16
SION, 30 Avril 1948. No u. PARAISSANT 14 FOIS PENDANT LE COURS SCOLAIRE ORGANE DE LA SOC1ËTÉ VALAISANNE D' EDUCATION . . \. . .. - . '. '," . : "':', AB 0 N N E MEN TAN NUE L: Fr. 7.50 67ème Année. les abonnements se règlent par chèque postal Il c 56 Sion. ou à ce défaut contre remboursement Tout ce qui concerne la publication doit être odressé directement à M. CI. BËRARD. Instituteur, Sierre -- Les annonces sont reçues exclusivement por -- Société Anonyme de Publkité,

L'Ecole primaire, 30 avril 1948

Embed Size (px)

DESCRIPTION

 

Citation preview

Page 1: L'Ecole primaire, 30 avril 1948

li'l. Dal'beJlay René, in st. Liddes

Répertoire .- des Bonnes Adresses \

derâEisenhul KüSNACHT .Zch.

Engins de Gymnastique, de Sport et de Jeux.

Vente directe de la fabrique au client.

L'habiIlement le plus chic Au prix le plus bas

chez

.,H. A. RAUCH SIERRE

Bâtiment des Pestes

Gilliard, SiC)., La bonne bouteille

pour les bo,f,S a,nis

A la Ville de Paris S. A., Sion Tél. 21822

Rabais spéciaJ pour instituteurs et institutrices

DU CHOIX, DE LA QUALITÉ! ...

Caisse d'Epa gne du Valais Société Mutuelle S ION

20 agences dans le canton. Contrôle officiel permanent.

Toutes opérations de banque aux conditions les plus favorables.

8 ie, ru v Internat et Externat pour Jeunes Gens

SION, 30 Avril 1948. No u.

PARAISSANT 14 FOIS PENDANT LE COURS SCOLAIRE

ORGANE DE LA SOC1ËTÉ VALAISANNE D' EDUCATION

. . \. . .. - . ' . '-~.'''''/-:;'~':,,' '," . : "':',

AB 0 N N E MEN TAN NUE L: Fr. 7.50

67ème Année.

, Ecole primaire les abonnements se règlent par chèque postal Il c 56 Sion. ou à ce défaut contre remboursement

~ Cours préparatoire à l'Ecole Normale Tout ce qui concerne la publication doit être odressé directement à M. CI. BËRARD. Instituteur, Sierre

~ Ecole Commerciale -- Les annonces sont reçues exclusivement por --~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~.~P~U~BL~IC~I~TA~ Société Anonyme Su~se de Publkité, SI~N

Page 2: L'Ecole primaire, 30 avril 1948

Q)1ouoeaute8

Petits enlants ... petits po8mes

Textes choisis et illustrés par Isabelle Jaccard.

32 cahiers de 4 pages, dans un emboîtage 18 X 17,5 Fr. 7.50

Ce recueil de courts poèmes sera utilisé principalement comme matériel scolaire, les élèves pouvant choisir les cahiers dont ils auront du plaisir à contempler les images et à apprendre les textes. Une initiative originale et heureuse qui répondait à un vœu général.

ADDOR (J.-H.) : Eléments d'algèbre Un volume de 272 p ., 13X 20, avec 55 fig., broché Fr. 6.50

Exposé simple de la théorie, sans développements inutiles, avec de nombreux exercices à résoudre, à l'usage de ceux qui enseignent et de ceux qui écoute~t.

BOSSEY (P.) : Arithmétique élé­mentaire

Un volume de 112 p ., 4X21, relié. F r. 3.75

Introduction de caractère concret au programme entier d'arith­métique, donnant aux enfants de 10 à Il ans des notions claires sur les opérations fondamentales, avec exercices gradués.

SAVARY (6.) : Le Christ, les apu­tres, l'EgliSe

Un volume de 196 p., 16,5 X 22,5, avec 57 fig. dans le tex te et 4: planches et 2 cartes en couleurs, relié. . . . . F r . 5.-

C'est le manuel d'enseignement r eligieux protestant utilisé dans les écoles primaires èt secondaires.

LIBRAIRIE PAVOT Lausanne, Genève, Neuchâtel, Vevey, Montreux, Berne, Bâle, ZUI'ich

SION} 30 J.{uril 1948. No lit·. 67 hne Année.

L'ÉCOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA SOCltrt: VALAISANNE D'ËDUCATION

SOMMAIRE: COMMUNICATIONS DIVERSES: Brevet de capa­cité. - Caisse de retraite du personnel enseignant. - Cours cantonaux de gym.nastique. - Enfants atteints de surdité. - Ra­dioscopie scolaire. - .Assemblée générale de la S. V. E. -PARTIE PEDAGOGIQUE: Les responsabilités de l'Ecole dans le monde contemporain. - Bibliographie.

~,-.. "" ..... ~~

g COMMUN][CAT][ONS D][VERSES ~ , DIÉPAlRTE:MENT Cêl S.V.E. @ ".LV.lR. UNION @) ~

.. - .. .. .. .. ~... ..' ... ... .. ...

BREVET DE CAPACITE

Les examens pour l'obtention du brevet de· capacité auront lieu, pour t<;>us les candidats, instituteurs et institutrices, le mercredi 9 juin, à 8 h., à l'Ecole normale des instituteurs. On est prié de s'an­noncer auprès du Département de l'Instruction publique jusqu'au 15 mai, conformément aux dispositions de l'art. 57 du Règlement des

Ecoles normales. La librairie Casterman n'ayant pu livrer à tous les institute.urs

l'ouvrage : «L'art de raconter des histoires aux enfants», les can­didats de cette année pourront présenter leut' 5ème travail écrit après l'examen, lorsque la nouvelle édition promise de l'ouvrage à analyser aura paru.

Le Chef du Départem.ent de l'Instruction publique: Cyr. Pitteloud.

Assemblée générale des membres de la caisse de retraite du personnel enseignant

Les membres de la caisse de retraite du personnel enseignant , du Valais sont avisés que l'assemblée générale annuelle aura lieu le samedi 1er mai 1948, à 14 h. 15, à l'Ecole Normale des institu-teurs à Sion. .

Ûl'llre du jour: 1) Procès-verbal de la dernière assemblée 2) Rapport présidentiel. 3) Lecture et approbation des comptes. 4) Nominations réglementaires. 5) Divers.

Le Président de la Commission: F. Imhof.

générale.

Le Secrétaire : . M. Evéquoz. ·

Page 3: L'Ecole primaire, 30 avril 1948

Caisse de retraite du personnel enseig~ant RAPPORT DE LA COMMISSION

Durant l'exercice 1947, la Commission, à côté de l'administration générale, a continué la travail d'épuration rendu nécessaire par les nombreuses mutations intervenues dans le corps enseignant.

La facilité de trouver emploi dans l'enseignement et la perspec­tive d'une amélioration des conditions matérielles de l'instituteur ont déterminé un certain nombre de maîtres et de maîtresses qui avaient abandonné l'école, à rentrer dans la carrière. De ce fait, ln Commission a dû prendre de nombreuses décisions pour adapter des situations souvent fort particulières aux dispositions du règle­n'lent.

L'acceptation par le peuple, le 7 juillet 1947, de la loi fédérale sur l'assurance-vieillesse et survivants a placé la Commission de­vant le problème de la reconnaissance ou de la non-reconnaissance de la caisse.

Des renseignemntns pris à ce sujet auprès de l'expert et de l'autorité fédérale compétente, il ressort qu'il n'y a pas de délai fixé pour la reconnaissance, en sorte que cette affaire peut être étudiée à fond et sans précipitation. Selon les dispositions de l'article 218 du règlement d'exécution de la loi fédérale précitée, les institutions d'assurance optant pour la reconnaissance peuvent en effet présen­ter en tout temps une demande dans ce sens.

Au besoin, 'cette question pourra même être liée à la prochaine revision des bases techniques de la caisse. Cette revision doit inter­venir en 1950, mais en ce moment déjà la Commission s'occupe de recueillir les éléments qui seront nécessaires pour l'étude à entre­prendre.

Il y aura lieu parallèlement aussi de réexaminer certaines dis­positions du règleulent qui, dans la pratique, se sont révélées incom­plètes et demandent à être mises au point.

La Commission.

RAPPORT DES REVISEURS DES COMPTES

Mesdames, Messieul's,

En exécution du mandat qui nous a été confié, nous avons l'hon­neur de vous soumettre notre rapport de vérification des comptes de la Caisse de retraite du Personnel enseignant du Valais pour l'année 1947. .

Tous les postes du compte de Profits et Pertes et de l'ensemble du compte de gestion ont été pointés avec les pièces justificatives correspondantes et ont été trouvées strictement conformes. L'excé­~ent en recettes de l'année 1947 se monte à Fr. 331,679.55.

- +l!} -

Les différentes rubriques du bilan ont été vérifiées en totalité ; 11 concordent avec les relevés de comptes de la Banqu~ Canto­

e ~s La fortune nette de la Caisse, qui était au 1er janVIer 19:6 ~: ~r. 4,397.62, se trouve augmentée de Fr. 331,679.55 et portee ainsi à Fr. 4,729,012.17 au 31 décembre 1947 .

Les constatations de notre révision nous donnent la certitude que les comptes présentés sont exacts ; c'est pourquoi nous vous

proposons de les approuver. , . En vous priant de nous donner decharge de notre mission,

nous vous présentons, IVlesdames et Messieurs, l'assurance de nos

sentiments dévoués. Les Reviseurs:

Marcel Praplan. Emile Bourdin.

COURS CANTONAUX DE GYMNASTIQUE POUR LE PERSONNEL ENSEIGNANT EN 1948

Par ordre du Département de l'Instruction publique, l'A~socia­tion des Maîtres de gymnastique du Valais Romand orgamse les

cours suivants: . 1. POUl' Instituteurs: Un cours de 4-5 jours, II et Illme c1egre

avec natation au Bouveret, à fin juillet, Un cour; de 4 jours, gymnastique Ile degré, pour collè~ues en-

seignant dans des conditions défavorables, à fin octobre à SIOn.

II. Pour instituteurs: Un cours de 4-5 jours gymnastique, O'rands jeux et natation, à fin juillet-début août, au Bouveret. n Un cours de 4 jours, Ile degré, pour collègues enseignant dans des conditions défavorables, à fin octobre, Sion ou ~artigny. . ,

III. Mixte: Un cours de 4 jours pour le 1er degre. Ce cours s a ­dresse aux collègues dont les élèves sont âgés de 6 à 9 ans. Il aurR

lieu à mi-octobl'e, Indemnités. Les participants recoivent une indemnité de Fr.

7.- par jour et Fr. 4.- par nuit; les" frais de voyage leur sont rem-

boursés. . Inscri})tions: Avant le 30 mai, à P. Curdy, insp. gymn., SIOn. Seuls les cours qui recueillent plus de 12 inscriptions pourront

avoir lieu. Nous espérons que vous viendrez nombreux à ces cours, vous enrichir en vous délassant, pour le plus grand bien de vos

classes. Le comité technique de l'AMGVR.

ENFANTS ATTEINTS DE SURDITE

La Société romande pour la lutte contre les effets de la surdité organise cette année encore une « Colonie de vacances», pour en­fants durs d'oreille de l'âge scolaire.

Page 4: L'Ecole primaire, 30 avril 1948

- 420-

Le cours aura lieu du 7 au 31 juillet à Essertines-Rolle . Les enfants sont bien nourris, bien traités et soumis à une bonne sur­veillance. Ils reçoivent gratuitement chaque jour des leçons de lec­ture labiale.

Les membres du personnel enseignant sont invités à signaler les cnfants de leur classe qui sont durs d'or eille et susceptibles de bé­néficier des leçons de lecture labiale.

Ces renseignements doivent être adressés à Ml' Fath, prof., Av.' Juste Olivier 3, Lausanne.

S. R. L. S.

Radioscopie scolaire Ml' le Dr Turini, qui fut pendant longtemps directeur de l'hô­

pital d'arrondissement de Sierre et du pavillon antitubercule ux de la même ville, nous envoie la lettre suivante en réponse à la corres­pondance que nous avons insérée dans le numéro du 15 mars, sous le titre: Radioscopie scolaire. Nous la publions avec d'autant plus de plaisir, qu'elle répond aux questions posées par notre corres­pondant et qu'elle apporte au personnel enseignant les éclaircisse­m ents désirés. Ajoutons que MI' le Dr Turini est un spécialiste des opérations de la cage thoracique. (Rd.)

Rép.action de l' « Ecole primaire », Sierre .

Monsieur le Rédacteur.

Votre numéro du 15 mars a publié un article non signé intitulé Radioscopie scolaire qui témoigne d'une étrange compréhension de l 'étendue et du but attribués à la radioscopie scolaire. Je me per­mettrai d'examiner point par point les r~proches exprimés par l 'auteur anonyme.

1. Pour prévenir le mal plutôt que de le guérir, il est nécessaire en matière de tuberculose, d'examiner les sujets même s'ils ne présentent pas de symptômes apparents. Il faut- dépister le mal avant qu'il ne se montre. C'est le but principal de la radioscopie scolair:e , des renseignements que récolte l'infirmière visiteuse et des r éactions cutanées pratiquées chez les enfants des écoles. Comme la tubercu­lose, au début, ne fait en général pas de symptômes appréciables par l'entourage et même par un examen médical courant soigné, aucun choix ne peut être pratiqué d'emblée entre suspects, indemnes ou porteurs de bacilles tuberculeux. Force est donc de soumettre à l'examen prophylactique l'ensemble des élèves et du personnel en­seignant, si l'on veut connaître parmi eux quels sujets ont été tou­chés et quels sujets sont restés indemnes.

- 421 -

Au surplus, un organisme touché par la tuberculose n'est pas pour autant un tuberclùeux; seul le sujet qui ne maîtrise pas par ses propres ressources l'évolution du bacille est un malade tuberculeux, t andis que celui qui résiste victorieusement par ses moyens naturel~ de défense acquiert une certaine immunité, c'est-à-dire un degre renforcé de résistance au bacille et par conséquent aux contamina­tions ultérieures éventuelles; il restera un bien portant.

L'infirmière visiteuse, pour remplir sa tâche, doit donc veiller à ce que l'ensemble des élèves et des maîtres soit soumis à l'examen prophylactique, sans avoir à rechercher si tel ou tel autre est appa­remment ou réellement exempt d'infection bacillaire, ou si tel ou tel a utre est malade ou bien portan:t. Ce n'est qu'en soumettant la tota­li t é des écoliers et des instituteurs à l'examen prophylactique qu'on pourra opérer le triage avec le maximum de sécurité.

2) J'ai recherché en vain dans la circonscription que je surveille des faits de manque de discrétion et de tact. L'auteur de l'article fe ­rait bien de préciser en citant des exemples. Si l'examen prophy ­lactique est strictement individuel, c'est-à-dire si le sujet, parfois accompagné d'un parent ou d'un représentant des parents, est examiné en l'absence de toute autre personne que le médecin et l' infirmière visiteuse, ainsi qu'il se doit, le résultat n'est connu que de personnes soumises au secret professionnel et il n'est communiqu~, si besoin il y a , qu'aux parents. Aucune indiscrétion n'est donc Cl

crain dre du fait de pexamen.

3) Il est regrettable que le public ne soit pas mieux instruit sur la signification de la réaction de Moro. Si cette dernière est positive, elle signifie simplement que le sujet héberge des bacilles de K och et que son organisme se défend. Un Moro positif n'est donc p as synonyme de maladie, c'est une indication à surveiller l'état de celui qui a une réaction positive et à faire les autres examens p our savoir s' il se défend avec succès, s'il a besoin de simples pré­cautions spéciales ou si un traitement plus sérieux est indiqué.

Il faut un esprit étroit, méfiant et malveillant, à moins d'être ignorant et suffisant, pour voir dans la radioscopie scolaire une exploitation commerciale de la misère humaine et des deniers de l 'Etat. C 'est proférer une pure calomnie à l'adresse des infirmières

isiteuses que de leur attribuer une rémunération spéciale quel­conque pour chaque enfant soumis à la radioscopie. Là encore, si m al il y a, une formule vague et générale n'est pas à sa place: il faut apporter des faits précis sous une responsabilité personnelle avec l'appoint d'une signature.

4) Je passe sur l'exagération et la brutalité de la formule em­ployée pour ne retenir que le fait en lui-même.

Dans notre pays comme ailleurs, la vaccination par le B. C. G. a trouvé des adeptes enthousiastes dès le début et des antagonistes dont il faut respecter la prudence et le sentiment de la responsabilité.

Page 5: L'Ecole primaire, 30 avril 1948

- 42,2 -

A l'apparition de la méthode, on n'en connaissait par les résultats dans les vingt-cinq ou trente ans à venir. On pouvaH très honnête­ment et très sagement craindre un retour à la virulence, c'est-à-dire une reprise lointaine, après des années, d'une activité pathologique du B . C. G., car le vaccin introduit dans l'organisfi?e des bacilles vivants, atténués, prêts à être domestiqués et utilisés favorablement par l'organisme. Mais la théorie pouvait faire craindre, au début de l'emploi du B. C. G., que par suite de phénomènes divers, ces bacil­les ne puissent reprendre une vitalité nouvelle après quelques an­nées et provoquer ainsi une vraie maladie tuberculeuse chez les vac­cinés. Or, comme on ne vaccine en règle générale que des bien por­tants, on aurait pu courir le risque, au moins théoriquement, de transformer des individus sains en sujets malades de tuberculose ac­tive. La retenue et parfois l'hostilité de certains médecins sont donc compréhensibles jusqu'il y a peu de temps. Mais maintenant la preu­ve de l'inocuité et de l'efficacité du B. C . G. est faite. Son apparition dès 1920 a été suivie de plusieurs centaines de milliers d'applications sans avoir jamais donné lieu en 28 ans à aucune maladie et aucun décès qui lui soient attribuables. L'expérience n'a enregistré en dé­finitive que son action favorable et quelques rares inconvénients passagers sans importance. Les institutions qui s'occupent en Suisse de la lutte contre la tuberculose étudient actuellement les possibili­tés d'application et d'extension de la vaccination par le B. C. G. dans tout notre pays. Pour les nouveaux-nés, la réalisation s'annonce. assez facile, elle sera moins aisée pour les enfants plus âgés et pour les adultes; chez ces deux dernières catégories, des précautions spé­ciales seront nécessaires.

5) Q'attendent l'auteur anonyme ou ses inspirateurs de l'exame.n scolaire prophylactique? Peuvent-ils exiger plus qu'un jugement sur l'état général de santé d'un enfant et en particulier sur sa situa­tion vis-à-vis de l'infection tuberculeuse? Nous ne le pensons pas. L'Etat a introduit cet examen dans l'intérêt de la communauté que représente une classe et dans celui de chaque élève en particulier. Par ce moyen il peut écarter de l'école les sujets qui se révéleraient dangereux pour les autres et il renseigne les parents sur l'état de santé des enfants et spécialement sur la possibilité ou la réalité de l'existence d'une maladie tuberculeuse. L'école n'est cependant ni un sanatorium ni une polyclinique et n'effectue aucun traitement ; elle n'en a pas les moyens et pas le temps, ce n'est pas non plus sa mission. C'est aux parents qu'il incombe de prendre les mesures in­diquées soit par le médecin traitant ou le médecin de famille soit

. éventuellement par tout autre médecin choisi par les parents: Les organes de la ligue antituberculeuse aideront volontiers la famille ou le médecin traitant en communiquant le résultat des différents examens, en faisant des démarches pour les placements à la coloni~ de vacances, au préventorium ou au sanatorium, en fournissant cer­tains aliments doués d'une valeur nutritive spéCiale, en contri.buant

- ~23-

Ssi pour une part des frais journaliers dans un établissement. Mais

au f '11 ' . l'Etat ni l'école, ni la ligue n'ont le droit de forcer une amI e a TIl , l'b ' soigner un de ses membres tuberculeux et c'est en toute 1 erte que les parents accepteront ou non de soumettre un sujet à une cure quelconque, choisiront le médecin qu'ils désirent et l'endroit appro­prié. L 'aide matérielle de la ligue sera du reste réservée. aux seu~s nécessiteux et dans la mesure où les ressources de la famIlle le me­ritent et les finances de la ligue le permettent. Aller plus loin n'est pour le moment pas possible. En attendant mieux, conten~ons-nous de ce qui est accessible à nos moyens actuels, en souhaItant que bientôt la généralisation de l'usage du B. C. G. réduise à une pro­portion minime la morbidité et la mortalité par tuberculose.

Mais le correspondant an.onyme n'a pas parlé d'une méthode d'examen encore supérieure à la radioscopie et pourtant pratiquée dans les écoles du Valais; il s'agit de la radiophotographie. Ses avan·· tages sont certains: rapidité, fidélité, objectivité, permanence, dis­crétion absolue. Elle rend avec plus de facilité et à moins de frais à peu près les mêmes services que la radioscopie, c'est pourquoi il est possible de l'appliquer massivement et de l'étendre, des écoles et des usines où elle règne actuellement, à toute la population. Mais là en­core nul pour l'instant ne peut être légalement obligé à s'y sou­mettre et pourtant l'on a enregistré avec satisfaction que dans quel­ques corrununes de cantons suisses la radiophotographie facultative a réuni jusqu'au 95 ;t' de la population totale. Et chaque personne soumise à la radio~hotographie peut recevoir une reproduction de son cliché avec l'invitation à se rendre chez un médecin si l'on a estimé que son état doit être surveillé ou exige des soins.

Si après une séance de radioscopies ou de radiophotographies en série, la famille ou l'intéressé ne reçoivent pas la communication du résultat, c'est parce que les examinateurs ont estimé qu'il n'y a aucune mesure à conseiller et le sujet ou sa famille peuvent se ras-

surer.

Il est réjouissant de constater . que la lutte contre la tuberculose suscite un intérêt vibrant chez les membres du corps enseignant et nous les remercions de leur appui.

En ce qui concerne particulièremet notre correspondant, les parents et les organes des ligues savent qu'ils ont en lui un organisa­teur spécialement décidé et réalisateur qui mènera la campagne ef­ficace afin de procurer aux institutions antituberculeuses et aux fa­milles toutes les immenses ressources nécessaires pour éviter et combattre mieux encore que jusqu'ici les ravages du bacille de

Koch.

Veuillez agréer, Monsieur le Rédacteur, mes salutations em-

pressées. Dr Turini.

Page 6: L'Ecole primaire, 30 avril 1948

- 42~ -.--

L'assemblée générale de la Société valaisanne d'Education

Notre cOl1lpte rendu de la réunion de la S. V. E., il Leytl'Oll, (l

déjà panz dans le «Nouvelliste» du 17 COlltclIlt .. Mais nous l'in­sérons encore dans l' « Ecole primaire», parce qu'elle se fait un devoil' de l'elater ce qui peut intéresser le pel'sonnel enseigll(l1tf valaisan ou lui être de quelque utilité.

Le manque de place ne nous permet .pas d'entrer dans les dé, tails pour le compte rendu de l'assemblée qui s'est tenue le 15 cou­rant à Leytron. Nous nous bornerons donc à relater ce qui nous 3l

plus particulièrement laissé une bonne impression.

Disons tout d'abord que de la journée du 15 on gardera le meilleur souvenir. Elle a été une des plus belles que nous ayons con · nues dans ce genre: journée d'harmonie, de sympathie réciproque de chaleur communicative.

Ce qui nous a d'abord frappé, c'est le nombre imposant des par­ticipants, parmi lesquels on remarquait M. le chef du Département de l'Instruction publique avec ses deux secrétaires: MM. Evéquoz et Chastonay, les inspecteurs scolaires, une délégation des autorités religieuses et civiles de Leytron, M. le Dr Boucard, le distingué di­recteur de l'Ecole normale des instituteurs, d'anciens régents, etc.

Vraiment le corps enseignant donnait l'impression d'un groupe compact, puissant, qui, avec l'union qui découlera de sa nouvelle organisation, pourra plus facilement obtenir la réalisation d'alné­liorations encore possibles après celles qu'il vient déjà d'obtenii." avec le concours intelligent et tenace de son chef, M. Pitteloud. Cette unité de vues, de sentiments dont nous avons été témoin s'har­monisait parfaitement avec l'excellente organisation de la journée à laquelle ont contribué M. Curdy, président de la S. V. K, M. Gau­dard, président de Leytron, secondé par la bonne volonté de son conseil et de la population qui ont mis à la disposition des congres sistes les deux magnifiques salles des coopératives de consommation.

La matinée a été 'occupée d'abord par la cérémonie de réception, où l'on a fort apprécié un chant exécuté par un groupe d'élèves et le discours du président Gaudard, ensuite par la liquidation d'affaj­l'es administratives, l'approbation de la nouvelle org;:misation de l a S. V. E., enfin par l'audition de la belle et lumineuse conférence de M. le chanoine Dayer, Recteur du Collège de St-Maurice, qui a en­tretenu son auditoire de la responsabilité de l'école da~s les temps modernes. Le compétent conférencier a montré la différence très grande qui existe entre l'instruction et l'éducation, celle-là étant même dangereuse si celle-ci est manquée ou faussée. Il a également établi que c'est une erreur de donner à l'éducation une autre base que celle de la religion. Enfin, il s'est félicité que, dans notre Va-

- 4-25 -

lais, l'instruction religieuse peut encore se donner librement à fécole, grâce à la bonne volonté de nos autorités civiles et au con­cours du personnel enseignant.

La deuxième partie de la journée s'est déroulée dans une at­nrlosphère de saine gaîté familiale, où l'on oubliait pour quelques heures les soucis, les peines de la vie quotidienne, surtout de la vie scolaire, et où l'on puisait du courage pour continuer son labeur, malgré les difficultés si nombreuses de nos jours.

Plusieurs orateurs ont contribué à éclairer les intelligences, à réchauffer les cœurs et à raffermir les volontés. Ce fut d'abord M. le chef du Département qui, dans un exposé clair, précis, mais néan­moins complet, montra les efforts qu'il lui a fallu déployer pour urmonter tous les obstacles qui s'étaient accumulés sur son chemin

au moment de la discussion de la nouvelle loi scolaire et du décret sur l'augmentation des traitements.

Vraiment M. Pittéloud a mérité l'estime et la confiance la plus entière de son personnel enseignant, qui ne manquera pas de lui prouver sa reconnaissance par un accomplissement encore plus par­fait de ses devoirs professionnels et par une union qui facilitera au Département ses tâches futures!

M. Thomas a, lui aussi, rappelé les peines qu'il s'est données pour . l 'aboutissement des revendications de MM. les instituteurs, qui lui gardent également un souvenir reconnaissant.

M. le professeur Julier, l'ami fidèle de ses anciens élèves d'E-, cole normale, a, par ses paroles chaleureuses, corroboré en partie ce qui avait été dit, à la conférence du matin, en montrant l'utilité, la nécessité d'une formation vraiment chrétienne de la jeunesse, formation dont dépend en grande partie la prospérité matérielle et m orale de l'individu et de la collectivité. N'oublions pas, avant de terminer, de mentionner les beaux chœurs exécutés pendant le ban­quet, chœurs dirigés par MM. Gillioz et Dorsaz, ni la façon animée, spirituelle, dont M. Pigna t, instituteur à Vouvry, a rempli ses fonc­tions de major de table.

Et maintenant, il ne reste qu'à souhaiter à tous les participants à la réunion de Leytron de continuer à contribuer ou à s'intéresser à la bonne marche de nos écoles valaisannes, avec la devise: POUl'

Dieu et la. Patrie.

P. S. Je me l(lis un devoir de remercier vivelnent le pel'son­Hel enseign({nt pOUl' [a marque de sympathie et de reconnais .~(ln­ce qll'il Cl donnée li celui qui vient de prenclre sa retrwle, après .\ être ,efforcé pendanl une trentaine d'années de rendre quelques ... ervices ClUX éducateurs de la jeun~sse valaisanne, et qui, tl"ès J)J'olJ((blelneni' , ne prendrCl plus part à leurs réunions, ' 0/1 moins d'une façon ([ctive. Encore une fois un grand merci, et aussi nIe .. 'm eilleu/'s VŒ'll :r de succès pour l'avenir. Julier Auguste.

Page 7: L'Ecole primaire, 30 avril 1948

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

i PART][E PEDAGOG][QUE ~ ~~~~~~~~~~~~~~~~~

ùes responsabilités de l'école dans le monde contemporain

Conférence à l'assemblée générale des instituteurs, à Leyb''(m,

15 avril 1948,

Monsieur le Président,

Mes confrères, chers Messieurs,

Je crois qu'il ne conviendrait vraiment pas de vous parler, en Valais, des responsabilités de l'école, sans adresser auparavant un hommage respectueux à M. le Conseiller d'Etat Cyrille Pitteloud et à ses collaborateurs immédiats, dont la sollicitude et les heureuses initiatives ont contribué très largement au développement de l'ins­truction dans notre canton.

Qu'ils veuillent bien croire à l 'estime et à l'attachement que je porte à leurs personnes et à leur travail avec tous les professeurs de St-Maurice.

Que M. le Conseiller d'Etat Cyrille Pitteloud me permette en~ particulier de lui dire le charme profond que j'ai ressenti moi': même bien des fois à collaborer avec un Chef pour lequel l'exercice le plus élevé et le plus fécond de l'autorité s'accomplit sous la f orme d.e la compréhension et de l'amitié.

* :j: * Pour vous exprimer à vous tous, mes chers instituteurs, le plai­

sir et l'intérêt que j'éprouve à m'adresser à vous, je ne saurais mieux faire que de vous rapporter les paroles de l'un de mes confrè­res qui enseigne depuis longtemps dans les premières classes du collège:

« Dites-leur bien, à ces chers instituteurs, l'importance capitale « de l'école primaire pour toute la formation de l'homme».

* * * C'est cette importance de l'école, particulièrement de l'école

primaire, que je veux essayer de vous rappeler en quelques l'éfle­xions simples et nécessairement très sommaires, relatives:

1) à la tâche de l'école en général;

2) à son rapport aux besoins spéciaux de notre temps;

- 427 -

3) et aux problèmes qu'elle rencontre aujourd'hui dans notre pays valaisan.

De ces considérations, se dégageront au fur et à mesure les res­ponsabilités qui pèsent sur votre vocation difficile et délicate.

1

L'importance de l'école

De l'importance de l'école, vous en êtes certainement tous con·· aincus. Vous la touchez à chaque instant. Et vous puisez dans cette

conviction des éléments de force et de courage pour l'accomplisse­ment de votre labeur quotidien.

A l'heure actuelle, l'école fait partie normalement de la vie. On ne conçoit guère un homme de notre temps qui n'ait pas eu de con­tact avec le milieu scolaire. Avec la famille, la cité et l'Eglise, l'école est appelée à collaborer très étroitement à la formation de l'homme.

A la fin de la scolarité, obligatoire pour tous, le jeune homme est marqué aussi ineffaçablement par la vie scolaire qu'il ne l'avait été par sa famille en sa première enfance. Et, de même que l'in­fluence de l'école ne pénétra en lui qu'à la suite et au travers des influences subies dans le cadre familial, ainsi le reste de la vie ne le touchera qu'en fonction de ce qu'il est devenu par l'école.

Cette action universelle de l'école avec la généralisation de l 'instruction qu'elle apporte, est sans doute un bien en soi.

::: :1: * Dang'er de l'instruction

Cela ne va pourtant pas sans des dangers ni sans poser des pro­blèmes. Il y a dans l'emplette des connaissances un grand risque, :remarquait déjà Platon. On ne peut les mettre dans un autre v aisseau que l'âme et dès qu'elles y entrent, il y a un bien ou un mal qui est fait sans retour.

L'effort accompli pour apprendre, remarque M. Blondel, est d éjà le commencement de l'action. C'est la première vitesse acquise sur la pente de l 'acte.

Aussi, une pensée engendrée dans le cœur d'un enfant échappe 8 tout jamais à l'emprise de celui qui l'a suscitée. Elle peut se pro­p ager indéfiniment dans le monde des âmes, comme les vagues con­centriques formées par un galet jeté à la mer, s'étendent à perte de vue sur l'immense étendue des eaux.

* :1: * L'associa tion de l'instl'lwtion et de l'éducation

Ce n 'est donc pas irr,lPunément que l'on ouvre à un homme les portes de la connaissance. Car, par elle-même, l'instruction est un

Page 8: L'Ecole primaire, 30 avril 1948

- 428 -

instrument qui peut servir au mal comme au bien, si l'éducation ne vient pas lui tracer les voies qui mènent vers les pures régions d e la bonté et de la générosité.

«Science sans conscience, n'est que ruine de l'âme», disait Rabelais.

C'est pourquoi, dans toutes les sphères où s'accomplit la fonna­tion de l'homme, l'instruction et l'éducation doivent se conjuguer intimement.

Sans l'éducation, l'instruction n'est qu'une cérébralisation péril­leuse; sans l'instruction, l'éducation risque de n'être qu'un dres­sage proche de celui que les régimes totalitaires ont imposé à leur malheureuse jeunesse.

Il faut même dire que plus la pensée s'ouvre par l'enseignement. plus l'éducation doit se faire attentive et profonde.

La formation totale de l'homme joue simultanément sur les deux régistres de l'instruction et de l'éducation.

L'instruction s'attache au développement de l'intelligence.

L'éducation apprend à utiliser les richesses de la reconnaissance pour le bien véritable de l'homme. Elle agit sur la volonté et crée en elle des habitudes qui fortifient son inclination native vers le bien.

La conjonction de ces deux facteurs de la forma tion de l'homme est semblable au déroulement d'un jeu de billes.

La première condition du jeu est l'acquisition oes billes: c'est l'instruction.

Il faut ensuite apprendre les règles du jeu, acquérir l'habileté pour les manier et se comporter dans le jeu lui-même selon les exi­gences du fair play, être bon, honnête et généreux avec ses parte ­naires: c'est l'éducation.

La comparaison peut se continuer, si nous remarquons que plus le nombre des billes acquises est grand, plus le jeu devient compli ­qué, plus il faut de dextérité pour bien jouer.

La sphère de l'école n'échappe pas à la loi générale de l'associa­tion des deux facteurs de l'instruction et de l'éducation nécessaires à la formation de l'homme.

* * * L'instruction primaire

Au point de vue de l'instruction, l'école primaire, qui est l'école de tout le monde, a pour but d'apprendre à tous les hommes d'un temps déterminé, l'ensemble des choses indispensables à une vie con­forme aux exigences de leur milieu.

En leur enseignant à lire, à écrire et à calculer, elle leur per­met d'entrer en contact personnel avec l'humanité passée et ac-

- 429-

tuelle, de participer aux grands courants de pensées et de sentiments qui la traversent.

L'école primaire pose ainsi les bases d'une croissance indéfinie de l'esprit. Elle doit créer dans l'âme des enfants les conditions suf­fisantes pour éveiller le désir de l'expansion intellectuelle.

Son rôle est moins d'entasser des connaissances que de former et d'ouvl'Îr l'espl'it, de développer une certaine capacité de pensée et de jugement en vue d'acquisitions ultérieures, proportionnées aux aptitudes natives de chacun.

Pour cela, il s'agit de susciter, d'exciter et d'alimenter le désir inné et le goût de la connaissance, de la pensée et de la réflexion.

Il est indispensable dès lors de ne pas dégoûter et saturer l'en­fant par un bourrage de crâne ennuyeux et indigeste qui éteindra dans son cœur les curiosités et les joies du connaître.

Il est nécessaire de ne pas clore l'esprit de l'élève dans la suf­fisance en ne lui laissant rien entrevoir au delà de l'horizon res­treint du programme.

« La dernière démarche de la raison, disait Pascal, est de recon­e: naître qu'il y a une infinité dé choses qui la surpassent».

Cette attitude, qui anim~ toutes les démarches de la culture, est préparée par les premières initiations de l'école primaire.

Pour développer dans les enfants les possibilités créatrices, les pouvoirs propres et originaux de voir et d'éprouver la réalité des choses, il ne faudra évidemment pas l'enfermer non plus dans des clichés et des schémas d'expression impersonnels qui l'empêchent de voir et de dire ce qui est purement et simplement.

Pour éveiller en lui le goût de la pensée, il est nécessaire de ne pas l'entretenir constamment dans un cercle de pensées vulgaires et banales. Je pense qu'une école primaire à la fin de laquelle l'en­fant saurait lire et écrire sans fautes, mais qui n'aurait obtenu ces automatismes qu'au moyen de phrases insignifiantes, je . pense que cette école atrophie l'intelligence. Elle accomplit au stade initial de l'école primaire - ce qui est particulièrement grave - un des­sèchement semblable à celui qu'une culture technique, dénuée de formation générale, produit plus tard, au stade des études secon­daires et universitaires.

:1: :1: :1<

Qualités du maître

Le maître primaire, appelé à poser ces bases indispensables de l'instruction et de la culture, doit être lui-même un esprit ouvert et affectionné vivement à la connaissance et à la pensée. Les techni­ciens de la grammaire et du calcul ne suffisent pas. Car l'ouverture et la formation de l'esprit ne peuvent se donner que par des esprits largement ouverts, au moins par le désir et l'intention, sur tout le champ de la connaissance.

Page 9: L'Ecole primaire, 30 avril 1948

-- 434) -

Les pouvoirs d'intuition et de création originale ne se conser­vent et ne se développent qu'au contact de maîtres préoccupés eux­mêmes de discerner, de voir, de comprendre, de livrer de la pen­sée et des sentiments vécus et éprouvés plutôt que de rassembler et de répéter des formules apprises et coupées de la réalité qu'el­les expriment.

*** L'éducation à l'école

Mais le développement intellectuel, si important qu'il soit, n'est pas toute la formation de l'homme.

La rectitude, la vigueur et la fermeté du vouloir dans le sens du bien; la richesse du cœur et des sentiments; l'aptitude à sympathi­ser et à collaborer aux œuvres communes: tout cela qui constitue les tâches prOl)l'eS de l'éducation, importe par-dessus tout au libre épanouissernent de l'homme et de la civilisation.

Ses limites

Mais, dans ce domaine, je crois q'ue l'influence positive de l'éco-1e est assez restreinte.

Elle est limitée par l'action des zones extra-scolaires: la fa­mille, l'ambiance sociale et religieuse, contre lesquelles l'école ne peut presque rien faire. Son rôle est essentiellement complémen­taire. Dans la majorité des cas, elle ne peut que compléter et amélio­rer la ligne familiale. Il lui est difficile de ramer positivement en sens contraire.

Elle peut par contre très bien détruire l'influence de la famil­le, lorsque le climat moral qu'elle fournit à l'enfant est inférieur à celui de la famille. L'enfant s'appuie spontanément sur l'école pour légitimer des attitudes qu'il n'ose pas se permettre dans son milieu familial.

L'action éducative de l'école, comme son rôle d'inscruction et d'enseignement, est limitée aussi par les aptitudes natives de l'en­fant. Toutes les espèces d'arbres ne poussent pas sur n'importe quel terrain!

Plus encore, la natul'e même de la volonté humaine -est ainsi faite, qu'elle résiste à l'action directe de tous les agents créés exté­rieurs. Aucune créature, ni ange ni homme, ne peut forcer le sanc­tuaire intime du cœur humain pour lui arracher les décisions et les affections volontaires qui ne dépendent que de lui seul.

. Il serait par conséquent pué1'ÎI de tout attendre de l'école, com­me si elle était une grande usine où les enfants entrent sous la forme d'une matière première indéterminée, pour en sortir parfaitement manufacturés et étiquetés pour la vie.

En réalité, l'éducation de l'homme se fait par toute l'existence; .elle commence avant le berceau, par l'éducation des parents, et se

- 431

continue jusqu'à la mort par toutes les sphères sociales ou l'homme est appelé à vivre; par le travail quotidien, et par les expériences multiples de souffrance, de joie et d'amour qui façonnent peu à peu son esprit et son cœur, sous la conduite d'une ProvidencE' infiniment miséricordieuse et bonne, qui atteint directement, avec une force et une suavité infinies, les racines mêmes de nos pouvoirs volontaires.

L'influence éducatrice de l'école s'insère donc comme un élé­ment, d'une grande portée, dans le complexe immense des facteurs éducatifs qui accompagnent l'homme du berceau à la tombe.

Pl'oposition de la vérité et du bien

Son action s'exerce en général par l'enseig'nement et la propo­sition de la vél'ité et du bien, pal' l'élarg'issement des motifs du vou­loir, sans lequel il n'y a pas de développement authentique de la vo­lonté humaine. La volonté de l'homme est comme un organisme vivant qui ne s'ouvre et ne se développe que dans la lumière. Toute contrainte extérieure n'aboutit qu'à un dressage éphémère, sans perspective et sans horizon. Supposez, en effet, un enfant révolté et rébarbatif, vous voyez bien que vous n'arriverez à l'épanouir et à le décider à vouloir le bien de tout son cœur que par la proposition patiente, persuasive, large et sereine du bien. Vous ne pouvez pas agir autrement sur l'élaboration et la direction de son vouloir in­térieur.

C'est pourquoi l'encouragement est plus nécessaire que le blâme, la contrainte et l'humiliation.

« Ce qui compte le plus dans l'entreprise éducationnelle, dit « Maritain, est un appel perpétuel à l'intelligence et à la volonté libre « de l'enfant. Un tel appel, convenablement proportionné à l'âge et ( aux circonstances, peut et doit commencer dès les premières éta­« pes de l'éducation. Chaque champ d'enseignement, chaque activi­('; té scolaire - la culture physique aussi bien que les leçons de lec­/( ture élémentaire ou les rudiments de l'étiquette enfantine et de «la bonne tenue - peut recevoir un perfectionnement intrinsèque « et dépasser sa valeur pratique immédiate si on « l'humanise» de « cette manière. Rien ne devrait être exigé (en principe) de l'enfant, « sans qu'on le lui explique en même temps; et qu'on s'assure qu'il a « compris. Une simple prohibition du mal-faire est inifiniment moins «efficace que la lumière par laquelle on éclaire l'esprit de l'enfant « sur le bien que ce mal-faire détruit».

L'action de Dieu

Dieu seul est assez puissant pour ag'h' directement à la source même du désir et de la pensée autrement que par la présentation de la vérité et du bien, et pour donner ainsi à l'homme la force inté­rieure de vouloir et de faire le bien qu'il voit.

Page 10: L'Ecole primaire, 30 avril 1948

- 4132 -

D'où l'impOl'tance primordiale dans toute l'œuvre éducative cl'amener l'enfant à des relations authentiques et profondes . avec Dieu,

Je ne crains pas de dire que sans une instruction et une éduca­tion religieuses, solides et vraies, il n'y a pas de formation totale de l'homm.e. Il manquera toujours la clef de voûte qui soutient et uni­fie par l'intérieur toute la construction de l'homme. C'est à l'âge de l'école que la notion de Dieu devient vivante et personnelle dans l'âme de l'enfant, parce qu'il commence à prendre conscience de sa liberté, à juger lui-même de ses actes et à peser les motifs réels de Bon vouloir.

L'infinie réalité de Dieu doit lui être présentée avec une patience et :un soin extrêmes comme une grandeur inépuisable de bonté, de générosité et de joie qui appelle tous les. hommes à se conformer humblement à elle.

Dans ces rencontres intérieures, lentes et progressives avec· Dieu, se forment vraiment le caractère et la personnalité profonde de l'homme et s'accumulent les réserves de force spirituelle qui décide­ront des choix volontaires à la croisée de tous les chemins de la vie.

L'exemple et la sympathie

Dans l'enseignement éducatif, moral et religieux de l'école l'e­xemple et la sympathie du maître jouent un rôle capital.

La parole n'est pas le seul moyen de liaison entre les hommes . L'action, surtout lorsqu'elle est entourée d'affection et de sympathie, est comme une prédication vivante qui pénètre les âmes d'autant plus facilement qu'elle est moins contrariée que la parole par la réflexion du sujet sur lequel elle agit.

C'est pourquoi l'éducation doit surtout sa puissance au réseau d 'exemples et de sympathie par lequel elle enveloppe les facultés naissantes de l'enfant, à l'inspiration silencieuse qu'elle met ainsi au cœur du jeune homme, qui, tout en étant persuadé que ses pensées et ses sentiments viennent de lui, agit en réalité très souvent en suivant les pentes déterminées en lui, à son insu, par le poids de l'exemple et de la sympathie qui l'entourent.

Dans le domaine moral et religieux en particulier, le maître donne beaucoup plus ce qu'il est - ou ce qu'il n'est pas - lui-même que ce qu'il sait.

Aussi, pour aborder ces âmes d'enfants fragiles et plastiques à l'infini, quelles que soient les appàrences, il faudrait toujours avoir une âme pacifiée et sereine, un cœur intensément affectionné à tout le bien.

En termes chrétiens, nous dirions qu'il faudrait être constam­ment en état de grâce, afin que rien de trouble et de désordonné ~e transparaisse dans les paroles et dans les gestes qui puisse blesser ,ces jeunes âmes pour lesquelles Jésus est mort.

f li ri

L'apprentissag'e de la vie sociale

L'école n'est pas seulement un milieu où s'élargissent le cœur -et le vouloir par l'enseignement, l'exemple et la sympathie; elle est aussi l'endroit où s'accomplit l'apprentissag'e fondamental de la vie 'sociale,

L'école est une petite société à l'image du milieu social am­biant. Par elle l'enfant se forme peu à peu l'idée d'un bien général supérieur à ses intérêts particuliers.

Le frottement de camarades indifférents à ses réactions sub­iectives, lui apprend à devenir objectif, à se dégager de la passion et de l'égocentrisme; à se libérer du besoin exagéré de la louange et de l' approbation; à se soumettre à un ordre et à une . discipline qui le dépassent.

PO~lr la première fois, l'enfant entre en contact par l'école avec l officialité. Le maître est la première représentation de l'autorité qu'il rencontre. A travers toute la vie, il emportera toujours quelque chose du respect ou de l'antipathie qu'il aura conçu pour ce premier .rnilieu social. De ces contacts initiaux dépendent pour une grande p art son adaptation ou son inadaptation à la vie sociale.

Responsabilité 'de l'éducateur

Quelle responsabilité est donc celle de l'éducateur, non seulement s' il abuse de son prestige et de son autorité pour inculquer aux jeu­n es esprits et pour répandre ainsi dans l'organisme social des affir­mations et des négations fausses ou insuffisamment fondées; mais encore s'il ne fait pas tout son possible pour être totalement vrai d ans ses paroles et dans sa conduite; pour être fidèle jusqu'au bout .aux exigences de son incomparable ' vocation!

Sa tâche ardue et ingrate n'est ni un métier, ni une simple pro­fession qui porte sur de la matière inerte ou sur des affaires profanes.

Elle est une vocation, parce qu'elle s'adresse à l'homme lui- ­même, à tout ce qu'il y a d'humain et de divin dans l'homme -- et v. quelle richesse d'humanité: à l'enfance pleine de possibilités in­:finies! .

Elle s'insère directement sur la marche de l'homme vers son destin immortel.

Le travail du maître n'est pas pas non plus comme celui d'un .artisan ou d'un employé. Au sortir de l'atelier ou du bureau, ceux·· là sont libres. Le maître, lui, n'a jamais fini de se soucier et de tra­v ailler pour ses élèves, de s'enrichir de connaissances et de se par·· :taire pour eux. Il est comme un bon père de famille que la préoccu­pation et l'amour de ses enfants ne quittent jamais. Le vrai maître -est un homme qui a une âme plus grande que les autres et qui,

Page 11: L'Ecole primaire, 30 avril 1948

4.34 -

dans l'amplitude de son cœur, porte tous les élèves qui lui sont confiés comme s'ils étaient ses propres enfants. L'école est pOUl'

lui une extension de sa famille.

Après 10, 20 ans d'enseignement, on tremble en .c::ongeant à toul ce qu'on a dit, à tout ce qu'on aurait pu dire et faire autrement.. enr sait-on jamais quand on a fait tout ce qu'on pouvait avec un en­fant?

On n'arrive pas à comprendre dès lors la légèreté avec laquelle certains maîtres considèrent leur tâche. Comme ils vous font mal ceux qui l'assimilent froidement à un métier où l'on gagne de l'argent et qui déclarent qu'ils travaillent dans la Inesure où ils sont payés!

Si .ces paroles ne sont pas seulement des écarts de mauvaise humeur passagère, qu'ils se recueillent un instant en songennt à la hauteur de la mission et de la vocation qu'ils ont librement choi­sie et acceptée.

Qu'il méditent aussi les paroles terribles de l'Evangile: « Celui ,< qui scandalise l'un de ces petits qui croient en mol, il vaudrait 1( mieux pour lui qu'on lui attachât au cou une meule de moulin « et qu'on le précipitât au fond de la mer! »

Le scandale, c'est tout ce qui est une occasion de chute; la parole et l'exemple du mal; et aussi, dans une certaine mesure, toutes les omissions, ce que l'on n'a pas donné à l'enfant et qu'il était en dl'oit d'attendre; les négligences dans le devoir d'état; les incompréhen­sions, les erreurs et les lâchetés qui retentissent douloureusement sur l'être fragile et sans défense des tout petits.

On ne peut rien ajouter à la force de cet avertissement du di­vin Maître pour rappeler à l'éducateur le sens de ses responsabilités et la fidélité à son devoir professionnel.

II.

Si nous rapprochons les tâches et les responsabilités générales de l'école des besoins spéciaux de notre époque, une première cons­tatation s'impose.

Déficience de l'éducation

Le monde contemporain nous semble avoir développé extra()rdi­nairement l'instruction, mais il a perdu dans le même temps le sens des exigences et des fins véritables de l'éducation. Il se produit ain­si un déséquilibre dangereux dans un grand nombre d'âmes insuf­fisamment préparées à recevoir l'instruction qu'on leur fournit et totalement désarmées contre les erreurs avec lesquelles elles sont en contact immédiat et constant.

- 435-

Conquête de la technique

Cette insuffisance douloureuse de l'éducation est d'autant plus àommageable qu'elle s'étale dans un monde qui s'est agrandi consi­d.érablement par toutes les conquê~es de la science . et de la techni­que, auquel il faudrait par conséquent un supplément d'âme spiri­tuelle et de vraie éducation pour maintenir au service de l'homme des facilités et des richesses qui risquent autrement d'asservir les âmes.

Perte du sens des valeurs

Le monde moderne est préoccupé sans doute d'éducation. Mais il en a perdu la vraie notion avec celle de la nature et de la valeur de l'homme. L'éducation d'inspiration matérialiste qu'il cherche détruit l'homme. Son but en somme est de forger des individus so­lides et bien dressés que l'on apprécie à leur puissance de rendement économique.

On a l'impression d'assister aujourd'hui à une immense entre­prise de dépersonnalisation de l'homme, à un mouvement entretenu et prémédité en vue d'empêcher la maturation des individus, afin de les entretenir en quelque sorte dans une enfance perpétuelle où ils sont indéfiniment malléables et façonnables selon les exigences des puissances économiques et étatiques.

L'athéisme militant

Je crois que la racine de ces efforts aberrants, qui ruinent la dignité de l'homme, réside pour une très grande part dans l'oubli et la méconnaissance de Dieu.

Ce qui a produit le phénomène le plus effroyable de notre épo­·que : l'athéisme militant avec ses écoles non plus seulement neutres mais positivement contre Dieu, où l'on utilise les méthodes les plus raffinées de la psychologie scientifique pour arracher le besoin et la notion de Dieu du cœur des enfants.

* '" * Les tâcbes de l'école

Cette mlsere spirituelle immense et ces erreurs définissent les tâches particulières d'une école vraiment consciente de ses respon­sabilités dans le monde actuel.

Redonner aux hommes le sens aigu du spirituel et de Dieu; cul­tiver dans les âmes le goût de l'initiative, de la liberté et de la responsabilité, pour leur permettre de résister aux efforts de démo­lition et de désintégration de l'homme qui se déploient de toutes parts, d'une façon ouverte ou camouflée, avec une habileté et une :frénésie diaboliques.

Page 12: L'Ecole primaire, 30 avril 1948

- 4-'36 -

Par quels moyens et par quels chemins longs et difficiles? Il est très malaisé de le dire.

Je ne verrais pas en tous cas pourquoi nous ne devrions pas n ous servir hardiment de l'école, lorsque nous l'avons en mains, pour dé­fendre l'homme à ses débuts contre ceux qui veulent faire de lui un être sans âme , sans espérance et sans Dieu. Je ne verrais pas pourquoi nous ne devrions pas résister de toutes nos forces , par l'école, aux influences pernicieuses qui s'infiltrent sourdement jus­que dans nos pays de vieille tradition chrétienne.

III,

Heureusement, lorsque nous portons nos regards sur la petite patrie valaisanne où la Providence nous a appelés à vivre, un sen­timent de confiance et de paix nous envahit l'-âme.

La force de l'école valaisanne

Grâce à Dieu, notre pays solidement appuyé sur ses traditi ons et sur sa foi a su se pr'éserver jusqu'ici d'une manière satisfaisante des erreurs et du déséquilibre qui ruinent les pays qui nous en­tourent.

Quant à ce qui concerne l'école primaire, en particulier, je crois que nous pouvons affirmer qu'elle remplit bien sa mission, dans son ensemble au moins.

Je suis heureux de pouvoir apporter, par cette affirmation, à vos braves instituteurs ce modeste témoignage d'encouragement et de reconnaissance .

Je n e crains pas de dire que notre école valaisanne est forte, moins par la hauteur de son niveau intellectuel, qui n 'est pourtant pas inférieur à bien d'autres, malgré les moyens restreints dans lesquels le travail scolaire doit s'accomplir habituellement chez nous.

Notre école est forte surtout par les bases spirituelles et mOI·al es,. sur lesquelles elle s'appuie. Nous avons une unité de vue parfaite sur l'homme et sa destinée. Par là, nous ne sommes pas livrés à l'incertitude et à la dispersion au sujet des problèmes fondamentaux de l'instruction et de l'éducation. L'idée- chrétienne de l'homme~ sur laquelle nous vivons tous, fournit à notre tâche éducatrice/ l'ins ­piration et la direction fondamentale la plus élevée et la plus sù re qui soit. C'est un privilège que nous ne saurions assez appréci.er .

La place centrale, qui est accordée chez nous à l'instruction religieuse, constitue la force et la lumière la plus précieuse de nos écoles.

L'objection qui est faite parfois contre le temps consacré ~: l'étude du catéchisme et de la Bible part d'une inintelligence regre t­table de la nature et des bases de l'éducation.

- 437 -

Pensez-vous du reste que les questions relatives à la nature de Dieu au sens de la vie humaine, à l'histoire de la révélation divine qui ~mbrasse tous les siècles, pensez-vous que ces questions n'ont aucune importance au point de vue de l'instruction proprement dite? Je pense que nous avons affaire là aux problèmes fondamentaux de lél culture et de la civilisation.

L'école primaire valaisanne est forte aussi par les dispositions excellentes de nos instituteurs.

Elle est forte également par la stabilité de nos institutions et de nos traditions scolaires. Nos écoles sont un peu à l'image du pays: une grande vallée découpée au cœur des Alpes, protégée de toutes parts par des montagnes puissantes. Nous n'aimons pas courir les aventures. Nous ne nous sommes pas trop laissés entraîner par l'en­gouement de nouvelles méthodes qui n'ont pas encore fait leurs preu­ves. Je crois que nous avons raison.

L'âme valaisanne, prudente et stable, il faut la conserver, en continuant de cribler les influences du dehors pour les adapter à nos traditions et à nos besoins particuliers.

Il faut faire le progrès et non pas le suivre aveuglément.

::: :1: * Faiblesses

Il est vrai que cette stabilité et cette prudence ont leurs incon · vénients, si on n'y prend pas garde. On a toujours les défauts de ses qualités!

Nous risquons parfois de nous replier un peu trop sur nous­mêmes et de nous refuser aux innovations nécessaires.

Notre esprit traditionaliste favorise la routine qui étouffe la spontanéité de la création et de la vie.

Ce que j'ai entendu reprocher à l'école primaire valaisanne de la part des maîtres de l'enseignement secondaire auxquels vous transmettez vos élèves, c'est moins un manque de préparation do­cumentaire qu'un défaut d'ouverture de l'esprit, de l'imagination et de la sensibilité créatrice. On a parfois l'impression que des métho­des d'enseignement trop SChématiques, trop techniques et trop uni­quement «mémorielles» froissent un peu la fraîcheur des facultés en· fantines. Je pense particulièrement à l'enseignement du françaiS où l'on habitue trop les jeunes élèves à composer selon un schéma stéréotypé qui l'empêche de voir ce qui est, comme je le disais tout à l'heure . Le français est trop souven~ enseigné à peu près comme le calcul.

De cette façon, l'imagination et le vocabulaire sont habituelle­ment très pauvres.

Les élèves' ne lisent pas. Les plus intelligents vous arrivent parfois au collège sans avoir touché d'autres livres que les manuels fripés , transmis par leurs frères et sœurs!

Page 13: L'Ecole primaire, 30 avril 1948

- 438-

Difficultés

Je sais bien que le travail du régent rencontre de lourdes ré­~;;jstances dans l'état d'esprit de nos populations, intelligentes sans doute, mais ordinairement peu inclinées, dans certaines régions au moins, aux choses de l'esprit et facilement absorbées par le pri­mat de l'économique.

Je ne parle pas des rivalités et des mesquineries de nos mi­lieux villageois qui retentissent douloureusement sur l'école.

L'instituteur est même souvent jalousé par le pe~ple qui lui confie ses enfants.

Il doit se faire pardonner en quelque sorte son dévouement par un redoublement de zèle, de délicatesse et de grandeur d'âme.

* * * L' ol'ganisation

L'organisation qui est imposée à notre école par les condi­tions matérielles du pays constitue également des obstacles qui n'existent pas partout ailleurs.

Je pense entre autres à l'école de 6 mois à tous les degrés, qui a de graves inconvénients au point de vue scolaire à côté de quel­ques avantages au point de vue éducatif et hUI?ain.

Je pense aussi à l'objection souvent formulée des occupations extra-scolaires de l'instituteur.

Pour mon compte, je vous qvoue pourtant que je ne voudrais pas voir la solution de cette difficulté dans le sens d'une spécialisa­tion totale, dans la plupart des cas au moins. L'instituteur risque­rait d'être isolé de la vie du pays.

Selon moi, la solution est à chercher dans l'âme du maître, dans une revigoration du sens de sa vocation et de sa conscience pro­fessionnelle.

Ce qui s'oppose vraiment à sa tâche, c'est surtout un état d'âme de désaffection à l'égard de son idéal de maître et d'éducateur. '

Le problème de la fOl'mation et de la sélection des instituteurs ne doit pas être sans difficultés non plus. J'imagine que l'on doit trouver là des difficultés semblables, plus grandes peut-être encore, à celles que nous rencontrons dans la préparation des maîtres de l'enseignement secondaire.

J'estime qu'il faudrait chercher le moyen d'une formation si possible plus humaniste et d'une sélection objective et plus lente qui tienne compte autant des qualités ·humaines que de la science des candidats.

La question de la coordination entre l'enseignement pl'imail'e et l'enseignement secondaire n'est pas non plus sans nous donner l.me certaine inquiétude.

L'œuvre capitale du moment présent

Quoi qu'il en soit, l'école valaisanne doit poursuivre son œuvre ct vec ardeur.

C'est de son côté que se posent à l'heure présente les problèmes les plus importants pour la vie du pays.

Notre canton fait figure aujourd'hui d'un pays neuf, en pleine évolution.

D'énormes sacrifices ont été consentis pour son équipement économique. C'était la base matérielle indispensable.

Mais à côté, et au-dessus, il y a aussi son âme qu'il faut conser­ver et agrandir à la mesure de ses progrès matériels.

L'école valaisanne est responsable pour une grande part de l'âme spirituelle du pays et de son adaptation à ses transformations matérielles et sociales.

Je sais que Mr le Conseiller d'Etat Cyrille Pitteloud, qui pré­side avec grande distinction aux destinées de notre école, en a cons­cience vivement.

Ce qu'il a obtenu déjà de l'école et pour l'école est énorme par rapport à la situation antérieure.

Nous lui faisons confiance pour l'avenir.

Nous avons confiance aussi que le dévouement et la conscience de tous les membres de notre personnel ènseignant sauront faire de nos écoles un instrument toujours plus parfait et plus adapté aux besoins réels de notre bon peuple valaisan.

Chanoine I. DA YER,

Recteur du Collège de St-Maurice.

{GRAND CHOIX

HARMONIUMS neufs et occasions, entièrement revisés,

VENTE ~ ÉCHANGE - LO(;A'I'ION8 ~ RÉPARATIONS

Recueils ~e chant ~ PIA NOS Musique pour ~ -,~ ~_~ et

Harmonium et Ol'(lue UlC ~D~,T'. Instruments \ Tél. 2 10 63 '" de musique "-- SION

Page 14: L'Ecole primaire, 30 avril 1948

- 440-

BIBLIOGRAPHIE

MARGUERITE VOIDE Roman par Jean Follonier

Juste avant la mise en page de ce dernier numéro de l' ({ Ecole l)l'imaire » , nous avons reçu « Marguerite Voide » , roman que notre collègue et ami Jean Follonier vient de publier aux Editions Payot, à Lausanne. Dans l'impossibilité de faire aujourd'hui une analyse m ême succincte de cet ouvrage de 220 pages, nous nous bornerons à en dessiner la trame en quelques traits rapides.

Une catastraphe s'abat sur une paisible population montagnar de : un pan de rocher s'est éboulé là-haut sur l'alpe, ensevelissant un pâtre et la majeure partie de son troupeau.

Découverte par un de ses compagnons de travail, la victime ex·· pire aussitôt, et lorsque la fiancée arrive sur les lieux, la vie s'est déjà retirée de ce corps qu'elle presse dans ses bras. A ce moment où le désespoir emplit son âme, les paroles de consolation de l'ami du défunt ne servent qu'à aviver la douleur de la jeune fille; et l'àveu maladroit d'un amour longtemps contenu fait éclater l'aver­sion dans ce cœur broyé par le chagrin.

Une haine irraisonnée aveugle la malheureuse, qui se fait ac­cusatrice; elle dénonce à la justice, comme assassin de' son fiancé, celui qu'elle repousse. Malgré l'indignation . et les menaces d'une population surexcitée, le jeune homme est arrêté. Mais le vide se fait autour de Marguerite: la réprobation du village l'enveloppe. Seul celui qu'elle a repoussé et avili lui conserve toute sa tendresse.

Mais la mort ne fait que passer et la vie suit son cours, au vil­lage, sur l'alpe et dans les cœurs. La jeune fille oublie bientôt celui qu'elle devait éternellement aimer; elle se laisse conter fleurette par le gendarme qui a procédé à l'arrestation. Elle agit 3insi pour nar­guer cette population qui lui est devenue hostile, mais aussi parce qu'elle a besoin de se donner.

Pourtant, un drame se joue bientôt dans sa conscience et le destin la ramènera finalement, mais après combien de péripéties et de luttes intérieures, vers celui dont elle s'est faite le bourreau. Car n'est-ce pas lui qui l'a sauvée d'une mort certaine, là-haut sur l'alpe qui avait déjà ravi son fiancé?

On assiste alors à un autre drame tout aussi poignant qui se joue dans le cœur de ce malheureux repoussé malgré les droits imprescriptibles de la reconnaissance. Mais heureusement la paix re­vient dans ce village si péniblement affecté par tant d'événements lugubres; la vie tissera comme jadis sa toile coutumière ; un coin du ciel bleu réjouira de nouveau les regards; Marguerite écoutera la voix de la raison, qui sera aussi celle du cœur, une voix qui lui criera son devoir par toutes les fenêtres des vieilles masures blotties

- ·441

sur le coteau ; soudain les hommes reprendront courage; ils ne dé­serteront pas cette terre qui pourtant les a meurtris si douloureu­sement.

Et ce miracle s'accomplira grâce au vieux Nicolas dont la voix a soudain d'étranges résonances, car on a l'impression qu'il parle parmi toutes les générations de paysans qui ont peiné sur ce sol. Nicolas, c'est la voix des vivants, certes, mais surtout celle des morts qui depuis des siècles dorment dans le petit champ derrière l'église et qui, comme ceux d'aujourd'hui, se sont attachés à cette terre parcimonieuse, qui donne pourtant, à tous ceux qui l'aiment, le pain et le vin.

Cette terre donne aussi à Nicolas la force de faire front pour tous ces malheureux anéantis par l'adversité, prêts à défaillir, à déserter. Par lui les morts parlent aux vivants, et le village demeure .

Beau livre que chaque instituteur voudra posséder dans sa bi-bliothèque. Cl. Bérard.

EQUINOXE D'AUTOMNE 1)

L es '1)l'elnieI'6 l'elCUeills d,e v,e1"S Ide Vi'Û IMJa.l't,i,n, insmtutl' ice .à, if:~us­

,.;dg.I1), ont .conquis un nombre-u'X 'pubili,c. AUjo'llll~d'h'Ui eHe nous QonnEl des pl'OS'8'S, bouquet tout 'p,arfun'}lé et Ip'a.llpita.nt d'iIillQ)l'e'­,s ions et de B'ouvenirs, où Tl'on s 'e.nt battre Ile CŒur de :l,a teTT·e 'aim.ée. Son a'l't, c'est 11'évÜ'c-ation, ,en nu,auc.es ·exqui,s'e·s, des !paysages fami­lim~s, d e .la l'oute, ·des vililages, des ,a'rbl'eis. Vio fMal't.in est lin poè·t c (l e chez nous. Bes ,cTitiques j"ont ,cO'lnp,a.rée là .co,le,tte, à Anna II·e NoaHl,es; n 'y ·a-t-il ,p,as au ssi en ·eUe un il) eU de Frm1,ois .Tall1Jm es? On étprouvel'a U'l1 doulMe IIll,ais·i,l' ,à C1es Il)'ro,ses, non seulement celui d 'e'll ,savourer t,oute :la .grâce, ID,a:Îs encore ,C'eJLul d ·a ,les lke d,a'I18 une .édition 'part.i.culièremeTiit ,soignée EI}1o un i i8lxte l1et s ur 'c1-e ·dahe:;; pq,ges de vél'in.

1) Vio IMJal~tin: Equinoxe d'automne. - Un vOllulJ.ne de 9-6 .pages, 15,5X19,5 &U'l' véll,ill, llu.méroté ,à 500 ex. bl'oc'hé FJO. 6.50. tLiJJl'airi e Pa,yot, Laus,a:nne.

~OESIES POUR POMME D'API 1)

IMadame Via M·al'tin vient le IpubliEU' u.n recueil d'e 'petites Ipiècei3 n vers d.édié à POlum.e d'Api, enfant ,tylpe .dont le sourire ,bleu pgaie

J'a couverturE' d-e s on ·livre. E!.1e a gr,oupé ses lPoèmes en sujets fami · liel's f.Q<]'mant une déllic1euse guirltanck' Cest d'a;boi~d Noë! , fète' dE\."! petits par ex,cel.leIlioe, et la c.la~se, ,pu,is ,l-es beaux j'Ûuets 'et le, ' jeu ,\ cndi,aJhlés. Vo.ici enCOl'e .les animaux, ce·ux ,de la matBon et ceux (10 '_;

chan'lps, .les rSaisollB ·et la jo.ie des wliCances. ,Puis ,quand Ile vent e111-pOlte le.s fcuilHes on s'achemine vers le viUage, où travaillEnt le.s al" US'a,1US ·d e 'tou:j' urs, et ,} 'on rentre là ,l'a TIllais'Û'll ,aUlpl èe, ,('l'u ,bébé et ·d e, ma-

Page 15: L'Ecole primaire, 30 avril 1948
Page 16: L'Ecole primaire, 30 avril 1948

MANUFACTURE DE PAPIERS

Léon ImhoJ! PAPETERIE - RELIURE

ENCADREMENTS

Tél. 21070 SION

En 29 ans plus de 10,000 élèves ont fréquenté les "eoles Tamé de Neuchâtel, Lucerne, Bellin­zone et Zurich en obtenant en 3-4 et 6 mois des diplômes de langues, correspondant, secré­taire et commerce. Par COR­RESPONDANCE en 6 et 12 mois. Prolongation sans aug~ mentation de prix.

MAISON de CONFECTION pour Dames et Messieurs

DUCREY FRÈRES MARTIGNY

Teinturerie Valaisanne 1

Jacquod Frè,.cs 1

Sion La maison de confiance

P'a"arlâ 1 Cia ~I()N - Av. du Midi

fERS - QUINCAILLERIE ARTICLES DE MÉNAGE Calorifères - fourneaux-Potagers ARTICLES DE SPORT

Répertoire des Bonnes Adresses

fourniture

d'école et de bureau Matériel d'enseignement Tableaux noir.,

KAISER & Cie, S.A., Berne Rue du marché 1~-.f.l

Les grands magasins

Louis Tonossi-Zufferey SIERRE

hl' maison au plus grand choix.

Instituteurs, Institutrices! Notre matériel de réforme scolaÏ1'e vous enthousiasme, vous et vos élèves 1

n Demandez notre catalogue gratuit du matériel pour:

le calcul

l , - l'éccle active

le travail manuel 'i . FRANZ SCHUBIGER - WINTERTHUR anciennement Schweizer & Schnbiger

L'instituteur, ruprès le 'U'UT LalbeuT de la journée se~a heureux de jouir d.es p:laisirs de 'la f.amHle et -de se délasser -dans des meu­bles de aa -

Maison A. GERTSCHEN, Fils, Brigue Représentant: II. OTTO GBRTSCHEN - SIERRE.

Essayer les bonnes pâtes SAVERMA -['est les adopter.

Confections Dames - Messieurs Fillettes et garçons

La Maison à recommander

Roduit, de Sépibus & Cie SION

Ex.i,gez da vos fournisseurs le,s cafés tor·réfiés

PElliSSIER & -Cie S. A. d.olut les divers1es quaLités touJours soigneusement pré­lP'arées (peu'V'ent srutJi.sfaire

1 tous les goûts.

LIBRAIRIE

A. MONTFORT MARTIGNY-VILLE

Tél. 6 11 19

Toutes Fournitures pour Ecoles. 1