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Volume 48, numéro 14 13 décembre 2012 Bon congé des Fêtes. Et dites adieu à 2012 en regardant la rétrospective illustrée de l’actualité du campus. p8 Les Mayas n’ont jamais prédit la fin du monde. Les chrétiens, par contre... p7 Ski, sapin et verre de vin !

Le Fil 13 décembre 2012

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Journal institutionnel de l'Université Laval

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Page 1: Le Fil 13 décembre 2012

Volume 48, numéro 1413 décembre 2012

Bon congé des Fêtes. Et dites adieu à 2012 en regardant la rétrospective illustrée de l’actualité du campus. p8

Les Mayas n’ont jamais prédit la fin du monde. Les chrétiens, par contre... p7

Ski, sapin et verre de vin !

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2 actualitésen bref

Le journal de la communauté universitaire

Fondé en 1965, Le Fil est un hebdomadaire publié 30 fois par an par la Direction des communications de l’Université Laval et distribué gratuitement sur le campus.

On peut le lire en ligne au www.lefil.ulaval.ca et s’abonner gratuitement à un avis de parution électronique. Écrivez-nous ! Le Fil accueille vos idées avec plaisir.

Les lettres destinées au courrier des lecteurs – 400 mots maximum – doivent nous parvenir au plus tard le vendredi midi précédant la paru-tion, à l’adresse [email protected].

Le contenu de ce journal peut être reproduit à condition de mentionner la source et l’auteur.

RédactionÉditrice : Hélène Côté, directrice des communications

Rédactrice en chef : Mélanie Saint-HilaireJournalistes : Jean Hamann, Renée Larochelle, Yvon Larose Journaliste nouveaux médias : Julie PicardCollaborateurs : Chloé Berger, André-Philippe Drapeau Picard, Martine Frenette, Pascale Guéricolas, Stéphane JobinRédactrice-réviseure : Anne-Marie LapointeSecrétaire à la rédaction et recherchiste photo : Josée Nadeau

ProductionInfographie : Léa Robitaille, Service de reprographie de l’Université LavalImpression : Les Presses du Fleuve, Montmagny (Québec)

Ventes publicitairesÉlisabeth Farinacci 418 656-2131 poste 4618

Dépôt légalBibliothèque nationale du Québec,ISSN 022-1-1965

Pour nous joindre2325, rue de l’Université, local 3108 Québec (Québec) G1V 0A6Téléphone : 418 656-2131 poste 4687

Moins de sous pour la science

Le plan de dépenses 2013-2014 du gouvernement Marois réservait une bien mauva i se surpr i se aux trois fonds de recherche du Québec. Leur budget est réduit de 17 % par rapport à l’année en cours, ce qui représente une compression de 31 M$.

Le Fonds de recherche Nature et technologies (FRQNT) est le plus durement touché avec une coupe de 15 M$, soit 30 % de son bud-get. Le Fonds de recherche Santé (-10 M$) et le Fonds de recherche Société et culture (-6 M$) voient leur bud-get réduit de 13 %. Pendant ce temps , les dépenses des ministères augmenteront, en moyenne, de 1,8 %.

Le conseil d’administration de ces organismes subven-tionnaires s’est engagé à analyser la situation afin d’atténuer les répercus-sions de ces coupes, mais il y aura forcément des contre-coups dans les universités. « Bien que les chercheurs de

Le budget des trois fonds de recherche du Québec est réduit de 17 % par Jean Hamann

l’Université Laval performent très bien dans les programmes des Fonds de recherche du Québec, nous pouvons anti-ciper que les montants qu’ils obtiendront seront réduits en 2013-2014, avance Sophie D’Amours, vice-rectrice à la recherche et à la création. Les répercussions seront plus ou moins grandes, selon la stratégie mise en œuvre par les Fonds pour absorber les réductions. » En 2011-2012, les chercheurs de l’Université ont obtenu 30 M$ de ces trois sources de financement.

L’ampleur des compres-sions budgétaires et le peu de temps pour y réagir préoc-cupent la vice-rectrice. « Les sommes provenant de ces trois organismes sont large-ment utilisées pour soutenir financièrement les étudiants inscrits aux cycles supérieurs. Ça signifie que certains de- vront mettre un terme à leurs études alors que d’autres abandonneront le projet d’entreprendre des études aux cycles supérieurs. »

Même son de cloche du côté de la trentaine de chercheurs en sciences naturelles, génie et technologie qui ont écrit au ministre Pierre Duchesne, le 10 décembre, pour demander le maintien du budget inté-gral du FRQNT. « À court terme, cette coupe toucherait l’emploi du personnel de recherche ainsi que le recrute-ment et les allocations des

étudiants aux cycles supé- rieurs, écrivent les signataires de la lettre, parmi lesquels se trouvent huit chercheurs de l’Université Laval. » Une pétition mise en ligne par ce groupe sur Petitions24.net avait dépassé le cap des 5000 signatures mardi midi.

Sophie D’Amours se dit extrêmement inquiète pour l’avenir de la recherche et de l’innovation au Québec « Les coupes annoncées sont tel-lement importantes qu’elles auront inévitablement des conséquences sur notre com-pétitivité en recherche. »

La vice-rectrice espère que cette décision n’est pas un avant-goût de la place qu’occupera la recherche uni-versitaire dans la Politique nationale de la recherche et de l ’ innovat ion, que le gouvernement prévoit adopter au printemps 2013. « Le Québec doit continuer d ’ invest ir en recherche e t innovat ion , ins i ste - t-elle. C’est une condition de survie dans un monde en pleine mutation où les enjeux sociaux, environne- mentaux et économiques sont grandissants et de plus en plus complexes. »

«Les coupes annoncées auront inévitablement des conséquences sur notre compétitivité en recherche

FonDeuR chouchou

Alex Harvey n’est pas passé inaperçu à la Coupe du monde de ski de fond qui s’est tenue la fin de semaine passée devant les murs de Québec. L’athlète d’élite et étudiant en droit à l’Université a galvanisé la foule venue assister à cette première compétition urba-ine. Et cela, même s’il n’a pas décroché la médaille dont il rêvait. Le voici lors du sprint masculin en équipe, où il a obtenu une cinquième place avec son partenaire Devon Kershaw. La photo a été prise juste avant la chute qui lui a coûté le podium. Alex Harvey n’a pas pu éviter un skieur suédois qui s’était étalé sur la piste. photo Pierre Bonenfant

Un don pour la formation d’infirmières en HaïtiLa Faculté des sciences infirmières a fait don d’environ 100 000 $ en équipements médicaux et pédagogiques ainsi qu’en matériel divers à l’Université Notre Dame d’Haïti, à Port-de-Paix. L’instigatrice de ce don est Ginette Lazure, professeure en sciences infirmières à l’Université Laval. Elle a réuni plusieurs parte-naires, dont Collaboration Santé Internationale et le Fonds haïtien du Vice-rectorat aux études et aux activités internationales. Cette deuxième initiative de la Faculté pour venir en aide à Haïti – l’autre étant survenue en août 2010 – vise à soutenir l’œuvre de sœur Virginie Musac, diplômée de l’Université Laval et fondatrice de la seule faculté des sciences infirmières au pays. La première cohorte d’étudiantes haïtiennes a terminé avec succès sa première année de for-mation dans des conditions pourtant difficiles.

Le recteur s’oppose aux compressions… Par l’entremise de l’Association des diplômés de l’Université Laval, le recteur Denis Brière demande aux diplômés de l’appuyer dans sa démarche auprès des autorités gouvernemen-tales afin qu’elles renoncent aux coupes dra-coniennes dans l’éducation supérieure. Pour signifier leur soutien, les diplômés doivent remplir le formulaire qui se trouve à l’adresse https://profil.dexero.com/profil/ADUL/son-dagedurecteur. Denis Brière souhaite notam-ment utiliser ces noms lors de ses interventions médiatiques. La position de la haute direction de l’Université a notamment été exprimée dans le texte intitulé « Le “dé-financement” chroni-que des universités québécoises » paru dans Le Soleil et Le Devoir du 24 novembre.

… la CADEUL aussiLa Confédération des associations d’étudiants et étudiantes de l’Université Laval (CADEUL) dénonce les coupes budgétaires dans le réseau d’éducation postsecondaire annoncées par le gouvernement du Québec. « Si le gouver-nement va de l’avant avec cette décision, les conséquences sur la qualité de l’enseignement et des services aux étudiants seront catas-trophiques », a déclaré le président Martin Bonneau. Les compressions sont de l’ordre de 17 M$ pour l’année financière en cours. La CADEUL estime le projet irréaliste. Elle pré-vient que cela pourrait compromettre la pos-sibilité de débattre de l’avenir dans un climat serein lors du prochain Sommet sur l’enseigne-ment supérieur.

Empaquetage du matériel pour acheminer à Haïti.

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3actualités

Le vendredi 7 décembre, près de 200 jeunes de 4e et 5e secondaire provenant d’écoles environnantes ont participé à une journée découverte à l’Université. Organisée pour la première fois par le Temple de la renom-mée médicale canadienne et la Faculté de médecine, cette activité avait pour objectif de faire découvrir le monde des sciences de la santé. Au programme : un exposé sur la vie d’un professeur- chercheur de renom, Éric Larose, deux ateliers et une discussion interac-tive avec six professionnels du domaine.

Dès 7 h 20, le premier auto-bus a déposé une dizaine de jeunes. Vendredi ou pas, les élèves étaient au rendez-vous et prêts pour l’aventure. Ils se sont regroupés sagement dans la cafétéria du pavillon Ferdinand-Vandry avant de se diriger vers l’audito-rium. Quelques dignitaires, comme le professeur-cher-cheur Michel G. Bergeron et le doyen Rénald Bergeron, ont alors prononcé les mots de bienvenue. Ensuite, il était temps de suivre les guides, tous des étudiants de la Faculté, pour se rendre à l’un des 11 ateliers.

Dispersés en groupe de 6 à 60 personnes, les jeunes ont pu découvrir plusieurs

Le Partenariat pour les politiques économiques (PEP), un réseau international de chercheurs et d’experts en économie du développement basé au Département d’économique de la Faculté des sciences sociales, a reçu une subvention de près de 9 M$ du gouvernement britannique (UK Aid) et du Centre de recherche pour le développement international (CRDI). Cet octroi reconnaît son suc-cès dans les pays en émergence et son expertise inégalée pour y renforcer les capacités d’analyse scientifique.

La mission du PEP est d’assurer la plus grande participation d’analystes issus des pays du Sud dans les débats autour des politiques économiques et de développement de ces pays, trop souvent dominés par les voix du Nord. Les fonds octroyés serviront à former et parrainer plus de 70 nouvelles équipes de chercheurs, dont près de la moitié pro-viendront de pays à plus faibles revenus ou d’États dits « fragiles » comme l’Afghanistan, le Myanmar ou le Libéria.

Gagner 9 M$, ça change le monde !

Le choix de carrière sous le microscope

La Faculté de médecine organise une première Journée découverte des sciences de la santé pour les élèves du secondairepar Martine Frenette

disciplines. Par exemple, l’atelier intitulé Le corps humain observé au micros-cope a initié une quarantaine d’étudiants à l’histologie. En équipe de deux, ils ont eu le loisir d’observer différents tissus. « C’est vraiment super de voir des neurones, de la moelle épinière ou du cuir chevelu dans un microscope aussi performant ! », se sont exclamées Pascale et Camille, deux élèves de 4e secondaire, ravies du côté interactif de l’atelier.

L’atelier La physiothéra-pie pour retrouver la forme après une blessure a accueilli 45 étudiants. Béatrice, étu-diante en 5e secondaire, en a profité pleinement. « C’est certain que je vais étudier dans le domaine de la santé, même si je ne suis pas cer-taine du programme, a-t-elle dit. La réadaptation m’inté-resse, comme la physiothé-rapie. J’ai trouvé la confé-rence du professeur Larose très intéressante. Il nous a montré qu’on peut avoir une vie personnelle même quand on mène une belle carrière de chercheur. J’ai trouvé ça motivant. »

« La conférence donnée par le professeur Larose était très inspirante, a trouvé éga-lement Pierre, un élève de 4e secondaire. Il parlait avec une telle ardeur qu’il était

impossible de ne pas être touché par son récit ! Il est la preuve que, dans la vie, tu peux accomplir n’importe quoi si tu es prêt à y mettre les efforts. » Depuis longtemps décidé à devenir médecin, l’adolescent a suivi l’ate-lier La simulation pour ap- prendre la médecine, où il a été impressionné par la tech-nologie des simulateurs. Il a aussi apprécié l’atelier Une journée dans la vie d’un méde-cin. « Les échanges m’ont per-mis de m’assurer que cette profession est faite pour moi, conclut-il. Je n’aurais jamais cru que la médecine fami-liale pouvait offrir autant de possibilités, comme travailler à l’urgence, à domicile, en soins palliatifs… »

Certains participants ont profité de l’occasion pour interroger les guides ou les animateurs des ateliers sur leurs études ou le processus d’admission dans leur pro-gramme. Leurs questions

Aujourd’hui ados, demain médecins ou physiothérapeutes? photos Louise Leblanc

étaient sérieuses et réfléchies, prouvant qu’ils avaient une bonne idée des rêves qui les animent. Au dire des jeu-nes, la Journée découverte en sciences de la santé a été amusante, instructive et ins-pirante. Leur choix de car-rière s’est parfois éclairé au fil de la journée.

« Les questionnements sont nombreux chez les jeunes de cet âge, qui font des choix pour leurs études au cégep, affirme le doyen Rénald Bergeron. Une jour-née comme celle-là est l’occa-sion idéale de vérifier leurs intérêts et leur goût. C’était notre première activité avec le Temple de la renommée médicale canadienne, mais pas la dernière. Nous aurons une autre Journée découverte l’an prochain ! » L’Université Laval est le seul établissement francophone à accueillir ce rendez-vous que le Temple organise dans de nom- breuses facultés de médecine au Canada. «Je n’aurais jamais cru que la médecine familiale pouvait offrir autant de possibilités

Pierre Trudel, aspirant médecin

Les recherches du PEP ont mené à l’expansion d’un programme provincial de gratuité scolaire en Chine

Depuis 2002, le Partenariat a formé plus de 500 chercheurs basés dans près de 50 pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Il a assuré un soutien technique et financier à 172 projets d’ana-lyse touchant une grande variété d’enjeux sociaux, économiques et politiques.

Les résultats et recommandations tirés de ces recherches ont d’ailleurs contribué à modifier des décisions politiques dans de nombreux pays. Par exemple, ils ont mené à l’expansion d’un pro-gramme provincial de gratuité scolaire en Chine et à celle d’un réseau de cantines scolaires dans les régions rurales du Sénégal. Au Cameroun, les recommandations des chercheurs du PEP ont per-mis d’établir de nouvelles priorités en matière de santé publique. Elles ont aussi amené le gouverne-ment de l’Uruguay à rectifier un programme d’allo-cations aux plus pauvres et celui de l’Argentine à réévaluer une réforme nationale de l’éducation.

« Nous sommes heureux de constater que tous les efforts de PEP et de notre Département d’éco-nomique sont aujourd’hui récompensés. Il s’agit d’une reconnaissance internationale de l’expertise de la Faculté dans les domaines du développement économique, notamment pour les pays en dévelop-pement. Nous souhaitons que cette initiative soit un premier pas vers d’autres partenariats interna-tionaux d’importance », a souligné le doyen de la Faculté, François Blais.

La gestion du réseau international du PEP, qui compte plus de 9000 membres à ce jour, est cen-tralisée à l’Université Laval, qui collabore avec trois équipes régionales basées au Sénégal, aux Philippines et au Pérou. Plusieurs professeurs du Département d’économique participent aux acti-vités du PEP, dont John Cockburn (directeur), Bernard Decaluwé, Habiba Djebbari, Jean-Yves Duclos et Guy Lacroix.

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4le fil | le 13 décembre 2012actualités

en bref

Noël autour du mondeLa Bibliothèque et la Faculté des sciences de l’éducation organisent une activité de décou-verte des contes de Noël. Petits enfants, appor-tez votre ourson en peluche ! Deux étudiantes en éducation, Corinne Gardy et Carolane Goulet Fontaine, raconteront aux jeunes et moins jeunes de magnifiques contes empreints de magie et de féerie. Elles feront découvrir les traditions et les rites de la fête de Noël autour du monde. Ce sera aussi l’occasion de parcourir la collection de contes de Noël de la Bibliothèque pour le plaisir des yeux et du cœur.

Samedi 15 décembre, de 10 h à 11 h, à la salle Charlotte-Guérette (local 4283) du pavillon Jean-Charles-Bonenfant.

La physique en vedette aux Années lumièreUn outil éducatif basé sur la réalité augmentée pour l’apprentissage de la physique, Parallèle, fera l’objet d’un reportage à l’émission Les années lumière à la radio de Radio-Canada. Ce reportage sera diffusé en janvier ou en février 2013. Dirigé par Sylvie Daniel, professeure du Département des sciences géomatiques, le projet vise à aider les étudiants du collégial à mieux comprendre l’électromagnétisme, une branche réputée difficile de la physique. Ce jeu éducatif adapté pour la tablette tactile iPad2 permet aux étudiants de résoudre un mystère à l’aide d’un simulateur qui recrée le compor-tement de particules chargées se déplaçant dans des champs électriques et magnétiques. L’émission Les années lumière est diffusée le dimanche de 12 h à 14 h à la Première Chaîne de Radio-Canada.

Pour comprendre le déroulement du jeu: www.youtube.com/watch?v=GHwy9pRxOG0

Isoler son logementL’organisme communautaire Vivre en Ville invite les citoyens moins fortunés de la grande région de Québec à profiter d’un service entièrement gratuit permettant de faire isoler et calfeutrer leur demeure gratuitement. En équipe de deux, les intervenants se présentent au domicile avec un sac rempli de produits éco-nomiseurs d’énergie, dont un coupe-bise, des produits de calfeutrage, un seuil de porte, des ampoules fluocompactes ainsi qu’une pomme de douche à débit réduit. Ils déterminent avec le locataire les travaux jugés prioritaires et ils procèdent aux installations. Vivre en Ville est un organisme communautaire qui aide les familles à revenu modeste à réduire leur facture d’énergie. Le programme est financé par le ministère des Ressources naturelles.

Tél. : 418 523-5595 ou 1 888 622-0011

Vulgariser certains docu-ments gouvernementaux dif-ficiles à comprendre, créer des conseils nationaux de la citoyenneté et de la démo-cratie, diffuser une téléréalité sur les mécanismes des ins-titutions démocratiques : les idées ont fusé de toutes parts lors du Forum Démocratie qui s’est tenu les 23 et 24 novembre dans le com-plexe Alphonse-Desjardins-Maurice-Pollack. La rencon-tre a attiré une soixantaine de personnes, en majorité des étudiants. Elle était orga-nisée par la CADEUL, qui regroupe les associations étudiantes de premier cycle de l’Université Laval, et le Forum Jeunesse de la région de la Capitale-Nationale.

« Le Forum Jeunesse nous avait approché avec l’idée de tenir une rencontre de réflexion sur la démocra-tie, rappelle Sophie Blais-Michaud, étudiante au bac-calauréat en psychologie et vice-présidente aux affaires externes de la CADEUL. De notre côté, nous avions remarqué un grand intérêt de la part de nombreux étu-diants de l’Université pour la grève étudiante du prin-temps dernier et ensuite pour les élections générales du 4 septembre. »

Place à la parole citoyenneAprès le cours de politique 101 du printemps érable, le Forum Démocratie a permis aux étudiants de lancer des idées pour l’avenirpar Yvon Larose

En 2012, la démocratie s’est trouvée au cœur de l’actua-lité pendant plusieurs mois. Durant le forum, les partici-pants ont élargi leur réflexion et trouvé de nouvelles pistes d’action, guidés en cela par une brochette de spécia-listes. Parmi ceux-ci, Jean-Paul L’Allier, ancien maire de Québec.

« Les personnes ont notam-ment insisté sur les notions de dialogue entre le citoyen et l ’élu ainsi que sur la démocratie locale, explique Romain Thibaud, étudiant en sciences des religions et vice-président aux commu-nications de la CADEUL. Dans son discours, Jean-Paul L’Allier a parlé des conseils de quartier créés sous son admi-nistration. Il a reconnu que cette forme de microdémo-cratie municipale n’était pas utilisée de façon optimale. »

Selon Romain Thibaud, les élus municipaux ne tien-nent pas toujours compte de la parole citoyenne. Il cite en exemple la récente consultation publique sur le plan de développement urbain du quartier Saint-Roch à Québec. « Plus de 250 citoyens ont participé à cette consultation, indique-t-il. Or plusieurs craignent que la Ville ignore leurs points de

vue. Au forum, il a été recom-mandé de favoriser un dia-logue sain entre citoyens et élus, un rapport de confiance transparent entre eux. »

Durant le forum, on a notamment échangé sur la notion de légitimité et sur le mode de scrutin. « Les parti-cipants ont aussi discuté de la création d’une assemblée constituante pour le Québec avec une participation des citoyens dans sa construction et sa continuité », souligne Romain Thibaud.

Selon lui, l’idée d’une télé-réalité sur les mécanismes des institutions démocrati-ques est dans l’air du temps. « Comme les données publi-ques brutes accessibles aux citoyens et le concept de gouvernement numérique, poursuit- i l . S’ impliquer grâce aux nouvelles techno-logies que sont les médias sociaux, qui focalisent sur des objectifs communs, a été beaucoup évoqué. »

Les invités comprenaient le ministre Bernard Drainville, responsable des réformes démocratiques et de la parti-cipation citoyenne. « Le mi- nistre a été éloquent, raconte Sophie Blais-Michaud. Il se disait prêt à faire des chan-gements. Il disait que les citoyens devaient retrouver le sentiment d’avoir un pouvoir sur leurs institutions démo-cratiques. La société a laissé les choses en plan suffisam-ment longtemps. C’est main-tenant le temps d’avancer. »

Dans les suites à donner au Forum Démocratie, la CADEUL tiendra, fin janvier,

début février, une soirée de type 5 à 7 pour les partici- pants. Elle remettra égale-ment au ministre Drainville un rapport contenant les idées discutées lors du Forum. « Nous avons lancé une grande réflexion que l e s per sonnes peuvent s’approprier », explique Romain Thibaud. Un groupe Facebook permet auss i d’échanger sur le sujet . Plus de 120 internautes en sont membres. «Les personnes ont notamment insisté sur les notions de dialogue entre le citoyen et l’élu

Illustration tirée du livre Noëls du monde.

L’hôtel du Parlement du Québec. photo Jean Gagnon

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5le fil | le 13 décembre 2012 histoire

Le Musée d’art de Joliette contient un objet ancien très particulier : un livre de prières de 264 pages écrit à la main et confectionné au 15e siècle en France. Le livre d’heures à l ’usage de Rouen fait 11 centimètres de large par 18 centimètres de haut. « Ce manuscrit se distingue par sa structure bien définie et sa grande cohérence », affirme Maria Allen Demers, inscrite à la maîtrise en histoire.

Le samedi 1er décembre au pavi l lon Charles-De Koninck, l’étudiante a fait un exposé sur l’ouvrage en question lors d’une journée d’étude sur les livres d’heures manuscrits conservés dans les collections publiques du Québec. « L’ensemble de ce livre est en latin, sauf le calen-drier avec les fêtes des saints et deux prières en français vers le milieu de l’ouvrage,

L’art de la prière au 15e siècleLes livres d’heures manuscrits des collections publiques du Québec nous font entrer dans la culture religieuse de la fin du Moyen Âgepar Yvon Larose

explique Maria Allen Demers. On suppose que ces pages étaient davantage lues. Elles sont plus ornées. On trouve davantage de fleurs dans les marges. »

Une des illustrations les plus intéressantes du livre montre l’évangéliste Luc transcrivant la parole de Dieu. « Le saint est assis près d’une fontaine. Cette eau symbolise la source de vie ainsi que le verbe divin. À l’arrière, les arcades rap-pellent une église. Le bœuf couché aux pieds de Luc est son animal symbolique. » Sous l’image, on peut lire le début d’un extrait en latin de l’Évangile de saint Luc qui signifie « L’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, du nom de Nazareth ».

Les col lect ions publ i -ques québécoises comptent 13 livres d’heures manuscrits.

Ces ouvrages produits par des copistes, ornementistes et enlumineurs ont comme caractéristique commune d’avoir été composés au 15e siècle. Comme l’ensemble des livres d’heures médié-vaux, ceux-ci étaient desti-nés aux fidèles catholiques laïcs. L’Université McGill, à elle seule, en a sept. Huit ont été confectionnés en France, trois en Flandre et deux en Angleterre.

« Ces livres servaient à la prière individuelle, indique Didier Méhu, professeur au Département d’histoire. Ils étaient commandés par des familles assez aisées, par des aristocrates, grands bour-geois ou notables. » Le livre d’heures permettait au laïc de prier jusqu’à huit fois par jour. Il ponctuait la journée.

Selon Didier Méhu, le livre d’heures s’inscrivait dans la volonté de l’Église catholique d’encadrer davantage les fidèles. « Il fait en sorte que la vie quotidienne des fidèles soit plus proche de la vie monacale, explique-t-il. Cela correspond à des demandes des laïcs eux-mêmes. À la fin du Moyen Âge, il y a un engouement à vouloir imiter

les moines, le Christ. D’où le grand succès de ces manus- crits. » À cette époque, la question de croire ou de ne pas croire ne se pose pas. « Tous se définissent comme fidèles. Ce qui distingue les personnes est leur niveau de pratique religieuse. »

Malgré cela, les historiens d’aujourd’hui savent que les livres d’heures étaient d’abord prisés pour leurs images. « On les regardait davantage comme des livres

évangélistes. « Au minimum 3 ou 4 images, et jusqu’à 100 pour les commanditaires les plus riches, précise Didier Méhu. On pouvait faire appel pour cela aux plus grands peintres. »

Le livre d’heures typique contient des psaumes, can-tiques et hymnes à la Vierge, un calendrier permettant de suivre la liturgie au long de l’année, des psaumes péni-tentiels et les Évangiles, ainsi que des offices particuliers. « Plus de la moitié du livre d’heures manuscrit con-tient les heures de la Vierge, indique le professeur. Les psaumes pénitentiels invitent le fidèle à réfléchir sur ses péchés. Quant à l’office des morts, il s’agit d’un ensemble de prières que l’on va réciter pour ses proches décédés, pour faire en sorte que soit raccourci le temps qu’ils pas-sent au purgatoire. »

O b j e t d u p a t r i m o i n e familial, le livre d’heures est légué de génération en génération. « Il devient un lieu de représentation pour la famille, souligne Didier Méhu. On y inscrit la gé- néalogie de la famille à la fin. Parfois, le comman-ditaire se fait représenter aux pieds du Christ ou de la Vierge. Le livre d’heures représente le statut familial. Il est plus important en ce sens que comme support de la prière quotidienne. »

d’images que comme des livres de prières, affirme-t-il. L’analyse des traces d’usure révèle que les pages illus-trées sont plus salies que les celles de textes. Elles étaient donc plus souvent ouvertes. Si les fidèles récitaient une prière par jour, et pas tous les jours, je pense que c’était déjà pas mal. »

Les livres d’heures con-tiennent presque toujours des images montrant, entre autres, la vie du Christ et les

Le livre d’heures à l’usage de Rouen est conservé au Musée d’art de Joliette. À gauche, le calendrier de la seconde moitié de décembre avec les fêtes des saints. À droite, saint Luc transcrivant la parole divine. photo Didier Méhu

Ce livre d’heures, réalisé en Flandre, fait partie de la collection des Jésuites de Montréal. On peut voir, en plus de la Crucifixion, deux blasons de la famille du commanditaire. photo Didier Méhu

«On les regardait davantage comme des livres d’images que comme des livres de prières

Place à la parole citoyenne

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6le fil | le 13 décembre 2012

Sur les concessions à faire aux travailleurs en usine

« Si les entreprises veulent continuer à brasser des affaires dans des pays qui ont de l’allure, qui sont stables et éduqués, elles devront aussi faire des concessions. » Selon Roch Laflamme, les patrons doi-vent mettre de l’eau dans leur vin et arrêter de faire pression sur les travailleurs en usine pour qu’ils rédui-sent leurs conditions de travail. Il estime de toute manière que les pénuries de main-d’œuvre forceront éventuellement les parties patronales à réduire l’am-pleur de leurs demandes.

Sur la retraite numérique chez les personnes âgées

« Chez les personnes âgées, la douleur physique, la dépression, c’est surtout traité par des médicaments. Avec Second Life, nous disposons d’un autre traite-ment possible, d’un moyen d’évasion qui permet de s’éloigner de conditions de vie qui sont tristes, parfois débilitantes, et dans ce cas de figure, on ne devrait pas s’en passer. » Benny Rigaux-Bricmont dirige le projet de recherche Second Life et les aînés. Encore au stade embryonnaire, il devrait permettre de briser l’isolement des personnes âgées en les projetant dans un univers virtuel en trois dimensions.

Sur les mouvements de population entre Québec et Montréal

« On a encore de Québec l’image de la bourgeoisie canadienne-française et d’une ville de fonction-naires, alors qu’en réalité, c’est devenu une ville diversifiée avec une offre culturelle importante. C’est une région qui a considé-rablement changé, et ces mouvements de population ne font que refléter ce nou-veau dynamisme. » Simon Langlois a commenté le dernier Bilan démogra- phique du Québec publié par l’Institut de la statisti-que du Québec. Les don-nées montrent que 3800 Montréalais ont emménagé à Québec en 2010-2011, alors que 3300 personnes ont quitté Québec pour Montréal au cours de cette période.

environnementils ont dit...

Roch Laflamme, directeur du Département des relations industrielles

Le Nouvelliste,4 décembre

Benny Rigaux-Bricmont, professeur au Département de marketing

Le Devoir,5 décembre

Simon Langlois, professeur au Département de sociologie

Le Soleil, 5 décembre

L’année 2012 n’a pas été facile pour les bélugas du Saint-Laurent. Les chercheurs ont recensé 25 cadavres, dont 17 jeunes. Un chiffre « énorme » selon Robert Michaud, fondateur et direc-teur du Groupe de recherche et d’éducation sur les mam-mifères marins (GREMM). De passage sur le campus le 5 décembre, le biologiste a fait le point sur ses recherches lors d’une conférence organi-sée par la Société Provancher.

De 1988 à 2007, chez les jeunes bélugas, le nombre de corps repêchés a oscillé entre zéro et trois annuel-lement. L’année suivante, en raison d’une explosion d’algues rouges neurotoxi-ques, le décompte des vic- times est passé à neuf. En 2010, 10 jeunes bélugas ont été récupérés, un chiffre qui a presque doublé cette année, sans qu’il y ait de traces d’al-gues rouges.

La cause de cette morta-lité demeure inconnue, bien que plusieurs pistes soient

Mortalité record chez le béluga

Les 25 carcasses de ce mammifère trouvées dans le Saint-Laurent cette année préoccupent les chercheurs par André-Philippe Drapeau Picard

explorées par les scientifi-ques. « Oui, les eaux du Saint-Laurent ont été exception-nellement chaudes cet été, mais il n’y a pas d’explication simpliste comme on en lit parfois dans les journaux », prévient Robert Michaud, qui étudie ce genre de cétacé depuis une trentaine d’an-nées. Le biologiste men-tionne la pollution, le stress alimentaire et le dérange-ment par les bateaux comme responsables potentiels.

La mortalité périnatale apparaît particulièrement préoccupante. « Depuis 2010, le nombre de femelles mou-rant juste avant ou après la mise bas semble avoir beau-coup augmenté », s’inquiète-t-il. Un nouveau polluant pourrait être en cause. Au cours des dernières décen-nies, les bélugas ont été aux prises avec les BPC et l’insecticide DDT. Les biop-sies récentes montrent que la présence de ces derniers diminue dans la graisse des bélugas. On a toutefois noté

l’augmentation des polybro-modiphényléthers (PBDE), qu’on utilise comme ignifuges dans les plastiques et les tex-tiles. « Ces composés ont des effets sur la glande thyroïde; on pense qu’ils pourraient engendrer des complications lors des contractions, en plus de nuire au développe-ment du fœtus », explique le biologiste.

Les suivis effectués par le chercheur et ses collègues suggèrent qu’au cours des 20 dernières années, la popu-lation est demeurée stable aux environs de 1100 indivi-dus. « Pourtant, en absence de prédateur, leur nombre devrait augmenter », observe le biologiste. On estime qu’il y a 10 fois moins de bélugas maintenant qu’il y en avait au début du siècle, avant qu’ils soient décimés par la chasse.

Titulaire d’un baccalauréat et d’une maîtrise en biologie de l’Université Laval, Robert Michaud a fondé le GREMM en 1985, deux ans après que le béluga du Saint-Laurent ait été désigné espèce en voie de disparition. Les recherches que le groupe a menées depuis, auxquelles ont participé plusieurs étu-diants de l’Université Laval, ont levé le voile sur de nom-breux aspects de la vie de ce cétacé.

«Depuis 2010, le nombre de femelles mourant juste avant ou après la mise bas semble avoir beaucoup augmenté

La pollution, le stress alimentaire et le dérangement par les bateaux pourraient expliquer le haut taux de mortalité des bélugas dans le Saint-Laurent cet été. photo GREMM

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7le fil | le 13 décembre 2012 société

Q3Robert Mager sur la soi-disant fin du monde selon les Mayas

Si un extra-terrestre découvrait un calendrier terrien ces jours-ci, il ver-rait qu’aucune date ne figure après le 31 décembre. Aux yeux de Robert Mager, professeur à la Faculté de théo-logie et des sciences religieuses, cette situation ressemble beaucoup à celle du calendrier maya qui se termine le 21 décembre 2012. Voici comment une découverte archéologique a canalisé la crainte ancestrale de la fin du monde.

Q Quels sont les éléments communs aux différents épisodes de fin du monde qui traversent l’histoire ?

R Il s’agit d’un mélange de plusieurs choses. D’abord, une angoisse profonde par rapport à l’évolution du monde présent, mais aussi le désir de savoir ce qui va se passer, auquel s’ajoute un imaginaire de fin des temps très profon-dément ancré dans notre civilisation judéo-chrétienne. Cela s’amorce dans les derniers livres de l’Ancien Testament, ceux de Daniel et des Macchabées. À cette époque, deux siècles avant Jésus-Christ environ, les Juifs subissent d’in-tenses persécutions. Dans ce monde qui va mal, ils nourrissent l’espoir qu’une intervention divine va renverser l’ordre du monde et rétablir la justice. Pendant environ trois siècles, la littéra-ture apocalyptique foisonne et décrit de toutes sortes de façons ce que serait cette intervention divine. Cela prend parfois des tournures dramatiques, dont le plus bel exemple est le livre de l’Apocalypse. Le thème de la restauration de la justice domine dans la description de la fin du monde qui ouvre sur un monde nou-veau. Cet imaginaire se développe au fil de l’histoire pour être utilisé à de nom-breuses fins, notamment pour essayer de prédire quand la dernière heure pourrait se produire. Le passage de l’an 1000, au Moyen-âge, a constitué un moment fort. Plus tard, la littérature ésotérique comme celle de Nostradamus reprend ce thème, car elle est toujours à la

recherche d’une vérité enfouie, secrète, détenue par des peuples anciens.

Q Cette idée de fin du monde vieille de 2000 ans semble très contemporaine dans notre coin du monde...

R Elle génère beaucoup de scénarios de film de cataclysme et de fin du monde. C’est le produit d’un imaginaire inquiet, angoissé par l’évolution du monde pré-sent. Cela correspond à une idée très occidentale : une conception du temps linéaire. Dans beaucoup d’autres civi-lisations, le temps est cyclique, conçu autour de la boucle, du recommence-ment. Dans le schème de réincarnation par cycle des hindouistes, par exemple, la vie de chacun se termine pour démar-rer sous une autre forme. Il n’existe donc pas d’idée d’une fin, d’un précipice au bout du chemin, comme en Occident. Dans l’islam, une religion fondée plus tard que le christianisme, la conception de l’au-delà est déjà en place, mais il existe aussi une croyance dans le Jour dernier. Pour les églises chrétiennes, l’idée d’une fin des temps reste très pré-sente. Le Christ revient pour rétablir la justice, même si l’au-delà fait aussi partie du discours de cette religion. On reste donc dans une conception du temps très linéaire, avec un avenir plein d’inconnu devant nous.

Q Qu’est-ce qui distingue cette fin du monde début 21e siècle des autres ver-sions qui l’ont précédée ?

R La fin du monde est maintenant désacralisée. Il s’est produit quelque chose à partir de la guerre froide et de la menace nucléaire qui a matérialisé la possibilité de faire sauter la planète et détruire les conditions de vie des humains. On est entré dans une phase nouvelle. L’avenir n’est plus seulement quelque chose dont on peut s’accom-moder; il est devenu menaçant. À la menace nucléaire a succédé la menace écologique. L’avenir de l’humanité semble remis en question, particuliè-rement au moment où l’idée d’un Dieu bienveillant qui va prévenir ce type de catastrophe perd du terrain en Occident. Les scénarios de fin du monde devien-nent de plus en plus tragiques. Ils fonc-tionnent tout seuls, sans action divine de restauration de la justice. Cela devient une pure catastrophe, dépourvue d’élé-ments positifs. Je pense qu’il y a un lien avec la technologie et la figure de l’ap-prenti sorcier. La sagesse et le bon sens sont-ils à la hauteur de nos possibilités techniques ? Il y a déjà quelques décen-nies, la philosophe allemande Hannah Arendt s’inquiétait que la capacité d’agir de l’humanité se développe beaucoup plus rapidement que sa sagesse… Propos recueillis par Pascale Guéricolas

Mortalité record chez le béluga

De la naissance jusqu’à la mort, notre vie est ponctuée par les rites. Spontanément, on pense aux grands passages de la vie comme le baptême, le mariage et les funérailles. Les rites marquent aussi l’entrée à l’école, les anniversaires, la remise du diplôme de fin d’études ou encore la retraite. Denis Jeffrey va encore plus loin : pour ce professeur à la Faculté des sciences de l’éducation, tous nos comportements sont ritualisés, à compter du moment où nous sautons du lit le matin jusqu’à celui où nous le retrouvons le soir.

« Je vois les rites comme des systèmes de régulation des conduites humaines qui présentent un mode d’emploi pour interagir avec les autres », affirme Denis Jeffrey, qui a prononcé récemment une conférence sur le sujet au pavillon Félix-Antoine-Savard.

Prenons par exemple ce rite « d’interaction sociale » qui consiste à saluer un collègue du bureau le matin. Après l’habituel bonjour, nous ne nous sentons pas obligés de refor-muler notre salutation toutes les fois que nous rencontrons cette personne au cours de la journée. Un sourire ou un petit signe de tête suffira, l’important étant d’établir un contact visuel et de montrer à l’autre que nous l’avons en quelque sorte « reconnu ». Dans d’autres pays, comme en France, il est de mise que les gens se serrent la main en arrivant au bureau le matin. Un individu qui déroge à cette pratique risque d’être pointé du doigt ou, du moins, de créer un malaise au sein du groupe.

« Les rites obligent les personnes à un agir corporel commun, dit Denis Jeffrey. Elles s’y conforment non pas pour être appréciées ou aimées mais plutôt pour qu’on leur rende la pareille, en somme, pour qu’on les respecte à leur tour. Le rite est ce qui fait de nous des êtres humains. »

Les rites encadrent nos interactions sociales et témoignent de notre appartenance commune à l’humanitépar Renée Larochelle

La vie : mode d’emploiDans cette foulée, l’intimidation à l’école

constitue un dérèglement des rites de base qui sont fondés sur le respect de l’autre. Bafoué dans son identité profonde, raillé à cause de son apparence ou même sans aucune raison, l’élève intimidé se voit ravalé au rang des ex- clus de cette microsociété que représente la cour d’école.

La dimension symbolique du rite s’avère très importante. Par exemple, personne ne connaît vraiment le sens profond que revêtent le gâteau et les bougies lors d’une fête d’anniversaire. Par contre, tout le monde sait qu’il s’agit là d’éléments incontournables pour que la fête soit réussie. Sans compter tous ces rites d’accompagnement auprès de ceux qui comptent pour nous, de la parente malade à l’hôpital au petit enfant qui a besoin qu’on lui raconte une histoire avant d’aller dormir. Ils apaisent, ils consolent, ils donnent un sens à la vie.

« Les rites représentent un art de vivre, souligne Denis Jeffrey. Cela s’enseigne et s’apprend. C’est une question d’éducation. » Dans les salles de classe, l’absence de rites peut amener des complications, avance le professeur qui approuve le vouvoiement entre étudiants et professeurs. « Comme dans la vie en général, le vouvoiement instaure une distance, et cette distance peut protéger de l’agressivité de certains », dit-il.

Personne ne connaît le sens profond que revêtent le gâteau et les bougies lors d’un anniversaire, mais il s’agit d’éléments incontournables

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01 9 janVieRL’Université étend l’accès gratuit au réseau Internet sans fil du campus à tous les étudiants.

17 janVieRInauguration du stade TELUS-Université Laval. Le coût de construction de cet équipement sportif régional s’élève à 25 M$. photo Marc Robitaille

02 2 FéVRieRLa Faculté des sciences et de génie lance les célébrations de son 75e anniversaire de création. L’illusionniste Luc Langevin est président d’honneur. photo Marc Robitaille

13 FéVRieRPlus de 500 étudiants amorcent un mou-vement de grève générale illimitée pour s’opposer à l’augmentation des droits de scolarité. D’autres se joindront à eux dans les jours suivants, entraînant la per-turbation de la session d’hiver dans de nombreux départements. Anarchopanda est la mascotte de la manif du 22 mai à Montréal. photo Justin Ling

15 FéVRieRLe Vice-rectorat à la recherche et à la création annonce que les fonds de recher-che ont atteint 276 M$ en 2010-2011.

21 FéVRieRL’Université lance un programme visant à favoriser de saines habitudes de vie chez les membres de sa communauté.

0326 maRsInauguration du Laboratoire de physio- logie intégrative en sciences animales, un complexe de recherche parmi les plus sophistiqués au pays dans le domaine de l’agroalimentaire. Ici, la professionnelle de recherche Julie Nieminen observe des ovocytes bovins au miscroscope. photo Marc Robitaille

29 maRsCinq candidats entrent officiellement dans la course au poste de recteur : François Blais, Denis Brière, Esther Déom, Robert W. Mantha et Marie-Hélène Parizeau.

0412 aVRiLInauguration de l’agrandissement du pavillon Maurice-Pollack et des nouveaux locaux de la Coop Zone. Sont présents le vice-rec-teur exécutif Éric Bauce, les représentants de la Coop Clodel Paquin-Jean et Yves Kogovsek, ainsi que Christiane Piché, sous-ministre adjointe à l’enseignement supérieur. photo Marc Robitaille

17 aVRiLLe Vice-rectorat à la recherche et à la créa-tion souligne le travail des 29 équipes de chercheurs qui ont déposé des brevets en 2011.

18 aVRiLL’Université dépose des prévisions budgé-taires de 579 M$ qui visent le maintien de l’équilibre entre les revenus et les dépenses.

30 aVRiLLa Fondation de l’Université Laval a recueilli 24 M$ en dons dans la dernière année, un sommet depuis sa création il y a 45 ans.

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051er maiDenis Brière est réélu au poste de recteur. photo Marc Robitaille

1er maiLe Département de kinésiologie voit offi-ciellement le jour au sein de la Faculté de médecine. photo PEPS

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30 aVRiLLa Fondation de l’Université Laval a recueilli 24 M$ en dons dans la dernière année, un sommet depuis sa création il y a 45 ans.

069 au 17 juinCollation des grades : l’Université décerne 7958 diplômes aux finissants de l’année universitaire 2011-2012, dont 248 doctorats, 2673 diplô-mes de 2e cycle et 5037 diplômes de 1er cycle. Sept personnalités reçoivent des doctorats honorifiques lors de ces cérémonies. photo Marc Robitaille

0925 sePtembReLe comité conjoint CA-CU sur la gouvernance conclut que la communauté universitaire sou-haite le maintien du Conseil d’administration et du Conseil universitaire dans leur forme actuelle.

26 sePtembReLa vice-rectrice à l’administration et aux finances dépose les états financiers de l’Uni-versité pour l’année 2011-2012. Les revenus de fonctionnement ont atteint 559,1 M$, ce qui a permis de dégager un surplus net de 200 000 $.

29 et 30 sePtembReL’École des langues vivantes profite des Journées de la culture pour lancer les célé-brations entourant son 25e anniversaire de création et les 75 ans du programme de français langue étrangère. Ici, les étudiants de l’été 1943. photo archives

Compilation  : Jean Hamann

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051er maiDenis Brière est réélu au poste de recteur. photo Marc Robitaille

1er maiLe Département de kinésiologie voit offi-ciellement le jour au sein de la Faculté de médecine. photo PEPS

1211 DécembReLe recteur Denis Brière invite les 250 000 diplômés de l’Université Laval à contester les compressions de 121 M$ que le gou-vernement du Québec vient d’imposer aux universités. Au même moment, des cher-cheurs se mobilisent pour demander l’an-nulation des coupes de 17 % au budget des trois fonds de recherche du Québec.

1123 noVembReLe Rouge et Or remporte la Coupe Vanier devant 37 000 personnes à Toronto. Ce titre s’ajoute à la liste des honneurs remportés par les représentants de l’Uni-versité au cours de l’année 2012, soit un titre canadien en golf (H) et des titres québécois en athlétisme (H), badminton (H), cross-country (H), football, golf (H), natation (H), natation combinée et volley-ball (H). photo Yan Doublet

29 et 30 noVembReL’Université est l’hôte de la première des rencontres thématiques qui conduiront au Sommet sur l’enseignement supérieur en février 2013.

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10le fil | le 13 décembre 2012science

Traditionnel, l’arbre de Noël ? C’est le moins que l’on puisse dire. Selon une étude menée par des chercheurs du Centre d’étude de la forêt, le génome des conifères comme le sapin, l’épinette et le pin aurait peu changé depuis 100 millions d’années.

Nathalie Pavy, Betty Pelgas, Jérôme Laroche, Philippe Rigault, Nathalie Isabel et Jean Bousquet ont sondé le génome des conifères (gym-nospermes) et ils l’ont com-paré à celui des plantes à fleurs (angiospermes). Ces deux groupes de plantes ter-restres, qui avaient un an- cêtre commun, ont divergé il y 300 millions d’années.

Les chercheurs ont comparé la macrostructure du génome pour 157 familles de gènes présents à la fois chez les conifères et chez les plantes à

Le très traditionnel arbre de NoëlUne étude révèle que le génome des conifères aurait peu changé depuis 100 millions d’annéespar Jean Hamann

fleurs. « La position et l’ordre de ces gènes nous permettent de jalonner le génome, un peu comme les 18 drapeaux sur un terrain de golf, et d’en étudier la conformation », explique Jean Bousquet.

Le fruit de cette étude, qui vient de paraître dans la revue scientifique BMC Biology, révèle que le génome des conifères semble figé dans le temps depuis au moins 100 millions d’années alors que celui des plantes à fleurs a connu d’importants chambardements pendant la même période. En fait, le génome des conifères compte huit fois plus de mouvements survenus avant 300 millions d’années qu’après cette date. « Ça ne signifie pas qu’il n’y a pas eu de changements à plus petite échelle, notam-ment des mutations dans

les gènes, précise le profes-seur Bousquet. Toutefois, la macrostructure du génome des conifères a été d’une remarquable stabilité au fil des âges. »

Ce relatif immobilisme concorde avec ce que l’on sait de l’évolution de leur

morphologie. « Les fossiles de conifères qui datent de 100 millions d’années ont la même apparence que les conifères contemporains, souligne le chercheur. Leur parure actuelle est celle qu’ils arboraient quand il y avait encore des dinosaures sur Terre. »

Cette grande stabi l i té concorde également avec le faible taux de spéciation des conifères. La planète abrite présentement 800 espèces de gymnospermes, dont 600 espèces de conifères. De leur côté, les plantes à fleurs comptent plus de 400 000 espèces. « Les coni-fères semblent avoir atteint très tôt un équilibre avec leur milieu, constate le cher-cheur. Aujourd’hui encore, sans artifice, ils connaissent du succès sur une grande partie de la planète. À l’op-posé, les plantes à fleurs sont engagées dans une course aux armements pour la sur-vie et la reproduction qui fait peser sur elles de fortes pressions évolutives. »

«La parure actuelle des conifères est celle qu’ils arboraient quand il y avait encore des dinosaures sur Terre

La macrostructure du génome des conifères, comme cette épinette, a été d’une remarquable stabilité au fil des âges. photo Martine Lapointe

La fatigue complique le quotidien des victimes de traumatismes crâniens. À quoi attribuer ce contre-coup ? C’est la question à laquelle répond une étude réalisée par Simon Beaulieu-Bonneau et Charles M. Morin, de l’École de psychologie, qui ont interrogé 22 individus victimes d’un tel choc. Ces personnes avaient toutes subi un traumatisme crânien modéré ou sévère il y a plus d’un an. « La récupération cérébrale se faisant principalement au cours de la première année, nous voulions voir les conséquences à long terme de tels chocs », ex- plique Simon Beaulieu-Bonneau. Les sujets ont rempli des tests visant à documenter leurs habi- tudes de sommeil ainsi que leur penchant à la fati-gue et à la somnolence. « La fatigue est indépen-dante du sommeil, elle est physique ou mentale, alors que la somnolence est plutôt une propension à dormir », précise le chercheur.

Un coup plus dur que prévu

Les victimes de traumatismes crâniens font face à une complication singulière : la fatiguepar Chloé Berger

«L’aide d’un psychologue est primordiale pour mieux gérer les activités

Les sujets ont ensuite passé une nuit au Centre de recherche de l’Institut universitaire en santé men-tale de Québec. Bardés d’électrodes, ils ont dormi sous l’œil attentif des chercheurs et de leurs machi-nes. La science ne connaît donc aucun repos… Les résultats, publiés dans la revue Sleep Medicine, soulignent l’importance de la fa- tigue chez les victimes de traumatismes crâ-niens modérés ou sévères. Par contre, même s’ils rapportaient être davantage affectés par la somnolence dans leur quotidien, les par-ticipants n’étaient pas plus somnolents que des individus sans problèmes médicaux. La somnolence est surtout présente pendant les premiers mois suivant le choc. La fatigue, quant à elle, importune les victimes bien des années plus tard, et ce, même si leurs nuits sont lon-gues et réparatrices. Le journal du sommeil rem-pli par les participants a révélé qu’ils passaient plus de temps au lit que ceux du groupe témoin. Leur journée était aussi rythmée par de longues siestes. Les victimes tentent donc de compen-ser la fatigue ressentie en modifiant leurs habi- tudes de sommeil, constatent les chercheurs. Les approches pharmacologiques pour traiter la fatigue sont peu concluantes chez ces patients déjà très médicamentés. « L’aide d’un psycho-logue est primordiale pour mieux gérer les acti-vités, et la luminothérapie est également très prometteuse », affirme le chercheur Beaulieu-Bonneau. Reste que le degré de fatigue ressen-tie varie beaucoup entre les victimes, ce qui complique la mise en œuvre des traitements. « Un choc crânien modéré ou sévère est un événement ponctuel qui a des conséquences à vie », conclut le chercheur. Comme les causes de cette tendance à la fatigue demeurent encore incer-taines, il est important que la victime et le person-nel soignant collaborent pour envoyer ce problème au tapis.

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11le fil | le 13 décembre 2012 arts

en bref

L’harmonie dans le vent Sous la direction de René Joly, l’Orchestre à vent de la Faculté de musique invite les mélo-manes à son concert de fin de session. Au programme de la soirée : Ouverture Ruslan et Lyudmila de Mikhail Ivanovich Glinka, Cape Horn d’Otto Schwarz, Symphonie no 3 de James Barnes, Sinfonia Hungarica de Jan Van der Roost, Danzon no 2 d’Arturo Márquez et Star Wars Trilogy de John Williams.

Vendredi 14 décembre, à 20 h, à la salle Henri-Gagnon du pavillon Louis-Jacques-Casault. Les billets sont en vente au local 3312 du pavillon Casault et à la porte le soir du concert. Coût d’entrée : 10 $ / 5 $ (étudiant).

Le retour de StarmaniaLa complainte de la serveuse automate, Quand on arrive en ville, Le blues du businessman, Les uns contre les autres, Le monde est stone, Ce soir on danse… Autant de chansons deve-nues des classiques. Créé en 1978 par Luc Plamondon et Michel Berger, l’opéra rock franco-québécois Starmania a fait depuis l’objet de multiples adaptations au Québec et en Europe. Dans un univers hanté par le terrorisme et le totalitarisme, des êtres en mal de vivre tentent de trouver un sens à leur exis-tence. C’est ce que vous propose de découvrir ou de redécouvrir la troupe de théâtre Les Petites terreurs. On promet des chanteurs et chanteuses solides et des chorégraphies bien ficelées. Mise en scène de Philippe Girard.

Jeudi, vendredi, lundi, les 13, 14 et 17 dé- cembre à 20 h. Samedi 15 décembre et di- manche 16 décembre à 14 h. Au Complexe Méduse, 15 $ (étudiant) et 20 $ (général). Réservations : www.lespetitesterreurs.org

Musique de Noël créativeLe groupe de musique contemporaine Erreur de type 27 invite le public à sortir des sentiers battus de la musique traditionnelle du temps des Fêtes. Dans une ambiance cabaret, le pia-niste Matthieu Fortin interprétera deux clas-siques du 20e siècle que sontVingt regards sur l’Enfant-Jésus d’Olivier Messiaen et Little Suite for Christmas de George Crumb. S’ajouteront au programme des œuvres contemporaines pour piano solo, ainsi qu’une création des étudiants de la classe de composition du Conservatoire de musique de Québec.

Samedi 22 décembre, à 20 h, au Musée natio-nal des beaux-arts du Québec. Coût : 15 $, 12 $ (étudiant) et gratuit pour les moins de 12 ans. www.mnba.qc.ca

Le très traditionnel arbre de Noël Disons-le tout de suite : l’exposition que présente Michèle Lorrain à la Galerie des arts visuels est dérou-tante à bien des égards. En l’absence de toute indication sur les œuvres présentées, le visiteur marche un peu sans but, ne sachant trop où diri-ger ses pas. Trois grandes for-ment circulaires réfléchissan-tes, arborant des nuances de noir, là-bas, attirent pourtant son attention. Il s’en appro-che, et son image s’y reflète. On dirait une vitrine. Plus loin, une série d’autres cer-cles sombres comme autant de points noirs sur le blanc éclatant du mur l’interpellent. S’agit-il d’un cycle lunaire, de points de suspension ?

Peu à peu, le mystère s’ins-talle dans cet espace silen-cieux où les murs n’ont pas d’oreilles, mais des yeux. Un regard qui fait qu’on ne peut échapper à soi. Le titre de l’exposition déjà ? Ah oui ! La surface des jours. C’est pour-tant vrai. Ici, tout est en sur-face. En même temps, on sent la profondeur de l’artiste qui, sans rien dévoiler, nous mur-mure des secrets.

Pour démêler l’écheveau, un coup de téléphone à l’artiste s’impose. « Ce que je cherche à faire avec ces grands cer-cles, c’est de tirer la rue dans

Les miroirs noirsL’exposition « La surface des jours » invite le visiteur à une mystérieuse traversée des apparencespar Renée Larochelle

l’espace de la galerie, explique Michèle Lorrain. Je fais réfé-rence à la multitude d’objets réfléchissants présents dans une ville, plus précisément aux grandes vitrines qui sépa-rent à peine les espaces rela-tivement privés des bureaux et l’espace public de la rue. Le nuancier, avec ses couleurs de noir, gris anthracite et gris souris, me permet aussi de jouer avec la lumière et de suggérer une forme de déam-bulation. J’aime ce décalage qui souligne la distance qui s’opère de l’objet réel à son image furtive. »

Bachelière en arts plasti-ques de l’Université Laval, Michèle Lorrain détient également une maîtrise en arts visuels de l’Université du Québec à Montréal. Elle s’intéresse particulièrement à la construction de l’identité et aux facteurs qui contribuent à son émergence.

Ces cercles noirs qu’on trouve à la Galerie des arts visuels sont en fait de petites surfaces peintes intégrées aux cadres d’horloges récupérées. Michèle Lorrain les appelle les « miroirs noirs », cet ins-trument optique dont les peintres se servaient jusqu’au 20e siècle pour « objectiver » la composition d’un tableau.

« À l’origine, le miroir noir était composé d’une plaque de verre sous laquelle on glis-sait une feuille noire, souligne

l’artiste. Les peintres de la Renaissance s’en servaient pour atténuer les nuances et les effets de profondeur d’un paysage. L’image réfléchie faisait ressortir davantage les lignes et les tracés et facilitait le travail de composition. »

Michèle Lorrain dit appré-cier le miroir noir pour son contenu symbolique. « En observant autour de nous, on constate à quel point nous circulons parmi de multiples miroirs noirs, à travers les objets d’utilisation courante qui semblent prolonger notre perspective immédiate ainsi que notre perception du vi-sible », avance-t-elle.

Jusqu’au samedi 22 dé- cembre à la Galerie des arts visuels (local 054) de l’édifice La Fabrique. Heures d’ouverture : de 12 h à 17 h, du mercredi au dimanche. L’artiste Michèle Lorrain dans son atelier. collection personnelle

L’exposition « La surface des jours » à la Galerie des arts visuels. photo Renée Méthot

Le chef d’orchestre René Joly.

«Je fais référence à la multitude d’objets réfléchissants présents dans une ville

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Avis officiel

VŒUX DU NOUVEL AN

ET INVITATION DU RECTEUR

J’ai le plaisir d’inviter les membres du personnel au traditionnel échange de vœux du Nouvel An, le jeudi 10 janvier 2013, de 8 h 30 à 10 h 30, au Grand Salon du pavillon Maurice-Pollack.Mes collègues de la direction et moi-même serons très heureux de vous accueillir à cette rencontre où café, croissants et brioches seront servis.Je souhaite à chacun et chacune d’entre vous de très joyeuses Fêtes. Profitez bien de ce moment de ressourcement et de réjouissances.

Au plaisir de vous revoir en 2013.Le recteur,

Denis Brière

« Comme le temps approchait où Jésus allait être enlevé de ce monde, il prit avec courage la route de Jérusalem. » C’est par ces mots que l’Évangile de l’apôtre saint Luc raconte le commencement de la der-nière étape de vie de Jésus de Nazareth. Ce prédicateur juif itinérant a vécu dans l’Antiquité dans l’espace qui comprend aujourd’hui Israël et la Palestine. Il était consi-déré par plusieurs comme le Messie envoyé par Dieu aux humains pour les sau-ver. Jusque-là, il n’avait prê-ché que loin de la capitale. Il sera arrêté, condamné puis crucifié pendant la fête de la Pâque juive.

« Luc raconte le récit de la Passion de Jésus de manière réconfortante, sereine et lumineuse, explique le pro-fesseur Alain Faucher, spé-cialiste d’exégèse biblique à la Faculté de théologie et de sciences religieuses. On ne se lasse pas de ce récit. C’est une des grandes originalités de Luc. Il nous montre un Jésus

L’évangéliste de la joieSaint Luc relate la Passion de manière réconfortante tout en dépeignant un Jésus très conscient des enjeuxpar Yvon Larose

très conscient des enjeux, qui fait face à son destin et qui reste lui-même jusqu’à la fin. »

Le mardi 27 novembre, Alain Faucher a donné une conférence sur l’Évangile selon saint Luc à l’église Saint-Ambroise de Loretteville. Son auditoire était composé d’une soixantaine de per-sonnes actives en pastorale paroissiale de la région de Québec. Selon lui, le récit de Luc « s’avère toujours aussi invitant et nourrissant pour la foi ».

Luc présente comme un épisode joyeux le moment où Jésus approche de Jérusalem. « On l’acclame comme un roi venant au nom de Dieu, dit-il. Sur son passage, on crie “Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux!”. Un peu comme un écho du chant des anges entendu par les bergers lors de la naissance de Jésus. »

L’Évangile de Luc évoque la joie qui habitait les apôtres. Ce sentiment venait des nom-breux miracles accomplis par Jésus et qu’ils avaient vus. « Ils

Le Christ dans la maison de Marthe et Marie peint par Johannes Vermeer vers 1655.

incarnaient la joie de croire, affirme Alain Faucher. Être joyeux était l’un des signes distinctifs des disciples. Ils étaient très “hop la vie”. »

Les évangélistes Marc et Matthieu mentionnent peu de choses au sujet des marcheurs qui accompagnent Jésus lors de son entrée à Jérusalem. Luc, lui, relate l’échange entre ce dernier et des Juifs très engagés sur le plan reli-gieux. « Des pharisiens vou-laient que Jésus fasse cesser l’exubérance de ses disciples, raconte Alain Faucher. Il leur a répondu: “ S’ils se taisent, les pierres crieront ”. Les apô-tres, dans l’esprit de Luc, c’est du solide. »

La vie de disciple alterne entre contemplat ion et action. Entre se nourrir de la parole de Jésus et agir. « Les deux comportements sont

Soulager, c’est respecter chaque mourant

courrier

Je fais suite à votre article du 6 décembre der-nier, « Soulager n’est pas tuer », sur la confé-rence de l’oncologue belge Catherine Dopchie.

Le plus grand des soulagements en fin de vie, c’est de se sentir respecté jusqu’à sa fin, dans ses valeurs, dans ses croyances, dans son libre-choix. Trois autres médecins belges sont venus en témoigner à l’Université Laval dans les deux dernières années.

Que des mourants veuillent agoniser long-temps, avec plus de douleurs, de souffrances et de pertes, soit. Que d’autres veuillent une agonie pas trop longue et garder le plus possi-ble leur identité, leur intégrité et leur confiden- tialité, soit. Que d’autres encore demandent de façon éclairée et libre une aide médicale active pour terminer leur agonie dénuée de sens et dégradante à leurs yeux, se sentant au bout de leur corps et de leur âme, soit.

La dignité dans le mourir passe par le respect des personnes jusqu’à la fin. Chez les soignants, les bénévoles et les proches, elle s’exprime par la primauté de la personne finissant sa vie, à travers une relation de service inconditionnel et non de domination.

La meilleure façon de mourir sera donc celle qui me respectera dans ma liberté ultime! Accompagné par les personnes que j’aurai choi-sies. « Mourir moins, mourir mieux » me semble être le nouveau paradigme.

Yvon Bureau, travailleur social et consultant pour le Collectif mourir digne et libre

importants, soutient le pro-fesseur. On voit cependant, sur le plan symbolique, ce qui importait le plus à Jésus lors-que, en route vers Jérusalem, il s’arrête chez deux sœurs, Marthe et Marie. La première continue ses occupations, l’autre s’assoit aux pieds du prédicateur pour écou-ter sa parole. Jésus dit alors que Marie fait la chose la plus importante. »

L’Évangile de Luc contient 1 151 versets . Dans ses écrits, celui-ci relie le thème de la joie à celui du salut. « On trouve une annonce constante du salut dans les textes de Luc, souligne Alain Faucher. Fondamentalement, il dit aux fidèles : le salut est proche, que cela vous apporte la joie. »

La miséricorde, c’est-à-dire la pitié qui conduit au pardon, est un autre thème central chez cet évangéliste. Selon le professeur, elle se manifeste de manière « inoubliable » dans la conversation entre Jésus cloué à la croix et le malfaiteur repenti également crucifié près de lui. « Affaibli, immobilisé, impuissant en apparence, dit-il, Jésus exerce sa miséricorde jusqu’à son dernier souffle en faisant entrer dans la maison de Dieu une personne de bonne vo- lonté qui a confiance en lui. »

«Saint Luc dit aux fidèles : le salut est proche

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Fêtez. Partagez. Joyeux Noël!

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Rares sont ceux qui dirigent une chorale à l’âge de 17 ans. Guillaume Boulay l’a fait. « J’ai commencé à chanter dans la chorale d’enfants de la paroisse Sainte-Ursule, à Sainte-Foy, à l’âge de 4 ans. Treize ans plus tard, alors que j’étais toujours choriste, on m’a offert de remplacer la directrice », raconte-t-il. C’est ainsi que commence sa carrière de chef de chœur. Après deux ans passés à la tête de cet ensemble, il dirige la Chorale Famille de

Du chœur à l’ouvrageLe ténor Guillaume Boulay entame des études en pédagogie musicale dans le but de développer une expertise inusitée : l’enseignement de la direction de chœurpar Julie Picard

la même paroisse jusqu’en juin dernier.

La musique a toujours tenu une place importante dans la vie de Guillaume Boulay. À 4 ans, il commençait à jouer du violon. Au secondaire, il prenait des cours privés en chant. Pas étonnant qu’il ait décroché un DEC en chant au Cégep de Sainte-Foy. Ensuite, direction conserva-toire pour un autre diplôme dans cette discipline. Il a entre autres suivi des cours de composition et d’écriture

musicales ainsi que de direc-tion d’orchestre.

Diriger une chorale d’ama-teurs la fin de semaine lui était d’une grande utilité. « J’avais mon instrument à portée de la main ! Ça me permettait de valider et de mettre en pratique tout de suite ce que j’apprenais dans mes cours. En plus, j’obte-nais une rétroaction réelle et presque instantanée », explique-t-il.

Après son passage au Conservatoire de Québec, il est entré à l’Université Laval, en 2010, pour réaliser un baccalauréat en inter-prétation du chant. En plus d’accepter des contrats en tant que chanteur soliste et choriste professionnel, il est devenu auxiliaire d’enseigne-ment dans le cours de Josée Vaillancourt, la professeure

de chant choral à la Faculté de musique. C’est alors que l’idée de poursuivre à la maî-trise a commencé à germer dans la tête du ténor.

« J’ai toujours été un peu showman dans ma v ie , reconnaît-il. Ce que j’aime, c’est être sur scène. Mais le rythme de vie d’un chanteur d’opéra n’est pas facile. Tu es toujours parti. En étant direc-teur de chœur, j’ai quand même le plaisir d’être devant un public. C’est juste que je porte moins de costume et de maquillage ! »

Pendant sa maîtrise en pédagogie musicale avec mémoire, qu’il commencera en 2013, Guillaume Boulay se penchera sur l’enseignement de la technique vocale pour des chorales. Une réalité qu’il connaît bien. « Je veux faire l’inventaire des différentes

grandes techniques d’ensei-gnement qui existent puis élaborer une façon de faire plus complète et rapide. Les choristes amateurs ne font pas partie d’une chorale pour avoir des cours de chant. Ils sont là pour partager leur plaisir de chanter en groupe. »

Le défi du directeur de chœur est imposant. Il doit régler des problèmes d’ordre technique (gestion de la respi-ration, pose de la voix, égalité du timbre, musicalité…) sans que les choristes ne s’en ren-dent vraiment compte. « Par mes recherches, je veux cibler des exercices qui permet-tront aux chefs de chœur de

travailler plusieurs problèmes vocaux en même temps, de synthétiser la théorie le plus clairement et le plus vite pos-sible », poursuit-il.

Le but de Guillaume Boulay est d’enseigner la direction de chœur au cégep ou à l’uni-versité dans quelques années. Cette idée est très récente. Du moins, de ce côté-ci de l’Atlantique. « En Angleterre, la tradition chorale est très avancée par rapport à ce qui se fait ici. Pour l’instant, au Québec, seule l’Université de Sherbrooke offre une maî-trise en direction chorale. »

Même s’il se sent appelé par la direction de chœur, le musicien ne délaissera pas les cours de chant pour autant. « Je ne peux pas arrêter d’uti-liser mon instrument et faire travailler celui des autres! Je me dois de maîtriser ma voix pour que les choristes que je dirige maîtrisent la leur », formule-t-il.

En attendant d’être devant SA classe, Guillaume Boulay continue de s’impliquer en tant qu’auxiliaire d’enseigne-ment à la Faculté de musique en plus d’occuper les fonc-tions de directeur musical à la paroisse Notre-Dame de Québec dans le Vieux-Québec. On lui a récemment annoncé qu’une nouvelle chorale permanente serait formée dans cette paroisse en janvier. Il ne pouvait pas rêver d’un plus beau cadeau de Noël !

Guillaume Boulay chante-t-il dans la douche ? S’il avait la possibilité de se produire avec le chanteur ou la chan-teuse de ses rêves, qui choisirait-il ? Quelles villes du monde l’ont le plus envoûté? Pour connaître les réponses, il faut visiter le blogue de l’auteure ! www.juliesurlecampus. ulaval.ca/le-chant-a-cœur

Guillaume Boulay en train de pratiquer la direction de chœur auprès d’élèves de la Faculté de musique. photo Marc Robitaille «Je veux cibler des exercices qui permettront aux chefs de chœur de travailler plusieurs problèmes vocaux en même temps

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En 1973, Hydro-Québec faisait appel au professeur J. André Fortin, du Département des sciences du bois et de la forêt, pour trouver une façon efficace et peu coûteuse de restaurer le territoire situé au pied du barrage Daniel-Johnson. Cinq ans après l’inauguration de l’ouvrage, les alentours avaient encore des allures lunaires. Le site à reverdir n’avait rien d’un terreau fertile : il était exclusivement constitué de roches pro-venant des détritus du concasseur utilisé pour la fabrication du béton.

Plus tôt la même année, lors d’une visite du site de Bersimis sur la Côte-Nord, le professeur Fortin avait observé la présence

Manic 5 : de la rocaille à la forêtde l’aulne crispé dans les sites qui avaient été perturbés lors des travaux de construction effectués dans les années 1950. Cette observation l’avait conduit à recommander la planta-tion de cet arbuste qui, en raison de ses nodules fixateurs d’azote, est une espèce pionnière dans la succession végétale. Hydro-Québec avait alors produit et planté plusieurs milliers d’aulnes sur le site de Manic 5. Les jeunes plants avaient été placés entre les pierres, sans ajout de fertilisant.

Lors d’une visite effectuée l’été dernier, le professeur Fortin a pu apprécier le résultat de ses recommandations. Une forêt mature de peupliers, âgée de 25 à 30 ans, a succédé aux aulnes

dont on observe encore les vestiges sous le couvert forestier. Des bouleaux à papier et de jeunes épinettes et sapins ont également pris racine sur le site.

« La leçon à tirer de cette expérience écologique grandeur nature, c’est que toute cette végétation s’est développée sans aucun apport de fertilisant, commente J. André Fortin. Les champignons ectomycorhiziens, omniprésents sur les arbres et arbustes de la forêt boréale, produisent des acides orga-niques ayant la capacité de dissoudre les pierres pour en extraire l’ensemble des minéraux essentiels à la croissance des arbres.»

Le site du barrage Daniel-Johnson cinq ans après la construction, puis l’été dernier, couverte d’une forêt mature de peupliers

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Le trou noir de l’histoireÀ trop entendre parler de la Grande Noirceur, les Québécois finiront par croire que leur épopée se résume aux ombres du passépar Renée Larochelle« Malheureusement, trop de Québécois semblent croire que leur passé se résume à une désespérante Grande Noirceur, sans grand intérêt pour le présent et pour l’ave-nir. Grave erreur … » C’est cette phase apparaissant dans l’introduction de L’histoire du Québec pour les nuls, paru récemment aux éditions First, qui a incité Raphaël Gani à réa-gir en prenant la plume. Dans une lettre d’opinion envoyée au journal La Presse et publiée dans la version électronique du 23 novembre, l’étudiant à la maîtrise en histoire reproche à l’auteur du livre, Éric Bédard, de poser un diagnostic sévère sur les Québécois et leur his-toire, sans avoir de preuves à l’appui.

Rappelons l’angle de cet ouvrage présenté comme une « synthèse des faits mar-quants du Québec » : non seulement les Québécois ne s’intéresseraient pas à leur histoire, mais ils auraient aussi intériorisé l’idée qu’avant les années 1960, période de la Révolution tranquille, le passé ne serait qu’un grand trou noir parsemé de dates et d’événements honteux ou inintéressants. En somme, la mémoire collective des Québécois serait entachée de cette Grande Noirceur qui les suivrait comme une ombre maudite.

« À l’instar d’autres his-toriens depuis quelques années, Éric Bédard répète ce diagnostic sous différentes

formes, écrit Raphaël Gani. Or, de quels Québécois parle-t-on ? Quels sont les preuves et le barème pour déter-miner que trop de Québécois ont une mémoire collective atteinte du syndrome de la Grande Noirceur et qu’ils ne s’intéressent pas à l’histoire

Raphaël Gani estime que l’histoire du Québec devrait être enseignée à partir de ce que les jeunes en savent, donc de leur mémoire. « Le profes-seur pourrait demander aux élèves de parler des dates marquantes pour eux et cons- truire son cours autour de ces connaissances, dit-il. Il devrait aussi raconter et expliquer l’histoire le plus rigoureuse-ment possible. »

Lors d’une entrevue télépho-nique accordée au Fil, Raphaël Gani a souligné qu’il aimerait voir se dessiner un portrait plus juste de la mémoire collective des Québécois. Comment ? En les sondant simplement sur ce qui est si- gnificatif pour eux, croit-il. Lui-même effectue présente-ment une recherche sur la mémoire collective des Français, des Américains, des Britanniques et des Canadiens, à travers une vaste enquête regroupant plus de 5 000 par-ticipants. Mais cela est une autre histoire.

«Aucune étude ne confirme que les Québécois se désintéressent de leur histoire

du Québec ? […] Aucune étude empirique ne con-firme l’intuition voulant que la majorité des Québécois se désintéressent de leur histoire. Or, à tant parler d’une Grande Noirceur mémorielle, il n’est pas impossible que les Québécois finissent par le croire. »

Désintéressées par l’histoire, ces participantes à la Saint-Jean ?

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15le fil | le 13 décembre 2012 sports

en bref

Les à-côtés du PEPSConnaissez-vous bien les services de santé qui peuvent vous aider à retrouver ou conserver la forme? Clinique de médecine du sport et physiothérapie, clinique de nutrition, clinique de kinésiologie, massothérapie et acupuncture ainsi que laboratoire orthopédique se trouvent à deux pas de votre lieu de travail ou d’étude. Vous pouvez y consulter des professionnels à prix compétitif. À ces sept services s’ajoute la consultation en activité physique. D’une durée de 90 minutes, cette rencontre est destinée à ceux qui souhaitent faire de l’exercice à la mai-son selon un programme déterminé au préala-ble avec l’entraîneur. Elle est offerte gratuite-ment aux abonnés de la salle d’entraînement.

www.peps.ulaval.ca – onglet Services santé

Forfaits pour le Championnat de volleyballLe stade couvert du PEPS sera le théâtre d’un événement sportif d’envergure au début de mars alors que s’y tiendra le Championnat de volleyball masculin de Sport interuniversitaire canadien. Présentée par Rogers, cette compéti-tion regroupera les huit meilleures formations de volleyball au pays, dont le Rouge et Or, qui a terminé au deuxième rang national en 2012. Les forfaits permettant d’assister aux 11 ren-contres sont disponibles en prévente jusqu’au 10 février au coût de 25 $ pour les étudiants et 40 $ pour les adultes.

Du 1er au 3 mars. Billetterie du Rouge et Or : 418 656-7377.

Location de patinoires au PEPSLe mois de décembre est propice aux festivités et aux activités de groupe. Au PEPS, tous les plateaux sportifs sont accessibles aux étudiants et employés de l’Université de même qu’aux membres de la collectivité régionale. Les pati-noires sont parmi les plus populaires. Chaque année, des groupes d’amis ou des familles se réunissent pour pratiquer leur sport favori. Informez-vous pour connaître les tarifs et horaires, de jour et de soir, en semaine comme la fin de semaine.

Tél. : 418 656-PEPS

Bien que les compétitions universitaires officielles soient interrompues durant les vacances des Fêtes, plusieurs clubs Rouge et Or seront tout de même en action d’ici au retour en classe en janvier.

Rencontres hors concours, compéti-tions non universitaires et camps d’en-traînement sont au programme pour plus d’une demi-douzaine d’équipes, à com-mencer par les deux équipes de basket-ball qui disputeront chacune un tournoi hors concours.

Les filles prendront la direction de la métropole québécoise du 28 au 30 dé- cembre lors d’une compétition organisée par les Citadins de l’UQAM. Les pro-tégées de Linda Marquis affronteront respectivement Ryerson, Ottawa et le Dynamo du Québec, un club formé d’an-ciennes joueuses universitaires.

Du côté masculin, la troupe de Jacques Paiement fils prendra la direction d’Halifax du 29 au 31 décembre afin de prendre part au Rod Shoveller Memorial Tournament, un tournoi regroupant huit formations. Les joueurs du Rouge et Or se frotteront d’entrée de jeu aux Axemen d’Acadia. Le reste de leur parcours dépendra des résultats des rencontres de premier tour. Les Axemen sont pré-sentement classés au deuxième rang du top 10 canadien.

L’équipe masculine de volleyball pren-dra la direction de St. Pete en Floride afin de participer à la Alden Cup du 2 au 5 janvier. Il s’agira d’une occasion unique pour la formation de Pascal Clément de se mesurer à quelques-unes des meil- leures équipes au pays. L’Université Laval affrontera dans l’ordre les Dinos de Calgary, les Marauders de McMaster, classés deuxièmes au Canada, les Bisons du Manitoba, cinquièmes au pays selon le dernier classement de Sport inter- universitaire canadien, et les Gryphons de Guelph.

Pas de repos pour le Rouge et OrPlusieurs équipes seront à pied d’œuvre durant la pause des Fêtespar Stéphane Jobin

La formation féminine ne sera pas en reste. Le groupe d’Alain Pelletier se déplacera d’abord à Montréal le 30 décembre pour y affronter l’équipe classée au deuxième rang canadien, les Spartans de Trinity Western. Puis, le 5 janvier, c’est à Sherbrooke que le Rouge et Or a rendez-vous afin de dis-puter la victoire à une autre puissance de l’Ouest, les Bisons du Manitoba.

Plusieurs clubs profiteront du congé des Fêtes pour participer à des compé-titions non universitaires. C’est notam-ment le cas de l’équipe de ski de fond, qui lancera sa saison les 14 et 15 décembre à Craftbury, au Vermont, avec une com-pétition homologuée par la Fédération internationale de ski. Les skieurs seront de retour sur leurs planches du 3 au 5 janvier, cette fois-ci à Thunder Bay en Ontario, dans le cadre des essais mondiaux U23, une autre épreuve de la Fédération.

Quant à l’équipe de ski alpin du Rouge et Or, elle entamera elle aussi sa saison 2013 dans les prochaines semaines. La formation de l’entraîneur-chef Vincent Lavoie participera à deux épreuves de slalom du circuit provincial de la Super Série Sports Experts, homologuées par la Fédération internationale de ski, les 14 et 15 décembre à Val Saint-Côme.

Deux autres slaloms et deux slaloms géants de la même série sont au pro-gramme du 20 au 23 décembre au mont Tremblant, au mont Blanc et au mont Gabriel, dans les Laurentides. Ces courses devraient être très relevées, puisqu’elles concerneront certains mem-bres des équipes nationales du Canada et des États-Unis, les équipes provin- ciales du Québec et de l’Ontario, de même que la plupart des clubs univer-sitaires de division 1 et de division 2 du nord-est américain de la National Collegiate Athletic Association.

L’équipe de badminton du Rouge et Or enverra une dizaine de représentants à Toronto du 4 au 6 janvier afin de par-ticiper à la quatrième et dernière étape du circuit senior canadien Yonex. Les étudiants-athlètes ont déjà pris part à la deuxième tranche de cette compétition à Montréal, plus tôt cette saison. La jeune sensation du programme de badminton Rouge et Or, Stéphanie Pakenham, a également concouru lors de la troisième tranche, en Saskatchewan.

Finalement, deux clubs seront en camp d’entraînement durant le temps des Fêtes. Une vingtaine de nageurs de l’équipe de natation s’envoleront vers San Luis Potosí au Mexique, afin de peaufiner leur technique avant la dernière ligne droite de la saison. Ils y seront du 30 décembre au 11 janvier. Ce n’est pas un hasard si l’entraîneur-chef Nicholas Perron a choisi San Luis Potosí, puisque cette ville du centre du Mexique est située à 1 860 mètres d’altitude, permettant un entraîne- ment rigoureux.

Enfin, l’équipe d’athlétisme se rendra à Ottawa du 3 au 8 janvier pour y pré-parer la saison 2013. Elle profitera d’une piste intérieure de 400 mètres, la seule du genre au pays. «Les joueuses de volleyball affronteront l’équipe classée au deuxième rang canadien, les Spartans de Trinity Western

L’équipe féminine de volleyball du Rouge et Or. photo Yan Doublet

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16 au fil de la semaine

Contes Érable Orchestra

Vous êtes bien avertis : ces contes ne sont pas pour les enfants. Au nombre de huit, ces récits à saveur enga-gée sont tout droit sortis de l’imagination d’Anaïs Palmers, étudiante en créa-tion littéraire. Ils mettront entre autres en scène une cuiller, un chevreuil, des érables et un petit chat peureux. Entre chacun d’eux, des guitares et des violons se feront entendre, des tam-tams ainsi que des instruments très improba-bles. L’étudiante en musique Clémence Cottinet sera accompagnée pour l’occa-sion par les luthiers Mathieu Bedard, Tom Boissonnet et Grégoire Chelmy.

Jeudi 20 décembre à 20 h, au Tam Tam Café (421, boul. Langelier). Contribution volontaire.

Contes à passer le temps

« Sacatabi, sac-à-tabac, à la porte les ceuses qu’écou-teront pas ! » Ainsi com-mençait chacun des contes du célèbre Jos Violon de l’écrivain Louis Fréchette. Si jamais le cœur vous dit d’entendre des contes urbains joués par des comédiens de la capitale, sachez que commence ce soir la deuxième édition des Contes à passer le temps. La formule est la suivante : cinq contes se déroulant dans cinq quartiers de Québec sont mis en bouche par cinq talentueux auteurs de chez nous et joués par cinq comédiens. En prime, le conte folklorique Rose Latulippe interprété notam-ment par Lise Castonguay et Jacques Leblanc. Cette activité est organisée par le Musée de la civilisation en collaboration avec le Centre du patrimoine vivant.

Du jeudi 13 au samedi 15 décembre à 20 h, à la Maison Chevalier (50, rue du Marché-Champlain). Coût : 20 $. Tél: 418 643-2158.

Tous à l’impro

Une autre soirée pas piquée des vers attend les mordus de la Ligue universitaire d’improvisation vendredi. Il ne faudra pas manquer l’affrontement entre l’équipe des Cœurs et des Carreaux. L’ambiance sera survoltée, on s’en doute, et les envo-lées, surréalistes. À vous de voter pour les performances les plus saisissantes.

Vendredi 14 décembre à 20 h, au Grand Salon du pavillon Alphonse- Desjardins. Coût : 5 $ (étu-diant) et 6 $ (grand public).

Les Vêpres de l’Avent

La musique sacrée fait du bien à l’âme et permet de se recueillir en ces temps agi-tés. Pour une plongée tout en intériorité, rendez-vous à l’église Saint-Dominique dimanche pour y enten-dre l’Ensemble vespéral de Québec chanter des musiques d’André Gouzes, de Palestrina, de Josquin de Prés, de Franz Biebl et de Rimsky-Korsakov. Cet ensemble est formé d’une douzaine de professionnels et vise à promouvoir la connaissance de la musique sacrée et à enrichir la pra-tique liturgique par l’inter-prétation d’un répertoire de qualité. Il explore principa-lement le chant a cappella et en français.

Les dimanches 16 et 23 décembre à 16 h, à l’église Saint-Dominique (171, Grande-Allée Ouest). Entrée gratuite, mais contribution volontaire recommandée.

L’appel des bergers

Voici une comédie musi-cale qui plaira aux petits et grands. Des bergers racon-teront leur long périple tout en s’accompagnant de leur musette, chalumeau, pipeau et tambour. Une histoire de Noël qui nous emportera certainement ailleurs. Avec Jòc, Élise Guay, Mélanie Demers et Liette Remon.

Dimanche 16 décembre à 13 h 30 et à 15 h, à l’audi-torium du Musée national des beaux-arts du Québec. Coût : 8 $ (grand public), 6 $ (étudiant) et gratuit pour les 12 ans et moins.

13/12 15/12 18/1214/12 16/12 20/12

Noël au Trait-Carré

Au cœur de Charlesbourg se cache le Trait-Carré, un bijou de quartier historique en forme d’étoile avec son église Saint-Charles-Borromée, son Moulin des Jésuites et ses coquettes maisons. Comme chaque année, tous sont invités à venir y célébrer un Noël traditionnel grâce à une joyeuse ribambelle d’activités. En entrée, notons les tours de tramway à cheval, un parcours théâtral inti-tulé Souvenirs d’antan sur chemins vivants et un atelier de danse et de chants traditionnels. Et puis, comme plat de résistance, il y aura la prestation du Chœur de l’Uni-versité Laval samedi à 14 h 15, au parc de la Commune, ainsi que la Marche aux flambeaux à 19 h, à l’Auberge de toutes les joies. Dimanche, le Trio Musette donnera un concert de Noël au Moulin des Jésuites à 14 h.

Samedi et dimanche 15 et 16 décembre de 12 h à 19 h, au Trait-Carré de Charlesbourg. La plupart des activités sont gratuites. Pour consulter l’horaire : www.noelautraitcarre.org.

15/12

La guerre de 1812, un conflit inutile ?

Pour tout savoir sur cette guerre britanno-américaine qui fait l’objet d’un regain d’intérêt étant donné son bicentenaire et sa promo-tion par le gouvernement canadien, il faut assister mardi prochain à la confé-rence que donnera l’histo-rien Jacques Lacoursière. En 1812, les Américains déclarent la guerre à la Grande-Bretagne en enva-hissant les territoires cana-diens. Ceux-ci relèvent de l’Empire britannique, mais n’en ont pas moins d’impor-tantes relations culturelles et commerciales avec les États-Unis. Le conflit, qui se termine deux ans plus tard, se déroule surtout dans le Haut-Canada, même si plu-sieurs soldats sont enrôlés à Lacolle et à Châteauguay. Cette activité est présentée par la Société d’histoire de Sainte-Foy.

Mardi 18 décembre à 19 h 30, à la sacristie du parc de la Visitation (801, rue de l’Égli-se). Coût : 5 $

Consultez le calendrier complet des activités sur le campus à ulaval.ca