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1 T. Raverdy, F. Mantell - Leviator
Raverdy Thomas et Mantell Florian Fukuta
Professeur référent: Mme Sabine Gallice
Le Léviator, faire léviter et contrôler
sans contact Olympiades de Physique 2017/2018
2 T. Raverdy, F. Mantell - Leviator
Le Léviator : faire léviter et contrôler sans contact
https://github.com/ttraverdy/Leviator-Project
Lycée Jean de la Fontaine, 75016 Paris
Thomas Raverdy Florian Fukuta Mantell
Remerciements Nous tenons à remercier toutes les personnes qui ont contribué au succès de ce projet et qui nous ont aidés lors de la rédaction
de ce mémoire.
Tout d'abord, nous adressons nos remerciements à notre professeure, Mme Gallice du lycée Jean de la Fontaine qui nous a
encadrés tout le long du projet. Nous remercions également M. Carmasol, personnel du laboratoire de physique et de chimie du
lycée pour son soutien et les nombreux échanges que nous avons eu avec lui.
Nous tenons à remercier vivement le professeur Takayuki Hoshi, de l’université de Tokyo, pour son accueil et ses réponses à
nos nombreuses questions. Nous tenons également à remercier M. Asier Marzo de l’université de Bristol pour son partage de
la connaissance à travers ses instructions et prototypes qu’il a publié et pour avoir lui aussi accepté de s’intéresser à notre travail
et avoir répondu à nos questions.
Enfin, nous tenons à remercier toutes les personnes qui nous ont conseillées et relues lors de la rédaction de ce mémoire.
Résumé La lévitation acoustique, un phénomène avec encore peu d’applications qui pourtant présente un énorme potentiel, a suscité
notre attention du fait de pouvoir défier la gravité. Le principe de lévitation acoustique sera dans ce mémoire analysé puis mis
en œuvre et visualisé avec divers dispositifs. Ces derniers retracent l’évolution de notre projet, allant d’une lévitation simple à
un contrôle des objets lévités. Nous montrerons, avec des observations et des mesures, la réalisation, les capacités et les limites
de notre création, le Léviator.
1 Introduction
La majorité des personnes ayant vu Star Wars se
souviennent des scènes où Dark Vador utilise la force pour
faire léviter des objets ou des personnes. Cette scène de film
de science-fiction, bien qu’elle paraisse surréaliste, est
maintenant beaucoup plus proche de la réalité que l’on ne
le pense. Vous n’y croyez pas ? La lévitation acoustique le
peut ! Enfin, théoriquement ...
Cette technologie bien que toujours en développement,
nous a séduit, du fait qu’elle offre une possibilité nouvelle
de défier la gravitation. C’est au travers de vidéos sur
YouTube que nous avons découverts plusieurs dispositifs et
nous sommes posé la question suivante : Que mettre en
œuvre pour avoir une contribution originale dans ce
domaine ?
Nous avons tout d’abord procédé à une longue phase de
travaux de recherches qui a duré plusieurs mois afin de
mieux comprendre le phénomène par le biais d’internet, de
vidéos, de publications et de discussions et échanges de
mails avec des chercheurs des universités de Tokyo et de
Bristol. Après cette longue étape, nous nous sommes lancés
dans la conception et la construction de dispositifs utilisant
des transducteurs ultrasoniques permettant la lévitation de
petits objets. Enfin, nous sommes parvenus à créer le
Léviator, un dispositif original pour le contrôle des
déplacements en 3 dimensions, dans l’espace de petits
objets en utilisant la lévitation acoustique.
2 Principes généraux des ondes
Avant d’aborder la lévitation acoustique, nous allons définir
quelques principes physiques de base concernant les ondes
en général, et les ondes acoustiques en particulier, et décrire
comment les ondes interfèrent entre elles.
2.1 Typologie des ondes
Définition : Une onde est la propagation d'une perturbation
produisant sur son passage une variation réversible du
milieu dans lequel elle se propage.
3 T. Raverdy, F. Mantell - Leviator
Dans ce document, nous nous concentrons sur les ondes
progressives, c’est-à-dire les ondes pour lesquelles la
perturbation qu’elles créent se propage. Cette propagation
des ondes correspond à l'évolution et la progression de
celles-ci au sein d’un milieu.
Les ondes longitudinales sont les ondes dont la
perturbation produite par ces dernières s'effectue dans la
même direction que la propagation de l'onde. Les ondes
acoustiques ou encore un système de ressort en sont des
exemples.
Figure 1: Ondes longitudinale à haute et basse amplitude
Une onde mécanique est une onde nécessitant un milieu
matériel pour se propager. Néanmoins, la présence d’un
support ne suppose pas un déplacement global de matière.
Une onde mécanique peut être définie comme un transport
d’énergie sans déplacement de matière. Le son en est un
exemple, mais ce n’est pas le cas de la lumière, qui peut se
propager dans le vide et se classe dans les ondes
électromagnétiques.
Définition : La phase est la position d’un point dans le
temps sur un cycle de forme d’onde. Un cycle complet
d’une onde, en radian phase 2π, revient à “avancer” d’une
longueur d’onde et dans le temps d’une période T. Dans le
cas d’une onde périodique, cette “avancée” revient à un
retour à la valeur initiale de l’axe des ordonnées.
Figure 2: Phase d’une onde sinusoïdale
La Figure 2 montre comment un cycle constitue 2π phase
(360°). Un radian de phase est égal à environ 57,3 °.
2.2 Propriétés des ondes à 40kHz
La période temporelle et longueur d’onde sont reliées par la
relation 𝜆 = 𝑣 × 𝑇 avec λ en m, 𝑐 en m/s et T en s.
Pour nos expérimentations, nous considérons que la vitesse
du son dans l’air est de 340 m/s.
La fréquence d’une onde est reliée à la célérité (c) et à la
longueur d'onde (λ) par la relation 𝑓 = 𝑐/𝜆 et à la période
par la relation 𝑓 = 1/𝑇. Sachant que les ultrasons que nous utilisons dans ce projet
sont tous à une fréquence de 40 kHz, il est ainsi possible de
définir la période T :
𝑓 =1
𝑇𝑇 =
1
𝑓𝑇 =
1
40 000 = 0.000025 𝑠 = 25 𝜇𝑠
Une période d’une onde sonore à 40 kHz est donc de 25 μs
On calcule maintenant la longueur d’onde λ :
𝜆 = 𝑐 × 𝑇𝜆 = 340 × 2.5 × 10−5𝜆 = 0.0085 𝑚
La longueur d’onde 𝜆 d’une onde sonore à 40kHz est donc
de 8.5mm.
2.3 Les ondes acoustiques
2.3.1 Le son
Une onde sonore est une onde mécanique et élastique
longitudinale de compression-dilatation. Le son se propage
donc au travers de supports fluides, solides, gazeux ou
liquides tout en créant une alternance de zones de
surpression et de dépression dans le sens de propagation de
l’onde.
Lorsqu’un son est émis, il exerce une pression sur le milieu
environnant, dans l’atmosphère terrestre, ce milieu
correspond à l’air environnant. La pression (qui correspond
à l’amplitude de l’onde sonore) est mesurée en Pascal Pa.
Le son correspond à une vibration d’un fluide
(principalement l’air) et est perçue par l’oreille humaine
dans un domaine compris entre 20 Hz et 20 kHz. Les sons
au-dessous de 20 Hz sont appelés infrasons et les sons au-
dessus de 20 kHz sont appelés ultrasons. Les infrasons et
les ultrasons sont inaudibles pour l’Homme.
2.3.2 La génération d’ultrasons
Un transducteur est un dispositif convertissant un signal en
un autre, dans notre cas, un signal électrique en une onde
sonore. On parle donc de transducteur électro-acoustique
plus communément appelé haut-parleur. Il existe trois types
de haut-parleurs : électrodynamiques, électrostatiques et
piézo-électriques. La plupart des haut-parleurs sont
électrodynamiques pour leur faible coût de fabrication. Les
4 T. Raverdy, F. Mantell - Leviator
haut-parleurs ultrasons disponibles dans le commerce sont
électrodynamiques ou piézo-électriques.
Figure 3: Schéma de coupe d’un haut-parleur
électrodynamique
Le fonctionnement d’un transducteur électrodynamique est
le suivant. L’énergie électrique reçue par le transducteur est
tout d’abord transformée en une énergie mécanique par la
bobine et l’aimant par principe d’électromagnétisme. Puis
l’énergie mécanique, sous forme de vibration, est transmise
à la membrane par l’aimant qui va elle-même vibrer. Elle
transmet ainsi l’énergie mécanique à l’air ce qui donne une
onde sonore.
Réciproquement, lors d’une stimulation de la membrane par
un son, l’aimant et la bobine créent un signal électrique. Le
transducteur peut donc aussi remplir un rôle de
récepteur.
La piézoélectricité est la propriété d’un matériau de
produire un courant électrique sous une pression physique
ou inversement. Ce phénomène est utilisé dans les
transducteurs piézoélectriques pour la génération d’ondes
sonores ultrasoniques : lorsqu’ils reçoivent un signal
électrique, le matériau piézoélectrique à l’intérieur de celui-
ci se compresse, générant des ondes sonores. Avec un
générateur de signal électrique sinusoïdal, le matériau vibre,
du fait de la compression et de la décompression qui a lieu
sous l’effet du courant.
Dans ce projet, nous utilisons des transducteurs
électrodynamiques.
2.4 Ondes et interférences
Une interférence se produit lorsque deux ondes susceptibles
d'interagir se combinent. (Dans notre cas, des ondes sonores
sinusoïdales créent une interférence.)
Ce phénomène apparaît souvent en optique avec les ondes
lumineuses, mais il s'obtient également avec d'autres types
d'ondes comme des ondes sonores. A savoir aussi, le
phénomène d'interférence ne se produit uniquement lors de
la combinaison de deux ondes de même fréquence.
Figure 4: Visualisation d’interférences de deux ondes
mécaniques sur une cuve à ondes
Rappel : dans le cas d’onde sonore, le milieu de propagation
étant tridimensionnel, les interférences sont donc des
surfaces.
Figure 5: Interférences constructives et destructives
Les interférences constructives et destructives
correspondent aux interférences extrêmes (voir Figure 5).
Lorsque deux ondes se superposent en vibrant en phase,
c’est-à-dire que les maximum et minimum coïncident,
l’onde résultante possède une amplitude deux fois plus
grande du fait de la création d’interférences constructives.
Lorsque deux ondes se superposent en vibrant en
opposition de phase, (les maximums d’une onde
correspondent aux minimums de l’autre), il y a des
interférences destructives : il n’y a pas d’onde résultante.
Dans les cas intermédiaires, l’onde résultante possède une
amplitude plus grande ou plus petite en fonction de la
proximité entre les deux ondes.
Le tableau suivant résume les conditions sur le retard pour
que l’on ait des interférences constructives ou destructives
(avec k un entier relatif)
Retard
Constr. Nul ou multiple entier de la période
Τ = k×T
Destr. Multiple impair de la demi-période
Τ’= (2×k+1) ×T/2
5 T. Raverdy, F. Mantell - Leviator
3 Lévitation acoustique: principe et
état de l’art
En physique, la lévitation est le fait, pour un objet, de se
déplacer ou de rester en suspension au-dessus du sol, sous
l'effet d'une force connue (la sustentation qui est proche de
la lévitation maintient un objet à faible distance d'une
surface). La lévitation peut être obtenue par différentes
forces (acoustique, électrostatique, électromagnétique, ou
optique).
3.1 Principe et premières découvertes
La possibilité de faire léviter des objets avec le son a été
découverte, dans le cadre d’un programme spatial américain
et a été rendu public par la NASA en 1975, en vue d’un
développement et d’une application commerciale. La
lévitation acoustique est rendue possible par le principe des
ondes stationnaires.
Les ondes stationnaires sont des phénomènes résultant de
la propagation simultanée dans des sens opposés de
plusieurs ondes de même fréquence et de même amplitude,
dans le même milieu physique.
Lorsqu’elle se produit, une vibration stationnaire se crée,
avec formation de points fixes appelés nœuds de pression
(nodes) Np, qui correspondent à des ventres de vibration,
Vv, où les déplacements ont une grande amplitude. A
l’inverse, on observe des zones de grandes variations de
pression entre chaque nœud, appelées ventres de pression
(antinode) Vp. A ces ventres de pression, correspondent les
nœuds de vibration, Nv, où les déplacements ont une faible
amplitude. Ces ondes forment une figure dont certains
éléments sont fixes dans le temps comme les nœuds.
La Figure 6 représente des schématisations d’ondes
stationnaires avec des graphes montrant la pression
résultante. On peut identifier les nœuds (en rouge) fixes,
pour lesquels la pression ne varie pas. Dans le cas des
ventres, ici en bleu, des variations de pression sont visibles
sur le schéma de l’onde sonore ainsi que sur la courbe
représentative de la pression (en rouge).
La lévitation acoustique consiste ainsi à piéger les objets
lévités dans des nœuds.
Cette technologie est possible grâce à la non-linéarité des
ondes sonores.
Whymark [5] met en évidence la possibilité de faire léviter
des objets sur un axe vertical sans contrôle. Avec un
réflecteur situé à une distance d = 𝑘 × 𝜆/2 , avec 𝑘 un
entier. Il est ainsi possible d’observer de la lévitation
acoustique.Les nœuds se présentant tous les λ/2 sur une
onde stationnaire, on obtient de la lévitation tous les
4.25mm :
𝜆 = 8,5 𝑚𝑚 𝜆/2= 4.25 𝑚𝑚
Figure 6 : Ondes stationnaires
En approfondissant nos recherches sur l’explication de la
lévitation acoustique, nous avons relevé [4] [9]
l’importance de plusieurs facteurs comme la densité et la
compressibilité de l’objet lévité et du milieu.
Ces facteurs déterminent la position de l’objet lévité sur
l’onde stationnaire, qui sera soit aux nœuds de pression, soit
aux ventres de pression [9].
Dans notre cas, nous faisons léviter des billes de
polystyrène expansé au nœud de pression, dont la densité ρ
(1× 103 kg/m3) est supérieure et dont la compressibilité ß
(2.5 × 10−10 𝑃𝑎−1) est inférieure à celles de l’air qui est le
milieu, avec respectivement ρ0 (1.2 kg/m3) et ß0 (7.1 ×
10−6 𝑃𝑎−1).
6 T. Raverdy, F. Mantell - Leviator
Nous nous sommes intéressés aux forces qui entrent en jeu
dans la lévitation acoustique. En lisant le début de la thèse
de Mme Angelica Castro, nous avons compris que des forces,
appelées Acoustic radiation force correspondent à des
actions mécaniques liées à l’excès de pression moyenne qui
existe à la surface de l’objet (il y a des interférences entre
l’onde incidente et celle diffusées par l’objet en lévitation
qui crée des excès de pression). L’excès de pression intégrée
sur la surface donne la force acoustique moyenne.
Mais la force acoustique peut aussi être exprimée comme
dérivant d’un potentiel d’énergie U, la relation est :
𝐹 = −𝑉∇𝑈, ( 𝑎𝑣𝑒𝑐 ∇ : gradient Avec V le volume de la
sphère et U le potentiel d’énergie)
La première Acoustic radiation pressure force, appelée PRF,
symbolisée Fz est à l’origine du placement des billes de
polystyrène dans les nœuds de pression des ondes
stationnaires. La force axiale Fz est orientée des ventres de
pressions vers les nœuds de pressions. La formule de Fz
s’obtient en faisant la dérivée partielle de U par rapport à z :
𝐹𝑧 ≡ −𝑉𝜕𝑈
𝜕𝑧 |(𝑥,𝑧)=(0,0)
avec U défini par la formule suivante :
𝑈 = 𝑔(𝑥, 𝑦)2𝐴2
𝜌0𝑐2{−𝐵 + (𝐵 + 1 − 𝛾)𝑐𝑜𝑠2 (
2𝜋𝑧
𝜆)}
avec 𝐵 = 3(𝜌 − 𝜌_0 )/(2𝜌 + 𝜌0) 𝜌0 la masse volumique
du milieu, 𝜌 , la masse volumique de l’objet lévité, 𝛾 =
𝛽/𝛽_0 , avec 𝛽 la compressibilité de l’objet et 𝛽0 la
compressibilité du milieu, A, l’amplitude RMS (Root Mean
Square) de la pression qu’exerce l’onde stationnaire, 𝜆 la
longueur d’onde, c la célérité du son, et x, y et z, les
coordonnées du point étudié.
Dans la formule de Fz, on a V le volume de la sphère lévitée
et U le potentiel d’énergie. Lorsque les plaques sont placées
horizontalement c’est 𝐹𝑧⃗⃗ ⃗ qui compense le poids �⃗� (figure à
gauche dans la figure 8) l’objet lévité peut être environ 7,3
[4] fois plus massifs que quand les vecteurs �⃗� et 𝐹𝑧⃗⃗ ⃗ sont
orthogonaux.
La Transverse Pressure Radiation Force (TPRF), appelé Fx,
est une force parallèle aux transducteurs qui entre en jeu
lorsque l’onde stationnaire est horizontale (plaques placées
verticalement ). Dans ce cas de figure, la force axiale Fz ne
permet pas de contrer la force gravitationnelle G ou le poids
de la bille �⃗� . C’est la force secondaire qui contre alors la
gravité bien qu’environ dix fois moins forte que la force
axiale.
Comme pour Fz, la formule de la force Fx est issue de la
dérivée partielle par rapport à x de 𝐹 = −𝑉∇𝑈 , ( ∇ :
gradient) soit :
𝐹𝑥 ≡ −𝑉𝜕𝑈
𝜕𝑥|(𝑦,𝑧)=(0,
𝜆
4)
Avec V le volume de la sphère et U le potentiel d’énergie.
Figure 8: Fx et Fz en fonction de la position des transducteurs
Cette force secondaire Fx est par ailleurs la cause de la
formation d'agrégats planaires de billes parallèles aux
plaques de transducteurs avec d’autres forces secondaires
appelées forces de Bjerknes lorsque ces billes sont placées
sur un même nœud (voir figure ci-dessous).
Figure 7: Evolution des dispositifs de lévitation acoustique
7 T. Raverdy, F. Mantell - Leviator
Nous avons également compris que dans le cas d’une onde
stationnaire, les nœuds de pression correspondent à des
« puits » de potentiel d’énergie acoustique.
Les seules postions stables sont celles pour lesquelles U
(Figure 10 à droite) est minimal, et correspondent aux nœuds
de pression (Np) (voir Figures 10 et 11). Les positions sont
de deux types. Il y a des positions d’équilibre stables dans
les puits de potentiel (Np) et d’autres des positions
d’équilibre instable aux sommets (Vp), où les billes ne
peuvent pas rester en lévitation.
Figure 9: Force et potentiel accoustique
Figure 10: champ acoustique
Pendant trente ans, cette technologie semble ne pas
connaître de développement. Néanmoins, ce dernier a été
relancé en 2005, par des chercheurs espagnols, et connaît
une évolution et une démocratisation grâce à l’évolution et
la baisse des prix des composants électroniques. En 2013,
un groupe de chercheur japonais est parvenu à contrôler des
particules tout en les faisant léviter. Il devient alors possible
de voir une application dans le domaine médical et
pharmaceutique. La lévitation acoustique présente un atout
par l'absence de contact direct avec l’objet lévité, qui permet
par exemple de garantir une pureté de produit
pharmaceutique. C’est une technologie avec encore peu
d’applications mais qui présente un grand potentiel.
3.2 Limites de la lévitation acoustique
Il y a une limite pratique dans la masse et la dimension des
objets lévités qui se situent vers les milligrammes et les cm3.
Dans ce projet, nous avons principalement fait léviter des
billes de polystyrènes de diamètre moyen de 1mm.
Pour calculer leur masse moyenne, nous calculons tout
d’abord leur volume V :
𝑉 =4
3𝜋𝑟3
𝑉𝑏𝑖𝑙𝑙𝑒 =4
3𝜋 × (0.5 × 10−3)3 = 5.24 ∙ 10−10 𝑚3
𝑚𝑏𝑖𝑙𝑙𝑒 = 𝑉𝑏𝑖𝑙𝑙𝑒 × 𝜌
𝑚𝑏𝑖𝑙𝑙𝑒 = 5.24 ∙ 10−10× 1.0 ∙ 103 = 5.24 ∙ 10−7
𝑘𝑔
𝑃𝑏𝑖𝑙𝑙𝑒 = 𝑚𝑏𝑖𝑙𝑙𝑒 × 𝑔 = 5.14 × 10−6𝑁
Avec ρ, la masse volumique du polystyrène expansé, en
moyenne égale a 𝜌 = 1.0 ∙ 103 kg/m3
Les objets les plus lourds lévités jusqu’à maintenant sont de
l’ordre du kg et nécessitent un matériel coûteux [1].
Bien que les transducteurs piézoélectriques soient efficaces
pour de la lévitation acoustique à l’échelle d’un
transducteur, ils deviennent difficilement utilisables pour
des raisons de coût, de poids, de consommation électrique,
et de taille pour un dispositif nécessitant une multitude de
transducteurs. Les solutions existantes à base de plaques
de transducteurs utilisent donc toutes des transducteurs
électrodynamiques.
3.3 Dispositifs expérimentaux
Nous décrivons maintenant différents dispositifs de
lévitation acoustique récents.
3.3.1 PixieDust et Université de Tokyo
Le premier dispositif que nous avons découvert, et le plus
avancé, est le dispositif de PixieDust [4] développé par des
chercheurs de l’université de Tokyo (Yoichi Ochiai,
8 T. Raverdy, F. Mantell - Leviator
Takayuki Hoshi, Jun Rekimoto), décrit dans le document
Three-dimensional Mid-Air Acoustic Manipulation.
Ce dispositif est constitué de quatre plaques en opposition
de 285 transducteurs chacune. Cet appareil est capable de
faire léviter différents objets comme des écrous, des
résistances et des billes de polystyrènes de diamètres
variables de 0,6mm à 2mm, il est également capable de
déplacer dans les 3 dimensions ces objets sans contact,
seulement en modifiant le signal électrique envoyé aux
transducteurs. Chaque plaque de transducteurs est contrôlée
par une carte FPGA, et sont synchronisées entre elles.
Ce dispositif innove en permettant un contrôle fin en trois
dimensions de multiples objets. Cette manipulation repose
sur un contrôle des signaux des transducteurs qui permettent
de déplacer les nœuds des ondes stationnaires.
3.3.2 TinyLev et TractorBeam de l’université
de Bristol
- Le chercheur Asier Marzo travaille sur la lévitation
acoustique au sein d’une équipe de l’université de Bristol.
Dans ce cadre, il a développé deux prototypes
TinyLev/BigLev [6] et TractorBeam [7], et publié en
OpenSource l’ensemble des plans, des fichiers pour
l’impression 3D et du code ainsi que des instructions de
montage détaillées sur le site Instructables.
-
- TinyLev1 (gauche) TractorBeam2 (droite)
Les dispositifs TinyLev/BigLev se distinguent par leur
taille. Le circuit électrique et le fonctionnement reste le
même à l’exception des transducteurs qui sont d’une plus
grande dimension (16 mm pour BigLev et 10 mm pour
TinyLev) et de la tension à laquelle on les alimente. Il est
1http://www.instructables.com/id/Acoustic-Levitator/
conseillé pour TinyLev de l’alimenter entre 6 et 12 V et
pour BigLev entre 12 et 20 V pour obtenir plus de puissance
afin de léviter des objets plus massifs.
Le circuit est composé de 72 transducteurs disposés sur
deux plaques concaves mises en opposition. Les
transducteurs sont reliés en partie en dérivation et en partie
en série. L’alimentation se fait de la manière suivante : on a
des boucles de transducteurs connectés en série (6, 12 et 18
transducteurs). Ces boucles sont connectées en dérivation
au driver L298N. Le courant est généré par une alimentation
à 24V qui en passant par un réducteur de tension est capable
d'être réglé entre 1 et 24V, sauf que le driver fonctionne à
tension minimale de 6V. La tension est donc réglable entre
6 et 24V.
Figure 11: Schéma électrique TinyLev et BigLev
Chaque boucle rouge reliant les transducteurs représente un
circuit en dérivation avec les bornes positives et négatives
reliées respectivement aux câbles rouges et noirs reliant les
plaques de transducteurs et le driver L298N.
3.3.3 LeviPath de l’université de Bristol
LeviPath
Asier Marzo et l’équipe de Bristol ont également contribué
au projet LeviPath pour lequel seul un document de
2http://www.instructables.com/id/Acoustic-Tractor-Beam/
9 T. Raverdy, F. Mantell - Leviator
recherche est disponible : LeviPath: Modular Acoustic
Levitation for 3D Path Visualisations. [2]
LeviPath est un petit système modulaire capable de faire
léviter des objets et de les déplacer simplement en 3
dimensions. Ce dispositif se compose de 2 plaques
opposées de 16 transducteurs créant des ondes stationnaires
faisant léviter des objets. Il est capable de contrôler
simultanément plusieurs objets (mais sans croisement de
trajectoires).
Plusieurs dispositifs peuvent être joints entre eux pour
agrandir sa taille. Le contrôle des transducteurs est géré par
un algorithme créé par les chercheurs qui ont conçu cet
appareil. Ce dispositif, bien que constitué de 16
transducteurs par plaques, est capable de positionner des
objets sur 49 positions différentes sur les 2 dimensions
parallèles au plan constitué par les plaques. De nombreux
positionnements autres sont également possibles avec la 3e
dimension.
Les déplacements se font en modulant l’amplitude du
courant alimentant les transducteurs de manière coordonnée
dans le cas de déplacements parallèles aux plaques, et par
des changements de phases pour les déplacements verticaux
3.3.4 Conclusion
Ces dispositifs nous ont beaucoup intrigués et également
influencés pour la réalisation de notre dispositif. Ils nous ont
montré qu’il était possible de contrôler finement les
mouvements des particules (PixieDust), et que des
dispositifs aux fonctionnalités similaires mais plus
facilement réalisables (TinyLev, TractorBeam) pouvaient
être conçus. Cela nous a encouragés dans notre travail en se
fixant différentes étapes intermédiaires.
4 Réalisation de dispositifs existants
Avant de commencer la conception de notre dispositif, nous
avons d’abord cherché à reproduire des dispositifs existants
afin de comprendre leur fonctionnement et leurs limitations.
4.1 La plaque de M. Hoshi
Nous (Thomas, Fukuta) devions passer les vacances d’été
en famille au Japon. Après avoir découvert les vidéos de
PixieDust sur YouTube, et grâce à des connaissances, nous
avons pu rentrer en contact avec un des chercheurs de
PixieDust, le professeur Takayuki Hoshi de l’université de
Tokyo qui se spécialise dans la lévitation et la manipulation
d’objet dans l’espace [3]. Il nous a donc accueillis dans son
laboratoire le 27 juillet 2017 où nous avons visualisé pour
la première fois de la lévitation acoustique. Nous avons pu
discuter avec lui pendant deux heures. Il a entre autre
répondu à nos questions et donné de nombreux conseils
(qualité des transducteurs, synchronisation des émetteurs,
code de contrôle, microcontrôleurs).
Il nous a présenté deux dispositifs. Le premier (utilisé pour
PixieDust), est une plaque constituée de 285 transducteurs
émettant à 40kHz tous contrôlés indépendamment par
ordinateur. Le dispositif était si puissant que nous pouvions
sentir dans la paume de notre main une pression lorsque
nous la mettions au-dessus du dispositif en marche.
Figure 12: Visite du laboratoire du Professeur Hoshi
Le deuxième dispositif était une plaque de 50 transducteurs
avec un générateur de fréquence ultrason disponible dans
une boutique spécialisée au Japon. Il nous a conseillé de
réaliser ce deuxième montage pour débuter. De retour en
France, nous l’avons alors construit et réussi à obtenir de la
lévitation acoustique. Ce dispositif comporte cependant des
désavantages et défauts.
Il nécessite un réflecteur, le plus souvent la table sur
laquelle nous travaillions, et la plaque doit être maintenue
manuellement en place à la bonne distance pour avoir des
ondes stationnaires ce qui est difficile en continue. La
lévitation est ainsi très instable
Un autre problème est que l’alimentation de la carte PCB
pour générer les ondes est limitée à 12V, et étant donné
que la puissance des transducteurs la plaque était
relativement faible, la distance maximale pour pouvoir faire
léviter des billes de polystyrène est d’environ 10 cm.
Enfin, ce montage nécessitait l’utilisation d’une plaque
PCB fournie en même temps que les transducteurs sur
laquelle un potentiomètre très peu précis régulait la
génération de courant alternatif à 40 kHz qui était ensuite
envoyé aux transducteurs.
Ces contraintes rendent ainsi très difficile le placement de
billes sur différents nœuds simultanément et nécessite
beaucoup de précision.
10 T. Raverdy, F. Mantell - Leviator
Nous avons alors décidé d’améliorer ce montage en
remplaçant la carte PCB imprécise par une carte Arduino
Nano et un driver L298N. Un programme générant un
courant alternatif à 40 kHz est installé sur la carte arduino
et le driver, alimenté en courant continu à une tension U. Il
a pour fonction de combiner le courant généré par la carte
Arduino et le courant continu reçu afin de générer en sortie
un courant alternatif de 40 kHz de tension U. Nous avons
ainsi amélioré la partie du montage en charge de générer
l’alimentation des transducteurs.
Figure 13 : Schéma électrique du dispositif après notre
modification
Dans le schéma ci-dessus, réalisé avec le logiciel Fritzing3,
nous avons représenté le circuit électrique du dispositif avec
nos modifications. Par souci de lisibilité, nous avons choisi
de ne pas représenter le branchement en dérivation de
l’ensemble des transducteurs. La figure ci-dessous montre
la plaque montée avec les transducteurs ainsi que le PCB du
générateur de fréquence ultrasons.
Figure 14 : Plaque du Prof. Hoshi et PCB générateur ultrasons
4.2 TinyLev et BigLev
Après avoir réussi à fabriquer le dispositif de l’université de
Tokyo, nous avons décidé de fabriquer ceux de l’Université
de Bristol afin d’expérimenter le contrôle du déplacement
des objets en lévitation.
Le premier, TractorBeam est un dispositif portatif capable
de faire léviter des objets au centre d’une coupole de
transducteurs. Cependant, la hauteur de nos transducteurs
16mm ne correspondant pas au montage nous avons dû nous
3 http://fritzing.org/home/
tourner vers l’autre dispositif, “Acoustic Leviator” décliné
en trois tailles permet la lévitation et le contrôle d’objet sur
un axe. Nous avons construit deux tailles différentes de ce
dispositif : TinyLev et BigLev.
Figure 15 : Dispositifs TinyLev et BigLev avec en repère une
règle de 30cm
Nous avons utilisé les instructions de montage détaillées (23
étapes) sur le site Instructables4. Une fois que nous avions à
notre disposition les outils et les composants, nous avons
mis environ 8 heures à assembler et mettre en place les deux
dispositifs.
Ces derniers, tout comme le Léviator décrit plus loin,
utilisent des transducteurs émettant dans les 40 kHz. La
longueur d’onde λ est donnée par la formule suivante :
𝜆 =𝑐
𝑓
avec λ, la longueur d’onde en m ; qui est égal à 8.5 mm, 𝑐
la vitesse du son dans le milieu, ici l’air, soit 340 m/s, et 𝑓
la fréquence en Hz, 𝑓 = 40 000 𝐻𝑧.
Les nœuds générés par les ondes stationnaires sont donc
situés tous les 4,25 mm.
La possibilité de déplacement pour un montage si simple
nous a intrigués. L’étude du code du programme nous a
révélé que les déplacements que l’on peut observer avec ces
dispositifs sont dus à un changement de phase des signaux
émis par les transducteurs : l’augmentation de la phase du
signal émis par une des plaques d’un côté et d’une
diminution de la phase de l’autre provoque un déplacement
des ondes stationnaires, des nœuds et des ventres sur l’axe
perpendiculaire au centre des plaques de transducteurs.
4.2.1 TinyLev
Nous avons mesuré la vitesse de déplacement d’une bille
de polystyrène avec les dispositifs BigLev/TinyLev qui est
de ≈2,76 mm/s (calcul à l’aide du logiciel Regressi utilisé
4https://www.instructables.com/id/Acoustic-Levitator/
11 T. Raverdy, F. Mantell - Leviator
aussi au lycée). Le résultat a été obtenu par pointage des
positions successives de billes le long de l’axe de lévitation.
Figure 16: lévitation de billes de polystyrène sur TinyLev
4.2.2 BigLev
BigLev est un dispositif d’une dimension supérieure à
TinyLev, le circuit et les composants sont identiques (voir
schéma électrique de TinyLev plus haut) à la différence de
la taille des transducteurs (10 mm de diamètre pour TinyLev
et 16 mm pour BigLev, voir Annexe) et de la pièce imprimée
qui est plus grande et constituée de deux parties.
On observe qu’à partir d’une certaine distance du centre, les
zones de stabilité où lévitent les billes commencent à dévier
de l’axe central reliant le centre des deux paraboles. On
cherche à déterminer la longueur de cet axe de lévitation.
Lors du fonctionnement du dispositif, nous faisons léviter
plusieurs billes sur cet axe. Nous constatons qu’il y a au
maximum 13 billes sur cet axe avant que les billes divergent,
soit une distance égale à douze 𝜆/2 . En sachant que la
fréquence émise est à 40 kHz, on peut calculer la distance
séparant chaque nœud avec la définition de la longueur
d’onde.
Nous avons calculé précédemment que l’écartement entre 2
nœuds était de 4,25 mm, et donc la longueur de l’axe de
lévitation est de 51mm (12 × 4.25 𝑚𝑚).
Figure 17: Lévitation de billes de polystyrène (1mm de dia.)
sur BigLev à une tension de 16V
Le nombre de billes sur l’axe reste identique de 12 V à
20 V. On peut donc en conclure que la longueur de l’axe de
lévitation ne change pas selon la tension. On note que lors
du déplacement des billes, celles qui sortent de l’axe sont
rapidement éjectées. On peut en conclure que l’axe sur
lequel on a de la lévitation est un paramètre important à
prendre en compte lors des mesures avec ces dispositifs
capables de faire léviter et contrôler des objets sur un axe.
4.2.3 Mesures
Nous avons tout d’abord mesuré la force pressante exercée
par les deux montages par l’intermédiaire d’une balance
d’une précision de l’ordre de 10-5 kg (0.01 g) en fonction de
la tension
Les mesures ont été réalisées en orientant les transducteurs
vers la balance de manière à ce que la surface de la balance
capte la totalité de la force générée par les transducteurs.
Figure 18: Mesure de la force pressante exercée par l’intermédiaire
de la masse
De manière générale, lorsque la tension augmente, la force
pressante mesurée par la balance augmente. On note une
augmentation plus ou moins linéaire.
Pour la même tension de 6 V à 12 V, on note un écart moyen
de 39,25 mg, soit 3.85 mN, entre les deux montages
TinyLev et BigLev. Cet écart est sans doute dû à la
dimension des transducteurs et donc à la surface de la
membrane qui émet des ultrasons.
3,12
5,798,04
9,7
13,915,9
20,6
23,7
1,07 1,96
2,94 5,3
0
5
10
15
20
25
30
6 8 10 12 14 16 18 20 22
Fo
rce
pre
ssan
te e
n m
N
Tension en V
Force pressante en mN en fonction de la tension pour BigLev et TinyLev
BigLev TinyLev
12 T. Raverdy, F. Mantell - Leviator
Nous avons ensuite décidé de comparer les deux dispositifs
sur différents critères. Cependant, mis à part dans la mesure
de la force pressante, l’utilisation de TinyLev se fait entre
6 V et 12 V et BigLev entre 12 V et 20 V mis à part dans la
mesure de la force pressante, ce qui ne permet pas d’obtenir
des valeurs de comparaison à la même tension mis à part à
12V. On peut néanmoins étudier les variations des valeurs
en fonction de la tension.
Avec des billes de polystyrène de 1 mm de diamètre en
moyenne, on fait varier les paramètres suivants :
- La tension
- Le nombre d’objets lévités
Les graphiques donnent les valeurs obtenues après 5 à 10
essais en moyenne. Cependant, des variations significatives
sont parfois apparues. Un plus grand nombre d’expériences
serait nécessaire pour affiner les résultats et pour définir
l’incertitude. Avec les deux dispositifs, nous mesurons
d’abord le nombre total maximal de billes lévitées selon
la tension ce qui nous permet d’obtenir les graphique
suivant :
On remarque qu'il n'y a pas de variation stable en fonction
de la tension.
On décide de s’intéresser ensuite au nombre maximal de
billes lévitées sur un seul nœud au centre du dispositif,
là où la lévitation est la plus efficace. Pour obtenir le
nombre de billes le plus conséquent, nous avons pris comme
point de mesures le nœud central qui concentre
théoriquement le plus de puissance du fait que les
transducteurs soient tous orientés vers ce point.
On constate que les valeurs varient beaucoup
indépendamment de la tension pour BigLev tandis que pour
TinyLev, elles décroient de 29 billes à 6 V jusqu’à 22 billes
à 12 V. Le nombre de billes lévités par les deux dispositifs
ne semble pas présenter de grand écart.
Nous avons ensuite étudié le déplacement des billes de
polystyrène le long de l’axe de lévitation. Pour cette
expérience, nous déplaçons un ensemble de billes disposées
sur plusieurs nœuds en faisant un aller-retour entre les deux
extrémités de l’axe de lévitation.
Nous avons remarqué que beaucoup de billes décrochent et
tombent pendant les premières secondes du déplacement.
Les valeurs représentées dans le graphe présenté
postérieurement correspondent au nombre de billes qui sont
toujours maintenues en lévitation après cet aller-retour,
malgré le décrochage de nombreuses billes.
Le nombre de billes déplacées ne semble pas avoir de lien
direct avec la tension. Cependant BigLev semble pouvoir
déplacer davantage de billes, particulièrement à 16 V.
Nous avons ensuite étudié le taux de décrochage des billes
lors du déplacement de la manière suivante:
On détermine tout d’abord la valeur moyenne de billes
totales lévitées à partir des valeurs du premier graphique
présenté plus haut.
- Moyenne BigLev : (40+28+30+25+36) /5 = 31,8
- Moyenne TinyLev : (30+26+24+32)/4 = 28
On mesure ensuite le nombre de billes qui ont décroché
suite aux déplacements (tableau ci-dessous).
Tension en V BigLev TinyLev
6 27
8 21
10 17
12 35 29
14 19
16 9
18 11
20 30
Moyenne 20,8 23,5
13 T. Raverdy, F. Mantell - Leviator
On détermine en pourcentage le taux de décrochement
(arrondi au millième) ci-dessous :
- BigLev :(20.8/31.8) x100 = 65,40%
- TinyLev : (23.5/28) x100 = 83,93%
A la vue de ces pourcentages, on constate que bien que si
une ou quelques billes peuvent être déplacés sans
problèmes, les grands amas de billes tombent et ne
parviennent pas à être déplacées, particulièrement pour
TinyLev. Dans le cas de BigLev, beaucoup de billes
tombent et ne parviennent pas à être déplacées.
5 Le Léviator
Après avoir construits les dispositifs qui nous étaient
disponibles depuis Internet et que nous ayons approfondis
nos connaissances grâce à ces derniers, nous nous sommes
alors lancés dans la création du Léviator.
5.1 Origine du Léviator
Au fur et à mesure de notre progression, le projet du
Léviator a évolué en fonction des recommandations de M.
Hoshi (PixieDust/Tokyo) et M. Marzo (TinyLev et
Levipath/Bristol), et des limites rencontrées.
Figure 19: Projet initial de Léviator
Le projet initial était de créer un dispositif de 4 plaques en
opposition, de 49 transducteurs chacune, inspiré du
montage de l’Université de Tokyo afin de réaliser des
déplacements de petits objets en 3 dimensions. Ce projet
nous semblait techniquement accessible. Cependant,
lorsque nous avons rencontré le professeur Hoshi à Tokyo,
nous avons réalisé la complexité technique liée à la
synchronisation à de telles fréquences d’un grand nombre
de transducteurs, et qui nécessite dans leur cas des cartes
FPGA spécialement conçues. Suite aux discussions avec M.
5https://www.freecadweb.org/
Hoshi, nous avons alors envisagé d’utiliser de multiples
cartes Arduino Nano reliées entre elles.
En découvrant le dispositif Levipath, nous avons réalisé que
le déplacement de particules par lévitation acoustique était
également possible avec un nombre plus limité de
transducteurs. Nous avons contacté M. Marzo de
l’université de Bristol (également responsable des projets
TinyLev/BigLev et TractorBeam), En répondant à nos
emails, il nous a également beaucoup aidé en nous éclairant
sur des points que nous ne comprenions pas et en nous
faisant des recommandations (utilisation et limites des
drivers L298N, choix de transducteurs). Ainsi, il nous a
recommandé l’utilisation d’une carte Arduino MEGA afin
de centraliser le contrôle de tous les transducteurs sur une
seule carte pour faciliter la programmation, mais aussi pour
éviter tout problème de délais ou de décalages entre cartes.
Cependant, même si une carte Arduino MEGA permet de
contrôler indépendamment 64 transducteurs au maximum,
nous avons rencontré de grandes difficultés pour d’une part
maintenir la fréquence voulue uniformément sur chaque
transducteur (limite de vitesse du microcontrôleur) et
d’autre part comprendre suffisamment bien les
interférences entre les transducteurs en fonction des
changements de phase et d’amplitude.
Nous avons donc choisi dans un premier temps d’utiliser la
moitié du nombre potentiel de transducteurs contrôlables
(dispositif de 2 plaques de 16 transducteurs chacune) et de
se focaliser sur le contrôle 2D.
5.2 Conception du Léviator
5.2.1 La conception et impression 3D
La conception d’un dispositif de lévitation acoustique
nécessite la création d’un ensemble de pièces pour attacher
les composants, autant pour l’organisation du montage que
pour éviter les court-circuits.
Nous avons pu avoir accès à une imprimante 3D Ultimaker
2 Extended+ et l’avons utilisé pour imprimer nos pièces.
Pour les créer, nous avons utilisé le logiciel FreeCAD5.
Nous avons ainsi appris la conception de pièce 3D et à
utiliser une imprimante 3D.
Pour la partie transducteur du Léviator, nous avons créé un
ensemble en 20 pièces : 4 pièces constituent un support
élévateur par lesquelles passent les câbles; un cadre et un
support pour arranger les transducteurs 4 par 4; des piliers
amovibles permettent de tester différents écartements et de
14 T. Raverdy, F. Mantell - Leviator
dissocier les deux côtés pour faciliter les tests et le
rangement. En plus de cela, nous avons également conçu
des pièces sur lesquelles nous avons pu visser les drivers
L298N.
Figure 20: Logiciel FreeCAD de conception 3D
Nous avons dû développer de nombreux prototypes et
essayer différentes techniques d’impression (orientation de
la pièce, pièces creuses ou pleines, impression partielle de
pièces à recoller, …) avant d’obtenir le dispositif final.
Figure 21: logiciel CURA de slicing et impression 3D
5.2.2 Câblage et Schéma du circuit électrique
Le dispositif complet (voir Figure 19) comporte 32
transducteurs Manorshi de 16mm de diamètre répartis sur
deux plaques et connectés à 8 drivers L298N eux même
pilotés par une carte Arduino MEGA. L’ensemble est
alimenté par deux adaptateurs secteurs.
Le driver L298N (ou double pont H) est un composant
souvent utilisé pour le contrôle de moteur électrique (drone,
robot). Il est capable de transmettre la tension et la
puissance qu’il reçoit sur 4 pins de sorties différentes, en
combinant chacune de ces sorties avec un signal reçu sur
une des 4 pins de contrôle. Chaque driver L298N peut donc
contrôler indépendamment 4 transducteurs.
Les transducteurs Manorshi (MSO-P1640H12T) sont des
transducteurs de 16mm de diamètre émettant à
40.0±1.0KHz pour créer des ondes stationnaires permettant
la lévitation acoustique.
Figure 23 : Dispositif complet du Léviator
Figure 24: Détails de montage du Léviator
Pour alimenter correctement l’ensemble du dispositif, nous
avons choisi un système alimenté par 2 convertisseurs
secteur-DC de courant continu (24 V) qui permet
d’alimenter de manière stable l’ensemble du dispositif.
La carte Arduino MEGA dispose d’un microcontrôleur
Atmega2560 à 16 MHz et qui dispose de 128 KB de
mémoire flash pour stocker le code et 8 KB de SRAM pour
l’exécution. La carte possède 54 pins digitales et 16 pins
analogiques.
L’alimentation du dispositif se fait en dérivation. Chaque
pin de sortie d’un driver L298N est connecté au pôle + d’un
transducteur, et l’ensemble des pôles - des transducteurs
sont reliés à la terre des drivers L298N qui sont elle-même
reliées à la terre des alimentations. Ainsi, en sortie nous
Figure 22: Schéma électrique du Léviator
15 T. Raverdy, F. Mantell - Leviator
avons le signal voulu avec la puissance et la tension d’entrée
du driver.
Afin de simplifier le montage, des borniers (non représentés
sur le schéma présenté précédemment) sont utilisés. Nous
avons aussi choisis de ne pas représenter tous les câbles
dans le schéma Figure 15. Les photos ci-dessous montre le
dispositif complet monté, avec les deux faces de
transducteurs séparées.
5.2.3 Montage des transducteurs
Pour la réalisation du Léviator, nous avons dû contrôler les
transducteurs commandés en Chine pour vérifier leur
polarité à l’aide d’un oscilloscope (entre 10% et 20% des
transducteurs avaient leur indication de polarité
erronée).Nous avons pour cela utilisé les transducteurs en
récepteur (méthode préconisée par M. Asier Marzo). Nous
connectons les pattes des transducteurs avec l’oscilloscope
et “tapotons” ou stimulons la membrane avec une tige pour
créer, à partir du mouvement de l’aimant dans la bobine, un
signal électrique, qui, sur l'écran de l’oscilloscope, affiche
un signal positif ou négatif. A partir de la borne reliée à
l’oscilloscope, nous avons ainsi pu déterminer et marquer la
borne positive de chaque transducteur.
5.3 Première observations
Après avoir monté les plaques de transducteurs du Léviator,
nous avons pu lancer des tests expérimentaux pour vérifier
que la lévitation avec notre dispositif était possible. Nous
avons donc fait des tests en activant simultanément 2, 4 et 8
transducteurs (répartis sur les 2 plaques). Nous avons ainsi
pu faire les observations suivantes :
- Lorsque 2 transducteurs opposés sont allumés, la
lévitation acoustique est mise en évidence mais est peu
puissante.
- lorsque 4 transducteurs sont activés (2 transducteurs
voisins sur chaque plaque), nous observons tout d’abord
deux axes de lévitation entre chaque paire de transducteurs
opposés, ainsi qu’un 3ième axe de lévitation beaucoup plus
stable et plus puissant situé entre les deux premiers axes et
dû aux interférences
- lorsque 8 transducteurs sont activés (2 carrés de 4
transducteurs) sur chaque plaque, cette fois-ci, en plus des
axes sur les transducteurs et ceux entre des transducteurs
voisins, nous avons également un 9e axe situé au centre du
carré, formé par le groupement de 4 transducteurs.
Nous avons imaginé plusieurs hypothèses. C’est à ce
moment que nous avons étudié les interférences
constructives et destructives en cours de physique. Nous
savions que nos signaux électriques qui étaient envoyés aux
transducteurs étaient de même phase, même fréquence et de
même vitesse. Ainsi, nous avons procédé à l’expérience
suivante pour confirmer ou infirmer notre hypothèse
supposant que l’existence d’un axe de lévitation
supplémentaire entre transducteurs est due à des
interférences. L’expérience consistait à allumer 2
transducteurs voisins sur chaque plaque l’un à une phase π,
l’autre à une phase 0. La même expérience a également été
faite avec 4 transducteurs.
Nous supposions ainsi la création d’interférences
destructives ainsi qu’une absence de lévitation acoustique.
Nous avons donc pu vérifier expérimentalement notre
hypothèse puisque malgré nos multiples tentatives, nous
avons échoué à faire léviter des billes de polystyrène à cet
endroit. Nous en avons déduit qu’il y avait une absence de
lévitation entre les transducteurs en opposition. Ainsi, nous
avons pu conclure de cette expérience que l’existence d’un
3e axe de lévitation entre transducteurs voisins de même
phase était sûrement due à des interférences constructives.
5.4 Boutons et déplacements : choix 2D
Une fois le montage fini, nous avons dû faire un choix dans
la méthode de contrôle des déplacements des petits objets
en lévitation. Nous avions tout d’abord la possibilité de
contrôler l’ensemble du dispositif par ordinateur, d’utiliser
des boutons ou enfin utiliser une autre carte de
programmation pour envoyer des informations que le
programme interprète en mouvement. La première option
avait pour point négatif l’obligation d’utiliser le serial
terminal : une connexion par câble entre la carte Arduino et
16 T. Raverdy, F. Mantell - Leviator
l’ordinateur : le problème est que cela ralentit fortement le
fonctionnement de la carte Arduino, La 2e option pose
comme problème de devoir utiliser plus de pins de la carte.
La 3e option qui nous a été suggérée par M. Asier paraissait
intéressante, néanmoins nous a semblé très compliquée
autant électroniquement que informatiquement.
Figure 25 : Schéma électrique des boutons par rapport à la
carte Arduino
Nous avons donc opté pour le choix le plus simple, celui
d’utiliser 4 boutons pour contrôler les déplacements. Les 4
boutons ont pour fonction faire avancer, reculer, aller à
droite et aller à gauche l’objet lévité par le Léviator. Ces
derniers sont reliés à la carte Arduino des ports 50 à 53.
Nous avons laissé de côté la 3e dimension et avons opté
pour un contrôle en 2 dimensions du fait de la complexité
de la programmation. Néanmoins, un contrôle en 3
dimensions est possible (méthode similaire à celle des
montages TinyLev et BigLev) et est pour nous la prochaine
étape. Elle a nécessité d’ajouter des changements de phase
pour déplacer un objet en hauteur et impliquera un long
travail d’expérimentation et de vérification. C’est pourquoi,
pour notre première version du Léviator, nous avons opté
pour les déplacements en 2 dimensions dans le plan
parallèle aux transducteurs.
5.5 Programmation Arduino et Python
Nous utilisons une carte Arduino MEGA pour piloter les
transducteurs du Léviator. En analysant le code de TinyLev,
nous avons constaté que le code pour envoyer le signal aux
transducteurs utilisait un tableau de valeurs (de type byte)
avec toutes les combinaisons pour gérer la puissance
(PWM) et les changements de phase, et non pas une variable
mise à jour en fonction de la valeur à envoyer. Produire un
tableau similaire pour le Léviator était trop compliqué
(chaque cycle comprends 24 valeurs, et il nous faut gérer 16
combinaisons stables avec la particule à une position et 68
déplacements nécessitant une évolution en 16 étapes d’un
état stable à un autre, soit en tout 423936 valeurs). Nous
avons donc décidé d’utiliser un algorithme pour mettre à
jour des variables dynamiquement.
Nous avons commencé à expérimenter différents
programmes mais n'arrivions pas à obtenir de lévitation. En
visualisant le signal à l’oscilloscope, nous avons observé
que le signal était très en dessous des 40kHz (en dessous du
kHz). Nous avons alors constaté expérimentalement que la
gestion dynamique de variables, de boucles, et d’appel de
fonctions étaient bien trop pénalisant pour le
microcontrôleur, et qu’il était impossible de générer un
signal à 40kHz de cette manière. Un tableau avec toutes les
valeurs en dur était nécessaire.
Il nous a alors été conseillé de créer un programme en
langage Python qui génère le texte du programme Arduino.
Ce programme Python utilise des fonctions, des boucles et
des variables pour générer rapidement le tableau qui est
ensuite compilé pour l’Arduino MEGA.
Lors du développement du code, nous avons dû faire face
aux problèmes suivants :
Problème 1 - Si l’Arduino MEGA possède 128KB de
mémoire flash pour le stockage, elle ne possède que 8KB
de mémoire ram pour l'exécution (code et variables). Les
données en mémoire flash ne peuvent pas être accédées
directement. Il faut d’abord copier les valeurs en mémoire
ram. Nous avons donc dû gérer des copies à chaque
déplacement ou changement d’état stable.
Problème 2 - En mémoire flash, un tableau ne peut avoir
qu’un maximum de 32768 valeurs (2^16). Pour avoir
l’ensemble des valeurs pour les animations, nous avons dû
séparer le tableau des valeurs en plusieurs parties et gérer
les accès en fonction.
Problème 3 - Pour obtenir la lévitation acoustique, il est
impératif de maintenir le signal vers les transducteurs à
40kHz (+ ou - 0,3 kHz). A chaque changement dans
l’organisation du code, nous avons dû vérifier avec
l’oscilloscope que le signal était à la bonne fréquence sur
17 T. Raverdy, F. Mantell - Leviator
l’ensemble des transducteurs, et sinon corriger en
réduisant/augmentant des temporisations. Nous avons
entre-autre constaté que lors d’un accès à un tableau de
plusieurs centaines de valeurs, les temps d’accès au début
et à la fin du tableau étaient différents et entrainaient une
trop grande différence de signal entre les premiers et les
derniers transducteurs (environ 5 kHz).
Problème 4 - Pour la gestion des déplacements, nous avons
d’abord utilisé la fonction digitalRead() d’Arduino qui
récupère le signal sur un pin de la carte en utilisant une
résistance interne pour gérer le pull-up mais cet appel
était trop long et coupait brutalement la lévitation et
dupliquait les appels car la résistance est trop importante.
Un montage séparé et une lecture directe du port a été
nécessaire.
Figure 26: Sorties de l'oscilloscope
La copie d’écran de l’oscilloscope ci-dessus montre les
signaux obtenus au final sur les pins arduino (canal 2 en
bleu dans le bas de l’écran) et en sortie des transducteurs
(canal 1 en jaune en haut) qui sont à la fréquence voulue de
40,06kHz.
L’ensemble du code est disponible en Licence Libre sur le
site GitHub. L’ensemble du code est commenté, et une page
de documentation contient les explications sur les
différentes parties du code. Les fichiers STL pour
l’impression 3D et les schémas de montage y sont
également disponibles.
5.6 Expérimentations
5.6.1 Axe de lévitation : théorie et
expérimentation
Nous avons conçu deux modèles différents de piliers
séparant les 2 plaques de transducteurs du Léviator
Les premiers mesurent 43mm. Cette distance est identique
à la distance entre les plaques du dispositif Levipath. Le
problème est que cette distance correspond à une distance
optimale dans le cas de transducteurs de diamètre de 10mm.
Or ceux du Léviator étant de 16 mm de diamètre, la distance
n’est pas optimale, donnant un axe de lévitation très
distordu:
Figure 27: Axe de lévitation avec piliers de 43mm
Néanmoins cette instabilité peut être réglée en surélevant
légèrement la plaque du haut.
Pour les autres piliers, de 85mm soit 10xλ/2, il a donc 2 x
10 nœuds (λ/2), cette fois-ci l’axe est beaucoup plus droit.
Sur cette photo, on distingue clairement où l’axe est présent
et où il ne l’est pas.14 billes lévitent sur l’axe, il mesure
donc 13λ/2 soit 55,25mm. Les 3 trois nœuds les plus
proches de chaque plaque, 6 au total, ne présentent pas
d’axe de lévitation au centre, la lévitation s’observe
seulement sur les axes de chaque transducteur.
Figure 28: Axe de lévitation avec piliers de 85mm
Si on suppose que les interférences constructives expliquent
la présence d’un axe central, elles ne se forment qu’à partir
de 3 nœuds dans le cas de notre dispositif. Une distance
minimale de 6λ/2 est donc nécessaire au minimum pour de
la lévitation sur un axe central
18 T. Raverdy, F. Mantell - Leviator
5.6.2 Mesure de la force pressante exercée
Comme nous l’avons fait avec les dispositifs TinyLev et
BigLev, nous avons mesuré avec la même balance de
précision 10-5kg (cg) la force pressante qu’exerce(nt) 1, 2,
4, 8 et 16 transducteur(s) d’une plaque du Léviator. Pour
faire ces mesures, nous avons rapproché le plus que
possible, environ 1 mm d’écart, sans toucher notre dispositif
de la balance afin de mesurer au mieux la pression exercée
par le(s) transducteur(s).
Figure 29: Mesure à la balance de la pression exercée par 4 transducteurs
Nous avons ainsi pu dresser le tableau suivant :
Nb de
transducteurs/M
esures
Masse m en g relevée par
l’intermédiaire de la
balance
Force
pressante en
N (P=m x g)
1
0.98mN
4
2.45mN
8
4.60mN
16
10.7mN
5.6.3 Mesure de la vitesse de déplacement
Dans LeviPath, les chercheurs de Bristol ont mesuré le taux
de succès du déplacement de particules à différentes
vitesses (Figure ci-dessus). Nous avons cherché à
reproduire cette expérience et évaluer la qualité de notre
dispositif.
Pour cela, nous avons fait varier le nombre d’itérations dans
le code de mouvement (initialement 8000 itérations par
étape, pour un total de 16 étapes par mouvement soit 128k
itérations, ce qui donne 3,2 secondes à 40kHz pour un
déplacement de 16mm, soit 5mm/s).
Figure 30 : vitesse de déplacement de LeviPath
Pour chaque test, nous avons effectué 20 déplacements dans
les deux sens sur la première ligne du Léviator. Pour les
tests avec plusieurs billes, l’ensemble des billes était stocké
dans un même nœud.
#
itéra.
Vitesse Nb
de
billes
Succès erreurs %succès
8000 5mm/s 1 20 0 100%
8000 5mm/s 2 20 0 100%
8000 5mm/s 3 20 0 100%
8000 5mm/s 4 17 3 85%
4000 1cm/s 1 20 0 100%
4000 1cm/s 2 19 1 95%
4000 1cm/s 3 19 1 95%
4000 1cm/s 4 17 3 85%
3000 1,5cm/s 1 20 0 100%
3000 1,5cm/s 2 20 0 100%
3000 1,5cm/s 3 20 0 100%
3000 1,5cm/s 4 20 0 100%
2000 2cm/s 1 16 4 80%
2000 2cm/s 2 17 3 85%
2000 2cm/s 3 9 11 45%
2000 2cm/s 4 7 13 35%
5.6.4 Déplacements dans la 3e dimension
Après être parvenu à réaliser des déplacements en 2
dimensions dans un plan parallèle aux plaques de
transducteurs, nous avons cherché à étendre le contrôle de
l’objet lévité à la 3D.
Nous avons pour cela étudié le code utilisé dans BigLev et
TinyLev pour réaliser les déplacements de particules le long
de l’axe.
19 T. Raverdy, F. Mantell - Leviator
Dans le code, un tableau 2D (24x24) de valeurs
hexadécimales permet ces déplacements. Chaque ligne
correspond à une étape. A chaque étape, la période
d’activation des transducteurs d’une des plaques se décale
d’un cran. Il y a donc un décalage progressif (λ/24) de la
phase d’émission des transducteurs d’une des plaques tandis
que l’autre conserve sa phase initiale d’émission. Ces
décalages de phase provoquent une modification de l’onde
stationnaire, une des ondes constituantes glissant
progressivement, ce qui entraîne alors un glissement des
nœuds et des ventres, et donc des billes de polystyrène
lévitant sur ces nœuds. A chaque cycle de 2π de décalage de
phase, le pointeur revient à la première ligne du tableau
permettant de continuer de changer la phase et de ne pas être
limité à un déplacement maximal de λ/2.
Nous avons donc intégré ces décalages de phase à notre
programme. A la pression des nouveaux boutons noir et
blanc, l’objet lévité avec le Léviator monte ou descend du
fait du décalage de phase des transducteurs d’une plaque.
Pour faciliter la programmation, un déplacement correspond
à un décalage de phase complet de 2π, correspondant à un
déplacement en Z de 4,25mm (λ/2 car seule une des deux
ondes constitutives varie de phase, divisant par deux le
déplacement).
Si les mouvements en 2D se basent sur une animation
impliquant 6 transducteurs et utilisant la modulation
d’amplitude des signaux envoyés aux transducteurs, le
déplacement perpendiculaire aux plaques de transducteurs
utilise le changement de phase pour déplacer les nœuds.
5.6.5 Affinage des déplacements
En comparant les déplacements du Léviator sur le plan XY
et ceux sur l’axe Z, nous constatons que les déplacements
sur l’axe Z sont plus fluides et plus stables. Nous avons donc
cherché à utiliser également le changement de phase pour
déplacer les objets dans le plan XY et nous approcher de la
méthode de déplacement utilisée par PixieDust. En effet, en
modulant avec précision la phase d’émission des
transducteurs de chaque plaque, PixieDust parvient à créer
un point focal de l’ensemble des transducteurs, qui
correspond à un nœud de pression d’une onde stationnaire
générée par une interférence constructive entre les ondes
créées par l’ensemble des transducteurs de chaque plaque.
Nous avons dans un premier temps cherché à déterminer les
décalages de phases nécessaires à appliquer à 6
transducteurs (bloc de 2x3) pour amener un objet de la
position initiale à la destination en 12 étapes (déplacement
d’une position de la bille).
Nous avons pour cela réalisé une feuille de calcul qui calcule
la distance de l’objet aux différents transducteurs en fonction
de la hauteur de l’objet par rapport à la plaque et de son
déplacement à chaque étape de l’animation (théorème de
Pythagore).
Au début de l’animation, les 4 transducteurs initiaux sont
considérés comme étant à la phase de référence (état stable
de lévitation). Pour cela, la distance entre la particule et le
transducteur doit être un multiple de λ. En fonction de cette
distance, la hauteur de la bille par rapport au plan des
transducteurs peut être calculée. Le décalage de phase par
rapport à ces transducteurs initiaux peut être ensuite calculé
pour les deux transducteurs supplémentaires. Les 6
transducteurs allumés ont donc le point focal sur l’objet à
déplacer. Nous considérons ensuite 12 étapes pour le
déplacement de la bille sur l’axe Y. Nous calculons alors
pour chaque étape la distance entre la bille et chaque
transducteur (seuls les calculs sur trois transducteurs sur
l’axe Y sont nécessaires, les 3 autres étant symétriques). Le
décalage de phase à appliquer résultant de la variation de la
distance peut alors être calculé.
Dans le cas du Leviator, et liée à la nécessité de maintenir le
signal à 40kHz, le signal généré se base sur un tableau de 12
valeurs (i.e., l’onde est générée par l’envoi successif et en
boucle des 12 valeurs). Chaque décalage dans le tableau
correspond donc à un à un décalage de phase de π/6 (2π/12).
Figure 31: déplacement par modulation de phase
Il est important de noter que le déplacement par changement
de phase est sensible à la distance entre le plaque et l’objet
lévité. Le tableau des signaux à émettre doit donc être étendu
pour prendre en compte différentes hauteurs. Il est
également nécessaire de “connaitre” la position initiale de la
bille pour appliquer le bon schéma de déplacement et
garantir que la bille ne change pas de hauteur de manière non
contrôlée.
Le tableau ci-dessous indique les changements à appliquer
pour les trois transducteurs à trois hauteurs différentes.
20 T. Raverdy, F. Mantell - Leviator
Etape 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
40,97mm T1 0 0 1 1 2 2 3 4 5 5 6 7 8
T2 0 0 11 11 11 11 11 11 11 11 11 0 0
T3 8 7 6 5 5 4 3 2 2 1 1 0 0
32,1mm T1 0 1 1 2 2 3 4 5 6 7 8 9 10
T2 0 0 11 11 11 11 11 11 11 11 11 0 0
T3 10 9 8 7 6 5 4 3 2 2 1 1 0
22,87mm T1 0 1 1 2 3 4 5 6 7 8 10 11 0
T2 0 11 11 11 10 10 10 10 10 11 11 11 0
T3 0 11 10 8 7 6 5 4 3 2 1 1 0
Afin d’étudier plus facilement les interactions entre les
transducteurs, nous avons cherché des outils de simulation.
Cependant, les simulateurs disponibles (FOCUS6 et k-wave7
pour Mathlab) ne nous ont pas permis de créer des plaques
de transducteurs en opposition. Nous n’avons donc pas pu
explorer cette voie.
6 Conclusion
Le projet du Leviator nous a permis tout d’abord
l’acquisition d’une multitude de savoir-faire : grâce à ce
projet, nous avons appris à souder, concevoir et imprimer
avec une imprimante 3D, à programmer en Python ou en
langage Arduino, à faire des protocoles expérimentaux par
nous-même, … Ce projet nous a également introduits au
monde de la recherche, nous avons rencontrés et nous
sommes rentrés en contact avec des chercheurs de plusieurs
pays qui nous ont largement soutenus dans notre projet, avec
une volonté de partage de la connaissance. C’est ce qui nous
a poussés à publier en Open Source notre projet, tant la partie
programmation que le dispositif en lui-même.
Néanmoins, nous avons dû faire beaucoup de choix durant
ce projet dans ce qui est des ambitions et de ce que nous
avons pu faire. Nous avons ainsi dû faire face à de
nombreuses déceptions, notamment avec les révisions des
ambitions au vue des difficultés et du temps. Ces
complications ont aussi bien été techniques que théoriques :
des connaissances incomplètes sur des phénomènes comme
entre autres les interférences, nous ont empêchées de
comprendre entièrement la lévitation acoustique et les
phénomènes qui entrent en jeu dans celle-ci.
Cependant, nous sommes parvenus à atteindre notre objectif
initial de contrôler dans l’espace un objet lévité grâce à un
dispositif, le Léviator, que nous avons conçu de nous-même.
6 [http://www.egr.msu.edu/~fultras-web/index.php]
Les instructions du Léviator seront publiées sur une page
Instructables, le lien sera publié sur la page Github du projet,
sur laquelle sera publié le code informatique.
7 Liens du projet
Lien de la page Github :
https://github.com/ttraverdy/Leviator-Project
Lien de la chaine Youtube du projet :
https://www.youtube.com/channel/UCdGrtRZ7fIeak36F0Q
d5pNw
8 Références
[1] Researchers demonstrate acoustic levitation of a large sphere
https://phys.org/news/2016-08-acoustic-levitation-large-sphere.html
[2] Omirou, T., Marzo, A., Seah, S. A., & Subramanian, S. (2015).
LeviPath: Modular Acoustic Levitation for 3D Path Visualisations. In
CHI '15 Proceedings of the 33rd Annual ACM Conference on Human
Factors in Computing Systems (pp. 309-312 ). Association for Computing
Machinery (ACM). DOI: 10.1145/2702123.2702333
[3] Hoshi T. (2012) Compact Ultrasound Device for Noncontact
Interaction. In: Nijholt A., Romão T., ReidsmaD. (eds) Advances in
Computer Entertainment. Lecture Notes in Computer Science, vol 7624.
Springer, Berlin, Heidelberg
[4] Yoichi Ochiai , Takayuki Hoshi , Jun Rekimoto, Pixie dust: graphics
generated by levitated and animated objects in computational acoustic-
potential field, ACM Transactions on Graphics (TOG), v.33 n.4, July
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[5] Whymark R (1975) Acoustic field positioning for containerless
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[6] Marzo, Asier& Barnes, Adrian & W. Drinkwater, Bruce. (2017).
TinyLev: A multi-emitter single-axis acoustic levitator. Review of
Scientific Instruments. 88. 085105. 10.1063/1.4989995.
[7] Marzo A., Ghobrial A., Cox L., Caleap M., Croxford A. & Drinkwater
B. W. Realization of compact tractor beams using acoustic delay-lines.
2017. Applied Physic Letters.
[8] Marzo, A., Corkett, T., & Drinkwater, B. W. Ultraino: an Open
Phased-Array System for Narrowband Airborne Ultrasound
Transmission. 2017. IEEE Trans Ultrasonics FF.
[9] Angelica Castro. Manipulation of biomimetic objects in acoustic
levitation. Acoustics [physics.class-ph]. Université Pierre et Marie Curie
- Paris VI, 2013. English.
7 [http://www.k-wave.org]