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ISSN 0996 -1127 320 Juillet-août 2008 Le drapeau de la Brigade française d’action libératrice

Le drapeau de la Brigade française d’action libératrice...Et, à partir de 2009, marquant le soixante-dixième anniversaire du début de la Seconde Guerre mondiale, de six années

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ISSN 0996-1127

N° 320Juillet-août 2008

Le drapeau de la Brigade française d’action libératrice

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Editorial : “Travail”, “Devoir”, “Mémoire”... 1

Actualités 2 à 6- Emile, Geneviève et Pierre et la mémoire de la Déportation au collège Cacault à Clisson

- “Les enfants et les adolescents dans le système concentrationnaire nazi”- Le collège Victor Hugo de Nantes, lauréat du concours de la Résistance et dela Déportation 2008

- La FNDIRP s’est réunie à Metz- L’AFMD en congrès- Une précision- Les pogroms antisémites de 1938 et Buchenwald- Les déportés de France à Dora-Mittelbau Journée d’étude le 25 octobre 2008à La Coupole

- Se souvenir de BuchenwaldDossier : Les militaires à Buchenwald 7 à 12

Pages de lecture... et de culture 13 et 16Souscriptions 14 - 15Dans nos familles 16

Bulletin de l’Association française BUCHENWALD - DORA ET KOMMANDOSAssociation déclarée n° 53/688 et affiliée à la FNAM sous le n° 233

66, rue des Martyrs 75009 PARISTéléphone : 01 42 85 44 93 - Fax : 01 42 82 97 [email protected]

Rédacteur en chef : Dominique Durand

Directeur de la publication :Floréal Barrier

Commission paritaireNuméro : 0211A07729

Imprimerie SIFF 18Z.A. Le Chêne Bocquet57, bld Henri Navier95150 TAVERNY

ABONNEMENT

1 an/6 Numéros : 25 €

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LE

SERMENT

Ont participé à ce numéro : Michelle Abraham, Suzanne Barès-Paul, Floréal Barrier, Domi-nique Durand, Catherine Guérin, Robert Koerner, Dominique Orlowski.

Notre site Internet : www.buchenwald-dora.fr“Un plus : Recevez chaque mois notre lettre d’information en vous inscrivant sur le site”

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nant

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BUCHENWALD DORA ET

KOMMANDOS

En couverture, le drapeau de la Brigade française d’Action Libératrice

Cet emblème a été réalisé clandestinement, à la demande de Frédéric-HenriManhès, par René Mamonnat (KLB 78251), père de notre amie JacquelineGranger, à partir de bouts de tissus récupérés à l’Effektenkammer. Il a été sortile jour de la libération de Buchenwald.

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... “Travail, devoir” deux mots que nous associons généralement à celui de “MÉMOIRE”, et, qu’àmon sens, nous ne pouvons dissocier.

Pour les rescapés, les familles de disparus, ils sont de leur passé, de leur vie entière. Pour les en-fants, les amis qui nous rejoignent, ils deviennent la nécessité de savoir, d’effectuer le “travail”

pour assurer dans l’avenir le “devoir” de mémoire.

C’est ce que réalisent les rescapés rencontrant les enseignants et leurs élèves.Le thème du concours de la Résistance et de la Déportation, pour 2008/2009,“Les enfants et les adolescents dans le système concentrationnaire nazi”, vadonner une nouvelle importance à ce travail, à ce devoir.

Nous nous trouvons dans le début d’un cycle annuel nous contraignant à re-mémorer ce passé afin d’offrir à chacun le meilleur que peut apporter l’Hommepour son avenir : la paix, la tolérance la solidarité, l’humanisme.

Notre Association, au travers de ses activités, de son bulletin, de ses exposi-tions, dont celle en cours sur les dessins de Thomas Geve, va rappeler toutd’abord les événements douloureux de novembre 1938, le Pogrom des famillesd’Allemagne de religion juive, connu sous le nom de “Nuit de Cristal”.

Elle évoquera ensuite les événements qui se déroulèrent il y a soixante-cinq ans : le premiergrand convoi de déportation vers Buchenwald, les “14000” le 27 juin 1943, ceux qui suivront,les 20/21 octobre, les “38000” de 1943, puis ceux de 1944, des “40000” aux “85000”.

En octobre, un moment important va éclairer ce Kommando extérieur si lourd dans l’esprit dedéportés de France, celui de “Dora”, ouvert en ce mois d’août 1943. Nous organisons, avecl’aide de nos amis de Dora-Ellrich une journée d’études. Celle-ci se déroulera en ce “bout dela chaîne de Dora”, dont les nazis avaient envisagé de faire une “pierre de leur victoire”, la“Coupole” de Saint-Omer, dans le Pas-de-Calais.

Et, à partir de 2009, marquant le soixante-dixième anniversaire du début de la Seconde Guerremondiale, de six années de lutte et d’espoir, de crimes et de douleurs, notre travail, ce devoirde mémoire, devra sensibiliser dans la clarté l’esprit de chacun vers un meilleur futur auquelaspiraient tous ceux que nous avons laissés en chemin.

En attendant, bonnes vacances à toutes et tous et “bonne forme” pour la rentrée !

Floréal Barrier

“Travail”, “Devoir”, “Mémoire”...

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ACTUALITÉS

“Les enfants et adolescents dans le système concentrationnaire nazi”

Ce thème choisi pour le concours de la Résistanceet de la Déportation, année scolaire 2008-2009,offre, aux rencontres avec les enseignants et leursélèves, une intéressante réflexion.

Sur la barbarie raciale et ses victimes de religion juive,leur déportation, leur extermination, enfants en premier.

Egalement, bien que cela soit moins médiatisé, cecombat clandestin mené, notamment du camp deBuchenwald, pour sauvegarder les enfants pouvantl’être encore.

Cette réflexion doit aussi conduire vers la situationactuelle de ces enfants de pays en guerre, de régions de famines, dont ils sont les premières innocentes victimes.

Encore une année, c’est pour leur avenir, où nous allons beaucoup avoir à rencontrer, répondre auxquestions.

Floréal Barrier

A lire, en vente à l’Association :

Miriam Rouveyre, “Enfants de Buchenwald”Agnès Triebel, “Raconte moi... la déportation”

Si vous le possédez :

Bruno Apitz, “Nu parmi les loups”

Emile, Geneviève et Pierre et la mémoire dela Déportation au collège Cacault à ClissonChaque début d’année depuis maintenant six ans, M.Legac Principal du collège Cacault organise autour du27 janvier, date de l’arrivée de l’armée rouge à Aus-chwitz en 1945, une rencontre entre les collégiens etdes témoins de la déportation.

Le partenariat entre le collège et la délégation des Amispour la mémoire de la déportation de Loire Atlantique(DT 44) permet de préparer au mieux cette rencontrequi est pour nombre d’ élèves l’unique occasion dedialoguer avec des témoins.

Les Amis de la DT 44 mettent l’exposition de la Fon-dation pour la Mémoire de la déportation à la disposi-tion des collégiens ainsi que le film réalisé par FranckCassenti en hommage à Marie Claude Vaillant-Coutu-rier. Les élèves de la classe “Segpa” bénéficient de l'in-tervention d'un ami de la DT pour préparer leurrencontre avec les témoins.

Le 29 janvier six classes de troisième se sont réuniesautour d' Émile Torner venu spécialement de Paris, Gi-sèle Fraud-Giraudeau de Nantes et Pierre Jautée his-torien détaché de l‘éducation nationale auprès de laFondation pour la Mémoire de la Déportation.

Émile 18 ans arrêté dans la Creuse avec 65 résistantsde la companie Surcouf a été déporté à Buchenwaldet au Kommando de Langenstein (Matricule 81655).

Gisèle 20 ans arrêtée sur son lieu de travail à Nantes,déportée à Ravensbrück et au Kommando de Zwodau.

Deux témoins, un homme, une femme qui ont réponduclairement et tour à tour aux interrogations des élèvesafin qu’ils saisissent au mieux le vécu des déportésdans les camps de concentration, leur engagementdans la résistance et leur combat pour maintenir vi-vante cette mémoire. Nous les saluons et remercionschaleureusement.

L’historien a complété les témoignages par des docu-ments, des explications : Déportation de persécutionet de répression, carte des camps, des Kommandos,l'exploitation des déportés et listes des entreprises in-dustrielles allemandes qui ont tiré profit du systèmeconcentrationnaire, les différentes populations descamps. Il a rappelé la collaboration et l’aide du gou-vernement de Vichy ainsi que la participation de la po-lice française aux rafles. Mais aussi la Résistance et leprogramme du Conseil National de la Résistance.

Nous remercions particulièrement M. Legac qui mobi-lise depuis six ans son équipe pédagogique afin quetous les collégiens prennent conscience de ce que futle nazisme.

Thomas Ginsburger, Ami de la DT 44 et membre du jurydu concours, à présenté le thème du concours de laRésistance et de la Déportation et invité les élèves à yparticiper en leur rappelant que leurs prédécesseursavaient été parmi les lauréats du concours départe-mental en 2006 et 2007.

Michelle Abraham

Le collège Victor Hugo de Nantes, lauréat du concours de la Résistance

et de la Déportation 2008

1255 élèves de collèges et lycées de Loire-Atlan-tique ont participé à l’édition 2008 du concours de laRésistance et de la Déportation.

François Daniel et Joseph Kebe (élèves de troisièmeau collège Victor Hugo de Nantes) ont reçu le pre-mier prix départemental dans la catégorie “collèges- travaux collectifs”.

François Daniel est l’arrière petit-fils de Maurice Daniel, fusillé, dont une rue porte son nom à SaintSébastien sur Loire (Loire Atlantique) et égalementarrière petit-fils de Raymonde Guérif, décédée à Ravensbrück et de François Guérif, déporté à Buchenwald, matricule 30580.

François Daniel raconte : “Ma mère me rapportesouvent les histoires que mon arrière-grand-père luiracontait au coin du feu. L’une met en scène unhéros qui s’échappe d’un camp de concentration.En réalité, c’est l’astuce qu’avait trouvé mon arrière-grand-père pour raconter sa triste expérience”.

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ACTUALITÉS

Le 35e congrès national de la Fédération nationale desdéportés, résistants et patriotes, Fédération fondée parnos camarades Marcel Paul et Frédéric-Henri Manhès,s’est déroulé à Metz en mai. Il a confirmé l’attachementque portent les 16 000 adhérents dont encore 2 300déportés et 1 000 internés à cette Fédération et leurdétermination à faire vivre ses idéaux, que notre pro-pre association porte également. C’est en présence duSecrétaire d’Etat à la Défense et aux anciens combat-tants et d’autres personnalités de qualité que s’étaientouverts les travaux. Cinq commissions ont apporté desréflexions sur le travail à venir de la FNDIRP.

La Commission sur la vie fédérative a réaffirmé la né-cessaire vigilance devant les falsificateurs de l’histoire ;l’implication dans le monde enseignant ; la participationaux luttes des Nations Unies contre les conflits et l’im-plication dans les débats internationaux sur le mondecombattant et sa mémoire. Elle a critiqué l’évolution dela politique française à l’égard du monde combattantavec la restructuration de l’ONAC et le travail de la Com-mission Kaspi.

Le Professeur Kaspi est en effet chargé par le Gouver-nement de déterminer quelles dates de commémora-tions nationales doivent être conservées en France, surle modèle du «Mémorial Day» américain qui agrège au-tour de lui la mémoire de toutes les victimes de tousles conflits dans lesquels l’Amérique a été engagée. LaFNDIRP, comme l’a rappelé Robert Créange son se-crétaire général, s’opposera à un amalgame entre lacommémoration du 11 novembre 1918 et celle du 8mai 1945.

L’AFMD en congrèsL’Association des Amis de la Fondation pour la Mémoirede la Déportation (AFMD), présidée par Dany Tétot, vientde tenir son congrès annuel à Nancy. Ses travaux se sontorganisés autour de quatre thèmes qui concernent auplus haut point notre propre association : histoire etmémoire, transmission et pédagogie, communication,projets et développements.La mémoire de la déportation n’est, en effet, pas abordée de manière spontanée, ni transmissible aisément alors qu’elle peut faire réfléchir sur d’autresformes de barbarie, d’atteintes aux droits et auxrespects des personnes, malheureusement actuelles.Organisée en délégations départementales, l’AFMDrassemble l’ensemble de la communauté engagée dansle travail de mémoire sur la déportation. Aujourd’huiessentiellement des parents et amis d’anciens déportés.Son aide est précieuse pour aider les associations decamps à faire connaître leurs actions. C’est grace àl’AFMD de Loire-Atlantique que l’exposition des dessinsde Thomas Geve sera présentée à Nantes en novembre-décembre et plus tard, grâce à l’AFMD deGironde, accueillie au Musée Jean Moulin de Bordeaux.Dominique Durand, Président délégué de notreAssociation est membre du Conseil d’administration del’AFMD.

Une précisionTel que commémoré le 63e anniversaire de la victoiresur le nazisme peut laisser supposer que tous lescamps ont été libérés le même jour : or, ce n’est que lecamp d’Auschwitz et ses commandos qui ont été libérés par l’Armée Rouge de l’Union soviétique, le 27 janvier 1945 : c’est le service de santé de cettearmée qui prit en charge les rescapés du camp d’Auschwitz et en sauva. C’est encore cette armée quiavait infligé la victoire de Stalingrad, le premier reversque subit l’Armée nazie, alors que nous étions toujoursoccupés ; les autres camps ne furent libérés que mi1945 ; entre autres, Buchenwald qui remit aux Américains près de 200 prisonniers nazis. Ils ne purentle faire qu’avec les quelques armes clandestines qu’ilsavaient fait entrer et la proximité des troupes américaines près du camp. Le premier souci de celles-ci fut de demander que leur soient remises lesdites armes clandestines.Cette demande fut très mal vue par les familles politiques qui formaient un Conseil national de la Résistance clandestin dans le camp ; entre autres parle Colonel Frédéric Henri Manhès et Marcel Paul qui appliqua dans son domaine le programme du Conseilnational de la Résistance lorsqu’il fut ministre du gouvernement de de Gaulle.

Suzanne Barès-Paul

La Commission histoire et mémoire a abordé le devenirdu Concours national de la résistance et de la déporta-tion, est revenue sur l’avenir des mémoriaux allemandsdes camps nazis et s’est penchée sur les initiatives gou-vernementales concernant la lecture de la lettre de GuyMoquet et la mémoire d’enfants juifs que devraient por-ter des enfants du Primaire. Elle a également critiqué lemanuel d’histoire Franco-allemand.

La Commission des affaires internationales est celle quiaborde les thèmes les plus proches du message portépar le Serment de Buchenwald en 1945. Elle a adoptéune motion sur le désarmement nucléaire, la Déclara-tion universelle des droits de l’Homme et plus généra-lement le respect des principes fondamentaux du droit.Des thèmes que le congrès avait abordé en séance plé-nière à l’occasion d’un débat et différentes allocutionssur l’article 5 de la Déclaration des droits de l’Hommeconsacré à la Torture.

La Commission communication a passé en revue l’effortque fait la FNDIRP sur ce point, avec la parution régulièredu Patriote Résistant, et la réédition d’ouvrages.

Enfin la Commission des activités juridiques et médico-sociales a critiqué l’évolution des droits des ancienscombattants, victimes de guerre et orphelins, tant ence qui concerne leur pension que certains avantagessociaux ou médicaux qui leur sont accordés et an-noncé la fermeture du dispensaire de la rue Leroux.

Le Patriote Résistant consacre son numéro 821 de juin2008 à un compte-rendu exhaustif de ce congrès.

La FNDIRP s’est réunie à METZ

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L’association organisera dimanche 18 janvier 2009 ou dimanche 1er février 2009 au Mémorialde la Shoah, à Paris, une soirée débat sur la «Nuit de Cristal» et Buchenwald.

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ACTUALITÉS

LES POGROMS ANTISEMITES DE 1938 ET BUCHENWALD

Dès l’arrivée de Hitler au pouvoir, en 1933,la persécution des juifs commence. Unesérie de décrets les chasse progressive-ment de l’administration, de la justice, del’enseignement, des professions libérales etde l’armée. Un numerus clausus est imposéà l’entrée des écoles et des universités.

Les lois de Nuremberg de septembre1935 imposent une séparation radicaledes Juifs et des Aryens. Elles visent «laprotection du sang et de l’honneur alle-mand». Elles excluent les Juifs de la com-munauté nationale en les privanttotalement de leurs droits civiques. Lesmariages entre juifs et «citoyens de sangallemand» sont interdits au même titre queles relations extraconjugales.

L’aryanisation des entreprises juives s’accélère ainsi que la mise à l’écart de la communauté nationale : arrestationsmultiples, internements en camps de concentration à la moindre condamnation judiciaire, imposition d’un « J » surles papiers d’identités, incitation à quitter l’Allemagne.

Parmi les 2378 hommes qui entrent à Buchenwald entre le 14 et le 19 juin 1938, 1256 sont juifs. L’Action-juni est lapremière arrestation massive de juifs en Allemagne et en Autriche, en liaison directe avec la politique d’émigrationforcée des juifs de 1938. Ils retrouvent dans le camp des internés politiques.

Quelques mois plus tard, prenant prétexte de l’assassinat d’un diplomate allemand à Paris par un jeune juif polo-nais, Goebbels organise le 9 novembre 1938, un pogrom destiné à convaincre les Juifs d’émigrer. Au cours de cette« Nuit de cristal », SA et SS déguisés en civils incendient des synagogues et pillent les magasins avec la complicitédes autorités. Plus d’une centaine de Juifs sont assassinés, près de 30 000 sont arrêtés et internés, à Dachau, àSachsenhausen et à Buchenwald, qui en reçoit 10 000. Une amende d’un milliard de marks est imposée à la com-munauté pour avoir provoqué « la juste colère du peuple allemand » ! L’opinion semble s’être tenue à l’écart des vio-lences, mais les critiques sont exceptionnelles.

Pour sortir des camps, il faut donner de l’argent, abandonner ses biens, présenter un visa pour l’étranger.

De 1933 à 1939, plus de 300.000 juifs, soit près de la moitié de ceux vivant en Allemagne et en Autriche en 1933vont être contraints à partir. Ils se heurteront de plus en plus aux réticences des pays d’accueil, comme la France,les Etats-Unis ou la Palestine sous mandat britannique.

Pour évoquer cet épisode de la terreurnazie et de l’histoire de Buchenwald, notreassociation a fait appel à la Fondationpour la Mémoire de la Shoah, à l’Institutculturel allemand à Paris et au Mémorialde Buchenwald.

Le Mémorial de la Shoah, qui organise denovembre 2008 à mars 2009 un ensembled’initiatives sur les pogroms de novembre1938 nous accueillera. C’est un honneurpour nous. Harry Stein, auteur d’une étudeparticulière sur « les juifs à Buchenwald1938-1945 » sera présent ainsi que d’au-tres historiens allemands et français.

Avec l’aide d’associations qui entretien-nent le souvenir des immigrés juifs enFrance, internés ou non dans des campsfrançais, nous ouvrirons ensemble cettepage d’histoire peu connue des Français.

En 1938, sur la place d’Appel de Buchenwald, des déportés juifs allemands, en vêtements civils Copyright American Jewish Joint Distribution Committee, New York

Copyright United States Holocaust Memorial Museum, Washington

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ACTUALITÉS

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Les déportés de France à Dora-Mittelbau

Journée d’étude organisée le 25 octobre 2008 à La Coupole (Saint-Omer)

Le Centre d’Histoire et de Mémoire du Nord-Pas-de-Calais et l’Association Française Buchenwald-Dora et Kom-mandos, avec le soutien de la Commission Dora-Ellrich près la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, orga-nisent le 25 octobre 2008 à La Coupole (Saint Omer) une journée d’étude sur les déportés français au camp deconcentration de Dora (1943-1945).

Fondée sur les recherches historiques conduites sous la direction d’Yves Le Maner et d’ André Sellier et sur les té-moignages d’anciens déportés, cette journée se donne pour objectif d’éclairer la partie finale de l’histoire du sys-tème concentrationnaire nazi : celle où l’on observe la symbiose la plus poussée entre le travail concentrationnaire,l’industrie d’armement et l’élimination des opposants au Reich, dans le cadre de ce que Eugen Kogon a défini comme« l’État SS. »

Construite autour d’interventions de chercheurs et de présentations de documents sur la déportation à Dora, cettejournée vise essentiellement à confronter la parole des témoins au regard des historiens afin de donner un sens à lamémoire des premiers et aux travaux des seconds.

Les travaux commenceront à 9h30 et s’achèveront à 17 heures. Un repas sera offert aux participants.

Matin

-9h30-9h45, ouverture de la journée par DominiqueDurand, Président de l’association Buchenwald-Doraet Kommandos

-9h45-10h, Présentation des principales probléma-tiques du projet « Dora » par Yves Le Maner, Directeurde La Coupole.

-10h-10h30, Les grandes phases de l’histoire du com-plexe Dora-Mittelbau par André Sellier, historien, an-cien déporté.

-Avec Yves Le Maner, projection commentée d’imagesen couleur extraites du reportage de propagande faità l’intérieur de l’usine de Dora par les Allemands (cf.Yves Le Maner et André Sellier, Images de Dora, 1943-1945. Voyage au cœur du IIIe Reich).

-Témoignages

-11h-11h15, pause.

-11h15-12h30, Les déportations depuis la France oc-cupée à Buchenwald-Dora : politiques répressives al-lemandes, chronologies, compositions des convoispar Thomas Fontaine, doctorant à l’université de Paris1 Panthéon-Sorbonne

-Synthèse sur les transferts vers Dora et d’autres Kom-mandos de Buchenwald ou vers d’autres camps dusystème concentrationnaire. Compositions des listesde départ à Dora.

-Projection commentée par Laurent Thiery d’archivesoriginales permettant de suivre le parcours des dé-portés (exemple du convoi du 12 mai 1944 : liste dedépart de Compiègne, liste d’arrivée à Buchenwald,listes de transfert vers Dora et les principaux Kom-mandos concernés).

- Témoignages

Après-midi

-12h30-13h45, repas.

-13h45-14h15, Les Français dans le complexe Dora-Mittelbau : composition d’ensemble du groupe, mou-vements des détenus, mortalité par Laurent Thiery,doctorant à l’université de Lille-III Charles de Gaulle,chercheur à La Coupole sur le projet « Dora » de 2005à fin 2006.

-Témoignages

-14h45-15h15, L’élimination des inaptes au travail :l’exemple du complexe Dora-Mittelbau comparé àd’autres camps du système concentrationnaire parPaul Le Goupil, historien, ancien déporté

-Témoignages

-15h30-15h45, pause.

-15h45-16h15, L’évacuation générale et quasiment to-tale d’un camp de concentration, l’exemple de Dora-Mittelbau par Laurent Thiery, André Sellier

-Etude d’un cas particulier : le convoi parti le 6 mars1945 de la Boelcke Kaserne. D’un transport d’inaptesau travail à une évacuation au départ de Bergen-Bel-sen.

-Témoignages

-16h45-17h, Conclusion de la journée et annonce dela journée d’octobre 2009 portant sur l’après 1945 :vers un travail commun avec le Gedenkstätte Mittel-bau-Dora par Jens-Christian Wagner, directeur du Ge-denkstätte Mittelbau-Dora.

Une participation de 25 € sera demandée pour les frais d’inscription.

Le nombre de places étant limité, il est impératif de s’inscrire à la journée auprès de l’Association.

Programme de la journée

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Audrey, 29 ans J’ai trouvé le voyage à Buchenwald très intéressant.J’avais entendu parler des camps de concentration et jevoulais en voir. Les baraquements des déportés ne sontplus là mais quand on voit les crématoires ou la salle devivisection humaine, on se rend compte de l’horreur.Mais d’un autre côté, quand on pense que des milliersde personnes ont été brûlées là, on a du mal à imaginer.On se dit qu’une telle chose est impossible. Wassilla, 24 ans J’adore l’histoire. En classe de première, mon professeurd’histoire nous avait parlé de la déportation. Il «vivait» cequ’il nous racontait car il avait lui-même visité les campsde concentration. C’est grâce à lui que j’ai voulu aller àBuchenwald. Je trouve dommage que les lycéesn’organisent pas ce type de voyage. La visite des fourscrématoires est le moment le plus poignant. J’essayaisd’imaginer les gens, leurs cris… Avant de partir, j’ai ététrès étonnée de la réaction de certaines personnesautour de moi, quelqu’un m’a dit : «Pourquoi tu ne vaspas plutôt à Ibiza ?» Marie, 19 ans J’avais déjà visité le camp de concentration deSachenhausen, près de Berlin lors d’un voyage scolaire,en 3e. Cela m’avait marqué mais la visite de Buchenwalda été encore plus forte, en raison de la présence d’Emile(déporté à Buchenwald et à Langenstein) et de Jean-Claude (fils de déporté et guide historique durant levoyage). Ils m’ont notamment permis de me rendrecompte que les déportés étaient utilisés dans l’industrienazie, comme main d’œuvre. Sur place, ce qui m’achoquée, c’est le contraste entre ce qui s’est passé et lecalme qui règne aujourd’hui… Il faut les témoignagesdes déportés et la lecture de livres pour comprendre cequi s’est vraiment déroulé dans les camps. François-Xavier, 26 ans J’ai beaucoup lu de livres d’histoire sur la guerre. Mongrand-père a lutté contre le nazisme en tant que militaire,jusqu’en 1940. Il était officier de marine. Mon onclefaisait partie de la 2e Division blindée du général Leclercqui a libéré Paris en 1944. Deux de mes tantes ont abritédes juifs et ont été déportées. Je voulais voir un camp deconcentration. A Buchenwald, j’ai pu mesurer la cruautédes SS, j’ai vu les atrocités qu’on faisait subir auxdéportés. On se demande comment était-ce possible ?Parce qu’on est juif ou parce qu’on a d’autres opinionspolitiques, on vous interdit de vivre ! Nous sommes libreset cette histoire doit nous servir de leçon. Toute personnedoit être respectée quelles que soient ses convictions etses croyances. Bien sûr, on se demande ce que nousaurions fait durant l’Occupation. Il est difficile de savoir... Julia, 28 ans J’ai participé à ce voyage à Buchenwald pour rendrehommage à ceux qui sont morts dans les camps. J’aide la famille juive qui n’a pas été déportée car elle vivaiten Algérie durant la guerre. Je suis venue pour pouvoirensuite témoigner et dire ce que j’ai vu à ceux qui n’y

sont pas allés.Beaucoup d’amisde mon âge necomprennent pasma démarche.On m’a dit : «Onsait ce qui s’estpassé, pourquoirevenir sur cettehistoire?» ou en-core : « Ta famillen’a pas été touchée, je ne vois pas pourquoi tu veux allerlà-bas ?» J’ai conscience que cette horreur peutrecommencer à tout moment et qu’il faut être vigilant.Voilà pourquoi je voulais depuis longtemps faire cevoyage... Je visiterai d’autres camps. Camille, 29 ans Ma famille est du Limousin et de Normandie et j’aibeaucoup entendu parler du maquis et dudébarquement des américains. En 1997, dans le cadrede mes études, j’ai assisté au procès Papon à Bordeaux.Nous étions dans la salle d’audience à côté des partiesciviles. Pour moi, le voyage à Buchenwald s’inscrivaitdans la continuité de ce travail. J’avais besoin de voir uncamp de concentration pour comprendre. Sur place, jem’attendais à trouver plus de preuves, beaucoup dechoses ont disparu. Le bunker et les fours crématoiresm’ont vraiment impressionnée, on se rend compte de lasouffrance des déportés. J’ai trouvé l’équipe encadranteet l’hôtel super, çà permet d’atténuer le côté éprouvantde ce voyage.Thomas, 29 ans Des personnes de ma famille ont été déportées àBuchenwald. Ce voyage était comme une sorte depèlerinage. J’étais déjà venu en novembre et suis revenucar l’ambiance au sein du groupe est bonne. Cette fois-ci, nous avons pu voir la maquette et le bunker deBuchenwald. J’ai trouvé que nous n’avions pas eu assezd’explications sur Dora, sur les ruines du campextérieur… On ne nous pas assez montré toute l’horreurde ce camp. Greg, 29 ans Je voulais faire ce voyage pour mettre des images surce que j’avais lu, ou vu dans des documentaires. Il m’apermis de me rendre compte de l’horreur des campsmême si les films d’époque et les témoignages dedéportés sont plus saisissants encore. La présenced’Emile Torner et les explications historiques de Jean-Claude Gourdin me ramenaient à la réalité des lieux.C’est effroyable de voir d’un côté le génie humain –l’ingénierie nazie avait dix ans d’avance sur tout lemonde – et la cruauté la plus bestiale que subissaientles déportés. Je reviens de ce voyage avec une questionsans réponse : comment a-t-on pu aller si loin dans ladestruction de l’homme ? On a du mal à se persuaderque cela n’arrivera plus jamais, même si on espère quecette histoire nous servira de leçon.

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ACTUALITÉS

Se souvenir de BuchenwaldDu 7 au 11 mai 2008, 33 jeunes adhérents de la Mutuelle nationale des Fonctionnaires des Collectivités territo-riales (MNFCT) ont participé à un voyage en Allemagne, pour visiter Buchenwald et Mittelbau-Dora.

Pourquoi être allés à Buchenwald et Dora ? Qu’apporte la visite de ces camps ? Quelles questions un tel voy-age suscite-t-il ? A la fin du séjour, lors du dernier repas à l’hôtel «Zur Tanne» puis dans l’obscurité du car, plusieursparticipants ont répondu à ces questions.

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LES MILITAIRES A BUCHENWALD

On sait les circonstances de la libération du camp et le rôle qu’y joua, aux cotésde combattants déportés d’autres nationalités, la Brigade française d’action libé-ratrice. Le Livre blanc sur Buchenwald, publié en 1954, les deux ouvrages de PierreDurand, le premier intitulé Les armes de l’Espoir, en 1977, le second La Résistancedes Français à Buchenwald, en 1991, l’étude d’Olivier Lalieu qui porte le titre Lazone grise ?, parue en 2005, la journée d’études organisée par notre associationen 2006 sur le thème Résister à Buchenwald ont apporté des éléments souventnouveaux sur le soulèvement organisé des détenus le 11 avril 1945 qui joue sapart dans cette libération.

On a peu remarqué cependant que parmi les cent trente-huit noms des dirigeantsde l’Etat-major de la Brigade française d’action libératrice – qui comptait alors 1097membres – figuraient des sous-officiers et officiers d’active qui, après guerre, ontcontinué leur carrière et pour certains ont occupé les grades les plus élevés dansla hiérarchie militaire.

Réunis au camp sous la responsabilité de Marcel Paul, Jean Lloubes et de Frédé-ric-Henri Manhès, colonel d’active dans l’armée de l’Air, devenu dans la Résistanceadjoint de Jean Moulin qu’il connut au cabinet du Ministre Pierre Cot avant guerre,ces sous-lieutenants, lieutenants, capitaines, commandants, lieutenants-colonels etcolonels ont été arrêtés pour faits de résistance avant d’être déportés à Buchen-wald. La plupart étaient membres de l’Organisation de Résistance de l’Armée. «Ilsn’avaient attendu que d’être appelés au bon combat» écrira d’eux le général deGaulle.

L’O.R.A. fondée en février 1943 par le général Frère (déporté et mort au Struthof) àla suite de l’occupation de la zone sud par les troupes allemandes, a été commandéensuite par le général Verneau (Mle 51645) arrêté en octobre 1943, et déporté à Bu-chenwald dans le même convoi que Guy Ducoloné. Il disparaît en septembre 1944.

Que fait-elle ? son action est limitée. Les militaires ne sont pas des clandestins.

D’autres ont été des organisateurs du « camouflage du Matériel », comme le colo-nel Mollard.

Au sein de l’armée d’armistice, le service de camouflage du matériel (C.D.M.) «ré-siste» en empêchant la Wehrmacht de prendre possession de tout le matériel quelui abandonnait l'Armistice, en retirant des dépôts que contrôlaient les Commissionsd'Armistice, le matériel qui lui était nécessaire, en sabotant le matériel livré par Vichyet non récupéré, en stockant, et entretenant le matériel camouflé.

La déportation de ces militaires d’active est en soi la preuve de leur résistance. Dansson ouvrage sur l’O.R.A., Augustin de Dainville estime, d’après des documents of-ficiels, à quatre mille le nombre d’officiers résistants. A sept cent soixante officierset neuf cent soixante sous-officiers le nombre de ceux qui furent internés et dépor-tés. A la moitié ceux qui ne rentrèrent pas.

Le fait qu’à Buchenwald ils soient choisis par leurs compagnons pour faire partie dela Brigade française d’action libératrice prouve qu’ils avaient des capacités profes-sionnelles mais aussi des capacités morales.

Comme l’écrit Roger Arnould dans un manuscrit inédit sur la BFAL « les critères derecrutement portaient sur deux sortes de données : D’abord l’aptitude physique etmorale ; ensuite les antécédents dans la résistance en France, les compétences, lesexpériences auparavant acquises, notamment d’ordre militaire...”

Vanbremeersch, Artous, Masson... des officiers d’active à Buchenwald

Parmi les milliers d’officiers et sous-officiers de l’armée française engagés dans la Résistance inté-rieure, des centaines ont été déportés. A Buchenwald, ils ont naturellement trouvé leur place dans laBrigage française d’action libératrice

Au commandement de la BFALparticipaient comme officiers deliaison le commandant de réserveMaurice Vannier et le lieutenantPierre Péry ; comme membres dela direction des opérations, le colo-nel breveté Badel et le colonel bre-veté Mollard. L’unité de pionniersétait commandée par le capitaineMasson (du 8e Génie) et le capitainede réserve Védrenne. Au service deSanté, on notait la présence dudocteur Maynadier (chirurgien), mé-decin-chef et du docteur Lansac,son adjoint. Les médecins de ba-taillon étaient les docteurs Thabou-rin, Elmelik, Franck (jusqu’à sondépart pour Weimar) et Heller. L’in-tendance était commandée par l’in-tendant de 2e classe MauriceJattefaux.

Parmi les officiers d’active ou de ré-serve commandant diverses unités,on relève les noms des lieutenantsVanbremeersch (futur chef d’état-major des Armées françaises) etThiébault (commandant du groupefranc), du lieutenant Pètre, du lieu-tenant-colonel breveté Ailleret, ducapitaine Sappey de Mirebel, ducommandant Artous (de la Gardede Paris), du lieutenant Maire, ducommandant d’aviation Challe, ducommandant Grille, du capitaineDelaunay, du commandant Boyer.

Ces noms sont cités dans l’ordredes unités telles qu’elles sont men-tionnées dans le Livre Blanc sur Bu-chenwald. Les grades sont ceuxdes détenteurs au moment de leurarrestation.

Signalons qu’au Kommando dePlomnitz, le déporté français Mar-cel Rousseau constitua deux com-pagnies de combattants de deuxsections chacune. l'état-major étaitconstitué par Marcel Rousseau, Al-bert Boccagny, Antoine Boeuf etEtienne Mattelin. La première com-pagnie était commandée par Toujaet la seconde par Boeuf. Jouèrentégalement un grand rôle Louis Ni-quet, Buquier et Armand Séville.Cette organisation fut en mesure,au moment de l’évacuation, dedésarmer les SS et sauva ainsi de lamort un grand nombre de détenus.

(Extrait de Pierre Durand La Résis-tance des Français à Buchenwald-Paris 1991)

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LES MILITAIRES A BUCHENWALD

Extraits d’un manuscrit de Frédéric-Henri Manhès sur l’histoire de la Brigade Française d’Action Libératrice (BFAL)

Malgré des démarches incessantes et encore ces dernières années, la Brigade française d’action libératrice (BFAL)n’a jamais été reconnue comme unité combattante par les autorités. Elle en a eu pourtant toutes les caractéristiques.

Elle est créée comme complément militaire au Comité des intérêts français (CIF) en juin 1944, succédant à une unitéde choc constituée en janvier 1944 sous les ordres de Simon Lagunas (Mle 20076) et de Ladislav Holdos, tous deuxanciens combattants en Espagne et membres de la Lagerschutz du camp, la police intérieure du camp.

La BFAL se forme comme une structure militaire : trois bataillons (Marceau, Saint-Just (que commande Artous), Hoche),deux compagnies par bataillon, quatre sections par compagnie, cinq groupes de base par sections. Elle a son Etat-major, ses pionniers (dont Masson), ses services (intendance, santé, renseignement, génie...) sa compagnie de choc, songroupe franc (sous la responsabilité de Vanbremeersch).

Chaque unité est encadrée par des officiers d’active ou de la réserve. Les sections par des officiers ou sous officiers.

Ses effectifs fluctuent en permanence car Buchenwald est un camp de transit. Cependant, début juillet 1944, selonRoger Arnould, «on peut estimer à 500 le nombre de résistants français incorporés à la BFAL, des groupes de base àl’état-major.» Un bon tiers est inclus dans les Blocks et Kommandos internes de l’enceinte concentrationnaire, c’estle noyau le plus homogène, d’autant que l’organisation clandestine s’est efforcée de regrouper les déportés françaispar blocks. Les deux autres tiers sont dispersés dans les kommandos extérieurs à l’enceinte : MIBAU, Gustloff, D.A.V.,gare, garages des SS etc.

La BFAL aide aux sabotages, écoute, observe, repère, se prépare à accompagner militairement – notamment grâceaux armes récupérées après le bombardement de la Gustloff, l’insurrection.

Dans une lettre adressée au général Dejussieu en juillet 1947 Manhès écrit :

«Le plan des chefs et responsables de la Brigade française était de passer à l’action le 5 avril 1945 pour libérer le campen attaquant les SS. Malheureusement cette action ne pouvait être déclanchée qu’avec l’accord de toutes les brigadeset de l’état major international. La majorité ne fut pas acquise. Cependant la Brigade française était prête»

La BFAL, une unité combattante

Copie du brouillon d’une lettre écrite par Frédéric-Henri Manhès, sollicitant la reconnaissancecomme “unité combattante”, de la Brigade française d’action libératrice

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lES MILITAIRES A BUCHENWALD

Capitaine Louis MASSONMembre du réseau de résistance Jade-Amicol, le capitaine Masson est arrêtéle 28 décembre 1943 par la Gestapo etdéporté à Buchenwald le 24 janvier1944. Rapidement repéré par larésistance clandestine du camp, il estl’un des «pionniers» de la BFAL, c’est àdire un militaire spécialisé dans lesconstructions ou destructionsd’infrastructures.Le réseau auquel il appartient a étécréé en octobre 1940 par un transfugedu 2e bureau. En est membreégalement Hélie Denoix de Saint Marcqui, lui aussi, sera déporté àBuchenwald puis Langenstein, dont ilécrira, plus tard, que ce fut le «lieu del’absolue vérité des êtres». Le réseaufait essentiellement de la recherche derenseignements sur la côte Atlantique,de La Rochelle à Biarritz. Lesinformations recueillies sont transmisespar radio à l’Intelligence serviceanglaise.Louis Masson, capitaine depuis mars 1938 et affecté au 8e

régiment du génie du Mont-Valérien commande d’octobre 1939à juin 1940 l’une des compagnies radio de la 5e armée. Aumoment de la création de l’Armée d’Armistice il prend lecommandement de la compagnie télégraphique 8/26 en zoneoccupée, chargée de réparer les destructions du réseau filairede la bataille de France. Cette «couverture» officielle lui permetde transporter des armes et explosifs parachutés, mais aussi desprisonniers évadés ou des jeunes qui veulent se soustraire auSTO.La mémoire du capitaine Masson est aujourd’hui honorée par le

8e régiment de transmission que commande le colonelPatrick BODIN.Depuis 1997, le 8e RT participe tous les ans au voyage“action-mémoire” organisé par notre Association. Trois militaires se sont rendus au camp de Buchenwalddu 10 au 13 avril 2008. Lors de ce voyage, le colonelBodin, chef de corps, le capitaine Gardin, officiersupérieur adjoint et l’adjudant-chef Rogelin (1) ont visitéle musée du souvenir et tous les lieux chargésd’histoire de ce camp de concentration. Ils ont puparticiper à la cérémonie du 63e anniversaire de laLibération qui s’est tenue sur la place d’appel.C’était la première fois que l’adjudant-chef Rogelin serendait sur les lieux : «On entend souvent parler descamps. Des reportages sont diffusés dans les médias.Mais le fait d’être confronté à la vue directe desbâtiments est différent. Une atmosphère lourde etpesante règne sur les lieux et vous envahit». Les représentants du 8e RT ont rencontré des anciensdéportés, dont deux de Buchenwald ; de fortespersonnalités qui ont particulièrement touché lesmilitaires.

(1) D’après un article publié par le Ministère de la DéfenseMémoire : le 8e régiment de transmissions à Buchenwald.

Le colonel Bodin : C’est un devoir d’aller à Buchenwald

Le colonel Bodin s’est rendu deuxfois à Buchenwald. C’est pour lui undevoir qui lui semble naturel, undevoir moral, celui de gardien de laFrance combattante, y compris dansles camps de concentration nazis.

“Je cherche, dit-il à retrouver l’âmedes hommes qui y ont été déportéset le sens de leur combat. “Monrégiment est particulièrement lié à larésistance”, ajoute-t-il. “C’est toutd’abord celui dont le drapeau est leseul emblème de l’armée de terre quiporte l’inscription Résistance “1940-1944”. C’est ensuite le régiment quioccupe la forteresse du Mont-Valérien, haut lieu de la Résistance etde la Déportation. C’est enfin lerégiment du Capitaine Masson, quifut arrêté avec ses cadres et sessoldats et déporté à Buchenwald. Ilétait, la-bas, membre de la Brigadefrançaise d’action libératrice, ilcontinuait à résister. Je souhaite quela présence de notre unité lors desvoyages à Buchenwald sepoursuive.”

Le 13 avril 2008 sur la place d’appel de Bu-chenwald :de g. à dr. : le Capitaine Eric Gardin, le Colo-nel Patrick Bodin et l’Adjudant-chef ChristelleRogelin

Photo 8e RT

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Claude VANBREMEERSCHLes survivants du Block 34de Buchenwald où il futdéporté 16 mois le présen-tent comme «lecharismatique qui s’impo-sait par son caractère, sagentillesse, sa compréhen-sion des autres». (1)

Claude Vanbremeersch(KLB 38139) est né le 3janvier 1921 à Paris. En1939, il entre à l’Ecole spé-ciale militaire de Saint -Cyr d’où il sort major de sapromotion.

En 1941, il est affecté aubataillon de chasseursalpins où il est démobiliséen novembre 1942. Il tentealors de rejoindre lestroupes d’Afrique du Nord

en passant par l’Espagne mais il est arrêté à Dax le 13août 1943, puis, le 16 décembre, déporté à Buchen-wald.

Dans un article paru dans la revue « Aux armées » enjuillet 1945 (repris dans le livre de témoignages desanciens du “34” et dans notre brochure parue à l’oc-casion du 50e anniversaire de la libération), il évoquesa déportation.

Il aurait dû périr à Dora comme officier d’active maisune « bienheureuse scarlatine » lui permet d’échapperau transport. Il est affecté à l’E12 où pendant 12 heuresquotidiennes, il travaille sur la voie du chemin de ferdans d’épouvantables conditions sous l’œil vigilant desSS. Les français sont la risée des déportés des autresnations et Claude Vanbremeersch pense qu’il fautsauver ces Français, leur redonner la confiance qu’ilsont perdue et au-delà relever le prestige de la Francevis-à-vis des étrangers.

Au flügel A du block 34, il décide de regrouper à tableles jeunes français (60 de moins de 25 ans). Deuxtables des jeunes sont ainsi instituées, elles sont unexemple pour tous de propreté, de solidarité. Uneambiance française est recréée, un « esprit de table »vient de naître qui va bien sûr s’élargir dans d’autresdomaines et redonner du moral à ceux qui n’espèrentplus. «La table des jeunes trouva sa récompense enformant l’essentiel du corps franc français de la Brigaded’action libératrice».

Cl. Vanbremeersch était un des responsables de laBAFL et il a participé activement à la libération ducamp le 11 avril 1945.

Il a su redonner à chacun espoir et dignité. E. Prisset(KLB 5048) raconte qu’en arrivant au “34” en prove-nance de Sachsenhausen, il rencontre Cl.Vanbremeersch qui lui souhaite la bienvenue à la tabledes jeunes en lui tendant une petite tranche de pain, ilajoute «tu fais maintenant partie de notre famille».

Une autre fois, il a tenu à rendre hommage à undéporté décédé lors de l’appel, dans le block, malgré lacolère du chef de block.

C’est aussi grâce à son intervention (ainsi que celles deCh. Pineau et de Franck) que le chef de block (Alfred)à été déplacé vers un autre camp.

Après la libération, malgré son état, il accompagne lestroupes alliées jusqu’en juillet 1945 comme officier deliaison.

Il se marie en 1946 (il sera père de quatre enfants, dontSophie) et comme de nombreux officiers de sa généra-tion, il participe aux combats d’Indochine, puis d’Algérie.Après un bref retour à Saint Cyr, il est affecté au postede chef de corps du 35e régiment d’infanterie. Brillant, ilest nommé général d’abord comme chef d’état-majorparticulier du Président de la République M. Giscardd’Estaing, puis comme chef de la première armée etenfin comme chef d’état-major des armées.

Grand officier de la Légion d’honneur, le général Van-bremeersch, frappé par la maladie, est contraint dedémissionner de ses fonctions le 31 janvier 1981 etdécède le 10 février suivant.

Pour tous les anciens du block 34, la perte estimmense et la plupart (dont mon père) sont présentsdans l’église des Invalides où ils lisent avec la mêmeémotion le texte de la messe que ClaudeVanbremeersch avait lui même préparé avant de mourir.

Dominique Orlowski

Sources : (1) Buchenwald Block 34, témoignages, édition Hécatenovembre 1989, 253 pages

2) Buchenwald Block 34, mémoire de maîtrise d’histoire de CyrilleOrlowski Université Paris 10 Nanterre, année scolaire 1994 -1995

3) Promotion « Général Vanbremeersch » des bataillons de chas-seurs alpins 2001 – 2004, site Internet

DE BUCHENWALD AU COMMANDEMENT DE L’ARMEE FRANCAISE

Deux militaires déportés à Buchenwald ont été promus aux plus hautes responsabilités dans l’armée françaiseaprès guerre par les Présidents de la République. L’un par le Général de Gaulle, l’autre par Valérie Giscardd’Estaing : Ailleret et Vanbremeersh

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lES MILITAIRES A BUCHENWALD

Charles AILLERETDéporté luiaussi à Bu-c h e n w a l d ,Charles Aille-ret a trouvénaturellementsa place dansla Brigadef r a n ç a i s ed’action libé-ratrice. Sortide Polytech-nique, Capi-taine en 1939,il a rejointl’O.R.A. (Or-ganisation deRésistance del’Armée) en décembre 1942, après l’inva-sion de la zone non occupée par les forcesallemandes. Il en est le commandant pourla zone nord quand il est arrêté en juin 1944et déporté à Buchenwald le 20 août 1944(KLB 76978) d’où il revient en avril 1945.

En septembre 1945, lieutenant-colonel, ilest affecté au poste d’attaché militaire àMoscou ; en mars 1946, il est au cabinetde l’Etat-major de l’armée de terre.

Général de division, c’est lui qui, plus tard,va diriger les opérations conduisant, le 13février 1960, à l’explosion de la premièrebombe «A» française à Reggane, au Sa-hara.

Affecté dans le Constantinois en 1961 ils’oppose au coup de force d’Alger et prendles fonctions de commandant supérieur in-terarmées en Algérie le même jour.

Le 19 mars 1962 il donne l’ordre à l’arméefrançaise de cesser le feu contre l’A.L.N.après les accords d’Evian qui mettent fin àla guerre d’Algérie. Il conserve ses fonc-tions jusqu’au 18 avril 1962, puis est promugénéral d’armée et nommé chef d’Etat-major général de la défense nationale le 16juillet 1962. Il organise le retrait de laFrance du commandement intégré del’O.T.A.N. en 1966 et se fait le théoriciend’une défense nucléaire française «tousazimuts”.

Le 9 mars 1968, il meurt avec sa femme etsa fille dans l’accident d’un avion de l’ar-mée de l’air qui fait 19 victimes.

Et moi qu’aurais-je fait ?

Je suis née en 1947 et pourtant il me semble, malgré toutl’amour et la gaîté de mes parents, malgré le bonheur demon enfance, que la déportation de mon père a toujoursfait partie de ma vie.

Comme beaucoup de déportés, mon père n’en parlaitpresque jamais. Par ma grand-mère, je savais, toute petite,qu’il avait été en camp de concentration, qu’il n’avait pasassez à manger, qu’on était sans nouvelles, mais que papaavait été courageux voire héroïque, bref l’histoire se finis-sait bien... Et puis, on parlait beaucoup de la Résistancedans mon enfance. C’était simple : les bons résistants con-tre les méchants nazis.

Un peu plus tard, je devais avoir 9-10 ans, j’ai lu « LaSimple Vérité » de Christian Pineau, qui a été ma premièreinitiation à l’univers concentrationnaire, et qui m’en a faitcomprendre l’inhumanité et l’exception. Après, j’ai lu toutce qui me tombait sous la main sur le sujet.

Mon père était militaire, il a passé sans nous cinq ans enIndochine puis deux ans en Algérie. Nous n’en avons passouffert, tant maman a su nous faire partager la grandeurde son métier et conservé, malgré la souffrance de la sépa-ration et du danger, une profonde joie de vivre.

C’était toujours «mon père, ce héros au sourire si doux…»

Il a fallu attendre mes années d’étudiante pour en parleravec lui, pour poser des questions difficiles, pour com-prendre, un peu, comment on peut réagir dans des situa-tions limites, pour faire la différence aussi entre camps deconcentration et camps d’extermination, deux expressionsatroces de la négation de l’homme.

Il y a eu enfin ces témoignages du livre « Block 34 », paruaprès la mort de mon père, qui m’a rendu familiers la « vie» au camp et je ne remercierai jamais assez tous ceux quiy ont contribué et la camaraderie extraordinaire qui s’yrévèle.

Toute ma vie je me suis posée la question, exigeante : etmoi qu’aurais-je fait ? Très peu sûre de ma réaction. Chaquefois que j’ai porté quelque chose d’un peu lourd, j’ai penséà mon père et à ses compagnons charriant leurs pierres,dénutris, dans le froid glacial et sous la schlague….

Toute ma vie, j’ai eu le sentiment profond que je vivais, ettoute ma génération avec moi, une époque exception-nellement heureuse, si l’on comparait avec l’histoire ou lagéographie. Et que notre devoir, par rapport à cettechance, était de donner tout ce qu’on pouvait et de ne passe plaindre de nos malheurs tout relatifs.

Toute ma vie aussi, je me suis dit que l’homme pouvait êtreun loup pour l’homme, que ce mal absolu était en chacunde nous et qu’il fallait tout le temps être vigilant.

Sans cette mémoire que je porte, tous les jours, je seraiscertainement différente.

Sophie Vanbremeersch-Devedjian

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Louis ARTOUSNé le 29 septembre 1908 de parents cultivateurs, LouisArtous fait de brillantes études au lycée de Rodez avantd’entreprendre des études de sciences, couronnéespar une licence. Parallèlement il entreprend une prépa-ration militaire supérieure. (1)

En 1930, il effectue son service militaire et, ne trouvantd’emploi qui lui convienne, il embrasse la carrière mili-taire en tant que sous lieutenant dans l’artillerie.

Il se marie en 1932 et sera père de deux filles, dontMadeleine.

En 1935, il est intégré dans la gendarmerie. Il estd’abord nommé à Lyon puis, en juillet 1936, à Tanger.

Le 18 juin 1940, il entend l’appel du général de Gaulleet souhaite le rejoindre à Londres mais le Général dansun court message lui demande de rester en postejusqu’à nouvel ordre. Dès ce moment, il entre en Ré-sistance. Il est assez mal vu des militaires espagnolsqui exercent le pouvoir à Tanger (alors zone interna-tionale) et se retrouve muté au Maroc en novembre1940.

En avril 1942, il rejoint Marseille en qualité de com-mandant du 1er escadron de la garde à cheval et est in-scrit en juillet 1942 à « Libération Sud ». Quelques moisplus tard, il refuse de laisser désarmer son escadronpar les troupes italiennes.

En décembre 1942, il est muté à Vichy comme com-mandant des forces supplétives et entre dans le réseau“Super NAP” (noyautage des administrationspubliques) sous le nom de “Commandant Delatreille”.Muté à la Légion de la Garde de Paris en mai 1943, ildevient le responsable, pour “Super NAP”, de la Gardede Paris et de la gendarmerie de la région parisienne.

Arrêté par la Gestapo le 2 juin 1944, il est interrogé ruedes Saussaies puis incarcéré à Fresnes et ensuite aucamp de Royallieu à Compiègne.

Il est déporté par le dernier convoi à Buchenwald enaoût 1944 et sera immatriculé sous le numéro 81491.

Dans ses mémoires, Louis Artous évoque le bom-bardement du camp comme un extraordinaire feu d’ar-tifice survenu quelques jours après son arrivée. Ilraconte également son travail exténuant dans un kom-mando où il doit avec ses compagnons de misère,remblayer un espace marécageux et décharger des

wagons pleins de terre et de cailloux. Les déportés at-telés comme des animaux doivent tirer le chargementsous la menace du fouet et la garde des chiens avantde le décharger. Après 12 heures d’efforts intensifs, ilfaut bien sûr assister à l’appel avant de rejoindre leblock et la soupe.

Il est très rapidement contacté par Marcel Paul pourêtre intégré à la Brigade française d’action libératricedans le bataillon Saint-Just. Surnommé le Capitaine parles autres déportés, il est apprécié de tout le bataillon.

Le 18 avril 1945, il quitte Buchenwald et retrouve laFrance et sa famille qui peine à le reconnaître tant il estsquelettique.

Il reprend rapidement son activité. En mai 1945, il estpromu chef d’escadron et affecté à la légion de laGarde républicaine de Paris. Il poursuit sa carrière,dans la gendarmerie. Il la terminera comme Inspecteurgénéral.

Louis Artous est grand officier de la légion d’honneur,grand officier de l’ordre national du mérite.

Grand invalide de guerre, il meurt le 22 juin 1983 àl’hôpital militaire du Val-de-Grâce.(1) Source : Livre de Madeleine Artous et Jean-Marie Caron : « LouisArtous Inspecteur Général de la Gendarmerie 1908 – 1983 » Im-primerie Ecully Graphic 69130 Ecully- Octobre 2005-334 pages.

D. O.

Comment papa nous parlait de sa déportation ?

Très tôt en 1946, papa a tenu une conférence àTanger, devant une salle pleine d’étrangers (Nousétions à Tanger, Ville internationale). Il voulait que lemonde soit au courant de toutes ces atrocités. Nousavons ma sœur et moi (13 ans et 9 ans) assisté àcette conférence. Mais avant, il nous avait informéesde ses souffrances, pas toutes bien sûr, nous étionsjeunes, moi surtout. Il me l’a dit à petites doses, carquand il est rentré, si maigre et si faible, je ne voulaispas l’embrasser car il me faisait peur ! Puis plus tardil m’a fait lire sa conférence. Il a toujours dit que cequ’il avait fait, enduré, était une chose normale. Unpoint c’est tout. Puis il s’est tu. Il a gardé une hainecontre les Allemands en général.En 1956, à l’occasion d’une boom à la maison, uncamarade m’a demandé s’il pouvait amener un co-pain allemand en séjour chez lui. Mon père a refusésa présence à la maison.En 1978, lors d’échange scolaire un jeune allemandétait à la maison. Mon fils a demandé à son grand –père l’autorisation de les accueillir à Paris pour mon-trer la capitale à son correspondant. Il a mis deuxjours à répondre. Il a accepté difficilement. Papa m’adit combien ça lui avait été pénible d’entendre par-ler la langue de Goethe. Pendant leur passage àParis il y eut une émission à la télé sur les camps deconcentrations et mon père a tenu à que les jeunesvoient ce reportage. Tout était, alors, une occasionde tenir au courant les jeunes générations !Voilà en résumé ce que j’ai à dire.

Madeleine Caron-Artous

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Pages de lecture... et de culture

*L’organisation clandestine française

* L’art clandestin au camp

*La libération vue par les Américains

J’achète ...... exemplaires de «Résister à Buchenwald» au prix de 13 euros l’unité plus 4 euros (frais de port)

Nom........................................................ Adresse ...................................................................................................

Je joins un chèque de ............ euros à l’ordre de Association française Buchenwald Dora et Kdos

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ATTENTION !

DERNIERS EXEMPLAIRES

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SOUSCRIPTIONS du 17 mars au 20 juin 2008

La souscription est ouverte depuis un mois. Vous êtes très nombreux à y répondre. Vos contributions sont par-fois très généreuses, parfois symboliques, toutes importantes. Elles montrent votre attachement à l’Association,au travail permanent de Catherine et Dominique, à celui des bénévoles qui ont pris en charge telle ou telle ac-tion : l’inventaire des archives, la rédaction du Serment, la présentation de l’exposition des dessins de ThomasGeve, la préparation du colloque sur Dora et de l’autre sur la Nuit de Cristal, l’organisation de nos voyages à Bu-chenwald, notre présence à des congrès, dans des instances diverses où nous portons la mémoire de Buchen-wald. Votre effort récompense nos efforts.

Nous vous remercions de cette confiance.

D. D. Président délégué

ACHARD Annet Jean 100ADAM André 5AGOSTINI Claude 20ALABERT Claudine 50ALASSEUR Mireille 55ALBRAND Pierre 500ALEZARD Gérard 60ALLENOU Marie 50AMOUDRUZ Fran ois 10ANDRE Marcel 5ANDRES Montserrat 20ANDRIEU Liana 14ANESETTI Hubert 100ANTZENBERGER Paulette15ARMENIO François 100ARMENIO François 455ARNAUD Sylva 10ARNOUX Christiane 5ARRESTAYS Marguerite 20ARRIGONI Anny 50ASSO Lucette 20

BADER Claude 190BAHON Danielle 10BAìNOUTI Gabrielle 20BALLET Maurice 40BALLY Simone 30BALTHAZARD Jean 20BARBARROUX Ernest 95BARDE Victor Moïse 50BARES Suzanne 67BARETGE Georgette 50BARRAL France 30BARRIER Floréal 15BARRIER Geneviève 15BARRIERE Robert 10BAUD Claude 55BAUDET Yvonne 20BAUDY Yvonne 20BEL Martial 15BELLIER Raymonde 10BELZ Jacqueline 10BENIER Arlette 90BERDUCAT Claude 50BERNAL Annie 50BERNARD André 10BERNARD Gabrielle 20BERNARD Suzanne 15BERTANDEAU André 10BERTHOD Colette 40BERTRAND François 20BERTRET Marcel 50BES-LEROUX Juliette 20BESSIERE André 10BEYER Laurence 5BIARDEAU Karina 10BLAISE Paulette 34BLANC Yvette 5BLANPAIN Maurice 80BLOCH Jacques 40BOIS Marcel 20

BOITELET Christian 50BONNET Gaston 10BONTE Irène 30BORDET René 50BORE Jean Paul 50BORIES André 15BORRAS Christiane 20BORREGUERO Lucienne 24BOUCLAINVILLE Léa 40BOUGEOT Josette 10BOULET Thierry 30BOURBIGOT Yves 30BOURGEAT Jean René 60BOURGOIS Monique 30BOURLION Odette 40BOYER Marie-claire 80BRAUN Jacqueline 20BREMONT Yvette 40BRENON Georges 10BRETON Denise 40BRETONNEAU Michelle 10BRISION Pierre 100BROìDO Martine 50BROUILLET Emilie 94BRULE Emilienne 15BRUSCQ Henri 15BRUSSET Gérard 70BUCCHIANERI Fernand 50BUDKA Georges 10BUISINE Jacqueline 10BULIARD Suzanne 60BULWA Aron 40BUSSON Joël 50BUSSON Mauricette 35

CADINOT Maurice 20CAILLIEREZ Christiane 35CAMPOS Edouard 20CANACOS Yvette 20CANDOR Amalia 14CANTE Janine 20CARANTON Jacques 20CASALE Alain 15CASTANG Viviane 20CASTELLVI Amaro 20CAZAUX Daniel 55CELERIER André 50CHAIZEMARTIN Jacquel. 20CHAMBON Huguette 45CHAMPAULT Jacques 20CHAPELAIN Lucien 200CHARBONNEL Jean J. 40CHARBONNEL Mireille 50CHARLES Jacqueline 10CHARRETIER Irène 100CHARRON André 20CHASSAING Yves 10CHASTANG Irène 30CHATY France 4CHAUFFOUR Jacqueline 20CHAUMERLIAC Claude 40

CHAUVEL André 10CHAUVIERE Lucie 10CHEBAUT Jean 40CHERVY Simone 10CHEVALLIER Luc 10CHIUMINATTO René 20CHOMBART-D-LAUWE Mj20CHOUCHAN Nicole 140CIERCOLES Georges 40CIRIECO Antoine 50CLAIRBOUX Odette 15CLAIRET Geneviève 40CLEMENT Renée 10CLERC Marcel 50CLERGUE Maurice 65COCHENNEC André 20COIC Annick 29COLIN Lucienne 20COLONEL Lucien 100CONAN Paulette 20CONTENT Gilbert 20CORNILLON Louise 20CORNU Paul 50COTEL Annick 100COTTEVERTE Gérard 15COUCI Madeleine 4COUREUR René 30COUTANT Martial 25COUTURIER Marcel 40COVARELLI Nazareth 20CRESPO Jean Jacques 20CUEFF Yves 100CUNCHINABE Michèle 20DALIBARD André 90DANI Emile 40DARDEL Monique 10DARTIGUES Marcel 40DAVAL Georges 5DAVID Marcelle 5DE-DEMANDOLX V. 10DE-MARCHI Gino 20DEAGE Lucie 15DEBORD Jacques 20DEGERT Simone 10DEHILLERIN Jean Maurice60DEHILLOTTE Gérard 40DELALANDE Véronique 50DELMAS Maguy 34DELORME Antoinette 4DELOYE Gilbert 10DEMONT Julia 50DENIS France 9DENIS Roger 20DENOYER Jacqueline 90DEPIERRE Michel 20DESCHAMPS Ginette 20DESPRES Emma 35DESSEAUX Christian 20DEVAUX Marcelle 210DEVILLE René 10DORGE Mireille 10

DORNIER Raymond 40DUBOURG Paul René 50DUCOLONé Guy 1800DUCRET François 10DUCROIX Michel 50DUFRESSE Georges 20DUMILLY Josiane 40DUPONT Guy 9DURAND Dorothée 5DURAND Jacqueline 100

EBERHARD Jacques 10EDEL Georgette 10EMONOT Marcel 10ESNAULT Jacqueline 90ETCHEBERRY Georgette 10EVERARD Louise 40

FAUCHER jeanine 40FAVRE Ernest 40FAVRE Suzanne 50FELIX Jean 190FELSER Jacques 40FERRAND Huguette 100FERRETTI Christiane 100FERTE Olivier 10FILLODEAU Mauricette 20FINKEL Charles 20FISCHER Jacqueline 100FLORENT Hélène 20FOGEL Catherine 20FOLMARD Simone 5FOURRE Annie 15FRANCO Michèle 90FRANK Harald 100FRENCK Philippe 50FREYLIN Paulette 20FRIDMAN Abraham 50FUSSINGER Louis 10

GAIDRY Colette 45GALEA Sylvaine 10GANEVAL Agnès 5GARCIA Yvette 100GARCIN Jacqueline 20GARRIGUES Claude 100GARSI Antoine 15GASTINEAU Monique 40GATELLIER Suzanne 150GAVALDA Mireille 20GAWSEWITCH Josette 5GENTE Emile 50GEORGE Simone 24GERBAL Pierre 40GERBAULT Micheline 44GERIN Eliane 10GEROUDET Albert 20GEST Pierre 30GIET Yves 200GIRON Yvette 10GIROUD Jean 40

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LAPERRIERE Jean 20LARENA Albert 100LASTENNET Solange 40LAVANANT Simone 20LAVEDRINE Gérard 10LAVIGNE Andrée 20LE-DELLIOU Marcel 100LE-FOL André 40LE-GAC Marguerite 30LE-GOUPIL Paul 100LE-MOIGNE Chantal 25LE-PORTZ Yves 35LEBLANC Marie Louise 20LECLERCQ Armande 10LECLERCQ Jacques 50LECOLE M.- J. 34LECOMTE Antoinette 20LEDOIGT Annie 45LEFEVRE Jacques 40LEGRAND Lucienne 5LEGUEUX Georgette 10LELIEVRE Roger 20LEMOINE Jeanne 24LEMORE Jean Pierre 10LERDUNG Marie Thérèse 5LEROY André 10LEROY Claudine 100LETELLIER Lucienne 90LETONTURIER Maurice 30LEVASSEUR Albert 10LEVILLAIN Lucien 20LIAGRE Jacqueline 10LIOTARD Georges 10LIZAMBARD Edgar 20Ass Dept Buch Loire Atl. 150LOISEAU Marcel 30LOZE Colette 15LUCAS Pierre 10

MAILLET Delphin 10MAINGUY Henri 30MAISONROUGE Marcelle 50MALLET Jean 20MANO Denise 15MANTILE Pierre 30MANUEL Pierre 50MARCELOT Marcelle 40MARCHAND Albert 10MARCONNET Pierre 50MARIONI Mme 4MARRET Patricia 30MARSAULT Pierre 15MARTINEAU René 50MARTY Pierre 20MARTZOLF Jean Pierre 32MASSEY Nicole 40MATEOS René 20MAURECH Christiane 10MAUSSANG Claudie 15MELO Françoise 20MENEZ Jean Pierre 10MERCIER Patrick 10MEYER Yolande 20MICHEL André Pierre 70MICOLO Jacques 40MILANINI Andrée 40MOITY Isabelle 40MONDAMEY Suzanne 90MONNIER Daniel 100MORAND Marie José 5MOREL RenŽ 5MORGADO Thérèse 60MORO Hildebrand Marcel 20MOUTON André 10MROZ Jean 65MULIER André 300MUR René 20NATAF Yvette 100NATHAN David 40

NEAU Josette 5NEROT Emile 20NICOLAS Didier 65NICOLAS Josette 50NONNENMACHER J. 46,70NOTTEZ Sidonie 10

ODDOUX Claudie 40OMONT Raymonde 10ORCEL Elise 5ORLOWSKI Dominique 100ORLUC Annie 25

PANNIER Roger 20PARDON Pierre 40PASCINTO Auguste 10PAULMIER Claire 100PAUMARD André 10PAYEBIEN Huguette 10PELGRIN Marcelle 10PELLITERO Paulette 30PENEAU Jean 20PENSO Albert 90PEREIRA Maria 20PERNOD Simone 20PERRIN Léone 229PERROT Bernard 20PETIBOUT Albert 10PETIT Georges 15PETIT Paul 40PEZZUTTI Marguerite 20PHILIPPE Aline 20PICHARD Fran oise 20PICHAT Mireille 40PICHOT Gérard 30PIERROU Marie 4PIETERS Charles 500PINGON Guy 90PINOT Roger 35PLAZA Jeanne 11PLET Gabriel 90POISSONNET Dianette 50POITEVIN Albert 50PONCET Louis 10PONCHUT Paul 100PORTE Pierrette 10PROMONET Roland 10

QUELAVOINE Julienne 50QUEVRAIN Catherine 150QUICY Isabelle 30

RAFFIN Lucien 5RAGAIGNE Marguerite 20REIX André 50RENAUD Raymond 30RIBAS Marie Louise 40RIOLS René 20RIVAL Paul 20RIVET Alain 100ROBERT Daniel 20ROBERT-COLBERT R. 10ROCHER Jean François 40ROCHON Raymond 151ROLANDEZ Louis Marcel 10ROLLANDEZ Maurice 14ROLLET André 455ROMER Claire 50ROUSSIER Françoise 30ROUSSILLE Bernadette 10ROUTABOULE Yvonne 40ROUX Françoise 5ROWEK Albert 30ROY René 90

SAGOT Julien 40SANCHEZ Yannick 20SANTOS Madeleine 5SAQUE André 40

SARCIRON Yves 90SAUGERON Jean J. 20SAURA André 40SAUX André 10SAVOSKI André 15SCHOEN Robert 50SCHOENBAERT Serge 10SCHWARTZ Isaac 50SEGRETAIN Paul 15SEMAL Jacqueline 10SEMPE Christian 30SEON Marie Joseph 20SIMON Albert 55SIRET Yvonne 10SITJA Pierrette 10SOLE Manuel 10SORIN Nelly 300SOULAS Raymond 40SROKA Catherine 10STADE Jean 5STAUB Georgette 15STEVENON Berthe 10SUIGNARD Mireille 5SUTRA Jean 20SUZOR Pierre 100

TAMANINI Jacqueline 130TAREAU Maurice 30TARLO Paulette 100TASSEL Henriette 25TASSET Pierre 15TELLIER Jacqueline 30TERREAU André 20TEXIER Pierre 30THERVILLE Marius 100THIMON Guy 10THIOT Jean 90THOMAS Michel 100Amis de TIRESIAS 10TISSOT Céline 4TOURAUD Raymond 20TRAPEAU Rolande 10TRAT david 100TRAVAILLE André 190TREBOSC Camille 200TRIBOUILLARD Dominique10TRIBOUILLARD Lucienne 10TRIEBEL Agnès 50TROADEC Emmanuelle 60TUAL André 20TUET Madeleine 10

VAILLANT Claire 30VALIDIRE Edgar 30VAN-CUTSEM Daniel 50VAN-DER-SCHUEREN MT100VANARET Marguerite 20VAUTHIER Marcel 40VECTEN Claudine 80VERMOREL Jean 40VIAL Pierre Vincent 40VIAU Charles 50VIDAL Gilberte 15VIENS Gaston 30VIGNE Jacqueline 10VIGNY Jacques 200VINDRET Julia 25VINGES Louis 10VIVIER Antoinette 40VOILLOT Adèle 50VUIBOUT Suzanne 14VUITTON Jacqueline 20

WADE Armand 90WAHL Marie Claude 90WELCHE Elisabeth 50

ZYGUEL Léon 200

GOLDSZTEJN Ruchla 9GOLFIER Robert 15GONTIER Martine 50GONZALEZ Gabriel 30GOT Marcel 40GOUEDARD Henri 50GOUFFAULT Pierre 15GOURDIN Jean Claude 80GOURDOL Edmond 40GRAILLOT Rémi 5GRANDCOIN Simone 5GRANDE Marie Louise 25GRANGER Jacqueline 70GRAVOUIL Louis 100GRINBAUD Simon 40GROS Louis 40GRULOIS Léonie 50GRYBOWSKI Simone 490GUENIN André 20GUERARD Colette 25GUERIF Odette 20GUGUEN Simone 20GUIADER Violette 50GUICHERT Raymonde 390GUILLERMIN René 30GURY Paul 40GUYOT René 30GUYOT Georges 75

HAAS Roland 20HABEREY Jean 30HERACLE Jean Pierre 50HERCOUET Yvette 30HERZ Bertrand 90HESSEL Stéphane 100HOLMIERE Elvita 10HUREAU André 10

IDELOVICI Herman 10ISSELIN Bernard 35

JABEAUDON Marcelle 15JACOB Christiane 10JACQUET Bernard 30JACQUET Jeannine 20JEGOU François 200JOUAN Roger 15JOUANIN Georges 35JOUGIER Andrée 15JOURDREN Joseph 55JUFFROY Yves 10JUMEL Anne Marie 30

KAHN Françoise 120KAHN Jean François 20KAUFFMANN Annie 100KESTENBERG Georges 25KIEFFER Jocelyne 20KIOULOU Pierre 40KOWSKY Sylvie 20KREISSLER Denise 30KREMER Jean Paul 40KRENGEL Eveline 20KUCHLER Adolf 40

LABOURGUIGNE Jacques20LABRACHERIE André 35LAFARGE André 20LAFFONT Albert 100LAFUENTE Jacqueline 50LAGET René 100LAHAUT Denise 20LAIDEVANT Andrée 24LALANNE Colette 20LAMINE Louisette 30LAMOTHE Jean 10LANGEAC Arlette 10LANOISELEE Marcel 50LANOUE Henri 40

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DANS NOS FAMILLES

PAGES de lecture... ET DE CULTURE

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Les minorités et la persécution nazie

La revue de la Fondation pour la Mémoire de laDéportation “Mémoire vivante”(1) consacre son numéro56 d’avril 2008 à la “persécution de certaines minoritéspar le régime nazi”. Sont ainsi désignés les Témoins deJehovah (Bibelforscher - triangle marron) et les homo-sexuels (triangle rose).

Des 25.000 Témoins de Jéhovah présents enAllemagne en 1933, 10.000 ont été envoyés en campsde concentration ou emprisonnés et 4 à 5.000 d’entreeux y ont trouvé la mort.

La répression des homosexuels a concerné 100.000personnes dont 10.000 ont effectivement abouti encamps de concentration, sur lesquels 60 % sontdécédé.

Le régime nazi cherchait à en faire des “géniteurs” etEugen Kogon dira à Nuremberg, lors du procès desmédecins des camps, comment le médecin Vernettenta de greffer sur deux homosexuels détenus aucamp de Buchenwald une glande artificielle de soninvention, censée modifiers leurs hormones.

Les recherches menées par la Fondation ont permis d’i-dentifier avec certitude 63 Français arrêtés pour motifd’homosexualité : 22 ont été arrêtés en Alsace-Moselle annexée, 35 en territoire allemand, 6 en zoneoccupée dont 3 à Paris. Sur ces 6, 5 ont été déportésà Buchenwald mais considérés comme “politiques”.

(1) Mémoire vivante, numéro 56-avril 2008 - FMD-30 Bd des

Invalides-75007-Paris

DECESDéportés - André BOUDY, KLB 51824,- Raymond CHAMBARD, KLB 49856,- André CHOTTEAU, KLB 20280, - Denis CUROT, KLB 44996,- Jean HABEREY, KLB-Dora 28396,- Marcel-Paul PERRIN, KLB 69238

- Marie-Thérèse GAUTHIER, veuve de Maurice GAU-THIER KLB 49904)

A toutes les familles et leurs amis, nous renouvelonsnos sincères condoléances.

Marguerite Ragaigne, veuve de Lucien Ragaigne (KLB42730, Kommando Weimar) nous a quittés le 16 juin,à l’âge de 101 ans. Elle est la maman de LucienneColin, membre du Comité national de notre Association. L’inhumation a eu lieu le 23 juin à Trappes. MadameSimone Perrot, veuve de Daniel Perrot (KLB 81641)représentait notre Association.Nous renouvelons à Lucienne et à toute sa famille notresincère amitié.

AVIS DE RECHERCHES

- Lucien BENHAIM (KLB 39894), Chemin de Léart -JARRIER - 73300 Saint Jean de Maurienne - Tel. 04 79 59 97 56, recherche des camarades ayantparticipé à l’évasion qu’il avait organisé, dans le convoiparti de Compiègne en direction de Buchenwald, le 17 janvier 1944, à l’aide d’une lame de scie décou-verte dans un amas de ferraille. L’évasion a réussi poursept camarades. Lucien Benhaim était sur le ballast eta dû remonter car le train s’arrêta et la mitraille dé-clenchée il s’exposait à la mort.Merci de bien vouloir le contacter directement.

Le Mémorial de l’Internement et de la déportation deCompiègne-Royallieu organisera après l’expositiondes dessins de Thomas Geve une autre expositionportant sur le thème “Des objets qui nous parlent”.Si vous possédez certains objets (anciens barbelés,objet réalisé au camp par un déporté, petit carnet tenuau camp, etc...) et que vous êtes d’accord pour lesprêter durant la période de cette expo, merci de bienvouloir vous mettre en relation avec l’Association.Par avance merci.

Le voyage “Action Mémoire” du 18 au 22 août 2008

Encore quelques places disponibles.

Alors, si vous souhaitez participer à ce voyage qui serendra à Buchenwald, Dora, Ellrich et visitera la ville deWeimar, inscrivez-vous vite.

Téléphonez à l’Association : 01 42 85 44 93 et nousvous adresserons le programme détaillé et la fiched’inscription.

Ce voyage aura lieu en autocar, au départ de Paris(près de la gare Montparnasse) le lundi 18 août vers8h30-9 h avec un retour le vendredi 22 août vers 20 h30-21 h, au même endroit.

Les prix, comprenant le voyage, la restauration, l’hé-bergement, les entrées sur les sites, etc...) sont de 550euros en chambre individuelle et 530 euros en chambredouble.

L’expo Geve à Compiègne-Royallieu

Le Mémorial de l’Internement et de la déportation deCompiègne-Royallieu accueille jusqu’au 3 novembre2008 l’exposition des dessins de Thomas Geve, sa pre-mière exposition temporaire.

L’inauguration en a été faite le 7 juin en présence duMaire de Compiègne, Sénateur de l’Oise, M. PhilippeMarini, de M. Alain Blanchard, vice-président duConseil général de l’Oise et Guy Ducoloné, Présidentd’honneur de l’Association.

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Robert Favier, fils d’Auguste Favier tient àla disposition de nos adhérents l’album com-prenant 78 planches (39 cm x 29 cm) dessinées à Buchenwald par A. Favier, P. Mania et B.Taslitzky Envoi contre un chèque de 53,36 euros (francode port) adressé à R. Favier, 63 chemin des Rivières 69130 ECULLY.

Prix (port compris)

1940-1945 - Les Français à Buchenwald Agnès Triebel 7,00 (9,20)Anthologie poèmes Buchenwald A. Verdet 12,20 (15,20)Clamavi ad te Roger Leroyer 29,90 (33,90)Danielle Casanova P. Durand 19,06 (23.00))De l’enfer à la lune J.Pierre Thiercelin 12,00 (15,00)Déportation et génocide 1939-1945 Une tragédie européenne Yves Le Maner 24.00 (29,00)Dieu à Buchenwald Albert Simon 15,24 (19,00)D’un enfer à l’autre André Bessière 25,92 (30.00)Enfants de Buchenwald Miriam Rouveyre 19.06 (22.00)Femmes dans la nuit France Hamelin 24,39 (28,50)Histoire du camp de Dora André Sellier 13,57 (17,50)ITE, MISSA EST P. Durand 21,34 (24,50)Jeunes pour la Liberté P. Durand 14,48 (17,00)La chienne de Buchenwald P. Durand 10,52 (13,50)La France des camps - L’internement 1938-1946 Denis Peschanski 26,50 (31,50)La Haine et le Pardon J. Mialet 21,19 (25,00)La Résistance des Français à Buchenwald-Dora P. Durand 22.00 (25,80)La zone grise ? Olivier Lalieu 24,00 (29,00)Le camp des armes secrètes M. Dutillieux 19,82 (23.00))Le devoir de témoigner encore H. Marc 18,29 (22.00))L'état S.S. Eugen Kogon 9,15 (12,20)Léon Delarbre, le peintre déporté - Croquis d’Auschwitz, Buchenwald, Dora 5,00 (8,50)Les carnets d’un déporté résistant «Grand-Mère» KLB 42522 Christian Boitelet 7,50 (9,50)Les crayons de couleur France Hamelin 19,06 (23.00)Les fils de la nuit Albert Ouzoulias 21,04 (25.00)Les oubliés de Romainville Thomas Fontaine 29,00 (32,00)Le Mémorial - Buchenwald Dora et Kommandos (3 volumes) 54,00 (63.00))Le train des fous P. Durand 14,48 (17,50)L'impossible oubli F N D I R P 3,81 (7.00)Marcel Paul, la passion des autres F N D I R P 4,57 (7,50))Nummer 85250 Louis Bertrand 18,00 (21,00)Ohrdruf, le camp oublié de Buchenwald Marcel Lanoiselée 14,50 (17,50)Paul Goyard, 100 dessins du camp de concentration de Buchenwald 25,00 (30,00)Raconte moi ... la déportation (couverture souple) Agnès Triebel 6,00 (8.00)Raconte moi ... la déportation (version couverture cartonnée) Agnès Triebel 8,00 (10.00)Résister à Buchenwald Association Buchenwald 13,00 (17,00)Retour inespéré A. Mouton 15,24 (19,00)Retour à Langenstein Georges Petit 14,94 (18,00)Sauvé par le dessin Walter Spitzer 19,00 (23,00)Témoignages contre l’oubli Charles Pieters 15,24 (19,00)Triangles rouges à Auschwitz Claudine Cardon-Hamet 23.00 (27.00)Vers l’extermination - Convoi Buchenwald-Dachau (7-28 avril 1945) François Bertrand 25,00 (30,00)

Plaquette Plaquette 50e anniversaire de la libération «Les cent derniers jours» 3,00 (5,00)

Insigne : 2,30 Euros (3,05) Fanion : 3,00 Euros (3,51) Porte-clefs : 2,30 Euros (3,05)

DVD «L’Atelier de Boris» Film de Christophe Cognet 15,00 (17,20)

DVD «Les camps de concentration nazis 1933-1945» (87 mn-Version française et anglaise) 15,00 (17,20)

CD ROM «Mémoires de la Déportation» 38,11 (41,16)

C D court (4 titres) - F N D I R P 7,62 (9,45)

K 7K 7 «11 avril-l'histoire en questions» 15,24 (18,29)

K 7 «Cinquantenaire de la libération des camps» 18,29 (21,34)

K 7 Histoire de la Résistance Française extérieure et intérieure 1940-19454 époques : 4 époques : 1ère : 1940 / 2e : 1941-1942 / 3e : avril 42 à mai 43 / 4e : juin 1943-8 mai 1945

(la cassette) 18,29 (21,34)Coffret 4 époques 54,88 (60,10)

LITTÉRATURE

EXPOSITION

UN CAMP DE CONCENTRATION HITLÉRIEN : BUCHENWALD 1937-1945 MÉMOIRE

POUR LE PRÉSENT ET L'AVENIR.21 panneaux de 60 x 80 cm.

Pour les tarifs des frais de transport, nous consulter.

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Après Issy les Moulineaux, Montreuil, le Mémorial Maréchal Leclercq de Hauteclocque et de la Libération de Paris-Musée Jean Moulin à Paris, l’exposition est présentée

au Mémorial de l’internement et de la déportation de Compiègne - Camp de Royallieu

du 7 juin au 3 novembre 2008

2 bis avenue des Martyrs de la Liberté - 60200 Compiègnetous les jours, sauf le mardi, de 10 h à 18 h.

LES DESSINS DE THOMAS GEVE

Il n’y a pas d’enfants iciAuschwitz - Gross-Rosen - Buchenwald

Du 7 juin au 3 novembre 2008

Mémorial de l’internement et de la déportationde Compiègne - Camp de Royallieu

Le témoignage unique d’un enfant historien qui raconte l’his-toire d’une barbarie unique : celle de la dictature nazie.

Une oeuvre d’une valeur historique, graphique et d’une di-mension exceptionnelle.