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Le SIG comme outil d’analyse du processus d’étalement urbain. Le cas des quartiers informels des mohafazat de Damas et rif Damas entre 1942 et 2009. David Lagarde Introduction : A l’instar de nombreuses villes du Sud, les métropoles arabes ont connu un accroissement de population considérable depuis le milieu du XX ème siècle. Ce phénomène, dû à l’effet conjugué d’une croissance démographique soutenue, d’un exode rural et de l’arrivée de plusieurs vagues de réfugiés, a favorisé l’émergence d’espaces construits illégalement sur des terrains situés en marge des villes, communément appelé « quartiers informels ». Leur augmentation fut telle au cours de ces dernières décennies que ces espaces autrefois périphériques, sont aujourd’hui devenus des espaces centraux de la cité proche-orientale. Dans le cas de Damas, même s’il s’agit d’espaces construits illégalement, ils ne sont pas systématiquement détruits par les autorités. Au contraire, une grande partie de ces quartiers s’intègrent désormais dans le tissu urbain de la capitale et constituent des espaces dynamiques sur le plan économique, ce qui conduit bien souvent les autorités à avancer dans la voie de la régularisation. Aujourd’hui, les quartiers informels sont dans leur grande majorité reliés aux réseaux de services (transports, eau, assainissement, électricité) et contrastent avec l’image de bidonvilles régulièrement engendrée à leur évocation. Cependant, l’étalement urbain continu et certaines zones informelles sont considérés comme des lieux en marge que les pouvoirs publics cherchent à éradiquer. La première partie de cet article cherchera à donner au lecteur des pistes lui permettant d’appréhender la notion de quartiers informels dans le monde, puis plus particulièrement à Damas. Dans la seconde partie, on exposera la démarche technique utilisée pour constituer un système d’information géographique sur les quartiers des gouvernorats de Damas et rif Damas. Le but de ces travaux étant de mettre en évidence l’apport des SIG pour une meilleure compréhension de la ville, nous verrons dans un premier temps que cet outil permet de replacer l’influence des quartiers informels dans le processus d’étalement urbain de la capitale. Une série de cartes illustrera les évolutions spatiales de la capitale à différentes dates, entre 1942 et 2009. Des données issues du recensement de population de 2004 permettront ensuite de dégager des tendances physiques et sociales des différents quartiers de Damas. En croisant ces résultats avec la localisation des quartiers informels, cela permettra d’obtenir des informations sur ces espaces et les personnes qui y résident. I) « De l’explosion urbaine au bidonville global » 1 : dynamiques de “l’informel“ dans le monde contemporain. Depuis les années 60-70, on assiste à un développement exponentiel des grandes agglomérations de la planète. Le nombre de citadins ne cesse d’augmenter, au point de s’élever aujourd’hui à 3,2 milliards d’individus. Il en est de même du nombre de grandes villes : « En 1950, le monde comptait 86 villes de plus d’un million d’habitants ; aujourd’hui, on en dénombre 400, et en 2015 il y en aura au moins 550 » (Perspectives de l’urbanisation mondiale ONU, 2002). Cette révolution urbaine reste largement plus marquée dans les métropoles du Sud que dans les villes occidentales. Ce constat devrait d’ailleurs se voir renforcer dans les années à venir. D’après des estimations réalisées par la Far Eastern Economic Review, Bombay compterait 33 millions d’habitants d’ici à 2025 et à l’échelle de l’Asie, on assisterait au développement d’une dizaine de mégalopoles. Ce sont plus particulièrement les périphéries des grandes villes industrielles qui se 1 Titre inspiré de l’ouvrage de Mike Davis : « Le pire des mondes possible : de l’explosion urbaine au bidonville global ».

Le SIG comme outil d’analyse du processus d’étalement urbain. Le casdes quartiers informels des mohafazat de Damas et rif Damas entre1942 et 2009

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Cette étude, menée pour l'Observatoire urbain du Proche-Orient de Damas, cherche à mettre en évidence l'influence des quartiers informels dans le processus d'étalement urbain de Damas. L'article présenté ici est tiré d'un mémoire de fin d'étude dans lequel sont exposées les démarches de travail utilisées pour la construction d'un SIG, une présentation des quartiers informels dans le monde et plus particulièrement à Damas, ainsi qu'un ensemble de cartes venant appuyer les résultats des recherches.

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Le SIG comme outil d’analyse du processus d’étalement urbain. Le cas des quartiers informels des mohafazat de Damas et rif Damas entre 1942 et 2009. David Lagarde  

Introduction :

A l’instar de nombreuses villes du Sud, les métropoles arabes ont connu un accroissement de population considérable depuis le milieu du XXème siècle. Ce phénomène, dû à l’effet conjugué d’une croissance démographique soutenue, d’un exode rural et de l’arrivée de plusieurs vagues de réfugiés, a favorisé l’émergence d’espaces construits illégalement sur des terrains situés en marge des villes, communément appelé « quartiers informels ». Leur augmentation fut telle au cours de ces dernières décennies que ces espaces autrefois périphériques, sont aujourd’hui devenus des espaces centraux de la cité proche-orientale. Dans le cas de Damas, même s’il s’agit d’espaces construits illégalement, ils ne sont pas systématiquement détruits par les autorités. Au contraire, une grande partie de ces quartiers s’intègrent désormais dans le tissu urbain de la capitale et constituent des espaces dynamiques sur le plan économique, ce qui conduit bien souvent les autorités à avancer dans la voie de la régularisation. Aujourd’hui, les quartiers informels sont dans leur grande majorité reliés aux réseaux de services (transports, eau, assainissement, électricité) et contrastent avec l’image de bidonvilles régulièrement engendrée à leur évocation. Cependant, l’étalement urbain continu et certaines zones informelles sont considérés comme des lieux en marge que les pouvoirs publics cherchent à éradiquer. La première partie de cet article cherchera à donner au lecteur des pistes lui permettant d’appréhender la notion de quartiers informels dans le monde, puis plus particulièrement à Damas. Dans la seconde partie, on exposera la démarche technique utilisée pour constituer un système d’information géographique sur les quartiers des gouvernorats de Damas et rif Damas. Le but de ces travaux étant de mettre en évidence l’apport des SIG pour une meilleure compréhension de la ville, nous verrons dans un premier temps que cet outil permet de replacer l’influence des quartiers informels dans le processus d’étalement urbain de la capitale. Une série de cartes illustrera les évolutions spatiales de la capitale à différentes dates, entre 1942 et 2009. Des données issues du recensement de population de 2004 permettront ensuite de dégager des tendances physiques et sociales des différents quartiers de Damas. En croisant ces résultats avec la localisation des quartiers informels, cela permettra d’obtenir des informations sur ces espaces et les personnes qui y résident. I) « De l’explosion urbaine au bidonville global »1 : dynamiques de “l’informel“ dans le monde contemporain. Depuis les années 60-70, on assiste à un développement exponentiel des grandes agglomérations de la planète. Le nombre de citadins ne cesse d’augmenter, au point de s’élever aujourd’hui à 3,2 milliards d’individus. Il en est de même du nombre de grandes villes : « En 1950, le monde comptait 86 villes de plus d’un million d’habitants ; aujourd’hui, on en dénombre 400, et en 2015 il y en aura au moins 550 » (Perspectives de l’urbanisation mondiale ONU, 2002).

Cette révolution urbaine reste largement plus marquée dans les métropoles du Sud que dans les villes occidentales. Ce constat devrait d’ailleurs se voir renforcer dans les années à venir. D’après des estimations réalisées par la Far Eastern Economic Review, Bombay compterait 33 millions d’habitants d’ici à 2025 et à l’échelle de l’Asie, on assisterait au développement d’une dizaine de mégalopoles. Ce sont plus particulièrement les périphéries des grandes villes industrielles qui se                                                               1 Titre inspiré de l’ouvrage de Mike Davis : « Le pire des mondes possible : de l’explosion urbaine au bidonville global ». 

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développent le plus rapidement en absorbant une main d’œuvre rurale, mise au chômage suite aux réformes néo-libérales dictées par le FMI et adoptées par leurs gouvernements respectifs. A la différence des ruraux attirés par les centres de la révolution industrielle au XIXème siècle, à l’heure actuelle, les paysans quittent les campagnes non pas parce qu’ils sont attirés par la ville, mais tout simplement parce qu’ils n’ont pas d’autre choix pour survivre. Arrivés sans économies ni réelles perspectives d’emploi, ils sont souvent contraints de s’installer dans des zones d’habitation précaires, qualifiées de bidonvilles, squats, taudis, zones, quartiers insalubres, zones d’habitat informel, quartiers informels, habitat spontané, etc…

Cette multiplication de termes souligne parfaitement la diversité des contextes. Si l’on s’en tient à la définition de l’ONU, “Un bidonville ou taudis (slum) est une zone d’habitation contiguë où les habitants sont dotés de logements et de services de base insuffisants. Le bidonville ou taudis n’est souvent pas reconnu ou pris en compte par les autorités comme une partie intégrante et équivalente de la ville. Cinq composantes le caractériserait: “insécurité de la tenure, accès insuffisant à l’eau, accès insuffisant à l’assainissement et aux autres infrastructures de base, qualité de la structure du logement insuffisante, surpeuplement” (ONU-Habitat, 2003).

Cette définition englobe donc des zones d’habitation qui peuvent êtres très différentes les unes des autres. Cependant, l’illégalité constitue leur point commun. En effet, qu’il s’agisse de bidonvilles (faits de matériaux très vulnérables) ou de quartiers informels (construits en dur), ils se sont tous développés sans obtention de permis de construire, généralement sur des terrains qui n’étaient pas prévus pour la construction. Sorti de ce point, l’informel peut regrouper un panel très large d’habitations, allant de l’abri de fortune à la villa avec piscine. Il en est de même des personnes qui y résident. Comme le souligne Kahn & Galaski (2011), en terme d’emploi, les résidants de ces quartiers peuvent avoir des trajectoires que tout oppose. “Si la majorité des bidonvillois travaille dans le secteur informel, on compte parmi eux aujourd’hui presque toutes les catégories professionnelles, du marchand ambulant à l’avocat en passant par le policier.2“ De plus en plus de citadins n’hésitent pas à quitter les centres villes pour s’installer dans des quartiers d’habitat spontané afin d’améliorer leur qualité de vie. Loin des représentations occidentales du bidonville perçu comme un lieu d’insécurité, de trafics et d’insalubrité, les conditions de vie dans certains quartiers informels sont souvent bien meilleures que dans beaucoup de quartiers planifiés. S’installer dans un habitat informel peut donc constituer un moyen d’acquérir un espace de vie plus grand, moins cher et disposant même parfois d’un jardin. A Damas par exemple, certains logements informels situés dans la Ghouta3 disposent de piscines et de grandes parcelles agricoles.

Ainsi, les normes occidentales qui placent l’habitat informel en marge de la cité du fait qu’il s’agisse de constructions non planifiées nous amène à repenser complètement le concept de ville. Ces quartiers, moins représentatifs de la notion d’urbain, s’intègrent toutefois de plus en plus à la cité, tant leur part dans la superficie totale de certaines agglomérations est importante. Avec leur développement exponentiel autour des villes du Sud, ces espaces tendent inexorablement à constituer le cœur de la ville, tant sur un plan géographique qu’économique. A Damas, ce type de construction fait désormais pleinement parti du paysage. L’étalement urbain grignote depuis les années 1940 les pentes du mont Qassioun, ainsi que les plaines autrefois fertiles de la Ghouta. Selon les définitions retenues, la part des constructions informelles à Damas représenterait jusqu’à 80% du total bâti. Ainsi, en considérant l’informel dans sa définition la plus large, on en arriverait à une notion de “ville informelle“. Cela conduit forcément les autorités à reconsidérer ce type d’habitat et à adopter des modes de gestions adaptés à ces espaces. Ainsi, ces quartiers sont de plus en plus intégrés à la ville par leur connexion aux réseaux de services, voir, par leur régularisation par les pouvoirs publics.

                                                              2 http://www.franceculture.com/blog‐globe‐2011‐06‐10‐re‐connaitre‐les‐bidonvilles.html 3 La Ghouta signifie « oasis » en arabe. Ce terme fait référence aux terres agricoles qui entourent la capitale et constituent une oasis au milieu de désert. 

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Les principaux facteurs du développement des quartiers informels à Damas • La croissance démographique

Depuis 1920, décennie durant laquelle on recense l’apparition des premiers logements informels sur le Mont Qassioun, la population syrienne a très fortement augmenté, passant de 1,5 millions d’habitants en 1920, à 17 980 000 en 2004 (source : UNPD World, d’après les recensements de population officiels). On observe tout d’abord un fort accroissement de population à la sortie de la seconde guerre mondiale dû au progrès de la médecine dans le pays. La Syrie fait d’ailleurs partie des pays du Sud de la Méditerranée les plus en avance en matière d’accès aux soins, avec plus d’un médecin pour 1000 habitants. Le taux de mortalité n’a donc cessé de chuter depuis les années 50, passant de 21,4% pour la période 1950-1955, à 5,6% pour la période 1995-2004. Combiné à un taux de natalité supérieur à 4,5% jusqu’en 1995 (2,08% en 2007), la croissance démographique fut forte et prolongée, provoquant cette considérable augmentation de population à l’échelle du pays (J.L. Reifers, 1997). • Le phénomène de centralisation

Plus encore que la croissance démographique, les réformes économiques et politiques qui ont suivi l’arrivée du parti Baas au pouvoir à partir des années 60-70 ont étés d’importants facteurs d’augmentation de population à Damas. En effet, le développement d’un puissant appareil bureaucratique d’Etat entraina un phénomène de centralisation et de concentration des pouvoirs autour de la capitale. Toutes les institutions politiques, économiques, culturelles et universitaires, ainsi que les grandes usines du pays s’y trouvèrent regroupées, entrainant l’arrivée de migrants internes originaires de tous les gouvernorats du pays. La place centrale qu’occupe le combat contre Israël dans l’idéologie baasiste amena quant à elle à une forte militarisation de la capitale, en raison de sa proximité géographique avec son ennemi sioniste. Ainsi, des milliers de familles de militaires vinrent s’installer à Damas à partir du milieu des années 70. Un nombre important d’entre elle construit ses logements sur des terrains situés à proximité des casernes et qui n’étaient pas planifiés pour la construction. Dans le même temps, le peu d’intérêt pour la mise en place de projets économiques viables dans les autres gouvernorats syriens, ajouté aux sécheresses successives dans l’Est du pays, entraîna aussi une forte émigration en direction de Damas. Plus récemment, le projet de « la ceinture arabe » mis en place par l’Etat dans la Jazireh4 et visant à fournir de nombreuses terres aux Arabes et aux Bédouins, au détriment des Kurdes, a renforcé l’exode de ces derniers en direction de la capitale. Vivant d’emplois précaires, ils trouvent refuge dans des quartiers informels à majorité Kurde, comme la zone de Mashru Dummar, Rouknedine ou encore Wadi al machari, entre autres (Abboud, 2007).

• L’arrivée de populations réfugiées

Les réfugiés Palestiniens constituent l’une des plus importante communauté de réfugiés en Syrie. Au lendemain de la création de l’Etat d’Israël en 1948, avec la Nakba 5 « le nombre de Palestiniens qui émigrent en Syrie est estimé entre 85 000 et 90 000, soit environ 10 % de la population réfugiée » (Khadija Fadhel, 2007 : 237). Rapidement, des organisations caritatives locales et internationales vont venir en aide aux réfugiés en créant des structures d’accueil afin de les reloger. « Les organisations humanitaires, vont décider de la création de camps ex nihilo, généralement implantés autour des grandes villes syriennes » (Khadija Fadhel, 2007 : 237). A côté de ces camps officiels, des espaces d’accueil se développent de manière informelle, sur des terrains ne disposants d’aucun aménagement particulier, dont la plupart sont situés sur les terres agricoles de la Ghouta. C’est ainsi que se développe le camp informel de Yarmouk. Plus tard, avec

                                                              4   La  Jazireh  est  une  région  aride,  frontalière de  la Turquie  et  de  l’Irak,  au Nord Est de  la  Syrie.  C’est  là  que  résident  la majorité des kurdes du pays. 5 La Nakba signifie la catastrophe en arabe. Elle correspond, pour les Palestiniens, à la création de l’Etat d’Israël et la perte, pour une partie d’entre eux, de leurs terres et de leurs logements qu’ils ont quittés lors de l’avancée des troupes armées israéliennes sur la Palestine. 

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l’arrivée de nouveaux réfugiés palestiniens en 19676, puis des remises envoyées par les migrants du Golfe,7 les limites de ce camp vont êtres considérablement repoussées. L’augmentation de population et le dynamisme économique de cet espace vont progressivement inciter les autorités syriennes à le raccorder aux réseaux d’eau, d’électricité et d’assainissement, ainsi qu’à y construire des routes asphaltées afin de l’intégrer définitivement au tissu urbain de la capitale. A ces réfugiés palestiniens, il faut ajouter les réfugiés du Golan qui sont eux aussi venus trouver refuge à Damas à partir de 1967. Leur nombre dépasse aujourd’hui un demi-million d’habitants. Cette population se répartie dans divers camps, quartiers et banlieues de la capitale syrienne, dont les plus connus sont le camp de Wafdin, la zone de Sayyida Zeinab ou bien encore les lotissements de Berzeh (Abboud, 2007). Plus récemment, plusieurs milliers de réfugiés irakiens se sont installés de manière plus ou moins provisoire à Damas, en particulier dans les quartiers de Sayyida Zeinab, Jaramana, Massaken Barzeh, Yarmouk ou bien encore Qoudsayyah. Le gouvernement syrien avance le chiffre de plus d’un million de réfugiés. Le nombre exacte est difficile à estimer avec exactitude, mais ce qui est sûr, c’est que plus des deux tiers de la population enregistrée au HCR réside dans la région de Damas (Doraï, 2009), ce qui contribue à soutenir l’expansion territoriale de la capitale. Les seules banlieues de Sayyida Zeynab et Jaramana concentreraient à elles seules plus de 50% des réfugiés irakiens de l’agglomération de Damas (Roussel, 2009). La forte demande de logements a favorisée le développement des constructions informelles dans la périphérie de la capitale. Ainsi, dans le quartier de Jaramana, les anciennes constructions basses des années 70-80 ont été remplacées par des immeubles en béton de plusieurs étages, construits pour la plupart sans autorisation.

Principales caractéristiques des quartiers informels damascènes Même si d’une manière générale, les quartiers informels de Syrie accueillent des populations économiquement vulnérables, il serait faux de les considérer comme des bidonvilles. Non seulement ceux-ci sont généralement bâtis en dur, mais sur un plan physique et esthétique, il est fréquent qu’il n’existe aucune différence visible entre constructions formelles et informelles. Puis, comme cela était évoqué plus haut, la majorité des logements illégaux de Damas sont raccordés aux réseaux de services. Par ailleurs, il est de plus en plus fréquent que des personnes issues des classes moyennes soient forcées de s’éloigner du centre-ville, en raison de l’augmentation du prix des loyers. Certaines d’entre elles n’hésitent pas à s’installer dans des logements informels. Dans les franges les plus éloignées de la Ghouta, on trouve même de grandes villas avec piscines, habitées par des familles aisées. D’une manière générale, le prix d’un logement informel se révèle toutefois moins cher que les logements légaux. Toutefois, selon le quartier et le standing, un logement informel peut s’avérer plus cher qu’un logement formel. C’est notamment le cas des villas de la Ghouta évoquées plus haut dans le texte.

Dans le cas de cette étude, les caractéristiques suivantes ont été retenues pour déterminer le caractère illégal d’un logement :

• Les bâtiments construits sur des terrains publics non planifiés pour la construction.

• Les bâtiments construits sur des terrains planifiés pour la construction, mais sans permis de construire.

                                                              6 Appelé « Guerre des 6 jours », ce conflit opposa une coalition militaire de la Ligue Arabe à l’armée israélienne du 5 au 10 juin  1967.  S’en  suivit  l’annexion  de  nombreux  territoires  par  les  Israéliens,  entraînant  un  important  mouvement  de réfugiés palestiniens dans la région.   7 A  partir  des  années  70,  de  nombreux  réfugiés  Palestiniens  vont  partir  travailler  dans  les  pays  du Golfe.  Grâce  à  cette migration  économique,  ils  vont  connaître  une  augmentation  considérable  de  leur  niveau  de  vie.  L’envoie  de  remises gagnées en migration va favoriser dans le même temps le dynamisme socio‐économique et le développement physique des camps d’où ils sont originaires. 

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• Les bâtiments construits sur des terrains agricoles privés, non planifiés pour la construction.

Modes de gestion de ces espaces Depuis leur apparition dans les années 1920, les constructions informelles se sont multipliées de façon exponentielle en Syrie, sans que les autorités n’arrivent à freiner ce processus. En 1975, une loi interdisant la démolition d’une construction informelle bâtie en dur fut adoptée. Paradoxalement, les autorités, qui, sans pour autant souhaiter une véritable régularisation de ce type de quartiers, œuvrèrent pour y améliorer les conditions de vie. Dans les années 80 et en particulier au cours de la décennie 90, ils ont tous été raccordés aux réseaux d’eau, d’électricité et d’assainissement. Des routes asphaltées y ont été construites et un ensemble de services (écoles, services sociaux, etc.) y furent implantés (Clerc, 2011). A partir des années 2000 et l’arrivée au pouvoir de Bachar al Assad, les autorités ont changé leur manière d’appréhender les quartiers informels, les considérant comme une des problématiques centrales dans le développement du pays. Une administration en charge de ces questions est créée, tandis que les études et projets en direction des zones d’habitat informel se multiplient. « En 2003, la loi 44 de 1960 sur les infractions du bâtiment a été remplacée pour régulariser les infractions mineures et les immeubles qui, sans avoir de permis, se conformaient cependant aux plans d’urbanisme, et pénaliser plus durement les autres. La modification de l’appareil législatif sur l’urbanisme et le lancement des grands programmes de logements sociaux (…) ont été réalisés en grande partie pour endiguer le développement de ces quartiers. » (V.CLERC, 2011 : 9).

Jusqu’au début du soulèvement commencé au mois de mars 2011, les autorités semblaient partagées quant à l’avenir de ces quartiers. Une première tendance visait à les réhabiliter afin de les intégrer aux plans directeurs mis en place en matière d’urbanisme ; tandis que la seconde cherchait au contraire à détruire ces constructions pour les remplacer par de nouveaux logements financés par des investisseurs privés. Toutefois, avec les évènements en cours, la tendance est au développement effréné de l’informel dans la périphérie de la capitale. En effet, le problème majeur des autorités étant actuellement de trouver un moyen de mettre un terme aux manifestations, elles ne se préoccupent plus pour l’instant de ces questions. Pendant ce temps, des quartiers entiers sortent de terre sur des terrains situés à l’extérieur des plans directeurs. La question se pose donc à présent de savoir de quelle manière ces espaces vont êtres gérés une fois la crise politique terminée et avec l‘instauration éventuelle d’un nouveau régime. II) Mise en place du SIG Depuis 4 ans, sous la direction de Valérie Clerc, l’Observatoire urbain8 a axé une partie de ses recherches sur l’étude des quartiers informels de Damas. Dans ce cadre, plusieurs stagiaires ont participé à numériser les différents quartiers informels de la capitale à partir du logiciel Google Earth, sur une période allant de 1942 à 2009. Une des tâches à effectuer avant de se lancer dans l’analyse du processus d’étalement urbain était d’achever ce travail de numérisation pour la période 2004-2009. Une fois cette étape terminée, il restait à intégrer l’ensemble de ces données dans le logiciel SIG Arcgis, ceci afin de créer un système d’information géographique ré actualisable, et dans lequel d’autres données géométriques et attributaires pourront par la suite être ajoutées.

Un ensemble de données a servi de base de construction au SIG. Le premier groupe -le plus important et lui-même divisé en trois sous-groupes- contenait les données produites à partir de Google Earth. Le premier sous groupe comportait les polygones représentant les constructions

                                                              8  L’observatoire  urbain  est  un  programme  de  recherche  permanent  lancé  à  Beyrouth  en  1991  sur  les  questions d’urbanisme et d’aménagement des villes du Proche‐Orient.  

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informelles à Damas à différentes dates, entre 1942 et 19939. Venait ensuite l’ensemble des zones de constructions informelles10 des gouvernorats de Damas et de rif Damas en 2004. Enfin, dans le troisième sous groupe, on retrouvait les constructions bâties entre 2004 et 2009 selon une typologie hiérarchisée comme suit : « habitation » ; « piscine » ; « activité/entrepôt ». C’est ce groupe de données qui devait être complété avant de commencer la conversion, puis l’intégration de la totalité des fichiers kml dans le projet Arcgis. En plus de ces fichiers kml, on disposait de deux fichiers au format shp,11 représentant respectivement les constructions en dur et les limites administratives des mohafazat de Damas et rif Damas en 200912. Enfin, un tableau Excel contenant des variables issues du recensement de population de 2004, ainsi que 5 scans de plans de Damas utilisés par les précédents stagiaires pour numériser les constructions informelles de la ville entre 1942 et 1993, venaient compléter cet ensemble de données. Une fois le travail de numérisation des constructions informelles bâties entre 2004 et 2009 terminé dans Google Earth, il faut procéder à l’intégration de ces données dans Arcgis. Toutefois, étant au format kml13, pour pouvoir les lire dans Arcgis, il est indispensable de les convertir au format shp. Pour cela, on utilise l’outil de conversion gps to shp files (téléchargeable gratuitement sur le site d’Arcgis et à intégrer à la toolbox du logiciel14). Une fois l’ensemble des polygones converti en shp et intégré au projet, il reste à numériser les constructions formelles afin de pouvoir mettre en évidence l’influence de l’informel dans le processus d’étalement urbain de la capitale. Pour cela, on procède d’abord au géo référencement de chaque plan dont on dispose pour la période 1942-2004, afin de pouvoir ensuite numériser les zones de constructions formelles. Le travail de géo référencement consiste à trouver des points communs entre la couche raster (données shp) et la couche vecteur du projet (le scan du plan) afin de géolocaliser le plus précisément possible les polygones que l’on s’apprête à numériser à partir des plans de la ville. Une image géoréférencée contient toujours une marge d’erreur qu’il convient par conséquent de réduire au maximum.

Une fois les plans de la capitale géoréférencés, la numérisation des zones de constructions formelles peu commencer. En se servant ensuite du shp représentant l’ensemble des constructions en dur, on lance une requête spatiale pour chacune des années afin de sélectionner les constructions recouvertes par les zones de constructions formelles. La même requête spatiale sera par la suite lancée entre les couches représentant les constructions en dur, et les zones de constructions informelles en 2004. Ce type de requête permet d’obtenir une numérisation à l ‘échelle de la construction, beaucoup plus précise et efficace qu’une numérisation à la zone, en particulier lors des calcules de surfaces visant à obtenir un chiffre s’approchant le plus possible de la réalité du terrain.

                                                              9 Les dates précises étaient 1942, 1962, 1972, 1982 et 1993. 10 Par zone de construction  informelle, on entend que  la numérisation n’a pas été  réalisée à  l’échelle de  la  construction, mais par grands ensembles, ce qui fait qu’une zone comprend à la fois les constructions, mais également les rues et certains terrains situés entre différents bâtiments informels 11 Le shapefile  (shp), est un  fichier de  forme contenant  l’information géométrique des objets représentés dans un projet cartographique réalisé à partir du logiciel Arcgis. 12 Mohafaza,  littéralement  gouvernorat  en  arabe.  Il  s’agit  d’une  division  administrative  du  territoire  utilisée  dans  la majorité  des  pays  arabes.  A  Damas,  on  distingue  les  Mohafazat  de  Damas  et  de  rif  Damas.  Le  premier  correspond seulement à la ville de Damas, tandis que le second comprend à la fois la ville et la campagne environnante. 13 KML (Keyhole  Markup  Language)  est  un  langage  destiné  à  représenter  des  repères  géospatiaux  dans  les  logiciels cartographiques de Google (Google Earth, Google Map, Google Mobile). 14 L’outil gps to shp files est disponible à l’adresse suivante : http://arcscripts.esri.com/details.asp?dbid=16797 

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En 1942, la surface construite qui apparaît sur cette carte correspond à l’ensemble de l’agglomération de Damas. A cette date, la ville était encore peu peuplée et entourée de terres agricoles qui alimentaient l’ensemble de la population damascène. Les premières constructions informelles avaient commencées à faire leur apparition sur les pentes du Mt Qassioun quelques années auparavant, mais ce phénomène restait jusqu’alors cantonné à ce lieu. En 1972, on observe une densification du bâti, principalement dû au développement du cœur de la ville qui est construit légalement sur des terrains appropriés et planifiés pour la construction. On note toutefois l’apparition de quelques constructions informelles qui commencent à former de nouveaux quartiers au sud de la ville. En 2004 en revanche, le centre-ville s’est développé sur la totalité de la surface constructible encore disponible. Cette carte ne représente donc maintenant que le centre-ville de Damas. De nombreux quartiers se sont développés en périphérie. On observe aussi qu’une partie des constructions informelles du Mt Qassioun a été régularisée ; tandis que l’informel s’est développé tout autour de la ville constituant une ceinture englobant la quasi totalité du centre-ville.

A la lecture de ces deux graphiques, il important de garder à l’esprit que la surface considérées en

Processus d'étalement urbain dans le centre‐ville de Damas 

entre 1942 et 2004

1942 1972 2004

Mont Qa

ssioun

Mont Qa

ssioun

Mont Qa

ssioun

0 4,000 m.Constructions formelles

Constructions informelles

Vieille ville

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1993 ne représente déjà que le centre-ville de Damas. On observe ici que si l’augmentation de la surface des constructions informelles a été régulière jusqu’en 1993, elle est plus nette pour la période 1993-2004. Durant cette même période, l’augmentation générale de la surface bâtie dans le centre ville se fait principalement sous l’impulsion des constructions informelles, car les terrains constructibles tendent à être déjà tous utilisés. Avec l’augmentation constante de population à Damas depuis les années 1970, l’étalement urbain s’est effectué au détriment des terrains agricoles de la Ghouta. Cette observation pourra se vérifier en élargissant l’analyse de ce processus à l’ensemble des gouvernorats de Damas et de rif Damas.

Sur cette carte figurent l’ensemble des constructions informelles bâties entre 2004 et 2009. Durant cette période, les quartiers informels se développent très largement à l’est et au sud de l’agglomération, sur les terres encore non construites de la Ghouta. Certains propriétaires puisent d’ailleurs dans les nappes phréatiques l’eau des sources qui alimentaient jusqu’à présent les terrains agricoles, ce qui explique l’importante présence de piscines dans cet espace. Les constructions informelles restent toutefois dans leur grande majorité des logements. Près de 70% sur l’ensemble du territoire Damas/rif Damas et plus de 99% dans le seul gouvernorat de Damas. Si l’on s’intéresse à la surface informelle tout type confondu dans chaque gouvernorat, 88,35% des constructions bâties entre 2004 et 2009 l’ont été dans celui de rif Damas. Cette observation reflète donc bien la saturation de l’espace constructible à l’intérieur du mohafaza de Damas, ce qui a comme conséquence de repousser sans cesse les limites de la capitale sur les terrains agricoles qui se trouvent en périphérie.

698.56

88.35142.71

302.25

0.120

100200300400500600700800

Mohafaza de Damas Mohafaza de rif Damas

Typologie des constructions informelles bâties entre 2004 et 2009Mohafazat Damas et Rif Damas

0 10 Km

Logements

Entrepôts et activités

Piscines

Mohafaza Damas

Mohafaza rif Damas

Surfacedes constructions

(par type & en hectares)

Réalisation: D. Lagarde (juillet 2011)Source: Google Earth, Clotilde de Zélincourt et David Lagarde

0.84

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On observe ci-dessus que les constructions informelles sont en effet beaucoup moins nombreuses à l’ouest de Damas et au vue de la carte précédente, on peut affirmer qu’elles y ont été construite avant 2004. Cette partie du mohafaza est d’une manière générale beaucoup moins construite. En 2009, l’ensemble du territoire Damas/rif Damas, abritait 11 895 hectares de constructions, dont près de 40% d’entre elles étaient informelles. En se basant sur l’ensemble des cartes réalisées, on peut émettre plusieurs phases dans le processus d’étalement urbain de la capitale. La première s’étend des années 1940 aux années 70-80, période durant laquelle la ville se développe progressivement autour du centre historique jusqu’à arriver à une quasi saturation de l’espace constructible au début des années 1990. Au cours des décennies suivantes, les limites de la ville vont sans cesse être repoussées jusqu’à empiéter sur le mohafaza de rif Damas où aura lieu, au cours des années 2000, l’essentiel du développement urbain.

L’objectif principal de cette étude était d’illustrer le processus d’étalement urbain de la capitale. Une fois ce travail effectué, le fichier Excel contenant des données relatives au recensement de population de 2004 fut intégré au SIG. Le but de cette procédure était de recouper ces informations avec la localisation des quartiers informels. Une fois la jointure effectuée entre le fichier Excel et la table attributaire du fond de carte de Damas, de nouveaux champs ont été calculés, comme par exemple le taux de croissance annuel moyen des quartiers entre 2004 et 2010, ou bien encore la densité de population par rapport à la surface construite pour chaque quartier.

 

2036 

5098 1480 

3281 

0

1000

2000

3000

4000

5000

6000

7000

8000

9000

Mohafaza Damas Mohafaza rif Damas

Ensemble des constrcutions dans les Mohafazat de Damas et Rif Damas en 2009

Constructions informelles

Constructions formelles

Mohafaza Damas

Mohafaza rif Damas

0 105 Km

Réalisation: D. Lagarde (juillet 2011)Source: Google Earth, Valérie Clerc, Clotilde de Zélincourt & David Lagarde

Surface des constructions (en hectare & par gouvernorat)

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Cette carte représente le nombre d’habitants dans les différents quartiers de Damas en 2004. A première vue, on peut déjà observer que les quartiers à majorité de constructions informelles accueillent une importante population. Ce phénomène est d’ailleurs particulièrement observable dans les quartiers sud de Damas.

Nombre d'habitants dans les quartiers du Mohafazat de Damas en 2004

200 - 10 000

10 000 - 20 000

20 000 - 40 000

40 000- 90 000

Constructions informellesConstructions formellesVieille ville

Réalisation : D. Lagarde (septembre 2011)Sources : V. Clerc & recensement de population 2004

0 4,0002,000 m.

Densité de Populationpar rapport à la surface de bâti du quartier

Mohafazat Damas 2004

Réalisation : D.Lagarde (septembre 2011)Sources : V. Clerc & Recensement de population de 2004

0 4,000 m.

0.00 - 170 hab / ha

170 - 310 hab / ha

310 - 470 hab / ha

470 - 630 hab / ha

630 - 1120 hab /ha

Zones de constructions informelles

Vieille ville

Méthode de discrétisation : Jenks

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On a ensuite calculé la densité de population des quartiers par rapport à la surface construite. En effet, dans certains quartiers de Damas, seule une surface de territoire restreinte est recouverte de constructions. En se basant sur la surface construite, cela permet d’obtenir une vision plus précise de la densité de population ressentie par les habitants. A la lecture de cette carte, on observe que d’une manière générale, les quartiers informels semblent êtres des espaces densément peuplés, même si ce n’est pas une constante pour l’ensemble des quartiers.

Cette carte cherche à illustrer une éventuelle attractivité des quartiers informels. Pour cela, on se base sur le taux de croissance annuel moyen15 qui permet d’obtenir une variation moyenne sur une période donnée. Pour calculer ce taux, on se base ici sur la population des quartiers en 2004 et sur une estimation de population à l’horizon 2010. Cela permet de mettre en évidence le taux d’accroissement des différents quartiers de Damas pour la période 2004-2010. A la vue de cette carte, on observe que les quartiers du centre-ville ont tendance à être délaissés au profit de la périphérie. Les quartiers informels semblent donc d’une manière générale être attractifs, avec des taux de croissance s’élevant à plus de 15% par an par endroit.

Conclusion

La création de ce SIG a avant tout permis d’obtenir une vision plus précise de l’évolution de la surface bâtie sur le territoire damascène, tout en replaçant l’influence jouée par les constructions informelles dans le processus d’étalement urbain de la capitale. Si le travail réalisé à partir de Google Earth permettait d’illustrer ce phénomène, une analyse approfondit restait toutefois                                                               15Le taux de croissance annule moyen se calcule par la formule suivante : 

   

 

-3 - 0

0 - 5

5 - 10

10 - 15

15 - 18

Taux de croissance annuel moyendes quartiers du Mohafazat de Damas 

entre 2004 et 2010

NB: Le calcul du TCAM est basé sur une estimation de populationpour l'année 2010

Réalisation : D. Lagarde (septembre 2011)Source : Valérie Clerc (2004), recensement de pop. de 2004

Taux de croissanceannuel moyen en % par an

Zones de constructions informelles

Vieille ville

0 4,000 m.

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impossible. En revanche, l’intégration de ces données dans un logiciel SIG à non seulement rendu possible l’obtention d’informations précises et quantifiées sur la surface de l’informel à Damas, mais aussi l’identification de périodes d’augmentation du nombre de quartiers informels sur les différentes parties du territoire. L’avantage principal de ce SIG est son caractère ré actualisable et interactif. Désormais, d’autres données géométriques et attributaires créées par différents acteurs pourront y être ajoutées régulièrement. Grâce à cet outil, l’Observatoire Urbain dispose désormais d’un outil d’analyse lui permettant de garder une vision pertinente du territoire damascène sur le long terme. 

 

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