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La Revue Indépendante des Professionnels du Développement #381 - Lundi 20 Juillet 2020 RDC : L’épidémie d’Ebola n’en finit pas L'Hebdomadaire AVEC LE COVID, LA FAIM DANS LE MONDE VA S'AGGRAVER L'ONU demande 3,6 milliards de dollars supplémentaires 10 millions d'enfants risquent de ne jamais retourner à l'école

Le Journal du Développement #381

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La Revue Indépendante des Professionnels du Développement#381 - Lundi 20 Juillet 2020

RDC : L’épidémie d’Ebola n’en finit pas

L'Hebdomadaire

avec Le covid, La faim dans Le monde va s'aggraver

L'onU demande 3,6 milliards de dollars supplémentaires

10 millions d'enfants risquent de ne jamais retourner à l'école

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Le bilan en afrique

Afrique centrAle (42.902; 857 décès)Burundi (285; 1)Cameroun (16.157; 373)Centrafrique (4.485; 55)Tchad (889; 75) Congo (2.633; 49) RD Congo (8.324; 193) Guinée équatoriale (3.071; 51)Gabon (6.315; 46)Sao Tome & Principe (743; 14)

Afrique l’est (52.998; 1.332 décès)Comores (334; 7)Djibouti (5.003; 56)Erythrée (251; 0)Ethiopie (8.803; 150)Kenya (12.750; 225)Madagascar (6.467; 43)Maurice (343; 10)Rwanda (1.539; 5)Seychelles (108; 0)Somalie (3.111; 93)Soudan du Sud (2.191; 43)Soudan (10.527; 668)Tanzanie (509; 21)Ouganda (1.062; 0)

Afrique du nord (135.534 cas; 5.836 décès)Algérie (22.549; 1.068)Egypte (87.172; 4.251)Libye (1.791; 48)Mauritanie (5.659; 150)

Maroc (17.015; 269)Tunisie (1.348; 50)

Afrique AustrAle (364.073; 5.221 décès)Angola (687; 29)Botswana (416; 1)Eswatini (1.729; 21)Lesotho : (359; 6)Malawi (2.907; 59)Mozambique (1.435; 10)Namibie (1.203; 2)Afrique du Sud (350.879; 4.948)Zambie (2.980; 120)Zimbabwe (1.478; 25)

Afrique de l’ouest (106.066 cas; 1.691 décès)

Bénin (1.602; 31)Burkina Faso (1.052; 53)Cap-Vert (2.014; 21)Côte d’Ivoire (13.912; 91)Gambie (93; 4)Ghana (27.060; 145)Guinée (6.491; 39)Guinée-Bissau (1.927; 26)Liberia (1.088; 70)Mali (2.472; 121)Niger (1.104; 69)Nigeria (36.107; 778)Sénégal (8.669; 163)Sierra Leone (1.701; 65)Togo (774; 15)

Bilan des cas de Covid-19 en Afrique, publié dimanche 19 juillet par le Centre africain de contrôle et de préven-tion des maladies (CDC Afrique).

nombre total de cas : 701.573 nombre total de décès : 14.937

Le bilan dans le monde

Covid-19

La pandémie de coronavirus a fait au moins 601.822 morts dans le monde depuis que le bureau de l’OMS en Chine a fait état de l’apparition de la

maladie fin décembre, selon un bilan établi à partir de sources officielles dimanche à 11h GMT.

Plus de 14.303.420 cas d’infection ont été officiellement diag-nostiqués dans 196 pays et territoires depuis le début de l’épidémie, dont au moins 7.810.200 sont aujourd’hui considérés comme guéris.

Sur la journée de samedi, 5.237 nouveaux décès et 221.954 nouveaux cas ont été recensés dans le monde. Les pays qui ont en-registré le plus de nouveaux décès sont le Brésil avec 921 nouveaux morts, les Etats-Unis (832) et le Mexique (578).

Les Etats-Unis sont le pays le plus touché tant en nombre de morts que de cas, avec 140.120 décès pour 3.711.835 cas recen-

sés, selon le comptage de l’université Johns Hopkins. Au moins 1.122.720 personnes ont été déclarées guéries.

Après les Etats-Unis, les pays les plus touchés sont le Brésil avec 78.772 morts pour 2.074.860 cas, le Royaume-Uni avec 45.273 morts (294.066 cas), le Mexique avec 38.888 morts (338.913 cas), et l’Italie avec 35.042 morts (244.216 cas).

Parmi les pays les plus durement touchés, la Belgique est celui qui déplore le plus grand nombre de morts par rapport à sa population, avec 85 décès pour 100.000 habitants, suivi par le Royaume-Uni (67), l’Espagne (61), l’Italie (58) et la Suède (56).

L’Europe totalisait dimanche à 11h GMT 205.207 décès pour 2.938.771 cas, l’Amérique latine et les Caraïbes 160.866 décès (3.776.927 cas), les Etats-Unis et le Canada 149.002 décès (3.821.830 cas), l’Asie 48.998 décès (2.049.522 cas), le Moyen-Orient 22.642 décès (999.405 cas), l’Afrique 14.956 décès (703.572 cas), et l’Océanie 151 décès (13.397 cas).

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L’O N U c h e r -che 3,6 mil-liards de dol-lars de plus

pour financer son plan de réponse humanitaire mondial à la pandémie de Covid-19 et a mis en garde les pays développés contre “le coût de l’inaction” face au virus dans les contrées pauvres.

“Il y a un risque sérieux de multiples famines en fin d’année et en début d’année prochaine. Nous devons agir maintenant pour empêcher cela”, a souligné Mark Lowcock, secrétaire gé-néral adjoint de l’ONU pour les Affaires humanitaires, lors d’une visioconférence de presse jeudi 16 juillet.

Outre la Somalie, le Soudan du Sud, le Yémen ou le Nigeria, déjà concernés par une sous-alimentation, il a exprimé sa préoccupation à l’égard du Soudan, du Zimbabwe et de Haïti.

En plus de lutter contre l’in-sécurité alimentaire, accentuée par la crise économique provo-quée par la pandémie, les fonds permettraient d’acheter de l’équipement médical pour tes-

L'onU demande 3,6 milliards de dollars supplémentaires

ter et soigner les malades, me- ner des campagnes d’informa-tion et établir des ponts aériens humanitaires avec l’Afrique, l’Asie ou l’Amérique latine.

réaction “très insuffisante”

“Jusqu’à présent, la réac-tion des pays riches (...) à la situation dans d’autres pays a

été très insuffisante”, a déploré Mark Lowcock. “Les problèmes énormes qu’affronte le monde peuvent être gérés avec relative-ment peu d’argent et beaucoup d’imagination”.

Il s’agit du troisième appel aux dons de l’ONU depuis le lancement de son plan le 25 mars. Les Nations unies étaient alors en quête de 2 milliards de

dollars, auxquels ont été ajou-tés début mai 4,7 milliards. La nouvelle demande porte à 10,3 milliards le total voulu par l’ONU.

Depuis mars, seulement 1,7 milliard a été récupéré, a indi-qué Mark Lowcock. Il a évoqué des discussions au Congrès américain et à l’Union europé-enne et déploré que l’aide des pays du Golfe se fasse attendre.

“Nous voulons voir ces pays revenir à ce qu’ils faisaient ces dernières années”, a-t-il dit.

Le responsable s’est inquiété du “risque d’une réduction si- gnificative de l’aide du Royau-me-Uni”. La Chine s’est engagée récemment à consacrer deux milliards de dollars aux pays pauvres et ce serait une bonne chose si une “partie substan-

tielle de ces ressources pouvait soutenir directement” le plan onusien, a-t-il précisé.

risques d’instabilité

Selon une projection de l’ONU et de l’Université britan-nique d’Oxford, 121 millions de personnes supplémentaires pourraient être touchées par l’insécurité alimentaire d’ici décembre si rien n’est fait.

L’inaction, aux conséquen-ces détaillées dans un livret publié par l’ONU, pourrait aussi se traduire par davantage d’instabilité et de conflits entre 2020 et 2022 dans une dou-zaine de pays supplémentaires. Parmi ces Etats figurent le Li-ban, le Sénégal, Belize, la Zam-bie, le Zimbabwe, le Burundi, la Sierra Leone, la Guinée-Bissau ou le Tadjikistan, selon les Na-tions unies.

Dans les pays pauvres, le coût humain pourrait être dévastateur si le virus n’est pas sous contrôle. Il pourrait tuer 1,67 million de personnes dans une trentaine de pays, et l’hos-pitalisation de 2,2 millions de malades pourrait coûter 16,28 milliards de dollars, selon les projections.

des habitants de Lagos, au nigeria, sont formés aux gestes barrières

T E M P S F O R T S

Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a une nouvelle fois dénoncé les politiques de certains Etats en matière de lutte

contre le Covid-19, estimant qu’il n’y aurait, de fait, pas de retour “à l’ancienne normalité” dans un proche avenir.

“Le virus reste l’ennemi public numéro un, mais les actions de nombreux gouvernements et personnes ne le reflètent pas”, a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, au cours d’une conférence de presse virtuelle, lundi 13 juillet.

“Trop de pays prennent le mauvais chemin”, a-t-il jugé.“Les messages contradictoires des dirigeants sapent l’ingrédient

le plus essentiel de toute réponse: la confiance”, a-t-il ajouté, sans citer leurs noms.

Le monde ne va pas revenir à l’“ancienne normalité dans un

Covid-19

avenir prévisible”, a-t-il encore déploré.

Gestes barrières

Le chef de l’OMS a une fois de plus appelé les gouvernements à communiquer clairement avec leurs citoyens et à mettre en place une stratégie globale visant à supprimer la transmission et à sauver des vies, tout en demandant aux populations de suivre les multiples gestes barrières, comme respecter la distance, se laver les mains et porter un masque, et de s’isoler s’ils étaient malades.

“Si les principes élémentaires ne sont pas suivis, cette pandémie ne pourra aller que dans une seule direction. Cela va aller de pire en pire”, a-t-il assuré.

“Je veux être franc avec vous: il n’y aura pas de retour à l’ancienne normalité dans un avenir prévisible”, a souligné le chef de l’OMS.

"Trop de pays prennent le mauvais chemin"

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La faim dans le monde s'aggrave

D’après les der-nières estima-tions, la faim touchait l ’an

dernier environ 690 millions de personnes, soit 8,9% de la population mondiale, peut-on lire dans un rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), rédigé avec le concours du Fonds inter-national pour le développe-ment de l’agriculture (Fida), de l’Unicef, du Programme alimentaire mondial (PAM) et de l’Organisation mondiale de la santé.

Soit 10 millions de personnes de plus qu’en 2018, et 60 mil-lions de plus qu’en 2014.

“Si la tendance se poursuit, on estime que d’ici à 2030, ce nombre dépassera les 840 millions de personnes. Cela si-gnifie clairement que l’objectif (d’éradiquer la faim d’ici à 2030, établi par l’ONU en 2015, ndlr) n’est pas en voie d’être at-teint”, a déclaré Thibault Meil-land, analyste des politiques au sein de la FAO.

Et c’était sans compter le choc sanitaire et économique causé par la pandémie de Covid-19, qui génère des pertes de reve-nus en cascade, renchérit les aliments, perturbe les chaînes d’approvisionnement...

Selon le rapport, la récession mondiale due au nouveau coro-navirus risque de pousser vers la faim entre 83 et 132 millions de personnes supplémentaires.

“Ce sont des hypothèses en-core relativement prudentes, la situation est en pleine évolu-tion”, relève M. Meilland.

L’estimation de la sous-ali-

mentation dans le monde est largement inférieure à celle des précédentes éditions: le rapport de l’an dernier évoquait plus de

820 millions de personnes souf-frant de la faim.

révision des estimations

Mais les chiffres ne peuvent être comparés: l’intégration de données nouvellement ac-cessibles - en particulier is-sues d’enquêtes réalisées par la Chine auprès des ménages du pays - a entraîné la révision de l’ensemble des esti-mations depuis 2000.

“Ce n’est pas une baisse (du nombre de personnes souffrant de sous-alimentation), c’est une révision. Tout a été recalculé sur la base de ces nouveaux chif-fres”, insiste M. Meilland.

“Comme la Chine représente un cinquième de la population mondiale, cette mise à jour a des conséquences importantes sur les chiffres globaux”, pointe l’analyste de la FAO.

“Même si le chiffre global est inférieur”, le constat d’une aug-

mentation de la sous-alimenta-tion depuis 2014 “se confirme”, ajoute-t-il.

Parmi les points d’améliora-

tion, la prévalence du retard de croissance chez les enfants de cinq ans a reculé d’un tiers entre 2000 et 2019, avec aujourd’hui environ 21% des enfants affectés à l’échelle mondiale. Plus de 90% d’entre eux vivent en Asie ou en Afrique.

Mauvaise alimentation

Au-delà de la sous-nutrition, le rapport souligne qu’un nom-bre croissant de personnes “ont dû réduire la quantité et la qualité de la nourriture qu’elles consomment”.

Deux milliards de personnes souffrent ainsi d’“insécurité ali-mentaire”, c’est-à-dire qu’elles n’ont pas régulièrement accès à des aliments nutritifs en qualité et en quantité suffisantes, est-il indiqué.

Elles sont encore davan-tage (3 milliards) à ne pas avoir les moyens de s’offrir une alimentation considérée comme

équilibrée, avec notamment des apports suffisants en fruits et légumes.

“En moyenne, un régime alimentaire sain coûte cinq fois plus cher qu’un régime qui ne répond qu’aux besoins énergé-tiques avec des féculents de base”, rapporte M. Meilland.

Corollaire: l’obésité progres-se tant chez les adultes que chez les enfants.

Les agences spécialisées de l’ONU estiment que si les modes de consommation ali-mentaire n’évoluent pas, leur impact en frais de santé directs et en perte de productivité éco-nomique devrait atteindre les 1.300 milliards de dollars par an d’ici à 2030.

Dans des communiqués sé-parés, plusieurs ONG ont réagi en pressant les autorités de revoir le système alimentaire mondial.

“Si l’on produit à ce jour suffisamment pour nourrir 9 milliards d’individus, cette alimentation est de moins en moins diversifiée, de moins en moins saine, et de moins en moins accessible pour les plus démunis”, déplore le CCFD-Terre solidaire.

“Des milliards de personnes paient le prix de l’échec des politiques menées depuis des décennies”, juge de son côté Hélène Botreau, chargée de plaidoyer à Oxfam France.

Pour le président d’Action contre la faim France, Pierre Micheletti, “il devient impératif de transformer nos systèmes alimentaires pour les rendre durables, résilients et justes, et en finir avec la faim”.

AFP

T E M P S F O R T S

Un enfant souffrant de malnutrition au Yémen

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Près d’un humain sur neuf souffrait de sous-alimentation chronique en 2019, une proportion appelée à s’aggraver en raison de la pandémie de Covid-19, selon un rapport annuel de l’ONU publié lundi 13 juillet.

Covid-19

S’informer avant d’agir

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J usqu’à près de 10 millions d’enfants dans le monde pourraient ne ja-

mais retourner à l’école après le confinement en raison des conséquences économiques de la pan-démie de nouveau corona-virus, a affirmé Save the Children dans un rapport, lundi 13 juillet.

Avant la pandémie, 258 mil-lions d’enfants et adolescents se trouvaient déjà en dehors du système éducatif dans le monde. Jusqu’à 1,6 milliard d’élèves ont dû quitter les cours (de l’école à l’université) à cause de la pandémie, selon le rapport.

“Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, une génération entière d’enfants aura vu son parcours scolaire bouleversé”, souligne Save the Children.

L’association, qui appelle gouvernements et donateurs à agir face à cette “urgence édu-cative mondiale”, estime que

10 millions d'enfants risquent de ne jamais retourner à l'école

jusqu’à près de 9,7 millions d’élèves risquent de quitter les bancs de l’école pour toujours d’ici à la fin de l’année.

Sans soutien, les inégalités qui existent déjà “exploseront entre les riches et les pauvres, et entre les garçons et les filles”, a déclaré Inger Ashing, directrice générale de Save the Children.

Dans 12 pays, principale-ment en Afrique centrale et de l’Ouest, ainsi qu’au Yémen et en Afghanistan, les enfants sont confrontés à un risque “extrêmement fort” de ne pas retourner à l’école après le confinement, particulièrement les filles.

suspendre le remboursement

de la dette

L’association appelle les créanciers commerciaux à sus-pendre le remboursement de la dette des pays pauvres, mesure qui pourrait selon elle per-mettre de débloquer 14 mil-liards de dollars pour investir dans l’éducation.

“Ce serait inadmissible que les ressources dont on a déses-pérément besoin pour mainte-nir en vie l’espoir qu’apporte l’éducation soient utilisées pour rembourser des dettes”, selon la

directrice générale de Save the Children.

“Si nous laissons cette crise de l’éducation se développer, l’impact sur les enfants sera durable”, a-t-elle poursuivi. “La promesse que le monde a faite de garantir à tous les en-fants l’accès à une éducation de qualité d’ici à 2030 sera

retardée de plusieurs années”, a-t-elle ajouté, citant l’objectif fixé par les Nations unies.

L’ONG estime à 77 milliards de dollars la chute des dépen-ses pour l’éducation dans un

scénario budgétaire moyen, dans les pays les plus pauvres dans les 18 mois. Dans le pire scénario où les gouvernements attribueraient les ressources de l’éducation à d’autres domaines pour répondre à la pandémie de Covid-19, le chiffre pour-rait atteindre 192 milliards de dollars.

des enfants dans une école de cotonou, au Bénin

T E M P S F O R T S

Le nombre d’enfants vaccinés dans le monde, qui stag-

nait déjà depuis 10 ans, a baissé de façon alarmante en raison de la pandémie de Covid-19, ont confirmé deux agences de l’ONU, mercredi 15 juillet.

Avant l’apparition du coro-navirus fin 2019, le taux de vaccination DTP3 (diphtérie, tétanos et coqueluche) et rou-geole stagnait déjà à 85%, avec 14 millions d’enfants non vac-cinés par an, essentiellement en Afrique, rappellent l’OMS

Baisse alarmante du taux de vaccination(Organisation mondiale de la santé) et l’Unicef (Fonds des Nations unies pour l’enfance).

La pandémie a eu des réper-cussions sur les campagnes de vaccination dans les trois quarts de 82 pays, selon une étude en ligne réalisée en juin par ces deux agences et l’Alliance pour le vaccin (Gavi).

Le rapport s’inquiète notam-ment de la baisse de vaccination DTP3 sur les quatre premiers mois de l’année, en raison notamment des difficultés de transport, des restrictions en-traînées par la pandémie ou de la peur de la contamination.

Au moins une trentaine de campagnes de vaccination con-tre la rougeole sont menacées à travers le monde, pointent également les agences.

“reprendre les pro-grammes de vaccination

de façon urgente”

“Les vaccins sont l’un des outils les plus puissants de l’histoire de la santé, et plus d’enfants que jamais sont dé-sormais immunisés”, note le di-recteur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus.

“Mais la pandémie menace

ces progrès”, a-t-il souligné, en appelant les pays à assurer la poursuite de leur politique d’immunisation.

“Le Covid-19 a transformé ce qui était autrefois la vacci-nation de routine en un défi inquiétant”, a déclaré pour sa part la directrice exécutive de l’Unicef Henrietta Fore.

“Nous devons reprendre les programmes de vaccination de façon urgente avant que la vie d’enfants ne soit menacée par d’autres maladies. Nous ne pouvons pas échanger une crise sanitaire contre une autre”, a-t-elle dit.

Covid-19

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Antalgiques, corti-coïdes, anesthé-siants mais aussi masques, gants,

lunettes, thermomètres: près de 20 millions de pro-duits pharmaceutiques de contrebande ont été saisis depuis février au Moyen-Orient et en Afrique du Nord lors d’une opération coordonnée par Interpol.

“La pandémie de coronavi-rus a été une opportunité pour les criminels qui ont profité de la forte demande du marché”, relève dans un communiqué l’organisation de coopération policière internationale basée à Lyon.

En 2018, la première phase de cette opération baptisée Qanoon avait abouti à la saisie

Le virus dope le trafic de médicamentsde 1,5 million d’unités de pro-duits médicaux, comparés aux quelque 20 millions saisis cette année du 1er février au 1er avril.

Cela confirme la tendance observée lors d’une opération mondiale conduite par Interpol en mars, appelée Pangea, ajoute l’organisation.

tramadol

L’Irak, la Jordanie, le Ko-weit, la Libye, la Maroc, le Qatar et l’Arabie Saoudite ont par-ticipé à ces saisies dans leurs ports, aéroports, entrepôts, zones franches, pharmacies et autres lieux de vente.

Ainsi, en Irak, plus de 760.000 boîtes de médica-ments, d’une valeur estimée à environ 2 millions de dollars ont

été saisies dans sept containers. Au Koweit, ce sont 10 millions de pilules, principalement de tramadol (antalgique opiacé), qui ont été découvertes.

“Le trafic de tramadol con-cerne de nombreux pays de la région et est mené par des grou-

pes terroristes qui financent ainsi leurs opérations”, souligne Interpol, insistant par ailleurs sur le “danger pour la santé” de ces médicaments de contre-

façon achetés par les personnes les plus vulnérables.

AFP

T E M P S F O R T SCovid-19

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“C’est horrible”, confie un am-bulancier sud-africain, Eu-

gene Muller qui travaille à Port Elizabeth, l’une des principales villes de la région. “Mes gars sont complètement cassés (...). Ils doivent enlever les morts des lits pour faire de la place pour les nouveaux patients” atteints du Covid-19 qu’ils amènent.

“Jamais de toute ma carrière, je n’ai eu à déplacer des corps simplement pour libérer des lits”, soupire Eugene Muller, décrivant des hôpitaux publics à l’agonie.

“Sous-effectifs”

Les hôpitaux de Port Eliza-beth, sous-équipés à cause notamment d’une corruption généralisée pendant la pré-sidence de Jacob Zuma (2009-2018), sont “débordés” par la pandémie, selon le personnel médical.

Ils “sont en sous-effectifs”, ajoute M. Muller, chargé de la flotte des ambulances chez Gardmed, principal ambulan-cier privé de Port Elizabeth.

En vingt ans de carrière, il n’a jamais vu les hôpitaux pu-blics en “si mauvais état”.

Quand les établissements ne peuvent pas accueillir les patients, “on les assoie dans les ambulances” en attendant leur prise en charge, poursuit Dave Gardner, à la tête de Gardmed. L’attente peut s’éterniser jus-

afrique du sud : Les ambulanciers au bord de l'asphyxie

qu’à quatre heures. Thsonono Buyeye, maire

intérimaire de Port Elizabeth, la capitale sud-africaine de l’industrie automobile, recon-

naît que les hôpitaux de la ville “manquent de lits”.

“On essaie de faire de notre mieux”, assure-t-il, soulignant qu’un hôpital de campagne de 1.500 lits, construit à la hâte par le fabricant automobile al-lemand Volkswagen, accueille “un très faible nombre de pa-tients”.

corps entassés

Mais la réalité est qu’“il n’y a pas assez de personnel pour le faire fonctionner”, explique Eugene Muller, qui décrit des corps “entassés” sur le sol dans les deux hôpitaux de la ville spécialisés dans l’accueil des patients du Covid-19. “Le public n’est pas informé et ne voit pas ce qui se passe ici”.

Et pour cause: les proches des patients du Covid-19 et les médias n’ont pas accès aux hôpitaux, officiellement pour des raisons sanitaires afin

d’éviter de nouvelles contami-nations.

Au centre d’appels de Gard-med, la sonnerie des téléphones retentit en permanence. Au bout du fil, souvent des patients désespérés à bout de souffle.

Les yeux épuisés après une nuit de travail, Jeanine Jack-son, une ambulancière de 35 ans, raconte sa macabre décou-verte deux jours plus tôt: trois patients décédés après avoir appelé pour des problèmes respiratoires.

“quand on arrive, la personne est déjà décédée”

“D’habitude, le temps d’arri-ver, on peut au moins les aider avec un respirateur artificiel.

Mais maintenant, quand on arrive, la personne est déjà décédée”, se désespère-t-elle, s’inquiétant des patients qui semblent stables et qui brusque-ment se retrouvent en détresse respiratoire.

Les morgues ont elles aussi du mal à faire face à l’afflux de corps.

Elles étaient “pleines” début juillet dans les hôpitaux publics de Port Elizabeth, reconnaît un porte-parole du ministère provincial de la Santé, Siyanda Manana. Le problème est désor-mais résolu, affirme-t-il.

Dave Gardner, préoccupé par la santé mentale de son personnel, s’inquiète aussi des conséquences financières de la crise sanitaire pour son en-treprise.

Gardmed ne peut facturer les assurances maladie que si les hôpitaux prennent en charge les patients dans les quinze minutes après leur arrivée dans l’établissement.

Un délai impossible à res-pecter actuellement. Du coup, la plupart des déplacements des ambulances se font à perte.

“Je ne pense pas qu’on puis-se tenir encore trois mois”, re-doute Dave Gardner.

Avec une vingtaine de véhi-cules, sa société possède en-viron la moitié du parc privé d’ambulances de Port Elizabeth. La province elle ne dispose que de deux ambulances et de deux bus pour les patients atteints du Covid-19.

T E M P S F O R T S

Un hôpital à Pretoria, en afrique du sud

Dans la province sud-africaine du Cap-Oriental (sud), l’un des épicentres de la pandémie dans le pays, “les hôpitaux n’ont même pas de place pour accepter les malades gravement atteints”, s’indigne Eugene Muller, am-bulancier à Port Elizabeth, l’une des principales villes de la région. Reportage

Covid-19

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Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a décidé diman-che 12 juillet de réimposer un couvre-feu et de suspendre

à nouveau la vente d’alcool face à une recrudescence des cas de coronavirus dans son pays.

“Alors que nous nous dirigeons vers le pic des infections, il est vital que nous ne surchargions pas nos cliniques et nos hôpitaux avec des blessures liées à l’alcool qui auraient pu être évitées”, a déclaré le président dans une allocution télévisée.

Il a noté que 12.000 cas de coronavirus avaient été enregistrés chaque jour ces dernières semaines.

Le chef de l’Etat sud-africain a en conséquence décidé de sus-pendre à nouveau et avec effet immédiat la vente et la distribution d’alcool et, à partir de lundi, de réimposer un couvre-feu de 21h à 4h et d’interdire les visites familiales.

Les restrictions imposées en mars pour tenter d’enrayer l’épidémie de coronavirus dans le pays le plus touché d’Afrique, avaient été en partie levées en mai, dont la vente d’alcool.

Mais “il est désormais établi que la reprise des ventes d’alcool a eu pour résultat d’augmenter substantiellement la pression sur les hôpitaux, y compris les unités de soins intensifs, à cause des accidents de la route, de la violence et des traumatismes liés à l’alcool”, a affirmé le président Ramaphosa.

Plus de 2.000 membres du personnel de santé au Ghana ont été contaminés par le nouveau coronavirus, dont six sont décédés,

depuis le début de la pandémie, ont indiqué les autorités. “Le nombre total d’infections au sein du personnel soignant

est de 2.065”, a déclaré jeudi 16 juillet Patrick Kumah-Aboagye, directeur général des services publiques de santé.

Le Ghana possède l’un des meilleurs taux de dépistage en Afri-que subsaharienne.

afrique du sudcouvre-feu et interdiction de vendre de l'alcool

ghanaPlus de 2.000 soignants infectés par le virus

Covid-19

réouverture des frontières aériennes

le sénéGAl a rouvert ses frontières aériennes mercredi 15 juillet, après quatre mois de fermeture à cause du Covid-19, a indiqué le ministère des Transports aériens.

La reprise des vols internationaux a été accompagnée d’un protocole sanitaire imposant des obligations aux compagnies aériennes volant à destination du Sénégal, selon un document du ministère.

Le passager en partance pour le Sénégal doit par exemple “présenter l’original d’un certificat de test Covid-19 négatif datant de moins de sept jours délivré par un laboratoire agréé” par l’Etat où il a commencé son voyage.

Les frontières terrestres et maritimes du Sénégal restent fer-mées.

le niGer va rouvrir ses frontières aériennes le 1er août, a indiqué le Conseil des ministres, vendredi 17 juillet.

La mesure sera accompagnée de certaines dispositions, précise un communiqué.

Ainsi, les passagers débarquant au Niger devront présenter un test négatif au Covid datant de moins de 72 heures, subir un contrôle de température et “un test Covid rapide et prélèvement nasopharyngé pour PCR à effectuer dès la descente de l’avion”.

Au départ du Niger, les voyageurs devront présenter “un bulletin de PCR Covid-19 négatif datant de moins de 72 heures”, ajoute le communiqué.

Le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique) a indiqué samedi que 40 pays du continent

maintenaient une “fermeture totale” de leurs frontières et que 34 avaient instauré un couvre-feu nocturne, en raison de la pandémie de Covid.

Par ailleurs, sur les 54 Etats membres de l’Union africaine, 36 ont procédé à la fermeture de leurs établissements d’enseignement.

Enfin, 41 pays ont imposé le port du masque dans les lieux publics.

40 pays africains ont fermé leurs frontières

WWW.MSF.CH CCP 12-100-2

DANS L’URGENCE,DONNER LES PREMIERS SOINS

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ethiopie : Le HCR face à un déficit de financement

Le Haut-commis-sariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a

signalé jeudi 16 juillet qu’il enregistrait un déficit de financement critique pour répondre aux besoins des réfugiés en Ethiopie face à la pandémie de Covid-19.

L’agence onusienne n’a reçu que 3,4 millions de dollars sur les 34,7 millions nécessaires pour répondre aux besoins de santé de base, aux fournitures médicales ainsi qu’aux besoins généraux en matière de préven-tion et de traitement du Covid-19 chez les réfugiés en Ethiopie, a-t-elle indiqué dans une note.

“Ce déficit de financement, associé à un retard dans la

livraison des commandes in-ternationales d’équipements de

protection individuelle (EPI),

de médicaments et de fourni-tures médicales, figure parmi

les principaux obstacles entra-

vant les efforts de riposte à la pandémie”, s’est inquiété le HCR.

En juin 2020, l’organisme avait enregistré 766.563 réfu-giés et demandeurs d’asile en Ethiopie.

L’Ethiopie accueille actuelle-ment la deuxième plus grande population de réfugiés en Afri-que, après l’Ouganda. Ceux se trouvant en Ethiopie viennent principalement d’Erythrée, du Soudan du Sud, de Somalie et du Soudan, selon les données du gouvernement éthiopien.

Les conflits et la sécheresse dans les pays voisins continuent de forcer les gens à chercher refuge en Ethiopie, pays qui a une longue tradition d’accueil des réfugiés.

Xinhua

des fournitures offertes par la chine, sur le tarmac de l’aéroport d’addis-abeba

T E M P S F O R T S

Le Fonds monétaire international (FMI) a accepté de décais-ser d’urgence 68 millions de dollars en faveur du Tchad pour

l’aider à faire face à la pandémie de Covid-19, a déclaré le ministre tchadien des Finances et du Budget, Tahir Hamid Nguilin, dans un communiqué de presse publié mardi 14 juillet.

“Le décaissement est attendu d’ici fin juillet”, a précisé M. Nguilin.

En avril 2020, le Conseil d’administration du FMI avait ap-prouvé la demande des autorités tchadiennes de mettre à leur disposition 115 millions de dollars pour répondre aux besoins urgents budgétaires et de balance des paiements résultant de la pandémie.

La Banque mondiale et l’Unicef ont remis jeudi 16 juillet aux autorités nigériennes des fournitures et des équipements

d’une valeur de plus de 3 millions de dollars, dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.

Le don est composé notamment de médicaments et de matériel essentiel nécessaire au traitement des infections.

“Ces fournitures nous permettront de combler les besoins de la riposte sanitaire à la pandémie de Covid-19. Certains équipements permettront également de mieux protéger nos agents de santé qui risquent leurs vies pour nous”, a précisé le ministre nigérien de la Santé, Idi Illiassou Mainassara.

Xinh

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TchadLe fmi va décaisser 68 millions de dollars

nigerLa Bm et l'Unicef offrent du matériel médical

Covid-19

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amérique centrale : epuisés et démunis, les soignants craquent

T E M P S F O R T S

GuAteMAlAAu Guatemala (17 millions d’habitants, 38.000 cas avérés et

1.450 décès), des médecins ont menacé de cesser le travail s’ils continuaient à ne pas être payés et s’ils n’étaient pas dotés de matériel de sécurité sanitaire.

Députés, ombudsman et une organisation de défense des droits de l’homme alertent eux aussi sur la situation catastrophique dans les hôpitaux du pays.

De son côté, le président guatémaltèque Alejandro Giammattei dément que ces établissements soient submergés.

Des images montrent des salles d’hôpitaux saturées et dans l’incapacité de recevoir les malades et des poubelles qui s’amoncellent.

sAlvAdorAu moins 25 médecins et 40 autres personnels soignants sont

morts du coronavirus au Salvador, selon le syndicat des médecins qui a manifesté mardi pour réclamer du matériel de protection.

Encore jeudi, un millier de soignants ont défilé dans la capitale pour exiger des mesures de confinement strictes.

“Nous ne voulons pas encore plus de morts, encore plus de contagion. Nous exigeons la quarantaine, sinon le système de santé va s’effondrer”, a déclaré le Dr Ricardo Monge, l’un des organisateurs.

Le Salvador (6,6 millions d’habitants), comptabilise officielle-ment près de 11.000 cas, dont 298 morts.

HondurAs

Des médecins du nord du Honduras ont menacé d’abandonner leur poste à l’hôpital si le gouvernement n’ordonne pas la ferme-ture des établissements de restauration rapide et les usines pour l’exportation qui constituent des foyers d’infection.

“Nous devons dire que si les ‘maquilas’ (ateliers d’assemblage pour l’exportation - ndlr) ne ferment pas, nous fermons les hôpi-taux”, a averti, au bord des larmes, le vice-président du Conseil

de l’ordre des médecins, le Dr Samuel Santos.Au Honduras (9,3 millions d’habitants), on compte plus de

30.000 cas avérés et plus de 800 décès. Des experts estiment cependant que ces chiffres sont sous-estimés.

Quatre centres de tri des malades ont été improvisés dans le pays, dont l’un au nouveau siège de la présidence. Sans ces instal-lations, les hôpitaux seraient totalement submergés, a reconnu le président hondurien Juan Orlando Hernandez.

Plus d’une douzaine de soignants sont morts du coronavirus, et la porte-parole de la Sécurité sociale à Tegucigalpa a indiqué que, dans un seul hôpital de la capitale, un demi-millier de médecins et infirmières avaient été contaminés.

Des centaines de personnes ont manifesté mercredi pour pro-tester contre la corruption, qui a battu son plein dans les procé-dures d’achat de matériel médical, selon la présidente du Conseil de l’ordre des médecins, le Dr Suyapa Figueroa.

Le gouvernement a payé 47 millions de dollars pour sept hôpitaux de campagne de 400 lits. Deux seulement sont arrivés au port (peut-être incomplets) et sont bloqués en douane, faute de factures.

PAnAMAUne cinquantaine de médecins ont manifesté jeudi devant

l’hôpital Arnulfo Arias Madrid, le plus grand du Panama, pour réclamer du matériel de protection et de dépistage, et l’embauche de soignants.

“Je suis médecin, pas martyr”, “Nous aussi nous tombons ma-lades”, proclamaient des pancartes brandies par les manifestants épuisés par quatre mois de lutte contre le virus.

Jeudi, le pays de quatre millions d’habitants comptabilisait un millier de morts et plus de 50.000 cas avérés. Et les statistiques s’envolent, avec plus de 1.100 cas dépistés quotidiennement.

nicArAGuAAu Nicaragua, c’est le “déni” du gouvernement du président

Daniel Ortega qui est dénoncé par le personnel de santé. Plus d’une quinzaine de médecins de la santé publique ont été

licenciés en pleine pandémie pour avoir critiqué dans deux lettres ouvertes la gestion de la crise par les autorités.

Le Nicaragua est le seul pays d’Amérique centrale à ne pas avoir ordonné de mesures de confinement. Les autorités organisent même des manifestations et des rassemblements, même si elles ont renoncé aux célébrations de masse pour le 41e anniversaire de la révolution sandiniste qui a renversé la dictature des Somoza.

“Il est interdit aux médecins d’écrire Covid-19 sur les certificats de décès. Ils doivent mettre pneumonie atypique ou une autre cause de décès”, selon le Dr Gustavo Mendez, l’un des médecins licenciés.

Le Dr Mendez a décidé, comme beaucoup de ses confrères licenciés, de poursuivre la lutte contre le coronavirus avec les moyens du bord, et a installé une salle de consultation dans sa salle de séjour.

Les statistiques officielles, largement sous-évaluées selon les médecins, faisaient état la semaine dernière de 2.846 cas avérés et 91 décès.

Le président hondurien, Juan orlando Hernandez, a été testé positif au covid

Les protestations de soignants se multiplient en Amérique centrale où les hôpitaux sont au bord de l’effondrement, à l’exception, pour le moment, du Costa Rica.

Covid-19

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enterrement de victimes d’ebola en rdc

rd congo : L'oms se dit inquiète face à la propagation d'ebola

L’O r g a n i s a -tion mondi-ale de la san-té (OMS) a

exprimé son inquiétude devant la propagation rapide de la 11e épidémie d’Ebola qui sévit actuel-lement dans l’Equateur, dans le nord-ouest de la République démocratique du Congo (RDC).

Dans leur bulletin quotidien sur l’épidémie, les autorités sanitaires congolaises ont fait état vendredi d’un cumul de 58 cas, dont 54 confirmés et quatre probables. Au total, on recense 22 décès.

“Rien qu’au cours des trois dernières semaines, 28 cas ont été confirmés”, notait la veille l’OMS.

Les cas confirmés dans la province de l’Equateur ont déjà atteint le nombre total des cas enregistrés lors de la pré-cédente épidémie de 2018 (54 cas, 33 décès).

Zones reculées en forêt

Loin de rester dans les cen-tres urbains, le virus Ebola se répand progressivement. “Il y a des contaminations dans

plusieurs villages”, avance un responsable coutumier, Mor-aliste Nembetwa.

Entre fleuve Congo et forêt, le terrain est difficile d’accès, en pirogue, en hélicoptère ou en 4x4, sur des ponts construits avec des rondins de bois.

Au coeur de cette zone, à l’hôpital de Bikoro, le médecin Serge Ngalebato recense “15 cas confirmés”.

L’épidémie touche “une zone de santé fragile”, énumère-t-il: “En 2018, nous avons eu l’épidémie d’Ebola. En 2020, l’épidémie de rougeole. Au moment où je vous parle, nous avons enregistré cinq cas de poliomyélite”.

Cette nouvelle épidémie a commencé 23 jours avant la fin proclamée de la 10e épidémie d’Ebola, à plus de 1.000 kilo-mètres à l’est, principalement dans la province du Nord-Kivu (est), déstabilisée par des dizaines de groupes armés.

Avec 2.287 décès pour 3.470 cas, ce fut la deuxième épidémie de fièvre Ebola la plus grave de l’histoire, après celle qu’a connue l’Afrique de l’Ouest en 2014-2016 (plus de 11.000 morts).

Les deux épidémies congo-laises n’ont aucune souche virale commune, a indiqué

l’OMS.Il y a en revanche des trans-

ferts d’expériences. Comme

dans l’est, les autorités sani-taires ont ainsi lancé une cam-pagne de vaccination dans la région de Mbandaka.

“On est à plus de 8.000 per-sonnes vaccinées”, se félicite Alhassane Touré, coordonateur de la vaccination. “Toutes les zones de santé affectées ont été couvertes par la vaccination”.

“C’est toujours le même vac-cin Merck déjà utilisé à l’est”, poursuit-il. “On a juste allégé la façon de vacciner pour aller plus vite”.

Manque de financements

“Les cas sont dispersés dans des zones reculées situées dans des forêts tropicales denses. Cela rend la riposte coûteuse, car il est extrêmement difficile de faire parvenir les intervenants et le matériel aux populations touchées. La réponse actuelle à Ebola est également confrontée à un manque de financement”, a expliqué Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.

Pour le Dr Moeti, l’OMS a mobilisé à ce jour 1,75 million de dollars, lesquels ne dureront que quelques semaines tout au

plus. Un soutien supplémen-taire est donc nécessaire pour intensifier rapidement les ef-

forts de l’OMS, des autorités sanitaires de la RDC et de ses partenaires afin de garantir que toutes les communautés touchées bénéficient de ser-vices essentiels, notamment l’éducation à la santé et l’enga-gement communautaire, la vaccination, le dépistage, la recherche des contacts et le traitement.

Des partenaires de la RDC redoutent aussi un nouvel “Ebo-la business” aux conséquences néfastes.

“Nous sommes refroidis avec qui s’est passé à l’est. Tout le monde a été traumatisé par l’afflux d’argent. Cela fait mon-ter les attentes de la part de la population”, avance une source proche des Nations unies, qui cite aussi la convoitise des au-torités locales.

Il y a cette fois-ci une “très grande prudence” des parte-naires et des bailleurs de la RDC, ajoute cette source.

La 11e épidémie en cours en RDC s’est déclarée le 1er juin après qu’un groupe de cas eut été détecté dans la région de Mbandaka. Quelques jours plus tard, l’épidémie s’étendait à six autres zones sanitaires.

Xinhua, AFP

S A N T EAfrique

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Le ministère nigérien de la Santé a lancé lundi 13 juillet une campagne de chimioprévention du paludisme qui cible environ

quatre millions d’enfants âgés de 3 à 59 mois.Couplée au dépistage de la malnutrition, cette campagne va

se dérouler en quatre passages de cinq jours chacun, de juillet à octobre, et couvrira 61 districts sanitaires du pays, a indiqué le ministre de la Santé Idi Illiassou Mainassara. “Il s’agit de compri-més à prendre pendant trois jours”, a-t-il précisé.

Chaque année, le Niger enregistre près de trois millions de cas de paludisme dans ses formations sanitaires avec plus de 3.000 décès.

nigercampagne de prévention du paludisme

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Près de la moitié de la population de la Centrafrique est en situation

d’“insécurité alimentaire aigüe” aggravée par le coronavirus, estime le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) de l’ONU.

“On constate une dégrada-tion importante de la situation alimentaire” depuis un an, dé-plore OCHA dans son dernier bulletin.

Selon OCHA, “2,36 millions de personnes, soit près de la moitié de la population cen-trafricaine, sont en situation d’insécurité alimentaire aigüe”, notamment dans les régions qui comptent la plus grande concentration des quelque

insécurité alimentaire aigüe chez la moitié des centrafricains

684.000 personnes déplacées par les conflits recensées par l’ONU dans tout le pays.

“Besoin sévère d’aide alimentaire”

Cette proportion était de 40% il y a un an, d’après l’ONU. Aujourd’hui, 1,7 million de Cen-trafricains ont même un “be-soin sévère d’aide alimentaire”, précise OCHA, soit plus du tiers de la population.

La dégradation est due avant tout à un “regain des conflits en-tre groupes armés et à la persis-tance des conflits intercommu-nautaires”, note OCHA.

Outre les combats, la situa-tion alimentaire s’est dégradée en raison d’une “faible produc-tion agricole” due au man-que de pluie et à “l’impact de

l’épidémie de Covid-19 sur la sécurité alimentaire”, analyse

OCHA. Hausse des prix due à la raréfaction des denrées, man-que de disponibilité de main

d’oeuvre en sont les principaux effets négatifs.

La Centrafrique a enregistré 4.300 cas de Covid-19 et 53 décès.

A L I M E N T A T I O NAfrique

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Une femme dans un champ de manioc à mbaiki, en centrafrique

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L’actualité par pays

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Le président malien ibrahim Boubacar Keïta

(Suite prochaine page)

mali : La contestation rejette les offres de la médiation ouest-africaine

Menée par l ’ex-p r é s i d e n t n i -g é r i a n G o o d -luck Jonathan,

l’équipe de médiation dépêchée mercredi par la Communau-té économiques des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a de nouveau rencontré vendredi soir le Mouvement du 5-Juin (M5-RFP), l’alliance qui défie le pouvoir dans la rue et qui réclame la démission du prési-dent malien.

“Les propositions de solu-tions de la Mission de la Cédéao ne correspondent absolument pas aux aspirations et attentes exprimées par le M5-RFP et portées par l’écrasante majorité du peuple malien”, a signifié le mouvement dans un communi-qué à l’issue de la réunion qui s’est achevée tard dans la nuit.

Lors de cette réunion, la médiation de la Cédéao qui tente d’empêcher que la crise politique au Mali ne s’aggrave encore et d’éviter une nouvelle effusion de sang, a proposé un plan de sortie de crise en plusieurs points, selon le M5-RFP.

Outre qu’il prévoit expressé-ment le maintien du président Keïta dans ses fonctions, le plan propose aussi une recompo-sition de la Cour constitution-nelle, qui a fait déborder la colère en invalidant une tren-taine de résultats des législa-tives de mars-avril, un réexa-men du contentieux électoral et un gouvernement d’union nationale.

Keïta : La “ligne rouge”

Lors de cette réunion, le M5-RFP a “réitéré ses demandes (...) notamment la démission de M. Ibrahim Boubacar Keïta”, mais la Cédéao a fait savoir que cette démission était “pour elle une ligne rouge”, poursuit le mouvement.

Selon le M5-RFP, les propo-sitions de la médiation “ne tiennent aucunement compte du contexte sociopolitique et des risques majeurs que la gouvernance de Ibrahim Boubacar Keïta fait peser sur l’existence même du Mali en tant que nation, république et démocratie”.

Il regrette aussi qu’elles soient identiques à celles déjà formulées par le chef de l’Etat et qu’il a déjà rejetées.

Dans un climat d’exaspération nourrie depuis des années par l’instabilité sécuritaire, le ma-

rasme économique ou encore une corruption jugée endémi-que, la troisième grande mani-festation le 10 juillet contre le

président IBK à l’appel du M5-RFP a dégénéré en trois jours de troubles sanglants.

D E M O C R A T I S A T I O ND E M O C R A T I S A T I O NAfrique

Le mouvement de contestation au Mali a rejeté samedi un compromis proposé par la médiation ouest-africaine visant à apaiser les tensions et prévoyant le maintien au pouvoir du président Ibrahim Boubacar Keïta.

mali : Le "m5", un mouvement hétéroclite à forte coloration politique

Ce mouvement, égale-ment appelé “M5-RFP” pour “Mouvement du 5

juin - Rassemblement des For- ces patriotiques”, a réussi le tour de force d’unir une dou-zaine de leaders qui parlent désormais d’une seule voix.

Parmi eux figurent d’an-ciens ministres passés dans

l’opposition: le cinéaste en-tré en politique Cheick Ou-mar Sissoko; les trois hommes politiques pur jus Mountaga Tall, Modibo Sidibé et Choguel Maïga, sur la scène depuis plus de 30 ans; l’avocat Mo-hamed Ali Bathily; l’ancien militaire putschiste en 2012 Moussa Sinko Coulibaly; l’ex-

gouverneure de Bamako Sy Kadiatou Sow...

“Vieilles têtes”

Autant de poids lourds qui ont, pour beaucoup, servi sous la présidence de l’actuel chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keïta, dit “IBK”, parfois avant. La plu-

part font partie de la génération de la recomposition politique ayant accompagné la transition démocratique après 1991 et des années de dictature militaire.

“Le M5 regorge de vieilles têtes qui ont servi” dans le système dénoncé par la contes-tation “et qui n’inspirent pas

Une coalition hétéroclite porte la plus large contestation politico-sociale qu’ait connue le Mali depuis le coup d’Etat de 2012. Qui se trouve derrière le mouvement dit “du 5-Juin” qui secoue le pouvoir ?

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gabon : Une femme nommée chef de gouvernement pour la première fois

Le président du Gabon Ali Bongo Ondimba a nom-mé Première mi-

nistre Rose Christiane Os-souka Raponda, première femme à diriger un gou-vernement dans le pays, a annoncé la présidence, jeudi 16 juillet.

Ministre de la Défense de-puis 19 mois, Mme Ossouka Raponda, 56 ans, remplace Julien Nkoghe Bekalé, qui di-rigeait le gouvernement depuis janvier 2019.

“Première femme à occuper la tête du gouvernement gabo-nais”, Mme Ossouka Raponda, “économiste de formation, est diplômée de l’Institut gabonais de l’économie et des finances avec une spécialisation en fi-nances publiques”, précise le cabinet du chef de l’Etat.

“Relance économique”

Mme Ossouka Raponda avait été également la première femme élue maire de la capi-tale Libreville en 2014, avec l’étiquette du parti présidentiel,

le Parti Démocratique Gabonais (PDG), après avoir été ministre

du Budget depuis 2012.Elle aura pour “mission”, en-

tre autres, “d’assurer la relance économique et l’accompagne-ment social nécessaires en raison de la crise mondiale liée à la Covid-19”, indique un communiqué du cabinet de la présidence.

Ce remaniement intervient alors que l’opposition et des personnalités de la société civile s’interrogent à nouveau publiquement sur l’état de santé du président Bongo, affaibli par un AVC qui l’a frappé en octobre 2018.

D E M O C R A T I S A T I O NAfrique

rose christiane ossouka raponda

nécessairement confiance aux populations”, explique Ibrahim Maïga, chercheur à l’Institut d’études de sécurité (ISS) de Bamako.

L’imam rigoriste Mahmoud Dicko, figure extrêmement in-fluente au Mali, dont l’ombre plane au-dessus du mouve-ment, ne fait pas partie du M5.

La coalition a également rassemblé d’autres leaders non affiliés à des partis ou qui n’ont jamais eu de postes à respon-sabilités au sein de l’appareil d’Etat.

Parmi eux: Issa Kaou Djim,

le coordinateur de la plateforme (CMAS) de soutien à l’imam Dicko, le militant anticorrup-tion Clément Dembélé, le leader des jeunes de Kati (dans la ban-lieue de Bamako) Adama Diarra (dit “Ben le Cerveau”), l’imam Oumarou Diarra, les présidents de partis Nouhoum Sarr et Ou-mar Mariko, les syndicalistes Hamadoun Amion Guindo et Sidibé Dedeou Ousmane...

“nombreux débats en interne”

C’est une “coalition hété-roclite à l’écologie très diver-sifiée”, analyse le chercheur Bokar Sangaré, de l’ISS, en no-

tant que “les leaders ne font pas consensus, certains sont même très clivants”.

“Nous nous sommes réu-nis autour d’une même idée fédératrice (la contestation du pouvoir, ndlr) mais il y a de nombreux débats en interne sur le fait qu’on soit aussi affilié à l’imam Dicko, sur la question de la démission d’IBK ou non, sur les compromis possibles”, indiquait fin juin un membre de la direction du mouvement sous couvert d’anonymat.

Les principaux leaders si-gnent tous les communiqués et apparaissent ensemble devant les journalistes pour les confé-rences de presse.

Le mouvement a réuni des milliers de personnes à trois reprises (5 juin, 19 juin, 10 juil-let). La dernière mobilisation a dégénéré en trois jours de troubles civils. Le mouvement en impute la faute au pouvoir. Il est entré en “désobéissance civile” tout en assurant que son action était pacifique.

Plusieurs leaders du mouve-ment ont été arrêtés après les récents troubles, puis relâ-chés.

D’autres ont vu leur domicile visité par des forces de sécurité et se sont terrés dans l’ombre durant quelques jours “pour ne pas être arrêtés”, selon l’un d’eux.

“M5”Suite de la page précédente

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17 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT N° 381 - Lundi 20 Juillet 2020

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sahel : des ong lancent une "coalition citoyenne"

D R O I T S H U M A I N S

Une vingtaine d ’ o r g a n i s a -tions de pays du Sahel ont lancé

jeudi 16 juillet une “coali-tion citoyenne” appelant à faire entendre la voix de la société civile et dépas-ser la réponse purement militaire face à la crise qui touche la région.

“Les moyens militaires n’ont pas permis jusqu’alors d’assurer la protection de toutes les popu-lations sans discrimination et ont même conduit à de nom-breux abus contre des civils. Ils n’apportent pas en eux-mêmes une solution aux conflits du Sahel”, soulignent les organisa-tions dans une déclaration.

Dans cette “Coalition citoy-enne pour le Sahel”, on retrou-ve notamment des organisa-tions de défense des droits de

l’homme, des associations de femmes, des réseaux de juris-tes issus du Mali, du Niger, du Burkina Faso ou encore du Tchad.

Elles sont soutenues par plu-sieurs organisations interna-tionales comme Action contre la Faim (ACF), la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) ou encore Médecins du Monde.

“un cadre collectif informel et inclusif”

“Notre coalition est un cadre collectif informel et inclusif. Nous voulons engager un dia-logue constructif et exigeant avec les dirigeants politiques, les décideurs et d’autres acteurs clés dans la région, notam-ment les forces militaires et de sécurité, ainsi que les acteurs au-delà de la région qui sont

en-gagés dans la Coalition in-ternationale. Nous voulons faire entendre la voix et l’expertise de la société civile, parce que nous sommes convaincus que cela peut permettre de relever de manière plus efficace les défis de sécurité humaine auxquels font face les populations du Sahel, de faire respecter leurs droits fondamentaux et de s’attaquer aux injustices sous-jacentes qui alimentent la crise”, écrivent les ONG.

“compléter l’action des Etats”

Les violences jihadistes, mêlées à des conflits intercom-munautaires, ont fait 4.000 morts au Mali, au Niger et au Burkina l’an dernier, cinq fois plus qu’en 2016, selon l’ONU.

“Cette coalition vient com-pléter l’action des Etats. C’est un

grand vide qui va être comblé au Sahel. C’est important car nous avons vu les limites des actions sécuritaires sur le terrain”, a expliqué le défenseur sénégalais des droits de l’homme Alioune Tine, lors du lancement de l’initiative en vi-sioconférence.

“Il est indispensable de ré-fléchir à un changement d’ap-proche pour quitter le tout-sécuritaire”, a renchéri l’avocat ivoirien Drissa Traoré, vice-pré-sident de la FIDH.

La coalition invite les Etats à redéfinir leur action au Sahel autour de “quatre piliers citoy-ens”: faire de la protection des civils une priorité, créer une stratégie politique globale qui s’attaque aux causes profondes de l’insécurité, répondre aux urgences humanitaires, et lut-ter contre l’impunité et garantir l’accès de tous à la justice.

Le JD avec AFP

Afrique

Premières organisations signataires sahéliennes et ouest-africaines :

Action Mopti, MaliAfrican Security Sector Network (ASSN)Afrikajom Center (think tank ouest-africain basé à Dakar)Association des Juristes Maliennes (AJM), MaliAssociation Malienne des Droits de l’Homme (AMDH), MaliCentre Afrika Obota (CAO), NigerCentre Diocésain de Communication (CDC), Burkina FasoCentre pour la gouvernance démocratique (CGD), Burkina FasoCollectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés

(CISC), Burkina FasoConférence des Eglises de Toute l’Afrique (CETA)Coordination des associations des femmes de l’Azawad (CAFA),

MaliCoordination Nigérienne des ONG et Associations Féminines du

Niger (CONGAFEN), NigerLigue Tchadienne des Droits de l’Homme (LTDH), TchadObservatoire KisalRéseau nigérien pour la gestion non violente des conflits (RE-

GENOVICO), NigerRéseau Panafricain Pour la Paix, la Démocratie et le Développe-

ment (REPPADD), NigerUnion fraternelle des croyants (UFC) Dori, Burkina FasoWathi (think tank ouest-africain basé à Dakar)West Africa Network for Peacebuilding (WANEP) Burkina FasoWest Africa Network for Peacebuilding (WANEP) Mali

West Africa Network for Peacebuilding (WANEP) NigerWomen in Law and Development (WiLDAF), Mali

onG internationales soutenant la coalition citoyenne pour le sahel :

Action Contre la FaimCARE InternationalCenter for Civilians in Conflict (CIVIC)Fédération internationale pour les droits humains (FIDH)Global Centre for the Responsibility to Protect (GCR2P)Médecins du MondeNorwegian Refugee Council (NRC)Open Society European Policy Institute (OSEPI) Oxfam InternationalPlan InternationalPremière Urgence InternationaleSaferworldSecours Islamique France

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niger : rsf déplore "un grave recul" de la liberté de la presse

D R O I T S H U M A I N S

R eporters sans frontières (RSF) a déploré “un grave recul” de

la liberté de la presse au Niger, après deux arresta-tions de journalistes en rai-son de leurs publications sur l’épineuse l’affaire des surfacturations d’achats d’équipements militaires.

“Reporters sans frontières (RSF) condamne ces arresta-tions arbitraires qui constituent un grave recul par rapport aux acquis en faveur de la liberté de la presse observés par le pays ces dernières années”, indique RSF dans un communiqué, jeudi 16 juillet.

Arrêté le 12 juillet, Ali Sou-mana, directeur du journal Le Courrier, a passé deux jours en garde à vue avant d’être remis en liberté, selon l’ONG.

“Fausses informations”

Les autorités accusent Ali Soumana d’avoir “écrit et diffu-sé de fausses informations” dans un article “largement par-tagé sur les réseaux sociaux” sur l’affaire des surfacturations de

matériel militaire à l’armée du Niger, explique l’ONG.

Dans cet article, le journalis-

te annonçait que “les sociétés impliquées dans ces détourne-ments de fonds seraient actuel-lement en train de négocier des remboursements à l’amiable” afin d’éviter “des poursuites ju-diciaires”, note RSF.

Mardi, la justice nigérienne a requis cinq semaines de prison contre Samira Sabou, journalis-te-blogueuse écrouée le 10 juin et jugée pour une plainte pour

“diffamation” déposée par Sani Mahamadou Issoufou, le fils et directeur de cabinet adjoint

du président Mahamadou Is-soufou.

“Un signal inquiétant”

La journaliste avait publié un post sur l’affaire des sur-facturations à l’armée accu-sant un homme d’affaires ni-gérien de “capter les marchés du ministère de la Défense au nom du fils du patron”.

“Ces arrestations de jour-nalistes envoient un signal inquiétant et constituent un grave recul pour la liberté de la presse dans un pays qui avait enregistré des progrès notables dans ce domaine ces dernières années”, estime Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF.

RSF demande “l’abandon des poursuites” contre Ali Soumana et “la libération” de Samira Sa-bou dont le jugement est mis en délibéré au 28 juillet.

Après une progression de neuf places par rapport à l’année 2019, le Niger occupe actuel-lement la 57e position sur 180 pays à l’édition 2020 du Classe-ment mondial de la liberté de la presse établie chaque année par RSF.

L’affaire des surfacturations fait grand bruit au Niger après la diffusion sur les réseaux sociaux d’extraits d’un rapport d’audit sur ces irrégularités.

Les surfacturations et les livraisons non effectuées d’équi-pements militaires ces dernières années ont coûté 32,6 milliards FCFA (50 millions d’euros) à l’Etat du Niger, selon le parquet de Niamey.

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des journalistes au niger

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et jugée pour une plainte pour nom du fils du patron”. de Niamey.

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La Commission d ’ e n q u ê t e d e l’ONU sur le Bu-rundi a appelé

mardi 14 juillet le nouveau gouvernement à “briser le cycle de la violence” et à coopérer avec les Nations unies.

Dans un communiqué, les Commissaires de l’ONU, dont le rapport final sera publié en sep-tembre, ont exhorté le nouveau président burundais Evariste Ndayishimiye à démontrer “sa volonté de changement en co-opérant pleinement” avec les mécanismes internationaux des droits de l’homme, dont la Commission, et à rouvrir le Bu-reau du Haut-commissaire aux droits de l’homme au Burundi.

La Commission de l’ONU est chargée depuis 2016 par le Conseil des droits de l’Homme d’enquêter sur des exactions commises dans le pays, mais le Burundi, dirigé alors par le pré-sident Pierre Nkurunziza, n’a jamais accordé aux enquêteurs l’accès au pays.

Depuis, Pierre Nkurunziza qui avait accepté de passer la main lors des élections de mai dernier est subitement décédé le 8 juin, à l’âge de 55 ans.

La crise politique profonde née en 2015 de la volonté du président Pierre Nkurunziza de se maintenir au pouvoir a fait 1.200 morts et poussé à l’exil quelque 400.000 Burundais.

“la communauté internationale doit rester

vigilante”

Son successeur, Evariste Ndayishimiye a lancé quelques signes d’ouverture à l’intention de la communauté internatio-nale.

La Commission met en garde la communauté internationale “contre un relâchement préma-turé et à tourner la page comme si une élection et une transition politique suffisaient à garantir automatiquement l’améliora-tion de la situation des droits de l’homme à l’avenir”.

Le nouveau chef de la diplo-matie burundaise, Albert Shin-giro, a qualifié le rapport de l’ONU de “creux et fallacieux qui n’a rien à voir avec la réalité du terrain”.

“Il faut plus qu’un nouveau président pour briser le cycle de la violence au Burundi”, ajoute le communiqué de l’ONU, en soulignant que le nouveau gouvernement est “composé

essentiellement de caciques du régime du défunt Président Nkurunziza, dont certains sont

sous le coup de sanctions en raison de leur implication dans de graves violations des droits de l’homme”.

“Cette transition pourrait de-venir une opportunité d’amélio-ration si le gouvernement prend des mesures concrètes pour y remédier. La communauté internationale doit rester vigi-lante”, a souligné le président de la Commission d’enquête sur le Burundi, Doudou Diène.

La Commission rappelle que depuis 2015, les forces de sécu-rité et les membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir

L'onU demande au Burundi de coopérer avec ses instances

CNDD-FDD (Imbonerakure) ont commis des exécutions ex-trajudiciaires, arrêté arbitraire-

ment des personnes et violé, menacé et harcelé ceux qu’ils percevaient comme étant des opposants politiques, avec une impunité quasi totale.

Et “bien qu’aucune violence massive n’ait été documentée, le processus électoral a été ca-ractérisé par l’intolérance poli-tique et de multiples violations des droits de l’homme, avant et pendant la campagne électorale officielle, le jour du scrutin et après l’annonce des résultats officiels des élections”, a relevé Doudou Diène.

AFP

D R O I T S H U M A I N SAfrique

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doudou diène, président de la commission d’enquête de l’onU sur le Burundi

Un policier congolais a été condamné lundi 13 juil-let à la prison à perpétuité pour le meurtre en mai d’un jeune militant pro-démocratie à Beni,

dans l’est de la République démocratique du Congo.

“Nous sommes satisfaits de ce verdict” qui condamne le policier à “la prison à perpétuité” pour “meurtre” de Marcus-Freddy Kam-bale, membre du mouvement Lutte pour le changement (Lucha), a déclaré Me Gina Ivowa, un des avocats des parties civile.

L’Etat congolais, civilement responsable, est condamné à payer 100.000 dollars de dommages-intérêts.

Du côté de la défense “on n’est pas satisfait”, a réagi Me Mum-bere Mbango Jean-Pie, estimant que celui qui avait tiré la balle

rdc : Un policier condamné à perpétuité pour le meurtre d'un militant de Lucha

mortelle “n’a pas été présenté devant le tribunal”. Il a dit son intention “d’interjeter appel” de la décision.

A 22 ans, Marcus-Freddy Kambale a été atteint par “une balle tirée par un agent de la police” le 21 mai à Beni (Nord-Kivu), alors qu’il participait à une “manifestation pacifique” contre l’insécurité dans cette ville, selon Lucha.

Né le 1er mai 2012 à Goma, capitale du Nord-Kivu, ce mouve-ment regroupe des jeunes “indignés” et se définit comme apoli-tique, non violent, mais se décidé à demander des comptes aux décideurs.

Présente aujourd’hui dans plusieurs villes du pays, la Lucha organise régulièrement des manifestations pour faire entendre sa voix.

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cPi : Un jihadiste malien accusé de "crimes inimaginables" à Tombouctou

J U S T I C E

Un jihadiste ma-lien, commis-saire de la po-lice islamique

à Tombouctou, y a com-mis des “crimes inima-ginables” et participé à l’instauration d’un “règne de terreur”, a déclaré mar-di 14 juillet la procureure de la Cour pénale interna-tionale (CPI) Fatou Ben-souda.

Elle s’exprimait lors de l’ouverture du procès d’Al Has-san Ag Abdoul Aziz Ag Mo-hamed Ag Mahmoud, poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, viols et es-clavage sexuel commis dans le contexte de mariages forcés, et de destruction de mausolées à Tombouctou.

Agé de 42 ans, il est notam-ment accusé d’avoir contribué en 2012 et 2013 à la démolition du patrimoine culturel dans cette ville du nord-ouest du Mali, mais aussi de torture.

Un procès “tant attendu”

Membre selon l’accusation d’Ansar Dine, un des groupes armés jihadistes qui ont pris en mars-avril 2012 le contrôle de la vaste région du nord du Mali, il a été remis en avril 2018 par les autorités maliennes à la CPI, basée à La Haye.

“Aujourd’hui commence le procès tant attendu de crimes inimaginables qui ont été com-

mis au Mali”, a déclaré la pro-cureure devant la Cour.

L’accusé “a été impliqué dans les violences et les tortures imposées à la population”, a poursuivi Mme Bensouda.

Il s’agit d’une figure clé de la police islamique et du système judiciaire que les jihadistes avaient instauré dans le nord du Mali en 2012, a-t-elle ajouté.

Tombouctou, “la perle du

désert, où la population vivait en paix depuis des années, a été soumise à leur diktat” et a “subi leur tyrannie”, a affirmé l’accusation.

Al Hassan a lui-même procé-dé à des arrestations, mené des enquêtes au cours desquelles des suspects ont été torturés, et “participait personnellement à la mise en oeuvre de châtiments

corporels”, a déclaré Mme Bensouda.

“répression cruelle et brutale”

L’accusation a informé la Cour qu’elle montrerait au cours du procès une vidéo dans laquelle la main d’un homme est amputée sur une place sous les yeux de la population de

Tombouctou.“Al Hassan était bien cons-

cient et impliqué dans cette répression cruelle et brutale”, a souligné la procureure.

Les membres de la police islamique sont également accu-sés d’avoir forcé des femmes et des filles à épouser certains d’entre eux.

“Ce sont les femmes et les

filles de Tombouctou qui ont été le plus ciblées et qui ont le plus souffert”, a affirmé Mme Ben-souda, expliquant que certaines victimes avaient été violées à plusieurs reprises, parfois de manière collective.

Al Hassan apparaît égale-ment dans une vidéo comme étant “personnellement impli-qué” dans la flagellation de femmes accusées d’adultère, selon la procureure.

La défense et les représen-tants légaux des victimes pro-nonceront leurs déclarations à une date ultérieure, une fois que les preuves de l’accusation au-ront été présentées aux juges.

Sous le joug jihadiste, une vague de destructions s’est abattue sur Tombouctou, fon-dée entre le Ve et le XIIe siècles par les tribus touareg et surn-ommée “la ville des 333 saints” pour le nombre de sages musul-mans qui y sont enterrés.

D’après la CPI, Al Hassan avait sous ses ordres environ 40 policiers islamiques. Toutes les infractions à leur lecture rigo-riste des lois islamiques étaient punies de flagellations et de tortures, selon la Cour.

Lors d’un verdict historique, la CPI avait condamné en 2016 un premier jihadiste malien, Ahmad Al Faqi Al Mahdi, à neuf ans de prison pour avoir pris part en 2012 à la démoli-tion de mausolées protégés à Tombouctou, un site inscrit par l’Unesco au Patrimoine mon-dial de l’humanité.

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des migrants sur une plage au Yémen après avoir franchi le golfe d’aden

des dizaines de milliers de migrants bloqués au Yémen

Les restrictions liées à la pandé-mie de Covid-1 9 o n t l a i s s é

des dizaines de milliers d’Ethiopiens bloqués au Yémen, a déclaré mardi 14 juillet Paul Dillon, porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), lors d’un point de presse virtuel depuis Genève.

Selon lui, ces migrants sont soumis à “une relocalisation forcée, à une détention arbi-traire et à des abus, et exposés à la propagation du coronavirus avec un accès limité aux ser-

vices de soins”.Au moins 14.500 migrants

ont été “transférés de force” entre les gouvernorats. “Ce chif-fre est une estimation de base et le chiffre réel est probablement beaucoup plus élevé”, a précisé M. Dillon.

“Boucs émissaires”

“Les migrants sont considé-rés comme des boucs émissaires en tant que porteurs du virus et, par conséquent, souffrent d’ex-clusion et de violence”, a-t-il fait remarquer.

D’après l’agence onusienne, les craintes suscitées par la pandémie ont conduit les mi-

grants au Yémen à subir un harcèlement verbal et physique, à être davantage détenus et à

subir des restrictions de mou-vement.

Face à la propagation du coronavirus, certains migrants ont même été victimes de refus

d’accès aux services de santé. Xinhua

D E P L A C E S / R E F U G I E SD E P L A C E S / R E F U G I E SD E P L A C E S / R E F U G I E SAfrique

L e Burkina Faso pré-voit de relocaliser le camp de réfugiés

maliens de Mentao, dans la province du Soum, vers celui de Goudoubo, dans la province du Séno, a an-noncé le gouvernement.

“Si les acteurs sont d’accord, nous allons passer à la phase

Le Burkina faso compte déménager un camp de réfugiés maliens

opérationnelle de la relocalisa-tion du camp de Mentao vers (le département de) Dori, dans le camp de Goudoubo qui est un peu plus grand, avec des mesures sécuritaires d’appoint qui vont permettre de mieux loger les réfugiés au Burkina”, a indiqué mardi 14 juillet le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la

Coopération Seydou Sinka, cité par l’Agence d’information du Burkina (AIB).

Selon M. Sinka, cette déci-sion est l’aboutissement de concertations engagées depuis le mois de mai, à la suite d’un incident au camp des réfugiés de Mentao.

Le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés

avait accusé les forces de sécuri-té d’avoir commis des violences le 2 mai 2020, au sein du camp, contre des réfugiés, quelques heures après la survenue d’une attaque qui avait coûté la vie à un gendarme dans la localité.

Au 31 mai, le pays a accueilli 20.900 réfugiés, principale-ment des Maliens aux camps de Mentao et de Goudoubo.

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(Suite prochaine page)

Lutte contre le jihadisme au Burkina : des supplétifs "escadrons de la mort" ?

Presque quotidiennes, les attaques, parfois entremêlées à des conflits intercommu-

nautaires, ont fait au moins 1.100 morts depuis 2015 au Burkina Faso, et contraint près d’un million de personnes à fuir leurs foyers.

Des pans entiers du pays ont été désertés par l’administration, et les Forces de défense et de sé-curité (FDS) ne s’y aventurent guère.

Dans ce contexte, l’idée d’organiser une structure re-groupant des volontaires civils a été lancée en novembre 2019 par le président Roch Marc Christian Kaboré, après le mas-sacre d’un convoi minier (38 morts). Les Volontaires de Défense de la Patrie (VDP) de-vaient aussi contrer ceux qui ai-dent et informent des jihadistes localement.

le prix du sang

Le 21 janvier dernier, au len-demain d’une nouvelle attaque d’envergure, le Parlement a adopté la loi créant les VDP.

Ces derniers reçoivent une formation militaire de 14 jours avant d’exercer des missions de surveillance et de protection. Ils sont équipés d’armes légères ainsi que de moyens de commu-nication et d’observation. Leur nombre n’est pas connu.

Depuis ces annonces, le gou-vernement fait profil bas et ne communique pas sur les actions des VDP, une sorte d’omerta semble entourer le sujet.

“Nous combattons aux cô-tés des FDS”, confie fièrement l’un de ces VDP, surnommé “Rambo”.

“On était fatigués d’être tués

comme des poulets”, explique ce cultivateur de 32 ans de Kongoussi (nord). “On préfère se battre en espérant au moins sauver nos familles, nos vil-lages” plutôt que de “regarder la mort venir”.

Les volontaires paient le prix du sang pour cet engagement. Selon Rambo, “plus de 100”

volontaires ont été tués au com-bat en 2020.

D’autres ont été assassinés dans leurs villages par des jiha-distes à cause de leur collabora-tion avec les FDS.

Un autre VDP du centre-nord, âgé de 28 ans, affirme de son côté avoir contribué à “démanteler des bases terro-ristes”, tout en disant ne pas comprendre la polémique les concernant.

Au Burkina, les FDS sont accusées de graves bavures et d’exécutions de civils, notam-ment peuls, dans leur lutte

contre les jihadistes. Mais les groupes d’autodéfense et les VDP ont la réputation d’être encore plus expéditifs.

“Ce sont des escadrons de la mort qui ne sèment que dé-solation et consternation sous couvert de lutte contre le ter-rorisme”, assure Moctar Diao, enseignant à l’Observatoire de la dignité humaine.

“Des volontaires de Namsi-guia (nord) ont été identifiés comme les auteurs de la mort de neuf personnes à Boulsi-Baogo. Début juin, deux élèves ont été interceptés et froidement exécutés par des VDP à Tanwal-bougou. L’un d’entre eux est mort sur place. Le second qui a succombé plus tard a eu le temps de raconter”, dit-il en égrenant d’autres exactions.

“Quand ils opèrent avec l’armée ça va, mais quand ils sont seuls, ils dictent leurs lois dans les zones délaissées. Ils rançonnent les commerces et les populations. Ils détournent du bétail sans qu’on puisse se plaindre”, ajoute-t-il.

incapacité des forces armées

Selon l’Observatoire pour la démocratie et les droits de l’Homme, ce “recrutement de volontaires sonne comme un aveu de l’incapacité des FDS à assurer seules la sécurité du territoire”.

“La loi semble entériner ce qui existe discrètement déjà: l’armement, l’équipement et le financement des groupes d’autodéfense”, accuse l’ONG burkinabé.

Pour l’expert en géopolitique Drissa Traoré, les autorités “hé-sitant entre institutionnalisa-

tion et dissolution des groupes” ont “trouvé un compromis”.

Depuis 2015, les groupes d’autodéfense ont pris une am-pleur inédite.

Les “koglweogos” (gardiens de la brousse, en langue mooré), formations coutumières, ont émergé dans plusieurs régions pour lutter contre le bandi-tisme. Ces groupes, à la justice souvent expéditive, sont ac-cusés de torture et racket, mais restent très populaires. Des groupes antijihadistes ont éga-lement fait surface.

Mal équipée, sous entraînée, décimée par les pertes, l’armée n’hésite plus à utiliser ces sup-plétifs motivés.

Le lieutenant-colonel Mo-hamed Emmanuel Zoungrana, commandant un secteur du nord, se veut pragmatique.

“Si les effectifs de l’armée permettaient d’être partout pour répondre à ce type de guerre, on n’aurait pas besoin de faire appel aux VDP”, admet l’officier.

“Courage” et “combativité”

“Renseignement (...) guet-teurs, indicateurs (...) Nous avons constaté leur courage et leur combativité sur le terrain”, souligne-t-il.

Ces volontaires connaissent mieux le terrain que les soldats et sont plus motivées pour dé-fendre leurs régions, avoue une source sécuritaire.

Question salaire: “Aucun volontaire ne peut dire qu’il est payé. Chaque groupe per-çoit 200.000 FCFA (300 eu-ros) par mois pour les frais de fonctionnement - carburant et

S E C U R I T EAfrique

“Combattants courageux” indispensables pour contrer les jihadistes ou “escadrons de la mort” responsables de massacres ? Les Volontaires de Défense de la Patrie (VDP), créés début 2020, suscitent la controverse au Burkina Faso, miné par les violences jihadistes.

Un homme présenté comme un “vdP” mort au combat, sur leur page facebook

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Une humanitaire d e M é d e c i n s sans frontières (MSF) a été libé-

rée après avoir été retenue en otage pendant 18 jours dans l’est de la République démocratique du Congo où sévissent des groupes armés, ont indiqué ven-dredi 17 juillet l’ONG et des sources officielles.

“MSF est extrêmement sou-

lagée que notre collègue qui avait disparu à Lulimba dans le Sud-Kivu, le 28 juin, est désormais de retour en toute sécurité avec MSF”, a déclaré une porte-parole de l’ONG, qui n’a pas souhaité préciser sa nationalité.

“Groupe armé non identifié”

L’otage est restée en “déten-tion aux mains d’un groupe

armé non identifié”, ont ajouté les experts du Baromètre sécu-ritaire du Kivu.

L’otage “a été finalement rendue par ses ravisseurs” à un chef coutumier, qui l’a remise à des personnels de MSF, a expli-qué le président de la Croix-Rouge de RDC, Onesphore Kabandwila.

“Merci pour tous ceux qui se sont impliqués dans le dénoue-ment heureux de cette crise”, a déclaré le gouverneur de cette

province sur Twitter, Théo Ng-wabije Kasi.

L’humanitaire avait été enle-vée dans une subdivision du Sud-Kivu, le territoire de Fizi, dans une zone où sévissent des “Maï Maï” (groupe armé d’auto-défense congolais).

Le territoire de Fizi est égale-ment en proie à des conflits communautaires entre des Tutsi congolais d’origine rwan-daise (les Banyamulenge) et d’autres groupes.

rdc : Une humanitaire de msf libérée

S E C U R I T EAfrique

communications. Les popula-tions viennent aussi en aide”, explique un volontaire de Kon-goussi. En outre, les marchands ou voyageurs rémunèrent leurs escortes.

Le mode d’enrôlement fait aussi débat.

“Des groupes se constituent et prennent attache avec l’ar-mée pour la formation. Beau-coup sont déjà actifs”, affirme Drissa Traoré, alertant sur la création de “groupes commu-nautaires accusés de traquer les Peuls”.

Les groupes islamistes ar-més recrutent largement par-mi les Peuls et l’amalgame “Peul=jihadistes” est répandu.

Dans des régions, les Peuls sont exclus des VDP, alors qu’ils pourraient justement être un atout, souligne Newton Ahmed Barry, journaliste et président de la commission électorale nationale.

Le colonel Zoungrana se veut optimiste: “Si beaucoup de zones géographiques sont couvertes par les VDP, bien re-crutés et encadrés, et les FDS, les couloirs de manoeuvre de l’ennemi seront réduits et la victoire certaine”.

BurkinaSuite de la page précédente

Sept personnes ont été tuées mardi 14 juillet dans l’attaque de deux villages dans le centre du Mali, l’un des foyers des

violences intercommunautaires et jihadistes au Sahel.“Des hommes armés sont venus à moto (...) et ont tué sept

cultivateurs dogons qui étaient au champ”, a déclaré Ali Dolo, maire de la commune de Sangha, dont les deux villages attaqués font partie.

Les assaillants, non identifiés, “sont les mêmes qui ont attaqué les autres villages les mois passés”, a-t-il dit.

Un rapport onusien a confirmé l’attaque.Au moins quatre personnes avaient été tuées en juin, et douze

fin avril dans l’attaque de plusieurs villages de Sangha, commune rurale regroupant des dizaines de villages situés à une trentaine de kilomètres de Bandiagara, l’une des principales villes de la région.

malisept morts dans l'attaque de deux villages du centre

Directeur de la Publication: Sébastien Drans [email protected] et publicité: Arlette Sioblo [email protected]

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24 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT N° 381 - Lundi 20 Juillet 2020

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S E C U R I T E

sénégal : Une nouvelle caserne près du Mali, contre le jihadisme et les trafics

Le Sénégal a enta-mé mardi 14 juil-let la construc-tion d’un nouveau

camp militaire à sa fron-tière avec le Mali en proie au jihadisme pour contrer les “menaces transfron-talières” et les “nombreux trafics” qui sévissent dans la zone, a-t-on appris au-près du ministère des For-ces armées.

Ni le ministère ni l’armée n’ont communiqué les effectifs et les moyens qui seront affectés au camp de Goudiry (est), à plus de 570 km de Dakar.

Le Sénégal, qui dispose de troupes au sein de la force de l’ONU au Mali (Minusma), n’a pas été touché par les attaques jihadistes qui frappent plusieurs pays du Sahel, dont son voisin malien.

Il a renforcé la surveillance

et les contrôles autour de bâti-ments publics et privés, à Dakar et en province, et des tribunaux sénégalais ont prononcé ces dernières années plusieurs condamnations pour des faits de “terrorisme”.

“Densifier le maillage territorial”

De nouvelles casernes de gendarmerie ont été créées dans le nord et l’est du pays.

La première pierre du camp de Goudiry a été posée par le mi-nistre des Forces armées Sidiki Kaba, en présence du chef de l’armée, le général Birame Diop, a rapporté un haut gradé.

Les autorités entendent “densifier le maillage territo-rial des unités afin de s’adapter à l’évolution du contexte stra-tégique régional et répondre davantage aux besoins des populations en matière de sécu-

rité”, a affirmé le ministère dans un communiqué.

“L’unité qui sera déployée prochainement à Goudiry per-

mettra, en liaison avec les autres forces de sécurité, de lutter avec plus d’efficacité contre l’in-sécurité et les menaces trans-

frontalières”, indique-t-il.En dehors de la menace

jihadiste, le camp est situé dans “une zone où sévissent

le banditisme et de nombreux trafics”, de drogue notamment, a expliqué un responsable de l’armée.

Afrique

des casques bleus sénégalais à Bamako, au mali

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La Côte d’Ivoire a créé une “zone opération-nelle” dans le nord

du pays pour “empêcher toute infiltration de groupe armés”, a annoncé le gou-vernement lundi 13 juillet, un peu moins d’un mois après l’attaque jihadiste contre un poste de l’armée à Kafolo qui a fait 14 morts, dans la nuit du 10 au 11 juin.

“Devant l’insécurité persis-tante aux frontières entre la Côte d’Ivoire, le Mali et le Burki-na Faso du fait de la présence de groupes armés terroristes

La côte d'ivoire crée une "zone opérationnelle" militaire dans le nord

dans ces pays voisins et suite à l’attaque” de Kafolo, le gouver-nement a autorisé “la création d’une zone opérationnelle au nord de notre pays”, selon le communiqué d’un Conseil des ministres extraordinaire.

“Posture défensive”

La zone disposera d’un com-mandement unique pour les opérations militaires.

“Cette Zone opérationnelle Nord permettra de passer de la phase de surveillance des fron-tières à une posture défensive (...) en vue d’empêcher toute infiltration de ces groupes ar-

més sur le territoire national”, indique le texte qui évoque aussi “une forte capacité de réversi-bilité en mission offensive”.

“La Zone opérationnelle Nord aura pour objectif de ren-forcer les capacités opération-nelles des troupes déployées dans le cadre de l’opération ‘Frontières étanches’, particu-lièrement dans la partie nord de la Côte d’Ivoire”, ajoute-t-il.

L’attaque de Kafolo, attri-buée aux jihadistes mais non revendiquée jusqu’à présent, est la première action terror-iste meurtrière sur le sol ivoi-rien depuis l’attentat de Grand Bassam en 2016 (19 morts).

De source sécuritaire, elle est l’oeuvre de combattants du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), prin-cipale alliance du Sahel affiliée à Al-Qaïda.

Cette attaque est considérée comme une action de repré-sailles à une opération militaire conjointe de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso, en mai, pour déloger des jihadistes ins-tallés dans le nord de la Côte d’Ivoire.

Une soixantaine de person-nes dont le chef du commando ont été arrêtés avant et après l’attaque, selon des sources sé-curitaires.

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centrafrique : L'onU enregistre un "afflux de combattants étrangers"

Le groupe d’experts de l’ONU char-gés de contrôler l’embargo sur les

armes en Centrafrique évoque dans un rapport annuel publié mercredi 15 juillet un “afflux de com-battants étrangers” dans ce pays qui se prépare à une présidentielle et des lé-gislatives en fin d’année.

Une “série d’affrontements a été alimentée par l’arrivée de combattants étrangers et d’armes, principalement du Soudan”, indiquent les experts dans ce document de 150 pages qui doit servir de base à un re-nouvellement à la fin du mois de l’embargo sur les armes en vigueur depuis 2013.

“une menace à long terme pour la région”

“Le trafic régional d’armes s’est également poursuivi le long d’autres itinéraires”, ajou-tent les experts, en citant une saisie d’armes en avril à Gbado-lite par les autorités de Républi-que démocratique du Congo et qui était probablement des-tinée à la Centrafrique. Dans ce cadre, ils se sont intéressés à une mystérieuse “Florence Yaba Mongo”, de nationalité congolaise, arrêtée en avril et transférée à Kinshasa après une saisie de 10 lance-grenades et 1.490 munitions.

Dans leurs recommanda-

tions, les experts demandent à la Centrafrique, au Soudan et au Tchad de “redoubler d’efforts pour lutter contre l’augmen-tation des flux d’armes et de combattants étrangers en Ré-publique centrafricaine, qui représente une menace à long terme pour la région”.

Selon eux, “la perspective des élections a donné aux groupes armés une raison supplémen-taire de maintenir et d’étendre leur contrôle sur le territoire”.

“L’Union pour la paix en Centrafrique (UPC) dirigée par Ali Darassa et le groupe Retour, réclamation et réhabilitation (3R), dirigé par Abbas Sidiki, ont étendu leurs zones de con-trôle”, disent les experts. Ces deux groupes armés à domi-nante peule cherchent à conso-lider et à étendre le contrôle du territoire pour maximiser la taxation des activités de trans-humance, précisent-ils.

En citant une affaire d’armes disparues, ils estiment qu’elle il-lustre les faiblesses de la gestion des armes par les autorités cen-trafricaines. Ils pointent aussi que les notifications à l’ONU d’acquisition d’équipements sont souvent tardives.

Ils s’étendent également sur

un dossier curieux, “l’affaire Elio Ciolini, alias Bruno Lugon”. Cet Italien aux antécédents ju-diciaires et proche de l’extrême droite aurait cherché, entre fé-vrier et avril, des soutiens pour renverser le gouvernement centrafricain tout en travaillant pour la présidence.

Accusé d’“activités subversi-ves”, il a été démis en juin de ses fonctions par la présidence et arrêté, indiquent les experts.

“Bien que le recrutement des FACA (forces de sécurité cen-trafricaines) prévu dans le cadre du plan national de défense ait connu des revers persistants,

le renforcement de la Garde présidentielle (Groupement spécial chargé de la protection républicaine) s’est poursuivi”, relève par ailleurs le rapport.

renforcement de la Garde présidentielle

Depuis mars, le rôle joué par la Garde présidentielle en matière de sécurité s’est sensi-blement étendu, son champ d’action couvrant tous les axes principaux, les intersections, les bâtiments officiels et l’aéroport de Bangui, et s’étendant jusqu’à Mbaïki et Damara, deux grands axes menant à Bangui, ajoutent les experts.

Selon eux, les récents recru-tements au sein de la Garde présidentielle n’étaient pas prévus dans le plan national de défense et son rôle n’a pas été coordonné dans le cadre de la réforme du secteur de la sécurité.

En janvier, la Russie, au rôle influent auprès de la présidence centrafricaine, avait obtenu du Conseil de sécurité un nouvel assouplissement de l’embargo sur les armes après un premier allègement en septembre.

La discussion avait provo-qué de vives tensions entre la France, soutenue par des pays européens et africains, et la Russie, appuyée par la Chine, qui pourraient se répéter lors de la renégociation de l’embargo préalable à son expiration le 31 juillet.

S E C U R I T EAfrique

de nouvelles recrues de l’armée centrafricaine, en févrierm

inus

ca

Un Casque bleu rwandais a été tué lundi 13 juillet et deux autres blessés dans une attaque menée par l’un des princi-paux groupes armés centrafricains à Gedze (ouest), a rap-

porté la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca).“Cette attaque criminelle constitue une nouvelle violation” par

le groupe armé 3R (Retour, Réclamation et Réhabilitation) de

Un casque bleu rwandais tué dans une attaquel’accord de paix qui lie le gouvernement centrafricain à 14 groupes armés depuis le 6 février 2019, a affirmé la Minusca.

Début juin, le leader des 3R, Sidiki Abass, avait annoncé qu’il suspendait sa participation à l’accord, et la Minusca avait lancé peu après une opération militaire dans l’ouest pour contrer l’expansion du groupe armé.

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