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le paTriMoine muSicaL

et la nOtion De bIen coMmun

Claude Carré[email protected]

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• Le phénomène musical

• Musiques, Patrimoine et bien commun.

• Mémoires, oublis, continuités et ruptures dans la culture musicale traditionnelle haitienne.

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le son est créé dans le cerveau Alain Boudet

http://aboudet.chez-alice.fr/doc_musique/son-nature.html

Le son est tout d'abord une sensation.

“Tant qu'il s'agit de la vibration physique, il n'y a pas de son.

Le son se forme quand l’onde produit la sensation du son dans notre cerveau..”

“Le son n'existe pas en-dehors de notre cerveau, de nous-même.”

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Le son musical

• Les sons sont de toute provenance (de la nature, des animaux, de processus mécaniques,…)

• “mais peuvent aussi être le résultat du geste humain qui, imprimant une vie au son le rend musical ou non aux oreilles de qui le perçoit.” Claire Renard “Le geste musical”

• Le son devient musical “en fonction des critères relationnels qu’il établit avec les autres sons” et ces critères sont mis en évidence par “une certaine manière de les percevoir et cela différement suivant les civilisations”. Claire Renard “Le geste musical”

• “Un son ne prend un sens musical qu’en fonction de la société qui le perçoit”. Claire Renard “Le geste musical”

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La musique serait donc…Du son organisé… “La musique est née du jeu.[…] L’enchainement des sons n’obéissait à aucune structure préétablie […] puis à force de répétitions, le “musicien” a du instinctivement percevoir des différences[…] et permettre “de dégager […] des critères de ressemblances et de variations” (idem).

dans l’espace…Le son se propage dans l’air …

qui structure le temps…“La forme sonore est élan et arrêt alternés, une arabesque temporelle fragile qui est synthèse de souvenir et d’attente, permanence et renouvellement, habitude et novation” (G. Brelet, Le temps musical)“La musique nous est donnée dans le seul but d’établir un ordre dans les choses,y compris et en particulier la coordination entre l’homme et le temps” (Stravinsky)

se signifie (suffit à) lui-même …“Si la musique est système de différences, elle n’est pas un système de signes. Ses éléments constitutifs n’ont pas de signifié.” (Julia Kristeva, Le language cet inconnu)

“Je considère la musique, par son essence, comme impuissante à exprimer quoi que ce soit “ (Stravinsky)

mais est humainement organisé…“La musique est un produit du comportement de groupes humains, […] c’est du son humainement organisé” (J. Blacking, Le sens musical)

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La musique comme patrimoine et bien commun

• “On appelle système musical un ensemble de caractéristiques communes utilisées pour faire de la musique dans un lieu et /ou une époque données” .

• “La musique est une mémoire collective, elle a une fonction de ciment social, d’identification sociale, de modèle culturel, d’outil de consolidation d’une communauté, elle permet de délimiter le territoire d’un groupe social. Elle a pour rôle de reproduire les rapports sociaux [..] elle peut-être aussi un instrument de domination socio-culturelle et de pouvoir…”

• “La musique est complètement volatile, elle n’existe que sur un support fragile et immatériel, car elle n’est inscrite que dans des individus membres d’un groupe social.”

Jacques Siron , La partition intérieure

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CheminementsDe 1760 à 1792, les esclaves transplantés à Saint-Domingue

venaient de trois grands groupes de populations africaines : les Soudanais ( 10 %), les Guinéens ( 42%) et les Bantous ( 48%)[i]. Ces trois groupes étaient formés de près de 110 ethnies qui évidemment avaient chacune leur propre langue, divinités, musiques, danses, etc. Jean Fouchard Les marrons de la liberté Editions Henri Deschamps,

Sur le plan musical, le brassage des 110 ethnies de Saint-Domingue a eu un résultat surprenant. D’une manière générale, les ethnies se sont spécialisées. Les musiques religieuses sont associées aux ethnies du groupe guinéen ,42% (Fon, Ewe, Yoruba, Nago, etc.), tandis que les ethnies du groupe Bantou, 48% (Fang, Lunda, Bassa, Basongo. ect) assument les fonctions de divertissement.

De plus, au brassage fondamental inter-ethnique et au regroupement des ethnies s’est superposé l’intégration des éléments culturels non-africains, par un mécanisme de métissage également fort complexe.

A partir de 1792 ( année du soulèvement générale des esclaves sous la conduite des chefs ``marrons``) tous ces éléments formaient déjà un système opérationnel car un peuple qui organise une révolution a déjà atteint un haut niveau de cohésion et d’identité.

Après 1804, et pendant tout le XIXième siècle, le Lakou (famille paysanne élargie vivant en communauté) demeure le cadre privilégié de la musique coutumière.

Au XXIème siècle, le système d’autosubsistance amorce un lent mais inexorable déclin et se transforme en une pratique complexe de survie. Dans ce contexte, des traditions se perdent…

Mémoires, oublis, continuités et ruptures

dans la culture musicale traditionnelle haitienne

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Aperçu sur le système des musiques traditionnelles haitiennes

Comme les musiques d’Afrique de l’ouest décrite par Simha Arom, « la musique coutumière haïtienne est de nature cyclique, l’ostinato - dénommé kata - sert de modèle aux variations et la polyrythmie en est la forme d’expression la plus dense. Les mélodies sont majoritairement répétitives utilisant des échelles pentatoniques sans demi-ton n’impliquant pas d’harmonie au sens strict ».

« Cependant, dans certains genres musicaux on retrouve des mélodies non-pentatoniques - échelles de 2 à 4 notes, hexatoniques, gammes septatoniques majeur, mineurs et autres -, pouvant diverger de la matrice primitive. En fait, entre la mélodie typiquement africaine, (répétitions et variations), et celle européenne ( à développement avec mouvement harmonique induit), il existe toute une plage de variations. Tous ces éléments sont le résultat du métissage culturel ».

« Le découpage du temps par les procédés polyrythmiques et l’ostinato à variations non discursives constituent l’essence même de cette musique […] qui serait donc une célébration du moment présent dans ce qu’il a de plus absolu. »

Ounto Petwo

Ounto rada

Wa Wangol

Petro

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Les fonctions suivants les « nanchon »

Fonctions Groupes Ethniques

Musiques

De célébrations Guinéen (Fon surtout)

Yanvalou, Mahi, Djouba…

Guerrières Guinéen (Nago -Yoruba)

Nago, Ibo

Magiques Bantou (Congo - Soudanais)

Congo, Pétro, Ibo

Funèbres Guinéen (Gédé) Gédé

Libidinales Guinéen (Gédé), …

Gédé

De divertissements Bantou (Congo )

Indiens……

Rara, …

Yanvalou

Nago,Zepol

Kongo payèt

Gede brav

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Ruptures actuelles, dislocation ou restructuration ?

• Le carnaval traditionnel subsiste encore … à Jacmel…• Le rara se “carnavalise” y vompris et surtout celui de Léogane…• Des instruments traditionnels disparaîssent ou ont disparut

(“vaksin”, violon, flûte traditionnelle, accordéon, tambours: “asoto” congo, “Ibo” et “marengwen”)

• Les instruments occidentaux (percussions et souflants surtout) pénètrent les orchestres traditionnels ce qui entraine une occidentalisation des gammes et mélodies

• L’interpénétration des rites rada, congo, petro…est-ce la disparition des “nanchon”?

• La disparition des variantes des rythmes principaux http://www.geocities.com/Athens/Delphi/5319/listdances.htm#listdances

• La désacralisation des instruments (tambours, “ason”) des mélodies (musique “rasin”) des danses (troupes folkloriques)

• Les “loa” sortent des peristiles (en témnoigne les crises de possession lors des défilés du carnaval) et deviennent ainsi marchandables (car le pratiquant peut les acheter dans les homforts) et perdent de leur noblesse.

• La musique évangélique (dite gospel) s’approprie les rythmes dansant profanes, compas, ragga-muffin, carnaval…

• La musique carnavalesque s’approprie les airs religieux (catholiques et protestants), ce qui brouille les frontieres entre le sacré et le profane

• L’espace musical est assailli par les “top 50” représentant de la culture dite “Macdonald” ce qui entraine parfois des assemblages hybrides entre l’ancien et le “nouveau”.

• L’absence d’inventaire , de suivi, de préservation…

Carnaval CRiSe