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L’œil du territoire Le patrimoine industriel Promenade ludique dans le patrimoine industriel du bassin stéphanois 1

Le patrimoine industriel - Les services de l'Etat dans la

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L’œil du territoire

Le patrimoine industrielPromenade ludique

dans le patrimoine industrieldu bassin stéphanois

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Préambule

Ce document répond à la volonté de la DDE de la Loire de sensibiliser les scolaires au patrimoine industriel de leur territoire.Il a été conçu et réalisé dans le cadre du stage professionnel du Master Pro Métiers des patrimoines de la faculté Jean Monnet (IERP).La démarche consiste à mettre en ligne sur des sites Internet, dont http://www.reseau-patrimoine.net, des documents téléchargeables qui présentent un aspect du territoire et ses enjeux.« L’œil du territoire » pourrait donc être le titre d’une collection qui se propose de vulgariser pour un public scolaire la connaissance du bassin stéphanois produite par de nombreux organismes.

La structure des documents serait toujours la même :1/10 sites2/10 entretiens3/10 ateliers

Cette collection pourrait aborder la diversité des paysages du bassin stéphanois et ses richesses (jardins ouvriers, cités ouvrières, maisons de Maîtres, barrages etc…).

Faire travailler les scolaires sur leur territoire est encouragé par les programmes scolaires et répond à des aspects précis des programmes du primaire au secondaire : cette démarche permet de donner un sens tangible à de nombreux apprentissages, de croiser les disciplines, et surtout de travailler concrètement la citoyenneté.Ces documents voudraient en effet encourager chaque enfant à se sentir responsable de son environnement. C’est en développant le goût de l’observation et en présentant l’espace qui nous entoure comme une source d’émotions et de connaissances que nous espérons toucher les générations futures.

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L’auteur

Maud Salançon est agrégée d’arts plastiques.Elle s’interroge sur la qualité des lieux dans lesquels nous vivons et sur le rôle que peuvent jouer les habitants dans la construction de leur environnement.

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Introduction

L’objectif de ce document est de faire connaître le patrimoine industriel du bassin stéphanois et de montrer comment ce patrimoine peut être le support de nombreux apprentissages et rêveries.Cette présentation est une invitation à observer le paysage alentour, les bâtiments qui le composent, les lieux qui font son histoire et son identité.

Le bassin stéphanois possède un patrimoine industriel qui, par sa diversité et son étendue, offre à chaque école, collège, lycée la possibilité d’aller à la découverte d’un patrimoine de proximité. Nous avons donc choisi de présenter un site industriel par commune de Rive-de-gier à Firminy pour encourager des échanges entre les élèves du bassin. La reconnaissance de bâtiments qui font partie de l’environnement quotidien des élèves est un appui essentiel pour l’implication de chacun.

Ce document est un outil utilisable en classe pour introduire un travail sur le patrimoine industriel.Il se compose de :

1/10 fiches d’identité

qui présentent succinctement 10 sites du bassin entre Rive-de-Gier et Firminy.

2/10 entretiens

avec des acteurs du patrimoine industriel pour en comprendre les enjeux.

3/10 ateliers

qui proposent des jeux et des actions pour différents niveaux.

4/Annexes

glossaire, bibliographie indicative

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Mode d’emploi

Les trois parties principales de ce document sont conçues pour dialoguer entre elles :

1/les fiches d’identité : Elles constituent une source documentaire pour l’enseignant et ses élèves. Elles peuvent être utilisées dans la classe en relation avec les entretiens ou avec les ateliers.Les élèves peuvent, par exemple, rechercher les fiches qui correspondent aux sites mentionnés dans certains entretiens.Les rubriques des fiches d’identité peuvent aussi guider les élèves dans la constitution d’une fiche d’identité d’un site industriel de leur commune. Le document pourrait alors s’étoffer du travail de recherche des élèves eux-mêmes

2/les entretiens : Ils permettent de comprendre les enjeux du patrimoine industriel, de comparer des discours entre eux ou de se positionner soi-même par rapport aux idées des autres.Ils peuvent être utilisés comme source d’information à mettre en forme : « imaginez que vous êtes journaliste, quelles sont les idées principales que vous, journaliste, pourriez mettre dans un encart » ou « vous devez rendre compte dans un article des différents points de vue sur le patrimoine industriel ».

3/Les ateliers : Ils proposent des jeux d’observation qui amènent les élèves de différents niveaux à rechercher la source des documents dans les fiches d’identité ou à créer à partir des sites.

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L’œil du territoire

1/les fiches d’identité

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Rive-de-gier

Les forges du Couzon

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Année de construction/ vers1914/1918

Contexte/

Ce bâtiment a été construit à la fin de la guerre par les prisonniers allemands.

Production/

Entreprise métallurgique de haute précision, on y construisait des sous-marins et on y travaillait l’aluminium.

Architecture/Constituée de plusieurs halles de part et d’autre de la route, l’ensemble marque une rupture nette entre la zone industrielle et l’entrée dans la vallée du Couzon.Les bâtiments possèdent le caractère emblématique d’une grosse société de forges de la région :-Façade en brique-Couverture en tuile-Charpente bois-Forme des ouvertures : rectangulaire et voûte en plein cintre

Utilisation actuelleFermée dans les années 80/90, le site n’est pas utilisé.

Les fiches d’identité

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Lorette

La Halle Mavilor

Année de construction/1900/1945-46

Contexte/

Les Frères Jackson (industriels anglais) arrivent sur le site d’Assailly en 1822 à la demande de Napoléon pour fabriquer un acier de meilleure qualité. Ces usines sont à la pointe de la production d’acier fondu, elles utilisent le premier four Martin en 1880 et, en 1881 le premier train pour machine pouvant laminer 10 tonnes d’acier par jour. Ces usines fournissent toutes les compagnies de chemin de fer (les rails en acier remplacent les rails en fer dans les années 1870 car ils ne s’usent presque pas), la Marine, la Guerre, et tous les grands établissements de construction. L’usine emploie jusqu’à 460 ouvriers.

Production/

Acier fondu de très haute qualité, acier de toute qualité et de toute dureté. Production très appréciée et reconnue.

Architecture/La halle Mavilor appartenait à l’usine d’Assailly ou ancienne usine des Jackson, elle se compose de plusieurs halles : une grande halle à charpente métallique le long de la voie ferrée et de halles plus petites le long de la rue Adèle Bourdon. L’ensemble comporte également un transformateur en béton et un bâtiment de bureaux en briques.Les matériaux de construction principaux sont la brique et le béton de scories. Les linteaux en métal des ouvertures présentent des décors en forme de fleurs

Utilisation actuelle/Site non utilisé

En savoir plus/

Chomienne C., Histoire de la ville de Rive-de-Gier, du Canton et de ses principales industries, St Etienne, 1912

Les fiches d’identité

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L’Horme

Le site Pasteur

Année de construction/1827

Contexte/

A l’origine, le site est construit pour la Société anonyme des Fonderies de L’Horme. Les bâtiments ont connu plusieurs changements de propriétaire et d’activités comme la fabrication de pelleteuses après-guerre et diverses sociétés de construction.

Production/

Usine métallurgique.

Architecture/Le site se compose de plusieurs halles de même type accolées les unes aux autres. Les bâtiments possèdent une structure métallique, les murs sont en pierre, l’encadrement des ouvertures est en briques.Le site comporte un nombre important de bâtiments (18) et occupe un vaste terrain en bordure de nationale.Toiture en tuile et métalCharpente mixte bois/métalPrésence de lanterneauxGrandes ouvertures en arcades sur les pignons

Utilisation actuelle/Le site est partiellement occupé par des industries, des activités commerciales, des entrepôts. Certains bâtiments ont déjà occasionné des rénovations.

Les fiches d’identité

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St chamond

L’Usine Gillet

Année de construction/autour des années1870

Contexte/

Suite à l’essor de l’industrie de la soie, la teinturerie se développe à St Chamond grâce à l’eau du Gier, réputée excellente pour la teinturerie. Ce secteur représente plus de 1000 ouvriers en 1889 et St Chamond répond à des commandes du monde entier. La teinturerie Gillet doit son implantation à la qualité des teintures noires réalisées sur des lacets par Monsieur Richard à St Chamond. La famille Gillet s’installe à St Chamond après avoir constaté la qualité des teintures sur fil de soie.

Production/

Usine de teinturerie sur fil. Les couleurs employées dérivaient du goudron. Le chauffage des bains de teinture s’effectuait grâce aux charbons stéphanois. La teinturerie travaillait pour les fabriques de lacets de la région, la passementerie stéphanoise et la soierie lyonnaise jusqu’en 1954.

Architecture/Le site se compose d’une ancienne teinturerie (1861) qui est encore visible dans la partie centrale grâce à son toit à deux pans avec lanterneaux, d’une partie centrale sous sheds portées par des piliers en fonte (ajoutée en1876-77) et de bâtiments à étages qui encadrent le tout et dont une importante partie longe le Gier. L’usine, dessinée par Gaspard André, est construite en pierre et en béton de scories, la façade est en brique, dans un style original qui correspond à l’affirmation de la puissance patronale. On peut ici parler de « château de l’industrie ». La présence d’une villa patronale de l’autre côté de la route renforce cette idée.

Utilisation actuelle/La ville de St Chamond rachète le site en 1977 et la transforme en imprimerie puis en pépinières d’entreprises en 1984.Le site est classé Monument Historique en 1995.Elle est également le siège du CERPI.

Les fiches d’identité

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St Chamond

Le site Giat

Année de construction/première forge 1818/2 forges en 1855/évolution du site jusqu’en 1934

Contexte/

La naissance du site industriel est liée à la présence du Gier et à l’installation d’une forge à l’anglaise par la famille Morel d’Izieux. Cette famille fonde, avec Pétin et Gaudet de Rive-de-gier, la Compagnie des Forges et Aciéries de la Marine et des Chemins de fer. Après la crise de1880, l’entreprise se concentre sur sa production militaire (artillerie, blindage, fabrication de tourelles pour la Marine).En 1900, l’entreprise emploie plus de 3500 ouvriers et réalise de gros bénéfices. Les forges et aciéries de la Marine sont rachetées par la compagnie des Mines et Usines d’Honnécourt (Meurthe-et-moselle).Pendant la guerre de 14-18, la production d’armement est considérable (le char «St Chamond »), le site compte plus de 4500 ouvriers. En 1953, les industries de la Loire fusionnent, les productions sont réparties : St Chamond conserve la mécanique, l’Ondaine, la métallurgie.

Production/

Le site est dédié à la construction de matériel de chemin de fer (fabrication complète de locomotive à vapeur dès 1920), à la construction navale (ossature des navires) et à la construction de matériel de guerre (blindage des navires, canon dès 1850).

Architecture/Site d’une grande complexité liée à des constructions échelonnées dans le temps et à l’étendue du terrain.

Utilisation actuelle/De 1973 à 2001 plusieurs ventes et rachats de parties du site. Certains bâtiments inoccupés, d’autres sont occupés par diverses entreprises.

En savoir plus/Perrin Eric, FAM, CAFL, Creusot-loire, des années 30 à nos jours ; mémoires d’un demi-siècle d’industrie métallurgique en région St Chamonaise, 1996

Les fiches d’identité

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St Etienne

La Manufacture d’armes

Année de construction/1866-1868

Contexte/

St Etienne est de très longue date un lieu de production d’armes. Organisée en petits ateliers artisanaux, la ville acquière le statut de « manufacture royale d’armes » en 1769. 20 000 fusils sont alors construits chaque année si bien que la révolution française rebaptise St Etienne « Armeville ». Grâce à l’invention de la machine à vapeur en 1866, le travail s’organise autour des machines. Le premier fusil standardisé (construit en série grâce à des machines) sort dans les années 1870. La production de masse à commencer, il reste à la regrouper sur un même lieu. Le centre ville de St Etienne étant trop étroit, on utilise le champ de Mars pour construire une grande usine mécanique, un magasin de poudre, une usine de 32 meules, une fonderie. La production passe à140 000 armes par an. 10 000 ouvriers, appelés « manuchards », y travaillent pendant la première guerre. Après 1945, les difficultés économiques, l’augmentation des coûts d’un personnel en surnombre et des tentatives de diversifications hasardeuses dans les armes de chasse ou les meubles mettent fin à la production. En 1971, Giat industries reprend la « Manu » et lance une dernière arme de prestige, le fusil d’assaut Famas.

Production/

Fusils, masques à gaz

Architecture/Plusieurs bâtiments à l’architecture très travaillés, une cour d’honneur et des jardins suspendus s’ajoutent aux divers ateliers dont un aux proportions imposantes : 155 mètres par 130 mètres.

Utilisation actuelle/Après la démolition très polémique de 4 bâtiments pour construire la platine du projet de l’agence Lin, la manufacture est en train de se transformer en Cité du design (ouverture prévue en 2008).

Les fiches d’identité

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La Ricamarie

Le puits des Combes

Année de construction/début des années 1950

Contexte

A partir de 1934, le site est creusé pour accueillir des remblais d’autres puits de Mines. La découverte de charbon transforme le site dès 1935 en puits d’extraction avec peu de moyens. Le puits est approfondi au fur et à mesure jusqu’en 1950, puis, dans le cadre du plan Marshall, le chevalement est construit. En raison de la proximité avec le puit Pigeot, le chevalement ne s’est pas doté d’autres bâtiments : tout le charbon était traité au puits Pigeot, tous les mineurs allaient s’équiper et se laver au puits pigeot et faisaient le trajet jusqu’au puit des Combes en bus.

Production

Extraction de charbon.

ArchitectureDu nom de l’ingénieur qui le fit construire, le puits des Combes est un bâtiment entièrement en béton (mur, poutre, toiture, escalier). Emblématique du style architectural adopté par les houillères dans les années 1920, le site est complet. C’est la masse du bâtiment inférieur qui sert d’ancrage et réalise l’équilibre de l’ensemble, en s’opposant à l’effort principal des câbles. Chaque câble permettait de faire monter et descendre une cage en fer à un étage qui contenait les mineurs ou le minerai.

Utilisation actuelle Inoccupé, inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.

Les fiches d’identité

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Le Chambon-Feugerolle

La Halle Crozey-Fourneyron

Année de construction/1912-1913

Contexte/

Représentative du savoir-faire de l'époque en matière d'architecture industrielle, elle est le dernier témoin de l'usine de constructions mécaniques lourdes créée en 1850 par Benoît Fourneyron, l'inventeur stéphanois de la turbine hydraulique.

Production/

Ses machines, conçues et fabriquées au Chambon, se sont exportées dans le monde entier et ont été honorées des médailles d'or de plusieurs expositions universelles. Après la mort de Benoît Fourneyron en 1867, ses neveux Crozet diversifient les fabrications, produisant des machines pour la sidérurgie, les mines, la chimie, les centrales électriques. A peine construite, l’usine est pourtant le lieu de fabrication des obus de gros calibre pour la première guerre. La paix revenue, elle retrouve sa destination première. On y produit en particulier des machines d'extraction pour les mines, et surtout des pompes en bronze pour la plupart des cuirassés, croiseurs et porte-avions de la Marine Nationale. Atteinte par la concurrence et la perte de ses marchés, l'usine disparaît au cours des années quatre-vingt.

Architecture/Remarquable par les dimensions de ses vitrages, largement ouverts à la lumière sous une charpente métallique étonnante de légèreté. Les façades sont en briques.

Utilisation actuelle/Occupée par une entreprise de construction mécanique.

Les fiches d’identité

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Le Chambon-Feugerolle

La Forge

Année de construction/1867

Contexte/

La Compagnie des Forges et Aciéries Jacques Claudinon et Cie, crée en 1852, a été pendant plus d’un siècle l’usine métallurgique la plus importante du Chambon-Feugerolles. Les ateliers s’étendaient sur 1 Km et sur une superficie de 10 hectares. L’usine emploie à son apogée 1000 ouvriers et jusqu’à 1800 ouvriers pendant la première guerre, l’entreprise produisant alors des pièces d’armement. Ses dirigeants successifs ont souvent eut un rôle politique local (maire et même député, Georges Claudinon -fils de Jacques- est à l’origine de la construction du barrage de Cotatay). Suite à la concurrence des aciéries de la Communauté Européenne du charbon et de l’acier et aux évolutions du matériel de guerre, l’entreprise décide d’arrêter sa production : la fermeture du site est effective en octobre 1963.

Production/

Diverses pièces métalliques pour l’outillage et diverses pièces mécaniques pour les automobiles, diverses pièces pour l’armement.

Architecture/La Forge est l’un des rares bâtiments encore existant sur le site. C’est une halle qui servait d’atelier de montage. Le bâtiment est construit en pierre, les encadrements des ouvertures sont en brique et la charpente est en bois.

Utilisation actuelle/Salle de spectacle depuis 1990, le bâtiment vient d’être réhabilité grâce à la volonté municipale pour être une salle de spectacle moderne, plus spacieuse, plus fonctionnelle.

En savoir plus/Société d’histoire du Chambon-feugerolles, Aux Halles, 5 place Jean Jaurès, 42500 Le Chambon-Feugerolles

Les fiches d’identité

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Firminy

La Tour de trempe

Année de construction/1930-35

Contexte/

La position stratégique (loin des frontières) et le savoir-faire des aciéries de Firminy leur permettent de se doter, avec l’appui de la Défense Nationale, d’une tour permettant la trempe de pièces de grandes longueurs comme des canons de marine forgés dans l’usine adjacente. Tant par sa forme que par sa production, la tour de trempe représente l’originalité et la particularité de l’usine de l’Ondaine.

Production/

Pour la construction de ces pièces de haute précision que sont les canons de marine (jusqu’à 22 mètres de long) ou les arbres de marine ( pièce de bateau allant des machines jusqu’à l’hélice et pouvant mesurer 100 mètres de long), il faut éviter les déformations en cours d’élaboration : le four qui chauffe la pièce est situé à côté de la fosse de trempe qui la refroidit et la solidifie. Pour déplacer les pièces du four à la fosse, un treuil et un pont roulant sont fixés au sommet de la tour.

Architecture/Haute de 53 mètres, les dimensions de la base (24,4 mètres par 10 mètres) permettent les manipulations. La tour est constituée de poutrelles de fer riveté fixées dans une base en moellons cimentés. Recouverte de tôles ondulées d’acier de construction enduite de bitume (d’où sa couleur noire), elle est ajourée par de grandes baies vitrées. La tour représente une véritable prouesse de la construction métallique.

Utilisation actuelle/L’utilisation de la tour s’est arrêtée dans les années 70 suite à l’évolution des techniques et des marchés. Elle sert actuellement à l’entraînement des pompiers.

En savoir plus/

www.reseaupatrimoine.netOffice du tourisme de Firminy

Les fiches d’identité

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L’œil du territoire

2/les entretiens

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1/ Entretien avec Olivier Frérot,directeur de la DDE de la Loire

La Direction Départementale de l’Equipement est un organisme d’Etat. Elle veille au respect des lois

d’aménagement du territoire dans un département..

1-Comment définir le patrimoine industriel?

Pour moi, le patrimoine industriel est un patrimoine moderne, il correspond à des bâtiments mi-dix-neuvième siècle, mi-vingtième. Il correspond à des bâtiments industriels, mais aussi à des bâtiments de génie civil, des barrages, des ponts, voire des bâtiments d'habitation comme l'unité d'habitation de Le Corbusier à Firminy. Ce sont les constructions d'une époque. On n'aurait pas construit l'unité d'habitation du Corbusier s'il n'y avait pas la tour de trempe. L'unité d'habitation répond à de nombreux points de vue à la tour de trempe.

2-Pourquoi conserver les traces de l'industrie?

Pour conserver les traces d'une aventure humaine extraordinaire, l'explosion générale d'une région à une période: qu'est-ce qu'ils ont fait, inventé, construit? Ce qui reste visible, ce sont les paysages. Si on détruit les traces, on risque d'oublier alors que l'activité économique et culturelle de St-Etienne a une filiation avec cette période, elle représente ses racines. Ignorer ses racines, c'est rater la construction de l'avenir. Quand on vient de l'extérieur, on est étonné de constater que les élus veulent couper ces racines. Le passé est encore trop douloureux. Mais ce passé de douleur et de gloire fait partie de cette aventure humaine. Reconnaître la puissance innovatrice de la région permet justement de continuer l'innovation.

3- Que faire des bâtiments industriels?

C'est une question difficile. Les pouvoirs publics, c'est-à-dire les collectivités territoriales et l'Etat, n'ont pas les moyens financiers pour transformer tous les bâtiments. Trouver de nouveaux usages nécessite des engagements économiques. L'Etat tente de mobiliser l'intérêt des investisseurs privés, par la mise en valeur de l'architecture des bâtiments. L'engouement pour les lofts au niveau de l'habitat fonctionne déjà suffisamment. Il faut maintenant travailler sur l'image et la perception des bâtiments industriels anciens comme lieu d'implantation économique. Ces bâtiments sont déjà valorisés dans ce sens à l'étranger, la France est en retard sur ce changement de regard. Cette logique de réhabilitation n'est pas forcément moins onéreuse que la construction et elle coûte en effet de l'énergie, de la réflexion....

4-Comment transmettre cet héritage aux générations futures?

En racontant l'histoire, et c'est mieux de le faire dans les lieux où elle s'est passée. Raconter des histoires, l'histoire des Jackson (industriels anglais invités par l'Etat français pour implanter un procédé de fabrication de l'acier plus efficace) racontée dans les lieux prend une autre dimension, ça enracine l'histoire des hommes. Garder les traces permet d'incarner le récit pour un enfant ou un adulte. Il faut avoir cette conviction que ces histoires sont extraordinaires: il y a eu, sur un territoire assez petit une sorte de concentré de la densité de la révolution industrielle. Les générations qui sont actuellement au pouvoir ont vécu la crise et en ressentent encore les douleurs, mais les générations qui suivent sont attachées à ce patrimoine industriel. Le salut des bâtiments viendra des jeunes.

Les entretiens :

Olivier Frérot

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5-Quels types d'actions menez-vous sur le patrimoine industriel?

La DDE de la Loire cherche à contribuer à ce que ces histoires se racontent, à conserver les beaux bâtiments, à mettre les gens en relation par un site Internet, réseau patrimoine.net : mettre en ligne la connaissance sur des sites pour les montrer, les faire connaître, provoquer les débats, se sentir en réseau, se sentir plus fort pour convaincre. Internet est un outil public et gratuit. La DDE accueille des étudiants pour animer ces débats et cette mise à disposition de la connaissance. L'objectif est de changer le regard des collaborateurs. La DDE est également propriétaire de lieu de génie civile, la façon dont elle les considère peut donner des idées. Les bureaux d'études de la DDE peuvent conseiller les élus. Ces actions de sensibilisation débouchent sur une prise de conscience progressive: St Etienne Métropole commence à se préoccuper de patrimoine industriel.

Les entretiens :

Olivier Frérot

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2/ Entretien avec Nadine Halitim-Dubois,Chargée de mission patrimoine industriel

à la Drac Rhône –Alpes

La Direction Régionale des Affaires Culturelles est un organisme d’Etat. Elle aide les régions à valoriser la culture,

de la création contemporaine au patrimoine

1-Comment définir le patrimoine industriel ?

Le patrimoine industriel, considéré comme toute infrastructure matérielle laissée par une activité humaine passée, se définit comme un héritage, une mémoire, les traces d'un passé industriel révolu ou encore actif. Le patrimoine historique de l'industrie : ce sont les traces, plus ou moins préservées de son fonctionnement et de son insertion dans le paysage ou dans la société. Font partie du patrimoine industriel :- les archives d'entreprises- les murs d'usines, cités ouvrières, maisons patronales, jardins ouvriers- les machines- les collections de produits (catalogues compris)- l'impact sur l'environnement- la mémoire orale des dernières générations de patrons ou d'ouvriers.Autant d'éléments matériels ou immatériels, de souvenirs dont il est de mieux en mieux admis aujourd'hui qu'on ne saurait se passer pour écrire l'histoire de l'industrie (civilisation matérielle, culture immatérielle).

2-Pourquoi et comment conserver les traces de l’industrie ?

Il faut les conserver pour la mémoire collective, la mémoire de la condition ouvrière et du travail : elles sont l’indicateur de l’existence laborieuse.On peut les conserver en les mettant en valeur, en le réhabilitant le plus possible et en le protégeant.

3-Que faire des bâtiments industriels à l’abandon ?

Il faut faire un état des lieux des bâtiments, en connaître l’historicité et selon leur état et leur intérêt les réhabiliter, ou les sécuriser pour les laisser en l’état, fondu au paysage

4-Comment transmettre cet héritage aux générations futures ?

En recensant les sites, en les étudiant, en les valorisant

5-Quels types d’actions menez-vous à propos du patrimoine industriel ?

-La Drac réalise un inventaire des sites industriels de la ville de Lyon et traite les urgences dans la région Rhône-Alpes. -Elle propose des sites à la protection Monuments Historiques, et présente certains dossiers de sites à la Commission régionale du patrimoine et des sites.-Elle définit les sites industriels de Rhône Alpes qui relèvent du label « patrimoine XXième

siècle.-Elle participe à la mise en place des périmètres de protection qui apparaissent dans le plan local d’urbanisme avec l’agence d’urbanisme de Lyon.

Les entretiens :

Nadine Halitim-Dubois

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-La DRAC collabore avec les missions Vaise et Gerland (anciens quartiers industriels de Lyon) pour permettre la réutilisation de certains sites industriels (et non leur destruction) au sein de la Direction de l’aménagement urbain de la ville de Lyon -Je participe à la diffusion de la connaissance patrimoniale en donnant des cours sur l’approche patrimoniale à l’Université Lyon 2 (Master 2 de sociologie) et en suivant les étudiants de l’Ecole d’Architecture de Lyon de Grenoble et de Clermont-Ferrand sur la réhabilitation de sites industriels (mémoire de TPFE).

Les entretiens :

Nadine Halitim-dubois

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3/ Entretien avec Philippe Peyre,Conservateur en chef et Directeur du Musée de la Mine,

Puits Couriot à St Etienne

Le Musée de la Mine du Puits Couriot est un musée de site qui permet au public de visiter une partie des bâtiments d’origine du Puits et une galerie de Mine reconstituée..

1-Comment définir le patrimoine industriel?

Je vais d'abord définir le patrimoine puis je parlerai du patrimoine industriel. Le mot patrimoine vient de Pater, le père: c'est tout ce que nous reconnaissons, nous, hommes et femmes d'aujourd'hui, comme héritage de nos ancêtres. Cela implique la notion de temps et la notion de filtre. Ce sont forcément des choses qui symbolisent ce passé d'où on vient, ce qui ne veut pas forcément dire que l'on va faire la même chose, le passé ne s'oppose pas au devenir. Des choses qui font partie de ce qu'on reconnaît ensemble, collectivement, comme cet héritage, via l’État, le Musée, ou via un territoire comme St-Etienne Métropole : la reconnaissance n'est pas forcément nationale mais peut aussi être une reconnaissance locale. La distinction entre ce qui appartient au patrimoine et ce qui n'y appartient pas est liée à une reconnaissance générationnelle: nos grands-parents ne reconnaissent pas les mêmes choses que nous. En France, ce sont les monuments qui ont servi de support à la notion de patrimoine: la révolution française opère le transfert des richesses monarchiques au peuple français ; au milieu du XIXième siècle, les premiers monuments historiques représentent des symboles du patrimoine commun à tous les habitants. C'est le phénomène des « hauts lieux » comme Versailles ou Carcassonne. On est dans une période où, depuis une quarantaine d'années, la reconnaissance patrimoniale vient du bas, on assiste à l'émergence de la conscience régionale, les gens reconnaissent eux-mêmes ce qui fait patrimoine pour eux. On est dans une période où tout bouge tout le temps ce qui explique la montée patrimoniale. L'exode rural tardif en France explique la création des Parcs naturels, des écomusées, la naissance de la notion de Patrimoine Rural. Le deuxième choc est la désindustrialisation: elle remet très profondément en cause les paysages, la vie quotidienne... St Etienne dans les années cinquante, c'était la sirène à 5 heures du matin et les rues noires de monde, tout le monde qui va travailler en même temps. C'est tout à fait normal que la notion de patrimoine industriel émerge aujourd'hui.Le patrimoine industriel est un patrimoine de l'ordinaire, du quotidien, des anciennes usines, des machines mais surtout des lieux, des ambiances, des mémoires qui ont rapport au travail, valeur forte. On est dans un monde où le travail a une importance énorme. Le problème du chômage met à mal cette croyance. Le patrimoine industriel parle de l'ordinaire du monde du travail, valeur ébranlée aujourd'hui. Le patrimoine industriel touche donc l'organisation même de notre monde d'aujourd'hui. Il représente tout ce que les gens reconnaissent comme un témoin de l'aventure passée du travail: des témoignages, des bâtiments...

2-Pourquoi et comment conserver les traces de l'industrie?

Il est évident pour moi de conserver les traces. Le propre de nos sociétés est de se construire sur et à côté de la mémoire. C'est de l'accumulation d'expériences que surgit l'innovation. Le passé fait sens même s'il ne détermine pas complètement l'avenir. C'est le travail qui structure nos expériences,il est moteur de l'évolution de nos sociétés. C'est donc tout naturel de s'occuper de ce passé. D'autant plus qu'à St Etienne, c'est l'industrie qui fonde le territoire.

Les entretiens :

Philippe Peyre

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3-Que faire des bâtiments industriels?

Il ne faut être ni « jusqu'au-boutiste » ni « minimaliste » dans le domaine. Ces bâtiments ont été construits pour des activités. Heureusement, ces bâtiments hébergent encore des activités. Au-delà de leur présence dans le paysage, ce sont des « bâtiments-caméléon », ils se réutilisent de façon beaucoup plus souple qu'il n'y paraît. Des entreprises peuvent les réutiliser, il ne faut pas tout transformer en musée, il faut analyser quel intérêt présente le bâtiment, quel est son degré d'adaptabilité, quel symbole représente le bâtiment. Chaque bâtiment est un cas spécifique. Réutilisable; oui, mais comment, à quel prix? La Ruhr est un bon exemple de ces démarches. Ces bâtiments ont leur place dans la vie du quotidien, ils peuvent servir par exemple d'entrepôts. Nos cathédrales sont nos usines ici, et on ne se pose pas la question de garder ou non les cathédrales malgré leur baisse de fréquentation.

4-Comment transmettre cet héritage aux générations futures?

Vaste sujet... il faut transmettre avec sensibilité et réalisme. La valeur très forte de ce patrimoine est le travail, la philosophie renvoie toujours à cette notion de travail, le monde de loisirs dans lequel nous vivons a besoin de cette idée de travail. Le patrimoine industriel est là pour nous rappeler cette culture du travail par opposition à l'instantané, il est là pour éveiller le regard, éveiller à la citoyenneté, pour montrer ce que sont nos vies. Avec le patrimoine industriel, nous sommes au coeur d'éléments essentiels qui fondent nos sociétés d'aujourd'hui. Est-ce un patrimoine difficile à aborder? On ne peut pas dire que l'on ait du mal à le médiatiser: dès qu'on ouvre une usine, il y a affluence, le Musée de la Mine est à égalité en fréquentation avec le musée d'art moderne de St Etienne. Mais il y a un problème sur ce territoire pour accepter cet héritage. On a envie de tourner la page brutalement. Cependant, les choses changent: l'emplacement de la cité du design, malgré les destructions qui ont fait grand bruit, n'est pas anodin. La difficulté de l'émergence de cette notion à l'échelle de l'agglomération vient de plusieurs éléments comme le fait que la ville centre n'est pas au centre du territoire, les vallées ont été longtemps repliées sur elles-mêmes... Mais le fil conducteur de l'industrie est réel même s'il n'est pas reconnu en tant que tel, les crises des années soixante-dix étaient trop proches. Les structures fortes sont regroupées à St Etienne mais St Etienne Métropole n'a pas pris sous son aile le Musée de la Mine sinon les interventions du Musée se feraient sur tout le bassin. Plusieurs voies sont possibles: le didactisme qui consiste à montrer, à expliquer ou à adopter une approche plus sensible, en invitant des artistes pour faire une autre rencontre. Au Musée de la Mine nous avons par exemple organisé pour la nuit des musées un éclairage du Musée sur l'idée d'un artiste: 1000 bougies pour 1000 mineurs. Il y a tout une gamme explorable, on peut aussi visiter des entreprises d'aujourd'hui ou faire des projets avec les scolaires: on peut par exemple imaginer, sur le site GIAT de faire faire par les enfants une enquête auprès des parents, y associer des professionnels du patrimoine et des artistes. Il faut mixer les activités et les regards, donner au public d'autres moyens d'appréhender le musée, lui permettre de le faire par ce qu'il est.

5-Quels types d'actions menez-vous sur le patrimoine industriel?

L'objectif du musée est de donner à voir et de mettre en débat l'héritage de la mine. Connaître vraiment ce qu'est la mine et se forger une opinion. Que les spectateurs saisissent l'importance de la mine qui peut leur expliquer pourquoi ils sont nés là plutôt qu'ailleurs. C'est parce qu'il y a du charbon, qu'il y a la métallurgie, l'industrie du verre, le chemin de fer. Et parce qu'il n'y a plus de charbon, c'est un territoire fragile. La mine fait partie de l'ensemble qui fonde le territoire. Interpeller le visiteur, apporter une vision sur le long terme. Le travail du musée est aussi d'organiser des lectures de textes sur l'industrie, de commander des travaux photographiques, de chercher d'autres acteurs sur le territoire sur la question du travail. Le musée a un rôle éducatif mais sans passéisme.

Les entretiens :

Philippe Peyre

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4/ Entretien avec Ghislaine Cortey,chargée d'études à EPURES,

agence d'urbanisme de la région stéphanoise

Une agence d’urbanisme est un organisme indépendant qui aide les communes à organiser leur territoire en faisant des

études préalables à toute décision.

1-Comment définir le patrimoine industriel?

Je vais répondre par ce que j'entends autour de moi : j'entends des gens pour qui le patrimoine industriel est toute trace de l'activité industrielle, tout, absolument tout, du chemin de fer aux lignes électriques en passant par les barrages. Évidemment, dans une région qui s'est construite autour de l'industrie, on a vite fait de considérer que tout est patrimoine industriel. Mais, en tant que praticienne, connaissant ce qu'implique les recommandations liées à la conservation des bâtiments, j'ai envie d'être plus sélective, de trier davantage. De plus, ce qui me semble souvent oublié, c'est le côté « mémoire sociale, mémoire humaine » et c'est dommage, car cela contribue aux désintérêts des gens pour le patrimoine industriel. Le côté technique est souvent ce qui est mis en avant, mais c'est ce qui parle le moins aux gens. Le patrimoine industriel n'est pas très séduisant, il évoque sueurs, misère... Il faut que beaucoup de temps passe ou que beaucoup d'histoires soient racontées pour lui retrouver du charme et de la poésie.

2-Pourquoi conserver les traces de l'industrie?

Ce qui est important c'est la compréhension. Pourquoi telle chose se trouve à tel endroit? La compréhension des lieux, de leur organisation fait partie des choses à transmettre. Compréhension et intelligence des lieux. On comprend mieux en gardant les traces concrètes.

3-Que faire des bâtiments industriels?

C'est LE principal problème. Le volume des bâtiments est énorme et l'agglomération perd des habitants, la population de l'agglomération est une population qui vieillit, il n'y a pas des besoins énormes, on n'a pas besoin de multiplier les équipements. On se retrouve dans une situation où il y a peu de besoins par rapport à la quantité de bâtiments. Il existe des projets de transformation de bâtiments en maison de retraite par exemple, mais le problème de la pollution des sites rend la réutilisation très onéreuse. Les difficultés de réutilisation sont accentuées par la disproportion entre les moyens et la quantité de bâtiments, il n'y en a que trop! La situation des bâtiments en fond de vallée n'aide pas non plus, elle est peu attractive, les sites sont des sites durs, entre le Gier, l'autoroute, la voie ferrée...

4-Comment transmettre cet héritage aux générations futures?

En construisant de la connaissance, du panorama global. On a des monographies d'entreprises mais peu de documents généralistes, ça manque pour comprendre l'agglomération, il faudrait vulgariser la connaissance, la communiquer. Les métiers existent encore, mais les sites sont peu visibles et peu connus parce que ce sont des sites dangereux. Lors de l'organisation de visites de la Tour de trempe à Unieux, il y a eu une quantité de public inattendue. La demande existe pour visiter ces sites, mais les conditions de visites sont difficiles à cause de la dangerosité, certaines industries sont en plus liées à l'armement, il y a un côté secret. Je me souviens d'une visite organisée par un de mes

Les entretiens :

Ghislaine Cortey

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professeurs au moment de la fermeture de Creusot Loire, rue des Aciéries. J'en ai un souvenir dantesque, effrayant! Un autre problème est le vocabulaire spécifique, il est difficile à comprendre tant que l'on ne relie pas les mots à du concret, à du visible. Enfin, il y a un gros problème d'identité, les gens n'ont pas envie de préserver ce patrimoine parce qu'ils ne se reconnaissent pas. C'est quelque chose de fini, de pas valorisant. Les témoignages humains n'ont pas toujours été recueillis, les métiers sont considérés comme « ringards ». A St Martin-la-plaine, ils ont fait un musée des métiers de la forge car il y a là-bas une très grande majorité de familles issues de ces filières, il y a donc un lien affectif très fort qui favorise la valorisation. Mais dans la plupart des cas, la pénibilité du travail, la mauvaise image que les gens ont d'eux-mêmes ne facilitent pas une valorisation. Si les élus sentent une sensibilité de la population à ces questions là, ils peuvent s'y intéresser, mais tout le monde veut être dynamique et moderne. Le problème est comment intégrer ces notions dans une dynamique positive.

5-Quels types d'actions menez-vous sur le patrimoine industriel?

Nous faisons de la médiation, de la synthèse de données sur le patrimoine, du recensement et nous travaillons à l'interface avec les collectivités (communauté d'agglomération, communes). Nous essayons de leur montrer comment le patrimoine peut s'intégrer dans leurs questionnements sur d'autres sujets comme l'habitat, la qualité environnementale, les déplacements etc... La question du patrimoine n'est pas quelque chose qui est isolée ou qui viendrait en plus d'autres préoccupations. Le patrimoine peut enrichir d'autres problématiques.

Les entretiens :

Ghislaine Cortey

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5/ Entretien avec Stéphan Muzika,Directeur de L'Établissement Public Foncier Epora.

Un établissement public foncier est chargé d'acheter des terrains et des bâtiments pour permettre aux communes et

groupements de commune de réaliser leurs projets: habitat, zones d'activités, espaces verts...L'Epora est

spécialisé dans le traitement des sites urbains et industriels dégradés sur la Loire et l’Ouest du Rhône.

1-Comment définir le patrimoine industriel?

Le patrimoine industriel est pour nous l'ensemble des sites et bâtiments industriels anciens, occupés ou vides, qui témoignent du passé industriel d'une région, et dont les qualités esthétiques et fonctionnelles permettent d'envisager une mise en valeur et une réutilisation à des fins diverses.

2-Pourquoi et comment conserver les traces de l'industrie?

Les traces de l'industrie racontent une histoire, économique, sociale, technique. Elles permettent de comprendre le fil qui relie le passé, le présent et l'avenir d'une communauté humaine dans un bassin de vie. Leur conservation suppose d'abord une reconnaissance de leur valeur par la communauté actuelle : plus techniquement, cela suppose un recensement, puis une présentation aux habitants, et enfin la mobilisation de partenaires institutionnels, et financiers.

3-Que faire des bâtiments industriels ?

Les bâtiments industriels à l'abandon se prêtent à de multiples usages. Il faut rechercher au maximum des usages équilibrés sur le plan économique, et viables dans la durée.

4-Comment transmettre cet héritage aux générations futures?

La transmission de cet héritage passe d'abord par un changement de regard: prendre ces lieux comme le témoignage d'une aventure humaine qui nous intéresse aujourd'hui, puis comme des espaces de qualité, riche de potentialités: montrer par l'exemple des projets de qualité, et donner envie de continuer: la fierté de l'héritage, et son actualité.

5-Quels types d'actions menez-vous à propos du patrimoine industriel?

L'Epora, après avoir démoli beaucoup, s'attache maintenant à prendre en considération les bâtiments et les lieux, sur les sites industriels où il intervient, dans les vallées du Gier et de l'Ondaine; L'objectif est de préparer le terrain pour des projets d'aménagement ambitieux, qui s'appuient sur la richesse du patrimoine industriel, en menant des études d'urbanisme, et en conduisant des travaux de conservation préalables aux projets futurs.

Les entretiens :

Stephan Muzika

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6/ Entretien avec Solange Berlier,Maire de L’Horme

La commune de L’Horme a 100 ans. Elle doit son essor au développement industriel : mine, hauts fourneaux,forges.

Elle compte 4694 habitants.

1-Comment définir le patrimoine industriel?

Pour nous, les élus, c’est d’abord ce qui existe sur notre territoire.St Etienne m’a confiée une mission sur le patrimoine industriel du XIXième et du XXième

siècle. Lier le XIXième et le XXième constitue déjà une petite polémique ; Certains voudraient se limiter au XIXième, plus lointain donc plus facilement considéré comme du patrimoine quand d’autres affirment qu’on ne peut pas séparer l’histoire industrielle du XIXième et celle du XXième: c’est un tout.Ce que nous ont laissé les générations précédentes s’est retrouvé face à un arrêt, l’histoire industrielle du bassin s’est retrouvée face à un arrêt dans les années 70 ; ce qui s’est arrêté est devenu notre patrimoine.

2-Pourquoi et comment conserver les traces de l'industrie?

Il faut conserver parce que nous n’avons pas le droit d’effacer tout ce qui nous a permis de nous développer avec l’aide des rivières, de la métallurgie, des industries textiles et de la teinturerie : tout cela représente ce qui a fait vivre nos populations. On fait l’avenir avec le passé, sans être passéiste. On parle beaucoup du design aujourd’hui, et dans les discussions sur le design, on s’appuie beaucoup sur notre passé industriel. On a le devoir de transmettre aux générations futures ce que nous avons vécu, nous, nos parents….

3-Que faire des bâtiments industriels?

On sent que certains bâtiments vont être démolis et d’autres gardés, mais pas pour en faire des musées statiques. Je ne suis pas hostile aux musées mais il faudrait intégrer ces bâtiments dans notre vie du XXième siècle. Il faut leur donner une connotation économique, patrimoniale et touristique. Ce dernier mot peut faire sourire et certes nous n’aurons jamais la mer à l’Horme mais nous avons des choses intéressantes à montrer. Les mentalités ont évolué, avant on cherchait à démolir, à se couper du passé, on faisait de l’habitat et des zones artisanales à la place des sites industriels. Aujourd’hui, on les fait à l’intérieur des sites. Le groupe de travail de St Etienne Métropole permettra dans peu de temps de définir plus précisément l’évolution des sites prioritaires et stratégiques : ce sont des sites sur lesquels il y a eu peu ou pas de projets jusqu’à présent et qui présentent un intérêt patrimonial. Le site Giat à St Chamond et la Cité du design sont des dossiers à part. Ce qui est important, c’est que les élus soient capables de prendre du recul sur les sites par rapport à l’ensemble du territoire. Je suis persuadée qu’une majorité d’élus adhèreront à cette démarche quand on aura présenté les choses pour leur intérêt économique et touristique, même s’il s’agit de tourisme de proximité. En effet, le rôle des élus est de faire changer le regard des gens du territoire. Il y a un travail d’image à faire sur les habitants. La meilleure valorisation viendra des habitants.

4-Comment transmettre cet héritage aux générations futures?

Par la mise en valeur, de façon intéressante, du patrimoine. Design et patrimoine industriel ne sont pas dissociés, le patrimoine peut conduire au développement d’un certain design. L’association patrimoine = musée est importante, mais il existe déjà de nombreuses structures muséales.Par le dialogue avec les propriétaires de sites industriels. Le propriétaire du site Pasteur est favorable à la conservation pour les générations futures. D’abord, parce que ça pose des

Les entretiens :

Solange BerlierLes entretiens :

Solange BerlierLes entretiens :

Solange Berlier

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questions : pourquoi c’est haut ? Pourquoi c’est grand ? Quel habitat ? Quel mode de vie ? A une certaine époque, il y a eu une centaine de cafés à L’Horme. L’habitat ouvrier fait aussi partie du patrimoine industriel. Les gens habitaient leur ville, leur usine. Ce sont des choses à faire savoir, on a complètement changé de mode de vie, il ne faut pas l’oublier.Même en habitat on ne peut pas tout détruire. L’urbanisme lui-même est très particulier, les entreprises étaient imbriquées avec l’habitat ; en révision du Plan local d’urbanisme, on essaie de réorganiser au mieux les zones d’habitat et les zones d’activités. Mais il faut que chaque réhabilitation soit particulière à chaque commune ; les communes du coteau n’ont pas les mêmes problèmes que les communes de la vallée comme L’Horme.

5-Quelles types d'actions menez-vous sur le patrimoine industriel?

La mairie aide financièrement Le CERPI qui organise des circuits sur le patrimoine industriel lors des journées du patrimoine. Les scolaires ont travaillé sur l’histoire de la commune qui vient d’avoir cent ans. Ils ont travaillé sur les institutions, ils ont visité la mairie et le Conseil Général. Je suis toujours soucieuse de faire le lien entre la commune et l’école.La mairie ne possède pas de sites industriels mais dialogue avec le propriétaire du site Pasteur. Nous modifions le zonage de notre plan local d’urbanisme pour faire évoluer le site qui est actuellement en zone industrielle. La transformer en une zone d’activité permettra des réhabilitations plus variées. Nous avons par exemple le projet de transformer en logements une partie des bâtiments qui longent le parc urbain.L’action engagée par St Etienne Métropole est là pour fédérer les actions qui existent déjà sur le patrimoine industriel. Il y avait en effet un besoin de mettre en commun toutes les actions sur le territoire.

Les entretiens :

Solange Berlier

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7/ Entretien avec Gérard Tardy,Maire de Lorette

La commune de Lorette a plus de 150 ans. Elle doit don développement à la métallurgie. Elle compte 4843

habitants.

1-Comment définir le patrimoine industriel?

Tout dépend de ce qu’on entend par patrimoine industriel.Il y a ceux qui remontent à l’ère industrielle de la fin du XIXième et ceux qui pensent à un patrimoine plus récent. Pour moi, il faut s’arrêter à ce qui peut représenter l’histoire patrimoniale industrielle et les restes de bâtiment qui l’illustrent, ceux qui représentent une valeur historique.

2-Pourquoi et comment conserver les traces de l'industrie?

Je suis profondément attaché au respect du travail manuel, étant moi-même un manuel. De ce fait, on ne peut pas tout sacrifier à l’ère de la démolition du passé, de tout ce qui incarne une véritable valeur artistique dans la construction du patrimoine industriel. On saurait construire de tels bâtiments aujourd’hui, quoique, peut-être même pas, mais en tout cas on en n’a pas les moyens.

3-Que faire des bâtiments industriels?

Je considère que, si vraiment ils représentent une valeur historique par rapport à l’histoire industrielle du passé il faut avoir le courage de les mettre en valeur et même pour certains, de donner toute la force de leur architecture en les laissant libre d’occupation, à l’image des kiosques construits sur les places publiques. Ceux-ci ne sont pas utilisés tous les jours mais ils constituent des monuments. On pourrait imaginer des bâtiments libres de toute occupation et représentant le passé. Si on en réutilise certains, il pourrait bien y en avoir un qui pourrait être érigé en symbole, mais il ne s’agit pas de les choisir tous. Dans un îlot où il y a un regroupement important d’industries, on ne peut pas dire qu’on va tout transformer en « bâtiment prestige » ou en zone de promenade sinon l’industrie elle-même perdrait des endroits intéressants. Tout n’est pas monument. Je saurais faire le tri qu’il faut faire sur le site Mavilor. On ne peut pas tout garder.

4-Comment transmettre cet héritage aux générations futures?

La meilleure façon de transmettre cet héritage est, après avoir appris à le respecter, de le mettre en valeur, de le présenter comme symbole respectable. Si on sent qu’il y a une volonté politique pour valoriser, il y a toujours un retour de la population. Lorette a investi dans deux oeuvres d’art : une sculpture de J-M Bonnard en hommage à la résistance lorettoise, œuvre qui est tout à fait respectée, et une autre sculpture en hommage au monde du travail et aux frères Jackson (qui ont introduit un procédé de fabrication d’un acier de meilleure qualité en France). Ces deux sculptures ont été financées par le mécénat d’entreprise, preuve que les industriels savent répondre présents à la Mairie.La meilleure façon de transmettre un témoin est de transmettre quelque chose de beau. Transmettre des vestiges du passé remis en état sera aussi respecté. On ne peut pas transmettre des ruines. La mise en valeur inspire le respect.

5-Quels types d'actions menez-vous sur le patrimoine industriel?

Jusqu’à maintenant, nos actions n’ont pas été en direction du sauvetage, on a plutôt fait du curetage. Il faut savoir faire le tri, s’interroger sur l’époque à laquelle remonte le bâtiment, même si la période d’après guerre, plus récente, est intéressante aussi. Mais c’est grâce à l’action des collectivités territoriales que l’on pourra faire du sauvetage des bâtiments

Les entretiens :

Gérard Tardy

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intéressants, et encore parfois, je me demande si elles en auront les moyens. Car cela représente beaucoup d’argent et ce n’est pas un industriel qui va investir dans ce type de bâtiments ; il préfèrera construire sur un terrain nu. Le sauvetage ne se fera que par la sélection de ce qui est beau comme témoin du passé ; il faudra aller chercher des financements car une commune seule et peut-être même une agglomération ne peuvent le faire.Ne faudrait-il pas créer un département annexe aux Bâtiments de France, on classe bien aujourd’hui des bâtiments qui ont une histoire culturelle. Pourquoi ne pas ouvrir une catégorie « patrimoine industriel » qui dépende du ministère de la culture, puisque ça deviendra de la culture. On est dans une période où l’État décentralise et où on est peut être en train de passer à côté des responsabilités de L’État. Une attention particulière de l’État serait bienvenue pour déterminer ce que nous devons sauver du passé . Le problème pour une municipalité est de faire des choix : ou elle consacre tout son budget à réparer ses ruines industrielles sans rien faire à côté ou elle fait ce qu’elle doit faire, c’est-à-dire entretenir ses routes et ses équipements communaux.On a l’impression que, vu d’en haut, l’État ne voit qu’une chose, les communes paieront. Moi je pense qu’il y a des missions qui appartiennent à l’état et qu’il devrait les assumer. Les collectivités territoriales aujourd’hui sont devenues « touche à tout », elles assument au-delà de leurs compétences. Nous, les communes sommes très limitées financièrement, et à Lorette on ne tombera pas dans l’augmentation des impôts. Donc, il y a sûrement quelque chose d’intéressant à faire pour le sauvetage mais il faut une volonté extérieure à la commune.

Les entretiens :

Gérard Tardy

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8/ Entretien avec René Commère,Universitaire,

Président de l’Office du tourisme de Firminyet auteur de « Mémoires d’acier en Ondaine »

Les missions d’un office du tourisme sont l’accueil, l’information, la contribution à la définition d’une politique touristique. Il fait

connaître ce qui est déjà valorisé.

1-Comment définir le patrimoine industriel?

Les gens en parlent souvent sans le définir. Dans « Archéologie industrielle en France de 2001 » (revue de recherche sur le patrimoine industriel) il y a une enquête sur les 20 sites à protéger d’urgence. Une commission a travaillé à la définition des 20 sites mais ce groupe de travail ne définit pas, au contraire, il se méfie des limites, des cadres. On craint de mettre à part le patrimoine industriel. Le patrimoine industriel est un concept qui paraît aller de soi.La question est de comprendre et d’expliquer ce que ça signifie plus que de définir.

2-Pourquoi et comment conserver les traces de l'industrie?

Parce que ce sont des traces de notre histoire. De la même manière, on conserve des églises romanes et gothiques, des architectures Renaissance, des sites naturels parce que ça donne du sens aux lieux. Ce sentiment est très fort chez les anglais : ces traces sont un témoin culturel et identitaire. On les conserve car ce sont des éléments identitaires pour un territoire et pour une population.Une fois que la mémoire vivante est morte, et les gens ne sont pas immortels, qu’est-ce qu’il reste ? Il reste les témoins matériels sur le sol, si on les supprime, tout l’espace devient banal, sans histoire. Comme le dit Neil Cossons, lors d’un colloque du CILAC, « Des lieux anonymes et sans caractères produisent des gens sans racines et sans attaches ».

3-Que faire des bâtiments industriels?

C’est toute la question. Ou bien ils sont reconvertis et, dans ce cas, ils sont entretenus. Sinon, le problème est la conservation. Il vaut mieux leur trouver un autre usage. Pour la tour de trempe, j’ai eu l’idée d’y installer un pendule de Foucault pour créer une attractivité et organiser des visites. L’idée est utopique pour l’instant. Mais un pendule de ce type fonctionne au Musée des Arts et Métiers à Paris. Dans une lettre que j’ai adressée au préfet de Région pour attirer l’attention sur ce monument, j’avais soumis cette idée d’installer une attractivité dans le site. Cette tour est aujourd’hui en instance de classement Monument Historique.

4-Comment transmettre cet héritage aux générations futures?

Par des expositions, des animations, des publications, des visites, des associations. Toutes ces activités dépendent des initiatives locales. Il faut des gens qui l’identifient, qui soient capables de le montrer, de le raconter, des journalistes par exemple. Souvent ce sont des initiatives bénévoles qui parfois sont relayées par les municipalités : par exemple, pour la conservation du Puits du Marais, on a construit un rond point autour du chevalement, qui est devenu monument. La Mairie de la Ricamarie a demandé le classement (Monument historique) du Puits Combes, la société d’histoire de Firminy a conçu des panneaux qui expliquent l’histoire des aménagements du torrent de Cotatay, et la Mairie les a installés. Le volant d’inertie de l’ancien Laminoir Holzer a été positionné sur un rond point à

Les entretiens :

Renée Commère

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Unieux, ensuite, son image est reproduite, on le prend en photo, et l’idée que ça fait patrimoine se construit comme ça. La prise de conscience apparaît lorsque les choses sont amenées à disparaître. Nous avons fait une exposition sur la tour de trempe à l’office du tourisme et le premier samedi de l’expo, un ancien ouvrier qui avait travaillé 40 ans dans la tour m’a demandé « et pourquoi fait-on une expo sur la tour ? Parce qu’on va la démolir ? »

5-Quels types d'actions menez-vous sur le patrimoine industriel?

Voilà comment les choses se passent, on fait quelque chose et il y a une suite d’évènements inattendus qui s’enchaînent. J’ai écrit un livre « Mémoires d’acier en Ondaine » en 2000. En 2005 quelqu’un qui était stagiaire chez Aubert et Duval (l’entreprise actuelle qui possède la tour de trempe et le site industriel qui l’entoure) me contacte et conteste certaines choses que j’avais écrites. Puis, finalement, cette personne se renseigne mieux et me dit que j’ai raison. En plus, elle est montée en haut de la tour de trempe et trouve que « c’est formidable, quel monument ! ». Elle me propose de faire travailler un groupe d’étudiants de l’École des Mines sur la tour de Trempe et suggère que l’Office du tourisme soit le client du projet. Ces étudiants ont donc travaillé toute l’année sur la tour, ils l’ont visitée, ils ont construit une exposition. Il y a eu deux articles dans Le Progrès édition locale et une conférence de presse. L’action de ces élèves nous a donné l’occasion de communiquer sur la tour de trempe. La mairie d’Unieux, elle aussi, a fait un article dans le bulletin municipal. Lors de sa présentation, le travail des étudiants a été tellement apprécié que le jury a créé un prix d’honneur exceptionnel. Le plus drôle, c’est qu’il n’y avait pas un seul stéphanois dans le groupe d’étudiants.L’office du tourisme crée des brochures touristiques : deux pages sont consacrées à la mémoire industrielle. Le succès de la mise en tourisme d’un lieu nécessite un centre d’attractivité très fort mais aussi des centres d’intérêts périphériques qui permettent de diversifier l’offre. Le patrimoine industriel fait partie de ces autres intérêts, ça construit une image culturelle. Mais on ne va pas forcer les gens à aimer la tour de trempe, quoiqu’il y ait un changement des mentalités.Le tourisme industriel concerne pour l’instant essentiellement des groupes d’étudiants étrangers qui viennent visiter les sites reconvertis, grâce à des guides bénévoles.Une politique touristique ne se fait pas en un an, il faut travailler avec les communes, l’Office du tourisme propose des idées, les communes financent les projets.

Les entretiens :

Renée Commère

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9/Entretien avec Hervé Jacquemin,Directeur du CCSTI La Rotonde à St Etienne

Un Centre de Culture Scientifique Technique et Industrielle parle de l’actualité scientifique à travers des médias

variés : ateliers, expositions, spectacles,multimédias. La Rotonde développe plus particulièrement le lien arts et sciences. Elle est intégrée à l’École des Mines depuis sa

création en 1999.

1-Comment définir le patrimoine industriel?

Pour moi qui suis à l’École des Mines, le patrimoine industriel est fortement lié à un patrimoine scientifique et technique. Cela représente non seulement des bâtiments à conserver ou non, mais aussi des archives, des témoignages d’ouvriers, d’ingénieurs, de scientifiques autour d’une industrie locale : vélo, mine, passementerie etc… Certains travaux ont été menés par des scientifiques de l’École des Mines mais il n’existe pas de documentation sur ces recherches. Or, il me semble qu’on ne peut pas parler de patrimoine industriel sans parler du développement des sciences. Il y a un lien fort entre l’École des Mines et le patrimoine industriel.Maintenant, la question est de savoir ce qu’on en fait et à quoi ça sert. Qu’est-ce que le patrimoine industriel peut apporter dans des ateliers avec des enfants ?Personnellement, comme je suis géologue de formation, je l’ai abordée par la mine et la géologie. Il existe une carte géologique des sols exploitables pour développer l’industrie qui avait été faite par le directeur de l’École des Mines, M. Grüner.Je crois, de manière générale, qu’il ne faut pas se limiter aux bâtiments, même si c’est politiquement moins gênant de parler des bâtiments que de faire la collecte de témoignages de travailleurs. On ne peut pas parler de patrimoine industriel sans parler des hommes.

2-Pourquoi et comment conserver les traces de l'industrie?

Je ne sais pas si l’on peut tout conserver. On s’occupe beaucoup de la question des bâtiments mais aujourd’hui, il y a encore des personnes qui ont travaillé dans ces lieux qui disparaissent.La question par rapport aux bâtiments est qu’est-ce qu’on en fait ? Est-ce qu’on en fait des lieux de mémoires, des mémoriaux ou, parce que les bâtiments sont beaux, on les transforme en lieux culturels, ce qui se fait déjà beaucoup. On ne peut pas tout garder, mais, si un inventaire est bien fait, on peut choisir de conserver certaines choses face aux projets d’urbanisme. Choisir les sites à conserver est important.Pourquoi les conserver ? Pour transmettre des témoignages d’une histoire passée qui fait partie du territoire sur le plan esthétique, sur le plan de la mémoire…Se réapproprier un lieu industriel en le transformant en lieu culturel, de loisir, de mémoire et d’animation permet de remette dans une autre perspective ce que l’on vit actuellement. Par exemple, le Musée de La Mine Couriot peut être un lieu de réflexion sur le travail, sur l’énergie aujourd’hui.

3-Que faire des bâtiments industriels?

Le travail d’inventaire est important pour choisir les sites. On ne peut pas muséifier tous les sites. Dans la Loire, il manque des itinéraires de découverte du territoire, les musées stéphanois ont eu une influence trop grande par rapport à d’autres sites. Pour nous, à la Rotonde, il est important de travailler en réseau pour avoir des lieux dynamiques, des lieux de vie. L’exposition « Les matériaux du design » réalisée pour la biennale du design sera présentée à St Chamond. Il est important que les lieux patrimoniaux soient des lieux de vie. J’ai quelques doutes sur la pertinence des installations de machines ou des restes de puits de mines sur les ronds points de France même si ça fait plaisir à la population. Il faut

Les entretiens :

Hervé jacquemin

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pouvoir associer l’aspect culturel et artistique à la mémoire. Le fait que les gens qui rachètent les ateliers de passementerie soient souvent des personnes qui s’intéressent aux bâtiments tels qu’ils sont, qui leur trouvent du charme, qui ont une approche culturelle des lieux n’est pas une mauvaise chose.

4-Comment transmettre cet héritage aux générations futures? et

5-Quelles types d'actions menez-vous sur le patrimoine industriel?

La transmission du patrimoine industriel ne peut se faire que par le croisement des regards. Nous avions organisé un projet à la Rotonde sur le crassier de la Ricamarie : « 3 pas, Ricamarie cote 640 ». Il s’agissait d’un projet global associant l’exploration du lieu, une exposition et une publication. On se demandait comment parler d’un site minier en devenir, qui a été un terrain de foot avant d’être un crassier, qui est actuellement exploité par une entreprise de travaux publics (qui réalise du ballast avec les déchets miniers) et qui devrait se transformer en zone de loisirs quand le crassier aura disparu. C’est à cause de cette complexité du site que nous avions fait un projet pluridisciplinaire avec un géologue, des biologistes, des sociologues, des artistes un écrivain et une illustratrice. Quand le crassier n’existera plus il y a aura certainement une nostalgie du crassier, la présence du crassier est forte pour les gens.L’héritage patrimonial doit être transmis avec un caractère actuel. Nous avons travaillé sur l’optique pour l’exposition « focalise » au Musée d’art et d’industrie dans le cadre de la Biennale de la ville, parce que l’optique s’est développée à St Etienne grâce à la mécanique de précision déjà présente mais aussi parce que c’est un pôle économique qui se développe aujourd’hui. Nous nous sommes demandés comment nous pouvions associer divers lieux pour toucher divers publics autour de cette question de l’optique. Pendant 10 jours nous avons crée une sorte d’itinéraire dans la ville autour de cette question : il y avait une soirée à la cinémathèque, des ateliers dans les quartiers, des films expérimentaux au Grand Lux, une journée porte ouverte au Pôle optique de St Etienne et évidemment l’exposition au Musée d’art et d’industrie. C’est vraiment comme ça que l’on peut parler de patrimoine industriel sans être passéiste.

Les entretiens :

Hervé Jacquemin

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10/Entretien avec Hervé Bazile,architecte ayant réalisé la réhabilitation

de La Forge au Chambon-Feugerolles

Un architecte conçoit la structure et la forme d’un bâtiment. Il répond à des programmes, c’est-à-dire des

projets de Mairies, de Département, de Régions, de L’Etat ou à des demandes de particuliers.

1-Comment définir le patrimoine industriel?

Historiquement, ce qui a permis le développement de l’industrie dans la vallée de l’Ondaine, c’est la qualité de l’eau qui permettait le traitement de l’acier. L’ouvrage « Cartes et plans de St Etienne » l’explique bien.

2-Pourquoi et comment conserver les traces de l'industrie?

Ce qui est intéressant, c’est de conserver une trace du passé par ces bâtiments. Le problème a été de reconsidérer les friches industrielles dans des programmes différents. Le challenge des réhabilitations est de conserver l’âme des bâtiments tout en les modernisant.

3-Que faire des bâtiments industriels ?

Essayer de les conserver le plus possible en fonction de leur état. Ils constituent une richesse architecturale. Les dimensions des bâtiments industriels sont imposantes. Les méthodes de constructions étaient différentes : les murs étaient en pierre, alors qu’aujourd’hui, les constructions sont en métal, elles ont un caractère plus éphémère. Il faut aussi les remettre en valeur, les « dépoussiérer » en quelque sorte, faire un ravalement de façade, rejointoyer les pierres.

4-Comment transmettre cet héritage aux générations futures?

En conservant le nom des lieux. Par exemple, pour la Forge, le nom vient des Forges Claudinon qui étaient implantées sur le site. Le bâtiment La Forge était un atelier de montage de ses anciennes forges. Conserver le nom marque le passé industriel.En mettant en valeur le bâtiment sans le masquer.

5-Comment penser la réhabilitation d’un bâtiment industriel ?

Le programme identifiait des problèmes qu’il fallait résoudre :-le bâtiment n’avait pas d’entrée clairement définie-l’aménagement intérieur, sanitaires et autres, était vieillissant-les circulations dans le bâtiment n’étaient pas satisfaisantes.Il fallait donc donner une entrée clairement identifiable, refaire l’aménagement intérieur, requalifier les circulations.Le programme spécifiait la conservation du bâtiment, ses dimensions, ses proportions. Or, ce qui est intéressant, c’est que ces proportions correspondent justement aux proportions recherchées pour une bonne acoustique. Si l’on construisait un bâtiment pour faire une salle de spectacle aujourd’hui, elle aurait à peu près ces proportions.L’enjeu de ce projet était donc le mariage de deux bâtiments : un ancien et un moderne. Le passage entre les deux bâtiments se fait notamment par le choix des matériaux : le parement en brique moderne fait écho à la mise en valeur des encadrements en brique de la façade ancienne. Il se fait aussi par le choix des couleurs : les ouvertures sont traitées avec des claustras métalliques couleur rouille, le toit est couvert d’une membrane pvc imitation zinc. Le sol de la partie ancienne et de la partie nouvelle est unifiée par un béton teinté. Une verrière dans la partie moderne met en valeur l’ancienne façade extérieure qui est devenue le mur intérieur de l’entrée actuelle. La charpente est mise en valeur par des jeux

Les entretiens :

Hervé bazile

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d’éclairages. La dissociation du pignon de l’ancienne forge et de la nouvelle entrée qui est ajustée au pignon sans le cacher.Le bâtiment est situé à une des entrées de ville, il a donc une fonction emblématique. Le parvis devant le bâtiment a été traité avec attention : il est composé comme la projection au sol de la façade de la forge. Le programme lancé par la Mairie du Chambon-feugerolles continu avec l’aménagement des abords de l’Ondaine.

6-Y-a-t-il eu des problèmes techniques particuliers à la réhabilitation du site ?

Oui, la charpente posait problème. La charpente ne tiendrait pas si on faisait une simulation de ses dimensions sur informatique, mais elle tient très bien dans la réalité. Les méthodes de construction anciennes font que concrètement, ça tient. Mais il y avait une surcharge due aux tuiles existantes. On a donc changé les matériaux de couverture, à la place des tuiles on a mis un bac acier (tôle métallique) recouvert d’une membrane PVC imitation zinc.

7-Une réhabilitation coûte-t-elle plus cher qu’un bâtiment neuf ?

Les coûts s’équilibrent. Sur la Forge, on n’a pas eu de frais de fondations puisque le bâtiment était déjà construit mais il y a eu des frais de ravalement de la façade qu’on n’aurait pas eu sur un bâtiment neuf.

8-En quoi une rénovation est-elle intéressante pour un architecte ?

C’est un challenge de faire coexister l’ancien et le moderne. Sur le projet de La Forge, nous avons proposé 6 avants projets depuis 2002 (l’inauguration de réouverture de la forge était en Juin 2006). C’est un projet qui a été assez long mais l’expérience est intéressante, la contrainte des volumes est aussi une richesse. Les retours de la part du public sont très favorables. Je serais donc intéressé par la réalisation d’autres réhabilitations à l’avenir.

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L’œil du territoire

3/les ateliers

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Atelier 1Reconnaître

Voici des détails de bâtiments industriels. Découpe-les et retrouve la fiche d’identité de chaque site.

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Atelier 2Vocabulaire

Observe à droite des formes et des matériaux de bâtiments industriels.Relie chaque image à la définition des formes et matériaux de l’industrie.

Les ateliers

Shed/(de l’anglais, hangar) toiture de bâtiment présentant un profil en dent de scie (redans) et comportant des versants vitrés de pentes rapide exposées au nord

Lanterneaux/Construction basse en surélévation sur un toit, pour l’éclairage ou la ventilation.

Béton de scories/Le béton est un matériau de construction obtenu par un mélange de graviers, de sable, de ciment et d’eau. Le béton de scories utilise, à la place du gravier, des scories qui sont des sous-produits d’élaboration métallurgique et qui donnent sa couleur sombre au béton de scories.

Pont roulant/Appareil de levage, chemin métallique qui se déplace sur des rails.

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Atelier 3Invente l’usine

Imagine l’usine demain :1/Choisis un fragment d’usine parmi les photos ci-dessous2/Retrouve sa fiche d’identité3/Imagine une nouvelle utilisation du bâtiment4/découpe et colle (ou redessine) sur une grande feuille le fragment d’usine que tu as choisi et dessine la suite du bâtiment pour montrer ton projet.

Les ateliers

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Atelier 4Inventaire de matières

ou inventaire de couleurs

Réalise un cahier qui pourrait s ‘appeler « Peaux d’usines » :1/Réunis le plus de photo en gros plan des murs, traces diverses, anciennes inscriptions, ouvertures, encadrements, toitures etc…(voir les exemples de gros plans ci-dessous)2/trouve une liste de mot qui peuvent décrire ces matières ou invente des « histoires de matières »3/relie le tout

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Les ateliers

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Atelier 5Ecritures

Imagine une aventure qui se passe dans un site industriel existant1/Visite le site et repère des lieux clés, impressionnants ou particuliers. Prend des photos ou réalise des croquis pour les garder en mémoire.2/Définis le type d’action qui pourrait se dérouler dans chaque lieu.3/Essaie de trouver une histoire qui relie chaque événement lié à chaque lieu (des personnages se rencontrent, un bruit se fait entendre, etc…)4/Présente ton histoire accompagnée des photos ou des croquis ou installe, si tu le peux, les textes dans les lieux mêmes.

Variante : Imagine la promenade d’un personnage minuscule dans un site industriel1/Dessine un personnage et trouve lui un nom, un caractère ; attention tu devras le dessiner dans plusieurs positions puisqu’il va évoluer dans le lieu de ton choix.2/Positionne le personnage dans les différents endroits que tu as choisis. Prends-le en photos.3/ Présente tes images accompagnées des paroles du personnage.

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Atelier 6Portraits d’usine

Tu peux faire un portrait de multiples façons en utilisant différents moyens. Voici quelques propositions ;Réalise un « portrait cubiste » de l’usine :Prends-la en photo sous tous les angles et assemble les différents morceaux à ta manière.

Réalise un « portrait abécédaire » : (sur une idée de Bazar urbain, A l’entour du cemetière)1/Interroge les habitants autour de l’usine pour savoir ce qu’ils pensent de l’usine.2/Classe les propos recueillis par mot clés et par ordre alphabétique.

Réalise un « portrait de l’usine dans son paysage » :1/Promène toi autour de l’usine et prend la en photo du plus grand nombres de points de vue possibles.2/Repère les limites de sa visibilité.2/Dessine sur une carte la zone ou l’usine est visible.

Réalise un portrait historique :1/Recherche des anciennes photographies du site.2/Recherches des témoignages de personnes ayant travaillées dans l’usine.

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Atelier 7« Mail art » industriel

Le « Mail art » est un mot anglais qui veut dire « art postal »: c’est une façon de faire de l’art par la poste, en envoyant des lettres uniques qui sont comme des œuvres d’art. Faire du « Mail art » industriel consiste à utiliser l’image des industries locales pour réaliser des enveloppes ou autres objets susceptibles d’être poster

.

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Atelier 8« Jardine l’usine »

Les régions industrielles sont aussi les régions qui ont vu se développer les jardins ouvriers. Observe les alentours de l’usine ou des logements ouvriers, tu découvriras certainement des jardins qu’on appelle aujourd’hui les jardins familiaux: ce sont souvent des ensembles de petites parcelles plantées de légumes et de fleurs, cultivées majoritairement par des ouvriers à la retraite. Chaque parcelle dispose d’un cabanon pour ranger les outils.Tu peux créer ton propre « jardin d’usine » à partir de graines, de contenants divers ou même demander une parcelle de jardin sur ta commune soit à la Mairie, soit directement auprès des associations qui gèrent les jardins ouvriers.Les enfants de l’école de Lorette ont réalisé un jardin sur le thème de l’industrie en juin 2006 sur une parcelle non cultivée parmi les jardins de la Côte Granger (voir www.reseaupatrimoine.net).

Les ateliers

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Atelier 9Parcours industriel

Imagine un parcours qui relie plusieurs sites industriels :

1/ Choisis un thème qui va servir de fil conducteur : certaines personnes parlent d’archéologie industrielle pour dire que l’histoire industrielle est à rechercher, à fouiller comme on le fait pour des périodes plus anciennes dans les couches du sol. On peut donc construire un parcours d’archéologie industrielle en essayant de retrouver les liens entre les différents sites encore visibles.

2/ tu peux aussi imaginer des thèmes moins historiques et imaginer des parcours en forme de « chasse au détail ». Prends en photo certains détails des sites du parcours et invente des indices pour guider les visiteurs dans leur quête du détail. Tu peux disposer des objets, des mots, des dessins à récupérés le long du parcours.

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Atelier 10Les intrus

Il existe évidemment beaucoup d’autres sites industriels sur le territoire stéphanois que ceux qui sont présentés dans les fiches d’identités, à toi de faire le tri entre les sites présentés et d’autres lieux. Si tu es vraiment curieux tu pourras essayer de retrouver où ils se trouvent en te promenant entre Rive-de-Gier et Firminy.

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L’œil du territoire

4/Annexes

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Glossaire

Acier/Alliage de fer et de carbone (moins de 1,5%), auquel on donne, par traitement mécanique ou thermique, des propriétés variées (malléabilité, résistance).Il existe une quantité de variétés d’aciers : acier trempé (très dur), acier doux (jusqu’à 0,25% de carbone), acier dur (de 0,60 à 0,70%), acier Bessemer (élaboré au convertisseur Bessemer), acier Thomas (au convertisseur Thomas),acier Martin (au four Martin), acier cémenté, acier forgé, acier indéformable, acier chromé… L’acier de forge s’obtient en affinant de la fonte sans la faire fondre.

Aciérie/Usine où l’on fabrique de l’acier.

Bâtiments de France/L'Architecte des Bâtiments de France (ABF) appartient au corps des AUE (architectes et urbanistes de l'Etat), option Patrimoine. Il exerce dans un Service Départemental de l'Architecture et du Patrimoine (SDAP).Sa mission est patrimoniale :- il s'occupe de l'entretien des monuments historiques- il donne un avis sur les dossiers de restauration du petit patrimoine communal en vue de l'obtention de subventions,- il donne un avis sur tous les projets situés dans le périmètre de protection des monuments historiques et dans les sites.

Chevalement/Bâti placé au-dessus du puits et supportant les molettes (poulies placées au sommet du chevalement portant le câble d’extraction).

Design/Esthétique industrielle appliquée à la recherche de formes nouvelles et adaptées à leur fonction (pour les objets utilitaires, les meubles, l’habitat en général)

Fonderie/Établissement ou atelier où l’on fond et où l’on coule les métaux.

Forge/La forge était à l’origine l’établissement où ou l’atelier où l’on transformait par martèlement à chaud, la fonte en acier, puis on lui donnait une forme approximative ou définitive. Seul le second aspect est resté par la suite attaché à la forge. On peut forger aussi bien à froid qu’à chaud, à la main, au pilon, à la presse au laminoir. Pour forger, il faut savoir :1-quelles sont les propriétés de l’acier à une température donnée2-quelle température il faut choisir pour le forgeage et comment il faut arriver à cette température.

Laminoir/Machine comprenant deux cylindres d’acier tournant en sens inverse entre lesquels on fait passer en les étirant des lingots pour les aplatir ou les profiler.

Pilon ou marteau-pilon/Gros marteau de forge fonctionnant à la vapeur ou à air comprimé.

Métallurgie/Ensemble des industries et des techniques qui assurent la fabrication des métaux.

Glossaire

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Monument/1-Ouvrage d’architecture, de sculpture destiné à perpétuer le souvenir de quelqu’un ou de quelque chose. 2-Édifice remarquable par son intérêt archéologique, esthétique ou historique.3-Œuvre imposante, vaste, digne de durer.

Monument historique/Le classement comme monument historique est une servitude d’utilité publique visant à protéger un édifice remarquable de par son histoire ou son architecture. Cette reconnaissance d’intérêt public concerne plus spécifiquement l’art et l’histoire attachés au monument.En France, le classement peut aussi s’appliquer à des objets mobiliers (soit meubles proprement dits, soit immeubles par destination [mobilier faisant partis de l’architecture -NDLR] ) présentant un intérêt historique : mobilier ecclésiastique (cloches, calices, patènes, simples ferrures de porte...) ou autre.

PLU/Le Plan Local d’Urbanisme est le document de planification de l'urbanisme communal ou intercommunal. Il remplace le plan d'occupation des sols (POS) depuis la loi 2000-1208 du 13 décembre 2000 relative à la solidarité et au renouvellement urbains, dite loi SRU [1].Les petites communes se dotent souvent quant à elles d'une carte communale. Cependant une commune de petite taille mais soumise à une forte pression foncière (commune littorale par exemple) a tout intérêt à se doter d'un PLU.

Presse/Appareillage servant à forger par pression pneumatique, mécanique ou hydraulique.

Puits/Excavation verticale de faible diamètre qui permet d’accéder aux couches de charbon (puits d’extraction), de ventiler les chantiers (puits d’aérage), d’assécher la mine (puits d’exhaure), d’approvisionner en matériel une mine de charbon (puits de service).

Tremper/Soumettre le métal à un écart thermique contrôlé pour en changer la structure, les propriétés, la qualité.

Zonage/Réglementation organisant la répartition (d’un territoire) en zone et fixant le genre et les conditions d’utilisation du sol (agriculture, industrie, habitat).

Sources : www.Wikipédia.org, le Nouveau Petit Robert (1993), Perrin Eric, Forges et Aciéries de la Marine, compagnie des Ateliers et forges de la Loire, Creusot-loire, des années 30 à nos jours ; mémoires d’un demi-siècle d’industrie métallurgique en région st-chamonaise, 1996, Peyre Philippe, Couriot, l’album, Musée de la Mine (Ville de St Etienne),2002

Glossaire

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Bibliographie indicative

Livres/-de Roux Emmanuel, Patrimoine industriel, Éditions Scala, 2000-Andrieux Jean-Yves, Le patrimoine industriel, Paris, Presses universitaires de France, 1992-Bergeron Louis, Dorel-Ferré Gracia, Le patrimoine industriel : un nouveau territoire, Paris, Liris, 1996-Cartier Claudine, L’héritage industriel, un patrimoine, coll. « patrimoine références », SCEREN, CRDP de l’Académie de Franche-Comté, 2002-Bost Claudine, Froissart Mathieu, Découvrir le patrimoine industriel du Val-de-Marne, coll. « Patrimoine ressources », SCEREN, CRDP de l’Académie de Créteil, 2004-Belhoste Jean-François, Fonte, fer, acier. Rhônes-alpes. XVième-début XXième siècle, coll. Images du patrimoine, Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France-Bonilla Mario, Tomas François, Vallat Daniel, Cartes et plans, Saint-Etienne du XVIIIième siècle à nos jours : 200 ans de représentation d’une ville industrielle, École d’Architecture de Saint-Etienne et centre d’Études Foréziennes, Saint-Etienne,1989-Commère René, Mémoires d’acier en Ondaine, histoire d’un site métallurgique en région stéphanoise, Publication de l’Université de St Etienne, 2000-Peyre Philippe, Couriot, l’album, Musée de la Mine (Ville de St Etienne), 2002-Perrin Eric, Forges et Aciéries de la Marine, compagnie des Ateliers et forges de la Loire, Creusot-loire, des années 30 à nos jours ; mémoires d’un demi-siècle d’industrie métallurgique en région st-chamonaise, 1996-Jacquemin Hervé et Vasselin Harold, sous la direction de, 3 pas. Ricamarie cote 640, catalogue d’exposition de La Rotonde, École nationale supérieure des Mines de St-Etienne, Publication de l’université de St Etienne, 2001-Le Moutard, Histoires…de métal, Éditions du Moutard, 1999 (http://moutard.ec-lyon.fr)

Revues/-L’archéologie industrielle en France, publiée par le CILAC (Comité d’information et de liaison pour l’archéologie, l’étude et la mise en valeur du patrimoine industriel)

Sites Internet/http://www.reseau-patrimoine.nethttp://www.crdp-reims.frhttp://www.ardecol.ac-grenoble.fr

Structures ressources/

Musée de la Mine de Saint- Etienne/ site Couriot3 bd franchet-D’Espérey,42000 St-etienne04 77 43 83 [email protected]

Musée d’art et d’industrie2, place Louis ComteLa Rotonde-CCSTI St-teienne et loire er rhône-AlpesComte42026 Saint-Etienne Cedex104 77 49 73 [email protected]

Bibliographie

indicative

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La Rotonde-CCSTI St-etienne et Loire en Rhône-AlpesÉcole nationale supérieure des mines de St-Etienne158, cours Fauriel42023 Saint-Etienne cedex contact : Chritine Fayolle-04 77 42 02 78- [email protected]/larotonde

DDE de la Loire43, avenue de la LibérationBP 50942007 SAINT-ETIENNE Cedex 1 (France)Téléphone : (33) 04 77 43 80 01 http://www.loire.equipement.gouv.fr

Office du tourisme de Firminy Syndicat d'initiative intercommunal/Office de tourisme de Firminy-Ondaine-Gorges de la Loire Loire (42) - Rhône-AlpesSIFOGL - 8, rue Voltaire, 42700 FIRMINYtél. [email protected]

IERP (Université Jean Monnet)35, rue du 11 Novembre42023 Saint-Etienne cedex 2tél : 04 77 42 16 64http://portail.univ-st-etienne.fr/LABIERP

DRAC Rhône-AlpesLe Grenier d'abondance6, quai Saint-Vincent69283 Lyon cedex 01Tél : 33 [0]4.72.00.44.00http://www.culture.gouv.fr/rhone-alpes/

EPURES46, rue de la télématique BP 801 42952 Saint-Etienne cedex 946 rue de la télématique BP 801 42952 Saint-Etienne cedex 9http://www.epures.com

Le CERPI (Centre d'Etude et de Recherches du Patrimoine Industriel des Pays du Gier)centre Gillet27, rue François GilletSt-Chamond

Association En rue libre (Rive de Gier) [email protected]

Bibliographie

indicative

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Remerciements

L’auteur tient à remercier toutes les personnes interrogées et plus particulièrement pour leur aide et leur soutien :Olivier Frérot, Christophe Bétin, Jacqueline Bayon, Philippe Peyre, Muriel Jacquemont, Renée Commère, Gérard Tardy, Martine Paire, Sylvain Pardo, Élodie Ravel, Raphaël Mouilhade

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