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PPP – La presse, les périodiques et la politique Small is beautiful… Espace de libertés Gopress : la banque de données digitales de la presse belge Adblock Plus : un droit anti-pub ? UPP info Analyse du soutien de la presse écrite en FWB Quelle place pour la presse périodique ? Interview avec Jean-Claude Marcourt, Ministre en charge des médias Trimestriel I 6 € I avril - mai - juin 2015 I n° 94 I www.upp.be © Régine Mahaux

Le Périodique n°94

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Page 1: Le Périodique  n°94

PPP – La presse, les périodiques et la politiqueSmall is beautiful… Espace de libertésGopress : la banque de données digitales de la presse belgeAdblock Plus : un droit anti-pub ?UPP info

Analyse du soutien de la presse écrite en FWBQuelle place pour la presse périodique ?Interview avec Jean-Claude Marcourt, Ministre en charge des médias

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PPP – La presse, les périodiques

et la politique

Small is beautiful…

Espace de libertés

A la une - interviewInterview du Ministre des médias Jean-Claude Marcourt

A la une - analyseLa presse écrite en FWB. Les deux parties de l’iceberg.

Académie du numérique

A la une - banque de données digitales de la presseGopress : la base de données digitale de la presse belge

Tendances - Adblock PlusUn droit anti-pub ?

Epinglé

Le saviez-vous ?La lecture de… Emmanuel Robert

UPP info

#sommaire

#colophon

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8-10

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Ont participé à ce numéro:Luc De Potter - Isaac De Taeye - Renaud Homez - Steven Van de Rijt

Régie publicitaire & adresse de la rédaction:Bld. Ed. Machtens 79/boîte 23 - 1080 BruxellesTel: 02 414 12 35 - Fax: 02 414 23 [email protected] - www.upp.be

Création: Kliek Creatieve Communicatie

Impression : Corelio Printing

Editeur responsable:Steven Van de Rijt, Parmastraat 65 - 9120 Melsele

Entre les risques d’ingérence, la réticence à octroyer des aides directes et la nécessité, malgré tout, de préserver le pluralisme, la relation entre la presse et la politique reste un délicat exercice d’équilibre.

Les médias audiovisuels et numériques focalisent l’attention dans l’actualité au détriment de la presse écrite et du print en général. Les médias imprimés baignent dans une atmosphère “ringarde”, deviennent quantité négligeable et paraissent presque en phase terminale.

Je ne peux m’empêcher de croire que cette atmosphère délétère est en partie causée par la “concurrence” du numérique.

Cela dit, je suis convaincu que les avantages et la spécificité de la presse écrite vont revenir au premier plan. La fatalité (le print va disparaître) autour du print laisse la place, lentement mais certaine-ment, à une nouvelle réalité : un changement de modèle, certes, mais qui se révélera encore plus fort dans la nouvelle manière de consommer les médias. Bien sûr, le secteur de la presse écrite a une concurrence supplémentaire et doit s’adapter. Mais ce secteur a aussi une grande capacité de résilience.

Dans ce numéro, vous lirez une analyse de l’action gouvernementale qui est menée dans le secteur de la presse écrite en Fédération Wallonie Bruxelles, en particulier du point de vue du système des aides directes. Il est aussi question de la place occupée par les éditeurs de presse périodique dans ce système.

Sur ces différents points, le Ministre des médias en Fédération Wallonie-Bruxelles, Jean-Claude Marcourt, nous livre ses impres-sions dans une interview exclusive. Il nous parle des difficultés mais aussi des opportunités que traverse le secteur, des actions qu’il compte entreprendre, même si la priorité, rappelle-t-il, reste “de sauvegarder l’existant”, contraintes budgétaires obligent.

Bonne lecture et bonnes vacances ! (ldp)

PPP La presse, les périodiques et la politique

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#small is beautiful…

Espace de libertésCette rubrique a pour but de vous faire découvrir des magazines moins connus du grand public mais qui sont, dans leur domaine, des références incontestables. (rh)

Espace de Libertés, le magazine du Centre d'Action Laïque, vous propose chaque mois « la réflexion de spécia-listes, d’observateurs et de journalistes qui proposent un éclairage laïque des sujets traités ». Dossiers sur des sujets d'actualité nationale et internationale, interviews exclusives de personnalités, analyses géopolitiques sans conces-sion, rubriques passionnantes, points de vue et analyses iné dites, la ligne éditoriale se veut engagée et va à la rencontre de vos interro ga tions et de vos préoccupations. Objec tif : vous aider à vous forger votre propre opinion à l’intérieur d’un espace de libertés, de pensées, de débats, de confrontations d'idées… Ce magazine constitue une

source de réflexion unique dans une société gouvernée par les grands groupes médiatiques.

Succédant au Bulletin de liaison du CAL, le magazine fut fondé en juin 1987 par Jean Schouters (1923-2000) qui est considéré comme l’un des pères de la laïcité en Belgique. « Bien informés, les hommes sont des citoy-ens ; mal informés, ils deviennent des sujets. » Cette citation d’Alfred Sauvy, sociologue français, est la devise d’Espace de libertés qui ambitionne de poser un regard différent pour mieux comprendre la diversité d’un monde souvent dominé par les idéologies et les dogmatismes.

Yves KengenRédacteur en chef

IDENTIKIT

Editeur Responsable : Jean De Brueker Rédacteur

en chef : Yves Kengen en Belgique et Bruxellois Tirage : ± 6000 ex. Prix de vente : 2 € Abonnement : 20 € Périodicité : Mensuel Spécialisation : débats d’idées, laïcité, vivre ensemble

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Interview du Ministre des médias Jean-Claude Marcourt

Le nouveau Ministre des médias en Fédération Wallonie-Bruxelles, Jean-Claude Marcourt, est un homme plutôt discret et réputé pour maîtriser ses dossiers. Nous avons voulu en savoir davantage sur sa vision du secteur de la presse écrite en général mais aussi sur la situation spécifique des publications périodiques. (rh)

Comment définiriez-vous « la presse

écrite » ?

Pour moi, la presse écrite, cela peut paraître évident, est celle qui se lit. Elle regroupe, l’ensemble des moyens de diffusion de l’information écrite. Non seulement dans les formats imprimés traditionnels, mais également, à l’heure du numérique, l’ensemble des formats électroniques sur lequel cette informa-tion écrite se trouve.

Du côté flamand, on parle de « druk-pers », soit presse imprimée en tra-duc tion littérale. La version néerlando-phone du concept de « presse écrite » fait directement référence à l’activité  d’imprimerie. Ce qui avait tout son sens à une époque et qui n’est plus du tout adapté à la situation actuelle. Comment analysez-vous la situation

économique du secteur de la presse

écrite en Fédération Wallonie-

Bruxelles ?

La presse écrite et l’édition numérique d’information sont au cœur de la muta-tion des moyens de communication.

Il s’agit de faire évoluer le mode de production de l’imprimé et d’envisager des diversifications du journal.

La mutation en cours des moyens de communication a des effets puissants sur le modèle économique des princi-pales formes de presse écrite. Les équipes rédactionnelles sont sous tension face à la dégradation des modèles économiques.

Le secteur de la presse écrite est à un moment charnière de son avenir, celui où il doit se réinventer en format numérique sans pour autant pouvoir se passer d’une diffusion papier. Même si la vente de formats papiers poursuit sa lente érosion au profit des formats numériques. La politique est consciente de cela, l’avenir du paysage média-tique se joue au cœur de la nouvelle économie numérique.

J’ajouterai aussi que, aussi paradoxal que cela puisse paraître, c’est en ces moments de fragilité de la presse écrite que surviennent de nouveaux sup-

ports, à la recherche eux aussi d’un modèle économique rentable, mais porteurs d’une autre manière de consommer de la presse, une autre manière de s’informer.

Les Etats généraux des médias d’infor-

mation ont duré quatre ans (finalisés fin

2013) à l’issue desquels un volumineux

rapport (353 pages) et 27 recomman-

dations ont été publiés. Quelles suites

comptez-vous y donner ?

Sur les 27 recommandations trans - ver sales, 13 concernent strictu sensu les compétences de la Fédération Wallonie-Bruxelles. J’ai évidemment la ferme intention de pouvoir avancer sur cer taines d’entre elles en lien non seule m ent avec la Déclaration de politique communautaire mais également avec mes compétences régionales.

Mais annoncer des décisions qui ne seraient pas suivies n’est pas dans mes habitudes.

Vous connaissez le contexte budgétaire global. Le traditionnel ajustement du mois de juillet constituera, cette année, un cap particulièrement important dont il serait peu responsable de ne pas tenir compte avant de prendre telle ou telle décision.

D’autre part, devant la mutation importante à laquelle l’ensemble du secteur doit faire face, avec notam-ment un nouveau modèle économique à mettre en place pour assurer la viabilité des médias à l’ère numérique, j’attends aussi un retour des acteurs privés avant d’engager les pouvoirs publics.

#à la une - interview

“Le secteur de la presse écrite est à un moment charnière de son avenir, celui où il doit se réinventer en format numérique sans pour autant pouvoir se passer d’une diffusion papier.”

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Le paysage de la presse écrite « grand

public » francophone est, entre autres,

caractérisé par une certaine concen-

tration (surtout au niveau des quoti-

diens). Une bonne façon d’assurer le

pluralisme de la presse ne serait-elle

pas de prendre davantage en compte

la diversité des petits éditeurs de presse

qui constitue la partie immergée de

l’iceberg ?

Cette question du pluralisme a toujours existé, quel que soit le secteur ou le vecteur de presse concerné. La con-centration ne facilite pas le pluralisme mais ce n’est pas seulement elle qui est potentiellement un risque pour le pluralisme. On pourrait aussi regar-der les « alliances » entre médias ou

encore l’appartenance à de grands groupes multinationaux.

Le pluralisme ou plus exactement la diversité des opinions et sensibi-lités démocratiques – c’est cela qui m’importe – doit aussi être analysé à l’aune des nouveaux médias, numériques notamment mais pas seulement (ex : les mooks, 24h01 ou Médor). Et de l’importance de la diffusion des uns et des autres. Et de leur développement potentiel.

Comptez-vous créer un Observatoire

des médias comme cela avait été

recommandé lors des EGMI ? Dans

l’affirmative, quelles seront ses mis-

sions ? Quid du Tableau de bord des

données socio-économiques du

monde des médias qui avait été initié

par le CSA (Conseil Supérieur de

l’Audiovisuel) et l’OPC (Observatoire

des Pratiques Culturelles) en 2013 ?

Quelles en sont les conclusions ?

A quoi concrètement cela servira-t-il ?

De nombreuses structures ont été créées dans le secteur des médias dont les objectifs sont variés, spécifiques ou larges, convergents ou concurrentiels. (CSA, Conseil de déontologie Journalistique, Jury d’Ethique Publicitaire, etc.).

Il faut éviter de générer des doubles emplois et des concurrences entre

Jean-Claude MarcourtVice-Président du Gouvernement de la Fédération Wallonie-BruxellesMinistre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et des Médias

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institutions, d’autant que toute initiative en ce sens nécessitera des moyens supplémentaires qu’il n’est pas évident d’obtenir dans une période de conjonc-ture difficile.

Une des recommandations des experts avant la création d’un « Observatoire

des médias » était de réaliser un travail préalable établissant le cadastre du secteur, de déterminer les besoins en connaissances à partager et d’en dresser l’inventaire.

L’Observatoire des Politiques culturel-les, en coordination avec le Conseil supérieur de l’audiovisuel et avec le Service général de l’Audiovisuel et des Médias a été chargé par le gouverne-ment de travailler à la mise en place

d’un tableau de bord des données socio-économiques du monde des médias en Fédération Wallonie-Bruxelles.

L’OPC a d’abord confié une étude de faisabilité à l’UCL et l’ULB, avec pour objectif :

a) d’identifier, en partenariat avec les acteurs concernés, les données socio-économiques stratégiques qui devraient figurer dans un tableau de bord ; b) de réaliser un premier test de collecte systématique de ces données pour l’année 2013 ; c) d’envisager un projet de structura- tion et de présentation des données intégrées via une plate-forme ouverte ;

d) d’évaluer les coûts de développe- ment et de fonctionnement de l’établissement d’un tableau de bord annualisé des Médias.

Comment le secteur a-t-il réagi ?

Un tel tableau de bord ne constituerait pas une priorité pour la majorité des acteurs médiatiques ou en tout cas, les avis divergent.

D’une part, les plus « gros » acteurs privés n’en voient pas l’utilité puisqu'ils disposent déjà des données et des informations dont ils ont besoin.

D’autre part, les représentants de plus petits acteurs se sont dits intéressés par une telle base de données tout en n’étant généralement pas disposés à investir des ressources pour réunir les données demandées au-delà des rapports qu'ils sont déjà tenus de préparer, pour le CSA par exemple.

En outre, certains acteurs restent réticents à l’idée de communiquer ouverte ment des informations finan-cières les concernant et ce, compte tenu de l’environnement ultra concur-rentiel dans lequel évoluent les médias.

Un rapport final a été déposé ce 29 avril mais le comité d’accompagne-ment a demandé des précisions com-plémentaires, dont notamment le coût d’un tel projet. Dès que les conclusions me seront transmises, je procéderai à une analyse de l’opportunité de mettre en place ce projet de structuration et de présentation des données socio-économiques via une plate-forme ouverte.

Comment expliquer que l’aide directe

à la presse – censée favoriser le plura-

lisme des médias – bénéficie seule-

ment aux quotidiens (seulement trois

groupes de presse en Fédération

Wallonie-Bruxelles), à l’exclusion des

périodiques, qui pourtant sont aussi un

vecteur important du pluralisme ?

Vous avez raison, les périodiques participent de la même manière à la diversité et au pluralisme que les quoti-diens. Idem pour tout ce qui est édité par écrit : qu’il s’agisse, par exemple,

#à la une - interview

“Si l’aide à la presse ne bénéficie qu’auxquotidiens, c’est le fruit de l’histoire. Jene vais pas ici retracer toute cette saganée avec l’apparition de la publicité à latélévision. Toujours est-il que c’est une situation dont j’ai hérité.”

Tableaux comparatifs des aides directes à la presse écrite en Flandre et en Fédération Wallonie-Bruxelles pour l’année 2015

Bénéficiaires Flandre

Mediacademie geschreven pers (Formations pour la presse écrite) 730.000 €

Kranten in de Klas (Journaux en classe) 1.050.000 €

Fonds Pascal Decroos 300.000 €

Vlaamse Vereniging voor Journalisten (VVJ) 353.000 €

Kenniscentrum Mediawijsheid (Centre de connaissances) 600.000 €

Total 3.033.000 €

Bénéficiaires Fédération Wallonie-Bruxelles

Aides directes à la presse écrite quotidienne 6.200.000 €

AJPro 100.000 €

Fonds pour le journalisme Montant inconnu (en 2009 : 250.000 €)

Total 6.300.000 €

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des médias numériques ou, pourquoi pas, des livres.

Si l’aide à la presse ne bénéficie qu’aux quotidiens, c’est le fruit de l’histoire. Je

ne vais pas ici retracer toute cette saga née avec l’apparition de la publicité à la télévision. Toujours est-il que c’est une situation dont j’ai hérité. Ce n’est, dans mon chef, nullement un jugement de valeur des uns par rapport aux autres

ni le signe d’une quelconque hiérarchi-sation. Je ne dis pas, d’ailleurs, que ce système est immuable ou intangible. Mais nous savons dans quel contexte budgétaire nous nous trouvons.

Les critères d’octroi de l’aide à la presse

sont-ils appelés à évoluer ? Le montant

global (6 M€ indexé) va-t-il rester stable ?

Il est vrai qu’on pourrait entamer une réflexion sur une révision des critères d’octroi (par exemple, concernant la

déontologie ou le renforcement des outils qui garantissent l’autonomie des rédactions, etc.) mais cela devrait se faire en ayant à l’esprit la règlementa-tion européenne.

En outre, au risque de me répéter, il faut garder à l’esprit la contrainte budgétaire à laquelle je suis confronté. Je pense que tout le monde connaît le contexte dans lequel toutes les institu-tions publiques (de l’Etat fédéral aux communes) se débattent et ce n’est pas la Fédération qui fait exception, loin de là.

Dans un premier temps, ma priorité est de sauvegarder l’existant.

Les EGMI avait aussi montré la néces-

sité de soutenir les éditeurs de presse

dans la transition numérique. Ne faudrait-

il pas, dans ce cadre, envisager le

financement de la formation continue

des professionnels du secteur dans leur

ensemble (c’est-à-dire plus seulement

pour les seuls journalistes agréés mais

aussi pour la presse non-commerciale

et les éditeurs PME) ?

Dans cette phase de mutation, il faut permettre aux journalistes qui ne dis-posent que des compétences liées à la presse d’hier de s’exprimer sur les nouveaux supports numériques, mais il ne peut plus être question de limiter ces formations au simple maniement d’outils.

L’univers de la formation continue doit donc s’adapter et s’engager dans la réflexion et l’expérimentation de nouvel-les pratiques.

Outre ces formations, ne faudrait-il pas réfléchir à soutenir un travail de recherche sur de nouvelles formes ou de nouveaux contenus dans les prati-ques des rédactions ?

Je pense qu’un des rôles des pou-voirs publics pourrait prendre la forme d’aides ciblant l’innovation, le soutien à la dimension expérimentale afin de concevoir des espaces et des équipes spécialisées dans la recherche, le développe ment et l’expérimentation, comme par exemple des « labs ».

“Dans un premier temps, ma priorité est de sauvegarder l’existant.”

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L’UPP s’est penchée attentivement sur la situation socio-économique du sec-teur de la presse écrite en Fédération Wallonie-Bruxelles (ci-après, « FWB ») et les initiatives des pouvoirs publics en ce domaine. Dans un premier temps, les recommandations élaborées lors des Etats généraux des médias d’infor mation (ci-après, « EGMI ») sont brièvement analysées. Ensuite, nous nous focalisons sur les aides à la presse écrite en vigueur en Wallonie et à Bruxelles. Enfin, nous tentons de dresser un constat de la politique ainsi menée pour les éditeurs de presse pério dique de petite et moyenne taille et les éditeurs de la presse non-commerciale. Le tableau ainsi dépeint pourrait être celui représentant un iceberg : une partie émergée – constituée de la presse quotidienne et, dans une moindre mesure, de la presse périodique grand public et globale-ment payante – et une autre partie immergée – contenant la presse périodi que non-commerciale,

spécialisée, associative, profession-nelle, gratuite, etc.

Considérer la partie visible de l’iceberg comme la plus importante serait une grave méprise ; en Wallonie et à Bruxelles, il existe une pléthore de publications diffusant autant, si pas davantage, d’informations que les médias écrits dits « traditionnels ». Hélas, ceux-ci sont trop dispersés pour espérer se faire entendre auprès des pouvoirs publics ; ils n’en représentent pas moins, comme nous allons le voir, un puissant vecteur de pluralisme et de démocratie.

Les Etats Généraux desMédias d’Information :beaucoup de bruit pour rien

Fin 2010, la précédente législature, sous l’égide de la Ministre Fadila Laanan (PS), avait ambitionné pour la première fois de diagnostiquer l’ensemble du secteur en organisant les fameux « Etats généraux des médias d’information ». « Il s’agissait de préparer

la presse tant écrite, qu’audiovisuelle et numérique aux grands défis de demain, tout en détaillant les difficultés aux­quelles elle est confrontée », annon-çait-on. Quatre ans après, un volumi-neux rapport de ces Etats généraux fut publié1 et présenté en grande pompe à la Foire du livre de Bruxelles. Quelques 300 pages agrémentées de 27 recom-mandations à destination du pouvoir politique (13 à destination de la FWB).

Tentative louable, mais semblerait-il, avortée – en tout cas pour le moment. Le contexte budgétaire ne laisserait

Le parlement de la FédérationWallonie-Bruxelles

La presse écrite en Fédération Wallonie-Bruxelles Les deux parties de l’iceberg

#à la une - analyse

“Considérer la partie visible de l’iceberg comme la plus importante serait une grave méprise ; en Wallonie et à Bruxelles, il existe une pléthore de publications diffusant autant, si pas davantage, d’informations que les médias écrits dits « traditionnels ».”

1 Téléchargement gratuit du rapport sur le site : http://egmedia.pcf.be/.

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que très peu de marge de manœuvre, déplore-t-on du côté de l’actuel Ministre en charge des médias, M. Jean-Claude Marcourt.

Reste que certaines initiatives paraissent réalisables à court terme à condition de répartir mieux les coûts et de tordre certaines pratiques politiques qui ont la vie dure.

Une lecture attentive du rapport permet de se faire une idée assez fidèle du sec- teur et des forces en présence ; lorsqu’ il s’agit en revanche de proposer des mesures fortes et innovantes, il reste assez frileux (sans doute est-ce lié au fait que les parties les plus influentes n’ont pas intérêt à ce que les choses bougent fondamentalement). Relevons deux recommandations qui méritent toutefois l’attention.

La création d’un observatoire des médias visant « l’observation et l’analyse, sous divers angles, des évolu tions du secteur »2 fut encouragée par plusieurs intervenants aux EGMI. Cet observatoire aurait eu le mérite de rendre compte de l’hétérogénéité du secteur de la presse et d’identifier les besoins en présence. Las, une telle structure ne verra probablement jamais le jour. En cause, les « gros acteurs » qui ne souhaitent pas partager leurs données financières de peur que celles- ci soient exploitées par la con cur rence, mais aussi les « petits acteurs » qui, bien qu’intéressés, ne disposent pas des moyens suffisants pour réunir de telles données3.

Autre chantier, celui du soutien à la formation continue. Outre la ques-tion des aides directes à la presse écrite quotidienne qui sera abordée plus bas, il serait urgent d’élargir

les subsides octroyés à la formation continue à l’ensemble du secteur et non plus seule ment aux seuls jour-nalistes profes sionnels. Ainsi, seule l’Association des Journalistes Profes-sionnels (AJP) a pu bénéficier d’un généreux soutien de 100.000 €4 pour 2014 et 2015 afin de développer son programme de formation « AJPro ».

Entendons-nous bien : il ne s’agit pas de subsidier à tour de bras mais d’allouer des aides de manière plus égalitaire et plus transparente entre les différents intervenants. Pourquoi ne pas créer, par exemple, une structure de formation – comme cela a d’ailleurs été proposé aux EGMI – rassemblant toutes les organisations et rencontrant dès lors les besoins de tous les profes-sionnels du secteur ? Aujourd’hui, force est de constater que les efforts consentis par les pouvoirs publics sont trop souvent concentrés dans les mains des mêmes acteurs. Il suffit pour s’en convaincre d’analyser en détail le fonctionnement des aides directes à la presse en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Les aides directes à la presse écrite : le poids de l’histoire

En vertu d’un décret adopté le 31 mars 20045, l’aide directe est entièrement financée par le budget de la Fédération

Wallonie-Bruxelles, et ce, à hauteur de 6,2 millions € (indexés) par an. Comme l’indique l’intitulé de la loi, ces aides sont uniquement destinées à la presse quotidienne écrite francophone. En clair, seulement trois groupes de presse actuelle ment : Rossel, I.P.M. et Nethys, (pour Les éditions de L’Avenir), filiale de Tecteo Group.

Ce système de subvention directe est le fruit de l’histoire. Il fut initialement lancé pour compenser la baisse de revenus publicitaires de la presse écrite suite à l’émergence de la radio-télévision publi- que. Lors de sa création au début des années 1970, le financement était inté-gralement publique ; par la suite, une grande partie provint de la manne publi- citaire perçue par la radio-télévision et le reste directement du budget de la Communauté française. A partir de 2008, la totalité des sub-ventions fut à nouveau prise en charge par le pouvoir public.

Nous passerons sur la relative opacité qui entoure le « Centre de l’aide à la presse écrite » censé faire respecter les différents prescrits du décret et con trôler l’utilisation qui est faite de ces aides6. Nous passerons aussi sur le rôle incongru de la commission d’agréation composée, pour partie, de représent ants des éditeurs de journaux sup posés émettre des avis

2 Page 298 du rapport des EGMI.3 Voy. sur ce point notre interview du Ministre des médias en FWB, Jean­Claude Marcourt.4 Voy. le Mémorandum 2014 de l’AJP, p. 5. Lien : http://www.ajp.be/wp­content/uploads/2014/07/MEMORANDUM­AJP­2014.pdf.5 Décret du 31 mars 2004 relatif aux aides attribuées à la presse quotidienne écrite francophone et au développement d’initiatives de la presse

quotidienne écrite francophone en milieu scolaire, M.B., 13 mai 2004. 6 D’après nos recherches, le Centre de l’aide à la presse écrite ne dispose d’aucun site web et les divers documents permettant de vérifier que

les éditeurs de presse quotidienne répondent aux conditions du décret ne sont pas accessibles en ligne.

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“Aujourd’hui, force est de constater que les efforts consentis par les pouvoirs publics sont trop souvent concentrés dans les mains des mêmes acteurs.”

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#à la une - analyse

sur la perti nence des demandes émises… par eux7. Il est permis, par ailleurs, de s’interroger sur l’efficacité de telles aides dont l’objec tif est à l’origine d’assurer le développement des entreprises de presse et de maintenir la diversité dans la presse quotidienne d’opinion, étant donné, d’une part, la constante érosion des chiffres de ventes des quotidiens payants et, d’autre part, la concentration de plus en plus forte entre ces entreprises. Michel Gassée,

chercheur au CRISP, relevait déjà en 2005 que « l’aide à la presse écrite a échoué à rencontrer l’objectif essentiel que le législa teur lui avait assigné au début des années 1970 : maintenir le pluralisme de la presse. »8

Comment, enfin, justifier que ces aides ne bénéficient pas également à la presse périodique ? « A vrai dire, on ne saisit pas bien pourquoi les maga zines sont exclus depuis l’origine du système d’aide directe classique, car leur contribution au pluralisme de l’information relève de l’évidence »9 appuie M. Gassée. Il dénonce, en outre, le manque de transparence des critères d’octroi.

A titre de comparaison, en France, dont le système repose sur les mêmes principes, la Ministre de la Culture et de la Communication, Fleur Pellerin, a lancé le 2 juin dernier une réforme des aides publiques à la presse10. Ceci afin de mieux cibler les aides envers les titres participant au plura-lisme du débat public mais aussi ceux œuvrant à la diffusion de la connais-sance et du savoir. Les aides directes seront désormais étendues « aux hebdomadaires, aux mensuels, voire aux trimestriels ».

Alors, dans ces conditions, pourquoi rien ne change ? A l’évidence parce que les principaux bénéficiaires du système considèrent ces subsides comme des avantages acquis. « Leur remise en cause serait regardée par eux comme un casus belli. On n’informe donc guère sur les subven­tions à l’information. Et cette occultation dure tandis qu’aucun gouvernement n’ose briser le tabou »11, s’insurge le journaliste Sébastien Fontenelle (com-mentant ici le système français mais dont l’analyse peut être transposée en FWB).

Le Ministre Marcourt, interrogé sur cette question (lire notre interview en

page...), rappelle que ce système « est le fruit de l’histoire », tout en ouvrant timidement une porte : « Je ne dis pas que ce système est immuable ou intangible » ; pour la refermer aussitôt : « Mais nous savons dans quel contexte budgétaire nous nous trouvons ».

La spécificité des éditeurs PME et de la presse non-commerciale : un géant dans l’ombre

Concrètement, que sont et que représentent ces éditeurs PME et de la presse non-commerciale ? Rien que parmi les membres de l’UPP, on ne compte pas moins de 80 éditeurs francophones éditant plus de 260 titres et dont le tirage total avoisine les 5 mil-lions d’exemplaires par an ; en termes d’emploi, des centaines de collabo-rateurs (ETP et Freelances) travaillent dans ces structures.

Sans doute serait-il nécessaire de procéder à une étude de marché pour quantifier l’impact réel de ces publi-cations sur le marché francophone et les sortir de l’ombre dans laquelle elles semblent tapies depuis trop longtemps. En Flandre, une étude sur cette question a déjà été menée, à l’initiative de Medianetwerk Plus12. Il en ressort que la presse non-commerciale constitue la majeure partie (58%) du marché des périodiques en nombre d’exemplaires13. Pourtant, encore aujourd’hui, cette partie de l’iceberg reste immergée. Il est temps que les pouvoirs publics s’en pré occupent. Il en va du plura-lisme de la presse écrite, et de sa survie.

7 Voy. M. Gassée ; « L’aide directe à la presse en Communauté française (1973­2005) », Courrier hebdomadaire du CRISP, 2005/8, n° 1873, p. 33.8 M. GASSÉE ; op.cit., p. 38.9 Ibidem, p.35.10 « Aides publiques à la presse écrite : les grands axes de réforme », article disponible via le lien suivant :

http://www.vie­publique.fr/actualite/alaune/aides­publiques­presse­ecrite­grands­axes­reforme­20150605.html.11 « Aides à la presse, un scandale qui dure », article de Sébastien Fontenelle paru dans Le Monde diplomatique, novembre 2014.12 E. GOUBIN, « Gigant in de schaduw : een verkenning van de niet­commerciële en waardengedreven periodieke pers in Vlaanderen »,

étude commanditée par Medianetwerk Plus, 2014.13 Ibid., p. 39.

“Il est permis, par ailleurs, de s’interroger sur l’efficacité de telles aides dont l’objec-tif est à l’origine d’assurer le développe-ment des entreprises de presse et de maintenir la diversité dans la presse quotidienne d’opinion.”

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#académie du numérique

Académie du numériqueL’Union des éditeurs de la Presse Périodique (UPP) lance l’Académie du Numérique, un programme de formations destinées aux profes-sionnels de l’édition et de la communication, ainsi qu’à tous les journalistes désireux de maîtriser le journalisme en ligne.

Participer aux formations de l’Académie du Numérique offre de nombreux avantages :• Des journées de formations inter-

actives et en petits groupes• Des formations données par les

meilleurs professionnels du secteur• Partagez et confrontez des expé-

riences et des pratiques profes-sionnelles

• Obtenez des réponses spécifiques pour votre business

• Apprenez à maîtriser des outils numériques

Programme

• Claire Berthélemy

17 septembre 2015 / EjL• Mathias Ervyn

16 octobre 2015 / EjL• Xavier Lambert

6 novembre 2015 / EjL• Nathalie Pignard-Cheynel

18 novembre 2015 / EjL• Pascal Dehenain

9 décembre 2015 / Ihecs• Nicolas Becquet

17 décembre 2015 / EjL www.upp.be

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#à la une - banque de données digitales de la presse

Gopress, la banque de données digitales de la presse belge

Qui écrit quelque chose sur nous/ou sur notre entreprise ? Et qu’est-ce que l’on écrit sur nos concurrents, ou à propos de notre secteur ? Ces questions ont toujours été de « grands classiques », et cela con-tinuera. Le fait de savoir ce que d’autres pensent de vous ou de votre entreprise, ou de rester au courant de ce que font vos concurrents, tout cela vous donne un avantage. (ldp)

Par le passé les entreprises, les organi-sations de tout genre et leurs décision-naires restaient au courant de ce qui se passait au sein de leur domaine d’acti-vité par le biais de revues de presse sur papier ; on y regroupait tous les articles parus dans les journaux et magazines (revues grand public, professionnelles et d’association) après les avoir décou-pés, collés et copiés et ainsi pouvoir les distribuer au sein de l’entreprise.

Mais depuis 2000 là aussi l’automati sa- tion et la digitalisation ont changé fonda- mentalement cette méthode de travail. Et en bien ; la rapidité, les pos sibilités de personnalisation, les fonc tions de recherche apportent quoti diennement un plus à ceux qui les utilisent.

Plusieurs entités sont présentes sur ce créneau en Belgique (« clipping ser-vices ») : Auxipress, Geopress, All Media Monitoring Company, Gopress, Engagor, Euro Argus..., chacune avec leurs propres spécificités. Engagor (du groupe The Reference), par exemple, est spécialisé dans le monitoring des médias sociaux, tandis que Euro Argus se concentre sur le monitoring de la presse internationale.

Gopress

Nous avons été voir Gopress, vraisembla blement le leader sur ce marché au niveau du suivi de la presse

écrite ; et d’ailleurs Gopress est le seul intervenant sur ce marché issu directe-ment du secteur de l’édition. Que fait Gopress ? Comment fonctionnent-t-ils, et quels services peut offrir cette banque de données de presse ?

Gopress est donc une banque de don nées de presse, disponible sur ordinateurs, tablettes et smartphones. Elle fonctionne avec le soutien de Mediargus et de Pressbanking, et ce au profit des éditeurs belges Media-hyis, Editions de l’Avenir, IPM, Mediafin, De Persgroep Publishing, Rossel et Roularta Media Group.

Gopress est unique en ce sens où c’est l’utilisateur lui-même qui parcourt

et utilise la banque de données pour la production et la diffusion de ses revues de presse. Pas moins de 20.000 journa listes, hommes et femmes politi-ques, porte-paroles et autres profes-sionnels de la documentation et de la communication font aujourd’hui appel à Gopress. Et de plus un accès à cette banque de données est

Serge Berger Corporate Account Manager Gopress

screenshot ‘pdf clip’ d'un article

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disponible pour les écoles par le biais de « Kranten in de Klas ». Fonctions

1. Search & Clipping

Grâce à cette fonction de recherche basée sur des mots clés vous pouvez retrouver des articles qui concernent votre entreprise ou vous-même. Il suffit pour cela de rentrer des mots clés sur la page de recherche, de préciser une certaine période dans le temps ou de limiter les sources que vous souhaitez consulter.

Vous pouvez même affiner votre re- cherche par le biais de « Booleaanse operatoren » (un moyen de coordi na - tion entre vos mots clés de recherche : AND (par exemple diables AND rouges), OR (par exemple auto OR voiture), FUZZY (lorsque vous n’êtes pas sûr de l’orthographe de votre mot clé), PHRASE COMPLETE (par exemple ville de Bruxelles). Et par le biais de la fonction FAVORI vous pouvez stocker des mots clés de recherche pour les réutiliser.

2. Alerts

Avec une Alerte vous restez informé des résultats de vos recherches ; quotidiennement vous recevez auto- matiquement une mise à jour des résultats de vos recherches, et vous pouvez vous-même préciser les jours et/ou l’horaire où vous souhaitez les recevoir.

3. Publisher en Read Later

Avec l’aide de la fonction Publisher vous pouvez créer des dossiers théma tiques et y adjoindre les articles que vous souhaitez ; ces dossiers peuvent être téléchargés et imprimés en divers formats. Et grâce à la fonction Read Later, les articles et autres tweets peuvent être stockés pour pouvoir être lus ultérieurement.

4. Kiosk

Au sein de Kiosk vous trouvez un aperçu de toutes les publications consultées et suivies par Gopress.

5. Social Media Sharing

A l’aide de cette fonction vous pouvez partager des articles et des publications sur les médias sociaux (Linkedin, Twitter, Facebook, Google+, mail, sms, permalink), pour que vous puissiez informer vos suiveurs des actualités qui attirent votre attention.

Important à savoir

Gopress fonctionne avec une formule d’abonnement annuel forfai taire ou avec des crédits (pour une utilisation ad hoc). Et Gopress garantit à ses utilisateurs que tous les droits d’auteur

et de reprographies ont été acquittés pour la consultation et l’utilisation de toutes les publications référencées.

On ne peut pas acheter juste un ou quelques articles indépendants via Gopress, simplement des publications complètes. Le fait que l’achat d’une publication complète soit repris dans les chiffres CIM y joue sans nul doute un rôle.

www.gopress.be

screenshot ‘Search & Clipping’

screenshot ‘Kiosque’

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#tendances

Adblock Plus : un droit anti-pub ?

Imagine-t-on un seul instant un monde sans publicité sur Internet ? Paradis des utilisateurs mais enfer pour les éditeurs de contenu … « Adblock Plus », un logiciel développé par la société alle-mande Eyeo, en a fait une réalité : par un simple téléchargement, l’internaute peut empêcher l’apparition de toute publicité intrusive sur son navigateur web. 250 millions de téléchargements auraient déjà été effectués depuis la création d’Adblock Plus en 2006.

En Allemagne, deux éditeurs de presse (Handelsblatt et Die Zeit) ont décidé d’attaquer le logiciel en justice. Mal leur en a pris, les juges ont décrété que les internautes étaient parfaitement en droit d’utiliser pareil logiciel, ceux-ci étant libres d’afficher ou de bloquer ce qui apparaît sur leur écran.

Le coup est dur pour les éditeurs pour qui ces systèmes de blocage de publi-cités menacent en effet radicalement leur modèle économique. Les éditeurs de contenu reprochent principalement à Adblock Plus de créer une distorsion de

concurrence en les privant de leur princi-pal moyen de revenu et, par conséquent, d’entraver la liberté de la presse.

Un précédent en Europe ?

Ce jugement va-t-il constituer un précédent au niveau européen ? C’est la crainte des éditeurs. Pas question toutefois – pour l’instant – de répliquer au niveau judiciaire, affirme-t-on du côté des éditeurs belges qui jugent le terrain miné. La riposte devrait plutôt venir en deux temps : d’abord, une sensibilisation des internautes en leur faisant prendre conscience qu’en utilisant de tels logi-ciels, ils empêchent le financement de sites gratuits d’information ; ensuite en les menaçant de leur priver l’accès aux sites s’ils ne désactivent pas le logiciel.

Adblock Plus semble d’ailleurs avoir compris l’importance de ne pas aller trop loin dans cette bataille. C’est pourquoi, la firme allemande a mis au point une liste blanche répertoriant certains « annon-ceurs autorisés » selon des critères bien précis : les publicités ne doivent pas être

« gênantes », ne pas « déformer », ni « désordonner » le contenu de la page, ne pas prétendre être autre chose que de la publicité. « L’idée est de proposer un compromis aux utilisateurs et aux pu­blicitaires », plaide Till Faida, cofondateur d’Adblock Plus. Problème : en contre-partie, Adblock Plus procéderait à une forme de racket en réclamant de l’argent aux éditeurs de sites web.

L’émergence de ces systèmes anti-pub révèle en tout cas la difficulté des édi-teurs à trouver des modèles rentables de diffusion de l’information sur Internet tout en préservant les libertés fondamentales des utilisateurs.

www.adblockplus.org

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#épinglé

Le saviez-vous ?

✔ Les magazines et sites web de Think Media Magazines (éditeur, entre autres,

Motos & Loisirs, Ambiance Culinaire,

P-Magazine, Menzo, Clint.be) sont à

vendre. Selon la loi sur la continuité des

entre prises, un mandataire judiciaire est

chargé de trouver un repreneur.

✔ Le site flamand Newsmonkey va lancer

une version francophone. Dans un premier

temps, Newsmonkey publiera quelques

articles en français pour une phase de

test. L’évaluation aura lieu en septembre.

✔ Ca ne chôme pas chez DECOM. Après

la reprise mi-mai de la régie de Grappa

Magazine, le magazine lifestyle de KBC,

DECOM a remporté une compétition

visant à remodeler Happy Life, le maga-

zine clients de Suzuki.

✔ PUB is back. Le magazine B to B en

marke ting, communication, publicité

et média est de retour via la société

“The New Pub”. 66 % des parts de cette

nouvelle société sont aux mains de

Nethys. Media Marketing est aussi

présent sur ce marché.

✔ Autovlan.be reprend Autotrack.be à

partir du 1er juillet 2015. Autovlan.be

est la propriété de Rossel et de Roularta.

Autotrack.be était la version belge de

Autotrack.nl.

✔ Federauto a fêté ses 20 ans d’existence.

Federauto, la confédération belge du

commerce et de la réparation automo-

biles et des secteurs connexes a choisi

un nouveau nom et nouvelle identité

graphi que. Federauto s’appelle mainte-

nant Traxio. Par conséquent Federauto Magazine devient Traxio Magazine.

✔ Les Business to Business Press Awards

englobent désormais l’ensemble de la

communication B2B. L’appellation évolue

donc logiquement en Business to Business Press & Communication Awards.

La lecture de… Emmanuel RobertBECI (Brussels Enterprises Commerce and Industry) représente des milliers d'entreprises bruxelloises et soutient leurs intérêts. Toutes ces entreprises sont informées et leurs points de vue sont entendus à travers les magazines économiques mensuels ‘Brussel Metropool’ et ‘Bruxelles Metropole’. C'est une activité à temps plein du rédacteur en chef des magazines et du coordinateur Media de BECI, Emmanuel Robert. Mais que lit Emmanuel Robert lui-même? (ldp)

Quel type de lecteur êtes-vous ?

Je dirais que, sans être boulimique, je suis un lecteur assidu. Je crois que je pourrais me passer de beaucoup de choses, mais pas de lecture. Je commence ma journée par le journal auquel je suis abonné – si je ne l’ai pas reçu, c’est un drame – et je la ter-mine rarement sans feuilleter un livre. J’adore traîner dans les librairies, chez les bouquinistes ou à la bibliothèque. Et j’aime beaucoup recevoir des livres. Que lisez-vous ?

Un peu de tout, des romans en tous genres, des nouvelles, des essais politiques, des récits de voyage, de la bande dessinée… Et quand je rencontre un auteur qui me plaît, j’ai tendance à vouloir lire tout ce qu’il a écrit ; ça m’est arrivé avec José Saramago, par exemple. Je me laisse emporter par son écriture toute en méandres, en détours inattendus. Je ne sais jamais où il va m’emmener. Mais, si j’ai une prédilection, c’est pour les livres d’histoire, des plus sérieux jusqu’aux romans historiques. Récem-ment, je me suis intéressé aux romans uchroniques – qui racontent une his-toire virtuelle, parallèle à la nôtre, telle qu’elle aurait pu être si le sort en avait décidé autrement. Par exemple, que se serait-il passé si Louis XIV avait été victime d’un accident de chasse le 13 juillet 1789 ? Bonaparte serait peut-être resté lieutenant. L’idée donne le vertige, non ?  Quel est votre périodique favori et

pourquoi ?

Je pourrais répondre Trends-Tendances, que je lis régulièrement, ainsi que les magazines de mes confrères des

chambres de commerce. Mais pour être honnête, c’est surtout Spirou. Parce que j’adore la BD, que Spirou offre un éventail de différents genres, pour différents âges, et me fait parfois découvrir des auteurs que je ne con-naissais pas. Ce sont mes enfants qui sont abonnés, bien sûr, mais il m’arrive souvent de le lire avant eux !  Lisez-vous sur support numérique ?

Très peu ; je n’ai d’ailleurs pas de tablette ni de liseuse. C’est peut-être une question d’âge ou de parcours personnel : je viens du secteur graphi-que ; mon grand-père était imprimeur. Je reste très attaché au papier ; j’aime son rendu, son toucher et même son odeur… Mais les médias électroniques ont des ressources formidables. Quand je trouve quelque chose d’intéressant, je peux surfer longtemps et sauter d’un article à l’autre. 

Emmanuel RobertMedia Coordinatorwww.beci.be

Adblock Plus : un droit anti-pub ?

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