t ions ; soudain la t e m p ê t e fa i t vio-lence; un yach t b lanc poursuiv i pa r £e <J)lu-fart e n t r e d a n s le po r t . Mais au m ê m e moment , dles b a r q u e s sont en perd i t ion . Malgré la JFra-j 'eur qu ' i ls é p r o u v e n t du br ick- fan tôme, les pê-cheurs cou ren t au secours des c a m a r a d e s . Le mousse J e a n - M a r i e , ma lg ré les pro tes ta t ions (les « anc iens » sau te dans le cano t de sauve-t age . Les b a r q u e s ont réuss i à r e j o i n d r e le po r t 1 Mais l 'une d 'e l le est en dé t resse . On réuss i t à sauve r l ' équ ipage . On se compte : le inouase m a n q u e 1 II a coulé à pic, mais ayan t réuss i à reven i r k la su r face , il lu t te coura-geusemen t con t re les f lots déchaînés , en im-p lo ran t Sainte A n n e de le secour i r , quand , à que lques brasses , surgi t dans la nuit , un nav i re liant f e u : LE B&ICK-FANTOME I

Cette fois, Jean-Marie n'appela point à l'aide : — Santez Anna benniget. implora-t-il, laissez-

moi mourir I, car n'est-ce pas, bien mieux valait la mort que d'être sauvé par ce bateau là I . . .

Mais une lueur, à cet instant, courut sur la mer , venant du phare. Des exclamations, des ordres retentirent à bord du sombre bâtiment qui s'approcha lentement. Jean-Marie allait se laisser couler à pic auand il se sentiisaisi, emprisonné dans les mailles d un filet, arraché à l'élément liquide, hissé, suspendu dans le vide, enfin déposé assez rudement sur le pont.

— Donnez-lui un coup de gin i dit une voix. La pèche est bonne. Ce mousse saura bavarder.

Deux bras le prirent et l 'emportèrent jusqu'à l'écoutille proche.

Le pauvre mousse avaii fermé les yeux. Lors-qu'il les rouvrit, il jeta un cri d'épouvante : il était dans le poste d'équipage que de puissantes lampes électriques éclairaient intensément. Des faces de «auchemar, aux mâchoires béantes, aux os sail-lants, aux orbites vides, se penchaient sur lui.

— Ah, ah, ah 1 ricana l'un des étranges mate-lots, le petit gars a peur 1 Cela se c o n ç o i t . . . Bas les masques tous I

D ' u n même geste, ils arrachèrent leurs masques macabres, découvrant des visages de vivants Les

ens de ce mystérieux équipage étaient non seu-ement en os, mais aussi en c h a i r . . .

Leurs faces glabres se prêtaient aux déguise-ments les plus variés. Ils étaient tous grands et forts.

— Les gens du yacht avaient raison, balbutia le mousse, stupéfait. Ces gens sont des bandits.

Ceux du Pluton entendirent ces paroles. L'un d'eux répondit :

— Hé oui, garçon, pas autre c h o s e . . . Et dé-sormais pour jusqu'à la fin de tes jours, tu seras des n ô t r e s . . . Celui qui a, une fois, posé le pied sur le pont de ce beau navire lui appartient corps et âme I

Une sonnerie grésilla, un haut-parleur pro-

i

(SUITE ET FIN)

nonça ces mots : « Le maître veut parler au gar-çon repeebé. Bien vite on fit avaler à Jean-Marie un verre d'eau-de-vi : :

- Le Maître est sur le pont . . C'est là sor poste quand le Pluton est à l'ouvrage. As-tu repris des torces ? Non ! Eh bien, nous allons te porter. U faut s entraider, . l ampin . . . et puis à présent n es-tu pas des nôtres ! '

Ils le prirent de nouveau et l ' empor t è ren t . . .

Les mâts lentement descendirent, à la façon d'une longue vue dont les tubes rentrent les uns dans les autres ; le bout dehors et le baupré glissèrent dans un alvéole ménagé sur le pont, Tes hauts bastingages se rabattirent comme des colle.s et le Pluton, privé de sa superstructure qui le camou-flait, devint ce qu'il était réellement ; un sous-marin de belle taille, construit pour la course de combat. Le Maître daigna donner à Jean-Marie quelques éclaircissements d'une voix quelque peu narquoise :

— Tu seras en bonne compagnie, garçon,., tes nouveaux camarades, mes braves matelots, j ' les ai choisis parmi les forçats " les plus réputés" Ils me sent dévoués jusqu'à la mort. Nous avons aujourd'hui " manqué " le yacht du richissime Américain Clarance L'excuse du pointeur est qu'il ne connaît pas encore très bien les appareils. C'est notre première sortie. Mais patience, bien-tôt le monde entier parlera du Pluton. J 'entends semer la ruine, l 'épouvante et la mort sur toutes les côtes de l'ancien monde et du nouveau ! La tempête faisait rage, nous le savons. Jean-Marie que l'on ne s' rveillait pas parce qu'on k croyait à demi-mort de fatigue, se dressa soudain et d'un élan, se jeta à la mer en criant : « Entendu, mais ne comptez p.is sur moi pour ce joli métier 1 »

Cette fois, Jean-Marie se garda bien de rester à la surface. Mettant sa confiance une fois de plus dans la Providence, il se laissa couler et nagea entre deux eaux. Il ne remonta que lorsqu'il se jugea hots d'atteinte. Alors il entendit la voix du bandit, à une encablure, qui hurlait coléreuse :

Des faces de cauchemar, aux mâchoires béantes...

Pourquoi Jaan-Marie feignait-il une fatigue qu'il ne ressentait pas ? En réalité il avait envie de gambader, de sauter, de courir I Ses porteurs le déposèrent sur le pont, aux pieds d'un homme qui était le Maitre et gardait sur son visage de coquin le masque funèbre que nous connaissons.

A ses côtés étaient des appareils téléphoniques, des manettes, des commandes, des cartes. Il dit rudement au mousse :

— Ecoutes de toutes tes oreilles et réponds fran-chement ou ¿ i n o n . . . Il eut un geste de menace et poursuivit :

— Ce petit port dans lequel s'est réfugié le yacht que je poursuivais, quelle esc sa pro-fondeur ?

Jean-Marie répondit : — Je ne pourrais vous le dire exactement,

mais il est très profond et peut abriter des bâti-ments de tort tonnage ! Cette réponse parut être agréable au chef qui se tourna vers son se-cond et dit : « Eh bien, mais c'est parfait. Nous allons plonger, passer entre les jetées, nous poser au fond de ce port . Alertez l'équipe des scaphan-driers. Il auront à travailler cet t ; nuit, forer un large trou dans la quille du yacht qui doucement c o u l e r a . . . Ensuite, il s'agira de le dépouiller de toutes ses richesses et de reprendre la mer vers d'autres aventures.

Un coup de sifflet strida. A ce signal, les ma-chines s'éveillèrent dans les flancs du n a v i r e . . .

— Nous n'allons pas perdre notre temps à re-pêcher deux fois ce n i a i s . . . Qu'il se noie tout à son aise !

Jean-Marie, dont les yeux étaient accoutumés à l'obscurité, aperçut la masse sombre du Pluton s'enfoncer lentement *ous les flots. Alors, ras-semblant toutes ses forces, appelant à lui toute sa volonté et priant Sainte Anne de ne pas l 'aban-donner, vaillamment il nagea vers le phare dont le 'eu intermittent balayait l'horizon et accro-chait des reflets d'or aux arêtes des vagues.

t Pauvre Jean-Marie I » Ainsi disaient les .pê-cheurs qui avaient repris leur place chez le débi-tant. On n'avait pas encore prévenu les siens de sa disparition. On espérait e n c o r e . . . Soudain, la porte s'ouvrit et Jean-Marie, à la stupéfaction gé-nérale parut, ruisselant. Il avait eu la chance in -espérée de heurter le tronçon du mât de la barque naufragée. Il s'était cramponné à cette épave et ainsi soutenu, avait gagné le rivage.

— Ne criez pas au revenant, ni au fantôme, cria-t-il dès le seuil. Tout cela n'existe pas. Je suis payé pour le savoir I

Et à ses amis les pêcheurs, en quelques mots , il dit son aventure. On se concerta. Avant tout, il fallait prévenir les gens du yacht. Jean-Marie s'en chargea. Bientôt, M. Claiance, ses amis et son équipage débarquaient. Il était temps Peu après, le joli yacht s'enfonçait lentement. Une in-visible voie d'eau s'était déclarée à son bord.

— Nous les aurons vivants, Monsieur ! dit le mousse en guise de consolation. M. Clarance ré-pondit :

— Hurrah ! la capture sera bonne. Quant à mon cher bateau, il t n a vu bien d'autres. A la marée basse, nous le raccomoderons, le mettrons en cale sèche, afin de le parachever, et il voguera de nouveau sur la mer immense sans crainte des torpilles, cette fois 1 . .

Il fut des plus aisé de capturer les sinistres ma-telots et l'infernal bateau pirate. Durant qu'ils accomplis aient sous les eaux leur criminelle be-sogne, un petit cargo côtier, mouillé là, fu t ame-né entre les jetées et coulé sur l 'heure.

Il était chargé de pierres de taille. Cette masse obstrua l'étroit goulet commandant l 'entrée du port. Les gendarmes du pays et les troupes can-tonnées non loin furent appelées en hâte. C'est pourquoi, le lendemain, sous le soleil enfin reve-nu les eaux s'étant retirées, découvrirent-elles le fond du port où semblait dormir le redoutable sous-marin présentement inoffensif, autant qu'un squale échoué sur la grève.

Soldats et gendarmes, armes braquées sur l 'en-gin de mort, s'alignaient sur les quais. Le capot se souleva et, l 'un après l'autre, le Maitre en tête, les pirates se rangèrent sur le pont du Pluton en levant bien haut les m a i n s . . .

Est-il besoin d'ajouter que Jean-Marie, le petit mousse, reçut les félicitations auxquelles il avait droit . On le fêta comme un héros - et de fait il méritait bien ce titre - M. Clarance se contenta de !ui serrería main sans démonstration bruyante, mais, dans cette main, il y avait un chèque dû-ment signé, paraphé et représentant une fortune pour Jean-Marie, qui s'empressa de le porter à sa pauvre mère .

. . . E t le dimanche suivant, le petit mousse, son chapelet d 'une main et son bâton de pèlerin de l 'autre, prenait le chemin de Sainte Anne La Palud pour la remercier de l'avoir s a u v é . . .

L. D'ARVOR.

Prochainement"

le Mystère du " Reder-Mor "

Il ne remonta à la surface que lorsqu'il se jugea hors d'atteinte..

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O bO LE Un a n : 1 7 I r a n c s ; s i x m o i s : 9 francs

P A I E M E N T PAR M A N D A T - C A R T E

P R I M E S L'abonnemint d'un an donne droit à une prime d'une valeur de 10 Irancs au choix : LÉGENDES DE BRETAGNE EN IMAGES

.BÉCASSINE VUE PAR LES BRETONS

U n as d e l'aviation. ¿¡^ Illustrations de amin Rabier)

Il achève de s'équiper avec Le toit de la maison !4lui L'apparail vivant décolle, Atterrissage imprévu I une large queue qui lui per- parait tout indiqué pour plane, tourbillonne, exécute mettra ae se diriger dans les prendre son vol. quelques loopings . . . airs. i

La punition de l'avare i (suite de la i'" page)

— Qu'as-tu fait malheureux? s'écria-t—il. Repens-toi bien vite car saint Co-rentin est lourd de tout l'argent que tu as volé ; promets de restituer le bien mal acquis.

— Vous n'y pensez pas, monsieur le Curé, répondit l 'avare, haletant. Don-ner mon argent, mon pauvre argent Je vous assure que ma conscience est pure. Mais de grâce, délivrez-moi : le saint s 'alourdit de plus en plus.

— Décharge ton âme, te dis-je. Ce sont tes péchés qui t 'écrasent .

Rends ce que tu volas et le saint s 'al-légera.

— Je ne le puis. O 1 mon argent, mon pauvre a r g e n t . . .

— Qu'il ne te soit pas plus cher que la vie, misérable. Vois, le saint se lasse. Mais de grâce, dépéche-toi.

— Oh ! mon argent, répétait l 'avare. J ' é touf fe . . . G r â c e . . . P i t i é . . . O ! mon argent. Mon pauvre argent 1. . .

Et sur res mots, Yann Jamik mou-rut. Alors, de lui-môme, le saint i re-tourna à sa place.

Ainsi s 'en alla vers l 'éternité, un vieil avare qui préiéra la mort à la res-titution du bien qu'il avait volé.

Et justement dans la cour, on vient de plumer une oie. Bonnr Aubaine Jj. .

Voici notre inventeur ourvu d'ailes en plumes

.'oie. Ça prend tournure...

Yannik s'adonne depuis peu aux |mathématiques. Il rêve de devenir savant et de s'illustrer dans l'aviation par unej découverte sensa-tionnelle.

Après maints calculs et plans géométriques notre chercheur a imaginé la créa-tion d'un appareil volant sans précédent.

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— * LES REPORTAGES DO LO LÊ.

Métiers en Bretagne

TISSAGES DE Connaissez-vous les toiles Je Locronan ,

ces toiles qui firent la richesse de cette vieille cité bre tonne pendan t plusieurs siècles ? Au XVII e siècle sur tout , la r enommée de Locro-nan était g rande . A travers toute ia rég ion , fileuses et t isserands travaillaient à la con-fect ion des toiles à voile que les por ts de Lorient et de Brest réclamaient pou r gréer leurs navires. La Compagnie des Indes, une des premières et des plus importantes so-ciétés marchandes de l 'époque, m o n o p o l i -sait les voiles, entassait à Locronan les tis-sages du pays qui avaient une vogue d'é-change très g rande .

Malheureusement cette entreprise disparut à la fin du XVIII e s iècle. Locronan perdit son activité et son industr ie resta en som-meil pendant long temps , jusqu'à ce X X e

siècle ! En effet, il y a trois années , deux artisans

bretons : Mndame Andrieux e t M . Marc Le Berre, tels des magiciens , firent tourner de nouveau les rouets et travailler les mét iers des aïeux à Locronan m ê m e ! Là où elle avait connu autrefois u n e vogue sans pa -reille, renaissait la vieille industr ie b r e tonne des tissages,

Des mét iers sortaient des toi les, des laines» des nappe rons , des services de table, des

tentures , enchevêtrées de tons vifs qui cons-t i tuent pour l ' ameublement , la table et la mode , des créat ions d 'un effet véri tablement artist ique et breton.

J 'ai admiré ces services à thé, de table, aux coloris savamment harmonisés et assortis aux faïences de Q u i m p e r , fo rmant un en-semble parfait .

Les ouvrières de Locronan, confor tab le -ment installées dans les Ateliers Saint-Ro-nan, dont les bât iments sont conçus dans un style breton mode rne , tissent en suivant d 'un regard très attentif les pièces qui de-viennent nappes , napperons , écharpes, t e n -tures, qui rappellent à ravir par leurs cou-leurs et leur harmonie , nos landiers, nos bruyères , nos ajoncs, et nos cos tumes .

« Notre œuvre de Loc ronan est une vér i -table résurect ion, une résurect ion artisa-v nale », nous disait avec enthous iasme M Le Berre en nous invitant à visiter les Ate-liers Sain t -Ronan.

Et avec notre s y m p a t h i q u e et actif c o m -patr io te conc luons : « Espérons qu 'e l le o b -t iendra tout le succès mér i té , non seulement pour le p lus grand bien du pays de Locro-nan , mais encore pour celui de not re Bre-tagne , pays du bon goût et de la t radi t ion .»

Annick be Guvader

— Les Ateliers de Locronan —

( p ù u z . rnaà, L e c U i c e A . . . .

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wmwWA

Quelques jolis moiifs de broderie bretonne

Les premiers dessins armoricains que j e •ous présente seront d 'un effet t r i s décoratif •n broderie; les couleurs originales étaient r o u g e Ot n o i r e ; vous pouvez en choisir • e y a n t mieux k votre toilette, et k vos tapis-

series. J e vous les propose par exemple pour: un petit sac et ceinture (fig. 1) col et manchet-tes, plafonnier (fig 2) ou napperon, abat-jour, couvre-livre ou buvard, (je n'ose plus vous par ler de menus, avec notre régime triple-sec) . . . Tout ceci peut s 'exécuter à peu de frais , avec ce que vous trouverez chez vous: vieux rubans, restes de laine, ou laine ayant déjà •ervi, en guise de coton perlé, restes de toile, morceaux de drap provenant de toilette au ré-bus. Avec un peu de goût, vous ferez des mer-veilles.

Ces dessins peuvent s 'exécuter au point de croix, au lancé, au point de chainette, au plu-metis ou au feston. En les agrandissant, il est faci le de les reproduire au pochoir fabriqué pa r vous dans du carton et d 'en faire des fri-t e s pour votre chambre.

Marie Droûart

figl. Sac et

ceinture brodés

LO ILE! ©ette curieuse et très viei l le mélopée,

toute imprégnée de fraîcheur et de poésie, est spéciale à la région 5ïi

Pélem, en Haute Cornouaille. El le fut re-cueil l ie il y a quelque quarante ans, sur les lèvres d'un petit pâtre, dans les landes de Saint-Nicolas, par le poète Evnig A r v o r . . .

Il n'est pas de Pé lémois ou de Pé lémoise de 25 à 90 ans, ayant naguère gardé les troupeaux qui ne connaisse ce « galv du bugel-saout » (cet appel du petit vacher), qui s'est transmis dans nos campagnes de géné-ration en génération.

Les petits pâtres lançaient le cri d'O LO L a , d'abord, pour savoir dans quel champ ou dans quelle lande se trouvaient leurs

Setits vois ins ou vois ines ; ceux-c i répon-aient de la môme manière et aussitôt des

dialogues naissaient, des couplets s'impro-visaient, aussi frais que variés.

. . .C'est un de ces dialogues que le poète Evnig Arvor a recueill i en même temps que la mélodie et qu'il a arrangé pour le Cercle Celtique du P é l e m (car les petits pâtres n'avaient pas toujours le souci de la rime !)

Pendant bien longtemps l'O LO LÊ ne franchit pas les l imites des coll ines pé lè -moises. Mais depuis quelques années, la vo ix pure et prenante de Mie Tinaig Lucia, soliste de notre Chorale bretonne, l'a fait résonner en tous coins de Bretagne, et même l'a lan-cé à tous les échos du monde, sur l'aile de la Radio . . . Et plus d'un compatriote exi lé a été ému par cet appel « lointain », appel du Passé, appel du Pays, évocateur des clai-res et joyeuses heures d'enlance vécues dans les champs et les val lées des bords du Blavet et du Faode l . . .

Marie RIVOALLAN. Directrice du Cercle Celtique du Pélem.

Pboto-CIiebé l'ODEST-ECUIR. Mile TINAIG LUCIA

chantant l'O lo lé dans un Concert breton

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O lo lé, o lo lé, o lo lê, o lo lê... O lo, Yan:aig, va Yannig-me, O I Lo lê, o 1» lê, o lo lê, o lo lê, O lo Yannig, deus « ame » (1) O lo lê, O 1...

A-us d'hon zaout, teo 'r vorenn, O I N'o gwelimp ken o vreskenn.

Leun eo o c'hof a c'hlazvez flour, 0 1 Gourvet iut holl hed an dour.

O lo, Yannig, deus da c 'hoari , O ! C'hoariou brao a gavi :

Eun dervemn vras e lost va f rad , O Enni eur vransigell vad. Hed ar c'hleuziou, korz ha kanell, O 1 Danvez flaût ha c'houitell.

Eur wazig dour leun a beaked, O ! Kouskeresced ha loched.

Grilhed ' kana ' n 'o zoulligou, O ! Ha raned glas er pouilou. Ni ' gavo mouar, avalou, O ! Kraon-kelvez, krampouez-koukou. O lo, Yannig, va Yannig-me, O 1 O lo, Yannig, deus ame I

Recueilli et ar rangé par

(1; Ame te dit poir aman dm la région du Pélem.

O lo, Yannig. mon petit Yannig O lo, Yannig, viens ici !

Au-dessus de nos caches, la brume est épaisse y ous ne les verrons plus courir.

Repues d'herbe tendre, | Biles sont toutes couchées au bord de l'eau.

O lo, Yannig, viens t'amuser Tu trouveras de jolis jeux :

Un grand chêne au bas de ma prairie Dans ce chêne une bonne balançoire,

Des roseaux Le long des fossés : De quoi faire des flûtes el des sifflets

Un ruisselet plein de poissons , Dés <r dormeuses » et des loches.

Des grillons chantent dans leurs réduits Et des rainettes dans les mares.

Nous trouverons des mûres, des pommes Des noisettes, et des <r crêpes de coucou »

O lo, Yannig, mon petit Yannig, o O lo, Yannig, viens ici !

Tous droits réservés.

« EVNIG ARVOR. »

( p e u t m u à , l e c t e u z é ! . .

Tir à l'arc et à l'arbalète. Ce fu t un jeu très pratiqué dans toute la

Bretagne. Un acte d ' a f f é a g e m e n t (1) au sieur

Haslé, e n 1567) mentionne, à Lamb a l le, le ter-rain de " l'Arbalestrie ". r

Haslé ¿tait chargé de faire et e t l t etenir les huttes couvertes pour le feu de l'arbalète et ar-quebuse et d'y laisser tirer le Comte de Pen-thièvrt, ceux de sa maison et les manants et habitants de la ville. En I690, l'Arbalestrie oc-cupait encore ce terrain.

A Rennes, en 1592, s'édifiait, rue du Champ Jacquet, la butte aux Arbalétriers.

Ce jeu d'adresse vous intéressera certainement.

Vous pourrez fabriquer vous-même vos arcs et flèches, et une cible.

Pour l'arc, vous prendrez un bois flexible, se courbant facilement t t vous tendrez une ficelle entre ses deux extrémités.

Vous fixez de la main droite la fléchette sut la ficelle que vous attirez sur votre épaule gauche, pendant que de la main gauche vous maintenez l'arc et, après avoir visé le but, vous lâchez brus-quement ; si vous êtes adroit, la fléchette atteindra son but.

Vous pouvez, pour fabriquer vos fléchettes, employer du bois plus dur. Un des bouts doit être taillé en pointe. Cousine Mie

T A f f é a g e m e n l : droit par leqael on retenait «ne part ie lu t e r -r e s nobles d'un Ile! à charge de redevance

fig 2. Plafonnier

S Q e c m M À M d ' O & &

C'est avec joie que nous publions notre premier Courrier ! A l'heure où nous mettons sous presse,notre bureau est encombré d'un grand nombre de lettres aux-quelles il sera répondu dans les numéros suivants. Nous recommandons à nos lec-teurs et lectrices de bien se conformer au règlement du Courrier, car quelques-uns n'ayant pas donné leur adresse complète, nous ne pouvons leur envoyer leur fiche d'admission.

Petit Cornouaillais. • A la bonne heure, O la lê réalise votre rêve ! Oui, nous publie-rons des articles sur la Lutte, notre grand sport breton ! Kenavo.

Corsaire. - Rassurez-vous, futur coureur des mers, O la l ê vous contera des aventures de corsaires, de Bretons à tra-vers le Monde I Un petit con-seil, soignez bien votre écri-ture. Amitiés.

Jobig. - « Je voudrais que tous les petits Bretons lisent O la lê », écrivez-vous ! C'est notre vœu aussi, et il sera cer-tainement exaucé ! Merci donc

iiiour votre propagande. Rena-î t » Jobig !

Kreisker. - Mes compli-

ments pour les belles he r -mines qui décorent votre let-tre. Vous avez du talent. Oui, vous pouvez envoyer des des-sins à O la lê. Faites-les à l 'encre de Chine, et ils para î -tront s'ils sont intéressants. En attendant, bon courage 1

Tonton Yann.

Fleur du Léon. - « Parmi tous les journaux vendus en gare, j 'ai découvert un nou-veau \ O la lê ! Tout mon voyage s'est passé à le lire ».

Très bien, Fleur du Léon, trouvez-nous de nombreuses abonnées parmi vos petites amies. Le prochain Nuifrïëro sera encore plus captivant

avec son beau roman où filles et garçons seront mêlés. Mais je n'en dis pas davan-tage. Amitiés.

Gwenola. - Je vous félicite de tant aimer l'Histoire de Bretagne et celle des Saints bretons. O la lê vous ins-truira beaucoup sur le passé de notre si beau pays.

Breiz-lzel. - Beaucoup de petites filles voudraient avoir comme vous une bonne m a r -raine pour recevoir ainsi O la lê Vous réussirez certai-nement cette jolie pochette que vous lui destinez ; bientôt nous donnerons le bonnet de broderie bretonne pour votre petit f rère*Comment s 'appet-fe-t-il ?

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UNE GRANDE & BELIZE HISTOIRE :

celle de notre Bretagne.

3. — LES B R E T O N S E N A R M O R I Q U E A leur arrivée en Armorique, sous la conduite des moines et des chefs militaires, les Bretons fondèrent des

petites colonies, nommées « plou » qui sont à l'origine de nos plus anciennes paroisses : Plounéour, Plougastel. etc. . Les moines défrichèrent les forêts et bâtirent des monastères ou " lann Avec l'aide des chefs de clans, ils ai-

dèrent puissamment à la formation morale et matérielle de notre pays. Ainsi encouragés, nos ancêtres transformèrent l'Armorique et lui donnèrent une vie nouvelle. . .

4 . - L E C H E F W A R O K

Mais à peine s'étaient-ils établis qu'ils eurent à défendre leur liberté principalement contre les Francs qui envahissaient la Gaule. Le premier des chefs bretons qui eut à lutter contre eux fut Warok, comte de Vannes, qui réussit aux prix d'efforts incessants et de nombreux combats à infliger plusieurs défaites aux Francs et à les contrain-dre à respecter la Bretagne. On lui a donné le titre de " Champion de la Bretagne

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Si votre petit frère ou votre petite sœur n'a pas encore 3 ans, demandez à votre maman de lui donner de

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SAINT SAMSON Premier Primat de Bretagne

Saint Samson naquit en Grande-Bretagne vers l'an 480, au temps où nos ancêtres lut-taient contre les cruels Saxons. 11 était de race illustre. Tout j e u n e , sa pieuse mère Anne, le conduisit au Lann Iltud pourle confier au grand saint breton Iltud le plus renommé des maîtres. Samson fit de grands progrès dans toutes les sciences, mais bientôt il comprit que Dieu l'ap-pelait et fut ordonné prêtre.

Il se retira dans l'île de Pir pour vivre dans la solitude, puis il passa en Irlande pour commen-cer son apostolat.

Avant d 'entreprendre sa mission, il voulut amener à une vie plus parfaite sa famille qui bientôt, d'un commun a a o r d renonça au monde. Puis Samson se retira dans une fo rê t profonde pour y faire pénitence. Il ;>urait voulu y demeurer ignoré, mais un Ange apparut à l'évèque Dubrice lui ordonnant de le sacrer Evêque. Le nouveau Prélat dut abandonner sa vie d'ermite pour se consacrer à son peuple ; ce qu'il fit avec zèle. Un jour de Pâques, tandis qu'il disait sa messe, un ange lui apparutaussi: " Va en Armorique. Dieu fera de toi le p r e -mier dans l'Eglise et le premier dans l 'ordre épiscopal."

Samson obéit, passa en Bretagne avec son cousin saint Magloire et son disciple saint Malo; il s'établit à l 'embouchure du Guiaoul et fonda un monastère ou lann, qui plus tard, devait être la ville épiscopale de Dol, si longtemps métropole de Bretagne.

fgO Gérante ; Mme VEFA DE BELLAING. Impr imer^ du U o a , L&ndcroeaa

— !

Il évangélisa la partie de Bretagne alors nommée Royaume de Domnonée. Ce pays était ravagé par Conomor, qui avait assassiné le roi loua et livré aux Franks l'héritier légi-time, le jeune prince Judual. Conomor fut ex-communié par les Evêques de Bretagne et par saint Hervé réunis en concile sur le Menez-Bré.

Saint Samson plein de pitié et agissant de concert avec saint Malo et saint Meen, voulut délivrer Judual. Malgré son grand âge, il p a r -tit pour la Gaule et arriva, après un long et pénible voyage au royaume des Franks.

Chilperik, roi fourbe et cruel, refusa d'abord de libérer son prisonnier; il ne voulut même pas permet t re à Samson de le visiter, mais Samson fort de son bon droit, protesta éner-giquement, et le roi Frank effrayé lui offrit une coupe de vin empoisonné ; le saint l 'ayant bénie elle se brisa. Alors Frank libéra Judual et combla le saint de présents intéressés, en-tre autre, d'un vaste domaine près de Paris pour y établir des missionnaires bretons.

Saint Samson rent ra en Bretagne avec Ju dual qui, à l'aide de ses sujets lideles fut vain-queur de Conomor. Plein de reconnaissance le jeune roi donna autorité épiscopale à saint Samson sur toute la Doinnouée, et en lit en quelque sorte le protecteur officiel de toute la Bretagne : de fait, Saint Samson, regardé com-me le premier des primats de Bretagne a long-temps été honoré comme notre principal pa -tron. Au Moyen-àge son nom était le cri de guerre de nos soldats et le Saint Samson 1 Saintj^Samsou 1 " des Bretons répondait sur le champ de bataille au "Mout joye St Denis I " des Français ou au "'St Georges I St Georges I " des Anglais.

Le Saint retourna 'encore une fois à Paris pour organiser un monastère breton sur les terres données par le roi Chilperik, il assista au concile de Paris en oi)ii; puis rent ra en Bre-tagne ou il l'ut i nhumé .

Dans les moments difficiles que nous traver-sons, prions saint Samson de protéger la Bre-tagne et particulièrement recommandons- lui nos prisonniers, lui qui délivra Judual, otAge innocent, pour qu'il les ramène sains et saufs au Pays. > I l l u s t r a t i o n s d e X. du L a n g l a l s C . D a n i ç

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1èr» Année - N°3 ma. Le N® : 75 centimes El 15 Décembre 1940

RÉDACET isDrLéSoT„RAT,0N JOURNAL ILLUSTRÉ DES PETITS BRETONS

l .anderneau Finistère PARAISSANT LE le«" ET LE 15 DE CHAQUE MOIS

ABONNEMENT : 1 an : 17 f rancs 6 mois : 9 f rancs

LE

MESSAGER DE

MINUIT

-

r ^ a n s sa m a n s a r d e , s o u s les U ^ t o i t s , la pe t i te Nola r e g a r d a i t

de s e s yeux t r i s t e s le ciel étoi lé qu ibr i l l a i t au t r a v e r s de la l uca rne .

« Dema in c 'es t Noël , p e n s e - t -e l l e . . . L e s e n f a n t s seront h e u -r e u x . . . i l s met t ron t dans la che-m i n é e l eu r s s a b o t s qui s e ron t r e m p l i s de b e l l e s c h o s e s . . . Tan-d i s q u e moi , j e n 'aurai r ien, et mon pet i t f r è r e , Mikael , non p lus . N o u s s o m m e s t rop p a u v r e s ».

Et pens ive , elle songea à la mor t de son pè re qui l e s avait p longés dans la m i s è r e , pu is , à la ma la -die t enace de sa p a u v r e m a m a n ,

j. qui depu i s un m o i s ne pouva i t t r ava i l l e r et restai t iner te su r un lit de l 'Hôtel-Dieu.

(suite page 2)

LÀ LEGENDE

DE L 'ARBRE

DE NOEL

Autrefo is v iva i t en B a v i è r e un pauvre bûcheron qui

avait b ien de la pe ine à é l eve r sa n o m b r e u s e fami l le .

Sa fille Erna, lui apportai t c h a -que jour au bo is s a collation. Un soir d ' h i v e r , d a n s la s e m a i n e qui p r é c é d a i t Noël , elle s ' e n r e t o u r -nai t du bo is a b s o r b é e , p a r ce q u e lui avai t raconté son p è r e : l 'En -f a n t - J é s u s venai t q u e l q u e f o i s v i -s i te r les e n f a n t s sages , et souven t l o r squ ' on s ' y a t t enda i t le m o i n s .

— « Viendra-t- i l aussi n o u s voir un j ou r dans not re pe t i te c h a u -m i è r e ? » se d e m a n d a i t E r n a .

(suite page 4)

LE D R A G O N DU M E N A R E (suite)

par B e n j a m i n KABIEK

7. Je v.ii3 délivrer Monig, s'écria Youenn, a-près avoi r terminé sa lecture surjla vie du dra-gon et de ses acolytes. Je sais à qui j'ai affaire, je les aurai tous, les uns après les au-tres, et je débarraserai le pays de ce monstre. La-dessus, il prit un petit sac de toile dans le-quel il glissa quelques mystérieux objets.

8. S'étantmis en route et arrivé à mi-côte des Kragou, il entendit un cri lugubre, sorte de gémissement qui le fit frémir. Cette plainte paraissait sortir d'un tronc d'arbre pourri : Soudain le cri devint plus aigu et Youenn a-perçut, émergeant du tronc, une immense plu-me de pan dont l'œil regardait curieusement.

9. Youenn ne bougea pa roisiôme cri se fit entenar

jas et attendit. Un troisième cri se fit entendre et une téte appa-rut, tel un diable sortant d'une boixe à sur-prise. C'était le nain Fistoulig qui se faisait connaître à l 'étranger.

O lo l ê vous annonce: un Concours

facile et attrayant Un grand film médit:

La vie d'un Corsaire

(ent ièrement il lustré)

Un dessin animé breton :

et rig

10. Je veux passer, dit Youenn au nain qui essayait de lui barrer la route. - Tu connai3 les conditions, répondit Fistoulig, j'ai une con-signe. Je suis l'être le plus adroit de la contrée. Pour te laisser continuer la route, il faut que tu me dépasses en adresse. Sans quoi une flèche de mon aro,piquée dans tes reins te fera rebrous-ser ohemin.

11.« Soit dit Youenn, j'accepte le défi. Luttons d'adresse." Le nain plaça Youenn debout au pied d'un arbre et lui mit sur la téte une prune ver-te. - Je vais faire plus fort que Guillaume Tell,

il, le Suisse a transpercé une pomme à dit vingt pa», moi je vais transpercer une prune.

12. ï£t comme il l'avait dit, la flèche 1 ancée par le nain, traversa la prune. - Hé ! hé ! . . , dit You-enn. le gaillard est a d r o i t . . . il va me donner du fil à retordre. Mais Youenn no se frappa pas pour cola,

(à suivr3j

Monsieur m'a chargé de vous dire qu'il n'est pas là. - C ' e s t bon ! Dites-lui de

ma part que j e ne suis pas venu non plus.

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Une lettre urgente

... La guerre était commencée depuis u-ne grande semaine. Livrés à eux-mêmes, Her-vé, Alan, Anne et Pol de Coatmenez causaient ensemble des événements assis en plein soleil sur la margelle de pierre grise de l'étang, occupes à regarder sauter les carpes. — Nous sommes bien calmes ici, dit Her-

vé. un grand garçon de quatorze ans, brun avec des yeux clairs. Nous devrions faiie quelque chose.

—- Que veux-tu que nous fassions ? Les bles sont rentrés et le blé noir n'est pas en-core bon à couper. Je suis bien ici au soleil, dit Alan.

— Tu aurais dû naître lézard I et Hervé envoya une amicale bourrade à son jeune frè-re qui. sans daigner remuer, l'encaissa philo-sophiquement.

( Alan bon garçon, réjoui et flegmatique n aimait remuer que pour aller voir ses che-vaux. En commun Hervé et lui n'avaient que ce goût héréditaire et le regard droit de leurs yeux clairs.

Hervé insista :

/ p » | ^ 4es loup

** * i

VJ

de

menez R o m a n i n é d i t d e C . D A N I O I l l u s t r a t i o n s d e L E R A L L I C

de par les événements ne pourraient revenir de suite. Bien des choses imprévues pouvaient survenir avant leur retour.

Il était tard, plus de huit heures, Hervé était rentré depuis un peu de temps déjà, quand les quatre Coatmenez, réunis sur la ter-rasse, entendirent au loin le galop léger d'un cheval, puis virent la voiture aux roues caout-choutées qui amenait leurs cousins.

... Pol, Alan, Anne et Hervc de

— Pense à ceux qui se battent ! il n'y a plus personne dans les fermes et nous sommes ici trois garçons solides ...

A ce moment Philomène la vieille cuisi-nière arriva brandissant une enveloppe : — Monsieur Hervé, voici une lettre que le commis de la poste est venu lui-même en-voyer.

Hervé prit l'enveloppe et l'ouvrit devant Philomène scandalisée : — Monsieur avait dit de faire suivre le cour-rier... j — Mais les lettres ne vont plus, dit Anne sa-gement, d'ailleurs c,est écrit urgent, — Et c.est bien le cas de dire «urgent» nos cousins Allard sont arrivés à Quintin et at-tendent que nous allions les chercher. — A Quintin cria la bonne effrayée. Mais com-ment aller les chercher? — Il faut les prévenir de se rendre à Corlay même. — C'est bien ennuyeux qu'ils viennent ici,cons-tata Anne mélancoliquement. — Que tu es donc sotte ma pauvre fille, reprit Hervé avec une fraternelle franchise.Ils ne sont pas si terribles que cela I Ce «sont des réfugiés qu'il faut accueillir; le pire c'est que nos parents ne sont pas là, alors c'est moi qui serai responsable de tout I

Le plus pressé est maintenant de tout pré-parer : Geneviève couchera dans la chambre d'Anne et l'on peut mettre un lit pour Phi-lippe dans celle de Pol. Je vais moi,prendre iina bécane et aller à Quintin leur ¿ire de prendre le car

Cependant, Hervé et ses frères et sœur dis-cutaient pour savoir s'il fallait tenter d'aver-tir leurs parents.

— A quoi bon, conclut Hervé, puisqu.ils ne recevront pas nos lettres et d'ailleurs,si elle savait, Maman s'inquiéterait ; heureusement encore qu'elle a emmené avec elle les jumeaux tout do même, je voudrai bien ne pas être 1> • f

aine. Il savait que ses parents, partis soigner

leur sœur et belle-sœur bîrxniés en Hollan-

Coatmenez causaient ensemble

François-Louis, le domestique, rentré à temps avait attelé Eostig, la vieille jument encore alerte pour aller à Corlay attendre le car du soir.

Seuls, Hervé et Alan, connais a'entleurs cou-sins entrevus à Rennes, une fois, chez leur vieille tante de Coatmenez qui était l'arrière grand-mère des Allard. Anne et Pol en a-vaient entendu parler sans beaucoup d'amabili-té, car les deux garçons, intimidés par Gene-viève, n'avaient vu d'elle que ses côtés les moins sympathiques et de Philippe, gros gar-çon mou et sans énergie, ils n'avaient rappor-té qu'un souvenir vague mais peu flatteur.

De la charette,, deux jeunes voyageurs des-cendaient, aidés par François-Louis ; Gene-viève d'abord, fort élégante, puis rmlippe, à moitié endormi, fatigué du voyage.....

Tout en causant les enfants pénétraient dans la maison, passant sous la voûte du vaste ves-tibule dallé avant d'arriver à la salle à man-ger, boisée de chêne : le dîner était servi.

— Vous êtes seuls id ? — Oui, seuls avec Philomène. Geneviève ne comprenait peut-être pas,

mais elle ne dit rien et ouvrit posément son élégant petit sac :

— J'avais une lettre pour ma tante. Voici ce qui est arrivé. Vous savez que Maman est partie dans le midi se soigner, il lui faut encore quatre mois au moins de sanato-rium... Quand Papa a été mobilisé, il n'a pas voulu nous laisser seuls avec notre gou-vernante à Paris, sans savoir ce qui arrive-rait, alors, il a écrit à ma tante, lui deman-dant de nous recevoir. Hier, nous avons eu une occasion pour Rennes et nous som-mes partis sans attendre de réponse. Papa a rejoint son dépôt à Toul et il était content de savoir que nous avions quitté Paris.

— Cela a été une fameuse surprise pour nous , dit Anne.

— Vous ne vous attendiez pas à notre arri-vée ?

— Certes pas, nous n'avons pas reçu la lettre de votre père ; enfin peu importe, vous

Le Messager de Minuit • (suite)

T o c 1 Toc ! . . Qui frappe à la fenêtre ? l^ola l è v e l e s y e u x et sourit ! . . . Celui qui irappe, c ' e s t son ami le p igeon, un p i g e o n à la gorge émeraude , aux gros y e u x ronds couleur de rubis .

V i e n s , dit Nola en entrouvant. la lucarne Tu p a s s e r a s l a nuit a v e c n o u s .

Le p i g e o n entre . D'où vient-il ? On ne s a i t . . . Son r o y a u m e , ce sont l e s toitu-r e s de la m a i s o n . T o u s l e s so i r s il v ient nicher, et souvent irappe aux v i tres dans l ' espoir d 'une mie t te de pain. Il connaî t b i e n Nola , c 'est sa grande a m i e .

— Mon pauvre Koulmig ! s 'écrie la pet i te fille, s o u d a i n e m e n t h e u r e u s e de ce t t e v i s i t e

Et c o m m e à un conf ident e l le lui con-te s a pe ine , s e s inqu ié tudes , tandis que le p i g e o n l 'écoute , s e m b l e la compren-dre , pu i s s u b i t e m e n t l a s s é , clôt s e s p a u p i e r e s et s ' e n d o r t .

Mais No la ne peut pas dormir . Noë l l ' inquie te , la t o u r m e n t e . El le regarde de n o u v e a u à travers l e s v i t res , la nuit f r o i d e . . . A h ! si le Mabig J é s u s con-n a i s s a i t leur d é t r e s s e , il aurait sans cloute p i t i é . . Mais c o m m e n t le préve-nir ?

Si e l le écr ivai t au Mabig Jesus , qui sa i t ? Oh ! e l le n'est p a s e x i g e a n t e . . . un rien pour le petit M i k a e l . . . une orange ou un g â t e a u aux ra is ins , un jouet de v ingt s o u s !

D é c i d é e , e l le a l l u m e une b o u g i e , et sur un bout de papier , e l le griffonne maladro i t ement une suppl ique . Sa let-tre es t n a ï v e , tendre , c o m m e son â m e . El le e x p l i q u e sa d é t r e s s e , implore , s u p p l i e . . . Puis , ayant mi s son a d r e s s e bien e n é v i d e n c e , e l le cachet te sa lettre.

Mais où l 'adresse^ ? « Mabig Jesus, au ciel », c ' e s t v a g u e , le ciel e s t i m -m e n s e . . Que faire ?

Elle p a s s e un fil d a n s la lettre et la s u s p e n d au cou de K o u l m i g qui doci le-ment s e l a i s s e faire, c o m m e s'il c o m -prenait la m i s s i o n qu'on lui confie .

Le mat in es t v e n u . No la s o u l è v e le v a s i s t a s , et a v e c émot ion , s 'a s surant que la lettre es t b ien a t tachée , g l i s s e l 'o i seau sur le t o i t . . .

— Koulmig , suppl i e t - e l l e , va chez le Mabig J e s u s et s u p p l i e - l e pour moi ! » Et souda in , il prend s o n vol à travers la forêt d e s c h e m i n é e s . . .

Toc ! Toc ! contre une vitre : c'est le p igeon qui frappe à une grande fenêtre donnant sur le b a l c o n d'un v a s t e i m -m e u b l e . . .

êtes ici en sûreté ei Coatmenez est assez grand pour vous loger. Mettons-nous à table, il est très tard.

La conversaiotn roula naturellement sur les événements. Chacun disait son mot, mais Phi-lippe, lui, n'avait parlé que pour répondre aux questions de ses cousins. Il mangeait avec un appéit inlassable, pourtant, sa fringale at-

' ténuée, il regarda autour de lui, non sans é-tonnement :

— Coatmenez, c'est très vieux? — Très, dit Hervé, fier de l'ancienneté in-

contestable du Manoir. La Duchesse Anne y est venue coucher pendant son pèlerinage au Folgoat 1

— La duchesse Anne ? interrogea Philippe. Pol, scandalisé de tant d'ignorance, répondit

d'une voix pointue : — La Duchesse Anne ? mais c'est Anne

de Bretagne 1 Geneviève cependant, écoutait intéressée.

Anne de Bretagne, une reine de France, a-vait visité le manoir où ses ancêtres, à elle, Geneviève Allard, avaient vécus, quelle his-toire à raconter plus tard à ses amies de cours :

— Chez mon Oncle, le marquis de Coat-menez, (le titre était un cadeau tout gratuit de Geneviève) chez mon Oncle, quand nous y étions réfugiés, je couchais dans la chambre de la Reine Anne. Dit tout douce-ment, comme sans y penser, d'un petit air négligent, cela ferait très bien.

Elle regardait la salle à manger avec une satisfaction un peu condescendante et deman-da • *» - Est - ce dans la chambre de la reine Anne que je vais coucher?

Anne éclata de rire: - Bien sur que non! la chambre de la Du-chesse Anne n'est pas pour les enfants! per-sonne n'y couche, sauf en cérémonie; l'Evê-que par exemple, quand il est venu l'anné^ dernière pendant les réparations du presby-tère. Mais demain je vous la montrerai.

Pendant ce temps, Philippe s'était à peu près endormi et se penchait de façon assez inquiétante vers son assiette vide.

Hervé s'en aperçut: - Philippe dort, Geneviève doit être fatiguée, mieux vaut monter.

Anne se leva et prit une lampe. Tous la suivirent; Hervé et Alan montrant le chemin par le grand escalier de pierre et les étroits

couloirs sombres. Ils s'arrêtèrent devant une porte peinte en rouge sombre : — Ici c'est la < hambre d'Anne, la votre Ge-neviève. Bonne nuit.

La porte se referma et Geneviève se trou-va seule avec Anne pendant qu'au long du cor loir sonore décroissait le bruit des

pas de Philippe et de ses cousins. Le choc d'une porte que l'on ferme sans précautions et enfin le seul martellement des pas énergi-ques d'Hervé regagnant sa tourelle.

Les deux fillettes furent vite couchées, si Geneviève était lassée par son voyage, Anne l'était aussi d'une j ournée au g rand air ; pourtant avant de se mettre au lit, elles s'age-nouillèrent pour dire une courte mais fervente prière-

D é s bruits é tranges

La lumière éteinte, un dernier bonsoir é-changé, Anne se tourna vers le mur et s'en-dormit, bercée par les bruits familiers. Le vent dans la cheminée, les chouettes au loin dans le bois, répondant aux renards et aux grenouilles, les aboiements prolongés des chiens de garde. Geneviève, elle, ne pouvait dormir.

Tous ces bruits inconnus l'enveloppaient d'une atmosphère étrange et d'une crainte indéfinie* La silhouette indistincte des meu-bles massifs, les espaces d'ombre qu'elle de-vinait entre elle et le mur, soulignés par des points de repère vaguement lumineux, lui-sant sous la très faible lumière glissant* de la fenêtre, tout s'unissait pour la mettre dans-cet état de pénible anxiété qui précède immé-diatement la peur.

Anne dormait, sa respiration égale, seul bruit que put définir Geneviève, semblait •l'isoler encore davantage et rendre plus tan-gible sa solitude en ce château inquiétant.

Un bruit léger, frôlement presqu'indescrip-tible la fit tressaillir, sa résolution de ne pas éveiller Anne fléchissait peu à peu. Le bruit s'enflait eomme un sourd grondement, il lui semblait voir autour d'elle les rideaux bouger lentement, les ombres parurent palpiter d'une vie inconnue, tandis que des coups menus et tenaces ébranlaient la cloison.

N ' y tenant plus, d'une voix que la peur enfin déchaînée assourdissait, elle appela: - Anne. Anne !

(à suivre)

. . .La Duchesse Anne vint à Coatmenez

T o u s les jours , au c o u p de midi , il v i e n t là r é c l a m e r sa part d e m i e , qu'une jeune fille prend au cœur d'un pain doré .

— A n n a ï g , vo i là ton p igeon , dit M. , G u e n n é g a n . Il n ' o u b l i e point l 'heure Ouvre- lu i la f e n ê t r e !

— G o m m e il e s t beau notre p igeon !. Celui -c i gonfle sa gorge . C'est a lors q u ' A n n a i g aperçoi t la lettre.

— Oh ! fait -e l le , papa, regarde ! Curieux., M. Guennégan s 'approche .

Il prend le p igeon qui s e l a i s s e faire et s e m b l e m ê m e lui dire : «C ' e s t pour toi ». Il regarde, l ' a d r e s s e : « Au Mabig J é s u s , d a n s le ciel ».

Tant de n a ï v e t é l ' é m e u t et le rend pens i f , Dé l i ca tement , il dé tache la le t -tre du cou du p igeon , qui a lors j o y e u -s e m e n t bat d e s a i l e s , c o m m e sat i s fa i t d'avoir rempli s?, m i s s i o n .

— Qu'es t -ce que c'est, papa ? inter-roge Annaïg.

-— Tiens , ma fille, lis !, — P a p a , d i t - e l l e a v e c émot ion , il faut

faire q u e l q u e c h o s e . — J'y p e n s e , m a petite fille, répondit

M. Guennégan en souriant . La nuit es t froide, et, d a n s la m a n -

sarde il n'y a toujours p a s de feu. C o m -m e la vei l le , Nola gre lo t té en r a s s u -rant le petit Mikael qui murmure :

— A s - t u m i s m e s s a b o t s p r è s du

poê le ? Je s u i s sùr que le M a b i g J é s u s v iendra ; m e t s aussi t e s s a b o t s , toi !...

Toc I Toc ! C'est le p igeon qui rentre, le p i g e o n m e s s a g e r qui revient d e s prairies du c i e l . . .

— A s - t u porté ma l e t t r e ? q u e s t i o n n e Nola tremblante en regardant v i v e m e n t le cou de la bête Le p igeon bat d e s ai-l e s et le cœur de la pet i te fille s e g o n -11e d ' e s p o i r . . .

Mais l e s h e u r e s s 'avancent et r i e n . . . Bientôt minuit va sonner , l e s s a b o t s vont s e garnir, et peu à peu N o l a s e n t sa d é s i l l u s i o n g r a n d i r . . . S û r e m e n t le Mabig J é s u s ne v iendra pas .

Minuit, voic i minuit . C'est l 'heure où Il pas se a v e c s a hotte p le ine de j o u e t s . Minuit es t sonné et il n'est p a s v e n u .

Mais souda in , d a n s l 'escal ier e l l e croit en tendre un p a s hés i tant . On frappe. Son cœur bondit et e l l e m u r -mure l é g è r e m e n t e f frayée :

— Qui est là ?

— C'est moi , l ' e n v o y é du M a b i g Jésus .

S e s mains t r e m b l a n t e s ne trouvent p l u s le loque' tant la jo ie lui fait mal . . C'est, donc vrài . ce brave p igeon a r e -m i s s a lettre au Mabig Jésus . E l l e ouvre-un h o m m e à la b a r b e b l a n c h e , vê tu e t co i f i é de fourrures , apparaît .

L

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* LIES IBI L t s KoUig i )o t i -PeHge i ) t .

La Fête de Noël en Basse-Brebgne est aussi celle des gwestell en Cor-nouai l leet des kouignou dans le Léon, c'est-à-dire la fête des gâteaux.

Dans plusieurs paroisses du Léon, il existait autrefois une coutume amu-sante : en attendant la Messe de Minuit on mangeait des gâteaux, nommés kouignou Pellgent, ou encore appelés kouignou 1er (gâteaux de cuir,) parce qu'i ls étaient d 'une consistance très ferme. Comme dans le gâteau des Rois on y cachait une fève.

Ce qui faisait la curiosité et l 'attrait de ces Kouignou c 'est que chaque con-vive en « arrachait » sa part au hasard ! Heureux celui qui en avait un gros morceau et tant pis pour le« autres ! Maïs celui qui trouvait la fève devait payer le gâteau entier ! ! 1

Les assistants à la Messe de Minuit (en breton Pellgent) ne rentraient jamais sans avoir acheté quelques gâteaux qu' i ls offraient à ceux restés à la mai-son. . .

Et le lendemain, à leur réveil, les en-fants trouvaient sur leur oreiller leur part de Kouign Nedeleg.

Cette tradition existe toujours et res-semble à celle des Pays-Bas dont nous parlons plus loin.

Le<> C l ) a i ) t e u r s d e N o ë l .

En Haute Cornouaille, à l 'époque de Noël et particulièrement dans la nuit du 31 Décembre au lor Janvier, des groupes de chanteurs allaient jadis de village en village, s 'arrêtant sur le seuil des maisons pour demander au maître du logis la permission ue chanter :

Mar d'och kontant ni a gano, Ha mar n'oe'h ket ni a davo !

(Si vous êtes content nous chanterons, - et ni vous ?ie l'êtes pas nous tious tairons)

Naturellement on acquiesçait de bon cœur ; alors par leur chant, ils expli-quaient !e motif de leur visite :

Ni zo daou baourkez kaner Deuet he noez da bourmen Vit enori 'r Mabig Jezuz, Hervez al lezenn ansien I

(Nous sommes deux pauvres chanteurs venus cette nuit nous promener, pour honorer l Enfant-Jésus, selon la loi ancienne...)

El; ils poursuivaient leur gioerz toute imprégnée d'esprit chrétien. Après a -voir chanté sur le seuil ils demandaient à être introduits et avant de s 'asseoir au coin du feu, ils offraient leurs vœux à toute la maisonnée, toujours par des chants bretons ;

Dans les Pays du NordJ: La visite de Saint-Nicolas,

Eur bloavez mat a hetomp d'eoc'h Eur bloavez mat digant Doue Ar Baradoz fin ho puhez, Mar deo-se bolontez Doue !

(Une bonne année nous vous souhai-tons, une bonne année de la part de Dieu, le Paradis à la fin de votre vie, si ainsi c'est la volonté de Dieu).

L ' A r b r e d e N o ë l .

En Alsace et en Allemagne, Noël est une très grande fête. Que l'on soit à la ville ou à la campagne, chaque maison possède l'arbre traditionnel de Noël, le garnitde friandises e t le constelle d 'une multitude de petites bougies. Au pied de l 'arbre on dépose la Crèche dont chaque personnage est l 'œuvre de l'un des membres de la famille f On a passé tant de longues veillées .d'hiver à tailler dans le bois^l'Enfant-Jesus, la

Sainte-Vierge, Saint-Joseph, les Ber-gers, leurs troupeaux, puis les Rois mages chevauchant encore sur les r ou t e s . . .

Les enfants attendent le soir de Noël bien impatiemment, car jusqu'à ce mo-ment la ils n'ont pas encore vu le merveilleux sapin et la Crèche. Le dî-ner terminé, toute la famille pénètre enfin dans la salle et l'on entoure le sapin tout illuminé pour chanter en chœur les cantiques appris pendant l'A vent.

Bientôt (f l'Enfant de Noël)» apparait sous les traits d 'une fillette revêtue de sa parure de Première Communiante pour partager avec 'es enfants présents les friandises alléchantes du bel arbre.

Puis toutes les familles vont se ren-dre à la Messe de Minuit guidées par les innombrables bou ë .3s idont ils ont

garni d 'autres sapins, ceux-là plantés aux portes des logis.

Dans les villes où les maisons sont proches les unes des autres, cette lu-mineuse tiadition semble vous t rans-porter dans un monde féérique tout peuplé de lumières, de cloches, de mé-iodies et de mystère !

L e s g â t e a u x de^ r a l s i g s

e t S a i p t N i c o l a s

En Flandre, en Belgique et dans les Pays-Bas l 'arbre de^, Noël est moins connu . . . Mais on y trouve d'au-tres traditions très belles elles aussi :

Il est d 'usage par exemple, de faire des gâteaux ayant la forme d'un enfant emmailloté rappelant le petit Jésus. Ils contiennent des raisins de Grèce, et on en fait à l'occasion de Noël, un emploi tellement considérable, que jusqu'ici les Pays-Bas organisèrent un convoi spécial de navires marchands pour as-surer le transport de ces raisins desti-nés à la Hollande, à la Belgique et à la Flandre.

11 n 'est pas un enfant qui ne reçoive son gâteau offert par ses parents ou bien par ses parrain et marraine.

Il n 'est nullement question de mettre les sabots dans la cheminée, le Petit Jésus n'étant pas connu d ' e u x . . . dans son rôle de distributeur de jouets et de friandises.

Voilà un Noël bien maigre et bien triste, penserez-vous peut-être ! N'en croyez rien ! Les petits Flamands et les petits Hollandais, tous les enfants des pays du Nord reçoivent cependant des cadeaux, mais c 'est le grand Saint-Nicolas, qui remplit la fonction du Pe-tit Jésus chez eux ! Aussi voilà pour-quoi sa tête est si célèbre, si populaire aans ces contrées. Ce jour-là, le 6 dé-cembre, véritable fête nationale des enfants, on met les sabots dans les che-minées et l'on suspend les bas au pied du l i t . . .

Et le soir répondant aux rêves mer-veilleux des enfants, le grand Saint Nicolas remplit sabots et bas de ca-deaux de toutes sortes pour les petits et l e s . . . grands, en souriant avec bon-té dans sa barbe blanche !

En Finlande, l'on donne aux enfants des gâteaux appelés Kerstkoerken, d ont on annonçait autrefois la j cuisson au son de la trompe.

En Pologne, il est d 'usage;de ne rien manger durant toute la journée du 24 Décembre, i jusqu'à l 'apparit ion de la première4étoile.

LE MESSAGER DE MINUIT ( f i n )

— C'est toi, Nolaïg, dit-il, et où est le petit Mikaël ?

— Venez, murmure-t-elle, toute con-fuse en le menant au petit lit où gre-lotte l 'enfant.

L'envoyé du Mabig Jésus le consi-dère avec émotion, examine la misère de la chambre, reconnaît le pigeon qui gonfle son j a b o t . . .

— Ce pigeon est donc à toi ? ques-tionne-t-il .

— Non, réplique Nola. C'est mon ami seulement. Il habite la nuit noire toit, et lorsque l'hiver est rude, il vient nicher ici.

— Où est ta mère ? — On l 'a emmenée à l'Hôtel-Dieu I A ors de sa houppelande, le messa-

ger du Mabig Jésus tire des boites et encore des boites. Avec émotion, No-la recounait des jouets, des oranges, des habits chauds.

— Ce n'est pas pour nous tout cela, murmure- t -e l le .

— C'est pour vous, mes enfants. — Oh 1 Tout de même ! — Mais ce n'est pas tout, reprend-t-

il ; habille ton frère et viens. — Où cela ? Dans le ciel ?

Nola éveille Mikael étonné, qui s 'é-crie : « C'est bien lui, Nola, tu sais. Je le reconnais, je l'ai vu dans mon rêve. •

Ils descendent maintenant derrière l 'envoyé du Mabig Jésus.

A la po r t e . . . une vaste automobile les attend et les emmène vers une des'ination inconnue . . .

La voiture s 'arrête ; une grande por-te s 'ouvre, et au bout d 'un escalier, c'est l'illumination d'un vaste apparte-ment. Une jeune fille se précipite vers les enfants et les fait entrer.

C'est Noël I Noël ! Des églises les gens sortent réconfortés et recueillis.

Nola débordante d e j o i e s e j e t t e d a n s les bras d'Annaïg, tandis que le petit Mikaël tend ses menottes devant Pâtre où flambent les bûches, et que Koul-mig gonfle son jabot, comme s'il savait que grâce à lui deux petits enfants pauvres auront un joyeux Noël.

tMMinillllulllMH Çdecnièce freu.ee:

Tad-koz Erwan o b l i g e Tonton Yann

à vous faire une belle Surpr ise ! Laquelle 1

lie prochain N* vous le dira

LA VOIX DU VIEUX SAPIN

Au temps jàdis vivait en paix la pauvre famille d'un bûcheron. Les jours passaient après les jours, remplis d'hum-bles devoirs; lorsqu'un soir d'automne le père Le Mouel eut un gros émoi; dans le silence de la forêt, un arbre élevait la voix et s'écriait : « Quand donc finiras-tu de meurtrir mes sujets Je suis le Dieu de la forêt,crains ma colère I» Béat, Le Mouel contempla le chêne-liège. «J'agis sans haine, vous

le savez, Seigneur, et seulement pour nourrir ma famille; que faut-il donc que je fasse?

< Paie-moi la dime, je fermerai les yeux; si tu veux échapper au trépas dépose à mon pied la moitié de ton gain tu entends 1 » Le Mouel, écarquillant les yeux, cherchait en vain à découvrir un homme dans les branches: mais l'ar-bre n'était bel et bien qu'un arbre-., ...qui parlait Du moins, le crcjyait-iL En

réalité, c'était, carapaçonné de liège, un poteau habilement couronné de bran-chages et qu'occupait-provisoirement un bandit

Hoel, fils du candide bûcheron, com prit qu'il y avait là une ruse et qu'un voleur tentait d'abuser de la naïveté paternelle. Pensant avec raison que l'homme, traqué sans doute n'habitait l'arbre que le jour et consacrait la nuit à de plus fructueuses besognes.

Hoel, certain soir tout argenté de lu-ne, ayant découvert l'entrée de l'ar-bre-factice, s'y introduisit sans ver-vogne.

L'arbre était léger à porter com-me un rêve d'amour. Dans la nuit dou-ce, Hoel marchait sans bruit, méditant d'amener le chêne devant la hutte pa-ternelle pour convaincre Le Mouel de sa crédulité.

Mais il se heurta dans l'ombre à des

hommes d'armes que ce prodige mou-vant mit en fuite.

Hoel et son fragile esquif furent précipités dans le fleuve. Sans trop de crainte ni de péril, ils suivaient le fils de l'eau, L ' u n portant l'autre quand Hoel s'aperçut qu'une troupe en armes cernait le chateau du seigneur. Les as-siégeants étaient innombrables.

Les assiégés peu nombreux. Hoel eut l'idée alors de tenter d'aborder à la

seTgneurerie voîslne pour demander du renfort. La garnison arriva fort à pro-pos pour sauver le seigneur en peine et découdre les agresseurs. On appré-cia fort l'adroite conduite du jpune hom-me que le seigneur retint comme écu-yer. La famille du pauvre Le Moue! connut dès lors d'heureux jours. Quant au dieu de la forêt qui avait perdu sa retraite, il chercha ailleurs d'autres dupes. • .. , , . ,

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4

UNE GRANDE & BELLE HISTOIRE :

celle de notre Bretagne.

5. — Un autre grand chef breton fut Judikael, qui était roi d'une partie de la Bretagne : la Domnonée. Pour sa vaillance et sa bonté, on l'avait surnommé le roi au cœur d'or et au bras d'acier,

f On raconte qu'un jour, le Roi revenant de la chasse, rencontra un misérable lépreux qui suppliait les passants de l'aider à traverser la rivière. Son aspect répugnant écartait de lui toute aide charitable. Les soldats de Judikael eux-mêmes détournaient la tête,[mais le roi breton, plein de compassion, descendit de sa monture... Il prit le lépreux sur ses épaules et le transporta sur l'autre rive.

jT ^HO . »

/ /> î^J

4kkiétor*

Lorsque sur la b^rge Judikael déposa le lépreux, les traits de celui-ci se transfigurèrent... Son corps devint d'une beauté lumineuse... Profondément ému, le chef breton reconnut en lui le Christ qui avait voulu ainsi l'éprouver. Il bénit le roi et en lui toute la Bretagne.

Après avoir assuré la paix à son pays, sentant sa tâche terminée, Judikael se retira dans un monastère. A sa mort le peuple breton le proclama saint et le rangea parmi les grands patrons de la Bretagne.

La Légende

de l'Arbre

de

(FIN»

Soudain elle entendit des cris plain-tifs. « On dirait un petit enfant qui pleure » se dit-elle en se tournant vers l'endroit d'où venait le bruit . .

. . . A son grand étonuement elle vit un bébé, beau comme elle n'en avait jamais vu, couché sur la terre froide et dure, éous un petit sapin. Erna s'age-nouilla à ses pieds, le contempla et le caressa : le bébé cessa de pleurer et lui tendit ses petites mains roses.

— « Je ne puis le laisser là, le pau-vre amour ; je vais l ' emmener chez n o u s . . . mais je ne sais si on pourra le nourrir car papa et maman ont déjà beaucoup de mal à nous élever tous . . Qu'importe, quand il y en a pour neuf, il y en a pour dix ! . . . »

Lorsque sa mère vit le bel enfant que lui présentait Erna, elle s'écria : « Com-me il est mignon 1 C'est peut-être le Petit Jésus qui nous est envoyé. » On lui prépara un berceau près de l 'âtre et les enfants du bûcheron furent heu-reux de s ' amuser avec le bébé inconnu qui riait de tout son cœur surtout lors-que Erna venait auprès de lui.

Le lendemain matin, Erna se leva la première et courut aussitôt au ber-ceau. Quelle ne fut pas sa surprise en constatant qu'il é t a i t . . . vide 1 « Ma-man, s 'écria-t-el le, viens vite. Le Pe-tit Enfant a d i s p a r u . . . C'était peut-être le Petit Jésus I »

L 'après-midi de ce jour, Erna alla comme d 'habitude porter la collation à son père ; lorsqu'elle rentrait la nuit tombait. Soudain, une lueur éclatante l 'éblouit : le sapin sous lequel elle avait trouvé le bébé la veille, était étincelant et ses branches étaient cou-vertes de petites lumières qui scin-tillaient dans la nuit.

Très émue, la petite Erna s 'agenouil-la^au pied du sapin et remercia le petit Jésus d'avoir donné à sa famille la joie de sa visite.

En souvenir de ce premier a rb re ' de Noël, tous les parents d'Erna dressè-rent un arbre semblable dans leur humble chaumière. if

Les enfants le décoraient, l 'illumi-naient et quand ils avaient été travail-leurs etsages, leurs parents y ajoutaient des fr iandises.

Erna et ses frères devenus grands eurent à leur tour des enfants ; ils con-tinuèrent alors cette jolie coutume et c'est ainsi que peu à peu l 'a rbre de Noël rappela partout le souvenir de la visite de l 'Enfant-Jésus dans une pau-vre famille. Selon les pays et les ré-gions d 'autres coutumes s 'y ajoutèrent pour la plus grande joie des enfants en la belle et joyeuse n u i t d e N o e l .

Gwenn.

L'ASTUCIEUX ACROBATE

— Où le colleur d'affiches avait-il donc la tête ?...

Lu Gérante : M I N « VEFA DB BELLAING.

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