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1 3 Le défroqué Plan : 1) Prologue 2) Parfum de philosophie maçonnique 3) Origines, histoire 4) Documentation 5) Liberté Egalité Fraternité 6) L’apprenti 7) Le compagnon 8) Le maître 9) Les hauts-grades 10) Foi Espérance et Charité 11) Vie maçonnique 12) L’engagement dans une fausse liberté 13) Le vocabulaire à revoir 14) Pour une Franc-maçonnerie moderne

Le défroqué · PDF fileLa seule Franc-maçonnerie qui m’intéresse est la cinquième. Les ... Ca c’est la tarte à la crème favorite des ensoutanés. ... l’histoire et l’action

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Le défroqué Plan :

1) Prologue 2) Parfum de philosophie maçonnique 3) Origines, histoire 4) Documentation 5) Liberté Egalité Fraternité 6) L’apprenti 7) Le compagnon 8) Le maître 9) Les hauts-grades 10) Foi Espérance et Charité 11) Vie maçonnique 12) L’engagement dans une fausse liberté 13) Le vocabulaire à revoir 14) Pour une Franc-maçonnerie moderne

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Prologue

Une bonne petite claque pour commencer : Ce n’est pas parce que des gens intelligents croient à des sottises que cela rend la sottise moins sotte. Jean Rostand.

Il y a une première franc-maçonnerie. Celle des travailleurs, des

constructeurs. Celle des maçons opératifs. Il y a une deuxième Franc-maçonnerie. Celle des travailleurs animés

par la philosophie de leur métier, comme dans le Compagnonnage. Il y a une troisième Franc-maçonnerie. Celle des bourgeois et des

nobles qui s’encanaillent dans le métier des Templiers, militaires et constructeurs, mais juste pour faire semblant, sur le mode du symbole.

Il y a une quatrième Franc-maçonnerie. Celle des Jésuites en mal d’église. Ils vont infléchir le symbolisme maçonnique dans leur sens. Ils phagocytent : ils investissent et détruisent le bon sens. C’est la Franc-maçonnerie des Hauts Grades qui est mise sur les rangs en 1738, avec la légende d’Hiram et qui commence dès le grade de Maître.

De mon point de vue, il y a une cinquième Franc-maçonnerie. Mais je pourrais aussi bien lui donner la première place. Celle des Apprentis et des Compagnons. Celle qui travaille au progrès de l’Humanité. On peut discuter de la notion de progrès chère à Condorcet. L’accumulation des connaissances est-elle un progrès ? Franc-maçon défroqué en réaction à l’insolente domination des hauts gradés, l’idée d’une maçonnerie moderne ne me quitte pas. Je n’ai vraiment pas la prétention d’être super original par ma position, et je connais bon nombre de Maçons qui rechignent à la vue des sautoirs dorés des Frères des Hauts Grades. Mon seul but est de nous compter !

Il y a aussi les Franc-maçonneries des Rites cinglés de la magie, du mesmérisme (Mesmer Page 1217 Pt.Robert 2) et des autres productions oiseuses d’idéalisme allemand des Rose-Croix (Société secrète d’illuminés. Pt.Robert 2 page 1588) et autres Invisibles de George Sand. (Lire le second volume de Consuelo. Rudolstadt. Un poème ! Très long…) Laissons-les s’agiter, c’est grâce à eux que « le coche arrive au haut… »

Premier « écrémage » de la société : on entre en Maçonnerie par le grade d’Apprenti. La plupart des Maçons sont initiés jusqu’au grade de Maître. Ce sont les Maçons des loges bleues. Les Hauts Grades écrèment la crème. Autant vous dire que la plupart de ces super-crèmes ne se mouchent pas du coude. J.P.Gaillard voit en eux des Frères qui sacrifient aux titres, au smoking et ça devient un Rotary. Je le répéterai. Il est communément admis d’appeler les employés du Club Med les G.O. (les Gentils Organisateurs). J’appellerai H.G.

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les membres des Hauts Grades, pour éviter les répétitions fastidieuses, pour plus de commodité.

Les H.G. ont obligation d’être membre d’une loge bleue. Donc ils payent leurs cotisations, on dit capitations, chez les bleus et dans les H.G.

La seule Franc-maçonnerie qui m’intéresse est la cinquième. Les autres, toutes les autres, sont invisibles mais présentes dès le grade d’Apprenti. Tous les Maçons sont cavaliers des loges bleues, mais ce sont les H.G. qui tiennent les rênes.

Comme il n’existe plus de Franc-maçonnerie à deux grades, il reste à

la recréer. Je le répéterai. D’ailleurs je me répéterai souvent. Peut être est-ce une déformation professionnelle. On rabâche dans l’enseignement. Et puis j’aime ça.

Et puis il y a quelques clous qui méritent d’être copieusement frappés, pour que ça rentre. Mais je sais que je n’égalerai jamais dans ce sport de la redite, les professionnels du goupillon avec leurs pieuses litanies.

Je profite aussi de ce prologue pour bien situer le fond de mon propos. J’invite à rire. Il le faut. C’est une question de santé physique et mentale.

Alors une Franc-maçonnerie à deux grades avec les Apprentis et les Compagnons pour travailler au progrès de l’Humanité, sans nous prendre exagérément au sérieux, dans la bonne humeur, pour konséclate.

Encore un détail : je suis furieusement pour la liberté de penser, soyez croyant ou athée, c’est votre affaire. Mais tout aussi furieusement je refuse qu’au nom d’une vague tradition les H.G. m’imposent leurs croyances, leur philosophie platonicienne et cela d’une façon hypocrite par leur main mise sur les ateliers bleus, en imposant des rituels d’un autre âge. Un trentième m’a dit que je suis un athée borné dogmatique. Les mots ne veulent plus rien dire ? Je suis capable de « smasher » sa baballe : je ne veux pas être pris en otage par sa religion. (On accuse facilement les grévistes de prendre en otage les usagers des transports et la gente politicarde de reprendre l’abus de langage… abusons.)

Cette manière de ne pas penser, la croyance, est insidieuse. On la trouve même chez ceux qui s’en déclarent les plus hostiles. Dans La Raison, mensuel de la Libre Pensée, septembre 2007, sous la plume de Christian Eyschen, page 21, je cite : « Nous sommes en total désaccord avec Michel Onfray . Il ne suffit pas de se proclamer athée pour que cela entraine une adhésion de la Libre Pensée. M.Michel Onfray n’est pas partisan de la défense de l’Ecole laïque, n’est pas un partisan de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat, n’est pas un partisan de la Libre Pensée. Sa position est simple ; l’athéisme doit être considéré comme la 5ème religion. Il est pour un Etat athée, il est pour un athéisme d’Etat ; il est pour un enseignement de l’athéisme. » Et quelques lignes plus bas il crache gluant : « La gloire médiatique l’amène d’ailleurs à rencontrer de drôles de gens !! »

Je n’ai aucune gloire médiatique ou autre et n’ai aucune envie de rencontrer ce drôle de Eyschen.

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Analysons tout de même. J’ai souligné Nous . Ou bien il parle au nom de tous les Libres Penseurs et cela me semble tout à fait faux ou il parle de lui à la première personne du pluriel et ça se soigne. Michel Onfray est assez grand pour se défendre tout seul. Mais je prends le droit de défendre mes idées. Ce grand philosophe n’est pas propriétaire des mots que j’ai l’habitude d’employer. La défense de l’école Laïque, vous aurez remarqué que j’inverse les majuscules. J’y ai travaillé pendant 38 ans. Je peux vous dire qu’aujourd’hui le principe est évidemment défendable, mais ce qu’elle est dans la pratique est très attaquable. Je ne développe pas mais ce n’est pas l’envie qui me manque. La 5ème religion. Ca c’est la tarte à la crème favorite des ensoutanés. Un 30e des H.G. m’a sorti la même pâtisserie. Je le répéterai sur tous les tons. Je récuse cette mauvaise mathématique : « Valeur absolue de croire ou de ne pas croire = croire tout de même » L’athéisme n’est pas une croyance c’est une philosophie. Je ne me laisserai pas prendre en otage par les tordus des dogmes. Abusons des mots, abusons, abusons. Mais que l’athéisme fasse peur, je le conçois, à ceux qui voient leur terrain se rétrécir au fil des ans. Athéisme d’Etat ! Autre prodigieux soufflé à la liqueur sainte. Ca fait un bout de temps qu’on vous le dit : la République Française est un Etat laïque. L’Etat n’a pas de religion. L’Etat est sans dieu, bien évidemment. Si l’Etat avait un Dieu, il ne serait plus laïque. Bien sûr je crains comme tout le monde que l’Etat abuse de son pouvoir en imposant soit une religion, soit une interdiction de croire. L’exemple désastreux du « crapulisme » de l’URSS me fait froid dans le dos, inefficace d’ailleurs puisque dès que le rideau de fer est tombé, les ensoutanés ont refait surface illico prestissimo. Voilà mon Eyschen tout honteux d’être athée. Mais ce n’est pas une maladie, bien au contraire, c’est être sain d’esprit. L’enseignement de l’athéisme. Christian Eyschen préfère-t-il l’enseignement des religions ? Michel Onfray dénonce dans ses conférences (3e trimestre de 2007) le cousinisme de l’enseignement de la philosophie, le matraquage de l’Idéalisme platonicien, le kantisme, qui aboutissent à Dieu et l’Etat. « Une bonne chose pour transformer les jeunes en adultes privés de volonté. On forme alors des êtres qui acceptent tout statu quo – une bonne chose pour une société qui a besoin de mornes bureaucrates, de boutiquiers et d’habitués des tr ains de banlieue – une société qui, pour tout dire, repose sur les épaules rabougries du pauvre petit conformiste apeuré. » Vous aurez reconnu Libres Enfants de Summerhill de A.S.Neil. L’école d’Etat ne doit pas enseigner les religions. Elle a le devoir d’enseigner la philosophie débarrassée du cousinisme, ouverte aux plus grandes pensées de tous les temps et de toutes les écoles, donc aussi au matérialisme athée de la Grèce antique autant qu’à celui du siècle des lumières. L’ athéisme ne vient pas à l’esprit comme l’esprit, dit-on, vient aux jeunes filles. L’athéisme mérite évidemment d’être enseigné. Enseigner, ce n’est pas imposer des idées, c’est donner aux jeunes suffisamment d’informations pour qu’ils puissent bâtir leurs propres opinions. Monsieur Eyschen, Zéro sur vingt à votre copie.

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Vous pouvez vous étonner qu’à propos de la Maçonnerie, je parle de la Libre Pensée. Mais c’est que tout est lié. Vous trouverez à la Libre Pensée des gens qui professent un trotskisme pourtant vieillot. On sait aujourd’hui combien sanguinaire a été Trotski, merci Messieurs d’annoncer la couleur. En matière de « croyance » les trotskistes font bon poids. Et vous y trouverez tout autant des Francs-maçons que j’invite à réfléchir à leur appartenance à des obédiences dominées par les H.G.

Les religions, les sectes, les partis politiques, les H.G. sont le plus souvent des occasions de ne pas penser librement.

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Parfum de philosophie maçonnique

Je répète : Ce n’est pas parce que des gens intelligents croient à des sottises que cela rend la sottise moins sotte. Jean Rostand.

Il y a une philosophie qui sous tend la création, l’histoire et l’action de la Franc-maçonnerie. Comme pour toute association loi de 1901, on peut se demander quels sont ses buts réels, quels sont ses moyens d’action, quel outil philosophique est mis à la disposition des membres ? Pour répondre il faut enquêter du coté des auteurs qui ont décrit les rites, les lieux de réunion et les usages qu’ils en font.

Le plus important symbole immédiatement mis en avant est la Lumière. La Cérémonie d’initiation d’un profane se termine par la transmission de la Lumière. Une lumière qui vient d’en haut naturellement, qui éblouit comme le soleil. Donc une verticalité. Ce qui est bas est moins bon que ce qui est haut. Une hiérarchie des valeurs et des grades. Cette Lumière magnifiée apporte tout le bien que les hommes attendent. Ils oublient tout le mal qu’elle inflige. (Malgré tous les avertissements prodigués par la médecine, la cohorte des juilletistes et des aoûtiens fonce dans le midi pour foncer sur les plages au risque des cancers de la peau.)

En haut, c’est plein de vide. Méfions-nous de tous ceux qui veulent « élever » le débat. Ca finit fumeux. La bonne longueur pour les jambes, c’est quand les pieds touchent bien par terre. Coluche avait plus de philosophie que tous les professionnels du grigri. Il y a toujours eu opposition entre les tenants de l’idéalisme et ceux du matérialisme. La dernière fois que j’ai parlé de ces deux « ismes », c’était sur l’isthme de Taravao à Tahiti. Je présentai une planchette sur la philosophie maçonnique à des maçons. J’ai dû préciser que le mot « idéalisme », ici, n’est pas l’opposé de « réalisme » du langage courant. C’est un système philosophique qui « élève » la pensée à la seule réalité. Les choses ne sont que d’esprit. On appelle cela l’idéalisme platonicien. En gros, c’est le mythe de la caverne. Les hommes sont enfermés le nez au mur. Ils ne voient du monde extérieur que les ombres projetées sur la paroi. Deux mille pages de Platon ont traversé, intactes, deux mille ans de l’Histoire dans le giron de l’Eglise, au chaud. Les livres de Démocrite, contemporain haï de Platon, ont disparu. Par ce que la philosophie de Démocrite est matérialiste, rien n’existe en dehors de la matière ; il est athée. On a vite fait disparaître ses statues élevée en son honneur au coin des rues. Depuis deux mille ans, la « lumière » des croyants aveugle les hommes « d’en bas ». Les soutanes « d’en haut » flottent dans un monde virtuel mais plein de dorures insolentes. Le bon usage de la lumière c’est une minuscule « 20 leds » au dessus de mon établi, pour sculpter mes violons. Aucune « idée » ne peut se passer de la confirmation de l’expérimentation.

Le deuxième symbole, c’est Hiram. (Bible. Vol.1 Ed.Pléiade 1053-54) L’Architecte du Temple de Salomon. Sa légende bien sûr. Donc Hiram est la

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référence, la perfection, celui dont on a perdu la Parole que les Maçons s’efforcent de retrouver. Et cette Parole, évidemment, c’est Dieu. Vous l’habillez avec des noms différents, Idées, Contemplation, Grand Architecte. C’est toujours Dieu. C’est l’Idéal, l’Indicible. La légende d’Hiram est parallèle à celle du petit Jésus.

La philosophie des H.G. est donc de tendre vers cette perfection. C’est la Transcendance. Et tout découle de cette verticalité. C’est

encore une fois le message de Platon et des religions du Livre, baptisé Grand Architecte de l’Univers, Symbolisme, Lumière.

Un autre platonisme en maçonnerie est à voir dans le secret. L’Académie de Platon pratiquait deux enseignements. L’exotérique donné en public, une sorte de vulgarisation. L’ésotérique était réservé aux disciples. C’était la même chose chez Pythagore. Et la Franc-maçonnerie travaille toujours sur ces deux plans. Des conférences publiques ou à la radio, l’exotérisme. L’ésotérisme dans les loges. Comme s’il y avait matière à cette ségrégation. Le rôle magique donné à l’Initiation s’il ne tient pas de l’infantilisme reste un enfantillage. Comme si cette cérémonie pouvait produire une illumination. En fait elle n’éblouit que les yeux. (cf. chapitre 6)

L’ Immanence met tout à l’horizontal. La seule réalité, c’est le réel.

L’Immanence voit des causalités dans ce monde pas dans le Paradis. La Transcendance n’est pas une morale : ne jugez pas, seul Dieu

jugera. L’Immanence est une morale : Si chacun fait ce qu’il veut c’est la

pagaille. Donc faisons un contrat. Et celui qui ne le respecte pas est puni, ici maintenant, pas dans un hypothétique demain au ciel.

Il y a donc deux affirmations contradictoires : un maçon libre, dans une loge libre, mais pour tendre vers une philosophie dont l’Idéalisme est démontré.

Idéalisme opposé au Matérialisme. Planer dans le Spiritualisme ou se débrouiller avec le Réel même si la perception du Réel n’est pas une mince affaire.

Je répète : la philosophie scolaire des français depuis le 19e siècle est de formater les esprits dans le sens d’une « Histoire de la philosophie » concoctée par Victor Cousin pour justifier le christianisme et l’Etat fort : Platon et Kant.(Michel Onfray Conférences de Caen 2007) Les maçons d’aujourd’hui ont été formés dans la resucée de ces deux auteurs. Et comme les Idées priment sur le Réel, la biographie des auteurs est ignorée comme si la pensée pouvait émaner d’une spiritualité sans corps sans histoire sans éducation sans formatage neuronal.

Toute l’ascension illusoire dans les grades maçonniques ne permet au maçon que de patauger dans une philosophie qui obéit au cousinisme du 19e siècle. Dieu et l’Etat.

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Que peut signifier « élever sa pensée » ? Plus on s’élève, plus on s’éloigne de la réalité. C’est la chute ascensionnelle de Raymond Devos. En s’éloignant du bon sens, on s’éloigne des sens. Redescendons sur terre. La langue française est cousue de verticalité en référence à la philosophie des puissances d’en haut sur la France d’en bas.

En résumé, la philosophie des H.G. toute illuminée dans ses dorures, n’a pas grand-chose à voir avec la maçonnerie qui est une philosophie des « outils ». Le but des H.G. est de devenir « saints immortels ». Ne riez pas. J’explique plus loin. C’est noir sur blanc dans leurs grimoires.

On peut se demander pourquoi les jeunes maçons d’aujourd’hui comme la plupart des jeunes en France, n’ont pas le virus anti-calotin. Ils estiment que c’est une attitude dépassée. En fait, éduqués à l’abri des influences religieuses et n’ayant pas subit les méfaits des cléricaux ( ils devraient lire la Vie d’Evariste Gallois) ils oublient leur devoir de mémoire. Nous qui ne l’avons pas oublié, nous savons qu’à la première occasion les églises sont capable de nuire. Ce n’est pas si loin Vichy. Nous nous souvenons que les curés paradaient dans les écoles d’Etat sous Pétain. Et leur pape n’a de cesse de réclamer la mention « Europe chrétienne » dans la future constitution. Les acquis, qu’ils soient sociaux ou culturels, sont toujours des cibles à détruire par le sabre au service du goupillon et de la banque.

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Origines Histoire CE N’EST PAS PARCE QUE DES GENS INTELLIGENTS CROIENT A DES SOTTISES QUE CELA REND LA SOTTISE MOINS SOTTE. JEAN ROSTAND.

Plus c’est vieux, plus c’est mieux, scrongneugneu ! Il est constant chez les Maçons de se faire remonter les origines au plus profond de l’Antiquité égyptienne, dans tous les mythes ancestraux grecs. Platon est un sujet toujours retravaillé. La kabbale est resucée comme un sucre d’orge, avec délectation. La légende d’Hiram (la Bible. Pléiade vol.I Rois VII-13-21… pages 1053-54-55… Les noms des colonnes des temples maçonniques, à droite Yâkîn, à gauche Boaz. Les Francs-Maçons travaillent dans le temple de Salomon…(verset 21) Et le fils de David n’avait pas fait construire ce temple pour y faire cuire des saucisses. Un temple abrite les prières qui ont besoin des ors et de toutes les sauces pour se hisser jusqu’au ciel, vers la Lumière. Les mots ont un sens, parfois plusieurs ; ils ont un poids. Voir chapitre 13 plus bas.

Donc il faut remonter toujours plus loin dans le passé, comme pour donner des bases solides à nos constructions architecturales ou intellectuelles. Les cathédrales ont toutes pour fondations des églises elles mêmes bâties sur des lieux de cultes plus anciens. Voir l’empilement du Mont Saint Michel. Les musiciens s’appuient toujours sur leurs prédécesseurs. On compte des centaines de Messes du Pape Marcel, composées sur un même thème. Peut être les difficultés de la musique contemporaine, complètement coupée du grand publique, sont à rechercher du coté des bases… Elle parle une langue extra terrestre. La vogue de la généalogie populaire alors qu’aujourd’hui nous savons que tous les humains sont parents (lire André Langaney « Tous Parents Tous Différents. Muséum National d’Histoire Naturelle 1995) nous montre à quel point les gens recherchent l’assurance « d’être », ont besoin de « racines », ces béquilles pour personnes sans personnalité enchaînées aux mythes. Et beaucoup de maçons se disent « libres-penseurs »…

Il faut noter aussi la tendance à s’accrocher aux basques des gens qui nous précèdent. On critique mais on singe. Les premiers congés payés se précipitent comme l’ont toujours fait les rupins, au soleil des plages du midi. Quand les noirs d’Amérique sortent de l’esclavage, ils singent les blancs : c’est le défilé en fanfare en tapant sur n’importe quoi pour faire du bruit et accessoirement on tape sur un tambour comme on a vu faire par les blancs, on souffle dans un clairon en se dandinant sur les airs cassés maltraités des pas cadencés des blancs. Les orchestres des premiers noirs libérés reprennent les mêmes airs. Le Jazz nait de ce mimétisme. (Le mot « jazz » vient de l’argot américain. Il signifie « prendre son pied, jouir ». Il fut employé pour désigner la musique des noirs américains en 1917 par un chef d’orchestre blanc : King Oliver.)

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Les Francs- maçons des hauts grades ont copié la morale des sectes judéo chrétienne avec toute la sauce de leurs rites, de leurs bibelots, de leurs oripeaux usés jusqu’à la trame (de faux or).

Philosopher dans les garde-fous d’une ancienneté affirmée contrôlée estampillée au mépris de l’évolution des sciences et des idées, cela semble possible pour ces Maçons là. Ils s’accrochent à la légende d’Hiram comme s’agrippent les curés aux gargouillent de nos Gothiques. Il faudrait organiser des visites obligatoires au viaduc de Millau comme il faut revisiter toute l’histoire de la philosophie. La lumière de Platon les aveugle. Ils ne voient que des ombres. Eh bien, qu’ils changent de lumignon, ils verront les merveilles de la Terre… Ils verront autre chose que leurs idées idéales, sans corps, sans matière, sans base, sans odeur, sans saveur. Peut être est ce là l’explication de tous ces Maçons enfantins rencontrés dans tous les ateliers à la recherche d’honneurs, atteints de « cordonnite » Je nous dis ; « Ouvrons les yeux sur nos comportements infantiles. »

J’ai conscience que ce que je dis là ne s’adresse pas à tous mes frères. Ils sont Maçons des loges bleues. Ils se sont arrêtés au grade de Maître et n’ont aucune vue sur les hauts grades. Ils sentent bien que le vocabulaire s’accroche au religieux comme au foot les joueurs se « marquent à la culotte ». Le temple, le rite, le vénérable. Bon. Allez. Ils font avec…

En grande majorité les Frères ne viennent aux tenues que parce qu’ils ont le plaisir de croiser des gens intéressants quand ils ont la chance de participer à un Atelier de qualité. Ils ne s’occupent pas trop du dessous des cartes. Pourtant, à jouer à la belote, ou au tarot, on finit toujours par avaler les arcanes d’une vulgaire alchimie de Tarot de Marseille. Toujours le poids des mots…

Quand donc et où naît la FM ? En Angleterre au 17e siècle. Des maçons se réunissent deux fois l’an pour faire un gueuleton. Se joindront à eux des gens profanes à la profession. Fin 17e, à Londres se réunissent des Francs Maçons, plus seulement « opératifs » mais « spéculatifs ». Ces gens ne spéculent pas sur l’argent (encore que…) mais sur les idées. Les grades vont apparaître, tout chauds fourbis par des chrétiens en rupture d’église. Ils en créent une autre. Ils ressortent la légende d’Hiram et en font la tambouille que vous pouvez lire dans la littérature en vente un peu partout en provenance de EDIMAF, rue Cadet, Paris.

Les H.G. se sont bâti une filiation en commençant par s’enorgueillir de la renommée de frères anciens. Les mêmes noms reviennent systématiquement, Mozart, Abd El Kader, Littré… On évite ceux qui font honte, la Loge P2, Crozemari, Mollet…

Puis ils ont embauché les Compagnons du tour de France, les bâtisseurs de cathédrales, les Templiers. Le haut Moyen Age ne les a pas inspirés ; mais l’antiquité bien sûr.

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Depuis plusieurs années, des historiens Francs Maçons ont planché sur la question. Leurs ouvrages sont chez Edimaf, rue Cadet à Paris. Toute la belle filiation n’a rien d’historique. Il en est de leur parenté comme de l’existence historique de Jésus : de l’invention. Plusieurs fois j’ai présenté une planche sur les idées de Georges Las Vergnas, du G…O…, prêtre défroqué : « Jésus Christ a-t-il existé ? » Ca a fait flop ! Un chien dans un jeu de quilles. Je suis un chien d’athée irrécupérable. Il a fallu trois siècles de lutte contre le pouvoir de l’Eglise pour obtenir une laïcité qui lui rabatte son caquet romain. Il en faudra encore trois pour libérer les esprits de la magie ambiante. L’esprit scientifique n’est pas encore une culture de masse !... Nous ne sommes pas encore sortis du Moyen Age. Les temps modernes viendront quand le racisme anti-féminin aura disparu, que la religiosité sera un infantilisme dépassé, quand les humains accepteront l’âge adulte. En la matière, les Francs Maçons ont du pain sur la planche…

Pourtant beaucoup de Francs Maçons montrent un bel esprit libre. Combien de fois j’ai entendu en fin de Tenue des acclamations comme « A bas la calotte » (Fréquente en Belgique), « Vive l’anarchie » pour conclure le traditionnel « Liberté Egalité Fraternité » Dans les Loges Bleues (Trois premiers grades.) Une explication est possible. Je la propose dans le chapitre 12.

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Documentation

Au cas où mon respectable lecteur ne le saurait pas encore : Ce n’est pas parce que des gens intelligents croient à des sottises que cela rend la

sottise moins sotte. Jean Rostand

Dans la plupart des bonnes librairies vous verrez un rayon étiqueté « religions ». Vous y trouverez les plus connus des ouvrages traitant de la Franc-maçonnerie. Avec les religions. Pas avec la philosophie. Les commerçants savent bien classer leur camelote !

Les ouvrages signés Oswald Wirth sont les plus courants. Je me penche sur les Jean-Pierre Bayard, docteur ès Lettres Maçonologie de l’Université de Haute-Bretagne, (Je n’ai qu’un doctorat ès Lettres Dodologie de la Faculté des Alouates de Basse Guyane ); vous trouverez à la fin de son pavé « Les Loges bleues », 500 pages, une bibliographie sommaire… alignant 165 auteurs, plus de 500 ouvrages. Je pioche, Tatiana Bakounine, Jules Boucher, Jacques Chaillet pour sa Flûte Enchantée, Jean Chevalier pour son inénarrable Dictionnaire des Symboles, Mariel clame « Les Authentiques Fils de la Lumière » ( Les pas authentiques, sortez du rang.), Paul Naudon sur ses « Origines religieuses et corporatives de la F…M… » cèluikildi !!!

Mais c’est avec « Les Hauts Grades » de J.P.Bayard que je vous invite à lire de l’époustouflant, du sublime dans l’ordre de l’ésotérisme. J’ai dit plus haut ce que je pense de l’eso et de l’exotérisme et de son rapport au platonisme. Encore 500 pages d’affirmations gratuites, d’erreurs historiques. Il fait chanter la tradition comme certains font chanter l’étymologie. Nous avons vu précédemment comment l’Histoire est inventée sans vergogne. Les historiens du G…O… eux-mêmes démentent tout ce fatras d’affabulations. Vous entrez là dans la légende d’Hiram, personnage de la Bible, et les jésuites en mal de propagande, ayant investi les rangs des Frères Maçons, se sont déversés sur l’Architecte en glosant sur les symboles qu’ils y voyaient. Ceci en contradiction avec les affirmations dans les loges Bleues (Apprenti Compagnon Maître) où l’on enseigne la libre interprétation des symboles. C’est un leurre. A commencer par les rites d’initiation pendant les quels, des « sens » sont donnés aux symboles par les bouches du Vénérable en chaire et de ses assesseurs Et les maçons d’aujourd’hui continuent de courir à la recherche de la Parole Perdue, du nom secret de Dieu et c’est croustillant. Je vous en livre une tartine :

Page 144 : « Le Kadosch (mot hébreu qui, d’après les rituels, signifie saint ou élu), est un des grades fondamentaux de l’écossisme. Le R.E.A.A. le considère comme le nec plus ultra de la maçonnerie… » C’est même le grade le plus élevé. Et il y a des gens que ça ne dérange pas de se prétendre Maître Saint !!! Alban, Raymond, Jean, vous êtes Saints ? Bordeldesaintnomdedieu, vous déconnez grave. Bon alors la vraie traduction de Kadosch doit être « enfoiré »…

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Page 154 : « Le grade de Kadosch ne comporte pas de tablier et le rituel ajoute : A quoi pourrait servir un tablier, puisque vous avez maintenant achevé le travail qui doit s’accomplir à l’intérieur du Temple. Le cordon que vous portez de gauche à droite, indique que votre raison et votre cœur vont désormais commander votre main ; il soutient comme bijou un poignard, symbole d’action et de combat. La couleur noire de ce cordon vous rappellera que l’homme qui se régénère, c’est-a-dire qui se spiritualise, dépouille, pour ainsi dire, l’homme de chair et franchit les portes de la mort pour entrer dans le cycle de la vie éternelle ». Avez-vous bien lu ? Alban, Raymond, Jean, vous êtes entrés dans le cycle de la vie Eternelle ? Madouéééé !!! Ils m’objecteront que c’est du symbole. Où l’on constate que ce genre de symbolisme est l’EPO de ces saints cyclistes !... Je ne suis pas Maçon pour cautionner ces élucubrations d’un autre temps.

Notre noble J.P.Bayard avoue d’un air Kadosch nitouche Page 164 : « …Le Franc-maçon qui appartient au 30e degré est rarement « réalisé » ; plus sûrement est-il sur le chemin de l’éveil ; en ce sens la Franc-maçonnerie n’est qu’une parodie de l’Ordre initiatique « véritable » car trop souvent elle sacrifie aux titres, au smoking, et ça devient un Rotary… » J’ai peur d’imaginer ce que serait un « Ordre initiatique véritable ». Mais dans la pratique bourgeoise du 19e siècle, sous l’influence des paradis artificiels… Aujourd’hui on dit « fumer la moquette »…

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Liberté Egalité Fraternité

Rien ne sert de courir, il faut partir sur de bonnes bases :

Ce n’est pas parce que des gens intelligents croient à des sottises que cela rend la sottise moins sotte. Jean Rostand Vous me ferez remarquer que je mélange tout, que je passe dans la même page, du Franc maçon de base à celui des hauts grades et que vous ne vous y retrouvez plus. C’est très exactement ce que je ressens. Je suis Maçon, mais je ne veux absolument pas être amalgamé à ces sectes de gens « saints ». Nous sommes nombreux dans les loges bleues à ne rien savoir de ce qui s’y concocte.

Heureusement tout le monde en France connaît cette triade de trois compères inséparables, chacun ayant besoin des deux autres.

Ma liberté dépassant les limites individuelles, ma liberté absolue, serait dangereuse pour vous. Le premier qui vient dans mon espace vitale, je le tue. Si je suis plus fort que lui. Si je suis moins fort, c’est lui qui me tue. De toute façon Dieu a tout déterminé d’avance. S’il m’a choisit, je suis peinard, je peux faire toutes les bêtises possibles, je suis élu de Dieu. S’il ne m’a pas choisit, j’aurai beau être un Maître Parfait, je n’irai pas dans son Paradis. Dieu a créé le Bien et le Mal. Il n’y a pas de contrat possible ni de morale. Comme dit Woddy Allen : « Si Dieu existe, j’espère qu’il a une bonne excuse ! »

Ma liberté ce n’est pas de profiter de la faiblesse des autres pour les faire travailler à mon profit, pour les mettre en esclavage. (Le rêve de plus en plus avoué du pur capitaliste sauvage.) Tout simplement parce que demain je pourrais bien être réduit à mon tour sous le pouvoir d’un plus fort ; L’insolence de l’argent finit tôt ou tard par ramasser les coups de la révolte quand ce n’est pas de la révolution.

Il est bon ici de rappeler ce qu’a écrit le curé Jean Meslier, je cite approximativement : « la révolution sera faite quand on aura pendu le dernier bourgeois avec les tripes du dernier curé. » Cela ravigote ma fibre maçonnique. Et cela pend au cou des vampires de la finance.

La liberté toute nue peut aussi bien être positive que négative, tout dépend de ce que l’on en fait mais elle est indispensable. La vie dans l’esclavage, dans la dépendance, dans la misère n’est pas mieux que celle de Robinson sans Vendredi.

Si nous sommes plusieurs, il nous faut l’égalité. Si l’un est sujet de l’autre, il lui faut faire sa révolution. Cela nous renvoie à Jean Meslier…

La fraternité c’est le sentiment qui met de l’huile dans les rouages de la société, pour que les hommes libres et égaux soient capables de vivre ensemble.

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Mais la fraternité est ambiguë. Si c’est une référence à la parenté, c’est un peu maigre. Le « va donc hè, faux frère » des frères ennemis… Si c’est une référence à la religion des « fils de Dieu », parlez en aux belligérants d’Irlande, d’Irak et au Grand Inquisiteur des papistes. Vous trouverez bien plus souvent chez Bakounine l’idée de Solidarité, comme moteur d’une société d’hommes libres et égaux. Mais nous sommes tellement habitués à la devise de notre république !... Gardons la comme elle est en remplaçant mentalement Fraternité par Solidarité fraternelle. Allez ne pinaillons pas, c’est pareil.

Ce qui est surtout intéressant, c’est la force de ces trois mots, c’est leur indissoluble complémentarité, c’est qu’ils sont nécessaires et suffisants ensemble. Il est inutile d’ajouter de la « laïcité ». C’est une surcharge. Laïque signifie « qui ne fait pas partie du clergé. Donc la laïcité est le principe de séparation de la société civile et de la société religieuse. Chacun peut bien faire et croire ce qu’il veut, il est libre et j’ai le droit de faire et de ne pas croire comme je le veux et comme il n’y a pas de préséance entre les citoyens, la Fraternité impose de reconnaître le droit de chacun de pratiquer la philosophie de son choix. Si les curés ont le droit de défiler banières au vent, les libres-penseurs ont le droit de dire leur désapprobation. Et pour que ça ne finisse pas en échauffourées à grands coups de mamelle comme le dit la chanson, il a fallu inventer une nouvelle laïcité qui dit, c’est un on-dit, que chacun a le droit de pratiquer sa religion sans être dérangé, dans le respect et la tolérance !... Nom du diable ! Prenons le dictionnaire. Respect page 1687 de mon Petit Robert : 1) Le fait de prendre en considération. 2) Sentiment qui porte à accorder à quelqu’un une considération admirative… et de se conduire envers lui avec réserve et retenue par une contrainte acceptée. 3) Politesse : mes respects. 4) Considération que l’on porte à une chose jugée bonne, avec la résolution de n’y pas porter atteinte, de ne pas l’enfreindre 5) Crainte du jugement des hommes… 6) Tenir en respect.

Je tiens en respect les curés. Avec un flingue ! Le respect est tellement proche de la soumission du faible au puissant

que le mot ne peut pas être utilisé seul, justement pour ne pas laisser pointer la soumission, il lui faut un adjectif. A.S.Neil parlait toujours de « respect mutuel ». (Libres Enfants de Summerhill). La réciprocité de « mutuel » libère de la suspicion de hiérarchie (du gr. Hieros=sacré et archie. Evidemment tout ce qui barbote dans la fange des pouvoirs tient particulièrement à la sacro-sainte hiérarchie. Liberté Egalité Fraternité. Je chie sur la hiérarchie.)

Respect et Tolérance… Pages 1973-74 de mon Petit Robert.1) le fait de tolérer, de ne pas interdire ou exiger, alors qu’on le pourrait. Ce n’est pas un droit, c’est une tolérance. Je passe sur la tolérance ecclésiastique, sur la maison de…, sur l’édit de …, et j’en viens à l’aptitude de l’organisme à supporter sans symptômes morbides l’action d’un médicament … Tolérer les curetons, ça me fout des boutons.

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Si l’on avait le souci de bien connaître les mots, leur histoire et leurs sens, on éviterait les surprises de la tolérance qu’a rencontrée le Chevalier de la Barre.

Liberté Egalité Fraternité me suffisent pour converser avec ma Belle-Maman chrétienne. Notre affection réciproque nous laisse toute liberté pour aborder par exemple le sujet de sa sainte eucharistie que j’appelle, Jésus s’étant fait homme, du cannibalisme. Que viendrait faire la tolérance entre nous ? Débat d’idée n’est pas de se battre.

La tolérance nous vient d’où en Maçonnerie. Je vous dirait ça dans le chapitre des pitres des hauts grades.

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Apprenti

Quand on veut comprendre, avoir de la profondeur (on dit « avoir des lumières »), il faut se garder de tomber dans la mer à la suite des moutons :

Ce n’est pas parce que des gens croient à des sottises que cela rend la sottise

moins sotte. Jean Rostand. Vous avez été contacté par un franc-maçon qui s’est dévoilé à vous et

qui vous a proposé d’entrer en Maçonnerie. Vous n’entrerez pas en religion bien sûr puisque la réputation sulfureuse des Maçons bouffeurs de curés a largement dépassé le cadre strict des loges. C’est un peu vrai pour pas mal d’Ateliers du GO. C’est faux pour pas mal d’Ateliers de la GLDF et du DH. Mais vous avez été flatté. La Franc Maçonnerie a la réputation non usurpée de réunir des gens de qualité qui, sans elle, s’ignoreraient. La qualité, c’est le curriculum diplômé, la profession libérale, l’enseignement, de l’instituteur à l’inspecteur d’Académie jusqu’à Monsieur le Rectum, prout prout prout, des médecins, des avocats, des ingénieurs, des chefs d’entreprise, enfin rien que des gens qui pètent au dessus du commun.

En 42 ans j’ai rencontré un Maçon maçon de métier, à Caen. Salut Raoul. Un costaud celui là. Petit mais costaud. Ma triple accolade mon Frère.

Vous êtes bien fier d’avoir été sélectionné. Vous avez passé avec succès les épreuves préparatoires, les enquêtes, trois. Ben dites, c’est sérieux, on trie. On vous a interrogé « sous le bandeau ». Vous êtes sélectionné, ouaou ! Vous êtes convoqué pour votre initiation. Rendez-vous discret, introduction dans un cabinet de réflexion, noir, une bougie, un crâne, un tombeau, vous écrivez votre testament philosophique, bandeau sur les yeux, on vous introduit dans une salle, silence puis salamalec et boyscoutisme, (en prime j’avais eu droit à des chanteurs… quelques airs chevrotés par des retraités de l’opéra comique. Nous étions quatre impétrants, un coiffeur, un médecin, mon copain Alain chef d’orchestre, ses coups de coude et moi retenant des bouffées de fou rire.) Mais il ne faut pas juger avant de connaître. J’ai assisté à plus d’une centaine d’initiations plus ou moins réussies ; j’entends par là se déroulant normalement, sans erreur. Il y a toujours quelques phrases bafouillées, des synchronisations douteuses, des détails sans importance qui cependant foutent par terre la solennité du moment. En gros, on retrouve tout ça dans la plupart des sectes, le secret, la terre, l’eau, l’air, le feu… Les quatre éléments. Ben oui, ça date un peu, la physique a fait quelques progrès depuis l’antiquité. Mais bon, passons, ça fait parti des traditions. Très important la tradition.

La Tradition, c’est comme les empilements de casernes à prières. On est superstitieux : Faut qu’ça tièèèèène tsouin tsouin ! C’est le tango des grandes références.(sur un air de Boris Vian)

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Il n’y a pas très longtemps, dans les hauts grades, la tradition disait de faire une génuflexion devant le plateau (voyez l’autel…) du Vénérable. Mais ça, les Apprentis ne connaissent pas. Et puis dans la tradition, on en prend et on en laisse ! On s’arrange. Et puis pour l’instant, je parle des Apprentis. Et puis ils n’ont pas à connaître les élucubrations d’en haut. On croirait une raffarinade, la Maçonnerie d’en haut et celle d’en bas…

Alors après les jeux enfantins de passer sur une planche à bascule, l’air , l’eau , le feu et pas mal de bavardages, parce qu’il faut bien expliquer ce qui se passe, les impétrants sont placés entre les fausses colonnes, à la porte d’entrée.

Sentencieuse, la voix du Grand Patron : « Que demande le récipiendaire ? »

Réponse du Grand Expert : « La lumière ! » Le Sentencieux : « Que la lumière lui soit donnée à mon troisième

coup de maillet ! » Pan Pan Pan ! Paf ! Le bandeau vous tombe des yeux et vous en prenez plein les

mirettes. Depuis plus d’une heure vous étiez dans le noir et on vous balance les phares en pleine figure. Ca éblouit. Remarques :

- 1) C’est un peu prétentieux !... - 2) Ce n’est pas très courtois. - 3) Quel sens cela a ? Ha Ha ! Ichi tout est chymbole ! Donc les

maçons, comme les curés, voudraient-ils vous montrer que la Lumière brûle ? Protégez vous ? Ne cherchez pas à comprendre ? Clignez des yeux ?

J’ai vu dans certains cas un spot de 500w braqué sur les petits nouveaux. Symbole ! Tout acte, gentil ou méchant, porte une signification. Souvent j’ai vu les Frères sourire d’un air entendu. « Il la voulait, ben il l’a eue dis donc… »

J’ai donné mon point de vue, plusieurs fois : ce n’est pas gentil, c’est prétentieux, c’est repoussant. J’avais suggéré de remplacer les grands éclairages par une simple bougie sur le plateau (le bureau) du Patron. J’aurais même apprécié qu’une petite voix questionne : « C’est loin papa l’Amérique ? » Et le Patron répondrait : « Tais toi et nage ! » Symbole, évidemment. Pour la recherche de la vérité, pour la connaissance de soi même, comme pour la psychanalyse, il faut se jeter à l’eau et il faut ramer, dur, et ça dure.

« Papa n’a pas voulu, et Tonton non plus, mon idée leur a déplu tant pis n’en parlons plus… Les Maçons obéissants, font tout c’que disent les H. G… »

Dans un Atelier vous les reconnaissez facilement, ils savent tout ! Les symboles, c’est leur spécialité. C’est normal, ce sont des gens qui ont retrouvé la parole perdue…

Vous voilà habillé en Apprenti et vous allez apprendre ou tâcher d’apprendre ce qu’il y a de plus important dans la vie et que tous les H.G. se

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dépêchent d’oublier : écouter !. Pendant la durée de votre Apprentissage, en général un an, vous n’aurez pas le droit de demander la parole. Silence. Ecoutez.

C’est la plus grande leçon de la Franc Maçonnerie, des Loges Bleues. Ecouter toujours. Et l’on fini par écouter en cherchant vraiment ce que l’orateur veut exprimer, au-delà des mots, et pas seulement pour fourbir des arguments contraires… Normalement…

Et vous constatez que jamais quelqu’un ne coupe la parole à celui qui parle. Celui qui s’exprime le fait debout et quand il a fini, il s’assoit. Le Patron fait un commentaire ou pas et il donne la parole à un Frère de l’assistance ( on dit « sur les colonnes ») ou il passe à l’ordre du jour. Celui qui parle a toute liberté d’exprimer sa pensée, sans attaque personnelle, sans faire de politique politicienne, en abordant tous les sujets philosophiques, économiques, sociologiques, psychologiques, religieux, scientifiques, excepté les sujets maçonniques des grades « au dessus » ! On t’écoute « laïquement » et tu feras de même. En maçonnerie (bleue) il n’y a pas de dogme. Les croyances sont d’ordre strictement personnel. La vérité appartient à tout le monde, si on arrive à lui attraper le bout de la queue.

Et comme maintenant vous êtes Franc Maçon, vous devrez apprendre à vous servir des outils du métier, symboliquement. Vous pourrez cogner du maillet sur le ciseau pour tailler la pierre brute et la rendre cubique. Sur le chantier. Pas dans une église!... Même si on l’appelle un Temple !... C’est là que je dis : bas les pattes les curetons infiltrés, bas les masques.. Liberté à chacun de croire ou de ne pas croire en Dieu, au Diable, aux momeries de la petijésuitude mais Liberté d’abord et pour cela il faut jeter dehors la philosophie officielle des Chevaliers de l’Aigle à trois pattes des Rose-Croix de l’héritage des sectes allemandes avec leur : Foi Espérance et Charité, les vertus théologales de ces bondieusards me foutent les foies !... On verra ça dans le chapitre des H. G..

Vous êtes un apprenti Maçon libre, dans un Atelier où tous les Frères sont égaux, même si vous êtes un peu impressionné par le Patron qui trône à l’Orient, vous constaterez que le Patron élu reprend sa place sur les Colonnes après son temps de patronage. L’ambiance est très fraternelle, même si c’est une attitude affichée. C’est la moindre des choses. La courtoisie aussi est une attitude que l’on affiche ; elle empêche que l’on s’entretue à tue-tête.

Mon parcours, qui n’intéresse que mes propres enfants, mais je vais faire une exception pour vous, m’a propulsé dans la guerre d’Algérie en 1960 ; j’y ai appris l’Espéranto. Donc je parle la langue internationale du Docteur Zamenhof.. J’ai la fastueuse Liberté de parler facilement avec tout plein de monde du Monde entier. En toute Egalité car il n’y a pas de puante hiérarchie nationaliste entre nous. Et dans une grande Fraternité espérantiste qui s’adresse évidemment à tous les hommes, pas à une poignée de nantis d’une coterie de secte à trois points dans laquelle on pratique beaucoup plus la solidarité… que la Fraternité universelle.

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Compagnon

Mettez vous bien ça dans la tête : Ce n’est pas parce que des gens intelligents croient à des sottises que cela rend la

sottise moins sotte. Jean Rostand. Vous avez passé un an sur la Colonne du nord là où siègent les

Apprentis. Vous avez écouté. Le vocabulaire commence à vous être familier. Un Surveillant vous demande de préparer une « planche » sur un sujet symboliste ( …Avoir le compas dans l’œil… Trois coups de maillet sur les doigts…) Et vous allez pouvoir parler ! Vous présentez votre travail. Il est discuté par l’ensemble de l’assistance. Il a plu. Tout va bien. Vous allez subir l’initiation au grade de Compagnon.

Vous êtes convoqué… Vous êtes introduit dans l’église ou dans la chapelle, non c’est le temple… je me trompe à chaque fois… c’est le même que celui du grade d’apprenti avec quelques différences de détails. Par exemple, il y a chez le Patron, au mur, une étoile à cinq branche avec une loupiote derrière et des rayons dorés tout autour et la lettre G au milieu. Je vous dis tout de suite que G ne signifie pas Géométrie, ni Gnose, ni Gégé garde à vous nom de dieu le voilà qui passe, mais restons sérieux, pince moi je crois rêver, je cite page 333 (c’est la moitié du diable : 666 !...) de l’ineffable Bayard vol.1 déjà cité : « Le symbole de cette étoile se réfère au grand architecte de l’univers, il représente l’initié parfait ; l’étoile oriente le compagnon dans sa marche vers l’idéal initiatique ; les pointes sont au nombre de cinq, nombre du compagnon. Ce signe de reconnaissance de la confrérie pythagoricienne, symbole d’amour et d’harmonie porte la lettre G et cinq concepts peuvent être attribués aux cinq points de l’étoile : géométrie, génération, gravitation, génie, gnose. (Et Grocon ? Ca y est pas ?) Ce pentagramme était aussi un symbole des guildes des maçons opératifs. »

J’ai planché sur cette étoile flamboyante. La lettre G m’a inspiré une idée bien plus active que ce qui est admis « normalement ». G représente le Gland ! Sourire entendus dans l'assistance… Qu’est ce qu’il va nous sortir encore celui là ?... Le Gland, mes frères, ha… le Gland est une promesse de délices, envoyez les grandes orgues… La promesse du Gland, c’est le Chêne avec lequel on fait les meilleurs Planches. Et toc ! Bande d’obscènes obsédés. Nous sommes bien tous les mêmes…

Vous allez vous demander ce que cela vient faire dans un propos philosophique. Il s’agit d’agiter l’épée et le goupillon de la confrérie. Et bien, souvenez vous du Mozart de l’Amadeus qui vilipendait les gens sérieux « qui chient du marbre ». Tout philosophe qui ne rit pas est à mettre à la poubelle. Les gens qui s’y croient, qui se prennent au sérieux, les allumés du grigri symbolique, les amoureux du cordon doré, les alchimistes de la parole perdue,

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qu’ils se masturbent les neurones dans leur secte d’illuminés. Ils n’ont rien à voir avec la Maçonnerie qui a deux grades : l’Apprenti et le Compagnon. Le Maître n’est pas un grade, c’est une fonction pour diriger les débats et je préfère l’appeler le Patron. Honneur au Patron ! Ca se dit dans le Périgord.

Tenez , vous prenez Bayard. Vous connaissez cette haute grande figure. Vous vous souvenez de votre institutrice de la communale et de sa leçon d’Histoire avec le livre d’images toutes plus pieuses les unes que les autres. Mais elle ne disait pas que Pierre Terrail seigneur de Bayard, le chevalier sans peur et sans reproche, (bien le mec…) en 1512, après Bologne, à Brescia, en février, dans un fracas épouvantable, en compagnie de Gaston de Foix, à la tête de leurs spadassassins taillèrent en pièces l’ennemi, « des femmes et des enfants », dans l’église... Ç’est là que Niccolo Fontana dit Tartaglia (le bègue), un gamin futur grand mathématicien, s’est pris une épée française dans les dents. Il ne faut pas enseigner ces choses-là. Ce serait remettre en cause la grandeur de la France. Et puis vous trouveriez toujours un petit merdeux pour faire des rapprochements entre Brescia, Oradour, Hiroshima et la bataille d’Alger menée par les professionnels de la boucherie sous les ordres du chef de toutes les armées françaises, le Gégé…

Ha purée, je me suis encore égaré. Ce n’est pas ce Bayard là, c’est le Jean Pierre opus cité, page 329 : (de là à laisser planer comme un amalgame sur tous les Bayard que j’adore…)

« Le deuxième degré a longtemps représenté l’initiation totale, le troisième degré n’existant pas. Jusqu’en 1738 le grade de compagnon a été considéré comme l’aboutissement d’un rituel… » Cèluikildikechtedi !...

L’apprenti apprend à écouter. Le compagnon apprend à travailler. Encore les outils du métier. Le maillet, le ciseau, la règle, le levier, le fil à plomb, le niveau, l’équerre.

Les mots sacrés de Schibboleth, Jakhin et autres baraguoins, les Maçons travailleurs n’en ont rien à battre.

Mon Frère Compagnon, tu es un maçon accompli. Tu as ta place sur le chantier. Tu es libre, de bonnes mœurs républicaines, tu peux effectivement te dire « droit dans tes bottes ». En te perfectionnant dans ton travail, tu avances dans la connaissance de toi-même. Laisse l’idée de perfection aux zigotos qui font les intéressants dans leur secte d’Allumeurs du Réverbère. Ivres de leur suffisance, ils cherchent la Parole perdue au pied du réverbère, parce que c’est là qu’on voit dans la nuit, ivrognes…

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Maître

Sans cesse sur le métier remettez votre ouvrage : Ce n’est pas parce que des gens intelligents croient à des sottises que cela rend

la sottise moins sotte. Jean Rostand. Mon très cher Frère compagnon, reste donc dans ton joli grade. C’est

seulement là que le rituel d’initiation t’a proposé ton « tour de France » en cinq voyages qui t’ont amené à réfléchir sur les Sens, tes cinq Sens, c’est la seule concession faite aux philosophes matérialistes. La suite t’a porté vers les Ordres, les Arts, les Grands bienfaiteurs de l’humanité et la glorification du travail. Ne va pas plus loin, tu risques de t’embourber dans une religiosité aussi stupide que malsaine.

Avec le grade de Maître commence en fait le tralala des hauts grades. On commente la légende d’Hiram, constructeur du temple de Salomon. C’est parti mon Kiki. Et ils vont re-sucer les os d’Hiram jusqu’au 30e degré. Bayard reconnaît que c’est un apport, il le date de 1738 mais il ne dit pas par qui !. C’est forcément quelqu’un qui est allé farfouiller chez les juifs. Hiram est cité dans la Bible comme le constructeur du temple de Salomon. Dans quelle kabbale est-on allé pêcher ce péché? Peu importe. Ce mauvais psychodrame ne mérite pas que l’on s’y arrête longtemps. En plus c’est joué le plus souvent par de mauvais acteurs amateurs qui ne sont même pas capables de frapper du maillet à tour de rôle sur leur bureau en respectant une cadence d’une seconde. Regardez votre montre si vous n’avez pas un métronome dans la tête. Misère. Il vaudrait mieux ne rien jouer du tout plutôt que d’ânonner un rituel à la lueur d’une lampe de poche. Que ne l’apprennent-ils pas par cœur ! Alors ce petit polar met en scène Hiram, l’architecte, et trois méchants ouvriers compagnons qui veulent s’approprier les mots secrets des Maîtres et pour cela ils coincent Hiram sur le chantier, la nuit. Mais le grand chef refuse de les satisfaire et ils l’assassinent. Une affaire vieille de plus de deux mille ans. Bon. Donc le Patron de l’Atelier se transforme en Colombo, il envoie ses adjoints à la recherche de la victime. Les Frères Expert, Maître de cérémonie et quelques autres se mettent à tourner en rond dans le temple… C’est long !... Ils ne trouvent pas… Cherchez encore… ho ! un tertre ! Grattez ! ho ! la chair quitte les os !

N’ayez pas peur, c’est pour de rire. Ils jouent à faire semblant.

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C’est toujours la même chose, les religieux ont besoin d’inventer des fables pour donner corps à leurs pratiques. Les momeries du petit Jésus finissent dans l’hémoglobine sur la croix. Hiram ne meurt pas en odeur de sainteté, il se décompose. Heureusement que ça manque de réalisme, ces curetons nous foutraient l’odeur !

Quelque soit le scénario, les méticuleux du rite s’accrochent à la pellicule de leur petite série B et c’est avec ça qu’ils vont parvenir à la perfection du Grand Elu Chevalier Kadosch dit aussi Chevalier de l’Aigle Blanc et Noir.

Page 164 vol. 2 du Bayard : « Le Franc-Maçon qui appartient au 30e degré est rarement « réalisé » ; plus sûrement est-il sur le chemin de l’éveil ; en ce sens la Franc-maçonnerie n’est qu’une parodie de l’Ordre initiatique véritable, car trop souvent elle sacrifie aux titres, au smoking, et devient un Rotary, un groupe d’êtres épris d’une certaine spiritualité mais qui n’ont pu abandonner leur métaux. »

Quand je vous dis que c’est lui qui le dit ! J’ajoute pour les avoir souvent entendus qu’ils sont imbibés de

spiritualité effectivement. Page 1855 de mon Petit Robert : 1) Caractère de ce qui est spirituel, indépendant de la matière. La spiritualité de l’âme. 2) Ensemble des croyances, des exercices qui concernent la vie spirituelle ; forme particulière que prennent ces croyances et ces pratiques… Aspiration vers l’infini. Le contraire de spiritualité est matérialité.

Je maintiens que ce sont des curés en rupture d’église qui ont concocté cette salade, copie arrangée de celle de l’antique crucifié.

Bon. Alors sans base historique, sans méthode freudienne, simplement en s’imaginant que les mots que chacun met sur les symboles vont ouvrir à la connaissance de soi même, voilà quelque chose d’incroyablement formidable. Mais il faut vite le divulguer partout. Il faut en faire profiter le plus grand nombre possible d’humains.

Surtout, il faut se bercer d’illusions! C’est presque de l’homéopathie. Une fausse science qui laisse croire aux patients que trois petites boulettes de sucre peuvent guérir alors que c’est l’effet placébo qui est en action, comme pour 80% des médicaments allopathes.

L’efficacité du symbolisme ? Je suis tout à fait certains qu’il opère en amont. Les enquêtes qui précèdent l’initiation d’un profane éliminent déjà pas mal de gens douteux. J’ai vu des impétrants très éclairés avant de subir les spots au troisième coup de maillet. Inversement je connais des 30es qui se comportent très mal. Un prof de fac qui prend l’avion pour aller à Paris au ministère, qui en profite pour aller au Convent… et qui se fait rembourser deux fois le même billet, une fois par son université, une fois par son Obédience. Un ingénieur super fortiche qui craint certains nombres qui lui portent malheur. Un autre qui est tellement radin qu’il reprochait à ses enfants le pain qu’ils lui coûtaient. Un illuminé qui imposait sa pensée à toutes les tenues sous prétexte qu’il avait

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retrouvé la parole perdue. (Je me suis toujours demandé « sous quel réverbère ?...)

Tout le mal que je pense des hauts grades est largement compensé par l’admiration que m’impose l’efficacité de la méthode des deux grades des Apprentis et des Compagnons : pour apprendre à écouter et pour apprendre à parler.

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Hauts Grades

Et que chacun en prenne pour son grade !: Ce n’est pas parce que des gens intelligents croient à des sottises que cela rend

la sottise moins sotte. Jean Rostand. Ce qui déjà n’était pas folichon au grade de Maître, cette légende

introduite dans les Atelier en 1738, le ridicule psycho drame de l’assassinat d’Hiram va être le prétexte à des divagations qui portent doucement les adeptes vers une philosophie blablateuse sans aucun rapport avec l’art de construire. Il n’y a aucune commune mesure entre la beauté du viaduc de Millau et la valeur morale des Grands Maitres successifs qui régulièrement se disputent la place du Chef, ni avec la valeur morale des Grands Maîtres adjoints, ni avec tous les petits Trentièmes qui étalent leur science dans les Ateliers bleus comme les paons étalent leur queue. J’ai le souvenir d’empoignades à Nîmes entre quatre Trentièmes, deux couples, chauds les marrons. Les deux plus cons ont réussi à faire exclure de tous les Ateliers de tous les grades, les deux moins cons. Ca s’est réglé à Paris, sans doute dans le Temple de la Sagesse de la Force et de la Beauté. Misère. Misère. Misère.

Bon jusqu’à maintenant j’ai dit que des conneries, maintenant je vais dire les leurs. Vous avez reconnu Colluche !...

Donc tous ces gens qui sacrifient aux titres, au smoking comme dit Bayard, ben voilà ce que vous trouverez dans le Bayard des hauts grades :

Page 9 : « La Franc-Maçonnerie corporative fait intervenir, à partir de son troisième grade, le mythe d’Hiram, qui semble se désolidariser des secrets de métier. Tous les auteurs ont montré ce décalage ; en fait le 3e degré appartient déjà à l’échelle des Hauts-Grades-Ecossais… » (Mesdames n’achetez plus de tissus écossais, écossez vous-même vos tissus. Dac et Blanche.)

Page 10 : « En fait au siècle des Lumières, il y a eu profusion de rites… » « Avec ce thème essentiel de la punition on trouve une influence de l’Ancien Testament, de la Kabbale Hébraïque. » ( Evidemment, il faut punir les trois compagnons assassins d’Hiram, alors on leur court après depuis deux mille ans, on va même dans une initiation d’un de leurs grades descendre le candidat dans une fosse où il trouve en tâtonnant dans le noir un corps qui palpite et il le poignarde. Il vient de tuer un vampire ! Il a vengé Hiram ! Bravo ! Débile trois fois)

Page 12 : « C’est cependant dans la Maçonnerie rouge(4e au 18e degré)que nous trouvons le mythe essentiel de la recherche qui s’apparente à la queste du Graal, cycle arthurien… »

Page 27 : accrochez vos ceintures !!! « Au 4e degré le Franc-Maçon quitte l’expérience terrestre pour pénétrer dans le monde cosmique. L’âge 3 fois 27 ans accomplis pourrait s’écrire 81 ou 3 puissance 4 ; le cube est le monde de

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l’espace. On quitte non seulement le monde linéaire, mais aussi celui à deux dimensions. Mais nous pouvons aussi considérer 3 fois 27 comme trois fois le cube de 3, c’est ainsi le 4e grade de 3 ans. Mais 3x27=81 dont l’addition 8+1=9 chiffre de la perfection qui s’écrit 3x3. Stanislas de Guaita a établi dans la revue Lotus (tome 2 n° 12, PP.327-328), par le calcul de la Kabbale numérique, que 9 est le nombre analytique d’Adam, de l’homme ; 10 correspond à Iod. »

Page 42 : « Mais tous les Temples sont consacrés au même Dieu quelque soit le nom donné à cette divinité, puisque Dieu étant la pure conception de la Puissance suprême est nécessairement toujours le même sous des noms différents ».

Page 128 : « Lors de la réception d’un chevalier du Serpent d’Airain (26e grade), celui-ci arrive les yeux bandés, effectue les neuf pas en serpentant ; on attache des ailes au néophyte qui monte un gradin de neuf marches, de cinq pieds de haut ; il doit s’élancer dans l’air et les frères le reçoivent soit dans une couverture soit attaché à une sangle précédemment installée.

Pour la deuxième épreuve le candidat monte à une échelle de trois échelons et il prononce Foi, Espérance et Charité ».

Passons vite au chapitre suivant…

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Foi Espérance Charité

N’espérez pas que les gens aient la charité de vous croire sains d’esprit :

Vx ÇËxáà Ñtá ÑtÜvx Öâx wxá zxÇá |ÇàxÄÄ|zxÇàá vÜÉ|xÇà õ wxá áÉàà|áxá Öâx vxÄt ÜxÇw Ät áÉàà|áx ÅÉ|Çá áÉààxA ]xtÇ eÉáàtÇwA

A la foi, préférez la conviction. On en change plus facilement. Les seules

montagnes que la foi ait déplacées, sont des montagnes de cadavres. A l’espérance, préférez jouir de votre liberté présente. Il n’est pas

nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer. (Guillaume)

A la charité, préférez la solidarité. Vive l’Anarchie. Evidemment les bons Frères Saints n’ont que des grands mots à la bouche

qu’ils se gargarisent avec la Tolérance. Encore un mot des cathos. Je devrais écrire « tollérance », tellement ce mot me fait bondir. Mais

c’est plutôt l’intolérance qui provoque des tollés. Les gens usent des mots comme des chaussettes. On jette les troués, ceux qui ont perdu leur substance. On a fait une vertu d’un vilain mot condescendant. L’Eglise « tolérait » certains écarts aux dogmes. La police « tolère » certains stationnements de voitures sur des trottoirs. Les mous, les lâches, les apolitiques, les francs-maçons et les curés ont fait de la tolérance un rempart contre les attaques, contre les critiques, adressées à leurs idées ou à leur manque d’idée.

Ces messieurs des hauts grades sont les premiers intéressés. Ils craignent que l’on mette le nez dans leur misère philosophique et qu’on les traitent comme des curés !...

Tout ce vilain monde a fait de la laïcité ( à l’origine : séparation des églises et de l’Etat ) une convention flasque de non-agression entre les religions ou contre les religions. Le blasphème est interdit.

Les monothéismes ont le droit de chanter sur tous les tons toutes leurs inepties et ils menottent les athées. Ils me refusent le droit d’écouter, au théâtre de Saint Génis-Pouilly, le « Fanatisme ou Mahomet le Prophète » de Voltaire. « Une charge au sabre idéologique contre l’islam et toutes les religions monothéistes, dès lors qu’elles sont transformées en outil de domination politique » (Jack Dion. Marianne du 17/12/05). Les croyants ont tous les droits. Les athées ont celui de se taire. Les curés dictent leur loi contre l’euthanasie. Les athées doivent souffrir en silence.

Tout ça est fondamentalement la faute à la transcendance. Seul dieu jugera. Et l’organe de dieu est dans la bouche des papes, des popes, des rabbins, des imams et des Immortels Maîtres Kadosch.

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Vous pouvez envoyer les juifs de Bordeaux dans les chambres à gaz, la clémence judéo-chrétienne vous fera sortir de prison. Le religieux n’a pas de morale : qu’ils tuent tout le monde ou qu’ils ne tuent personne, dieu reconnaîtra les siens.

La seule morale effective est la justice immanente des hommes, basée sur le contrat. « Ma liberté s’arrête à celle des autres » mais aussi « la liberté des autres s’arrête à la mienne ». Hè ! Holà ! Bas les pattes, rabbins curés imams kadosch, touchez pas à ma liberté. S’ils ne veulent pas que je dise que leur sainte eucharistie est un vrai cannibalisme, qu’ils retournent faire leurs ripailles dans les catacombes. Et en silence, s’il vous plait !

Et bien c’est un catéchisme rosicrucifixien que m’a envoyé un Frère de

la Haute Congrégation de la Morgue Condescendante en réponse à une planche que j’avais présenté sur : « La philosophie maçonnique est-elle platonicienne ? »

Comme je ne fais pas partie de sa haute intelligentsia, il me fit un cours de vocabulaire (sans me donner ses références… je suppose qu’il est à lui même « sa référence ») bien intéressant, sur le « théisme » et sur le « déisme ». Bien. On va pas s’emmerder avec de la philosophie de mômes de quatre ans. Que les gens aient besoin d’un dieu quelconque pour calmer leurs angoisses, on le sait. Trois fois hélas… Mais là, chacun fait comme il veut, et surtout comme il peut. Je pense que la cure psy sur le divan peut apporter un peu de sérénité.

L’ « agnosticisme », je résume : c’est la philosophie normande, « p’tet ben qu’oui, p’tet ben qu’non ». Et le Frère de se prélasser dans le bouillon : « la métaphysique est une recherche rationnelle ayant pour objet la connaissance de l’être absolu (kézaco ?), des causes de l’Univers (coztoujours) et des principes premiers de la Connaissance ». Alors là, non ! Lisez Jean Piaget jeune homme et nous en reparlerons. Quant à la cosmologie quantique… quand on y comprend rien, on n’en cause pas.

« De nombreux Frères du GODF adoptent cette position qui permet un confort moral et une attitude de réserve à propos de la notion de certitudes et de Vérité. », d’après notre Grand Commandeur. J’ajoute que de nombreux Frères de toutes les obédiences croient à l’astrologie et autres placébo de l’angoisse.

Toujours de ce fameux Frère, sa leçon continuait sur l’athéisme. Je cite : « Athéisme du grec atheos, qui ne croit pas en Dieu. Attitude ou doctrine de l’Athée. Doctrine de ceux qui nient l’existence d’un Dieu personnel. Peguy le définissait comme le monde de ceux qui ne croient à rien, pas même à l’athéisme. (C’est effectivement une citation dans le Petit Robert…) L’athéisme se définit donc comme un refus. (refus de croire qui est donc aussi une croyance). Le GODF regroupe aussi une forte population d’athées dans ses rangs. Dans les constitutions d’Anderson, il est précisé que tout athée stupide n’est pas initiable en franc-maçonnerie.

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Malheureusement et statistiquement l’esprit doctrinaire à tendance dogmatique véhiculé par l’athéisme rejoint bien souvent celui de ce qu’il dénonce : l’église.

Il engendre souvent une attitude bornée et négative en refusant systématiquement l’opinion de l’autre. »

Il faut appeler un chat un chat. Croire à la magie ce n’est pas mettre en marche sa raison. Le refus de croire n’est pas une croyance, c’est l’absence de croyance. En gentil prof de math, il sanctionne : valeur absolue de croire et de ne pas croire = croire.

Au passage, il ne peut pas s’empêcher de qualifier l’athée de « stupide », pas tous bien sûr, mais c’est tout de même glissé. Il a raison. Des stupides il y en a partout. Même chez les Trentièmes.

Quand on n’est pas d’accord avec lui, c’est que l’on est borné et négatif. Ben voyons ! Quand à nous, Maçons à deux grades, nous estimons que la croyance en Dieu ou au Diable est d’ordre strictement personnel. Libre pensée d’abord. Mais nous n’adhérons pas aux croyances imposées par les Hauts Grades, à leur esprit doctrinaire véhiculé par leur Hiramisme qui engendre leur attitude bornée et négative en imposant systématiquement leur opinion.

Misère de la philosophie, disait Marx !…( C’était pour se moquer de Proudhon en réponse à sa « Philosophie de la misère).

On peut le répéter : Misère de la philosophie des hauts grades !!!

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Vie maçonnique

Dans le doute, abstenez vous de suivre le troupeau : Ce n’est pas

parce que des gens intelligents croient à des sottises que cela rend la sottise moins sotte

De retour de la pacification en Algérie (sous les drapeaux, les mâchoires-d-âne interdisaient de dire « guerre d’Algérie »… 15 ans seulement après le nazisme, Cé Dé Gueu organisait la torture, mais c’était pas pareil… c’était des bougnouls … t’as rien compris… tiens la bougie et ferme ta gueule) comme beaucoup de copains, je n’étais pas très net dans mes neurones et il y a des traces… J’avais chopé la haine (on disait la hargne, à l’époque). J’en suis devenu anar et j’ai lu mes classiques.

Ayant fait la connaissance d’un instituteur anti clérical de gauche et Franc Maçon qui me proposa d’entrer à sa Grande Loge de France, sans rien savoir de ce sympathique scoutisme, je sautai à pieds joints dans son atelier.

J’ai été initié en 1965 rue de Puteau à Paris. J’ai fait un tour au Grand Orient de France à Tahiti. Bien. Etait présent aux tenues un Grand Maître adjoint, Raymond, pas gêné par les cinq mis en examen, puis condamnés, ministres de Flosse, membres des hauts grades, evidemment, salut Alban. Je n’étais pas gêné, ça m’amusait.

A Nîmes aussi j’ai frôlé du grand G…O… Une grosse brochette de dirigeants se sont retrouvés en prison, ils piquaient dans la caisse des HLM. Les huiles parisiennes, du bout des pincettes, ont fermé l’atelier. Circulez y’a rien à voir. Voire !

J’ai continué au Droit Humain. C’est mixte. Y a des femmes. C’est bien pour draguer. C’est ce que j’ai entendu à une conférence à Papeete, de la bouche d’un Grand Maître du G…O…, les ateliers féminins auraient été créés pour animer les soirées, à l’arrière des champs de bataille. Prof d’histoire, le G…M… Super diplômé le con. La misogynie est un racisme comme les autres… Pendant quarante deux ans j’ai râlé contre, j’estime que j’ai été assez patient, maintenant je l’ouvre ma boîte, nananaireu !...

Que je précise tout de suite, j’ai rencontré dans les ateliers beaucoup plus de gens formidables que de mauvais maçons. Des cons malhonnêtes il y en a partout. Cons mais diplômés, vicieux. Les docteurs es jesètou, les pires.

Ce qui me pose problème, c’est la méthode. La Franc-Maçonnerie prétend « changer l’homme ». L’usage régulier de ses symboles ouvrirait à la connaissance socratique : connaîs toi toi-même. C’est vrai ! Mais ça prend du temps ; il y faudrait plusieurs vies consécutives comme des Mathusalem. Fréquentez donc le divan du psychanalyste, deux ou trois ans suffisent. Au bout du compte ce n’est pas plus cher, au bout…

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Donc j’ai attendu 40 années pour découvrir la littérature de la secte des hauts grades. A la lecture, j’ai tout de suite reconnu la morgue condescendante des 30e que j’ai croisé dans les ateliers. Quand ce n’est pas de la morgue c’est le culot des arrivistes. Tout pour se faire mousser et confisquer l’outil de commandement, le maillet. Le dernier dans mes souvenirs est assez récent. Jacques. Je l’ai entendu plancher sur le sujet brulant de l’initiation des femmes au GODF, à Périgueux. Saignant le Jacques. Vachement « pour » les femmes. Il est passé par les hauts grades. Il s’est retrouvé avec les huiles à Paris. Que croyez vous qu’il a fait ? Il a signé avec quelques compères parisiens la mise en accusation d’un jeune Frère que je connais bien, pour commencer devant la justice maçonnique, avec menace de le faire devant la justice profane, c'est-à-dire la justice de la République. Motif mon adjudant ? Aurait utilisé le fichier du GODF pour communiquer par courriels à tous les Ateliers de l’Ordre le point de vu de son Atelier et d’une cinquantaine d’autres sur le sujet toujours recommencé, sur le métier remettez votre ouvrage, de la mixité au GODF. Le Jacques ! Fervent défenseur de la mixité à Périgueux, gueux raciste à Paris.

C’est la goutte d’eau qui m’a fait déborder du vase. J’ai jeté mon froc aux orties et merde aux putains de racistes. Le sexisme est un racisme.

Une dernière anecdote. J’étais à Papeete dans la salle humide (le bar dans l’entrée de la maison qui abrite le temple…où ont lieu les tenues ) en compagnie de deux Frères. Nous bavardions. Le sujet : les femmes… Ils étaient tous les deux contre, parce que « je ne peux pas me sentir libre comme avec les hommes, s’il y a des femmes ». Et je réponds : « Ben c’est comme moi, je ne me sens pas vraiment libre quand il y a des noirs. » Evidemment l’un était antillais. Ben oui, j’ai ajouté, c’est le même racisme. Pas très contents…

Et je suis persuadé que ce racisme dans le GO est entretenu, couvé, par le platonisme des hauts grades. Comment expliquer cette misogynie ? Mais tout simplement parce que la philosophie de ces Maîtres Saints est platonicienne. Ca se recoupe avec le saintpaulisme et avec toute la descendance catholique, avec Jésus et Hiram. La femme a sa place à la cuisine. (Saint Paul : Femmes, soyez soumises à vos maris ! Voir le texte de Voltaire…)

Alors faire évoluer les choses de l’intérieur, oui, c’est bien. Je n’en ai plus le courage. Je me défroque, près à reprendre mon tablier d’apprenti mais dans une Maçonnerie à deux grades : Apprenti et Compagnon sur le Chantier. Et en virant les gros mots qui n’appartiennent pas au vocabulaire du métier.

J’en connais plein de Maçons qui penchent de ce coté… Groupons nous et demain… l’internationale fraternité sera un nouveau genre de maçons. Allez, on chante : C’est la luuutteee finaaaaaleeeeee !

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Engagement dans une fausse liberté

Le philosophe Jankélévitch qui n’aimait pas la philosophie

allemande, en face des sectes Rose-Croix et autres Invisibles Très

Puissants Grands Prince de l’Aigle à deux ailes, eut pu dire avec Jean

Rostand : Ce n’est pas parce que des gens intelligents croient à des

sottises que cela rend la sottise moins sotte.

La différence entre les loges bleues et les hauts grades : le secret d’un grade à l’autre. Toujours dans le même Bayard, l’initié au grade d’apprenti ne sait rien de ce qui se passe dans les grades suivants. Idem pour les compagnons. Idem pour les maîtres et idem pour les suivants. Hermétisme. Bayard tome 2 page 19 : « En fait, il est bon de restituer à chaque grade son symbolisme particulier, qui petit à petit met ainsi sur la voie. »

Retenez bien le « petit à petit ». C’est la mithridatisation. A chaque tenue, vous avalez une dose de symbolisme et vous finissez par avaler tout plein de sottise. La dose homéopathique mène à tout.

Le fait d’être contacté discrètement pour y entrer peut flatter. Etre coopté pour entrer dans un cercle fermé, avec le secret bien connu, avec la réputation des maçons célèbres… La fierté qu’on en éprouve. L’immédiate fraternité que témoignent les anciens dès la fin de la cérémonie d’initiation… La qualité des orateurs qui présentent des planches très instructives sur toutes sortes de sujets. Ca donne bien des raisons de ne pas trop raisonner

Dominique Desanti dans « Ce que le siècle m’a dit » explique son adhésion au PC et pourquoi elle n’en est pas sortie plus tôt : « Pourquoi suis-je restée douze ans après la Libération dans cette secte internationale qui nous convenait si peu. L’explication première est précisément l’effet de secte élargie à une communauté mondiale, ces camaraderies fraternelles partout, exaltant tes certitudes de ne jamais être seule nulle part. Dans les pays les plus anti communistes se trouvait toujours un réseau. »

C’est très exactement la même chose en Maçonnerie. En loge, on vitupère contre les sectes et l’on se défend d’en être une en

comparant la liberté des membres. On entre facilement dans une secte mais on en sort difficilement. C’est le contraire chez les Maçons. Entrée difficile, trois enquêtes, votes. Démission facile. Il suffit de le dire ou d’envoyer un courrier. Peut être, mais la difficulté est en soi. Il faut quitter « ces camaraderies fraternelles, le réseau… »

En loge, on est libre de penser, de croire, de ne pas croire. C’est tout à fait exaltant. Sans se rendre compte que l’on ingurgite doucement la morale platonicienne pour finalement se complaire dans un athéisme chrétien.

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Vocabulaire à revoir

cÉâÜ °ä|àxÜ wx w|Üx wxá úÇxÜ|xá áÉâá ÑÜ°àxåàx Öâx vx áxÜt|à âÇx àÜtw|à|ÉÇ Ü°Ñ°àxé äÉâá átÇá vxááx M

Ηαα Temple. Prenez le dictionnaire… Bâtiment dédié à un culte. Vous

aurez beau tergiverser, vous ne pourrez pas ôter à ce mot son sens premier qui est religieux. Et puis la référence à celui de Salomon n’arrange pas notre affaire, avec ses colonnes Joakin et Boaz. Les Maçons qui se veulent tant Laïques !...Il faut décuretailliser la Franc-Maçonnerie. Où peuvent bien travailler des maçons ? Je propose « Chantier », « Maison », « Usine ».

Vénérable. Un Frère me propose « Architecte ». « Patron/ne » a une

connotation religieuse. Par contre « Singe » vient directement de l’argot du bâtiment… « Maître » a une teinte scolaire mais il est homonyme de Mètre, la mesure. Le Maître avec une règle graduée pour garder la mesure sur le Chantier.

Surveillant. C’est l’évêque… du grec episkopos=surveillant. Prenons

« Contremaître », le « Pion » des potaches, « Métreur » Le parvis. Petit Robert l’affecte seulement aux églises !... « Les

abords » tout simplement Frère. Évidemment on peut penser au Très Cher Frère des écoles

chrétiennes. Mais c’est en premier, le lien familial et comme nous sommes tous parents (cf. Langaney), je propose de le garder. Nous ne sommes pas obligés de tout rejeter, mais par souci de laïcité n’imposons pas de termes religieux.

J’ai pris cinq exemples. Il reste beaucoup de gros mots à laïciser. Le

chantier est ouvert. Il nous suffit de retrousser nos manches.

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Pour une Franc-Maçonnerie moderne Je peux vous le dire en Espéranto si vous voulez : Kvankam inteligentaj uloj kredas je stultaĵoj, daŭre stulteco ne fariĝas malpli

stulta. D’aucuns me diront que je critique, que je démolis, que j’insulte, que

je blasphème, que j'irrite, que j’exagère, que je n’ai rien compris, que je mens, que je fais du vent, que je moque l’esprit de nos ancêtres, que je calomnie, que je bêtifie, que je crâne, que je règle des comptes (avec qui ?), que je crache en l’air et que je dis qu’il pleut, que je pisse dans mes violons.

Jean-Charles tu connais aussi bien que moi les ripoux Alban, Raymond, Jean et je n’ai pas parlé d’Alexandre, de José et de beaucoup d’autres. Exagérai-je ?

Jean-Charles, tout de même, ne te sens-tu pas boursoufflé aux entournures avec le vocabulaire de la secte ? Tu es Saint ? Kadosch ?

Frères trois points, qui après nous criez N’ayez les cœurs contre nous endurcis… Nous pouvons sortir de cette débâcle, de cette débauche de

grandiloquence que l’on croirait extraite du Consuelo, la Comtesse de Rudolstadt, le roman feuilleton de George Sand. Autant Consuelo est une grandiose promenade musicale, autant Rudolstadt plonge dans le délire des Invisibles. La mort d’Hiram, la mort de Jésus mêmes résidus de la pensée magique de l’homme primaire.

Alors c’est quand qu’on passe au secondaire ?