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7 Le mésentère dans tous ses replis – L’épiploon dans toutes ses franges: Quelles pathologies en pédiatrie ? Fred AVNI, Elisa AMZALLAG-BELLENGER, Rony SFEIR Services d’imagerie et de chirurgie pédiatriques Hôpital Jeanne de Flandre – CHRU – Lille [email protected] 1. Définition et anatomie Le péritoine est une fine membrane séreuse qui recouvre la face postérieure de la paroi abdominale (= péritoine pariétal) et la face antérieure des organes abdominaux (= péritoine viscéral). Il est constitué d’une couche simple d’épithélium cuboïdal dénommé mésothélium. De nombreuses villosités et des vésicules couvrent sa surface; ils produisent de 50 à 150 cc de liquide séreux par jour; ce liquide sépare les deux feuillets et crée une cavité potentielle/virtuelle : la cavité péritonéale. Cette cavité est fermée chez l’homme mais communique avec les espaces extrapéritonéaux chez la femme via l’utérus et les trompes. Divers replis péritonéaux se forment durant le développement embryologique; ils vont progressivement constituer des ligaments qui vont servir de supports aux organes abdominaux. Un mésentère est un ligament composé d’une double couche de péritoine qui couvre l’intestin grêle et certaines parties du colon et les connecte à la paroi abdominale postérieure. Le mésentère grélique enveloppe et soutient le jéjunum,

Le mésentère dans tous ses replis – L’épiploon dans toutes ... · Le mésosigmoïde s’étend du colon descendant vers la cavité pelvienne ; il contient les vaisseaux sigmoïdiens

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Le mésentère dans tous ses replis – L’épiploon dans toutes ses franges: Quelles pathologies en pédiatrie ?

Fred AVNI, Elisa AMZALLAG-BELLENGER, Rony SFEIR

Services d’imagerie et de chirurgie pédiatriques

Hôpital Jeanne de Flandre – CHRU – Lille

[email protected]

1. Définition et anatomie

Le péritoine est une fine membrane séreuse qui recouvre la face

postérieure de la paroi abdominale (= péritoine pariétal) et la face antérieure des

organes abdominaux (= péritoine viscéral). Il est constitué d’une couche simple

d’épithélium cuboïdal dénommé mésothélium. De nombreuses villosités et des

vésicules couvrent sa surface; ils produisent de 50 à 150 cc de liquide séreux par

jour; ce liquide sépare les deux feuillets et crée une cavité potentielle/virtuelle :

la cavité péritonéale. Cette cavité est fermée chez l’homme mais communique

avec les espaces extrapéritonéaux chez la femme via l’utérus et les trompes.

Divers replis péritonéaux se forment durant le développement

embryologique; ils vont progressivement constituer des ligaments qui vont

servir de supports aux organes abdominaux.

Un mésentère est un ligament composé d’une double couche de péritoine

qui couvre l’intestin grêle et certaines parties du colon et les connecte à la paroi

abdominale postérieure. Le mésentère grélique enveloppe et soutient le jéjunum,

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l’iléon, le colon transverse (= méso-colon transverse) ainsi que le sigmoïde (=

mésocolon sigmoïde). Le mésentère contient l’artère et la veine mésentériques

supérieures ainsi que leurs branches, des ganglions, des canaux lymphatiques de

même que de la graisse. La racine du mésentère s’étend de la jonction duodéno-

jéjunale située dans l’hypochondre gauche jusqu’ au carrefour iléo-caecal dans

la FID.

Le mésocolon transverse relie la deuxième partie du duodénum et la tête

du pancréas au colon transverse. Le mésosigmoïde s’étend du colon descendant

vers la cavité pelvienne ; il contient les vaisseaux sigmoïdiens et hémorroïdaires.

De manière corollaire, un épiploon est un ligament composé également de

plusieurs couches de péritoine (4 couches) qui relie la petite courbure de

l’estomac au foie (petit épiploon) ou la grande courbure de l’estomac au colon

(grand épiploon).

Ces différents ligaments péritonéaux divisent le péritoine tout d’abord en

deux compartiments principaux : la cavité principale et l’arrière cavité (ou

poche de Morrison) (les deux communiquant par l’hiatus de Winslow). Par

ailleurs, le méso-colon transverse divise la cavité péritonéale principale en deux

espaces supplémentaires: les compartiments sus- et sous mésocoliques (chacun

divisé en espaces sus- et sous-mésocolique gauche et droit) (1-3).

2. Imagerie

Les pathologies du péritoine, du mésentère et de l’épiploon sont très

variées (certaines relativement rares). Elles comportent (entre autres) les

épanchements et abcès, les conséquences des malrotations intestinales et les

tumeurs. Nombre parmi ces pathologies seront découvertes à l’ occasion de

symptomatologies abdominales aiguës. L’échographie (US) sera le plus souvent

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la première technique d’imagerie utilisée pour évaluer la cavité abdominale.

L’examen sera performant en termes de dépistage de collections ou de tumeurs;

cependant, elle n’est pas suffisante pour une évaluation globale de collections

multiples ou d’invasion tumorale massive et diffuse ; des examens

complémentaires d’imagerie en coupes seront indispensables pour compléter

cette première évaluation.

Le CT scanner permet une bien meilleure évaluation de la cavité

péritonéale et facilite la différentiation entre des pathologies intra-, rétro- ou

extra-péritonéales. Parmi les autres avantages du scanner, il faut citer la rapidité

de l’examen et son accessibilité en situation d’urgence. Les désavantages de la

technique sont l’irradiation et la nécessité d’injection de contraste. De ce fait, les

examens doivent être « customisés » autant que possible au patient et à

l’indication clinique. Il faut surtout éviter de multiplier les acquisitions et utiliser

des modes de reconstruction permettant de réduire les doses.

L’IRM est et devrait plus encore être utilisée en complément de

l’échographie pour étudier les pathologies mésentériques, épiploïques et

péritonéales. Les atouts principaux de la technique sont son caractère non

irradiant et la possibilité d’une approche multiplanaire. Par contre le manque

d’accessibilité en situation d’urgence, l’utilisation plus difficile chez des petits

enfants et la durée de l’examen en sont les désavantages actuels. Des séquences

plus rapides devraient faciliter son utilisation.

Dans certaines circonstances, une radiographie simple de l’abdomen

pourra être utilisée pour rechercher des signes de perforation ou d’abcès.

Enfin, une opacification du tractus digestif supérieur peut dans certaines

conditions se révéler intéressant pour confirmer les complications (obstructives)

des malrotations (1-4).

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3. Epanchements péritonéaux

De quantités limitées de liquide péritonéal libre peuvent s’observer tant à

l’échographie qu’au scanner dans la cavité pelvienne ou encore entre les anses

gréliques même chez des patients symptomatiques (douleurs abdominales,

traumatismes…) sans que cette constatation ne doive être considérée comme

anormale. Un examen US de contrôle peut éventuellement être réalisé pour

s’assurer que cet épanchement reste limité. L’origine de ce liquide est

multifactorielle. Pour rappel, les vésicules de la surface mésothéliale du

péritoine se rompent et secrètent quotidiennement 50-150 ml d’un liquide

séreux. Par ailleurs, chez les adolescentes, ce liquide peut provenir de la rupture

cyclique de follicules ovariens; enfin, une constipation marquée peut entraîner

un transsudat au travers des parois digestives (5,6).

Par contre, la présence de liquide en grandes quantités est anormale.

Son origine doit être établie à partir des données cliniques, biologiques et

d’imagerie.

3.1 Ascite non compliquée:

L’ascite non compliquée correspond à un épanchement péritonéal

libre en réaction à une série de processus intra-péritonéaux ou en rapport

avec une défaillance d’organes intraabdominaux (Foie) ou plus globale

(Cœur). La découverte survient le plus souvent durant une échographie

abdominale (5-7).

3.2 Formes particulières d’ascite :

3.2.1 Ascite urinaire: C’est une collection intrapéritonéale d’urine en rapport

avec une rupture du tractus urinaire (post-obstructive ou traumatique).

3.2.2 Pseudo-kystes d’inclusion péritonéaux (PIP) : Les PIP correspondent à

une accumulation le liquide dans des espaces fermés mais sans cloison

propre formés par des adhérences intestinales, le plus souvent en

rapport avec des antécédents chirurgicaux. Ils surviennent surtout chez

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les jeunes adolescentes à la suite d’accumulation de liquide

folliculaire (8).

3.2.3 Pseudo-kystes de dérivations ventriculo-péritonéales: Ces pseudo-

kystes correspondent à l’accumulation de liquide au sein d’adhérences

intestinales agglutinées autour du shunt de dérivation (9).

3.3 Péritonite et ascite compliquée

Une péritonite correspond à une inflammation/infection diffuse de

l’ensemble ou d’une partie du péritoine accompagnant souvent des

épanchements intrabdominaux infectés. La péritonite appendiculaire est la

cause la plus classique de péritonite. Elle sera associée à la formation d’abcès

secondaires à la rupture appendiculaire. Des abcès peuvent aussi se collecter

à la suite d’une diverticulite de Meckel rompue et d’ailleurs à la suite de la

rupture de tout segment digestif. Des collections peuvent aussi se développer

au contact de maladies inflammatoires digestives.

Tout processus inflammatoire ou infectieux entrainera un épaississement

inflammatoire du mésentère adjacent.

Les abcès peuvent être multiples et les collections ne sont pas

nécessairement reliées entre elles. Des fistules peuvent secondairement se

développer entre ces collections et le tractus digestif.

A l’échographie, l’ascite accompagnant les péritonites apparaîtra

échogène et sera retrouvée dans tous les espaces de la cavité péritonéale.

L’échographie démontrera les abcès sous la forme de collections

hypoéchogènes sans paroi mais avec un « gâteau » inflammatoire

périphérique hypervasculaire. La présence de foyers hyperéchogènes peut

traduire une surinfection à anaérobies. Les mésentères adjacents aux

collections apparaîtront épaissis, hyperéchogènes et hypervascularisés.

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L’échographie apparaît toutefois limitée pour démontrer les collections

multiples. De ce fait, en cas de doute diagnostic ou d’évolution clinique

défavorable, un CT scanner pourra être réalisé. En cas de péritonite, le

péritoine se rehaussera de manière intense après injection de contraste. Le

CT permettra de mieux localiser et de mieux dénombrer les collections ; il

pourra (tout comme l’échographie d’ailleurs) guider le drainage des abcès

(10-13).

3.4 Autres atteintes inflammatoires et infectieuses du mésentère

3.4.1 Adénite mésentérique

L’adénite mésentérique constitue un des principaux diagnostics

différentiels de l’appendicite aiguë. C’est le plus souvent un diagnostic

d’exclusion. Il doit être suspecté lorsque des adénopathies (> 10mm) sont

visualisées dans la FID et tout le long de la racine du mésentère. Comme

toute adénopathie, la vascularisation se fait via des vaisseaux hilaires bien

visibles au Doppler couleur. Comme indiqué, c’est un diagnostic d’exclusion

et les autres causes d’adénomégalies abdominales doivent être envisagées:

iléite infectieuse (en particulier yersiniose), maladies inflammatoires

digestives, hémopathies malignes….Des symptômes ORL concomitants

facilitent l’évocation du diagnostic (14,15).

3.4.2 Panniculite mésentérique (PM)

Une PM est caractérisée par une inflammation chronique, une nécrose

graisseuse et une fibrose du mésentère. Son origine est inconnue. Il faudra

l’envisager devant une douleur aiguë très localisée ( lorsque l’ appendicite

est exclue). L’échographie peut démontrer une zone particulièrement

échogène au niveau du site de la douleur. Le CT scanner est plus spécifique

car il peut démontrer une pseudo-capsule séparant la graisse pathologique de

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la graisse mésentérique normale. En cas de doute, une biopsie sera

nécessaire.

L’évolution est résolutive, en particulier sous corticoïdes (16,17).

3.5 Ischémie et torsion

3.5.1 Ischémie et torsion de l’épiploon

Une torsion de l’épiploon est une cause rare de douleurs abdominales

chez l’enfant. Elle survient lorsque l’épiploon se tord suivant son grand axe

déterminant un œdème et une ischémie. La torsion peut être primitive ou

secondaire à une tumeur ou encore à une hernie interne. L’obésité est un

facteur favorisant. Le diagnostic pourra (rarement) être évoqué à

l’échographie (masse très échogène du flanc droit ou de la FID) ou au CT

scanner sans injection de contraste (zone de graisse hétérogène à l’ endroit

de la douleur). Le traitement est chirurgical (18).

3.5.2 Appendagite

Une appendagite épiploïque correspond à une inflammation de franges ou

appendices épiploïques que l’on peut retrouver tout le long du colon. Ces

franges peuvent se tordre ou se thromboser ce qui conduit à une ischémie et

une inflammation du tissu mésentérique avoisinant. La localisation la plus

fréquente en est le caecum ce qui rend compliqué le diagnostic différentiel

avec une appendicite. Le CT scanner est caractéristique lorsqu’il démontre

une petite masse graisseuse hétérogène sur le bord antimésentérique du

colon. L’évolution est spontanément résolutive (19).

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3.6 Le mésentère et les malrotations intestinales (20 -22)

3.6.1 Embryologie normale

Lorsqu’ à la dixième semaine, l’intestin réintègre la cavité abdominale,

l’intestin primitif proximal (= l’intestin grêle proximal) pénètre le premier et

subit une 3ème rotation antihoraire de 90° menant à la configuration en C du

duodénum. La partie plus distale (= iléon terminal, caecum et colon

ascendant) subit une rotation antihoraire supplémentaire de 180°. A ce stade,

la position du caecum est variable (= caecum mobile) et changera encore

durant la période postnatale.

A ce stade :

- Les 2e, 3e et 4e portions du duodénum sont fixés dans le rétropéritoine;

- Le ligament de Treitz fixe la jonction duodéno-jéjunale.

- Les mésentères des colons ascendant et descendant fusionnent avec le

rétropéritoine.

- Le mésocolon transverse fusionne avec le grand épiploon

- Le mésocolon sigmoïde fusionne avec le rétropéritoine.

- L’intestin grêle quant à lui est fixé par toute la longueur du mésentère

dont la racine s’étend depuis la jonction duodéno-jéjunale jusqu’au

carrefour iléo-caecal. C’est cette base du mésentère qui stabilise la

position du grêle et empêche le volvulus.

3.6.2 Embryologie anormale

Un arrêt du développement embryologique peut survenir à tout moment

de la rotation intestinale ; les conséquences en seront variables dépendant du

type de malrotation. Un arrêt précoce se traduira par une non-rotation où

l’intestin grêle sera situé à droite et tout le colon à gauche. Une rotation

incomplète correspond à l’absence de rotation de 180° du grêle ou du colon.

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Dans ce cadre, le spectre de malrotation est large depuis une quasi non

rotation à une quasi rotation normale. Enfin, une rotation inverse correspond

à la situation où le duodénum présente une rotation horaire au lieu de la

rotation antihoraire normale. Il se situera alors en avant de l’artère

mésentérique et le colon en derrière. Il existera dès lors un risque

d’obstruction et de volvulus ainsi que une association avec des hernies

internes (voir plus loin).

3.6.3 La longueur de la racine du mésentère et le risque de volvulus

Une rotation intestinale complète permet le développement d’une

longueur suffisante de la racine du mésentère et un risque faible de volvulus.

C’est le cas aussi en cas de non rotation; cependant en cas de non-rotation,

des bandes de Ladd peuvent causer une obstruction duodéno-jéjunale. Les

rotations incomplètes où la jonction duodéno-jéjunale se situe à droite de la

colonne et où le caecum se situe en position trop haute sont associés à une

racine du mésentère trop courte et un risque élevé de volvulus

3.6.4 Imagerie des anomalies de rotation

L’imagerie est incapable de déterminer de manière directe la longueur de

la racine du mésentère. Elle peut par contre démontrer des signes indirects

qui permettront d’apprécier l’existence et éventuellement le type de

malrotation.

Ce sont les données cliniques qui détermineront la séquence d’imagerie

réalisée ; la situation est sera différente en cas de symptomatologie aiguë ou

« chronique ».

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En cas d’obstruction intestinale (en particulier en période néonatale), la

question principale est celle d’un volvulus. L’échographie sera réalisée en

urgence pour vérifier la présence du signe d’enroulement des anses

intestinales et de la veine mésentérique autour de l’axe de l’artère

mésentérique (« whirlpool sign »). Tout doit être mis en œuvre pour obtenir

un diagnostic précis. En cas de doute, une opacification du tractus digestif

supérieur (TOGD) pourra être tentée prudemment pour confirmer les

malpositions du cadre duodénal ainsi que celles du jéjunum proximal.

L’échographie, le TOGD et éventuellement le lavement radio-opaque

pourront être réalisés dans des situations moins aiguës et de symptomatologie

chroniques. L’échographie peut démontrer l’inversion du rapport entre veine

et artère mésentériques. Lorsque la veine se situe à gauche de l’artère, une

malrotation pourra être suspectée. Ce signe comporte un cependant u nombre

significatif de faux négatifs et de faux positifs. Cette réserve concerne aussi

la position de 3e duodénum dont la position en arrière de l’artère

mésentérique a été rapportée comme indicative de malrotation. Le TOGD

reste à ce stade l’examen de référence pour établir l’existence d’une

malrotation en démontrant la position normale ou anormale de la jonction

duodéno-jéjunale. Cependant aucune technique d’imagerie n’est capable

actuellement de déterminer la longueur réelle de la racine du mésentère.

De ce fait, le dépistage et la chirurgie systématique des malrotations fait

toujours l’objet de nombreuses controverses.

3.7 Les hernies internes

Une hernie interne se définit comme une protrusion de structures

digestives au travers d’orifices mésentériques congénitaux ou acquis. Les

hernies internes sont classées en fonction de leur localisation: para-

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duodénale, péri-caecale, transmésenterique ou intersigmoidienne. Les hernies

paraduodénales et transmésentériques sont les plus fréquentes chez l’enfant.

Les hernies transmésentériques prédominent en période néonatale et peuvent

être associées aux malrotations ainsi qu’à des atrésies; les hernies chez les

grands enfants sont plus souvent para-duodénales. Elles peuvent se

compliquer d’obstructions intestinales et se présenteront sous la forme d’un

abdomen aigu.

Les cas moins aigus de hernie para-duodénale pourront être suspectés lors

d’un transit baryté du grêle ; les anses intestinales apparaitront peu mobiles et

s’aspect « aggloméré » à gauche ou à droite de la ligne médiane ; l’anse

intestinale afférente et efférente pourront être visualisées. Le diagnostic des

hernies transmésenteriques est plus complexe par imagerie (23, 24).

3.8 Les tumeurs du mésentère et de l’épiploon

Les mésentères et les épiploons ont par définition la même origine

embryologique que le péritoine puisqu’ils correspondent à la fusion de

plusieurs replis péritonéaux (2 à 4) ; ils contiennent du tissu conjonctif, des

vaisseaux sanguins, des canaux lymphatiques, des nerfs et de la graisse. De

ce fait, des tumeurs pourront se développer à partir de tout tissu. On peut

noter que les tumeurs péritonéales sont le plus souvent très volumineuses au

moment de leur diagnostic.

Certaines parmi ces tumeurs seront détectées déjà in utéro. Pour d’autres,

leur découverte se fera par imagerie (le plus souvent l’US) à l’occasion de

mises au point de symptomatologies digestives, le plus souvent des douleurs

(80% des cas) ou la palpation d’une masse (30-50% des cas). Des

complications peuvent aussi survenir au niveau des différentes tumeurs

(hémorragie, surinfection, torsion, volvulus…) ce qui modifiera l’aspect des

tumeurs à l’ imagerie et risque de compliquer leur diagnostic.

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Du fait de leur volume, il sera parfois difficile de déterminer l’origine et la

nature des tumeurs en pré-opératoire. Dans ces cas, le rôle de l’imagerie sera

surtout de définir autant que possible le contenu tumoral et la relation des

tumeurs avec les organes et les vaisseaux de voisinage. L’imagerie permettra

dans certains cas localiser les tumeurs au niveau péritonéal ou rétropéritonéal

Les tumeurs primitives d’origine mésentériques ou épiploiques devront aussi

être différentiées des tumeurs d’origine pelvienne (tumeurs ovariennes par

exemple).

Comme déjà indiqué, l’échographie sera habituellement le premier

examen réalisé. Elle permettra de différentier les tumeurs purement kystiques

des tumeurs solides ou mixtes. L’échographie permettra également de

définir le degré de vascularisation de la tumeur et de démontrer des signes

suggérant son caractère néoplasique.

L’imagerie en coupes (de préférence l’IRM, mais parfois le CT scanner)

sera ensuite nécessaire pour confirmer la nature de la tumeur et son extension

(25, 26)

3.8.1 Les tumeurs kystiques

Une classification des masses péritonéales et rétro-péritonéales kystiques

basées sur leur étiologie et les données histologiques a été proposée par de

Perrot & al. Elle comprend :

• Les kystes d’origine lymphatique (lymphangiome et kyste lymphatique)

• Les kystes d’origine mésothéliale (kyste mésothélial simple, mésothéliomes kystiques bénins et malins)

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• Les kystes d’origine entérique (kystes entériques et duplications intestinales)

• (Les kystes d’origine uro-génitale)

• Les tératomes kystiques

• Les pseudo-kystes

Les kystes mésentériques et les malformations lymphatiques sont les

principales tumeurs kystiques à prendre en considération en cas de tumeurs

de grande taille découvertes au niveau de la cavité péritonéale. Le contenu

des kystes mésentériques peut être chyleux, séreux ou hémorragique. La

plupart des kystes mésentériques sont situés dans le mésentère de l’intestin

grêle. Leur contenu peut apparaître échogène du fait de complications

hémorragiques ou infectieuses. Environ 3% des kystes mésentériques

présentent des signes de malignité à l’examen histologique.

Les malformations lymphatiques mésentériques peuvent se présenter sous

la forme d’une masse isolée (éventuellement septée) ; d’autres peuvent

infiltrer les parois intestinales et se situer très (trop) près des vaisseaux

mésentériques, d’autres enfin peuvent se développer de manière

multicentrique et infiltrer le mésentère de manière diffuse.

Le rôle de l’imagerie sera essentiel pour démontrer la tumeur et ses rapports

avec les intestins et les structures vasculaires (27-32).

3.8.2 Les tumeurs solides et mixtes

La découverte d’une tumeur abdominale solide ou mixte chez l’enfant,

fait rechercher dans un premier temps une origine rénale (Wilms) ou

surrénalienne (neuroblastome). Dans un deuxième temps, il s’agira d’exclure

une infiltration tumorale métastatique du péritoine. La tumeur primitive en

sera le plus souvent un sarcome.

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Les tumeurs péritonéales primitives sont rares; elles sont le plus souvent

d’origine mésenchymateuse (Tableau I). Elles peuvent grandir et devenir très

volumineuses avant que des symptômes n’aparaissent. Elles peuvent se

présenter sous une forme isolée ou diffuse. Elles devront être différentiées

des tumeurs d’origine pelviennes s’étendant vers l abdomen (tumeurs

ovariennes ou rhabdo-myosarcomes pelviens). Malheureusement, il est

souvent difficile de différentier toutes les tumeurs entre elles (25).

Les particularités de certaines tumeurs primitives péritonéales peuvent

cependant être soulignées :

• Tumeur inflammatoire myofibroblastique : Cette tumeur peut se

développer partout mais plus particulièrement dans le poumon, le

mésentère et l’épiploon. Elle est considérée comme une tumeur

néoplasique de bas grade ; ses aspects à l’imagerie sont peu spécifiques et

variables (25)

• Le sarcome d'Ewing extraosseux est une tumeur des tissus mous qui fait

partie de la famille des sarcomes d'Ewing, tumeurs présentant de petites

cellules rondes bleues caractéristiques. Lorsque ces tumeurs se

développent dans le péritoine et le mésentère, elles tendent à être

volumineuses et à envahir les structures adjacentes digestives ou

urinaires. Leur pronostic est sombre (25, 33).

• Le rhabdomyosarcome (RMS) de l'épiploon ou du mésentère ne

représente qu'un faible pourcentage des RMS de l'enfant (la majorité étant

des RMS des tissus mous). La tumeur, de grande taille peut apparaître

lobulée et peut se répandre à l'ensemble de la cavité péritonéale

déterminant en aspect en "cake" épiploïque bien démontré au CT scanner

ou à l'IRM. Les RMS péritonéaux devront être différentiés des RMS

pelviens envahissant secondairement le pelvis (25, 35).

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• Le sarcome de Burkitt est la forme la plus fréquente des lymphomes non-

hodgkiniens et la tumeur maligne la plus fréquente du mésentère et de

l'épiploon. Une ou des masses polylobées sont retrouvées dans 31-64%

des cas. L'envahissement des parois intestinales est fréquent et les

tumeurs pariétales constituent une cause d'invagination intestinale aiguë

secondaire. A l'imagerie, outre la masse, il existe typiquement une

nécrose centrale. Le réseau vasculaire mésentérique est habituellement

englobé dans la masse. L'essaimage tumoral se fait le long des replis du

mésentère; de l'ascite peut rarement survenie. Des lésions à distance dans

les reins, les ovaires et les seins peuvent se développer (25).

• Les hémangiome infantiles sont des tumeurs vasculaires qui peuvent se

développer dans tout espace du corps y compris le mésentère. Au niveau

du mésentère, ils sont rarement congénitaux et la plupart se développent

après la naissance. A l’échographie, l’ hémangiome apparait comme une

masse d’échogénicité variable particulièrement hypervascularisée et

contenant de nombreux vaisseaux très larges, correspondant à des

branches des artères et veines mésentériques. Le spectre artériel au

Doppler apparaît de basse résistance.

Au CT scanner, on observe également un rehaussement massif

après injection de contraste. A l’IRM, les masses peuvent apparaître

partiellement kystiques; l’injection de contraste permet à la fois d’établir

une cartographie vasculaire mais aussi de démontrer l’ hypersignal du

tissu hémangiomateux (25, 35, 36).

• Les lipomes peuvent se développer dans les mésentères (ou les épiploons).

Des lésions de plus de 2 cm peuvent induire des douleurs abdominales,

des saignements, être la cause d’invaginations et d’obstruction intestinale.

Des lésions plus larges peuvent se tordre sur leur pédicule vasculaire et

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subir une ischémie. A l’imagerie, on pourra observer une zone

hémorragique entourée par des remaniements inflammatoires (37).

4. Conclusions

Les pathologies du mésentère et de l’épiploon, bien que relativement rare

doivent être envisagés en cas de pathologie infectieuse, tumorale ou

malformative de la cavité abdominale.

L’imagerie, tant l’échographie que l’imagerie en coupes contribueront de

manière significative au diagnostic

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Table I : Tumeurs péritonéales de type solide ou mixte

Masses focales

- Tumeur inflammatoire myoblastique - Maladie de Castleman - Fibromatose mésentérique - Neurofibrome plexiforme - Lipome - Neurofibrome - Hémangiome mésentérique -

Masses diffuses

- Tumeur desmoplastique à petites cellules rondes - Lymphome de Burkitt - Rhabdomyosarcom - Hémangiomatosis - Lymphangiomatose microcytaire diffuse

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