11
121 4 Le temps de l’humanisme et de la Renaissance 200 km Lisbonne Chenonceaux Chambord Amboise Heidelberg Blois Paris Fontainebleau Anvers Louvain Bruges L’Escurial Madrid Grenade Pavie Milan Mantoue Venise Urbino Florence Sienne Ferrare Padoue Vérone Augsbourg Nuremberg Prague Cracovie Londres Mayence Dresde Poznan Séville Cadix Trente Munich Genève Wittenberg Cologne Bâle Rome Renaissance italienne Renaissance française Renaissance flamande Renaissance rhénane principaux foyers de la Renaissance grand centre de la Renaissance centre artistique et architectural influence de la Renaissance foyer initial de l’imprimerie principal centre d’humanisme foyer de la Réforme protestante foyer de la Réforme catholique point de départ des principales expéditions de découverte Bâle R h i n océan Atlantique D a n u b e El b e W e s e r O d e r Vi st u le Sein e L o ir e Gar o n n e R h ô n e È br e Tag e mer Méditerranée P ô Guadal qui vi r Humanisme et Renaissance Le citoyen à Athènes La Méditerranée au XII e siècle Naissance et diffusion du christianisme 2000 1500 1000 500 J.-C. – 500 L’Europe dans la 1 re moitié du XIX e siècle La Révolution et la France 120 PARTIE PARTIE L’Europe à l’époque de la Renaissance.

Le temps de l’humanisme et de la Renaissance · Les épidémies de peste ne sont plus aussi meurtrières que celle qui a fait disparaître plus du tiers de la population européenne

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121

4Le temps de l’humanisme etde la Renaissance

200 km

Lisbonne

ChenonceauxChambordAmboise

Heidelberg

Blois

Paris

Fontainebleau

Anvers

LouvainBruges

L’Escurial

Madrid

Grenade

Pavie

Milan

Mantoue

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Renaissancefrançaise

Renaissanceflamande

Renaissancerhénane

principaux foyersde la Renaissance

grand centre de la Renaissance

centre artistique et architectural

influence de la Renaissance

foyer initial de l’imprimerie

principal centre d’humanisme

foyer de la Réforme protestante

foyer de la Réforme catholique

point de départ des principalesexpéditions de découverte

Bâle

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A t l a n t i q u e

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Humanismeet Renaissance

Le citoyenà Athènes

La Méditerranéeau XIIe siècle

Naissance et diffusiondu christianisme

200015001000500J.-C.– 500

L’Europedans la 1re moitié

du XIXe siècle

La Révolutionet la France

120

PARTIEPARTIE

L’Europe à l’époque de la Renaissance.

1440 1460 1480 1500 15201400 1420

1453prise de Contantinoplepar les Turcs

Van Eyck (1385-1441)

Brunelleschi (1377-1446)

Les époux Arnolfini

achèvementdu Dôme

de Florence

invention del‘imprimerie

La Joconde

Le Printemps

Éloge de la folie

Utopie

Léonard de Vinci (1452-1519)

Michel-Ange (1475-1564)

Botticelli (1446-1510)

Érasme (1469-1536)

Thomas More (1478-1535)

Léonard de Vinci, Monna Lisa,épouse de Francesco del Giocondo, dite La Joconde, 1503-1505,0,77 x 0,53 m. Musée du Louvre, Paris.

« Qui veut savoir à quel point l’art peutimiter la nature peut s’en rendre comptefacilement en imitant cette tête. Les yeux ontce brillant, cette humidité que l’on observependant la vie. La bouche, ses extrémités,qui se lient par le vermillon des lèvres à l’incarnat du visage, ce n’est plus de la couleur, c’est vraiment de la chair. Au creux de la gorge, un observateur attentifsurprendrait le battement de l’artère. »D’après Giorgio Vasari, Vies des plus excellentspeintres, sculpteurs et architectes italiens, 1550.

123

2 … à l’expression d’une nouvelle sensibilitéartistique.

122

Aux XVe et XVIe s., l’Europe connaît d’importantes transformations. Dans les régions les plus dynamiques et les plus prospères du continent (l’Italie et la Flandre) se propage,dès le XVe s., un vaste courant de renouveau intellectuel, l’humanisme. Il s’accompagne de profondes transformations dans le domaine artistique, c’est la Renaissance.

Ce double mouvement s’appuie sur une grande confiance en l’homme et en ses possibilités. Dès la fin du XVe s. l’humanisme et la Renaissance se diffusent dans le reste du continent européen.

Comment s’expliquent les profonds changements dans la vie intellectuelle et artistique de l’Europe au XVe s. ?En quoi consistent l’humanisme et la Renaissance ?

Les débuts de l’humanismeet de la Renaissance

Jacopo da Barbari, Portrait du mathématicien Luca Pacioli, 1495. Musée de Capodimonte, Naples.

Le moine franciscain Luca Pacioli, auteur d’une Somme mathématique, enseigne ici à son élève Guidobaldo de Montefeltro, duc d’Urbino, comment construire un icosaèdre (solide à 20 faces figuré par le quartz taillé), en utilisant le nombre d’or défini par Euclide au IIIe s. av. J.-C. Mobilisation de la science antique, recherche de la perfection, souci de la transmission du savoir : ce tableau illustre l’esprit de la Renaissance.

CHAPITRE

6

1 D’une volonté de mieux connaître et de mieux comprendre…

125❚ CHAPITRE 6 ❚ Les débuts de l’humanisme et de la Renaissance

Le travail du peintre

Nous autres peintres, nous voulons, parles mouvements du corps, montrer lesmouvements de l’âme […]. Il convientdonc que les peintres aient une connais-sance parfaite des mouvements du corpset les apprennent de la nature pour imi-ter, si difficile que ce soit, les multiplesmouvements de l’âme. Qui, sans l’avoiressayé, pourrait croire combien il est dif-ficile de représenter un visage qui rit sansle faire triste plutôt que joyeux ? Etencore, qui pourrait, sans grande étude,exprimer des visages où la bouche, lementon, les yeux, les joues, le fronts’unissent dans le rire ou les larmes ?Aussi faut-il l’apprendre de la nature enrecherchant les aspects les plus fugitifsdes choses, et ceux qui font imaginer auspectateur plus qu’il ne voit.

Leon Battista Alberti, Traité de la peinture, vers 1435.

1

124

La révolution artistique de la Renaissance● La Madone de la Trinitéde Cimabue (XIIIe s.) et la Sainte Famille à l’agneaude Raphaël (XVIe s.) sont deuxœuvres centrées sur les mêmespersonnages, la Vierge Marie et l’Enfant Jésus. L’inspirationreligieuse, si importante pour les artistes du Moyen Âge, ne disparaît donc pas à la Renaissance. Mais la manière de traiter un tel sujet a considérablementévolué d’une période à l’autre.

DOSSIER

Cimabue, Madone de la Trinité, 1285-1286.Musée des Offices, Florence, 3,85 x 2,23 m.

La Vierge Marie et l’Enfant Jésus entourés par des anges.

2

Raphaël, La Sainte Famille à l’agneau, 1507.Musée du Prado, Madrid, 29 cm x 21 cm.

Au centre du tableau, la Vierge Marie ;à gauche, Jésus enfant et l’agneau, l’un des symboles du Christ dans l’artchrétien ; à droite, Joseph.

3

La perspective

Pour toute figure placée à une grandedistance, tu commences par perdred’abord la notion de ses parties lesplus petites, et conserves jusqu’à lafin celle des plus grandes, en cessanttoutefois de distinguer leurs extrémi-tés ; elles deviennent elliptiques ousphériques et leurs limites, confuses.En peinture, la perspective se diviseen trois parties principales : la pre-mière traite de la diminution quesubit la dimension des corps à diver-ses distances, à mesure qu’ils s’éloi-gnent de l’œil ; la seconde concernel’atténuation de leurs couleurs ens’éloignant de l’œil ; la troisième l’at-ténuation des formes et contours àdiverses distances.Et leurs noms sont : perspectivelinéaire, perspective de la couleur,perspective de la diminution.

Léonard de Vinci (1452-1519), Carnets.

4

Observer les documents (nature, date, auteur, etc.)1. À quelle date ont été réalisées les œuvres des doc. 2 et 3 ?

Retirer des informations des documents2. Selon le doc. 1, quelle doit être la principale préoccupation dupeintre ?

Mettre en relation les informations des documents3. Quels personnages retrouve-t-on d’un tableau à l’autre ?4. Quelles formes géométriques prédominent dans chaque tableau ?Quelles en sont les couleurs ? Qui entoure la Vierge et l’Enfant surchacun des tableaux ? Que suggèrent ces différences ?

C

B

A 5. Comment les deux tableaux représentent-ils la Vierge ? L’EnfantJésus ? La relation entre l’Enfant et la Vierge ?6. Le doc. 3 respecte-t-il les consignes définies par Alberti dans le doc. 1 ?7. À l’aide du doc. 4, analyser le traitement de l’arrière-plan danschacune des deux œuvres.

Rédiger8. En un paragraphe, présenter les transformations amenées par laRenaissance dans l’art de la peinture, dans l’aspect des tableaux etdans leur finalité.

D

Questions

Laurent de Médicis, qui dirige Florence de 1469 à 1492, entouré de lettrés de son académie. Œuvre de Vasari, 1556, Palazzo Vecchio, Florence.

3

Un prince collectionneur, le duc d’Urbino

Ce duc, entre autres actions dignes de louan-ges, édifia sur l’âpre et difficile site d’Urbinoun palais, selon l’opinion de beaucoup le plusbeau que l’on trouve dans toute l’Italie ; et ille fournit si bien de toutes choses utiles que cene semblait pas être un palais, mais une villeen forme de palais ; il l’emplit non seulementde ce dont on se sert ordinairement pourdécorer les pièces, vases d’argent, riches drapsd’or, de soie et d’autres choses semblables,mais, à titre d’ornement, il y ajouta une infinitéde choses anciennes de marbre et de bronze,de peintures très singulières, d’instruments demusique de toutes sortes ; et il n’y voulutaucune chose qui ne fût très rare et excel-lente. Il fit ensuite une grande dépense pourrassembler un grand nombre de très excellentset rares livres grecs, latins et hébreux, qu’il fitorner d’or et d’argent, estimant que c’était làla suprême excellence de son grand palais.

Balthazar Castiglione, Le Livre du courtisan (1528).

2

Les déplacements d’un humaniste : les principaux voyages d’Érasme.1. Quelles sont les principales régions traversées par Érasme ?2. Dans quelles villes a-t-il séjourné ?

5

127126

L’humanismeA. Un temps de renouveau doc. 1

■ Au XVe s., l’Occident sort peu à peu des malheurs qui l’ont frappé depuis lemilieu du XIVe s. La guerre de Cent Ans prend fin en 1453. Les épidémies depeste ne sont plus aussi meurtrières que celle qui a fait disparaître plus du tiersde la population européenne entre 1348 et 1352. Les famines se font plusrares. La population augmente et l’économie redémarre. Dans les zones lesplus dynamiques (Italie, Flandre), la prospérité est de retour.

■ Ce renouveau ne fait pas disparaître les angoisses nées de la crise de la findu Moyen Âge : la peur de l’enfer demeure très vive au sein de la population.Mais dans le climat de confiance retrouvé, des savants s’efforcent de mieuxcomprendre le monde. Cependant, alors que le Moyen Âge centrait sa réflexionsur Dieu, ces savants, sans rejeter Dieu, s’intéressent d’abord à l’homme : c’esten raison de leur foi en l’homme et en ses capacités qu’on les appelle deshumanistes.

B. Un retour à l’Antiquité doc. 2, 3 et 4

■ Ce bouleversement culturel puise son inspiration dans le retour à l’Antiquité.En Italie, on fouille les vestiges romains. Princes et papes collectionnent lesobjets antiques. On se passionne pour les textes grecs, dont certains sont rap-portés en Occident par des érudits byzantins après la prise de Constantinoplepar les Turcs (1453). À Florence, dans l’entourage des Médicis, des humanis-tes comme Marsile Ficin et Pic de La Mirandole redécouvrent Platon, philoso-phe grec du IVe s. av. J.-C. Platon était largement ignoré au Moyen Âge, époquequi se référait surtout à un autre philosophe grec, Aristote.

■ Les textes antiques sont étudiés en tenant compte des règles de la philo-logie. Les Évangiles sont analysés avec un esprit critique. Cette analyse sup-pose que l’on comprenne la langue : c’est pourquoi on se met à étudier leslangues anciennes, non seulement le latin, que tous les lettrés connaissentalors, mais aussi le grec et parfois l’hébreu. Des écoles sont créées pour leurenseignement : le collège des trois langues à Louvain (1517), et le collège deslecteurs royaux à Paris (1530).

C. Vers une république des lettres doc. 5

■ Les humanistes se retrouvent dans l’entourage de certains princes, qui leur fontprofiter de leurs collections et de leurs bibliothèques. Cultivant l’amitié entre gensde lettres, célébrée dans l’Antiquité par Cicéron, ils s’écrivent et se rencontrentlors de leurs nombreux voyages dans tout l’Occident. Ainsi se crée peu à peu enEurope un réseau de relations entre humanistes, une véritable république des let-tres : Érasme (1469-1536), le « prince des humanistes », dont l’Éloge de la folie(1511) illustre l’esprit critique de ces penseurs, en est la figure la plus remarqua-ble. Quand, au début du XVIe s., l’humaniste allemand Reuchlin est inquiété pardes religieux de l’université de Cologne, il reçoit des soutiens de toute l’Europedes humanistes, preuve de la solidarité existant au sein de cette république deslettres.

■ En outre, depuis le milieu du XVe s., l’imprimerie, mise au point à Mayence parl’orfèvre Gutenberg, permet aux humanistes d’accroître considérablement la diffu-sion de leur pensée. Certains d’entre eux se font imprimeurs ; les ateliers d’impri-merie sont aussi des lieux de rencontre entre humanistes.

V O C A B U L A I R E

humaniste : homme de lettres des XVe et XVIe siè-cles, dont la pensée entend rompre avec le MoyenÂge en s’inspirant des auteurs de l’Antiquité. Leshumanistes se montrent aussi critiques à l’égardde ces derniers. Ils se consacrent à l’étude del’homme et de la nature.

philologie : science qui étudie les textes demanière érudite et critique, afin d’en préciser l’au-thenticité et le sens.

❚ CHAPITRE 6 ❚ Les débuts de l’humanisme et de la Renaissance

1

Léonard de Vinci, L’Homme de Vitruve, vers 1490. Académie, Venise.

« On ne peut rien trouver de plus admirableque l’homme. » Pic de la Mirandole (1463-1494).

1. Au sein de quelles figures le personnagefiguré est-il inscrit ?

2. Expliquer le sens du titre donné par Vinci.

1

Oxford(1499-1500) Hollande

Louvain(1517-1521)

1521

1500

1494

Paris(1495-1498)

Bâle(1521-1529)(1535-1536)

Fribourg(1530-1535)

Rome(1508-1509)

Venise(1507)

15081509

1506

1509

1506

principaux voyages d’Érasme :

entre 1494 et 1500 principales villesoù Érasme a séjournéentre 1506 et 1509

en 1521

200 km

AnversBruxelles Aix-la-Chapelle

Cambrai

Mayence

Londres

Orléans

Constance

LyonMilan

Florence

Bologne

PaviePadoue

StrasbourgLoire

Seine

Rhô

ne

Rhin

L’homme, selon l’humanistePic de La Mirandole

J’ai cru avoir compris pourquoi l’hommeest l’être digne de toute admiration etquel est en définitive ce haut rang qui luiest échu dans l’ordre de l’univers. LeParfait Artisan prit l’homme et lui parlaainsi : « Ô Adam, pour les autres leurnature est régie par des lois que nousavons prescrites, toi tu n’es limité paraucune barrière […]. Je t’ai installé aumilieu du monde afin que de là, tu exa-mines plus commodément tout ce quiexiste. Nous ne t’avons fait ni céleste, niterrestre, ni mortel, ni immortel, afin quemaître de toi-même tu te composes lafortune que tu auras préférée. Tu pourrasdégénérer en formes inférieures qui sontanimales, tu pourras au contraire pardécision de ton esprit être régénéré enformes supérieures qui sont divines. »

Pic de La Mirandole (1463-1494), De la dignité de l’homme, 1498.

4

1. Qui est le « Parfait Artisan » ?2. D’après Pic de La Mirandole, quelle est

sa place dans le monde ?3. Quelles sont, selon ce texte, les deux

perspectives qui s’offrent à l’homme ?

Pic de La MirandoleMarsile Ficin

129❚ CHAPITRE 6 ❚ Les débuts de l’humanisme et de la Renaissance128

La révolution de l’imprimerie● L’imprimerie est née de la mise au point par Jean Gutenberg des caractères métalliquesmobiles : grâce à cette innovation, il édite au débutdes années 1550, à Mayence, la première Bibleimprimée. Son invention bénéficie aussi denouveaux procédés de fabrication de l’encre et du papier.

● L’imprimerie se diffuse rapidement en Europe, permettantd’accroître le nombre des livres produits : en 1500, déjà 20 millions d’ouvrages ont été imprimés. L’imprimerie permet de diffuser les œuvres antiques ; elle estégalement utilisée par les humanistes pour faire connaîtreleurs idées. C’est pourquoi les États et l’Église s’efforcentde la contrôler.

DOSSIER

L’Église face à l’imprimerie

Notre charge pastorale nous imposeavant tout de veiller à ce que les initiati-ves de notre temps qui sont salutaires etlouables soient en harmonie avec la foicatholique et conformes aux bonnesmœurs, au contraire, que celles qui s’avè-rent pernicieuses, condamnables etimpies soient extirpées dans leur racine.Ainsi l’imprimerie se présente commeune invention très profitable quand ellefacilite la diffusion des livres utiles etapprouvés.Elle serait au contraire très condamnablesi l’on employait cette technique d’unefaçon perverse pour répandre partoutdes écrits pernicieux.Nous interdisons donc par les présenteslettres, en vertu de l’autorité apostolique,à tous les imprimeurs, à leurs aides et àleurs collaborateurs, soit qu’ils demeu-rent à Rome, soit dans les autres régionsde l’Italie, de l’Allemagne, de la France,de l’Espagne, de l’Angleterre, de l’Écosse,ou de toute autre nation de la chrétienté,sous peine d’excommunication et d’uneamende et nous faisons défense d’impri-mer et de laisser imprimer à l’aveniraucun livre, traité ou écrit, quels qu’ilssoient, sans en avoir au préalable deman-dé la permission audit maître du SacréPalais à la curie romaine et hors de Romeaux ordinaires des lieux, et sans avoirobtenu une autorisation spéciale etexpresse qui leur sera délivrée gratuite-ment.

D’après Innocent VIII,pape de 1484 à 1492

Constitutio inter multiplices (1487).

2

Le premier livre imprimé : une page de la Bible de Gutenberg, vers 1456.

1

La diffusion de l’imprimerie en Europe pendant la seconde moitié du XVe s.

5

o c é a n

A t l a n t i q u e

m e rd u

N o r d

m e r

M é d i t e r r a n é e

centres d’imprimerieavant 1480

de 1481 à 1500

400 km

aire d’extensionprivilégiée et diffusionde l’humanisme

Bâle centre important

première mise aupoint de l’imprimerie

Tolède

Séville

Valence

Barcelone

Toulouse

Vienne

Budapest

Cracovie

Messine

SalamanqueValladolid Saragosse

PoitiersAngers Orléans

Genève

GênesTurin

Trente

Zurich

Bruxelles

RostockLubeck

Magdebourg

Breslau

Prague

Londres

Naples

Oxford

Ulm

LyonMilan

Paris

Rome

Bologne

Augsbourg

Strasbourg

Bâle

DelftAnvers

CologneLouvain

Leipzig

Cambridge

Nuremberg

Florence

VenisePadoue

Mayence

Un atelierd’imprimerie au XVIe s.➊ Le typographe composele texte à l’aide de signesplacés dans des casiers, les casses. La plaquecomposée, la forme ➋mise sur le marbre ➌est enduite d’encre ➍. Le châssis ➎ refermémaintient le papier contrela forme pendantl’impression, à l’aide de presses ➏ et ➐. La feuille imprimée estexaminée par lescorrecteurs ➑.

387

44

16

5

3 2

1

Observer les documents (nature, date, auteur, etc.)

Retirer des informations des documents1. Quels éléments rappellent les manuscrits du Moyen Âge (doc. 1) ?2. Quel jugement le pape porte-t-il sur l’imprimerie (doc. 2) ? 3. Combien cet atelier compte-t-il de presses (doc. 3) ? de typographes ?4. Quels sont les types de livres évoqués dans cette lettre (doc. 4) ?5. Où l’imprimerie se développe-t-elle d’abord (doc. 5) ? Pourquoi ?

B

A Mettre en relation les informations des documents6. À l’aide des doc. 2 et 4, montrer que l’imprimerie devientrapidement un enjeu majeur de la vie culturelle et religieuse enEurope.

Rédiger7. Expliquer dans un paragraphe comment l’imprimerie favorise lacirculation des idées.

D

C

Questions

Lettre d’Érasme

J’ai souvent souhaité, très savantManuce, que tout l’éclat apporté par toiaux littératures grecque et latine, grâcenon seulement à ton art et à tes impres-sions, mais aussi à ton éminente science,revienne vers toi pour te rendre l’équiva-lent de ce que tu as donné. J’apprendsque Platon, que tous les lettrés attendentdéjà avec impatience, s’imprime chez toien caractères grecs. J’aimerais savoirquels ouvrages de médecine tu vas impri-mer. Je me demande ce qui t’empêche denous avoir donné depuis longtemps leNouveau Testament.Je t’adresse deux tragédies traduites parmoi. J’estimerais l’immortalité accordéeà mes œuvres, si elles venaient au jourimprimées dans tes caractères, de préfé-rence ceux qui, assez petits, sont les plusjolis de tous. Le volume ainsi serait desplus minces, et la chose réalisée à peu defrais. S’il te paraît opportun d’entrepren-dre l’affaire, je te fournirai gratuitementl’exemplaire corrigé.D’après Érasme, lettre à Alde Manuce, adressée

de Bologne, 28 octobre 1507.

4

1. Selon Érasme, comment l’éducateur doit-il s’y prendre pourintéresser les enfants ?

2. Comparer sa méthode à celle des maîtres traditionnels,représentée doc. 4.

L’éducation selon Érasme

Nous pouvons également veiller avec soin à ce que la fatigue soitréduite à l’extrême et que, par conséquent, le dommage soit insi-gnifiant. C’est ce qui se produira si nous n’inculquons pas auxenfants des connaissances multiples et désordonnées, mais seule-ment celles qui sont les meilleures et qui conviennent à leur âge,où l’agrément est plus captivant que la subtilité. En outre, tellemanière douce de les communiquer les fera ressembler à un jeuet non à un travail. Car, à cet âge, il est nécessaire de les tromperavec des appâts séduisants puisqu’ils ne peuvent pas encore com-prendre tout le fruit, tout le prestige, tout le plaisir que les étudesdoivent leur procurer dans l’avenir. Ce résultat sera obtenu enpartie par la douceur et la bonne grâce du maître, en partie parson ingéniosité et son habileté, qui lui feront imaginer diversmoyens pour rendre l’étude agréable à l’enfant et l’empêcherd’en ressentir la fatigue. Rien n’est en effet plus néfaste qu’un pré-cepteur dont le caractère amène les enfants à haïr les études avantd’être en mesure de comprendre pourquoi il faut les aimer.

Érasme, Lettre à Guillaume, duc de Clèves, 1529.

3

131130

Les idées des humanistesA. Sur l’éducation doc. 3 et 4

■ Alors qu’au Moyen Âge les clercs insistaient sur le péché originel, en pla-çant l’existence des fidèles sous le signe de l’expiation, les humanistes ont uneconception optimiste de l’homme, dont ils souhaitent exploiter toutes les facul-tés. Aussi accordent-ils une grande importance à l’éducation, à laquelle Érasme consacre en 1529 un ouvrage, De l’éducation libérale des enfants.L’enseignement des humanistes vise l’esprit autant que le corps : son idéal,qu’exprime Rabelais, est celui d’« un esprit sain dans un corps vigoureux ». Leshumanistes souhaitent aussi inculquer à leurs élèves les bonnes manières et lerespect des convenances.

■ Les humanistes sont attentifs à la langue vernaculaire, car si leur réflexionse fonde sur les langues anciennes, c’est en langue vernaculaire qu’elle peutse diffuser. Partout, ils font progresser ces langues : c’est ainsi qu’en France,les poètes Ronsard et Du Bellay publient en 1549 Défense et illustration de lalangue française pour enrichir la langue nationale.

B. Sur la société doc. 1 et 2

■ Soucieux de l’épanouissement de l’individu, les humanistes se préoccupentégalement de la vie sociale et politique. Ils se montrent favorables à la paix :afin de l’atteindre, Érasme milite pour une entente entre les princes chrétiens,cependant que Rabelais dénonce la guerre dans Gargantua (1534).

■ Dans son ouvrage Utopie (1516), l’humaniste anglais Thomas More imagi-ne une société idéale, où régneraient la paix, l’égalité et la tolérance. Mais lamême année, peut-être inspiré par le spectacle qu’offre la vie politique desÉtats italiens, le Florentin Machiavel affirme dans Le Prince que tous lesmoyens sont bons pour accéder au pouvoir et pour le conserver.

C. Sur la religion doc. 5 et 6

■ Ce n’est pas parce que les humanistes s’intéressent à l’homme qu’ils sont hos-tiles à la religion. Ils pensent au contraire que, Dieu ayant créé l’homme à sonimage, étudier l’homme permet de se rapprocher de Dieu.

■ Mais ils n’envisagent pas la relation avec Dieu de la même manière que l’Église. Selon eux, cette relation doit se construire directement à partir de la parole de Dieu : en souhaitant une religion plus individuelle, ils retrouvent les aspi-rations à une foi plus personnelle apparue à la fin du Moyen Âge parmi les adep-tes de la devotio moderna. C’est pourquoi ils estiment si important de rétablir letexte de la Bible – qui contient la parole de Dieu – par-delà les déformations qu’ila subies au cours des siècles. Ils traduisent aussi cette Bible en langue vernacu-laire, afin de la rendre accessible à la masse des fidèles.

■ Certains humanistes dénoncent le culte des reliques – qu’ils jugent supersti-tieux –, l’incompétence de certains clercs ou le luxe dans lequel vivent beaucoupde prélats. En soulignant ainsi les défauts de l’Église, tout en défendant une pra-tique plus personnelle, les humanistes ne manquent pas de susciter l’inquiétudedes autorités religieuses. Mais en proposant une foi plus épurée, ils ne répondentpas forcément aux attentes de la masse des fidèles, attachés aux rites tradition-nels qui les rassurent face à leur angoisse de la mort et de l’enfer. Le désir deshumanistes d’améliorer la vie religieuse n’évite donc pas toujours de gravescontradictions.

V O C A B U L A I R E

langue vernaculaire : langue parlée par lamasse de la population, par opposition à une lan-gue de culture comme le latin.

devotio moderna : mouvement spirituel apparuaux Pays-Bas à la fin du Moyen Âge et insistant surla piété individuelle.

Pourquoi traduire la Bible

Je suis tout à fait opposé à l’avis de ceux qui ne veulent pas quela Bible soit traduite en langue commune pour être lue par desgens du peuple, comme si l’enseignement du Christ était si voiléque seule une poignée de théologiens pouvaient le comprendre,ou comme si la religion chrétienne se fondait sur l’ignorance. Jevoudrais que les plus humbles des femmes lisent les Évangiles, lesÉpîtres de Paul. Puisse ce livre être traduit dans toutes les langues,de sorte que les Écossais, les Irlandais, mais aussi les Turcs et lesSarrasins soient en mesure de le lire et de le connaître […]. Puissele paysan au manche de sa charrue en chanter les louanges, le tis-serand à ses navettes en moduler quelques airs, ou le voyageuralléger la fatigue de sa route avec ses récits.

Érasme, préface à la traduction du Nouveau Testament, 1516.

Érasme (1469-1536), le prince des humanistes.Tableau de Hans Holbein le Jeune, XVIe siècle. Musée du Louvre, Paris.

2

6

❚ CHAPITRE 6 ❚ Les débuts de l’humanisme et de la Renaissance

2

1. Montrer que ce texte reflète bien les idées des humanistes sur la religion.

2. Pourquoi Érasme souhaite-t-il que les Turcs et les Sarrasinslisent la Bible ?

L’optimisme des humanistes : la règle de l’abbaye de Thélème

Toute leur vie était employée, non d’après leslois, statuts ou règles, mais d’après leur volontéet leur libre arbitre. Ils se levaient du lit quandbon leur semblait, buvaient, mangeaient, tra-vaillaient, dormaient quand le désir leur venait.Nul ne les éveillait, nul ne les forçait ni à boireni à manger, ni à faire autre chose quelconque.Ainsi l’avait établi Gargantua. Dans leur règle,il n’y avait que cette clause : « Fais ce que vou-dras », parce que les gens libres, bien instruits,conversant en honnêtes compagnies ont, parnature, un instinct et un aiguillon qui toujoursles poussent à accomplir de vertueuses actionset à s’éloigner du vice : c’est ce qu’ils nommenthonneur.

Rabelais, Gargantua (1534).

1

La persistance des formes d’éducation médiévale,Livres d’Heures de Marie de Chantault, XVIe s.BNF, Paris.

4

1. Qu’est-ce que la règle d’une abbaye ? 2. Comment Gargantua justifie-t-il la règle

qu’il établit pour l’abbaye de Thélème ?

Le Cabinet de travail de saint Augustin,fresque de Carpaccio, 1502-1507.Scuola di San Giorgio, Saint-Georges-des-Esclavons, Venise.

Saint Augustin est figuré ici sous les traits du cardinal Bessarion, dont la bibliothèque, qui a été transférée de Byzance à Venise aprèsla prise de Constantinople par les Turcs, a permis la diffusion de textes grecs en Occident où ils étaient jusqu’alors inconnus : c’est donc à la fois un homme d’Église et un humaniste qui est icireprésenté, ce qui illustre les liens entre la religion et l’humanisme.

1. Relever les éléments du tableau qui évoquent la religion.2. Relever ceux qui évoquent l’humanisme.

5

Michel-Ange, La Création d’Adam (1508-1512). Détail de la fresque de la voûte de la chapelle Sixtine, palais du Vatican, Rome, 2,80 x 5,70 m.3

La peinture flamande

a. Jean van Eyck commença à réfléchir afin de trouver le moyende faire une sorte de vernis qui sécherait à l’ombre, sans qu’on soitobligé de mettre la peinture au soleil. Après avoir expérimentébeaucoup de choses, l’huile de lin et l’huile de noix, bouillies avecd’autres mélanges, lui donnèrent le vernis désiré. La renommée del’invention s’étant répandue en Flandre, en Italie et ailleurs, fitnaître chez les artistes un très grand désir de savoir par quelmoyen il communiquait tant de perfection à son œuvre. Devenuvieux, il le fit connaître à Roger de Bruges.

D’après Vasari, Vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes italiens, 1550.

b. La peinture flamande satisfera un dévot plus qu’aucun peintred’Italie. Elle plaira aux femmes comme aux nonnes et à certainsgentilshommes privés du sens musical et de la véritable harmonie.On peint en Flandre pour tromper la vue extérieure, soit des cho-ses agréables à voir, soit des choses dont on ne puisse dire du mal,comme par exemple des saints et des prophètes. Cette peinturen’est que chiffons, masures, verdure de champ, ombres d’arbres,et ponts et rivières qu’ils nomment paysages.Michel-Ange, entretien avec le peintre espagnol F. da Hollanda, milieu du XVIe s.

5

133132

L’affirmation de la RenaissanceA. Des conditions nouvelles doc. 4 et 5

■ Au XVe s., en Italie et en Flandre surtout, la prospérité assure aux notables,dirigeants de l’Église et aux princes les moyens de passer des commandes auxartistes. Les mécènes sont nombreux, en particulier en Italie, où les rivalitésentre villes entraînent la multiplication des chantiers d’églises et de palais.Considérés jusqu’alors comme de simples artisans anonymes, les artistes, quisignent désormais leurs œuvres, deviennent des personnalités connues detous.

■ Les arts bénéficient de progrès techniques. La sculpture exploite l’améliora-tion de la métallurgie du bronze. L’architecture s’appuie sur le progrès dusavoir-faire des ingénieurs, comme le montre la construction de la coupole del’église Santa Maria del Fiore à Florence par Brunelleschi au début du XVe s.En peinture, le tableau sur toile et chevalet se développe parallèlement à lafresque ; la technique de la peinture à l’huile est mise au point en Flandre.

B. Des thèmes nouveaux doc. 1 et 2

■ Marqués par l’humanisme, les mécènes, comme les artistes, rejettent l’art duMoyen Âge. Ils se tournent vers les modèles antiques, dont les exemples sontnombreux en Italie : c’est pourquoi la période est appelée Renaissance. Lesarchitectes reprennent les principes du théoricien romain du Ier s av. J.-C.Vitruve, en recherchant les proportions idéales, l’harmonie, la symétrie. Enpeinture, les sujets religieux ne sont pas rejetés mais les sujets non religieuxdeviennent plus fréquents. Les thèmes du portrait et du corps, de la représen-tation des paysages et de la nature se développent. Dans la sculpture, quin’est plus un simple élément de décoration architecturale, apparaissent lesstatues équestres et le nu masculin, imités de l’art romain.

■ Les peintres du XVe s. maîtrisent la perspective : pour cela, ils jouent à la foissur la construction des lignes et sur le dégradé des couleurs. Grâce à la pers-pective, ils représentent la réalité avec plus de justesse, alors qu’au MoyenÂge les artistes étaient attentifs en priorité au sens religieux de l’œuvre. Maisla Renaissance est également tournée vers la recherche du beau idéal, qu’en-couragent les valeurs platoniciennes de l’humanisme.

C. De Florence à Rome doc. 3

■ C’est à Florence que s’épanouit d’abord la Renaissance, grâce au mécénatdes Médicis et à la présence des humanistes réunis à l’Académie. Après les pre-mières expériences du peintre Giotto (1266-1337), l’art nouveau se développeavec Brunelleschi (1377-1446) qui impose la symétrie en architecture, Donatello(1386-1466) dont la sculpture reprend l’héritage antique, et Masaccio (1401-1428) qui introduit le premier la perspective dans la peinture. Il est illustré ensuitepar Piero della Francesca (1416-1492) et par Sandro Botticelli (1446-1510).

■ Mais à la fin du XVe s., Florence connaît une période de troubles. Romedevient alors le grand foyer de la Renaissance. Les papes Jules II et Léon X ymultiplient les chantiers. Sur celui de la basilique Saint-Pierre, ils font travaillerl’architecte Bramante (1444-1514), les peintres Raphaël (1483-1520) etMichel-Ange (1475-1564). Ce dernier, artiste complet, peint le plafond de lachapelle Sixtine, conçoit le plan de la place du Capitole et réalise la Pietàconservée dans la basilique Saint-Pierre.

V O C A B U L A I R E

mécène : personne riche qui soutient financière-ment les écrivains et les artistes.

Renaissance : période artistique qui couvre leXVe et le XVIe s., mais concerne surtout la période1450-1550. Le terme est utilisé pour la premièrefois par Vasari en 1550. Il souligne que les artistesde l’époque entendent faire renaître l’Antiquité.

❚ CHAPITRE 6 ❚ Les débuts de l’humanisme et de la Renaissance

3

Raphaël, Le Mariage de la Vierge,1504, huile sur toile, 1,70 x 1,17 m,pinacothèque de Brera, Milan.

1

La redécouverte de l’Antiquité parl’architecte florentin Brunelleschi

Il s’en alla à Rome ; à cette époque s’offraientau regard du public beaucoup de bellesœuvres. Tout en regardant les sculptures, ilremarqua aussi le mode de construction desAnciens et sa symétrie : il crut y reconnaîtreune sorte d’ordre comme de membres et d’os,en homme que Dieu éclairait pour de grandeschoses ; ce type de construction le frappacomme étant très différent de celui qu’onemployait alors.

Vasari, Vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes italiens, 1550.

2

Jan Van Eyck (vers 1390-1441), Les Époux Arnolfini,1434, Huile sur bois, National Gallery, Londres, 0,84 x 0,64 m.

1. Définir le genre et le sujet du tableau.2. Décrire le tableau (personnages,

décor, origine de la lumière).3. Comment l’artiste montre-t-il

l’aisance des époux ?4. Observer le miroir rond sur le mur �

du fond. Qu’y voit-on précisément ?

4

1. D’après ces textes, quel est l’apport de la peinture flamande à l’art de la Renaissance ?

2. Quels arguments Michel-Ange emploie-t-il pour critiquer la peinture flamande ?

1. Qu’est-ce qui caractérise l’architecture des Anciens, selon ce texte ?

2. Qui, à côté des Anciens, inspire iciBrunelleschi ?

Détail du miroir.

Dôme de Santa Maria del Fiore.Elle fut construite par Brunelleschi entre 1420 et 1436.

5

135❚ CHAPITRE 6 ❚ Les débuts de l’humanisme et de la Renaissance134

Un foyer majeur de la Renaissance :Florence● Toutes les conditions favorisent l’épanouissement de la Renaissance dans la Florence du Quattrocento (XVe s.) : prospérité, goût de la bourgeoisie pour les choses de l’art et de l’esprit et mécénat des Médicis qui gouvernent la cité.

● Au temps de Cosme de Médicis (1429-1464) s’y illustrent l’architecte Brunelleschi, le sculpteur Donatello et le peintre Masaccio, cependant que les plus grands humanistes se retrouvent à l’Académie platonicienne, autour de Marsile Ficin. Sous Laurent de Médicis (1469-1492), Florence connaît son apogée culturel avec Botticelli et Léonard de Vinci.

● Au Cinquecento (XVIe s.), Florence perd de son éclat. Mais son rayonnement fait ensuite longtemps sentir ses effets en Italie et en Europe.

DOSSIER

V O C A B U L A I R E

Quattrocento : nom donné en Italie au XVe siècle(les années commençant par 14..), le XVIe s. étantappelé Cinquecento et le XIVe s. Trecento.

Benozzo Gozzoli, Le Cortège des rois mages. Fresque de la chapelle Riccardi-Médicis (détail), Florence, vers 1460.

Cette fresque, dont le thème est tiré de l’Évangile, est en réalité un prétexte pour figurer Laurent de Médicis (Laurent « le Magnifique » que l’on voit aupremier plan en tunique jaune) chevauchant en nombreuse compagnie à travers la campagne florentine. Laurent de Médicis n’est plus ici un marchand,mais un prince à la tête d’un État qui comprend la ville de Florence, où s’est constituée la fortune de sa famille, et les campagnes environnantes.

2

Donatello, David, vers 1430.

Bronze, musée du Bargello,Florence, hauteur : 1,59 m.

1

Le rôle de Laurent de Médicis

Laurent de Médicis songea ensuite à rendre sa cité plus grande etplus belle. Comme elle renfermait beaucoup d’espaces dépourvusd’habitations, il fit tracer sur ces terrains de nouvelles rues pour yconstruire des bâtiments, ce qui la rendit plus belle et plus grande.Grâce à lui, la ville, chaque fois qu’elle n’était pas en guerre, étaitperpétuellement en fête, assistant à des tournois, à des cortèges oùl’on représentait les événements et les plus hauts faits del’Antiquité. Son but était de maintenir l’abondance dans la patrie,l’union parmi le peuple et de voir la noblesse honorée. Il chéris-sait et s’attachait tous ceux qui excellaient dans les arts ; il proté-geait les gens de lettres […]. Laurent faisait surtout ses délices dela musique, de l’architecture, de la poésie. Il existe de lui, dans cedernier genre, plusieurs morceaux qu’il a non seulement compo-sés, mais encore enrichis de commentaires.Afin que la jeunesse deFlorence pût se livrer à l’étude des belles-lettres, il fonda l’univer-sité de Pise où il appela les hommes les plus instruits qui fussentalors en Italie.

Nicolas Machiavel (1469-1527), homme politique et philosophe florentin,dont la pensée politique porte sur le pouvoir, les moyens de le conquérir

puis de le conserver, Histoires florentines, vers 1520.

4

Observer les documents (nature, date, auteur, etc.)

Retirer des informations des documents1. Quelles innovations de la Renaissance le doc. 1 illustre-t-il ?2. Quels éléments caractéristiques de l’art de la Renaissanceapparaissent sur le doc. 2 ?3. Relever dans les doc. 3 et 5 les éléments qui témoignent dudynamisme de Florence au temps de la Renaissance.

B

A 4. À partir du doc. 4, montrer pourquoi on peut qualifier Laurent leMagnifique de « prince de la Renaissance ».

Mettre en relation les informations des documents5. À partir des doc. 2, 3, 4 et 5, décrire les principaux aspects dupaysage de Florence à l’époque de Laurent de Médicis.

Rédiger6. Présenter les caractères de la Renaissance florentine vers 1500.D

C

Questions

Francesco Rosselli, Vue de Florence, dite Vue de la Chaîne, vers 1472. Musée des Offices, Florence.

Dominée par les clochers de ses églises et par le dôme de sa cathédrale, Santa Maria del Fiore (au centre de l’image), Florence s’étend surtout sur la rive nord du fleuve Arno. La puissance politique de la cité est matérialisée par ses remparts, et par le Palazzo Vecchio, siège des autorités de l’État, à droite de la cathédrale.

3

Les idées de Rabelais sur l’éducation, présentées à travers une lettre de Gargantua à son fils Pantagruel

François Rabelais (1494-1553). Huile sur toile, école française, XVIIe siècle, musée du château, Versailles.

Questions1. Comment Gargantua juge-t-il l’évolution du monde depuis

l’époque de sa jeunesse ?

2. De quelles langues Gargantua recommande-t-il l’étude à son fils ?Pourquoi ?

3. Le programme de Gargantua est-il tourné contre la religion ? Est-ce surprenant de la part d’un humaniste ?

4. Sur quels textes le programme de Gargantua s’appuie-t-il ?Quels rapports entre ces textes et l’humanisme ?

5. Quelles disciplines Gargantua rejette-t-il ? Pourquoi ?

6. Comment peut-on qualifier le programme éducatif établi parGargantua ?

7. À quels principes de l’humanisme se rapporte la phrase soulignée ?

8. De quel lieu Gargantua écrit-il sa lettre ? À quoi ce lieu fait-ilallusion ?

Montrer en quoi ce texte reflète les aspirations des humanistes.

Sujet de composition

136

1. L’émergence de l’humanisme■ Les humanistes se tournent vers l’héritage de l’Antiquité, dont les textes sont minu-tieusement analysés à la lumière de la philologie.■ Ils forment à travers l’Europe une république des lettres. Ils diffusent leurs idéesgrâce à l’imprimerie, mise au point vers 1450.

2. Les idées des humanistes■ Pour améliorer l’homme, les humanistes comptent sur l’éducation. Pour mieux faireconnaître leurs idées, ils s’expriment en langue vernaculaire.■ Les humanistes défendent les idées de paix, d’égalité, de tolérance.■ Ils souhaitent une religion plus personnelle et plus simple, vécue à partir de la lecturedirecte des textes sacrés.

3. L’affirmation de la Renaissance■ De multiples conditions favorisent l’essor de la Renaissance :– conditions matérielles : prospérité économique, rôle des mécènes ;– conditions techniques : rôle des ingénieurs en architecture, mise au point des règlesde la perspective en peinture.– conditions intellectuelles : influence de l’Antiquité, intérêt nouveau pour l’homme etpour son corps, recherche du beau idéal que favorise l’influence des idées néoplatoni-ciennes (de Platon, philosophe grec du IVe s. av. J.-C.) ;■ La Renaissance connaît un éclat tout particulier à Florence au cours du XVe s. (avecl’architecte Brunelleschi, le sculpteur Donatello, le peintre Léonard de Vinci). Elle s’épa-nouit à la fin du siècle à Rome, grâce au mécénat des papes Jules II et Léon X, qui fonttravailler l’architecte Bramante, le peintre et sculpteur Michel-Ange, le peintre Raphaël.

L’ESSENTIEL

NE PAS CONFONDRE

Humanisme et Renaissance➤ L’humanisme est un mouvement intellectuel apparu au XVe s. qui aspire à perfectionnerl’homme. Pour cela, il se tourne vers l’étude des textes antiques, et il accorde unegrande importance à l’éducation.➤ La Renaissance est d’abord un mouvement artistique développé depuis l’Italie àtravers toute l’Europe aux XVe et XVIe s. Par extension, le mot désigne aussi l’esprit d’uneépoque convaincue d’ouvrir une ère nouvelle. De ce point de vue, l’humanisme est l’unedes composantes de la Renaissance.

Deux mécènes, Cosme l’Ancien et Laurent le Magnifique➤ Cosme de Médicis, dit l’Ancien (1389-1464), est d’abord un entrepreneur. Il fait del’entreprise familiale des Médicis l’affaire la plus importante de Florence (banque, industriede la laine et de la soie). Il n’exerce aucune charge officielle mais la famille Médicis dirigela ville de Florence, pratique un mécénat actif, s’entourant de philosophes, d’écrivains,d’artistes, crée des bibliothèques et une académie néoplatonicienne.➤ Petit-fils de Cosme, Laurent de Médicis, dit le Magnifique (1449-1492) est d’abord unmécène ; il fait jouer à Florence un rôle politique prééminent en Italie. Mécène comme songrand-père, il s’entoure de peintres, de philosophes et d’écrivains (Marsile Ficin, Botticelli).

Fresque et tableau➤ La fresque est une peinture murale de grande dimension pratiquée sur un enduit fraisqui absorbe les couleurs en séchant. L’enduit ne reste frais que 6 à 8 heures, ce qui obligel’artiste à réaliser rapidement son œuvre, et lui interdit les retouches.➤ Le tableau est de taille plus réduite. Peint sur un support de bois ou de toile, il répondaux commandes d’une clientèle individuelle, plus bourgeoise.

DATES À RETENIR

BIOGRAPHIES

■ 1436 : Achèvement du dôme de SantaMaria del Fiore à Florence

■ 1453 : Prise de Constantinople par les Turcs

■ Vers 1455 : Bible de Gutenberg

■ 1503-1505 : La Joconde

■ 1516 : l’Utopie de Thomas More

EXERCICE

Gutenberg(vers 1395-1468), inventeur de l’imprimeriemoderne. (Voir biographie complète p. 315)

Érasme(1469-1536), le plus grand des humanistes. (Voir biographie complète p. 315)

Léonard de Vinci(1452-1519), artiste et homme de science. (Voir biographie complète p. 316)

Raphaël(1483-1520), peintre. (Voir biographie complète p. 318)

Michel-Ange(1475-1564), sculpteur, peintre et architecte. (Voir biographie complète p.317)

FICHE DE RÉVISION

137❚ CHAPITRE 6 ❚ Les débuts de l’humanisme et de la Renaissance

Très cher fils […], l’époque [de ma jeunesse], comme tu peuxbien le comprendre, n’était pas aussi opportune ni commode pourétudier les lettres qu’elle l’est à présent, et il n’existait alors aucunprécepteur qui puisse ressembler à ceux que tu as eus. Les tempsétaient encore ténébreux, ils sentaient l’infélicité et la calamitédes Goths, qui avaient ruiné toute bonne littérature. […]Maintenant toutes les disciplines sont restaurées, les langues misesà l’honneur : le grec, sans lequel il est honteux qu’on se disesavant, l’hébreu, le chaldéen, le latin. Des livres imprimés, fortélégants et corrects, sont utilisés partout, qui ont été inventés àmon époque par inspiration divine, comme inversement l’artille-rie l’a été par suggestion du diable. Le monde entier est plein degens savants, de précepteurs très doctes, de bibliothèques très vas-tes. […]Pour cette raison, mon fils, je te conjure d’employer ta jeunesse àbien profiter en étude et en vertu […]. J’entends et veux que tuapprennes parfaitement les langues, d’abord le grec, comme leveut Quintilien, puis le latin et l’hébreu pour l’Écriture sainte, lechaldéen et l’arabe pour la même raison ; pour le grec, forme tonstyle en imitant Platon, et Cicéron pour le latin. Qu’il n’y aitaucun fait historique que tu n’aies en mémoire […]. Des arts libé-raux, la géométrie, l’arithmétique et la musique, je t’ai donné legoût quand tu étais encore petit, à cinq ou six ans : continue etdeviens savant dans tous les domaines de l’astronomie, mais lais-se-moi de côté l’astrologie divinatrice. Du droit civil, je veux quetu saches par cœur tous les beaux textes, et me les commentesavec sagesse. Quant à la connaissance de la nature, je veux que tut’y appliques avec soin : qu’il n’y ait mer, rivière ou source donttu ne connaisses les poissons ; tous les oiseaux de l’air, tous lesarbres, arbustes et buissons des forêts, toutes les herbes de la terre,tous les métaux cachés au ventre des abîmes, les pierreries de toutl’Orient et du Midi. Que rien ne te soit inconnu.Puis relis soigneusement les livres des médecins grecs, arabes etlatins […] et, par de fréquentes dissections, acquiers une parfaiteconnaissance de cet autre monde qu’est l’homme. Et quelquesheures par jour, commence à lire l’Écriture sainte, d’abord en grecle Nouveau Testament et les Épîtres des Apôtres, puis en hébreul’Ancien Testament. En somme, que je voie en toi un abîme de

science : car maintenant que tu es un homme il te faudra sortir durepos de l’étude et apprendre la chevalerie et les armes pourdéfendre ma maison.Mais parce que, selon le sage Salomon, la sagesse n’entre jamaisdans une âme méchante, et que science sans conscience n’est queruine de l’âme, il te faut servir, aimer et craindre Dieu, et en Luimettre toutes tes pensées et tout ton espoir […].Mon fils, que la paix et la grâce de notre Seigneur soient avec toi.Amen.D’Utopie, le dix-septième jour du mois de mars.Ton père, Gargantua.

François Rabelais, Pantagruel (1532), chapitre VIII.

1. Présenter le document.2. Décrire la composition et les couleurs du tableau.3. Décrire les personnages.

4. Dans quel contexte ce tableau a-t-il été réalisé ?5. Quelle est la signification de cette œuvre ?

Questions

Présenter le tableau• Nature : Il faut préciser, si possible :– le genre : religieux, historique, mythologique, paysage, por-trait ;– la forme et les dimensions ;– le support : bois, toile, papier ;– les techniques utilisées : huile, dessin, gravure.

• Auteur : si son nom est mentionné, en faire une rapide pré-sentation.

• Date et contexte : un tableau est toujours le reflet de sonépoque.– Il faut donc le replacer dans son cadre politique, religieux,artistique.– Il ne faut pas oublier qu’il nous renseigne à la fois sur celuiqui l’a commandé (le mécène), sur celui qui l’a réalisé (le pein-tre), sur ceux qui le verront (les spectateurs, qu’il peut avoirpour fonction d’impressionner, d’influencer, d’instruire, etc.).

Analyser l’image• Description du tableau* la composition : elle conditionne, elle oriente le regard (pré-sence ou absence de profondeur, distinction des plans ; lignesde force, construction) ;* la couleur et la lumière :– couleurs utilisées, chaudes (jaune, rouge…) ou froides (bleu) ;– rôle de la lumière (que met-elle en valeur ?) ;* les personnages et les objets : décrire les personnages,leurs attitudes, leurs attributs, les éléments d’architecture etles objets ; examiner les rapports et les relations qui existententre ces éléments, comme ici, par exemple, entre le dynamis-me de certains personnages, qui renvoie à la passion, et l’atti-tude apaisée d’autres, qui évoque la sagesse.

2

1 • Explication– Repérer les influences observables dans la forme (techniquesutilisées) et dans le fond (thèmes traités) : ici, les références àla mythologie antique sont un élément caractéristique d’untableau de la Renaissance ;– se demander ce qu’a voulu exprimer l’artiste ;– se demander aussi si l’œuvre est représentative de son épo-que, ou si au contraire elle est en rupture avec elle.

Aide pour répondre aux questions• Question 2– Distinguer le premier plan de l’arrière-plan.Comparer les couleurs utilisées pour représenter les personna-ges, le sol et les arbres. Comment se répartit la lumière sur letableau ?Comment l’artiste applique-t-il ici les règles de la perspectivelinéaire ? Y a-t-il convergence des lignes vers un point de fuitesitué à l’horizon ?Analyser la manière dont sont ici traités les corps, les drapés etles transparences.

• Question 3– Identifier les personnages.Comparer l’attitude des uns et des autres, en distinguant ceuxqui sont en mouvement et ceux qui sont statiques. Quel est lesens des gestes de la main de Vénus et de Mercure ?

• Question 5– Réfléchir à la manière dont Botticelli utilise ici la mythologieantique.– Quel sens peut avoir la confrontation entre la passion et lasagesse qu’il présente ici ?– Quel peut être l’intérêt de faire figurer une telle confrontationdans le palais d’un jeune prince ?

3

➜ Comment faire ?Analyser un tableauL’Allégorie du Printemps, de Sandro Botticelli (1477-1478)

TH

OD

E 4

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138 139❚ CHAPITRE 6 ❚ Les débuts de l’humanisme et de la Renaissance

TH

OD

E 4/8

Sandro Botticelli, Primavera ou L’Allégorie du Printemps, 1477-1478, Détrempe sur bois, galerie des Offices, Florence, 2,05 x 3,14 m.

1

Biographie de Botticelli

Sandro Botticelli, de son vrai nom Alessandro di Mariano Filipipi, né àFlorence en 1445 dans un milieu d’artisans, a d’abord reçu une forma-tion d’orfèvre, avant de commencer, sous la direction de Filippo Lippi,une brillante carrière de peintre. Rapidement remarqué par les Médicisqu’il représente dans son tableau, L’Adoration des mages, Botticelli setrouve, dans leur cour, en contact avec toute l’élite florentine, notam-ment avec les philosophes qui s’intéressent à Platon et dont les réflexionsinspireront certaines de ses œuvres. Peintre réputé, il réalise de nom-breux tableaux, dont Primavera et La Naissance de Vénus.En 1492, les Médicis sont chassés de Florence et le moine Savonaroleétablit dans la cité une dictature puritaine (1494-1498).Botticelli a peut-être partagé les idées de Savonarole ; on n’en a pas lacertitude, mais à la fin de sa vie, son œuvre évolue dans un sens plus mys-tique. Botticelli meurt en 1510 à Florence où il a vécu presque toute sonexistence. Oubliée pendant plusieurs siècles, sa peinture n’est redécou-verte qu’au XIXe s.

2 Éléments de mythologie

Botticelli recourt ici à des allégories : il utilise des per-sonnages de la mythologie pour représenter des idées.– Son tableau présente à droite la nymphe Chloris pour-suivie par Zéphyr et transformée en Flore. Une nympheest une divinité de la nature : Flore est celle des fleurs etdu printemps, et Zéphyr qui est une autre divinité decette saison, apporte la pluie bienfaisante.– Au centre, Vénus, déesse de l’amour et du mariage, estconsidérée à la Renaissance comme une déesse de lamodération. Au-dessus, Cupidon, dont l’arc envoie lesflèches qui déclenchent l’amour.– À gauche, les trois Grâces sont des filles de Zeus ; cesont des Muses, qui président aux travaux de l’esprit.– À l’extrême gauche, Mercure, dieu du commerce,considéré ici comme le dieu de la conversation.

3

Sandro Botticelli, L’Adoration des mages, 1474. Galerie des Offices, Florence, 1,11 x 1,34 m.

Une illustration des liens entre Botticelli et les Médicis qui ont servi de modèles aux personnages de la scène.

4

Cosme de Médicis

Laurent de Médicis

Botticelli

1. Présenter le document.2. Décrire la composition

et les couleurs du tableau.3. Décrire les personnages.4. Quelle est la signification

de cette œuvre ?

Questions

Application

Hans Holbein le Jeune, Les Ambassadeurs, 1533.Huile sur bois (2,07 x 2,09 m),National Gallery, Londres.

141❚ CHAPITRE 6 ❚ Les débuts de l’humanisme et de la Renaissance

Avant de répondre aux questions, il faut …

a. Observer attentivement le tableau– Utiliser les éléments d’identification dans le titre ; – en déterminer le genre (peinture d’histoire, peinture religieu-se, portrait ou nature morte) et la technique (à base d’eau, degomme, de colle, d’œuf ou de peinture à l’huile).– l’examiner attentivement. Les détails sont nombreux : l’âgedes personnages est indiqué sur le fourreau du poignard pourl’un, sur la tranche d’un livre pour l’autre.

– dans le cas particulier de ce tableau : l’observer en se dépla-çant sur le côté pour déchiffrer l’anamorphose.

b. Procéder comme pour tout autre document : le replacerdans son contexte historique : c’est la période de l’humanis-me et de la Renaissance.

c. Compléter ses informations.– Le tableau est signé et daté : se renseigner sur la carrière del’artiste (voir la biographie de Holbein le Jeune, sinon consul-ter un dictionnaire ou une encyclopédie de la peinture).– Le titre renvoie à deux personnages dont les noms sontconnus. La consultation d’un dictionnaire et un examen atten-tif du tableau peuvent permettre d’en savoir plus sur eux.

Attitude critique face à l’œuvre

On peut étudier l’œuvre d’un point de vue anecdotique :recherche des éléments d’identification des deux personnages,caractérisation du décor et des accessoires.

On peut aussi y rechercher les centres d’intérêt de l’artiste etde ses modèles.

2

1

MéthodeExplication d’un document (3/3)

Sujet : Tableau de Hans Holbein le Jeune, Les Ambassadeurs, 1533

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1. Présenter le document. Comment l’œuvre est-elle composée ?

2. Décrire les deux personnages. Montrer que l’œuvre est un portrait.

3. Étudier le décor et les accessoires. Pourquoi peut-on considérer quel’œuvre est aussi une nature morte ?

4. À quoi reconnaît-on le caractèrescientifique ?

5. Montrer qu’on peut en faire une lecturehumaniste et spirituelle.

Questions

Georgesde Selve

Jeande Dinteville

A E B

D

anamorphose

F

CG

BIOGRAPHIE

Hans Holbein le Jeune

■ 1497 : naissance à Augsbourg.

■ 1515 : installation à Bâle où Holbein fait des débuts prometteurs(gravures, portraits) et se lie avec Érasme.

■ 1519 : inscription à la guilde (association) des peintres de Bâle.

■ 1519-1524 : œuvres décoratives, œuvres religieuses, portraits.

■ 1524-1528 : séjours à Paris et à Londres (Holbein est le protégé de Thomas More) puis retour à Bâle.

■ 1532 : installation en Angleterre ; portraits de riches marchandsallemands, d’aristocrates anglais. Holbein devient le peintre d’Henri VIII.

■ 1543 : Holbein meurt de la peste.

Définitions

Le nombre d’or (� 1,618) définit un rapport de proportion idéalqui assure l’harmonie de la composition. Il est tel si, dans un rec-tangle ABCD : le total des dimensions AB + BC / AB = AB / BC.

Une anamorphose est la représentation déformée d’un objet,d’un animal, d’un visage selon une projection géométriquecomplexe. Pour retrouver la forme initiale, l’observateur doit sedéplacer ou utiliser un verre cylindrique.

Aide pour répondre à certaines questions

• Aide à la question 1 : Présenter le document. Commentl’œuvre est-elle composée ?Repérer les lignes directrices, la disposition des personnages etdes accessoires, les couleurs. Utiliser le schéma.

Réponse proposée :Les Ambassadeurs est un tableau peint par Holbein le jeune en1533, alors qu’il est installé en Angleterre depuis un an et qu’ila déjà réalisé de nombreuses œuvres. Le tableau représente unambassadeur de François Ier auprès d’Henri VIII et son ami. Lepanneau a été peint à l’huile. L’œuvre est conservée à laNational Gallery de Londres.La composition semble simple : la ligne verticale principale(coude, luth, tête de l’anamorphose) est décalée vers la droite.Les lignes horizontales sont plus marquées : horizontalité desyeux des personnages, des plateaux de la console. Les objetsposés sur la console s’inscrivent dans un angle dont le sommetest la pointe du triangle du pavement et dont les côtés joignentles deux globes d’une part, le luth et la main droite de l’évêqued’autre part. Le luth (en G) dessine un carré avec le haut et lecôté gauche du tableau (carré AEGD). Le triangle central attirel’attention sur l’anamorphose.La disposition des couleurs (fond vert, détails rouges) renforceles lignes horizontales.

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• Aide à la question 2 : Décrire les deux personnages.Montrer que l’œuvre est un portrait.

La description doit être ordonnée : posture, visage, costume,parure. À quelle(s) catégorie(s) sociale(s) appartiennent-ils ?

• Aide à la question 3 : Étudier le décor et les accessoires. Pourquoi peut-on considérer que l’œuvre est aussi une naturemorte ?

La description doit, ici aussi, être ordonnée. Comment les objetssont-ils disposés et mis en valeur ?

• Aide à la question 4 : À quoi reconnaît-on le caractère scien-tifique ?

Rassembler les observations faites sur la composition, l’anamor-phose, le décor et les accessoires.

• Aide à la question 5 : Montrer qu’on peut en faire une lec-ture humaniste et spirituelle.

À quels domaines de la connaissance les objets se rapportent-ils ? Recenser les références à la mort (corde de luth cassée,ornement de la toque, anamorphose, par exemple). Que signi-fient-elles ?