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EHESS Le Péché de la France. Surnaturel et politique au XIXe siècle by Jacques Marx Review by: Jacques Maître Archives de sciences sociales des religions, 50e Année, No. 131/132 (Jul. - Dec., 2005), pp. 280- 281 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30116765 . Accessed: 12/06/2014 17:49 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.34.79.79 on Thu, 12 Jun 2014 17:49:44 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Le Péché de la France. Surnaturel et politique au XIXe siècleby Jacques Marx

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EHESS

Le Péché de la France. Surnaturel et politique au XIXe siècle by Jacques MarxReview by: Jacques MaîtreArchives de sciences sociales des religions, 50e Année, No. 131/132 (Jul. - Dec., 2005), pp. 280-281Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30116765 .

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280 - ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

a la fois a un (bon) manuel et a un programme d'action politique.

Ces quatre travaux, aux frontibres des recherches acad~miques, prennent leur place dans des debats sociaux plus vastes, autour de la question du r61e a accorder aux intentions des concepteurs de la Constitution, et notam- ment de leurs intentions concernant la religion et sa place dans l'espace social.

Baptiste Coulmont

132-50 Jacques MARX

Le Pichi de la France. Surnaturel et politique au xIxe sibcle Bruxelles, Espace de libertes, coll, < Lacitei 2UUb, 441 p.

L'ouvrage que publie Jacques Marx se situe a l'interface de deux domaines: les sciences politiques et I'histoire de la spiritua- lit6. Il se trouve ainsi en mesure d'analyser une vision du monde qui se caract&rise, chez les acteurs sociaux concernes, par une representa- tion du champ politique comme champ de bataille spirituel, que commandent les disposi- tions religieuses des protagonistes et l'inter- vention fondamentale des 8tres surnaturels dans le d~roulement de l'histoire frangaise.

Le pivot est constitu6 par la symbiose du

tr6ne et de l'autel, entre l'ex~cution de Louis XVI (1793)- le p&che fondamental de la France - et l'erection de la Basilique du Sacr6-

Coeur - l'acte r~parateur - ~ l'aube de la

IIe Republique; la defense des Etats du pape se trouve etroitement incluse dans ce systime. Corrdlativement, les conquites coloniales sont glorifices comme base des avancees mission- naires. Puis l'chec definitif des tentatives de restauration d'une monarchie catholique et le triomphe de l'unite italienne vont clore, pour l'essentiel, la phase oii les forces axles sur cette id~ologie tiennent une place de premier plan dans l'histoire politique du pays. Deux rebonds se produisent dans des circonstances oii la survie mime de la nation se trouve en

danger: durant la Premiere Guerre mondiale (notamment avec le drapeau du Sacre-Coeur), puis sous l'Occupation, avec le p&tainisme. Ajoutons qu'un ultime rebond surviendra durant la guerre d'Algerie, avec des elements de l'arm~e qui orchestreront la

, guerre psycho-

logique > et la bataille d'Alger avant d'animer des actions de desperados dans I'OAS; mais J. Marx s'arrate logiquement & 1942.

A mesure que les actions d'ordre politique auront manifestement echoue, on verra se developper un < royalisme du d~sespoir > ; de mime que les prip&ties de l'histoire politique continuent d'&tre expliquees en dernier ressort par des facteurs surnaturels, une issue positive ne sera plus attendue que de pratiques pieuses, personnelles ou collectives. Sous la Troisieme Republique, les apparitions, les proph~tesses royales et le < regne social du Sacr&-Cceur >

feront flores avant que la Liberation en marque l'6puisement. La d6colonisation contribuera a cette obsolescence.

Parmi les elements constitutifs de la s&cula- risation de la societ6 frangaise, nous comptons la fagon dont le domaine politique s'affirme avec sa consistance propre, ses legitimites, sa fagon de d6battre et le jeu des forces sociales de plus en plus affranchies des tutelles ecclesiastiques. Avec les courants catholiques intransigeantistes, nous avons une position de principe exactement inverse, assujettissant les personnes et la soci6te a la domination de

l'Iglise. L'auteur nous apporte une perspec- tive fort 6clairante en montrant comment cette

ligne theologico-politique s'articule avec la vigueur d'une spiritualite. Celle-ci ne cesse de

g6n6rer, au fil des epoques, une imagerie, des pratiques, toute une affectivite, portres par des formes tres effervescentes de sociabilit : mandements episcopaux, reseaux d'influences, associations pieuses, manifestations publiques, foisonnement de livres et brochures, 6rection d'6difices et de monuments... Par nature, une telle ideologie mobilise les obeissances et suscite en mime temps des initiatives person- nelles ou collectives que la hierarchie peine a canaliser.

Les representations du monde mises en oeuvre par les zelateurs de la cause se cristalli- sent autour de themes dont J. Marx nous fait parcourir l'enfilade: Louis XVI r6plique de J6sus, la France fille ainee de l'fglise (i ce titre, enfant prefer~e de Dieu), la r~ference dynas- tique comme essentielle a la legitimitr6 du futur roi de droit divin. La figure emblematique du Sacr&-Cceur, les apparitions mariales et les revelations priv~es font flamber les imaginations.

Sans doute pourrions-nous regretter que l'auteur ne prenne pas davantage en compte la consistance d'une telle spiritualitr6 dans la vie des fidales et de leurs chefs. Parler d'< instru- mentalisation des masses g (quatriame de cou- verture) et de g manipulation des consciences g

pourrait donner a penser que les chefs ne pou-

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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE - 28I

vaient pas croire vraiment aux fariboles de la theologie politique. Or, toute ideologie trouve sa legitimite dans les limites du groupe oiu elle a cours ; quand elle prend une dimension spiri- tuelle, I'adhesion a une ideologie acquiert une remarquable efficacite dans la mobilisation des ressources de la personne. Si nous sommes dans le cas d'une tradition croyante regule par une institution religieuse, la reference ins- titutionnelle confere a telle vision du monde une caution de realite tres pregnante. Si

&trange que l'iddologie pr&cit~e paraisse a un observateur situe hors du groupe, nous ne devons jamais meconnaitre la plausibilite qu'elle pr~sente a l'interieur pour les acteurs sociaux.

En revanche, le contenu de l'ideologie dolt Otre refegrg des processus sociaux et psycho- logiques, ce que J. Marx fait avec bonheur. Nous ne pouvons pas imputer un evenement a l'action d'un Stre surnaturel, mime quand la croyance aux 8tres surnaturels y a contri- bue. Les variations socio-historiques de la theologie politique et de la spiritualite ne sont pas independantes des conjonctures generales. I1 en va ainsi des convictions orleanistes de la bourgeoisie d'affaires (p. 27).

Une autre question est celle de la patho- logie mentale. Parler de < catholicisme ferme, nevrotique, a tres forte dominante clricale >

(p. 32), voire d'<< autosuggestion ,, (p. 33) introduit des concepts psychiatriques finale- ment etrangers a la demarche historienne de l'auteur qui, heureusement, ne s'aventure guere plus avant dans cette direction. D'ail- leurs, quand il analyse les effets de recit du discours intransigeantiste comme prenant sens dans l'ideologie de ce courant, il ne cherche pas a mettre en cause la realite des faits allguds dans ce discours.

Aussi prudent qu'erudit dans sa documen- tation et net dans ses analyses, J. Marx ne nous propose aucun bilan de la situation actuelle, encore moins un pronostic. Nous pouvons cependant prolonger l'elan de son bel ouvrage en notant que la spiritualite domi- nante dans le catholicisme frangais actuel est de plus en plus marquee par le crepuscule du Sacre-Coeur, le declin du theme de la repara- tion, I'abandon de la prdtention a restaurer un catholicisme d'Etat... Quant a expliquer les fleaux comme punitions infligees par Dieu - thbme central des evdques sous Vichy -, nous ne voyons pas l'episcopat s'y risquer aujour- d'hui, mime a propos du sida, dont la propa-

gation est pourtant favorisee par des conduites peccamineuses. Tandis que les soeurs de Thertse Martin se rendaient en pelerinages royalistes a Paray-le-Monial en 1890, la future sainte Therese de Lisieux se tenait a l'ecart d'une

theologie politique visant a restaurer l'Ancien Regime; elle ne croyait pas non plus a une justice divine punitive et elle inaugurait une spiritualite nouvelle oii Dieu ne frappe jamais ses enfants. Cette perspective donne, par contraste, un relief accru au travail tres &clai- rant de J. Marx sur la spiritualite qui animait les rapports entre surnaturel et politique dans le catholicisme frangais du xIxe siecle.

Jacques Maitre

132-51 Eduardo MENDIETA, ed.

The Frankfurt School on Religion. Key Writings by the Major Thinkers New York - Londres, Routledge, 2005, 405 p.

Se trouvent rassembles dans cette antho-

logie, pour la premiere fois, des textes sur la religion d'auteurs de l'Ecole de Francfort - un ensemble de penseurs juifs de culture allemande, rattaches a l'Institut de recherche sociale de Frankfort, exiles a New York apres 1933 - ou proches de celle-ci: Ernst Bloch, Erich Fromm, Leo Lowenthal, Herbert Marcuse, Theodor W. Adorno, Max Horkheimer, Walter Benjamin, Johann Baptist Metz, Jiurgen Habermas, Helmut Peukert, Edmund Arens. En fait, plu- sieurs de ces penseurs n'appartiennent pas a l'I~cole de Frankfort, mais E. Mendieta, edi- teur de l'ouvrage, a voulu inclure aussi bien ceux qui ont pu exercer une influence sur celle-ci, comme Ernst Bloch, ou qui ont ete influences par elle dans leurs travaux thdolo- giques comme Metz, Peukert et Arens (ces deux derniers surtout interesses par Habermas).

Dans son introduction E. Mendieta tente de degager des lignes d'interpretation philo- sophique de la religion communes a ces auteurs: une critique non seculiere de la reli- gion, qui rejette toute theodicee - y compris celle, secularisee, de l'idee de progres ; une cri- tique rationaliste de la religion, qui tente nean- moins de sauver la thdologie au profit de la raison; une thdologie negative qui part de l'absence de Dieu, ou de son exil d'un monde devenu un desastre; une theologie athde, qui refuse l'idee de Dieu, mais vise la redemption, a partir des concepts de memoire et d'espoir, de rememoration et d'utopie. Les sources de cette theologie au service de la theorie critique

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