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I L’HEBDO 29 JANVIER 2004 CAHIER SPÉCIAL Le Palmarès 2004 des villes romandes SOMMAIRE Ces cités où il fait bon vivre II Comment scanner les villes IV Bulle, gagnante toutes catégories VI A Nyon, la palme du dynamisme économique VIII Neuchâtel, éden social et culturel X Delémont, cité engagée et engageante XII «Le poids des villes s’accroît.» Interview XIV 70% de la population suisse réside dans les villes et pourtant celles-ci restent de grandes inconnues. Fédéralisme oblige, les comparaisons se font d’abord, pour l’essentiel, à l’échelle intercantonale. Plus grave, les données qui permettraient de tirer des parallèles entre les différentes agglomérations restent rares, lacunaires et peu utilisées. Voilà pourquoi « L’Hebdo» a approché l’Institut de hautes études en administration publique (IDHEAP) de Lausanne, afin de réaliser en commun ce premier Palmarès IDHEAP/« L’Hebdo». Un instrument qui permettra des comparaisons intervilles, non seulement parmi les cités romandes, mais encore par rapport à quelques villes-tests alémaniques et tessinoises. Démarche qui devrait accompagner le « coming-out» des cités du pays, qui prennent progressivement conscience de leur poids politique. Et qui vont certainement mieux le faire valoir dans les années qui viennent. U N DOSSIER RÉALISÉ PAR J OCELYN R OCHAT AVEC J EAN -P HILIPPE B UCHS , P IERRE -A LEXANDRE J OYE ET PAUL A CKERMANN NICOLAS REPOND HÉLÈNE TOBLER

Le Palmarès 2004 des villes romandes

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Page 1: Le Palmarès 2004 des villes romandes

IL’HEBDO 29 JANVIER 2004 CAHIER SPÉCIAL

Le Palmarès 2004 des villesromandes

SOMMAIRECes citésoù il fait bon vivre II

Comment scanner les villes IV

Bulle, gagnante toutes catégories VI

A Nyon, la palme du dynamisme économique VIII

Neuchâtel, éden social et culturel X

Delémont, cité engagée et engageante XII

«Le poids des villess’accroît.» Interview XIV

70% de la population suisse réside dans

les villes et pourtant celles-ci restent

de grandes inconnues. Fédéralisme oblige,

les comparaisons se font d’abord, pour

l’essentiel, à l’échelle intercantonale.

Plus grave, les données qui permettraient

de tirer des parallèles entre les différentes

agglomérations restent rares, lacunaires et peu

utilisées. Voilà pourquoi « L’Hebdo» a

approché l’Institut de hautes études en

administration publique (IDHEAP) de

Lausanne, afin de réaliser en commun ce

premier Palmarès IDHEAP/« L’Hebdo».

Un instrument qui permettra des comparaisons

intervilles, non seulement parmi les cités

romandes, mais encore par rapport à quelques

villes-tests alémaniques et tessinoises.

Démarche qui devrait accompagner le

« coming-out» des cités du pays, qui prennent

progressivement conscience de leur poids

politique. Et qui vont certainement mieux

le faire valoir dans les années qui viennent.

U N D O S S I E R R É A L I S É PA R J O C E LY N R O C H AT

AV E C J E A N - P H I L I P P E B U C H S ,P I E R R E - A L E X A N D R E J OY E E T PA U L A C K E R M A N N

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Page 2: Le Palmarès 2004 des villes romandes

II CAHIER SPÉCIAL L’HEBDO 29 JANVIER 2004

Ces romandes où il fait bon vivrePALMARÈS Notre enquête consacre finalement Bulle, qui précède Nyon d’une courte tête,

et Pully. Mais les métropoles alémaniques squattent le haut du classement.

La ville romande oùil fait bon vivre, ce serait Bul-le? Avouons-le tout net, le nomdu vainqueur de ce Palmarès2004 IDHEAP/L’Hebdo a pro-voqué des réactions interlo-quées chez les privilégiés misdans la confidence. Ne serait-ce que parce que l’on associe leconcept de «qualité de vie» àune architecture particulière.Et parce que l’on y ajoute volon-

tiers des exigences sociocultu-relles, domaine où Bulleconnaît son plus mauvais clas-sement.

Ces réserves faites,il ne reste plus qu’à admettreque nous sous-estimons lesattraits de la ville fribourgeoi-se. Laquelle triomphe dansdeux de nos classements inter-médiaires («Conditions de vieet environnement», «Politique,

institutions et administration»)et se hisse sur le podium du«Dynamisme économique etemploi» (3e) .

Dans le détail, sonbilan migratoire inégalé enSuisse (+24% en une décennie)nous prouve l’attrait de la popu-lation pour la capitale grué-rienne. Et pour cause. Bulleconstruit des logements pouraccueillir ces nouveaux venus,

prélève des impôts acceptables,connaît un taux de chômageau-dessous de la moyenne etcompte un nombre remar-quable de familles dans sapopulation.

La deuxième placede Nyon suscitera moinsd’étonnement. La vaudoiseprofite de sa proximité avec-Genève pour remporter la pal-me du «Dynamisme écono-

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1 BULLE 2 NYON

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Page 3: Le Palmarès 2004 des villes romandes

IIIL’HEBDO 29 JANVIER 2004 LE CLASSEMENT DES VILLES

mique et emploi» et multiplierles places d’honneur. La rentede situation a-t-elle incité leshabitants à se désintéresser desaffaires de leur cité? Quoi qu’ilen soit, leur propension à bouder les urnes coûte auxNyonnais le titre virtuel de «ville romande où il fait bonvivre».

Enfin, Pully, discrè-te troisième de notre Palmarès,reçoit la palme de la régularité.Jamais première mais toujoursbien placée, cette banlieusar-de chic de Lausanne rempor-te ainsi la médaille de bronze.

S’il devait y avoirune ombre au triomphe de Bul-

le, elle nous viendrait du norddu pays. Puisque deux cités alémaniques choisies commevilles-tests ont réussi à précé-der l’agglomération gruérien-ne dans notre classement final.

A noter, enfin, lesclassements médiocres deGenève et Lausanne, qui ter-minent à la traîne comparati-vement aux métropoles alé-maniques. Non pas que ce clas-sement prétérite les grandes(Bâle, Berne et Zurich tirent leurépingle du jeu), mais parce queles indicateurs permettant decomparer les villes sont surtoutéconomiques, ce qui avantageles cités du nord du pays |

3 PULLY

Rang

Ville

Tota

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Envi

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Econ

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Polit

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Soci

al e

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ture

** Zoug 93 23 23 21 26** Zurich 88 20 23 19 26

1 Bulle 86 23 23 22 182 Nyon 85 21 24 21 19

** Lucerne 83 17 18 21 273 Pully 82 20 21 22 19

** Berne 80 20 16 17 274 La Neuveville 77.5 21 20 20.5 16

** Lugano 77 18 17 20 225 Sion 76 20 19 20 17

** Olten 76 18 15 20 236 Neuchâtel 76 18 11 18 29

** Soleure 76 17 16 24 197 Fribourg 74 19 19 16 208 Monthey 72 19 20 20 13

** Bâle 71 21 12 20 18** Bellinzone 70 19 17 16 18

9 La Tour-de-Peilz 70 16 20 19 1510 Bienne 70 18 14 16 2211 Morges 70 18 16 20 1612 Le Locle 69 20 12 16 2113 Vevey 69 16 19 18 1614 Sierre 68 20 19 16 1315 La Chaux-de-Fonds 67 19 10 14 2416 Delémont 66 19 10 22 1517 Montreux 66 13 19 19 1518 Moutier 65.5 16 12 18.5 1919 Lausanne 64 18 12 15 1920 Genève 64 16 18 14 1621 Martigny 63 17 16 20 1022 Carouge 61 12 22 15 1223 Payerne 59.5 13 15 19.5 1224 Yverdon 59 14 15 15 1525 Thônex 59 15 24 9 1126 Peseux 58.5 14 17 15.5 1227 Lancy 58 14 20 10 1428 Meyrin 57 16 18 8 1529 Onex 56 15 20 10 1130 Prilly 55 13 12 16 1431 Versoix 54 17 17 12 832 Renens 52 13 13 13 1333 Vernier 45 15 11 7 12

* Ce classement tient compte de toutes les villes romandes de plus de 10 000 habitants, plus quatre cités de plus petite taille, soit La Neuveville (Jura bernois), Moutier (Jura bernois), Payerne (VD)et Peseux (NE), qui ont été choisies pour assurer la représentation des différentes régions.

** Pour permettre la comparaison à l’échelle nationale, sept villes-tests alémaniques (Bâle, Berne, Lucerne, Olten, Soleure, Zoug, Zurich) et deux tessinoises (Lugano et Bellinzone) ont étéévaluées avec les 33 romandes. Elles figurent à leur juste place dans les tabelles, mais n’ont pas reçu de classement.Source: IDHEAP/BADAC (Base de données des villes et des cantons)

CLASSEMENT GÉNÉRAL*

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Page 4: Le Palmarès 2004 des villes romandes

IV CAHIER SPÉCIAL L’HEBDO 29 JANVIER 2004

Comment scanner les villes

MÉTHODOLOGIE Pour cette première

enquête sur les villes romandes

IDHEAP/« L’Hebdo», 42 cités ont été évaluées

en fonction de 20 critères, regroupés

en quatre classements spécifiques.

Quelles sont lesvilles romandes où il fait bonvivre? Celles qui comptent leplus grand nombre de théâtres,les plus ensoleillées, celles dontl’architecture est la plus remar-quable ou les cités qui restentdans les mémoires pour leursterrasses de bistrot bien orien-tées? La réponse idéale devraitévidemment tenir compte dece genre d’arguments. Maispour l’heure, il est très difficiled’obtenir ces données sans uninvestissement en temps et enargent très conséquent.

Voilà pourquoi cet-te première enquête sur les villesromandes IDHEAP/L’Hebdo aété fondée sur d’autres para-mètres. «Ce classement a étéréalisé en se fondant unique-ment sur des sources existantes,publiques et gratuites, expliquel’historien, économiste et sta-tisticien Christophe Koller. Par-mi ces sources, nous avonsencore privilégié les plus com-plètes, parce qu’elles permet-taient la comparaison. Les indi-cateurs statistiques publiés rela-tifs aux villes suisses étant mal-heureusement peu nombreux,nous avons eu principalementrecours aux statistiques del’Union des villes suisses 2002et à celles de l’Office fédéral dela statistique 2001-2002.»

Concrètement, l’en-quête a porté sur toutes les villesromandes de plus de 10 000habitants, une palette élargieà plusieurs cités-tests aléma-niques et tessinoises pour offrirune mise en perspective natio-nale. Au niveau de la méthode,

cet échantillon total de 42 villessuisses a été évalué en fonctionde 20 critères, regroupés enquatre dimensions intitulées«Conditions de vie et environ-nement», «Dynamisme écono-mique et emploi», «Prestationssocales et culturelles» et «Parti-cipation politique et adminis-tration publique».

«Pour chaque di-mension, nous avons retenucinq indicateurs, poursuit le sta-tisticien de l’IDHEAP. Nousavons ensuite attribué à chaquecritère des notes variant de 1 (lamoins bonne position) à 6 (lameilleure). Les villes ont ensui-te été classées dans l’ordredécroissant du total des pointsobtenus (les cités ayant unnombre de points identique ontété départagées par la médianedu total des points accumuléspour une dimension).»

Dans le détail, l’offredes villes en matière de «Condi-tions de vie et environnement» a éténotamment déterminée parune comparaison de la densi-té de la population. Partant del’idée que «plus il y a d’habitantsau mètre carré et plus cet entas-sement est préjudiciable à laqualité de vie». Par ailleurs, lapart du territoire communalconstituée d’espaces verts et delieux de détente connote posi-tivement les différentes cités,de même que les dépensesconsenties en matière d’envi-ronnement. Les villes qui comp-tent la plus grande proportionde familles nombreuses ontégalement reçu de bonnesnotes, puisque cela laisse ima-

giner que la cité est facile à vivreet que les charges y sont sup-portables. Enfin, la richesse dela commune a été mesurée parl’intermédiaire des montantsd’imposition par habitant.

Deuxième domained’évaluation, le «Dynamisme économique et emploi» a éténotamment calculé en établis-sant le bilan migratoire des dif-férentes cités entre 1991 et 2001.Une forte immigration se tra-duisant par une bonne note. Làencore, une donnée fiscaleapparaît dans le classement.Elle porte cette fois sur un castypique: le couple marié exer-çant une activité lucrative indé-pendante, avec deux enfants etun revenu de 90 000 francs en2001. Ont encore été pris encompte les logements enconstruction, le taux de chô-mage en 2001 et la proportionde salariés du secteur tertiai-re, en préjugeant que ce typed’activité est moins pénible queles autres.

Le troisième domai-ne d’évaluation était sociocul-turel et portait sur un ensembleintitulé «Prestations sociales et

culturelles (santé, formation, cultu-re)». Caractéristique de cetterubrique, elle se fonde surtoutsur les dépenses des villes dansces secteurs. Bien sûr, cela nerend pas compte du nombre decinémas ou de la présence éven-tuelle d’un hôpital universitai-re, mais cela permet de com-parer les efforts des différentesadministrations dans les do-maines qui nous intéressaient.

Enfin, l’évaluationinter-cités est basée sur un der-nier domaine intitulé «Partici-pation politique et administrationpublique». Cette rubrique doitpermettre d’identifier la pré-sence de l’administration et laparticipation des habitants aux affaires de la cité. Ici, lesindicateurs ont été choisis surla base du postulat suivant:«Plus les gens sont intégrés etplus ils participent à leur de-venir.» Cette rubrique nous permet aussi de désigner la ville «où il fait bon faire de lapolitique». | J R

Davantage de détails sur les résultats et la méthodologie à l’adresse:www.badac.ch/FR/tableaux/villes/index.html

Infographie: P. Erard

VALAIS

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JURA BERNOIS

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NeuchâtelPeseux

Yverdon-les-Bains

LausannePrilly

PullyRenens

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Nyon

Genève

CarougeLancy

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Vernier

MeyrinVersoix

Thônex

Martigny

Monthey SionSierre

Montreux

La Tour-de-Peilz

Morges

Fribourg

Bulle

Payerne

La Chaux-de-Fonds

Le LocleLa Neuveville

Delémont

Moutier

Page 5: Le Palmarès 2004 des villes romandes

VI CAHIER SPÉCIAL L’HEBDO 29 JANVIER 2004

Bulle, gagnantetoutes catégories

LYOBA La cité gruérienne arrive en tête

du classement général et des classements

« Conditions de vie et environnement»

ainsi que « Participation politique

et administration publique».

Lorsque le soleil secouche à l’horizon, la chaîne desVanils enneigés se teinte de rosealors que le Moléson disparaîtdéjà dans le crépuscule. Depuisles rues de Bulle, le spectacle fas-cine même les plus blasés.Entouré par les Préalpes, le chef-lieu de la Gruyère jouit d’uncadre de vie exceptionnel. A unquart d’heure à pied du centre,l’envoûtante forêt de Bouleyres– le poumon de la ville – attire,tous les jours, promeneurs etjoggeurs.

Au cours de ces der-nières années, l’ancienne pos-session de l’Evêque de Lausan-ne a ainsi surfé sur une crois-sance époustouflante. En 1990,Bulle ne comptait que 8800habitants. Mais en 2003, elle endénombrait quelque 12 000.Soit une hausse de la popula-tion de 36% en un peu plusd’une décennie. Un exploit quepeu de communes helvétiquesont réalisé sur une période aus-

si brève. «L’augmentation dunombre d’habitants n’est pasun but en soi. Notre objectif estde leur permettre de vivre lemieux possible», affirme le syn-dic et conseiller national radi-cal Jean-Paul Glasson dont leparti domine l’exécutif avecquatre élus sur neuf. Autant direque rien ne se réalise dans la citésans leur bénédiction.

L’APPORT DE L’A 12 L’ouverture del’autoroute en 1981 a joué unrôle déterminant dans le déve-loppement de Bulle, désormaissituée à une heure de l’aéroportde Genève et à 45 minutes deBerne. Sans elle, le chef-lieuaurait périclité et la Gruyèreserait devenue une réserve d’In-diens. C’est notamment en rai-son de l’arrivée de cette nouvellevoie de communication entre lenord et le sud de l’Europe que legroupe allemand Liebherr adécidé, c’était en 1978, d’y trans-férer ses quartiers généraux.

BULLE Le château sous la neige, avec la statue de Pierre-Nicolas Chenaux, le d

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1 Bulle 5 5 3 6 4 23** Zoug 4 5 3 5 6 23** Bâle 1 6 6 2 6 21

2 La Neuveville 6 5 1 4 5 213 Nyon 2 5 5 4 5 21

** Zurich 1 6 6 1 6 20** Berne 2 6 5 1 6 20

4 Sierre 5 3 5 5 2 205 Le Locle 6 4 2 3 5 206 Pully 1 4 5 4 6 207 Sion 4 4 4 6 2 208 La Chaux-de-Fonds 5 5 1 3 5 199 Delémont 6 2 1 5 5 19

** Bellinzone 5 4 4 4 2 1910 Fribourg 1 6 6 2 4 1911 Monthey 6 2 2 5 4 1912 Lausanne 1 5 6 1 5 1813 Bienne 2 4 5 2 5 18** Lugano 2 5 4 1 6 1814 Morges 1 4 6 3 4 1815 Neuchâtel 2 4 4 2 6 18** Olten 3 3 5 2 5 1816 Versoix 4 2 4 6 1 17** Lucerne 1 2 6 2 6 1717 Martigny 6 2 2 5 2 17** Soleure 2 2 6 2 5 1718 Genève 1 3 6 1 5 1619 Meyrin 2 1 4 6 3 1620 La Tour-de-Peilz 1 1 5 3 6 1621 Moutier 6 2 1 5 2 1622 Vevey 1 2 6 1 6 1623 Thônex 1 2 5 6 1 1524 Onex 1 1 6 6 1 1525 Vernier 1 1 6 6 1 1526 Peseux 3 3 2 4 2 1427 Yverdon 2 1 6 3 2 1428 Lancy 1 1 5 6 1 1429 Montreux 5 2 1 1 4 1330 Payerne 6 1 2 3 1 1331 Prilly 1 1 6 2 3 1332 Renens 1 1 6 3 2 1333 Carouge 1 1 6 3 1 12

1. CONDITIONS DE VIE ET ENVIRONNEMENT*

Rang

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* LISTE DES INDICATEURS RETENUSDensité de la population (habitants/ha), dépenses pourl’environnement (francs par habitant), espaces verts et lieux de détente (% de la surface totale), taille du ménage (nombre de personnes par logement), niveau de richesse des habitants (francs par habitant et par an pour les impôts).Source: IDHEAP/BADAC (Base de données des villes et des cantons)

Page 6: Le Palmarès 2004 des villes romandes

VII

Pour la première fois, une gran-de multinationale décidait des’implanter dans la région.Fuyant l’Allemagne terroriséepar la Fraction Armée rouge, lafamille Liebherr a été très viteséduite par les atouts de Bulle:terrain bon marché, entrée d’au-toroute, ouverture des autoritésà l’égard des entreprises, sansoublier l’exonération fiscaleoctroyée par la commune pourune durée de dix ans.

«Aujourd’hui enco-re, nous ne sommes pas chichespour accorder cette faveur»,reconnaît bien volontiers Jean-Paul Glasson. Avec l’A12 et Lieb-herr, Bulle s’est alors lancée àl’assaut d’une nouvelle frontiè-re. L’objectif: créer des emploisnon seulement pour permettreaux Gruériens de travailler dansleur région, mais aussi pourfavoriser le retour de ceux quiavaient «émigré». Incapabled’offrir suffisamment de jobsà sa jeunesse, la région a exporté sa main-d’œuvre versd’autres cantons suisses jusquedans les années 70. Aujourd’hui,Bulle crée des emplois qui seconcentrent plus qu’ailleursdans le secondaire (41%) etmoins que dans certaines villesdans le tertiaire (57%).

LA CULTURE AUSSI Pour prendreenfin le chemin du développe-ment, la commune mène doncune politique volontariste. Aufil des ans, Bulle a remporté denombreux succès dont elle n’est

pas peu fière. Ainsi, elle a réus-si à convaincre les dirigeants dece qui s’appelait encore les PTTde créer sur son territoire uncentre de traitement régionaldes comptes de chèques. Ce quia provoqué la colère des autrescandidats romands qui ontaccusé, avec raison, les autori-tés de pratiquer du dumping.Car la commune n’a pas hési-té à construire elle-même lebâtiment puis à le louer à desconditions attractives.

Puis, au cours desannées 90, Bulle a réussi le for-midable pari d’attirer la pres-tigieuse Ecole hôtelière de Glionet le groupe pharmaceutiquebelge UCB. De nouvelles acti-vités qui dopent aussi le com-merce local. Avec la créationd’Espace Gruyère, un centred’exposition, et celle d’une sal-le omnisports dans les bâti-ments du Collège du Sud (unatout pour former la jeunessede la région), Bulle s’est dotéedes infrastructures qui per-mettent d’attirer d’importantesmanifestations.

Le développementéconomique, la principale car-te de visite de la commune, nedoit pas occulter le dynamismede toute une région dans ledomaine de la culture. Le chef-lieu organise notamment lesFrancomanias, les Rencontresthéâtrales et de multiples autresactivités festives. Dès cet autom-ne, la région disposera enfind’une grande salle de spectacle

dans les nouveaux bâtiments duCycle d’orientation à La Tour-de-Trême.

AVENIR SOURIANT D’après les cri-tères retenus par la Confédé-ration, la commune peut se pré-senter comme le moteur d’unevéritable agglomération quicompte environ 20 000 habi-tants avec les villages de La Tour-de-Trême, Riaz et Vuadens. Maispour bénéficier des avantagesque lui conférerait ce nouveaustatut, Bulle doit développer unevéritable stratégie dans plu-sieurs domaines, notammentdans les transports urbains. Cesera peut-être le cas lorsqu’el-le aura fusionné avec La Tour-de-Trême (le verdict tomberacette année). Réunies sous lamême bannière, les deux com-munes les plus peuplées du dis-trict représenteront ensemble38% de la population de laGruyère.

Un tel développe-ment ne va pas sans poserquelques difficultés aux auto-rités locales. Outre l’augmen-tation de la circulation dont unepartie sera absorbée par la futu-re route de détournement etune capacité d’accueil insuffi-sante pour les enfants en basâge, un sentiment d’insécuritécommence, ici aussi, à émergerau sein de la population. Mais,en dépit de ces bémols et grâ-ce à ses nombreux atouts, Bul-le peut encore voir l’avenir avecle sourire. | J P B

défenseur des petites gens qui symbolise encore aujourd’hui le caractère frondeur des Gruériens.

LES ALÉMANIQUESDOMINENTSi Bulle arrive en tête (ex aequoavec Zoug) de ce classementintermédiaire départageant lesvilles selon les «Conditions de vieet environnement», la ville fribourgeoise se retrouve talon-née par les métropoles de Suisseallemande sélectionnées dansnotre échantillon. Un résultatlogique, compte tenu de la plusgrande préoccupation générale-ment affichée par les Aléma-niques en matière de gestion des problèmes écologiques.Dans le détail, on notera le résultat spectaculaire de La Neuveville et les places d’honneur des valaisannes Sierreet Sion, comme du Locle et de La Chaux-de-Fonds.En fin de classement, deuxcontre-performances méritentquelques mots. Si Montreux seretrouve aussi mal classée, la cité de la Riviera le doit à seslacunes en matière de politiqueenvironnementale, au fait qu’ellecompte un minimum de famillesdans sa population et à sonmanque d’espaces verts que les quais n’ont pas suffià compenser.Quant à Carouge, elle plonge au classement à cause de saforte densité de population, de la faiblesse de sa politiqueenvironnementale et de sa situation fiscale difficile.

LES TOPS, LES FLOPS

Page 7: Le Palmarès 2004 des villes romandes

VIII CAHIER SPÉCIAL L’HEBDO 29 JANVIER 2004

Nyon, la palme du dynamismeéconomique

MÉTAMORPHOSE En trois décennies,

l’ex-cité-dortoir est devenue

une ville très vivante et dynamique.

C’est l’histoire d’unemue spectaculaire. Au débutdes années 1980, sept tra-vailleurs sur dix habitants actifsde Nyon partaient travailler à Genève. Mais aujourd’hui,l’équilibre est quasiment réta-bli entre les deux cités voisines.Tout cela grâce à la politique de«mixité d’affectation» décidéedès 1982 par le syndic HansMichel, afin de transformer sacité-dortoir en agglomérationoù les habitants trouveraient dutravail sur place. Dans le détail,cela s’est traduit par des déci-sions municipales limitant laspéculation immobilière etfavorisant la cohabitation dansles quartiers entre les loge-ments, les petits commerces etles bâtiments destinés aux PME.Pour permettre à la vie de s’or-ganiser.

Cette vision trouveaujourd’hui une forme deconsécration, puisque Nyonarrive en tête – ex aequo avec

Thônex – de notre classementintermédiaire du «Dynamismeéconomique et emploi», etqu’elle termine sur le podiumdes villes romandes où il fait bonvivre. Parce qu’elle bénéficieencore d’une charge fiscale sup-portable, d’un taux de chôma-ge plus faible que la moyenne,de nombreux logements enconstruction et qu’elle accueilleun pourcentage élevé de tra-vailleurs dans le tertiaire.

Détail qui compte:le bilan migratoire de Nyon luivaut ses meilleures notes. Unrésultat flatteur que le chef duService de l’urbanisme EsperoBerta reverrait encore à la haus-se, s’il le pouvait. «Ce chiffre netient pas compte des frontaliers.C’est d’ailleurs un vieux sujetde litige entre les cités du boutdu lac et les auteurs du recen-sement fédéral qui ne prennenten compte que la populationrésidant en Suisse. A Nyon, parexemple, nous pourrions enco-

NYON Vue du lac de cette ville d’histoire, qui conserve de nombreux témoignag

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1 Nyon 6 3 5 4 6 242 Thônex 6 5 6 2 5 243 Bulle 6 3 6 6 2 23

** Zoug 4 6 2 6 5 23** Zurich 3 5 4 5 6 23

4 Carouge 6 5 6 1 4 225 Pully 4 3 4 4 6 216 La Neuveville 5 2 5 6 2 207 Lancy 6 4 2 2 6 208 Monthey 5 4 6 4 1 209 Onex 5 4 3 2 6 20

10 La Tour-de-Peilz 3 3 5 3 6 2011 Fribourg 2 3 5 4 5 1912 Montreux 6 2 4 1 6 1913 Sierre 4 4 3 5 3 1914 Sion 5 4 4 1 5 1915 Vevey 3 2 6 2 6 1916 Genève 4 5 2 1 6 1817 Meyrin 1 5 4 3 5 18** Lucerne 2 2 3 5 6 1818 Peseux 5 1 3 4 4 1719 Versoix 6 4 1 1 5 17** Bellinzone 1 6 2 2 6 17** Lugano 2 6 2 1 6 17** Soleure 2 1 4 5 4 1620 Martigny 3 4 2 3 4 1621 Morges 3 3 1 4 5 16** Berne 1 2 1 6 6 1622 Yverdon 4 2 1 4 4 1523 Payerne 3 2 2 3 5 15** Olten 1 2 1 6 5 1524 Bienne 1 2 3 5 3 1425 Renens 3 2 1 2 5 1326 Lausanne 2 2 1 1 6 1227 Moutier 2 2 1 6 1 1228 Prilly 1 2 5 2 2 12** Bâle 1 1 1 5 4 1229 Le Locle 1 1 3 6 1 1230 Neuchâtel 2 1 1 3 4 1131 Vernier 4 4 1 1 1 1132 Delémont 1 1 2 3 3 1033 La Chaux-de-Fonds 2 1 1 5 1 10

2. DYNAMISME ÉCONOMIQUE ET EMPLOI*

* LISTE DES INDICATEURS RETENUSBilan migratoire 1991-2001 (variation en %), charge fiscale pourpersonnes mariées avec deux enfants exerçant une activité dépendante et touchant un revenu de 90 000 francs par an (% du revenu brut du travail), nombre de logements en construction(pour 1000 habitants), taux de chômage en 2001 (%), part du secteurtertiaire (%).Source: IDHEAP/BADAC (Base de données des villes et des cantons)

Page 8: Le Palmarès 2004 des villes romandes

IX

re revendiquer 970 frontaliersqui travaillaient ici à l’époquedu dernier recensement.»

L’EFFET HIGH-TECH Ces chiffrespermettent au syndic socialis-te Alain-Valéry Poitry de pavoi-ser. «Aujourd’hui, Nyon connaîtdes flux de population compa-rables à ceux de Genève et deLausanne, avec beaucoup demouvements et de dynamis-me.» Plus précisément, ce sont6100 personnes qui viennent del’extérieur pour travailler à Nyon(dont 674 Genevois), alors que4747 Nyonnais sortent de la vil-le (dont 2633 pour Genève).

«Nyon joue désor-mais un rôle de pôle régionalqui intéresse des gens de tout lebassin lémanique», ajouteEspero Berta. Ce qui les attire?Le premier critère tient à l’im-portance des moyens de trans-port à disposition. «La proxi-mité de l’aéroport, celle du che-min de fer qui arrive au centrede la ville et le voisinage avecGenève et Lausanne sont desarguments importants», répondAlain-Valéry Poitry.

Les autres atoutspeuvent être résumés en unesérie d’effets. L’effet high-techpour commencer. Parmi lesentreprises installées dans lacommune, bon nombre dePME apportent une forte valeurajoutée comme les montresHublot, Mecanex (industriespatiale), Electro Medical Sys-tem (dentisterie, prophylaxie

dentaire), Socar (homologationde médicaments) voire Novar-tis, qui a placé une antenne àla frontière de la cité. Nombred’entre elles ont été attirées parla proximité des universitéslémaniques et de l’EPFL. Sansoublier les conditions d’accueilparticulières: «Nous avons sur-tout des PME qui trouvent àNyon leur propre bâtiment avecpignon sur rue, alors qu’ellesdevraient partager unimmeuble avec plusieurs autressociétés si elles étaient établiesà Lausanne où Genève», com-mente Espero Berta.

CULTURE ET FOOTBALL Le deuxiè-me effet positif tient à une sériede prestigieux ambassadeurscomme le Festival Paléo ou leFestival du film documentaireVisions du réel. Et surtout l’UE-FA, pour Union Européenne deFootball Amateur, cette asso-ciation sportive internationa-le richissime qui a son siège àNyon et qui contribue au rayon-nement de la cité. Sans oublierd’assurer quelques bonnesaffaires aux commerces, hôtelset restaurants de la cité.

Pour trouver uneride dans cette image paradi-siaque, il faut évoquer l’absen-ce d’un lieu de rencontres pro-posé à la jeunesse. «A Gland, quiest pourtant plus petite, il y aune salle de bowling et desbillards. Ici, à part quelques bis-trots qui jouent le jeu, tout esthors de prix, déplore le syndic.

Quant aux salles de cinéma,elles sont bien moins nom-breuses qu’à Genève. Alors lesjeunes glandent.»

L’autre ride sur celac calme et ensoleillé concer-ne le logement. Bien sûr queNyon construit à la pelle (celalui vaut d’ailleurs une bonnenote dans notre classement).Reste à savoir quels types d’ha-bitations. «Il y a un gros, grosproblème, assure Alain-ValéryPoitry. Nous avons beaucoupde logements en PPE, mais peude locatifs. Nous manquons deces appartements qui permet-tent aux gens de rester à Nyonà des prix abordables.»

Ville où il fait bonvivre, mais ville de riches? «J’iraisplus loin, ajoute le syndic. J’ai-merais éviter que Nyon devien-ne une station de ski. Un de cesendroits où l’on achète des PPEsans les habiter, ce qui fait mon-ter les prix, pousse les gens àvenir y travailler sans y rester,avec ce que cela suppose com-me problèmes de circulation.»Cette perspective de «cauche-mar» incite Alain-Valéry Poi-try à insister sur la diversité deslogements dans la cité. «Elle estnécessaire pour amener desentreprises à s’installer, pourfaire venir des frontaliers et pourpermettre aux gens de vivre ici.»Un appel apparemment enten-du, puisque Espero Berta nousassure que les perspectives sontfavorables pour les années2004-2005. | J R

ges de ses époques romaine et savoyarde.

THÔNEX, L’AUTREVAINQUEURIl faut saluer l’excellent résultatde Thônex, qui termine ex aequoavec Nyon à la première place dece classement intermédiairedéterminé selon le «Dynamismeéconomique et emploi». Plus largement, on remarquera queGenève (qui obtient ici sonmeilleur classement intermé-diaire) justifie sa réputation depôle économique en tirant vers le haut ses voisines de Carouge,Lancy et Onex. A l’inverse,Lausanne et sa banlieue (Renens,Prilly) connaissent ici un résultatglobalement décevant, mais quicorrespond à la grisaille écono-mique ambiante.Dans le bas du classement, lacontre-performance des villes de l’arc jurassien s’explique partiellement par certains choixméthodologiques. En connotantde manière positive les emploisdans le secteur tertiaire, cetteenquête a pénalisé les agglomé-rations qui connaissent un plusfort tissu industriel.Enfin, et plus largement, ondécouvre que les villes tessinoiseset alémaniques (à la notableexception de Zoug et Zurich) seretrouvent en deuxième partie declassement. Un revers particuliè-rement spectaculaire pour Bâle,plombée par son bilan migratoi-re, sa charge fiscale et l’absencede logements en construction. |

LES TOPS, LES FLOPS

Page 9: Le Palmarès 2004 des villes romandes

Neuchâtel, éden social et culturel

BIEN VIVRE Santé, prévoyance sociale,

école, théâtre, musique, aménagement

d’espaces ludiques pour ados: l’ex-cité du roi

de Prusse fait figure de modèle.

Terminer au pre-mier rang dans le domaine dela santé, de la formation et de laculture: la performance ravitle conseiller communal (Soli-darités-Verts-POP) Eric Augs-burger, directeur des Affairesculturelles, de l’Instructionpublique et des Services so-ciaux. «Nous faisons d’intensesefforts. Mais je ne m’attendaispas à un classement pareil!» Aviscorroboré par son collègue àl’exécutif Didier Burkhalter(radical), directeur des Travauxpublics, des Sports et de la San-té: «C’est vrai que la Ville offrede très bonnes prestationssocioculturelles. Encore faut-il relativiser les chiffres.»

Ainsi, les dépensessociales et de santé: pour 2002,les montants nets publiés parl’Hôtel de Ville sont respective-ment de 579 francs et de 455francs, soit 1034 francs au total.Selon notre enquête, ces mêmes

dépenses ont été de 5158 francs.Cet écart s’explique par une par-ticularité, rarissime en Suisse.La Ville de Neuchâtel possèdeet gère les hôpitaux commu-naux – Cadolles et Pourtalès. Les pertes liées à l’exploitationet l’entretien de telles infra-structures alourdissent donc,en chiffres bruts, d’un facteur 5 le poste «Santé/Prévoyancesociale».

L’objectif, lui, de-meure: c’est «le maintien de lagrande qualité des soins et lamaîtrise des coûts», selon DidierBurkhalter. Le prochain défi? Laconcrétisation d’un seul hôpi-tal cantonal («Etablissementhospitalier multisites») après lafermeture des Cadolles, maissurtout l’ouverture du nouvelHôpital de Pourtalès dontl’inauguration est prévue le5.5.2005 à 5.05 pm… On n’estpas le chef-lieu d’un canton horloger pour rien.

NEUCHÂTEL Les quais ont retrouvé leur tranquillité après les flonflons de l’Expo.

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X CAHIER SPÉCIAL L’HEBDO 29 JANVIER 2004

1 Neuchâtel 6 6 6 6 5 29** Berne 6 6 5 5 5 27** Lucerne 6 6 5 5 5 27** Zoug 3 6 6 6 5 26** Zurich 6 6 4 6 4 26

2 La Chaux-de-Fonds 6 5 5 6 2 24** Olten 6 4 4 4 5 23** Lugano 6 6 1 5 4 22

3 Bienne 6 5 3 4 4 224 Le Locle 3 4 5 6 3 215 Fribourg 4 3 3 5 5 206 Moutier 5 5 3 5 1 19

** Soleure 2 6 5 1 5 197 Lausanne 3 6 2 4 4 198 Pully 3 5 4 5 2 199 Nyon 2 6 3 5 3 19

** Bellinzone 1 1 5 6 5 18** Bâle 6 2 4 2 4 1810 Bulle 5 4 5 1 3 1811 Sion 2 5 2 3 5 1712 La Neuveville 3 4 4 1 4 1613 Genève 1 6 1 5 3 1614 Morges 1 6 3 3 3 1615 Vevey 2 5 2 4 3 1616 Delémont 3 3 2 3 4 1517 La Tour-de-Peilz 3 3 2 3 4 1518 Yverdon 1 5 4 3 2 1519 Montreux 1 6 1 5 2 1520 Meyrin 1 6 1 6 1 1521 Lancy 1 4 1 4 4 1422 Prilly 2 5 3 3 1 1423 Monthey 3 5 1 2 2 1324 Renens 1 3 2 6 1 1325 Sierre 1 4 1 5 2 1326 Carouge 1 6 1 2 2 1227 Payerne 1 2 5 2 2 1228 Peseux 3 1 2 5 1 1229 Vernier 1 4 1 5 1 1230 Onex 1 4 1 4 1 1131 Thônex 1 5 1 3 1 1132 Martigny 1 4 1 1 3 1033 Versoix 1 2 1 3 1 8

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3. SANTÉ, FORMATION ET CULTURE*

* LISTE DES INDICATEURS RETENUSDépenses pour la culture et les loisirs (en francs par habitant),dépenses pour l’éducation (en francs par habitant), nombre d’élèvespar classe, part du secondaire II (gymnases et écoles professionnelles)par rapport au total des élèves (%), dépenses pour la santé et la prévoyance sociale (en francs par habitant).Source: IDHEAP/BADAC (Base de données des villes et des cantons)

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Page 10: Le Palmarès 2004 des villes romandes

Pour ce qui est dufilet social, Eric Augsburger sou-ligne que la Ville n’a guère demarge de manœuvre: aidesociale et prestations aux chô-meurs sont réglées respective-ment par le droit cantonal etfédéral. Quand Neuchâtel sedistingue, c’est par un rôle deprécurseur dans des domainesnon obligatoires. Ainsi, avectrois crèches communales etcelle des Cadolles, environ 200places sont payées par la Ville;d’autres sont subventionnées.

Neuchâtel, éden so-cial? Pour une ville de gauche,Eric Augsburger martèle qu’«iln’y a pas à rougir du bilan dece qui est fait». Certes, rétorqueson collègue Didier Burkhalter,mais de telles prestations nesont possibles qu’à cause d’unefiscalité très lourde, oblitérantle dynamisme économique. Atitre de semonce, une initiativeradicale-libérale réclamant unebaisse de 5% des impôts ad’ailleurs été acceptée l’an der-nier.

PAROLE AUXJEUNESPour l’instant,les prestations sociales à Neu-châtel dépassent souvent leminimum légal: planning fami-lial bien doté – la loi fédéralen’oblige qu’à une consultationde grossesse –, coup de pouceaux rentiers AVS touchant larente complémentaire. De plus,pour les 30% d’étrangers de 150nationalités, la Ville offre gra-tuitement des cours de langue

à tout nouveau résidant allo-phone. Enfin, certains espacespublics sont aménagés – en col-laboration avec la police et lessports – et équipés (skateboard,foot et basket de rue) selon lesdesiderata des ados du quartier.Et ça marche: «Au Jardin de laBoine, c’est le vandalisme zéro!»

Vous avez ditjeunes? Neuchâtel obtient, avecune moyenne de 18,3 élèves parclasse, le meilleur taux de Suis-se après Le Locle. Quant à la partdu secondaire II, elle est déjàélevée (55%); elle tend à mon-ter encore, explique Eric Aug-sburger, car au déclin de la for-mation traditionnelle duale(apprentissage) correspond unintérêt accru pour les différentstypes de maturité profession-nelle.

Intéresser les jeunesà la vie publique, c’est impor-tant, selon Eric Augsburger.«Nous subventionnons (ndlr:60 000 francs) le Parlement et leConseil des jeunes; j’y vais sou-vent pour sentir les attentes etles besoins.» Cette culture dudialogue porte ses fruits: leConseil général (législatif ) aaccepté une modification desheures d’ouverture des restau-rants, résultat d’un compromisentre autorités, restaurateurs etadolescents.

L’APPEL DU THÉÂTRE Sur le planculturel, Neuchâtel peut s’en-orgueillir d’un double succèsdurable. Happant près de la

moitié du budget culturel global (15 millions), le «Triomagique des musées» (Ethno-graphie, Histoire naturelle, Artset histoire) draine, année aprèsannée, des dizaines de milliersde visiteurs. Second phénomè-ne: le Théâtre du Passage gérépar un syndicat intercommu-nal. Inauguré en 2000, il connaîtun taux de fréquentation de94% – avec une salle contenant550 places. Subventionné à lahauteur d’un million par la Vil-le, le Passage offre entre trenteet quarante spectacles annuels,qui vont de l’opéra au théâtreen passant par les spectaclespour enfants, la danse ou larevue (Cuche et Barbezat).

Pour le directeurRobert Bouvier, «le Passage estun outil magnifique et a créé unappel d’air pour toutes lesformes de théâtre». Et si lepublic ne répond pas dans l’ins-tant à l’audace ou à l’avant-gar-de? «Je suis très humble devantles demandes du public: monrôle est un défipermanent. Sur-tout en matière de création.»Sur ce plan, Lorenzaccio, créél’an dernier et repris cetteannée, est emblématique: lespectacle sera joué à Genève,puis à Paris.

«Ce qui m’importe,ce n’est pas de forcer le goût dupublic, conclut Robert Bouvier.Mais chaque personne qui aban-donne, pour un soir, son postede TV pour venir au théâtre, c’estun pari gagné.» | PA J

LE SUCCÈS DESVILLES HORLOGÈRESDifficile de ne pas remarquerle tir groupé des villes aléma-niques et, dans une moindremesure, des cités tessinoises qui se bousculent dans le hautde ce classement intermédiairedes agglomérations investissantdans le domaine socioculturel.Côté romand, les résultats sonttout aussi homogènes, puisquele triangle des villes horlogèresvire en tête, avec les placesd’honneur de Neuchâtel, La Chaux-de-Fonds, Bienne et du Locle. Autant de cités qui comptent un gouvernementà majorité socialiste, ce quiexplique probablement ce résultat flatteur.En bas de classement, onretrouve les cités satellites deGenève et, dans une moindremesure, celles de Lausanne.Ce résultat d’ensemble peutencore s’expliquer par le voisinage avec une grandeagglomération qui a développédes infrastructures (cinémas,hôpital, etc.) largement utilisées par les cités satellites,quitte à susciter de temps à autre un coup de colère de la grande sœur.A noter, enfin, le mauvais classement de Martigny que ses investissements culturels ne suffisent pas à tirer vers un rang plus honorable. |

LES TOPS, LES FLOPS

XI

Page 11: Le Palmarès 2004 des villes romandes

Delémont, ville engagée et engageante

JURA Symbole de la lutte autonomiste

et bastion de la gauche, la capitale du plus

récent canton suisse est particulièrement

attachée à la chose politique.

Les politiciens dusigne de la Balance se font offrirun nouveau mandat, dit l’ho-roscope de l’hebdomadairedelémontain Le Régional du 23 janvier. Apportant ainsi lapreuve que, dans la capitalejurassienne, la politique touchevraiment tout le monde.

Dans cette petite vil-le, qui compte 70 à 80 sièges àrepourvoir (tous mandatsconfondus), rares sont les habi-tants à qui l’on n’a jamais pro-posé d’adhérer à un parti. Lesélus ne sont donc pas des incon-nus, on a été à l’école avec et onles tutoie. Une telle proximitéfavorise évidemment la parti-cipation qui atteint des pour-centages très élevés pour laSuisse romande, mais ce n’estpas la seule raison qui attire lesélecteurs aux urnes et auxdébats: dans le canton du Jura,la politique est un virus histo-rique.

Cette passion a safête. Le 23 juin 1974, des milliersde personnes se retrouvaientdevant l’Hôtel de Ville pour fêterle plébiscite: les Jurassiens vou-laient un Jura «libre» et ledisaient haut et fort. Cette dateest devenue leur 14 Juillet.

La population s’estbattue pour avoir une autono-mie politique, elle l’a eue en1979 et n’est pas près de lalâcher. De là est née une tradi-tion d’implication dans la cho-se publique unique en Suisse.Delémont est une ville engagéedans un canton engagé. Lemouvement séparatiste en a faitson centre d’action bien avant1974. Pour le maire et conseilleraux Etats Pierre-Alain Gentil(PS), «la création du canton a euun effet mobilisateur qui a ren-du les gens plus politisésqu’ailleurs». Cet attachementau destin local se traduit selonlui par des taux de participation

DELÉMONT Premier à offrir le droit de vote aux immigrés, le canton du Jura

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XII CAHIER SPÉCIAL L’HEBDO 29 JANVIER 2004Ra

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** Soleure 3 5 4 6 6 241 Bulle 3 5 5 5 4 222 Delémont 3 3 5 5 6 223 Pully 3 6 5 4 4 22

** Lucerne 3 6 1 5 6 214 Nyon 3 6 5 1 6 21

** Zoug 4 6 3 6 2 215 La Neuveville 3 4 6 3.5 4 20.5

** Bâle 3 6 1 4 6 20** Lugano 1 6 3 6 4 20

6 Martigny 4 4 4 6 2 207 Monthey 4 2 4 6 4 208 Morges 3 5 6 2 4 20

** Olten 4 5 4 5 2 209 Sion 3 5 3 5 4 20

10 Payerne 3 5 6 3.5 2 19.511 Montreux 3 5 5 2 4 19** Zurich 4 6 1 4 4 1912 La Tour-de-Peilz 3 5 6 3 2 1913 Moutier 3 1 5 3.5 6 18.514 Neuchâtel 3 6 2 3 4 1815 Vevey 3 6 6 1 2 18** Berne 3 2 1 5 6 1716 Sierre 4 1 4 5 2 16** Bellinzone 1 3 4 6 2 1617 Bienne 3 5 2 2 4 1618 Fribourg 3 4 3 4 2 1619 Le Locle 3 3 4 4 2 1620 Prilly 3 3 6 2 2 1621 Peseux 3 1 6 3.5 2 15.522 Lausanne 3 5 1 2 4 1523 Yverdon-les-Bains 3 1 4 3 4 1524 Carouge 1 6 2 4 2 1525 La Chaux-de-Fonds 3 2 2 3 4 1426 Genève 1 6 1 2 4 1427 Renens 3 2 5 1 2 1328 Versoix 3 3 3 2 1 1229 Lancy 1 2 2 3 2 1030 Onex 1 3 3 1 2 1031 Thônex 1 1 3 3 1 932 Meyrin 1 2 2 1 2 833 Vernier 1 1 2 1 2 7

4. POLITIQUE, INSTITUTIONS, ADMINISTRATION*

* LISTE DES INDICATEURS RETENUSNombre d’instruments de démocratie directe disponibles en 2002(somme), dépenses pour l’administration générale (en francs parhabitant), taille des parlements communaux (pour 1000 habitants),taux de participation aux élections au Conseil national 1971-1999 (%),nombre de partis dans les conseils exécutifs communaux en 2002.Source: IDHEAP/BADAC (Base de données des villes et des cantons)

Page 12: Le Palmarès 2004 des villes romandes

extraordinaires, surtout auniveau communal.

Patricia Cattin,conseillère communale radi-cale, accorde également unegrande importance au combatjurassien dans cet amour pourla chose publique. Elle y lie unesprit d’ouverture: «J’avais 14ans quand je suis entrée augroupe Bélier et ça m’a donnéle goût de la politique. Nousavons créé un canton, ce quinous a rendus plus “revendi-cards” et ouverts: mis à l’index,nous avons apprécié ce quec’est de pouvoir participer. C’estpeut-être pour ça que nousavons été les premiers à con-sidérer les étrangers comme éligibles.»

INTÉGRATION DES ÉTRANGERS Cet-te implication forte dans la viepolitique et identitaire localen’est effectivement pas un gagede fermeture au monde: depuis2000, les étrangers peuvent êtreélus dans les communes juras-siennes. Dans ce domaine, lejeune canton fait figure de pionnier absolu. Dans le Conseilde ville delémontain, on comp-te trois élus italiens et un espa-gnol. Même l’ultra-minoritaireUDC locale admet que cettepratique joue un rôle intégra-teur positif.

Cependant, pourGiuseppe Natale, citoyen italienet responsable du groupe Com-bat socialiste au Conseil de vil-le, ce n’est pas dans la politique

qu’il faut chercher le premierfacteur de participation à la chose publique: «Il y a beau-coup d’associations sportiveset culturelles à Delémont, c’estun passage obligé pour s’inté-grer.» Patricia Cattin, qui dirigele département Culture, jeu-nesse et sports, remarque aus-si cette tradition: «Je le vois dansmon département: avec 180sociétés, tous ont des intérêts àdéfendre.» Pour une populationde 12 000 habitants, cela faitplus d’une association par centaine de personnes.

Delémont est égale-ment l’une des villes les plus àgauche de Suisse. Si la diversi-té des partis au sein du Conseilde ville et du Conseil commu-nal est unique en Suisse, il fautadmettre que c’est une diversi-té de gauche. Puisque l’on ytrouve le Parti socialiste, le POP, Combat socialiste ou leParti chrétien-social. Et quandon sait que le PDC jurassien est l’un des plus à gauche deSuisse, il ne reste plus guère quele minuscule Parti radical oule très indépendant Intérêt delémontain pour faire pencherla balance.

«Nous habitonsdans une région qui n’est pasfavorisée, les gens ont toujoursce sentiment d’injustice parrapport au reste de la Suisse.Nous ne luttons plus pour l’au-tonomie, mais nous avonsd’autres combats», affirmeRémy Meury, conseiller muni-

cipal popiste. C’est peut-être cetesprit de révolte qui pousse lescitoyens à la lutte politique etsociale. La structure écono-mique implique également unsyndicalisme fort. Le secteursecondaire est effectivementomniprésent dans le canton.Pour Pierre-Alain Gentil, «uneforte syndicalisation impliqueune forme de politisation».

INTÉRÊT DURABLE?La jeune géné-ration jurassienne n’est cepen-dant pas aussi impliquée quecelle de ses parents dans la cau-se cantonale. On peut donc sedemander si cet esprit d’enga-gement dans la chose politiqueva perdurer. «Un certain retourà la normale est inévitable, lesjeunes de 20 ans sont nés aprèsla création du canton. Pour eux,il fait partie du paysage», décla-re Pierre-Alain Gentil. RémyMeury n’est pas de cet avis. Pourlui, le virus d’origine autono-miste s’est transmis de géné-ration en génération: «Lesjeunes Jurassiens s’intéressentde plus en plus à la politique,mais de manière différente. Ilsse mobilisent pour toutes sortesde causes, souvent en marge despartis.»

Patricia Cattin, elleaussi, est optimiste: «Lesparents ont transmis le goût dese défendre et d’obtenir en lut-tant au niveau public. Leur mes-sage est: “Si on veut, on peut,mais il faut s’en donner lesmoyens.”» | PA

parvient à intégrer ses minorités par la politique.

CES VALAISANNESSI POLITIQUESBien plus que les autres, ceclassement dépend pour unelarge part d’indices politiquesou institutionnels déterminéspar le droit cantonal, comme lataille du parlement, le nombrede partis à l’exécutif, le nombred’instruments de démocratiedirecte (source C2D). Il ne peutdonc pas y avoir de différencesnotables entre villes d’un mêmecanton sur ces aspects, maisseulement d’un canton à l’autre.Cela explique en bonne partiela position peu enviable desvilles du canton de Genève quisquattent le bas du classement,pénalisées par leurs parlementset leurs exécutifs de plus petitetaille.Précisons que ce choix découled’un parti pris: on a valorisél’ouverture, les grands parle-ments, ceux qui représentent la plus grande diversité desforces politiques, en partant de l’idée (discutable, il est vrai)qu’ils permettent une meilleureexpression de la démocratie.Par ailleurs, le succès global descités valaisannes comme Marti-gny, Monthey et Sion s’expliqueégalement par leurs scores flatteurs en matière de partici-pation aux élections (un indica-teur calculé sur les dix dernièresannées). Une remarque égale-ment valable pour Lugano. |

LES TOPS, LES FLOPS

XIII

Page 13: Le Palmarès 2004 des villes romandes

XIV CAHIER SPÉCIAL L’HEBDO XXX 2004

«Le poids des villes s’accroît»INTERVIEW Avec 70% de la population suisse installée dans les cités, leur importance politique

va se développer, assurent les spécialistes lausannois de l’IDHEAP.

Comment peut-on mesurer la qualité de la vie?

Sylvie Traimond On la détermine parle bien-être personnel, l’environne-ment naturel et urbain et par lecontexte social, économique et poli-tique. Cette notion complexe évolueaussi dans le temps. Les critères quiauraient permis de définir la quali-té de la vie dans les années 1970 nesont certainement pas ceux qui sontutilisés aujourd’hui.

Qu’est-ce qui a changé?ST Depuis la Conférence de Rio sur l’environnement et le développementqui a eu lieu en 1992, la Suisse s’estengagée à définir et à mettre en œuvreune politique nationale de dévelop-pement durable. L’Office fédéral dela statistique, l’Office fédéral de l’en-vironnement, des forêts et du paysa-ge et l’Office fédéral du développementterritorial ont justement été chargésde mettre au point un système d’in-dicateurs permettant de mesurer cedéveloppement (projet MONET). Lesystème reste toutefois embryonnai-re et permet rarement de descendreau niveau des villes. A l’heure actuel-le, l’essentiel des données disponiblesprovient des publications statistiquesde l’Union des villes suisses.

Connaissez-vous d’autres travaux censésmesurer la qualité de la vie dans les villesromandes?

ST A l’échelle locale, les programmesd’action Agenda 21 local – élaborés

en étroite collaboration avec la popu-lation – contribuent à un dévelop-pement plus durable, plus équilibré.En Suisse, plus de 70 Agendas 21locaux donnent déjà de nombreuxexemples d’action possible*. Les villesprennent conscience que seule unedémarche participative peut débou-cher sur des actions concrètes et coor-données permettant d’améliorer laqualité de la vie de leurs habitants.

Un exemple?ST La Municipalité de Renens parti-cipe à un projet relatif au marketingurbain. Elle a envoyé plus de millequestionnaires à ses habitants afind’évaluer son image et d’être à mêmede mettre en œuvre des actionsconcrètes pour améliorer sa situa-tion. L’analyse des résultats sera dis-ponible fin février 2004. La Munici-palité de Lausanne, elle aussi, faitpreuve d’un grand intérêt pour ledéveloppement durable et l’amélio-ration de la vie dans les quartiers. Leprojet Quartiers 21 instaure un par-tenariat entre la population, les auto-rités et l’administration.

Ce qui fait l’âme d’une ville, n’est-ce pasune somme d’impressions subjectives,liéesà l’architecture,aux petites échoppes et auxterrasses de bistrot? Au fond, peut-on vraiment comparer des villes?

Christophe Koller Oui. Mais ce classe-ment est une première tentative, sansdoute perfectible. Les comparaisonssont non seulement possibles mais

nécessaires. Une des fonctions de lastatistique est d’ailleurs de mettre enperspective des cas par rapport àd’autres et d’essayer ainsi de mieuxcomprendre les disparités entre indi-vidus. Dans notre cas, il s’agit demieux situer une ville par rapport àune autre ou un groupe de villes parrapport à un autre. Pour bien com-parer, il est toutefois utile de tenircompte de la taille, de la situation géo-graphique, de la culture dominante(qui peut être exprimée ici par lalangue majoritaire) tout en tenantcompte des règles du jeu en vigueur(c’est-à-dire de la législation dans lescantons, parfois déterminante).

Admettons que l’on puisse comparer,l’exer-cice a-t-il des limites?

CK Certainement. C’est d’ailleurs lecas pour la plupart des études. Ici, leslimites tiennent surtout au manquede données disponibles pour les villesau niveau suisse. C’est un comble sion pense que plus de 70% de la popu-lation réside dans les villes. Notreobjectif à ce stade était surtout dedonner des tendances. Dans une pro-chaine étape, nous prévoyons uneenquête plus fouillée, réalisée en col-laboration avec l’Union des villessuisses, prévue dans le courant 2004.Les indicateurs actuellement dispo-nibles en Suisse permettent davan-tage de mesurer les aspects écono-miques que les aspects sociocultu-rels ou relatifs à la qualité de la vie.

PASCAL SCIARINI, SYLVIE TRAIMOND ET CHRISTOPHE KOLLER Les têtes pensantes de la BADAC et du palmarès IDHEAP/L’Hebdo.

Page 14: Le Palmarès 2004 des villes romandes

XVI CAHIER SPÉCIAL L’HEBDO 29 JANVIER 2004

Il s’agit de corriger le tir et de tenircompte d’autres critères dans l’ana-lyse tels que les aspects liés au climat,à la pollution, à l’offre sociocultu-relle concrète (cinéma, concerts,crèches) ou encore aux transports(facilité d’accès, prix, etc.), mais aus-si à l’accès à d’autres services publics(par exemple, les facilités offertes parle «e-government» et le «e-voting»).Ces données sont généralement dis-ponibles, mais elles sont difficiles àrécolter et pour la plupart payantes.

Auraient-elles changé le classement obtenu?

CK Oui, c’est possible. Nos résultatssont toutefois très similaires à ceuxd’autres études. Disons que les indi-cateurs tenant compte surtout desaspects économiques prétéritentdavantage les villes latines, moinsdynamiques que les villes alémaniquesdepuis une dizaine d’années. Il y a toutlieu de croire que d’autres indicateursqui tiendraient compte davantage del’offre culturelle et sociale dans le clas-sement donnerait une image plus favo-rable pour les villes romandes.

En quoi ce classement IDHEAP/«L’Hebdo»se différencie-t-elle d’autres enquêtes similaires (l’agefi, Facts) ?

PASCAL SCIARINI D’abord par le grandnombre de villes prises en compte,puisque nous avons analysé 33 agglo-

mérations romandes. Ensuite par despartis pris méthodologiques. Jus-qu’ici, les dimensions politiques etinstitutionnelles ont été négligéesdans les études sur la «qualité de lavie». Nous pensons pourtant qu’ils’agit d’aspects fondamentaux, quenous souhaitons approfondir dansnotre prochaine enquête afin dedévelopper une sorte de «baromètredémocratique» des villes. L’inclusiond’une dimension politique dans leprésent classement constitue un pre-mier pas.

Comment les évaluer?Sur la base des données disponibles,nous avons construit une dimension«participation politique et adminis-tration publique» qui nous renseignesur les possibilités qu’ont les citoyensde s’exprimer politiquement dansleur cité. Une bonne participationdes citoyens à la vie publique est selonun grand nombre d’études un facteurpuissant d’intégration sociale. Nousmettons ainsi l’accent sur ce que l’onpourrait appeler «l’ouverture démo-cratique» d’une cité, tout en étantconscients que cette ouverture aéventuellement un coût, en parti-culier en termes d’efficacité de l’ac-tion communale.

Pourquoi évaluer l’appareil bureaucra-tique des villes?

Son développement est certaine-ment un indicateur des ressourcesd’une cité, mais nous ne pouvons pasêtre certains que la présence d’uneforte administration améliore néces-sairement la vie des citoyens. Puisquele rôle de l’administration est de déli-vrer des prestations publiques etd’assurer une fonction redistributi-ve, on peut tout de même faire l’hy-pothèse que la chance du citoyend’accéder à des prestations publi-ques, voire d’être soutenu en cas denécessité, est plus grande dans uneville disposant de davantage de res-sources administratives. Par exempleGenève et Bâle-Ville sont aussi lesvilles qui délivrent les prestationssociales les plus généreuses.

Le détail de cette enquête IDHEAP/«L’Hebdo» montre que la vie est plus faci-le en Suisse alémanique et au Tessin qu’enSuisse romande. Cela vous surprend?

CK Non, depuis une dizaine d’annéesles villes alémaniques sont plusattractives, surtout pour des raisonséconomiques mais aussi par une poli-tique plus respectueuse de l’envi-

ronnement. Selon le classement,même une ville industrielle commeOlten s’en sort beaucoup mieux queses consœurs de l’arc jurassien. LesRomands semblent s’être endormisaprès le vote négatif sur l’EEE en 1992.Pour le Tessin, il faut surtout souli-gner le bon classement de Lugano surle plan socioculturel (7e) alors queBellinzone se trouve pratiquementtoujours en milieu de classement.

Autre élément à apprécier:les grandes villescomme Genève et Lausanne se retrouventplutôt en bas des classements. Une expli-cation à cela?

CK On reconnaît généralement unemeilleure qualité de la vie dans lespetites villes et les campagnes, en par-ticulier pour les familles avec enfants.Et Genève et Lausanne sont parmi lesvilles de Suisse ayant le moins bienrésolu les problèmes de trafic auto-mobile au cours de ces deux dernièresdécennies. Il y a certainement là uneexplication. A Genève et Lausanne, laconcentration de la population estparticulièrement élevée et les zonesde détente limitées (frontière phy-sique – avec la France ou avec le lac– et mentale – Lausanne versus Gros-de-Vaud; Genève versus Haute-Savoie). D’autre part, la Cité de Cal-vin a une image de ville des affairesayant quelque peu délaissé les inté-rêts des jeunes et peu encline auxjoutes festives. Pour Lausanne, lemauvais score s’explique surtout parle manque de dynamisme écono-mique.

Au fond, pour quelles raisons s’intéresseraux villes?

PS Depuis un certain temps, les villesrevendiquent un poids politique plusgrand dans l’édifice fédéral, un poidspolitique qui soit plus conforme à leurimportance économique et sociale.L’adoption du nouvel article 50 dela Constitution, qui reconnaît expli-citement leur situation particulière,a donné un nouvel élan à leurs reven-dications. Et commence à déployercertains effets. Il en va de même duprojet de nouvelle péréquation finan-cière entre Confédération et cantons.L’importance politique grandissan-te des villes constitue une raison sup-plémentaire de s’y intéresser. Ce clas-sement de la qualité de vie dans lesvilles constitue un premier exercicedans ce sens. |

P R O P O S R E C U E I L L I S PA R J R

*Voir sous: www.agenda21local.ch

TOUTE L'INFO SUR LES VILLESLes indications permettant de comparer lesvilles étant rares, cela rend d'autant plus pré-cieuse la référence BADAC (Base de donnéesdes cantons et des villes suisses). Plus large-ment, la BADAC est un système d'informationqui fournit des renseignements sur le fédéralis-me en Suisse, notamment sous l’angle du fonc-tionnement administratif et des institutionspolitiques cantonales (depuis 1991) et commu-nales (depuis 1999). Le projet est rattaché àl’Institut de hautes études en administrationpublique (IDHEAP) à Lausanne et l’équipe res-ponsable réalise des enquêtes régulières etponctuelles auprès des cantons et des villes dupays. Elle effectuera notamment dans le cou-rant 2004 une nouvelle étude online incluantégalement les conditions et la qualité de la viedans les cités helvètes.La BADAC couvre les activités gouvernemen-tales et législatives, les agents publics, lesfinances ainsi que d’autres domaines relevantde la compétence des cantons ou des com-munes (santé, éducation, culture, justice etpolice, travaux publics, économie régionaleetc.). En outre, le système offre un accès à unebanque de données publique constammentmise à jour*, fournit des indicateurs statis-tiques fiables et reconnus, présente des organi-grammes et une banque de données de liens.

* www.badac.ch