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SOMMAIRE
3LE POINT SUR LA
CAISSE DE DÉPÔT ETPLACEMENT
4POUR AIDER LESCAMIONNEURSINDÉPENDANTS
5Kyoto et l’énergie
PLEINS FEUXSUR LE SCEP
7HOMMAGE À
LAURAINEVAILLANCOURT
8Il y a cent ans
LA GRÈVE DES P’TITSCHARS
9À LA SOURCE
JOURNAL DE LA FÉDÉRATION DES TRAVAILLEURS ET TRAVAILLEUSES DU QUÉBEC (FTQ) Nº 51 / JANVIER-FÉVRIER 2003
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6348
8
Le Monde ouvrier
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CC
le samedi 15 mars 2003
devantl’Assembléenationale à Québec
Soyez là!GRANDE MANIFESTATION NATIONALE
LA FTQ ET SES SYNDICATS ONT
ADOPTÉ UN PLAN D’ACTION
CONCERNANT LE
VIEILLISSEMENT DE LA MAIN-
D’ŒUVRE LORS DU COLLOQUE
QUI A ATTIRÉ 250 PERSONNES
TROIS-RIVIÈRES, LES 22 ET 23
JANVIER. LES DISCUSSIONS SE
SONT DÉROULÉES AUTOUR DE
QUATRE GRANDS AXES :
L’ORGANISATION DU TRAVAIL,
LA FORMATION CONTINUE,
LA RETRAITE ET LE
DÉVRLOPPEMENT
SOCIOÉCONOMIQUE
C ’est d’abord sur leterrain de l’organisa-tion du travail et de
la qualité de vie au travailqu’il faudra agir en dévelop-pant diverses mesures :
▼ de santé et de sécurité dutravail adéquates, tantpour la santé mentaleque pour la santé physi-que;
▼ de réduction généraliséedu temps de travail, ens’assurant de ne pas parti-ciper à une plus grandeprécarisation des emplois;
▼ de conciliation du travailet des activités familialeset personnelles, tantpour les jeunes famillesque pour les salariés plusâgés qui doivent soutenirun conjoint, des parentsâgés ou leurs propresenfants et petits-enfants.
«Les syndicats sont bienplacés pour proposer des solu-tions visant à assurer lemaintien en emploi des tra-vailleuses et travailleurs vieil-
lissants qui le souhaitent etpour permettre aux plus jeu-nes de vieillir dans de bonnesconditions», a déclaré HenriMassé, président de la FTQ,à la sortie du colloque.
Une formation toutau long de la vie
De son côté, le secrétaire gé-néral a insisté sur l’impor-tance d’instaurer une vérita-ble culture de la formationcontinue dans nos milieuxde travail. «En raison deschangements rapides qui seproduisent, les salariés doi-vent s’adapter continuelle-ment à un nouvel environne-ment de travail, voire mêmechanger plusieurs fois d’em-ploi au cours de leur vieactive. La formation continueest donc devenue une nécessitéabsolue», a dit René Roy.
La FTQ propose auxsyndicats de négocier la mi-se en place d’un comitéparitaire syndical-patronalde formation chargé de lamise en œuvre d’une straté-
gie à cet effet. On pourraitaussi créer un comité sem-blable pour mieux gérer lespénuries potentielles demain-d’œuvre.
Pour éviter le chômagechez les plus âgés, la FTQpropose également des pro-grammes adéquats de re-
connaissance des acquis etde développement de nou-velles compétences pourl’intégration de ceux etcelles qui perdent leuremploi.
ROBE
RT SA
UVAG
EAU
Le secrétaire général de la FTQ, René Roy
C O L L O Q U E S U R L E V I E I L L I S S E M E N T D E L A M A I N - D ’ Œ U V R E
La FTQ et ses syndicatsadoptent un plan d’action
ROBE
RT SA
UVAG
EAU
SUITE EN PAGE 2
LES 2000 SALARIÉS DE LA
BANQUE LAURENTIENNE DE
180 SUCCURSALES DU QUÉBEC
ET DE LA VILLE D’OTTAWA ONT
CHOISI L’ARBITRAGE PLUTÔT
QUE LA GRÈVE POUR EN
ARRIVER À UN CONTRAT DE
TRAVAIL ACCEPTABLE.
C ’est ce qu’a fait savoirDaniel Larose, pré-sident de la section lo-
cale 434 du Syndicat des em-ployées et employés profes-
sionnels et de bureau (SEPB-FTQ), après l’assemblée gé-nérale du dimanche 2 février.
Grève évitée
Les membres ont accepté à90% la recommandation dumédiateur Jacques Lessardde s’adresser à un tribunald’arbitrage. Ils mettaientainsi fin à leur menace degrève et évitaient le lock-out.
«Lors de la séance de mé-diation, à la mi-janvier, l’em-ployeur a maintenu toutes ses
demandes, a expliqué DanielLarose. Les membres étaientà bout de patience. Il nous aforcé à prendre un vote degrève ».
Le 12 janvier, les syn-diqués avaient voté à 92%en faveur de la grève, aprèsavoir exercé une série demoyens de pression depuis leprintemps 2002. La conven-tion collective est échue de-puis juin 2001.
B A N Q U E L A U R E N T I E N N ELES SYNDIQUÉSCHOISSISSENT L’ARBITRAGE
SUITE EN PAGE 3
2 / LE MONDE OUVRIER / JANVIER-FÉVRIER 2003
Journal de la Fédération des travailleurs et travailleusesdu Québec (FTQ)
Président : Henri Massé
Secrétaire général : René Roy
565, boulevard Crémazie EstBureau 12100Montréal, Québec H2M 2W3 Téléphone : (514) 383-8000Télécopie : (514) 383-8001Courriel : [email protected] FTQ : www.ftq.qc.ca
Rédactrice en chef : Carole Clément
Collaboration : Alexandre Boulerice, SCFP;Louise Laporte, AFPC; André Messier; LouisCauchy, Robert Demers, Johanne
Deschamps, Louis Fournier, Sylvie Lépine,Jean-Pierre Néron, FTQ
Graphisme : Anne Brissette
Photographes : Serge Jongué et Jacques Lavoie
Produit par des travailleuses et travailleurssyndiqués chez Litho Acme
Tirage 56 000 exemplaires
Toute reproduction totale ou partielle desarticles est permise, et même encouragée,à condition d’en indiquer la source.
Dépôt légal à la Bibliothèque nationale du Québec
ISSN 0700-8783
V I D É O T R O N
LA LUTTE CONTINUEAu moment d’écrire ces lignes, le lock-out àl’encontre de nos confrères et consœurs deVidéotron se poursuivait toujours, malgré la reprisedes négociations le 15 octobre dernier. Deux milledeux cents personnes sont à la rue depuis le 8 mai2002. Dans ce contexte difficile, la solidarité desautres syndiqués devient essentielle. Déjà, plusieursgrands syndicats et de très nombreuses sectionslocales ont soutenu financièrement les cadenassés.
Besoins encore grandsD’une ampleur exceptionnelle jusqu’ici, l’aidefinancière doit se poursuivre car les besoins sontgrands. C’est pourquoi le SCFP et la FTQ convienttous les syndicats locaux à faire parvenir leurcontribution le plus rapidement possible.
Si ce n’est déjà fait, préparez une résolution d’appuifinancier, si possible récurrent, en solidarité avec lessyndiqués de Vidéotron. Cet appui est vital et nouscomptons sur la poursuite du mouvement que nousavons initié l’automne dernier.
Les chèques doivent être libellés à l’ordre du SCFP-Québec (en précisant qu’il s’agit d’un don pour leFonds d’aide Vidéotron) et envoyés au SCFP, 565,boul. Crémazie Est, bureau 7100, Montréal (Québec)H2M 2V9.
Faisons de cette négociation une victoire collective!
Grandes négociations en 2003QUELQUES GRANDES NÉGOCIATIONS À L’ORDRE DU JOUR AU QUÉBEC EN 2003 CHEZ LES SYNDICATS
AFFILIÉS À LA FTQ (LISTE NON EXHAUSTIVE) :
S Y N D I C A T S F T Q
C O U P O N D ’ A B O N N E M E N T G R A T U I T
Nom
Prénom
Syndicat ou organisme Section locale
Adresse
Ville Province Code postal
Employeur
Téléphone Travail ( ) poste Résidence ( )
Courriel Nombre d’exemplaires
Le Monde ouvrier
▼ SCFP, SQEES, UES, SEPB : secteurpublic et parapublic québécois (55 000membres de la FTQ; les contratsexpirent le 30 juin)
▼ SCFP : Ville de Montréal (17 500membres) et d’autres municipalités;Société de transport de Montréal (4250 membres); personnel de soutiendes universités de Montréal et Laval (3 800); TVA (800); Société de transportde Longueuil (600)
▼ Métallos : Ispat-Sidbec (1 500);Emballages Consumers (550); SportsMaska (550); Pro-Cycle (350)
▼ SCEP : Johnson & Johnson (700);Acton International (350); Doral (250);plusieurs scieries
▼ TUAC : plusieurs magasinsd’alimentation; Réno-Dépôt (400);Bureau en Gros (125)
▼ Teamsters : plusieurs compagnies decamionnage
▼ SQEES-UES : Fonds de solidarité FTQ(400); plusieurs clubs de golf
▼ TCA : CMC Électronique (ex-Marconi,450); Château Champlain (300); AFGIndustrie (200)
▼ AIMTA : Air Canada (3 500mécaniciens au Québec)
▼ SEPB : Banque Laurentienne (2 000);plusieurs caisses Desjardins; BellActiMédia (200); librairies Renaud-Bray (200)
▼ STTP : Société des Postes (10 500facteurs et postiers au Québec)
▼ SVTI : Consoltex (400)
▼ SITBCTM : Culinar-Vachon (650)
Les fameuses boîtes rouges au cœur du systèmepostal canadien. Les 10 500 facteurs et postiersdu Québec négocieront le renouvellement deleur convention collective au printemps.
STELCO À CONTRECOEURLes métallosobtiennent justiceIL A FALLU UNE GRÈVE DE
CINQ MOIS AUX 333
TRAVAILLEURS DE STELCO,
À CONTRECOEUR, POUR
OBTENIR JUSTICE. CES
MÉTALLOS RECHERCHAIENT
UN RÈGLEMENT ÉQUIVALENT
À CELUI NÉGOCIÉ PAR LEURS
CONFRÈRES DE HAMILTON,
EN ONTARIO.
«Les métallos québécois ontobtenu un règlement supé-rieur pour les trois premiè-res années d’une conven-tion collective de cinq ans,en ce qui a trait au régimede retraite, un enjeu ma-jeur du conflit», mention-ne Guy Farrell, le conseil-ler syndical au dossier.
Ainsi, un métalloayant accumulé trente ans
de service obtiendra unerente mensuelle de 2640$à la fin du contrat de tra-vail. Après 35 ans de servi-ce, la rente sera de 2930$.L’augmentation de la rentede retraite est de 57%.
Les travailleurs deStelco obtiennent uneaugmentation salariale de0,42$ l’heure et conser-vent leur clause d’indexa-tion. Le salaire horairemoyen est de 23$. «Notreconvention collective n’estplus la même, affirme Ser-ge Gailloux, le présidentdu syndicat local. Nousavons obtenu des amélio-rations à peu près partout.Nous avons atteint nos ob-jectifs grâce à la solidaritéici mais aussi avec l’aide detous les travailleurs de l’a-cier et de notre syndicat.»
ARCH
IVES
FTQ
Une retraite décentePour aider ses membres àpréparer une retraite décen-te et répondre aux attentespour une retraite hâtive ouprogressive, les priorités denégociation sont :
▼ bâtir des régimes de re-traite à prestations déter-
minées plutôt qu’à cotisa-tion déterminées;
▼ définir les conditions d’u-ne prise de retraite plusprécoce ou progressive;
▼ offrir des cours de prépa-ration à la retraite;
▼ nous impliquer active-ment dans la gestion descaisses de retraite;
▼ réclamer des améliora-
tions aux régimes publicsde retraite.
Toutes ces idées font déjàleur chemin dans nos rangset, dans plusieurs cas, desétapes ont été franchies. Maisavec un plan d’action enmain, il faut s’attendre à desmouvements concertés unpeu partout dans les syndi-cats au cours des prochainesannées.
SUITE DE LA PAGE 1
LE MONDE OUVRIER / JANVIER-FÉVRIER 2003 / 3
« La mobilisationmilitaire entreprise parl’administration Bushrisque de court-circuiterle processusactuellement en courssous l’autorité du Conseilde sécurité des Nationsunies et qui a lalégitimité de la loiinternationale. L’actionmilitaire menée endehors du cadre del’ONU saperait lasécurité internationaleau lieu d’y contribuer.Une telle action n’est, auregard des preuves donton dispose actuellement,pas nécessaire et seraitinacceptable.« Bien sûr, nous ne nousfaisons pas d’illusionquant à la nature de ladictature de SaddamHussein, sous laquelle vitle peuple irakien depuisune trentaine d’années.Nous savons queSaddam Hussein est untyran qui a cherché, dans
le passé, à fabriquer et àutiliser des armes dedestruction massive. Uneéquipe d’inspecteurs endésarmement desNations unies parcourtl’Irak à la recherche depreuves de la présencede telles armes. On doitleur accorder plus detemps pour faire leurtravail et, de cette façon,mettre tout en œuvrepour parvenir au butlégitime d’undésarmement de l’Iraksans recourir à la guerre.« La CISL, depuis denombreuses années, aattiré l’attention del’opinion publique sur lanature répressive durégime irakien et sesinfractions aux droits destravailleurs et auxlibertés civiles engénéral. Les Irakiens sontdes otages dans leurpropre pays, des victimesd’un régime oppressif etantidémocratique.
D’autre part, lapopulation de ce pays vitactuellement unesituation catastrophiquesur le plan humanitaire.Il faut donc œuvrer à lamise en place d’unprogrammeinternational réaliste etfaisable pour soulagerles souffrances despersonnes vivant en Irak.« Une solution pacifiqueaux menaces réelles quela dictature irakiennefait peser sur sa proprepopulation et sur lemonde est possible etelle est nécessaired’urgence. Noussouhaitons vivement quela communautéinternationale pourraagir de concert, parl’entremise de l’ONU,pour parvenir à cettesolution pacifique.»
La FTQ s’inquièted’une dérive vers laguerre en IrakÀ L’INSTAR DE LA CONFÉDÉRATION INTERNATIONALE DES SYNDICATS LIBRES (CISL), LA GRANDE
CENTRALE MONDIALE À LAQUELLE ELLE EST ASSOCIÉE, LA FTQ S’INQUIÈTE DES DANGERS D’UNE
DÉRIVE VERS LA GUERRE EN IRAK ET DEMANDE QUE LA CRISE SOIT TRAITÉE PAR L’ENTREMISE DES
NATIONS UNIES, COMME LE MOYEN LE PLUS SÛR DE PRÉSERVER LA PAIX ET DE GARANTIR LA
SÉCURITÉ INTERNATIONALE. LE PRÉSIDENT DE LA FTQ, HENRI MASSÉ, QUI EST ÉGALEMENT MEMBRE
DU CONSEIL EXÉCUTIF DE LA CISL, A FAIT LA DÉCLARATION SUIVANTE AU NOM DE LA CENTRALE :
L’AUTOMNE DERNIER A ÉTÉ
POUR LE MOINS HOULEUX
POUR LA CAISSE DE DÉPÔT ET
PLACEMENT DU QUÉBEC.
CERTAINES DÉCISIONS ONT ÉTÉ
DUREMENT CRITIQUÉES SUR LA
PLACE PUBLIQUE. SELON LA
FTQ, UNE BONNE PART DES CRI-
TIQUES ONT ÉTÉ EXAGÉRÉES.
« IL N’EN DEMEURE PAS MOINS
QU’IL LUI FALLAIT UN SÉRIEUX
COUP DE BARRE ! », AVOUE
HENRI MASSÉ.
À titre de membre duconseil d’adminis-tration de la Caisse,
le président de la FTQ nenie pas que certaines desdécisions aient pu susciterdes questionnements. «Mais
la Caisse dispose d’équipessolides, dit-il, tant au niveaudes immobilisations, que desobligations et des place-ments.» D’ailleurs, elle aremporté le prix du meilleurgestionnaire au Canada, il ya quelques années.
RecentrageLe président de la FTQ saluele recentrage opéré par laCaisse de dépôt ces derniersmois. « On a pris plusieurssuggestions de la FTQ en con-sidération, dit Henri Massé,pour cesser l’éparpillement etcentrer les opérations sur lagestion des actifs. »
De plus, le rôle du con-seil d’administration a étémieux défini. « La FTQ avaittoujours dénoncé la tenue deconseils d’administration par
téléphone, comme ça s’est déjàproduit, mais nous n’avionspas été capable de renversercette tendance.»
Selon Henri Massé, laCaisse de dépôt et placementdoit demeurer un moteur dedéveloppement économique.«Mais dans les périodes diffi-ciles où tous les rendementssont négatifs, dans les annéesde vache maigre, il faut pren-dre tous les moyens pour rame-ner les rendements.» Il rappellequ’historiquement le ren-dement de la Caisse a étéexcellent.
Une participationlégitime
Dans les milieux finan-ciers, plusieurs question-nent la présence de la FTQau conseil d’administration
de l’organisme public. «Prèsde 50 % des actifs de la Cais-se proviennent des régimes deretraite des travailleurs et destravailleuses du secteur pu-blic et de la construction. Cesont leurs intérêts que nous re-présentons et que nous défen-dons. Ils doivent être protégésadéquatement pour avoirdroit à une retraite décente.La FTQ va s’assurer de resterprésente à la Caisse de dépôtpour que ce soit le cas!»,conclut Henri Massé quisalue la tenue d’une com-mission parlementaire surcette institution, en mars.
C A I S S E D E D É P Ô T E T P L A C E M E N T D U Q U É B E C
«Il fallait un sérieux coup de barre»- Henri Massé
Henri Massé, président de la FTQ
Après 18 mois de négociations, il n’y avait toujoursaucune offre d’augmentation salariale sur la table. LaBanque veut transférer des salariés chez des contractuels;en cas de refus, ces techniciens en informatique perdraientleur emploi. L’employeur a toujours l’intention de morcelerl’unité d’accréditation, créée il y a 35 ans. Il veut éliminerla sécurité d’emploi et modifier les horaires de travail à saguise. De plus, les assurances des personnes à la retraite ontété annulées.
Ces femmes (92 %) sont les seules à être syndiquéesdans l’univers des banques au Canada. Elles n’ont pas eu lavie facile durant les dernières années. En 1996, la BanqueLaurentienne avait tenté d’arracher la désyndicalisation deplusieurs tâches. Le syndicat avait mené une chaude lutte àla précarisation des emplois et avait évité la grève.
Les salariés de la Banque Laurentienne sauront d’icisix mois les conditions de travail qui s’appliqueront pourles trois années du contrat, rétroactivement au mois de juin2001.
SUITE DE LA PAGE 1
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Lors du vote de grève, le 12 janvier au Palais des congrès, quelque1230 membres s’étaient déplacés de toutes les régions du Québec.Les autres assistaient simultanément à l’assemblée générale parconférence téléphonique à partir d’une vingtaine de lieuxdifférents.
Les femmes et les jeunes forment la grande majorité du personnel dela Banque Laurentienne.
4 / LE MONDE OUVRIER / JANVIER-FÉVRIER 2003
Un contrat-typepour lescamionneursindépendants
RÉSULTAT DES LUTTES NOMBREUSES MENÉES
PAR LES CAMIONNEURS INDÉPENDANTS, AVEC
L’APPUI DE LA FTQ, LE FORUM DES
INTERVENANTS DE L’INDUSTRIE DU
CAMIONNAGE GÉNÉRAL S’EST ENTENDU
RÉCEMMENT SUR LES CLAUSES D’UN PREMIER
CONTRAT-TYPE POUR CES TRAVAILLEURS
AUTONOMES.
Q uelque 5 500 camionneurs propriétaires sont con-cernés par l’application de ce contrat. Leur plusimportant regroupement est l’Association pro-
fessionnelle des chauffeurs de camion (APCC), associéeau Syndicat des Métallos (FTQ).
Henri Massé a invité les gouvernements et les don-neurs d’ouvrage à maximiser l’utilisation de ce contratafin de «civiliser» leurs relations avec les camionneursindépendants. Le directeur du Syndicat des Métallos,Michel Arsenault, souligne que son syndicat travailleainsi à mettre en place des mécanismes nouveaux pourassurer de bonnes conditions de travail et de revenus auxcamionneurs indépendants, tout comme il le fait aussipour les chauffeurs de taxi.
Le président de l’APCC, Mario Sabourin, rappelleque l’association aide ses membres par le regroupementde services et de produits et par une représentation cons-tante auprès des instances gouvernementales et des don-
neurs d’ouvrage. L’APCCoffre notamment unservice d’assistance juridi-que gratuit et exclusif reliéà l’exercice de la professionde camionneur ou à l’ex-ploitation d’une entreprisede camionnage, ainsi qu’unprogramme complet deproduits et services desti-nés à réduire les coûts d’o-pération de leur entreprise.
L’Association repré-sente également des ca-mionneurs qui oeuvrentdans le transport en forêt,le transport de copeaux, lecamionnage en vrac et ladistribution.
Mario Sabourin, président del’Association professionnelledes chauffeurs de camion(APCC), associée au Syndicatdes Métallos
CHAÎNE D’APPROVISIONNEMENT DES FORCES ARMÉES
Victoire de l’AFPCcontre la privatisationLES MEMBRES DE L’ALLIANCE
DE LA FONCTION PUBLIQUE
(AFPC-FTQ) TRAVAILLANT À
LA DÉFENSE NATIONALE
CÉLÈBRENT LEUR VICTOIRE
CONTRE LA PRIVATISATION,
AVEC LA DÉCISION RÉCENTE
DU MINISTÈRE DE NE PAS
CONFIER LES OPÉRATIONS DE
LA CHAÎNE D’APPROVISIONNEMENT DES FORCES ARMÉES À UNE MULTINATIONALE BRITANNIQUE,
TIBBETT AND BRITTEN GROUP.
C O D E D U T R A V A I LIl faudra attendre l’entrée envigueur de quelques dispositionsÀ QUELQUES EXCEPTIONS PRÈS, L’ENSEMBLE DES DISPOSITIONS CONCERNANT LE NOUVEAU CODE DU
TRAVAIL ET INSTITUANT LA COMMISSION DES RELATIONS DU TRAVAIL (CRT) SONT EN VIGUEUR
DEPUIS LE 25 NOVEMBRE 2002.
P our l’instant, le montant de la cotisation pour adhérer à un syndicat reste à 2 $ etles renseignements demandés sur le formulaire d’adhésion sont les mêmes. Ilspourraient changer dans le futur.
La CRT peut déjà entendre les plaintes relatives à un renvoi et à des mesuresdisciplinaires invoquées en vertu du devoir de représentation du syndicat (art. 47.2).Auparavant, ces plaintes étaient traitées par le Tribunal du travail. Il faudra attendrejanvier 2004 pour que la Commission ait pleine compétence sur l’ensemble des plaintes.
Enfin, ce n’est qu’au 1er septembre 2003 que les nouveaux délais pour rendre unedécision (par exemple le délai de 60 jours concernant une requête en accréditation) s’ap-pliqueront. Cela est dû au fait que les commissaires entreront en fonction graduellementselon le processus d’embauche prévu dans la loi.
L es hauts fonctionnai-res à la Défense na-tionale reconnaissent
ainsi la valeur du travail effi-cace et professionnel qu’ac-complissent les membres del’AFPC. Cette décision con-firme également le messagedu syndicat qu’aucune en-treprise ne peut effectuer cetimportant travail de manièreaussi efficace que la fonctionpublique.
«Contrairement à d’au-tres expériences de privatisa-tion, on a mis fin à ce projetavant qu’une catastrophe n’é-clate, grâce au travail de sen-sibilisation que nous avonsfait auprès de nos collectivitéset grâce à l’appui de nosmembres», a déclaré JérômeTurcq, vice-président qué-bécois de l’Alliance et vice-président de la FTQ. «Cettelutte nous a appris d’impor-tantes leçons : en travaillantensemble, nous pouvons chan-ger les choses. D’ailleurs, lavisibilité de la FTQ lors denos manifestations et rallie-ments a illustré avec éloquen-ce l’importance de la solida-rité dans le mouvement syn-dical et dans nos communau-tés. Ce soutien a grandementcontribué à renverser la déc-ision de privatiser.»Ce revirement de situationtouche 1400 membres del’Union des employés de la
Défense nationale (UEDN)affiliée à l’AFPC, dont 400au Québec. Ces civils veil-lent à l’approvisionnementcomplet des militaires cana-diens, ici et à l’étranger, enmission de paix ou au com-bat. Qu’il s’agisse de vête-ments, d’eau, de nourriture,d’armes, de munitions ou decarburant, les marchandisesproviennent de dépôts com-me Longue-Pointe (Mont-réal), Bagotville ou Val-Car-tier.
Membres ravis«Le syndicat a vivement con-testé les importantes écono-mies promises par Tibbett and
Britten, a indiqué la prési-dente canadienne de l’AFPC,Nycole Turmel. En bout deligne, la seule façon de réaliserles économies promises auraitété de réduire le personnel et derogner sur les coûts chaque foisque cela aurait été possible.Nos membres sont ravis dufait que leur précieux travailsoit reconnu.»
L’AFPC et l’UEDN ontmené une campagne contrele projet de la chaîne d’ap-provisionnement pendantdes mois. Ils ont fait valoirque la privatisation de cesactivités n’était pas dansl’intérêt public, ne permet-trait pas de réaliser des éco-nomies et irait à l’encontredes objectifs du Canada enmatière de sécurité.
«La Défense nationaleva revoir les opérations de lachaîne d’approvisionnement,a précisé Jérôme Turcq. Lesyndicat va travailler étroite-ment avec le ministère afin des’assurer qu’on respecte lesengagements de faire tous lesefforts nécessaires pour enamoindrir les effets négatifs.»
L’emploi des membresde l’AFPC-UEDN sera pro-tégé pendant cette révision.Durant les trois premièresannées du projet, personnene sera obligé de déménagerafin d’accepter une offred’emploi raisonnable.
Lors d’une manifestation àLongue-Pointe, sur l’île deMontréal, l’automne dernier
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C O M M I S S I O N D E S R E L A T I O N S
D U T R A V A I L
Une première décisionsignificativeLa nouvelle Commission des relations du travail duQuébec a rendu une première décision qui afavorisé le règlement rapide d’un conflit en faveurd’un syndicat affilié à la FTQ.Le 18 décembre dernier, la Commission a ordonné àla direction de l’imprimerie Scabrini Média, àAnjou, de mettre fin au lock-out imposé le 9décembre aux membres de la section locale 145 duSCEP. La quarantaine de salariés ont aussitôt décidéde rentrer d’eux-mêmes au travail et la conventioncollective a été signée dans les jours qui ont suivi.
Le 16 décembre 2002,cinq ans après la con-clusion du Protocole
de Kyoto sous l’égide desNations Unies, le premierministre Jean Chrétien lesignait enfin au nom duCanada. Approuvé le 10 dé-cembre 1997, l’Accord deKyoto avait pour but d’inci-ter les gouvernements et lespopulations à diminuer lesémissions de gaz à effet deserre qui menacent la pla-nète en adoptant de nouvel-les façons de produire et deconsommer.
Pour répondre au pro-tocole de Kyoto, notam-ment, le SCEP, le plus grandsyndicat du secteur del’énergie au Canada, prépa-rait ses cartes depuis quel-ques années. Lors de soncongrès de septembre der-nier, il a adopté une politi-que sur l’énergie. «Kyoto estun élément parmi d’autres denotre politique, précise Jo-seph Gargiso, vice-présidentadministratif du SCEP auQuébec et responsable dusecteur énergie du syndicat.La politique repose sur leprincipe qu’il n’y a pas néces-sairement de conflit entrel’emploi et la protection del’environnement.»
Le SCEP prône une ac-tion en vue de contrôler leschangements climatiques,favorise une gestion pru-dente de nos ressources etsouhaite une planificationde la dépollution de notreenvironnement.
Les gouvernements etles entreprises, particuliè-rement, portent la respon-sabilité sociale de minimi-ser les impacts négatifs del’adoption de mesures deréduction des émissions degaz à effet de serre.
Le SCEP et la FTQ pro-posent la création d’unfonds de transition équitableen faveur des communautésainsi que des travailleurs ettravailleuses qui pourraientêtre affectés par la mise enœuvre du Protocole deKyoto. Ce fonds devra :▼ faciliter la relocalisation
et le recyclage;▼ favoriser la formation et
le soutien du revenu.Ces mesures de transi-
tion devraient être accompa-gnées de mesures de soutienà la création d’emplois dansde nouveaux créneaux.Nous aurons ainsi demeilleures chances de léguerune planète encore en santéaux générations futures.
D’ailleurs, le Conseilgénéral de la FTQ tenu le1er novembre 2002 a adoptéà l’unanimité une résolu-tion en ce sens.
L’autre côté de la médailleLes recherches menées parle SCEP sur les impacts de laréduction des gaz à effet deserre concluent qu’ils nesont pas de la même am-pleur que les opposants auprotocole de Kyoto l’ont lais-sé craindre. «Selon le scénariole plus probable, la croissanceéconomique serait de 17,6%au lieu de 18 % jusqu’en20101. Ça implique des chan-gements dans nos habitudesde consommation, par exem-ple en matière de transport,
précise le confrère Gargiso.Il faudrait recourir davanta-ge au transport en commun etconstruire des voitures moinsénergivores et plus performan-tes. La technologie est là pourle faire et Kyoto va créer unepression pour obliger la sociétéà agir. Le problème est mon-dial et la solution doit l’êtreaussi.»
Il rappelle l’expériencede l’élimination du plombdans l’essence dans les an-nées 70. «Cela a affecté l’in-dustrie de la production duplomb. Il y a eu des mises àpied. Nous avons donc la res-ponsabilité collective d’adop-ter des mesures d’accompa-gnement et nous, au SCEP,nous voulons y participer.»
Pour agir sur les chan-gements climatiques, il fau-dra faire de la recherche etdu développement, rénoverles édifices publics, indus-triels et commerciaux pouraméliorer la consommationd’énergie, créer des emploisdans de nouveaux secteurs.Nous ne manquerons pas detravail, selon les plus opti-mistes.
Joseph Gargiso est vice-président administratif du SCEPau Québec. Il représente lesecteur de l’énergie de sonsyndicat et coordonne leprogramme canadien denégociation de l’énergie et dela chimie.
LE MONDE OUVRIER / JANVIER-FÉVRIER 2003 / 5
LE SCEP SANS FRONTIÈRESLA MONDIALISATION EST DEVENUE OMNIPRÉSENTE DANS NOS VIES : GLOBALISATION DES
MARCHÉS, COMMUNICATIONS PAR CÂBLE ET PAR SATELLITE, INTERNET, TRANSPORT
INTERCONTINENTAL RAPIDE, ETC. BREF, IL S’AGIT D’UN MOUVEMENT IRRÉVERSIBLE AUQUEL IL
NOUS FAUT S’ADAPTER. SOUS LE THÈME UN SYNDICALISME SANS FRONTIÈRES, LE DERNIER
CONGRÈS DE LA FTQ A ÉTÉ L’OCCASION D’EXAMINER LES ENJEUX AUXQUELS NOUS FAISONS FACE
DANS CE CONTEXTE ET LES STRATÉGIES SYNDICALES QUI S’OFFRENT À NOUS. VOICI LE GENRE
D’IMPLICATION QU’A CHOISI UN DE NOS AFFILIÉS, LE SYNDICAT DES COMMUNICATIONS, DE
L’ÉNERGIE ET DU PAPIER (SCEP).
P O U R R É P O N D R E À K Y O T OUne politique syndicale sur l’énergie
Il en va de l’avenir de notre planète!Depuis le printemps 2002, l’appui à l’Accord de Kyotoau Canada s’est effrité. Il n’y a qu’au Québec quel’accord demeure populaire avec l’appui des trois-quarts (76 %) de la population.2
Quant à nos voisins du Sud, probablement au premierrang des pollueurs, ils ne montrent toujours aucunenthousiasme à appuyer l’accord quoique certainsétats, telle la Californie, légifèrent en la matière. Lapolitique du SCEP sur l’énergie demande augouvernement du Canada d’user de son influence pouramener les États-Unis à se joindre à la communautéinternationale dans la lutte contre le réchauffement dela planète.
Quelques adresses utiles pour s’informer etfaire des choix «énergétiquement» éclairés :
■ www.scep.ca■ www.energuide.nrcan.gc.ca■ www.changements-climatiques.qc.ca■ www.dec-ced.gc.ca
DE NOUVEAUX LIENS AVEC L’ALGÉRIELa FTQ entretient des liens avec l’Union générale des travailleursalgériens (UGTA) depuis plusieurs années. En 2000, le présidentHenri Massé a séjourné en Algérie et le Fonds de solidarité FTQ yavait envoyé une petite équipe pour échanger avec lesreprésentants de l’UGTA et appuyer ses démarches pour la miseen place d’un fonds syndical d’investissement pour l’emploi, àl’exemple du Sénégal. Les échanges aux niveauxgouvernemental et syndical avaient été fructueux et la pressealgérienne en avait fait grand état.
L’automne dernier, le Syndicat des communications, de l’énergieet du papier (SCEP-FTQ) y a envoyé une délégation pouréchanger avec la Fédération nationale des travailleurs du pétrole,du gaz et de la chimie (FNTPGC).
Les premiers contacts du SCEP avec l’Algérie remontent àl’automne 2000. La Fédération affiliée à l’UGTA, qui représente160 000 membres, s’était montrée intéressée par une visite cheznous qui s’est concrétisée en juillet 2002. Au programme, outrela formation syndicale et l’échange d’expertise, on a visité laraffinerie de Pétro-Canada à Montréal, où 275 travailleurs ettravailleuses sont membres de la section locale 175 du SCEP.Puis, fin septembre 2002, le confrère Mohamed LakhdarBedreddine, secrétaire général de la fédération, s’est adressé auxcongressistes du SCEP réunis à Toronto.
Un moment fortEn octobre dernier, la délégation du SCEP est arrivée à Alger à unmoment fort des activités de la FNTPGC qui se mobilisait contreun avant-projet de loi sur les hydrocarbures. Les syndicalistesalgériens rejettent cette pièce législative parce qu’elle mèneraità la privatisation des ressources pétrolières et gazières, l’uniquelevier économique du pays.
«L’Algérie montre une ouverture à la co-entreprise de sa sociéténationale du pétrole avec des partenaires étrangers du secteurprivé, explique Joseph Gargiso, vice-président administratif duSCEP au Québec. Une des entreprises qui a déjà investi dansl’exploitation en Algérie est Pétro-Canada. Il y a donc des débats àl’heure actuelle entre les deux organisations syndicales à ce sujet.»
«L’accueil a été chaleureux et les échanges très enrichissants, dit lechef de la délégation. Mais on sent que la société algérienne seremet difficilement de ses années de lutte au terrorisme qui n’esttoujours pas totalement enrayé.
«Même si les contextes économique, politique et culturel de nosdeux pays sont différents, la consolidation de nos liens doit sepoursuivre parce que nous avons en commun l’essentiel, la luttepour le respect et l’avancement des droits des travailleuses et destravailleurs. Si les entreprises n’hésitent pas à se concerter, nousavons tout à gagner à nouer des liens entre syndicats des mêmessecteurs», conclut Joseph Gargiso.
Plate-forme de forage à Hassi Messaoud, à 800 km au sud d’Algeren plein désert, le plus grand champ pétrolifère du pays avec unesuperficie de 2 000 km2
MUR
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1. Plan du Canada sur les changements climatiques, Gouvernement du Canada, page 4
2. La Presse, 6 décembre 2002
La délégation du SCEP en compagnie de syndicalistes algériens,lors de la visite des installations pétrochimiques de Sonatrach, àArzew en Algérie : Joseph Gargiso, vice-président administratifSCEP-Québec et chef de la délégation; Daniel Cloutier, conseillersyndical; Jacques Vanier, Michel Guerriat et Jean-Yves Charland,respectivement président, vice-président et membre de la sectionlocale 175 du SCEP (Pétro-Canada); Mohand Tessa, représentant duFonds de solidarité FTQ.
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6 / LE MONDE OUVRIER / JANVIER-FÉVRIER 2003
INSPIRÉ D’UNE EXPÉRIENCE
FRANÇAISE, LE FOYER DE
JEUNES TRAVAILLEURS ET
TRAVAILLEUSES DE MONTRÉAL
EST UNIQUE EN SON GENRE AU
QUÉBEC. IL OFFRE À DES
JEUNES LA POSSIBILITÉ DE SE
PRENDRE EN MAIN POUR
MIEUX S’ADAPTER AU MONDE
DU TRAVAIL.
S a directrice générale,Jeannine Rouja, parled’un moyen pour les
jeunes qui sont en situationprécaire de «s’habituer à or-ganiser sa vie. Les jeunesviennent ici de façon volon-taire, pour se stabiliser au ni-veau personnel et profession-nel.» Bien souvent, ils évi-tent ainsi d’aboutir dans larue, désoeuvrés, pauvres etsans abri.
Pour y être accueilli,chaque jeune doit arriveravec un projet de formationou d’intégration en milieu detravail. Mme Rouja insiste :«Nous ne sommes pas unemaison d’hébergement maisd’animation. C’est un trem-plin vers l’autonomie». Cer-tains sortent de désintoxica-tion, d’autres ont eu des pro-blèmes avec la justice mais laplupart sont des jeunes del’extérieur de la région mé-tropolitaine qui débarquenten ville pour finir leurs étu-
des, trouver un emploi ouapprendre à gérer un budget.
Garçons et filles, ils ontentre 16 et 25 ans, doiventavoir un revenu minimumde 500 $ par mois – leurloyer leur coûte 255 $ - etaccepter un encadrementpsychosocial. «Nous croyonsà l’activité travail commemoyen de s’épanouir et nousaidons nos jeunes à se stabili-ser en les mettant sur la pistedes nombreux emplois quivont s’offrir dans les pro-chaines années.»
Environ 30 % de laclientèle du Foyer de jeunestravailleurs et travailleusesde Montréal vient des cen-tres jeunesse. Un autre 30 %provient des minorités visi-bles aux prises avec la dis-crimination dans la recher-che d’emploi et de logement.
Un coup de pouceCette approche plaît à laFTQ et au Fonds de solida-rité qui offrent leur appuitechnique et financier auFoyer. Depuis trois ans, leconseiller au dossier Jeunes,Jacques Théoret, siège auconseil d’administration del’organisme. Il a notammentpermis à la direction duFoyer de mieux comprendrel’appareil gouvernementalet d’obtenir l’appui finan-cier du Fonds Jeunesse crééau lendemain du Sommetdu Québec et de la Jeunesse,en février 2000.
L’organisme sans butlucratif est constamment enmode «survie» pour assurerà la trentaine de jeunes qu’il
reçoit – pour une périodevariant de six mois à deuxans – un minimum de ser-vices de qualité. Une équiped’une dizaine de personnestient la barque à flot, princi-palement des psycho-éduca-teurs, récréologues, interve-nants en toxicomanie maisaussi deux veilleuses de nuit«pour assurer une présence àceux et celles qui souffrentd’insomnie ou qui se sententseuls».
Selon madame Rouja,plus un jeune prend letemps d’installer ses critèresde vie, plus son avenir serastable. L’expérience duFoyer sert donc aussi à éta-
blir des valeurs comme lerespect, la convivialité et lepartage au quotidien. «Cer-tains ont déjà été dans la rueou sont à risque de s’y retrou-ver. Il faut donc reconstruireavec eux des habitudes de vieen mini-société.»
Les projets ne man-quent pas mais il faut avanttout assurer l’argent dessalaires si l’on veut réussir àsupporter et à aider plus dejeunes à bien s’installerdans la vie adulte active.
LA RÉCENTE ANNONCE DU
GROUPE ALCAN MÉTAL
PRIMAIRE EST UN PAS DANS LA
BONNE DIRECTION POUR LA
TRANSFORMATION DE
L’ALUMINIUM, SELON ALAIN
PROULX, PRÉSIDENT DE LA
FÉDÉRATION DES SYNDICATS
DU SECTEUR DE L’ALUMINIUM
(FSSA-FTQ), ASSOCIÉE AU
SYNDICAT DES MÉTALLOS.
L a construction d’unnouveau centre derevêtement des cuves
à la nouvelle alumineried’Alma devrait permettre lacréation de 200 emplois.D’autres projets sont àvenir.
L’automne dernier, unan après la mise sur pied dela Société de la vallée de l’a-luminium, le conseiller ré-gional de la FTQ, Jean-MarcCrevier, avait mis en doute lavolonté d’Alcan d’aider larégion du Saguenay – Lac-Saint-Jean à attirer des usi-nes de transformation.
Le confrère Crevier, unadministrateur de la Société,
soutenait que plusieurs infor-mations et l’attitude de cer-tains cadres l’incitaient àdouter de la sincérité d’Alcandans ce dossier.
Il manque 747 000 tonnesPour répondre à ses propresbesoins de transformation àtravers le monde, Alcan abesoin de 3 500 000 tonnesd’aluminium. «C’est beau-coup plus, selon Jean-MarcCrevier, que ses capacités deproduction qui sont de2 753 000 tonnes. C’est doncdire qu’il manquerait à Al-can 747 000 tonnes d’alumi-
nium pour ses propres be-soins, soit l’équivalent de laproduction de deux usinescomme celle d’Alma. Cettesituation pourrait expliquerla tendance des représentantsd’Alcan à décourager toutentrepreneur à venir s’établirchez nous pour faire de latransformation.»
Il accueille la nouvellede la création de nouveauxemplois avec satisfaction etprudence. «C’est prometteurmais c’est loin des 1000 jobspromis par le gouvernementl’an dernier», constate leporte-parole de la FTQ dansla région.
T R A N S F O R M A T I O N D E L ’ A L U M I N I U M A U S A G U E N A Y – L A C - S A I N T - J E A N
Un pas dans labonne direction
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L E F OY E R D E J E U N E S T R AVA I L L E U R S E T T R AVA I L L E U S E S D E M O N T R É A L
Une expérience unique pour apprendreà organiser sa vie avec le travail
Lu sur un mur du Foyer :«Il ne faut pas juste rêver, il fautaussi agir… travailler fort pourfinir le casse-tête de notre vie.»
Philippe, 21 ans, profitedes services du Foyerdepuis un an. Il a connucertaines difficultés àterminer ses études eninformatique et cherchemaintenant un travailstable. «Quand tu sorsdes études et quet’arrives dans unpremier emploi àtemps plein, c’est unchoc. J’ai abandonnéet présentement je suisdans une entreprised’insertion pourm’aider.»
Annie, 19 ans, est au Foyer depuis 8 mois pourterminer ses études plus tranquille. «Ça n’a pasmarché avec mes colocs. Je voulais avoir moins destress pour me concentrer sur mes études dans unmétier de la construction.»
À compter de 2015, Alcandevra avoir modernisé lesanciennes salles de cuves
Soderberg de ses alumineriesd’Arvida, Beauharnois et
Shawinigan, tel que convenuen 1984 avec le gouvernement
du Québec. «Alcan esttoujours muette à ce sujet etnous nous questionnons sur
ses intentions», indique AlainProulx, président de la
Fédération des syndicats dusecteur de l’aluminium (FSSA-FTQ), associée au
Syndicat des Métallos.
Jeannine Rouja
JACQ
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TOUJOURS ACTIVE, ÉNERGIQUE
ET RAYONNANTE À 72 ANS,
LAURAINE VAILLANCOURT
MÉRITAIT BIEN LA MÉDAILLE DE
L’ASSEMBLÉE NATIONALE QUI
LUI A ÉTÉ REMISE EN
NOVEMBRE DERNIER POUR
L’ENSEMBLE DE SA CARRIÈRE
FÉMINISTE, POLITIQUE ET
SYNDICALE.
C ’était le 14 novembre2002, à l’occasiond’une fête soulignant
les dix années d’existence dela CDEC Ahuntsic-Cartier-ville. Notre syndicaliste à laretraite – vraiment? – présideles destinées de cette corpora-tion de développement éco-nomique communautaire de-puis sept ans.
Une des artisanes de lapromotion des femmes au
sein de la FTQ moderne, Lau-raine a été grandement tou-chée par les hommages qu’onlui a rendus. «C’est uniquedans une vie. C’est comme unrêve.» Après quelques minu-tes de réflexion, elle ajoute :«Ça arrive à point. Parce qu’é-tant à la retraite, je n’ai plusrien à prouver…»
Ce qui n’était pas néces-sairement le cas lorsqu’elle afait ses premiers pas au sein
du Bureau de la FTQ. «C’é-tait un monde d’hommes, pashabitués à la présence d’unefemme lors de leurs réunions.Il fallait que j’y aille ferme-ment et sans détour», dit laprincipale intéressée.
Henri Massé, l’actuelprésident de la FTQ, étaitalors vice-président et jeunedirigeant du Syndicat cana-dien de la fonction publique.«J’ai connu Lauraine lors-qu’elle militait pour les fem-mes du vêtement. Quand elleest arrivée comme vice-prési-dente au Bureau, dans les an-nées 80, elle s’est fait une pla-ce et elle a toujours réussi àpasser ses messages.»
Des grands momentsDes grands moments, elle ena connu plusieurs au cours deses 58 années de vie active.Elle en dégage trois : le longprocessus de réforme du Co-de civil qui a fait des femmesdes citoyennes à part entièreavec l’accès au crédit, l’auto-nomie financière et l’autoritéparentale, «comme de pouvoirentrer son enfant à l’hôpitalsans la signature du mari»; lavice-présidence de la FTQqu’elle a occupée pendanthuit années, à partir de 1985,«les plus belles de ma vie dansle monde syndical»; ses res-ponsabilités à la conditionféminine et à l’éducation ausein de l’Union des ouvrièreset ouvriers du vêtement pourdames (l’UIOVD, aujour-d’hui le SVTI-FTQ) durantplus de 20 ans.
«J’ai eu l’occasion d’être laporte-parole des travailleusesdu vêtement et ça m’a ouvertles portes du mouvement syn-dical. J’ai fait du syndicalisme
d’abord pour faire avancer leurcause. En premier, par l’éduca-tion syndicale, parce qu’on nepeut pas s’occuper de conditionféminine sans d’abord faire del’éducation. Il nous a fallucommencer par apprendre àexiger pour obtenir quelquechose.»
Après toutes ses annéesde militantisme syndical, saplus grande peine aura étél’abolition du décret du vête-ment le 1er juillet 2000, mal-gré les efforts de la FTQ etdu SVTI pour le protéger.«Les employeurs n’ont pasrespecté leur parole, constate-t-elle aujourd’hui. Ils de-vaient créer des emplois, abo-lir le travail au noir et re-
lancer l’industrie en échangede la disparition du décret quifixait les conditions de travaildans le vêtement. À la place,ils donnent plus de travail ensous-traitance.»
Pionnière encoreDepuis son arrivée à la prési-dence de la CDEC Ahuntsic-Cartierville où, insiste-t-elle,elle représente les syndicats,ses préoccupations sont«teintées» : ouverture de gar-deries familiales, un clubd’appui aux femmes entre-preneures ainsi qu’une plusgrande présence des femmesaux postes décisionnels et ausein des différents comitésde travail.
LE MONDE OUVRIER / JANVIER-FÉVRIER 2003 / 7
U N E A R T I S A N E D E L A C A U S E D E S F E M M E S À L A F T Q
Lauraine Vaillancourt honoréepour l’ensemble de sa carrière
TOUR DE PISTENée à Montréal dans une famille modeste en 1930, Lauraine Vaillancourt devient orpheline demère à neuf ans. Doté d’un sens critique et d’un esprit ouvert, son père lui insuffle le goût del’action sociale et politique. À quatorze ans, Lauraine travaille déjà dans un atelier de couture. Aubout de quelques mois, elle réclame avec insistance un poste de presseuse, alors réservé auxhommes. En 1945, à quinze ans, elle se retrouve donc, seule femme, dans une équipe d’hommes deplus de quarante ans. Lauraine sera à l’avant-garde toute sa vie.
Elle pratique son métier de presseuse jusqu’en 1980, avec une interruption de quelques annéesconsacrées à l’éducation de ses deux enfants. Ses années de travail s’accompagnent d’une viesyndicale active au sein de l’UIOVD, aujourd’hui le Syndicat du vêtement, du textile et autresindustries (SVTI-FTQ). Elle se concentre surtout sur l’amélioration des conditions de vie et de travaildes ouvrières du vêtement : accès à des emplois non traditionnels, salaire égal, congé de maternité,santé-sécurité, accès à la vie syndicale.
En 1981, Lauraine devient la première femme, francophone de surcroît, à présider la section locale439, jusqu’alors sous la direction d’hommes anglophones. En 1982, l’UIOVD lui confie le dossier de lacondition féminine.
Son militantisme et son expertise dans le dossier des femmes sont reconnus plus largementlorsqu’elle est élue vice-présidente de la FTQ, en 1985. L’année suivante, elle devient responsable dudossier de la condition féminine et présidente du Comité de condition féminine de la centrale. Sesfonctions l’amèneront à représenter les syndiquées du Québec et du Canada à travers le monde.
Lauraine Vaillancourt a été candidate du NPD lors de quatre élections fédérales, mettant de l’avantles revendications des femmes.
C lément Godboutveut continuer demettre à profit son
expérience pour poursuivrele mandat de l’organismefondé en 1984. D’ailleurs, ilsiégeait au conseil d’admi-nistration de l’Institut de-puis ses débuts, d’abordcomme représentant desMétallos puis comme porte-parole de la FTQ. Au mo-ment de sa retraite, au con-grès de novembre 1998, il acontinué à porter le dossierau nom du mouvementsyndical.
«Pour préserver les em-plois, il faut s’occuper de lasanté qui va avec, celle dumonde qui y travaille, dit-il.La fibre produite au Québec,le chrysotile, est beaucoupplus sécuritaire que le pro-duit communément appelél’amiante, qui inclut tous lesgenres de fibres. Par le passé,on a mêlé d’autres fibres auchrysotile et nous avonspayé pour. Les effets sur lasanté de nombreux travail-leurs continuent à fairemal.»
Mais aujourd’hui, ré-pète l’infatigable ambassa-deur à qui veut l’entendre,les fibres sont encapsuléeset ne peuvent plus êtreaéroportées. Elles sontdonc plus sécuritaires pour
les travailleurs qui lesproduisent ainsi que pourceux qui les manipulentpar la suite. On utilise en-tre autres le chrysotile defaçon sécuritaire dans leciment et le bitume.
«Nous allons continuerde faire la promotion de l’u-tilisation sécuritaire de l’a-miante ici mais aussi pour-suivre notre mission inter-nationale. Nous allons nousassurer que le produit quenous vendons soit accompa-gné de programmes et deméthodes d’utilisation ap-propriées et de pratiques detravail sécuritaires.»
Au Québec, 1500 em-plois directs et des centai-nes d’emplois indirects dé-pendent de l’amiante dansles régions d’Asbestos etde Thetford.
Clément Godboutprésident de l’Institutde l’amianteL’EX-PRÉSIDENT DE LA FTQ, CLÉMENT GODBOUT, PRÉSIDE
DORÉNAVANT L’INSTITUT DE L’AMIANTE, UN ORGANISME PRIVÉ
SANS BUT LUCRATIF DONT LA MISSION EST DE PROMOUVOIR
L’USAGE RESPONSABLE ET CONTRÔLÉ DE L’AMIANTE. IL
SUCCÈDE À JEAN DUPÉRÉ QUI OCCUPAIT CE POSTE AVANT SON
DÉCÈS PRÉMATURÉ EN DÉCEMBRE DERNIER.
Clément Godbout, président del’Institut de l’amiante
SERG
E JON
GUÉ
Lors de la célébration du 15e anniversaire des
corporations dedéveloppement économique
communautaire (CDEC) deMontréal, le 18 novembre
2002, Lauraine Vaillancourt,présidente de la CDEC
Ahuntsic-Cartierville, a étéhonorée comme pionnière
du développementéconomique régional. On la
voit ici en compagnie duprésident de la FTQ,
Henri Massé.
EN 2003, LE SYNDICAT DES
CHAUFFEURS D’AUTOBUS ET
OPÉRATEURS DE MÉTRO DE LA
SOCIÉTÉ DE TRANSPORT DE
MONTRÉAL, LA SECTION
LOCALE 1983 DU SYNDICAT
CANADIEN DE LA FONCTION
PUBLIQUE (SCFP-FTQ), AURA 20
ANS. DU MÊME COUP, LE
SYNDICALISME DANS LE
TRANSPORT EN COMMUN À
MONTRÉAL AURA 100 ANS…
L a rapacité des mono-poles privés de l’eau,du gaz, du charbon,
de l’électricité et du trans-port en commun avait atteintson paroxysme au début du20e siècle. La population despays industrialisés appuyaitle mouvement syndical quiréclamait la municipalisationdes services publics.
Au début de 1903, lesemployés de la MontréalStreet Railway (MSR) en ontras le bol. Le 2 février, lesquelque 1000 garde-moteurset conducteurs de «p’titschars» s’organisent dans l’U-nion des employés de tram-ways. Ils élisent leurs diri-geants, lesquels avaient tousété congédiés la semaineprécédente! Deux jours plustard, ils adressent un ultima-tum à l’employeur : outre lareconnaissance de leur syn-dicat et la réintégration deleurs confrères, ils réclamentun salaire de base de 20 sousl’heure après 5 ans de serviceet une semaine de travail nedépassant pas 60 heures.
Le lendemain, réunis aumarché Bonsecours, les tra-vailleurs du tramway sontinformés du refus de la MSRde rencontrer leurs représen-tants. C’est la grève. Dans lanuit du 5 au 6, on inonde lesrails pour que la glace empê-che les chars de circuler. LaPresse titre : «À l’instar desRusses combattant l’invasionde Napoléon 1er, les braves duNord (dépôt Saint-Denis) onttrouvé dans les ressources queleur offre l’hiver leur principalélément de victoire».
Au matin du 6 février,dès 7 heures et demie, ballesde neige et blocs de glacefont sauter les vitres desquelques rares tramways quicirculent encore rue Saint-Laurent. Au matin, les gré-vistes défilent, drapeaux en
tête, pour aller manifesterdevant les bureaux de lacompagnie, rue Craig. Ils serendent également devantles bureaux de La Presse quiaffiche ouvertement sessympathies pour leur cause.Aux applaudissements de lafoule, on coupe sur la rue lesfils des trolleys. La popula-tion de Montréal a choisison camp.
Au dépôt de Saint-Hen-ri, les Frères des écoles chré-tiennes fournissent le café,tandis que le manufacturierde cigares Médéric Martinfait la distribution gratuitede ses produits aux grévis-tes. Durant la journée,plusieurs d’entre eux assis-
tent gratuitement à la pré-sentation de la pièce Marty-re, à l’invitation de la direc-tion du Théâtre de la Gaieté.
Durant leur temps dedîner, 700 employés du Ca-nadien Pacifique paradentdans les rues en criant«Hourra pour les grévistes!».Les trains du CPR qui pas-sent tout près du dépôtSaint-Denis leur lancent dessifflets d’encouragement.
Le même après-midi,des délégués du Conseil desmétiers et du travail deMontréal (CMTM) tententvainement d’intervenir, dela galerie réservée au public,durant la séance du conseilmunicipal. Ils sont refoulés
par la police. En soirée, leCMTM se réunit et accordeson soutien moral et finan-cier aux grévistes. On déci-de également d’envoyer unedeuxième délégation à l’hô-tel de ville, avec un mandatqui pourrait paraître assezbizarre de nos jours : de-mander à la Ville de Mont-réal de forcer le retour autravail des employés de laMSR, puisque la compagnien’a pas respecté ses obliga-tions prévues au cahier decharges de son contrat avecla ville de Montréal de four-nir les services de transport!Coup fourré, car cela obli-geait la compagnie à s’as-seoir pour négocier de bon-ne foi, sous peine de résilia-tion de son contrat ou mêmed’une éventuelle municipa-lisation.
Le samedi 7 février, àminuit, le travail reprend.Les 1700 employés de laMontréal Street Railways separtageront une augmen-tation de 50 000 $ par mois.Au dépôt de la rue Côté, onretourne en chantant LaMarseillaise. Les citoyensd’Hochelaga pavoisent enpleine nuit leur maisonpour le passage des premierstramways.
L’Union des employésde tramways de Montréal,section 790 de l’Amalgama-ted Association of StreetRailway Employees of Ame-rica, était née. Jusqu’au mi-lieu des années 40, elle con-tinua à représenter les em-ployés de la Montréal Tram-way Company (MTC), fon-
dée en 1911, filiale de laMontréal Light, Heat andPower et de la ShawiniganWater and Power.
Un tramway, un trolley,ça fonctionne à l’électricité.La MTC allait ainsi devenirune filiale d’une richissimesociété en portefeuille dontla vocation première était laproduction et la distributiond’électricité. Tant pis pourles usagers!
Ce n’est qu’en 1951 quela Ville de Montréal, par lebiais de la Commission detransport de Montréal, mu-nicipalisa le transport encommun et put enfin voir àson développement et à samodernisation.
Si l’histoire ne se répètepas, elle bégaie souvent.Avec l’actuel vent de privati-sation qui souffle sur les ser-vices publics, il serait peut-être sage de tirer des leçonsde cette lutte populaire con-tre l’emprise des trusts pri-vés sur des services essen-tiels à la population. Pournous, comme pour les «con-ducteurs» de 1903, pas ques-tion là-dessus «d’avancer enarrière»!
Le Vieux Gustave
8 / LE MONDE OUVRIER / JANVIER-FÉVRIER 2003
I L Y A 1 0 0 A N S À M O N T R É A L
Ls «p’tits chars» en grève!
Une scène dans le nord de la ville : la police repoussant un rassemblement de grévistes – Bibliothèque nationale du Québec
Une gravure reproduisant un temps fort de la grève de 1903 –Archives FTQ
Le logo de la section locale1983 du SCFP
Un certificat de membre de l’Union des employés de tramways deMontréal daté de 1932 et donnant droit à des prestations en cas demaladie – Archives FTQ
«L’ ACCIDENT DE L’ÎLE-AUX-
TOURTES AURAIT PU ÊTRE ÉVITÉ
SI LA LOI ÉTAIT PLEINEMENT
APPLIQUÉE DANS LA
CONSTRUCTION, NOTAMMENT
AU CHAPITRE DE LA
PRÉVENTION, COMME NOUS LE
RÉCLAMONS DEPUIS 22 ANS. LE
RAPPORT D’ENQUÊTE DE LA CSST
N’EN FAIT AUCUNE MENTION.»
C ’est le constat qu’a tra-cé Richard Goyette,directeur adjoint du
Conseil conjoint de la cons-truction (FTQ), à l’occasionde la publication du rapportd’enquête de la CSST surl’accident qui a coûté la vie àtrois travailleurs de la cons-truction, Félipe Lopez Terci-ro, Simplicio Freitas et Pau-lo Mota, le 3 décembre 2001.Ces travailleurs sont mortsnoyés durant leur transportdans une embarcation défi-ciente.
«Le rapport est bâclé dansla mesure où il évite d’identi-fier les véritables causes du dé-cès de ces travailleurs, soit l’ar-gent que le plus bas soumis-sionnaire veut économiser audétriment de la sécurité, l’ab-sence de véritable programmede prévention, de représentantà la prévention et de forma-tion», a déploré le confrèreGoyette, également présidentdu Comité de la santé et de lasécurité du travail de la FTQ.
Une attitudeirresponsable et criminellePour sa part, Henri Massé,président de la FTQ, n’a pasmâché ses mots au momentdu dépôt du rapport, le 5 dé-cembre dernier.
«La FTQ martèle le cloude la prévention sur toutes lestribunes depuis l’adoption de
D É C È S D E T R O I S T R A V A I L L E U R S À L ’ Î L E - A U X - T O U R T E S
Un accident qui aurait pu être évité, un rapport d’enquête bâclé
LE MONDE OUVRIER / JANVIER-FÉVRIER 2003 / 9
BULLETIN DE LA FÉDÉRATION DES TRAVAILLEURS ET TRAVAILLEUSES DU QUÉBEC (FTQ) / SUPPLÉMENT AU MONDE OUVRIER, JANVIER-FÉVRIER 2003
BULLETIN SANTÉ-SÉCURITÉ
Des chiffresqui parlent…tragiquementDepuis 1980, année del’entrée en vigueur de laLoi sur les accidents dutravail et les maladiesprofessionnelles, onrelève annuellement en-tre 20 et 30 décès dans lesecteur de la constructionau Québec. Alors que cestravailleurs nereprésentent que 4% dutotal de la ma in-d’œuvreactive dans la province, ilssont victimes de 14% detous les décès accidentels.
«Nous ne demandonspas à avoir uninspecteur de la CSSTsur chaque chantier»,explique RichardGoyette, rappelantqu’aujourd’hui les 80inspecteurs de la CSSTpeinent à couvrir 3 % deslieux de travail. «La loiest conçue pour que leschantiers se prennenten main, notamment enprévention. Il faut queles employeurs soienttenus de l’appliquer.»
QUELQUE SIX MOIS APRÈS LE
DÉCÈS D’UN OPÉRATEUR DE
MÉTRO DE MONTRÉAL, MARIO
BEAULIEU, LA CSST A DÉPOSÉ
SON RAPPORT D’ENQUÊTE, LE
25 NOVEMBRE 2002. LE
TRAVAILLEUR, MEMBRE DE LA
SECTION LOCALE 1983 DU
SYNDICAT CANADIEN DE LA
FONCTION PUBLIQUE (SCFP-
FTQ), COMPTAIT 21 ANS DE
SERVICE À LA SOCIÉTÉ DE
TRANSPORT DE MONTRÉAL
(STM), DONT UN PEU MOINS DE
DEUX ANNÉES COMME
OPÉRATEUR DE MÉTRO.
L es inspecteurs de laCSST ont déterminéque les causes de l’acci-
dent résidaient notammentdans «(…) l’aménagementdes lieux non sécuritairespour les traverses avant des
gares et (…) l’évaluationinadéquate des risques reliésà l’utilisation des traversespar les opérateurs de métro».
Pierre Raby, responsa-ble en santé-sécurité du tra-vail à la section locale 1983,était présent sur les lieux del’accident quelques minutesaprès le fait. Pour lui, le dé-pôt du rapport de la CSST,loin de fermer le dossier,constitue le point de départpour en arriver à des mesu-res correctives permanentesafin d’éviter qu’un tel acci-dent ne se reproduise. «Nousle devons à la mémoire deMario mais aussi aux autresemployés témoins de l’acci-dent et hospitalisés alors pourde violents chocs nerveux»,insiste-t-il.
Les faitsLe rapport de la CSST rendcompte du fait accidentel.«Le 15 mai 2002, vers 6 h 10,M. Mario Beaulieu, opérateur
de métro, quitte la loge arrièred’une rame de métro pleinelongueur (trois éléments detrois wagons) qui débute sondéplacement en direction del’arrière gare de la stationterminus St-Michel. Il em-prunte la traverse avant desvoies située à l’entrée du tun-nel pour aller de l’autre côtéde la gare.
«Au même moment, unerame de métro courte (un élé-ment de trois wagons) sta-tionnée à une distance de 53mètres en quai de départ, dé-marre. Le conducteur aperçoitMario Beaulieu et klaxonnealors que ce dernier franchitles barres de tension séparantles deux voies. Alerté, M.Beaulieu accélère son déplace-ment mais la rame, ayantdéjà atteint la vitesse de 42km/h, le frappe avant qu’iln’atteigne l’autre côté.
«Le conducteur actionnele frein d’urgence et la rameterminera sa course 48 mètres(157 pieds) passé le pointd’impact».
Depuis l’ouverture dumétro de Montréal, il y a 37ans, il s’agit du troisième ac-cident mortel, mais le seuloù un train frappe un opéra-teur de métro. Pierre Rabyrappelle que les traversessur les voies n’existent quedepuis 1989. Entre l’inaugu-ration du métro et 1989, il yavait deux opérateurs pourchaque rame en service et iln’était donc pas nécessairequ’un opérateur traverse lesvoies. Il faut également rap-
peler que la rame impliquéedans l’accident du 15 mai2002 était en mode de con-duite automatique.
RecommandationsDans un rapport d’inter-vention du 21 novembre, laCSST autorisait l’utilisationde certaines traverses àcondition entre autre que :▼ l’opération des rames de
métro à l’arrivée et au dé-part de toutes les stationsterminus se fasse en con-duite manuelle;
▼ la vitesse d’entrée des ra-mes de métro dans toutesles gares terminus ne dé-passe pas 32 km/h;
▼ tous les opérateurs demétro soient rencontrésdans le cadre de journéesthématiques paritairesportant sur les consignessécuritaires de traversedes voies.
Le syndicat demandeque les barres de guidage quiobstruent les traverses surles voies soient coupées pourrendre ces traverses plus sé-curitaires. La Société detransport allègue des problè-mes à répondre à cette de-mande, sans préciser les-quels. À la demande du syn-dicat, les inspecteurs de laCSST ont d’ailleurs deman-dé à la STM de préciser lanature de ces problèmes.Pierre Raby, pour sa part, necomprend pas cette attitudede la STM puisque des bar-
Mesures correctives temporaires après le décès d’un opérateur de métro
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L’embarcation en cause dans le décès des trois travailleurs de laconstruction, le 3 décembre 2001, sur le chantier de l’Île-aux-Tourtes
10 / LE MONDE OUVRIER / JANVIER-FÉVRIER 2003
L E S I M A G E S E N P R E U V E
PAS TOUJOURS FIABLESMICHEL MATTE, UN
ANCIEN CONSEILLER
SYNDICAL DE LA FTQ
RÉCEMMENT PARTI À LA
RETRAITE, VIENT DE
PUBLIER UN OUVRAGE
QUI JETTE UN ÉCLAIRAGE
INTÉRESSANT SUR
L’UTILISATION D’IMAGES
COMME PREUVE DEVANT
LES TRIBUNAUX, ET
PARTICULIÈREMENT
DANS LE DOMAINE DE LA
SANTÉ-SÉCURITÉ DU
TRAVAIL.
Intitulé Sur la fiabilité despreuves par l’image, le li-vre d’une centaine de pa-
ges démontre, images à l’ap-pui, comment il est facile, parexemple, de piéger les victi-mes d’un accident du travailsi on ne respecte pas certai-nes règles techniques. Michela déjà constaté «qu’on a pré-senté aux tribunaux des vidéo-cassettes parfois manipulées etimpropres à servir de preuve».
Le manuel élabore lesrègles techniques les plusfiables possibles pour l’enre-gistrement des preuves sur
bande vidéo ou sur pelliculephotographique. Il définitaussi une nouvelle procé-dure pour la présentation deces preuves devant les tri-bunaux. Une formation estdisponible qui contient desstratégies syndicales àmettre de l’avant.
Le Comité de santé etde sécurité du travail de laFTQ a réservé un bon ac-cueil à cet ouvrage qu’onpeut se procurer auprès dePhoto et vidéo judiciairesinc. au (514) 287-3362 aucoût de 27 $.
O U T A O U A I SReconnaissanced’initiatives en préventionLA CSST EN OUTAOUAIS A REMIS RÉCEMMENT UN DE SES PRIX RECONNAISSANCE EN PRÉVENTION
À LA SECTION LOCALE 50 DU SYNDICAT DES COMMUNICATIONS, DE L’ÉNERGIE ET DU PAPIER
(SCEP-FTQ), À L’USINE PAPIER SCOTT, POUR DES INITIATIVES VISANT À PRÉVENIR LES ACCIDENTS DU
TRAVAIL. C’EST CLAUDE LADOUCEUR, REPRÉSENTANT SYNDICAL EN SANTÉ ET SÉCURITÉ DU
TRAVAIL, QUI A REÇU LE PRIX AU NOM DU SYNDICAT. LE JURY ÉTAIT COMPOSÉ DE REPRÉSENTANTS
D’EMPLOYEURS, DE TRAVAILLEURS, DE LA CSST ET DE SES PARTENAIRES.
Les trois projets proposés et primés sont :Bec de canard : la conception d’un dispositif qui maintient un mandrin en placelorsque l’on doit dépouiller celui-ci du papier resté collé dessus. Ce nouvel outilpermet d’utiliser les deux mains lorsque l’on coupe le papier et de faire le travail defaçon efficace et sécuritaire. Les coupures aux mains attribuables à cette tâche ontété entièrement éliminées;Passe-feuille : un dispositif qui permet de remplacer les câbles lorsque l’on passela feuille sur la machine à papier. Ce dispositif entièrement automatisé fonctionne àl’air et évite d’avoir à utiliser les mains pour effectuer l’opération;Détection de micro-fissures : cette détection annuelle sur tous les rouleaux desmachines à papier permet d’éviter une majorité des bris liés aux rouleaux quicassent pendant que la machine fonctionne.Mentionnons qu’une autre section locale du SCEP, à Énergie La Lièvre,anciennement Papier Masson, est également récipiendaire d’un prix reconnaissancepour la mise sur pied d’un système de gestion intégré de la sécurité. Cette approchepermet aux employés de participer à la prise de décisions ainsi qu’à l’élaboration etau maintien des programmes de SST.Félicitations pour ces initiatives!
FONDATION DOCTEUR BENOIT DESHAIESUne aide appréciableaux victimes de lésionsprofessionnellesLA FONDATION DOCTEUR BENOIT DESHAIES, QUI VIENT EN AIDE
AUX VICTIMES DE LÉSIONS PROFESSIONNELLES, A REÇU À CE JOUR
QUELQUE 40 DEMANDES D’ASSISTANCE FINANCIÈRE DE
PERSONNES VICTIMES DE LÉSIONS. DE CE NOMBRE, 32 PERSONNES
BÉNÉFICIENT DE L’AIDE DE LA FONDATION ET ENVIRON 22 000 $
ONT DÉJÀ ÉTÉ VERSÉS POUR ASSUMER LES EXPERTISES OU LES
SOINS REQUIS PAR LEUR ÉTAT.
ErratumDans le texte LeSyndicat desMétallos réussit àfaire reconnaître samaladieprofessionnelle,publié en page 9 dudernier journal LeMonde ouvrier, onaurait dû lire «l’avisdes médecinsexperts de laPolycliniquemédicale populairedu Dr BenoitDeshaies» plutôt quede la Polyclinique deLongueuil.
Nos excuses pourcette erreur!
Vins et fromages le 19 marsComme la survie de la Fon-dation dépend essentielle-ment de la générosité de sesdonateurs, vous êtes con-viés à une soirée Vins etfromages, le mercredi 19mars 2003, à compter de18 h. Cette activité de fi-
nancement aura lieu à laStation d’épuration deseaux usées de la Ville deMontréal, au 12001, bou-levard Maurice-Duples-sis. Les billets pour cettesoirée, au coût de 100 $,sont en vente à la Polyclini-que médicale populaire au(514) 524-3637.
res de guidage sont coupées sur plusieurs traverses depuisplus de vingt ans sans que cela n’ait occasionné le moindreproblème.
«Ce dossier est loin d’être terminé. Il nous reste beaucoupde travail à faire, de concert avec nos membres, avec les inspec-teurs de la CSST et avec la STM pour rendre ces traverses lesplus sécuritaires possibles», a conclu Pierre Raby en entrevueavec Le Monde ouvrier.
la loi de la CSST voilà près d’un quart de siècle. Trois prési-dents avant moi ont repris sans cesse le bâton du pèlerin pourexiger du gouvernement qu’il applique toutes les dispositions dela loi sans exception et dans tous les secteurs.
«C’est irresponsable, sinon criminel, que les employeurs nesoient pas tenus par la loi de mettre en place des programmes deprévention, de faire de la formation. Dans ses recommandations,la CSST a inscrit qu’elle informera les milieux concernés desmesures de prévention à mettre en place. Ce n’est pas suffisant,même si ça donne bonne conscience à certaines personnes.»
La FTQ continue d’exiger que tous les employeurssoient tenus légalement de prendre toutes les mesures pourprévenir des accidents et, à plus forte raison, des décès.
L’hypersensibilité chimiqueBIEN DES TRAVAILLEUSES ET TRAVAILLEURS SONT EXPOSÉS À DES SUBSTANCES CHIMIQUES DANS
UN MILIEU DE TRAVAIL QUI NE LEUR OFFRE AUCUNE PROTECTION CONTRE LES EFFETS NOCIFS DE
CES PRODUITS.
O n sait que le diagnos-tic d’hypersensibilitéchimique ne fait pas
l’unanimité dans la commu-nauté médicale. Le SCFP atoutefois réussi à faire va-loir, devant la Commissiondes lésions professionnelles(CLP), la cause d’un em-ployé qui en est affecté.
Le plaignant, techni-cien de laboratoire dans uneécole depuis une vingtained’années, manipulait fré-quemment des produits toxi-
ques et chimiques et ce, sansprotection, dans un localexigu et mal aéré. Il ne pré-sentait aucune conditionpersonnelle et n’était pas ex-posé à des produits chimi-ques ailleurs qu’à son tra-vail. Ses symptômes s’appa-rentaient à ceux identifiésdans les cas d’hypersensibi-lité chimique – fatigue, épui-sement professionnel, cé-phalées, étourdissements,vertiges, problèmes de con-centration et de mémoire–,
mais qu’on attribue plus fré-quemment à la dépressionplutôt qu’à l’exposition auxproduits chimiques.
Dans cette cause, lecommissaire a considéréqu’une preuve prépondéran-te, tant factuelle que médica-le, est suffisante pour dé-montrer qu’il s’agit bien d’u-ne lésion professionnelle.1
Source : SCFP En Bref, 29 novembre 2002
1. Jean-Guy Moreau et Commission scolairede Val d’Or, CLP, Me Pierre Prégent, 13 juin2002, 108548-08-9901
SUITE DE LA PAGE 9Île-aux-Tourtes
SUITE DE LA PAGE 9Métro
LE MONDE OUVRIER / JANVIER-FÉVRIER 2003 / 11
B R È V E SUN URGENTBESOIN D’APPUILes sites Web du Monde du travail lancent un appel à l’aide aumouvement syndical québécois. Ces deux sites –www.itinerant.qc.ca et www.travail.qc.ca -sont en panne definancement et leur survie est menacée.
L’entreprise de Montréal a été fondée par Monique Fréchette,dirigeante syndicale durant de nombreuses années. Lescontenus sont consacrés au monde du travail et sont gratuits.Les syndicats du Québec sont des partenaires depuis ledébut, en 1998. Travailleuse autonome, Mme Fréchette nereçoit aucune subvention gouvernementale ni privée.
Pour aider, vous pouvez adhérer à l’abonnement de soutienau www.itinerant.qc.ca/financement.html
Ne jetez pas vosvieilles lunettes!Si vous accumulez vos vieilles lunettes et ne savez quoien faire, un organisme de la famille des «sansfrontières» pourrait vous intéresser.Optométristes sansfrontières recueille et recycle les lunettes usagées (leslunettes solaires sont particulièrement bienvenues)pour les expédier dans les pays d’Afrique où les besoinsde la population sont criants en soins de santé divers. Ilsuffit de faire un colis, de les porter ou de les poster à :
Terre (Optométristes) sans frontières399, rue des Conseillers, bureau 23,La Prairie (Qc) J5R 4H6
Pour plus d’informations, téléphonez au (450) 659-7717 ou encore visitez www.terresansfrontieres.ca
L I S T E D E S C O N F L I T S F T Q A U 2 8 J A N V I E R 2 0 0 3EMPLOYEUR VILLE NOMBRE DE SYNDICAT DÉBUT DU
TRAVAILLEURS CONFLITClub de golf St-Laurent (1992) inc. Île d’Orléans 52 UES-800 2001.04.30 (lock-out)Ville de Malartic (cols blancs) Malartic 5 SCFP-4224 2002.04.29 (lock-out)Vidéotron Province de Québec 2 200 SCFP-1417 et 2815 2002.05.08 (lock-out)Fédération des comités de parents de la province de Québec Beauport 17 SEPB-57 2002.05.08Louisiana Pacific Chambord 166 SCEP-502Q 2002.05.24Villa Jonquière Jonquière 30 UES-800 2002-11-15Produits Thermovision Saint-Jean 150 FNFTU-299 2002-12-17 (lock-out)
De nouveaux défispour Jean Sylvestre
Jean Sylvestre, conseillerau Service de l’éducationde la FTQ depuis 1990, estallé relever de nouveauxdéfis au Fonds de solida-rité, à titre de directeurgénéral de la Fondation dela formation économique.
Après des études en scien-ces sociales, Jean a fait dela formation auprès desgroupes communautaires,notamment. En 1983, il ajoint le Conseil régional
FTQ Montréal métropolitain où il a travaillé à la mise surpied et à la coordination du programme des déléguéssociaux. Au Service de l’éducation de la FTQ, il aparticulièrement touché au développement socio-économique et à la mondialisation.
Bonne retraite MichelJean est entré en fonctionle 6 janvier, succédant auconfrère Michel Blondinqui a pris sa retraite. Mi-chel était arrivé au Fondsde solidarité en mars 1991à titre de directeur de l’é-quipe des relations avecles travailleurs. En 1997, ilavait été nommé directeurgénéral de la Fondation dela formation économique.
Michel Blondin a occupé leposte de responsable àl’éducation au Syndicat des Métallos de 1974 à 1987,alors qu’il était nommé directeur adjoint. Ses qualités etses compétences de pédagogue ont été reconnues toutau long de sa carrière dans nos rangs.
À Michel, la FTQ souhaite une longue retraite remplie debeaux projets. À Jean, du succès dans ses nouvellesfonctions et de la satisfaction à relever de nouveauxdéfis.
Unepremière auCanadachez EssoHuit membres du Syndicatdes Métallos (FTQ) ontsigné récemment le pre-mier contrat de travailchez un distributeur deproduits de la PétrolièreEsso au Canada, à la com-pagnie Pétrole MJ de Chi-bougamau. Le contrat, né-gocié avec le soutien duconfrère Bruno Marceau,prévoit notamment desaugmentations de salairede 14% sur trois ans. LesMétallos représentent aus-si quelque 425 installa-teurs de réservoirs et depompes à essence dans lesstations-services partoutau Québec. Ils sont à l’em-ploi de l’Association desentrepreneurs pétroliersdu Québec.
DE LA CSN AUXTEAMSTERS
Les salariés de la grandebuanderie industrielleQuébec Linge à Québec,Chicoutimi et Rimouskiont décidé de quitter laCSN et de se donner unsyndicat affilié à la FTQ, lasection locale 69 du Syn-dicat des Teamsters. Larequête en accréditationa été déposée au ministè-re du Travail au nom de lacentaine de salariés. Lepersonnel de Québec Lin-ge à Montréal est déjàmembre du Syndicat desTeamsters (FTQ), à l’instardes salariés des autresgrandes buanderies com-me Jolicoeur et Alsco.
NOS ADIEUX À DEUX PERSONNES ENGAGÉESJean d’Arc BeaudinJean d’Arc Beaudin, président de la section locale 6086 du Syndi-cat des Métallos à Murdochville, est mort d’une crise cardiaque le7 janvier à l’âge de 51 ans. Électricien de formation, il a été àl’emploi de la compagnie Noranda pendant plus de 30 ans.
Militant très impliqué depuis plus de 20 ans, il avait négocié plu-sieurs renouvellements de convention collective, tant auxinstallations de la mine qu’à des unités comme celles des colsbleus et des cols blancs de la ville de Murdochville, au Centred’interprétation, au Marché Griffon et au Monaco des Monts.Plus récemment, il s’était battu corps et âme pour les métallos etla population menacés par la fermeture de Murdochville.
Il s’était aussi trouvé au cœur de la tourmente à plusieurs repri-ses lors de l’incendie dans la mine en 1987, lors de la fermeturede la mine en 1999 et lors de celle de la fonderie en 2002. DanielRoy, le coordonnateur des Métallos pour la région, a soulignélors des funérailles que Jean d’Arc était un être sensible et trèshumain. «Il a été touché par ces drames. C’était carrémentinhumain de les vivre à répétition».
Johanne Saint-AmourC’est avec beaucoup de tristesse que la FTQ, et particulièrementle réseau d’éducation syndicale, ont reçu l’annonce du décès deJohanne Saint-Amour qui fut responsable du Service de l’éduca-tion du SCFP pendant 20 ans. À ce titre, elle a siégé au Comitéd’éducation de la FTQ. Johanne a toujours insisté pour que lesformateurs et les formatrices de son syndicat soient formés à laFTQ de façon à partager avec les autres affiliés cette expériencede vie syndicale.
Le cancer,contre lequel elle a lutté avec courage pendant plus desept longues années, l’a finalement emportée l’automne der-nier. Le SCFP a perdu une conseillère syndicale de grandequalité, la FTQ a perdu une militante engagée et son fils de 16ans a perdu une mère aimante et attentionnée.
Après avoir été présidente de la section locale 2375 du SCFP(Croix-Rouge), Johanne devient formatrice pour le CTM (Conseildu travail de Montréal) et le SCFP en 1979. Elle s’engageactivement au sein du Comité de condition féminine du SCFP-Québec. En septembre 1981, elle devient conseillère syndicaleau Service de l’éducation du SCFP. En septembre 2002, à 51 ans,elle était devenue directrice adjointe du SCFP-Québec.
Des centaines, sinon des milliers de militants et de militantes detous les secteurs ont apprécié la qualité et l’efficacité de sontravail et s’inspireront longtemps des messages syndicaux qu’elletransmettait.
Nos sincères condoléances aux familles éprouvées.
SCFP : École nationale d’administration publique – personnelde soutien (Québec, Montréal, Gatineau), CHEM-TV – ventes(Trois-Rivières), Port de Montréal – réseau ferroviaire, MRC deCharlevoix, municipalité de Larouche, Bureau des servicesfinanciers (Québec)
Métallos : Les Fourgons Transit (Laval), Mométal (Varennes),Coop des propriétaires de taxi (Laval et Ste-Marguerite-L’Estérel)), Bailey Métal (Montréal), plusieurs agences desécurité (Serca à Québec, Mirador à Sherbrooke, Objectif àValleyfield, 2010 à St-Tite-des-Caps)
SCEP : complexe pétrochimique Interquisa (Montréal), Pan-O-Starr (St-Félicien), Kruger-Wayagamack – mesureurs de bois(Trois-Rivières), Cèdres Chics-Chocs (Sainte-Anne-des-Monts)
TUAC : Poissonnerie La Belle Marée (Beauport),Viandes Drolet(Beauport), Auberge Les Quatre Temps – réception (Beauport),marché Provigo (rue Mont-Royal Ouest, Montréal), LesIndustries M.R. (Acton Vale), Intersan (Ste-Sophie)
Teamsters : Sears Canada – vendeurs à commissions (Québecet Pointe-Claire), Québec Linge (Québec, Chicoutimi, Rimous-ki), Transport Besner (Montréal, St-Nicolas), Transport JacquesAuger (Québec), Saint-Viateur Transport (Berthierville), Trans-port Deans (Delson), Jet Worldwide (Montréal), imprimerieMirabau Unicom (Montréal), Colispro (Boisbriand), agence desécurité Morguard (Rosemère), Sécuricor (Rimouski), Trans-Escale (Montréal), Univar Canada (Lachine,Valleyfield)
SQEES-UES : CPE La découverte de l’enfance (St-Eustache),CHSLD juif (Montréal), Intégration-Travail Laurentides (St-Jérôme), Villa Domaine Saint-Grégoire (Bécancour), ChâteauJouvence (Joliette), Centre d’entretien ménager Dupont(Québec, Sherbrooke)
TCA : D.B.D. Auto (Laval), Produits de plastique Pretium(Pointe-Claire)
AIMTA : Cargo-Jet (Montréal)
SEPB : Caisse d’économie des pompiers (Montréal), Ordre desingénieurs du Québec (Montréal)
SVTI : Recochem (Montréal), Camoplast (Princeville)
FIPOE : Concert Airlaid (Gatineau)
SITBCTM : boulangerie Multi-Marques (Laval)
SPQ : pompiers de Saint-Joseph-du-Lac et de Crabtree
SCG : imprimerie Solisco (Scott Jonction)
Carreleurs : Céramique et Marbre mondial (Montréal)
Métal en feuilles -116 : Plasrec (Cowansville), Service demise au point Leblanc (Laval)
Monteurs d’acier -711 : Alberici Construction (Montréal)
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12 / LE MONDE OUVRIER / JANVIER-FÉVRIER 2003
CONDITIONFÉMININE
8 MARS 2003Femmes solidaires - Monde égalitaireLes membres de la FTQ et du Collectif 8 mars(l’ensemble des organisations syndicales et lesgroupes autonomes de femmes) se regrouperontcette année sous le thème Femmes solidaires –Monde égalitaire pour célébrer le prochain 8 mars.
Une affiche thématique et une épinglette (2 $ l’unité) sont déjà disponibles. Il y auraégalement des autocollants thématiques enquantité limitée.
Comme d’habitude, ce matériel sera distribué parles conseils régionaux de la FTQ, la vente del’épinglette leur permettant d’organiser et definancer les activités dans le cadre du 8 mars.
Un numéro du Bulletin NouvElles sera publié àcette occasion.
ÉQUITÉ SALARIALELe service est rétabli!Après une absence de quelques mois, le confrèreSerge Perreault a réintégré le Service de lacondition féminine de la FTQ à titre de conseillertechnique en matière d’équité salariale etd’évaluation des emplois.
Serge a dispensé pendant des années unemultitude de sessions de formation en évaluationdes emplois pour la FTQ. Il fait partie de lacoordination et du groupe de travail FTQ en équitésalariale depuis le début.
Les services de Serge sont fort appréciés et desplus utiles, tant pour des problèmes particuliersd’application de la Loi sur l’équité salariale ou decalculs concernant les écarts salariaux, que pour lemaintien de l’équité salariale une fois atteintedans les milieux de travail.
Serge peut être rejoint au Service de la conditionféminine de la centrale.
Nous lui souhaitons à nouveau la bienvenue dansl’équipe !
Un oubliDans notre dernier numéro,nous avons omis de men-tionner que le Syndicat desMétallos dispose aussi d’uncertain nombres d’exem-plaires du recueil Nuitsblanches sur Montréal, sur letravail de nuit de nombreuxmembres de la FTQ. On peuts’en procurer au (514) 382-9596 .
Sensibilisation àl’itinérance avec Sol
Janvier 2003 a vu le départ d’une campagne desensibilisation à l’itinérance, Une fleur contre lespréjugés, avec nul autre que le personnage de SOL, sousla forme d’un dessin animé. La campagne est menée parles trois jeunes fondatrices de Trigone Animation, enpartenariat avec plus de cent institutions et organismesdes grandes régions de Montréal et Québec.
Marc Favreau a été emballé par le projet. «Les préjugésque nous entretenons à l’égard des personnesitinérantes accentuent leur marginalisation et contri-buent à les exclure de la société. J’ose espérer que laprésence de SOL au cœur de cette campagne pourracontribuer à créer un mouvement de solidarité socia-le face à ce phénomène», affirme le créateur du poèteitinérant.
Nouveau siteInternet du CTCLe CTC (Congrès du travail duCanada) a lancé une campagnede recrutement en ligne auwww.mesdroits.ca. Il s’agitd’un site Internet qui offre desréponses rapides aux ques-tions qu’on peut se poser surdifférents problèmes vécusdans les milieux de travail ainsique des conseils sur la façon deles résoudre. Il s’agit d’un guidepermettant aux travailleuses etaux travailleurs de connaîtreleurs droits et les lois qui lesprotègent. On y retrouve aussiun forum d’échange.
F O N D A T I O N L É O - C O R M I E R
Pour l’éducation aux droitsDans le mouvement syndical, nous travaillons à la défense des droitsde nos membres. Nous tentons aussi de sensibiliser nos membres àl’importance de réagir lorsqu’il y a des injustices ou que des droitsfondamentaux sont bafoués.
Au Québec, un organisme travaille à la sensibilisation et à l’informa-tion sur les droits et libertés de la personne. C’est la Fondation Léo-Cormier. La Fondation soutient de nombreux projets d’interventionauprès des jeunes, organise des sessions de formation sur les droits,produit et diffuse des publications, dont le bulletin de la Ligue desdroits et libertés. La FTQ est représentée à son conseil d’admi-nistration.
En janvier, tous les affiliés ont reçu une lettre du secrétaire général,René Roy, les invitant à contribuer à la Fondation. L’avez-vous fait ? S’ily a des gens dans la société québécoise qui comprennent l’importancedes droits et des libertés, ce sont bien les dirigeantes et les dirigeantssyndicaux. C’est pourquoi la FTQ lance un appel pressant à votregénérosité.